Portes d’entrée de demain 1

Stratégies de récupération des valeurs dans des secteurs clés et

débouchés pour l’investissement direct étranger dans l’Ouest canadien

Ensemble, les quatre provinces de l’Ouest forment la

18e économie en importance dans le monde. Au cours

de la dernière décennie, la croissance économique

réelle de l’Alberta, de la Colombie-Britannique, du

Manitoba et de la Saskatchewan a dépassé celle de la

plupart des États américains et d’autres entités au sein des pays du G7.

Partout dans l’Ouest canadien, des grappes d’activité

économique émergent dans un vaste éventail de

secteurs à valeur ajoutée qui permettent à certains

centres de l’Ouest de se hisser au rang des principaux concurrents dans l’économie mondiale.

2 De l’aérospatiale aux nouveaux médias, en passant par

les produits chimiques industriels et l’électronique, les

entreprises canadiennes et étrangères sont de plus en

plus nombreuses à choisir l’Ouest canadien comme

destination préférée pour l’investissement.

La situation géographique de l’Ouest canadien, au

confluent de l’Asie et de l’Amérique du Nord,

conjuguée aux investissements actuels dans

l’infrastructure de porte d’entrée, offre de réelles

occasions de transformer la région en maillon de choix

de la chaîne de valeur pour les investisseurs asiatiques et nord-américains.

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Table des matières

Objectifs et portée de la recherche ...... 5 Méthode ...... 6

Résumé ...... 9

1. La récupération de la valeur : un impératif – De bûcherons à pourvoyeurs de technologie ...... 17

2. Choix des secteurs à forte valeur ajoutée : Méthode et profils sectoriels ...... 26 Secteur de l’aérospatiale ...... 37 Secteurs des communications sans fil, des jeux vidéo et des services logiciels ...... 44 Secteur de l’électronique à valeur ajoutée ...... 56 Secteur de la transformation des céréales et des aliments ...... 68 Secteur des produits chimiques industriels ...... 75 Secteur du transport et de la logistique ...... 89 Secteur des services financiers et des services aux entreprises liés au commerce ...... 97

3. Meilleures pratiques internationales : choisir des gagnants ou déplacer l’avantage concurrentiel? ..105 Étude de cas no 1 : Les initiatives de stimulation des investissements du Nouveau-Mexique dans le secteur de l’aérospatiale ...... 112 Étude de cas no 2 : Savannah devient un centre de distribution...... 115 Étude de cas no 3 : R-D axée sur la collaboration , ciblant les PME au moyen du Technology Innovation Program (TIP) des États-Unis ...... 119 Étude de cas no 4 : Le programme compétitif Marco Polo de l’Union européenne, axé sur le transport intermodal ...... 122 Étude de cas no 5 : Attirer des sièges sociaux au Kansas ...... 124

Conclusion ...... 127

Liste des abréviations ...... 131

Avis d’exonération de la responsabilité et mise en garde ...... 133

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Objectifs et portée de la recherche

En tant que ministère fédéral responsable du développement économique régional dans l’Ouest canadien, Diversification de l’économie de l’Ouest Canada (DEO) a pour mandat de favoriser le développement et la diversification des économies des provinces de l’Ouest canadien – le Manitoba, la Saskatchewan, l’Alberta et la Colombie-Britannique – et de faire valoir les intérêts de cette région dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques, programmes et projets économiques nationaux.

En menant cette recherche, DEO avait comme objectifs :

. de mieux connaître les secteurs de l’Ouest canadien qui bénéficient – ou pourraient bénéficier – d’un avantage concurrentiel à l’échelle mondiale, ainsi que les facteurs qui contribuent – ou pourraient contribuer – à ce succès; . d’accroître les activités ou possibilités à valeur ajoutée découlant de l’Initiative de la Porte et du Corridor de l’Asie- Pacifique (IPCAP) dans les secteurs ciblés; . d’élaborer des réponses nouvelles et innovatrices pour promouvoir la situation géographique de l’Ouest canadien et accroître sa compétitivité sur la scène mondiale comme porte d’entrée à la région de l’Asie-Pacifique profitant de corridors menant vers les États-Unis et l’ensemble du Canada.

Afin de favoriser l’atteinte de ces objectifs, l’équipe du projet a défini la portée de la recherche comme suit :

. Cerner entre quatre et huit secteurs d’activité industrielle (un secteur pour chaque région de DEO et jusqu’à quatre secteurs couvrant l’ensemble de l’Ouest ou plus d’une région) jouissant d’un avantage concurrentiel reconnu sur la scène mondiale ou ayant le potentiel d’acquérir un tel avantage; . Énoncer les avantages, du point de vue de la rentabilisation (y compris, mais non exclusivement, le lieu, le transport, l’infrastructure, la disponibilité de la main-d’œuvre, le coût pour faire des affaires et le degré de participation aux chaînes d’approvisionnement mondiales), que présente actuellement chacun des secteurs cernés; . Fournir des renseignements sur les outils, les stratégies et les politiques qui stimuleraient les activités à valeur ajoutée, l’investissement étranger direct (IED) et la participation des petites et moyennes entreprises (PME) dans ces secteurs; . Donner des exemples de pratiques exemplaires issues de cinq régions ou pays qui illustrent comment les secteurs public et privé unissent leurs efforts en adoptant des programmes, des règlements ou des politiques économiques qui, grâce à des activités à valeur ajoutée qui pourraient s’appliquer au contexte de l’Ouest canadien, améliorent la compétitivité, la capacité à attirer l’IED et les possibilités de croissance économique.

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Méthode

La sélection des secteurs cernés dans le présent rapport est le résultat de vastes consultations entre IE Market Research Corporation (IEMR) et Diversification de l’économie de l’Ouest Canada. Différentes méthodes ont été étudiées, notamment la réalisation de sondages auprès de chefs d’entreprise pour savoir ce qu’ils pensent de l’incidence qu’exercent divers facteurs liés à la valeur, au coût, aux chaînes d’approvisionnement et aux politiques sur la compétitivité de leur entreprise sur le marché mondial.

Nous avons également envisagé la possibilité d’utiliser les recherches établies dont se servent les entreprises pour choisir un emplacement, y compris les recherches sur la compétitivité des secteurs déjà menées par d’autres organisations comme Choix concurrentiels, de KPMG, et les études du service d’IBM Plant Location International.

Finalement, nous avons opté pour les études de Plant Location International, car ce sont elles qui, sur le plan qualitatif et du point de vue de la rentabilisation, analysent la compétitivité mondiale des principales grappes de l’Ouest canadien de la façon la plus exhaustive. Le service Plant Location International évalue la compétitivité de diverses grappes de l’Ouest canadien dans la perspective de l’investisseur. Pour ce faire, il retient un certain nombre de projets d’investissement types et calcule la valeur actualisée nette du rendement de l’investissement, apès avoir formulé pour chaque projet représentatif des hypothèses sur l’investissement, les coûts d’exploitation et les recettes propres à chaque emplacement.

Afin d’évaluer la qualité d’un lieu, Plant Location International recueille des données auprès d’un vaste éventail de sources et compare les emplacements en fonction de divers facteurs qualitatifs qui comprennent, habituellement, le climat général des affaires, les possibilités de recruter sur place du personnel qualifié, la présence d’une grappe industrielle à proximité, la souplesse de la main-d’œuvre et de la réglementation, la qualité des communications et de l’infrastructure, la disponibilité et les coûts des locaux, et le milieu environnant.

Grâce à ces critères quantitatifs et qualitatifs, Plant Location International nous a aidés à choisir les grappes de l’Ouest canadien qui sont concurrentielles à l’échelle mondiale.

Comme autre critère, nous avons sélectionné les secteurs qui contribuaient déjà de manière notable au produit intérieur bruit (PIB) des provinces de l’Ouest canadien et étaient susceptibles de profiter, directement ou indirectement, de l’élaboration de diverses initiatives liées à l’infrastructure de la Porte de l’Asie-Pacifique. Dans ce contexte, la question à laquelle nous avons essayé de répondre était la suivante : « Ce secteur concurrentiel à l’échelle mondiale contribue-t-il de façon importante à la production et voit-il sa compétitivité s’accroître davantage grâce aux initiatives liées à la Porte d’entrée? »

Compte tenu de ces critères, nous avons choisi les sept secteurs suivants pour notre rapport : . Aérospatiale . Transformation des céréales et des aliments . Produits chimiques industriels . Services financiers et services aux entreprises liés au commerce . Électronique à valeur ajoutée . Technologies de l’information et des communications à valeur ajoutée (comme les jeux, les services logiciels et les communications sans fil) . Services de logistique et de transport à valeur ajoutée

Nous invitons le lecteur à se rappeler que cette liste de secteurs n’est ni exhaustive, ni révélatrice des orientations ou des programmes futurs des gouvernements. Nous avons fait cette sélection afin d’entamer des discussions sur la compétitivité mondiale de ces secteurs à valeur ajoutée de l’Ouest canadien, et de cerner à l’échelle internationale les pratiques exemplaires en matière d’orientations et de programmes qui favoriseraient l’activité économique créatrice de valeur dans l’Ouest canadien.

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Latin : devalere, « être fort ». Mesure de l’importance, de grandeur, d’une quantité variable; prix correspondant à caractère mesurable prêté à un objet en fonction de sa fonction de son utilité sociale, de la quantité de travail exigée d’estime; importance, portée d’une chose; effet de

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l’intérêt d’un être, d’une chose ou d’une idée; mesure d’une l’estimation faite d’un objet ou que l’on attache à un objet; capacité à être échangé; évaluation d’une chose en pour sa production; qualité intrinsèque d’une chose digne commerce, titre négociable, action, obligation.

8 Résumé

L’avantage comparatif mondial de l’Ouest canadien réside dans l’abondance de ses ressources naturelles. Les résultats économiques des quatre provinces de l’Ouest – Colombie-Britannique (C.-B.), Alberta, Saskatchewan et Manitoba – dépendent des produits de base dérivés des activités minières, forestières, agricoles, et pétrolières et gazières. La production économique de l’Ouest canadien tirée de ces quatre activités reposant sur ces ressources représente environ 15 % du produit intérieur brut (PIB) de la région, comparativement à seulement 3 % pour le reste du Canada. Il serait donc plus approprié de réserver l’expression « bûcherons et porteurs d’eau » aux acteurs de l'économie de l’Ouest canadien qu’à ceux de l’économie canadienne en général.

Pourquoi les décideurs devraient-ils se soucier de l’économie fondée sur les ressources de l’Ouest canadien? Pourquoi devraient-ils diriger leur attention sur ce que l’on appelle les secteurs « à valeur ajoutée »? De quels secteurs s’agit-il? L’Ouest canadien est-il mondialement compétitif dans ces secteurs à valeur ajoutée? Quelles stratégies doit-on adopter pour s’assurer que les secteurs à valeur ajoutée et les grappes qu’ils abritent continuent de progresser dans l’Ouest canadien? Le présent rapport vise à répondre à ces questions clés.

La compétitivité dynamique des secteurs de l’Ouest canadien

Le débat entourant les activités à valeur ajoutée dans l’Ouest canadien fait généralement abstraction de l'échelle et de l’ampleur de la valeur ajoutée qui s’y crée déjà. Notre analyse des recherches actuellement menées, et notament des études IBM-Plant Location International (IBM-PLI) et Choix concurrentiels de KPMG, confirment que l’Ouest canadien est modialement compétitif dans de nombreux secteurs, ce qui explique pourquoi des centaines d'investisseurs étrangers y mènent des activités.

Aérospatiale L’analyse de la compétitivité mondiale de l’Ouest canadien dans le secteur de l’aérospatiale nous a permis de relever trois problèmes importants qui pèsent sur les perspectives de croissance à long terme de ce secteur. Premièrement, les centres de l’Ouest canadien se classent beaucoup moins bien que d’autres centres canadiens, en particulier Montréal (troisième) et Toronto (quatrième). Deuxièmement, les centres de l’Ouest canadien atteignent tout juste le même niveau (sur le plan de la qualité) que d’autres grappes aérospatiales de deuxième catégorie des États-Unis, comme celles d’Albuquerque, de Wichita, d’Austin, de Tulsa, de Denver et de Huntsville. Ces grappes américaines ont bénéficié d’investissements majeurs de la part d’entreprises aérospatiales établies aux États-Unis au cours des dix dernières années, en particulier depuis les attentats du 11 septembre. Troisièmement, l’indice de rentabilité IBM-PLI ne montre pas d’avantage de rentabilité majeur pour les centres de l’Ouest canadien par

9 rapport aux autres centres de première catégorie canadiens ou américains (comme Belleville/Seattle).

Dans ce contexte mondial, de toute évidence, les avantages concurrentiels ayant stimulé la croissance du secteur aérospatial dans l’Ouest canadien évoluent rapidement. Boeing, Airbus, Bombardier, Embraer, Raytheon et de nombreux constructeurs d’aéronefs de niveau 0 ont déjà pris des mesures pour ne plus être directement impliqués dans la fabrication de pièces. La séparation des activités de fabrication des pièces et des activités d’assemblage final et de certification permet à ces acteurs de niveau 0 de se concentrer sur le travail à valeur ajoutée supérieure et d’acquérir également des pièces et des sous-ensembles auprès de fournisseurs de niveaux 1, 2, 3 et 4 dans le monde entier.

Si l’évolution des modèles de gestion a eu des effets positifs sur l’industrie aérospatiale de l’Ouest canadien, elle a également abouti à une concurrence accrue avec d’autres sites de deuxième catégorie. L’un des principaux avantages concurrentiels de Winnipeg et de Vancouver souligné aux investisseurs étrangers est le coût d’exploitation généralement moins élevé par rapport à d’autres sites de deuxième catégorie. Or, du point de vue de la qualité et des coûts, comme nous l’avons remarqué dans les données de l’étude IBM-PLI, les centres de l’Ouest canadien n’affichent plus de tels avantages dès qu’on les compare aux centres de deuxième catégorie américains ou mondiaux.

Comment soutenir la croissance et la durabilité . Sur le plan de la croissance, il importe avant tout d’inciter les entreprises aérospatiales de niveau 0 à établir dans l’Ouest canadien leurs activités majeures. Les mesures incitatives jouent un rôle important à cet égard; nous proposons une étude de cas montrant comment le Nouveau-Mexique s’y est pris pour attirer les investissements dans l’aérospatiale et ainsi devenir la grappe aérospatiale à l’essor le plus rapide de toute l’Amérique du Nord. L’exemple du Nouveau-Mexique offre un bon point de départ lorsqu’il s’agit de réfléchir au type de concurrence que livrent d’autres centres de deuxième catégorie à l’industrie aérospatiale de l’Ouest canadien.

Technologies de l’information et des communications à valeur ajoutée (comme les jeux vidéo, les services logiciels et les communications sans fil) L’analyse du secteur des technologies de l’information et des communications (TIC) de l’Ouest canadien révèle que ce secteur est vigoureux et que d’importantes grappes sont établies dans toute la région. Certains investisseurs étrangers en sont conscients et ont d’ailleurs beaucoup investi dans la région.

L’Ouest canadien affiche néamoins certaines écarts de capacité. Dans le secteur des communications sans fil, seules quelques entreprises mettent au point des solutions destinées aux entreprises de télécommunications, et offrent des services de conception et de fabrication des appareils dans la région. La mise au point de produits et de solutions destinés aux entreprises de télécommunications est d’autant plus importante que ces dernières figurent au sommet de la chaîne de valeur des télécommunications. Le maillon manquant dans l’Ouest canadien s’explique par l’adoption de règlements sur l’investissement étranger destinés à protéger l’industrie

10 des télécommunications et à empêcher les sociétés multinationales de télécommunications de pénétrer sur le marché canadien. Bien que la situation puisse évoluer, compte tenu de l’orientation stratégique présentée dans le Discours du Trône de 2010, l’arrivée d’entreprises de télécommunications mondiales au Canada pourrait ne pas entraîner le développement de grappes de fournisseurs de technologies des télécommunications dans l’Ouest canadien, surtout si aucune entreprise de télécommunications n’établit son siège social dans la région.

Le fait de participer directement à l’écosystème des composants et des appareils est également vital puisque, à l’instar des entreprises de télécommunications, les équipementiers se retrouvent au sommet de la chaîne de valeur des appareils. Voilà pourquoi San Diego, Waterloo, Chicago, Stockholm, Helsinki et Séoul possèdent des grappes technologiques aussi dynamiques. Elles y sont solidement ancrées grâce à des fournisseurs d’infrastructures et de combinés de classe mondiale tels que Apple, RIM, Motorola, LM Ericsson, Nokia et le réseau Nokia Siemens, Samsung et LG.

Comment soutenir la croissance et la durabilité . Pour ce qui est des stratégies destinées à accroître l’investissement direct étranger, tout doit être mis en œuvre pour attirer avant tout les équipementiers, les entreprises de télécommunications et les fonds de capital-risque étrangers dans le secteur des communications sans fil. En effet, pour stimuler la croissance des marchés des logiciels et des jeux, il faudra trouver un moyen de mettre en œuvre les applications dans l’espace mobile, les entreprises de télécommunications et les équipementiers étant au centre de l’action. . La présence permanente d’entreprises de télécommunications sans fil mondiales dans l’Ouest canadien pourrait également s’avérer intéressant. Inciter une entreprise de télécommunications à établir son siège social canadien dans l’Ouest du pays donnerait un véritable coup de fouet à l’écosystème des technologies sans fil et des logiciels dans la région. . Il faudrait structurer les interactions entre les entreprises de l’Ouest canadien et les acteurs mondiaux, notamment en organisant annuellement des salons internationaux des télécommunications et des jeux. On pourrait également envisager d’accorder des mesures d’incitation particulières à des entreprises de télécommunications ou à des équipementiers internationaux pour qu’ils établissent des bureaux de commercialisation dans l’Ouest canadien; ces bureaux serviraient de lien entre les entreprises de développement de logiciels et d’applications de l’Ouest canadien et leurs clients, les entreprises de télécommunications et équipementiers internationaux.

Électronique à valeur ajoutée Selon l’analyse des données sur le secteur de l’électronique de l’étude IBM-PLI, Vancouver et Edmonton occupent les 9e et 13e rangs, respectivement, sur les 20 centres mondiaux évalués. Dans l’indice de rentabilité, Vancouver et Edmonton se classent 7e et 4e, respectivement.

Il convient de souligner ici deux problèmes de compétitivité. Premièrement, en ce qui concerne les classements susmentionnés, il faut savoir que les centres de l’Ouest canadien arrivent bien après d’autres centres d’Amérique du Nord, en particulier Toronto (2e) et San Jose (4e), sur le plan de la qualité, et sont du même niveau que les

11 centres canadiens et américains de deuxième niveau comme Ottawa, Waterloo et Raleigh-Durham. Deuxièmement, si Edmonton est bien quatrième selon l’indice de rentabilité IBM-PLI, Vancouver, qui obtient la 7e place, n’est pas concurrentielle par rapport à d’autres centres de deuxième catégorie comparables situés aux États-Unis ou au Canada.

Selon une étude menée par Gartner Research, au cours des trois dernières années (2006-2009), seules 19 (soit 10 %) des 191 entreprises de semiconducteurs privées recensées par Gartner ont été créées après 2006. Ces résultats montrent que la dynamique de concurrence de l’industrie a entraîné une réduction du nombre d’acteurs mondiaux au sommet de la chaîne de valeur de l’électronique. Or, ces grands acteurs ont beaucoup de pouvoir sur les plus petites sociétés technologiques, y compris dans l’Ouest canadien, et auront un rôle essentiel à jouer dans le financement et l’orientation technologique des jeunes entreprises électroniques dans l’Ouest canadien.

Comment soutenir la croissance et la durabilité . Pour bien s’ancrer, l’industrie de l’électronique à valeur ajoutée de l’Ouest canadien a besoin qu’une grande entreprise mondiale de fabrication d’appareils intégrés ou d’assemblage et d’essai de semi-conducteurs s’établisse dans la région. Toutefois, la structure des coûts actuellement en vigueur dans l’Ouest canadien et l’absence de grands équipementiers dans tout sous-segment de l’électronique donnent à penser que cela n’est pas prêt d’arriver.

Transformation des céréales et des aliments L’Ouest canadien est un chef de file mondial dans la transformation des céréales et des aliments à valeur ajoutée. L’analyse IBM-PLI signale que des centres tels que Brandon (Manitoba), Medicine Hat (Alberta), Red Deer (Alberta) et Regina (Saskatchewan) possèdent un avantage de 10 à 15 % en termes de coûts sur ses concurrents américains.

La principale proposition de valeur pour l’établissement d’installations de transformation des céréales et des aliments dans l’Ouest canadien comprend : l’accès à des matières premières à faibles coûts et fiables; les coûts peu élevés du transport et de la chaîne du froid; l’accès à des installations de recherche-développement; et des normes d’alimentation et de sécurité conformes aux normes internationales. Nous estimons que la présence d'une infrastructure de portes d’entrée pourrait avoir un effet positif sur l’expansion de ce secteur dans tout l’Ouest canadien.

Les investisseurs étrangers font face à plusieurs contraintes propres à l’agriculture lorsqu’ils cherchent où engager leurs investissements à valeur ajoutée élevée. Les principaux facteurs comprennent les cycles d’investissement (qui sont souvent inégaux), les cycles de la technologie et de la réglementation (qui déterminent généralement où et comment les aliments sont transformés), et les cycles des produits (qui découlent des chaînes d’approvisionnement en place aujourd'hui).

12 Comment soutenir la croissance et la durabilité . Compte tenu des contraintes et de la résistance à l’investissement étranger que l’on observe dans les secteurs traditionnels de la transformation des céréales et des aliments, une façon d’encourager l’investissement étranger direct serait d’intéresser les transformateurs d’aliments créneaux qui se concentrent sur les produits destinés aux consommateurs finaux. Les fabricants d’aliments fonctionnels, de nutraceutiques et de produits de santé naturels sont particulièrement appropriés ici, d’autant que la chaîne de valeur des aliments fonctionnels diffère du modèle alimentaire standard. Dans le cas des aliments fonctionnels et des nutraceutiques, la recherche et le développement des technologies constituent souvent la force motrice de la mise au point des produits. L’Ouest canadien possède plusieurs grandes installations de recherche- développement pour la mise au point d’aliments fonctionnels qui ont besoin d’un soutien supplémentaire, car elles peuvent encourager la collaboration avec des entreprises d’aliments fonctionnels étrangères.

Services financiers et services aux entreprises liés au commerce Le secteur des services financiers et des services aux entreprises liés au commerce contribue à la prospérité du secteur des services de logistique et de transport à valeur ajoutée. Ces sociétés s’occupent de tout, des services bancaires aux services d’assurance en passant par la gestion des actifs et les services juridiques internationaux.

Si la Colombie-Britannique et, dans une certaine mesure, d’autres centres de l’Ouest canadien (en particulier Calgary et Winnipeg) présentent des avantages en termes de coûts distincts (oscillant entre 11 et 17 %), le coût n’est pas le seul facteur à créer un avantage concurrentiel mondial dans ce secteur. L’établissement du siège social des institutions de services financiers et de services aux entreprises dans l’Ouest canadien est un facteur clé pour faire avancer les centres de l’Ouest canadien dans les ligues majeures.

Comment soutenir la croissance et la durabilité . Il est vraiment possible d’encourager les banques étrangères à proposer des activités de financement et de services aux entreprises liées au commerce dans l’Ouest canadien. Vancouver offre un cadre naturel pour la gestion des instruments financiers internationaux, essentiellement parce qu’elle accueille une grande population asiatique, qui sera de plus en plus nécessaire pour gérer les transactions avec les homologues dans la région de l’Asie-Pacifique. Dans des domaines tels que les services juridiques, les services comptables, les activités liées aux brevets ainsi que les transactions des banques commerciales, Vancouver offre une solide proposition de valeur créneau, surtout en raison encore une fois de sa grande population asiatique. Promouvoir cet avantage auprès des grandes banques internationales et des grandes organisations de services aux entreprises pour qu’elles établissent des filiales de gestion des échanges internationaux dans l’Ouest canadien sera probablement fructueux à long terme.

13 Pratiques internationales exemplaires : choisir les gagnants ou changer d’avantage concurrentiel?

Il faut toujours se demander quels types d’outils, de stratégies et de politiques doivent être mis en œuvre pour encourager la croissance et l’expansion d’une activité économique à forte valeur ajoutée sur un territoire donné. Le présent projet visait entre autres à cerner les pratiques exemplaires à l’échelle internationale illustrant la façon dont les secteurs publics et privés collaborent au moyen de programmes, de règlements ou de politiques économiques afin d’attirer l’investissement étranger direct, et à voir quelles stratégies pourraient être appliquées au contexte de l’Ouest canadien.

Lorsqu’il s’agit d’attirer l’investissement étranger direct, étant donné que les véritables problèmes découlent de l’instauration de politiques et de programmes à haut risque visant à traiter différemment les investisseurs particuliers, il nous paraissait important de souligner les programmes de financement et les politiques exemplaires que différents pays ont adoptés dans ces secteurs. Voici des éléments communs à ces politiques et programmes :

. Coordination des mesures d’incitation fiscale entre toutes les provinces canadiennes : les différentes structures d’incitation fiscale examinées au Nouveau- Mexique (aérospatiale), en Géorgie (centres de distribution) et au Kansas (sièges sociaux d’entreprises) montrent que les mesures d’incitation fiscale propres aux activités ou aux secteurs sont chose courante dans les différents territoires observés. Dans la perspective de l’Ouest canadien, deux points sont à noter. D’une part, les grappes de l’Ouest canadien se débattent dans un monde où les territoires concurrents annoncent haut et fort les mesures d’incitation qu’ils mettent en place. Avant de choisir un site, la communauté des entreprises tient compte de ces incitatifs et autres plans de gratification. D’autre part, tout programme d’incitation a pour effet de créer un scénario de « chacun pour soi » ou de « pillage des investissements » entre les différents territoires. Nous croyons qu’il faudrait coordonner, autant que possible, les mécanismes d’encouragement de l’investissement étranger direct entre les provinces et à l’échelon fédéral, afin d’éviter que les uns et les autres se tirent ainsi dans le pied avec leurs politiques;

. Commercialisation plus ciblée : la plupart des plans d’incitation fiscale nationaux proposés dans les pays de l’OCDE ne ciblent pas explicitement de secteurs particuliers; ils visent plutôt les activités de recherche-développement peut-être plus importantes encore pour les secteurs à valeur ajoutée comme l’aérospatiale, les télécommunications sans fil et l’électronique. À titre d’exemple, le code fiscal de la Corée du Sud permet aux moyennes et grandes entreprises de bénéficier de crédits d’impôt de 40 % sur les coûts excédentaires de la recherche-développement et de la formation du personnel. Le régime fiscal de l’Irlande accorde un crédit d’impôt de 25 % en plus d’une déduction d’impôt de 12,5 % aux dépenses de recherche-développement admissibles. Si ces incitations fiscales s’appliquent à tous les secteurs, elles visent les investisseurs étrangers relevant de certains secteurs ciblés, p. ex. les semiconducteurs et l’aérospatiale en Corée du Sud et les technologies de l’information et des communications en Irlande. En revanche, si nous analysons la façon dont les provinces de l’Ouest canadien font la promotion de leurs grappes spécifiques, il

14 ressort qu’au-delà des propositions de valeur générales ou des incitations fiscales générales, très peu ciblent des secteurs précis;

. Limiter les mesures d’incitation à l’établissement des sièges sociaux aux unités d’exploitation et de recherche-développement : si de nombreuses entitées locales tentent d’attirer des sièges sociaux nationaux et internationaux à l’aide de mesures incitatives, de nombreux signes indiquent que les incitatifs comme les allègements de taxe foncière ne permettent pas d’attirer les sièges sociaux nationaux ou internationaux isolés. L’efficacité de l’emplacement des sièges sociaux nationaux ou internationaux dépend généralement d’un réseau de contacts personnels qui s’avère difficile à déraciner. Selon des recherches menées aux États-Unis, environ 25 % des sièges sociaux nationaux établis aux États-Unis se trouvent dans une grappe de sièges sociaux appartenant à la même industrie. Les autres sont situés pour la plupart dans de grandes régions métropolitaines américaines. Pour les centres intermédiaires de l’Ouest canadien, cela signifie que leurs possibilités d’attirer les sièges sociaux internationaux des investisseurs mondiaux se limitent aux cas de fusions et acquisitions. Tout programme visant à favoriser l’établissement de sièges sociaux dans l’Ouest canadien doit donc être axé sur les unités d’exploitation ou de recherche-développement d’investisseurs internationaux, ou inciter les entreprises de l’Ouest canadien à maintenir dans la région le siège social de leurs activités d’exploitation et de recherche-développement;

. Les programmes de financement de la recherche-développement devraient être coopératifs : certains des meilleurs programmes de financement de la recherche-développement sont fondés sur la collaboration et la constitution d’équipes enrichies formées d’acteurs des secteurs public et privé. À titre d’exemple, mentionnons le programme d’innovation technologique des États-Unis, qui a été instauré pour financer la recherche-développement dans une multitude de secteurs, y compris les infrastructures civiles, la fabrication de matériaux, la recherche médicale personnalisée et la chimie verte. Ce programme de partenariat unique entre l’industrie et le gouvernement aide les entreprises à accélérer la mise au point de nouvelles technologies ou de technologies habilitantes qui débouchent sur de nouveaux produits et de nouveaux processus et services industriels. Au cours des dix dernières années, le programme d’innovation technologique et le programme l’ayant précédé ont financé des activités de recherche-développement de plus de cinq milliards de dollars à l’échelle du pays et figurent parmi les principaux programmes de financement de la recherche-développement dans le monde. Ce programme se caractérise surtout par l’attention qui est accordée aux technologies à « risque élevé, récompense élevée » et à la constitution d’équipes enrichies impliquant des particuliers, des entreprises, des coentreprises, des institutions de recherche et des organismes de recherche à but non lucratif et des sociétés étrangères;

15 . Laisser les investisseurs participer à la concurrence pour le financement : Certains des programmes les plus performants ont une procédure de demande concurrentielle selon laquelle les parties intéressées présentent leurs demandes de financement, qui sont jugées par un comité d’évaluation constitué d’experts en la matière. Mentionnons par exemple le programme Marco Polo : il s’agit du programme de financement du transport intermodal de l’Union européenne pour les projets qui aident à retirer de la route une partie du fret pour lui faire emprunter plutôt la mer, les chemins de fer et les voies navigables intérieures. Chaque année, l’Union européenne lance un appel en vue de recevoir des propositions qui répondent à ses objectifs politiques particuliers. Ces propositions sont ensuite évaluées en fonction de critères précis, en l’occurrence la durabilité, la créativité et le volume de fret retiré de la route au profit d’autres modes de transport.

§§

16

La récupération de la valeur : un impératif – De bûcherons à pourvoyeurs

de technologie

17

1.1. L’Ouest canadien affiche certains des taux de croissance économique les plus élevés du G7 Ensemble, les quatre provinces de l’Ouest forment la 18e économie en importance dans le monde1. L’économie de l’Ouest canadien a de tout temps été considérée comme étant fortement axée sur les ressources. Au cours des dix dernières années, par exemple, on a calculé qu’environ 15 p. 100 du PIB de la région provenait de quatre secteurs fondés sur les matières premières – les mines, la foresterie, l’agriculture, ainsi que le pétrole et le gaz2 - contre 3 p. 100 seulement dans le reste du Canada. Il serait donc plus approprié de réserver l’expression « bûcherons et porteurs d’eau » aux acteurs de l'économie de l’Ouest canadien qu’à ceux de l’économie canadienne en général.

Pendant la même période, toutefois, l’économie de l’Ouest canadien a connu en parallèle d’importants changements qui ont touché sa structure et la qualité de son parcours de croissance. Ainsi, les Canadiens de l’Ouest ne sont pas seulement des « bûcherons et porteurs d’eau », mais aussi des « pourvoyeurs de technologie » présents sur la scène mondiale. Il suffit de se rendre dans n’importe quelle grande ville de l’Ouest canadien pour constater la présence de grappes d’activité économique dynamiques – allant des technologies de pointe aux technologies vertes, et des produits pétrochimiques et à la fabrication de matériaux avancés – qui n’existaient pas il y a dix ans.

L’investissement étranger direct (IED) a joué un rôle de premier plan dans cette transformation. De grandes multinationales ont investi massivement dans l’Ouest canadien et constitué des pôles qui ont favorisé l’émergence de grappes dynamiques un peu partout dans l’Ouest. ExxonMobil, Dow Chemical, Shell Chemicals, Cargill, Tyson, HSBC, Nokia, Electronic Arts, Boeing, Oracle, Microsoft, Intel et Honeywell comptent parmi les nombreuses sociétés qui ont investi dans les provinces de l’Ouest canadien et emploient des centaines de milliers de Canadiens établis dans la région.

L’ampleur de cette transformation se manifeste clairement dans les statistiques de croissance de l’Ouest canadien. Au cours de la période allant de 1999 à 2008, les provinces de l’Alberta, de la Colombie-Britannique, du Manitoba et de la Saskatchewan se sont classées respectivement aux 11e, 21e, 42e et 57e rangs au chapitre de la croissance annuelle moyenne du PIB, sur un total de 173 entités infranationales au Canada, aux États-Unis, en Allemagne, en France et en Italie (voir la figure 2 ci-

1 R. Gibbons et R. Roach, Playing for Keeps: Boosting Western Canada’s Economic Competitiveness in the Post-Recession World, p. 4, Canada West Foundation. 2 Diversification de l’économie de l’Ouest Canada, . Consulté le 4 décembre 2009.

18 dessous). Selon la moyenne pondérée, l’économie de l’Ouest canadien a enregistré un taux de croissance annuelle réelle de 3 p. 100 en moyenne, ce qui la place au 17e rang parmi les entités infranationales du G73.

Figure 2 : Comparaison de la croissance annuelle moyenne du PIB dans les provinces de l’Ouest canadien à celle des entités infranationales de l’Allemagne, de la France, de l’Italie et des États- Unis ayant connu les taux de croissance les plus rapides, 1999-2008

Saskatchewan (57e) 2,0 Kansas (48e) 2,34 Bavière (ALLEMAGNE, 47e) 2,34 Manitoba (42e) 2,38 Bretagne (FRANCE, 23e) 2,87 Colombie-Britannique (21e) 2,91 Ontario (20e) 2,92 Moyenne pondérée de l’Ouest canadien (17e) 3,04 Alberta (11e) 3,48 Utah (9e) 3,52 Texas (8e) 3,61 Colorado (7e) 3,61 Californie (6e) 3,67 Dakota du Sud (5e) 3,82 Oregon (4e) 4,03 Idaho (3e) 4,31 Nevada (2e) 4,41 Arizona (1er) 4,7

0,0 1,0 2,0 3,0 4,0 5,0 Croissance annuelle moyenne réelle du PIB, en pourcentage

Source : Calculés par IE Market Research Corporation, d’après : Statistique Canada, Comptes économiques nationaux, tableau 379-0025 de CANSIM. U.S. Bureau of Economic Analysis (produit intérieur brut selon les États). Eurostat, taux de croissance réelle du PIB régional aux prix du marché (niveau NUTS 2).

1.2. Une bonne partie de la croissance en Alberta et en Saskatchewan est attribuable aux produits de base, tandis qu’en Colombie-Britannique et au Manitoba, les parcours de croissance sont plus diversifiés Effectivement, cette croissance s’explique en partie par l’essor qu’a connu le secteur des ressources et des produits de base ces dix dernières années. Cependant, lorsqu’on examine de plus près les statistiques sur la croissance du PIB aux échelons provincial et sectoriel, la situation apparaît plus nuancée. Comme l’indique le tableau 1 ci-dessous, seul le secteur de l’extraction minière et de l’extraction de pétrole et de gaz a enregistré des taux de croissance à deux chiffres dans les quatre provinces au cours des dix dernières années. Malgré la flambée des prix des produits de base, les données relatives à la croissance du PIB confirment l’opinion généralement répandue voulant que les secteurs de l’agriculture et de la foresterie aient tous deux fait l’objet d’une longue restructuration durant la dernière décennie.

3 Ne comprend pas les comtés du Royaume-Uni, ni les préfectures japonaises, car ces deux pays ne recueillent pas de données sur le PIB à l’échelle infranationale.

19 En ce qui concerne la contribution à la croissance du PIB, les statistiques dressent un portrait encore plus révélateur de l’économie de l’Ouest canadien (voir le tableau 2). En moyenne, au cours des dix dernières années, les activités d’extraction minière et d’extraction de pétrole et de gaz ont été la principale source de croissance du PIB seulement en Alberta (contribution de 55 % à la croissance) et en Saskatchewan (contribution de 59 % à la croissance). En Colombie-Britannique et au Manitoba, le parcours de croissance économique a été plus diversifié, les industries primaires ayant contribué à moins de 15 % de la croissance du PIB dans ces deux provinces.

Il est donc important de souligner que, s’il est vrai que les industries reposant sur les ressources continueront de contribuer à la croissance économique dans l’Ouest canadien, cette contribution s’est limitée jusqu’à présent au secteur de l’extraction minière et de l’extraction de pétrole et de gaz, et ce, en Alberta uniquement; dernièrement, par contre, la Saskatchewan a elle aussi bénéficié d’une telle contribution. Les secteurs de la foresterie et de l’agriculture ont subi une restructuration à long terme dans tout l’Ouest ces dix dernières années.

Tableau 1 : Croissance du PIB nominal dans divers secteurs des provinces de l’Ouest canadien, TCAC 1999-2008 (%)

Colombie- Alberta Manitoba Saskatchewan Britannique Ensemble des industries 8,5 % 4,8 % 4,3 % 6,1 % Industries primaires Agriculture, foresterie, pêche et chasse (11) 0,4 % -0,9 % 1,3 % -3,0 % Extraction minière et extraction de pétrole et de 13,2 % 15,1 % 12,4 % 12,6 % gaz (21) Services publics (22) 5,5 % 1,2 % 3,8 % 2,4 % Construction (23) 11,3 % 6,6 % 4,4 % 7,1 % Fabrication (31 – 33) 4,4 % 3,2 % 3,8 % 4,4 % Commerce de gros (41) 7,5 % 4,5 % 4,6 % 6,5 % Commerce de détail (44 – 45) 8,2 % 5,5 % 6,1 % 7,3 % Transport et entreposage (48-49) 6,9 % 4,7 % 3,4 % 5,9 % Finance, assurances et services immobiliers (24) 6,2 % 4,3 % 3,2 % 4,2 % Industrie de l’information et industrie culturelle (51) 7,4 % 5,4 % 5,2 % 3,8 % Services professionnels, scientifiques et techniques 9,4 % 6,8 % 6,0 % 4,7 % (54) Services administratifs et services de soutien (56) 9,7 % 6,6 % 8,3 % 6,7 % Services d’enseignement (61) 6,4 % 4,2 % 4,1 % 4,9 % Soins de santé et assistance sociale (62) 7,3 % 4,3 % 5,2 % 6,6 % Arts, spectacles et loisirs (71) 6,1 % 6,0 % 4,8 % 8,6 % Hébergement et services de restauration (72) 5,3 % 3,1 % 2,9 % 2,5 % Autres services (81) 8,3 % 5,8 % 4,2 % 5,1 % Administrations publiques (91) 5,2 % 3,8 % 3,5 % 5,0 % Source : Calculée par IE Market Research Corporation d’après Statistique Canada, tableau 379-0025 de CANSIM – Produit intérieur brut (PIB) aux prix de base, selon le Système de classification des industries de l’Amérique du Nord (SCIAN) et les provinces.

20 Tableau 2 : Contribution de divers secteurs des provinces de l’Ouest canadien à la croissance du PIB nominal, contribution moyenne de 1999 à 2008 (%)

Colombie- Alberta Manitoba Saskatchewan Britannique Ensemble des industries 100 % 100 % 100 % 100 % Industries primaires Agriculture, foresterie, pêche et chasse (11) 2 % -2 % 1 % 0 % Extraction minière et extraction de pétrole et de 55 % 14 % 7 % 59 % gaz (21) Services publics (22) 8 % -6 % 1 % 6 % Construction (23) 6 % 8 % 4 % 7 % Fabrication (31 – 33) 4 % 0 % 10 % 2 % Commerce de gros (41) 3 % 5 % 6 % 4 % Commerce de détail (44 – 45) 1 % 7 % 10 % 3 % Transport et entreposage (48-49) 3 % 7 % 5 % 0 % Finance, assurances et services immobiliers (24) 6 % 23 % 16 % 6 % Industrie de l’information et industrie culturelle (51) 1 % 5 % 4 % 1 % Services professionnels, scientifiques et techniques (54) 3 % 5 % 4 % 1 % Services administratifs et services de soutien (56) 1 % 3 % 3 % 1 % Services d’enseignement (61) 1 % 5 % 6 % 2 % Soins de santé et assistance sociale (62) 2 % 8 % 12 % 2 % Arts, spectacles et loisirs (71) 0 % 2 % 1 % 1 % Hébergement et services de restauration (72) 0 % 2 % 1 % 1 % Autres services (81) 1 % 5 % 3 % 1 % Administrations publiques (91) 0 % 5 % 6 % 4 % Source : Calculée par IE Market Research Corporation d’après Statistique Canada, tableau 379-0025 de CANSIM – Produit intérieur brut (PIB) aux prix de base, selon le Système de classification des industries de l’Amérique du Nord (SCIAN) et les provinces.

La récupération de la valeur : un impératif

1.3. Récupérer de la valeur pour accroître la richesse Par définition, toute activité entrant dans le calcul du PIB ajoute ou enlève de la valeur. Selon quelques auteurs, la valeur que l’on ajoute en transformant un arbre en bois-d’œuvre, du bitume en pétrole synthétique ou du blé en pâtes4 ne contribue pas beaucoup à la croissance économique. La plupart des auteurs qui critiquent ce type de valeur ajoutée font peu de cas du potentiel économique des activités de base dont elle résulte du fait que celles-ci consistent à transformer des ressources naturelles et que la majeure partie de la valeur s’évapore au détriment d’autres acteurs de la chaîne de valeur.

Prenons comme exemple la transformation du bitume. En mai 2009, Imperial Oil Ltd. a annoncé le lancement d’un projet d’extraction de bitume au lac Kearl en Alberta. Comme nous le montrons au tableau 3, les installations prévues par Imperial Oil Ltd. pour la phase 1 de l’exploitation à ciel ouvert coûteront 8 G$ et produiront 100 000 barils de bitume par jour à partir de la fin 2012, et ce à un coût d’exploitation de 4,50 $ le baril. Durant les deux phases suivantes, la production montera à 345 000 barils par jour. En y ajoutant les coûts en capital, le coût total de l’extraction du bitume passe à 18-20 $ le baril.

Ce qui est lourd de conséquences dans le projet du lac Kearl, c’est qu’Imperial Oil n’envisage de construire aucune usine de valorisation du bitume au Canada. En supposant que le coût final du baril de brut après conversion du bitume en pétrole synthétique soit de 36-40 $, l’absence d’usines de valorisation signifie que,

4 Gibbons, R., et Roach, R., Playing for Keeps: Boosting Western Canada’s Economic Competitiveness in the Post-Recession World. p. 26, Canada West Foundation.

21 théoriquement, tous les ans, des activités produisant de 2,27 G$ à 2,52 G$ de valeur ajoutée économique ne seront pas entreprises au Canada5. Selon Imperial Oil, le bitume récupérable au total au lac Kearl est estimé à 4,5 milliards de barils. Cela veut dire que le simple fait de ne pas transformer le bitume en pétrole synthétique pour ce seul projet sur toute sa durée de vie entraîne une perte théorique en valeur ajoutée économique de 10,2 G$ à 11,3 G$, soit 3,5-3,9 % du produit intérieur brut (PIB) actuel de l’Alberta.

Tableau 3 : Valeur provenant de la transformation du bitume en brut au lac Kearl et valeur perdue du fait que le raffinage du brut ne se fait pas en Alberta

Coût résultant du fait que la production de pétrole synthétique ne se fait pas au lac Kearl Coût de l’extraction du bitume (y compris les coûts en capital) dans une mine à ciel ouvert : 18-20 $/barila

Coût de production final du pétrole synthétique : 36-40 $/barilb

Lac Kearl : Capacité de production à maturité : 345 000 bpjc

Valeur ajoutée échappant à l’Alberta faute d’usine de valorisation du bitume, en supposant que le coût d’extraction soit de 18-20 $/baril À 18 $/baril À 20 $/baril Valeur ajoutée annuelle échappant à l’Alberta faute d’usine de valorisation 2,27 G$ 2,52 G$ du bitume (G$ par an) Quantité estimative de bitume récupérable au lac Kearl (barils en milliards)c 4,5 4,5 Valeur ajoutée totale échappant à l’Alberta faute d’usine de valorisation du 10,2 G$ 11,3 G$ bitume (en G$) Prix actuel de l’essence ($/gallon)d 2,64 $ 2,64 $

Nombre de gallons par baril 42 42

Valeur au détail d’un baril de brut 110,75 $ $110,75 Valeur ajoutée totale annuelle échappant à l’Alberta parce que le pétrole brut produit au lac Kearl n’y est pas raffiné et transformé en essence (G$ 11,68 G$ 11,43 G$ par an) Valeur ajoutée totale échappant à l’Alberta parce que le pétrole brut produit 52,56 G$ 1,43 G$ au lac Kearl n’y est pas raffiné et transformé en essence (G$) PIB actuel de l’Alberta (G$) 291,26 G$ 291,26 G$ Coût d’opportunité statique de l’absence d’unités de production de pétrole 3,50 % 3,89 % brut en Alberta (% du PIB annuel de l’Alberta)

a, b : Hypothèses fondées sur le document PDF de juin 2006 de l’ONE : Les sables bitumineux du Canada : Perspectives et défis jusqu’en 2015 : Mise à jour, Office national de l’énergie du Canada : www.neb-one.gc.ca/clf- nsi/rnrgynfmtn/nrgyrprt/lsnd/pprtntsndchllngs20152006/pprtntsndchllngs20152006-fra.pdf, consulté le 4 décembre 2009. c : www.imperialoil.ca/Canada-francais/ThisIs/Operations/TI_O_Kearl_Overview.asp, consulté le 4 décembre 2009. d : Prix de détail moyen national de l’essence le 4 décembre 2009, d’après la CAA, Wright Express et l’Oil Price Information Service : www.msnbc.msn.com/id/12400801/ns/business-oil_and_energy/.

Source : Calculs effectués par IE Market Research Corporation.

Une autre façon d’envisager ce problème consiste à introduire la notion d’escalade de la chaîne de valeur. Pour notre exemple, le bitume, il ne s’agit habituellement pas seulement d’extraire le bitume et de le transformer en pétrole synthétique, mais aussi de raffiner le brut, de le transporter vers les marchés et de le vendre au consommateur final. Pour revenir à notre exemple du lac Kearl, nos calculs montrent que la renonciation au raffinage du pétrole synthétique, au transport vers les marchés, à la commercialisation et à la vente au consommateur final fait grimper la perte théorique

5 Nous partons de l’hypothèse que la production de bitume est de 345 000 barils par jour, le coût d’extraction de 18-20 $ le baril et le coût de production final du pétrole synthétique de 36-40 $ le baril.

22 en valeur ajoutée économique à environ 51 G$ aux prix de détail actuels de l’essence aux États-Unis6.

Nous avons pris l’exemple ci-dessus pour faire ressortir deux questions connexes qui ont de l’importance pour l’Ouest canadien. Premièrement, la valeur ajoutée du simple fait de transformer un arbre en bois-d’œuvre, du bitume en pétrole synthétique ou du blé en pâtes est significative et ne peut être ignorée. Pour l’Ouest canadien, en particulier l’Alberta et la Colombie-Britannique, il en est ainsi dans les secteurs de l’extraction du pétrole et du gaz et de l’exploitation minière, et l’élément moteur a été en grande partie la hausse des cours du pétrole et des métaux. Deuxièmement, l’escalade de la chaîne de valeur signifie que les secteurs de l’Ouest canadien possédant des ressources naturelles sont susceptibles de garder une plus grande partie de la richesse économique provenant d’une ressource donnée. C’est indiscutable pour l’exploitation minière et l’extraction du pétrole et du gaz, comme nous l’avons montré clairement dans l’exemple ci-dessus. Et c’est encore plus vrai dans les industries telles que l’agriculture et la foresterie, où la baisse des cours des produits de base ont réduit considérablement la valeur pouvant être récupérée des activités de traitement des ressources fondamentales, telles que la transformation d’un arbre en bois-d’œuvre ou de végétaux en céréales.

1.4. Récupérer de la valeur pour accroître l’emploi Au cœur de cet impératif de récupération de la valeur, il y a aussi le fait que les secteurs fondés sur les ressources naturelles ne peuvent atteindre qu’un certain niveau de productivité du travail et de croissance de l’emploi; au-delà de ce niveau, les investissements en capitaux deviennent un facteur plus important de la croissance du revenu par personne.

Dans les figures 3a à 3d ci-dessous, nous attirons l’attention sur les recherches menées en matière de productivité du travail par le Centre d’étude des niveaux de vie à partir de données de Statistique Canada non publiées. Les cercles pleins des figures 3a à 3d montrent que, pendant la décennie 1997-2007, la portion revenant réellement au travail dans la croissance de la productivité du travail pour l’agriculture, la foresterie, la pêche et la chasse a été dérisoire : 4,4 % au Manitoba, 0,0 % en Saskatchewan, 6,0 % en Alberta et -18,2 % en Colombie-Britannique. Dans les secteurs de l’exploitation minière et de l’extraction du pétrole et du gaz, la composante travail de la productivité du travail s’est située dans une fourchette de -22,0 % en Colombie-Britannique et de 0,5 % seulement au Manitoba (voir les triangles pleins). En revanche, la composante capital de la croissance de la productivité de l’agriculture, de la foresterie, de la pêche et de la chasse a varié de 9,1 % en Colombie-Britannique à 48,6 % en Saskatchewan.

Pourquoi est-ce important? Que la croissance de la productivité du travail soit si peu due au travail a de l’importance parce qu’elle a, ces vingt-cinq dernières années,

6 Pour ce qui est de la récupération de la valeur, nous osons partir ici de l’hypothèse que le Canada engrangera toute la valeur ajoutée par les opérations de logistique et de transport dans l’acheminement du pétrole raffiné vers les marchés.

23 représenté plus de la moitié de la croissance du revenu par personne au Canada7. Le fait que le travail contribue moins à la croissance de la productivité du travail des industries fondées sur les ressources naturelles, en comparaison des autres industries de l’Ouest canadien, se traduit directement par une diminution des heures de travail au fil du temps et une baisse des taux de salaire dans ces industries par rapport à d’autres.

Escalader la chaîne de valeur ne consiste donc pas seulement à récupérer plus de richesses économiques dans les secteurs à forte intensité de ressources, mais c’est aussi un impératif à respecter si l’on veut faire grimper le niveau de vie à long terme des Canadiens de l’Ouest.

7 P.Boothe et R. Roy, La productivité du secteur des entreprises au Canada : Qu’en savons-nous?, Industrie Canada, Observatoire international de la productivité, voir le tableau 1, p. 4.

Contribution à la productivitié du travail

24 Figure 3 : Croissance de la production et contribution du facteur travail à la croissance de la productivité du travail dans divers secteurs des provinces de l’Ouest canadien de 1997 à 2007

25

Source : Centre d’étude des niveaux de vie

Choix des secteurs à forte valeur ajoutée : Méthode et profils

sectoriels

26

2.1. Étude comparative des critères à appliquer aux investissements étrangers directs (IED) La plupart des débats sur les moyens d’attirer les investissements étrangers s’orientent vers les impacts de la mondialisation sur les processus administratifs des investisseurs étrangers. Les progrès des technologies de l’information et des communications, la baisse des frais de transport, les politiques d’ouverture commerciale dans les pays à bas prix et la libéralisation du commerce et de l’investissement ont abouti à des processus de production véritablement mondiaux. Du point de vue des chaînes de valeur, cela veut dire que, pour l’investisseur étranger, la valeur ajoutée par les différents processus ou activités à chaque stade de la production est totalement mondiale.

Comme nous le montrons à la figure 4, les investisseurs étrangers ont intérêt à « déballer » le fameux modèle de chaîne de valeur de Michael Porter et à transférer certaines fonctions vers des destinations où les prix sont plus bas ou la productivité plus élevée. Alors qu’autrefois, la plupart des activités primaires et de soutien d’une entreprise – de la planification stratégique jusqu’à l’infrastructure – avaient probablement lieu dans une zone géographique unique, la mondialisation et l’intégration verticale des sociétés qui en est résultée font que les activités primaires et les activités de soutien ne sont plus forcément réunies dans un même centre. Même des fonctions telles que la planification stratégique ou la gestion des ressources humaines des sociétés internationales s’effectuent maintenant au niveau régional, principalement parce que ces activités sont transférées là où il y a le plus d’avantages sous l’angle de l’efficience ou de la productivité. Autre raison pour laquelle les investisseurs choisissent d’investir à l’étranger, c’est qu’ils y ont accès à de nouveaux marchés ou y font des acquisitions stratégiques propres à ajouter plus de valeur à leurs produits ou services.

Vu dans ce contexte, comment fait-on pour sélectionner des secteurs à forte valeur ajoutée susceptibles d’attirer les investissements étrangers directs dans des installations nouvelles dans l’Ouest canadien? À la base, ces secteurs de l’Ouest doivent présenter, par rapport à d’autres destinations internationales, quelques avantages concurrentiels irrésistibles orientant les critères de sélection des investisseurs étrangers. Ces critères sont les suivants :

. Contexte commercial général : Des facteurs tels que la stabilité économique et financière, la stabilité politique, le soutien des pouvoirs publics, les formalités de création d’entreprise, les appuis financiers et les subventions, ainsi qu’un solide cadre juridique et de propriété intellectuelle, sont les grands critères de sélection que les investisseurs étrangers et les sélectionneurs d’emplacements appliquent habituellement pour éviter les destinations présentant moins de qualités pour les investissements;

27 . Infrastructure : En fonction de leur secteur, les investisseurs étrangers souhaitent investir dans des endroits bien desservis par des moyens de transport aériens, routiers, ferroviaires et maritimes. Ils s’intéressent aussi, habituellement, à des facteurs tels que la qualité et la fiabilité des réseaux de communication, y compris l’existence de réseaux de base et de liaisons terrestres sécuritaires, la fiabilité de l’alimentation électrique, la disponibilité de transports publics, etc. Pour les secteurs à forte valeur ajoutée, tels que l’aérospatiale ou les communications sans fil, la présence d’établissements éducatifs spécialisés possédant une infrastructure de R-D est également considérée comme un facteur important; . Talents : Dans la plupart des secteurs à valeur ajoutée, la disponibilité d’un vivier de talents est un critère indispensable aux investisseurs étrangers pour prendre une décision. La présence d’employés expérimentés de l’industrie, y compris des gestionnaires et des technologues, et la disponibilité d’un réservoir de travailleurs à former sont d’importants facteurs pris en considération par les investisseurs étrangers; . Grappes : Pour beaucoup de secteurs à forte valeur ajoutée, l’existence d’une importante grappe d’industries en un endroit donné est essentielle. Pour l’investisseur, la présence d’autres entreprises n’est pas seulement un signe évident que d’autres ont déjà investi à cet endroit, mais elle lui assure également un réseau de fournisseurs et de clients dont il pourra tirer parti pour rendre ses activités plus rentables ou profitables; . Réglementation : D’ordinaire, les entreprises travaillant dans des secteurs à forte valeur ajoutée sont sensibles aux effets que peuvent avoir sur eux les divers règlements régissant leur secteur. Il peut s’agir de restrictions frappant la propriété étrangère ou les mouvements de capitaux, de permis ou de licences à obtenir, de règlements sur le travail, par exemple pour l’embauche et le renvoi, de lois sur les syndicats, etc.; . Immobilier : Dans certains secteurs, la disponibilité et le prix de l’immobilier peut rapidement faire grimper les coûts en capital des investissements, ce qui réduit d’autant les bénéfices des investisseurs; . Cadre de vie : Pour les entreprises du secteur des hautes technologies, l’aptitude à attirer et à retenir les talents à un certain endroit est directement liée aux conditions de vie, telles que le coût de la vie, l’attrait de la destination en question pour les recrues et les employés expatriés, etc.8

Généralement, les investisseurs étrangers réfléchissent aussi à leurs opérations courantes et à la façon dont une destination ou une autre pourrait convenir à leur stratégie. Ils peuvent également choisir d’investir en faisant une acquisition stratégique fondée sur des technologies ou une chaîne d’approvisionnement dont ils profiteraient en achetant l’entreprise convoitée. Dans ces cas, les questions d’ordre stratégique tendent à prédominer sur celles évoquées ci-dessus, typiques des investissements dans de nouvelles installations.

8 Ces critères sont appliqués plus ou moins par les sélectionneurs d’endroits et les groupes-conseils mondiaux d’analyse comparative tels que Plant Location International d’IBM et Choix concurrentiels de KPMG. La présente liste vient de Plant Location International d’IBM.

28 Les données d’analyses comparatives de Plant Location International d’IBM fournissent les analyses qualitatives et de rentabilisation les plus complètes de la compétitivité mondiale des principales grappes de l’Ouest canadien. Plant Location International évalue la compétitivité de ces diverses grappes du point de vue des investisseurs, en prenant des prototypes de projets d’investissement et en calculant le rendement de l’investissement en valeur actualisée nette à partir d’hypothèses tenant compte des variations en fonction du lieu de l’investissement, des frais d’exploitation et des résultats financiers de chaque projet représentatif. Pour évaluer la qualité d’un lieu, Plant Location International recueille ses données auprès d’un vaste éventail de sources et compare les lieux sur la base de facteurs qualitatifs, dont la plupart ont été décrits ci-dessus.

Nous appliquons ces critères qualitatifs et quantitatifs et ces analyses comparatives à tout l’Ouest canadien, en commençant par déterminer dans quelle mesure il serait rentable d’y créer une installation type dans ce secteur et en comparant la rentabilité dans l’Ouest canadien à celle que l’on obtiendrait dans d’autres lieux d’investissement étrangers. Nous divisons l’échantillon en lieux à rentabilité élevée/moyenne/faible, en calculant l’écart-type de rentabilité de l’échantillon général et en divisant celui-ci en lieux à rentabilité relativement élevée (en moyenne +1,5 d’écart-type) et faible (en moyenne –1,5 d’écart-type).

29 Figure 4 : Transformation des chaînes de valeur mondiales

Source: IE Market Research Corporation 30 Nous traduisons ensuite cette rentabilité en cote de qualité (de 1 à 10) du lieu d’investissement, tels qu’il a été défini par les facteurs ci-dessus. Au moyen de l’analyse de l’écart-type décrite plus haut, nous divisons l’échantillon en destinations de qualité élevée/moyenne/faible. Cette façon de cartographier la rentabilité et la qualité permet d’établir une matrice de la compétitivité des grappes de l’Ouest canadien et de faire des comparaisons entre elles et d’autres de par le monde. Sur les 28 sous-secteurs dont dispose IE Market Research, nous prenons les 7 premiers, ceux où les grappes de l’Ouest canadien ont obtenu une cote de rentabilité-qualité au moins « moyenne-moyenne. La figure 5 donne un exemple de cette méthode pour le secteur des produits chimiques industriels, et la figure 6 indique la compétitivité de l’Ouest canadien dans chacune des sept grappes.

Parmi d’autres vérifications préalables, nous avons confirmé que ces secteurs contribuaient déjà de façon appréciable au PIB des provinces de l’Ouest canadien et avaient toutes les chances de profiter, directement ou indirectement, de diverses initiatives d’infrastructure de la Porte de l’Asie-Pacifique. La question essentielle à laquelle nous avons essayé de répondre ici a été la suivante : « Le secteur mondialement compétitif contribue-t-il nettement à la production et devient-il encore plus compétitif grâce à des initiatives de la Porte »?

Sur la base de ces critères, nous avons choisi les sept secteurs suivants pour le présent rapport : . Aérospatiale . Transformation des céréales et des aliments . Produits chimiques industriels . Services financiers et services aux entreprises liés aux commerce . Électronique à valeur ajoutée . Technologies de l’information et des communications à valeur ajoutée (comme les jeux, les services logiciels et les communications sans fil) . Services de logistique et de transport à valeur ajoutée

Le lecteur ne doit pas oublier que cette liste de secteurs n’est pas exhaustive et qu’elle n’annonce ni politique ni programme de la part des pouvoirs publics. Le choix des secteurs s’est fait dans le but d’ouvrir le débat sur leur compétitivité à l’échelle mondiale et de déterminer les pratiques exemplaires de politiques internationales susceptibles de favoriser les activités économiques créatrices de valeur au sein de ces secteurs dans l’Ouest canadien.

2.2. Difficultés d’utilisation des instruments d’analyse comparative Cette méthode présente plusieurs faiblesses. Premièrement, les analyses comparatives portent habituellement sur les coûts d’activités représentatives. Nous nous sommes aperçu que ces structures de coûts pouvaient varier considérablement en fonction de toute une variété de facteurs impossibles à prendre en considération dans des analyses comparatives de lieux. Par exemple, les structures de coûts dans le secteur des jeux sont différentes selon qu’il s’agit d’une société voulant créer soit un vrai studio de jeux, soit un centre de conception de jeux exigeant principalement des travaux d’élaboration de logiciels et de programmes. Bien que le produit réalisé dans ces deux activités soit le même (c.-à-d. un jeu vidéo), leurs structures de coûts relatives sont différentes en un lieu donné.

31 Les structures de coût des investisseurs étrangers sont également d’une nature dynamique, tandis que les analyses comparatives de lieux sont une opération forcément statique. Par exemple, les investisseurs vont généralement s’enquérir des stimulants financiers et en tenir expressément compte dans leurs calculs. Ce genre d’avantages modifie radicalement la rentabilité d’un lieu. Autre exemple de la nature dynamique des structures de coûts, c’est que la présence d’installations sur le lieu envisagé pourrait changer du tout au tout les perspectives de rentabilité offertes par celui-ci, ceci parce que les coûts afférents aux infrastructures, à l’immobilier et à la main-d’œuvre, par exemple, peuvent être répartis entre l’ancien et le nouvel emplacement. Les données de l’étude IBM-PLI (et d’autres données d’analyses comparatives) ne comparent que des investissements dans de nouvelles installations, sans tenir compte de ces facteurs et d’autres encore, à caractère dynamique, qui influent sur les décisions d’investissement des multinationales.

32 Figure 5 : Méthode de sélection des secteurs pour les produits chimiques industriels

Étape 1 : Indice de rentabilité corrigé, Étape 2 : Cote de qualité calculée pour calculé pour les principales destinations les principales destinations

internationales internationales

Indice de rentabilité corrigé Indice de qualité Prod. chim. industriels, moyenne 151,13 Prod. chim. industriels, moyenne 6,48 Bombay, Inde 163,93 Bombay, Inde 5,6 Shanghai, RPC 160,55 Shanghai, RPC 7,0 Kuala Lumpur, Malaisie 160,55 Kuala Lumpur, Malaisie 7,0 Yanbu, Madinah, Arabie saoudite 160,55 Yanbu, Madinah, Arabie saoudite 6,5 Monterey, Mexique 157,17 Monterrey, Mexique 5,7 Singapour 153,79 Singapour 7,2 Newcastle, Australie 152,10 Newcastle, Australie 6,1 Houston, Texas 150,41 Houston, Texas 7,0 São Paulo, Brésil 150,41 São Paulo, Brésil 6,4 Nouvelle-Orléans, Louisiane 150,41 Nouvelle-Orléans, Louisiane 5,9 Madison, Wisconsin 150,41 Madison, Wisconsin 5,9 Halifax, Nouvelle-Écosse 150,41 Halifax, Nouvelle-Écosse 5,8 Toronto, Ontario 148,72 Toronto, Ontario 7,6 Montréal, Québec 148,72 Montréal, Québec 7,3 Sarnia, Ontario 148,72 Sarnia, Ontario 5,7 Saint John, Nouveau-Brunswick 148,72 Saint John, Nouveau-Brunswick 5,8 Newark, New Jersey 147,03 Newark, New Jersey 7,7 Edmonton, Alberta 147,03 Edmonton, Alberta 6,2 Rotterdam, Pays-Bas 143,65 Rotterdam, Pays-Bas 7,1 Leipzig, Allemagne 141,96 Leipzig, Allemagne 6,1 Anvers, Belgique 138,58 Anvers, Belgique 6,5

Source : Calculs effectués par IE Market Research Corporation à partir de données 33 de l’étude PLI d’IBM. Figure 6 : Matrices de la compétitivité des secteurs sélectionnés

34 Figure 6 : Matrices de la compétitivité des secteurs sélectionnés (suite)

35 Figure 6 : Matrices de la compétitivité des secteurs sélectionnés (suite)

36 Secteurs compétitifs axés sur l’innovation

Secteur de l’aérospatiale

37 Aperçu de la compétitivité mondiale : secteur de l’aérospatiale

Classement selon la cote de qualité de l’étude PLI d’IBM Classement selon l’indice de rentabilité de l’étude PLI d’IBM

Capacités de l’Ouest canadien dans le secteur de l’aérospatiale : fortes capacités de deuxième catégorie L’industrie aérospatiale de l’Ouest canadien emploie quelque 17 000 personnes en Alberta, en Colombie-Britannique, au Manitoba et en Saskatchewan. Avec un chiffre d’affaires annuel de 3 G$9, les entreprises du secteur de l’aérospatiale de l’Ouest canadien participent à une grande diversité d’activités à valeur ajoutée, notamment : . la R-D dans le domaine des matériaux avancés; . la fabrication d’aéronefs et de pièces d’aéronefs; . la fabrication et la réparation de matériaux composites; . la fabrication de satellites et le repérage au sol; . la mise au point de systèmes spatiaux et de dispositifs de télédétection; . les services de testage et de certification; . la mise au point de véhicules sans conducteur.

Du point de vue du nombre d’emplois et d’entreprises, Winnipeg est la plus grande grappe du secteur de l’aérospatiale de l’Ouest canadien; quelque 5 300 personnes y travaillent10. Winnipeg est l’un des grands centres nord-américains de la fabrication de pièces d’aéronefs composites et de services de maintenance, de réparation et de remise en état (MRR) d’aéronefs. La grappe du secteur de l’aérospatiale de Vancouver est la deuxième en importance dans l’Ouest canadien. Elle se spécialise dans les aérostructures en matériaux composites, les services de MRR, la conception et la fabrication de petits satellites, et les systèmes de soutien à l’information. Saskatoon et Calgary possèdent également de petites grappes d’industries aérospatiales : les entreprises de Calgary se spécialisent dans les systèmes de véhicules sans conducteur et les dispositifs électroniques pour la

9 Diversification de l’économie de l’Ouest Canada, www.deo.gc.ca/fra/8206.asp. Consulté le 4 décembre 2009. 10 Investir au Canada, investiraucanada.gc.ca/fra/secteurs-industriels/aerospatiale.aspx. Consulté le 5 décembre 2009. 38 défense; celles de Saskatoon fabriquent des systèmes, des produits et des services de communication par satellite.

L’Ouest canadien possède également d’importants établissements nationaux de formation et de recherche en aérospatiale qui assurent la compétitivité à long terme de ce secteur. Ces établissements sont : la Faculté d’ingénierie de l’Université du Manitoba (qui possède une chaire de recherche du Canada de première catégorie sur les matériaux aérospatiaux), qui offre des programmes avec spécialisation en ingénierie aérospatiale; le Composites Innovation Centre (CIC), à Winnipeg; le British Columbia Institute of Technology (BCIT) et le Stevenson Aviation et Aerospace Training Centre, au Collège de Red River, qui offre un large éventail de programmes de certificat en ingénierie de la maintenance des aéronefs, en turbine à gaz d’aéronefs et d’exploitation des aéroports).

Analyse de rentabilisation : le secteur de l’aérospatiale de l’Ouest canadien se classe derrière d’autres régions de l’Amérique du Nord Notre analyse des données de l’étude PLI d’IBM nous permet de brosser un portrait intéressant de la compétitivité mondiale de ce secteur de l’Ouest canadien. Au classement selon la cote de qualité de l’étude PLI d’IBM, les centres de l’Ouest canadien se classent comme suit sur un total de 32 centres mondiaux : Vancouver, 13e, Winnipeg, 17e, Calgary, 17e, et Saskatoon au 21e. Selon l’indice de rentabilité, les centres de l’Ouest canadien se classent comme suit : Winnipeg au 6e rang, Calgary au 6e, Vancouver au 7e et Saskatoon, 7e. Il convient de noter que les mesures de rentabilité étaient semblables dans tous les territoires selon les données de l’étude PLI d’IBM.

Selon les différents facteurs qualitatifs qui influencent ce classement, les centres de l’Ouest canadien sont compétitifs dans des domaines comme l’environnement général des affaires, l’infrastructure et le milieu de vie. Toutefois, ils ne font pas aussi bonne figure dans des domaines comme l’adaptabilité de la main-d’œuvre et des règlements, la présence de grappes industrielles et le potentiel local de recrutement de personnel qualifié.

L’examen de ces données met en lumière trois points importants. D’abord, les centres de l’Ouest canadien se classent loin derrière les autres centres canadiens, tout particulièrement Montréal (3e) et Toronto (4e). Ensuite, les centres de l’Ouest canadien se classent aussi bien (du point de vue de la qualité) que les autres grappes aérospatiales de deuxième catégorie des États-Unis comme Albuquerque, Wichita, Austin, Tulsa, Denver et Huntsville. Au cours de la dernière décennie, ces grappes américaines ont bénéficié d’investissements majeurs de sociétés aérospatiales américaines, surtout après les attentats du 11 septembre. Enfin, l’indice de rentabilité de l’étude PLI d’IBM montre que les centres de l’Ouest canadien n’ont pas un avantage de rentabilité important sur les autres centres canadiens de première catégorie ou même sur les centres américains de première catégorie (comme Belleville/Seattle). Ces trois aspects de la qualité et de la rentabilité sont importants au regard des types de politiques et de programmes qu’il faut mettre en place pour encourager d’autres investissements dans le secteur de l’aérospatiale de l’Ouest canadien.

39 Structure de l’industrie et dynamique de la concurrence : Le secteur repose davantage sur des entreprises nationales qu’étrangères Les usines d’investisseurs étrangers (tels que Boeing) sont des chevilles importantes du développement de ce secteur dans l’Ouest canadien. Toutefois, d’autres facteurs liés à l’industrie aérospatiale et aéronautique mondiale ont également joué un rôle non négligeable dans l’évolution et la structure de l’industrie aérospatiale de cette région. Ces facteurs comprennent les investissements par des entreprises canadiennes et la croissance des entreprises à proprement parler canadiennes de l’Ouest, marchés publics canadiens et étrangers dans le secteur de l’aérospatiale, l’interaction historique entre les entreprises canadiennes et leurs clients étrangers, et la forte présence de l’industrie aérospatiale au Québec et en Ontario. Il est important de garder ces éléments à l’esprit lorsqu’on pense aux politiques et aux programmes à mettre en place pour encourager la poursuite de la croissance de l’aérospatiale dans l’Ouest canadien.

À notre avis, l’investisseur étranger le plus important pour l’industrie aérospatiale de l’Ouest canadien est Boeing Canada Operations Ltd. Créée en 1971 avec 50 employés, l’installation de Boeing à Winnipeg emploie 87 % de sa main-d’œuvre canadienne (Boeing emploie 1 300 personnes à Winnipeg), ce qui représente 7,6 % du total des travailleurs de l’industrie aérospatiale de l’Ouest canadien11. Winnipeg est le site de l’une des dix grandes installations mondiales de production d’aéronefs commerciaux de Boeing et de l’une des trois installations de cette envergure à l’extérieur des États-Unis. De plus, l’installation de Winnipeg est la plus grande usine de production de matériaux composites en Amérique du Nord. La division Boeing Canada Technology de Winnipeg alimente toutes les installations de production de Boeing du monde. On y produit plus de 1 000 pièces et ensembles qui entrent dans la construction des aéronefs 737, 747, 757, 767, 777 et 787 de la société.

À part Boeing, toutefois, il est intéressant de noter que la plupart des grands manifacturiers du secteur de l’aérospatiale de l’Ouest canadien sont des entreprises locales ou des divisions d’entreprises aérospatiales et aéronautiques canadiennes de première et deuxième catégorie.

À titre d’exemple, mentionnons Aveos (700 employés à Winnipeg12), Magellan Aerospace (650 employés à Winnipeg12), StandardAero (1 200 employés à Winnipeg12), Cascades Aerospace (600 employés à Abbotsford13) et Avcorp (480 employés à Delta14). Avec les 1 300 employés de Boeing à Winnipeg, ces six entreprises forment la colonne vertébrale de l’industrie aérospatiale de l’Ouest canadien, employant respectivement 73 % des travailleurs de l’aérospatiale du Manitoba et 29 % de ceux de l’ensemble de l’Ouest canadien.

11 Boeing Canada, fr.boeing.ca/ViewContent.do?id=41144&aContent=Boeing %20Winnipeg. Consulté le 4 décembre 2009. 12 Winnipeg Free Press, Aerospace Industry on a High, www.winnipegfreepress.com/business/aerospace-industry-on-a-high- 44633692.html. Consulté le 5 décembre 2009. 13 Industrie Canada, www.ic.gc.ca/app/ccc/srch/nvgt.do?sbPrtl=&prtl=1&estblmntNo=124987880000&profile=cmpltPrfl&profileId=1421&app=sold&lang=f ra. Consulté le 4 décembre 2009. 14 Groupe CNW, « Avcorp announces amended agreement with Export Development Canada (EDC) », 30 décembre, www.newswire.ca/fr/releases/archive/December2009/30/c5978.html. 40 Aveos, auparavant Services techniques Air Canada, qui a changé son nom pour Aveos Fleet Performance Inc. en septembre 2008 pour refléter la nouvelle structure de propriété d’Air Canada15. Son principal client est toujours Air Canada. Magellan Aerospace Corporation, une société de Mississauga qui a fait l’acquisition de Bristol Aerospace Ltd. de Winnipeg en 1997. Il est intéressant de savoir que Bristol Aerospace a été fondée par Jim et Grant MacDonald, à Winnipeg, sous le nom de MacDonald Brothers Aircraft Company en 1930. StandardAero (achetée au Carlyle Group par Dubai Aerospace Enterprises en 2007) est l’une des plus grandes entreprises indépendantes au monde dans le secteur de la fabrication, de l’entretien et de la remise à neuf de moteurs à turbine à gaz et d’accessoires connexes. Elle a été fondée à Winnipeg en 1911. Le siège social d’Avcorp, chef de file mondial de la conception et de la fabrication de structures de cellules, se trouve à Delta, celui de B.C. Cascades Aerospace, une des dix plus importantes entreprises de MRR en Amérique du Nord, se trouve à Abbotsford, en Colombie-Britannique.

Dans l’ensemble, il est juste de dire que l’industrie aérospatiale de l’Ouest canadien présente un éventail stratégique d’entreprises de fabrication et de services aérospatiaux de première, deuxième, troisième et quatrième catégories qui forment une partie importante de la chaîne de valeur du secteur de l’aérospatiale en Amérique du Nord.

Toutefois, si l’on met en perspective la taille globale du secteur, il est intéressant de noter la taille relative des grappes du secteur de l’aérospatiale dans les régions concurrentes de deuxième catégorie du monde et de l’Amérique du Nord. Avec 5,1 millions d’habitants, l’Écosse comptait 16 000 travailleurs dans le secteur de l’aérospatiale en 200816. La même année, le Nouveau-Mexique comptait 8 000 travailleurs dans ce secteur sur une population de 1,9 million d’habitants17, et le Colorado, avec 5 millions d’habitants, en comptait 24 70018.

Ce qu’il importe de souligner est que ces nouveaux centres de deuxième catégorie, comme Albuquerque, Belfast, Glasgow et Queretaro possèdent également des installations de production aérospatiale de première catégorie. Les ailes des aéronefs Learjet de Bombardier sont fabriquées à Belfast depuis 1990; le corridor Glasgow-Prestwick a des installations de MRR et de fabrication pour British Airways, Rolls-Royce, General Electric et la Goodrich Corporation; et Queretaro possède des installations de fabrication de faisceaux de câble pour Raytheon, Bombardier et Cessna.

Étant donné le contexte mondial, il est évident que les avantages concurrentiels résultant de la croissance du secteur de l’aérospatiale dans l’Ouest canadien changent rapidement. Certaines de ces tendances continueront de se solder par un avantage net pour l’Ouest canadien. Malgré l’augmentation des vols commerciaux partout dans le monde, on ne compte que quatre constructeurs d’aéronefs commerciaux : Boeing, Airbus, Bombardier et Embraer. Les prévisions à long terme annoncent une poursuite de la croissance d’environ 5 % des vols de passagers dans

15 Business Week, investing.businessweek.com/research/stocks/private/snapshot.asp?privcapId=4452134. Consulté le 5 décembre 2009. 16 Scottish Development International, MRO in Scotland, page 6, mars 2009. 17 New Mexico Business Week, State’s aerospace industry upward bound despite reaction. albuquerque.bizjournals.com/albuquerque/stories/2009/11/02/focus1.html. Consulté le 5 décembre 2009. 18 État du Colorado, www.colorado.gov/cs/Satellite/OEDIT/OEDIT/1167928382073. Consulté le 4 décembre 2009. 41 le monde en moyenne au cours des 20 prochaines années et une croissance comparable de la demande d’aéronefs. Cette croissance de la demande d’aéronefs commerciaux devrait se traduire par une croissance constante du secteur de l’aérospatiale de l’Ouest canadien (MRR, pièces, matériaux composites, etc.).

Toutefois, les modèles d’affaires de l’industrie aérospatiale ont changé. L’ère des immenses usines de construction d’aéronefs est révolue. Boeing, Airbus, Bombardier, Embraer, Raytheon et de nombreux constructeurs de première catégorie ont déjà pris des mesures pour se départir de leurs activités de fabrication de pièces. Séparer la fabrication des pièces de l’assemblage final et de la certification permet à ces intervenants de première catégorie de se concentrer sur le plus haut niveau de travail à valeur ajoutée. Cela leur permet également d’acheter des pièces et des sous-ensembles de vendeurs de deuxième, troisième et quatrième catégories auprès de fournisseurs de partout dans le monde, généralement à des coûts beaucoup plus bas.

Bien que ce changement de modèle d’affaires puisse s’avérer positif pour l’industrie aérospatiale de l’Ouest canadien, il signifie également une plus grande concurrence des autres intervenants de deuxième catégorie. Un des principaux avantages concurrentiels de Winnipeg et de Vancouver, signalé aux investisseurs étrangers, est le coût d’exploitation global inférieur à ce qu’il est chez d’autres emplacements de deuxième catégorie. Toutefois, comme l’illustrent les données de l’étude PLI d’IBM, tant du point de vue de la qualité que du coût, les centres de l’Ouest canadien ne peuvent plus compter sur de tels avantages par rapport aux autres centres de deuxième catégorie des États-Unis ou du reste du monde. En outre, à mesure que la qualité s’améliorera dans les centres de deuxième catégorie en devenir (tels que Shanghai, Queretaro et Rzeszow), nous pensons que les vendeurs existants de deuxième, troisième et quatrième catégories déplaceront une partie de leur production vers ces emplacements des pays en développement.

Conséquences pour l’investissement étranger direct : cibler les investissements d’intervenants de catégorie 0 Notre analyse de l’industrie aérospatiale de l’Ouest canadien qui précède montre que le nombre d’investisseurs étrangers dans les centres de l’Ouest canadien est relativement limité. La plus grande grappe, celle de Winnipeg, compte un seul grand investisseur étranger : Boeing. Les autres entreprises majeures de Winnipeg (et de Vancouver) sont des entreprises canadiennes.

Du point de vue de la croissance, il sera crucial d’attirer dans l’Ouest canadien de grandes installations d’entreprises américaines et canadiennes de l’aérospatiale de catégorie 0. La présence d’une plus grande grappe industrielle est absolument indispensable à la croissance de cette industrie.

Dans la section ci-dessous, nous examinons l’expérience du Nouveau-Mexique, qui possède la grappe du secteur de l’aérospatiale affichant le meilleur taux de croissance en Amérique du Nord. Depuis quatre ans, cet État applique une approche axée sur l’élimination des obstacles à l’investissement, notamment par des mesures fiscales et incitatives, pour accélérer le développement de sa grappe aérospatiale. Les mesures fiscales comprennent un programme d’encouragement à la formation de la main-d’œuvre, un crédit d’impôt pour les emplois assortis de salaires élevés, une déduction fiscale des dépenses de maintenance ou remise à neuf des aéronefs, 42 une déduction fiscale des dépenses de R-D en aérospatiale, une déduction fiscale des dépenses de construction d’aéronefs et quatre déductions fiscales pour l’établissement des opération dans ses nouvelles installations de Spaceport America. L’État a aussi financé la construction de Spaceport America à hauteur de 200 M$. Son approche proactive et ses efforts de marketing ciblés laissent bien savoir aux entreprises de catégorie 0 les avantages qu’elles gagnent à s’établir dans cet État.

Les résultats de ces politiques sont clairs. En 2005, le Nouveau-Mexique comptait dans ce secteur seulement 1 100 travailleurs comparativement à 8 000 actuellement. L’État a su attirer des entreprises comme Boeing SVS, Northrop Grumman, Lockheed Martin, Honeywell Defense Avionics, Raytheon, Goodrich et Virgin Galactic.

§§

43 Secteurs compétitifs axés sur l’innovation

Secteurs des communications sans fil, des jeux vidéo et des services logiciels

44 Aperçu de la compétitivité mondiale : Secteur des communications sans fil

Classement selon la cote de qualité de l’étude PLI d’IBM Classement selon l’indice de rentabilité de l’étude PLI d’IBM

Aperçu de la compétitivité mondiale : Secteur des jeux vidéo

Classement selon la cote de qualité de l’étude PLI d’IBM Classement selon l’indice de rentabilité de l’étude PLI d’IBM

45 Aperçu de la compétitivité mondiale : Secteur des services logiciels

Classement selon la cote de qualité de l’étude PLI d’IBM Classement selon l’indice de rentabilité de l’étude PLI d’IBM

Capacités de l’Ouest canadien dans les secteurs des communications sans fil, des jeux vidéo et des services logiciels : capacité de niveau mondial et investissements de grandes entreprises mondiales de TIC

Le secteur des technologies de l’information et des communications (TIC) de l’Ouest canadien, qui se caractérise par son étendue et son énergie, est la deuxième grappe de TIC en importance au Canada (après celle de l’Ontario). La robuste infrastructure de recherche a attiré et retenu des spécialistes de classe mondiale dans de nombreux domaines comme les communications sans fil, les jeux vidéo et les services logiciels et, en conséquence, un nombre croissant d’investisseurs étrangers ont déjà établi leur centres de R-D dans l’Ouest canadien.

L’expression technologies de l’information et des communications (TIC) est large et couvre tous les moyens techniques qui servent à produire, à transmettre et à organiser l’information. Selon Statistique Canada, elle englobe les anciennes technologies comme la radio, la diffusion par fil et la télédiffusion, ainsi que les nouvelles technologies comme l’Internet et les appareils de communication mobiles19. Par conséquent, les données sur le secteur des TIC de l’Ouest canadien peuvent varier selon les différentes sources et la définition du secteur des TIC utilisée. Toutefois, nous pensons que les segments de croissance les plus importants de ce secteur sont clairement le développement de logiciels, les communications sans fil et les médias numériques. Dans le présent rapport, le terme « TIC » fait référence à ces trois secteurs.

19 Statistique Canada, cansim2.statcan.ca/cgi-win/cnsmcgi.pgm?Lang=F&SP_Action=More&SP_ID=2256&SP_Portal=2. Consulté le 22 décembre 2009. 46 Niveaux d’emploi, contribution au PIB et investisseurs étrangers importants En Colombie-Britannique, le secteur des TIC repose sur plus de 6 000 entreprises qui ont généré des recettes d’environ 9 G$ en 200820. D’après BC Stats, les emplois dans des catégories clés du secteur des TIC de cette province en 2008 se répartissaient comme suit : 32 400 dans les services de conception de systèmes informatiques; 24 100 dans la radiodiffusion et les télécommunications; 7 300 dans les services d’information et de traitement des données21. Le nombre d’emplois devrait croître rapidement au cours de la prochaine décennie, à mesure que le nombre des étudiants diplômés des établissements d’enseignement de la province dans ce domaine et des travailleurs immigrants hautement qualifiés augmentera. Le secteur des médias numériques et des jeux vidéo de la Colombie-Britannique est également important et compte de grandes entreprises telles qu’Electronic Arts et qui y intensifient leurs activités. En 2008, pour l’ensemble de la province, ce secteur a enregistré des recettes annuelles de 2 G$22.

Les emplois du secteur des TIC de la Colombie-Britannique sont concentrés dans la région métropolitaine de Vancouver, où sont établies des entreprises d’envergure mondiale telles que Microsoft Corporation, Intel, IBM, Broadcom, 3M, Eastman Kodak Company, Harmon International Industries, Sophos, Oracle, Business Objects, Nokia, Honeywell, Raytheon, Electronic Arts et Seiko Epson23. De plus, des entreprises locales comme , ACL Services Ltd., D-Wave Systems Inc., MPR Teltech, MDA, Sierra Systems, PMC-Sierra et Sierra Wireless connaissent également une croissance rapide en Colombie-Britannique. Le Conseil des technologies de l’information et des communications (CTIC) estime qu’en 2006, les professionnels des TIC formés à l’étranger représentaient 18,7 % de l’ensemble des travailleurs des TIC de la Colombie-Britannique, comparativement à la moyenne nationale de 10,3 %24. Les chercheurs immigrants et étrangers jouent donc un rôle important dans le secteur des TIC de la Colombie-Britannique.

En Alberta, le secteur des TIC compte près de 4 300 entreprises qui, ensemble, emploient environ 54 500 personnes et génèrent des recettes annuelles de plus de 10,2 G$25. De ce nombre, on estime qu’environ 16 600 travaillent dans l’industrie du logiciel et 16 000 dans le secteur des communications sans fil26. Les principales entreprises de ce secteur sont Shaw Communications Inc., GE Power Systems Canada Inc., Hemisphere GPS, Nexen Inc., Allstream, Flextronics, Colt Engineering Corp., IBM et Schlumberger Canada27. Il existe également un certain nombre de grandes entreprises de communication sans fil, comme Meta4hand, Blackline GPS,

20 Government of British Columbia, www.sted.gov.bc.ca/MIT/SBIIO/Documents/SectorProfile_ICT.pdf. Consulté le 22 décembre 2009. 21 BC Stats, www.bcstats.gov.bc.ca/DATA/dd/handout/naicsann.pdf. Consulté le 22 décembre 2009. 22 Bureau d’Investir au Canada, investiraucanada.gc.ca/fra/publications/games.aspx. Consulté le 25 novembre 2009. 23 Vancouver Economic Development Commission, www.vancouvereconomic.com/page/information-communications-technology. Consulté le 25 novembre 2009. 24 Conseil des technologies de l’information et des communications, www.ictc- ctic.ca/uploadedFiles/Labour_Market_Intelligence/The_Outlook_2012_-_2015/ICTC_Outlook_2008-2015_f_.pdf. Consulté le 25 novembre 2009. 25 Gouvernement de l’Alberta, www.alberta-canada.com/industries/866.html. Consulté le 25 novembre 2009. 26 Bureau d’Investir au Canada, investincanada.gc.ca/eng/publications.aspx. Consulté le 25 novembre 2009. 27 Calgary Economic Development Corporation, www.calgaryeconomicdevelopment.com/files/Sector %20profiles/ICT_profile_2007.pdf. Consulté le 25 novembre 2009. 47 Novatel, Wedge Networks, Hemisphere GPS, Redwood Technologies et Baseband Technologies28.

Au Manitoba, les entreprises de TIC emploient 15 000 travailleurs. La province compte environ 2 500 programmeurs informatiques et 1 500 opérateurs d’ordinateur et de réseaux, et techniciens du Web29. Au nombre des 1 500 grandes entreprises de TIC de la province, mentionnons EDS, IBM Canada, IDERS, ImagiNET Resources Corp., Momentum Healthware, Online Business Systems, Protegra Technology Group et Emerging Information Systems Inc. Ces entreprises sont majoritairement établies à Winnipeg.

En Saskatchewan, on compte environ 300 entreprises de technologie de l’information, et l’industrie des TIC y a enregistré des recettes d’un milliard de dollars en 200830. L’industrie du logiciel de la Saskatchewan emploie environ 14 000 travailleurs31. Les sociétés d’informatique de la Saskatchewan sont concentrées à Saskatoon et à Regina32. Les entreprises de TIC de cette province qui connaissent actuellement le meilleur taux de croissance sont notamment Cronus Technologies Inc., Itracks, Marketel Multi-Line Dialing Systems Ltd. et Technology Management Corporation33.

Installations de recherche et développement La R-D, combinée à la commercialisation, est la pierre angulaire de la croissance du secteur des TIC. Certaines des meilleures installations de recherche en TIC du monde se trouvent dans l’Ouest Canada. Il s’agit notamment de :

TRLabs, un consortium de R-D de Calgary principalement axé sur les TIC, est le plus grand consortium du genre au Canada. TRLabs facilite la R-D en mettant en relation des partenaires de l’industrie avec des chercheurs, des professeurs d’université et des étudiants, et en les aidant à créer des technologies novatrices. TRLabs dispose de cinq laboratoires (à Calgary, à Edmonton, à Regina, à Saskatoon et à Winnipeg) et a créé 369 technologies commercialisées et produit 83 brevets actifs34. Le Network for Emerging Wireless Technologies (NEWT) est une division de TRLabs. Le NEWT est un centre de mise au point et de testage des technologies sans fil qui offre un soutien à la conception, à l’application et à l’essai de solutions matérielles et logicielles pour les concepteurs de produits et de services sans fil.

WestGrid (Western Canada Research Grid) est un consortium d’universités de l’Ouest canadien qui fournit des ressources informatiques à haut rendement pour des projets de recherche canadiens. Cela comprend les systèmes et les programmes d’applications, le stockage de données, les réseaux et la programmation35.

28 Bureau d’Investir au Canada, investincanada.gc.ca/eng/publications/wireless.aspx. Consulté le 25 novembre 2009. 29 mb.jobfutures.org/profiles/profile_alpha.cfm?lang=en&site=graphic. Consulté le 25 novembre 2009. 30 Gouvernement de la Saskatchewan, enterprisesaskatchewan.ca/infotech. Consulté le 25 novembre 2009, 31 Bureau d’Investir au Canada, investincanada.gc.ca/eng/publications.aspx. Consulté le 25 novembre 2009. 32 Gouvernement de la Saskatchewan, www.sasknetwork.ca/html/Home/lmi/sectorstudies/ssinfotech.htm. Consulté le 25 novembre 2009. 33 Gouvernement de la Saskatchewan, www.saskexports.com/liberty-46493fe348c03.htm. Consulté le 25 novembre 2009. 34 TRLabs, www.trlabs.ca/trlabs/about/. Consulté le 25 novembre 2009. 35 www.westgrid.ca/faq/prospective_users. Consulté le 25 novembre 2009. 48 Le MiNa (Microsystems and Nanotechnology Research Group), à l’Université de la Colombie-Britannique, apporte également une contribution importante à l’avancement des TIC dans l’Ouest du Canada. Les domaines de recherche couverts par le MiNa comprennent les nanocomposantes et l’informatique.

L’Institut national de nanotechnologie (INN) est le principal établissement du Canada en nanotechnologie. Il a été créé en 2001 et est exploité dans le cadre d’un partenariat entre le Conseil national de recherches du Canada et l’Université de l’Alberta. L’INN vise à faire de l’Alberta un chef de file de l’innovation en nanotechnologie. Il est financé par les gouvernements du Canada et de l’Alberta, et l’Université de l’Alberta36. Le bâtiment abrite du matériel scientifique ultramoderne d’une valeur de plus de 40 M$, y compris des microscopes-sondes à balayage, et des instruments d’analyse des produits chimiques et des matériaux37.

En Saskatchewan, le Saskatchewan Research Council exploite le 3D Virtual Reality CentreTM. Ce centre emploie le plus récent matériel de projection en stéréo à haute résolution qui peut projeter des images stéréoscopiques 3D actives, générées par ordinateur, sur trois modules d’écran de 8 pieds sur 10. Cette technologie permet à l’utilisateur de naviguer dans toutes les directions et de choisir des positions de caméra différentes, y compris des points de vue impossibles en situation réelle.

Le Manitoba a également des installations de recherche de pointe en TIC, notamment l’Engineering and Information Technology Complex de l’Université du Manitoba. Cette installation possède des outils de développement de produit reposant sur une technologie informatique de pointe, y compris un laboratoire informatique de 40 places ainsi qu’un mini-laboratoire de simulation de processus de fabrication possédant une machine de prototypage rapide, des mini machines-outils à commande numérique et un système de réalité virtuelle.

En Colombie-Britannique, à l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) se trouve l’Advanced Materials and Processing Engineering Laboratory, où des scientifiques et des ingénieurs spécialisés dans divers domaines, notamment en génie informatique et électrique, se réunissent pour inventer des technologies novatrices. En outre, l’Institute for Computing, Information and Cognitive Systems de l’UBC et le Centre of Scientific Computing de l’Université Simon Fraser servent de vitrine à la recherche informatique faite sur le campus et dans l’ensemble du milieu plus large de la recherche le long de la côte du Pacifique. Les autres programmes offerts en Colombie-Britannique comprennent une maîtrise unique en médias numériques offerte conjointement par l’Université de la Colombie-Britannique, l’Université Simon Fraser, l’Université Emily Carr et le BCIT.

Programmes publics Les gouvernements fédéral et provinciaux soutiennent de diverses façons l’industrie des TIC de l’Ouest du Canada, et nous pensons que cela continuera d’inciter fortement les entreprises internationales à investir dans la région.

Le gouvernement du Canada a créé le Programme de recherche scientifique et de développement expérimental (RS&DE) qui encourage les entreprises, y compris les petites et nouvelles entreprises, à mettre au point de nouveaux produits ou procédés

36 University of Alberta,www.ualbertacentennial.ca/organization/affiliated/nint.html. Consulté le 25 novembre 2009. 37 aet.alberta.ca/media/144449/nanotechnology_strategy_complete2.pdf. Consulté le 25 novembre 2009. 49 axés sur la R-D. Le Programme RS&DE fournit aux entreprises des crédits d’impôt, remboursables ou non, pour les dépenses admissibles engagées au Canada dans des activités de R-D38. C’est l’un des programmes d’encouragement fiscal à la R-D les plus généreux de tous les pays développés.

À l’échelon provincial, la Colombie-Britannique a l’un des taux d’imposition les plus bas en Amérique du Nord. Elle offre également divers crédits d’impôt et des incitatifs à la R-D. Les crédits d’impôts pour la R-D de la Colombie-Britannique permettent aux entreprises admissibles de déduire de l’impôt provincial 10 % de leurs recettes en plus du crédit d’impôt fédéral du RS&DE39. Le gouvernement de la Colombie- Britannique a également adopté des lois pour attirer les investisseurs, comme l’International Financial Activity Act (IFAA) et la Small Business Venture Capital Act (SBVCA). Ces lois et les programmes qui en découlent aident les nouvelles entreprises de TIC de la province à commercialiser leurs idées.

Les trois autres provinces offrent également des crédits d’impôt pour encourager la R-D. Le Scientific Research and Experimental Development Tax Credit de l’Alberta représente 10 % des dépenses admissibles40. Le gouvernement de la Saskatchewan offre également le Saskatchewan Research and Development Tax Credit, qui représente 15 % des dépenses admissibles en R-D41. Au Manitoba, le Manitoba Research and Development Tax Credit prévoit un crédit non remboursable de 20 % sur l’impôt des sociétés du Manitoba42.

Les gouvernements fédéral et provinciaux soutiennent également la promotion de la technologie de l’Ouest canadien dans le reste du monde. Le gouvernement de la Colombie-Britannique commandite des lieux d’exposition dans les pavillons du Canada de diverses foires commerciales comme CommunicAsia, la plus grande foire commerciale des technologies de l’information et des communications de la région de l’Asie-Pacifique. Il a également mené une campagne active aux pavillons des Jeux Olympiques et a soutenu les efforts de commercialisation des entreprises de la Colombie-Britannique aux Jeux Olympiques de Beijing de 2008 et aux Jeux Olympiques d’hiver de Vancouver et Whistler en 2010. Nous pensons qu’il est extrêmement important pour les entreprises de TIC de l’Ouest du Canada de communiquer avec des entreprises et organisations de la région de l’Asie-Pacifique, compte tenu du potentiel de croissance de l’Ouest canadien en tant que passerelle nord-américaine du marché de l’Asie-Pacifique.

Le gouvernement de l’Alberta offre également des incitatifs novateurs en R-D. L’Alberta Innovation Voucher Pilot Program, lancé en novembre 2008, fournit aux petites entreprises axées sur la technologie des bons d’innovation qui peuvent être utilisés comme moyen de paiement pour les services offerts par des fournisseurs agréés. La préférence est accordée aux entreprises des secteurs de croissance

38 Government of British Columbia, www.sted.gov.bc.ca/MIT/SBIIO/Documents/SectorProfile_ICT.pdf. Consulté le 27 novembre 2009. 39 Government of British Columbia, www.investbc.com/businessincentives.htm. Consulté le 27 novembre 2009. 40 Government of British Columbia, www.advancededucation.gov.ab.ca/technology/support/taxcredit.aspx. Consulté le 27 novembre 2009. 41 Government of Saskatchewan, www.finance.gov.sk.ca/Default.aspx?DN=7210d60f-4263-4bf8-9f59-dbbbd8d64f7a. Consulté le 27 novembre 2009. 42 Government of Manitoba, www.gov.mb.ca/ctt/invest/busfacts/govt/rd_taxcredit.html. Consulté le 27 novembre 2009. 50 émergents, notamment les TIC. La liste des fournisseurs de services approuvés comprend l’INN, TRLabs, NanoFab de l’Université de l’Alberta, l’Alberta Centre for Advanced Microsystems et Nanotechnology Products et l’Alberta Research Council.

Le gouvernement de l’Alberta soutient également divers groupes qui contribuent à dynamiser l’industrie des TIC. Par exemple, il soutient l’Alberta Deal Generator (ADG), qui facilite les investissements dans les entreprises de technologie à forte croissance de l’Alberta en leur donnant accès à son important réseau d’investisseurs accrédités. Le gouvernement de l’Alberta a aussi divers fonds de dotation, comme le fonds Access to the Future, de 3 G$, qui appuie des initiatives postsecondaires novatrices, et l’Alberta Ingenuity Fund, un fonds de science et de technologie d’un milliard de dollars qui encourage l’innovation. En outre, le gouvernement de l’Alberta a créé le Research and Development Associates Program qui donne aux entreprises de TIC deux années de soutien à la rémunération de récents diplômés à la maîtrise ou au doctorat qu’elles ont engagés pour effectuer des travaux de recherche (une allocation annuelle de 55 K$ et une allocation de recherche pouvant atteindre 7 K$).

Analyse de rentabilisation : une capacité de niveau mondial Notre analyse des données de l’étude PLI d’IBM montre que le secteur des TIC de l’Ouest canadien est compétitif à l’échelle mondiale dans les trois sous-secteurs considérés dans le présent rapport. Dans le secteur des communications sans fil, Vancouver et Calgary viennent respectivement au 18e et au 20e rang, si du point de vue de la qualité. Cela tient probablement au fait que le secteur des communications sans fil de ces deux villes se concentre sur certaines applications particulières, le géopositionnement, le développement des services de télécommerce sans fil et la mise au point de produits de développement de réseau de calibre transporteur. En outre, du point de vue de la rentabilité, ces deux villes de l’Ouest canadien se classent au 3e rang. Elles ont des structures de coûts comparables à celles de centres tels que Toronto, Montréal et Waterloo, et des structures de coûts supérieures à celles d’autres grappes de communications sans fil américaines internationales.

Dans les secteurs des jeux vidéo et des services logiciels, les données de l’étude PLI d’IBM montrent que les villes de l’Ouest canadien ont l’avantage du point de vue de la qualité et de la rentabilité. Dans le secteur des jeux vidéo, les structures de coûts de Winnipeg contribuent à lui conférer le 3e rang au monde, au même niveau que Séoul (qui a une énorme industrie du jeu vidéo), tandis que Victoria (4e) et Edmonton (4e) ne sont pas loin derrière. Vancouver, bien sûr, possède une grande industrie du jeu vidéo reposant sur Electronic Arts et d’autres. Du point de vue des coûts, cette ville présente toujours un attrait par rapport à des centres mondiaux comparables tels que San Diego, Toronto ou Tokyo.

Les indicateurs de l’étude PLI d’IBM montrent que le coût de la main-d’œuvre est moins élevé dans les villes de l’Ouest canadien que dans les villes comparables des États-Unis. Par exemple, une estimation des coûts annuels de la main-d’œuvre d’un centre de conception d’une grande entreprise de logiciels montre que les coûts s’élèveraient à 9,4 M$ à Winnipeg, à 9,5 M$ à Saskatoon et à 9,7 M$ à Edmonton, comparativement à 13,1 M$ à San Francisco. En outre, lorsque nous avons calculé le coût de la main-d’œuvre d’une société de jeux vidéo typique, nous avons constaté qu’il en coûterait 2,5 M$CAN à San Diego, mais 2,2 M$ à Vancouver, 2,1 M$ à Victoria, 2 M$ à Edmonton et 2 M$ à Winnipeg. À notre avis, le coût de la main- 51 d’œuvre moins élevé dans les villes canadiennes tient au fait que les entreprises doivent débourser moins pour fournir à leurs employés des avantages sociaux comme l’assurance-maladie. Il faut cependant garder à l’esprit qu’il s’agit uniquement du coût salarial et qu’il n’est pas tenu compte des crédits d’impôt accordés à l’emploi et à la formation offerts dans la plupart des États américains.

Les professionnels du secteur des jeux vidéo qui possèdent des compétences en logiciels et en production de médias numériques sont rares. Par conséquent, les entreprises de médias numériques et de jeux vidéo s’installent là où elles peuvent trouver ces travailleurs qualifiés. Vancouver est l’un des principaux centres au monde où il est possible de trouver un tel bassin de talents. Selon l’indice de l’étude PLI d’IBM sur la présence de travailleurs du secteur des jeux vidéo, Vancouver vient au quatrième rang parmi toutes les villes couvertes par l’étude, devancée seulement par Montréal, Toronto et Los Angeles. En plus d’avoir des travailleurs expérimentés, Vancouver compte aussi une importante population étudiante et un grand nombre de personnes qui travaillent dans l’industrie du cinéma. Ce regroupement de la production pour médias numériques et traditionnels est de plus en plus important, tandis que la frontière entre les médias numériques et traditionnels devient toujours plus floue.

Dans d’autres domaines comme les infrastructures, les impôts des sociétés, l’environnement général des affaires et la qualité de vie (qui sont tous des critères de décision clé pour les investisseurs étrangers), les centres de l’Ouest canadien se démarquent fortement.

Structure de l’industrie et dynamique de la concurrence : forte présence dans le domaine de la conception d’applications et de logiciels; manque de compétences dans les domaines des solutions de niveau transporteur des composants et des dispositifs Il ressort de l’analyse qui précède que l’industrie des TIC de l’Ouest canadien est robuste, avec des grappes bien établies un peu partout. Les investisseurs étrangers ont reconnu cet avantage de l’Ouest canadien et ont investi massivement dans la région. En conséquence, l’Ouest canadien a de fortes capacités dans les services d’ingénierie, les services d’infrastructure et les logiciels et services habilitants, ainsi qu’une forte expertise en conception de solutions pour les entreprises et les consommateurs, et bien entendu en élaboration de contenu numérique.

Par ailleurs, le survol des entreprises de TIC de premier plan de l’Ouest canadien nous indique que seulement quelques entreprises de cette région offrent des solutions et des composantes de niveau transporteur, et conçoivent et fabriquent des dispositifs. Cela est en partie le résultat de l’évolution de la région, mais c’est un facteur important qui doit être gardé à l’esprit lorsqu’on essaie d’attirer des IED de ce secteur dans l’Ouest canadien.

Dans le secteur des communications sans fil, développer (et vendre) des produits et des services de classe transporteur est absolument crucial, car les transporteurs sont au sommet de la chaîne de valeur des télécommunications. Le problème dans l’Ouest canadien (et même dans l’ensemble du Canada), c’est que l’industrie des transporteurs sans fil est protégée par des règlements sur les investissements étrangers qui empêchent à toutes fins pratiques les transporteurs internationaux de s’établir sur le marché canadien. L’arrivée d’un transporteur mondial (de la stature de 52 Vodafone, Orange, T-Mobile ou China Mobile) conduirait à la création de grappes de fournisseurs de technologies autour de lui et au renforcement du réseau de liens entre le siège social du transporteur et les fournisseurs de technologie qui leur permettraient de développer et de vendre leurs solutions à l’échelle mondiale. Pour le moment, les fournisseurs de technologie canadiens doivent s’en remettre aux foires commerciales et aux visites privées pour présenter leurs produits et services aux transporteurs internationaux. Autrement dit, la probabilité qu’un transporteur achète un produit ou un service pour mener ses activités internationales est plus grande si ses fournisseurs sont dans la même ville que lui, plutôt qu’à l’autre bout du monde.

Dans les industries des communications sans fil, des jeux et des logiciels de l’Ouest canadien, on compte sur les doigts d’une main les entreprises directement engagées dans la conception et la fabrication d’appareils ou de composants qui entrent dans l’infrastructure des télécommunications, des jeux et des appareils. La participation directe à l’écosystème des composantes et des appareils est également cruciale puisque, tout comme les transporteurs, les constructeurs de matériel sont au sommet de la chaîne de valeur des appareils et leur présence entraîne des retombées très positives pour les réseaux. C’est pourquoi San Diego, Waterloo, Chicago, Stockholm, Helsinki et Séoul jouissent de grappes technologiques aussi dynamiques, car il s’y trouve des fournisseurs d’infrastructures et d’appareils d’envergure mondiale tels qu’Apple, RIM, Motorola, LM Ericsson, Nokia et Nokia Siemens Network, Samsung et LG Electronics.

Nous estimons que l’industrie des TIC de l’Ouest canadien ne manque pas de moyens pour se développer à court et à moyen terme. Au cours des cinq prochaines années, selon Gartner, les segments les plus dynamiques du secteur du développement d’applications logicielles seront les outils de tests de sécurité répartis et de développement d’applications pour la plateforme Microsoft.NET. Sur ce marché du développement d’applications, important pour les entreprises de services logiciels de l’Ouest canadien, le facteur déterminant pour les vendeurs de services de conception d’applications sera leur incapacité de livrer, en temps opportun, des produits de qualité, de mener des activités de marketing efficaces et d’établir de bonnes voies de distribution43. Tous ces facteurs, ainsi que l’incertitude économique persistante et les pénuries de main-d’œuvre compétente dans les centres américains, auront pour résultat que les vendeurs de logiciels chercheront à faire plutôt leurs affaires à proximité de leurs principaux centres, une tendance qui favorisera les fournisseurs de l’Ouest canadien.

Dans le secteur des communications sans fil, le marché des applications a explosé ces deux dernières années avec l’introduction de l’iPhone. Les entreprises de l’Ouest canadien, qui se concentrent sur le développement d’applications sans fil, ont bénéficié de cet essor des applications et continueront à produire leurs solutions pour diverses plates-formes, car, selon nous, les experts de ce domaine dans l’Ouest canadien sont nombreux et très compétents.

Dans le secteur des jeux vidéo, l’expertise des Canadiens de l’Ouest est assez bien établie et la présence dans la région d’entreprises d’envergure mondiale semble mettre cette industrie à l’abri des menaces à court et à long terme.

43 Gartner Research Inc., « Market Trends: Application Development Slow but Steady, Worldwide, 2009-2013 ». 53

Conséquences pour l’investissement étranger direct : le secteur des communications sans fil a besoin d’intervenants de première catégorie, de transporteurs d’envergure mondiale et du capital de risque En ce qui concerne les stratégies pour attirer des investissements étrangers directs, nous estimons qu’il faut absolument travailler à attirer des intervenants de première catégorie, des transporteurs mondiaux et du capital de risque dans le secteur des communications sans fil. En effet, la plus forte croissance des marchés du logiciel et des jeux vidéo dépendra de la façon dont les applications seront introduites dans l’espace des appareils mobiles, par exemple dans des domaines comme la mobilité des entreprises et les jeux pour appareils mobiles. Une analyse des capacités de l’Ouest canadien montre que dans l’espace des communications sans fil, à l’exclusion d’un nombre limité d’investisseurs étrangers de première catégorie comme Nokia (et, dans une certaine mesure, Microsoft, qui a récemment investi en Colombie-Britannique), il y a peu de vendeurs internationaux de combinés téléphoniques ou d’infrastructures de télécommunications sans fil qui possèdent des installations importantes dans l’Ouest canadien. Comme dans le secteur de l’aérospatiale, la présence de ces entreprises a pour effet d’inciter leurs clients et fournisseurs à s’établir également dans l’Ouest canadien et contribue au développement de grappes qui se concentrent sur ces entreprises.

Un autre point qui doit retenir l’attention est d’assurer la présence permanente de transporteurs mondiaux de télécommunications sans fil dans l’Ouest canadien. Dans une certaine mesure, les lois canadiennes sur l’investissement étranger limitent les investissements directs que peuvent ces transporteurs mondiaux dans l’exploitation de réseaux au Canada (comme en témoigne la récente controverse sur les investissements d’Orascom Telecom dans Globalive). Cela a certainement un impact sur la force des relations entre les fournisseurs canadiens et leurs clients transporteurs mondiaux. Parallèlement, les transporteurs mondiaux ne cherchent pas seulement à établir des installations dans un pays ou une région en particulier : ils cherchent aussi les meilleures technologies et applications à leur disposition et ont des capitaux de risque à investir dans ces technologies et applications. À notre avis, la plupart des interactions entre les fournisseurs potentiels de l’Ouest canadien et les transporteurs mondiaux sont intermittentes. Les foires commerciales, les associations sectorielles et les rencontres privées ponctuelles qui résultent de ces interactions sont des moyens importants d’inciter les transporteurs mondiaux à investir dans les technologies mises au point par les entreprises de l’Ouest canadien. Il faudrait donc que ces interactions soient institutionnalisées par exemple par la création d’une foire mondiale permanente des télécommunications dans l’Ouest canadien ou des mesures incitant les transporteurs mondiaux à établir dans l’Ouest canadien un bureau de marketing qui ferait un lien permanent entre les entreprises de développement d’applications et de logiciels de l’Ouest canadien et leurs clients transporteurs mondiaux.

54

Un exemple de cette interaction est le Service Provider Investment Forum (SPIF), organisé chaque année par Wireless Innovation British Columbia (WINBC), conjointement avec le Conseil des télécommunications, en marge du Pacific Northwest Wireless Summit tenu à Vancouver. Le SPIF réunit chaque mois à San Francisco des représentants de transporteurs avec et sans fil, de services d’investissement de capital de risque et de divisions de R-D d’entreprises de services du monde entier. Les investisseurs du SPIF recherchent des investissements et des partenariats stratégiques dans des domaines comme les composantes, les appareils et les technologies habilitantes qui permettent d’appliquer des solutions d’entreprise et de contenu44. Depuis 2006, le SPIF a attiré les divisions de capital de risque de France Telecom, de NTT DoCoMo, de British Telecom et de Nokia, entre autres fournisseurs d’infrastructure et transporteurs mondiaux. L’institutionnalisation d’événements spécialisés comme ceux-ci ou le fait d’inviter les bureaux de développement des affaires de ces fonds mondiaux de capital de risque à s’établir dans l’Ouest canadien seraient des moyens efficaces d’aider à accroître les investissements de ces acteurs mondiaux dans la région.

§§

44 Voir www.winbc.org/Event_Centre/Events/WE01250701.aspx. Consulté le 29 novembre 2009. 55

Secteurs compétitifs axés sur l’innovation

Secteur de l’électronique à valeur ajoutée

56 Aperçu de la compétitivité mondiale : Secteur de l’électronique

Classement selon la cote de qualité de l’étude PLI d’IBM Classement selon l’indice de rentabilité de l’étude PLI d’IBM

Capacités de l’Ouest canadien dans le secteur de l’électronique à valeur ajoutée Le secteur de l’électronique à valeur ajoutée de l’Ouest canadien est très varié et englobe de nombreuses facettes des technologies liées au matériel. Parmi les secteurs clés particulièrement vigoureux, il y a : . l’optoélectronique; . les technologies éconergétiques; . le matériel informatique (y compris l’haptique, la robotique, la nanotechnologie, l’informatique quantique, la conception de semiconducteurs, les capteurs et les systèmes monopuce; . le traitement du matériel électronique à la fin de son cycle de vie.

Il importe de souligner que la capacité manufacturière du secteur canadien de l’électronique à valeur ajoutée, largement axé sur la conception et l’intégration, n’est pas très grande. Si les composantes à faible volume de production et à marge élevée de profit sont souvent fabriquées dans l’Ouest canadien, la plupart des entreprises de cette région choisissent de confier à des sociétés extérieures, surtout en Asie, la production des composantes à grand volume et à faible marge de profit.

Bon nombre de sous-secteurs de l’électronique à valeur ajoutée ont commencé en desservant les industries des ressources naturelles de l’Ouest canadien, comme la foresterie et l’exploitation minière, ainsi que les industries du transport, de l’automobile, de l’agriculture et du tourisme. Ces industries se sont mécanisées de plus en plus au fil des ans et les concepteurs de technologies novatrices de l’Ouest canadien se sont montrés à la hauteur du défi en trouvant des solutions éprouvées, rentables et respectueuses de l’environnement pour résoudre des problèmes techniques complexes. Ainsi, collectivement, les spécialistes des technologies de l’Ouest canadien excellent dans la conception de systèmes autonomes intégrés suffisamment résistants pour soutenir les conditions extrêmes fréquentes dans l’Ouest canadien, notamment en ce qui concerne la température, l’eau salée, l’humidité et les fortes vibrations. 57

Parallèlement, en raison de la dépendance chronique de l’Ouest canadien à l’égard des ressources naturelles, les fabricants canadiens de cette région ont acquis un avantage important : la valeur du cycle de vie, du berceau au tombeau. En particulier, le géant minier Teck fournit bon nombre des métaux précieux utilisés dans la fabrication du matériel électronique et recycle ce matériel à la fin de son cycle de vie afin de récupérer ces mêmes métaux.

Niveaux d’emploi, contribution au PIB et investisseurs étrangers importants Dans l’ensemble, l’industrie de la haute technologie contribue l’équivalent d’environ 5 % du PIB du Canada45 dont une part importante est attribuable au secteur de l’électronique. Dans l’Ouest du Canada, il existe au total 848 sociétés spécialisées dans la fabrication de produits informatiques et électroniques, et 423 dans l’appareillage et les composantes électriques. La Colombie-Britannique vient en tête des provinces de l’Ouest canadien, avec 660 entreprises dans ces sous-secteurs, bien que l’Alberta compte aussi un nombre important d’entreprises d’électronique à valeur ajoutée46.

Optoélectronique En 2007, l’industrie de l’optoélectronique de l’Ouest canadien a généré des recettes de 760 M$CAN. Ce sous-secteur englobe un certain nombre de technologies, dont la biophotonique, les techniques d’affichage, les technologies d’imagerie, les diodes électroluminescentes, la fabrication, le calcul et les mémoires optiques, les capteurs et l’énergie solaire.

La Colombie-Britannique compte environ 50 entreprises d’optoélectronique particulièrement actives dans les secteurs de la signalisation, de l’éclairage et des énergies de remplacement, qui ont généré un certain nombre d’entreprises dérivées novatrices. Les entreprises d’optoélectronique de la C.-B. emploient 2 010 personnes, tandis que les 95 entreprises de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba en emploient approximativement 2 99047.

Bon nombre de sociétés d’optoélectronique de l’Alberta se spécialisent dans les solutions pour les secteurs pétrolier et gazier, et l’industrie de l’optoélectronique de cette province est soutenue par l’Institut national de la nanotechnologie (INNT), l’Alberta Centre for Advanced Microsystems and Nanotechnology Products (ACAMP), l’Alberta Centre for Advanced Microsystems et l’équipe Nano-Alberta du gouvernement provincial.

Au nombre des sociétés de l’Ouest canadien dont les activités retiennent l’attention dans le secteur de l’optoélectronique figurent : Carmanah Technologies (à Victoria), GBL LED Lighting (à Vancouver), Photon Control Inc. (à Vancouver), Illumivision Inc. (à Edmonton), l’Imaging Systems Group Inc. (à Calgary), Immersive Media Corp. (à Calgary) et Channel Systems Inc. (à Pinawa, au Manitoba).

45 Manufacturiers et Exportateurs du Canada, http://cme-mec.ca/pdf/Outlook2020.pdf. Consulté le 12 décembre 2009. 46 Industrie Canada, www.ic.gc.ca/cis-sic/cis-sic.nsf/IDE/cis-sic334etbe.html#est1. Consulté le 12 décembre 2009. 47Voir www.copl.ulaval.ca/fileadmin/copl/documents/images/Actualites_et_evenements/ Dossier_Photonics_Spectra_09-09.pdf. Consulté le 12 décembre 2009. 58 Technologies éconergétiques En raison des forces de l’Ouest canadien en matière d’écotechnologie, il y a eu une augmentation rapide du nombre de sociétés spécialisées dans la fabrication de l’appareillage destiné à la production et à la distribution de l’électricité, ainsi que dans la fabrication de dispositifs de stockage et de transmission, d’accessoires et de matériel électronique pour le transport de l’électricité. La majorité des sociétés de technologie propre dans l’Ouest canadien se concentrent sur la production d’énergie et l’efficacité énergétique, et 89 % de leurs activités ont dépassé l’étape de la recherche et atteint celles de la mise à l’essai et du perfectionnement, ou de la production de recettes48.

La Colombie-Britannique compte 50 établissements spécialisés dans la fabrication d’appareillage pour la production et la distribution de l’énergie électrique, soit 8,4 % de la production totale au Canada. Parmi ces entreprises, 36 ont des employés, mais la plupart sont relativement petites : il y a 15 « micro-entreprises » (de 1 à 4 employés), 19 petites entreprises (de 5 à 99 employés), 2 moyennes entreprises (de 100 à 499 employés). La C.-B. ne compte aucun grand joueur. L’Alberta devance la C.-B. avec 59 sociétés (41 employeurs), mais comme en C.-B., la majorité d’entre elles sont relativement petites. Le Manitoba et la Saskatchewan ont très peu d’entreprises spécialisées dans ce domaine, mais une entreprise importante, de plus de 500 employés, est établie au Manitoba, et l’Ontario compte seulement 2 grands joueurs49.

Quant aux sociétés principalement engagées dans la fabrication de dispositifs de stockage et de transmission d’énergie électrique, et d’accessoires de transport du courant, la C.-B. mène le bal dans l’Ouest canadien, avec 114 établissements (71 employeurs), ou 17,8 % de la production totale au Canada. L’Alberta en a 57 en tout (35 employeurs), la Saskatchewan en compte 8 (5 employeurs) et le Manitoba, 16 (9 employeurs). La plupart de ces sociétés sont petites. La C.-B. a seulement 5 entreprises de taille moyenne, et la Saskatchewan et le Manitoba en ont seulement une chacune. Il n’y a aucune société de 100 employés ou plus50 en Alberta.

En C.-B., il y a aussi 39 établissements qui fabriquent du matériel électrique d’éclairage (22 employeurs), en comparaison de 16 (11 employeurs) en Alberta, de 3 (1 employeur) au Manitoba et de 0 en Saskatchewan. Aucune grande entreprise (de 500 employés ou plus) de l’Ouest canadien n’est spécialisée dans cette sous- catégorie, et seulement une moyenne entreprise en C.-B. (de 100 à 499 employés) y concentre ses activités. Toutes les autres sociétés exploitant ce créneau ont moins de 100 employés51.

En dépit de leur petite taille, bon nombre de sociétés énergétiques de l’Ouest canadien sont reconnues pour leur conception et leur application novatrices de solutions qui intègrent l’électronique pour rendre la production d’énergie plus rentable et plus respectueuse de l’environnement. Certaines sociétés de l’Ouest canadien utilisent des technologies éconergétiques, comme Delta-Q Technologies Corp., Energy Aware Technology Inc., Powertech Labs (une filiale de BC Hydro) et Manitoba Hydro.

48 Voir www.sdtc.ca/en/knowledge/Deloitte_SDTC_WesternCanadaCleantechReport.pdf. Consulté le 15 décembre 2009.

49 Industrie Canada, www.ic.gc.ca/cis-sic/cis-sic.nsf/IDE/cis-sic3353etbe.html. Consulté le 15 décembre 2009. 50 Industrie Canada, www.ic.gc.ca/cis-sic/cis-sic.nsf/IDE/cis-sic3359etbe.html. Consulté le 15 décembre 2009. 51 Industrie Canada, www.ic.gc.ca/cis-sic/cis-sic.nsf/IDE/cis-sic3351etbe.html. Consulté le 15 décembre 2009. 59

Matériel informatique Le matériel informatique comprend plusieurs sous-catégories, dont le stockage, les interfaces haptiques, l’informatique quantique, la robotique, les semiconducteurs et les capteurs.

Comme dans les autres grappes de haute technologie, le nombre d’entreprises de l’Ouest canadien spécialisées en matériel informatique a connu une croissance spectaculaire ces dix dernières années. Le tableau suivant donne une vue d’ensemble des entreprises de matériel informatique dans les provinces sélectionnées.

Tableau 4 : Entreprises de matériel informatique dans les provinces sélectionnées

Micro Petites Moyennes Grandes Total Pourcentage du Employeurs (1-4 empl.) (5-99 empl.) (100-499 empl.) (500+ empl.) total au Canada Colombie-Britannique 243 94 134 13 2 428 13,2 Alberta 185 68 106 10 1 335 10,4 Saskatchewan 18 3 13 2 0 35 1,1 Manitoba 34 13 20 0 1 50 1,5 Ontario 953 310 548 79 16 1 574 48,7 Total au Canada 1 921 622 1 128 146 25 3 234 100 Source : Industrie Canada. Voir : www.ic.gc.ca/cis-sic/cis-sic.nsf/IDE/cis-sic3351etbe.html.

L’Ouest canadien est le lieu d’établissement d’un certain nombre de sociétés innovatrices de matériel informatique, dont MacDonald, Dettwiler & Associates (MDA) (Richmond, C.-B.), Spark Integration Technologies (Vancouver), Intelligent Robotics Corporation (IRC) (Vancouver, C.-B.), D-Wave Systems (, C.-B.), Pacific Insight Electronics Corporation (Nelson, C.-B.), Corporation (Burnaby, C.-B.), Dynastream Innovations Inc. (Cochrane, Alberta), Control Innovations Inc. (Calgary, Alberta), Kayden Instruments (Calgary, Alberta), Scientific Instrumentation Ltd. (Saskatoon, Saskatchewan), International Road Dynamics (Saskatoon, Saskatchewan), SED Systems Ltd. (Saskatoon, Saskatchewan), Custom Circuits Ltd. (Regina, Saskatchewan) et SMT Research (Winnipeg, Manitoba).

Traitement du matériel électronique à la fin de son cycle de vie L’électronique contient une quantité considérable de métaux, dont des métaux précieux comme l’argent et l’or, et des métaux lourds dangereux comme le plomb, le cadmium et l’arsenic. En raison de l’accumulation des déchets électroniques dans notre monde centré sur la technologie, la gestion de la fin du cycle de vie du matériel fait de plus en plus partie de la chaîne de valeur globale de l’électronique.

L’Ouest canadien est un chef de file du recyclage des déchets électroniques en Amérique du Nord, surtout grâce à Ltd. et aux programmes régionaux gérés en tant que filiales de Global Electric Electronic Processing (GEEP) Inc. en Alberta et au Manitoba.

Installations de recherche et de développement (R-D) Notre étude montre que plus de 30 centres et groupes de recherche sont établis dans l’Ouest canadien. lls ont apporté de nombreuses innovations technologiques et entreprises dérivées dans le secteur de l’électronique à valeur ajoutée. Parmi les centres de recherche et d’innovation importants, il y a les suivants :

60 . Advanced Materials and Process Engineering Laboratory (AMPEL) – Université de la Colombie-Britannique : AMPEL est un centre de recherche multidisciplinaire conçu pour rassembler des groupes de recherche fondamentale et appliquée de haut niveau afin qu’ils collaborent à des recherches de pointe sur des matériaux, des dispositifs et des processus de transformation. Ses principaux secteurs de recherche comprennent l’électro- optique, les matériaux pour l’énergie durable, les nanocomposites, les nanomatériaux, la nanoscience et le génie, l’optoélectronique et les nanostructures, la cohérence quantique dans les nanostructures et les matériaux quantiques. . 4D Labs – Université Simon Fraser, Colombie-Britannique : 4D Labs est un centre de recherche axé sur les applications et les sciences, qui offre de multiples installations équipées aux chercheurs des universités, de l’industrie et de l’administration publique. 4D Labs s’emploie à accélérer la conception, le développement, la démonstration et l’application de matériaux de pointe et de nano-dispositifs, afin de rendre les outils technologiques plus efficaces, plus petits et moins coûteux. Ses principaux secteurs de R-D comprennent l’intégration des biosystèmes et de l’électronique, les piles à combustible, la magnonique, l’électronique moléculaire, les systèmes de contrôle de l’énergie passive, l’optoélectronique et la photovoltaïque. . Institut national de nanotechnologie, Alberta : L’Institut national de nanotechnologie (INNT) est un Institut de recherche pluridisciplinaire qui réunit des chercheurs des domaines de la physique, de la chimie, du génie, de la biologie, de l’informatique, de l’industrie pharmaceutique et de la médecine. Créé en 2001 et géré en partenariat par le Conseil national de recherches du Canada et l’Université de l’Alberta, il est financé conjointement par le gouvernement du Canada, celui de l’Alberta et l’Université. Ses travaux de recherche portent, entre autres, sur les dispositifs et les capteurs, la microscopie électronique, les matériaux d’ingénierie pour l’énergie, les matériaux et la chimie interfaciale, les dispositifs à échelle moléculaire, les nanosciences de la vie, la nanotechnologie et l’assemblage supramoléculaire à échelle nanométrique. . Quantum Computing Research Group – Université de Calgary, Alberta : La théorie de l’information quantique a le potentiel de révolutionner le traitement de l’information. Les appareils quantiques pourraient énormément accélérer les recherches de données, résoudre facilement des problèmes informatiques difficiles à résoudre avec les appareils existants comme les superordinateurs, produire de vrais nombres aléatoires et des clés cryptographiques indéchiffrables (capables de mieux protéger les communications), accroître la capacité de communication par une dense compression de l’information, donner des mesures ultra-précises et faire bien d’autres choses encore. En collaboration avec d’autres groupes et centres de recherche, le Quantum Computing Research Group mène des études sur des aspects du calcul dans les systèmes mécaniques quantiques, y compris les algorithmes quantiques, la théorie de la complexité quantique, la complexité de la communication quantique, la théorie de l’information quantique et les simulations par ordinateur de processus mécaniques quantiques.

61 . Manitoba HVDC Research Centre Inc. : Situé à Winnipeg, le Manitoba HVDC Research Centre a été créé conjointement en 1981 par Manitoba Hydro, Teshmont Consultants, Federal Pioneer et l’Université du Manitoba à titre de société de recherche sans but lucratif. Ce centre de recherche est devenu un chef de file mondial de la simulation de systèmes d’alimentation électrique, de l’analyse appliquée de réseaux d’électricité et des technologies connexes.

HVDC développe et commercialise une gamme de produits et services dans le monde entier, notamment le célèbre logiciel de simulation de réseau électrique PSCAD® (PSCAD®/EMTDC®) et le système de dépouillement des données en temps réel RTPMC. Le Centre emploie 28 personnes à plein temps, dont la plupart sont des ingénieurs professionnels et des spécialistes de la technologie.

Tableau 5 : Principaux centres de recherche en électronique de l’Ouest canadien

Centres et groupes de recherche en électronique à valeur ajoutée de l’Ouest canadien Province Groupe ou installation URL Colombie- Adaptive Optics Research Group – UVic http://www.engr.uvic.ca/~cbr/ Britannique Centre for Research in Electronic Materials (CREM) – SFU http://www.sfu.ca/chemistry/Research/materials/index.html Image Communication Lab – SFU http://www.ensc.sfu.ca/research/ Imager Laboratory for Graphics, Visualization and HCI – UBC http://www.cs.ubc.ca/labs/imager/ Integrated Systems Design Laboratory – UBC http://www.cs.ubc.ca/labs/isd Materials Science Group – SFU http://www.sfu.ca/chemistry/Research/materials/index.html Microsystems and Nanotechnology Research Group – UBC http://www.mina.ubc.ca/ Robotics and Control Laboratory – UBC http://rcl.ece.ubc.ca Robots and Mechanisms Laboratory – UVIC http://www.me.uvic.ca/~ram Signal, Image and Multimedia Processing Lab – UBC http://simpl.ece.ubc.ca/ System-on-a-Chip Research Group and Lab (SoC) – UBC http://soc.ece.ubc.ca TRI-University Meson Facility (TRIUMF) – Particle Accelerator www.triumf.ca/ Visualization and Human-Computer Interaction – UVIC S.O. Alberta Calgary Centre for Innovative Technology http://www.ucalgary.ca/uofc/Others/ccit/ Calgary Energy Research Institute http://www.ceri.ca/ Cramb Group – University of Calgary S.O. Electrical and Computing Engineering Research Facility (ECERF) – University http://www.engineering.ualberta.ca/ece/ of Alberta National Institute for Nanotechnology (NINT) – University of Alberta http://www.nint.ca/ Saskatchewan Centre canadien de rayonnement synchrotron http://www.lightsource.ca High Performance Computing Centre – University of Saskatchewan http://hpc.usask.ca/

Centre for Studies in Energy & Environment – University of Regina http://csee.eenv.uregina.ca/ Institute for Computer and Information Technology – University of http://www.cs.usask.ca/icit/ Saskatchewan Saskatchewan Structural Sciences Centre http://www.usask.ca/sssc/ TR Labs http://www.trlabs.ca/ Manitoba Applied Electromagnetic Laboratory – University of Manitoba www.ece.umanitoba.ca/research/appliedem.html Atomic, Molecular and Optical Physics Program – University of Manitoba http://www.physics.umanitoba.ca/research/programs/atomic.htm l Industrial Technology Centre www.itc.mb.ca Institute of Industrial Mathematical Sciences – University of Manitoba http://www.iims.umanitoba.ca

Intelligent Sensing for Innovative Structures (ISIS) www.isiscanada.com Manitoba HVDC Research Centre http://www.hvdc.ca Scanning Probe Microscopy and Nanofabrication Laboratory – University of http://www.ece.umanitoba.ca/node/15 Manitoba TR Labs http://www.trlabs.ca/ Source : IE Market Research Corporation.

Sociétés étrangères dominantes dans l’Ouest canadien L’Ouest canadien a attiré d’importantes multinationales du secteur de l’électronique à valeur ajoutée, notamment Eastman Kodak, Dolby Laboratories, Schneider Electric et Seiko Epson. La majorité des sociétés, situées dans le district régional du Grand Vancouver, s’y sont établies en acquérant des sociétés locales existantes.

3M : 3M Touch Systems est une société de technologie diversifiée qui offre des solutions sur un certain nombre de marchés, dont les suivants : soins de santé; affichage et graphisme; et services de sécurité et de protection. 3M Touch Systems était anciennement appelée Dynapro Technologies, une entreprise établie à Vancouver (Colombie-Britannique) qui employait 275 travailleurs. La Division des systèmes optiques de 3M en a fait l’acquisition en 2000.

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Bosch Group : Le Bosch Group est un important fournisseur mondial de produits et de services dans les secteurs des technologies automobiles et industrielles, des biens de consommation et des technologies du bâtiment. Bosch s’est établi dans l’Ouest canadien en achetant en 2007 l’entreprise Extreme CCTV, située à Burnaby, pour la somme de 93 M$CAN. Extreme CCTV était spécialisée dans la conception, le développement et la fabrication d’illuminateurs infrarouges avec fonctionnalités avancées et de produits de surveillance vidéo de haute précision.

Broadcom Corp. : La société Broadcom Corporation est un chef de file mondial de la fabrication de semiconducteurs pour communications avec et sans fil. Elle s’est établie dans l’Ouest canadien en acquérant en 1999 l’entreprise HotHaus Technologies, de Vancouver, pour la somme de 280 M$. HotHaus fabriquait des logiciels pour des processeurs de signaux numériques intégrés qui permettent la transmission de signaux vocaux numériques, de télécopies et de paquets de données sur des réseaux de communication de données, dont Internet.

Dolby Laboratories : En 2007, Dolby, une entreprise mondiale du secteur des technologies du divertissement, a acheté BrightSide Technologies, une entreprise axée sur le développement et les innovations en technologie d’affichage à gamme dynamique étendue pour les marchés du film, de la médecine, de la géophysique et de l’imagerie par satellite. Dolby Canada mène des activités de R-D sur l’imagerie à Vancouver.

Eastman Kodak Co. : Eastman Kodak est la société d’imagerie la plus novatrice du monde. Les Kodak Research Laboratories se sont établis dans l’Ouest en acquérant l’entreprise Creo Inc., située à Burnaby, qui offrait un vaste éventail de solutions graphiques numériques.

Honeywell International Inc. : L’entreprise Honeywell Video Systems (anciennement Silent Witness Enterprises), établie en C.-B., est une division de Honeywell International qui fournit des systèmes et des composantes de vidéo et de télévision en circuit fermé (CCTV) numériques, y compris du matériel d’application spécialisée et des systèmes de vérification des opérations financières.

Intel Corp. : Intel produit des processeurs quadricœurs pour bureau et serveurs grand public dans l’industrie des soins de santé. En 2003, Intel a acquis West Bay Semiconductor (à Vancouver), un concepteur de puces de réseau à haute vitesse et à haute densité permettant la transmission d’un signal vocal et de données sur un réseau optique synchrone ou un réseau optique à hiérarchie numérique synchrone.

Schneider Electric : Schneider Electric, un chef de file mondial de la distribution électrique, et de produits, systèmes, services et fournitures de contrôle et d’automatisation industriels, a pris une place importante dans l’Ouest canadien grâce aux acquisitions de Power Measurement (à Victoria), un concepteur et un manufacturier de systèmes énergétiques intelligents pour entreprises, et Xantrex Technology (à Vancouver), un fabricant de produits électroniques de puissance à fonctionnalités avancées et de systèmes destinés aux marchés de l’électricité renouvelable et mobile.

63 Seiko Epson Corporation : La société Seiko Epson est spécialisée dans les appareils novateurs d’imagerie numérique. Le Vancouver Design Center, qui appartient à cette entreprise, est un chef de file mondial de la conception de puces éconergétiques de carte contrôleur graphique à affichage à cristaux liquides pour les communications mobiles et les ordinateurs de poche.

Analyse de rentabilisation : Créneaux de sous-segments particuliers de l’électronique Notre analyse des données de l’étude PLI d’IBM nous donne un aperçu de la compétitivité mondiale du secteur de l’électronique dans l’Ouest canadien. Vancouver et Edmonton se sont classées 9e et 13e respectivement parmi 20 centres mondiaux d’après la cote de qualité de l’étude PLI d’IBM. En ce qui concerne l’indice de rentabilité, Vancouver et Edmonton se sont classées 7e et 4e respectivement.

Tout comme dans le secteur de l’aérospatiale, divers facteurs qualitatifs ont une influence sur le classement des centres de l’Ouest canadien au chapitre de la compétitivité : entre autres, le contexte commercial général, l’infrastructure et les milieux de vie. Cependant, les centres de l’Ouest obtiennent un classement relativement faible en ce qui a trait à la flexibilité du travail et de la réglementation, à la présence d’une grappe industrielle et à la possibilité locale de recruter des travailleurs qualifiés.

Nous aimerions souligner deux points concernant les comparaisons liées au secteur de l’électronique à valeur ajoutée de l’Ouest canadien. Premièrement, ce qui est révélateur dans les résultats de l’étude, c’est que les centres de l’Ouest canadien se classent sensiblement en dessous d’autres centres nord-américains, en particulier Toronto (2e) et San Jose (4e) sur le plan de la qualité, et à égalité avec les centres canadiens et américains de deuxième catégorie comme Ottawa, Waterloo et Raleigh-Durham. Deuxièmement, au regard de l’indice de rentabilité de l’étude PLI d’IBM, Edmonton se classe 4e, mais le 7e rang de Vancouver ne soutient pas la concurrence avec d’autres centres de deuxième catégorie comparables aux É.-U. ou au Canada. Ces grappes canadiennes et américaines ont reçu des investissements majeurs d’entreprises électroniques canadiennes et internationales.

De plus, en regardant les investissements étrangers passés dans le secteur de l’électronique de l’Ouest canadien, on constate que la plupart des gros investissements ont été des acquisitions stratégiques, par des sociétés étrangères mondiales, d’entreprises de l’Ouest canadien dont les produits particuliers ajoutaient de la valeur à leur propre éventail de produits. La plupart des investissements importants décrits ci-dessus ont été des acquisitions stratégiques, ce qui indique les fortes capacités de l’Ouest canadien dans des créneaux particuliers des applications électroniques.

Structure de l’industrie et dynamique de la concurrence : l’Ouest canadien a de solides joueurs dans le domaine des technologies habilitantes, mais une capacité minimale de fabrication de produits électroniques Notre analyse des capacités de l’Ouest canadien dans le secteur de l’électronique montre que l’industrie comporte de solides joueurs dans des créneaux particuliers, qui ont développé au fil des ans des technologies et des produits habilitants utilisés dans des segments variés de l’industrie électronique dans le monde entier. Des sociétés comme MDA, Spark Integration Technologies, PMC-Sierra, D-Wave Systems, SED Systems et les divisions de l’Ouest canadien de 3M, de Broadcom, de 64 Dolby et d’Eastman Kodak ont créé un éventail intéressant de produits et services électroniques actuellement utilisés dans le monde entier par d’importantes entreprises de fabrication de dispositifs intégrés (FDI) et de services d’assemblage et d’essai de semiconducteurs (SAES). Les plus récents acteurs dans les secteurs de l’optoélectronique et de la technologie éconergétique de l’Ouest canadien suivent la même voie, en développant des produits habilitants de créneaux particuliers, utilisés dans leurs chaînes de valeur mondiales respectives.

Les deux principales tendances mondiales en électronique au cours des dix dernières années ont été : 1) un mouvement vers la capacité de fabrication finale de la région de l’Asie-Pacifique; et 2) d’importantes réductions de coûts par les entreprises de FDI et de SAES partout dans le monde. Selon Gartner Research, pendant les cinq dernières années, la capacité d’intégration, d’assemblage et d’essai électronique est passée de plus en plus de FDI (comme Intel, NEC Electronics, Toshiba, Resesas et Spanslon) à des entreprises de SAES (comme Powertech Technology Inc., Chipbond Technology, Amkor et Nakaya Microdevices)52. Les études de Gartner Research ont aussi révélé que 15 des 18 installations planifiées dont la production devait commencer en 2009 ou 2010 sont situées dans la région de l’Asie-Pacifique, dont 6 en Chine53.

Le mouvement de la production électronique vers la région de l’Asie-Pacifique est principalement causé par la structure des coûts. La structure de l’industrie et les investissements mondiaux dans l’électronique sont grandement influencés par les coûts. Ceux-ci seront encore plus importants à court et à moyen terme, étant donné les effets profondément néfastes qu’a eu la récente récession mondiale sur l’ensemble de l’industrie de l’électronique. Selon Gartner Research, en 2008 et en 2009, l’ensemble de l’industrie des semiconducteurs, y compris les fonderies et les entreprises de SAES, devait connaître des pertes supérieures à 22 G$54 (comparativement à 10 G$ en 2008). Les coûts de fabrication constituent le facteur le plus déterminant de la rentabilité dans le secteur de l’électronique, et peuvent représenter jusqu’à 80 % des recettes dans des sous-secteurs comme les semiconducteurs de mémoire, 50 % dans celui des autres semiconducteurs et 70 % dans ceux de la fonderie et des SAES55. De plus, les coûts de fabrication comprennent des coûts variables comme ceux des matières premières, des produits chimiques et de l’électricité, aussi modérément échelonnables : les bénéfices des économies d’échelle sont donc cumulés dans les installations à grande production et aux taux d’utilisation de la capacité élevés. La profonde récession qu’a récemment connue l’industrie de l’électronique a montré que les sociétés sont réticentes à réduire les coûts de la main-d’œuvre à court terme, étant donné leurs investissements considérables dans la formation et le perfectionnement de leurs employés. Par contre, les entreprises de FDI et de SAES sont plus qu’heureuses de réduire leurs dépenses de R-D pendant les ralentissements pour réaliser des économies de coûts à court terme56.

52 Gartner Research. « Back-End Manufacturing Capacity Continues its Shift to Asia/Pacific », Dataquest Insight (29 septembre 2009). Consulté le 1er novembre 2009. 53 Ibid. 54 Gartner Research. « Semiconductor Profitability Marred by Continuing Losses in Memory Sector », Dataquest Insight (21 juillet 2009). Consulté le 1er novembre 2009. 55 Ibid. 56 Ibid. 65

Tous ces facteurs indiquent que, sur le plan de la capacité de fabrication de base, certains centres de l’Ouest canadien comme Edmonton et Vancouver sont en concurrence directe avec des centres mondiaux comme Shanghai et Taipei. Sans une réduction majeure des coûts dans l’Ouest canadien, les entreprises mondiales de FDI et de SAES n’envisageront pas d’investir dans des centres de l’Ouest canadien. Il manque aussi à ces centres la grappe bien établie de fournisseurs, nécessaire pour attirer la capacité de fabrication des semiconducteurs.

Devant les effets débilitants de la récession mondiale sur l’industrie de l’électronique, on peut penser que les tendances passées à la réduction des coûts et à l’acquisition stratégique de propriété intellectuelle continueront de s’accélérer dans cette industrie au cours des deux à cinq prochaines années. Une étude menée par Gartner Research ces trois dernières années (2006-2009) a montré que seules 19 (ou 10 %) des 191 entreprises privées de semiconducteurs recensées par Gartner ont été créées après 200657. Ce nombre est bas à l’échelle mondiale, mais il montre que la dynamique de la concurrence industrielle a entraîné une réduction du nombre d’acteurs mondiaux au sommet de la chaîne de valeur de l’électronique. Or, ces grands acteurs ont beaucoup de pouvoir sur les petites sociétés technologiques, y compris dans l’Ouest canadien, et auront un rôle essentiel à jouer dans le financement et l’orientation technologique des jeunes entreprises de l’électronique du monde entier.

L’étude de Gartner a aussi révélé qu’environ 25 % des exemples d’investissements venaient, entre autres, de plus grands fournisseurs de dispositifs ou de services ou d’équipementiers. Il existe de nombreux exemples de ces types d’investissements dans l’Ouest canadien, comme ceux que nous avons soulignés précédemment. Fait révélateur, dans l’étude de Gartner, le montant total des investissements déclarés dans les entreprises de semiconducteurs en 2008 et 2009 a été de 756 M$, les sociétés de semiconducteurs pour communications avec et sans fil, de technologie d’identification par radiofréquence (IRF), et de gestion de l’énergie ayant attiré des investissements considérables. Dans ce cas aussi, les chiffres sont bas, mais la tendance des investissements et des acquisitions stratégiques dans le sous-segment des communications de l’industrie des semiconducteurs présage bien des acquisitions stratégiques étrangères dans l’Ouest canadien.

Photovoltaïque : Un secteur susceptible de changer la donne dans l’Ouest canadien Selon nous, le marché de la photovoltaïque (PV) nord-américain entre dans un stade de croissance, principalement généré par les modifications législatives apportées aux États-Unis. En 2009, le gouvernement fédéral américain a adopté l’American Recovery and Reinvestment Act (appelée ci-après la Recovery Act), qui comporte d’importantes mesures incitatives pour les investissements dans de nombreux aspects de la production d’énergie renouvelable. Pendant que les médias canadiens fixaient leur attention sur les dispositions Buy American (« achetez américain ») touchant l’industrie de la construction et de la sidérurgie, la Recovery Act apportait une pléthore de mesures touchant l’énergie solaire, notamment des subventions à l’énergie renouvelable, des crédits à l’investissement dans la fabrication, des programmes de garantie de prêts, du financement subventionné, des obligations

57 Gartner Research, « Private Semiconductor Company Directory, 2009 », Dataquest Insight (27 novembre 2009). Consulté le 16 décembre 2009.

66 rattachées à l’énergie renouvelable, et le financement des technologies de réseaux intelligents (smart grid). De plus, en 2008, le Congrès américain a adopté une loi pour étendre à huit ans le crédit d’impôt fédéral de 30 % à l’investissement dans les installations solaires et levé les restrictions sur les projets des entreprises de services publics et les projets résidentiels admissibles.

En plus des initiatives fédérales mentionnées ci-dessus, les gouvernements étatiques ont mis en œuvre de nombreux programmes dans le secteur de la photovoltaïque (particulièrement en Californie). La California Solar Initiative, le Multifamily Affordable Solar Housing (MASH) Program et le New Solar Homes Partnership ont maintenant des budgets pluriannuels combinés de plusieurs milliards de dollars.

Ce nouveau pôle de la PV aux É.-U. pourrait avoir des conséquences importantes pour les sociétés de l’Ouest canadien. La structure de la chaîne de valeur de la PV est très différente de celle de l’industrie traditionnelle de l’électronique axée sur les semiconducteurs. Comme la production de lingot/tranche de silicium, de cellules et de modules, et l’intégration des systèmes visent des créneaux particuliers très variés qui n’exigent pas de grands investissements de capitaux dans des usines de fabrication, des activités de R-D ou autres, les sociétés de l’industrie de la PV de l’Ouest canadien sont bien placées pour tirer profit de ce récent changement dans les politiques américaines en matière d’énergie solaire.

Conséquences pour l’investissement étranger direct : Partenariat avec les clients en aval de la PV Notre analyse de l’industrie de l’électronique dans l’Ouest canadien montre que les investissements des sociétés étrangères se sont limités à des acquisitions stratégiques de portefeuille de propriété intellectuelle dans des créneaux particuliers développés dans l’Ouest. Nous pensons que cette tendance se maintiendra et que les investissements futurs des acteurs mondiaux serviront uniquement à financer des acquisitions stratégiques liées à la propriété intellectuelle ou des activités de développement de la propriété intellectuelle de jeunes entreprises dans des secteurs comme la nanotechnologie.

Comme dans le secteur de l’aérospatiale, pour s’ancrer dans la région, l’industrie de l’électronique à valeur ajoutée a besoin qu’une grande entreprise mondiale de FDI ou de SAES s’y établisse. Toutefois, la structure de coûts actuelle dans l’Ouest canadien et l’absence de grands équipementiers dans tout sous-segment de l’électronique (comme les ordinateurs personnels et les appareils mobiles) donnent à penser que cela n’est pas prêt d’arriver.

§§

67 Secteurs compétitifs axés sur les ressources

Secteur de la transformation des céréales et des aliments

68 Aperçu de la compétitivité mondiale : Secteur de la transformation des céréales et des aliments

Classement selon la cote de qualité de l’étude PLI d’IBM Classement selon l’indice de rentabilité de l’étude PLI d’IBM

Capacités de l’Ouest canadien dans le secteur de la transformation des céréales et des aliments : fortes capacités de transformation des céréales, des bovins et des biocombustibles Peu importe la mesure utilisée, l’Ouest canadien peut être décrit comme le centre de production céréalière, bovine et de biocombustibles de l’Amérique du Nord. La valeur totale des secteurs de transformation des céréales et des aliments (sauf les cultures agricoles) en Alberta, au Manitoba et en Saskatchewan dépassait 16,6 G$ en 200758, l’Alberta comptant pour 10,8 G$ des ventes, le Manitoba pour 3,6 G$ et la Saskatchewan pour 2,4 G$ en 2008 (aucune statistique récente sur la C.-B. n’était disponible).

L’industrie de la transformation des céréales et des aliments de l’Alberta est dominée par la transformation des produits de la viande. En 2007, ce secteur était à l’origine de ventes de 5,4 G$ (ou environ 33 % de la transformation des céréales et des aliments dans les trois provinces de l’Ouest). D’autres secteurs importants en Alberta sont ceux de la mouture des céréales et des oléagineux (1,1 G$ de ventes en 2007) et de la fabrication de boissons non alcoolisées (779,9 M$ de ventes en 2007). Les 3,5 G$ de ventes restants englobent les produits d’originale animale et les aliments pour animaux, les produits laitiers, les produits de boulangerie et tortillas, les aliments de grignotage, les fruits et légumes, les aliments de spécialité et d’autres produits alimentaires industriels.

58 Gouvernement de l’Alberta, Alberta Agriculture Statistics Yearbook 2007. Year in Review. www1.agric.gov.ab.ca/$department/deptdocs.nsf/All/sdd12270/$FILE/yearinreview.pdf, p.1. Consulté le 25 novembre 2009. Gouvernement de la Saskatchewan, Ministry of Agriculture, Agricultural Statistics Fact Sheet, décembre 2008. www.agriculture.gov.sk.ca/Default.aspx?DN=6dae21c7-fdfe-4e7d-bd31-ddcb176618f4, p. 2. Consulté le 25 novembre 2009. Gouvernement du Manitoba, www.gov.mb.ca/agriculture/statistics/aac10s16.html. Consulté le 25 novembre 2009.

69 L’industrie de la transformation des céréales et des aliments du Manitoba, d’une valeur de 3,6 G$, est dominée par d’intenses activités dans les secteurs de la mouture du blé, de l’avoine et des grains destinés à l’alimentation animale, du broyage des oléagineux et de la mouture du lin. Le Manitoba est un important fournisseur mondial d’avoine moulue et son industrie de broyage de céréales et d’oléagineux a exporté pour 642 M$ de produits de meunerie en 2008. Un certain nombre de sociétés agro-alimentaires mondiales (dont bon nombre sont canadiennes) sont établies au Manitoba, notamment la Commission canadienne du blé, Cargill Limited, Intercontinental Exchange Inc., Bunge, Emerson Milling, Can-Oat Milling (division de Viterra Inc.), Richardson International, Parrish and Heimbecker, Agricore United et Keystone Grain.

L’industrie de la transformation des céréales et des aliments de la Saskatchewan, d’une valeur de 2,3 G$, comprend plus de 300 entreprises et plus de 6 100 employés. Elle est dominée par les usines de mouture des céréales et des oléagineux, principalement destinés à la consommation nord-américaine. La Saskatchewan produit aussi plus de 1 G$ de bovins annuellement, devenant ainsi la deuxième province productrice en importance au Canada (après l’Alberta). En 2007, il y avait en tout 22 000 producteurs de bovins dans la province, avec un total de 1,5 M de vaches de boucherie. La province compte dix usines de transformation du bœuf sous inspection provinciale et sept sous inspection fédérale. Les produits du bœuf qui viennent de ces usines sont vendus sur les marchés de détail et de gros, de l’hôtellerie, de la restauration et des spécialités.

Le sous-secteur des biocombustibles est en croissance en Saskatchewan. Cette province est la plus grande source de biomasse agricole du Canada. Chaque année, les agriculteurs de la Saskatchewan produisent en moyenne 13 M de tonnes de blé, 4,6 M de tonnes de canola et 5,3 M de tonnes d’orge. Cette importante production rend la Saskatchewan particulièrement apte à fabriquer des biocombustibles, dont l’éthanol, le biodiesel et le biogaz. Trois usines d’éthanol sont actuellement en exploitation en Saskatchewan. Au total, ces trois usines produisent 167 M de litres d’éthanol par année et leur capacité totale devrait grimper à 1 G de litres d’éthanol et à 400 M de litres de biodiesel d’ici la fin de 2010. Un nouveau marché dérivé des coproduits de la production d’éthanol à base de blé commence à se développer. Les drêches de blé avec solubles (DDGS) renferment beaucoup d’énergie, de protéines et de fibres. Elles peuvent servir de complément énergétique et protéinique à diverses espèces d’animaux d’élevage. La Saskatchewan a actuellement 150 000 tonnes de drêches de blé à vendre, quantité qui devrait augmenter à 300 000 tonnes avec l’ouverture d’une nouvelle usine d’éthanol. Potash Corp. et Viterra Inc. (anciennement la Saskatchewan Wheat Pool) assurent aussi une forte présence mondiale en Saskatchewan dans l’industrie de la transformation des céréales et des aliments.

70 Analyse de rentabilisation : avantages à l’échelle mondiale Notre analyse des résultats de l’étude PLI d’IBM montre que les centres de transformation des céréales et des aliments de l’Alberta, du Manitoba et de la Saskatchewan offrent plus d’avantages que les centres américains concurrents, sur les plans de la rentabilité et de la qualité. Des villes comme Brandon, au Manitoba, Medicine Hat, en Alberta, Red Deer, en Alberta, et Regina, en Saskatchewan, offrent une économie de coûts de 10 à 15 % par rapport à d’importants centres américains comme Wichita, Sioux Falls et Lubbock.

Les principaux avantages de l’Ouest canadien comprennent l’accès direct aux matières premières (entre autres, les céréales et le bétail), les faibles coûts du transport et de la chaîne frigorifique, les installations de R-D de calibre mondial dans les trois provinces de l’Ouest canadien et l’intégration du secteur agricole dans les chaînes de valeur mondiales, en raison de la présence de grosses multinationales au Canada et du fait que certaines sociétés canadiennes comme la Commission canadienne du blé, Viterra Inc. et Agricore United, sont elles-mêmes d’importants acteurs mondiaux de l’industrie de transformation des céréales et des aliments.

Structure de l’industrie et dynamique de la concurrence : compétitivité mondiale et concurrence locale Il est intéressant de souligner la structure de l’industrie de transformation des céréales et des aliments du Canada, et le rôle important joué par les investisseurs étrangers dans le développement de ce secteur au Canada.

Dans le secteur du bœuf, par exemple, la transformation des bovins dans l’Ouest canadien a été dominée par deux sociétés américaines : Cargill Inc. et (jusqu’à récemment) Tyson Inc. L’usine de transformation de la viande de Cargill Meat Solutions à High River, en Alberta, et l’usine Lakeside de XL Foods, à Brooks, en Alberta (achetée en 2009 par IBP Tyson) détiennent ensemble 95 % du marché canadien de l’abattage du bovin gras. La majorité du bœuf en caisse carton canadien est exporté vers le marché américain, grâce aux investissements des sociétés Cargill et Tyson.

Dans le traitement et la manutention des céréales, les sociétés établies aux É.-U. ont joué un rôle important en stimulant les développements concurrentiels au Canada et en permettant aux sociétés et aux coopératives canadiennes de faire face à la concurrence mondiale. Face aux coûts élevés de la modernisation des moulins obsolètes aux É.-U., les meuneries américaines ont commencé à acheter des moulins canadiens pour répondre à la demande croissante de produits céréaliers sur les marchés américains. Depuis 1990, les meuneries américaines ont investi des sommes considérables dans l’industrie meunière canadienne. En Saskatchewan, Grain Millers (Minnesota) a acquis Popowich Milling à Yorkton en 2001 et, en 2002, une société du Michigan, Dawn Food Products, a acheté CPS Foods de Wheat Pool, ainsi que Humboldt Flour Mills Ltd. En 2002, Agriculture et Agroalimentaire Canada a estimé à plus de 70 % la capacité de mouture de blé du Canada contrôlée par des intérêts américains59.

59 Agriculture et Agroalimentaire Canada, Le Bulletin bimensuel, vol. 15. no 14 (19 juillet 2002). p. 2. http://dsp- psd.pwgsc.gc.ca/Collection/A27-18-15-14F.pdf. Consulté le 15 décembre 2009. 71 Ces développements et investissements dans la capacité de production par des sociétés comme Cargill, Bunge, Archer Daniels Midland, Louis Dreyfus Mitsui Foods ont entraîné la restructuration de certains établissements canadiens importants, en particulier la formation de Viterra par Agricore United et le Saskatchewan Wheat Pool.

Un examen des antécédents de l’investissement étranger direct (IED) dans le secteur agricole canadien révèle que les politiques canadiennes sur les investissements au pays sont assez libérales et que des secteurs importants comme la meunerie et la transformation des aliments sont ouverts aux intérêts étrangers. De plus, dans les secteurs comme la distribution des semences et des produits chimiques et la génomique, les politiques canadiennes sur les investissements ont incité de nombreuses sociétés à investir au pays, dont Monsanto, Bayer, Syngenta, CF Industries et Terra Industries. Comme nous l’avons mentionné précédemment, la présence de ces acteurs mondiaux a encouragé des activités de fusion et d’acquisition parmi les sociétés canadiennes et entraîné la création de sociétés agroalimentaires d’envergure mondiale dans l’Ouest Canadien. Au nombre de ces sociétés figurent Potash Corp., Viterra Inc., la Commission canadienne du blé et XL Foods.

Néanmoins, tout le monde n’approuve pas cette évolution des industries de la transformation des céréales et des aliments dans l’Ouest canadien. Les agriculteurs et les éleveurs canadiens s’inquiètent beaucoup du niveau élevé de concentration dans ces secteurs à valeur ajoutée, qui réduit effectivement les recettes agricoles60. Certains producteurs du secteur primaire réclament vivement les changements suivants : l’élargissement des programmes de financement public d’amélioration génétique des plantes et des animaux; l’établissement de droits de conservation, de réutilisation, d’échange et de vente des semences; des modifications aux systèmes actuels d’enregistrement et d’annulation de l’enregistrement des variétés pour stopper l’introduction de graines génétiquement modifiées; et l’établissement de règles de concurrence claires pour empêcher qu’il y ait d’autres fusions dans des secteurs comme la commercialisation et la manutention des céréales.

En effet, il est de plus en plus difficile de trouver le juste équilibre entre la viabilité des secteurs agricoles et les demandes imposées par la nature mondiale du marché agricole d’aujourd’hui, où l’envergure est un facteur déterminant de l’efficacité et de la compétitivité mondiale. À un niveau, la réponse a été uniquement canadienne : la création de Viterra Inc. ou la fermeture de Potash Corp. a entraîné des activités mondiales pour des sociétés détenues principalement par des intérêts canadiens. Ces sociétés agricoles et d’autres établies dans l’Ouest canadien sont concurrentielles à l’échelle mondiale et achètent leurs intrants principalement de sources canadiennes. Néanmoins, il est difficile de nier la crise agricole dans l’Ouest canadien et les effets importants de la mondialisation sur les agriculteurs de cette région.

60 Voir le site du Syndicat national des agriculteurs, Canada’s Farm and Food Sectors, Competition and Competitiveness, and a Path Out of the Net Farm Income Swamp. Rapport préparé par le Syndicat national des agriculteurs pour le Comité permanent sur l’Agriculture de la Chambre des communes, le 11 juin 2009. 72 Conséquence pour l’investissement étranger direct : cibler les investissements plus restreints, mais à plus grande valeur ajoutée, et les marchés internationaux Jusqu’à maintenant, les investissements dans l’industrie de la transformation des céréales et des aliments de l’Ouest canadien se sont limités aux gros investissements et à des fusions et acquisitions dans les secteurs de la transformation primaire, comme la mouture et la distribution des céréales ou la production de bœuf en carton dont les opérations dans l’Ouest canadien sont verticalement intégrées à d’autres marchés, principalement américains. Clairement, même si les possibilités de fusion dans des secteurs comme la mouture et la distribution des céréales, et la production de fertilisants existeront toujours en Amérique du Nord et dans le monde, de véritables possibilités de croissance mondiale se présentent aussi dans des secteurs comme les aliments fonctionnels ou nutriceutiques, les produits de santé naturels et la production de biocombustibles.

Les investisseurs étrangers sont assujettis à un certain nombre de contraintes, uniques au secteur agricole, lorsqu’ils cherchent des endroits où faire des investissements à plus grande valeur ajoutée. Les principaux facteurs qui entrent en jeu sont les suivants :

1) Les cycles d’investissement : Comme la production et la distribution agricoles ont un coût fixe élevé à tous les stades de la chaîne de valeur, les entrepreneurs ont tout intérêt, du début à la fin, à stabiliser les volumes traités, à contrôler le rythme de production, à optimiser l’utilisation de la capacité et à satisfaire aux exigences réglementaires. Pour ce faire, la plupart des transformateurs et distributeurs ont rapproché leurs installations des consommateurs et n’investissent dans de nouvelles usines et activités qu’au moment où les installations dans lesquelles ils ont investi arrivent à la fin de leur cycle de vie. De plus, les nouveaux investissements impliquent non seulement une nouvelle usine, mais aussi une chaîne de valeur différente où les matières premières et la distribution aux grossistes, aux intermédiaires et aux détaillants doit être aussi ou plus efficace que les chaînes de valeur existantes. 2) Les cycles technologique et réglementaire : L’intégration verticale de l’industrie canadienne des bovins à celle des É.-U. montre bien l’influence que peuvent exercer les cycles technologique et réglementaire sur l’investissement étranger dans une industrie. Pendant les années 1990, les approches conventionnelles de la production de bœuf et de porc ont changé radicalement, la technologie de contrôle des maladies et les changements réglementaires ayant causé en grande partie l’intégration verticale de toutes les parties de la chaîne de valeur du bœuf, des aliments pour le bétail à la transformation en passant par l’élevage vache-veau, le stockage, la semi-finition, la finition et l’emballage, etc. Autrement dit, lorsqu’il y a des changements technologiques et réglementaires (dans des secteurs comme les aliments emballés), les investisseurs étrangers cherchent les endroits qui répondent le mieux aux exigences liées à la chaîne de valeur; 3) Les cycles de vie des produits : Une contrainte majeure à laquelle sont confrontés les investisseurs étrangers lorsqu’ils cherchent un endroit où faire des investissements à plus grande valeur ajoutée dans l’Ouest canadien (ou ailleurs) est le caractère périssable de bon nombre de produits alimentaires. Cette simple réalité explique que la chaîne de valeur en entier et l’industrie de la chaîne frigorifique ont suivi le rapide mouvement des matières premières agricoles des fermes vers des endroits plus proches des consommateurs, mouvement qui a réduit les autres activités de transformation près des fermes. Compte tenu du climat d’ouverture en matière d’investissement au Canada, il n’est donc pas 73 étonnant que la plupart des grands investissements dans l’Ouest canadien se soient faits dans l’industrie de la transformation primaire des produits agricoles de base. Cependant, dans ce cas aussi, à mesure que s’étendront les cycles de vie des produits grâce à l’utilisation des technologies et à la réglementation, les activités de transformation secondaire devraient s’intensifier dans l’Ouest canadien.

C’est pourquoi il importe, selon nous, de stimuler les investissements par les fabricants de produits alimentaires de créneaux qui ciblent les consommateurs finaux, et d’encourager ces sociétés à établir des usines et à mener leurs activités dans l’Ouest canadien. Les producteurs d’aliments fonctionnels et nutriceutiques, de produits de santé naturels sont particulièrement concernés ici, car la chaîne de valeur des aliments fonctionnels et des nutriceutiques diffère de celle du modèle alimentaire conventionnel. Trois composantes s’ajoutent à cette chaîne de valeur : la recherche, le développement des technologies et la commercialisation des produits61. Si ces trois composantes sont aussi présentes dans la chaîne de valeur des produits conventionnels, elles n’y tiennent généralement pas une grande place. En ce qui a trait aux aliments fonctionnels et nutriceutiques, la recherche scientifique et le développement des technologies sont souvent les forces motrices du développement de produits et la commercialisation prend alors une plus grande importance.

Il importe de souligner que l’Ouest canadien a certaines grandes installations de R-D dans le secteur du développement des aliments fonctionnels. Le Richardson Centre for Functional Foods and Nutraceuticals, de l’Université du Manitoba, est le seul centre spécialisé dans la R-D des aliments fonctionnels et des nutriceutiques. Notre étude indique que, même s’il existe d’autres centres de ce genre ailleurs, le Richardson Centre est le seul qui vise exclusivement le développement d’un marché pour cette catégorie de produits alimentaires.

§§

61 Agriculture et Agroalimentaire Canada, Avantages potentiels des aliments fonctionnels et des produits nutraceutiques pour l’industrie agroalimentaire au Canada, www4.agr.gc.ca/AAFC-AAC/display-afficher.do?id=1172236805144&lang=fra. Consulté le 26 novembre 2009. 74 Secteurs compétitifs axés sur les ressources

Secteur des produits chimiques industriels

75 Aperçu de la compétitivité mondiale : Secteur des produits chimiques industriels

Classement selon la cote de qualité de l’étude PLI d’IBM Classement selon l’indice de rentabilité de l’étude PLI d’IBM

Please change th for e in french figures: 10e, 9e, etc. Except for 1st: 1re

Capacités de l’Ouest canadien dans le secteur des produits chimiques industriels : une forte compétitivité mondiale Le secteur canadien des produits chimiques industriels compte parmi les plus importants au pays dans l’industrie de la fabrication en général, en plus d’arriver au troisième rang au chapitre de l’exportation de biens fabriqués. À l’échelle du pays, il représente 3 000 entreprises qui emploient environ 78 000 personnes62. Neuf des dix principales sociétés de l’industrie chimique dans le monde ont des installations au Canada63.

Axées sur les technologies, les entreprises qui composent le secteur des produits chimiques industriels emploient un nombre élevé de travailleurs du savoir hautement spécialisés dans un vaste éventail de disciplines, y compris la chimie, l’informatique et le génie mécanique et chimique. Forte d’abondantes ressources naturelles exploitées pour la fabrication de produits pétrochimiques et de produits chimiques organiques, l’Alberta peut se targuer d’être la deuxième plus importante région manufacturière dans le secteur pétrochimique au pays64.

L’industrie chimique de l’Ouest canadien englobe les secteurs ci-dessous.

Produits pétrochimiques Le secteur des produits pétrochimiques de l’Ouest canadien est centré sur la production d’éthylène. Outre la forte présence de mégasociétés pétrochimiques étrangères, comme Dow Chemical et NOVA, sur son territoire comme ailleurs dans l’Ouest du Canada, l’Alberta se distingue par quatre grandes usines d’éthylène, dont deux figurent parmi les plus importantes au monde65.

62 Bureau Investir au Canada, http://investiraucanada.gc.ca/fra/secteurs-industriels/produits-chimiques.aspx, p. 1. (Consulté le 15 décembre 2009) 63 Ibid. 64 Ibid. 65 Government of Alberta, www.alberta-canada.com/industries/861.html. (Consulté le 15 décembre 2009) 76

Plastiques Le secteur de la fabrication de plastiques, qui produit aussi des moules et diverses pièces d’équipement, est en plein essor. Dans l’Ouest canadien, la production de plastiques est concentrée en C.-B. et en Alberta. Elle est étroitement intégrée à d’autres secteurs manufacturiers avancés, comme l’aérospatiale, l’automobile, les instruments médicaux et les télécommunications.

Edmonton et Vancouver sont deux villes de l’Ouest canadien réputées pour la fabrication de plastiques. Edmonton et sa région environnante ont connu une forte croissance économique sous l’effet des investissements dans les sables bitumineux albertains, qui ont bénéficié à l’industrie locale des plastiques. Vancouver, en tant que porte canadienne du Pacifique, possède également une impressionnante grappe d’entreprises spécialisées dans la production de plastiques, à la fois au service des marchés intérieurs et de ceux de l’Ouest des É.-U. et de l’Asie, dont la croissance est fulgurante66.

Les pesticides et les engrais, les produits chimiques spécialisés et délicats (teintures, lubrifiants, etc.), les résines synthétiques, les savons, d’autres détersifs et des produits pour les toilettes ainsi que les peintures et les revêtements destinés au marché de l’habitation et au marché industriel comptent parmi les autres produits chimiques fabriqués dans l’Ouest canadien.

Niveaux d’emploi, contribution au PIB et investisseurs étrangers importants Quoique nombreuses, les entreprises fabriquant des produits chimiques industriels dans l’Ouest canadien tendent à être relativement petites : la plupart d’entre elles emploient moins de 100 personnes. La C.-B n’a sur son territoire que quatre entreprises de taille moyenne (entre 100 et 499 employés) et aucune grande entreprise (plus de 500 employés)67.

Un grand nombre d’entreprises spécialisées dans la fabrication de produits chimiques industriels se trouvent en Alberta. Cette province accueille 27 moyennes entreprises et un grand joueur sur l’échiquier des produits chimiques (Dow Chemicals, qui emploie environ 630 personnes). Comme en C.-B., les moyennes entreprises albertaines œuvrent majoritairement dans l’industrie des plastiques et du caoutchouc, bien que sept d’entre elles se spécialisent dans les produits chimiques et quatre autres dans les pesticides et les engrais68.

La Saskatchewan compte moins d’entreprise majeures, mais une grande société pétrochimique avec plus de 500 employés s’y est établie. Le Manitoba a aussi moins d’entreprises dans l’ensemble, mais il profite de la présence d’une importante société spécialisée dans le secteur du caoutchouc et des plastiques69.

66 Ibid., p.1. 67 Industrie Canada, www.ic.gc.ca/cis-sic/cis-sic.nsf/IDF/cis-sic31-33etbf.html. (Consulté le 12 janvier 2010) 68 Ibid. 69 Ibid. 77 Alberta De façon globale, l’Ouest du Canada possède la plus grande industrie pétrochimique au pays. Notons plus particulièrement qu’Edmonton soutient un complexe intégrant la valorisation et le raffinage du pétrole et la pétrochimie, en plus d’accueillir le secteur manufacturier de produits pétrochimiques le plus important au Canada. C’est à Edmonton que se sont établies deux des plus grandes usines pétrochimiques au monde, ainsi que d’autres installations plus petites qui, en 2007, ont employé plus de 7 700 personnes et réalisé des exportations de 6,2 milliards de dollars. L’accès à d’abondants gisements de gaz naturel et le potentiel pour un approvisionnement encore plus important grâce au raffinage des sables bitumineux en pétrole positionnent Edmonton pour en faire l’un des plus grands centres de fabrication de produits chimiques au monde, à des coûts concurrentiels70.

L’Alberta possède une grappe chimique et pétrochimique de calibre mondial à laquelle sont associés environ 36 grands fabricants qui représentent plus de 50 % des capacités pétrochimiques canadiennes. Près de 35 % de l’ensemble des résines et produits chimiques de base canadiens sont fabriqués en Alberta. L’industrie provinciale des produits chimiques industriels tire profit de réserves d’éthane et de gaz naturel à faible coût, auxquelles s’ajoutent les sables bitumineux – la deuxième plus importante source connue de pétrole sur la planète71.

Composant le principal secteur manufacturier de la province en termes d’exportations et de revenus, les entreprises albertaines spécialisées dans les produits chimiques et pétrochimiques ont une production qui se chiffre à plus de 9,5 milliards de dollars par an, majoritairement exportée vers les É.-U., l’Asie et le Mexique. Dans l’ensemble, les produits chimiques et pétrochimiques étaient à l’origine de 44 % des expéditions manufacturières de la province en 200672. Figurent au nombre des plus grands fabricants albertains de produits chimiques industriels : . NOVA Chemicals : NOVA, dont le siège social est à Calgary, fabrique de l’éthylène, du polyéthylène et des polymères styréniques à haut rendement, en plus de participer à une coentreprise avec BP du nom d’Innovene, un important fournisseur européen de polymères styréniques qui se spécialise dans les oléfines et diverses activités dérivées. NOVA emploie 4 200 personnes et fabrique ses produits dans divers sites en Amérique du Nord et du Sud73. Les installations qu’elle consacre à la production de l’éthylène en Alberta sont les plus grandes au monde74; . Agrium Inc. : Basée à Calgary, la société Agrium a 9 000 employés. Chef de file mondial de la production de gros et de la commercialisation d’engrais spécialisés, elle compte plus de 500 centres agricoles de vente de détail. La division des technologies avancées d’Agrium développe également des matériaux pour la fabrication d’explosifs miniers, de produits ménagers, de pâtes et papiers, de panneaux de fibres, de produits en aluminium et d’autres biens75;

70 Bureau Investir au Canada, , p. 1. (Consulté le 15 décembre 2009) 71 Voir www.centralalberta.ab.ca/pdf/sectorPro_petro.pdf. (Consulté le 15 décembre 2009) 72 Ibid. 73 Voir www.novachem.com/index.cfm. (Consulté le 16 décembre 2009) 74 Voir www.centralalberta.ab.ca/pdf/sectorPro_petro.pdf. (Consulté le 15 décembre 2009) 75 Voir www.agrium.com/. (Consulté le 15 décembre 2009) 78 . Suncor Energy Inc. : Suncor, dont le siège social est à Calgary, emploie 5 600 personnes. Cette société est la première à avoir entrepris l’exploitation commerciale des sables bitumineux de l’Athabasca, au Canada. Elle a établi des raffineries pétrolières dans l’ensemble du Canada ainsi qu’à Commerce City, au Colorado. Plus importante productrice de lubrifiants de base de qualité au Canada, Suncor possède aussi quatre fermes d’éoliennes et une usine d’éthanol. En 2009, Suncor a fusionné avec Petro-Canada76; . Syncrude Canada : Basée à Fort McMurray, la société Syncrude compte parmi les plus grands producteurs de pétrole brut à partir des sables bitumineux canadiens. Elle est capable de répondre à 15 % des besoins en pétrole du pays. En plus d’être à l’origine de 14 000 emplois directs et indirects partout au pays, elle met en œuvre l’un des plus importants programmes privés de R-D dans l’Ouest du Canada77; . Husky Energy : Husky, dont le siège social est à Calgary, est l’une des plus importantes sociétés d’énergie au Canada, forte d’actifs de 28 milliards de dollars et employant plus de 4 000 personnes. Ses principales activités sont l’exploration et l’exploitation de pétrole et de gaz naturel, la production d’essence, de carburant aviation, de diesel, d’asphalte, d’éthanol et de biens connexes, et la prestation de divers services associés78; . Nexen Chemicals : Basée à Calgary, Nexen emploie 4 000 personnes à l’échelle mondiale. Chef de file mondial de l’industrie de l’énergie, cette société vend du gaz naturel, du pétrole brut, des liquides du gaz naturel, de l’éthanol et de l’électricité pour des tiers ou à son compte, en plus d’offrir des solutions personnalisées au marché de l’électricité et du gaz naturel. Nexen possède aussi une entreprise spécialisée dans la fabrication de produits chimiques industriels (Canexus Income Fund) et des usines à Brandon, à Nanaimo et à Vancouver79; . CWD Windows and Doors : Basée à Calgary, la société CWD fabrique des portes et des fenêtres haut de gamme en polychlorure de vinyle (PVC), en bois ou en aluminium dans son usine de 300 000 pieds carrés. Desservant un marché mondial, CWD a des centres de distribution dans l’ensemble de l’Ouest du Canada et emploie 550 personnes. Les solutions écologiques qu’elle propose, comme les produits en PVC sans plomb, sont souvent intégrées à l’édification d’immeubles certifiés LEEDMD80; . Gienow Windows and Doors : Basée à Calgary, la société Gienow, qui a plus de 800 personnes à son service, offre à une clientèle internationale des portes et des fenêtres en vinyle, en bois et en métal. Elle a été couronnée Fabricant Energy StarMD de l’année par Ressources naturelles Canada et a reçu le prix Power Smart Manufacturer of the Year, décerné par BC Hydro, en 200781.

76 Voir www.suncor.com/. (Consulté le 15 décembre 2009) 77 Voir www.syncrude.ca. (Consulté le 15 décembre 2009) 78 Voir www.huskyenergy.com/abouthusky/. (Consulté le 15 décembre 2009) 79 Voir www.nexeninc.com. (Consulté le 15 décembre 2009) 80 Voir www.cwdwindows.com. (Consulté le 15 décembre 2009)

81 Voir www.gienow.com. (Consulté le 15 décembre 2009) 79 Colombie-Britannique L’industrie chimique en pleine expansion de Vancouver bénéficie d’une solide infrastructure, comme le Port Metro Vancouver, lien essentiel entre cette ville de l’Ouest et les marchés de produits chimiques outre-mer. Les entreprises locales, qui produisent des adhésifs, des antigels, des additifs d’essence brûlant sans résidu, du formaldéhyde, des plastiques rigides et souples, des peintures, des additifs et des agents de transformation, des pâtes et papiers ainsi que des agents de traitement de l’eau, des minéraux et des vitamines pour les aliments des animaux, expédient chaque année des biens d’une valeur supérieure à 1 G$ par le Port Metro Vancouver82.

Figurent au nombre des plus grands fabricants de produits chimiques du Grand Vancouver et d’ailleurs en C.-B. : . Corporation : Implantée à Vancouver, METHANEX emploie 792 personnes. Elle est le plus grand fournisseur de méthanol au monde, un important ingrédient entrant dans la fabrication de nombreux produits à vocation industrielle ou de grande consommation, comme le liquide de lave-glace, les bouteilles en plastique recyclables, les planchers en contreplaqué, les peintures, les agents d’étanchéité à base de silicone et les fibres synthétiques, outre des applications énergétiques, comme l’oxyde de diméthyle, l’essence de base et le biodiesel83; . : Ce conglomérat d’entreprises, dont le siège social est à Vancouver, offre une gamme de produits et de services. Son groupe de l’emballage est constitué de Genpak, premier fournisseur indépendant d’emballages de produits alimentaires jetables en Amérique du Nord, de Coroplast, premier fabricant sur le continent de feuilles de plastique ondulées, et de Montebello Packaging, fabricant de calibre mondial d’aluminium et de tubes stratifiés souples et de marqueurs à encre84; . Teck Resources Ltd. : Teck, qui a son siège social à Vancouver et des centres de recherche à Trail, en C.-B., et à Mississauga, en Ontario, est la société d’exploitation minière, minéralurgique et métallurgique la plus diversifiée au Canada. Elle a aussi des intérêts dans plusieurs exploitations de sables bitumineux. Teck produit une gamme de produits chimiques récupérés de la fusion du zinc et du plomb, son activité de base85; . Cloverdale Paint : Avec son siège social installé à Surrey, en C.-B., ses activités de fabrication à Winnipeg et une usine de peinture industrielle spécialisée à Edmonton, Cloverdale Paint a mis au point l’une des plus grandes gammes de peintures et de revêtements à base d’eau et de composés organiques peu volatils offertes par l’industrie86; . InterWrap : InterWrap, dont le siège social est à Mission, est une multinationale importante dans le domaine des produits tissés enduits. Elle est présente sur divers marchés, notamment ceux des toiles protectrices pour le bois, de l’emballage industriel, des médias imprimés numériques de grand format pour les panneaux extérieurs, des tissus finis et de produits conçus pour l’agriculture et la construction87.

82 Voir www.ccpa.ca/files/Library/Reports/KeystoneDocs/Vancouver.pdf. (Consulté le 15 décembre 2009) 83 Voir www.methanex.com. (Consulté le 22 décembre 2009) 84 Voir www.jimpattison.com (Consulté le 22 décembre 2009) 85 Voir www.teck.com. (Consulté le 22 décembre 2009) 86 Voir www.cloverdalepaint.com. (Consulté le 22 décembre 2009) 87 Voir www.interwrap.com. (Consulté le 22 décembre 2009) 80 Saskatchewan La Saskatchewan accueille quelques grandes entreprises fabriquant des produits chimiques et des engrais, et son industrie des plastiques, bien positionnée, est très prometteuse. De petites grappes spécialisées dans les plastiques, qui bénéficient de l’appui du Saskatchewan Research Council88, ont vu le jour à Saskatoon ainsi qu’à Regina et à Moose Jaw. La société la plus connue de la province dans le secteur des produits chimiques industriels est Consumer’s Co-operative Refineries Limited (CCRL). Située à Regina, CCRL est la plus importante raffinerie exploitée sous la forme d’une coopérative. Elle fournit à des associations coopératives locales des produits pétroliers de qualité. Bénéficiant d’une croissance foudroyante depuis sa création, elle emploie actuellement 640 employés à temps plein et quelque 1 000 employés et personnes engagées à contrat supplémentaires lorsque la demande est très élevée89.

Manitoba Le Manitoba n’a pas autant de grands joueurs que les autres provinces, mais il accueille Winpak Ltd., un important fabricant de matériaux d’emballage de qualité supérieure et de machines de conditionnement novatrices. Cette société basée à Winnipeg exploite neuf installations de production au Canada et aux É.-U., emploie 300 personnes et dessert une clientèle mondiale. Ses produits sont surtout utilisés pour la protection d’aliments et de boissons périssables, et intégrés à diverses applications dans le secteur des soins de santé90.

Sociétés étrangères dominantes dans l’Ouest canadien L’Ouest canadien attire beaucoup de multinationales importantes dans le secteur des produits chimiques industriels, et bon nombre d’entre elles se sont établies dans plus d’une province de la région.

. BASF : Cette entreprise dont le siège se trouve à Ludwigshafen, en Allemagne, est le chef de file mondial de la fabrication de produits chimiques. Elle compte environ 97 000 employés, des clients dans le monde entier et des partenaires dans presque tous les pays. BASF Canada exploite deux usines en Alberta, à Blackie et à Nisku91. . Royal Dutch Shell : Cette société, qui a un siège social à La Haye, aux Pays-Bas, et un autre à Londres, au Royaume-Uni, regroupe des entreprises des secteurs de l’énergie et des pétrochimiques du monde entier. Elle emploie environ 102 000 personnes dans plus de 100 pays et territoires. À Calgary, sa filiale Shell Global Solutions emploie plus de 5 000 personnes, vend des licences d’exploitation de technologies de pointe et fournit des services de consultation en affaires et en exploitation d’entreprises. Shell Canada Ltd. a également un siège social à Calgary92.

88 Voir www.aeel.gov.sk.ca/adx/aspx/adxGetMedia.aspx?DocID=597,195,178,169,94,88,Documents&MediaID=361&Filename=spp_plastic s_industry_ex.pdf&l=English. (Consulté le 21 décembre 2009) 89 Voir www.ccrl-fcl.ca. (Consulté le 21 décembre 2009) 90 Voir www.winpak.com. (Consulté le 21 décembre 2009) 91 Voir www.agsolutions.ca. (Consulté le 21 décembre 2009) 92 Voir www.shell.com/. (Consulté le 21 décembre 2009) 81 . Dow Chemical Company : Dow, dont le siège social est installé à Midland, au Michigan, est une société diversifiée de produits chimiques. Elle commercialise ses produits dans le monde entier et emploie 46 000 personnes dans ses 150 installations situées dans 35 pays. Son portefeuille de 3 300 produits lui a rapporté des ventes d’une valeur de 57,4 G$ en 2008. Dans l’Ouest canadien, Dow est basée à Fort Saskatchewan, mais elle a aussi une installation à Calgary93. . DuPont : Cette société, dont le siège social se trouve à Wilmington, au Delaware, exerce ses activités dans plus de 70 pays. Avant d’ouvrir un bureau commercial chargé du développement des marchés à Calgary en 2006, elle a acquis, en 2000, Brookdale International Systems, une entreprise implantée à Vancouver œuvrant dans le domaine des produits de sécurité94. . ExxonMobil : ExxonMobile, dont le siège social se trouve à Irving, au Texas, est la plus grande société pétrolière et gazière cotée en bourse mondiale. Elle exploite des installations et commercialise ses produits dans la plupart des pays et mène des activités d’exploration du pétrole et du gaz sur six continents. Sa filiale Imperial Oil est l’une des plus grandes entreprises au Canada et un chef de file de l’industrie pétrolière canadienne depuis plus d’un siècle. Imperial Oil exploite plusieurs sites de production et d’exploitation dans l’Ouest canadien. Sa raffinerie de Strathcona dans le Nord de l’Alberta, dont la capacité de production est de 187 000 barils de pétrole brut par jour, emploie environ 430 personnes et retient les services de près de 250 entrepreneurs. En plus de l’essence, du diesel et du carburant aviation, la raffinerie produit du propane, du butane, des huiles de graissage, des cires, de l’asphalte et du mazout lourd95.

Installations et programmes de recherche et de développement L’Ouest canadien accueille un certain nombre d’installations et d’équipes de recherche de pointe dans le domaine des produits chimiques industriels. Figurent parmi ses principaux centres de recherche et d’innovation :

PROGRAMME DE RECHERCHE SUR L’UTILISATION DES LIPIDES DE L’UNIVERSITÉ DE L’ALBERTA : Le programme de recherche sur l’utilisation des lipides de l’Université de l’Alberta réunit la plus importante équipe de scientifiques dans ce domaine, déterminés à faire avancer la recherche sur l’utilisation des oléagineux et de la graisse animale dans la fabrication de bioplastiques et de produits chimiques spécialisés96;

ALBERTA ENERGY RESEARCH INSTITUTE : L’Alberta Energy Research Institute (AERI) encourage la recherche en énergie de même que l’évaluation et le transfert de la technologie dans divers secteurs, notamment ceux du pétrole et du gaz, du pétrole lourd et des sables bitumineux, du charbon, de l’électricité ainsi que des sources d’énergie renouvelables et de remplacement. Il favorise la création de consortiums et de réseaux en intégrant le savoir, les compétences et le potentiel d’investissement des intervenants de l’industrie, des gouvernements fédéral et provincial, des organismes de recherche et des universités97;

93 Voir www.dow.com/. (Consulté le 21 décembre 2009) 94 Voir www2.dupont.com. (Consulté le 21 décembre 2009) 95 Voir www.exxonmobil.com. (Consulté le 23 décembre 2009) 96 Voir www.centralalberta.ab.ca/pdf/sectorPro_petro.pdf. (Consulté le 23 décembre 2009) 97 Voir www.aeri.ab.ca/. (Consulté le 23 décembre 2009) 82 ALBERTA INGENUITY CENTRE FOR IN SITU ENERGY : L’Alberta Ingenuity Centre for In Situ Energy (AICISE), mis sur pied en 2004, rassemble des scientifiques, des industriels et d’autres partenaires pour l’élaboration de processus et de pratiques plus efficaces, plus rentables et plus viables sur le plan environnemental en vue de la récupération in situ et de la valorisation des sables bitumineux de l’Alberta. L’AICISE compte plus d’un partenaire industriel : la société Shell International E&P/Shell Canada, qui a pris part à sa création, ainsi que ConocoPhillips, Nexen Inc., Repsol YPF et Total E&P Canada. Il est installé dans les locaux du Calgary Centre for Innovative Technology98;

INSTITUTE FOR SUSTAINABLE ENERGY, ENVIRONMENT AND ECONOMY DE L’UNIVERSITÉ DE CALGARY : L’Institute for Sustainable Energy, Environment and Economy (ISEEE) a été créé en 2003 dans le but de diriger et de coordonner l’élaboration et la mise en œuvre de diverses initiatives de l’Université de Calgary touchant l’énergie et l’environnement. L’ISEEE assure donc un leadership pour orienter des activités de recherche et d’enseignement multidisciplinaires, de calibre mondial et axées sur une mission particulière, soit la promotion de l’énergie durable, la protection de l’environnement et le renforcement de l’économie99;

CONSORTIUM FOR HEAVY OIL RESEARCH BY UNIVERSITY SCIENTISTS DE L’UNIVERSITÉ DE CALGARY : Le Consortium for Heavy Oil Research by University Scientists (CHORUS) a pour objectif de mettre au point et d’évaluer des méthodes sismiques pour la surveillance des processus de récupération du pétrole lourd. Cet objectif l’amène à traiter et à interpréter des données sismiques répétitives. Les résultats obtenus se traduisent notamment par la découverte de solutions à des problèmes sur le terrain, qui se rapportent plus précisément aux données sur les réserves destinées à la production de pétrole lourd. ConocoPhillips, Nexen Energy, Shell Canada et d’autres importantes sociétés d’énergie comptent parmi les commanditaires du CHORUS100;

ALBERTA RESEARCH COUNCIL : L’Alberta Research Council (ARC) est un organisme de recherche appliquée et de développement sans but lucratif qui se spécialise dans le développement et la commercialisation de technologies, et dans la transformation d’idées encore embryonnaires en produits et services axés sur les technologies commercialisables. L’ARC emploie plus de 600 ingénieurs, scientifiques et autres professionnels, et exploite cinq installations dans l’ensemble de la province. Il travaille en collaboration avec le gouvernement de l’Alberta pour l’aider à réaliser le programme d’innovation provincial, entre autres dans le secteur des produits chimiques industriels101;

PETROLEUM TECHNOLOGY RESEARCH CENTRE DE L’UNIVERSITÉ DE REGINA : Le Petroleum Technology Research Centre (PTRC), situé dans le parc de recherche de Regina, près de l’Université de Regina, est un organisme de recherche et de développement sans but lucratif créé en 1998 par Ressources naturelles Canada, le ministère de l’Industrie et des Ressources de la Saskatchewan, le Saskatchewan Research Council et l’Université de Regina, avec l’appui de l’industrie pétrolière et gazière de l’Ouest canadien. Les activités du PTRC comprennent la gestion d’un projet de stockage de CO2 (Weyburn-Midale) et d’un projet de recherche sur les émissions de CO2 évitées (JIVE) – les plus importants projets du genre au monde – ainsi que, de

98 Voir www.aicise.ca/. (Consulté le 23 décembre 2009) 99 Voir www.iseee.ca/. (Consulté le 23 décembre 2009) 100 Voir www.geo.ucalgary.ca/chorus.htm. (Consulté le 23 décembre 2009) 101 Voir www.arc.ab.ca/about-us/. (Consulté le 23 décembre 2009) 83 concert avec SaskPower, l’édification de la première centrale thermique au charbon ne produisant aucune émission et la recherche de technologies de récupération assistée des hydrocarbures (RAH)102;

SASKATCHEWAN RESEARCH COUNCIL : Le Saskatchewan Research Council (SRC) est le principal fournisseur de services de commercialisation des résultats de la R-D appliquée et des technologies de la Saskatchewan, y compris dans le secteur des produits chimiques industriels. Il compte plus de 350 employés et génère des recettes annuelles de 41 M$. Ses cinq divisions commerciales se spécialisent dans les domaines suivants : l’agriculture, la biotechnologie et l’alimentation; l’énergie de remplacement et la fabrication; l’énergie; l’environnement et la foresterie; les mines et les minéraux. Le SRC gère des laboratoires pour la démonstration en banc d’essai et des installations pour la mise en œuvre de projets pilotes, le tout sur plus de 110 000 pieds carrés. Il dessert plus de 1 900 clients et partenaires.

Analyse de rentabilisation : des propositions d’une excellente valeur qui bénéficieront des portes d’entrée D’après notre analyse des données de l’étude PLI d’IBM, Edmonton est la seule ville de l’Ouest canadien qui figure sur la liste des 20 plus grands centres mondiaux de production de produits chimiques industriels. Le classement effectué selon la cote de qualité et l’indice de rentabilité place cette ville albertaine aux 9e et 8e rangs, respectivement. Sur le plan de la qualité, il importe de noter qu’Edmonton occupe à peu près la même position que certains des plus grands centres de produits chimiques industriels, comme ceux de Yanbu-Madinah, de São Paulo ou de Leipzig, et dépasse les autres centres nord-américains, comme ceux de Sarnia et de la Nouvelle-Orléans. En ce qui a trait à la rentabilité, soulignons que, de façon générale, Edmonton se compare avantageusement aux autres centres canadiens et aux principales grappes américaines se spécialisant dans les produits chimiques industriels, comme Houston et la Nouvelle- Orléans.

Les atouts auxquels l’industrie des produits chimiques de l’Ouest canadien doit sa compétitivité sont nombreux : une main-d’œuvre hautement qualifiée, des taux d’imposition relativement faibles, des unités modernes de craquage de l’éthylène, de vastes et efficaces installations d’extraction, la présence de certaines des plus grandes usines de dérivés au monde et un approvisionnement abondant en matières premières à des prix concurrentiels103. De plus, la construction prochaine de pipelines de gaz naturel nordiques et la mise en valeur imminente de ressources en mer ne peuvent qu’accroître la rentabilité de ce secteur104.

102 Voir www.ptrc.ca. (Consulté le 23 décembre 2009) 103 Bureau Investir au Canada, http://investiraucanada.gc.ca/fra/secteurs-industriels/produits-chimiques.aspx, p. 1. (Consulté le 15 décembre 2009)

104 Ibid. 84 Comme les chaînes de valeur du secteur des produits chimiques industriels évoluent du nord vers le sud, nous avons étendu notre analyse à la structure des coûts des villes de l’Ouest canadien par rapport à d’autres grappes américaines et canadiennes se spécialisant dans les produits chimiques industriels, en nous basant sur l’étude Choix concurrentiels de KPMG. Cette analyse apporte une comparaison plus détaillée de la structure des coûts dans l’Ouest canadien, et nous pouvons en conclure que, à l’exception d’Abbotsford et de Vancouver, les coûts engagés dans les villes de l’Ouest du pays sont inférieurs à l’indice de référence de 100 des États-Unis. En outre, même les villes d’Abbotsford et de Vancouver sont associées à des coûts d’exploitation moindres que ceux de la plupart des autres villes à l’extérieur de l’Ouest canadien (voir le tableau 5 ci-dessous)105. Précisons toutefois que les avantages des centres de l’Ouest canadien en termes de coûts ne sont pas énormes, variant entre 2,4 % à Red Deer, en Alberta, et 5,2 % à Brandon, au Manitoba.

Outre l’avantage offert sur le plan de la structure des coûts, une infrastructure de portes d’entrée est importante pour le secteur des produits chimiques industriels en général, car elle permet l’expédition en vrac, par voie ferroviaire ou maritime, de produits chimiques de base ou spécialisés tirés des ressources naturelles vers des destinations intermédiaires, puis leurs destinations finales. Aussi sommes-nous d’avis que, par rapport à des villes concurrentes du Midwest américain, les centres comme Edmonton et Vancouver proposent une excellente valeur si on tient compte de tous les coûts, notamment ceux du transport et de la logistique.

105 KPMG, Choix concurrentiels, 2008, ftp://ftp.competitivealternatives.com/2008_compalt_execsum_fr.pdf. (Consulté le 16 décembre 2009) 85 Tableau 6 : Classement des coûts d’exploitation liés à la fabrication de produits chimiques spécialisés dans certaine villes sélectionnées

Fabrication de produits chimiques spécialisés : coûts d’exploitation dans certaines villes sélectionnées Ville Pays Indice*

Abbotsford, C.-B. Canada 100,3

Brandon, Man. Canada 94,8

Calgary, Alb. Canada 99,9

Cheyenne, WY États-Unis 97,3

Edmonton, Alb. Canada 99,5

Greenville-Spartanburg, SC États-Unis 97,0

Halle Allemagne 113,5

Kelowna, C.-B. Canada 99,4

Lexington, KY États-Unis 96,9

Little Rock, AZ États-Unis 96,3

Melbourne Australie 101,9

Moncton, N.-B. Canada 96,5

Oklahoma City, OK États-Unis 96,1

Plymouth, Devon Royaume-Uni 106,6

Red Deer, Alb. Canada 97,6

Regina, Sask. Canada 96,7

Reynosa, Tamaulipas Mexique 86,6

San Diego, CA États-Unis 102,7

San Juan, PR États-Unis 94,3

Saskatoon, Sask. Canada 96,5

Seattle, WA États-Unis 102,3

Sherbrooke, QC Canada 96,1

Shreveport, LA États-Unis 95,6

St. John’s, NL Canada 96,6

Toulouse France 104,2

Utrecht Pays-Bas 109

Vancouver, C.-B. Canada 101,3

Vicence Italie 107,6

Winnipeg, Man. Canada 97,0

*Les coûts engagés pour faire des affaires sont exprimés sous la forme d’un indice, où l’indice de référence de 100,0 est attribué aux États-Unis.

Source : KPMG, Choix concurrentiels, 2008, ftp://ftp.competitivealternatives.com/2008_compalt_execsum_fr.pdf, consulté le 16 décembre 2009.

Structure de l’industrie et dynamique de la concurrence : contraintes et obstacles liés à la capacité de raffinage dans la chaîne de valeur Selon nous, le principal problème auquel se heurte le secteur des produits chimiques industriels à valeur ajoutée de l’Ouest canadien a trait à la capacité de raffinage dans la région. Ce problème tient au fait que la capacité de raffinage est au cœur de la dynamique de l’offre dans l’industrie des produits chimiques industriels en aval. La capacité de raffinage totale actuelle, dans l’ensemble de l’Ouest canadien, s’élève à environ 625 000 bpj106. Ce n’est rien par rapport à celle de la « route des raffineries » (refiners’ alley) le long de la côte américaine du golfe du Mexique (Texas et Louisiane), qui, avec environ 20,9 millions de bpj, équivaut à peu près à la moitié de la capacité de

106 Cette donnée couvre les installations suivantes : Lloydminster (Husky Energy) : 25 000 bpj; Regina (Consumers’ Co-operative Refineries Limited [CCRL]) : 100 000 bpj; Edmonton (Imperial Oil) : 187 000 bpj; Scotford (Shell Canada) : 100 000 bpj; Edmonton (Petro-Canada) : 135 000 bpj; Burnaby (Chevron) : 52 000 bpj; Prince George (Husky Energy) : 12 000 bpj. 86 raffinage américaine. À elle seule, la raffinerie d’ExxonMobil à Baytown a une capacité de raffinage de 557 000 bpj, soit 1,27 fois celle de l’Alberta à l’heure actuelle.

Les coûts font partie des raisons invoquées pour la création de raffineries supplémentaires. Les études de l’étude PLI d’IBM et de KPMG mentionnées ci-dessus font valoir certains avantages en termes de coûts en faveur des centres de l’Ouest canadien, mais ceux-ci ne suffisent nullement pour justifier des investissements majeurs afin d’améliorer la capacité de raffinage dans la région. Il ne faut pas oublier que, jusqu’en 2008, une grave pénurie de main-d’œuvre sévissait en Alberta. Ainsi, la raffinerie de Shell Canada à Scotford, avait besoin de 9 000 travailleurs de la construction au moment où celle-ci battait son plein107. Bien que des études aient montré qu’une raffinerie intégrée confère à l’Alberta un important avantage relativement aux coûts par rapport aux raffineries de la côte américaine du golfe du Mexique108, il est évident que d’autres facteurs de la chaîne de valeur demeurent prioritaires aux yeux des sociétés mondiales qui fabriquent des produits chimiques industriels ou qui exploitent des raffineries au moment de songer à la valeur ajoutée offerte dans l’Ouest canadien.

Outre les coûts et l’échelle relatifs des travaux de construction d’une grande raffinerie, la tendance actuelle des investissements dans le secteur pétrolier et gazier de l’Ouest canadien va aux exportations de pétrole brut. Des pipelines exploités par Enbridge et Kinder Morgan, auxquels s’ajoutent ceux de Rangeland, de Milk River et de Bow River, ainsi que ceux de Wascana, transportent tous du pétrole brut de l’Alberta et de la Saskatchewan vers l’ouest (Vancouver), l’est (Sarnia) et le sud (Montana, Wisconsin, Illinois, etc.). De plus, de nouveaux projets pipeliniers, comme la Northern Gateway que propose Enbridge (pipeline capable de transporter 525 000 bpj de l’Alberta vers le port de mer de Kitimat), visent à répondre à la demande croissante en provenance du marché de l’Asie-Pacifique. La société Kinder Morgan Canada exploite déjà un pipeline de pétrole brut de l’Alberta à Burnaby, dont elle a récemment accru la capacité pour le transport de 300 000 bpj et prévu poursuivre son expansion afin que cette capacité atteigne 700 000 bpj109. Tout cela, combiné avec les initiatives mises en œuvre au Port Metro Vancouver pour l’augmentation de la capacité des navires Panamax et Aframax, indique que l’industrie se lance actuellement davantage dans l’exportation que dans le raffinage du pétrole brut dans l’Ouest canadien.

Conséquences pour l’investissement étranger direct : cibler les projets spécialisés de moyenne envergure La structure de l’industrie et la dynamique de la concurrence générale du secteur pétrolier et gazier de l’Ouest canadien ont d’importantes conséquences sur le secteur des produits chimiques industriels de l’Ouest. Premièrement, le manque de grandes raffineries fait que les sociétés mondiales et canadiennes œuvrant dans le secteur des produits chimiques industriels préféreront sans doute restreindre leurs investissements aux projets spécialisés de moyenne envergure qui viendraient compléter une capacité existante. Il semble en effet qu’il s’agit là du mode opératoire des activités liées au secteur des produits chimiques industriels dans l’Ouest.

107 Voir Todd Hirsch, « Upgrading Alberta », Policy Options, le 7 avril 2007, www.cwf.ca/V2/cnt/oped_200704191135.php, consulté le 27 décembre 2009. 108 Voir, par exemple, David Netzer et coll., Alberta Bitumen Processing Integration Study, www.petrochemicals.dnetzer.net/articles/AlbertaIntegrationReport.pdf, consulté le 27 décembre 2009. 109 Don Whitely, « Oil exports to Asia drive expansion plans at B.C. ports in Vancouver and Kitimat », The Vancouver Sun, le 1er décembre 2009. 87 Deuxièmement, si notre point de vue ne s’appuie pas sur une analyse détaillée de la structure des coûts, car ce n’était pas l’objet de la présente étude, tout indique que les « avantages » en termes de coûts offerts dans l’Ouest qu’ont soulignés diverses études de commercialisation connexes ne sont pas si importants. De fait, l’avantage de 2 à 5 % noté à cet égard dans un rapport de 2008 préparé par KPMG, Choix concurrentiels, a disparu depuis la publication de ce dernier (mars 2008) à cause de l’envolée du huard!

Troisièmement, les propriétaires exploitant les sables bitumineux comme les sociétés pipelinières de l’Ouest canadien ont investi des dizaines de milliards de dollars dans la création d’une chaîne de valeur entièrement axée sur l’exportation du pétrole brut. Aussi, toute déviation de cette chaîne de valeur en vue de desservir un secteur des produits chimiques industriels dans l’Ouest canadien ne devrait s’écarter au départ que très légèrement du modèle commercial en place, c’est-à-dire vers des applications de produits chimiques et de plastiques spécialisées.

Enfin, les raffineries mondiales doivent composer avec d’importants déséquilibres entre l’offre et la demande à cause de la récession économique mondiale. En fait, seulement au Canada, on a annoncé la fermeture de deux raffineries en janvier 2010, ce qui a entraîné une diminution de la capacité de raffinage canadienne de 10 % : la raffinerie de Shell à Montréal-Est et celle de Petro-Canada à Oakville, en Ontario. D’importantes réductions de la capacité de raffinage tendent à se faire à l’échelle mondiale, et à se poursuivre à court terme. Nous pouvons en déduire que les investissements que prévoient faire dans l’Ouest canadien les sociétés mondiales se spécialisant dans les produits chimiques industriels se limiteront vraisemblablement aux applications propres à des créneaux.

§§

88 Secteurs compétitifs axés sur les portes d’entrée

Secteur du transport et de la logistique

89 Aperçu de la compétitivité mondiale : Secteur du transport et de la logistique

Classement selon la cote de qualité de l’étude PLI d’IBM Classement selon l’indice de rentabilité de l’étude PLI d’IBM

Please insert a comma instead of dot: 6,1 instead of 6.1

Capacités de l’Ouest canadien dans le secteur du transport et de la logistique : la jonction de l’ouest et de l’est Les ports de la porte d’entrée canadienne de l’Asie-Pacifique, surtout ceux de Vancouver et de Prince Rupert, auxquels sont rattachés des corridors intérieurs qui s’enfoncent dans le cœur même de l’Amérique du Nord, apportent une valeur ajoutée de plus en plus forte aux expéditeurs et aux transporteurs des deux côtés du Pacifique. Des trois pays de l’ALÉNA, le Canada est le plus proche de l’Asie sur le plan géographique. Aussi les ports de l’Ouest canadien offrent-ils un important avantage quant au temps de transit face aux ports concurrents des É.-U. En passant par Prince Rupert ou Vancouver au lieu de Los Angeles, les exportateurs gagnent 68 ou 32 heures, respectivement, pour des marchandises expédiées de Shanghai vers la zone continentale des États-Unis110. Port Metro Vancouver (PMV), le plus gros port maritime canadien, a accueilli des chargements de 114,6 millions de tonnes, d’une valeur estimée à 75 G$, en 2008111. En 2008, 63,8 % du trafic enregistré à PMV consistait en des chargements en vrac, et 17,9 %, en marchandises diverses. En 2008, des conteneurs estimés à 2,49 millions d’équivalents vingt pieds (EVP) étaient accueillis à PMV, d’où son titre de 5e plus important port à conteneurs en Amérique du Nord (après Los Angeles-Long Beach, New York-New Jersey, Seattle- Tacoma et Savannah)112. En plus de ses services de transport par conteneurs et de chargements en vrac et de marchandises diverses, PMV accueille aussi des paquebots et propose tout l’éventail d’options pour le transport commercial maritime, ferroviaire et terrestre ainsi que la logistique connexe à ses clients nationaux et internationaux.

110 InterVISTAS Consulting Inc., Canada’s Asia-Pacific Gateway & Corridor: A Strategic Context for Competitive Advantage, p.13. 111 Port Metro Vancouver, Statistics Overview 2008, www.portmetrovancouver.com/Libraries/ABOUT_Facts_Stats/2008_PMV_Statistics_Overview_Report.sflb.ashx. (Consulté le 30 novembre 2009) 112 Voir http://aapa.files.cms-plus.com/Statistics/CONTAINERTRAFFICNORTHAMERICA1990-2008.xls. 90 Le port de Prince Rupert, le deuxième en importance dans l’Ouest canadien pour le transport des marchandises, accueille le trafic international et intérieur. En 2008, Prince Rupert a enregistré un trafic de 10,6 millions de tonnes en chargements en vrac et de 0,18 million d’EVP en conteneurs. Aussi s’est-il rapidement imposé comme une destination portuaire de choix auprès des sociétés de logistique et de transport du monde entier.

Ces deux ports de l’Ouest canadien sont reliés au cœur du continent nord-américain par un vaste réseau de routes et de voies ferroviaires. Vancouver est le seul port de la côte ouest nord-américaine à être desservi par trois importantes sociétés ferroviaires transcontinentales : la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN), le Chemin de fer Canadien Pacifique Ltée (CP) et la Burlington Northern Santa Fe Railway (BNSF). Prince Rupert est desservi par la grande ligne du Nord à forte capacité du CN et la route Transcanadienne Yellowhead, toutes deux bien reliées aux routes d’accès à la zone continentale des É.-U.

Outre l’infrastructure maritime et terrestre, les centres de l’Ouest canadien profitent d’excellents services aériens assurés notamment par l’aéroport international de Vancouver, le deuxième aéroport international de passagers en importance sur la côte ouest nord-américaine, qui propose plus de 500 vols directs et 142 000 sièges tous les mois vers des destinations de l’Asie113. L’aéroport international de Calgary a aussi des vols directs vers des destinations de l’Asie-Pacifique.

Le CentrePort du Manitoba annonce une autre ouverture d’importance dans l’Ouest canadien. Tirant profit de la proximité de Winnipeg avec la zone géographique centrale de l’Amérique du Nord, CentrePort Canada a rapidement promis de devenir un important centre de logistique intégré, doté d’installations complètes de distribution, d’entreposage et de fabrication, pour remplacer les centres plus coûteux du nord de l’Illinois et de l’Indiana.

Les solides capacités de l’Ouest canadien en transport et en logistique ont incité des entreprises étrangères à investir massivement dans ce secteur. Les dix plus grosses sociétés de transport maritime au monde ont des bureaux à Vancouver, y compris APM-Maersk, Mediterranean Shipping Company, CMA GDM Group, COSCO Container Ltd., NYK, APL, CSCL, Hanjin, etc. Par ailleurs, certains des plus gros fournisseurs logistiques mondiaux de tierce partie (3PL) ont des bureaux et des centres de distribution répartis un peu partout dans l’Ouest canadien. Parmi eux figurent DHL Logistics, Kuehne + Nagel, DB Shenker, Geodis et UPS Supply Chain Solutions.

Analyse de rentabilisation : les temps de transit et les coûts d’expédition moindres sont d’importants atouts de l’Ouest canadien Notre analyse des données de l’étude PLI d’IBM nous permet de conclure que, sous l’angle des coûts et de la qualité, Vancouver et Prince Rupert constituent des options supérieures aux ports concurrents de la porte d’entrée américaine. En ce qui a trait à la structure des coûts, les centres de l’Ouest canadien s’avèrent particulièrement concurrentiels par rapport à d’autres villes nord-américaines. Les données de l’étude PLI d’IBM révèlent que des centres comme Vancouver et Prince Rupert se distinguent par des coûts réels plus avantageux que ceux d’autres villes de la côte ouest (comme Los Angeles ou Seattle-Tacoma), de l’ordre de 15 à 20 %. Les

113 InterVISTAS Consulting Inc., Canada’s Asia-Pacific Gateway & Corridor: A Strategic Context for Competitive Advantage, p.12. 91 principales propositions de valeur tiennent aux coûts moindres du transport maritime et terrestre ainsi qu’au temps de transit plus court entre l’Asie-Pacifique et les villes du Midwest.

Les études réalisées par la société d’experts-conseils Oliver Wyman et IE Market Research font également valoir l’importance des avantages offerts par les ports de l’Ouest canadien quant au temps de transit. D’après un sondage en ligne commandé par Transports Canada et mené par Oliver Wyman auprès de 118 expéditeurs, réceptionnaires, 3PL, transitaires et entrepreneurs en logistique, les ports canadiens, considérés isolément des facteurs de la chaîne d’approvisionnement, sont « modérément attrayants » en raison de leurs coûts relativement faibles, du temps de transit plus court, de la stabilité plus élevée de la main-d’œuvre et de leur service à la clientèle114. Par ailleurs, selon un autre sondage, commandé par Affaires étrangères et Commerce international Canada et mené par IE Market Research auprès de 339 expéditeurs, réceptionnaires, transitaires, 3PL, 4PL, entrepreneurs en logistique et compagnies de navigation, Vancouver arrive au 5e rang des dix meilleurs ports nord- américains, ses grands atouts résidant dans ses options de transport ferroviaire offertes à des coûts concurrentiels, son service à la clientèle et le temps de transit dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement115. À notre avis, ces facteurs, combinés avec les problèmes de capacité et de main-d’œuvre aux É.-U., se sont traduits par un débit accru dans les centres de l’Ouest canadien.

Structure de l’industrie et dynamique de la concurrence : les compagnies de navigation et les centres de distribution (expéditeurs et réceptionnaires) sont les moteurs du trafic et des investissements en aval Si les propositions de valeur de l’IPCAP sont claires, un certain nombre de facteurs clés favoriseraient aussi la réussite de la stratégie de promotion globale de la porte d’entrée canadienne. D’abord, en ce qui a trait au transport maritime et aérien, les compagnies de navigation et les transporteurs — ainsi que, dans une certaine mesure, les expéditeurs et les réceptionnaires — demeurent les principaux décideurs dans la sélection des ports et continuent d’intervenir toujours plus dans l’ensemble de la chaîne de valeur.

Dans l’ensemble, ces compagnies de navigation fondent les décisions relatives au routage, qui, au bout du compte, déterminent les volumes transitant par les portes d’entrée et les corridors, sur un compromis entre le temps de transit et les coûts totaux de la chaîne d’approvisionnement. Il importe ici de noter que le sondage d’Oliver Wyman comme celui de l’IE Market Research auprès de dirigeants de l’industrie de la logistique et du transport ont montré que, bien que Vancouver et Prince Rupert restent des villes concurrentielles sur le strict plan des coûts, les voies de l’Ouest canadien ne sont pas compétitives pour ce qui est de la chaîne d’approvisionnement. Le problème vient de la non-compétitivité du réseau ferroviaire, de l’éloignement du port relativement au lieu de provenance ou de destination des expéditeurs ou des réceptionnaires et à la perception d’une faible fiabilité au niveau de certains aspects, comme la sécurité. Il s’agit de facteurs déterminants, et il est possible d’influer sur ceux-ci par des efforts de marketing (sécurité à la frontière) ou au moyen de politiques (mesures favorisant la compétitivité du réseau ferroviaire).

114 Oliver Wyman, Criteria of Choice. North American Heartland Infrastructure Requirements, février 2009. 115 IE Market Research, Survey of U.S. Importers’ and Exporters’ Perceptions of Canada’s Asia Pacific Gateway, février 2009. 92 Un deuxième facteur susceptible d’exercer une incidence sur la compétitivité des portes d’entrée et corridors de l’Ouest canadien est la capacité d’attirer des centres de distribution de grands détaillants nord-américains. Ceux-ci (Wal-Mart, , IKEA, etc.) sont déjà établis sur le territoire de ports concurrents qui leur offrent des atouts évidents quant à leur distance par rapport au lieu de provenance ou de destination ou aux coûts de distribution réduits, dont profitent les détaillants.

Citons à cet égard le cas du port de Savannah. En 1975, Savannah arrivait au 14e rang des plus grands ports des É.-U. et, de 1975 à 2008, son taux de croissance annuel composé (TCAC) a été de 12,1 %. Le succès de Savannah ne s’explique pas par un emplacement favorable, près d’une destination ou d’une provenance particulière, ni par son poids démographique (Savannah compte 130 000 habitants et la population totale de la Géorgie s’élève à 9,5 M d’habitants), mais par la stratégie adoptée pour attirer des centres de distribution des principaux magasins à grande surface américains. Il s’agit aussi du premier grand port d’escale sur la côte est pour de nombreux services de transport tout par eau en provenance de l’Asie. Enfin, il jouit d’un excellent réseau ferroviaire intermodal vers des centres de distribution clés, comme Dallas et Atlanta116.

Vers 2000, la Georgia Ports Authority a entrepris d’attirer à Savannah les centres de distribution des magasins à grande surface. Si Home Depot et Pier 1 Imports y exploitaient déjà des installations, les décisions d’autres exploitants d’y établir des centres de distribution tiennent à des facteurs particuliers, comme la disponibilité des terrains, la main-d’œuvre, les mesures incitatives à l’échelle de la région ou de l’État, et la proximité d’un port. La Georgia Ports Authority a mis sur pied une équipe spéciale et l’a chargée de travailler avec les organismes de développement régionaux, les propriétaires fonciers, les courtiers immobiliers et les sociétés de transport afin de fournir des arguments de poids en faveur de Savannah117. C’est ainsi que Savannah a pu attirer des centres de distribution continentaux de grandes sociétés, comme Wal-Mart, Bass Pro Shops, Kmart-Sears, Heineken, Best Buy, Target, IKEA, Hasbro, Petco, Dorel et Avon.

Des investissements dans l’infrastructure ont encouragé cette stratégie. Savannah est le seul port de la côte est américaine doté de deux complexes ferroviaires de première catégorie. De plus, il s’agit du seul port américain offrant deux installations intermodales pour le transfert des conteneurs, ce qui témoigne clairement de l’importance que revêt désormais le trafic ferroviaire intermodal dans le transport des marchandises118.

Dynamique de la concurrence : la transition de la demande vers les navires post- Panamax et la dynamique de l’offre incitent les ports à investir massivement Un certain nombre de tendances clés liées à l’offre et à la demande auront une incidence sur le succès futur du secteur du transport et de la logistique dans l’Ouest canadien. Du côté de la demande, on s’attend à ce que les navires post-Panamax (d’une capacité supérieure à 5 000 EVP) occupent une place de plus en plus importante dans la flotte mondiale de cargos. En raison de la taille de ces navires, les compagnies de navigation feront moins d’escales, et cela entraînera une plus forte

116 W. Armbruster et J. Powers, « Georgia’s Winning Strategy », Shipping Digest On-line, le 19 janvier 2009, www.effinghamindustry.com/uploads/GPA_in_Shipping_Digest_1-19-09.pdf. (Consulté le 27 novembre 2009) 117 Ibid., p. 2. 118 Ibid., p. 3. 93 compétition entre les principaux ports nord-américains. L’augmentation des navires post-Panamax se traduira aussi par une amplification des besoins en logistique à l’intérieur de périodes plus courtes, et, pour réduire les délais d’attente, les compagnies de navigation auront tendance à opter pour les ports capables de transporter les marchandises vers des zones d’étape continentales.

Nous pensons que cette augmentation des navires post-Panamax profitera généralement à la fois à PMV et au port de Prince Rupert. Les terminaux en eau profonde de PMV et de Prince Rupert ne prévoient pour ainsi dire aucune restriction relative au tirant d’eau et offrent une capacité pour les navires superpost-Panamax et de vastes installations ferroviaires sur les quais, mais la tendance favorisant les terminaux intérieurs et les zones d’étape pourrait nuire à Vancouver à court terme.

Le fait que les compagnies de navigation interviennent de plus en plus dans l’exploitation des ports et, par le fait même, dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement est un autre aspect de l’évolution de la demande qui découle de l’introduction de porte-conteneurs plus gros. Les contrats de location portuaires conclus pour des dizaines d’années, maintenant monnaie courante dans l’industrie, bénéficient autant aux compagnies de navigation qu’aux autorités portuaires, puisqu’ils apportent une certaine garantie de revenus et de trafic, quel que soit le port. Cette tendance, à laquelle s’ajoute la création d’alliances entre les compagnies de navigation mondiales, comme la Grand Alliance, la New World Alliance et la CKYH Alliance, amène les compagnies de navigation à choisir des ports qui leur donneront une meilleure visibilité des heures d’arrivée et des temps de transit, et un contrôle plus serré de leurs actifs d’une extrémité à l’autre de la chaîne d’approvisionnement. En raison de l’intervention croissante des compagnies de navigation dans les opérations de terminal, le « modèle d’utilisation partagée » de Vancouver et de Prince Rupert ne peut plus assurer aux grands transporteurs et aux alliances la certitude sur laquelle ils ont besoin de s’appuyer pour allouer les ressources nécessaires à l’établissement de ports d’escale à PMV et à Prince Rupert. Cependant, la concurrence entre les exploitants de terminaux se solde par de meilleurs coûts d’expédition.

Du côté de l’offre, le développement de l’infrastructure dans les ports concurrents et au canal de Panama auront des conséquences certaines sur l’utilisation de PMV et de Prince Rupert. Tous les grands ports le long de la côte ouest de l’Amérique du Nord (y compris les ports mexicains) et d’importants ports de la côte est se lancent dans des investissements dans leur infrastructure, notamment pour accroître la capacité de traitement de conteneurs, augmenter la profondeur du port, mettre sur pied des centres de logistique et renforcer le réseau ferroviaire sur les quais.

Par exemple, estimé à 5 G$, l’investissement dans le projet de Punta Colonet au Mexique débouchera sur la construction d’un port entièrement neuf doté d’une capacité de 2 millions d’EVP, qui triplera d’ici 2015. Le port de Punta Colonet couvrira une superficie de 70 km2, soit autant que celle des ports de Los Angeles et de Long Beach réunis. Le centre maritime multimodal prévu fera de Punta Colonet le plus gros port du Mexique et le troisième d’envergure au monde, après ceux de Singapour et de Hong Kong. À lui seul, ce projet nécessitera une base démographique de 200 000 personnes, une nouvelle centrale, une usine de dessalement, une voie ferroviaire de 300 km du port vers la frontière américaine ainsi qu’une installation intermodale. Notons une dimension importante de ce projet pour PMV et Prince Rupert : les coûts de main-d’œuvre et la réglementation du travail au 94 Mexique se traduiront par des économies considérables pour les transporteurs désireux d’éviter les portes d’entrée congestionnées de Los Angeles, de Long Beach et d’Oakland.

Conséquences pour l’investissement étranger direct : des décisions d’investissement inégales et une promotion insuffisante Dans une grande mesure, la croissance du secteur du transport et de la logistique dans l’Ouest canadien dépendra de l’adoption, par les différentes administrations, d’une vaste série de mesures politiques. Ces actions stratégiques combinées seront essentielles à la concrétisation des investissements étrangers dans le transport et la logistique dans l’Ouest canadien. Les répercussions de telles politiques ont été très bien analysées dans d’autres rapports dans le cadre de l’IPCAP mise en œuvre par le gouvernement du Canada119.

Les options stratégiques considérées varient : la gouvernance des autorités portuaires, la réglementation du travail, les opérations des terminaux, la réglementation du transport ferroviaire, en rapport avec l’établissement de centres de distribution, la conteneurisation des céréales, etc. L’expansion des portes d’entrée dépendra aussi grandement des accords aériens internationaux en vertu desquels les transporteurs aériens peuvent emprunter les aéroports canadiens, des règles de cabotage internationales et de la création de noyaux de distribution aériens internationaux, comme le CentrePort.

Nous distinguons deux séries de contraintes qu’il importe de considérer pour évaluer le potentiel d’IED. Premièrement, les investissements dans la logistique impliquent des coûts fixes très élevés. Cela signifie que toute décision relative à l’emplacement d’un centre de distribution ou à la conversion d’un port d’escale en port rattaché à la porte d’entrée de l’Ouest canadien est non seulement tributaire de l’adoption de plans d’expansion par les magasins à grande surface ou les compagnies de navigation, mais aussi de facteurs comme la disponibilité des terrains, la main- d’œuvre, les incitatifs offerts, la proximité du lieu de provenance ou de destination des marchandises, et la congestion des installations portuaires existantes. D’autres facteurs, comme la fiabilité de la chaîne d’approvisionnement, les coûts du transport ferroviaire, etc., peuvent aussi influer sur la décision d’investir ou non dans un centre de distribution. C’est la raison pour laquelle ces décisions d’investissement, qui ne sont pas prises à la légère, ne surviennent qu’une fois tous les dix ans ou une fois par génération. De plus, les grandes sociétés sont naturellement portées à dépenser en immobilisations près d’installations existantes.

Deuxièmement, nous sommes d’avis qu’il faut injecter plus de ressources pour une promotion dynamique des portes d’entrée de l’Ouest canadien auprès des dirigeants des sociétés de transport et de logistique américaines. D’après un sondage réalisé par IE Market Research pour Affaires étrangères et Commerce international Canada, de 40 à 47 % des cadres américains de l’industrie du transport et de la logistique ne sont pas au courant des initiatives en faveur de l’infrastructure et du transport que met en œuvre le gouvernement du Canada ou le secteur privé.

Comme nous le relevons dans l’étude de cas sur Savannah, une part importante du succès de la stratégie sur les portes d’entrée tient aux mesures incitatives offertes

119 Voir Initiative de la Porte et du Corridor de l’Asie-Pacifique : Rapport et recommandations à l’honorable David Emerson de Jeff Burghardt, Arthur DeFehr et T. Richard Turner. 95 aux investisseurs. Dans le cas de Savannah, les centres de distribution se sont vu proposer un crédit d’impôt spécial pour l’emploi, un crédit supplémentaire au niveau des taxes portuaires, des crédits d’impôt sur les investissements dans les installations portuaires et divers programmes d’abattement et d’exonération fiscaux. Combinés avec une bonne stratégie globale, ces mesures se sont traduites par une croissance soutenue et des investissements par les centres de distribution nationaux à Savannah.

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Secteurs compétitifs axés sur la porte d’entrée

Secteur des services financiers et des services aux entreprises liés au commerce

Secteurs compétitifs axés sur la porte d’entrée

Secteur des services financiers et des services aux entreprises liés au commerce

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Aperçu de la compétitivité mondiale : Secteur des services financiers et des services aux entreprises liés au commerce

Classement selon la cote de qualité de l’étude PLI d’IBM Classement selon l’indice de rentabilité de l’étude PLI d’IBM

Capacités de l’Ouest canadien dans le secteur des services financiers et des services aux entreprises liés au commerce : une base solide d’industries de créneaux La grappe des services financiers et des services aux entreprises de l’Ouest canadien connaît une croissance rapide à mesure que la région se développe en tant que porte d’entrée au commerce mondial et que le volume des transactions internationales augmente. L’atout de l’Ouest dans le secteur est sa base solide d’entreprises de services financiers et de services aux entreprises qui fournissent un large éventail de services. Elles comprennent des banques, des compagnies d’assurance, des coopératives d’épargne et de crédit, des sociétés de fiducie et de prêts, des courtiers en valeurs mobilières, des compagnies de fonds mutuels, des experts financiers et des comptables, des courtiers, des courtiers en devises et des entreprises de couverture, des courtiers en produits, des entreprises d’impartition des processus administratifs, des entreprises de services de gestion et des fournisseurs de services administratifs. Toutes les plus grandes villes de l’Ouest canadien, comme Vancouver, Calgary, Winnipeg et Saskatoon, possèdent d’importantes grappes de ces entreprises. Ainsi, on trouve à Vancouver 11 900 entreprises bancaires et d’assurance. Elles sont donc beaucoup plus nombreuses qu’à San Francisco, à Houston ou à Boston120.

Le secteur des services financiers et des services aux entreprises liés au commerce de l’Ouest canadien possède plusieurs atouts importants par rapport à ses compétiteurs. L’augmentation constante des marchandises passant par Vancouver pour se rendre au centre des États-Unis fait de cette ville un endroit idéal pour établir et faire croître des services financiers et des services aux entreprises liés au commerce. En effet, l’histoire des grands

120 Investir au Canada, http://investincanada.gc.ca/fra/publications/fin_services.aspx. Consulté le 29 décembre 2009. 98 centres financiers tels que New York, Hong Kong et Singapour montre que ces villes étaient, à l’origine, des portes d’entrée qui ont ensuite développé des marché de capitaux et de change afin de soutenir leurs activités de portes d’entrée du commerce.

Niveaux d’emploi, contribution au PIB et investisseurs étrangers importants Le secteur de la finance et de l’assurance emploie une proportion importante des Canadiens de l’Ouest. En 2008, environ 323 900 personnes de la région travaillaient dans l’industrie de la finance, de l’assurance, de l’immobilier et de la location121.

Colombie-Britannique En novembre 2009, 47 % des emplois dans le secteur de la finance, de l’assurance, de l’immobilier et de la location de l’Ouest canadien se retrouvaient en Colombie-Britannique, soit 152 300 employés122. Évidemment, ces grandes catégories regroupent un large éventail de travailleurs qui effectuent diverses tâches dans le secteur des services financiers et des services aux entreprises. Ainsi, BC Stats rapporte qu’en 2008, on trouvait 50 000 employés dans des entreprises bancaires; 30 400 employés dans des compagnies d’assurance, des fonds et d’autres véhicules financiers; 15 300 employés chez des courtiers en valeurs mobilières et des courtiers de contrats à terme sur marchandises; 12 400 employés dans des sociétés de services aux entreprises; 7 500 employés en gestion d’entreprise et autres services administratifs123. En termes de recettes, la Colombie-Britannique a enregistré des recettes d’exploitation de 1,59 G$ en comptabilité et tenue de livres, 628 M$ en services d’emploi, 2,97 G$ en services d’ingénierie et 478 M$ en services publicitaires en 2007124.

Exploitant son avantage géographique, Vancouver est devenue une plaque tournante internationale des services financiers. On y trouve125 au moins 30 banques étrangères et 15 institutions financières internationales, et toutes les grandes banques canadiennes — la Banque Royale du Canada, la Banque Toronto-Dominion, la Banque de la Nouvelle- Écosse, la Banque de Montréal et la Banque Canadienne Impériale de Commerce — sont fermement implantées dans la province. La Banque HSBC, le plus important groupe bancaire du monde, a aussi installé à Vancouver son bureau principal au Canada. Le système des coopératives est très développé en Colombie-Britannique, et on y trouve 48 caisses populaires et 51 sociétés de fiducie agréées par la B.C. Financial Institutions Commission126. Les plus importantes sociétés d’assurance, comme la Financière Manuvie, ont aussi d’importantes activités en Colombie-Britannique, et la province attire un montant élevé d’investissements en capital-risque. En 2008, la Colombie-Britannique a attiré 259,8 M$ en capital-risque, soit 18,9 % du total du capital-risque investi au Canada127.

121 Statistique Canada, www40.statcan.gc.ca/l02/cst01/labor21c-fra.htm. Consulté le 30 décembre 2009. 122 Statistique Canada, www40.statcan.gc.ca/l02/cst01/labr67k-fra.htm. Consulté le 30 décembre 2009. 123Statistique Canada, www.bcstats.gov.bc.ca/DATA/dd/handout/naicsann.pdf. Consulté le 30 décembre 2009. 124 Statistique Canada, www40.statcan.gc.ca/l02/pro01/pro110-fra.htm. Consulté le 30 décembre 2009. 125 Gouvernement du Canada, http://investiraucanada.gc.ca/fra/secteurs-industriels/servicesfinanciers.aspx. Consulté le 30 décembre 2009. 126British Columbia Financial Institutions Commission, www.fic.gov.bc.ca/responsibilities/creditunionsandtrusts/overview.htm. Consulté le 30 décembre 2009. 127 Thomson Reuters, Données sur le capital-risque fournies par DEO. 99

À cause de sa situation comme porte d’entrée et de ses liens avec la région Asie- Pacifique, Vancouver a attiré plusieurs entreprises de services financiers de classe mondiale. Il s’agit notamment de la Bank of China, de la Bank of Tokyo-Mitsubishi UFJ, de J.P. Morgan Asset Management, de Merrill Lynch Inc., de la Bank of America, de Citibank et de la Korea Exchange Bank of Canada.

Alberta En novembre 2009, l’Alberta comptait 106 000 employés dans la catégorie de la finance et de l’assurance128. Le secteur des services financiers comptait environ 5 100 entreprises, dont 12 des 20 plus importantes maisons de courtage de valeurs au monde et l’Alberta Investment Management Corporation, une des plus importantes maisons de gestion d’investissement institutionnel au Canada129. L’industrie des services aux entreprises de l’Alberta est importante également. En effet, on trouve plus de 800 entreprises de services aux entreprises à Calgary seulement130. Calgary est reconnue comme une des régions économiques d’Amérique du Nord dont la croissance est la plus rapide, en plus d’être une plaque tournante du financement de l’énergie. Le secteur des services de soutien financier de la ville emploie environ 22 700 personnes131. En 2007, l’Alberta a réalisé des recettes d’exploitation de 1,68 G$ en comptabilité et en tenue de livres, 1,49 G$ en services d’emploi, 5,04 G$ en services d’ingénierie et 390 M$ en services publicitaires132.

Manitoba En novembre 2009, le Manitoba comptait 36 700 employés dans le secteur de la finance et de l’assurance133. Les entreprises de services financiers et de services aux entreprises du Manitoba sont concentrées à Winnipeg, où l’on trouve environ 25 000 personnes travaillant directement dans le secteur de la finance, de l’assurance et de l’immobilier134, et plus de 10 600 employés dans le secteur des services aux entreprises135. Parmi les grandes entreprises de l’industrie qui ont leur siège social à Winnipeg, on peut mentionner la Great-West Lifeco, la Société Financière IGM, le Boyd Group Income Fund, la Wawanesa Mutual Insurance Company et l’Assiniboine Credit Union.

À lui seul, le secteur des services financiers du Manitoba contribue près de 4 G$ au PIB de la province136. En 2007, les recettes d’exploitation ont été de 326 M$ en comptabilité

128 Statistique Canada, www40.statcan.gc.ca/l02/cst01/labr67j-fra.htm. Consulté le 30 décembre 2009. 129 Government of Alberta, http://alberta.ca/home/NewsFrame.cfm?ReleaseID=/acn/200911/273902C56ABE8- B4E1-768A-015F2E75B03D866C.html. Consulté le 3 janvier 2010. 130 Gouvernement du Canada, http://investiraucanada.gc.ca/fra/publications/busi_services.aspx. Consulté le 3 janvier 2010. 131 Gouvernement du Canada, http://investiraucanada.gc.ca/fra/publications/busi_services.aspx. Consulté le 3 janvier 2010. 132 Statistique Canada, www40.statcan.gc.ca/l02/pro01/pro109-fra.htm. Consulté le 3 janvier 2010. 133 Statistique Canada, www40.statcan.gc.ca/l02/cst01/labr67h-fra.htm. Consulté le 3 janvier 2010. 134 Destination Winnipeg Inc., www.destinationwinnipeg.ca/economic-development/business/key-sectors-and- companies/strategic-sectors. Consulté le 3 janvier 2010. 135 Gouvernement du Canada, http://investiraucanada.gc.ca/fra/publications/busi_services.aspx. Consulté le 4 janvier 2010. 136 Destination Winnipeg Inc., www.destinationwinnipeg.ca/economic-development/business/key-sectors-and- companies/strategic-sectors. Consulté le 4 janvier 2010. 100 et en tenue de livres, de 61,1 M$ en services d’emploi, de 187 M$ en services d’ingénierie et de 79,2 M$ en services publicitaires137.

Programmes publics Au niveau provincial, il existe un grand nombre de programmes de stimulants auxquels ont accès les entreprises de services financiers actives dans les provinces de l’Ouest du Canada. Le gouvernement de la Colombie-Britannique offre un crédit d’impôt de 30 % aux investisseurs qui fournissent du capital-risque à de petites entreprises faisant de la R-D dans la province. En outre, l’IFAA de la Colombie-Britannique est particulièrement intéressante pour les entreprises de services financiers. Le programme de l’IFAA rembourse jusqu’à 100 % des impôts provinciaux aux sociétés admissibles qui réalisent des activités financières internationales depuis la Colombie-Britannique138. Ce programme a déjà contribué de façon importante à l’économie de la province. MMK Consulting considère que l’IFAA a fait augmenter le PIB de la Colombie-Britannique d’un montant s’établissant entre 0,5 et 0,75 G$ (soit entre 0,26 et 0,39 % du PIB) et a mené à la création de 5 000 à 8 000 nouveaux emplois en 2007. En outre, le gouvernement de la Colombie-Britannique offre aux spécialistes des activités financières internationales un remboursement de l’impôt provincial pouvant aller jusqu’à 75 % de l’impôt payé sur le revenu net de leurs activités financières internationales admissibles139.

En Saskatchewan, les personnes qui achètent des actions d’une société à capital de risque de travailleurs (SCRT) enregistrée dans la province sont admissibles à un crédit d’impôt provincial égalant 20 % du coût de leur investissement en plus d’un crédit d’impôt fédéral de 15 % sur la première tranche de 5 000 dollars d’investissement par an. Le Manitoba aussi encourage l’innovation en accordant un crédit d’impôt à la R-D sur les dépenses admissibles de recherche et de développement scientifiques140.

Analyse de rentabilisation : les liens culturels seront importants Notre analyse des données produites par l’étude l’étude PLI d’IBM indique qu’en ce qui a trait à la qualité, les centres de services financiers de l’Ouest canadien ne soutiennent pas la comparaison avec les principaux centres européens ou nord-américains. Vancouver obtient le 12e rang sur la note de qualité de PLI, nettement derrière des centres importants comme Londres, New York, Chicago, Toronto et Montréal. Cependant, on note que Vancouver obtient une bonne note parmi les centres financiers de deuxième catégorie comme Raleigh-Durham, Jacksonville et Boston. Les principales faiblesses des centres de l’Ouest canadien dans le secteur des services financiers sont l’absence relative d’une grappe d’industries, l’absence relative de la possibilité de recruter du personnel qualifié et les restrictions sur le plan immobilier. Leurs principaux atouts sont la connaissance de la langue et la qualité supérieure des milieux de vie.

137 Statistique Canada, www40.statcan.gc.ca/l02/pro01/pro107-fra.htm. Consulté le 4 janvier 2010. 138 The International Financial Centre British Columbia, www.ifcbc.com/ifb-international-financial-business.htm. Consulté le 4 janvier 2010. 139 Government of British Columbia, www.sbr.gov.bc.ca/individuals/Income_Taxes/International_Financial_Activity/faq.htm. Consulté le 4 janvier 2010. 140 Gouvernement du Manitoba, www.gov.mb.ca/ctt/invest/busfacts/govt/rd_taxcredit.html. Consulté le 4 janvier 2010. 101 Sur l’indice du rendement de l’étude PLI d’IBM, les centres de l’Ouest du Canada (spécialement Winnipeg) offrent une valeur incontestable. Ainsi, en ce qui concerne les coûts, Winnipeg a un avantage de 8,6 % sur Jacksonville et de 13 % sur Raleigh- Durham. Nous devons toutefois noter que des centres comme Vancouver et Calgary n’offrent pas un avantage important au niveau des coûts sur des centres des États-Unis comme Jacksonville et Raleigh-Durham, qui ont récemment attiré des investissements de services administratifs par des institutions financières américaines.

Un des plus grands avantages de Vancouver sur les autres centres d’Amérique du Nord est l’importante population asiatique de la ville. L’effet de ce facteur sur les décisions des investisseurs étrangers est sans doute impossible à quantifier, mais nous croyons que la présence d’une forte population parlant la même langue que les clients de la région Asie- Pacifique ne peut pas nuire aux perspectives de développement de ce secteur à Vancouver. En fait, il s’agit probablement de la principale raison pour laquelle la Banque HSBC a établi dans cette ville son siège social au Canada et qu’elle entreprend depuis sa base de Vancouver d’importantes activités internationales de commerce et de gestion de patrimoine. En outre, plusieurs banques d’Asie-Pacifique ont choisi d’installer des succursales de services bancaires de détail à Vancouver seulement, à cause de l’importante population asiatique de la ville.

Nous croyons qu’à mesure que la région Asie-Pacifique continuera d’augmenter, la demande de transactions liées au commerce international croîtra également. Les banques et les institutions financières basées dans la région Asie-Pacifique deviendront des investisseurs clés, et on voit déjà débuter ces investissements à Vancouver (dans le secteur du détail). En outre, les services connexes aux entreprises, tels que les services juridiques, les services comptables, etc., croîtront également alors que Vancouver deviendra une ville porte d’entrée relativement importante comparativement à ses compétitrices de la côte ouest des États-Unis.

Structure industrielle et dynamique de la compétition : occasions d’affaires offertes par la croissance liée à la porte d’entrée L’industrie bancaire et financière canadienne est réglementée par le gouvernement fédéral. Un élément des exigences réglementaires est que les banques des annexes II et III sont soumises à certaines restrictions quant à leurs activités et la propriété du capital. Ces restrictions ont l’effet de décourager les investissements massifs par des banques étrangères dans les activités courantes comme les services bancaires au détail. Aux termes de la loi C-8 (2001), les institutions dont la valeur comptable dépasse 5 G$ ne peuvent pas laisser une personne ou une entité posséder plus de 20 % des actions avec droit de vote ou plus de 30 % des actions sans droit de vote (ce qui empêche en pratique les banques étrangères d’entrer au Canada sur une grande échelle). En outre, la loi C-8 stipule que les institutions dont la valeur comptable se situe entre 1 G$ et 5 G$ doivent avoir 35 % de leurs actions avec droit de vote en investissement public (ce qui empêche les institutions financières qui ne veulent pas se trouver sur les marchés publics de s’installer au Canada). Seules les institutions dont la valeur comptable est inférieure à 1 G$ ne sont pas soumises aux restrictions quant à la propriété.

Ces restrictions à la propriété et la part dominante des « Cinq grandes » banques canadiennes sur les marchés bancaires de détail et commercial demeureront inchangées pendant encore longtemps. En conséquence, la plupart des banques étrangères installées au Canada ont choisi de centrer leurs activités sur des 102 créneaux particuliers du marché canadien, dans des domaines comme le financement du commerce, l’émission de cartes de crédit, la gestion du patrimoine et les opérations de location et de prêts commerciaux. Lorsque ces banques exercent des activités bancaires au détail, celles-ci sont généralement limitées à quelques villes canadiennes, où les banques exploitent des créneaux particuliers pour les collectivités d’immigrants.

Nous ne considérons généralement pas ces restrictions à la propriété comme trop sévères en ce qui concerne l’exploitation d’importantes opérations bancaires internationales. Les investissements supplémentaires par des institutions financières basées hors de la région Asie-Pacifique serviront probablement à exploiter des créneaux particuliers, comme les services bancaires de détail, les services bancaires mobiles ou la gestion du patrimoine pour certaines populations immigrantes particulières. Au fil du temps, ces activités se transformeront en relations commerciales internationales. À ce titre, la limite à la propriété de 1 G$ de valeur comptable est suffisamment élevée pour que des activités de créneaux continuent à s’installer dans l’Ouest du pays. D’ailleurs, plusieurs institutions financières asiatiques ont déjà mis en place des activités de détail dans l’Ouest canadien.

Conséquences pour l’investissement étranger direct : prendre pour cible les investissements de créneaux liés au commerce Étant donné la structure du secteur, nous croyons qu’il présente une occasion réelle d’encourager des banques étrangères à entreprendre des activités de créneaux dans le secteur des services financiers et des services aux entreprises liées au commerce dans l’Ouest canadien. En exploitant la croissance des bureaux de représentation par les compagnies de navigation, les entreprises de transport et de logistique, et les fournisseurs de services 3PL et 4PL, Vancouver devient un site naturel pour le traitement d’instruments financiers comme le financement avant la livraison, le financement des bons de commande, les lettres de crédit, le financement des acheteurs, le recouvrement d’effets, le crédit d’acheteur ou crédit fournisseur, le financement après expédition, le financement sur stocks, l’affacturage, etc.

La raison en est que, même si sa structure de coûts n’est pas plus compétitive que celle des autres centres financiers de deuxième catégorie (particulièrement Jacksonville ou Raleigh-Durham), Vancouver possède une importante population asiatique qui aura de plus en plus besoin d’opérer des transactions avec ses homologues de la région Asie-Pacifique. En outre, la position de Vancouver sur la côte Ouest lui donne une fenêtre de deux à trois heures pour travailler avec ses partenaires de l’Asie-Pacifique, fenêtre dont ne disposent pas ses compétiteurs des fuseaux horaires de l’Est ou des Rocheuses.

L’expérience de HSBC au cours des deux dernières décennies dans l’Ouest canadien est éloquente. HSBC a choisi d’établir ses activités dans la région d’abord, parce qu’elle y voyait une occasion de commerce international. Cependant, la banque n’a commencé à développer ses activités qu’après avoir acheté les actifs d’une institution financière en faillite, la Bank of British Columbia, en 1986. La Bank of British Columbia avait une forte présence sur le marché bancaire de détail de la C.-B. En l’achetant, HSBC a obtenu 41 succursales en Colombie-Britannique et en Alberta, et est passée du 20e rang au 9e rang en importance des banques canadiennes. HSBC a ensuite utilisé sa forte présence au détail dans la région Asie- Pacifique pour offrir ses services à ses clients de détail dans l’Ouest canadien. Elle a 103 alors choisi de développer ses activités commerciales et internationales dans la région.

Nous croyons que l’entrée éventuelle d’autres institutions financières suivra un modèle semblable. Elles seront poussées à investir dans l’Ouest d’abord, à cause de l’importante population d’immigrants, puis voudront attirer des comptes commerciaux internationaux importants. Dans ce contexte, la clé pour attirer ces investissements est de voir à ce que ces institutions établissent leur siège social régional canadien ou nord-américain dans l’Ouest du Canada, et que l’installation de leurs services administratifs dans l’Ouest canadien apparaisse amplement justifiée aux investisseurs.

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104

Meilleures pratiques internationales : choisir des gagnants ou déplacer

l’avantage concurrentiel?

105

Attirer l’investissement étranger direct (IED) est une entreprise très importante. Selon la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), le flux total mondial d’IED en 2008 s’est élevé à 1,7 billions de dollars US, et le stock mondial total d’IED s’élevait à 14,9 billions141. En 2008, le Canada a attiré 44,7 G$US en IED, et le stock total d’IED du Canada cette année-là a atteint 412,3 G$US142.

La question qui se pose constamment dans toutes les régions ou pays est de savoir quels outils, quelles stratégies, quelles politiques sont nécessaires pour encourager la croissance et le développement d’activités économiques à haute valeur ajoutée. Un des objectifs du présent projet était de déterminer les meilleures pratiques sur la scène internationale des gouvernements et des secteurs privés pour attirer les IED en travaillant ensemble dans le cadre de leurs programmes économiques, de leurs réglementations et de leurs politiques, et de voir lesquelles de ces stratégies pourraient être utilisées dans le contexte de l’Ouest canadien.

Il convient de noter que, pour attirer des investisseurs étrangers, les juridictions du monde entier ont mis en place des programmes et des politiques visant à améliorer les environnements d’accueil dans les pays hôtes. Ainsi, certains pays ont eu recours à des taux d’imposition des entreprises peu élevés, mis en place des régimes de tarifs préférentiels, réduit les coûts des transactions d’affaires (comme les permis) et augmenté leurs investissements dans les infrastructures et les mesures visant la R-D — tout cela dans le but d’attirer des investisseurs étrangers de plus en plus mobiles. Certaines de ces mesures étaient particulières à un secteur donné (comme le secteur de l’automobile ou le secteur de la haute technologie), alors que d’autres étaient destinées à une région particulière (comme les zones franches ou les zones économiques spéciales).

Un grand nombre de ces politiques et stratégies sont axées sur la participation d’investisseurs étrangers, mais elles ne favorisent pas explicitement les investisseurs étrangers, surtout dans le contexte de la plupart des pays développés comme le Canada. Comme ces politiques et programmes ne discriminent pas en faveur des investisseurs étrangers de facto ni de jure, nous appelons ce genre de politiques des politiques « à risque faible », puisqu’elles se situent aisément dans le cadre stratégique utilisé par les gouvernements du monde entier et se conforment aux ententes internationales existantes sur le commerce et l’investissement international.

141 CNUCED, FDI Stat®, http://stats.unctad.org/FDI/TableViewer/tableView.aspx. Consulté le 15 décembre 2009.

142 CNUCED, FDI Stat®, http://stats.unctad.org/FDI/TableViewer/tableView.aspx. Consulté le 15 décembre 2009. 106 Les incitatifs et les programmes explicitement axés sur l’IED se présentent sous deux formes fondamentales : les approches fondées sur des règles et les approches spécifiques143. Les programmes incitatifs fondés sur des règles se basent sur la nationalité des investisseurs pour fournir les subventions à l’investissement applicables aux investisseurs étrangers, et sont généralement précisés dans le code fiscal du pays. Ainsi, le code fiscal de l’Irlande fixe un taux d’imposition des entreprises réduit sur le revenu du commerce, jusqu’à la fin de 2010, pour les entreprises du secteur de la fabrication et de certains secteurs des services. Un autre exemple est la « super-déduction » offerte actuellement par la Chine pour les dépenses de R-D. Aux termes de deux lois de l’impôt sur le revenu des entreprises d’investissement chinoises et étrangères respectivement, les contribuables chinois sont autorisés à déduire 150 % de leurs dépenses de R-D autorisées. Bien que ni l’un ni l’autre de ces programmes ne soient explicitement réservés aux investisseurs étrangers de jure (puisque les entreprises nationales sont admissibles aussi), étant donné le contexte historique dans s’inscrivent ces lois, les investisseurs étrangers sont les principaux bénéficiaires de ces programmes de facto. Nous appelons ces programmes d’incitatifs des IED fondés sur des règles des stratégies « à risque moyen », puisque, d’une part, elles sont discriminatoires de facto en faveur des investisseurs étrangers et peuvent mettre en concurrence les régimes des différentes régions et que, d’autre part, elles peuvent fournir des incitatifs réels à établir des activités étrangères dans une région donnée, et sont utilisées largement dans tous les codes fiscaux du monde entier.

Les approches spécifiques recourent à un large éventail d’incitatifs qui sont spécialement négociés avec des investisseurs étrangers et qui peuvent aller des subventions aux prêts à conditions favorables, en passant par les incitatifs de nature immobilière et les subventions à l’emploi, les dérogations et les exceptions aux lois fiscales et autres, ainsi que par le soutien à la R-D pour un investisseur étranger particulier. Nous appelons ces approches spécifiques « à risque élevé », puisqu’elles peuvent non seulement mettre les régimes en concurrence, mais aussi faire monter le coût économique d’attirer des investissements étrangers au-delà des limites raisonnables.

143 OCDE, Liste de critères pour apprécier les stratégies d’incitations à l’IDE, Perspectives de l’investissement international, 2004, p.121 107 Tableau 7: Profil de risque des politiques et des programmes d’incitation aux IED

Profil de risque des politiques Niveau de discrimination en

et des programmes d’incitation faveur des investisseurs Exemples aux IED étrangers Politiques à risque faible Faible : Les politiques à risque Politiques et programmes généraux visant à améliorer l’environnement faible ne ciblent pas des affaires, comme les investissements dans l’infrastructure, les spécifiquement les investisseurs dépenses de R-D, les réductions du taux d’imposition des entreprises, étrangers. Même si les la simplification des démarches administratives, etc. investisseurs étrangers peuvent en être les bénéficiaires de facto, Incitations pour des secteurs précis, comme les dépenses de R-D dans surtout dans le contexte d’un pays le secteur de l’automobile, des dépenses de formation dans un secteur en développement, la plupart des particulier, etc. politiques à faible risque dans des pays comme le Canada permettent Incitations spécifiques à des régions données, comme l’établissement aux entreprises nationales d’en de zones franches ou de zones économiques spéciales dans lesquelles profiter tout autant que les les investisseurs ont droit à des abattements fiscaux et à des crédits à investisseurs étrangers directs. l’exportation.

Nous considérons aussi les missions et les voyages de marketing et de stimulation des investissements comme des activités à faible risque.

Politiques à risque moyen Moyen : Les politiques à risque Mesures d’impôt particulières, comme des crédits d’impôt et des moyen ne ciblent pas les déductions sur le revenu gagné, pour des activités particulières comme investisseurs étrangers de jure, le revenu du commerce dans la fabrication ou le revenu tiré d’activités mais, étant donné le contexte particulières. historique, les investisseurs étrangers directs en sont les Activités de marketing et de développement d’entreprise, lorsque des principaux bénéficiaires. subventions ou des incitations sont données à des entreprises nationales ou étrangères pour collaborer à des projets de R-D ou d’expansion d’entreprise.

Nous classerions l’International Financial Activities Act de C.-B. comme une politique d’attraction des IED à risque moyen, puisqu’elle accorde des crédits d’impôt sur le revenu tiré d’activités « internationales » qui ne sont pas autrement définies dans la Loi. Bien que la Loi ne discrimine pas directement en faveur des investisseurs étrangers directs, elle a l’effet d’attirer les investisseurs étrangers.

Politiques à risque élevé Élevé : Les stratégies à risque Incitations négociées avec un investisseur particulier. Il peut s’agir de élevé sont orientées subventions et de prêts, d’incitations touchant l’immobilier (comme des spécifiquement vers les terrains gratuits), des subventions à l’emploi, des dérogations investisseurs nationaux ou les particulières à l’impôt et aux règlements comme le non-paiement de investisseurs étrangers directs. l’impôt foncier municipal ou de frais supplémentaires pour l’électricité, Elles peuvent mettre et mettent de etc. fait les régimes des différentes régions en concurrence, dans le pays et entre pays.

Source : OCDE, IE Market Research Corporation.

Il faut garder en tête cet éventail de stratégies à risque faible, moyen et élevé lorsque l’on considère le genre de stratégies d’attraction nécessaire pour augmenter l’activité de valeur ajoutée d’une grappe donnée. Il est clair que les stratégies à risque faible ne suffisent pas à elles seules. Le coffre à outils doit contenir des stratégies à risque moyen et élevé si l’on veut attirer des investissements nationaux et étrangers.

Le désavantage des politiques et des programmes à risque moyen et élevé, évidemment, est qu’ils peuvent rapidement mener à la tentation de mettre différentes régions en concurrence, formule aussi connue sous les noms anglais « beggar thy neighbour » (appauvrir son voisin) ou « investment poaching » (braconnage d’investissements)144.

144 OCDE, « Incentives-based Competition for Foreign Direct Investment: The Case of Brazil ». Documents de travail sur l’investissement international, No 2003/1, www.oecd.org/dataoecd/52/40/2500995.pdf. Consulté le 27 décembre 2009. 108 Nous devons aussi garder à l’esprit que la politique canadienne concernant l’offre d’incitations pour attirer des investissements d’affaires en compétition avec d’autres régions canadiennes est régie par l’Accord sur le commerce intérieur (ACI) et que, dans la plupart des provinces, des lois interdisent aux administrations municipales canadiennes d’offrir des « primes », ou des incitations spécifiques à une entreprise pour attirer celle-ci dans leur région lorsqu’elles sont déjà installées dans une autre région du Canada145. L’article 607 de l’ACI stipule que les « Parties ne peuvent exercer de discrimination envers une entreprise sur la base de la propriété, du contrôle ou de la localisation d’une entreprise au Canada ». L’annexe 607.3 de l’ACI établit un code de conduite concernant les stimulants, qui exige que les parties « évitent les guerres d’enchères » et « s’efforcent d’éviter d’accorder des stimuli » causant une distorsion de l’activité économique146.

En dépit de l’ACI et des règlements municipaux qu’on trouve dans la plupart des provinces canadiennes qui ont des lois particulières interdisant de donner des primes aux entreprises, nous considérons qu’il existe suffisamment de failles dans les lois existantes pour permettre aux villes d’utiliser des stratégies à risque élevé. Ainsi, l’article 182 du Local Government Act de Colombie-Britannique interdit d’accorder de l’aide comme les subventions, les avantages ou d’autres forme d’aide, y compris les exemptions de taxes ou de frais. Cependant, l’article 183 de cette même Loi déclare qu’en dépit de l’article 182, un conseil municipal peut accorder de l’aide aux termes d’un accord de partenariat147.

Stratégies — Matrice d’intégration globale À partir de notre analyse de la compétitivité globale des secteurs de l’Ouest canadien, nous avons mis au point une matrice d’intégration globale des stratégies qui décrit le genre d’actions stratégiques nécessaires, en fonction du niveau d’intégration d’un secteur de l’Ouest canadien compétitif sur le plan mondial (voir la figure ci-dessous). Ainsi, alors que les secteurs des services financiers et de l’électronique de l’Ouest jouissent d’avantages importants sur d’autres centres intérieurs et internationaux, nos profils de secteurs ci-dessus montrent clairement que pour continuer à se développer dans l’Ouest, ces secteurs auront besoin d’une combinaison de stratégies et d’actions à risque élevé, moyen et faible. Nous devons indiquer ici qu’aucune des 55 entreprises canadiennes faisant partie du Global 2000 n’a son siège social dans l’Ouest du Canada.

145 Ibid. p. 14. 146 Ibid. p. 14. 147 On trouvera une opinion juridique sur les primes municipales dans : O’Melia, Steven J., Coburn, Rick F. et Melville, Thomas S. Municipal Bonusing: What’s Permitted and What’s Not. Miller Thomson LLP, Juin 2006. www.millerthomson.com/docs/Municipal_Bonusing_Whats_Permitted_and_Whats_Not.PDF. Consulté le 2 janvier 2010. 109 Nous considérons des secteurs comme les communications sans fil et l’aérospatiale comme des secteurs à créneaux dans l’Ouest canadien également. Comme c’est le cas pour les services financiers et l’électronique, l’activité au niveau des entreprises dans ces secteurs est généralement limitée au développement ou à la fourniture de solutions et de services technologiques de créneaux à ou pour des clients intérieurs ou internationaux. Cependant, ces secteurs sont mieux établis et ont de nombreux « locataires-clés », canadiens et internationaux. Dans la mesure où l’intégration horizontale ou verticale sera importante pour le développement de ces deux secteurs, nous croyons qu’il faut adopter dans leur cas une combinaison de stratégies et de programmes à risque moyen et faible.

Matrice d’intégration globale des stratégies

Source : IE Market Research Corporation.

110

À notre avis, on peut dire des secteurs des jeux vidéo, des services logiciels, des services de logistiques et de transport, des produits chimiques industriels et de la transformation des céréales et des aliments de l’Ouest canadien qu’ils sont intégrés, horizontalement ou verticalement, à l’économie mondiale. La présence d’importants investisseurs étrangers et de grandes entreprises canadiennes dont les sièges sociaux sont installés dans des villes de l’Ouest appuie cette thèse. Ainsi, Electronic Arts a installé son plus grand studio de développement à Vancouver et, au cours des 20 dernières années, a donné naissance à de nombreuses entreprises de jeux vidéo, jeunes et moins jeunes, qui constituent une partie importante de la chaîne de valeur internationale des nouveaux médias. Comme autres exemples, on peut mentionner les sièges sociaux d’Enbridge, de Suncor, de PetroCanada, de Husky Energy et de Talisman Energy, ainsi que la présence en Alberta des sièges sociaux d’ExxonMobil, de Dow Chemical, de Shell Chemicals et du Canadien Pacifique, ce qui donne à cette province une forte grappe d’entreprises pétrochimiques, de transport et de logistique. Cela signifie que le niveau d’engagement stratégique nécessaire pour développer ces grappes et attirer davantage d’IED est probablement limité aux stratégies à risque faible qu’on utilise déjà dans l’Ouest canadien. Nous mettons en évidence ci-dessous cinq études de cas illustrant des pratiques exemplaires internationales de gouvernements et du secteur privé qui travaillent de concert dans le cadre de programmes économiques, de règles et de stratégies pour améliorer la compétitivité, attirer des investissements étrangers directs et stimuler la croissance économique par une activité à valeur ajoutée. Ces pratiques pourraient s’appliquer au contexte de l’Ouest canadien.

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111 Étude de cas no 1 : Les initiatives de stimulation des investissements du Nouveau- Mexique dans le secteur de l’aérospatiale

Le Nouveau-Mexique fournit un bon exemple de l’utilisation d’une combinaison de stratégies et de programmes à risque faible, moyen et élevé afin d’attirer des investissements dans son secteur de l’aérospatiale. Nous ne préconisons pas l’emploi de stratégies et de programmes à risque élevé, mais il n’en est pas moins instructif de voir comment ils sont utilisés dans d’autres régions ayant des entreprises d’aérospatiale de deuxième catégorie qui, à l’instar de l’Ouest canadien, doivent composer avec la concurrence mondiale et une certaine structure industrielle.

En 2005, le Nouveau-Mexique se situait au 33e rang du secteur de l’aérospatiale américain pour ce qui est du nombre total d’employés, avec tout juste un peu plus de 1 000 employés. Trois ans plus tard, en 2008, l’emploi total en aérospatiale au Nouveau-Mexique avait grimpé à plus de 8 000 employés, et des entreprises comme Boeing SVS, Northrup Grumman, Lockheed Martin, Honeywell Defense Avionics, Raytheon, Goodrich et Virgin Galactic avaient établi des activités au Nouveau- Mexique.

En ce qui concerne les stratégies et les programmes de stimulation des investissements à risque faible, le Nouveau-Mexique a mis en place les suivants, dont il fait la promotion auprès de l’industrie aérospatiale et aéronautique :

. Le Nouveau-Mexique a un Programme d’encouragement à la formation en milieu de travail qu’il vante en affirmant que c’est l’un des programmes d’encouragement à la formation les plus dynamiques du pays148. Ce programme rembourse les coûts de formation théorique et en milieu de travail, ainsi que de 50 à 70 % du salaire des nouveaux employés pendant une période pouvant aller jusqu’à six mois; . L’État offre aussi un crédit d’impôt pour les postes à salaire élevé que nous classerions comme un plan de stimulation à risque faible. Ce plan prévoit un crédit d’impôt de 10 % sur les salaires et les avantages sociaux de tout nouveau poste dont le salaire est d’au moins 40 k$US dans les zones métropolitaines et d’au moins 28 k$US dans les collectivités rurales. Encore une fois, même s’il ne vise pas directement le secteur de l’aérospatiale (donc à risque faible), cet incitatif est fortement vanté auprès des entreprises d’aérospatiale; . Le crédit à l’investissement en fabrication permet aux manufacturiers du Nouveau-Mexique de profiter d’un crédit égal à 5 % de la valeur de l’équipement admissible importé et utilisé dans une usine de fabrication du Nouveau-Mexique (pourvu que le manufacturier se conforme à la règle d’embaucher des travailleurs supplémentaires pour gagner ce crédit); . Le crédit d’impôt des emplois ruraux du Nouveau-Mexique est offert aux entreprises installées à l’extérieur des zones métropolitaines. En général, les employeurs peuvent recevoir jusqu’à 1 k$US par employé par année, pour une période pouvant aller jusqu’à quatre années consécutives; . En outre, le gouvernement de l’État et les municipalités locales financent conjointement de vastes programmes de formation dans les universités et les collèges locaux.

148 Voir : New Mexico Aviation & Aerospace. http://nmpartnership.com/pdfs/Aviation.pdf, p. 13. Consulté le 15 décembre 2009. 112 Parmi les stratégies et les programmes à risque moyen ciblant directement l’industrie de l’aérospatiale, on peut mentionner les suivants :

. Metro New Mexico, formé ded six collectivités Albuquerque, Belen, Estancia Valley, Los Lunas, Rio Rancho et Santa Fe, a créé, sur 300 acres (121 hectares), l’Aerospace Technology Park (ATP), dans lequel Albuquerque a investi 36 M$US dans la mise à niveau des services publics et des installations aéroportuaires et a accéléré la construction des entreprises liées à l’aéronautique; . Déduction d’impôt pour la maintenance ou le réaménagement d’aéronefs : Les recettes provenant de la maintenance, de la remise en état, du remodelage ou de toute modification d’un aéronef commercial ou militaire de plus de 10 000 lbs de poids brut à l’atterrissage sont déductibles du revenu brut; . Déduction d’impôt pour la R-D en aérospatiale : Les services de R-D en aérospatiale effectués directement pour les Forces aériennes des États-Unis ou vendues à elles par la voie d’un intermédiaire sont déductibles du revenu brut; . Déduction d’impôt pour la fabrication d’aéronefs : Les recettes d’un fabricant d’aéronefs ou de ses entreprises affiliées provenant de la vente d’aéronefs ou de pièces d’aéronefs, ou de la vente de services effectués sur des aéronefs ou leurs composantes, ou de la vente de matériel de soutien au vol, de formation pour pilotes ou de techniciens de maintenance d’aéronefs peuvent être déduits du revenu brut.

En plus de ces stratégies à risque faible ou moyen, le Nouveau-Mexique fait une promotion vigoureuse d’une série de stratégies et de programmes à risque élevé ciblant des investisseurs particuliers :

. Spaceport America est le premier port spatial commercial spécialement construit dans ce but au monde. Il est destiné à promouvoir l’activité spatiale, y compris les vols spatiaux commerciaux, le lancement de masses satellisables, les équipes de course expérimentale et les centres de recherche. En décembre 2005, le gouverneur Bill Richardson et Sir Richard Branson ont annoncé leur intention de faire du Nouveau-Mexique le siège mondial de Virgin Galactic. En échange d’une entente de location de 20 ans de Spaceport America, les législateurs de l’État ont approuvé conditionnellement un financement de 100 M$US pour la conception et la construction du port spatial. Le coût total du projet est de 225 M$US; . Afin de promouvoir d’autres investissements dans Spaceport America, le Nouveau-Mexique a créé quatre déductions d’impôt liées à l’exploitation d’un port spatial dans l’État. Les entreprises peuvent déduire les recettes obtenues du lancement, de l’exploitation ou de la récupération de véhicules spatiaux et de masses satellisables; de la préparation d’une masse satellisable au Nouveau- Mexique; de l’exploitation d’un port spatial au Nouveau-Mexique; de la fourniture de services de R-D, d’essai et d’évaluation pour le programme spatial des Forces aériennes des États-Unis149.

L’exemple du Nouveau-Mexique sur la façon dont l’État s’y est pris pour promouvoir son industrie aérospatiale fournit aussi un contraste intéressant avec la manière dont le Manitoba fait le marketing de sa grappe d’industries. Les deux régions vendent les

149 Ibid. p.13. 113 valeurs-clés de leur secteur de l’aérospatiale (comme les coûts de la main-d’œuvre, la présence de travailleurs spécialisés, les taux d’imposition des entreprises, les programmes de formation, la présence d’une grappe d’industries, etc.). Cependant, le Nouveau-Mexique propose des incitatifs très précis qu’il met en valeur dans sa proposition de marketing de base. Les propositions de marketing du Manitoba sont très générales (au mieux), et on y accorde très peu d’importance aux déductions d’impôt et aux stimulants particuliers (s’il y en a) qui peuvent être offerts aux entreprises d’aérospatiale qui investissent au Manitoba.

Nous utilisons le Nouveau-Mexique non comme exemple de ce qu’il faut faire dans l’Ouest canadien avec les stratégies et les programmes de stimulation des IED, mais pour illustrer le genre de mesures et de stratégies incitatives à risque faible, moyen et élevé offertes aux investisseurs dans les autres régions de deuxième catégorie. Il est clair que le Nouveau-Mexique se positionne pour attirer les entreprises d’aérospatiale et de défense qui quittent rapidement les centres coûteux des régions de première catégorie comme la Californie.

Les grappes industrielles de l’aérospatiale de deuxième catégorie de l’Ouest du Canada vivent dans un monde où l’on utilise ce genre de stimulants.

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114 Étude de cas no 2 : Savannah devient un centre de distribution

En 1975, Savannah était classé le 14e port le plus important des États-Unis. Entre 1975 et 2008, le volume de conteneurs transitant par Savannah a augmenté à un TCAC de 12,1 %. Au milieu de la récession économique mondiale, en 2008, le trafic de conteneurs à Savannah est passé à 2,616 millions d’EVP, une hausse marginale de 0,5 % par rapport à 2007, mais nettement plus que la chute de 3,5 % du trafic de conteneurs observée dans l’ensemble des ports nord-américains. Aujourd’hui, Savannah est classée au 4e rang en Amérique du Nord pour le trafic de conteneurs (après Los Angeles/Long Beach, New York/New Jersey et Seattle/Tacoma)150.

Savannah ne détient pas d’avantage sur les plans de la distance ou du temps de transit sur ses compétitrices des côtes de l’Atlantique ou du Pacifique. Un conteneur en provenance de Shanghai prend 30 jours pour faire le voyage jusqu’à Savannah par le canal de Panama, comparativement à 16 jours pour Vancouver et à 18 jours pour Los Angeles. Le transit de Rotterdam à Savannah prend 12 jours, comparativement à 11 jours pour la route Rotterdam-New York et 10 jours pour la route Rotterdam-Montréal151. Savannah n’a pas les avantages naturels de L.A./Long Beach, de New York/New Jersey ou de Seattle/Tacoma, c’est-à-dire un arrière-pays portuaire très peuplé. Savannah n’a que 130 000 habitants, alors que l’État de Géorgie en compte 9,5 millions. Malgré tout, Savannah a vu sa part du marché des conteneurs plus que doubler entre 1990 et 2008, lorsqu’elle est passée de 2,4 à 5,1 %.

L’ingrédient secret du succès de Savannah a été une approche proactive et stratégique pour tirer profit des tendances du marché mondial du transport et de la distribution. La Georgia Ports Authority a mis en œuvre en l’an 2000 une stratégie visant à attirer à Savannah les centres de distribution des magasins à grande surface. Home Depot et Pier 1 Imports étaient déjà installés à Savannah, et les décisions que prennent les exploitants de centres de distribution sont guidées par des considérations précises liées à la disponibilité des terrains, au bassin de main- d’œuvre, aux stimulants offerts par la ville et l’État, et à la proximité d’un port.

La Georgia Ports Authority a mis sur pied un service particulier qui a travaillé de concert avec la Savannah Economic Development Agency, des propriétaires de terrains, des agents immobiliers et des entreprises de transport par camion et par rail pour « vendre » l’idée de l’installation près de Savannah152. Un site de ce genre est le SPAIP (Savannah Ports Authority Industrial Park), spécialisé dans les activités satellites comme l’entreposage et la réparation de conteneurs et de châssis, ce qui réduit la pression sur le terminal à conteneurs153. Deux grandes zones de logistique sont installées à une dizaine de kilomètres du terminal du port : le Crossroad Business Parc (CBP), propriété de la Savannah Economic Development Agency, et le Savannah River International Trade Park (SRITP), propriété de la Georgia Ports Authority. Les deux parcs utilisent le modèle de production de recettes de la location, dans lequel les installations sont construites par le propriétaire et louées à des locataires.

150 Toutes les statistiques ont été calculées à partir de : http://aapa.files.cms- plus.com/Statistics/CONTAINERTRAFFICNORTHAMERICA1990-2008.xls. 151 Tous les calculs des temps de transit ont été tirés de : www.searates.com. 152 Ibid. p. 2. 153 Voir : www.people.hofstra.edu/geotrans/eng/ch4en/appl4en/savannah_logistics_cluster.html. Consulté le 26 décembre 2009. 115

Cette stratégie peut aider à attirer des clients, puisque leurs frais initiaux sont plus bas. Par ailleurs, le risque que prennent la Savannah Economic Development Agency et la Georgia Ports Authority est plus élevé, puisque les locataires peuvent décider de casser leur bail et déménager ailleurs. Ainsi, en 2008, à cause d’une baisse de volume, WalMart a décidé de casser son bail pour son centre de distribution de 800 000 pieds carrés du CBP et de regrouper ses activités à Statesboro, environ 70 km, dans l’arrière-pays154.

Un autre stimulant offert aux détaillants est le fait que le SPAIP et le CBP sont considérés, dans leur entièreté, comme des zones franches. Les détaillants peuvent utiliser cela pour retarder les paiements sur leurs importations jusqu’à ce que les marchandises quittent la zone franche pour se rendre aux magasins ou aux centres de distribution régionaux.

Cette stratégie a aussi été soutenue par des investissements dans l’infrastructure. Savannah est le seul port de la côte Est des États-Unis qui possède deux chemins de fer de classe 1 opérant sur un terminal. En outre, c’est le seul port des États-Unis qui offre deux installations de transbordement de conteneurs universels : cela indique bien l’importance qu’a pris le transport intermodal par rail pour la distribution des marchandises155.

La stratégie a bien fonctionné jusqu’ici. Savannah a réussi à attirer des centres de distribution continentaux de détaillants bien connus comme Wal-Mart, Bass Pro Shops, Kmart-Sears, Heineken, Best Buy, Target, IKEA, Hasbro, Petco, Dorel et Avon.

Pour ce qui est des stratégies et des programmes à risque faible de stimulation d’investissements, l’État de la Géorgie en a un éventail complet sont il fait la promotion dans une brochure de 15 pages intitulée Georgia : Business Incentives. Ces programmes sont assez vastes et comprennent :

. des taux d’imposition aux entreprises peu élevés et des crédits d’impôt : Le taux d’imposition des entreprises de la Géorgie est de 6 %, un des plus bas des États-Unis. On en parle beaucoup dans les propositions de marketing, ainsi que des autres avantages que reçoivent les entreprises qui opèrent à l’intérieur du territoire de l’État. La Géorgie offre également des crédits d’impôt basés sur le « degré d’importance » de la collectivité dans laquelle l’entreprise opère, ce qui fait que les entreprises arrivent même parfois à ne plus avoir à verser d’impôt du tout à la Géorgie; . des crédits d’impôt pour les emplois à salaire élevé : Les entreprises qui créent au moins 50 emplois et qui paient des salaires équivalents à au moins 110 % de la moyenne du comté sont admissibles à un crédit de 2 500 à 5 000 $US par année par emploi pour une période pouvant aller jusqu’à cinq ans. Ces crédits peuvent servir à faire baisser les retenues salariales de l’entreprise une fois toutes ses autres obligations fiscales remplies, et peuvent être reportés à un exercice ultérieur pendant 10 ans;

154Iibid. 155Iibid. p. 3 116 . des crédits d’impôt pour le recyclage : Une entreprise peut réclamer pour ses dépenses de recyclage un crédit d’impôt pouvant s’élever jusqu’à 1 250 $US par employé par an, et ce crédit peut servir à réduire jusqu’à 50 % l’impôt payable par l’entreprise à la Géorgie; . des crédits d’impôt pour frais de garde d’enfants : La Géorgie offre des crédits d’impôt allant de 75 à 100 % des coûts. Un payeur de taxes peut utiliser un crédit d’impôt pour frais de garde d’enfants et l’appliquer à 50 % de l’impôt dû à l’État une année donnée. Les employeurs qui fournissent ou subventionnent les services de garde d’enfants pour leurs employés sont admissibles à un crédit égal à 75 % de leurs coûts directs, applicable à l’impôt sur le revenu payable par l’entreprise.

La Géorgie a mis en place une série de stratégies et de programmes spécifiques pour pour les entreprises de ce qu’elle appelle les « industries stratégiques ». Il s’agit des entreprises de distribution, de technologie, de fabrication, de télécommunications et de transformation. Voici ce que la Géorgie offre à ces industries :

. un crédit d’impôt à la création d’emplois : L’État offre aux entreprises opérant dans ces industries stratégiques et dont le siège social est situé en Géorgie un crédit d’impôt à la création d’emplois. Selon le « niveau d’importance » de la collectivité, les entreprises qui créent entre 5 et 25 emplois nets par an sont admissibles à ce crédit. Pour chaque année (jusqu’à cinq ans) où les emplois sont maintenus, les entreprises admissibles peuvent demander un crédit d’impôt s’élevant entre 750 et 3 500 $US par emploi par an. Les crédits à la création d’emplois inutilisés peuvent être reportés à un exercice ultérieur pendant 10 ans. Ces crédits peuvent être appliqués sur la totalité de l’impôt sur le revenu payable par l’entreprise à l’État dans les comtés de première et deuxième catégorie, et jusqu’à concurrence de 50 % de cet impôt dans les comtés de troisième et quatrième catégorie. Savannah est un comté de première catégorie en Géorgie, de sorte qu’un centre de distribution de 50 employés, opérant à Savannah, recevra en cinq ans 156 250 $US de crédits qu’il pourra utiliser pour réduire son impôt (1 250 $US x 5 ans x 50 emplois x 50 % de l’impôt dû = 156 250 $US); . un crédit d’impôt supplémentaire pour les emplois portuaires : En plus du crédit d’impôt à la création d’emplois décrits ci-dessus, la Géorgie offre un crédit d’impôt supplémentaire pour les emplois portuaires. Ce crédit d’impôt est une prime de 1 250 $US par emploi accordée aux contribuables qui augmentent de 10 % par rapport à l’année précédente leurs importations ou leurs exportations qui transitent par un port de Géorgie. Les crédits non utilisés peuvent être reportés à un exercice ultérieur pendant 10 ans. Dans le cas du centre de distribution donné en exemple ci-dessus, en s’établissant à Savannah, un centre employant 50 personnes reçoit un montant supplémentaire de 156 250 $US en cinq ans; . crédit d’impôt supplémentaire pour investissement : La Géorgie offre un crédit d’impôt à l’investissement valant entre 1 et 3 % des nouveaux investissements en capital auquel s’ajoute une prime qui le fait monter jusqu’à 8 % pour les investissements admissibles dans les secteurs de la fabrication, des télécommunications, du recyclage, du contrôle de la pollution et des travaux de conversion pour la défense.

117 Nous devons souligner que même si le crédit d’impôt supplémentaire pour les emplois portuaires et le crédit d’impôt supplémentaire pour l’investissement peuvent être considérés comme des stratégies à risque élevé, ils n’en sont pas vraiment, parce qu’ils s’appliquent à toutes les entreprises admissibles et ne sont pas négociés avec les entreprises particulières.

En plus des crédits décrits ci-dessus, la Géorgie offre une série de programmes d’exemptions et d’abattements fiscaux, dont des exemptions de la taxe de vente pour l’équipement de manutention du matériel, le matériel antipollution et les machines industrielles, ainsi que des obligations-recettes exemptes d’impôt pour les installations de fabrication. Parmi les autres programmes, on peut mentionner les rabais sur les tarifs de l’électricité, les exceptions aux rôles d’imposition des comtés, un crédit d’impôt pour expansion rapide accordé aux entreprises de la Géorgie dont la croissance dépasse 20 % par an et l’admissibilité aux bourses d’études HOPE et aux subventions HOPE (scolarité et autres frais des collèges publics et aux collèges techniques d’État de la Géorgie).

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118 Étude de cas no 3 : R-D axée sur la collaboration , ciblant les PME au moyen du Technology Innovation Program (TIP) des États-Unis

Certains des meilleurs programmes de financement de la R-D sont axés sur la collaboration et supposent la formation d’équipes enrichies composées des membres des secteurs public et privé. Le Technology Innovation Program (TIP) des États-Unis, qui relève du National Institute of Standards and Technology du Département du Commerce, en est un bon exemple. Le programme qui l’a précédé (l’Advanced Technology Program) avait été créé pour/ financer la R-D dans un large éventail de secteurs, y compris l’infrastructure civile, la fabrication de matériaux, la recherche médicale personnalisée et la chimie verte.

Ce programme unique de partenariat public-privé aide les entreprises à accélérer le développement de technologies émergentes ou habilitantes qui mènent au développement de nouveaux produits et processus et services industriels. Pendant les dix dernières années, le TIP et le programme qui l’a précédé ont accordé une aide de plus de 5 G$ à des activités de R-D partout aux États-Unis, ce qui en fait l’un des plus importants programmes du genre au monde. Ce qui distingue particulièrement ce programme est l’attention accordée aux technologies à risque et à potentiel élevés, la formation d’équipes enrichies, formées de particuliers, d’entreprises, de coentreprises, d’établissements de recherche, d’entreprises étrangères et d’organismes de recherche sans but lucratif.

Le TIP accorde son aide financière par concours. Le concours lui-même est très transparent et assujetti aux règles d’attribution de marchés de l’administration américaine. Ce programme est également ouvert aux entreprises étrangères. Toutefois, pour être admissible, une entreprise doit être constituée en société aux États-Unis et mener la majeure partie de ses activités dans ce pays. L’entreprise peut être la propriété d’une société-mère constituée en société dans un autre pays, mais dans ce cas, une évaluation est faite pour établir si la participation de l’entreprise au TIP servirait les intérêts économiques du pays (par exemple, dans le cas où elle mènerait à des investissements aux États-Unis dans les secteurs de la recherche, du développement et de la fabrication, et à la création d’emplois), et si la société-mère se trouve dans un pays qui accorde des avantages comparables aux sociétés américaines établies dans ce pays et qui protège efficacement leurs droits de propriété intellectuelle156.

Le TIP accorde son aide exclusivement aux PME. Il ne finance pas les grandes entreprises, contrairement à l’ATP, le programme qui l’a précédé, qui admettait ce type d’entreprises parmi ses bénéficiaires et qui, dans les faits, accordait 40 % de son aide à des entreprises du groupe Fortune 500157. Les fonds peuvent aller au projet d’une seule petite ou moyenne entreprise (les grandes étant exclues) ou à d’une coentreprise. Les établissements d’enseignement supérieur peuvent être les partenaires principaux d’un projet et la propriété intellectuelle qui en résulterait pourrait bénéficier à l’un ou l’autre des membres du partenariat, y compris les universités et les établissements de recherche sans but lucratif. Les grandes entreprises peuvent participer à un partenariat du TIP à titre de partenaire non subventionné.

156 Technology Innovation Program, www.nist.gov/tip/revised_faq_website_1_7_2010.pdf, consulté le 26 novembre 2009. 157 Richard Benedetto, USA Today, www.usatoday.com/news/washington/2005-02-06-advanced-tech-program_x.htm, consulté le 15 décembre 2009. 119

Le TIP peut accorder jusqu’à 3 M$US sur trois ans à un projet d’une seule entreprise. Les coentreprises peuvent obtenir jusqu’à 9 M$US sur cinq ans. Il ne peut financer plus de 50 % du coût total d’un projet et ne finance que les coûts directs, et non les coûts indirects (comme les frais généraux), les profits ou les frais de gestion.

Plusieurs produits de haute technologie ont été créés avec l’aide du TIP ou de l’ATP. Mentionnons la première machine à mammographie numérique au monde, la première machine de coupe guidée au laser au monde utilisée dans la fabrication de moteurs, le premier bioréacteur de bureau au monde utilisé dans la culture de cellules souches et diverses technologies novatrices liées à la santé électronique, l’optoélectronique, les technologies optiques, la génomique, la recherche sur les cellules souches, la recherche sur le cancer et sur les matériaux.

De nombreux aspects du TIP et de l’ATP sont uniques en leur genre, mais certains pourraient être adaptés à profit au contexte de l’Ouest canadien et permettraient d’y attirer des IED, d’y créer des activités à valeur ajoutée et de faire participer les PME à des activités de R-D à valeur élevée. En particulier,

. les travaux de recherche à risque et à potentiel élevés ciblent des secteurs technologiques très pointus. Cette caractéristique est importante, car elle permet de concentrer la R-D sur des activités à valeur ajoutée très précises. Cette approche ciblée est très différente de l’approche plus passive adoptée par le Programme d’aide à la recherche industrielle (PARI) du Canada, dans le cadre duquel les propositions sont élaborées conjointement par les consultants du PARI et les PME, et les projets peuvent toucher tous les secteurs d’activité économique; . les concours du TIP et de l’ATP visent l’entreprise privée. Cela crée un lien direct entre la recherche menée et son potentiel de commercialisation, car les structures incitatives des entreprises privées sont très différentes de celles des universités ou des établissements de recherche sans but lucratif. Ce modèle est très différent du modèle de la recherche universitaire canadien, dominé par les universités, où la commercialisation n’est pas la préoccupation principale des organismes de financement. Toutefois, nous notons que le PARI cible complètement l’entreprise privée; . le TIP et l’ATP reposent sur la concurrence et se concentrent sur le paiement des coûts directs comme la rémunération et les frais d’équipement. En payant seulement les coûts directs, le programme incite les entreprises privées à limiter les coûts de R-D tels que les frais généraux et les frais de gestion. De plus, la formule du concours fait que les idées sont évaluées de façon systématique;

120 . bien que le TIP et l’ATP n’excluent pas les entreprises étrangères, leur aide financière se limite dans les faits aux entreprises américaines. Nous pensons que cet aspect peut être amélioré dans le contexte de l’Ouest canadien. Par exemple, un programme lucratif de la même importance que le TIP et l’ATP où l’entreprise principale serait une entreprise canadienne ou la filiale canadienne d’une entreprise étrangère (avec un partenaire de coentreprise canadien) pourrait faire beaucoup pour attirer des investissement et des activités de R-D dans l’Ouest canadien. Nous pensons aussi que la taille du financement est déterminante. La formule d’aide de 3 M$US ou de 9 M$US du TIP a incité quelque grandes entreprises américaines à investir leurs propres ressources dans des activités de R-D de pointe.

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121 Étude de cas no 4 : Le programme compétitif Marco Polo de l’Union européenne, axé sur le transport intermodal

Le Programme Marco Polo de l’Union européenne sert à financer des projets qui visent à réduire le transport de fret routier au profit du transport maritime, ferroviaire et fluvial. L’objectif du Programme Marco Polo est de retirer un certain nombre de camions des routes afin de réduire la congestion et la pollution tout en améliorant le transport des marchandises. L’actuel Programme Marco Polo, aura accordé, de 2007 à 2013, un total de 450 M€. Les projets d’infrastructure, de recherche ou d’étude ne sont pas admissibles au Programme Marco Polo, qui s’adresse particulièrement aux projets commerciaux concrets158.

En ce qui concerne la participation du secteur privé, les entreprises ou les consortiums établis dans un État membre de l’UE ou dans des pays de l’AELE et de l’EEE ou en Croatie peuvent recevoir une aide financière. Les entreprises commerciales d’un consortium peuvent aussi être des filiales159.

Le financement accordé par le Programme Marco Polo est mesuré en fonction de l’importance du transfert d’un mode de transport à un autre. Il finance le lancement de nouveaux services : une subvention de 2 € par 500 tonnes/km transférés, avec un minimum de 60 millions de tonnes/km transférées en moyenne par an et par contrat. Il couvre également les coûts d’infrastructure connexes jusqu’à 20 % du total des coûts admissibles. Il exige aussi que le projet soit viable après épuisement de la subvention qui peut s’échelonner sur une période maximale de trois ans.

Les projets financés par le passé ont porté surtout sur le transport ferroviaire et maritime sur de courtes distances, et sur le transport fluvial. Le principe de base du Programme Marco Polo, est que même si le transport ferroviaire et maritime sur de courtes distances ou fluvial est plus vert et plus économique que le transport par camion, il faut encore prouver qu’il est nécessaire de faire le transfert d’un mode de transport à l’autre160. Les responsables de la logistique et les transporteurs de fret habitués au transport routier craignent que ce changement entraîne des risques inutiles. Le Programme Marco Polo vise à promouvoir l’innovation dans l’industrie européenne de la logistique et l’utilisation de modes de transports plus efficaces et plus écologiques.

Un exemple de projet financé par le Programme Marco Polo est la subvention de 1,7 M€ accordée à MacAndrews & Company (Londres, R.-U.) et à ABRA Terminales Maritima SA (Espagne). Pour ce projet, l’estimation du volume total de marchandises retirées de la route a été de 857 M de tonnes-km sur trois ans. Essentiellement, les produits réfrigérés du Sud de l’Espagne sont transportés jusqu’à Bilbao, où ils sont transbordés dans des conteneurs réfrigérés et chargés sur un bateau à destination de Sheerness et de Rotterdam. Le service, assuré une journée fixe par semaine, a été lancé en juillet 2007 avec un bateau. Une seconde correspondance a été ajoutée 12 mois plus tard. Des marchandises diverses, y compris des pneus, des tuiles, des denrées alimentaires, des produits sanitaires, et des appareils électroniques et

158 Union européenne, http://ec.europa.eu/transport/marcopolo/calls/docs/faq/faq_full.pdf, p. 1, consulté le 9 janvier 2010. 159 Ibidem, p. 6. 160 Union européenne, Le Programme Marco Polo : Ouvrir la voie vers des horizons plus verts, http://ec.europa.eu/transport/marcopolo/publi/docs/brochures/bestof_2009_fr.pdf, p. 2, consulté le 10 janvier 2010. 122 ménagers, sont aussi transportés. Les principales cargaisons à destination du Sud comprennent du papier, de la bière, des denrées alimentaires, des métaux et des produits chimiques. Une expédition conventionnelle aurait été entièrement faite par transport routier161.

Le Programme Marco Polo offre un certain nombre d’options dans le cadre d’un programme ciblé du secteur de la logistique, avec un objectif stratégique très précis : retirer des camions de marchandises des routes européennes. Même si cet objectif n’est pas nécessairement aligné sur les projets actuels de l’IPCAP au Canada, nous pensons qu’il faut garder à l’esprit un certain nombre d’éléments du programme :

. Les paramètres de détermination du succès des projets menés avec le Programme Marco Polo sont très clairs. Fondamentalement, un projet est financé en fonction de la quantité de trafic de marchandises retirée des routes. Cette méthode d’évaluation est très attrayante, car elle laisse peu de place à la spéculation sur la qualité d’un projet; . Marco Polo est un programme fondé sur la concurrence et les propositions de projets. Comme pour le Technology Innovation Program ou l’Advanced Technology Program (TIP/ATP), un concours annuel est tenu et des participants du secteur privé sont encouragés à soumettre des propositions. Contrairement aux initiatives canadiennes (qui tendent à être plus passives), tant le Programme Marco Polo que TIP/ATP prennent des mesures proactives pour encourager la participation du secteur privé; . La nature même de l’UE fait que le Programme Marco Polo est le résultat d’un effort international. C’est pourquoi le Programme a adopté une approche très ouverte à l’égard des projets admissibles, en dépit des paramètres stratégiques généraux de l’initiative.

Nous pensons que tous ces aspects sont importants pour recevoir et encourager des projets de transport intermodal, qui seront de plus en plus importants en Amérique du Nord, tant pour les portes d’entrée maritimes qu’aériennes.

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161 Ibid. p. 4. 123 Étude de cas no 5 : Attirer des sièges sociaux au Kansas

Les mesures incitatives sont d’importants facteurs décisionnels lorsque les sociétés décident de changer de territoire. Les organismes de développement économique appliquent régulièrement des mesures incitatives et octroient des primes pour attirer des activités d’exploitation potentielles. De plus, le fait d’attirer des sièges sociaux, des administrations régionales ou des installations régionales/mondiales de R-D est considéré comme un gain important pour toute ville, étant donné la nature particulière de l’investissement, qui est susceptible d’attirer des emplois hautement rémunérateurs, et l’investissement lui-même qui peut être difficile dans le contexte d’un ralentissement. Bref, la collectivité qui cherche à attirer des sièges sociaux sur son territoire perçoit ceux-ci comme des « cibles de grande valeur ».

Étant donné son statut d’État américain de deuxième catégorie, la dynamique particulière de la concurrence à laquelle est confronté le Kansas est semblable à celle de la plupart des centres de l’Ouest canadien. Par exemple, les fusions et les acquisitions ont incité un certain nombre de sociétés nationales américaines qui avaient démarré au Kansas à transférer leur siège social à l’extérieur de cet État; d’autres sièges sociaux ont été « rabaissés » au statut de bureaux régionaux. Par exemple, dans une étude effectuée en 2001, Michael Porter a recensé dix sièges sociaux nationaux à Wichita qui ont été déménagés du Kansas ou rabaissés au statut de bureaux administratifs secondaires en raison de fusions ou d’acquisitions162. Ces sièges sociaux comprennent ceux de Lear (entreprise acquise par Bombardier), transférés à Dallas, de Pizza Hut (acquise par Pepsi), de Beech Aircraft (acquise par Raytheon), transférés à Denver, de Cessna (acquise par Textron), de Bank IV (acquise par Bank of America), etc. Ce même scénario s’est répété pour d’innombrables sociétés de l’Ouest canadien, spécialement dans le secteur de l’électronique et des TIC.

Reconnaissant son statut de deuxième catégorie, le Kansas a institué une bonne variété de mesures incitatives pour attirer et retenir les sièges sociaux d’entreprises. Une étude détaillée commandée par Kansas Inc. pour connaître les raisons des transferts des sièges sociaux a révélé ce qui suit : . Les sièges sociaux nationaux ne représentent qu’une petite partie des établissements commerciaux et ne constituent qu’une faible part de leurs assises économiques au Kansas; . Les sièges sociaux nationaux n’ont pas tendance à se déplacer d’une région à l’autre; . Lorsque les sièges sociaux nationaux déménagent, les causes sont généralement hors du contrôle des politiques de l’État; . Lorsque des sièges sociaux nationaux déménagent pour des raisons sur lesquelles les politiques gouvernementales peuvent exercer une influence, les politiques appropriées ne ciblent généralement pas les sièges sociaux uniquement;

L’étude de Kansas Inc. a aussi révélé que bon nombre de sièges sociaux nationaux sont étroitement rattachés à une importante unité opérationnelle. Leur emplacement est principalement déterminé par les besoins de cette unité, plutôt que par ceux du

162 Porter, Michael, Wichita-Clusters of Innovation Initiative, Council on Competitiveness, 2001. 124 siège social163. Environ un quart des sièges sociaux nationaux sont situés dans une grappe de sièges sociaux appartenant à la même industrie. La plupart des autres sont situés dans des zones métropolitaines près d’autres sièges sociaux et de services aux entreprises. Les trois principales caractéristiques qui déterminent le choix de l’emplacement d’un siège social national autonome (ce qui s’appliquerait dans le contexte de l’Ouest canadien) sont les suivantes : une concentration de services professionnels aux entreprises; de bonnes correspondances aériennes; et un niveau de vie élevé. Les sièges sociaux nationaux situés dans de très petits centres métropolitains ou des zones rurales ne sont presque jamais seuls164.

Il importe de garder ces points à l’esprit lorsqu’on réfléchit aux types de stratégies et aux moyens nécessaires pour inciter des joueurs de première catégorie de divers secteurs à investir dans l’Ouest canadien.

Comme dans l’Ouest canadien, les stratégies de développement économique du Kansas ont généralement comporté un ensemble de mesures énergiques pour lutter contre les transferts de sièges sociaux, mais soutenu en même temps par des mesures incitatives pour maintenir la compétitivité régionale. En 2001, l’État a élaboré un plan stratégique qui mettait davantage l’accent sur les mesures fiscales que les stratégies antérieures, mais cela se passait dans le contexte d’une stratégie de taxation visant à « neutraliser les effets des taxes sur l’industrie », plutôt que d’avoir les taxes les plus basses de la région165.

De plus, en vertu de la Constitution du Kansas, les sièges sociaux ne sont pas admissibles aux programmes de crédit d’impôts fonciers locaux. Néanmoins, le Kansas a atteint des objectifs semblables à ceux d’autres États en offrant des crédits d’impôt sur les bénéfices, fondés en partie sur les impôts locaux payés sur la propriété foncière. De manière plus systématique que n’importe quel État voisin, le Kansas a rendu les sièges sociaux entièrement admissibles aux incitatifs fiscaux de développement économique de l’État.

Pour ce qui est d’influencer une décision relative à l’emplacement d’un siège social à la suite d’une fusion, une option stratégique adoptée par un certain nombre d’États et de localités est celle de la récupération par des moyens indirects de bénéfices de développement économique, dans certains cas en imposant des intérêts aux entreprises faisant l’objet d’une fusion qui entraîne un transfert166. Pour les entreprises en démarrage, la somme récupérée peut être considérable. Dans le cas du Kansas, les administrations publiques locales ont le pouvoir d’imposer des conditions de récupération sur le crédit d’impôts fonciers qu’elles accordent. Wichita, Overland Park et d’autres collectivités commencent d’ailleurs à utiliser ces pouvoirs. La Kansas 2004 Bioscience Authority Act impose la récupération de bénéfices si une société qui reçoit de l’aide transfère son siège social à l’extérieur du Kansas dans les dix ans suivant son établissement. D’autres administrations municipales du Kansas ont mis en place des politiques comme celles de doubler les limites sur les redevances pour les sociétés dans lesquelles l’État a fait un placement en actions

163 David Burress, Attracting and Retaining National Corporate Headquarters in Kansas, 2006. www.kansasinc.org/pubs/working/Corporate%20Headquarters.pdf. p. 62. Consulté le 29 décembre 2009. 164 Ibid., p. 67. 165 Ibid., p. 62. 166 Ibid., p. 67. 125 qui décident de s’en aller. Néanmoins, les crédits d’impôt sur le développement économique ne sont pas assujettis à une telle obligation de récupération.

À notre avis, l’État du Kansas donne un bon exemple de politiques gouvernementales non protectionnistes. Le gouvernement reconnaît que les sociétés susceptibles d’établir leur siège social au Kansas ou d’y déménager le font généralement parce qu’elles y ont déjà une importante unité opérationnelle ou des installations de R-D. Attirer des unités opérationnelles ou des installations de R-D semble être une stratégie appropriée, tout à fait alignée sur les efforts de positionnement mondial des grappes de l’Ouest canadien.

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Conclusion

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Notre analyse des secteurs à valeur ajoutée de l’Ouest canadien montre l’établissement de solides grappes d’activités économiques d’une province de l’Ouest à l’autre, chacune se caractérisant par une structure industrielle et une dynamique de la concurrence particulières. La dynamique de la concurrence mondiale influe non seulement sur la capacité des provinces de l’Ouest d’attirer l’IED, mais aussi sur le positionnement de ces provinces dans les chaînes de valeur mondiale, et cette tendance se poursuivra.

Dans certains secteurs axés sur les ressources, comme celui des produits chimiques industriels, il est manifeste que l’Ouest canadien ne manque ni de ressources, ni de capacités. Si le renforcement des capacités de raffinage est important pour rendre ce secteur encore plus attrayant pour l’IED, il faut aussi reconnaître que des enjeux commerciaux plus vastes, comme la concurrence entre les raffineries existantes en Amérique du Nord et la tendance actuelle, dans l’industrie pétrolière et gazière albertaine, en faveur de l’expédition du bitume, continueront d’influer sur l’expansion des grappes spécialisées dans les produits chimiques industriels de l’Ouest canadien.

Dans d’autres secteurs, comme celui de l’électronique, tout indique que les capacités de l’Ouest canadien résident surtout dans les sous-secteurs à créneaux, comme les photovoltaïques et les technologies Éner Sage. Il est courant de voir des sociétés de l’Ouest canadien qui s’étaient imposées comme des chefs de file être acquises par de plus grandes sociétés internationales en raison de leur programme d’innovation particulier. Il y a beaucoup à dire en faveur de cette stratégie, ne serait-ce que parce que les entreprises de l’Ouest canadien n’ont pas l’envergure qu’il faut pour s’intégrer verticalement et concurrencer les « gros » de l’électronique. Aussi, la structure de coûts de même que la structure et la taille des grappes de l’Ouest canadien mèneront probablement à des fusions et à des acquisitions par de plus gros joueurs internationaux désireux d’exploiter des créneaux, au lieu de favoriser l’ouverture d’usines ou la réalisation d’activités par de grands fabricants d’appareils intégrés ou des entreprises d’assemblage et d’essai de semi-conducteurs.

Dans une certaine mesure, l’enjeu clé est d’ordre historique. Bien qu’ils se soient développés au cours des 10 à 15 dernières années, certains secteurs de l’Ouest canadien, comme ceux de l’électronique à valeur ajoutée, des communications sans fil et de l’aérospatiale, n’ont pas la stature mondiale que leur conférerait la présence de joueurs mondiaux sous la forme d’activités majeures, qu’il s’agisse de fabricants d’appareils intégrés ou d’entreprises d’assemblage et d’essai de semi-conducteurs en électronique, d’équipementiers, d’entreprises de télécommunications sans fil ou de fabricants de catégorie 0 de l’aérospatiale. Aussi, l’Ouest canadien n’est-il pas en concurrence, dans ces secteurs, avec des centres de catégorie 0, comme Séoul, Helsinki ou Seattle, mais avec des centres de deuxième catégorie, comme Orlando, Austin et Albuquerque. 128

Quel que soit le secteur, il faut que les objectifs restent clairs au moment de décider des moyens d’attirer les investissements. Les incitations offertes de nos jours en faveur de l’IED sont énormes, et les grappes de l’Ouest canadien se mesurent à différentes villes dans le monde. Les études de cas que nous avons réalisées montrent le caractère étendu des mesures proposées aux É.-U. Mentionnons quelques pratiques exemplaires à garder à l’esprit à cet égard :

. Coordination des mesures d’incitation fiscale entre toutes les provinces canadiennes : les différentes structures d’incitation fiscale examinées au Nouveau-Mexique (aérospatiale), en Géorgie (centres de distribution) et au Kansas (sièges sociaux d’entreprises) montrent que les mesures d’incitation fiscale propres aux activités ou aux secteurs sont chose courante dans les différents territoires observés. Dans la perspective de l’Ouest canadien, deux points sont à noter. D’une part, les grappes de l’Ouest canadien se débattent dans un monde où les territoires concurrents annoncent haut et fort les mesures d’incitation qu’ils mettent en place. Avant de choisir un site, les entreprises tiennent compte de ces incitatifs et autres régimes de gratification. D’autre part, tout programme d’incitation a pour effet de créer un scénario du « chacun pour soi » ou de « pillage des investissements » entre les différents territoires. Nous croyons qu’il faut coordonner, autant que possible, les régimes d’encouragement à risque élevé de l’investissement étranger direct entre les provinces et à l’échelon fédéral, afin d’éviter les politiques sous-optimales de cette nature;

. Commercialisation plus ciblée : la plupart des régimes d’incitation fiscale nationaux proposés dans les pays de l’OCDE ne ciblent pas explicitement de secteurs particuliers; ils visent plutôt les activités de R-D peut-être plus importantes encore pour les secteurs à valeur ajoutée comme l’aérospatiale, les télécommunications sans fil et l’électronique. À titre d’exemple, le code fiscal de la Corée du Sud permet aux moyennes et grandes entreprises de bénéficier de crédits d’impôt de 40 % sur les coûts excédentaires de la R-D et de la formation du personnel. Le régime fiscal de l’Irlande accorde un crédit d’impôt de 25 % en plus d’une déduction d’impôt de 12,5 % aux dépenses de R-D admissibles. Si ces incitations fiscales s’appliquent à tous les secteurs, elles sont signalées aux investisseurs étrangers dans certains secteurs ciblés, p. ex. les semiconducteurs et l’aérospatiale en Corée du Sud et les technologies de l’information et des communications en Irlande. En revanche, si nous analysons la façon dont les provinces de l’Ouest canadien font la promotion de leurs grappes, il ressort qu’au-delà des propositions de valeur ou des incitations fiscales générales, très peu ciblent des secteurs précis;

. Limiter les mesures d’incitation à l’établissement des sièges sociaux aux unités d’exploitation et de R-D : si de nombreuses entités locales tentent d’attirer des sièges sociaux nationaux et internationaux à l’aide de mesures incitatives, de nombreux signes indiquent que les incitatifs comme les allègements de taxe foncière ne permettent pas d’attirer les sièges sociaux nationaux ou internationaux autonomes. Le choix du lieu d’installation d’un siège social national ou international est généralement bon s’il s’accompagne d’un réseau de contacts personnels. Or, ces réseaux sont difficiles à déraciner. Selon des recherches menées aux États-Unis, environ 25 % des sièges sociaux nationaux établis aux États-Unis se trouvent dans une grappe de sièges sociaux appartenant à la même industrie. Les autres sont situés pour la plupart dans de 129 grandes régions métropolitaines américaines. Pour les centres de deuxième catégorie de l’Ouest canadien, cela signifie que leurs possibilités d’attirer les sièges sociaux internationaux des investisseurs mondiaux se limitent aux cas de fusions et acquisitions. Tout programme visant à favoriser l’établissement de sièges sociaux dans l’Ouest canadien doit donc être axé sur les unités d’exploitation ou de R-D d’investisseurs internationaux, ou inciter les entreprises de l’Ouest canadien à maintenir dans la région le siège social de leurs activités d’exploitation et de R-D;

. Les programmes de financement de la R-D doivent être coopératifs : certains des meilleurs programmes de financement de la R-D sont fondés sur la collaboration et la constitution d’équipes enrichies formées d’acteurs des secteurs public et privé. À titre d’exemple, mentionnons le programme d’innovation technologique des États-Unis, qui a été instauré pour financer la R- D dans une multitude de secteurs, y compris les infrastructures civiles, la fabrication de matériaux, la recherche médicale personnalisée et la chimie verte. Ce programme de partenariat unique entre l’industrie et le gouvernement aide les entreprises à accélérer la mise au point de nouvelles technologies ou de technologies habilitantes qui débouchent sur de nouveaux produits et de nouveaux processus et services industriels. Au cours des dix dernières années, le programme d’innovation technologique et son prédécesseur ont financé des activités de R-D de plus de 5 G$ à l’échelle du pays et figurent parmi les principaux programmes de financement de la R-D au monde. Ce programme se caractérise surtout par l’attention accordée aux technologies à « risque élevé et récompense élevée » et à la constitution d’équipes enrichies impliquant des particuliers, des entreprises, des coentreprises, des institutions de recherche et des organismes de recherche à but non lucratif, et des sociétés étrangères;

. Laisser les investisseurs se livrer à la concurrence pour obtenir du financement : Certains des programmes les plus performants ont une procédure de demande concurrentielle selon laquelle les parties intéressées présentent leurs demandes de financement, qui sont jugées par un comité d’évaluation constitué d’experts en la matière. Mentionnons par exemple le programme Marco Polo : il s’agit du programme de financement du transport intermodal de l’Union européenne pour les projets qui aident à retirer de la route une partie du fret pour lui faire emprunter plutôt la mer, les chemins de fer et les voies fluviales. Chaque année, l’Union européenne lance un appel en vue de recevoir des propositions qui répondent à ses objectifs stratégiques particuliers. Ces propositions sont ensuite évaluées en fonction de critères précis, en l’occurrence la durabilité, l’innovation et le volume de fret retiré de la route au profit d’autres modes de transport.

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130 Liste d’abréviations

ACAMP Alberta Centre for Advanced Microsystems and Nanotechnology Products ACI Accord sur le commerce intérieur ADG Alberta Deal Generator AERI Alberta Energy Research Institute AICISE Alberta Ingenuity Centre for In Situ Energy AMPEL Advanced Materials and Process Engineering Laboratory ARC Alberta Research Council ATP Aerospace Technology Park BCIT British Columbia Institute of Technology BNSF Burlington Northern Santa Fe Railway C.-B. Colombie-Britannique CBP Crossroads Business Park CCRL Consumer’s Co-operative Refineries Limited CHORUS Consortium for Heavy Oil Research by University Scientists de l’université de Calgary CIC Composites Innovation Centre CN Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) CNUCED Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement CP Chemin de fer Canadien Pacifique Ltée CTIC Conseil des technologies de l’information et des communications DDGS drêches de blé avec solubles (Distillers' Dried Grains with Solubles) DEO Diversification de l’économie de l’Ouest Canada EVP équivalents vingt pieds GEEP Global Electric Electronic Processing Inc. IED investissement étranger direct IFAA International Financial Activity Act IPCAP Initiative de la Porte et du Corridor de l’Asie-Pacifique ISEEE Institute for Sustainable Energy, Environment and Economy de l’université de Calgary MAECI ministère des Affaires étrangères et du Commerce international MDA MacDonald, Dettwiler & Associates MRR Maintenance, réparation et remise en état NEWT Network for Emerging Wireless Technologies NINT National Institute for Nanotechnology OCDE Organisation de la coopération et du développement économiques PARI Programme d’aide à la recherche industrielle PIB produit intérieur brut

131 PLI Plant Location International (titre d’une étude d’IBM) PME petite(s) et moyenne(s) entreprise(s) PMV Port Metro Vancouver PTRC Petroleum Technology Research Centre de l’université de Regina PV photovoltaïque SAES services d’assemblage et d’essai de semiconducteurs SBVCA Small Business Venture Capital Act SPAIP Savannah Port Authority Industrial Park SPIF Service Provider Investment Forum SRC Saskatchewan Research Council SRITP Savannah River International Trade Park TCAC Taux de croissance annuel composé TIC technologie(s) de l’information et des communications TIP Technology Innovation Program UE Union européenne WINBC Wireless Innovation Network of British Columbia

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© SA MAJESTÉ LA REINE DU CANADA (1996) 133 En la personne du ministre de la Diversification de l’économie de l’Ouest