Le Conseil départemental soutient la culture en Val d’Oise Peinture religieuse du Grand Siècle / 3 2 3 ne nouvelle ère de la peinture française s’ouvre La conviction du souverain d’être « l’Oint du Uau début du règne personnel de Louis XIV Seigneur » explique sa politique religieuse. Partisan (1638-1715). L’ « idéal de clarté » élaboré par la du gallicanisme, il combat aussi bien la Compagnie pléiade d’artistes dont il s’entoure exalte la gloire du Saint-Sacrement (dissoute en 1666) que la religion du Roi-Soleil, qui exerce son « métier de roi » en protestante (les premières dragonnades débutent en monarque absolu. 1679, l’Édit de Nantes est révoqué en 1685), la doctrine quiétiste (condamnée à la conférence d’Issy en 1694- Premier peintre du roi, directeur de l’Académie 1696) que les thèses jansénistes (de la fermeture royale de peinture et de sculpture et de la programmée de Port-Royal des Champs, en 1679, à la Manufacture royale des Gobelins, Charles Le bulle Unigenitus fulminée par le pape en 1713). Brun (1619-1690) domine les premières décennies du règne. Après qu’il ait fait ses preuves sur Marquée par une diminution des commandes, la le chantier du château de Vaux-le-Vicomte de fin du règne voit émerger de nouveaux modèles 1657 à 1661, Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), tourmentés et sensuels. Jean Jouvenet (1649-1717), surintendant des Bâtiments du roi, lui confie la Charles de La Fosse (1636-1716) ou les frères Louis création du décor de Versailles. Dans le salon des (1654-1733) et Bon Boullogne (1649-1717) adaptent Ambassadeurs, la galerie des Glaces, les salons de la leçon de Le Brun en se référant aux œuvres du la Paix et de la Guerre, Le Brun, grand admirateur Corrège (1489-1534), du Titien (vers 1490-1576) de Nicolas Poussin (1594-1665), développe un et de Rubens (1577-1640), dont ils soulignent les style personnel alliant les formules classiques à mises en scène théâtrales par de savants effets de une mise en scène théâtrale. Ses compositions lumière et de couleur, alliés à une grande liberté mouvementées et dramatiques insistent sur le d’exécution. Leur génération assure la transition traitement des matières, les effets de couleur et de entre le style classique et le style rococo. lumière – ses tableaux d’église prolongeant le style monumental et structuré de l’atticisme parisien. Il a pour grand rival Pierre Mignard (1612-1695) dit « le Romain ». Portraitiste réputé, coloriste renommé, cet élève de Simon Vouet (1590-1640) s’est initié pendant vingt ans à la « manière italienne » et ses Vierges à l’Enfant, dites « Mignardes », l’ont rendu Église Notre-Dame de Magny-en-Vexin. L’Adoration des bergers. célèbre. Rappelé de Rome en 1657 par Louis XIV, il Huile sur toile, 1688. peint à fresque La Gloire des Bienheureux sur la Signée et datée par Louis de Boullogne, dit le Jeune (1654-1733). Classée en 1907. coupole du Val-de-Grâce, décore la grande galerie © Conseil départemental du Val-d’Oise / Jean-Yves Lacôte. du château de Saint-Cloud pour Monsieur, frère du roi, travaille à Versailles aux plafonds de la petite L’Adoration des bergers galerie et de ses salons, du cabinet des Coquilles et du salon Ovale. Nommé premier peintre du roi en 1690, il réalise plusieurs tableaux religieux dont Adoration des bergers de Magny-en-Vexin En 1692, Louis de Boullogne réalisa une autre les compositions simples reposent sur un dessin L’ respire la douceur et la joie de la Nativité. Adoration des bergers, aujourd’hui conservée dans aux contours nets, une touche lisse et une lumière Loin d’être figée, sa composition savante, qui l’église Notre-Dame de l’Assomption de Chantilly uniforme. D’un classicisme tempéré, ses œuvres résulte d’un emboîtement de triangles, est égayée (Oise). semblent ouvrir la voie à l’art plus détendu du par le mouvement des personnages. Du regard ou XVIIIe siècle. de la main, Marie et Joseph présentent le bébé à la ronde des bergers extasiés. Le bœuf prend son rôle au sérieux tandis que l’âne paraît distrait par les angelots qui batifolent dans les airs. Les lignes pures, les couleurs franches du groupe principal contrastent avec les teintes assourdies mais chaleureuses des autres figures. La lumière qui émane de Jésus rayonne sur le visage de sa mère et sur la toison de l’agneau apporté en offrande, dont la présence anticipe le sacrifice rédempteur. L’ensemble évoque l’esprit de Le Brun. 4 5 Église Saint-Samson de La Roche-Guyon. Église Notre-Dame de Taverny. L’Adoration des mages. Saint Joseph et l’enfant Jésus. Huile sur toile, 4e quart du XVIIe siècle. Huile sur toile, 4e quart du XVIIe siècle. Attribuée à Giuseppe Bartolomeo Chiari (1654-1727). Copie d’après Guido Reni (1575-1642). Classée en 1996. Inscrite en 1996. © Conseil départemental du Val-d’Oise / Jean-Yves Lacôte. © Conseil départemental du Val-d’Oise / Jean-Yves Lacôte. L’Adoration des mages Saint Joseph et l’enfant Jésus ette peinture du maître-autel de l’église de La rehaussé d’une couronne. À ses côtés, Gaspard e Saint Joseph et le Christ enfant de Guido personnel du copiste ainsi que par une touche CRoche-Guyon, offerte en 1803 par la princesse regarde le spectateur. Le peintre s’est peut-être LReni, conservé au Museum of fine Arts de scintillante et précieuse : un nimbe auréole Joseph Anne de Rohan-Chabot (1771-1828), est attribuée représenté sous les traits du mage le plus jeune. Houston (États-Unis), met en scène l’Enfant Jésus et le voile transparent inventé par l’artiste accentue au peintre romain Giuseppe Bartolomeo Chiari. dans les bras de son père nourricier. le mystère de la représentation. Enfin, les effets En plein courant baroque, ce protégé du pape Derrière, plusieurs personnages se pressent pour de brillance appuyés rappellent ceux employés Clément XI (1649-1721) est resté très attaché à la entrevoir le prodige. Les nuages du crépuscule Joseph, vieillard protecteur et rassurant, plonge par Claude Vignon (1593-1670) pour ses figures tradition de la peinture classique. sont peuplés d’une foule d’anges et d’angelots qui son regard dans celui du nourrisson potelé qui lui d’apôtres. ajoute une dimension céleste à la composition. tend une pomme. L’émerveillement du père révèle La scène a lieu à l’entrée d’une grotte. Les attitudes Leurs attitudes exubérantes et les gestes la nature à la fois humaine et divine de l’Enfant. simples et les gestes calmes des personnages du démonstratifs des soldats de la suite dénotent une La couleur orangée du manteau aux plis amples et premier plan lui confèrent un caractère paisible. évolution vers le style baroque. souples qui les enveloppe tous deux livre la clé du Joseph, voûté et appuyé sur sa canne, apparaît en tableau : traditionnellement associée à Joseph, cette retrait, dans la pénombre. Melchior, le roi mage le couleur symbolise la révélation de l’amour divin à plus âgé, est agenouillé aux pieds de la Vierge qui l’âme humaine. trône en majesté sur une estrade en bois. L’Enfant souriant joue avec les pièces d’or de la coupe Bien qu’assez conforme à l’original dans son cadrage que lui présente le roi et en tend une à sa mère. et dans les lignes de sa composition, le tableau Balthazar, penché vers lui, est coiffé d’un turban de Taverny s’en distingue par plusieurs apports 6 Église Notre-Dame de Pontoise. Église Saint-Romain de Wy-dit-Joli-Village. Vierge de l’Immaculée Conception. La Prédication de saint Jean-Baptiste dans le désert. Huile sur toile, XVIIe siècle. Huile sur toile, datée de 1670. École italienne (Bologne). Classée en 1980. Classée en 2009. © Conseil départemental du Val-d’Oise / Jean-Yves Lacôte. © Conseil départemental du Val-d’Oise / Jean-Yves Lacôte. Vierge de l’Immaculée Conception La Prédication de saint Jean-Baptiste pparue au Moyen Âge, la croyance selon laquelle dans le désert Ala Vierge a échappé dès sa conception au péché originel s’est répandue parmi les catholiques bien avant que le pape Pie IX n’en définisse le dogme, le 8 ousin et précurseur de Jésus, Jean le Baptiste banderole, le prédicateur scande ses arguments de décembre 1854. Cprêche dans le désert de Judée, baptisant la main droite. La foule pittoresque qui l’entoure dans les eaux du Jourdain ceux qui viennent à l’écoute attentivement. À l’époque moderne, cette croyance a gagné lui de toute la Judée en confessant leurs péchés suffisamment de fidèles pour que la représentation (Évangile de Matthieu, 3, 1-6). Ce tableau est signé « ... mart invenit Baronet fecit de l’Immaculée Conception devienne un des sujets à Pontoise » et daté de 1670. Il fait pendant à un privilégiés de l’iconographie religieuse. En Italie, Conformément à l’acception ancienne, en Festin d'Hérode de facture très proche. Les deux Guido Reni en a mis au point les prototypes les plus Occident, du « désert » comme « solitude », le seraient de la main d'un artiste local inspiré par séduisants et les plus durables, bien diffusés par la peintre situe la scène dans une vallée boisée. un maître de l'école hollandaise, peut-être un gravure et souvent copiés. De cette image qui relève Sommairement vêtu d’une cape jetée sur l’épaule membre de la dynastie des Bloemaert : Abraham du genre très prisé des tableaux de dévotion à usage et d’un pagne ceignant ses reins, soutenu par (1564-1651) ou Hendrick (1601-1672). privé, se dégage une émotion intime et sincère. une haute croix atour de laquelle s'enroule une 8 9 Église Saint-Denis de Neuilly-en-Vexin.
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