Denis Vaugeois Denis Vaugeois L’ AMOUR du LIVRE «Que voudra donc dire aimer quand il n’y L’ édition au Québec, ses petits secrets et ses mystères aura plus de livres ? » Denis Vaugeois Denis De la table de l’écrivain à celle du lecteur, quel est le parcours d’un livre ? À quoi ressemble cette fameuse chaîne du livre ? Quelles en sont les composantes ? Est-il vrai que, proportionnellement aux populations en cause, il se publie davantage de livres au Québec qu’en France, au Canada Stanké anglais ou aux États-Unis ? Au cours des 25 dernières années, le territoire québécois s’est couvert de bibliothèques publiques et de librairies. Le coup d’envoi a été donné pendant le premier mandat du Parti québécois (1976-1981). Où en sommes-nous actuellement? Quel est l’avenir du livre face au support numérique et à Internet? Des voix de plus en plus nombreuses réclament l’accès libre et gratuit aux œuvres ; faut-il en déduire que le respect de la propriété intellectuelle est sérieusement menacé ? À partir de son expérience d’auteur et d’éditeur, Denis Vaugeois, à qui l’on doit la Loi sur le livre de 1980 (Loi 51) et le plan de développement des bibliothèques publiques, nous entraîne dans le monde de l’édition et lève le voile sur ses « petits secrets et ses mystères ». Il le fait en toute franchise, animé de son amour du livre. Denis Vaugeois fut membre de l’équipe du Journal Boréal Express et cofondateur des éditions du même nom. Après un épisode politique, il prend la direction du Centre éducatif et culturel (CEC) et crée, en 1988, avec son collègue Gaston Deschênes, les éditions du Septentrion. Pendant trois L’ AMOUR ans, il quittera cette maison pour procéder à la réorganisation des Presses de l’Université Laval. De 2000 à 2004, il sera président de l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL). En tant qu’auteur, il est membre de l’Union nationale des écrivains du Québec (UNEQ) et fier de l’être. du LIVRE L’édition au Québec, AMOUR du LIVRE ses petits secrets L’ et ses mystères Extrait de la publication www.septentrion.qc.ca L’AMOUR DU LIVRE Tout est prétexte à livre : événements culturels, politiques ou sportifs, faits divers. Les éditeurs produisent beaucoup plus que les lecteurs ne peuvent absorber. La production de titres augmente, le nombre d’exemplaires vendus chute, les tirages baissent. L’acte de publier s’exerce non seulement par des éditeurs bien établis mais aussi de façon ponctuelle par des institutions, des associations, des entreprises et de simples particuliers. Le nom Diderot rime avec encyclopédie, avec austérité. Derrière l’érudit se cache toutefois un auteur dramatique d’une verve éblouissante. Tantôt sérieux, tantôt cabotin, il a tâté de tous les petits métiers associés au livre, un produit comme les autres, a-t-on cru, dans certaines officines québécoises sous l’influence d’un Pierre Fortin ou d’un Jean-Roch Boivin. « Bévue », soutient le philosophe dans une longue lettre écrite à un magistrat en 1763. J’en fais mes délices à la page 101 et je reviens sur la question aux pages 161 et 183. Denis Vaugeois L’Amour du livre L’édition au Québec, ses petits secrets et ses mystères SEPTENTRION Les éditions du Septentrion remercient le Conseil des Arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) pour le soutien accordé à leur programme d’édition, ainsi que le gouvernement du Québec pour son Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres. Nous reconnaissons également l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (Padié) pour nos activités d’édition. Illustrations de couverture : Bibliothèque Thomas Fisher, Université de Toronto. Un clin d’œil de l’auteur à cette superbe bibliothèque de livres anciens et, par la même occasion, aux magnifiques bibliothèques du Grand Toronto qui ont inspiré les promoteurs du développement des bibliothèques publiques au Québec. En superposition, Loïc Herman. Quatrième de couverture : Un cœur se livre, sculpture d’Alain Stanké. Mise en pages : Gilles Herman. Maquette de la couverture : Bleu Outremer. Révision : Solange Deschênes. Collaboration : Gaston Deschênes, Gilles Herman, Sophie Imbeault, Josée Lalancette, Dominique Lemay. Si vous désirez être tenu au courant des publications des ÉDITIONS DU SEPTENTRION vous pouvez nous écrire au 1300, avenue Maguire, Sillery (Québec) G1T 1Z3 ou par télécopieur (418) 527-4978 Catalogue Internet : www.septentrion.qc.ca © Les Éditions du Septentrion 1300, avenue Maguire Sillery (Québec) G1T 1Z3 Diffusion Dimedia Ventes en Europe : 539, boul. Lebeau Distribution du Nouveau Monde Saint-Laurent (Québec) 30, rue Gay-Lussac H4N 1S2 75005 Paris France Dépôt légal – 2e trimestre 2005 Bibliothèque nationale du Québec ISBN 2-89448-425-9 L'Amour du livre 4 8/04/05, 10:09 Préface enis Vaugeois se promène d’opinions personnelles en D protestations justifiées ; de la disparition de la bibliothèque municipale de Montréal – valeur sentimentale et historique s’il en est – à l’état d’appauvrissement du réseau des bibliothèques scolaires, du respect des contrats à l’homme d’affaires qu’est l’éditeur, d’Internet à l’affaiblissement du droit d’auteur. Il montre combien son attachement au livre est profond. Le livre l’a toujours fasciné. Enfant, dans son imaginaire, il connaissait déjà, pourrait- on dire, la chaîne du livre : « Dans mes plus lointains souvenirs d’enfance, j’écris des romans et je fabrique des livres. Je les collectionnais, les assemblais, les reliais et les échangeais. Peut-être même que j’en vendais. » Aujourd’hui, est-ce toujours le même jeu ? Ce livre, en tout cas, rappelle, à travers les secrets et les mystères de l’édition au Québec, l’itinéraire intellectuel de Denis Vaugeois. Ce sont les livres qui, sur le plan intellectuel, ont mis au monde et le futur politicien et le futur éditeur. Déjà, une grande idée guidera ses engagements publics : la consolidation de la chaîne du livre au Québec. Cette idée sous-tend la structuration du marché. Denis Vaugeois en fera l’un des fondements de la Loi 51 qu’il fera adopter par son gouvernement. Élu député péquiste du comté de Trois-Rivières le 15 novembre 1976, Denis Vaugeois deviendra ministre des Affaires culturelles le 28 février 1978. Le nouveau ministre avait bien retenu la leçon de Guy Frégault qu’il cite : « Dans nos sociétés contemporaines, 6 L’Amour du livre la situation du livre semble être un bon indicateur de l’état général d’une communauté culturelle. » Ainsi, l’un des effets de la Loi 51 aura été de professionnaliser le milieu du livre. Mais c’est le plan de développement des bibliothèques publiques qui aura la faveur du ministre. « Les bibliothécaires m’ont mis au monde », écrit-il. Le jour où il a trouvé le financement, « ce jour-là, rappelle-t-il, citant son collègue à l’Assemblée nationale, Jean Garon, la culture a passé avant l’agriculture. » L’intérêt de L’Amour du livre, voilà ce qui fascinera le lecteur, réside dans le rappel et la mise en contexte de l’évolution du milieu du livre au Québec. Livre accompagné – la belle valeur ajoutée – par des documents d’archives, des illustrations d’époque, des tableaux statistiques, des photos, voire des fiches techniques. L’œuvre est belle. En effet, il y a une euphorie chez Vaugeois qui s’explique. Ce qui ne l’empêche pas de recourir à la formule de l’actuel président de l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL), Gaston Bellemare : « Le Conseil des Arts et le Padié sub- ventionnent Postes Canada. » Tout n’est donc pas idéal. Ce qui explique que Denis Vaugeois ait écrit L’Amour du livre avec un objectif précis : mieux faire connaître la chaîne du livre. Et dans l’allégresse, si possible. En effet, il y a dans ce livre une indiscutable générosité dont le corollaire repose, chez l’éditeur qu’il est, sur une relation sincère avec l’auteur. La question se pose alors : Denis Vaugeois a-t-il toujours pris partie en faveur des auteurs ? Lui, il n’en doute certainement pas. Alors qu’il était ministre des Affaires culturelles – père de la Loi 51 qui exigeait, entre autres, le paiement des droits d’auteur et une propriété québécoise à 100 % –, on lui reprochera d’avoir « pignon sur rue comme éditeur ». Nombre d’éditeurs, aussi, alors qu’il était président de l’ANEL, l’accuseront de s’être trompé d’association. « Tantôt, écrit-il, je défendais les librairies, les auteurs et l’UNEQ [Union des écrivaines et des écrivains québécois], tantôt je plaidais pour les bibliothèques. » Voici donc un livre écrit avec la sincérité d’un militant et la conviction d’un combattant dans lequel alternent la parole d’un auteur et la rigueur d’un historien. Les idées de l’éditeur Vaugeois sont dans l’ensemble généreuses : « L’éditeur pour sa part, affirme-t-il, doit s’effacer derrière son auteur et son œuvre. » Préface 7 Toutefois, la vision que l’éditeur Vaugeois a de l’écrivain fait que ce dernier dépend fortement de son éditeur sans qui, a-t-on l’impression, l’auteur a moins de talent, qu’il est un peu paresseux, qu’il a l’appétit du gain, etc. ; bref, que « l’éditeur est toujours surpris des attentes des auteurs. […] Ils sont presque toujours frustrés ». En ce cas, comment ne pas penser que, dans la chaîne du livre, l’éditeur a le beau rôle : c’est lui qui permet l’épanouissement de l’écrivain. Quel éditeur n’en doute pas ? Denis Vaugeois, profitant de sa propre expérience d’éditeur, peut se permettre de parler ainsi.
Details
-
File Typepdf
-
Upload Time-
-
Content LanguagesEnglish
-
Upload UserAnonymous/Not logged-in
-
File Pages72 Page
-
File Size-