Université lumière Lyon 2 Institut d'Études Politiques de Lyon L'exil des réfugiés nazis vers l'Argentine, l'analyse du point de vue argentin. Emmanuel Michaud Mémoire de master Amérique latine Sous la direction de : Madame Carla Fernandes (Soutenu le : 5 septembre 2011 ) Membres du jury : Madame Carla Fernandes Monsieur Charles Capela Table des matières Remerciements . 5 Introduction . 6 I. L'Argentine, au coeur d'un système d'exil des nazis . 14 A. Qui étaient les criminels de guerre ? Des trajectoires nombreuses et très diverses . 14 1. Quand ? Et Combien ? Des cadres temporel et quantitatif difficiles à établir . 14 2. Une grande diversité des cas, l'impossibilité de construire un profil type . 16 3. Des destins différents . 17 B. Un contexte international qui va permettre la mise en place de différentes routes migratoires . 19 1. Le contexte de la Guerre Froide : les nazis favorisés par l'anticommunisme ambiant et la nécessaire reconstruction de l'Allemagne de l'Ouest . 20 2. La Croix-Rouge et l'Eglise catholique, des institutions au service de la fuite des nazis vers l'Argentine . 23 3. ''Las rutas de las ratas'', les différentes routes migratoires vers l'Argentine . 25 C. L'Argentine, acteur de ce système . 29 1. Des largesses qui ne sont pas toujours dictées par des positions idéologiques . 29 2. Des choix réfléchis : la Dirección de Migraciones(Direction des Migrations) . 30 3. Juan Domingo Perón et les réfugiés nazis : une relation ambiguë . 33 II. L'accueil des réfugiés nazis : un phénomène inscrit dans des dynamiques sociales argentines à moyen et long termes . 38 A. L'extrême-droite argentine : entre produit national et influence européenne . 38 1. Les fondements historiques et les caractéristiques idéologiques . 39 2. Deux pans importants de l'idéologie d'extrême-droite en Argentine : l'antisémitisme et l'eugénisme . 45 3. Une mise en pratique des idées d'extrême-droite : la presse, les ligues et les expériences gouvernementales . 48 B. La compatibilité des dynamiques migratoires argentines avec l'accueil des réfugiés nazis . 53 1. Une immigration européenne, blanche et catholique . 53 2. Des restrictions à l'encontre de l'immigration juive . 59 3. Le rôle de l'existence d'une communauté germanique . 63 C. L'Argentine, un pays qui adopte un positionnement ambiguë face à la Seconde Guerre Mondiale . 71 1. La neutralité argentine et le précédent de la Première Guerre Mondiale : un pays au coeur d'une guerre économique . 72 2. L'Argentine une nouvelle fois objet de lutte d'influence entre puissances mais sur fond de relations ambiguës avec l'Allemagne nazie . 76 3. Une position difficile à tenir face aux pressions des puissances alliées et aux tensions intérieures qu'elle provoque . 78 III. Une analyse pragmatique, quels ont été les effets réels sur le pays de la présence de réfugiés nazis en Argentine ? . 81 A. L'absence d'apports technologiques . 81 1. L'absence de personnes compétentes parmi les nazis accueillis et l'échec des projets menés . 82 2. L'instrumentalisation des processus de transfert de technologie et ses conséquences . 84 Les erreurs dans la gestion des transferts de technologie . 86 B. Les pertes économiques liées au blanchiment d'argent . 88 1. Les mécanismes de blanchiment d'argent . 88 2. Pourquoi l'Argentine a subi des pertes ? . 92 C. Les conséquences à moyen et long termes . 93 1. Des comportements qui rappellent l'idéologie nazie . 93 2. Des éléments directement dus à la présence de nazis . 95 Conclusion . 99 Bibliographie . 102 Ouvrages . 102 L'histoire argentine . 102 L'Argentine et le nazisme . 102 Autres ouvrages . 103 Articles de périodiques . 103 L'histoire argentine . 103 L'Argentine et le nazisme . 104 Autres ouvrages . 104 Webographie . 104 Annexes . 107 Première annexe : Carte politique de l'Argentine . 107 Deuxième annexe : photo de l'Hôtel de la Maison Rouge de Strasbourg au début du ème 20 siècle . 107 Annexe 3 : photo du sous-marin U-977 dans le port de Mar del Plata . 108 Annexe 4 : photo de la couverture de Kahal et de Oro . 109 Annexe 5 : photo de l'Hotel de Inmigrantes . 109 Annexe 6 : Tableau : mouvement des étrangers par période . 110 Annexe 7 : Circulaire n°11 . 110 Annexe 8 : la tradition de la bière allemande dans la province de Córdoba. 111 Annexe 9 : photo du lycée Primo Capraro. 112 Index des noms . 114 Acronymes . 116 Remerciements Remerciements Bien qu'il soit difficile de sortir du caractère très formel de cette étape obligée des remerciements, l'attention que j'y porte doit être considérée par les personnes qui y figurent comme tout à fait sincère. Je tiens tout d'abord à remercier Madame Carla Fernandes ; d'une part pour avoir rendu possible la tenue de ce séminaire consacrée à l'Amérique latine ; et d'autre part, pour le temps qu'elle a consacré au suivi de mon travail. Je tiens également à remercier Monsieur Charles Capela pour avoir accepté d'être membre du jury. Je n'oublie pas non plus le personnel de la bibliothèque de l'IHEAL-Pierre Monbeig pour l'assistance qu'ils ont apporté à mes recherches. J'ai également le souhait d'adresser un clin d'oeil à Leandro Montti, la première personne qui m'a parlé de la fuite des nazis vers son pays, l'Argentine. Enfin, je ne peux oublier de remercier Anne-Elise, Jean-Claude et toutes les personnes qui m'ont encouragé dans le projet de réalisation de ce mémoire. Michaud Emmanuel 5 L'exil des réfugiés nazis vers l'Argentine, l'analyse du point de vue argentin. Introduction Cela fait aujourd'hui plus de soixante cinq ans que le Troisième Reich s'est écroulé. Mais cela fait aussi plus de soixante cinq ans que des hommes et des femmes se battent pour retrouver et traduire en justice les anciens chefs de ce régime qui a terrorisé l'Europe et le monde. Cette longue chasse menée à travers la planète est proche de la fin. En effet, en raison de leur âge avancé, ces criminels vivent aujourd'hui leurs dernières années et il faut aller vite si on veut encore espérer les voir devant un tribunal. L'actualité nous fournit d'ailleurs un exemple particulièrement pertinent avec l'ouverture le 5 mai 2011 du procès de Sandor Kepiro, ancien capitaine de la police hongroise et accusé de crimes de guerre lors d'une rafle entre les 21 et 23 janvier 1942 à Novi Sad. Ce procès ressemble aujourd'hui à une exception tant le fait de traduire en justice des personnes accusées de crimes commis il y a presque soixante dix ans est une tâche difficile. Ainsi, il est chaque jour plus compliqué de trouver les coupables qui ont souvent refait leur vie et parfois changé de nom. De plus, l'éloignement des faits dans le temps pose le problème de leur reconstitution et les approximations ne risquent pas d'être éclaircies lors d'un procès où le nombre de témoins directs est pour le moins limité. En outre, après tant d'années, on peut tout simplement se demander si cela est encore pertinent de juger des criminels, on peut s'interroger sur le sens à donner à ces procès. Pour tenter de répondre à ces questions, il faut bien avoir à l'esprit que ces personnes sont les auteurs présumés de crimes d'une nature supérieure. C'est ce que nous rappelle Jorge E. Viñueles : Au-delà de ce qui peut être pardonné par l'homme s'étendent les plaines du mal radical, mal qui dépasse aussi tout châtiment humain. Et pourtant, face à des actes tels que le génocide, l'homme ne peut pas, tout simplement, succomber à la résignation ou à la volonté de revanche. Que faire alors ? Peut-on envisager de punir ou de pardonner la volonté qui incarne le mal radical ? Peut-on véritablement rendre justice1 ? En effet, on peut observer un certain nombre de difficultés auxquelles il faut faire face dans le cadre de crimes ''hors du commun''. Tout d'abord il faut prendre en considération le fait qu'il devient impossible de rendre la justice en restant dans le cadre de la proportionnalité entre la peine et le crime. Ainsi, si un meurtrier récidiviste est condamné à la prison ferme à perpétuité, quelle peine peut-on alors envisager pour quelqu'un qui a participé à un génocide ou à des crimes contre l'humanité ? Une peine supérieure, torture ou peine de mort, induirait que l'on entre dans un processus de revanche et de vengeance, restant alors dans le cercle de la violence. Ce n'est en aucun cas le rôle qui est réservé à la justice. Pourtant, les raisons sont nombreuses pour persévérer dans la volonté d'amener les criminels de la Seconde Guerre Mondiale devant les tribunaux. Tout d'abord, on retrouve l'argument très simple qui consiste à dire qu'il faut punir les responsables de crimes et qu'à chaque fois qu'un criminel meurt en toute impunité c'est un constat d'échec qui s'impose à la justice. En outre, face à de telles atrocités, il fallait 1 VIÑUELES, Jorge E., ''Autour du « crime des crimes » : au-delà des affaires humaines ?'', Raisons politiques, janvier 2005, n°17, p. 11. 6 Michaud Emmanuel Introduction 2 empêcher que le temps fasse plonger les faits dans l'oubli. Le témoignage d'Elie Wiesel lors du procès de Klaus Barbie à Lyon est particulièrement éclairant sur ce point dans le sens où il invoque un devoir pour les vivants de ne pas oublier les victimes de ces crimes : ''Il s'agit plus que de la justice. Aucune justice n'est possible pour les morts, Et le tueur tue deux fois.
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