1 Dar hashiyeh e kavir 1:47 2 On the Outskirts of the Desert 2:37 3 Nabard 1:42 4 The Battle 3:12 5 Shekast 1:02 6 The Defeat 4:09 7 Zendani 1:42 8 Prisoner 5:38 9 Khashm 1:42 10 The Fury 2:09 11 An sooy e abrha 1:28 12 Beyond the Clouds 5:10 13 Farar 1:52 14 The Escape 10:51 15 Sarab 3:32 16 The Mirage 5:08 17 Entezar 1:34 18 The Wait 4:40 Histoire de la Musique pour Piano en Lorsque l’on aborde le sujet de la musique urbaine iranienne du XXe siècle, le piano apparaît incontestablement comme l’un des acteurs, l’un des symboles culturels les plus influents, alors que, depuis sa toute première apparition en Iran à la cour du roi Fath’Ali Shah (dynastie Qajar, 1797-1834), jusqu’à sa prise en considération progressive par les maîtres de musique à la cour de Nasserreddin Shah (Qajar, 1848-1896), grâce à l’instrument offert par Napoléon III, il ne s’est écoulé qu’une cinquantaine d’années. En 1860, une “section musicale ” spécifiquement dédiée à l’enseignement de la musique militaire a été créée au sein de l’école Dar ul–Funun (la première université moderne en Iran). Le recrutement d’attachés militaires venant d’Autriche, d’Italie et de France, a imposé le piano comme le second instrument dont l’étude était obligatoire. Il représentait surtout l’outil parfait pour l’enseignement de la théorie musicale, de la dictée et de l’harmonie. A contrario, aucune des couches sociales iraniennes n’a été de fait sensibilisée au répertoire de la musique européenne, à la technique pianistique ou à la pédagogie du piano, et ce jusqu’à la fin du XIXe siècle. Plusieurs années ont été nécessaires avant que le piano ne s’impose comme l’instrument destiné à l’interprétation de la musique classique européenne. Rares et réduites, les relations culturelles entre l’Iran et l’Occident dans le domaine de la musique et de son enseignement, ont maintenu pendant de nombreuses années la méconnaissance du piano et de son répertoire. Ce n’est qu’en 1934, avec la création du premier conservatoire national de musique classique, que cette lacune a pu être comblée grâce à un enseignement sérieux et académique proposé aux étudiants iraniens. Toutefois, les professeurs venant en grande partie de l’ex-Tchécoslovaquie, n’étaient pas, pour la plupart, des pianistes professionnels. En conséquence, les étudiants les plus doués, après leurs premières années d’enseignement en Iran, étaient contraints de continuer leurs études musicales et instrumentales à l’étranger. La croissance économique et le développement de l’Iran dans les années 60 ont permis aux classes moyennes d’accéder au piano qui n’était plus alors réservé à l’élite persane. Les méthodes d’enseignement se sont ainsi développées et perfectionnées. Des professeurs européens sont venus en Iran et ont suivi les élèves les plus talentueux ; de nouvelles méthodes, des émissions dédiées au piano et à la musique classique, à la radio puis à la télévision, des revues spécialisées sur l’instrument et ses interprètes, la présence du disque vinyle, tout ceci a favorisé et accéléré la connaissance du piano et de la musique classique. A émergé, alors, une jeune génération de musiciens fraîchement diplômés du conservatoire, qui, attirés dans un premier temps par une carrière de pianiste, ont découvert le domaine non moins attractif de la composition musicale. Durant dix années successives, à partir de 1967, le Festival des Arts de Shiraz-Persépolis est devenu un lieu de rencontre pour des pianistes et des musiciens du monde entier, parachevant l’implantation d’une culture musicale internationale, parallèlement à la musique traditionnelle persane, et offrant ainsi une richesse et une diversité artistique nationales de qualité. 1979 : à l’évidence, cette date a marqué un tournant dans l’histoire de l’Iran, occasionnant un fort ralentissement dans la production et l’enseignement musical classique, et privilégiant en retour la musique et les instruments traditionnels iraniens. Or, depuis les années 2000, et notamment aujourd’hui, a percé une génération de jeunes compositeurs peut-être plus actifs et d’une personnalité plus subtile encore que les précédents. Résidant en Iran, en Europe aux États-Unis ou dans d’autres parties du monde, tous font preuve d’une créativité riche et complexe dans leur manière d’envisager la dualité tradition/modernité ou tradition/influence, qui reste un thème majeur de la nouvelle musique iranienne contemporaine. Il est intéressant de remarquer que, par rapport aux instruments comme la flûte, le violon ou la clarinette, qui tous les trois se sont parfaitement et aisément intégrés dans le paysage modal de la musique traditionnelle persane, le piano, instrument soliste par excellence, conserve une place privilégiée chez les musiciens iraniens contemporains : en dehors du contexte historique et culturel, il reste l’instrument parfait pour expérimenter et pousser les limites de leur créativité et expressivité. Avec le piano, les compositeurs iraniens ont appréhendé de nouvelles notions telles que la polyphonie, l’ambitus sonore, les nuances dans l’interprétation. Pour la première fois, ils ont découvert la complexité du jeu à deux voix et avec les deux mains simultanément, ce qui les a initiés à une vision architecturale, formelle et programmatique de la composition musicale beaucoup plus élaborée que la simple dimension monodique et mélodique de la musique. Un monde nouveau s’est révélé à eux grâce au piano. La découverte de cette autre dimension créative a affecté et influencé non seulement les musiciens iraniens issus des universités et des conservatoires, mais aussi les musiciens se consacrant à la musique traditionnelle ou folklorique persane.

Alireza Miralinaghi (1966) Musicologue, journaliste musical, historien et pédagogue de la musique contemporaine persane. Sheherazade Op.115 C’est autour de 1960 que Mashayekhi commence à s’intéresser à l’intégration d’éléments de musique traditionnelle iranienne dans ses propres compositions, avec la création d’œuvres telles que Shur, Opus 15 et D’est en Ouest (Az sharq tâ qarb, Opus 45). La composition en tempérament égal est une véritable quête des maillons manquants de la culture musicale persane, dont les modes et gammes intègrent des micro-intervalles, inexistants dans les échelles musicales occidentales. Les dernières recherches du compositeur dans l’intégration de la musique iranienne ont abouti à la création d’un ensemble de cinq œuvres :

Contes brefs (Dâstân-hâ-ye kutâh, Opus 106) Missives (Nâme-hâ, Opus 110) La recheche du temps perdu (Dar jostoju-ye zamân-e az dast rafte, Opus 111) Cristal 1 et 2 (Keristâl 1 va 2, Opus 113) Sheherazade (Sheherazade, Opus 115)

La dernière œuvre de cette série, Sheherazade, constitue le sommet du cheminement philosophique et spirituel du compositeur à travers une théorie polyphonique globale élaborée par lui-même et structurée à partir de l’architecture monophonique de la musique persane. Par moments, la musique atteint le seuil de l’atonalité, et l’écriture semble quitter le territoire musical iranien pour y replonger entièrement l’instant d’après. Mashayekhi a écrit l’œuvre en neuf parties, chacune de ses parties étant précédée d’un texte écrit de la main du compositeur. L’œuvre peut être jouée d’un seul tenant, sans la lecture des textes, et dans ce cas être considérée comme une véritable œuvre soliste, dense et possédant sa propre dramaturgie, ou bien, avec la lecture des textes, qui font alors office de contrepoint narratif. Chacune de ces neuf parties présentent des couleurs et des gestes musicaux variés, en lien avec les différents personnages impliqués dans le récit. L’apparition ou le retour de ces personnages participent à l’unité dramaturgique de l’œuvre, et reflètent également la pensée du compositeur, qui détourne le conte originel de Sheherazade vers un questionnement intérieur et philosophique. Sheherazade fait partie des pièces les plus longues de la littérature pianistique. Elle a été créée en 1998 par Farimah Qavâm-Sadri à la salle Vahdad de Téhéran. À la croisée du concert littéraire et de la lecture musicale, la pianiste Layla Ramezan alterne l’œuvre pour piano d’, la lecture du conte, ainsi que des improvisations au Zarb et au Santur. 1. Dar hashiyeh e kavir Aux portes du désert, la statue d’une femme scrute l’horizon. Elle cache l’espoir d’un miracle en son sein, un mystère qui remonte aux temps anciens. Il était une fois un guerrier audacieux mais tourmenté qui, de conquêtes en conquêtes, s’était bâti un vaste royaume. Bien qu’il célébrât l’art et la philosophie, et qu’il se considérât comme un penseur et un poète, il brûlait d’une passion dévorante pour la guerre, et, s’il abordait les questions philosophiques avec patience et tolérance, il traitait les autres affaires avec sévérité ou négligence. À chaque victoire, le caractère changeant de son esprit inquiet s’accentuait, si bien qu’au bout d’un certain temps, il n’était plus capable de savoir ce qu’il désirait. Son peuple l’admirait pour son courage face à l’ennemi et pour ses victoires contre les agresseurs, mais les guerres successives fatiguaient la communauté, qui n’avait qu’une envie : que les guerres cessent et que leur roi soit en paix. Cependant, personne n’osait lui en toucher mot. Seul et inquiet, il se rendait souvent aux portes du désert et méditait sur son avenir incertain. Un peu plus loin, parmi le peuple de Zagros, habitait une jeune fille clairvoyante qui dévoilait ses présages dans des contes merveilleux. Elle s’appelait Sheherazade. Tous étaient fascinés par sa conduite exemplaire et sa sagesse. Elle aussi, possédait un esprit tourmenté.

3. Nabard Un jour le roi raconta son rêve à son ministre : « Je me trouvais dans une impasse, sans pouvoir fuir nulle part. La mort m’avait rattrapé. » Le ministre, qui attendait depuis longtemps l’opportunité de pouvoir faire comprendre au roi la situation critique du pays, lui proposa de convoquer Sheherazade, une jeune fille intelligente et méritante, afin qu’elle interprète son rêve, et dans l’espoir qu’elle lui fasse recouvrer la raison. Le roi, curieux, exigea qu’on aille à Zagros chercher la fille, en employant la force si nécessaire. « Attaquer Zagros, pour nos troupes épuisées, n’est pas une tâche aisée. Si ses habitants ne se soumettent pas facilement, que faire ? », demanda le ministre. Le roi, ignorant ces paroles, enivré du parfum de la guerre, se mit à crier : « Bataille ! Bataille ! »

5. Shekast Comme l’avait prédit le ministre, le peuple de Zagros résista farouchement aux troupes du roi, mais finalement, après une dernière offensive sanglante, connu la défaite. Cependant, cette victoire allait s’avérer bien différente des autres, car sans le savoir, le roi goûterait bientôt à la défaite la plus amère de sa vie.

7. Zendani Il fit arrêter Sheherazade et la reteint prisonnière dans une forteresse connue aujourd’hui sous le nom de «prison d’Alexandre». Chaque jour il lui rendait visite et lui demandait de lui lire son avenir et chaque jour, il se laissait subjuguer davantage par les histoires fascinantes de la jeune fille. À tel point qu’il fut bientôt convaincu qu’il s’agissait de la chose la plus importante de sa vie. Sheherazade, de son côté, pensait pouvoir retarder le moment de sa mort en continuant de lui raconter ces contes merveilleux, sans lui dévoiler clairement son destin. Un jour, revenant de l’une de ses visites, le roi dit à son ministre d’un air sombre et inquiet : « Je ne sais pas qui est le prisonnier finalement, Sheherazade ou moi ! »

9. Khashm Une fureur profonde s’était installée en lui. Il ne pouvait plus imaginer son avenir selon ses désirs. Sheherazade était sa prisonnière, mais il se sentait impuissant face à elle. Que lui arrivait-il ? Jamais il n’avait affronté un problème sans pouvoir le résoudre. Ne se trouvait-il pas dans la même impasse que celle de son rêve ? Seule la fureur semblait pouvoir répondre à ses questions.

11. An sooy e abrha La splendeur de Sheherazade, emprisonnée, impassible, éclipsait totalement la grandeur du roi, qui finit peu à peu par comprendre que son pouvoir était vain. Alors qu’il se remémorait ses victoires et ses défaites passées, il dit : « Si seulement le monde pouvait changer ! Si seulement je n’étais pas souverain, ni Sheherazade ma prisonnière ! Si seulement nous vivions dans un autre monde, un monde au-delà des nuages. »

13. Farar C’est ainsi qu’il comprit qu’il avait définitivement perdu la plus grande et noble bataille de sa vie. Cette défaite avait anéanti sa joie et ses émotions, enterré ses sentiments au pied d’un mur de silence, de froideur et d’indifférence. Sheherazade lui raconta encore le récit d’un valeureux guerrier qui, ayant subi une première défaite, pris la mer et s’enfuit en direction d’horizons lointains. Entendant ces paroles, il perçu enfin son destin, et, abandonnant Sheherazade et son trône, seul, harassé, il partit à pied dans le désert.

15. Sarab Son allure était de plus en plus faible. Il ne savait plus à quoi penser, à son royaume et au pouvoir qu’il avait abandonné, ou à Sheherazade qui avait construit un mur de silence devant lui. Quelques temps auparavant, son ministre avait dit : « Sheherazade semble faite de pierre… » Et lui, avec mépris, avait répondu : « Oui, un mur de pierres sans fin, qu’on ne peut ni pénétrer, ni contourner. » À cet instant, Sheherazade lui apparût, semblant se détacher de l’horizon et s’approcher. Lui, à bout de force, ne pouvait plus faire un pas. Le temps de son errance touchait à sa fin. À mesure qu’elle s’approchait, son désir grandissait mais ses forces le quittaient. Envahis par son regard, il se mit à chanter : « Je ne vois que toi, je n’entends que toi, je ne suis qu’avec toi. Lorsque je me suis effondré, toi seule étais avec moi, et ma fin, finalement, t’échappe. »

17. Entezar Le roi avait ordonné la libération de Sheherazade avant de partir. Etonnée, elle demanda : « Où se trouve donc le roi ? » On lui répondit : « Il a abandonné le royaume et a fui dans le désert ». Jusqu’à maintenant elle ignorait que l’amour du roi l’avait élevée à un autre monde, au-delà des nuages. À présent, sans cet amour, elle se sentait échouée dans le monde ordinaire. Ainsi, une tempête dans l’âme, elle s’enfuit à son tour, et les gens l’entendirent crier au loin : « Le roi reviendra ! Le roi reviendra ! » Aujourd’hui encore les voyageurs qui traversent le sud du désert, sous le soleil ou au clair de la lune, peuvent apercevoir la statue d’une femme scrutant l’horizon. Elle cache l’espoir d’un miracle en son sein, un mystère qui remonte aux temps anciens. Layla Ramezan, piano La pianiste iranienne Layla Ramezan a toujours cherché à créer des liens entre ses origines persanes et la musique contemporaine qu’elle côtoie quotidiennement. Elle noue des contacts privilégiés avec des personnalités musicales marquantes telles que Helmut Deutsch, Jean-Claude Pennetier, William Blank et Philippe Albera, se produit avec des musiciens tels que Jean-Marc Luisada, Eliane Reyes, Christophe Beau, Brigitte Balley et le Trio Chemirani, et travaille aux côtés de compositeurs du monde entier comme Tristan Murail, Luis Naon, Nicolas Bolens et Michael Jarrell. Elle se produit régulièrement en France, en Suisse comme à l’international : Collège des Bernardins à Paris, Victoria Hall à Genève, Royal Irish Academy of Dublin, Carnegie Mellon University à Pittsburgh, Musée Aga Khan de Toronto, Roodaki Hall de Téhéran, Hafez Hall de Shiraz, ainsi que dans des festivals comme Les Athénéennes de Genève, Schubertiade de Sion, Alba en Italie. Ses concerts sont diffusés notamment par Radio France, RFI, Radio Suisse Romande, NPO Radio Néerlandais, CBC Radio Canada. Egalement pianiste de Matka, un ensemble de musique contemporaine basé à Genève, elle ne cesse de participer à des projets d’échanges interculturels en lien avec la communauté internationale : elle joue aux Nations Unies à Genève pour un évènement spécial contre la violence à l’égard des femmes aux côtés de dix ambassadrices africaines, elle est l’instigatrice de plusieurs projets d’échanges musicaux avec l’Iran tels que des conférences, résidences et concerts réunissant compositeurs iraniens, français et américains, elle est la fondatrice et directrice artistique du Barbad Piano Prize à Shiraz en Iran, elle a été membre du jury de la 10ème édition du Festival national de musique pour les jeunes de Téhéran. Elle prépare actuellement l’enregistrement d’une série de quatre disques consacrés au projet 100 ans de musique classique iranienne pour piano chez le label Paraty. Le premier volume de cette tétralogie Compositeurs iraniens des années 1950 est sorti en janvier 2017. Elle a débuté son éducation musicale et pianistique à Téhéran avec Mustafa-Kamal Pourtorab, Raphael Minaskanian et Delbar Hakimova puis, arrivée à Paris en 2001, elle poursuit sa formation, en tant que boursière de la fondation Albert Roussel, à l’École Normale de Musique de Paris Alfred Cortot dans les classes de Jean Micault et de Devi Erlih, au Conservatoire National de Saint-Maur des Fossés et de Créteil avec Jacqueline Bourgès-Maunoury et Christophe Bukudjian où elle obtient un Diplôme d’Études Musicales avec hautes distinctions. À Lausanne, où elle vit actuellement, elle a obtenu deux Masters en interprétation et en accompagnement à la Haute École de Musique auprès de Christian Favre et Marc Pantillon. Sa sonorité, son phrasé, sa sensibilité particulière pour le rythme et son interprétation raffinée du déroulement du temps musical sont d’ailleurs les qualités premières de son jeu pianistique. Son sens esthétique a été forgé par les différences comme par les ressemblances qui se croisent parfois au sein des cultures à travers lesquelles elle se meut librement. Elle ne cesse de chercher à les exprimer, s’inspirant de l’une ou de l’autre, avec des accents singuliers, loin des clichés. Layla Ramezan est lauréate de la Fondation Engelberts pour l’Art et la Culture en Suisse et la Fondation Albert Roussel en France.

Djamchid Chemirani, narration Djamchid Chemirani est né à Téhéran en 1942. Son grand sens de l’improvisation allié à une technique irréprochable en font un interprète très recherché parmi les percussionnistes. Il commence à pratiquer le Zarb très jeune avec Maître Hossein Teherani, qui propulse le Zarb d’instrument d’accompagnateur à celui de soliste. En 1961, il s’installe en France et le public français le découvre dans de nombreux concerts au Théâtre de la Ville. Il commence une carrière internationale et se produit très vite auprès des plus grands maîtres persans (Mohammad Reza Shadjarian, Darioush Tala’i, Hossein Alizadeh, Hossein Omoumi, Mohammad Mussavi, Majid Kiani). Il va ouvrir l’instrument vers d’autres horizons comme le théâtre - il participe au Mahabharata de Peter Brook - la danse (Maurice Béjart, Carolyn Carlson), le jazz et la musique du Moyen Âge (Clemencic Consort). Il a enseigné les techniques du Zarb à des nombreux musiciens dont Jean-Pierre Drouet, compositeur de musique contemporaine avec lequel il se produit en concert, ou Bruno Caillat. Mais ses deux élèves les plus prometteurs sont ses deux fils Bijan et Keyvan. En plus du Zarb, les deux fils pratiquent d’autres percussions orientales telles le Daf, le Bendir et le Udu. Leur trio, forcément basé sur une grande complicité, fait le bonheur des festivals de Musiques du Monde et est acclamé dans le monde entier (Opera House Sydney, Opéra de Pékin, Opéra de Taïwan, Etats-Unis, Europe). Virtuose et toujours ouvert, il a participé à de nombreuses créations dans des domaines musicaux très variés.

Keyvan Chemirani, Zarb et Santur Keyvan Chemirani est né à Paris en 1968. C’est sur les hauteurs des collines de Manosque, dans les Alpes de Haute Provence, que Keyvan grandit et s’imprègne des musiques orientales et méditerranéennes. Son père et maître, Djamchid Chemirani lui transmet le savoir traditionnel. Keyvan joue du Zarb, du Daf, du Udu, ainsi que du Bendir et du Riqq. Avec son père Djamchid et son frère Bijan, il forme le Trio Chemirani qui se produit partout dans le monde. Tout en puisant dans la poésie persane dont s’inspirent les rythmes traditionnels, ils composent et développent des formes modernes où l’accent est mis sur les polyrythmies et sur la multiplicité des sons. Musicien prolifique et curieux, Keyvan Chemirani tisse des liens inédits entre différentes cultures musicales et s’investit dans des collaborations fructueuses avec Louis Sclavis, Sylvain Luc, Didier Lockwood, Renaud Garcia-Fons et Omar Sosa pour le jazz, Ballaké Sissoko, Sokratis Sinopoulos, Anindo Chatterjee, Ross Daly, le Trio Érik Marchand et Thierry Robin pour les musiques du monde. Il travaille aussi avec des ensembles de musique ancienne : l’Ensemble Gilles Binchois de Dominique Vellard, La Chapelle Rhénane dirigée par Benoît Haller avec laquelle il enregistre les Psaumes de David de Schütz, Cappella Mediterranea de Leonardo García Alarcón avec qui il a créé en tant que soliste Il Diluvio universale de Falvetti au Festival d’Ambronay 2010. En 2013, il crée à Royaumont une première mouture du « Rhythm Alchemy » centré autour du trio familial, mais en ouvrant sur les percussions du sous-continent indien, et occidentales, continuant d’interroger le rapport à la prosodie (travail sur les rythmes chantés des différentes cultures, rapport musique poésie), avec l’apport de deux cordes frottées pour soit soutenir soit exalter l’édifice musicale (Vincent Ségal au violoncelle et Sokratis Sinopoulos à la lyra). Penser les percussions iraniennes comme une syntaxe qui lui permet d’investir les musiques orales ou écrites du monde entier, et faire œuvre : voilà le chemin ardu et passionnant qu’emprunte Keyvan Chemirani, pour métamorphoser peu à peu en créations multiformes l’héritage musical persan reçu de son père Djamchid Chemirani. C’est pourquoi, à 50 ans, il peut à son tour enseigner le legs de la tradition orale, tout en gardant à l’esprit une visée contemporaine.

Alireza Mashayekhi, compositeur Alireza Mashayekhi (né en 1940 à Téhéran) est considéré comme un pionnier de la musique moderne en Iran. Ses œuvres sont jouées dans son pays natal et à l’étranger depuis plus de 50 ans. À partir des années 1960, il se rend à l’étranger pour poursuivre ses études de composition, d’abord à l’Académie de musique et des arts de la scène de Vienne avec et Karl Schiske, puis à l’Institute for Sonology à Utrecht, aux Pays-Bas, où il étudie avec . Ses nombreuses années d’association avec Hanns Jelinek l’encouragent à explorer un large spectre de la musique du XXe siècle. Cette passion et son attachement à la culture iranienne sont les pierres angulaires de son développement artistique. Très tôt, il trouve son indépendance musicale. En 1970, une de ses premières pièces électroniques, Shur, Op.15 (1968) est enregistrée sur le disque Electronic Panorama, un coffret 4LP Philips Records. Pendant les 15 années suivantes, son association musicale avec l’Institut de Sonologie d’Utrecht se poursuit en tant que compositeur invité. Il rejoint également la faculté de musique de l’Université de Téhéran, où il enseigne la composition depuis 1970. En 1993, Mashayekhi cofonde le Contemporary Music Ensemble avec la pianiste Farimah Ghavamsadri et en 1995, il fonde l’Iranian Orchestra for New Music qui associe des instruments occidentaux avec des instruments de la musique persane traditionnelle, avec lequel il a enregistré sept albums sous différents labels. Mashayekhi est également l’auteur de six livres sur la composition musicale, dont le dernier présente la théorie complémentaire, son propre système d’organisation polyphonique. Dans son article «Rencontres musicales de l’Orient et de l’Occident : A journey through Alireza Mashayekhi’s solo piano works», Albert Sassmann déclare que «le concept de polyphonie de Mashayekhi diffère fondamentalement de l’harmonie occidentale». C’est ce que Mashayekhi définit comme «polyphonie inspirée de l’essentiel». Les œuvres de Mashayekhi comprennent de la musique électronique et informatique, de la musique électroacoustique, des solos instrumentaux, de la musique de chambre, ainsi que des pièces orchestrales de grande envergure. Près de 600 pièces sont cataloguées en 290 opus, dont 9 symphonies et de nombreux concertos qui se caractérisent par une très grande diversité de styles et d’approches. L’article d’Albert Sassman, mentionné plus haut, conclut que «...une composition comme Sheherazade déborde d’émanations impressionnantes de l’art persan. Alireza Mashayekhi a enrichi la littérature pianistique en ajoutant sa propre pierre, unique, à cette immense mosaïque ».

History of Iranian Piano Music When we consider urban Iranian music of the 20th century, the piano is unquestionably one of the most culturally influential actors and symbols. The piano first appeared in Iran as a gift from Napoleon III, to the court of King Fath’Ali Shah (Qajar dynasty, 1797–1834). It was then progressively incorporated by the master court musicians of Nassereddin Shah (Qajar, 1848–1896); the process took a mere 50 years. In 1860, a “music division” was created within Dar ul-Funun School (Iran’s first modern university) specifically dedicated to the teaching of military music. As military attachés were recruited from , Italy, and France, the piano became a required second instrument. Above all, it was the perfect tool for teaching music theory, dictation and harmony. In contrast, virtually none of the Iranian social classes were exposed to European repertoire, piano technique or piano pedagogy until the end of the 19th century. It would take several years before the piano would become more widely known as an instrument for the interpretation of European classical music. As cultural relations between Iran and the Occident were limited, in particular with respect to music and musical pedagogy, Iranian unfamiliarity with the piano and its repertoire endured. It wasn’t until 1934 – with the creation of the first national conservatory of classical music – that the void was filled, and Iranian students could enjoy serious academic training. However the teachers, in large part from Czechoslovakia, were not professional pianists. As a result, the most talented students were sent abroad to continue their musical and instrumental studies, after initial training in Iran. The economic growth and development of Iran in the 1960’s led to wider access to the piano among the middle class; the instrument was no longer reserved for the Persian elite. Teaching methods grew more advanced and sophisticated. European professors started to visit Iran and guide the most gifted students. The recognition of the piano and of classical music was encouraged and accelerated by radio, then television programs dedicated to the piano and to classical music. Other factors include new specialist magazines about the piano and its performers, and the increasing presence of vinyl records. A new generation of musicians, recent graduates of the conservatory, began to emerge. Initially attracted to a pianist’s career, many discovered composition, and found it just as attractive. For ten successive years starting in 1967, the Shiraz-Persepolis Arts Festival became a meeting point of pianists and musicians from around the world. The festival was a melting pot of international musical culture, alongside traditional Persian music, providing a national platform for rich, artistic diversity of the highest standard. 1979 marks a turning point in Iran’s history: there was a sharp decline in classical music education and production, and a new emphasis on traditional Iranian music and instruments. However, since the early 2000’s, and particularly today, a younger generation of composers is emerging, perhaps even more active and varied than their predecessors. Western instruments like the flute, the violin, and the clarinet effortlessly integrated into the modal landscape of traditional Persian music. Therefore it is remarkable that the piano – the solo instrument par excellence – has such a privileged place for Iranian musicians today. It remains the perfect instrument for composers to experiment, to push their creativity and expression to the limits, allowing them to break free of historical and cultural context. With the piano, Iranian composers grasped new concepts such as polyphony, range and dynamics in interpretation. For the first time, they discovered the complexity of playing several voices with both hands simultaneously, leading to a new architectural, formal, and programmatic vision of musical composition, more elaborate than the familiar monophonic, melodic musical approach. A new world was revealed to them through the piano. The discovery of this alternative creative dimension has affected and influenced not only Iranian musicians who studied at universities and conservatories, but also musicians who practice traditional Persian folk music.

Alireza Miralinaghi (b. 1966) Musicologist, music journalist, historian, contemporary Persian music teacher. Shahrazade Op. 115 Mashayekhi’s experience with Iranian music began in 1960 with the creation of pieces such as Shur, Opus 15, Az sharq tâ qarb (“From East to West”, Opus 45). To date, he has embraced more than ten different genres and styles. The composition in equal temperament is a search for the missing links of Persian musical culture, and this is why his most recent Iranian compositions have culminated in a collection of five works:

Short stories (Dâstân-hâ-ye kutâh, Opus 106) Letters (Nâme-hâ, Opus 110) In search of lost time (Dar jostoju-ye zamân-e az dast rafte, Opus 111) Crystal 1 and 2 (Keristâl 1 va 2, Opus 113) Sheherazade (Sheherazade, Opus 115)

Sheherazade is the final work in this series. In this piece, we reach the pinnacle of the composer’s virtual journey along the path of the polyphonic musical culture, inspired by the original part which is the theoretical structure of his approach to Persian music. At certain moments in this collection, the music reaches the threshold of atonality, that is, writing which takes us out of the Iranian space of the music. Mashayekhi originally conceived of the work in five sections, but he ultimately composed Sheherazade in nine. He has written it in such a way that it can be performed in concert by a soloist or accompanied by an Opera libretto, linking the scenes in parallel with the reciter’s dialogue. In these sections, themes appear dressed in various colors, depending on the different encounters throughout the piece. These diverse encounters play a part in the piece’s unity, yet they also reflect the composer’s philosophical thinking about the variety of the discourse, according to the moments of dialogue with the person who is addressed. In other words, he shows us how to impress the listener through various means, so that we can enjoy a listening experience that is greater than the sum of its parts. Sheherazade is among the longest pieces in the solo piano repertoire. The story of Sheherazade, as imagined by Mashayekhi, is the pretext of this piece, which was first performed in 1998 by Farimah Qavâm-Sadri in Tehran’s Vahdad Hall. At the intersection of a literary concert and a musical reading, the pianist Layla Ramezan alternates between the piano piece by Alireza Mashayekhi, the reading of the tale, and improvisations on the Zarb and Santur. 1. Dar hashiyeh e kavir On the outskirts of the desert, a figure of a woman looks at the horizon. She hopes for a miracle, a mystery which dates from ancient times. Once, upon a time, a daring but tormented king built a large kingdom, conquest after conquest. He loved art and philosophy, and considered himself a thinker and a poet, but he also had a consuming passion for war. While he handled philosophical questions with patience and tolerance, he treated other matters with severity and indifference. With each victory on the battlefield, his troubled mind intensified, to the extent that, after a certain time, he no longer knew exactly what he wanted. His people admired him for his courage in the face of the enemy and for his victories against aggressors. But his wars exhausted the community wanted the wars to stop and for their king to lead them in peace. However, no one dared utter a word of it to him. Alone and restless, he often took himself to the outskirts of the desert and meditated on his uncertain future. His people admired him for his courage in the face of the enemy and for his victories against the aggressors. But his wars exhausted the community wanted the wars to stop and for their king to lead them in peace. However, no one dared to utter a word of it to him. Alone and restless, he often took himself to the outskirts of the desert and meditated on his uncertain future. Some distance from there, among the people of Zagros, there lived a young clairvoyant girl who shared her insights through marvelous tales. She was called Sheherazade. Everyone was fascinated by her wisdom. But she, too, had a troubled mind.

3. Nabard One day the king told his counselor of a dream he had: “I found myself at an impasse, with nowhere to flee to. Death had caught up with me.” The counselor, who had long waited for the opportunity to make the king aware of the country’s critical situation, told him to summon Scheherazade so she could interpret his dream, in the hope that she would make him see reason. The king, curious, demanded that the girl be brought from Zagros, by force if necessary. “Attacking Zagros is no easy task for our exhausted troops. If its inhabitants do not submit easily, what should we do?” the minister asked. The king, ignoring these words, and intoxicated by the fragrance of war, cried: “To battle! To battle!” 5. Shekast As the counselor predicted, the people of Zagros fiercely resisted the king’s troops. Ultimately, after one last bloody siege, they admitted defeat. This victory turned out to be very different to the others, however. Because without knowing it, the king would soon suffer the bitterest defeat of his life.

7. Zendani The king had Sheherazade arrested and held prisoner in a fortress known today as “Alexander’s Prison”. Each day he visited her and demanded that she read his future. And each day he allowed himself to get more caught up in the young girl’s fascinating stories. So much so, that he was soon convinced that this was the most important thing in his life. Sheherazade, for her part, thought she could delay her death by continuing to tell him marvelous stories, without clearly revealing his destiny to him. One day, returning from one of these visits, the king said to his counselor, gloomily and anxiously: “I don’t know who the prisoner is anymore; Scheherazade or me!”

9. Khashm A profound fury had come upon the king. He could no longer imagine his future as he desired. Sheherazade was his prisoner, but he felt powerless before her. What was happening to him? Had he ever encountered a problem he could not solve? Did he not find himself in the same impasse as that of his dream? Only his fury seemed able to answer his questions.

11. An sooy e abrha The splendour of Sheherazade, imprisoned and indifferent, totally eclipsed the greatness of the king, who gradually realized that his power was useless. When he recalled his past victories and defeats, he said: “If only the world could change! If only I were not king, and Sheherazade not my prisoner! If only we lived in another world, a world beyond the clouds.”

13. Farar And thus he understood that he had definitively lost the greatest, most noble battle of his life. This defeat dashed his joy and emotions, and buried his feelings at the base of a wall of silence, coldness and indifference. Sheherazade told him once more the story of a valiant warrior who, having suffered a first defeat, set sail and escaped towards distant horizons. Hearing these words, he finally perceived his destiny and, leaving Scheherazade and his throne - alone and exhausted - he set out into the desert on foot.

15. Sarab Gradually, his steps grew weaker and weaker. He no longer knew what to think about: his kingdom and the power he had forsaken, or Scheherazade who had built a wall of silence in front of him. Sometime before, his counselor had said: “Sheherazade appears to be made of stone” to which the king replied with contempt: “Yes, an endless stone wall, which one can neither penetrate nor circumvent.” At that moment, Scheherazade appeared to him, seeming to break off from the horizon and draw near. The king, at the limit of his strength, was unable to take another step. His time of wandering was coming to an end. The closer she drew near, the more his hope grew, and the more his strength left him. Overwhelmed by her gaze, he began to sing: “I see only you, I hear only you, I am alone, with you. When I collapsed, only you were with me. My fate, in the end, eludes you.”

17. Entezar The king had ordered Sheherazade’s release before his departure. Surprised, she asked: “But where is the king?” “He forsook the kingdom and fled to the desert”, she was told. Until now, she had been unaware of the king’s love which had elevated her to a heavenly plane, beyond the clouds. Now, without this love, she felt stranded in the ordinary world. And so, with a storm in her soul, she left as well. People heard her shouting from afar: “The king will return! The king will return!” Even today, travelers who pass through the south of the desert, whether by day or by moonlight, can make out the statue of a woman, scanning the horizon. Within, she hopes for a miracle, a mystery which dates to ancient times. Layla Ramezan, piano For many years, Iranian pianist Layla Ramezan has been searching for and creating links between her Persian heritage and the contemporary music that is a part of her daily life. As a concert pianist, Layla performs regularly in France and Switzerland, as well as in many places further afield. She has recently appeared in recitals at the Collège des Bernadins in Paris, Carnegie Mellon University in Pittsburgh, Victoria Hall in Geneva, Royal Irish Academy in Dublin, Aga Kahn Museum in Toronto, Roodaki Hall in Tehran, Hafez Hall in Shiraz, and at major festivals such as the Athénéennes in Geneva, the Schubertiade in Sion and the Alba Music Festival in Italy. Her concerts have been broadcast on Radio France, RFI, Radio Suisse Romande, NPO Radio and CBC Radio Canada. Along with her solo projects, Layla has had the privilege to work with many prominent musicians such as William Blank, Helmut Deutsch, Jean-Claude Pennetier and Philippe Albera and has performed with Jean-Marc Luisada, Eliane Reyes, Christophe Beau, Brigitte Balleys and Trio Chemirani. She has also worked closely with composers such as Tristan Murail, Luis Naon, Nicolas Bolens and Michael Jarrell. As the pianist in the contemporary music ensemble “Matka” which is based in Geneva, she is the driving force behind several intercultural musical projects, bringing together Iranian, French, Swiss and American composers for global conferences, residencies and concerts. Layla was a member of the jury for the tenth edition of the Youth National Festival of Music in Tehran. She is a founder and the Artistic Director of the Barbad Piano Prize in Shiraz, Iran. As well as her interest in promoting her own cultural heritage, she has played for the United Nations in Geneva for a special event to raise awareness of violence against women organized by ten African ambassadors. Layla is currently preparing a four-part CD series on the Paraty label for her project, 100 years of Iranian Piano Music. The first CD of this quartet,Iranian Composers from 1950, was released in January 2017. Layla’s sound, her phrasing, her sensitivity to rhythm and a refined interpretation are the feature qualities of her piano playing. Her unique point of view has been formed by the intersection of two cultures, in both of which she feels comfortable. Layla is continually searching for new ways to express herself by allowing the oriental and occidental influences to inspire and complement each other. Layla started her piano studies in Tehran with Mustafa-Kamal Poutorab, Raphael Minaskanian and Delbar Hakimova before moving to Paris in 2000 to study at the École Normale de Musique de Paris “Alfred Cortot” with Jean Micault and Devi Erlih with a scholarship. She also studied with Jacqueline Bourgès-Maunoury and Christophe Bukudjian at the Conservatoire National de Saint-Maur des Fossés, where she obtained a diploma of Music Studies with high distinction. She then moved to Lausanne, Switzerland, where she currently lives, obtaining two Master’s degrees in Interpretation and Collaborative Piano from the Haute École de Musique with Christian Favre and Marc Pantillon. Layla Ramezan is a Laureate of the Engelberts Foundation for Art and Culture in Switzerland and the Albert Roussel Foundation in France.

Djamchid Chemirani, Narration Djamchid Chemirani was born in Tehran in 1942. His strong sense of improvisation coupled with a flawless technique make him a much sought-after performer among percussionists. He began learning the Zarb at a young age with master teacher Hossein Teherani, who popularised the Zarb as a solo instrument. In 1961, Chemirani settled in France, where he was discovered by the French public in a number of world music concerts at the prestigious parisian Théâtre de la Ville. As a result, he embarked on an international career, and began performing alongside great Persian masters such as Mohammad Reza Shadjarian, Darioush Tala’i, Hossein Alizadeh, Hossein Omoumi, Mohammad Mussavi, Majid Kiani, and others. He has opened the instrument up to new horizons such as the theatre – he has taken part in director Peter Brook’s Mahabharata, collaborated with choreographers Maurice Béjart and Carolyn Carlson, and with jazz musicians and medieval music specialists such as the Clemencic Consort. He has taught Zarb technique to numerous musicians, including Jean-Pierre Drouet, a composer of contemporary music with whom he appears in concert, and percussionist Bruno Caillat. Chemirani’s two most promising students are his sons Bijan and Keyvan: in addition to the Zarb, both sons play other oriental percussion instruments such as the Daf, the Bendir and the Udu. Their family trio, naturally based on a strong connection, delights world music festivals and is acclaimed around the world in venues such as Sydney Opera House, Beijing Opera, Taiwan Opera, and throughout the United States and Europe. Virtuosic and always open to new collaborations, Chemirani has taken part in a number of premieres in a wide variety of musical styles.

Keyvan Chemirani, Zarb and Santur Keyvan Chemirani was born in Paris in 1968. He grew up absorbing Oriental and Mediterranean music in the hills of Manosque, in the Alps of Haute-Provence. His mentor was his father Djamchid Chemirani, who passed on knowledge of traditional music. Keyvan plays the Zarb (or Tombak), the Iranian Daf, the Udu, as well as the Bendir and the Riq. Alongside his father Djamchid and his brother Bijan, he is part of the Chemirani Trio, which appears around the world. Drawing on the Persian poetry which inspires the traditional rhythms, they compose and develop modern forms, in which the emphasis is on polyrhythms and a multiplicity of sounds. A prolific and inquisitive musician, Keyvan Chemirani weaves novel connections between different musical cultures. He has collaborated with jazz musicians Louis Sclavis, Sylvain Luc, Didier Lockwood, Renaud Garcia-Fons and Omar Sosa, and with world musicians Ballaké Sissoko, Sokratis Sinopoulos, Anindo Chatterjee, Ross Daly, the Érik Marchand Trio and Thierry Robin. He also works with Early Music ensembles: the Gilles Binchois Ensemble of Dominique Vellard; La Chapelle Rhénane, directed by Benoît Haller, with whom he recorded Heinrich Schütz’s Psalmen Davids; and Leonardo García Alarcón’s Cappella Mediterranea, with whom he performed Falvetti’s Diluvio Universale at the 2010 Ambronay Festival as a soloist. In 2013, at Royaumont, he unveiled the first version of a project entitled “Rhythm Alchemy”. The work takes the Chemirani family trio as a point of departure, with the added inclusion of percussion instruments of the Indian subcontinent and Western cultures. The focus is the continued exploration of the relationship between music and prosody. The work explores the chanted rhythms of different cultures with the addition of two bowed instruments to support or exalt the musical structure. The additional musicians are Vincent Ségal, cello, and Sokratis Sinopoulos, lyre. Keyvan Chemirani sees his musical journey as one which gradually transforms the Persian musical heritage received from his father Djamchid Chemirani into multifaceted performances. Iranian percussion instruments serve as a syntax which allows him to be creatively involved in the oral and written music of the entire world. At 50 years of age, he is now able teach the legacy of the oral tradition in turn, while bearing in mind a contemporary ambition.

Alireza Mashayekhi, composer Alireza Mashayekhi (b.1940 in Tehran) is regarded as a pioneer of modern music in Iran. His works have been performed in his home country and abroad for more than 50 years. Beginning in the 1960s, he traveled abroad to continue studying composition, first at the Academy of Music and Performing Arts in with Hanns Jelinek and Karl Schiske, and then at the Institute for Sonology at Utrecht, The Netherlands, where he attended lectures by Gottfried Michael Koenig. His many years of association with Hanns Jelinek encouraged him to explore a wide spectrum of 20th century music. This and his fondness for Iranian culture were the cornerstones of his artistic development. Early on he found his independent musical approach. In 1970 one of his early electronic pieces, Shur, Op.15 (1968) was released on Electronic Panorama, a 4LP Philips Records Box Set. For the next 15 years his musical association with the Institute for Sonology at Utrecht continued as a guest composer. He also joined the faculty of music at the University of Tehran, where he has taught composition since 1970. In 1993 Mashayekhi cofounded the Tehran Contemporary Music Ensemble with the pianist Farimah Ghavamsadri and 1995 he established the Iranian Orchestra for New Music which includes both Persian and non-Persian musical instruments which has released seven albums on different labels. Mashayekhi has also authored six books on music composition, the last of which explains his complementary theory, his own systematic method of polyphonic pitch organization. In his article “Musical Encounters of the East and West: A journey through Alireza Mashayekhi’s solo piano works”, Albert Sassmann states that “Mashayekhi’s concept of polyphony differs fundamentally from the Western major-minor harmony.” This is what Mashayekhi explains as “polyphony inspired by the main part.” Mashayekhi’s oeuvre includes electronic and computer music, electroacoustic music, instrumental solo, chamber music, as well as large scale orchestral pieces. His almost 600 pieces are catalogued in 290 opuses, among them, 9 symphonies and many solo concertos which are characterized by a very wide diversity of styles and approaches. Albert Sassman’s article, mentioned earlier, concludes that “…composition such as Sheherazade is eventually perceived as impressive emanations of Persian art. Alireza Mashayekhi has enriched the piano literature by adding his own unique stone to a huge mosaic”. Alireza Mashayekhi / © Mehrdad Amini Production : Paraty Directeur du label / Producer : Bruno Procopio Prise de son, Montage et Mastering / Sound and Master editing : Vincent Mons Création graphique / Graphic design : Leo Caldi Textes / Liner notes : Alireza Miralinaghi, Ashkan Khamsepour, Shervin Farridnejad Traductions / Translations : Jonathon Macfarlane (EN), James Jackson(EN), Blaise Ubaldini (FR) Photographe / Photography : Maxime Lenik Enregistrement / Recording : Octobre 2018, Théâtre Les Tilleuls Accordeur piano / Piano tuner : Joël Jobé Piano : Piano Steinway D de 1960 d’origine, appartenant à Joël Jobé / Steinway Model D piano from 1960, from the collection of Joël Jobé.

Paraty Productions [email protected] www.paraty.fr www.laylaramezan.com To Blaise Ubaldini, my husband, without whom none of this would have been possible.

Remerciements / Acknowledgments : Homay Foundation and cultural service of the city of Lausanne for their support; Vincent Mons for his immeasurable talent; Joël Jobé for his wonderful instrument; Paraty Productions for its professionalism; Djamchid Chemirani, Keyvan Chemirani, James Jackson, Cheryl Jackson, Uwe Doerr, Anita Hug, Anne Colombini, Aurélie de Morsier, Guilaine Dodane, Anne-Marie Caire, Bahar Khosravi, my family and all my friends who inspired me and helped me bring this project to fruition.