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Sommaire Table of content

Introduction 5 6 Introduction Genèse 7 Genesis Anatole Dauman, producteur 8 9 Anatole Dauman, Producer , scénariste 10 11 Marguerite Duras, Writer Le Tournage 13 The shoot Correspondance d’Alain Resnais avec Marguerite Duras 14 Alain Resnais’ letters 19 to Marguerite Duras Les carnets de tournages de Sylvette Baudrot, Sylvette Baudrot’s film notebooks, scripte du film 24 script supervisor Photos taken by Emmanuelle Riva Photos de tournage d’Emmanuelle Riva 30 during the film shoot Le Film 35 The Film La sortie en 1959 55 The release in 1959 Hiroshima vu par… 65 Hiroshima seen by… La restauration 67 The restoration L’équipe de restauration 73 The restoration team Fiche technique du film 77 Fact sheet Biographies 79 Biographies Contacts 87 Contacts Remerciements 88 Thanks 5 Introduction

Restaurer ….

Restaurer un film est un acte singulier, qui consiste à redonner vie à une œuvre connue ou oubliée, sans pour autant trahir la volonté de l’auteur. L’exercice est difficile et passionnant, et il est avant tout une leçon d’humilité. Il impose de s’immiscer avec délicatesse dans la vie et le travail de l’auteur pour tenter de saisir ses intentions et ses doutes, ses difficultés et ses satisfactions. Feuilleter ses carnets de tournage, ses notes, ses courriers, ses photos… Tout un chemin pour comprendre le film, avant et pendant la restauration, bien identifier le montage original, réapprendre la lumière ou le grain de l’époque, redécouvrir le son, ou encore mettre le doigt sur certaines imperfections. Avec la combinaison de travaux photochimiques et numériques, tout cela devient possible… à condition de savoir s’arrêter à temps, pour ne pas dénaturer l’œuvre originale. Un long chemin avec une double finalité: restaurer pour montrer le film au plus grand nombre, et préserver les éléments originaux (avec un retour à la pellicule) pour leur assurer une conservation optimale dans un lieu adapté. Parce que ces originaux sont les seuls garants de la pérennité de l’œuvre, au-delà des futurs progrès du numérique. C’est pour toutes ces raisons qu’une restauration est nécessairement le fruit d’un travail collectif, qui permet de mettre en route un projet de longue haleine tout en assumant les doutes et les interroga- tions, qui font aussi toute la saveur de cette expérience. La version restaurée de Hiroshima mon amour est le résultat d’une rencontre formidable entre la société de production du film, deux fondations agissant dans le domaine du patrimoine, une cinéma- thèque de renommée internationale, sans oublier un chef opérateur proche de l’auteur pour veiller sur ce travail. Toute une aventure qui a permis d’entrer dans l’univers du premier long métrage d’Alain Resnais, dans le but de redonner vie, pour longtemps, aux images abîmées par le temps. Hiroshima va pouvoir reprendre sa route dans le monde entier. Première étape à Cannes en mai 2013, puis au festival il Cinema Ritrovato à Bologne sur la Piazza Maggiore, au Festival de la Rochelle… et bien d’autres. Et aussi, capital dans un tel projet, la ressortie en salle dans de nombreux pays dont la France le 17 juillet et l’Italie au deuxième semestre 2013. Car l’idée est bien de faire redécouvrir Hiroshima à tous ceux qui l’ont aimé mais aussi de faire venir de nouveaux spectateurs, vierges de cette expérience. Séverine Wemaere Déléguée générale Fondation Technicolor pour le Patrimoine du Cinéma Gilles Duval Délégué général Fondation Groupama Gan pour le Cinéma

5 Restoring Hiroshima mon amour…

Restoring a film is a unique process. It consists of bringing back to life a well-known or forgotten work without betraying the author’s wishes. It is a difficult yet fascinating exercise, but most of all, a lesson in humility. It is essential to penetrate as delicately as possible into the author’s life and work to try and seize his/her intentions and doubts, the difficulties and satisfactions. By looking through a director’s notebooks, remarks, letters, photos… Understanding the film before and during the restoration process is a journey in itself: in identifying the original editing decisions, relearning the lighting or the grain of the film’s period, rediscovering the sound, or pinpointing certain imperfections. By combining photochemical and digital techniques, every- thing becomes possible… providing one knows when to stop, so that the original work isn’t altered. It’s a long journey with a double purpose: to show the film to the largest possible audience and to preserve the original elements (striking new film master elements from the digital restoration) to ensure optimal con- servation in an appropriate place. Those original elements are the only guaranty that the film will survive, beyond future digital progresses. It’s for those reasons that a restoration is inevitably the fruit of team work, a joint effort that enables such a long-term project to get off the ground, while working through doubts and questions, that are also part of the experience’s appeal. The restored version of Hiroshima mon amour is the result of a wonderful collaboration between the film’s production company, two heritage foundations, an internationally renowned Cinematheque and Archives, not forgetting one of the director’s chief cameramen who carefully watched over the whole process. It was an adventure that led us into the world of Alain Resnais’ first feature-length film, bringing images spoilt by the passing of time back to life, for a long time to come. Hiroshima can once again set off on its global journey. There is a first stop in Cannes in May 2013, followed by the Cinema Ritrovato Festival on the Piazza Maggiore in Bologna, then the Film Festival in La Rochelle… among many others. And vital for such a project as this, it will be rereleased in countless cinemas all over the world, starting in France on July 17th and in Italy later on in 2013. We hope that all those who have loved Hiroshima will discover it all over again, and that it will attract new audiences who have never lived the experience.

Séverine Wemaere Managing Director Fondation Technicolor pour le Patrimoine du Cinéma Gilles Duval Managing Director Fondation Groupama Gan pour le Cinéma

6 7 Genèse Genesis

Deux ans après l’audacieuse aventure de Nuit et Brouillard, film très controversé à l’époque, un projet de documentaire sur les horreurs de la guerre rapproche à nouveau Alain Resnais et Argos Films. Cette dernière, forte d’un accord avec une société de production au Japon, propose au cinéaste de réaliser un film sur Hiroshima.

Alain Resnais, hésitant tout d’abord à traiter d’une autre grande tragédie du XXe siècle, s’attaque cependant au visionnage des nombreux documentaires produits jusqu’alors sur cette catastrophe nucléaire. Il en déduit que la seule nouvelle approche possible serait d’évoquer ce sujet sous un angle plus universel en tournant dans le monde entier, ce qui n’etait aucunement envisageable par ses co- producteurs.

Après quelques mois une nouvelle idée s’impose, le projet de documentaire sur les désastres d’Hiroshima deviendrait un long métrage de fiction. En quête de scénariste, le réalisateur, préconisant la plume des romanciers, propose Françoise Sagan (Otto Preminger venait de tourner Bonjour Tristesse). Celle-ci ne donnera pas suite. Alain Resnais rencontre Marguerite Duras (dont Moderato cantabile vient d’être publié) qui connaîtra avec Hiroshima sa première expérience cinématographique.

Two years after their daring collaboration on Nuit et Brouillard, a very controversial film at the time, it is again a documentary about the horrors of war which brings Alain Resnais and Argos Films back together. The latter, relying on financing from a production company in Japan, asks the director to consider directing a film about Hiroshima.

Alain Resnais is at first reluctant to delve into yet another 20th century great tragedy but decides nonetheless to watch the numerous documentaries produced to date on that subject. These viewings lead him to the conclusion that the only new approach possible would be to extrapolate on the universality of the subject matter and shoot his film all over the world, a prospect his co-producers could not possibly consider.

After several months, a new idea arises, the documentary project about Hiroshima’s disasters would take the form of a feature-length fiction film. In search of a screenwriter, the director, seeking the collaboration of novelists, suggests Francoise Sagan (Otto Preminger’s Bonjour Tristesse had recently been released). She did not show up for the first meeting, thus the screenwriting task befell Marguerite Duras, who had just published Moderato cantabile and whom Resnais had just met. This was to become her first film experience

6 7 Anatole Dauman (1925-1998), producteur d’Hiroshima mon amour Producteur, distributeur, exportateur de films. Anatole Dauman fonde à 24 ans la société Argos Films qui produira tout d’abord des courts métrages et des documentaires dont les plus célèbres demeurent Nuit et brouillard et La Jetée. Avec ses longs métrages de Rouch, Marker, Resnais, Bresson, Godard, Oshima, Schlöndorff, Tarkovski et Wenders, Argos Films représente l’une des plus importantes collections indépendantes de films de patrimoine.

Extraits de la biographie d’Anatole Dauman, Souvenir-Ecran, Jacques Gerber -Editions Centre Georges Pompidou, 1989

8 9 Anatole Dauman (1925-1998), producer of Hiroshima mon amour Producer and distributor. Anatole Dauman starts his company Argos Films at age 24. Beginning with shorts and documentaries, among which Night and Fog and La Jetee. Argos Films will continue with daring features by directors such as Rouch, Marker, Resnais, Bresson, Godard, Oshima, Schlöndorff, Tarkovski and Wenders.

One day, in 1957, Resnais found a way to making everything he wanted to convey to the Japanese feature-length films via an unusual detour. I had actors and crew. It was a miracle of courtesy! suggested making a film to Mr Nagata, the presi- When she heard the good news, Marguerite Duras dent of DAIEI, a powerful Japanese film company clapped her hands and swept me into a much with a subsidiary office in France, Pathé Overseas. welcome sense of elation. The project was an official coproduction for a What kind of film had Resnais brought back from documentary about the Hiroshima bomb. The Japan? At that stage, I still had no idea as instead original title summed up the subject in one word: of looking at the rushes, I preferred to wait for Pikadon (Japanese for the “flash” of a nuclear that emotional experience when you see the explosion). Months went by and Resnais was still rough cut. uninspired. We started to have second thoughts about the scale of the adventure, when suddenly After the screening of the first release print, I he got the idea to show Japan through the eyes mischievously whispered: We’ve already seen of a woman. A fictional work submerged the that in Citizen Kane, a non-chronological film Pikadon project. Contracts were signed. All that going back in time.” He replied: “Yes. But in my was left to do was to write the screenplay. But by film, it’s disorderly.” And it’s true that Hiroshima whom? I thought of a newcomer to the world of broke from the classic structure of cinematic literature and cinema: Marguerite Duras. We soon narrative and subjected it to the play of affective reached an agreement, and as she looked at her memory, which François-Régis Bastide summed triumphant signature at the bottom of the page, up: “The past becomes the present indicative so Marguerite quipped: “It might not be an abso- as to better capture the future.” From then on, lute fortune but it’s a fortune to me. I have my cinema as we knew it had changed. Audiences freedom!” She wrote the screenplay and dialogue all over the world were bowled over by this film. in just two months. Then the time came for Alain The text definitely had something to do with the Resnais to fly to Japan, alone, leaving the script general emotion. Resnais respected the screen- supervisor and his lead actress, Emmanuelle writer’s work to such a point, he used a stopwatch Riva, behind. I can still see myself standing by the to synchronise the tempo of his tracking shots to plane at Orly airport. With a firm handshake as he the moderato cantabile rhythm of the Durassian embarked, Resnais confided: “I’m going there to sentence. But I feel the film’s strength basically find out that this is an impossible film to make, derives from its mise en scene and its skilful edit- simply impossible.” ing. At the risk of offending his modesty, I declare that Alain Resnais is well and truly the real author In Japan, both on location and in the studio, Alain of his films and that, although working with dif- Resnais’ authority took everyone by surprise. ferent screenplays and writers, he addresses us Even though he couldn’t speak the language, he exclusively in his own unique style.” managed to communicate down to the last detail

Excerpts from Anatole Dauman’s biography, Souvenir-Ecran, Jacques Gerber -Editions Centre Georges Pompidou, 1989

8 9 Marguerite Duras (1914-1996), scénariste du film

10 11 Marguerite Duras (1914-1996), screenwriter of the film

Resnais works like a novelist… Marguerite Duras :

We did two kinds of continuity for Hiroshima mon amour. One was the actual continuity of the film. The other was what we might call a subterranean continuity.

Before the shoot, Resnais wanted to know everything about the story he was going to tell, but also the story he wouldn’t tell: that of the characters. He wanted to know everything about them: their youth, their lives before the film and, to a certain point, their future after the film. So I wrote biographies for each character. And from those biographies, Resnais approached them with the camera as if translating in images the continuation of a film that already existed about their previous lives.

Once that was done, once the characters’ social and psychological details were established, once the characters had been defined, both in their past and future, Resnais demanded that the interest we had in them be clearly established. That was another layer that came from the film’s subterranean continuity. Filmmakers usually wonder whether the story they’re going to tell will interest the audience. Not Resnais. Resnais wondered whether he himself would be interested in the story he was going to tell. We saw each other every day, and every day Resnais told me where he was up to, whether he was happy or not with the way the story was developing. Not once did I hear him talk about what might please or displease his film’s future audience. Resnais knows exactly what he wants to do, and how and why. Before knowing and working with him, I couldn’t imagine that a filmmaker could be so “alone”. Resnais works like a novelist.

As well as imagining the characters’ social details, justifying the story, etc. Resnais also asked me to give him a sort of pre-commentary of the images that would illustrate the story. “Tell me how she sees when she remembers it. Tell me how she sees the marble roll into the cellar,” Resnais would say. So we imagined how she would remember Nevers from the other side of the world. And how the lost marble rolled into the cellar in that invented Nevers.

The work I did on the film’s subterranean continuity is at least as important as the work I did on the actual continuity. What is shown on the screen contains what isn’t shown. Why? Because by showing only one aspect of something, out of a potential of hundred aspects, Resnais wanted to be aware of his “shortcoming ” of only being able to show only one aspect. I think he has always referred to that trauma, it’s obviously unavoidable … Resnais knew what he wanted: he would provoke me and I would respond to him on his terms…

Source: Image et son n°128

10 11

Le Tournage The shoot

Le tournage du film se déroule au Japon à partir de septembre 1958, à Hiroshima ainsi qu’à Tokyo pour certaines parties en studio, puis en France à Nevers en décembre 1958. Alain Resnais se rend au Japon plusieurs semaines avant le début du tournage pour terminer les repérages et surtout le casting. Durant cette période, il correspond régulièrement avec Marguerite Duras. L’actrice principale Emmanuelle Riva et la scripte Sylvette Baudrot font le voyage ensemble au Japon pour rejoindre Alain Resnais qui les accueille le 15 août à Tokyo. Elles y restent une quinzaine de jours pendant qu’Alain Resnais termine ses repérages. C’est là qu’elles rencontrent pour la première fois l’acteur japonais Eiji Okada. Toutes deux y achètent un appareil photo, Sylvette Baudrot un Mamiyaflex et Emmanuelle Riva un Ricohflex. Elles prendront chacune de leur côté des clichés tout au long de leur séjour au Japon, passionnant témoignage de ce tournage. On retrouve ces clichés dans les carnets de tournage de Sylvette Baudrot et ceux d’Emmanuelle Riva dans un ouvrage qui paraîtra beaucoup plus tard, en 2009. Elles se rendent en train le 29 août à Hiroshima et rejoignent l’équipe du film. Le tournage démarre le 8 septembre.

The shoot began in Hiroshima, in Japan, during September 1958, with some scenes being shot in the studio in Tokyo. The scenes shot in Nevers, France, started in December 1958. Alain Resnais went to Japan several weeks before the beginning of the shoot to scout for locations, but especially for the casting. During that period, he corresponded regularly with Marguerite Duras. The lead actress, Emmanuelle Riva, and the script supervisor, Sylvette Baudrot, went together to Japan on the 15th August to join Alain Resnais. They stayed there for a couple of weeks whilst Alain Resnais finished looking for film locations. That is when they first met the Japanese actor, Eiji Okada. Whilst in Japan, Sylvette Baudrot bought a Mamiyaflex camera and Emmanuelle Riva, a Ricohflex. During their stay, they both took photos, which have become a fascinating chronicle of the film. Sylvette Baudrot’s photos were published in her carnets de tournage, a film shoot journal, and Emmanuelle Riva’s came out in a book published in 2009. On the 29th August, they took a train to Hiroshima to join the rest of the film crew. The shoot began on the 8th September.

13 Alain Resnais à Marguerite Duras : Correspondance août 1958 (Extraits)

Afin de commencer les repérages et choisir son acteur principal, Alain Resnais doit s’envoler pour le Japon et ce, avant que le scénario ne soit achevé. Il écrit régulièrement à Marguerite Duras pour lui livrer ses impressions détaillées accompagnées de photos qu’il prend au fur et à mesure de ses découvertes des lieux de tournage. En retour, elle lui fait parvenir ses propositions de continuité et quelques bandes magnétiques sur lesquelles elle a enregistré le moderato cantabile de la phrase durassienne. L’intégralité des lettres d’Alain Resnais, remises par Jean Mascolo à l’I.M.E.C. (Institut Mémoire de l’Edition Contemporaine) où elles sont conservées, ont été reproduites en fac-similé dans le livret du DVD de Hiroshima mon amour co-édité par Arte France Développement et Argos Films, et ont été publiées par les Editions Gallimard au sein de l’ouvrage « Tu n’as rien vu à Hiroshima ». Nous vous en livrons quelques extraits qui témoignent de l’étroite et amicale collaboration des deux auteurs.

Dimanche 3 août. Aube (1958) Oui, je disais donc : j’ai été à Hiroshima. J’ai bien trouvé : l’Hôtel. C’est le « New Hiroshima Hotel ». C’est Chère Margrot Dora, (comme écrit le « Japan Times) le seul où la Française peut habiter d’une manière vraisemblable. Il donne à la fois sur le Musée, la place (…)Ce qui paraît le plus affoler les producteurs japonais, de le Paix, le Cénotaphe et au loin on voit le dôme c’est notre désir de tourner à Hiroshima même et du Palais de l’Industrie. Les chambres du premier dans des lieux réels. Cela pose il est vrai des problèmes étage sont entourées à l’extérieur d’une espèce de particuliers : on ne peut tourner dans une gare car plateforme en béton sur laquelle Riva peut prendre cela pourrait gêner les voyageurs. On ne peut tourner son café. Cette plateforme donne sur un parc un peu dans un hôtel car cela pourrait gêner les clients. On ne macabre, où des gens dorment la nuit et où passent peut tourner dans les rues la nuit car cela dérange les de nombreux cyclistes (mais deux par deux, pas en gangsters. Ce qui ne veut pas dire qu’on n’y arrivera essaim). Toujours de cette plateforme, on aperçoit le pas. fleuve et un pont. L’Hôtel ne comporte pas d’ascenseur *** mais d’admirables escaliers. Il y a aussi un bar mais qui Parmi toutes les choses qu’on nous avait racontées, ferme à dix heures du soir. certaines sont vraies, d’autres fausses, bien sûr. Ainsi : un Européen ne peut pas aimer la cuisine japonaise, Les chambres comportent deux ou un lit. Une salle laquelle d’ailleurs ne vaut rien. Faux. Jamais je n’ai été à de bain, mais tout à fait internationale qu’elle est, la pareille fête culinairement. Tokyo est très américanisé. baignoire. Devant l’Hôtel, c’est calme. Il y a seulement Tout est bilingue. Faux. Il y a vingt pancartes de rues des taxis qui viennent prendre les voyageurs. Mais pour toute la ville et le plan du métro est entièrement rien ne nous empêche d’inventer deux Japonais se en caractères japonais (ce qui rend son emploi poursuivant à scooter ou un hélicoptère très bruyant incroyablement délicat). Il n’y a pas de cafés au Japon. qui décolle et se pose sans arrêt sur la Place. (Je l’ai vu Particulièrement faux. Il n’y a même que ça. Bien plus et entendu pendant tout mon séjour.) que de bistrots en France. La vie nocturne continue toute la nuit à Tokyo. Faux. Les boites de nuit ouvrent à J’ai trouvé l’Hôpital et ses malades. Et les cartes de six heures du soir et ferment à minuit. A une heure du souffrance. Et les ruines des temples sur la colline, matin tout le monde est couché. Tokyo est la capitale et l’herbe qui repousse mal et les boutiques aux la plus bruyante du monde. Faux. Rome l’est quatre fois souvenirs, et les gens qui se font photographier devant plus. Tokyo est la capitale du néon. Vrai. L’incroyable le Cénotaphe, et les pierres grillées, et une ombre politesse japonaise dans les rapports commerciaux. (très vague) et le marché aux poissons, et une veuve Peut-être vrai, mais c’est indiscernable pour moi. directrice de restaurant, et trois ou quatre fourmis, et Dauman l’est vingt fois plus (poli). Les femmes rient l’autobus qui fait visiter la ville (mais c’est une guide et tout le temps, les hommes jamais. Vrai. il y a très peu de touristes) et la tasse de café le matin, et les ponts et les innombrables canaux. *** J’ai été à Hiroshima.

14 15 Et puis encore, en plus, la fondation Moriss où se notre film sous prétexte que nous avons choisi Okada réunissent les rescapés. Et les arbres replantés qui comme acteur, alors qu’il est communiste notoire ! Et paraissent ne pas pouvoir repousser. Et les pierres d’un que nous sommes tous des « reds ». J’ai rendez-vous temple à côté de celui-ci reconstruit en ciment armé. avec Okada demain. J’attends ce moment avec une Et des milliers de lotus qui ont remplacé les pièces curiosité manifeste. Pas vous ? d’eau où vivaient des carpes géantes avant le 6 août. Et un orphelinat où grandissent une dizaine d’enfants. Et Adressez mon amical souvenir à Dyonis Mascolo. une mairie à la façade brune, pelée. *** A Hiroshima, j’ai trouvé la maison qui pourrait être celle J’arrête pour aller déjeuner. Un temps. d’Okada. Elle est assez plaisante, car elle fait très villa *** de Neauphle. Et ne possède pas le moindre pittoresque. Dès mon débarquement j’ai demandé à voir un film *** d’Okada. On m’a déconseillé d’aller voir celui qu’on Pour la commémoration du 6 août, il n’y a pas de donnait à Tokyo car c’était dans un cinéma trop éloigné défilé d’aucune sorte. La population d’Hiroshima se et trop louche. Devant mon insistance après un voyage rassemble simplement sur la place de la Paix. Il y a de près d’une demi-heure en taxi (comme vous le des discours et des colombes. C’est tout. Je vais donc savez, il n’y a pas de noms de rue et le chauffeur est voir avec un décorateur si on peut inventer avec les obligé toutes les cinq minutes de descendre faire une moyens du bord un faux défilé qui serait, soit inventé enquête pour savoir s’il est dans la bonne direction) par les réalisateurs du film, soit un défilé folklorique nous sommes arrivés dans un village où, dans une d’Hiroshima (il y a trois festivals à Hiroshima : au salle remplie à craquer (il y avait même un jeune printemps, en août, en novembre). Réunir la figuration garçon installé sur la scène, c’est-à-dire dans l’écran nécessaire pour ce défilé parait impossible. Manque de qui, de temps à autre, allait chatouiller le visage des yens. Mais là encore je ne veux pas être pessimiste. comédiens de ses doigts sans que le public manifeste *** la moindre désapprobation) j’ai pu enfin voir apparaître Le 6 août les enfants n’étaient pas à Hiroshima notre héros en civil. Depuis, je l’ai vu dans deux autres en général. Les bombardements répétés avaient productions. (Au Japon, paraît-il, on ne conserve pas contraints les écoles à se replier dans la campagne. les films. Il est donc très difficile de se faire projeter une production ancienne.) De cette triple expérience Le café au bord du fleuve existe bien. Il y en a Okada me semble bien sortir vainqueur. Ouf ! Défauts : même deux. Les tables et les sièges correspondent il est petit, un peu trapu, les mains et la démarche exactement à la mise en scène que nous souhaitons. sont sans beauté particulière. Qualités : le regard est Pour des raisons de commodité, je tournerai sans intelligent, le jeu très varié et précis (un peu style doute la scène en studio. Pas vu de juke-box, mais John Garfield), le sourire, très sympa, il gifle très bien, comme il y en a paraît-il beaucoup au Japon on peut en sait embrasser « western-style ». Il a énormément ajouter un sans scrupules. De toutes façons, tous les d’intensité contenue et peut brusquement éclater. bars sont équipés de pick-up avec petits haut-parleurs Il rit et se marre très bien. Il sait aussi avoir l’air au-dessus des tables. On boit du café ou du thé glacé, extrêmement tendre et pathétique. Les deux profils plus rarement du saké (qui est devenu mon vin, alcool sont bons et il ne présente que rarement cette espèce préféré), de la bière et du whisky. de mollesse de la joue qui nous avait inquiétés à . Autre bon point, c’est un acteur qui fait surtout du *** théâtre. Dans les rues de Tokyo, j’ai bien entendu, Il y a beaucoup de boîtes de nuit. Dont trois immenses. regardé tous les visages. Un seul m’a paru convenir à L’une d’elles « Le Casablanca » me paraît très bien votre personnage. Or il était du type Okada. J’ai été voir convenir. Faux rochers, faux palmiers en alkathène, jouer Mori Miki dont le visage vous avait séduite sur le cascades, jets d’eau, petites passerelles qui enjambent calendrier la semaine dernière. Il est très beau, mais des cours d’eau avec poissons rouges, etc. Mais deux paraît avoir un jeu inexpérimenté […]. On ne l’imagine problèmes. Le premier : il faudra payer une redevance guère poursuivant Riva avec un tel acharnement. aux « racketeers » du coin si l’on veut tourner. Le Une nuit doit lui suffire. Physiquement il aurait été un second plus grave : comme toutes les boites, elle parfait Joseph du « Barrage ». J’ai vu aussi Akutagawa, ferme à minuit. Donc impossible d’y voir se lever l’aube. le fils du romancier qui se suicide. Il est fin mais a je C’est dommage car son toit est en matière plastique ne sais quoi de malsain qui ne collerait pas non plus. transparente et l’aspect du décor doit devenir J’ai regardé une trentaine de photos d’acteurs divers. absolument innommable-admirable au lever du jour. Aucun ne me paraît convenir. Restent, bien sûr, les Je vais donc voir avec les Japonais si on peut faire une inconnus ! Mais ça, ça me paraît trop dangereux étant entorse à la vérité sur ce point. donné le peu de temps autorisé pour le tournage. Détail *** marrant : on attaque hier dans le journal corporatif

14 15 La Gare porte en lettres au néon les mots « Hiroshima une certaine dureté à ses « Non », ce qui ne serait pas Station » qui se détachent très nettement sur le ciel. mauvais. La salle d’attente, le hall plus exactement, est tout à fait conforme à ce qu’on pouvait souhaiter. Un peu En analysant la continuité du 26 juillet, j’ai trouvé un plus animé que prévu, mais ce n’est pas un mal. De total de 357 plans à tourner ici ! Hâte de connaître le nombreuses familles y passent la nuit à dormir (ainsi résultat du devis. que sur la pelouse qui est devant la Gare). C’est très *** éclairé, la buvette reste ouverte en permanence ainsi On m’apporte une enveloppe de Paris. C’est votre que les marchands de gâteaux et le kiosque à journaux. nouvelle continuité. Merci. J’arrête donc brutalement Le tout est assez cauchemardeux. Dommage qu’on ne cet essai de correspondance. Je vais me mettre puisse pas y tourner vraiment. J’espère trouver aussi au travail tout de suite. Donnez-moi beaucoup de bien près de Tokyo (dans une gare désaffectée). nouvelles. *** La place de la Gare à l’aube avec ses enseignes au néon Affectueusement : éteintes est proprement hallucinante. Alain *** Une nuit, m’identifiant consciencieusement à votre P-S : Voici les premières photos prises par moi à héroïne, je me suis levé à trois heures et demie du Hiroshima matin et j’ai été de l’Hôtel à la Gare en passant par *** le café, la place de la Paix, le quartier des boîtes, le Déjà Mercredi, déjà le 6 août ! Palais de l’Industrie, etc. En errant ainsi, je n’ai pu m’empêcher de penser que « c’était pas tous les Comme vous pouvez le voir de vos propres yeux, j’ai jours ». J’ai noté beaucoup de bruits intéressants réellement rencontré Okada Eiji. Rassurez-vous, il qui vont servir dans le film. Particulièrement l’appel ne ressemble pas du tout à cette image (pas plus mélancolique (style un peu cornemuse) du marchand que moi j’espère !). Rien à ajouter à ce que je vous ai de nouilles. écrit Dimanche sur lui. Qualités et défauts sont bien *** ceux prévus. S’il peut jouer le rôle avec les regards, Avez-vous une idée sur la teinte du complet de Okada les gestes, les rires et les jeux de physionomie qu’il a dans le film ? utilisés au cours de notre entretien, c’est gagné pour nous. Je peux ajouter qu’il paraît d’un commerce très *** agréable et dégage beaucoup de chaleur humaine. Il A Hiroshima on peut aussi louer de petites barques et veut même essayer de prononcer le rôle en français. se laisser descendre vers le Pacifique. Mais je crois qu’il En tout cas ce sera dommage de le doubler car sa voix y a avantage à ne pas quitter le café du fleuve pendant est très belle. Samedi, il nous donnera sa réponse après tout le IV afin d’accentuer le côté théâtre. lecture du scénario. Comme dates de tournage il n’y a *** pas de problèmes pour lui. J’ai vu le Musée à Hiroshima. Il y a tout un côté barreaux *** de prison qui est exploitable. Les mannequins ne Continuant à appliquer ma technique du désordre je sont pas en cire, mais en carton bouilli (ce sont des passe brusquement, sans la moindre transition, sans le mannequins de grands magasins) et se trouvent moindre enchainé (ON COUPE) au résultat de la lecture placées dans des vitrines. Mais on doit pouvoir modifier de votre continuité du « 26 juillet ». Je prends quand un peu la phrase sur le touriste. même le temps de vous féliciter de votre travail et du *** soin que vous avez apporté à fusiller les lièvres. Je crois J’aimerais bien savoir ce qu’ont donné vos entretiens qu’il n’en reste plus beaucoup à massacrer. avec Riva et Baudrot. Est-ce que Riva a commencé à apprendre son texte par cœur ? Bon. « Starti » comme on dit ici. *** *** On ne sait pas encore si Okada jouera en japonais. PREMIER ACTE Certains disent qu’il serait incapable d’apprendre le texte français. Demain on saura. Montrer Riva dans l’hôpital et ailleurs peut nous *** coûter dans les 800 000 yens. Je crois avantageux de Riva pourrait-elle se maquiller elle-même, pour transporter cet argent dans la scène du café du fleuve, le film, dans la chambre d’hôtel sans que ce soit par exemple, ou le défilé. invraisemblable ? Ca aiderait bien la mise en place (encore que pas très neuf). Et puis ça pourrait donner Page 3. A Hiroshima, il y a peu de touristes, peu d’acheteurs de souvenirs. Je vous propose donc de

16 17 jouer sur cette absence. Et d’ajouter un adjectif ou une Page 12. Je ne sais pas encore si des salles de bains phrase là-dessus. japonaises existent mais je crois qu’on pourrait leur faire prendre une douche ensemble. Ce serait peut- Page 4. On ne peut toucher les mannequins puisqu’ils être meilleur car moins « couleur locale », non ? sont dans des vitrines. Pourrait-elle dire soit qu’on a mis ces mannequins sous verre pour empêcher les Page 22. Si on remplaçait « quinze jours » par « un touristes de les toucher, soit « Certains font le geste de mois » et « France » par « Paris » ? (veulent, essayent) toucher la cire » ? *** Page 9. En août 1945, un Japonais était forcément QUATRIEME ACTE (Génial) mobilisé. Il doit donc répondre quelque chose dans le Page 40. Je me demande si la répétition de « Nevers » genre de « Je faisais la guerre. J’étais soldat » ou « On quand elle boit (« Nevers » au lieu de « là ») n’était pas m’avait arrêté ». De toute façon, ça enchaine plutôt une bonne chose. Vous ? mieux avec la réplique qui suit. Page 45. Je trouve la tonte à la tondeuse de coiffeur Page 9 et 10. Je ne sais pas encore si je supprime peut être plus impressionnante comme image. Plus là les allusions au film mais j’aimerais bien avoir véridique sûrement. Mais là n’est pas la question. en réserve deux ou trois répliques dans le sens de : Qu’avez-vous su sur le rasoir et son emploi ? « J’étais à Tokyo. Une tournée théâtrale. On cherchait une Européenne ! » Page 52. La réplique sur la France me paraît encore *** ambiguë. Ne pourrais-je en avoir une autre plus Depuis Dimanche on se bat pour essayer de sortir des catégorique de rechange. Ce serait tout de même trop mains de la douane votre voix sur « magnetic tape ». bête d’être compris exactement dans l’autre sens ! Dieu sait pourtant que j’ai hâte de l’entendre, votre voix ! Page 52. Commençant à dix-huit heures, la vie *** nocturne s’arrête à vingt-trois heures au Japon. Il J’attends toujours de connaître le devis réel du film. faudrait donc un peu modifier. Les enseignes au néon, Remarquez que les discussions entre les différents elles, marchent presque toute la nuit. Certaines ne producteurs du film ne sont pas sans rapport avec les s’éteignent qu’à l’aube. dialogues de Raymond Roussel. Ce qui explique bien des choses. On me dit aussi qu’en japonais il n’existe aucun A un moment peut-être peut-elle dire une phrase mot pour dire oui ou non. dans le genre « J’aime marcher la nuit dans les villes étrangères en suivant les lumières » ou sans préciser *** « J’aime les villes où le soir tout le monde marche dans DEUXIEME ACTE la rue ».

Page 17. Pourriez-vous ajouter quelque chose à « De Il n’y a pas de canots à moteur sur le fleuve, mais des la politique » ? Dans le genre de : « De l’architecture… et espèces de péniches au moteur sourd et très lent. Très puis surtout, de la politique. » Je suis certain désormais beau. qu’il n’est pas ingénieur. Prêtre défroqué à la rigueur… *** *** Page 18. Y aurait-il pas avantage à coller les CINQUIEME ACTE (Emouvant) ou (Bouleversant) répliques sur le film qu’elle tourne avant celles sur la Page 55. Ne serait-il pas possible de simplifier les cinq politique, de façon à les synchroniser avec le costume premières lignes (sur la durée du temps, etc.) au cas où d’infirmière ou le maquillage ? Etes-vous d’accord pour Riva n’arriverait pas à les dire bien ? qu’elle se maquille elle-même ? Je crois que toute la dernière scène y gagnerait, y compris leur fou rire. Et Reste la scène « optionable ». Boîte de nuit, café de la puis si elle est maquillée elle peut, soit ne pas se laisser Gare, ou bar de l’Hôtel. Si nous utilisons un voyageur embrasser, soit laisser des traces de rouge sur son ou un patron du café ou le propriétaire de l’Hôtel, il me bras à lui, soit donner à son visage à elle quelque chose faudrait un petit choix de répliques pour le dialogue d’un peu inquiétant. A tout hasard j’aimerais bien avoir anglais. une réplique d’Okada genre « Tu te maquilles toi- même ? » Riva « Oui. J’aime mieux. Ca me …………………….. » Devant la Gare, il y a une pelouse où des gens dorment entassés, allongés sur de vieux journaux. Peut-être cela Reste que la réplique sur la vie utile et inutile est peut nourrir quelques phrases du monologue intérieur encore trop lourde, trop longue. Pourtant, je voudrais de Riva. Ou faire se dérouler là, la scène de la place de bien garder celle de l’arbre. la Paix.

16 17 *** enlève toute spontanéité à mes indications) n’existait Pour ne pas manquer le départ du courrier, je ne vous pas je serais tout à fait tranquille de ce côté-là. J’avoue parlerai pas dans cette enveloppe de l’acte trois. Ce quand même que c’est miraculeux d’être tombé sur un sera pour demain matin. comédien qui vous connaissait déjà de nom, qui a joué (au théâtre) Tchekhov, Strindberg, Maxwell Anderson, *** Saroyan, Tennessee Williams, Roger Vailland , et qui nous pose des colles sur les théories de Sartre sur le Mercredi 20 août. Nuit. roman. Je ne sais pas encore si on va pouvoir utiliser J’ai achevé samedi dernier le découpage du film. sa véritable voix, mais il fait chaque jour de tels progrès J’aboutis à 480 plans y compris les documents que la question va sans doute se poser. Riva est ravie d’actualité et Nevers. Une semaine juste pour établir de l’avoir pour partenaire. un découpage c’est, évidemment, parfaitement *** déraisonnable, pas moins sans doute d’écrire un Mardi 26 août. scénario en deux mois ou envisager de tourner la partie Hiroshima en un mois. Mais je me dis que c’était Aujourd’hui grand drame à la production. Le devis a été ça ou rien. Alors … L’étroitesse du devis dans lequel établi. Il dépasse du tiers la somme de yens dont nous nous devons vivre m’a poussé à faire quelque chose devions disposer. Les propos amers que vous imaginez de très simple et je me suis refusé à toute acrobatie ont été comme il se doit échangés. Ca faisait très technique. Je n’oublierai pas ces étranges journées vrai film. Après avoir étudié le problème avec Baudrot passées dans ma chambre en compagnie de votre voix on a décidé de commencer quand même. Même si et de deux poupées articulées en bois chargées de on n’arrive pas à tourner entièrement le film il vaut remplacer Riva et Okada. En un sens ça me rappelait un mieux en ramener le plus de morceaux possibles. Et peu les jours que j’ai passés autrefois dans un couvent peut-être avec un peu de chance… Baudrot a établi de Dominicains. Pas d’extase mystique dans les deux un plan de travail qui va nous permettre de porter les cas ! Mais tout de même très ému par le quatrième « sacrifices » sur le défilé. J’ai souvent dit qu’il valait acte. Puissent les spectateurs … comme on dit. mieux tourner un sujet intéressant sans moyens plutôt *** qu’un « policier » avec un temps de tournage normal. C’était drôlement émouvant et impressionnant pour Me voilà obligé de pratiquer ma morale. Après tout, moi votre lettre magnétophonique. J’ai décidé de me la nous n’avons pas fini le travail sur le scénario à Paris. jouer tous les soirs pendant le tournage. Alors peut-être l’ensemble aura-t-il le charme des esquisses (lesquelles, chacun le sait, valent toujours *** mieux que les tableaux achevés). D’autant plus hâte Je ne saurais pas vous dissimuler que j’attends avec d’être au tournage pour vous voir […] impatience votre réponse à mes deux dernières lettres. Okada est en train de tenter le tour de force A vous, comme à Gérard, je souhaite un beau « voyage d’apprendre par cœur le texte en français afin de au Portugal ». faciliter notre doublage. Tous les changements posent du coup pour lui d’énormes difficultés. Donc, plus tôt Toute mon amitié vous me les enverrez… Je ris en pensant que j’arrive à vous gâcher vos vacances. D’après la description Alain Resnais de Sylvette Baudrot vous aviez pourtant l’air bien rassurée. *** Page 14. Toujours pas satisfait (je suis casse-pieds hein ?) de la réponse à « Qu’est-ce que c’était pour toi Hiroshima ? ». J’aime bien le sens de « C’était loin. Et puis, c’étaient des Jaunes, etc. » mais sous cette forme ça fait trop démonstration. Sans doute faut-il développer, la nourrir plus. *** Page 45. Donnez-moi vite des précisions sur l’emploi du rasoir ou de la tondeuse puisque certaines phrases du texte en dépendent. *** Je termine aujourd’hui les répétitions avec Okada. Je le crois un très bon acteur. Si le problème qui consiste à passer par un interprète pour communiquer (ce qui

18 19 Alain Resnais to Marguerite Duras : Correspondence August 1958 (Extracts)

Alain Resnais had to fly to Japan before the screenplay was even finished to start scouting for film locations and choose his lead male character. He wrote regularly to Marguerite Duras, giving his detailed impressions, and sent photos that he took as he discovered the places he would use in his film. In return, she sent the continuity suggestions she’d been working on and several audio tapes on which she’d recorded moderato cantabile in true Duras style. All of Alain Resnais’ letters, given by Jean Mascolo to I.M.E.C. (The Institute for the Remembrance of Contemporary Publishing) for safekeeping, have been reproduced in facsimile for the DVD’s booklet of Hiroshima mon amour, distributed by Arte France Développement and Argos Films, and have equally been published by Editions Gallimard in the book “You’ve seen nothing of Hiroshima”. Here are a few excerpts which illustrate the close and friendly collaboration between the two authors.

Sunday 3rd August. Dawn (1958) realistically staying. It’s overlooking the Museum, the Peace Square, the Memorial and, in the distance, the Dear Margrot Dora (as the “Japan Times” calls you), Dome of the Industrial Promotion Hall. The rooms on the first floor have a kind of concrete balcony outside (…)What seems to terrify the Japanese producers the where Riva can drink her coffee. The balcony overlooks most is our wanting to shoot in the city of Hiroshima a rather gruesome park where people sleep outside at itself and in real locations. It poses some quite specific night and where many cyclists ride by (always in twos, problems: we can’t shoot in a train station as it could never in groups). From that same balcony, we can also bother people travelling. We can’t shoot in a hotel as see the river and a bridge. The Hotel doesn’t have a lift it could bother other clients. We can’t shoot in the but a wonderful flight of stairs. There is also a bar but it streets at night as it could bother the gangsters. But closes at 10 o’clock in the evening. that doesn’t mean we won’t manage to. The rooms have either one or two beds. A bathroom, *** and as it’s quite international, a bath. It’s calm in front Amid everything we’ve been told, some things are of the Hotel. The only cars that draw up are taxis for true and, of course, some are false. For example: a clients. But there’s nothing to stop us from inventing European can’t like Japanese food, which in any case two Japanese scooters chasing one another or an isn’t any good. False. I’ve never experienced such a extremely noisy helicopter taking off and landing in the culinary feast. Tokyo is very Americanised. Everything Square. (I have seen and heard one throughout my stay is bilingual. False. There are only twenty street signs in here). the whole city and the metro map is solely in Japanese characters (meaning it’s rather tricky to use). There I have found the Hospital and its patients. And the aren’t any cafés in Japan. Absolutely false. There are pain management cards. And the temples’ ruins on many more bistros than in France. The Tokyo nightlife the hill, and the grass struggling to grow back and the carries on all night long. False. Nightclubs open at souvenir shops, and the people having their picture six o’clock in the evening and close at midnight. taken in front of the Memorial, and the burnt stones, Everyone’s in bed by one o’clock in the morning. Tokyo and a shadow (very vague) and the fish market, and is the noisiest capital in the world. False. Rome is a widowed restaurant manageress, and three or fourfold noisier. Tokyo is the city of neon lights. True. four ants, and the sight-seeing bus (but the guide’s Japanese shopkeepers are incredibly polite. Maybe, but a woman and there are very few tourists) and the it’s indiscernible to me. Dauman is twentyfold (more morning cup of coffee, and the bridges and the polite). The women laugh all the time, the men never countless canals. do. True. And there’s also The Morris Foundation where survivors *** meet up. And the newly planted trees which don’t I went to Hiroshima. seem to be able to grow. And the stones of a temple Yes, so I was saying: I went to Hiroshima. And I’ve next to the one rebuilt in reinforced concrete. And the found the Hotel. It’s the “New Hiroshima Hotel”. It’s the thousands of lotus flowers which have replaced the only one where we could imagine the French woman ornamental lakes that were full of giant carps before August 6th. And an orphanage where a dozen children

18 19 are growing up. And a town hall with a brown, peeling *** façade. I’ve found the house in Hiroshima that could be *** Okada’s. It’s rather pleasant, as it reminds me of the I’m taking a break for lunch. A pause. villas in Neauphle. And there’s nothing picturesque about it. *** As soon as I arrived, I asked to see one of Okada’s films. *** th I was advised against going to see the one being shown For the commemoration of August 6 , there is no kind in Tokyo because the cinema was too far away and of procession whatsoever. The people of Hiroshima too seedy. However, I insisted, and after a half-hour simply gather together on the Peace Square. There are taxi journey (as you are aware, street name signs are speeches and doves. That’s all. I’m going to ask a set practically non-existent so the taxi driver had to get designer if we can’t manage to come up with some kind out every five minutes to ask around to see if he was of fake procession, that could either be invented by heading in the right direction) we arrived in a village the film’s directors, or we could use one of Hiroshima’s where, in a packed cinema (there was even a small traditional processions (there are three festivals boy sitting on the stage, yes, right in front of the in Hiroshima: in spring, in August and in November). screen and who, from time to time, went to tickle the Getting enough extras together for a procession seems actors’ faces without raising the slightest objection impossible. Lack of yens. But again, I don’t want to from the audience) I finally managed to see our hero seem pessimistic. out of uniform. Since then, I’ve seen him in two other *** films. (Apparently, in Japan, they don’t keep films, so In general, children weren’t in Hiroshima on August it’s very difficult to screen an old film). I feel Okada 6th. Repeated bombings had forced schools into the emerges from this triple experience victorious. Phew! countryside. Faults: he’s small, rather stocky, his hands and gait are There really is a riverside café. There are even two. The somewhat nondescript. Qualities: he has an intelligent tables and chairs even correspond exactly to the look in his eyes, his acting is varied and precise (his mise- we want. For convenience sake, I’ll probably style’s a little like John Garfield’s), his smile, very nice, en-scène shoot the scene in the studio. I haven’t spotted a juke- he knows how to slap someone in the face, and can kiss box yet, but apparently there are lots in Japan, so we “western-style”. He has a lot of restrained intensity and don’t need to have scruples about putting one in. In any can suddenly explode. He has a very good laugh. He also case, every bar has a record player with small speakers knows how to be extremely tender and moving. Both fixed above the tables. You can drink coffee or iced profiles are good and he only occasionally presents tea, sometimes sake (which has become my wine, my that weakness of cheek that we were so worried favourite alcoholic drink), beer and whisky. about in Paris. Another good point: he essentially does theatre work. I have of course been looking around at *** faces while walking through the streets of Tokyo. Only There are lots of nightclubs. Three enormous ones. one seemed to fit your character. It so happened it I think one of them, “The Casablanca” will be perfect. was Okada’s type. As Mori Miki appealed to you after Fake boulders, fake palm trees made out of alkathene, seeing his face on the calendar last week, I went to waterfalls, fountains, little bridges over ponds with see him acting. He’s very handsome, but he seems goldfish, etc. But there are two problems: The first: rather inexperienced […]. It’s hard to imagine him we’ll have to pay the local “racketeers fees” if we want relentlessly pursuing Riva. One night must be sufficient to film there. The second is more problematic: like all for him. Physically speaking, he would’ve been a perfect nightclubs, it closes at midnight. So it’s impossible Joseph in “The Sea Wall”. I’ve also seen Akutagawa, to see daybreak. It’s a shame because the roof is the novelist’s son who commits suicide. He’s subtle in transparent plastic and the décor must become but there’s something unsavoury about him that is absolutely unspeakably-wonderful at dawn. So I’m unbefitting. I’ve looked at around three dozen photos going to see with the Japanese if we can’t bend the of different actors. None of them seem appropriate. truth a little on that point. There are of course unknown actors! But I think it’s *** a little too risky considering the limited time they’ve The Station is topped by neon letters, the words allowed us to shoot. One amusing little detail: the “Hiroshima Station” are clearly outlined against the corporative newspaper has attacked our film under sky. The waiting room, or hall to be more exact, is the pretext we’ve chosen Okada to play in the film, everything we could hope for. It’s a bit busier than I when he’s a well-known communist! And they state expected, but that’s not a bad thing. Many families that we are all “reds”! I’m meeting Okada tomorrow. I’m spend the night there (sleeping on the lawn in front of obviously very curious. Aren’t you? the Station). It’s very well lit, the food and drinks stand *** is always open, just like the cake stall and newsstand. Please give my kind regards to Dyonis Mascolo. It’s enough to give you nightmares. Shame we can’t

20 21 actually film there. I hope I’ll find one just as good near P.S. Here are the first photos I’ve taken in Hiroshima Tokyo (in a disused station). ***

*** th The square in front of the Station at dawn with its neon Already Wednesday, already August 6 ! signs turned off is absolutely incredible. As you can see with your own eyes, I’ve actually met *** Okada Eiji. Don’t worry, he looks nothing at all like he One night, conscientiously identifying with your does in this picture (no more than myself, I hope!) I’ve heroine, I got up at half past three in the morning and nothing to add to what I wrote about him on Sunday. went to the Station Hotel, going past the Peace Square, His qualities and faults are those anticipated. If he the nightclub district, the Industrial Promotion Hall, can play the role with the looks he gave, the gestures, etc. As I was wandering around, I couldn’t help thinking the laughter and the expressions he used during our that “it wasn’t at all commonplace”. I noticed lots of interview, we’re on to a winner. I might add that he interesting sounds I can use in the film. Especially the is very pleasant company and he seems to be a very melancholic cry (a bit like bagpipes) of the noodle man. warm person. He even wants to try and say his text in *** French. In any case, it would be a shame to dub him Do you have an idea of the colour of Okada’s suit in the as he has a beautiful voice. He’ll give us his answer on film? Saturday after the screenplay reading. He has nothing *** planned that clashes with our production dates. In Hiroshima, you can also rent little boats and let *** yourself drift down towards the Pacific. But I think it I shall continue to implement my disorderly technique, would be better not to leave the riverside café during without the slightest transition, without the slightest Act IV in order to accentuate the theatrical side. fade in-fade out (CUT) following the reading of your th *** continuity from “July 26 ”. Though I shall take the time I have seen the Museum in Hiroshima. One whole side to congratulate you on your work and the care you of it has prison bars that we can use. The mannequins have taken in anticipating problems. There must only that have been placed in the windows aren’t made of be a few left. wax, but of papier-mâché (they are mannequins from Well. “Starti” as they say here. department stores). But we should be able to alter the *** sentence about the tourist. *** ACT ONE I’d like to know how your discussions went with Riva and Filming Riva in the hospital and other locations could Baudrot. Has Riva started learning her lines? cost around 800,000 yens. I prefer to put that money *** into the riverside café scene or, for example, the We’re not sure yet if Okada will act in Japanese. Some procession. say he’s incapable of learning the text in French. We’ll know tomorrow. Page 3. In Hiroshima there are very few tourists, very few people buying souvenirs. I suggest we play on that. *** And add an adjective or a sentence to emphasize it. Would it seem ridiculous to suggest that Riva does her own make-up for the film, in her hotel room? It would Page 4. We can’t touch the mannequins as they’re in help tremendously the feel (even though it’s not a the shop windows. Could she say that they have put novel idea). And it could add a certain harshness to her the mannequins behind glass to stop tourists from “No’s”, which wouldn’t be a bad thing. touching them, and “Some reach out to (trying to, *** wanting to) touch the wax”? Whilst analysing the continuity from July 26th, I found Page 9. In August 1945, Japanese men were inevitably a total of 357 shots to do here! I can’t wait to find out mobilized. So he must reply with something like: “I was how much the budget comes to. in the war. I was a soldier.” Or: “I’d been arrested.” And *** anyway, it flows better with the lines that follow. Someone has brought me an envelope from Paris. It Pages 9 and 10. I’m not sure yet if I should remove is your latest continuity. Thank you. I am therefore from here all allusions to the film but I’d like to have brusquely breaking off this correspondence. I’m setting two or three phrases up my sleeve along the lines: “I to work straight away. Send me lots of news. was in Tokyo. On tour with a theatre company. We were Affectionately, looking for a European!” Alain ***

20 21 We’ve been fighting since Sunday to get the audio tape to be altered slightly. Though the neon signs stay on of your voice out of the hands of Customs. God only nearly all night. Some are only lit up at dawn. knows how much I’m longing to hear your voice! Maybe, at one point, she could say something like: “I *** like wandering at night through towns I don’t know, just I’m still waiting for the real budget of the film. You following the lights.” Or less specifically: “I like towns might remark that the discussions between the film’s where everyone strolls through the streets in the different producers bear some relation to Raymond evenings.” Roussel’s dialogues. Which explains a lot. I’ve also been told that there is no word in Japanese for yes or no. There aren’t any motorboats on the river, but there are barges with muted motors that go very slow. Very *** beautiful. ACT TWO ACT FIVE (Moving) or (Heartrending) Page 17. Could you add something to “Politics?” Something along the lines: “Architecture… and then Page 55. Would it be possible to simplify the first five especially, politics.” Nevertheless, I am positive he’s lines (about the length of time, etc.) in case Riva can’t not an engineer. A defrocked priest maybe… say them correctly? *** Page 18. Wouldn’t it be better to put the dialogue in There’s still the “optional” scene. Nightclub, the Station about the film she’s doing before the dialogue about café, or the Hotel bar. If we use a traveller or the café politics, and to synchronise that with the nurse’s owner or the owner of the Hotel, I’m going to need a uniform or the make-up scene? Would you agree to her choice of lines for the English dialogue. doing her own make-up? I think it would improve the There’s a lawn in front of the Station where people last scene and also when they laugh together. Besides, sleep at night, all crammed together, lying on old if she’s already made-up, she can use it as an excuse to newspapers. Maybe that could fuel some phrases for not let herself be kissed, or leave lipstick on his arm, or Riva’s inner monologue. Or maybe the Peace Square create something a little unsettling with the make-up. scene could take place there. And just in case, I’d like to have a line for Okada like: *** “You do your own make-up?” Riva: “I prefer doing my I won’t discuss Act Three in this envelope as I don’t own. It….” want to miss the mail. That’s for tomorrow. The dialogue about a useful and pointless life is still *** too long, too clumsy. And yet I’d like to keep in the line th about the tree. Wednesday 20 August. Night. Page 12. I’m not sure yet if Japanese bathrooms I finished the shooting script last Saturday. I’ve exist but I think we could get them to take a shower calculated there are 480 shots, including the news together. It might be better as it would be a little less of bulletins and Nevers. Drawing up a shooting script in a “local colour cliché”, don’t you think? just one week is obviously totally unreasonable, but probably not as unreasonable as writing a screenplay Page 22. What if we put “a month” instead of “a couple in two months or considering shooting the whole of weeks” and “Paris” instead of “France”? Hiroshima section in one month. But I thought it was either that or nothing. So… The tight budget with which ACT FOUR (Brilliant) we’re going to have to survive on has encouraged me to do something very simple, and I will refuse Page 40. I wonder if the repetition of “Nevers” when any technical gymnastics. I will never forget these she’s drinking (“Nevers” instead of “there”) isn’t a good strange past few days spent in my room, your voice for thing. Your thoughts? company, and two articulated wooden dolls standing Page 45. I think that the shaving scene with in for Riva and Okada. In a way, it’s reminded me of the hairdresser’s clippers is much more upsetting. It’s time I spent long ago in a Dominican convent. There surely more authentic. But that’s irrelevant. What have wasn’t much mystical ecstasy in either situation! But I you found out about razors and how one uses them? was very moved by the fourth act. We can only hope the audience will be too. Page 52. The line about France still feels too ambiguous. Couldn’t I have a much more categorical *** one instead? It would be a shame if it were completely I found your audio tape extremely moving and misinterpreted! impressive. I’ve decided I will listen to it every evening during the film shoot. Page 52. The nightlife in Japan starts at six in the *** evening and ends at eleven at night. So that will have

22 23 I won’t conceal the fact that I’m impatient to hear your Tuesday 26th August. response to my last two letters. Okada is attempting Today, there was a big drama at the production the amazing feat of learning his lines in French to make office. The budget has been completed. It goes a third the dubbing easier for us. So the slightest change is beyond the budget of yens we’ll have available. You extremely difficult for him to overcome. Therefore the can imagine the bitter words exchanged. It was very earliest you can send it to me… It makes me smile to much like a real film. Having taken a closer look at think I’m ruining your holidays. According to Sylvette this problem with Baudrot, we’ve decided to go ahead Baudrot, you seem to be taking it all in your stride. nonetheless. Even if we don’t manage to film entirely *** everything, it’s better to bring back the most we can. Page 14. I’m still not satisfied (I’m a pain in the neck, And maybe, with a bit of luck… Baudrot has drawn up aren’t I?) with the reaction to “What was Hiroshima a shooting schedule that will provide savings for the to you?” I like the sense of: “It was far away. And, you procession. I’ve often said that it’s better to film an know, they were Japs, etc.” But formulated like that, interesting subject with little financial means rather it’s much too obvious. It needs more development. than a “detective film” with a standard film schedule. *** I now have to practice what I preach. After all, we Page 45. I need you to clarify for me, and soon, how haven’t finished working on the screenplay in Paris. the razor or clippers will be used, as certain lines in the Maybe the film as a whole will have the charm of a text depend on it. sketch (which everyone knows are always better than *** finished paintings). I can’t wait to be on the film set to The rehearsals with Okada end today. I believe he’s see you […] a very good actor. If there wasn’t the problem of I hope both you and Gérard have a very nice “trip to going through an interpreter to communicate with Portugal”. him (which does away with all spontaneity where my indications are concerned), I’d be much more at ease. All the very best, I admit it’s incredible to come across an actor who’d Alain Resnais heard of you, who has played (in theatre) Chekhov, Strindberg, Maxwell Anderson, Saroyan, Tennessee Williams, Roger Vailland, and who gives us mock exams on Sartre’s theories on the novel. I’m not sure yet whether we can actually use his voice, but he makes so much progress every day that we will most probably have to make that decision. Riva is thrilled to have him as her partner. ***

22 23 Les carnets de tournage de Sylvette Baudrot, scripte du film The script supervisor, Sylvette Baudrot’s film shoot notebooks

24 25 24 25 26 27 26 27 28 29 Extrait des carnets de tournage - Source : Cinémathèque Française - © Sylvette Baudrot Excerpts from the shooting booklets

29 Photos de tournage d’Emmanuelle Riva Photos taken by Emmanuelle Riva during the film shoot

30 31 30 31 32 33 32 33 Photos © Emmanuelle Riva - Collection Cinémathèque Française

34 35 Le Film The film

34 35 36 37 37 38 39 39 40 41 41 42 43 42 43 44 45 45 46 47 47 48 49 49 50 51 51 52 53 Photogrammes issus de la version restaurée du film Images from the film’s restored version © Argos Films

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La Sortie en 1959 The Release in 1959

Au Festival de Cannes de 1959, la France est représentée par Orfeu Negro, deuxième film de Marcel Camus,qui reçoit la Palme d’Or, et par Les Quatre Cents Coups, de François Truffaut, à qui le prix de la mise en scène est accordé. Mais c’est Hiroshima mon amour, présenté hors compétition, qui enthousiasme la critique française, anglo- saxonne, italienne et allemande, et bénéficiera d’une carrière commerciale tout à fait inattendue pour un film aussi original tant par sa forme que par son contenu. Cette même année, une série de premiers films s’affichent dans les salles d’exclusivité des Champs-Élysées. Sont présentés au public, à quelques semaines d’intervalle, les deux premiers films de Claude Chabrol : le Beau Serge puis les Cousins ainsi que le premier film de François Truffaut Les Quatre Cents Coups. La nouvelle vague s’annonce...

At the Cannes Film Festival in 1959, France was represented by Orfeu Negro (Black Orpheus), Marcel Camus’ second film, which won the Palme d’Or and by François Truffaut’s Les Quatre Cents Coups (The 400 Blows). But it was Hiroshima mon amour, screened in the Out of Competition section, that enthused the French, Anglo- Saxon, Italian and German critics. Its ensuing commercial success was completely unexpected due to its original style, structure and content. That same year, a series of first features was screened in the exclusive cinemas on the Champs-Elysées. Claude Chabrol’s first two films, Les Cousins and Le Beau Serge, released just a few weeks apart, as was François Truffaut’s first film Les Quatre Cents Coups. The was coming…

55 56 57 57 58 59 59 60 61 62 Sources (pages 56 à 63) : Institut Lumière / Fonds Argos et Bibliothèque Raymond Chirat - DR

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Hiroshima vu par… Hiroshima seen by… Extraits d’un texte inédit de Maurice Pialat « Dimensions pour mouvements »

A paraître dans le numéro de POSITIF juin 2013

Parfois, ce qui nous arrive, on veut l’avoir souhaité. La fin de ce film est la quête de l’oubli, mais en même temps de l’inoubliable : car elle restera longtemps à ce souvenir ; ce qu’elle a refusé par peur de l’oublier. L’émotion ne peut naître du refus du souvenir. Les poètes seuls disent la vérité. (…) Nous aimons qu’Emmanuelle Riva soit comme mille femmes ensemble. Le premier contact avec une grande comédienne (Toi !) est toujours inquiétant ; de cette inquiétude qui vient de l’expression nouvelle, au-delà des habitudes reconnues mais que le cœur accepte non sans une légère crispation. (…) Aucune autre ne pouvait montrer un instant du monde, de notre monde avec plus de vraisemblance. C’était ça, ou l’œuvre entière coulait dans le mensonge ; mensonge si fréquent qui peut faire illusion quelques temps. Il n’y a pas une jeune femme plus réelle que cette comédienne. (…) Ce jeu est né de la confiance accordée par le réalisateur à la femme, au-delà de la comédienne.

Extraits reproduits avec la gracieuse autorisation de Pialat et de la Cinémathèque Française.

Extracts from a previously unpublished text “Dimensions for Movements” by Maurice Pialat

To be published in the June 2013 issue of POSITIF

We sometimes wish we’d hoped for what happens to us. The end of the film is as much about trying to forget as it is about the quest for the unforgettable: for a long time she will hold onto that recollection; from which she turned away through fear of forgetting. Emotion cannot be born of shunning memories. Only poets tell the truth. (…) We appreciate that Emmanuelle Riva is one thousand women all in one. The first contact with a great actress (You!) is always unsettling: that kind of tension arising from the new exchange, beyond familiar habits, and which the heart may accept but not without a touch of reserve. (…) No other could show such a glimpse of the world, of our world, with such realism. It was either that or the whole film slipped into lies; lies so frequent they can be deceptive for a while. There is no other young woman more real than this actress. (…) Her acting arises from the trust the director puts in the woman, beyond the actress. Excerpts reprinted by kind permission of Sylvie Pialat and the Cinémathèque Française.

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La Restauration The restoration

54 ans après sa sortie en salle, Hiroshima mon amour a été restauré entièrement en 4 K. Un travail long et complexe. Le négatif caméra a été utilisé pour le tirage de nombreuses copies d’exploitation, subissant ainsi des dommages physiques d’usure. Certaines parties de ce négatif sont très abîmées, et deux bobines sont complètement rayées. Huit plans de ce négatif image avaient été remplacés par des contretypes ; il n’a pas été possible d’en déterminer la cause ni de dater cette intervention mais la perte de définition due à ces éléments de deuxième génération apparaîssait clairement . Nous avons décidé de restaurer ces huit plans à partir d’un marron de première génération. Les bobines 9 et 10, particulièrement rayées et atteintes d’une dégradation chimique avec des auréoles très visibles, ont été numérisées par immersion. Ce procédé a permis d’atténuer sensiblement ces défauts, sans toutefois les faire disparaître complètement. Environ 1700 heures de palette numérique ont été nécessaires. En ce qui concerne le nettoyage numérique le choix s’est porté sur une intervention légère pour les images d’archives, afin de préserver les différences entre ces passages et les images tournées par Resnais. Une particulière attention a été réservée au respect de la texture du film, dont les caractéristiques changent selon que les scènes aient été tournées au japon ou en France, ou selon les différents choix de pellicules montées dans le négatif image. L’objectif de cette restauration était de respecter pleinement l’esthétique originale du film. L’étalonnage a été effectué sous la direction de Renato Berta a pu être réalisé grâce à l’expérience de ce chef opérateur et en référence constante à une copie d’exploitation. La restauration du son a été réalisée, selon le souhait d’Alain Resnais, de la manière la plus transparente possible, dans le respect des sonorités de la copie positive qui a été, dans ce domaine également, une référence fondamentale.

54 years after its first release, Hiroshima mon amour has been completely restored in 4K resolution, which was a long and complex process. The original camera negative was used to make numerous release prints for distribution, causing serious wear and tear on this element. Certain parts were seriously damaged and two reels were completely scratched. Eight shots in the original camera negative were in fact dupes. It’s not been possible to find out why, nor put a date on when it happened, but the loss of definition, owing to these second-generation images, was obvious. We therefore decided to restore those eight shots from a first-generation fine grain master. Reels 9 and 10, which were very scratched and had suffered chemical degradation, resulting in large rings on the image, were wetgate digitized. Using this process, we managed to greatly reduce the problems with around 1,700 hours of VFX (visual Fx software) but not to completely eradicate them. Digital cleaning was used ever so slightly on the archive footage to keep the differences between that footage and the scenes shot by Alain Resnais. We took particular care in keeping the film’s texture, the characteristics of which vary depending on whether the scenes were shot in Japan or in France, or what kind of film stock was edited in the original negative. The aim of the restoration was to rigorously respect the film’s original aesthetic qualities. Colour grading was supervised by Renato Berta (cf. Renato Berta’s interview), and was possible due to his experience as chief cameraman and by constantly referring to a release print. The sound restoration followed Alain Resnais’ intentions, respecting the original densities as they were displayed in the release print. This also proved to be essential in this sphere of the restoration process.

Davide Pozzi Directeur du laboratoire L’Immagine Ritrovata Manager of L’Immagine Ritrovata, film restoration laboratory

67 Préserver l’hétérogénéité photographique du film A la demande d’Alain Resnais, Renato Berta, chef opérateur, a supervisé tous les travaux d’étalonnage de la restauration à Bologne. Il nous fait part de ce singulier voyage au cœur du film.

« Les éléments desquels nous sommes partis pour la restauration proviennent de trois sources : les négatifs originaux, tournés par les chefs opérateurs Sacha Vierny en France et Takahashi Michio au Japon, des internégatifs des plans truqués (les fondus, les fondus-enchaînés…) et une série de plans d’archives. Avec Hiroshima mon amour, on n’est pas dans un cinéma classique où la photographie est la même du début à la fin. La narration de ce film est parfaitement linéaire mais basée sur une non-continuité photographique temporelle et géographique. Les parties liées au souvenir tournées en France n’ont rien à voir avec celles liées au présent tournées au Japon, qui plus est, avec deux chef opérateurs différents. Cette hétérogénéité photographique contribue parfaitement au système de lecture du film et c’est ce qu’il a fallu préserver. Grâce à la chaîne numérique, on dispose désormais de plusieurs possibilités pour gérer des paramètres physiques et photographiques, ce que la chaîne photochimique ne permettait pas auparavant. On doit donc comprendre le film en respectant les intentions des différents intervenants qui ont contribué à sa fabrication. Cela a été la ligne de conduite que nous avons adoptée pour cette restauration : facile à dire, mais pas toujours évidente à faire. Nous nous sommes interrogés tout au long du travail d’étalonnage au sujet de la qualité des différents supports qui étaient à notre disposition, surtout en ce qui concerne la continuité photographique de l’ensemble du film mais aussi de la non continuité : je fais référence aux images des souvenirs d’Emmanuelle Riva que l’on retrouve tout au long du film. Il a fallu gérer le contraste et la densité des différents supports. Ayant tourné quatre films*, en tant qu’opérateur, avec Alain Resnais, j’avais tiré de ces expériences quelques éléments qui me permettaient de faire des choix avec une certaine aisance, avec aussi la possibilité d’utiliser le téléphone pour en discuter directement avec Alain Resnais. Le travail que j’ai effectué dans le cadre de cette restauration est un voyage singulier et passionnant au cœur du film. Souvent j’ai eu le sentiment d’entrer dans l’intime des différentes dynamiques créatives, celles des deux opérateurs, des comédiens, et évidement du metteur en scène. J’espère ne pas avoir trahi leurs intentions. Dans le doute, je me suis laissé guider par la richesse des différentes façons pour filmer Emmanuelle Riva, par la quantité surprenante de positions de ce magnifique visage, et donc par les lumières et les cadres, qui font de ce film une grand leçon de cinéma ».

*Renato Berta a été chef opérateur d’Alain Resnais pour Smoking-No Smoking, On connaît la chanson et Pas sur la Bouche.

68 69 Preserving the photographic heterogeneity of film

At Alain Resnais’ request, *Renato Berta, his chief cameraman, supervised all the film’s colour grading restoration process in Bologna. He talked to us about his unusual journey to the heart of the film. “The elements for restoration that we started off with came from three sources: the original negatives, filmed by the chief cameramen Sacha Vierny in France and Takahashi Michio in Japan, the internegatives of the special effects (fade-outs, cross dissolves…) and the various archive footage. Hiroshima mon amour isn’t like any standard film with the same photographic approach from beginning to end. The film’s narrative is perfectly linear but based on a non-continuity montage of temporal and geographical photography. The parts of the film relating to memories shot in France are completely different from those relating to the present shot in Japan, and furthermore, they were filmed by two different chief cameramen. Such photographic heterogeneity contributes perfectly to how it was intended to be seen, and that is what we had to preserve. Thanks to modern digital techniques, we now have several different possibilities to deal with physical and photographical parameters that were impossible with former photochemical techniques. We must be able to understand the film whilst respecting the intentions of the different people who participated in its making. That was the line of conduct we adopted for this restoration: which is easy to say, but not always as easy to put into practice. Throughout the long colour grading process, we constantly queried the quality of the different supports at our disposal, especially those concerning the photographic continuity of the film as a whole, but also the non-continuity: I’m referring to the images of Emmanuelle Riva’s memories which appear all the way through the film. We had to deal with the contrast and density of the different supports. Having worked on four of Alain Resnais’ films as chief cameraman, I had acquired a certain knowledge that made it easier for me to make decisions. And I could also pick up the phone to discuss things directly with Alain Resnais. The work I’ve done on this restoration has been an unusual and fascinating journey into the heart of the film. I’ve often felt as though I’ve had access to the most intimate dynamics of the different creators: the two chief cameramen, the actors, and of course, the film director. I hope I haven’t betrayed their intentions. When in doubt, I let myself be guided by the infinite ways used to film Emmanuelle Riva, the surprising amount of positions her magnificent face can adopt, and the lighting and framing, all of which make this film a great lesson in cinema. *Renato Berta was Alain Resnais’ chief cameraman for Smoking-No Smoking, Same Old Song and Not On The Lips.

68 69 avant / before après / after

70 71 avant / before après / after

70 71 Générique de la restauration Restoration credits

Hiroshima mon amour (1959)

a été restauré en 2013 / was restored in 2013 by

Argos Films

La Fondation Groupama Gan La Fondation Technicolor pour le Cinéma pour le Patrimoine du Cinéma Gilles Duval Séverine Wemaere

La Cineteca di Bologna Gian Luca Farinelli

avec le soutien / with support from Centre National du Cinéma et de l’Image Animée

L’étalonnage a été supervisé par / Grading supervision by Renato Berta

Travaux de restauration / Restoration work L’Immagine Ritrovata

72 73 L’équipe de la restauration The restoration team

ARGOS FILMS

Crée en 1949 par Philippe Lifschitz et Anatole Dauman, Argos Films was founded in 1949 by Philippe Lifschitz Argos Films a participé à l’essor de la Nouvelle Vague and Anatole Dauman. Its Library contains many of the et produit maints chefs-d’oeuvre parmi lesquels master-works of postwar French cinema. les films d’Alain Resnais, Jean-Luc Godard, , Volker Schlöndorff, et Wim The company, which played a significant role in the Wenders. Avec près de soixante courts et quarante New Wave movement, has produced and co-produced longs métrages à son actif, elle est la seule société nearly forty features and sixty shorts. Over a period indépendante française à avoir reçu autant de prix of forty years, no other independent French film en France et à l’étranger, dont deux Palmes d’Or company has garnered such major awards in France et un Oscar. and internationally, including two Palmes d’Or and an Oscar, with films by Alain Resnais, Jean-Luc Godard, Son catalogue, qui inclue d’autres réalisateurs Robert Bresson, Volker Schlondorff, Nagisa Oshima incontournables dont les oeuvres ont marqué l’histoire and . du cinéma, tels que , et Andrei Tarkovski, constitue la plus importante collection Considered to be the depository of indispensable and independante du patrimoine français. enduring classics of the history of cinema and one of the greatest independent collections in the country, Il est habituel que des rétrospectives rendent the library also includes some of the most well-known hommage aux metteurs en scène pour l’ensemble films by Chris Marker, Jean Rouch, and Andrei Tarkovski. de leurs films, mais il est beaucoup plus rare que la carrière des producteurs indépendants soit ainsi Tributes are common for directors and their body of saluée. Nombre de cinémathèques et festivals ont work but seldom take place to honor independent honoré Argos Films, parmi lesquels la Cinémathèque producers. Argos Films was given numerous homages française, le Centre Pompidou, ainsi que d’autres dans worldwide: In France at the Cinémathèque Française le monde entier, à Londres, Berlin, Moscou, Tokyo, and the Centre Pompidou, as well as in London, Berlin, Budapest, Turin, Athènes, Vienne, Berkeley, Lisbonne, Moscow, Tokyo, Budapest, Turin, Athens, Vienna, New Delhi, Luxembourg et Montreal. Berkeley, Lisbon, Lausanne, New Dehli, Luxembourg and Montreal.

72 73 La Fondation Technicolor pour le Patrimoine du The Technicolor Foundation for Cinema Heritage Cinéma Created in 2006, The Technicolor Foundation for Cinema Créée en 2006, la Fondation Technicolor pour le Heritage is a non-profit entity, acting worldwide in the Patrimoine du Cinéma est une entité à but non field of preservation and promotion of film heritage. The lucratif qui agit, en faveur de la sauvegarde et de Technicolor Foundation operates worldwide with four la valorisation du patrimoine cinématographique types of programs: film restoration, operational support mondial. La Fondation Technicolor conduit quatre to film archives, festival support and educational types de programmes : restauration de films, aide aux programs for universities and film schools. It has been structures d’archives cinématographiques, soutien notably acting, since its creation, in Cambodia with de festivals et programmes de formation dans les Bophana , the Cambodia Film and Audiovisual Center universités et les écoles de cinéma. created by Rithy Panh. Among the key restorations : in 2008, Lola Montès by Max Ophuls, in 2009, jointly Elle travaille notamment depuis sept ans au Cambodge with Groupama Gan Foundation, Mr Hulot’s Holiday by avec Bophana, Centre Cinéma et audiovisuel Jacques Tati in 2009, the Complete Film Works of du Cambodge, créé par Rithy Panh. Quelques Pierre Etaix in 2010 , A Trip to the Moon (1902), in color, restaurations : Lola Montès de Max Ophuls en 2008 by Georges Méliès , Lola by Jacques Demy and Tell Me puis, conjointement avec la Fondation Groupama Gan, Lies by Peter Brook in 2012. Les Vacances de Monsieur Hulot de Jacques Tati en 2009, Selvi Boylum al Yazmalim d’Atif Yilmaz, l’Intégrale www.technicolorfilmfoundation.org Pierre Etaix en 2010, Le Voyage dans la lune, en couleur, de Georges Méliès et Documenteur (1980) d’Agnès Varda en 2011, Lola de Jacques Demy et Tell Me Lies de Peter Brook en 2012.

La Fondation Groupama Gan pour le Cinéma The Groupama Gan Foundation for the Cinema Créée en 1987, la Fondation Groupama Gan pour le Founded in 1987, the Groupama Gan Foundation is Cinéma est aujourd’hui devenue l’un des principaux today a major private partner of French cinema. It partenaires privés du cinéma français. Elle a ainsi has contributed financially to more than 150 first full- permis à plus de 150 cinéastes de tourner leur premier length films. Today its support is recognised as a mark film, grâce à une aide financière. Aujourd’hui son of quality. The Foundation also backs over several film soutien est considéré comme un label de qualité. La festivals in France and worldwide. The Foundation also Fondation accompagne également plusieurs festivals champions the restoration of many film classics. It has en France et dans le monde. La Fondation apporte son notably participated in the restoration of Le Carrosse concours à la restauration de nombreux chefs-d’œuvre d’or by Jean Renoir, L’Âge d’Or by Luis Buñuel, Jour de cinématographiques : Le Carrosse d’or de Jean Renoir, Fête, PlayTime, My Uncle and, alongside Technicolor L’Âge d’Or de Luis Buñuel, Jour de Fête, PlayTime, My Foundation, Mr Hulot’s Holiday by Jacques Tati, Pierre Uncle et Les Vacances de Monsieur Hulot de Jacques Etaix’s complete film works, and in 2011 the unique Tati. Elle a sauvegardé en 2010, avec la Fondation color version of Trip to the Moon by George Méliès Technicolor, les films de Pierre Etaix et le film turc de (1902), and in 2012, Lola by Jacques Demy, and Tell Me Atif Yilmaz Selvi boylum, al yazmalim dans le cadre d’un Lies by Peter Brook. programme annuel avec les archives turques et, bien www.fondation-groupama-gan.com sûr, en 2011, Le Voyage dans la lune, en couleur de Georges Méliès ! En 2012, Lola de Jacques Demy et Tell Me Lies de Peter Brook.

74 75 Cineteca di Bologna

Depuis 50 ans, la Fondazione Cineteca di Bologna Since 50 years Cineteca di Bologna preserves and (Cinémathèque de Bologne) a pour objectif de restores cinematic heritage in order to make it préserver et promouvoir le patrimoine et la culture accessible today and to allow its future survival. cinématographique. Elle possède un patrimoine Cineteca di Bologna has a film archive with roughly filmique de plus de 60000 pellicules et d’importantes 60,000 prints, a library with an impressive collection collections de documents, de affiches et de of documents, posters and stills and also important photographies (entre autres dédiées à Charles Chaplin archives, among which those of Pier Paolo Pasolini et Pier Paolo Pasolini). Cineteca di Bologna poursuit and Charles Chaplin. aussi sa propre mission culturelle par son catalogue éditorial, la distribution de films classiques et les Cineteca di Bologna’s cultural mission is carried on nouveaux films de auteurs Italiens indépendants, also through books and DVDs publishing, theatrical et surtout par des projets didactiques visant distribution of classics and contemporary independent à former les nouvelles générations de cinéphiles. productions and, above all, through educational projects shaping the new cinéphile generation. Depuis 27 ans, Cineteca organise le festival Il Cinema Ritrovato, qui réunit à Bologne les plus importants Since 1986 Cineteca organizes Il Cinema Ritrovato historiens, critiques et restaurateurs du monde festival, which gathers in Bologna the most important entier. La Cineteca a réalisé la restauration de historians, film critics and restorers in the world. nombreux chefs d’œuvre du cinéma mondial, grâce aux Cineteca restored, thanks to the advanced technologies technologies de pointe de son laboratoire L’Immagine of its laboratory L’Immagine Ritrovata, many Ritrovata. Parmi les restaurations les plus importantes, masterpieces of cinema history. Among others: on rappelle Il Gattopardo et Senso de L. Visconti, La Il Gattopardo and Senso by L. Visconti, La dolce vita by dolce vita de F. Fellini, Once Upon a Time in America et Il F. Fellini, Once Upon a Time in America and Il buono il buono il brutto il cattivo de S. Leone, et l’œuvre entière brutto il cattivo by S. Leone, and the whole oeuvre by de Charles Chaplin. Cineteca collabore aussi avec la Charles Chaplin. Cineteca also collaborates with World World Cinema Foundation de Martin Scorsese, un projet Cinema Foundation by Martin Scorsese, a project dédié au patrimoine cinématographique du soi-disant founded to recover cinematographic heritage of what “neglected cinema” (définition par Martin Scorsese), Scorsese himself called “neglected cinema”, and which projet qui à permis de restaurer une vingtaine de films permitted to restore over 20 films from Asia, Africa, asiatiques, africaines et de l’Amérique du Sud. and Latin America. www.cinetecadibologna.it

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Fiche technique du film Fact sheet Hiroshima mon Amour (1959) Premier long métrage d’Alain Resnais. Alain Resnais’ first feature film

Avec/with Emmanuelle Riva, Eiji Okada, Bernard Fresson. Noir et Blanc / Black and White – 92 minutes

Synopsis : Une actrice se rend à Hiroshima pour tourner un film sur la paix. Elle y rencontre un Japonais qui devient son amant, mais aussi son confident. Il lui parle de sa vie et lui répète « Tu n’as rien vu à Hiroshima ». Elle lui parle de son adolescence à Nevers pendant la seconde guerre mondiale, de son amour pour un soldat allemand et de l’humiliation qu’elle a subie à la Libération. An actress arrives in Hiroshima to star in a film about peace. She meets a Japanese man, they become lovers and he also becomes her confidant. He tells her about his life and repeats: “You’ve seen Affiche originale sortie France 1959 nothing of Hiroshima.” She talks to him about her teenage years in Original poster © Argos FIlms Nevers during WWII, how she fell in love with a German soldier and the humiliation she was subjected to during the Liberation.

Scénario et dialogues / Screenplay and dialogues Marguerite Duras Musique / Music Georges Delerue et Giovanni Fusco Production / Producers ARGOS FILMS - Samy Halfon, Anatole Dauman

Sortie / First theatrical release 10 juin 1959 (France)

Première du Film / Film Premiere : Sélection Officielle Festival de Cannes 1959 – (Hors compétition à la suite des pressions des américains qui craignaient que la bombe H ne leur fasse de l’ombre) The Official Selection, Cannes Film Festival in 1959 – (It was finally screened in the Out of Competition section following pressure from the Americans to avoid the subject of the atomic bomb)

Prix et nominations / Awards and Nominations 1959 Sélection officielle Festival de Cannes – Hors compétition – Grand Prix de la Critique Internationale, Grand Prix des écrivains du cinéma et de la télévision Official Selection, Cannes Film Festival – Out of Competition – The FIPRESCI Grand Prix, French Syndicate of Cinema Critics’ Grand Prix 1961 Festival de Berlin - Laurier d’argent – Grand Prix de la Critique allemande Berlin Film Festival – Bambi Award for Best International Film – The German Film Critics’ Award 1961 nomination aux Oscars – Scénario Nominated at the Oscars for Best Writing, Story and Screenplay Award 1961 BAFTA – Prix United Nations BAFTA – Nomination pour Meilleur Film et Meilleure Actrice BAFTA BAFTA Awards – The UN Award - Nominated for the BAFTA Film Award for Best Actress and Best Film

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Biographies

79 Alain Resnais

Né le 3 juin 1922 à Vannes, Alain Born June 3rd, 1922 in Vannes (Morbihan, France), Alain Resnais se nourrit très jeune de Resnais develops very early on a keen interest for littérature, de théâtre, de cinéma literature, the theatre, movies and comic strips. et de bandes dessinées. After moving to Paris at the beginning of World War II, Installé à Paris au début de la he studies at the famed cinema school IDHEC in 1943, Seconde Guerre Mondiale, il intègre specializing in editing. l’IDHEC en 1943 et se spécialise dans le montage. Il commence His first documentary films receive immediate critical sa carrière dans le cinéma acclaim, Van Gogh (1948 - Best Documentary at the documentaire avec des courts-métrages aussitôt , Oscar in Hollywood), Guernica salués par la critique : Van Gogh (1948 - Prix du Meilleur (1950), which culminates in 1955 with the success of Documentaire Artistique à Venise, Oscar à Hollywood), Night and Fog, a heart-wrenching depiction of Nazi Guernica (1950) puis Nuit et Brouillard (1955), concentration camps. bouleversante évocation des camps de déportés. His first feature, Hiroshima mon amour (1959 – Après son premier long-métrage Hiroshima mon International Critics’ Prize at the Cannes Film Festival, amour (1959 - Prix de la Critique Internationale Marguerite Duras’ Oscar Nomination for Best Screenplay) à Cannes), dont le scénario de Marguerite Duras followed by another collaboration with a French novelist est nominé aux Oscars, il réalise L’année dernière Alain Robbe-Grillet Last year in Marienbad (1961 - Golden à Marienbad (1961 - Lion d’Or à Venise) avec la Lion at the Venice Film Festival) bring him worldwide collaboration d’un autre brillant romancier, Alain fame. His most well-known features include War is over Robbe-Grillet. Ces deux films lui valent une renommée (1966 – Best Foreign Film, New-York), Stavisky (1974), mondiale que pérennisent La guerre est finie (1966 Providence (1976 - 7 Césars among which Best Film), - Prix du Meilleur Film Etranger à New-York), Stavisky Life is a bed of roses (1982), I want to go home (1988), (1974), Providence (1976 couronné de 7 Césars dont Smoking/No smoking (1992), Same Old Song (1997), celui du Meilleur Film), La vie est un roman (1982), Private fears in public places (2006), Wild Grass (2009). I want to go home (1988), Smoking/No smoking (1992), On connaît la chanson (1997), Cœurs (2006), Les herbes Alain Resnais has received several lifetime achievement folles (2009) awards, notably a Silver Bear for his carrier - Berlin Film Festival in 1998, Life achievement award for his work Pour l’ensemble de son œuvre, Alain Resnais a été and exceptional contribution to the history of cinema - honoré par de grands festivals internationaux : Ours Cannes Film Festival in 2009. d’argent pour l’ensemble de sa carrière au service du 7ème Art - 1986 Grand Prix Cinéma S.A.C.D. - Festival de Today, with more than twenty feature films behind him, Berlin 1998, Prix exceptionnel du Jury pour l’ensemble this tireless young man is working on his next project de sa carrière et sa contribution à l’histoire du cinéma - Aimer, boire et chanter (2013). Festival de Cannes 2009.

Cet infatigable jeune homme, qui a plus de vingt longs-métrages à son actif, est en train de tourner son prochain filmAimer, boire et chanter (2013).

80 81 Filmographie d’Alain Resnais

COURTS-METRAGES 1972 : L’an 01

1948 : Van Gogh 1974 : Staviski

1950 : Paul Gauguin 1976 : Providence

1952 : Guernica 1980 : Mon Oncle d’Amérique

1953 : Les statues meurent aussi 1983 : La vie est un roman

1955 : Nuit et brouillard 1984 : L’amour à mort

1956 : Toute la mémoire du monde 1986 : Mélo

1957 : Le mystère de l’atelier 15 1989 : I want to go home

1958 : Le chant du styrène 1992 : Smoking no smoking

1968 : Ciné tract N°7 1997 : On connaît la chanson

LongS-MetrageS 2003 : Pas sur la bouche !

1959 : Hiroshima mon amour 2006 : Cœurs

1961 : L’année dernière à Marienbad 2009 : Les Herbes Folles

1963 : Muriel ou le temps d’un retour 2012 : Vous N’avez Encore Rien Vu

1966 : La guerre est finie 2013 : Aimer, boire et chanter

1967 : Loin du Viet-Nam Video

1968 : Je t’aime je t’aime 1992 : Gershwin

81 Marguerite Duras

Les années de guerre Le monde extérieur 1943 : Les Impudents 1971 : L’amour (Gallimard). (roman, Plon - 1992, 1971 : Jaune le soleil (film, distr. Films Molière). Gallimard) 1972 : Nathalie Granger (film distr. benoît-Jacob Vidéo) 1944 : la vie tranquille 1973 : India Song (texte, théâtre, film, Gallimard). (roman, Gallimard). 1973 : La femme du Gange (film, distr. Benoit-Jacob Vidéo). L’engagement, 1973 : Nathalie Granger suivi de La femme du Gange © collection Jean Mascolo DR les premiers succès (Gallimard). 1974 : Les parleuses 1950 : Un barrage contre le Pacifique (entretiens avec Xavière Gauthrier, (roman, Gallimard). Editions de Minuit). 1952 : le marin de Gibraltar (roman, Gallimard). 1974 : India Song (film, distr. Benoît-Jacob Vidéo). 1953 : les petits chevaux de Tarquinia 1976 : Baxter, Vera Baxter (film, distr. N.E.F: Diffusion). (roman, Gallimard). 1976 : Son nom De Venise dans Calcutta Desert 1954 : Des journées entières dans les arbres, (film, distr. Benoit-Jacob Vidéo). suivi de le boa - Madame Dodin - Les chantiers 1976 : Des journées entières dans les arbres (récits, Gallimard). (film, distr. Benoit-Jacob Vidéo). 1955 : Le square (roman, Gallimard). 1977 : Le camion (film, distr. Benoît-Jacon Vidéo).

1977 : Le camion, suivi de Entretiens avec Michelle Porte L’affirmation d’une œuvre (Editions de Minuit). 1958 : Moderato cantabile (roman, Editions de Minuit). 1977 : Les lieux de Marguerite Duras 1959 : Les viaducs de la Seine-et-Oise (en collaboration avec Michelle Porte, (théâtre, Gallimard). Editions de Minuit). 1960 : Dix heures et demie du soir en été 1977 : L’Eden Cinema (théâtre, Mercure de France). (roman, Gallimard). 1978 : Le Navire Night (film, Films du Losange). 1960 : Hiroshima mon amour 1979 : Cesarée (film, distr. Benoît-Jacob Vidéo). (scénario et dialogues, Gallimard). 1979 : Les mains négatives 1961 : Une aussi longue absence (film, distr. Benoît-Jacob Vidéo). (scénario et dialogues, en collaboration 1979 : Aurelia Steiner (Melbourne) avec Gérard Jarlot, Gallimard). (film, Films Paris-Audiovisuels). 1962 : L’après-midi de Monsieur Andesmas 1979 : Aurelia Steiner (Vancouver) (récit, Gallimard). (film, Films du Losange). 1964 : Le ravissement de lol V. Stein (roman, Gallimard). 1980 : Vera Baxter ou les plages de l’Atlantique 1965 : Théâtre 1 : Les eaux et forêts - le square - (Albatros). la musica (Gallimard). 1980 : L’homme assis dans le couloir 1965 : Le Vice-Consul (roman, Gallimard). (récit, Editions de Minuit). 1966 : La musica 1980 : L’été 80 (Editions de Minuit). (film. coréalisé par Paul Seban, distr. Artistes 1980 : Les yeux verts (Cahiers du cinema). Associes). 1981 : Agatha (Editions de Minuit). 1967 : L’amante anglaise (roman, Gallimard). 1981 : Outside (Albin Michel, re-ed. P.O.L., 1984). 1968 : L’amante anglaise 1981 : La jeune fille et l’enfant (théâtre, Cahiers du Théâtre national populaire). (cassette, Des Femmes ed. Adaptation de 1969 : théâtre II : Suzanna Andler - Des journées entières L’été 80, par Yann Andrea, dans les arbres - Yes, peut-être - Le Shaga - Un lue par Marguerite Duras). homme est venu détruire, dit-elle 1981 : Agatha ou Les lectures illimitées (Editions de Minuit). (film, distr. Benoit-Jacob Vidéo) 1969 : Détruire, dit-elle (film, distr. Benoit-Jacob). 1982 : Dialogue de Rome 1970 : Abahn, Sabana, David (Gallimard). (film, prod. Coop. Longa Gittata Rome). 1982 : L’Homme Atlantique (récit, Editions de Minuit).

82 83 1982 : Savannah Bay Marguerite Duras adapte Marguerite Duras e e (1 ed., 2 ed. augmentee, 1983, 1960 : Moderato Cantabile (scénario), Editions de Minuit). (Réalisateur et dialoguiste : Peter Brook) 1982 : La Maladie de la Mort (recit, Editions de Minuit). 1967 : Dix heures et demie du soir en été (dialogues), 1984 : Théâtre III : La bête dans la jungle, d’après (Réalisateur et scénariste : Jules Dassin) Henry James, adaptation de James Lord et Marguerite Duras - Les papiers d’Aspern, d’après Marguerite Duras adaptée Henry James, adaptation de Marguerite Duras 1956 : Le barrage contre le Pacifique (Réalisation René et Robert Antelme - La Danse de Mort, d’après Clément, scénario : Irwin Shaw, René Clément) August Strindberg, adaptation de Marguerite 1967 : Le marin de Gibraltar Duras (Gallimard). (Réalisation : Tony Richardson) La gloire 1982 : En rachachant (Réalisateurs : Jean-Marie Straub, 1984 : L’Amant (Editions de Minuit). Danièle Huillet) 1984 : Les Enfants 1985 : La Maladie de la Mort (Réalisateur : Peter Handke) ( Film coréalisation avec Jean Mascolo 1992 : L’Amant (Réalisateur : Jean-Jacques Annaud) et Jean-Marc Turine - distr. Benoît-Jacob Vidéo). 1985 : La Douleur (P.O.L.). Marguerite Duras adapte les autres 1985 : La Musica Deuxième (Gallimard). La bête dans la jungle, d’après une nouvelle de Henry 1985 : La Mouette de Tchekov (Gallimard). James. Adaptation de James Lord et de Marguerite 1986 : Les yeux bleus, cheveux noirs (Editions de Minuit). Duras (non édité). 1987 : Emily L (Editions de Minuit). 1963 : Miracle en Alabama, de William Gibson. Adaptation 1986 : La pute de la côte normande (Editions de Minuit). de Marguerite Duras et Gérard Jarlot (I’Avant- 1987 : La vie matérielle (P.O.L.). Scène). 1990 : La pluie d’été (P.O.L.). 197O : Les Papiers d’Aspern, de Michael Redgrave, 1991 : L’amant de la Chine du Nord (Gallimard). d’après une nouvelle de Henry James. Adaptation 1991 : Le théâtre de l’amante anglaise (Gallimard). de Marguerite Duras et Robert Antelme (Ed. 1992 : Yann Andrea Steiner (P.O.L.). Paris-Théâtre). 1993 : Ecrire (Gallimard). 1973 : Home , de David Storey. Adaptation de Marguerite 1993 : Le Monde Extérieur (P.O.L.). Duras (Gallimard). 1995 : C’est tout (1995, P.O.L.)

Autres Marguerite Duras scénario et/ou dialogues La Mer écrite, texte de Marguerite Duras (Marval, 1996). 1959 : Hiroshima mon amour, Réalisateur Alain Resnais Titre épuisé, en attente de réédition. 1960 : Une aussi longue absence, Réalisateur Henri Colpi Marguerite Duras de Trouville (Minuit, 2004). Hélène 1962 : L’itineraire marin, Réalisateur Jean Rollin Bamberger photographe 1964 : Sans merveille, Réalisateur Michel Mitrani 1964 : Nuit Noire Calcutta, Réalisateur Marin Karmitz 1965 : Les rideaux blancs, Réalisateur 1966 : La Voleuse, Réalisateur Jean Chapot

82 83 Emmanuelle Riva

C’est en découvrant Emmanuelle Riva dans L’épouvantail, une pièce de Dominique Rolin mise en scène par André Barsacq, qu’Alain Resnais choisit l’actrice pour son premier long métrage, Hiroshima mon amour, qui la fait mondialement connaître. Elle poursuivra sa carrière cinématographique auprès des réalisateurs et Jean-Pierre Melville, puis est couronnée 1962 à la Mostra de Venise pour son interprétation dans Thérèse Desqueyroux de Georges Franju, adapté du roman éponyme de François Mauriac. Franju la dirige à nouveau dans Thomas l’imposteur sur un scénario posthume de Jean Cocteau. Elle retrouve le théâtre grâce à des metteurs en scène de renom, tel que Jacques Lassalle, Roger Planchon ou encore Claude Régy. Dans les années 1980, elle tourne avec , Marco Bellochio et Krzysztof Kies´lowski. Son interpretation dans le film Amour de est récompensée par une Palme d’Or au 65e Festival de Cannes, un César et une nomination aux Oscars. Pour ce film elle remporte le Prix de la meilleure actrice européenne puis le BAFTA . Alain Resnais discovered Emmanuelle Riva when she was acting in the play L’épouvantail (The Scarecrow) and promptly chose her for his first feature, Hiroshima mon amour, which brought her immediate worldwide recognition. Her movie career continued with directors Gillo Pontecorvo and Jean-Pierre Melville and at the 1962 Venice Film Festival she was awarded Best Actress for her role in Thérèse Desqueyroux directed by Georges Franju (from François Mauriac’s eponymous novel.) Again Franju cast her in the lead in Thomas the Impostor, in a posthumous screenplay by Jean Cocteau. Theatre directors such as Jacques Lassalle, Roger Planchon, Claude Régy brought her back to the stage but in the 80s she appeared in films from Philippe Garrel, Marco Bellochio and Krzysztof Kies´lowski. Her acting in Michael Haneke’s film Amour won her a Palme d’Or at the 65th Cannes Film Festival, as well as a Cesar, an Oscar nomination and a BAFTA Award.

Filmographie :

1958 : Les grandes Familles de/by Denys de la Patellière 1982 : Y a-t-il un Français dans la salle ? 1959 : Hiroshima mon amour de/by Alain Resnais de/by Jean-Pierre Mocky 1960 : Recours en grâce de/by László Benedek 1982 : Les yeux, la bouche de/by Marco Bellochio 1960 : Adua et ses compagnes de/by 1983 : Liberté, la nuit de/by Philippe Garrel 1961 : Kapò de/by Gillo Pontecorvo 1983 : Un homme à ma taille de/by Annette Carducci 1961 : Léon morin, prêtre de/by Jean-Pierre Melville 1988 : Les tribulations de balthazar kober 1962 : Climats de/by Stellio Lorenzi de/by Wojciech Has 1962 : Thérèse desqueyroux de/by Georges franju 1989 : La passion de Bernadette de/by Jean Delannoy (Coupe Volpi-Mostra de Venise) 1991 : Pour Sacha de/by Alexandre Arcady 1963 : Les heures de l’amour de/by Luciano Salce 1992 : Loin du Brésil de/by Tilly 1964 : Le gros coup de/by Jean Valère 1993 : Trois couleurs : bleu de/by Krzysztof Kies´lowski 1964 : Le coup de grâce 1997 : XXL de/by Ariel Zeitoun de/by Jean cayrol, Claude Durand 1999 : Vénus beauté (institut) de/by Tony Marshall 1965 : Meurtre à l’italienne de/by Gianni Puccini 2001 : C’est la vie de/by Jean-Pierre Améris 1965 : Thomas l’imposteur de/by Georges Franju 2003 : Les verts paradis de/by Emmanuel Bourdieu 1967 : Les risques du métier de/by André Cayatte 2004 : Eros thérapie de/by Danièle Dubroux 1971 : L’homme de désir de/by Dominique Delouche 2008 : Le grand alibi de/by Pascal Bonitzer 1972 : Safari 5000 de/by Koreyoshi Kurahara 2011 : Le skylab de/by 1973 : J’irai comme un cheval fou 2013 : Tu honoreras ta mère et ta mère de/by de/by Brigitte Roüan 1975 : Au long de rivière Fango de/by Sotha 2013 : Amour de/by Michael Haneke

84 85 Eiji Okada Eiji Okada est un acteur japonais, né le 13 juin 1920 à Choshi, et décédé le 14 septembre 1995 à Tokyo. Il a tourné dans plus de 80 films dont ceux de Naruse, Ichikawa, Shinoda, Shindo–,Teshigahara (La femme des sables Prix du Jury, Festival de Cannes 1964). Ses films internationaux incluent Le vilain américain (1963) de George Englund aux côtés de Marlon Brando, Rififi à Tokyo de Jacques Deray, Yakuza de Sydney Pollack et bien sûr Hiroshima mon amour. Eiji Okada is a Japanese actor, born on June 13th 1920 in Choshi, deceased on September 14th 1995 in Tokyo. He starred in over 80 films, including those by Naruse, Ichikawa, Shinoda, Shindo–, Teshigahara (The Woman of the Dunes, Prix du Jury, Cannes Film Festival 1964). The international films he starred in include The Ugly American (1963) by George Englund, with Marlon Brando, Rififi in Tokyo by Jacques Deray, The Yakusa by Sydney Pollack and, of course, Hiroshima mon amour.

Filmographie :

1950 : Mata au hi made de Tadashi Imai 1970 : Mujo d’Akio Jissoji 1952 : Asa no hamon de Heinosuke Gosho 1971 : Yami no naka no chimimoryo de Ko¯ Nakahira 1952 : La Mère de Mikio Naruse 1973 : Lady Snowblood de Toshiya Fujita 1953 : Himeyuri no to¯ de Tadashi Imai 1973 : Baby Cart : Le Territoire des démons 1953 : Hiroshima de Hideo Sekigawa de Kenji Misumi 1954 : Un milliardaire de Kon Ichikawa 1973 : La Légende de Zatoïchi : Retour au pays natal 1955 : Voici une fontaine - Koko ni izumi ari) de Kimiyoshi Yasuda de Tadashi Imai 1974 : Yakuza (The Yakuza) de Sydney Pollack 1955 : Ningen gyo¯rai kaiten de Shu¯ ei Matsubayashi 1974 : Mon chemin de Kaneto Shindo¯ 1957 : Ju’nai monogatari de Tadashi Imai 1974 : Esupai de Jun Fukuda 1957 : Dotanba de Tomu Uchida 1974 : Mesu de Masahisa Sadanaga 1959 : Hiroshima mon amour d’Alain Resnais 1975 : Je suis un chat de Kon Ichikawa 1960 : Shinran de Tomotaka Tasaka 1976 : Daichi no komoriuta de Yasuzo¯ Masumura 1963 : Le Vilain Américain (The Ugly American) 1976 : Permanent Blue : Manatsu no koi de George Englund de Shigeyuki Yamane 1963 : Rififi à Tokyo de Jacques Deray 1977 : Arusaka monogatari d’Hiromichi Horikawa 1964 : Le Camélia à cinq pétales de Yoshitaro¯ Nomura 1977 : Utamaro : Yume to shiriseba d’Akio Jissoji 1964 : La Femme des sables d’Hiroshi Teshigahara 1978 : Genshiryoku senso¯ de Kazuo Kuroki 1964 : Koge de Keisuke Kinoshita 1978 : Amour et foi de Kei Kumai 1964 : Assassinat de Masahiro Shinoda 1978 : Furimukeba ai de Nobuhiko Obayashi 1965 : La Guerre des espions de Masahiro Shinoda 1979 : Strangulation de Kaneto Shindo¯ 1966 : Nihon daikyo¯kaku de Masahiro Makino 1979 : O¯gon no inu de Shigeyuki Yamane 1966 : Le Visage d’un autre d’Hiroshi Teshigahara 1983 : Antarctica de Koreyoshi Kurahara 1967 : Itoka le monstre des galaxies 1985 : Haru no kane de Koreyoshi Kurahara de Kazui Nihonmatsu 1991 : Kagero¯ d’Hideo Gosha 1969 : Jotai de Yasuzo¯ Masumura

84 85 Alains Resnais, Eijio Okada et Emmanuelle Riva - © Sylvette Baudrot Contacts

PRODUCTION Fondation Technicolor pour le VENTES INTERNATIONALES patrimoine du cinéma Argos Films Séverine Wemaere Florence Dauman 1 rue Jeanne d’Arc Anne-France Mournet 92443 Issy-les-Moulineaux - France 26 rue Montrosier +33 6 07 33 31 25 92200 Neuilly-sur-Seine - France [email protected] +33 1 47 22 91 26 [email protected] Fondation Groupama Gan pour la cinéma Gilles Duval DISTRIBUTION FRANCE 8-10 rue d’Astorg Tamasa Distribution 75008 Paris – France Philippe Chevassu +33 6 75 25 44 59 63 rue de Ponthieu [email protected] 75008 Paris - France +33 1 43 59 01 01 Cineteca di Bologna [email protected] Gian Luca Farinelli Via Riva di Reno 72 PRESSE FRANCE Bologna 40122 - Italie Laurence Granec / Karine Ménard +39 0512194820 5 bis rue Képler [email protected] 75116 Paris - France +33 1 47 20 36 66 L’immagine Ritrovata [email protected] Davide Pozzi Via Riva di Reno 72 DISTRIBUTION ITALIE Bologna 40122 - Italie PRESSE ITALIE +39 349 239 00 51 Andrea Ravagnan [email protected] Cineteca di Bologna Distribuzione Via Riva di Reno 72 Bologna 40122 - Italie +39 0512194833 [email protected]

87 Remerciements Thanks

Remerciements chaleureux à… Warm thanks to… Sylvette Baudrot, Emmanuelle Riva, Alain Resnais, Jean Mascolo

Pascale Bouillo, Philippe Chevassu, Hélène Clark, Michel Ciment, Prune Engler, Thierry Frémaux, Eric Garandeau, Michèle Kastner, Anne-France Mournet, Sylvie Pialat, Sylvie Pras, Davide Pozzi, Isabelle Raindre, Régis Robert, Elena Tammaccaro, Cécile Verguin, Sévane Shirvanian.

et aussi / and also

Le Centre Georges Pompidou, Intertalent, la Revue Positif, Editions Gallimard, l’Espace Chercheurs et l’Iconothèque de la Cinémathèque Française, l’Institut Lumière.

Un livret édité par la Fondation Technicolor pour le Patrimoine du Cinéma et par la Fondation Groupama Gan pour le Cinéma A booklet published by Technicolor Foundation and Groupama Gan Foundation Traduction/Translation : Louise Williams Maquette/Design : Etienne Robial, Madjid Benhemam Imprimerie : Printcorp à Saint-Brieuc Mai 2013

Non destiné à la vente / Not for sale

88 89 89 un film restauré par a film restored by

avec le soutien du