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LES [SUITE DE L’ARTICLE] C FORTIFICATIONS dans les bastions et sur un monticule élevé à l’intérieur, le cavalier, permettant de doubler la puissance de feu du fort. LA MÉTROPOLE ET L’HÉRITAGE DE SON PASSÉ CES FORTS AUJOURD’HUI Loyasse des services de la Ville. Le fort de la De la première ceinture fortifiée de nom- Duchère est recouvert par un ensemble spor- breux forts ont disparu, victimes de la pous- tif, celui de Montessuy par un jardin public et sée urbaine ou de la spéculation immo- un théâtre de verdure. Le fort Saint-Jean a été bilière : le fort de Cuire et tous les forts de la remarquablement restauré et est occupé par 17 ET 18 SEPTEMBRE 2005 FICHE VISITE rive gauche du Rhône à l’exception de la une école du ministère des Finances. Le bas- Vitriolerie (Quartier Général Frère), de la tion Saint-Laurent, la Vitriolerie et La Motte Motte (Sergent Blandan) et de Montluc. sont encore dans le domaine de la Défense. Parmi les rescapés, Saint-Irénée abrite une Enfin Montluc attend un nouveau destin au résidence universitaire, Sainte-Foy une profit du ministère de l’Intérieur. Compagnie Républicaine de Sécurité et

1874-1893, LE SYSTÈME SÉRÉ DE RIVIÈRES Le milieu du XIXe siècle est marqué par l’appa- Marcel, La Freta et au fort de Vancia : rition du canon dont l’âme rayée permet des Sermenaz et Sathonay. On expérimente éga- tirs en mode plongeant avec des obus plus lement la mise sous tourelle métallique des précis. Toute la fortification élevée à grands canons. sera le seul fort de la ceinture frais à devient subitement périmée. lyonnaise à en être équipé. Le fort du Paillet C’est alors que se prépare le conflit de 1870. “BONNES () est construit en 1884 marquant une Après la défaite de Sedan, un nouveau sys- pause dans la construction. Cette même tème fortifié est édifié aux nouvelles frontiè- JOURNÉES !” année, la découverte de l’explosif brisant, la res de la . Il prend le nom de son mélinite, impose la transformation des systè- concepteur, le général du génie Séré de mes de protection. Le béton remplace les Rivières. L’artillerie a encore fait de nouveaux maçonneries, de nouvelles fortifications appa- progrès. Le canon d’acier tire désormais des raissent : les forts de (1889), de Saint- projectiles explosifs à plus de 10 km de dis- Priest (1890), de et de Décines. Le tance avec une cadence accélérée grâce au fort du Chapoly (1890) vient compléter la chargement par la culasse. Le plan de défense entre Dardilly et Francheville. défense de Lyon s’établit en fonction de ces nouvelles contraintes sur la base d’une cein- La ville de Lyon réclame en 1880 une nouvelle ture de forts disposés sur une ligne de hau- enceinte continue aux nouvelles limites des teurs à une dizaine de kilomètres de la ville. communes de Lyon et de pour Contrairement aux errements lors de la remplacer la première construite par Rohaut construction de la première ceinture, le projet de Fleury en cours de démantèlement . Cette Séré de Rivières impose un plan type pour la enceinte voulue encore une fois pour faciliter réalisation des ouvrages. la perception de l’octroi n’a pas d’intérêt mili- taire. Elle sera cependant réalisée en partie 2E VAGUE : 24 OUVRAGES de la Croix Luizet à Saint-Fons : c’est l’actuel Ce nouveau système comprend 24 ouvrages boulevard périphérique dans ce secteur. répartis sur un périmètre de 65 km. La construction débute en 1874 par le fort du Tous les forts de la deuxième ceinture, mili- Mont-Verdun afin de contrôler le Val de tarisés jusqu’à la fin de la seconde guerre Saône. Le programme se poursuit en 1875 mondiale, ont peu à peu été déclassés et PLUS D’INFOS SUR par les forts de , et Vancia. En LE PROGRAMME ET SUR LE WEB revendus aux municipalités (Feyzin, Bruissin, 1878 sont construits les forts du Bruissin Bron, Dardilly, Côte Lorette, Sermenaz, , www.grandlyon.com (Francheville), de Corbas et la batterie des Saint-Priest, Meyzieu) ou réaffectés (Corbas www.culture.gouv.fr/rhone-alpes Carrières (), puis l’année suivante au ministère de l’Intérieur). Seul le Mont Champvillars (Irigny), Montcorin (Irigny), Côte Verdun est resté dans le domaine militaire Lorette (Saint-Genis-Laval). D’autres batteries (Armée de l’Air). Vancia est en cours de ces- sont annexées au Mont Verdun : Mont-Thou, sion au Grand Lyon. JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE Texte rédigé par des membres de l’association du Musée Militaire de Lyon island DES COMMUNES DU GRAND LYON Long. 1089_lesFortifications 12/09/05 15:54 Page 3

LES FORTIFICATIONS Les ceintures LYONNAISES 1831-1860 fortifiées 1874-1893 lyonnaises du XIXe siècle Fort de Corbas Entrée du fort de Vancia

En 1793, lors des préparatifs avant le siège de la ville par les armées de la Convention, les Lyonnais n’ont pu que constater l’état de délabrement de leurs fortifications héritées du Moyen Âge et de la Renaissance. La campagne de 1814 a confirmé la position criti- que de la ville toujours démunie de réelles défenses face à une menace venant du nord- est ou du sud-est. L’année suivante, Lyon est de nouveau menacée, mais la cité est déclarée « ville ouverte » et occupée sans dommage par les Autrichiens. Après quel- ques années d’hésitation politique due à la mise sous surveillance de la France par les vainqueurs de l’empire napoléonien le gouvernement de Louis-Philippe décide de met- tre le pays en état de résister à une attaque possible et, par conséquent, de le fortifier. Le général Rohaut de Fleury du génie est alors désigné pour leur réalisation.

1831-1860, LE SYSTÈME ROHAULT DE FLEURY

Cette période de la première moitié du d’une caserne défensive. Une importante Carte réalisé par l’Agence d’urbanisme du Grand Lyon XIXe siècle marque un tournant dans la fortifi- caserne, dite des Bernardines, jouant le rôle cation, tournant du pour une faible part à de citadelle, est aménagée un peu en retrait l’évolution de l’artillerie dont la portée effi- de l’enceinte. Cette dernière comprendra cace atteint désormais 1 500 à 2 000 m, mais donc au total 8 bastions et 5 portes. En avant surtout du à l’accélération de l’extension de cet ouvrage, deux forts détachés sont urbaine. Un nouveau conflit entre Anciens et construits : Montessuy et Caluire. Modernes s’ouvre à cette époque. Entourer une ville d’importance d’un immense rempart I Relèvement de l’enceinte de Fourvière qui continu « à la Vauban » est considéré par les laisse au Sud Saint-Irénée et Saint-Just hors modernes comme irréaliste, trop onéreux et les murs mais qui déborde en aval à hauteur et ses deux lunettes du Haut-Rhône et de Fourvière, formant ainsi une Fort du Bruissin forts comme à la Duchère avec ses 5 trop gourmand en armement. Cette nouvelle de Saône, l’ancien tracé, pour absorber le et des Charpennes, les Brotteaux seconde ligne de défense, il n’en est bastions en étoile, ses tenailles et ses école défend le principe d’une défense à pont de la Mulatière. Les hauteurs qui domi- avec sa batterie de la Part-Dieu, pas de même sur la rive gauche du demi-lunes, et, dans une moindre base de forts détachés distants les uns des nent les quartiers extérieurs sont équipées Villeurbanne (Montluc), la Motte et sa Rhône. Dans ce secteur il n’était prévu mesure, ceux de la rive gauche du autres d’une portée de canon, plus simple et de forts détachés : Saint-Irénée, Sainte-Foy batterie des Hirondelles, le Colombier initialement que des forts détachés. Rhône ou du plateau de la Croix- plus économique à réaliser, mais laissant et sa petite redoute. Au Nord, en revanche, et la Vitriolerie. On s’est résolu à réaliser une enceinte Rousse. Modernité avec un tracé des entre eux des intervalles entre lesquels il est on reprend l’ancien tracé médiéval en se mais celle-ci relie entre eux les ouvra- petits ouvrages déjà semblable à celui possible de s’infiltrer. rabattant sur Pierre Scize et l’on construit 1RE VAGUE : 19 FORTS ET BATTERIES ges qui ne sont plus détachés, confon- de la future deuxième ceinture de la fin au-delà les forts de Loyasse et de Vaise et, Ce nouveau dispositif de défense glo- dant en une seule les deux lignes de du XIXe siècle, sans bastion, en forme LA PREMIÈRE CEINTURE FORTIFIÉE dans la trouée du cimetière de Loyasse, la bal de la ville comportera au total 19 défense. de trapèze ou de pentagone. Modernité Entre 1837 et 1854, on entreprend donc ce lunette ou redoute du Fossoyeur. L’enceinte ouvrages détachés : 10 forts et 9 bat- I La seconde originalité réside dans le aussi dans la conception des casernes qui formera la première ceinture fortifiée de Fourvière comprendra également 8 bas- teries ou redoutes. Une double origi- dessin des forts eux-mêmes construits, à l’épreuve du bombardement formant lyonnaise. tions et 5 portes. nalité le caractérise. au contraire de ceux de Paris, sans plan réduit dans chacun des forts. Il s’agit de I Relèvement de l’enceinte de la Croix- I Construction du grand fort de la Duchère, type et présentant donc entre eux de bâtiments rectangulaires composés de Rousse avec ses vieux bastions du XVIe siè- isolé sur son plateau, assurant une défense I La première résulte du tracé de l’en- notables différences qui traduisent là travées juxtaposées sur 2 ou 3 niveaux, cle. Seules ses deux extrémités sont avancée face à un assaillant venant du Nord ceinte. Celle-ci n’est pas continue alors encore la confrontation entre les deux surmontés d’une terrasse équipée d’un modernisées. Le fort Saint-Jean est puis- par les routes de Bourgogne (N6) et du qu’elle devrait l’être : le rempart prévu écoles de pensée. On y trouve en effet parapet crénelé et dont les façades sont samment armé avec ses sept niveaux d’artil- Bourbonnais (N7). au sud de la presqu’île ne sera pas réa- un mélange d’archaïsmes et de moder- percées de meurtrières de part et d’au- lerie étagés au-dessus de la Saône. Côté I Sur la rive gauche du Rhône, réalisation lisé. En outre, si l’enceinte est en retrait nité. Archaïsme avec l’emploi de tracés tre des ouvertures. Les pièces d’artille- Rhône, le bastion Saint-Laurent est doté d’un chapelet de forts détachés : la Tête d’Or des forts détachés de la Croix-Rousse bastionnés classiques dans les gros rie sont à l’air libre dans tous les forts,