Document généré le 29 sept. 2021 00:30 Ciné-Bulles Le cinéma d’auteur avant tout Critiques Octobre Charachar Clerks Principio y fin Look Forward in Anger Personne ne m’aime les Gens normaux n’ont rien d’exceptionnel Lou n’a pas dit non Yves Lever, Michel Euvrard, Jean Beaulieu et Myriame El Yamani Volume 13, numéro 4, automne 1994 URI : https://id.erudit.org/iderudit/33877ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Association des cinémas parallèles du Québec ISSN 0820-8921 (imprimé) 1923-3221 (numérique) Découvrir la revue Citer ce compte rendu Lever, Y., Euvrard, M., Beaulieu, J. & El Yamani, M. (1994). Compte rendu de [Critiques / Octobre / Charachar / Clerks / Principio y fin / Look Forward in Anger / Personne ne m’aime / les Gens normaux n’ont rien d’exceptionnel / Lou n’a pas dit non]. Ciné-Bulles, 13(4), 50–59. Tous droits réservés © Association des cinémas parallèles du Québec, 1994 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Critiques OCTOBRE et permet de mieux creuser le sujet (rien de plus détestable que les intrigues secondaires ne cherchant de Pierre Falardeau qu'à accrocher le spectateur, défaut fort répandu dans le cinéma québécois actuel). Bonne décision par Yves Lever aussi que celle de ne pas leur donner de noms, car Francis Simard, dans son livre, ne parle que du ourquoi un autre film surOctobre 70? Pourquoi «nous» du groupe. Mais les personnes au courant de pas! Malgré des livres entiers, des rapports de l'histoire peuvent reconnaître qui est qui, car la P commissions d'enquête, des milliers d'articles caméra ne peut s'empêcher de personnaliser; il faut — et une bonne dizaine de films s'y rapportant bien montrer celui qui est suivi par des policiers ou directement ou métaphoriquement1, l'événementn'a les deux qui sont dans la maison de la rue Armstrong pas encore épuisé tout ce qu'on peut en dire... On au moment de l'exécution. Moins pertinent, ce­ n'en connaît pas encore toutes les facettes et on n'en pendant, le type d'interprétation exaltée et appuyée a encore tiré que des interprétations partielles et que le réalisateur a demandé à ses comédiens, pas partiales. Et puis, l'événement ne contient-il pas tous toujours à la hauteur. On a souvent de la difficulté à les ingrédients d'un bon scénario? croire en eux, même quand on s'efforce de ne pas leur juxtaposer les visages trop bien connus des vrais Qu'apporte de neuf l'Octobre de Falardeau? Son felquistes. Le plus souvent cadrés en gros plans, ils projet et la structure dramatique qui en découle se ont peine à créer une atmosphère vraisemblable. Le perçoivent facilement: raconter ce que les frères Paul jeu est trop appuyé, alors que c'est une «histoire et Jacques Rose, Francis Simard et Bernard Lortie vécue» que le générique initial affirme nous présenter. ont vécu durant la semaine du 10 au 17 octobre 1970 quand ils ont enlevé, séquestré et finalement exécuté Avec ce choix, Falardeau se donnait une difficulté le ministre Pierre Laporte. Le récit s'y conforme supplémentaire. En écartant tout contre-champ ex­ rigoureusement: la caméra témoin n'accompagne plicatif, il devenait ardu de contextualiser suffi­ toujours qu'un ou plusieurs membres du groupe et samment les gestes pour créer la cohérence de toute tout ce qui est contre-champ n'entre dans l'action l'opération. On ne peut dire qu'il ait réussi; celui qui que par la télévision, le téléphone, la radio, un a une bonne mémoire ou qui a beaucoup lu saisit les journal. Rarement a-t-on vu une caméra coller si références à Bourassa ou à Choquette, connaît l'im­ exclusivement aux personnages dont elle assume la portance de la lettre de Laporte à «Mon cher Ro­ position. bert...», mais que comprendra de tout cela lajeune génération? Je sais bien que Falardeau ne veut pas On connaissait déjà ce récit avec Pour en finir avec tout expliquer, espérant plutôt que son film donne le Octobre de Francis Simard2, dont le film se veut une goût aux étudiants de cégep d'aller lire sur son sujet1. transposition. Falardeau lui reste fidèle, tant pour les Mais alors pourquoi faire un film? Faut-il lire des faits que pour le sens que les felquistes donnent à leur centaines de pages pour en saisir les tenants et action. Les détails ajoutés semblent tout à fait dans aboutissants? l'esprit du récit originel. Là réside F intérêt principal du film: des faits plus ou moins oubliés sont main­ Bonne idée aussi, quoique cliché, de commencer le tenant diffusés au grand public. film par la dernière étape de l'action, le transport du cadavre là où il sera découvert. Cela évite le faux Mais cela ne suffit pas. Pour qu'il vaille vraiment la suspense pour le spectateur moins informé. Cette peine d'en faire un film, il aurait fallu qu'on présente scène tout en douceur et délicatesse, comme les cette information dans une structure dramatique co­ autres contacts avec l'otage, révèle mieux que tout le hérente (un film qui se tient comme film) et qu'on y reste ce qui se passe dans le cœur des felquistes. Elle propose une interprétation nouvelle, en somme, qu'on s'achève toutefois sur une musique tonitruante à la décolle un peu de la réalité pour lui donner un manière des plus détestables thrillers américains. Ce caractère plus universel. Comme les Ordres de même type de musique intervient d'ailleurs à plusieurs Michel Brault, qui parle autant des techniques de des pivots dramatiques; elle fait rager de plus en plus, répression que des simples Événements d'octobre. le summum arrivant lors de la descente policière dans la maison d'en face. On comprend l'excitation Le scénario ne manquait pas de défis intéressants. Le et la peur des «héros», mais tout de même! Cette choix de s'en tenir uniquement au vécu des ravisseurs production de synthétiseurs (tout a fait semblable à semble pertinent, car il favorise l'unité d'ensemble celle des Filles de Caleb ou de Scoop) plaira peut- Vol. 13 no 4 C\UE3ULLES 50 Critiques DenisTrudelet Luc Picard dans Octobre de Pierre Falardeau (Photo: Jean F. Leblanc) être au jeune public, mais elle entre en contradiction injustifiable». Le problème vient de ce que la suite ne avec la réflexion que veut provoquer le film. Falardeau démontre aucun des deux termes, dont il aurait n'en est pas à une contradiction près... Une autre d'ailleurs fallu expliquer la dimension paradoxale. étant ces bruits en stéréo pour augmenter l'effet de Ni les conversations des protagonistes, et elles sont réalité (très à la mode),mais qui détruisent souvent la nombreuses, ni rien de ce qui arrive de l'extérieur ne magie cinématographique. démontrent la «nécessité» de l'exécution. Ils ne veulent pas tuer, semblent même penser qu'ils des­ À l'opposé, on n'a qu'un silence glacial et un long servent ainsi la cause, mais ne s'écartent pas du plan-séquence fixe du mur de la cuisine au moment projet initial — plus spontané que calculé — pour de l'exécution, qui se déroule complètement hors- que les ennemis ne pensent pas qu'ils n'étaient pas champ, dans la pièce d'à-côté. Ce n'est pas un sérieux. La crainte de «perdre la face», leur façon de mauvais choix esthétique, car personne n'a encore s'accrocher au moindre signe de possible déblocage Octobre révélé ce qui s'est passé à ce moment-là. Mais l'effet dans les négociations révèlent d'elles-mêmes leurs 35 mm / coul. /97 min / tombe à plat, car il «déréalise» trop l'événement. Ici principales faiblesses: leur insécurité psychologique 1994/fut. /Québec une musique appropriée aurait peut-être été et le caractère anarchique de leurs désirs. Ils tuent préférable. Ou bien une lente fermeture au noir finalement, malgré l'illogisme du geste, parce qu'ils Réal. et scén. : Pierre Falardeau suivie d'une ouverture sur le même décor. Car on a «sont responsables de ce qu'ils ont commencé», ce (d'après le livre de Francis peine à croire que tout se soit déroulé si vite. Cette qui, intellectuellement, est absurde et indéfendable. Simard scène aurait dû marquer le sommet de la construction Le spectateur se dit que ce n'est pas possible, que le Pour en finir avec Octobre) dramatique du film. Elle est presque banalisée par groupe a dû discuter longuement et laisser mûrir le Image: Alain Dostie son traitement. sens de chaque geste. Le film montre le contraire et Son: Jacques Drouin Mus.: Richard Grégoire en cela il reprend ce que Simard a écrit: toute cette Mont.: Michel Arcand Le principal malaise provoqué par Octobre vient opération a été avant tout un cri du cœur et du ventre, Prod.: Bernadette Payeur et toutefois de ce qu'il ne présente pas vraiment un jamais une tactique s'inscrivant dans une stratégie. Marc Daigle - ACPAV point de vue d'auteur sur ce qui est raconté. Falardeau Les objectifs étaient clairs, l'indépendance du Québec Dist.: C/FP Distribution et un nouveau type de société, mais restaient vagues.
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