Découvertes marniennes récentes dans le Perthois : tombes à char de et Habitat de Matignicourt B. Chossenot, D. Chossenot, Erick Tappret, Alain Villes

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B. Chossenot, D. Chossenot, Erick Tappret, Alain Villes. Découvertes marniennes récentes dans le Perthois : tombes à char de Norrois et Habitat de Matignicourt. Bulletin de l’Association française pour l’étude de l’âge du fer, AFEAF, 1990, 8, pp.36-38. ￿hal-02868923￿

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DECOUVERTES MARNIENN.ES RECENTES DANS LE PERTHOIS: Tombes à char de Norro is et Habitat de Matignicourt par B . et D. CHOSSENOT, E . TAPPRET et A. VILLES

Entre Vitry•le•François et Saint-Dizier, la plaine alluviale de la , plus large qu'en aval, constitue une micro-région originale , à la séparation de la Champagne crayeuse sèche et de la Champagne humide : le Perthois .

Exception faite du cimetière hallstattien de Heiltz-l'Evèque , lieu-dit "Cbarvais " (MOUGIN, 1877 ; LEPAGE, 1985) , les découvertes de l'Age du Fer y sont restées rares et peu spectaculaires (LEPAGE, 1985). La surveillance des carrières vient confirmer depu is peu que l'importante implantation du Bronze final (nécropoles de et Perthes, habitat de Perthes) ne pouvait guère être restée sans suite.

1. Norrois, "Le Champ Saint•Martin"

A Norrois , "Le Champ Saint-Martin", le décapage préventif de deux enclos circulaires dans l'emprise d'une carrière Moroni a permis le sauvetage de deux sépultures de La Tène I. La première, située au centre d'un petit enclos (F 1 : diamètre: 13 m) contenait une inhumation en fosse (Tl) , accompagnée d'un mobilier assez riche : un poignard en fer dans son fourreau en bronze, une lance, deux chaînettes , trois petites phalères, 4 anneaux en bronze, deux aiguillettes de lacets de chaussures , trois perles en verre bleu, enfin diverses pièces en fer très oxydées , qu'il a faUu prélever en bloc et parmi lesquelles semblent figurer un mors de bride. Le squelette était fort dissous . La fosse sépulcrale évoque la fonne d'un fond de bateau et se trouve orientée Est-Ouest, tête à l'Ouest . A 5 m de distance, le second enclos (F.2) , d'un diamètre hors-oeuvre de 22 m, comportait en son centre deux encoches pour les roues d'un char, dont les bandages et les frettes en fcr étaient en place. En l'absence de fosse sépulcrale , et compte-tenu des observations faites sur l'évolution de pièces métalliques après leur dépôt et sur le comblement du fossé de l'enclos, la présence initiale d'un tumulus et l'aménagement d'un coffrage pour le char sont quasi-certains . En revanche, l'existence d'une inhumat ion au centre de cet enclos demeure invérifiable. Cette découverte attribuable à La Tène I demeure intrigante à plus d'un titre. La solidarité entre les deux enclos est indéniable: le plus petit possède une large ouverture au Nord (6 m), dont l'axe coïncide avec les diamètres pcrpendic1aires aux axes de la fosse sépulcrale au Sud et les roues du char au centre du grand enclos au Nord. Les sondages préalables n'ont pas pennis de déceler d'autre sépulture aux abords des enclos et il ne semble pas que les monuments constituent deux éléments particuliers d'un ensemble funéraire plus vaste . Enfin, même si un fragment de mandibule humain e a été trouvé dans le 37

remblai supérieur du fossé de F2, rien ne prouve qu'il s'agisse nécessairement d'une pièce de la tombe centrale. Plusieurs hypothèses peuvent être envisagées pour expliquer l'aspect original de cette découverte : - coexistence de deux sépultures , la première subordonnée à celte qui comporte le char , les autres mobiliers funéraires et les vestiges humains de cette dernière ayant été dispersés de longue date, malgré le caractère en place des vestiges de véhicule ; - sépulture "double par dissociation", un rite original exigeant le dépôt séparé de l'inhumé d'un côté et du symbole de son rang social, de l'autre ; - explication plus prosaïque : le mort aurait été inhumé d'une manière plus discrète, seul le char étant laissé à la merci d'un risque de pillage ultérieur de la sépulture. Tant que d'autres découvertes comparables n'auront pas été faites, notamment dans le Perthois , il sera difficile de se prononcer ou d'évoquer des explications plus pertinentes. On peut cependant tirer un enseignement immédiat de cette fouiJle de sauvetage : - le caractère peu spectaculaire de certaines sépultures à char, qui suggère qu'une révision approfondie des trouvaiJles ancieMes pourrait révéler parmi les tombes à char considérées comme "violées", un nombre non négligeable de sépultures aristocratiques moins opulentes que des découvertes comme Somme-Bionne, Châlons sur Marne ou , par exemple . - la position méridionale de la tombe à char de Norrois, située 40 km au Sud de l'épicentre des grands cimetières "mamiens", dans une zone frontière entre domaines catalaune et tricasse.

2. Habitat de Matignicourt, "Le Chemin de Matignicourt"

Tout proche de la petite rivière l'Orconté , et situé à 2 km à vol d'oiseau de la tombe à char de Norrois, 11labitat de Matignicourt a également été mis au jour grâce à un décapage préventif, dans une sablière de l'Entreprise Johar. L'essentiel des vestiges du site appartient à l'époque gallo-romaine, mais dans la partie la plus basse de l'exploitation et la p]us proche de Ja rivière, diverses structures réparties sur une surface de 2500 m2 environ, se rattachent à une occupation de La Tène I, dont les limites s'étendent au-delà de l'emprise des travaux. Il s'agit de deux fosses ayant l'aspect de fours ou silos avec un abondant matériel céramique de fadés franchement "mamien", de 7 petits bâtiments, de divers trous de poteaux et d'un fossé.

Les édifices sont du type "grenier" à 4 ou 6 supports, de plan carré ou rectangulaire, ayant de 2 à 6 m de côté. Ce ne sont pas des structures bien originales dans la région, mais parmi elles figure au moins un exemple d'édifice dont les fondations conservées se limitent à 4 poteaux de forme rectangulaire, larges ( 1 m) et profonds (0 ,60 à 0,80 m) analogue à deux structures du site 38

d'Orconte, "Les Noues", peu éloigné et qui sont d'époque un peu plus récente. Alors que Jes endos de Norrois n'ont pas livré de céramique significative, l'habitat de Matignicourt a fourni de la poterie démontrant l'extension du "Mamien" dans le Perthois, ce qui confinne que la tombe à char s'inscrit bien dans l'aire de cette Culture.

BIBLIOGRAPHIE:

MOUGIN (Dr.) - 1877-Fouilles du cimetière gaulois de Charvais (Hei1tz-l'Evêque,Marne), SociétéSciences et Arts de Vitry-le-François,Mémoire 0°8, p. 245-262.

LEPAGE Louis - 1985- Les Ages du Fer clans les Bassins Supérieurs de la Marne, de la Meuse et de l'Aube, et le tumulus de La Mottote à Nijon (Haute-Marne), Mémoires de la Société Archéologique Champenoise, t. 3.