Courrier hebdomadaire n° 2000 • 2008 Clivages et partis en Belgique Vincent de Coorebyter Courrier hebdomadaire Rédacteur en chef : Étienne Arcq Le numéro simple : 6,90 euros – le numéro double : 12,40 euros Abonnement : 235,00 euros Souscription, commandes et informations : CRISP – Place Quetelet, 1A – 1210 Bruxelles Tél 32 (0)2 211 01 80 – Fax 32 (0)2 219 79 34 http://www.crisp.be Banque 310-0270551-07 IBAN BE74 3100 2705 5107 – Swift BBRUBEBB Le Courrier hebdomadaire bénéficie des remarques et suggestions de l’équipe de recherche du CRISP. Les projets de textes sont également soumis à la lecture de spécialistes extérieurs à l’équipe de recherche, et qui sont choisis en fonction des sujets traités. Le Courrier hebdomadaire est soutenu par l’Administration générale de l’Enseignement et de la Recherche scientifique du Ministère de la Communauté française. Il bénéficie également de l’aide de la Loterie nationale. Éditeur responsable : Vincent de Coorebyter – Place Quetelet, 1A – 1210 Bruxelles Tous droits de traduction, d’adaptation ou de reproduction par tous procédés, y compris la photographie et le microfilm, réservés pour tous pays. ISSN 0008 9664 TABLE DES MATIÈRES TABLE DES SIGLES DE PARTI 6 INTRODUCTION 7 1. APPORTS ET PROBLÈMES LÉGUÉS PAR LE MODÈLE DE LIPSET ET DE ROKKAN 8 1.1. Les principales composantes du modèle 8 1.2. Le problème du formalisme 10 1.3. L’imprécision dans la dénomination des clivages et dans leurs composantes 12 2. LE MODÈLE DES CLIVAGES REVISITÉ 14 2.1. Les trois strates constitutives d’un clivage 14 2.1.1. Un sentiment de déséquilibre profond sur un enjeu majeur 15 2.1.2. L’auto-organisation des citoyens 15 2.1.3. La création de partis politiques 16 2.2. La définition du terme de « clivage » et le rapport entre les clivages et les partis 16 2.3. La dénomination des clivages 18 2.4. La clé sociologique sous-jacente au modèle : le sentiment de déséquilibre ou de domination 19 3. PREMIÈRE BASE EMPIRIQUE : LE CLIVAGE ÉGLISE/ÉTAT 21 3.1. Le déséquilibre originel 22 3.2. L’auto-organisation des citoyens 23 3.2.1. Les premières manifestations anticléricales 24 3.2.2. La querelle des inhumations 24 3.2.3. Les questions éthiques 25 3.3. La création de partis politiques 26 3.3.1. Le Parti libéral 26 3.3.2. Les partis ouvriers 26 3.3.3. La lente structuration du Parti catholique 27 3.3.4. Du PSC–CVP au CD&V, au CDH et au CDF 29 3.3.5. Les autres partis et l’affaiblissement du clivage Église/État 30 3.4. Conclusion : un clivage pacifié plutôt que dépassé 31 4. DEUXIÈME BASE EMPIRIQUE : LE CLIVAGE POSSÉDANTS/TRAVAILLEURS 34 4.1. Le déséquilibre originel 34 4.2. L’auto-organisation des citoyens 35 4.3. La création de partis politiques 36 4.3.1. Les partis ouvriers 36 4.3.2. La structuration du monde ouvrier chrétien et l’organisation en standen 37 4.3.3. La persistance de la question ouvrière dans les partis chrétiens 38 4.3.4. Les autres partis interclassistes 39 4.3.5. Les partis libéraux 39 4.3.6. Les partis ultralibéraux 40 4.4. Conclusion : un clivage institutionnalisé et démultiplié 41 5. TROISIÈME BASE EMPIRIQUE : LE CLIVAGE CENTRE/PÉRIPHÉRIE 44 5.1. Le déséquilibre originel 44 5.2. L’auto-organisation des citoyens 46 5.2.1. Le mouvement flamand 46 5.2.2. Le mouvement wallon 47 5.2.3. L’organisation des bruxellois : même le centre se vit comme « périphérie » 48 5.3. La création de partis politiques 50 5.3.1. Les partis flamands 50 5.3.2. Les partis wallons et le FDF 51 5.3.3. L’organisation actuelle des partis en fonction du clivage centre/périphérie 52 5.4. Conclusion : un clivage toujours plus profond, voire incontrôlable 54 6. UN CLIVAGE ABSENT EN BELGIQUE : LE CLIVAGE URBAIN/RURAL 56 7. UN CINQUIÈME CLIVAGE : PRODUCTIVISME/ANTIPRODUCTIVISME 58 7.1. L’élargissement du modèle à un nouveau clivage 58 7.2. Le déséquilibre originel 60 7.3. L’auto-organisation des citoyens 62 7.4. La création de partis politiques 63 7.4.1. Écolo 63 7.4.2. Agalev/Groen! 64 7.5. Faut-il reconnaître un nouveau clivage ? 64 7.6. Comment nommer ce cinquième clivage ? 66 7.7. La position des partis écologistes à l’égard des autres clivages 67 8. LES LIMITES DU MODÈLE : UN SIXIÈME CLIVAGE PROBLÉMATIQUE ET DES PARTIS HORS CLIVAGE 68 8.1. L’extrême droite dans le modèle de Lipset et de Rokkan 68 8.2. Révolution, clivages, partis 69 8.3. En première analyse, un clivage cosmopolitisme/identité ? 71 8.4. En deuxième analyse, un clivage identité/cosmopolitisme ? 72 8.5. En troisième analyse, un clivage doublement incomplet 73 8.5.1. Le pôle « cosmopolitisme » : une auto-organisation de la société qui ne débouche pas sur des partis 73 8.5.2. Le pôle « identité » : des partis sans ancrage majeur dans la société 75 8.6. Conclusion : un quasi-clivage, ambigu et incomplet 77 8.7. Des partis hors clivages 77 8.8. Les partis hors système et la Lijst Dedecker 79 8.9. Les petits partis et les clivages 80 9. LA DOUBLE DYNAMIQUE TRANSVERSALE AUX DIFFÉRENTS CLIVAGES 81 9.1. Les dynamiques d’affrontement caractéristiques d’un clivage 82 9.1.1. Le rôle de fer de lance joué par la société civile 82 9.1.2. La perpétuation des clivages par la société civile, et notamment par les piliers 83 9.1.3. La polarisation des thèses en conflit 84 9.2. Les dynamiques de pacification caractéristiques d’un clivage 85 9.2.1. Les clivages comme vecteurs de rééquilibrage 85 9.2.2. Les clivages comme vecteurs d’ouverture aux revendications adverses 87 9.2.3. Les clivages comme vecteurs de stabilisation 89 9.2.4. Les clivages comme vecteurs d’intégration au travers des partis 90 CONCLUSION 92 TABLE DES SIGLES DE PARTI Agalev – Anders gaan leven BUB – Belgische Unie – Union belge CDF – Chrétiens démocrates fédéraux (jusqu’en mars 2007 : Chrétiens démocrates francophones) CDH – Centre démocrate humaniste CD&V – Christen-Democratisch en Vlaams CVP – Christelijke Volkspartij Écolo – Écologistes confédérés pour l’organisation de luttes originales FDF – Front démocratique des francophones FN – Front national Groen! – Geweldloos, Rechtvaardig, Open, Ekologish, Netwerk LDD – Lijst Dedecker MCC – Mouvement des citoyens pour le changement MR – Mouvement réformateur N-VA – Nieuw-Vlaamse Alliantie Open VLD – Open Vlaamse Liberalen en Democraten PC – Parti communiste PNPb – Partij voor een Nieuwe Politiek Belgïe – Parti pour une nouvelle politique belge POB – Parti ouvrier belge POS – Parti ouvrier socialiste PRL – Parti réformateur libéral PS – Parti socialiste PSC – Parti social-chrétien PTB – Parti du travail de Belgique PVDA – Partij van de Arbeid PVV – Partij voor Vrijheid en Vooruitgang RW – Rassemblement wallon RWF – Rassemblement Wallonie-France SP – Socialistische Partij SP.A – Socialistische Partij Anders – Sociaal progressief alternatief Spirit – Sociaal, Progressief, Internationaal, Regionalistisch, Integraal-democratisch, Toekomstgericht VlaamsProgressieven : dénomination donnée à Spirit en 2008 VB – Vlaams Blok ou Vlaams Belang VLD – Vlaamse Liberalen en Democraten – Partij van de Burger VU – Volksunie INTRODUCTION Les partis politiques font l’objet d’une littérature abondante, et très diversifiée. En Belgique néanmoins, un angle d’explication s’est imposé de manière privilégiée auprès des spécialistes : le système des clivages, mis en lumière par Stein Rokkan en collaboration avec Seymour Lipset en 1967, et qui est généralement considéré comme la grille d’analyse la plus efficace pour rendre compte de l’éventail des partis politiques actifs en Europe de l’Ouest. Ce modèle d’analyse a joué un rôle significatif dans les travaux du CRISP, qui l’ont rapidement appliqué à la Belgique, et qui ont contribué à sa diffusion dans les milieux scientifiques belges. Le CRISP en a d’autant plus aisément repris les lignes de force qu’il avait lui-même produit, deux ans avant l’article fondateur de Lipset et de Rokkan, une grille d’analyse théorique et un travail empirique qui anticipaient à certains égards le modèle des clivages. Tout le livre publié en 1965 sur La décision politique en Belgique témoigne de ce travail empirique, tandis que, sur le versant théorique, le premier chapitre de l’ouvrage explicite trois « tensions profondes de la société belge » qui correspondent à ce que Lipset et Rokkan appelleront les clivages Église/État, possédants/travailleurs et centre/périphérie. Près d’un demi-siècle s’est écoulé depuis lors, au cours duquel le modèle des clivages, qui a fait autorité, a connu aussi ses premières critiques, la société belge ayant changé à un point suffisant pour que certains en viennent à douter de la persistance des clivages qui avaient structuré la vie politique nationale. Par ailleurs, cette grille d’analyse, très sophistiquée dans sa formulation initiale, reste d’un abord difficile pour les non-spécialistes, alors qu’elle s’appuie sur des phénomènes sociaux auxquels tous les citoyens participent ou assistent d’une manière ou d’une autre. Il a dès lors paru pertinent, à l’occasion du 2000 e numéro du Courrier hebdomadaire , de revenir sur ce cadre théorique, avec un triple objectif. D’abord proposer une version légèrement modifiée de cette grille, qui sera d’un abord plus simple que celle de Lipset et de Rokkan, et susceptible, de ce fait, de contribuer à la compréhension du modèle des clivages. Ensuite aborder la question des actualisations à apporter au modèle, compte tenu de l’existence de partis politiques d’un nouveau type qui ne s’intègrent pas avec évidence dans le cadre défini en 1967. Enfin formuler quelques hypothèses quant à l’éventuelle perte de substance des clivages.
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