MINISTERE DE L’ ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ------UNIVERSITE DE TOLIARA FACULTE DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES ------

DEPARTEMENT D’HISTOIRE ------

MEMOIRE PREPARE EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME DE MAITRISE

Présenté par : RASOAHANITRARIZAFY MARIE ANICETTE HARILISY

Sous la direction dedede ::: Monsieur MANJAKAHERY Barthélemy Professeur à l’Université de Toliara

Année Universitaire 2009 -2010

Date de soutenance : 19 Octobre 2011

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REMERCIEMENTS

En premier lieu, nous dédions ce mémoire de maîtrise aux habitants de la région de , pour mettre en valeur leur activité, et pour les remercier de nous avoir accepté parmi eux pendant notre séjour sur le terrain.

Ce premier travail de recherche intitulé : « L’exploitation de l’or dans la région de Maevatanana » est un thème de recherche nouveau pour la région. La rareté des livres concernant le thème traité rend le travail plus dur et difficile. Malgré ce qui vient d’être dit, la source privilégiée de l’histoire malgache, nous a poussées à réaliser cette étude.

Toutefois, ce travail n’aurait pu être réalisé sans la contribution de différentes personnes envers qui je suis très reconnaissante et auxquelles je manifeste mes plus sincères remerciements :

• Tout d’abord, je remercie très particulièrement Monsieur MANJAKAHERY Barthélemy, Professeur à l’Université de Toliara, qui a accepté de m’encadrer et de donner des conseils au cours de la réalisation de ce travail. Qu’il trouve ici l’expression de notre profonde reconnaissance. • J’adresse mes vifs remerciements à Monsieur David Lucien, Enseignant à l’Université de Toliara, qui a bien voulu accepté lire et corriger ce travail et pour son importante aide au cours de la rédaction. • Ma profonde reconnaissance s’adresse à Monsieur Le Doyen de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de l’Université de Toliara, MARIKANDIA Louis Mansaré, Maître de conférences à l’Université de Toliara ; malgré ses nombreuses obligations, il nous fait le grand honneur d’examiner et de juger ce travail. • Malgré ses lourdes tâches, je tiens à remercier grandement Madame Dina Jeanne, Maître de conférences à l’Université de Toliara, qui a bien voulu présider cette présentation de mémoire. • J’adresse aussi mes remerciements à tous les employés du bureau de la région , pour leur aide précieuse. • J’exprime ma vive gratitude à Monsieur Jean Paul qui travaille au service informatique du ministère de la géologie et des mines d’Ampandrianomby à , pour m’avoir aidée à réaliser les cartes géologiques dont j’ai besoin. 2

• Je remercie également les responsables du musée de la géologie d’Ampandrianomby à Antananarivo, de m’avoir autorisée à prendre quelques photos de pierres dans ce musée. • Je tiens à remercier les responsables du service des mines de Maevatanana et ceux de , pour m’avoir aidée à trouver le véritable siège de toutes les cartes géologiques de la région de Maevatanana. • Mes remerciements vont également à : o Tous les Enseignants du département d’Histoire, qui m’ont formée durant tant d’années. Merci beaucoup ! o Tous les orpailleurs de la région de Maevatanana, de m’avoir acceptée parmi eux pendant mon séjour sur le terrain et de m’avoir donnée le maximum d’informations. o Tous les collecteurs d’or surtout Monsieur TSIORIMBOLANIAINA Johnny, Président de l’ACOM (Association des Collecteurs d’Or à Maevatanana), de m’avoir expliquée le fonctionnement de leur travail et de donner beaucoup d’informations.

Je ne saurais manquer de remercier de tout mon cœur toute ma famille qui m’a beaucoup soutenu moralement et financièrement durant toutes les années d’études que j’ai vécues à Toliara.

Enfin, pour tous ceux, qui de près ou de loin, ont contribué à la réalisation de ce travail, qu’ils trouvent ici l’expression de mes remerciements.

Merci infiniment !

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INTRODUCTION

Le sous–sol de contient différentes ressources naturelles, particulièrement de ressources minières. Celles–ci peuvent définir la richesse et la puissance économique d’un pays. Notre île possède un potentiel minier et une grande diversité de substances minérales telles que les pierres précieuses comme (saphir, rubis) ; les ressources énergétiques (charbon, hydrocarbures, uranium), et aussi les métaux précieux comme l’argent, l’or, le cuivre, … Parmi ces différentes ressources minérales, nous avons choisi de traiter le sujet concernant l’or à Madagascar, surtout l’or à Maevatanana, région située à l’ouest de Madagascar, dans la région de la Betsiboka.

1. Choix du sujet

L’exploitation traditionnelle de l’or dans la région de Maevatanana reste encore ignorée. Bien qu’elle ait commencé avant la période coloniale jusqu’à présent, les ouvrages écrits sur la région ne parlent que de la production d’or en général. Aucune source écrite n’a mentionné l’origine de l’exploitation traditionnelle de l’or.

Par ailleurs, elle n’est pas dénuée d’intérêt dans le domaine archéologique, car elle recèle l’histoire des techniques traditionnelles. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de réaliser ce travail intitulé : « Exploitation traditionnelle de l’or dans la région de Maevatanana ». 2. Objet de l’étude

D’abord, ce travail a pour objectif :

− D’apporter une contribution à la connaissance de l’histoire de Madagascar.

− De rechercher les origines de l’entrée du métal jaune dans la vie d es populations de la région de Maevatanana.

− De revaloriser les techniques et les méthodes de production.

− De chercher un moyen pour améliorer et développer l’exploitation traditionnelle de l’or.

En tant qu’initiation à la recherche, cette étude ouvre un nouveau thème pour une recherche ultérieure. Ainsi quelques questions se posent : quelles étaient les conditions de la présence de l’exploitation traditionnelle de l’or dans la région de Maevatanana ? Qui a introduit la technique et la méthode de production dans la région ? 4

Qui sont les orpailleurs et les colleteurs d’or ? D’autres questions auxquelles nous voulons apporter des explications plus claires surgissent : quel est le rôle de l’or dans la vie socio – économique de la population locale ?

Alors, comment rassembler l’information pour atteindre ces objectifs ? Pour notre part, la méthodologie est la suivante.

3. La méthodologie

Nous avons travaillé à partir de trois catégories de sources :

- Les sources écrites - Les témoignages - L’archéologie.

3. 1Les sources écrites

Lorsque nous avons choisi ce thème, nous n’avons pas pensé à la difficulté de la recherche documentaire. C’est ainsi que la rareté des livres concernant le thème traité rend le travail plus dur et difficile. Nous avons donc fréquenté toutes les bibliothèques de la ville de Toliara : la Bibliothèque Universitaire TSIEBO Calvin, la Bibliothèque de l’Aumônerie Catholique Universitaire, la Bibliothèque de l’Alliance Française de Toliara. Nous n’avons trouvé aucun livre archéologique concernant le thème. Ce n’est qu’à la Bibliothèque Universitaire TSIEBO Calvin que nous avons trouvé un seul livre de KIETHEGA J.B intitulé : « L’or de la Volta noire ». Alors, pour enrichir notre documentation, nous avons dû partir à Antananarivo. Nous avons commencé par la Bibliothèque Universitaire d’Ankatso surtout la bibliothèque du département d’Histoire. Nous y avons trouvé suffisamment de livres concernant les ressources minières. Ensuite, nous sommes allés à la Bibliothèque du Centre d’Art et d’Archéologie, au 2 ème étage de l’Immeuble Tahala Rarihasina à Analakely. Nous y avons consulté quelques livres et des articles concernant les métaux et surtout les mines à Madagascar. Puis, nous sommes allées à la Bibliothèque Nationale à Anosy, et nous y avons trouvé beaucoup de livres également. Après, nous avons consulté les Archives Nationales à Tsaralalàna. Nous y avons trouvé des documents concernant l’or, comme le livre de LEVAT D., intitulé: « L’or et prospection » ; … 5

Pour finir, nous avons visité le musée de la géologie d’Ampandrianomby à Antananarivo, pour prendre quelques photos de pierres. Nous avons aussi consulté la bibliothèque géologique du B.R.G.M pour acheter quelques cartes géologiques et pour consulter quelques archives concernant les ressources minières, comme le livre d’Henri BESAIRIE intitulé : « Documentation sur l’or à Madagascar, …).

3.2Les témoignages

Après la recherche documentaire à Antananarivo, nous sommes allées à Maevatanana pour faire des enquêtes et voir sur place ce travail d’exploitation. En y arrivant, nous avons mené des enquêtes auprès des habitants du Centre-ville, puis dans plusieurs communes rurales voisines. En tant que femme et seule, nous n’avons pas pu aller dans les endroits insécurisés. Alors nous nous sommes restées dans les parties où on peut trouver des gens qui s’adonnent à l’orpaillage, et nous sommes contentées des résultats des enquêtes. Malgré cela, les témoignages recueillis ne sont pas tellement fiables quant au passé de l’exploitation traditionnelle de l’or. Parfois, la version originale est modifiée par le temps. Face à cette situation, nous avons dû mener beaucoup d’interviews auprès de différentes personnes, dans les villages environnants, pour être sûre du résultat obtenu. Au niveau de l’enquête orale, nous avons visé principalement l’histoire du peuplement. C’est à partir de cela que nous avons pu choisir les groupes et les familles qui devaient répondre aux questions sur les techniques de production de l’or et celles relatives à l’évolution politique et sociale de la région. Alors, selon les anciens, ce sont les Sakalava du Boeny et les Tsimihety qui furent les premiers malgaches de Maevatanàna après les étrangers. Et peu après, les Arabes et différents groupes de populations malgaches sont venus dans cette région surtout les Betsileo. Ces derniers sont nombreux jusqu’à nos jours. Malgré tout cela, la tradition orale est restée la base de la méthodologie utilisée, même s’il fallait recourir à l’archéologie. 3.3L’archéologie La tradition orale et les sources écrites n’étaient pas suffisantes pour l’étude. Il fallait recourir à l’archéologie. Alors, il nous a fallu d’abord parcourir en moto ou à pied les villages pour reconnaître et évaluer les vestiges matériels laissés par les anciens mineurs. Il s’agissait de localiser les mines mais aussi les campements et les anciens villages de mineurs. Le moyen le plus rapide pour localiser les sites dans cette région, c’est la photographie aérienne. Mais nous n’avions pas les moyens de le faire. 6

Alors nous avons dû faire des fouilles sur des sites choisis en raison de l’importance de la surface exploitée par les anciens mineurs. C’est certainement au niveau de la recherche de l’information archéologique que nous avons rencontré le plus d’obstacles. Toutes les difficultés pour accéder aux sources écrites, pour recueillir la tradition orale, pour collecter l’information archéologique, ont forcément introduit des limites à nos objectifs. 4. Les limites du travail Le champ d’étude sur lequel nous avons dû travailler est très vaste, car l’exploitation de l’or existe dans plusieurs communes de Maevatanana. Mais nous ne disposions pas suffisamment de moyens et de temps. Alors nous étions obligées de choisir quelques communes de Maevatanana pour champ d’étude. Ces communes choisies sont encore les plus grandes productrices d’or du district de Maevatanana, comme , , , Beratsimanina, …

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Première Partie

Maevatanana, région productrice d’or

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Beaucoup de personnes veulent savoir d’où vient l’or de Maevatanana ? Pour mieux connaître l’histoire de ce métal jaune, nous allons voir d’abord dans le premier chapitre quelques généralités sur l’or, la structure géologique de Maevatanana en montrant la carte géologique de la région Betsiboka et celle de Maevatanana, et les différents endroits aurifères. Nous parlons ensuite de l’origine de l’or à Maevatanana en prenant l’exemple de KIETHEGA J.B, qui a montré les schémas des formations éluvionnaires et alluvionnaires. Nous devons savoir aussi certains types de gîtes aurifères connus à Madagascar, ainsi que des types de gisements. Dans le deuxième chapitre, nous allons parler de la relation entre la monarchie merina et les étrangers à propos de l’exploitation minière ; la relation entre les Malgaches et les Français après l’autorisation d’exploitation minière et aussi celle des Arabes. Puis comment la population de Maevatanana évolue-t-elle ? Ensuite, nous allons parler de l’information archéologique contenant une carte des indices miniers du district de Maevatanana, qui nous montre où sont les endroits dans lesquels l’or est encore abondant, les sites des mines d’or, et les sites de campements.

CHAPITRE I : LES CONDITIONS GEOLOGIQUES DE LA PRESENCE DE L’OR A MAEVATANANA

I/GENERALITES

1. Définition

L’ or est un élément chimique de symbole Au , qui vient du nom latin aurum 1, et qui a donné l’adjectif « aurifère ». Son numéro atomique est 79 . Il s’agit d’un métal précieux très recherché et apprécié sous forme de parures ou de pièces de monnaie depuis l’aube des temps historiques. Ce métal se présente naturellement sous forme de filons, d’inclusions dans les roches ultrabasiques, de pépites ou de paillettes, et de dépôts alluvionnaires résultant de l’érosion fluviale des roches mères. C’est un métal jaune brillant qui ne s’oxyde ni à l’air ni dans l’eau ; le fait qu’il préserve son éclat, perçu comme esthétique par toutes les cultures humaines, lui confère l’essentiel de sa

1Aurum :Google, htts://WWW.Wikipedia.org/Wiki/Or 9

valeur. Sur lui a reposé le système de l’étalon-or avant l’abrogation des accords de Bretton Woods en 1971.

2. Historique

D’après le scénario établi par les astrophysiciens, ces cinquante dernières années, l’or terrestre est venu du cosmos 2 . Il a été synthétisé par des générations successives d’étoiles ayant existé il y a 12 à 4.5milliards d’années. Comme tous les métaux lourds tels que le fer et le nickel, l’or est piégé dans le noyau de la Terre ; il s’accumule là où des fluides chauds circulent dans la croûte terrestre.

L’Homme utilise l’or depuis le chalcolithique à la fin de la Préhistoire. Il est le deuxième métal connu après le cuivre. Le plus vieil objet en or a été mis à jour dans la nécropole de Varna (Bulgarie actuelle). Il est daté du milieu du V ème millénaire av. J.-C.

L’or sert essentiellement à la parure des puissants et aux cérémonies religieuses. L’assimilation de l’or au disque solaire divinisé sera un des leviers les plus puissants. On retrouve des amulettes en or dans les tombes égyptiennes à chacune des grandes époques de l’Egypte antique. Les plus puissants, tels que Toutankhamon et Ramsès, se font enterrer avec des masques mortuaires en or et autres parures.

2 Google, htts://WWW.Wikipedia.org/Wiki/Or 10

II/ LA STRUCTURE GEOLOGIQUE DE MAEVATANANA

II-1/CARTE GEOLOGIQUE DE LA REGION DE BETSIBOKA 3

Carte géologique de la région de Betsiboka

Carte 1 : la région de Betsiboka

3 Bureau de la Recherche Géologique et Minière (B.R.G.M) d’Ampandrianomby à Antananarivo. 11

II-2/CARTE GEOLOGIQUE DU DISTRICT DE MAEVATANANA 4

4 Bureau de la Recherche Géologique et Minière (B.R.G.M) d’Ampandrianomby à Antananarivo. 12

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Alors, toute la région de Maevatanàna est constituée par des schistes cristallins de mésométamorphisme, à faciès mica schisteux dominant.

Par exemple : Ranomandry et Tainangidina

 Ranomandry :

« Ranomandry est situé sur la rive droite de l’Ikopa, à 40 km au Sud de Maevatanana. Ce gisement a fait l’objet d’un rapport de SCHNAEBELE en 1928.

Le quartz aurifère forme une interstratification dans les gneiss et les micaschistes occupant le centre d’une dépression qui s’allonge entre deux crêtes d’amphibolite. Le quartz aurifère est reconnu en trois endroits :

• Carrière de Betanimanga : Cet endroit est le siège d’une très ancienne exploitation. On voit encore des effondrements provenant d’anciens travaux, et un ancien puits d’extraction. La C.F.M.E (Compagnie Franco – Malgache d’Exploitation) a déblayé la carrière, puis entrepris le creusement de deux galeries superposées, suivant la direction de l’interstratification. Cette dernière n’est plus visible qu’aux fronts de taille. Elle se trouve encaissée entre deux minces bandes d’un micaschiste très riche en mica et complètement décomposé, lui-même renfermé dans du gneiss altéré qui constitue la grande masse des terrains. Deux bancs de quartzite disposés symétriquement par rapport à l’axe de la dépression, à une quinzaine de mètres du quartz aurifère, peuvent servir d’indices pour la recherche de la continuation du filon en direction. • Descenderies et puits Tournaire : Ces travaux ne sont plus accessibles maintenant. Mais il paraît qu’on a retrouvé une veinule insignifiante de quartz qui semble bien correspondre au filon de Betanimanga. La compagnie se propose de pousser de petits travers-bancs pour arriver à l’identifier exactement. • Travers-bancs de Bejofo : Cette galerie, recoupant de part en part une colline de gneiss décomposé a permis de retrouver une interstratification de quartz aurifère de même direction et pendage que celle de Betanimanga, dont elle paraît de surplus être le prolongement en passant par le « Puits Tournaire »5 .

Continuité en profondeur (suivant le pendage) : Aucune recherche n’ayant été entreprise, dans ce sens, on ne peut rien affirmer. Il est tout de même permis

5 Plan d’action pour la mise en valeur des ressources du sol et du sous – sol de Madagascar – B.R.G.M, Novembre 1985, p. 144 – 146. 14

d’admettre que le filon se continue jusqu’au niveau hydrostatique auquel d’ailleurs, l’exploitation devenant trop coûteuse devra être arrêtée ».

 Tainangidina :

« Le massif du Tainangidina est situé à 25 km au Sud-est de Maevatanana, sur la rive gauche de la Betsiboka. Il est constitué par des gneiss très micacés, schisteux, forés de quartz, d’orthoclases, d’un peu de plagioclases, d’une forte proportion de biotite avec accessoirement : hornblende, tourmaline, ilménite, magnétite, oligiste et, dans les parties non altérées, de la pyrite. Les gneiss contiennent fréquemment des lentilles quartzeuses interstratifiées et groupées dans certaines zones que l’on peut suivre souvent sur de grandes longueurs.

L’altération superficielle a été très profonde et la chaîne est recouverte d’un épais manteau de latérite. L’épaisseur relativement faible près des sommets et sur les pentes devient considérable sur les parties peu déclives et dans les régions nases du massif. Il y a glissement des latérites sur les pentes. A vrai dire, l’intérêt du Tainangidina résulte de l’abondance des quarts »6.

III/ L’ORIGINE DE L’OR A MAEVATANANA

Pour éclaircir ce travail, nous allons prendre un exemple de KIETHEGA J.B qui a montré dans son livre les formations alluvionnaires et éluvionnaires :7

Dans l’imagerie populaire, l’or est presque exclusivement filonien. L’or ne se rencontre pas dans des vrais filons, mais dans des lentilles de quartz épaisses, disséminées dans les terrains encaissants. C’est l’érosion qui est cause de cette situation. En effet, celle-ci, par action chimique ou mécanique, désagrège les roches superficielles, libérant lentement l’or qu’elles contiennent. Cet or ne reste pas en place mais descend jusqu’au niveau de la roche altérée. On obtient alors des éluvions .

Par ailleurs, les eaux de ruissellement entraînent les roches désagrégées et l’or qu’elles contiennent. L’ensemble de ces débris forme des dépôts au fond des rivières donnant les alluvions . Les eaux courantes peuvent entraîner les alluvions aurifères assez loin de la zone minéralisée.

6 Plan directeur d’actions, p. 148 – 149. 7 KIETHEGA J.B, 1983, p. 33 15

Photo 1 : schéma d’une formation éluvionnaire 8

Photo 2 : schéma d’une formation alluvionnaire 9

8 KIETHEGA Jean-Baptiste, 1983, p. 30. 9Op.cit , p. 30. 16

Selon lui : « la minéralisation aurifère magmatique est la plus élevée et la plus fréquente dans les roches nettement basiques. Elle est sensiblement plus faible et moins étendue dans les roches neutres. Les roches franchement acides, sauf quelques exceptions, paraissent pratiquement stériles.

Dans cette région, l’or semble donc être en relation avec plusieurs venues éruptives d’âges et de compositions différents. Néanmoins, sachant que l’or a des facilités d’association avec un très grand nombre de substances chimiques et que sa volatilité est également connue, il est possible que l’or magmatique lié à un milieu basique ait pu s’associer avec d’autres corps dans un milieu basique, ait pu s’associer avec d’autres corps dans un milieu acide. Mais nous passons dès lors du problème de métallo genèse à celui des types de gisements »10 .

III-1/ LES DIFFERENTS TYPES DE GÎTES AURIFERES CONNUS A MAEVATANANA 11

 Les gîtes primaires : Ils se trouvent dans les terrains métamorphiques précambriens, sous forme de veines ou de « filons » quartzeux discontinus, ou en minéralisation disséminée dans divers faciès de schistes cristallins.

Les gîtes primaires appartenant au domaine archéen : ce sont les plus nombreux. Ils se présentent le plus souvent sous forme de veines interstratifiées : associées à des séries de roches amphiboliques basiques ; associées à des quartzites à magnétite ; associées aux séries silico-alumineuses.

 Les gîtes secondaires : ils résultent de l’altération météorique des gîtes primaires et de la reconcentration de l’or par les eaux de surface, cette altération conduisant à la transformation en latérite des roches encaissantes. Une partie de l’or libéré migre vers le bas et peut éventuellement former des concentrations d’intérêt économique à la limite de la roche saine. On distingue : • Des gîtes éluvionnaires dans lesquels le matériel latéritique a été transporté le long des pentes, sur une faible distance. L’effet de gravité peut provoquer localement des enrichissements en or, même si le gîte primaire originel a des teneurs très faibles ;

10 KIETHEGA Jean-Baptiste, 1983, p. 31 11 Service de Géologie Ampandrianomby-Antananarivo. 17

• Des gîtes alluvionnaires anciens où les alluvions aurifères, plus ou moins consolidées, forment des terrasses surélevées le long des vallées et entaillées par les cours d’eau actuels ; • Des gîtes alluvionnaires actuels où les sables et graviers aurifères forment le lit actuel des cours d’eau. Suivant les cas, l’or peut provenir, soit du démantèlement des terrasses anciennes, soit directement de l’érosion des gîtes primaires ou éluvionnaires. A cause de leur facilité d’exploitation, ces gîtes sont actuellement les plus activement exploités par les orpailleurs.

18

III-2/ LES PRINCIPALES REGIONS AURIFERES DE MADAGASCAR 12

Carte 3 : les principales régions aurifères de Madagascar

Source : Service de Géologie Ampandrianomby -Antananarivo .

12 Op. cit , p. 334 19

Betsiaka (Andavakoera), , Maevatanana, Betsiry, Itasy, Axe Ambositra-Antananarivo, Vohilava-Ampasary, Beforona, Andrarona, Vavatenina (Anosibe).

Exemple : Maevatanàna

-série métamorphique silico-alumineuse de l’Ikopa-Betsiboka

-série métamorphique calco-ferro-magnésienne d’

Anciennes exploitations principales : Anandronjia, Tainangidina, alluvions des rivières Ikopa et Betsiboka.

Donc, avant 1960, Madagascar était parmi les pays très riches en or dans le continent africain. D’après le Professeur LERAT Serge 13 : « c’est en Afrique qu’on trouve les grands exportateurs de minerais métalliques :

-En Afrique centrale et australe, la mise en valeur des richesses minières a été tardive, tous les gîtes actuellement exploités sont situés sur des hauts plateaux, distants de plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de km du littoral. L’Afrique Centrale et Australe produisent 60% de l’or.

-En Afrique noire occidentale, les grandes exploitations minières ont été ouvertes postérieurement à la première Guerre Mondiale. Certes l’or fut extrait dans cette région et commercialisé dès le XIV e siècle et plusieurs métaux utilisés par les sociétés indigènes.

-Le Transvaal et le Nord de l’Orange forment l’autre secteur richement minéralisé de l’Afrique australe. La grande affaire est ici l’extraction de l’or (environ 950t/an) ».

13 LERAT (Serge), 1971, p. 55 – 56 20

Photo 3 : Or visible dans MISPICKEL (photo prise dans le musée de la géologie d’Antananarivo)14 .

IV/ LES TYPES DE GISEMENTS

IV-1/ La répartition

Il y a d’abord le bassin de la Betsiboka, affluent de la Boinakely et le célèbre gisement de Tainangidina. Aux abords de Maevatanana, on trouve les veines de la Ranomangatsiaka et de Nandronjia, les quartzites à magnétite de Ramparany. Plus nombreux sont les gisements du bassin de l’Ikopa : Ranomandry, Mandraty, Betaimby, Morafeno, Marotolana, le Besafotra, le Belambo, …

Les périmètres miniers sont répartis en 10 groupes : Anandronjia, Andriamena, Antsitabe, Firingalava, Tainangidina, Ranomandry, Morafeno, Andriantoany, Mandraty, Betaimby.

IV-2/Quelques exemples de gisements

Dans cette région, trois sortes de gisements existent : Il y avait des terrains métamorphiques sous forme de veines ou « filons » discontinus ; de gisement éluvionnaire ; et de gisement alluvionnaire.

Exemples : à

14 Musée de la géologie d’Ampandrianomby à Antananarivo. 21

−Mailaka : Affluent de l’Ikopa. Alluvions étroites aux sources plus larges en aval.

−Marotolana : Affluent de l’Ikopa, lit assez large avec terrasses. Teneurs assez bonnes. En, 1916, EVESQUE venait visiter cet endroit, et il disait qu’il y a de l’or à peu près partout, mais l’eau n’est pas abondante.

−Besafotra (riv.) : Travaux dans le lit et dans les alluvions. Pas de sondage d’étude. Chute de 5 mètres.

−Antsitabe-Antsiratany : Orpaillage dans le lit des affluents rive droite de la Mandraty. Or très pur (99%). Certains ouvriers obtiennent 3 à 4 grammes /mois de façon régulière.

−Betaimby : C’est sans doute le premier découvert par CARDIERE, agent de la compagnie ROUX et FRAYSSINET qui l’indiqua à SUBERBIE. Travaillé dès le 6 mars 1888 par SAVARON pour le compte du gouvernement Hova. Ce gisement ne semble pas avoir été jamais visité par le Service des Mines. Il n’y a aucune trace dans les archives. C’est surtout un gîte de latérite aurifère. La Compagnie occidentale, d’après les calculs de BERNET, pensait y voir 500 kg d’or.

−Anandronjia : La première exploitation souterraine commencée par SUBERBIE dès 1889 s’est révélé inexploitable.

−Ranomangatsiaka : A proximité de Maevatanàna. Une veine aurifère a été suivie sur 40 mètres de profondeur.

−Tainangidina : On y distingue trois sortes de gisements : les veines quartzeuses en place ; les éluvions et latérites ; les alluvions. L’or s’y rencontre à l’état de paillettes concrétionnées, la proportion de poudre fin est faible. Cet or est très pur. Dans le prolongement de Betanimena, à 800-1000m à Sud, au lieu dit Bekopaka, on retrouve des affleurements quartzeux très riches à or visible (un essai a donné 60g/t). Le quartz aurifère est interstratifiée dans le gneiss. On a reconnu un faisceau de neuf veines subparallèles, légèrement convergentes, resserrées sur un endroit restreint, ce qui constitue une disposition favorable à l’exploitation au moyen de galeries de direction partout d’un même travers-banc recoupant tous les filons 15 .

15 Plan directeur d’actions, 1985, p. 140 – 153 22

CHAPITREII : LES CONDITIONS HISTORIQUES ET HUMAINES DE LA PRODUCTION D’OR A MAEVATANANA

I/ L’INSUFFISANCE DE CONNAISSANCE DU PAYS A TRAVERS DES SOURCES ECRITES

I-1/ Les sources écrites malgaches concernant l’or de Maevatanana

La première découverte de l’or à Madagascar aurait été faite par Jean Laborde en 1845. Mais durant son règne, Ranavalona I ère (reine de 1828-1861), a ordonné que toutes sortes d’exploitation souterraine soient interdites. La reine voulait garder ces richesses en secret. Pendant le règne de Ranavalona II aussi (de 1868 à 1883), l’exploitation de l’or fut interdite en vertu des Codes des 101 et des 305 articles. Elle punissait à 20 ans aux fers ceux qui se livraient à l’extraction du métal précieux. Et ce n’est qu’au temps de Ranavalona III (en 1883), que les premières exploitations minières ont été autorisées.

I-2/Les sources écrites franco-malgaches concernant l’or de Maevatanàna

La première concession fut attribuée à Suberbie en 1883, premier français qui s’est installé à Maevatanana, et il donna son nom à cette ville qui reçut le nom de « Suberbie-ville ». A partir de cette date, c’est-à dire en 1883, ce sont les étrangers (Français, Sénégalais, Allemands)qui étaient majoritaires à Surberbie-ville. C’étaient surtout des exploitants miniers. Dès la fin de 1884, Suberbie exploitait par puits et galeries le filon de quartz aurifère d’Anandronjia 16 , à un kilomètre au Sud de Maevatanàna. Au début de 1891, Suberbie mit en marche la première usine de pilons pour broyage avec amalgamation. En 1892, Suberbie-ville, centre des exploitations, avait près de 5000 habitants. Une douzaine de chantiers étaient établis aux alentours et le pays, autrefois désert, comptait près de 20.000 habitants. Pendant le séjour de ces étrangers à Maevatanàna, ils ont trouvé plusieurs sortes de minerais, surtout de l’or. A l’époque coloniale, par manque

16 Nom de la commune rurale du district de Maevatanàna. 23

d’ouvriers, les Français allaient chercher « les Tsimihety et les Sakalava » 17 , qui n’avaient pas encore de carte d’identité, pour faire du travail des mines. Selon les anciens orpailleurs 18 , ce sont donc les Tsimihety et les Sakalava qui étaient les premiers habitants de Maevatanàna. Et avant de quitter la région, de grands bateaux les emmenèrent avec des matériaux et des tonnes d’or. Mais malheureusement, ils n’ont pas laissé de traces d’archives concernant leur existence dans cette région. C’est peut-être pour cela que la richesse de cette région n’était pas bien connue dans le pays, et surtout à l’étranger. A l’heure actuelle, quand on parle des sources, les documents conservés dans les archives nationales, au service des mines et de géologie, les recherches archéologies, le recueil des traditions orales permettront d’obtenir des informations sur l’histoire de l’or à Maevatanana.

I-3/Les sources écrites arabes concernant l’or de Maevatanàna

Après le départ des Français, ce sont les Arabes appelés « karàna » 19 qui s’installa à Suberbieville. Le nom de la région est toujours « Suberbie ». Vu que les colonisateurs sont partis, la plupart des Tsimihety et des Sakalava sont retournés dans leur région d’origine. D’autres sont restés à Maevatanàna et ont continué à faire le travail d’exploitation des mines. A partir de ce temps, les gens avaient des problèmes concernant les outils de travail surtout. Ils n’avaient pas de matériels propres à eux, mais ils travaillaient à leur façon. Depuis l’arrivée des Arabes, la grande affaire dans cette région est l’extraction d’or. A l’époque, c’étaient eux qui finançaient les orpailleurs et leur donnaient de la nourriture. Ce sont eux aussi qui achetaient les produits (l’or) venant des orpailleurs. Quelques années plus tard, lorsqu’ils avaient amassé des tonnes d’or, ils quittaient la région. Mais malheureusement, ils ne laissaient aucune archive pour les Malgaches.

I-4 /La nouvelle génération de population de Maevatanàna

Vu que les « Karàna » [Arabes] étaient tous partis, les Tsimihety et les Sakalava qui se trouvaient là, allaient partir aussi dans leur région d’origine. Et après cela, l’exploitation de l’or a continué toujours mais avec une nouvelle génération

17 Informations fournies par Mr TSIORIMBOLANIAINA Johnny. 18 Orpailleurs= Ce sont des travailleurs d’exploitation d’or. 19 Le terme « karana », c’est le nom que les habitants de Maevatanana donnent aux Arabes. 24 d’orpailleurs. Après le départ des étrangers, des populations de diverses origines sont venues dans cette région, surtout les « Betsileo». Ces derniers y sont très nombreux. A partir de cette nouvelle génération, le nombre de la population est devenu assez importante. Pourquoi ? Parce qu’en général, sur le plan démographique, deux facteurs paraissent importants et capables d’avoir attiré dans cette région une nombreuse population : La présence de l’or constitue généralement un pôle d’attraction pour les gens dès la découverte du métal précieux. Les terres riches (sols fertiles) ont aussi pour vocation d’attirer des migrants. Ces deux facteurs réunis auraient dû normalement peupler densément la région. L’examen du peuplement actuel et l’étude de l’histoire de sa mise en place semblent indiquer que la présence de l’or et de bonnes terres ont été effectivement à l’origine de déplacement de populations. Tableau 1 : Nombre de population de Maevatanàna : à partir de 2008 Population du district de Maevatananaau 18 novembre 2008 Communes Population 5494 13298 11000 Antanimbary 7544 Antsiafabositra 11373 6649 Beratsimanana 8505 4201 Maevatanàna I 24116 Maevatanana II 17383 Mahatsinjo 9714 Mahazoma 20525 Mangabe 14613 Maria 7126 Marokoro 4203 Morafeno 5036 Tsararano 13537 TOTAL 184317

Source : Service des impôts à Maevatanana.

25

Ces deux facteurs de migration existent à Maevatanana, mais leur apparition est un peu différente. Tout d’abord, les gens ont été attirés tout simplement par l’abondance de l’or dans cette région. Cela veut dire qu’ils ne connaissent même pas la fertilité du sol ou la manière de vivre dans cet endroit. Mais attirés par le métal précieux, ils se déplaçaient jusqu’à Maevatanana. Et peu après, ils voyaient qu’on pouvait travailler la terre, cultiver du riz, du manioc, des patates, des brèdes,…bref tout ce dont on a besoin pour se nourrir. N’oublions pas de parler du climat de cette région. Pendant la saison chaude, cette région est très chaude. Elle a des températures d’environ 25 à 35°C. C’est la plus élevée de tout Madagascar. Pendant la saison froide, par contre, le thermomètre descend à 15 ou 19°C. Alors, il faut tenir compte de ces amplitudes si on veut avoir une bonne récolte. 26

II/ L’INFORMATION ARCHEOLOGIQUE

Carte 4 : les indices miniers du district de Maevatanana

27

II-1LES SITES ARCHEOLOGIQUES DE L’OR

Il était impossible d’établir un décompte exact des anciens sites d’exploitation d’or. Ces sites sont parsemés de puits, de tranchées et de galeries. D’une part, de chaque village dépendent plusieurs ensembles d’exploitations et de campements de mineurs. Comment, dans ces conditions, définir un site ?

A/ Les sites des mines

Tentons ci-après la présentation de quelques sites : d’après les sources de BRGM (Bureau des Recherches Géologiques et Minières) de Madagascar. 20

a) Les sitesd ’Anandronjia

Dès la fin de 1884, Suberbie exploitait par puits et galeries le filon de quartz aurifère d’Anandronjia, à un kilomètre au sud de Maevatanàna. Au début de 1891, il a mis en marche la première usine de pilons pour broyage avec amalgamation.

BOURDEVAT, en 1909, mentionne que le filon d’Anandronjia avait une puissance de 2m50, avec or visible, et que les affleurements étaient dégagés sur 40m de long et 4m de hauteur. Un puits de 6m de diamètre avait recoupé le filon à 35m de profondeur, galerie en direction, descenderie. Le minerai était transporté à Maevatanàna par decauville, passé aux bocards et amalgamés. A la même époque, une tranchée de 800 m de long sur 6 m de large et de 3 m de profondeur, dirigée suivant la schistosité des roches, traversait Maevatanàna du marché couvert à l’abattoir ; elle avait mis à jour de petits amas de quartz ferrugineux avec mouches d’or.

20 Plan directeur d’actions, 1985, p. 139 28

Photo 4

Photo 5

Photos 4 et 5 : Sites aurifères d’ Anandronjia (cliché de l’auteur). 29

b) Les sites de Belambo

A 25km au sud de Maevatanàna sur le versant ouest d’une colline surplombant la rive gauche de l’Ikopa et la séparation des vallées de la Belambo et de la Menavava, le gisement s’étend au sud du village de Belambo et sur les pentes nord de la colline (voir photo 6).

Un autre gisement est constitué d’alluvions anciennes déposées par l’Ikopa, d’une épaisseur moyenne de 16m avec 8m de stérile. L’exploitation se fait pendant 30 à 40jours, aux grandes pluies, au fond d’une tranchée. Vers le nord, sur la crête de la colline, à 2km du village se trouve une dépression où l’on a creusé, en amenant l’eau de ruissellement, une tranchée de 140m de long, atteignant 16m de profondeur au nord et 3 à 4m au sud (voir photo 7).

Photo 6: Les sites aurifères de Belambo (cliché de l’auteur).

30

Photo 7 : Les sites aurifères de Belambo (cliché de l’auteur).

c) Les sites de Betanimanga : carrière de Betanimanga

Cet endroit est le siège d’une très ancienne exploitation. On voit encore des effondrements provenant d’anciens travaux, et un ancien puits d’extraction. La C.F.M (Compagnie Franco– Malgache) à déblayé la carrière, puis entrepris le creusement de deux galeries superposées, suivant la direction de l’inter stratification. Cette dernière n’est plus visible qu’aux fronts de taille. Deux bancs de quartzite disposé symétriquement par rapport à l’axe de la dépression, à une quinzaine de mètres du quartz aurifère, peuvent servir d’indices pour la recherche de la continuation du filon en direction.

B/ Les sites de campements

Maevatanàna est le centre de la région Betsiboka. C’était là que les anciens exploitants miniers habitaient, surtout les étrangers français, puis les karàna [Arabes]. Pendant la période coloniale, les campements se trouvent dans les montagnes, dans les vallées pour éviter l’inondation venant de l’Ikopa. On peut trouver des anciennes habitations des exploitants miniers dans les quartiers Morafeno, Andranomangatsiaka, … Dans ces endroits, on a trouvé les anciens bâtiments habités par les étrangers. Tout 31 cela signifie que les campements et le lieu de travail se sont éloignés. Et après le départ des étrangers, les sites de campements commençaient à s’éparpiller dans toute la région. Par exemple : Ambalanjanakomby, Antanimbary, Antsiafabositra, Beratsimanina, …On y trouve plusieurs sites de campements mais malheureusement, nous manquons de renseignements sur les objets qui se trouvent dans ces endroits. Un orpailleur disait qu’on a trouvé encore des traces de leurs travaux sur les lieux de travail des colonisateurs, comme le tunnel, le rail, …L’ancienne usine d’exploitation d’or à Maevatanana est fermée depuis longtemps.

Photo 8 : Ancienne usine d’exploitation d’or à Maevatanàna depuis le XIX ème siècle (cliché de l’auteur).

Donc, en regardant la structure et les cartes géologiques de Maevatanana, les types de gisements, ainsi que les endroits aurifères, nous pouvons dire que cette région est riche en plusieurs substances minérales. Mais avant de quitter cette région, les étrangers ne laissent aucune trace des sources écrites concernant l’or de Maevatanana. Et nous ne pouvons pas bien connaître le nombre de la population depuis l’époque coloniale, à cause du manque de chiffres que nous avons obtenus. Et pour l’information archéologique, elle est encore très vaste. Il existe des endroits très riches en or, mais parfois les gens restent dans des sites connus. Il faut donc continuer les recherches de réserves exploitables pour avoir des résultats satisfaisants. 32

Deuxième Partie

Les techniques traditionnelles de la production de l’or

33

Les techniques et les méthodes d’exploitation de l’or se font en plusieurs étapes. Dans le premier chapitre, nous allons voir d’abord la prospection des géologues étrangers : les recherches en surface et les recherches en profondeur. Mais, comment les Malgaches faisaient-ils la prospection ? Il y a la prospection alluvionnaire, éluvionnaire et filonienne. Puis, nous allons parler de l’extraction du minerai qui nous montre comment foncer un puits. Dans le deuxième chapitre, nous allons voir comment faire le lavage d’or ? Tout le monde peut participer à ce travail même les enfants. Comment les orpailleurs organisent-ils alors leur travail ? Ensuite, quels sont les problèmes causés par le travail d’orpaillage ?

CHAP III : LA PROSPECTION ET L’EXTRACTION DU MINERAI

I/LA PROSPECTION

Durant la colonisation, les géologues étrangers utilisaient des appareils de prospection pour tester le sol. Pour eux, la prospection doit distinguer entre les recherches en surface et les recherches en profondeur. 21

I-1/ Recherche en surface ou en faible profondeur

− Ces recherches s’inspirent la plupart du temps d’indications fondamentales telles que les indications géologiques (allure des couches, dépôts des terrains sédimentaires, possibilité de coexistence géologique), les indications géologiques et topographiques.

− Muni de ces indications qui relèvent le moins souvent du bon sens, le prospecteur détermine les affleurements, et il doit ensuite se préoccuper de connaître de quelle façon le gîte se poursuit en profondeur. S’il affleure, on peut y pénétrer par des galeries dirigées suivant la pente du gîte (descenderies). S’il n’affleure pas, il faut aller le recouper soit au moyen de galeries horizontales à flanc de coteau, soit au moyen de puits verticaux. L’ensemble d’un travers-banc et d’un puits permet d’ailleurs dans

21 CAZIN (Michel), 1951, p. 42 – 44 34

certaines conditions l’établissement d’un courant d’air d’aération et une meilleure connaissance des gîtes voisins.

Surface du sol

Descende rie

Couche

− Pour aller plus vite et pour réduire le coût de la prospection, on procède quelque fois, même à faible profondeur, par sondages, mais ce procédé, qui est le seul possible pour les grandes profondeurs, donne des résultats beaucoup moins sûrs.

I-2/ Recherche en profondeur

-Si le minerai n’affleure pas et se trouve recouvert par une forte épaisseur de morts-terrains, on ne peut guère songer à faire un puits, opération qui serait lente et onéreuse ; aussi, on effectue un sondage.

-Quel que soit le genre de sondage, l’installation est toujours sensiblement constituée de la manière suivante :

• Une charpente, dénommée chevalet est le point d’appui au-dessus du sol des appareils de sondage et contient des poulies avec chaînes et câbles pour la transmission de la commande de l’appareil de sondage proprement dit.

• Au-dessous du chevalet se trouve un plancher de manœuvre où est installée la machine qui fait marcher les appareils de sondage.

Travers-banc Surface du sol puits

Couche

Le gîte n’affleure pas mais on sait qu’il n’est pas profond 35

• Ce plancher est posé sur un petit puits de quelques mètres qui permet de loger les appareils de sondage en position de marche et de faciliter le début du creusement.

• La sonde, en avançant, arrache le terrain

A l’aide de ce sondage, on obtient un échantillon du terrain traversé que l’on appelle « la carotte ».

Quant aux Malgaches, surtout dans la région de Maevatanana, ils ont utilisé des techniques et des méthodes plus simples pour prospecter le sol.

Dans ce cas, deux types de prospection existent : la prospection alluvionnaire et éluvionnaire, et la prospection filonienne.

I-3/ La prospection alluvionnaire et éluvionnaire

Les gens suivent les lits de la rivière pour chercher des traces d’or. Dans le cas du gisement alluvionnaire, la découverte fortuite d’une paillette qui brille au soleil dans le sable d’une rivière est une indication suffisante qui permet aux gens de remonter au gîte. Tout de suite, ils se divisent en groupe pour creuser des puits tout autour du lieu de découverte à la recherche d’une zone de riche minéralisation.

Pour ce faire, la prospection par puits peut les conduire à plus de 10m de profondeur et sur plus de 100m de long. Ces puits de prospection sont également des puits d’exploitation.

Exemple :

Andranomavokely : Ancien permis CHATELOT à l’Ouest de l’Ikopa, sur le parallèle d’Ankazobe. MERLE en 1908 donne les indications suivantes 22 : l’extraction porte à la fois sur les alluvions du ruisseau Lambavao et sur l’arène d’un mamelon contourné par ce cours d’eau. Le Lambavao prend sa source sur une colline à pente très douce ; il est lent, sinueux ; son lit majeur qui présente une centaine de mètres de largeur est dominé par une terrasse de 20 m. Le débit devient très faible en fin de la saison sèche.

22 Plan Directeur d’actions, 1985, p. 143 - 144 36

Au début, l’exploitation sur 1200m à l’aval de la source, puis on est remonté dans la colline où s’enchevêtrent des filons nets quartzeux : ensemble chaotique de fouilles ne dépassant pas 10 à 15m de profondeur… .

D’autres groupes emmènent des pirogues, plongent jusqu’au fond de la rivière, et emmènent des portions de sable ou de terre à la surface de l’eau, puis ils les emportent au bord de la rivière.

Selon les données fournies par le service du B.R.G.M 23 : Un autre gisement de Belambo est constitué d’alluvions anciennes déposées par l’Ikopa, d’une épaisseur moyenne de 16 m avec 8 m de stérile. L’exploitation se fait pendant 30 à 40jours aux grandes pluies. Vers le Nord, ce gisement se poursuit sur plusieurs centaines de mètres mais son épaisseur diminue.

I-4/La prospection filonienne

Pour connaître qu’un endroit contient de l’or, il faut tester le sol à l’aide du matériel traditionnel comme l’ « angady »24 : d’abord on regarde la couleur du sol. Si on n’est pas sûr, on creuse un trou de 1m environ. On met les portions de terre dans un panier en fibre végétale ou dans un sac « gony »25 et on les tamise dans un étang qui se trouve tout près du lieu de travail. Si le résultat est positif, on a intérêt à continuer de creuser sur le même endroit. Pendant ce temps, la prospection par puits peut conduire à plus de 30m. On fait monter les portions de terre avec un sac relié à une corde, aujourd’hui remplacé par un seau à corde que l’on transporte au bord de la rivière. Mais on sait que la distance entre le lieu de travail et la rivière est assez éloignée. Donc, on a besoin de beaucoup d’hommes pour transporter la terre.

Selon les données fournies par le service du B.R.G.M: BOURDEVAT en 1909 26 mentionne que le filon d’Anandronjia avait une puissance de 2m50, avec or visible et que les affleurements étaient dégagés sur 40m de long et 4m de hauteur. Un puits de 6m de diamètre avait recoupé le filon à 35m de profondeur. A la même époque, une tranchée de 800m de long, de 6m de large, et de 3m de profondeur, dirigée suivant

23 Op. cit , p. 142 24 Angady= bêche 25 Gony= sac qui sert à transporter de la terre. 26 Plan Directeur d’actions, 1985, p. 132 37

la schistosité des roches, traversait Maevatanàna du marché couvert à l’abattoir ; elle avait mis à jour de petits amas de quartz ferrugineux avec des couches d’or.

A Belambo 27 , sur la crête de la colline, à 2km du village se trouve une dépression où l’on a creusé, en amenant l’eau de ruissellement, une tranchée de 140m de long, atteignant 16m de profondeur au Nord et 3 à 4m au Sud.

Parfois, si on travaille des années et des années sur une même place, la terre devient tendre. Et pendant la saison d’été, il faut enlever la terre tombée et on continue le travail ou bien on cherche un autre lieu de travail.

Photo 9 : Lieu d’exploitation minière (cliché de l’auteur).

QUE CONSTATE –T-ON SI ON TROUVE DES ROCHES AU MOMENT DU CREUSEMENT ?

Deux parties existent : il y a la partie dure et la partie tendre. On ne trouve pas de traces d’or dans la partie tendre. C’est dans la partie dure que se trouvent les roches

27 Op. cit , p. 142 38 contenant de l’or. Cette partie a une couleur très différente des autres. Alors, on suit cette veine aurifère là où celle-ci montrait de l’or visible jusqu’à ce qu’on trouve une autre carrière stérile. Sur cette partie dure, le matériel utilisé est la «barre à mine». Elle mesure entre 1m 50 et 2m.

Photo 10 : Orpailleur se servant d’une barre à mine (cliché de l’auteur).

Cet homme se nomme Ikotovao, il est âgé de 58ans. Il travaille pour l’orpaillage depuis 35ans à Maevatanàna. Il s’est marié deux fois : sa première femme et lui se sont séparés depuis très longtemps, et il vit avec sa deuxième épouse depuis 15ans. Ikotovao n’a pas d’autres occupations que l’orpaillage. Le plus étonnant, c’est qu’il ne change jamais de lieu de travail ; il reste toujours au même endroit depuis des années. Les gens ont un peu de soucis pour lui, car l’endroit où il travaille, est très dangereux. A chaque saison de pluie, il y a toujours des éboulements tout près de lui. Et cela devient un grand danger pour sa vie.

39

II/ L’EXTRACTION DU MINERAI

L’extraction des roches aurifères requiert des méthodes et des techniques toutes différentes selon qu’il s’agit d’alluvions ou d’éluvions sous forme de terres ou de graviers superficiels, ou qu’il s’agit de filons recouverts par une importante couche stérile.

Les vestiges d’exploitation par ces méthodes sont très abondants dans la région de Maevatanàna. Presque tous les sites que nous avons reconnus et signalés combinent le décapage des terres superficielles et le laborieux fonçage de puits, galeries et tranchées.

Pour le travail de décapage, la bêche, « angady », est le principal instrument. Elle permet un débitage rapide. Au fur et à mesure du décapage, le mineur prélève la partie d’argile gravillonneuse qui parait à ses yeux la plus riche en or. Des sacs, « gony », ou des paniers en fibres végétales tressées servent à ramasser et à emporter les terres aurifères jusqu’au plus proche point d’eau pour le lavage. Le transport se fait par charrette ou bien sur la tête.

Dans le cas de gisements filoniens recouverts par des stériles plus ou moins épais, les gens creusent des puits, des galeries, des tranchées pour abattre et extraire le minerai. Pour les mineurs anciens, la profondeur plus que la nature du gisement déterminait les techniques à employer, techniques décrites par la tradition orale.

II-1 /Fonçage d’un puits

Selon CAZIN Michel 28 : le fonçage d’un puits est une des opérations les plus coûteuses de l’exploitation minière. C’ est pourquoi la répartition des puits doit être telle qu’ils assurent un champ d’exploitation maximum. L’emplacement, la nature des morts-terrains, l’allure du gisement et sa profondeur sont des facteurs importants dans les considérations qui président au projet de fonçage d’un puits, mais on ne doit pas non plus faire une économie momentanée et irréfléchie qui entraînera des dépenses supplémentaires dans l’entretien des galeries trop longues ou des difficultés d’aération et de pompage des eaux.

28 CAZIN Michel, 1971, p. 45 – 46 40

D’autre part, il faut remarquer qu’il existe toujours deux puits de communication entre les travaux du fond et « le jour » : une fosse pour la remontée du minerai (puits d’extraction), et une fosse par laquelle un ventilateur aspire l’air des travaux (puits de retour d’air).

Quelquefois, il existe un troisième puits dans le siège : il sert à des travaux spéciaux tels que la descente des remblais.

a) Forme : - D’une manière générale, les puits ont une section circulaire, de diamètre 04 à 06 m, qui offre la meilleure résistance et qui leur permet de durer très longtemps si le revêtement est bien. De plus cette forme facilite l’utilisation des tuyauteries nécessaires à l’exploitation. - Le puits va donc en général affecter la forme d’un cylindre de section circulaire et de longueur qui varie selon la hauteur des morts-terrains. b) Creusement et enlèvement des déblais :

Plusieurs cas sont à distinguer le creusement et enlèvement des déblais, comme :

- Les terrains de consistance moyenne et peu aquifères : le problème est simple ; on abat les roches à l’aide d’explosifs et on enlève les déblais à définitive. Le seul problème est de ne pas retarder la main-d’œuvre de fonçage par l’enlèvement des déblais ; il est du domaine de l’organisation du travail. - Les terrains de consistance moyenne et très aquifères : alors que dans le cas précédent, l’eau était épuisée à l’aide de petites pompes peu encombrantes montées la plupart du temps sur un plancher mobile ; le problème est maintenant de faire face à l’évacuation d’une quantité d’eau qui peut très bien atteindre le débit de 10m 3 à la minute.

Il se peut encore que le creusement s’effectue comme celui d’un trou de sonde avec cette différence que le diamètre est plus important, de même que le trépan que l’on utilise.

- Les terrains inconsistants et peu aquifères : en terrain ébouleux le revêtement doit être solide. On revêt le puits de cadres métalliques ou en bois. - Les terrains inconsistants et très aquifères : on utilise le procédé de congélation de la masse des terrains de façon à se ramener au problème des terrains solides. 41

c) Revêtement des parois :

Quelquefois après le creusement, on effectue un revêtement provisoire, mais en règle général, plus le terrain est inconsistant, plus il est indiqué d’exécuter le plus tôt possible le revêtement définitif ».

Quant aux Malgaches, ils avaient leur propre façon de foncer leur puits de mine.

Photo 11 : Puits d’exploitation minière (cliché de l’auteur).

Pendant le fonçage, on utilise d’abord un piochon, qui est fait d’une lame puissante en fer. La lame se termine en pointe comme un pic. Le forgeron aiguise cette pointe chaque fois qu’elle s’émousse. Le mineur peut se tenir accroupi dans le trou à l’aide du manche de piochon et de creuser, en pivotant sur lui-même pour descendre régulièrement la paroi du puits.

Cependant, on démarre le fonçage avec la pioche. Lorsqu’on a délimité par un cercle l’ouverture du puits, on emploie la pioche pour enlever les terres. Elle permet de creuser facilement et rapidement les puits. En réalité, elle est vite abandonnée pour la barre à mine lorsqu’on attaque la cuirasse latéritique généralement très dure, apparaissant à 50cm de profondeur et pouvant se maintenir sur trois mètres d’épaisseur. 42

Le fonçage est un art. Il faut savoir débiter les roches en conservant au puits la régularité des parois.

Alors, le mineur taille des encoches dans la paroi qui lui permettront tous déplacements ultérieurs entre le fond et l’extérieur du puits. Le plus souvent, ces encoches s’opposent en alternance avec un écart de 30 à 40cm entre elles. Quelquefois, elles sont face à face. Elles sont taillées tantôt est-ouest, tantôt nord-sud. Nous ne savons pas s’il y a des raisons qui imposent ces deux seules orientations. Les mineurs n’utilisent ni échelles, ni cordages pour descendre ou remonter. Ils s’aident uniquement des mains et des pieds qui ont prises grâce aux encoches.

Avant que les orpailleurs accroupissent au fond du puits, ils emmènent une écuelle en bois qui leur servant à assembler et à ramasser la terre débitée. L’un d’entre eux qui est à l’extérieur de ce puits fait descendre un panier ou un sac à corde au fond du puits. Et les autres qui sont au fond du puits font charger le panier. Une fois pleine, celui qui est à l’extérieur remonte le panier. Il rejette au bord du puits les déblais contenant du quartz et place dans des corbeilles les prélèvements riches. Lorsqu’on rencontre le quartz qui est la roche activement recherchée, ses parties les plus friables sont attaquées au piochon et la partie dure au feu. Pour cela, on fait chauffer le quartz par un feu de branchages puis on verse dessus de l’eau. Le quartz craque sous l’effet de la variation rapide de température et livre ainsi des blocs qui peuvent être hissés à la surface. Là, s’opère une sélection : les quartz reconnus riches en or sont emportés pour le broyage et le lavage tandis que ceux estimés stériles sont abandonnés sur place. Tous ceux-là couvrent les champs de mines et qui constituent pour l’archéologie un indicateur précieux pendant la prospection. On trouve ainsi ces quartz stériles en fouillant les déblais.

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Photo 12 : Or dans quartz (Photo prise dans le musée de la géologie d’Ampandrianombyà Antananarivo).

Photo 13 : Quartz à traces d’or visible (Photo prise dans le musée de la géologie d’Ampandrianomby à Antananarivo).

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Photo 14: Or visible dans quartz (Photo prise dans le musée de la géologie d’Ampandrianomby à Antananarivo).

Photo 15 : Sulfure de bismuth dans quartz avec or (Photo prise dans le musée de la géologie d’Ampandrianomby à Antananarivo).

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Parfois, les orpailleurs cherchent de l’or dans les endroits qui n’ont pas encore été exploités par l’homme. Dans ce cas, l’or se cache et les orpailleurs ne trouvent pas trace de son existence. Pour cela, ils vont consulter l’« ombiasa » 29 pour trouver les endroits minéralisés. Et l’« ombiasa » prend son bâton magique et prie. Après, ce bâton les emmène jusqu’à l’endroit où se trouve les traces d’or. Si l’endroit est très loin, et si l’« ombiasa » n’a pas la force d’y aller, il leur donne tout simplement des repères pour connaître l’endroit minéralisé. Pendant ce temps, les orpailleurs ne peuvent pas travailler tout de suite sur cette place, mais ils doivent tuer un ou plusieurs zébus à cet endroit - même, pour neutraliser la puissance maléfique de cette terre. Par exemple, à Analalava, il existe une exploitation de mercure. Mais avant d’exploiter cette richesse naturelle, cette terre demande du sang humain. D’autres procédés thermiques de débitage nous ont été décrits à Maevatanana : lorsqu’on veut détacher un volume de roche, on en trace le contour avec de l’huile. On trace ainsi un cercle, un carré, … ou toute autre figure géométrique. On met ensuite un feu nourri de branchages sur la zone à débiter. En chauffant, la roche éclate en suivant le tracé d’huile. Parfois, les anciens mineurs sont découragés par la dureté de la roche et ils abandonnent l’endroit parce que les quartz sont trop durs. C’est le dépilage du filon qui entraine le creusement des galeries. On creuse les puits par équipes de deux. Pour l’attaque d’un filon, on ouvre deux puits à quelque distance l’un de l’autre et on les descend verticalement jusqu’à ce qu’on soit au niveau du quartz. Les deux équipes l’atteignent presque au même moment. Elles creusent alors latéralement en direction l’une de l’autre, dégagent la terre autour du filon et progressent jusqu’à se rencontrer entre les deux puits. Des veinules de quartz peuvent être entièrement exploitées mais, le plus souvent, on ne prélève qu’une partie de la masse. Dans tous les cas, le toit de la galerie ne s’effondre pas parce qu’il est constitué d’une cuirasse latéritique 30 dure. Plusieurs puits peuvent être reliés entre eux de cette façon sans que le toit ne s’effondre parce qu’il demeure toujours aussi des piliers de terre auxquels on ne touche pas. Un mineur peut aussi suivre en galerie un filon à partir d’un seul puits. Il semble cependant que partir de deux puits offre plus de sécurité. En cas d’effondrement, on peut sortir par le puits non condamné. Les effondrements sont rares mais, lorsque cela arrive et qu’il y a mort d’homme, on abandonne le site pour un autre.

29 Ombiasa= un devin guérisseur 30 Cuirasse latéritique= concrétion épaisse et très dure qui se forme dans les sols des régions tropicales sèches. 46

D’ailleurs, la galerie n’est pas toujours nécessaire. Lorsque le filon n’est pas très profond (2 à 3m de profondeur), le travail de terrassement consiste à débroussailler le terrain, à attaquer le quartz stérile à coups de pioche en le rejetant de côté. Puis, à coups de piochon, on désagrège le gravier compact de la cuirasse et les parties tendres du quartz. L’orientation des tranchées, l’alignement des puits, lorsqu’on parvient à discerner une certaine organisation, peuvent constituer des indices de repérage de filons aurifères. Ce sont ces indices que les géologues utilisent pour la reconnaissance en profondeur des filons de Maevatanana.

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CHAPITRE IV : LE LAVAGE DU MINERAI

I/Le lavage ♦Après la prospection et l’extraction d’or dans les alluvions et éluvions, les orpailleurs font le premier lavage toujours dans la rivière. Les laveuses ou les laveurs prennent une portion de sable et en mettent dans un tamis en bois aujourd’hui remplacé par des tamis en métal. Ils mettent ce tamis plein de sable dans l’eau : ils trient et rejettent d’abord les gros et les petits cailloux. Lorsqu’il ne reste que de la terre sans cailloux, ils exécutent une série de mouvements oscillatoires, en inclinant de temps en temps le tamis. L’eau boueuse se déverse dans la rivière. Ils renouvellent de temps en temps l’eau dans le tamis. Progressivement, il ne demeure au fond du tamis qu’un résidu composé d’oxyde de fer noir, de paillettes d’or. Et le résultat du lavage, c’est une fine poudre noire appelé « jihi- mainty ou fasi-mainty »31 avec des reflets jaunes. Elle est versée dans un « zana-tsivana »32 . Ce dernier est une petite écuelle en bois aujourd’hui remplacée par une petite assiette en aluminium. Puis on reprend la poudre noire pour un ou deux lavage(s) de contrôle, pour séparer la poudre d’or de l’oxyde de fer noir. Ensuite, on remet la poudre d’or dans le « zana-tsivana » et on rejette le reste après. Et les laveurs reprennent une nouvelle charge de terre dans leurs tamis et la même opération recommence.

31 Une fine poudre noire ou un résidu composé d’oxyde de fer noir. 32 Une petite assiette dans laquelle on verse la poudre noire avec des reflets jaunes. 48

Photo 16 : Un tamis en métal (cliché de l’auteur).

Photo 17: Laveur de minerai enlevant les gros et les petits cailloux du tamis (cliché de l’auteur).

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Photo 18

Photo 19

Photos 18 et 19 : Laveur de minerai exécutant une série de mouvements oscillatoires (cliché de l’auteur).

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Photo 20

Photo 21

Photos 20 et 21 : Fine poudre noire appelé « jihi-mainty » (cliché de l’auteur). 51

Photo 22

Photo 23

Photos 22 et 23 : « Zana-tsivana », petite assiette où l’on verse la poudre noire (cliché de l’auteur). 52

L’or obtenu est de couleur jaune lisse appelé « grain de sable ». Parfois, ce « grain de sable »33 vient de « volamena vato »34 . Cela signifie que ce dernier qui vient de la colline descend par les eaux de ruissellement et se jette dans la rivière. Une fois qu’il est resté plus longtemps dans l’eau, il devient jaune rouge lisse. Et il contient donc tout l’élément nécessaire. A partir de ce moment là, on ne l’appelle plus « volamena vato » mais « grain de sable », car il devient de l’or de bonne qualité.

♦ N’oublions pas qu’il y a aussi le lavage des terres obtenues dans des filons : les orpailleurs transportent les portions de terre au bord de l’étang ou de la rivière, et ils les tamisent après. Mais si le lieu de travail est loin de la rivière, les laveuses s’installent pour laver à l’ombre des arbres qui se trouvent tout près du lieu de travail, et quelques hommes doivent chercher de l’eau pour faire le lavage du minerai. Pendant ce temps, les instruments dont se servent les laveuses sont :

- Un tamis pour tamiser les portions de terre - Une petite écuelle en aluminium pour mettre la poudre noire - Une bassine métallique d’importation : au moment où la laveuse tamise, en inclinant de temps en temps l’eau du tamis, l’eau boueuse se déverse dans la bassine métallique, entraînant avec elle les matières légères. Et la laveuse renouvèle de temps en temps l’eau dans le tamis en la prenant dans la bassine métallique. Puis, elle reprend les déchets au fond de la bassine pour un ou deux lavage(s) de contrôle. Puis, les déchets boueux sont définitivement abandonnés en tas. A la fin du lavage, les laveurs mettent la poudre d’or dans un morceau de linge ou sur une feuille verte et la mettent au soleil pour qu’elle sèche. L’or obtenu s’appelle « pupitre »35 , il est plus gros et de couleur jaune rouge. Il est parfois en vrac à cause des rayons de soleil qui changent sa couleur et diminuent les éléments nécessaires qui constituent l’or. Il y avait donc autre chose qui se mélange automatiquement à l’or.

♦En plus, le lavage des terres et des pierres est très important : les laveurs tamisent directement les portions de terres et des pierres dans un étang ou rivière tout près du lieu de travail. Alors, la même opération comme nous l’avons décrit au-dessus apparaît. Mais concernant les pierres, on les lave d’abord, puis on gratte doucement l’or qui est fixé sur les pierres. Ensuite, on met dans un tamis tout ce qu’on a gratté et on le

33 L’or qui vient des alluvions et éluvions. 34 L’or qui vient des filons dans lesquels existent surtout des roches quartzeuses. 35 L’or qui vient des veines filoniennes. 53 tamise dans l’eau. A la fin du lavage, on met toujours le fruit du travail au soleil pour qu’il sèche. L’or obtenu s’appelle « volamena vato » car il vient des roches. Il est de couleur verte ou rouge, il est un peu rugueux à cause du grattement. On ne le reconnait pas facilement, mais on le considère comme autre chose. La plupart des « volamena vato » est creux, c’est sa forme naturelle.

Enfin de l’après midi, la plupart des orpailleurs emmènent le fruit de leur travail et rentrent chez eux. Certains vont directement chez les collecteurs pour vendre leurs produits ; les autres rentrent chez eux et attendent le jour du marché pour le vendre, ou bien ils conservent leurs produits dans des creux de tiges, d’os ou de cornes bouchés avec un morceau de tissu. Aujourd’hui, la poudre d’or est conservée dans des morceaux de tissu ou de papier ou dans d’autre chose.

II/L’organisation du travail

Toute cette étape du travail a une grande organisation : l’exploitation minière peut se faire pendant toute l’année. Mais le temps où il y a des difficultés est favorable à l’exploitation:

Pendant la saison des pluies, il est facile de faire le travail d’exploitation minière car l’eau est suffisante et le sol devient tendre. Il est donc facile de le creuser.

Tandis qu’au mois de Juillet, le travail est un peu difficile car l’eau commence à s’infiltrer assez profondément et très loin. Et le sol devient dur. Certains envoient des plongeurs pour chercher de l’or au fond de la rivière.

On sait aussi qu’autrefois et jusqu’à maintenant, l’exploitation de l’or se faisait en groupe de personnes, différentes ou de la même famille.

Pendant nos enquêtes, nous avons rencontré plusieurs informateurs. Ils disaient que 70% des habitants de Maevatanàna vivent uniquement du travail d’orpaillage, et le reste pratique l’orpaillage et l’agriculture.

Par exemple : Ils exploitent l’or pendant toute l’année mais lorsque la saison des cultures arrive, ils s’arrêtent pour travailler dans les champs pour cultiver du riz, du manioc, des légumes, …Il y a aussi la pêche dans l’eau douce.

Le travail des mines semble donc être à la fois une activité masculine et féminine. Au niveau de la division sexuelle du travail, les hommes tiennent les rôles les 54

plus durs physiquement. Ils opéraient les prospections. Ce sont les hommes qui « voient l’or ». Concurremment avec les femmes, ils assuraient le transport des portions de terre ou de sable aux points de lavage (au bord de la rivière ou de l’étang). Puisque la distance entre le lieu de travail et la rivière est assez importante, alors on a besoin de beaucoup d’hommes pour assurer le transport. Alors les femmes attendent aux points de lavage pour assurer le gardiennage de la terre transportée. Le travail de lavage n’est pas interdit aux hommes mais ils veulent le partage avec les femmes et les enfants, pour leur éviter la fatigue. Alors, on surnomme les femmes « vadin-tsivana »36 , parce qu’elles assurent uniquement le lavage.

Photo 24 : Terre transportée par les orpailleurs (cliché de l’auteur).

36 Une ou des femmes qui travaillent uniquement pour le lavage des terres au point de lavage. 55

Photo 25 : Femme assurant le gardiennage de la terre transportée au point de lavage (cliché de l’auteur).

Photo 26 : Enfant qui va faire le lavage de la terre dans son propre tamis (cliché de l’auteur).

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Parfois, l’homme n’emmène pas sa femme au travail, alors il prend une autre femme sur le lieu de travail pour faire le lavage du minerai. Quelques mois plus tard, il est facile de tomber amoureux l’un de l’autre. Alors elle devient sa deuxième femme. Mais parfois aussi l’homme emmène sa famille (sa femme et ses enfants) au travail. La tâche devient facile et se fait très vite, car on s’entraide.

En effet, l’exploitation de l’or revêt un caractère familial. Y participent les hommes, les femmes et les enfants. Et la mine, devenue comme le champ de culture familial, est placée sous le contrôle du chef de famille.

Il apparaît, à travers les diverses théories élaborées par les géologues de la colonisation pour réorganiser l’orpaillage traditionnel. On peut ainsi diminuer la peine du mineur du dehors en installant une poulie, améliorer la quantité de l’acier du piochon, et surtout rechercher et mettre à la disposition des orpailleurs des gisements peu profonds mais riches en or.

III/Les problèmes généraux

III-1/ Problèmes de l’aération (hygiène et sécurité)

L’atmosphère des mines, quand elle n’est pas suffisamment renouvelée, s’échauffe à cause de l’élévation de la température du sol (2 à 3°C par 100m en moyenne)37 .Elle s’appauvrit aussi en oxygène à cause de la respiration des hommes et la combustion des lampes ; il se peut également que l’atmosphère soit remplie d’impuretés dues au caractère de l’exploitation.

Dans les mines, les poussières sont extrêmement toxiques, même à faible densité dans l’atmosphère.

Enfin, l’atmosphère du fond de la mine peut se charger de produits gazeux divers, tels que ceux provenant de la respiration, de la combustion des lampes et des explosifs.

D’autre part, là où il ne se dégage ni gaz délétère, ni gaz combustible, la température ne doit pas dépasser un maximum de 25 à30°C. Il est pratiquement impossible de faire travailler les hommes à des températures de 40 à 45°C.A partir de

37 CAZIN Michel, 1951, p. 119 - 120 57

30°C, il y a oppression des ouvriers. La respiration devient courte et rapide, l’air étant plus riche en gaz carbonique et plus chargé de vapeur d’eau.

A des températures trop élevées, les battements du cœur s’accélèrent et la température du corps croît : les ouvriers s’anémient (il convient donc d’envoyer de l’air frais au fond de la mine si les conditions sont aussi pénibles).

III-2/Les sinistres et les dangers de la mine

Les accidents de la mine sont très fréquents et dus à des causes très diverses. Chaque année, il y a beaucoup de victimes. Certains accidents frappent plus l’esprit du grand public que d’autres. Il y a des accidents dus aux éboulements et aux incendies. Souvent, en effet les blocs se détachent de la couronne d’un chantier ou du front de taille. De tels accidents font souvent des blessés graves et quelquefois sont cause de la mort d’un ou plusieurs ouvriers, mais comme le nombre des victimes n’est jamais très important, on n’en fait pas mention dans les journaux. Plus rares sont les incendies qui donnent lieu à des accidents terribles quand ils se produisent au voisinage de l’entrée d’air et que les fumées sont entraînées à l’intérieur de la mine et l’envahissent en apportant avec elles l’asphyxie des mineurs.

En analysant toutes ces techniques d’exploitation d’or, on peut constater que la prospection des étrangers est très compliquée, et il faut avoir des matériels sophistiqués. Tandis que pour les Malgaches, les techniques de prospection qu’ils utilisent étaient simples, efficaces pour tout le monde. Il est vrai que les matériels utilisés par les orpailleurs sont encore rudimentaires, mais ils savent s’organiser et s’entraider, pour faciliter la tâche. Et la seule solution pour éviter les problèmes, c’est de creuser les puits par équipes de deux. Mais, il faut revaloriser ces techniques pour augmenter la production d’or.

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Troisième Partie

L’or dans la vie socio-économique du district de Maevatanana

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Dans cette dernière partie, nous allons parler dans le premier chapitre de la consommation d’or, de la production d’or mondiale depuis plusieurs années et des réserves des banques centrales. Puis, nous verrons les statistiques de production d’or à Madagascar de 1897 à 1983, et les principales régions aurifères de Madagascar. Nous évoquerons ensuite l’absence de chiffres et les estimations possibles de la production d’or à Maevatanana, les différents tableaux qui montrent les résultats des analyses de laboratoire, les résultats des essais industriels, et les sept filons du Tainangidina. Dans le deuxième chapitre, on remarque que le commerce de l’or est très important. Pour cela nous allons discuter comment les marchands de cette région vendent leurs produits ? Quelle qualité d’or doivent-ils connaître ? Puis quelle est l’importance de l’or dans la vie économique mondiale ? Et qu’est ce qu’on pense des voies commerciales de l’or à Maevatanana ? Enfin, pourquoi l’or prend-il une grande place dans la vie sociale des habitants ?

CHAPITRE V : LA PRODUCTION D’OR ET SON EVOLUTION I/La production d’or en général

I-1/La consommation d’or mondial Selon les données fournies par le Service de Géologie Ampandrianomby- Antananarivo: L’or consommé dans le monde occidental est passé de 726tonnes en 1974 à 1221tonnes en 1984 après avoir culminé à 1 598tonnes en 1978 38 . Dans cette consommation, la joaillerie, qui, ne représentait que 30 à 50% de 1974 à 1977, représente maintenant60 à 70% de la demande totale. La demande électronique, inférieure à 10% en 1974 à 1976, atteint et dépasse même actuellement 10%. En raison de la hausse du prix de l’or, le secteur de la dentisterie est passé de 6 – 8 % à 4 – 5%.Il en est de même de toutes les utilisations décoratives et industrielles qui sont elles aussi en baisse d’environ 5%. La numismatique, par contre, a légèrement progressé puisque représentant 14 à 18%, elle dépasse couramment, ces dernières années 20%. I-2/La production mondiale Dans le domaine de l’or, on ne peut considérer, du point de vue des matières premières, que la production minière. Le commerce international de l’or n’a

38 Service de Géologie à Ampandrianomby Antananarivo 60

naturellement pas la même signification, ni ne reflète les mêmes motivations que les autres marchés de matières premières. 39 Depuis 1974, la production minière a légèrement progressé (+ 2,5%/an en moyenne) : 1 450tonnes contre 1 215. Les cours élevés depuis la période 1979 à 1980 n’ont pas provoqué un rush sur l’or comme on pouvait le penser. L’Afrique du Sud est le plus gros producteur mondial avec une production moyenne de 680 à 700t, soit 50 à 60% de la production totale. L’URSS est le second producteur, avec 250 à 300t. Les 3ème et 4 ème producteurs sont les USA et le Canada, mais à la faveur de la hausse du cours de l’or, de nombreux pays se sont mis à en produire. C’est le cas du Brésil qui, de 7,5t en 1974, est passé maintenant à plus de 50t, du Chili (de 04 à 20t), etc. Il est impossible de donner une ventilation des tonnages d’or produits par type de gisement, compte tenu des agrégations statistiques et du fait qu’une grande partie du métal précieux est un sous-produit d’autres productions. - Réserves et production mondiale d’or en 1983 Tableau 2 : Réserves et production mondiale d’or en 1983 40

Réserves Production identifiées (%) (t) (%) PIEM USA 6,3 60,9 4,2 Canada 3,3 70,7 4,9 Afrique du Sud 59,4 677,8 46,7 Japon 0,8 3,1 0,2 Australie 1,8 32,3 2,2 Autres 1,0 9,7 0,7 Sous-total 72,6 854,5 58,9 PEP URSS et autres pays 15,6 394,2 27,2 Sous-total 15,6 394,2 27,2 PVD Mexique 2,3 6,4 0,5 Brésil 1,8 51,3 3,5 Ghana 0,5 8,6 0,6 Zimbabwe 0,8 14,1 1,0 Philippines 1,4 25,2 1,7 Papouasie-Nelle Guinée 2,0 18,3 1,3 Chili 19,8 1,4 Colombie 13,4 0,9 Rép. Dominicaine 11,2 0,8 Autres 3,0 33,2 2,2 Sous-total 11,8 201,5 13,9 TOTAL GENERAL 100,0% 1 450,2 100,0 Source : Service de Géologie Ampandrianomby-Antananarivo

39 Ibid. 40 Ibid. 61

- Entreprises internationales Quelques grands groupes miniers anglo-sud-africains dominent la production d’or :41 • ANGLO – AMERICAN, • GENERAL MINING, • GOLD FIELDS, • BARLOW RAND, • UNION CORPORATION, • ANGLO TRANSVAAL, • Et aussi, aux USA: • HOMESTAKE.

Quelques sociétés minières ont des productions notables d’or associé à d’autres métaux : • RTZ (Bougainville), • COMINCO, • KENNECOTT, • DOMES MINES.

41 Ibid. 62

- Réserves des banques centrales Les banques centrales possèdent environ le quart du stock d’or mondial.42

Tableau 3 : Réserves des banques centrales

Banque centrale 1948 2004 Banque fédérale des Etats-Unis 21700 8100 Banque d’Angleterre 1400 312 Banque nationale suisse 1200 1350 Banque de France 487 3200 Banque du Japon 765 Bundesbank 3400 Banque populaire de Chine 600 Banque centrale de Chine 420 Banque centrale Russie 400 Inde 350 Venezuela 350 Banque du Liban 286 Ensemble de l’Union européenne 12700 Banque règlements internationaux 208 Total banques centrales mondiales 30200 31400 Source : Chiffres du Conseil mondial de l’or 2004, en tonnes.

II/La production d’or à Madagascar II-1/Les statistiques de production

Madagascar a produit environ 50 tonnes d’or entre 1897 et 1964, à la moyenne de 2 tonnes par an entre 1904 et 1915, avec une chute de 500 à 200 Kg entre 1919 et 1945. Les 3/4 de cette production provenaient de l’orpaillage artisanal et un quart d’exploitations semi-industrielles. 43

42 Google, htts://WWW.Wikipedia.org/Wiki/Or 43 Ces chiffres nous ont été communiqués par le Service de Géologie à Ampandrianomby Antananarivo. 63

Tableau 4 : La production d’or de 1897 à 1963

PRODUCTION D’OR PRODUCTION D’OR Date Or (en kg) Date Or (en kg) 1897 79,1 1931 266,4 1898 124,6 1932 352,6 1899 386,6 1933 449,7 1900 1114,5 1934 496,9 1901 1045,0 1935 480,8 1902 1295,1 1936 469,9 1903 1910,7 1937 418,7 1904 2460,0 1938 428,2 1905 2370,0 1939 348,9 1906 2238,0 1940 360,2 1907 2940,0 1941 341,9 1908 3149,3 1942 276,4 1909 3696,8 1943 285,6 1910 3234,9 1944 291,8 1911 2850,0 1945 200,0 1912 2119,5 1946 121,1 1913 2058,8 1947 47,2 1914 1782,5 1948 65,1 1915 2078,3 1949 51,7 1916 1515,3 1950 60,1 1917 1107,7 1951 60,6 1918 844,2 1952 55,5 1919 561,0 1953 51,5 1920 518,7 1954 42,7 1921 456,2 1955 33,4 1922 577,6 1956 28,1 1923 502,8 1957 26,8 1924 349,2 1958 24,8 1925 419,7 1959 13,5 1926 306,6 1960 8,5 1927 210,3 1961 10,8 1928 195,1 1962 10,1 1929 187,1 1963 28,1 1930 224,8 Source : Service de Géologie Ampandrianomby- Antananarivo 64

Au cours des vingt dernières années, la production de l’or a connu à nouveau une baisse considérable jusqu’à devenir insignifiante aujourd’hui.

Ces baisses successives de production sont imputables, jusqu’en 1972, pour la plus grande part à la fixation du prix de l’or à 35$ l’once, rendant inintéressante la poursuite des anciennes exploitations ou le démarrage de nouvelles, les coûts augmentant continuellement.

Tableau 4 : La production d’or de 1964 à 1983 PRODUCTION D’OR Date Or (en kg) 1964 13,740 1965 18,620 1966 26,520 1967 23,493 1968 16,893 1969 20,136 1970 16,571 1971 12,849 1972 5,814

1973 2,168 1974 2,417

1975 4,925 1976 1,537 1977 2,356 1978 3,943

1979 1,378

1980 3,534 1981 1,016

1982 3,232 1983 2,601

Source : Service de Géologie Ampandrianomby-Antananarivo Ces chiffres concernent la production officielle déclarée. 65

La production clandestine est difficile à estimer. On peut émettre l’hypothèse qu’elle a atteint 2 à 3 fois la production officielle pendant la période courant les dix dernières années.

II-2/Les principales régions aurifères de Madagascar 44 Betsiaka (Andavakoera) Production de 1906 à 1934 : 7 285,8 kg Anciennes exploitations principales : Ranomafana et Bereziky.

Tsaratanàna Anciennes exploitations principales : Ambohipihaonana et Masokoamena.

Maevatanàna Production de 1901 à 1921 : 6 733 kg Anciennes exploitations principales : Anandronjia, Tainangidina, alluvions des rivières Ikopa et Betsiboka.

Betsiriry Production de 1901 à 1968 : 2 623 kg Anciennes exploitations principales : Dabolava, Ankarongana, Antsaily

Itasy Production de 1901 à 1921 : 1 097 kg Anciennes exploitations principales : Antsolobato

Axe-Ambositra – Antananarivo Production de 1901 à 1921 : 1 489 kg Anciennes exploitations principales : Antsofimbato et Andravoravo et Itea.

Vohilava-Ampasary Production de 1901 à 1921 : 8 580 kg

44 Ibid. 66

Anciennes exploitations principales : Bebasy, Andrambo, Tsongolo, Tsaramiadana, gîtes alluvionnaires des rivières Ampasary, Maha, Sakaleona, Sahandrambo.

Beforona Production de 1901 à 1921 : 6 546 kg Anciennes exploitations principales : Marovato.

Andrarona Production de 1901 à 1920 : 276 kg Anciennes exploitations principales : Antsahivo.

Vavatenina : Anosibe Exploitation des alluvions anciennes et actuelles uniquement.

III/L’absence de chiffres et les estimations possibles de la production d’or à Maevatanàna

Betaimby 45 : C’est sans doute le premier gisement dans cette région, découvert par CADIERE à SUBERBIE. Travaillé dès le 6 mars 1888 par SAVARON pour le compte du gouvernement hova. La première production a donné 12 kg d’or en 34 jours. Reprise l’année suivante par Suberbie, elle a donné 2kg/jour.

Ce gisement semble n’avoir jamais été visité par le Service des Mines. Il n’y en a aucune trace dans les archives. C’est surtout un gîte de latérite aurifère. La Compagnie Occidentale, d’après les calculs de BERNET, pensait y voir 500kg d’or (BORIE 1914). La force motrice était fournie par l’usine d’ Antafofo . Les résultats ne furent pas brillants si l’on en juge par les productions (en grammes) :  1915 1090grs  1917 299grs  1918 336grs  1919 319grs  1920 0gr

45 Plan Directeur d’Actions, 1985, p. 141 67

Ranomandry46 : Le gisement a fait l’objet d’un rapport de SCHNAEBELE en 1928. Dans ce site, de sérieux travaux ont été entrepris, dans le but de prospecter et d’exploiter ensuite une seule interstratification de quartz aurifère connue depuis longtemps par les orpailleurs malgaches. SCHNAEBELE a renoncé à prendre lui-même des échantillons en vue de leur analyse, car le filon n’est plus accessible qu’au front de taille des galeries. Il aurait donc été obligé de choisir des échantillons dans le stock de quartz aurifère se trouvant sur le carreau de la mine de Betanimanga. Cette méthode n’aurait donné ni plus de précision ni plus de garantie d’exactitude que les prises d’essai effectuées très soigneusement et méthodiquement par la Compagnie au cours du creusement des galeries de Betanimanga.

Tableau 5 : Résultats des analyses de laboratoire 47 (Quartz)

Endroits Nombre de prises Teneur moyenne en

d’essai effectué gr/t 12 35,53 12 4,90

Betanimanga 12 23,53

18 15,35 12 13,33

7 19,1 73 111,74

Source : Plan Directeur d’Actions, 1985, p. 146

Ainsi sur 50mètres de filon, dans lequel on a pris 73échantillons, la teneur moyenne est de 18,62gr d’or à la tonne.

46 Plan Directeur d’Actions, 1985, p. 144 47 Op. cit , p. 146 – 148 68

Tableau 6 : Résultats des essais industriels (Broyage et amalgamation)

Endroits Nombre de kg Or obtenu (en gr) Teneur à la (T) soumis à l’essai 153 Betanimanga 122 18,8 1200 36,5 30,1 700 20,6 29,4

Source : Plan Directeur d’Actions, 1985, p. 147

En ne tenant pas compte du chiffre de 153gr exceptionnel, la moyenne est de : 30,1+29,4 =29,75gr à la tonne. 2 Ce chiffre est nettement supérieur à celui obtenu au laboratoire, pour la raison suivante : Pour l’analyse chimique, qui porte finalement sur 40 gr de minerai pulvérisé, on a dû écarter de la prise d’échantillon de tous les morceaux à or visible. Tandis que pour les essais industriels, on a pris le minerai tout venant, sans triage préalable. On peut considérer la teneur intermédiaire de 25 gr à la tonne comme une moyenne pratique sur laquelle on peut baser les calculs de réserve d’or, rendement, etc.

Le cubage a été calculé d’après les données suivantes :

- Puissance moyenne du filon………………………………………..………….. 0,25m - Longueur du filon entre Betanimanga et Bejofo (en déduisant la largeur de la vallée du ruisseau d’ Analabe interrompant le filon) …………………………………...800m - Hauteur exploitable suivant le pendage, au-dessus du niveau hydrostatique….…40m - Densité du quartz en place ……………………………………………………….2,5m ⇒Ce qui donne 0,25*800*40*2,5 = 20 000 tonnes renfermant 20 000*25grs = 500kg d’or (SCHNAEBELE 1928) Ce chiffre est nettement inférieur à celui qui a été indiqué verticalement par le directeur minier de la Compagnie (100 000 tonnes). Il est probable qu’est compris dans ce chiffre le tonnage, évalué grossièrement, de quelques filons situés à 100 ou à 200mètres à l’ouest de Bejofo .

69

Tainangidina 48 : Le 15 Décembre 1923, PROUST signalait à sa compagnie l’existence de 7 filons avec les caractéristiques suivantes :

Tableau 7 : Les sept filons avec ses caractéristiques

n° Teneur Tonnage Tonnage Tonnage gr/tonne certain presque certain probable (tonnes) 1 29 − − − 2 10 − − − 3 14 337 000 500 000 − 4 12 200 000 1 000 000 2 000 000 5 22 135 000 500 000 1 000 000 6 11 400 000 540 000 1 000 000 7 6 600 000 1 200 000 2 000 000 Source : Plan Directeur d’Actions, 1985, p. 150

L. DUMAS fut envoyé sur les lieux. Il confirma les teneurs de BOYER pour les latérites, estima absolument prématuré de fixer un tonnage mais pensa que des travaux étaient justifiés. SCHNAEBELE en 1928 fit, sur document, l’étude qui suit. Nous donnons ci-dessous, sous forme de tableau, le résumé de toutes les analyses faites sur les prises d’échantillons de quartz par plusieurs prospecteurs de la Compagnie.

Dans les prises d’échantillons, les morceaux de quartz à or visible ont été écartés, et pour le calcul des moyennes, on n’a pas tenu compte des teneurs de plus de 80 gr par tonne, trop exceptionnelles et sujettes à caution.

Tableau 8 : Teneurs des quarts du Tainangidina Nom du filon Teneur gr/T Rainipatsa 14,5 Jiro 23,3 Botsiafa 14,6 Betanimena 10,1 Beraharaha 4,9 Bodala 4,4 Bekopaka 24,8 Source : Plan Directeur d’Actions, 1985, p. 151 Les latérites aurifères, elles, sont bien moins riches.

48 Plan Directeur d’Actions pour la mise en valeur des ressources du sol et du sous – sol de Madagascar, p. 148 - 153 70

Tableau 9 : Le cubage des filons de Tainangidina

Longueur Hauteur Puissance Cubage en T (la Filons reconnue suivant le moyenne densité du quartz (m) pendage (m) (m) =2,5)

Rainipatsa 160 78 0,3 9400

Jiro 110 100 0,3 8250 Sohy 20 108 0,3 1620 Botsiafa 130 124 0,3 12 100

Solo 150 210 0,3 21 360 Bekoropaka 630 315 0,3 117 000

Bodala 60 244 0,3 11 000 Betanimena 150 194 0,3 21 900 Beraharaha 120 183 0,3 16 900

219 530 Soit 220 000T

Source : Plan Directeur d’Actions, 1985, p. 152

Le gisement de Tainangidina se présente donc dans des conditions d’exploitation relativement favorables. En particulier, tous les filons se trouvent rassemblés sur un petit espace, les frais de roulage sont minimes.

Le cubage de quartz aurifère reconnu est important. La teneur pratique en est légèrement supérieure à celle obtenue au laboratoire. En prenant le chiffre de 18 gr à la tonne, on arrive à une réserve :

220 000 t *18gr = environ 4.000kg d’or (SCHNAEBELE 1928).

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CHAPITRE VI : L’OR DANS LA VIE ECONOMIQUE ET SOCIALE DE MAEVATANANA

I / L’or dans l’économie

I-1/ Le commerce de l’or

a)Les marchands

Avant la colonisation, les étrangers étaient déjà là pour exploiter l’or de Maevatanana (les Français, les Allemands, les Sénégalais, …). Ces étrangers sont les premiers commerçants qui se sont installés en premier dans cette région. Et les Malgaches sont arrivés après.

L’or a joué un rôle très important dans la vie économique des habitants de Maevatanana. Après le lavage, les gens avaient transformé la poudre d’or en bijoux ou en autre chose. A cette époque, on avait remarqué que les producteurs d’or étaient en même temps des vendeurs d’or : ils sont donc des « orpailleurs ». Ils étaient de petits exploitants. Au temps des rois, ils emmenaient leur production d’or sec : certains rentraient directement chez eux et attendaient le jour du marché, « tsena », pour vendre leur poudre d’or. D’autres avaient vendu directement leurs produits aux gens riches comme à la famille du roi ou aux gens qui étaient très proches du roi. Ces gens achetaient l’or pour faire des bijoux, pour décorer les vêtements, les chaises, la maison du roi.

A partir de 1896, l’or appartenait aux étrangers surtout aux Français. Ils étaient les premiers producteurs et vendeurs d’or. Ils exploitaient l’or mais ils le vendaient ailleurs ou bien hors du pays. Pourquoi ? D’une part, le prix de l’or à l’étranger était beaucoup plus cher qu’à Madagascar. D’autre part, le but des colons, était d’exploiter toutes les richesses minières du pays et de partir après.

Après le départ des Français, les troisièmes commerçants qui se sont installés à Maevatanana furent les Arabes. Ce sont les Malgaches qui produisent l’or. Leur vie dépend du travail de l’orpaillage. Ils sont en même temps des orpailleurs et aussi des vendeurs d’or. Ils doivent travailler très dur tous les jours et vendre leurs produits. C’est seulement aux Arabes qu’ils devaient vendre leurs produits car, ce sont eux qui les nourrissaient. Ce sont les Arabes qui donnaient de la nourriture aux orpailleurs ainsi que 72 du matériel et tout ce dont ils avaient besoin. Certains Arabes pratiquaient le troc; les autres étaient des collecteurs. Ces derniers achetaient l’or à bas prix et ils le revendaient ailleurs à prix élevé.

Après le départ des Arabes, différents groupes de populations malgaches sont venues s’installer à Maevatanana pour exploiter, vendre et acheter de l’or. Il faut savoir qu’à cette époque, les orpailleurs étaient des hommes libres. Certains étaient à la fois des cultivateurs et aussi producteurs d’or. Mais la plupart d’entre eux n’avaient pas pour autre occupation que de l’orpaillage. Parfois, il y avait même des exploitants qui ne travaillent plus dans les mines. Ils recrutaient des employés ou des salariés pour le faire. Cela existait il y a très longtemps et jusqu’à nos jours. Les exploitants ont des impôts à payer au « Fokontany » ou à la commune : c’est ce qu’on appelle « ristourne » ; et aux services fiscaux appelé « impôt synthétique ». Ces impôts existent depuis la colonisation.

•Dans les services fiscaux d’aujourd’hui, un exploitant doit payer 126 000Ar au minimum. Mais cela dépend du nombre de salariés qu’il emploie : Si un exploitant a5 ou moins de 5 salariés, il paie 126 000Ar. S’il a plus de 5 salariés, alors la somme qu’il doit payer augmente aussi. Même s’il travaille sans salariés, il paie toujours des impôts et la ristourne comme les autres.

•Pour les collecteurs d’or, ils doivent payer l’impôt synthétique de 320 000Ar au minimum aux services fiscaux. Mais cela dépend de leur chiffre d’affaire annuel. S’ils gagnent beaucoup, ils paient beaucoup ; et s’ils gagnent peu, ils paient peu aussi. Avant de payer ces impôts, les collecteurs doivent faire une déclaration de revenus qui montre toutes leurs dépenses et leurs recettes sur une année. S’ils ont menti dans leur déclaration, les services fiscaux doivent mener une enquête sur cette affaire. Ils doivent questionner les clients et descendre sur place pour vérifier le fonctionnement du travail. Si la fraude est justifiée, alors le collecteur paiera une amende.

On remarque que toute la somme que les exploitants et les collecteurs doivent payer augmente chaque année. Cela dépend de la durée du travail. Si un collecteur ou un exploitant ne travaille pas durant un an et s’il a des motifs valables (exemples : accident, maladie grave, …), alors il paie le minimum de la somme dans un an (320 000Ar).

73

b) Les marchés

Il convient de hiérarchiser les marchés en distinguant les marchés locaux qui offrent aux marchands étrangers l’occasion de rendre visite aux producteurs d’or, et les marchés régionaux par lesquels le métal jaune transite avant d’être exporté.

 Les marchés locaux : Dans le centre-ville, les grands jours du marché, « tsena », sont le mardi et le vendredi. Alors, les gens de chaque commune de Maevatanana (les communes de Betanimena, Antanimbary, Antsiafabositra ,…) y viennent pour vendre leurs produits. Le rôle joué par ces marchés locaux dans le commerce de l’or semble se limiter à provoquer l’occasion de contacts. S’il arrivait qu’acheteurs et vendeurs s’abouchent sur la place du marché, les opérations d’échanges sont traitées à l’intérieur des habitations. L’or n’apparaissait pas sur le marché. Il y a aussi les orpailleurs du centre ville qui vendent leur or pendant le jour du marché. Ils travaillent sur les gisements alluvionnaires de l’Ikopa et aussi sur les collines tout près de la ville. Ils travaillent tous les jours et, le jour du marché, ils vendent le fruit de leur travail aux collecteurs. Mais il y a aussi certains orpailleurs qui n’attendent pas le jour du marché pour le vendre. Pourquoi les marchands d’or de chaque village doivent-ils se déplacer au centre- ville pour vendre leurs produits ? Parce que c’est là que se trouvent les différents collecteurs ou les acheteurs d’or, et aussi c’est là que le prix de l’or est élevé. A part l’or, Maevatanana est riche en poissons, surtout des poissons frais d’eau douce. Chaque jour, le prix du poisson varie entre 500Ar et 1000Ar le tas, jusqu’à maintenant les poissons vendus au kilogramme n’existent pas dans cette région.  Les marchés régionaux : Vu que la tâche des orpailleurs est très dure, ils ne peuvent pas se déplacer plus loin pour vendre leurs produits et en plus ils n’ont pas de moyens pour y aller. Alors, seuls les collecteurs d’or de la région peuvent revendre leurs produits dans les autres régions comme Boeny, Sofia, Melaky, jusqu’à Antananarivo. Puisque l’or de Maevatanana est très connu, alors les collecteurs et les gens riches de ces autres régions n’hésitent pas à acheter tous leurs produits, et en plus à prix élevé par rapport au prix de l’or local. Aujourd’hui, le prix d’un gramme (1g) d’or dans cette région est de 300 000Fmg ou 60 000Ar. Puisque l’or de cette région est très recherché et de bonne qualité par rapport aux autres, les acheteurs y viennent pour acheter uniquement de l’or.

Selon les orpailleurs de cette région, l’or se répartit en trois catégories : 74

o L’or appelé « volamena vato » : il a une couleur verte ou rouge. Sa qualité est parfois mauvaise, de9 à 16 carats. Il est parfois rugueux à cause du grattement, et aussi creux. o L’or appelé « pupitre » : il est plus gros, de couleur jaune rouge. Sa qualité est moyenne, entre 18 et 22 carats. o L’or appelé « grain de sable » : Il provient des rivières. Sa couleur est jaune rouge et lisse. Sa qualité est de 24 carats. Donc, il est la meilleure qualité d’or de la région. Tableau 10 : Exemples des carats qui correspondent au pourcentage massique d’or compris dans le métal 49

Carats % Or Millièmes

24 99,99 999

22 91,67 917

20 83,34 833

18 75,01 750

16 66,68 667

14 58,35 584

12 50,02 500

10 41,69 417

8 33,36 337

6 25,03 250

4 16,7 167

2 8,37 84

0 0 0

L’or pur à 100% n’existe pas.

L’affinerie d’or de la monnaie royale canadienne (anglais : Royal Canadian Mint) a été la première au monde à purifier de l’or à 99,9% en 1979, pour ensuite monter la norme à 99,99% en 1982. Finalement, depuis 1997, il est maintenant possible de purifier l’or jusqu’à un degré de pureté appelé « 5-9 » : 99,99% pur. A ce jour, la monnaie royale canadienne est le seul établissement au monde capable de produire de

49 Google, htts://WW.Wikipedia.org/Wiki/Or 75

l’or « 5-9 ». Afin de célébrer cette réalisation, elle a aussi créé la plus grosse pièce au monde, une pièce d’un million de dollars, fabriquée entièrement en or « 5-9 ».

Dans la région de Maevatanana, on a remarqué que l’or qui est en dessous de 24 carats, change toujours de couleur. Quand le jour du marché arrive, tous les orpailleurs montent en ville pour vendre le fruit de leur travail. On remarque ici que ce sont les collecteurs qui possèdent la balance mais non pas les orpailleurs. Avant de peser, les collecteurs nettoient une dernière fois la poudre d’or avec un aimant, car elle contient encore du fer, et ils soufflent tout simplement le sable que contient encore la poudre d’or. Parfois certains collecteurs descendent jusqu’au lieu de travail pour acheter de l’or. Sur place, le prix de l’or est à bon marché par rapport à la ville. On remarque que le prix de l’or en « centime »50 est inférieur au prix de l’or en « gramme », parce que, l’or en « centime » n’est pas tout à fait propre (il contient encore du sable, du fer,…), tandis que l’or en « gramme », sa propreté est plus sûre. Chaque jour, un orpailleur peut avoir au moins 10 centimes de poudre d’or.

Photo 27 : Poudre d’or (cliché de l’auteur).

50 Centime= Une sorte d’unité de poids. Elle sert à peser la poudre d’or qui n’est pas tout à fait propre. 76

Les collecteurs de la région de Maevatanana utilisent deux sortes de balances : - La balance Roberval ou balance simple, fabriquée en aluminium par les Malgaches - La balance électronique ou balance moderne.

Photo 28 : Balance Roberval (cliché de l’auteur).

Photo 29 : Balance Roberval et les poids utilisés (cliché de l’auteur). . 77

Photo 30 : Balances électroniques (cliché de l’auteur).

Photo 31 : Balance électronique (cliché de l’auteur).

78

Quand les collecteurs arrivent à stocker plusieurs grammes d’or, ils vont à Mahajanga ou à Antananarivo pour revendre leurs produits à des gens riches ou à des étrangers qui peuvent les acheter. Certains vont créer un atelier de joaillerie, pour que l’or soit utilisé et mélangé à d’autres métaux. NB :Wikipedia. org, rapporte : « Par rapport à la plupart des autres marchandises, la particularité du marché de l’or est que les stocks de cette matière inaltérable accumulée au fil de l’histoire chez les particuliers et différents organismes (banques centrales…), sont estimés à environ 50 fois la production annuelle mondiale. L’or est côté, sous forme physique, à la bourse de Londres et, sous forme de contrats à terme, à New York. Les cours mondiaux sont fixés en dollars américains par once d’or. En dehors de ces marchés organisés, qui traitent des grosses quantités, il existe des entreprises de négoce de l’or et de métaux précieux ouvertes aux particuliers et aux divers transformateurs et utilisateurs. Les cours sont particulièrement fluctuants et soumis à divers facteurs : évolution des stocks d’or des banques centrales, demandes d’orfèvrerie, notamment en Inde, aux Etats-Unis et en Chine, demande industrielle (électricité, électronique…), coûts et volumes de production, état des réserves minières, valeur refuge, ou achats et ventes spéculatives en fonction des incertitudes monétaires. Une partie du marché est opaque, en raison d’un orpaillage illégal qui s’est fortement développé à la fin du XX ème siècle en Amérique du sud »51 . « Jusqu’en 1968, le cours de l’or est resté fixé à 35S l’once (=31,1g) à la suite des accords de Bretton Woods. Ce prix s’est maintenu jusqu’en 1971. Mais à partir des dévaluations du dollar et de la liberté accordée aux citoyens, dans plusieurs pays, de détenir de l’or, les prix se sont mis alors à fluctuer, atteignant un niveau record de 850$/once en janvier 1980 pour décroître en 1981 et 1982 et se stabiliser ces temps derniers entre 300 et 350$ »52 . Et Wikipedia. org continue : « Malgré les différentes tentatives faites par des Etats pour décourager la thésaurisation de l’or, et son absence de rendement par rapport aux autres formes de placements, l’or a conservé son rôle de réserve de précaution. Après une longue période de dépréciation, le prix de l’or en lingot ou en pièce n’a cessé de remonter. Le cours du

51 Google, htts://WWW.Wikipedia.org/Wiki/Or 52 Service de GéologieAmpandrianomby-Antananarivo 79

lingot d’or à Paris a doublé entre janvier 1999 et septembre 2007 (de 8 017€ à 16 224€ environ –source : Banque de France). Il a très fortement augmenté au début de l’année 2008 avant de se replier quelque peu. Il est à nouveau au plus haut. Par exemple, le 4 mars, le kilogramme d’or était côté 23 230,00€ à l’achat et 23 530,00€ à la vente »53 .

c) L’importance de l’or 54 L’or est néanmoins resté à titre de précaution dans les réserves des principales banques centrales. La plus grande réserve mondiale d’or monétaire se trouve aux Etats- Unis, il s’agit de la réserve fédérale de New York (Federal Reserve Bank of New York), pourtant moins célèbre que celle de Fort Knox, dans le Kentucky. En 1995, les réserves d’or dans les banques du monde entier se montaient à environ 910 millions d’onces ce qui représente un cube proche de 12 mètres d’arête. L’or conserve un rôle économique qui n’est pas négligeable. Il est côté dans les principales bourses occidentales, New York, Londres, Tokyo. Les transactions qui s’opèrent sur cette valeur, notamment en temps de crise, sont considérées comme un baromètre économique important. L’or conserve, en outre, ses fonctions artistiques dans les médailles, les bijoux, la dorure, tout en développant un rôle technique dans de nombreuses productions, notamment les produits électroniques. Son pouvoir symbolique reste fort. Les sports modernes, utilisent l’or comme récompense suprême lors des différentes compétitions : médailles d’or aux jeux olympiques, ballons d’or en football, …

 L’or de joaillerie, c'est-à-dire mélangé à un ou plusieurs autres métaux pour augmenter sa rigidité, peut présenter des teintes blanches (or blanc) ou rouges (or rouge) selon le type d’alliage qui le constitue (argent, cuivre). Le standard des proportions varie d’un pays à l’autre, le Etats-Unis ou la Grèce utilisant l’or dit « à 14 carats », contenant 585/1 000 d’or. En France, « lorsqu’il s’agit de produits contenant de l’or, du platine, de l’argent ou du palladium, l’indication du prix doit être accompagnée de l’indication du métal précieux utilisé et de son titre exprimé en millièmes ; précédemment, une distinction était faite entre « or » (18 carats (750/1 000) ou plus) et « alliage d’or » (moins de 18 carats (750/1 000).

53 Google, htts://WWW.Wikipedia.org/Wiki/Or 54 Google, htts://WWW.Wikipedia.org/Wiki/Or 80

- Pour de l’or 18 carats : •L’or jaune est en principe constitué de 75% d’or, de 12,5% d’argent et de 12,5% de cuivre ; • L’or rose est normalement composé de 75% d’or, de 20% de cuivre et de 5% d’argent ; • L’or gris comporte habituellement 75% d’or, de l’argent, du cuivre et parfois du palladium ; • L’or blanc de joaillerie est un terme souvent utilisé pour parler de l’or gris. L’or blanc est donc recouvert d’une fine couche de rhodium (or « rhodié »), qui disparaît avec le temps, redonnant une couleur gris-jaune à l’or ; • L’or bleu est un alliage d’or et de fer. Un traitement thermique oxyde les molécules de fer à la surface du métal et lui donne sa couleur azur ; Pour la dorure à la feuille, l’alliage doit rester le plus mou possible. Quelques exemples de compositions : • L’or jaune est composé de 980 pour mille d’or, de 10 pour mille d’argent et de 10% de cuivre. Il peut être « pur » ; • L’or rouge est composé de 945 pour mille d’or et de 55 pour mille de cuivre ; • L’or ½ jaune est composé de 915 pour mille d’or, de 60 pour mille d’argent et de 25 pour mille de cuivre ; • L’or citron est composé de 945 pour mille d’or et de 55 pour mille d’argent ; • L’or gris est composé de 750 pour mille d’or, de 150 pour mille de palladium et de 100 pour mille d’argent ; • L’or blanc français est composé de 200 pour mille d’or et de 800 pour mille d’argent ; ailleurs en Europe, il est à 500 pour mille, allié à 500 pour mille d’argent.

 L’or « pur » se déforme facilement à froid, par martelage ou par étirement, il se cisèle aisément. Il a de ce fait été utilisé très tôt pour fabriquer des bijoux et ornements, ou sous forme de fines feuilles pour « plaquer » des objets. − Une grande majorité de l’or ainsi disponible (environ 68% selon la même source) est employée dans l’orfèvrerie et la bijouterie. Un peu moins de 20% sert à la production de pièces et de lingots, qui sont achetés par les banques en compensation des émissions de monnaie et par les particuliers (tout particulièrement en Inde où cette 81 forme de placement est privilégiée). Enfin, environ 14% sert dans différents domaines industriels : dentisterie, électronique. − L’or est principalement utilisé par la bijouterie (environ 70% de l’or dans le monde en 1990). L’or « pur » a été utilisé dans certains bijoux asiatiques, qui ont donc la particularité d’être déformables (ce qui oblige à se limiter à des formes simples : bracelets en torsades, par exemple). L’or pur reste cependant peu utilisé en bijouterie ; afin d’obtenir une meilleure tenue mécanique ainsi que des couleurs originales, il est allié par exemple à l’argent et au cuivre (or jaune, or rose), au cuivre (or rouge), à l’argent (or vert).

 En orfèvrerie, l’argent recouvert d’or s’appelle le « vermeil ». −L’or est ainsi utilisé pour créer des bijoux, des médailles, des objets de luxe (montre, stylo). −Il peut également être utilisé sous forme de feuilles pour dorer les boiseries, les livres, les ferronneries par un procédé de dorure ; ainsi que les bonbons en chocolat en Occident et les gâteaux en Inde.

− Le pourcentage d’or dans le métal s’appelle le « titre ». Depuis très longtemps, il peut faire l’objet d’une garantie (de l’Etat actuellement) grâce à un poinçon qui indique le titre de l’alliage utilisé. Les orfèvres l’évaluent grossièrement grâce à la pierre de touche.

− L’or est également utilisé allié avec du fer dans des thermocouples pour la mesure de températures inférieures à la température ambiante. L’or a été – et reste, pour qui accepte de faire face à la dépense – un substitut nettement supérieur aux amalgames pour les occlusions dentaires, mais demande l’emploi d’une technique différente des classiques « plombages ». En médecine, certains dérivés organiques de l’or, dits « sels d’or » ont été parfois utilisés dans le traitement de certaines affections en rhumatologie (chrysothérapie) : • auranofine (Ridaura) • aurothiomalate sodique • aurothiosulfate sodique • aurothioglucose • aurothioprol. 82

La feuille d’or ou d’argent à été utilisée comme enrobage des pilules, notamment les plus amères.

d) Les voies commerciales de l’or Quand on parle des voies commerciales, la région Betsiboka dont Maevatanana est la capitale, est composée de plusieurs communes rurales qui sont mal reliées entre elles. La ville de Maevatanana qui se situe sur la route nationale n°4 (RN4) reliant Antananarivo et Mahajanga, se caractérise par l’importance du commerce de l’or. Sa liaison avec les grands points de vente de l’or (Antananarivo ou Mahajanga) ne pose aucun problème. Ce qui freine le développement régional, c’est le mauvais état des routes car plusieurs communes rurales sont aujourd’hui encore enclavées. Cette situation touche également le commerce de l’or au niveau régional et même national.

e) L’or dans les échanges de Maevatanana Les exportations L’or est le principal produit d’exportation de la région de Maevatanàna. Elle exporte aussi toutes sortes de différents minerais qui y existent comme les quartz, les, l’uranium, l’or surtout, … . A part les minerais, Maevatanàna est riche aussi en produits agricoles, poissons, … mais elle n’a pas besoin d’exporter des produits ou des marchandises que l’on trouve dans d’autres régions. Les importations A l’époque des Arabes à Maevatanana, le troc existait. L’or était échangé contre de la nourriture, les denrées de consommation locale (le riz, le sel, l’huile, …). Il s’échangeait aussi contre des outils en fer comme les matériaux de travail (couteaux, marteaux, scies, barre à mine, tamis en fer,…). Après le départ des Arabes, des populations d’origines diverses sont venues s’installer dans la région. Le troc existe toujours. Cependant l’or peut s’échanger contre du bétail (bœufs, moutons, …) venant de l’ouest et du nord de Madagascar. Pour tous ces échanges, il est très difficile d’en fixer la valeur en raison de la fluctuation de leurs coûts dans l’espace et le temps. Certains habitants de la région disent qu’à cette époque, on échangeait 1g d’or contre 1 à 3 bœuf(s). 83

L’or, dit-on, était pesé à l’intérieur des maisons avec une balance faite de deux plateaux en disques d’aluminium taillé. Trois ficelles d’égale longueur d’une vingtaine de centimètres chacune passent par des trous faits sur les bords de chaque plateau et se rejoignent à une extrémité d’un bâtonnet un peu long lui aussi d’environ 20 cm. Au milieu de ce bâtonnet, une autre ficelle attachée laisse un anneau dans lequel on peut passer le doigt permettant ainsi de saisir et de tenir élevée la balance pendant les opérations de pesage. « Alors, quand on parle d’or dans le monde, l’or est échangé sur le marché des métaux précieux, principalement sur les places de New York, Londres, Zurich et Hong- Kong. Il est côté en once (1 once = 31,1034768g) et en dollars américains. Au début 2004, le cours d’or s’élevait à environ 400$ (300€, soit environ 10€ le gramme) contre 300$ en 2001, 600$ en 2005. La crise monétaire et bancaire qui s’étend depuis Septembre 2007 n’a fait qu’accélérer le mouvement. L’once frôlera les 1 000 dollars l’once (plus de 20€ le gramme) au début de l’année 2008 et à nouveau au début de l’année 2009. Les énormes plans de relance laissent craindre une inflation dévastatrice en même temps que les placements à rendement sont devenus extrêmement dangereux »55 .

f) La thésaurisation de l’or 56 A l’origine de la thésaurisation, il y a davantage le besoin de prévenir des besoins futurs que de montrer quotidiennement les trésors entassés. On semble craindre à tout moment un cataclysme, une grande famine, qui obligerait à recourir l’or pour la survie de la famille. On conservait enfin l’or pour des besoins sociologiques, pour régler les nombreuses questions de la dot lorsqu’un homme de la famille prenait femme. L’or thésaurisé était un patrimoine familial, placé sous la garde du chef de famille. Lui seul avait le droit d’en prélever une partie pour la vente. L’or thésaurisé est conservé dans des chiffons qui sont ensuite déposés au fond des greniers. Il arrivait aussi que, placé dans une poterie, le trésor soit enfoui dans le sol dans une cachette uniquement connue de la grande famille. Si le chef de famille mourait sans transmettre le secret, le trésor était perdu.

55 Google, htts://WWW.Wikipedia.org/Wiki/Or 56 KIETHEGA J.B, 1983, « L’or de la Volta noire ». 84

II/ L’or dans la société L’or est considéré comme la racine de toute richesse. Aucun animal, aucun objet ne peut avoir le pas sur la moindre parcelle d’or. Aussi celui-ci ne s’ajoute-t-il pas à d’autres richesses ; ce sont ces dernières qui viennent s’ajouter à lui. Avant, lorsqu’on trouvait de l’or, on envoyait un émissaire pour prévenir les membres de la famille qui sont restés à la maison, c'est-à-dire que dans la plupart des cas, ce sont des personnes généralement apparentées qui formaient des groupes pour travailler l’or. D’une part, l’or impose des interdits dans la société. Quand on voit des traces d’or sur un lieu sacré, normalement, il faut faire des cérémonies rituelles pour éliminer les mauvais esprits et pour pouvoir travailler sur cet endroit après (Par exemple : tuer un zébu,..). A part cela, il y a aussi d’autres interdits concernant l’or comme : seul le chef de famille peut vendre l’or en cas de problèmes. S’il n’y a plus d’argent ou de nourriture, il faut demander au chef de famille de vendre une part d’or pour nourrir la famille et avoir un peu plus d’argent. Sinon, la personne qui ne respecte pas cette loi doit être punie et exclue de la famille. D’autre part, la vie de la plupart des orpailleurs à Maevatanàna dépend de cette exploitation de l’or. Par contre, ils gaspillent facilement l’argent obtenu par ce travail. Lorsqu’ils ont de l’argent, ils entrent directement dans un bar pour boire de l’alcool. Et ils ne s’arrêtent pas tant qu’il y en a encore dans leur poche. C’est pour cela qu’il existe plusieurs bars dans la ville de Maevatanàna. Ces débits de boissons sont des lieux de loisir pour les orpailleurs. Ils les fréquentent car cette ville n’a d’autres distractions que les bars. Le niveau de l’éducation est encore faible dans cette région. Mais actuellement, cela change petit à petit, car on voit des écoles et des terrains de sport qui surgissent partout dans la ville et aussi dans certaines communes de la région. Si l’Inde est le pays qui consomme et détient le plus d’or dans le monde, on remarque aussi que, ce sont les Sakalava du nord, du nord ouest et de l’ouest qui consomment le plus d’or dans toutes les régions de Madagascar. Pendant nos enquêtes, certains Sakalava disaient que chez eux, l’homme qui n’a pas de bijoux en or est un homme qui n’a pas de valeur sociale. Alors, il doit avoir au moins deux sortes de bijoux : une bague, un collier. Et pour les femmes, les bijoux en or les rendent plus belles. Alors, elles doivent avoir au moins trois sortes de bijoux : une bague, un collier, des boucles d’oreilles, …. Une femme peut en avoir plusieurs, mais cela dépend de sa richesse et de son envie. Elle porte tous ces bijoux surtout au moment de cérémonies ou 85

de fêtes comme un mariage, le nouvel an, la fête de l’indépendance (le 26 juin). Elle montre aux gens et à ses amies qu’elle est riche, et qu’elle peut avoir toutes sortes de bijoux en or qu’elle veut. Normalement, les gens changent de style de bijoux à chaque cérémonie ou à chaque fête. Par exemple : Le jour du mariage coutumier, il y avait un moment dit « sarogno »57 . Pendant ce temps, les sœurs du jeune homme doivent montrer à tout le monde et donner à la jeune fille de nouveaux matériels de maison. Et surtout elles devaient habiller cette jeune fille avec des vêtements neufs et lui mettre des bijoux en or. La présence d’or pendant le « sarogno » représente un signe de richesse pour la famille du jeune homme. Si l’or n’apparaît pas, cela veut dire que la famille de ce dernier est pauvre. Les Sakalava aiment aussi les dents en or. Lorsqu’ils veulent soigner leurs dents chez les dentistes, ils préfèrent mettre des prothèses en or que des dents en os, surtout pour les dents de devant (les incisives et les canines). On ne sait pas pourquoi mais les Sakalava aiment la couleur dorée. Et ça se voit dans la manière dont ils s’habillent, ils préfèrent acheter des tissus très clairs plutôt que des tissus sombres.

On remarque que la production d’or à Madagascar parfois augmente, mais parfois diminue : surtout depuis 1947, cette production ne cesse pas de diminuer jusqu’en 1983. Cette diminution s’explique par différentes causes et surtout par la baisse du prix de l’or après la deuxième guerre mondiale. Nous signalons aussi que les chiffres de la production d’or que nous avons obtenus sont insuffisants pour connaître les poids de la production d’or à Maevatanana. Et les étudiants chercheurs qui veulent continuer cette recherche doivent trouver toutes les preuves que nous n’avons pas actuellement. Cette région est riche en or et il est de bonne qualité. C’est pourquoi les étrangers y viennent pour acheter uniquement de l’or. A part la route nationale RN4, les routes communales de cette région sont encore mauvaises et il faut les réhabiliter. Mais les exploitants et les collecteurs doivent payer des impôts pour que le travail soit légal. Dans la société, il est bien de thésauriser l’or, mais il faut renouveler le règlement dans la famille pour éviter la disparition de la richesse avec la mort du chef de famille.

57 Cela vient du vocabulaire tsimihety, qui définie l’ensemble des matériels de maison, des bijoux, des vêtements neufs que l’on donne à la jeune mariée pendant le mariage traditionnel. 86

Conclusion

En guise de conclusion, BESAIRIE Henri nous dit que : « mis à part les gisements filoniens de l’Andavakoera, tous les autres gisements primaires de l’île sont métamorphiques en inclusions disséminées ou en veines discontinus et irrégulières, interstratifiées dans les schistes cristallins. La latérisation entraîne une concentration de l’or et les gîtes sont facilement exploitables. » D’après Grandidier, la première découverte authentique de l’or aurait été faite en 1845 par Jean LABORDE au cours de grandes chasses dans le Manerinerina, mais Ranavalona I ère (reine de 1828 à 1861) a ordonné qu’elle soit gardée secrète. Ranavalona II aussi (reine de 1868 à 1883) punissait de 20 ans de fer ceux qui se livraient à l’extraction du métal précieux. Ce n’est qu’en 1883, que Ranavalona III a autorisé les premières exploitations gouvernementales, et la première concession fut attribuée à Maevatanàna. A partir de cette date, ce sont les étrangers, surtout les Français, qui y étaient dominants. Ils étaient à la fois des exploitants des mines et aussi des colonisateurs. Pendant leur séjour à Maevatanàna, ils ont trouvé plusieurs sortes de minerais, surtout de l’or. Et après, ils ont quitté la région avec des matériaux et des tonnes de minerais. Après le départ des Français, ce sont les Arabes qui se sont installés dans la région. Les orpailleurs malgaches attendaient beaucoup de choses et une vie meilleure avec les Arabes. La différence entre ces derniers et les Français, c’est que ces derniers fournissaient de la nourriture et des matériels aux orpailleurs. On peut dire qu’ils aidaient les Malgaches à travailler. De ce fait, les Arabes n’ont pas vraiment colonisé la région, mais exploitaient la richesse qui s’y trouvait, surtout l’or, mais de façon indirecte. Ils pratiquaient alors le troc et les collectes d’or. Et après quelques années, les Arabes ont quitté la région avec des tonnes d’or. Mais pendant leur séjour à Maevatanana, ils ont fréquenté des femmes malgaches. Alors, ce n’est pas étonnant si la population de la région est fortement mélangée. Après la présence arabe, bon nombre de populations malgaches se sont installées à Maevatanana et ont pratiqué différents travaux, comme l’exploitation des mines, différentes cultures, la pêche en eau douce. On remarque que dans l’exploitation des mines, Maevatanana est riche en uranium. C’est pourquoi cette région a toujours une température très élevée par rapport 87 aux autres pendant toute la saison chaude, affirment certains collecteurs. Lors de l’arrivée des exploitants de minerais souterrains, il y avait des militaires étrangers (allemands, sénégalais,…) qui travaillaient à l’Est de Maevatanana. Ils exploitaient toutes sortes de minerais surtout l’uranium. Ils disaient qu’il faisait très chaud en bas. La radioactivité qui faisait vivre tous les êtres sur terre pendant la nuit. Même les appareils solaires marchaient toujours pendant la nuit. Après le départ des Arabes, les Malgaches vivaient à leur façon. Certains sont des collecteurs d’or, des orpailleurs tout simplement et, il y a aussi des gens qui sont à la fois des orpailleurs et des cultivateurs. Donc, à Madagascar, de 1890 à 1895, la production annuelle d’or semble ne pas avoir dépassé 200kg. De 1897 à 1959, la production annuelle semble-t-il, est de 51 tonnes d’or, mais c’est entre 1904 et 1915 qu’elle a été la plus forte, avec plus de 2 tonnes annuelles grâce à l’apport d’Andavakoera qui se manifeste surtout de 1907 à 1910 avec une production qui dépasse les 3 tonnes annuelles. De 1919 à 1945, la production annuelle oscille entre 200kg et 500kg. Mais à partir de 1947, on constate un déclin rapide pour aboutir aux 25kg de 1958. Selon BESAIRIE Henri, ces diminutions s’expliquent « par le départ de la main d’œuvre vers l’exploitation du graphite et la culture de café dès la première guerre, et la baisse du prix de l’or après la deuxième guerre ». De cette quantité d’or, on ne sait pas vraiment combien de kilogrammes venaient de la région de Maevatanana. Alors, la seule chose qu’on peut savoir, c’est que cette région produit environ 500kg d’or provenant de Ranomandry en 1928. Et à la même date, Tainangidina produisait à peu près 4 000kg d’or. BESAIRIE conclut aussi : « Vers la fin des années 1960, Madagascar ne peut envisager de se classer parmi les pays où la production aurifère est susceptible de jouer un rôle économique notable ».Mais la plupart des documents sur l’or et les données apportées par les missions de terrain de 1984 nous amènent à considérer qu’il existe encore des possibilités d’exploiter l’or à Madagascar, autrement que par l’orpaillage traditionnel. Si l’on considère empiriquement, d’une part les productions déclarées au cours du premier tiers du XX ème siècle et, d’autre part, les teneurs obtenues en roche sur les gîtes primaires, les zones aurifères qui apparaissent les plus prometteuses sont, par ordre d’importance : Betsiaka – Andavakoera (7 285 kg) ; Vohilava (8 580 88 kg) ;Beforona(6 546 kg), Betsiriry (2 623 kg), Maevatanàna (6 733 kg) ; Région centrale : Ambositra–Antananarivo (1 489 kg), Itasy (1 097 kg).

Alors, pour avoir des résultats satisfaisants, les recherches de réserves exploitables ne devront pas se limiter aux sites connus et sélectionnés, mais porter également sur les facteurs géologiques qui contrôlent les minéralisations et qui, une fois connus, peuvent conduire à la découverte de gisements nouveaux, affleurant ou cachés. On remarque qu’après le départ des étrangers, on ne trouve aucune société d’exploitation minière à Maevatanàna. Mais les orpailleurs continuent toujours le travail avec des matériels qui sont encore rudimentaires. Les techniques et les méthodes de production sont encore rudimentaires, donc il faut les revaloriser. Actuellement, il existe une nouvelle société d’exploitation chinoise qui est apparue il y a deux ans. Cette entreprise fait donc l’exploitation minière et la collecte. Jusqu’ici, nous ne pouvons pas donner plus de détails à propos de cette nouvelle société, car nous manquons de renseignements concernant celle-ci. Mais nous espérons que cette nouvelle entreprise apportera un grand changement dans les activités d’orpaillage. Malgré tout ce qui vient d’être dit, la faiblesse ou l’absence d’industrialisation est généralement considérée comme l’une des caractéristiques des économies sous – développées. Cette déficience est particulièrement marquée à Madagascar et dans le domaine de l’industrie minière.

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BIBLIOGRAPHIE

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PERSONNES INTERVIEWEES

Noms et Prénoms Age Sexe Lieu Fonction

RAZAFINDRAIBE 50ans Masculin Ville de Collecteurd’or Brillant d’Argent Maevatanàna (Radanzy)

Lalah 45 ans Masculin Andranomangatsiaka Orpailleur

Randrianasolo Eugène 55ans Masculin Commune Orpailleur Beratsimanina

TSIORIMBOLANIAINA 55ans Masculin Ville de Président de Johnny Maevatanàna l’ACOM (Association des Collecteurs d’or à Maevatanàna)

Rufin 50 ans Masculin Ville de Service des Maevatanàna Contributions

Rakoto 54 ans Masculin Commune Orpailleur Antanimbary

Ikotovao 58 ans Masculin Commune Orpailleur Antsiafabositra

Jeannot 43 ans Masculin Ville de Collecteur d’or Maevatanàna

Rôzy 50 ans Féminin Commune Orpailleuse Antanimbary

Sahondra 45 ans Féminin Commune Orpailleuse Antanimbary

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Glossaire

Or = métal précieux jaune, brillant Endroit aurifère = endroit à traces d’or Eluvions : l’érosion désagrège les roches superficielles, libérant l’or qu’elles contiennent. Cet or ne reste pas en place mais descend jusqu’au niveau de la roche altérée. On obtient des éluvions. Alluvions : l’ensemble des roches désagrégées et l’or qu’elles contiennent forme des dépôts au fond de la rivière donnant des alluvions. Gisement aurifère = masse d’or Tranchées = excavation en longueur dans le sol de mine Filon = masse allongée d’or dans le sol Quart aurifère = quartz contenant de l’or Interstratification = couches qui se superposent Carrière d’or = lieu d’où l’on extrait de l’or Galerie de mine = passage souterrain pour l’extraction du minerai Orpaillage = travail d’extraction d’or Prospection = étude de sol pour rechercher les richesses minières Pioche = outil formé d’un fer, muni d’un manche, et servant à creuser la terre et à défoncer Fonçage d’un puits = creusement d’un puits miniers Sondage du sol = manière de déterminer la profondeur du sol et arracher un échantillon du terrain traversé Carrière stérile = endroit où l’or n’existe pas Déblais = des terres stériles abandonnées au bord du puits Encoches = petites entailles qui permettent tous déplacements ultérieurs entre le fond et l’extérieur du puits Terre débitée = portion de terre obtenue Cuirasse latéritique = concrétion épaisse et très dure qui se forme dans des sols des régions tropicales sèches Tamis = instrument qui sert à trier ou à séparer les éléments du mélange « Zana-tsivana » = une petite assiette dans laquelle on verse la poudre noire avec des reflets jaunes « Grain de sable » = l’or qui vient des alluvions et éluvions 94

« Volamena vato » = l’or qui vient des filons dans lesquels existent surtout des roches quartzeuses « Pupitre » = l’or qui vient des veines filoniennes « Vadin-tsivana » = des femmes qui travaillent uniquement pour le lavage des terres La joaillerie = art de monter les pierres précieuses pour faire des joyaux Les carats = on les utilise pour exprimer la qualité d’or « 5-9 » ≈ 99,99% pur = c’est le degré de pureté d’or. La monnaie royale canadienne est le seul établissement au monde capable de produire de l’or « 5-9 ». Orfèvrerie = fabrication d’objets en métaux précieux. Thésauriser l’or = amasser de l’or pour le garder Dorer = revêtir quelque chose d’une couche d’or La dorure = une mince couche d’or appliquée à un objet

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LISTES DES CARTES, DES TABLEAUX ET DES PHOTOS

CARTES Carte n° 1 : Carte géologique de la région Betsiboka……………………………… 10 Carte n° 2 : Carte géologique du district de Maevatanàna………………………… 11 Carte n°3 : Les principales régions aurifères de Madagascar……………………… 18 Carte n° 4 : Carte des indices miniers du district de Maevatanàna………………… 26

TABLEAUX Tableau n°1 : Nombre de population du district de Maevatanàna à partir de 2008………………………………………………………………………………… 24 Tableau n° 2 : Réserves et production mondiale d’or en 1983…………………… 60 Tableau n° 3 : Réserves des banques centrales……………………………………… 62 Tableau n° 4 : La production d’or de 1897 à 1963………………………………… 63 Tableau n° 5 : La production d’or de 1964 à 1983………………………………… 64 Tableau n° 6 : Résultats d’analyses de laboratoire (quartz)……………………….. 67 Tableau n° 7 : Résultats des essais industriels (broyage et amalgamation)………… 68 Tableau n° 8 : Les 7 filons de Tainangidina………………………………………… 69 Tableau n° 9 : Teneurs des quarts du Tainangidina………………………………… 69 Tableau n° 10 : Le cubage des filons de Tainangidina…………………………….. 70 Tableau n° 11 : Exemples des carats qui correspondent au pourcentage massique d’or compris dans le métal…………………………………………………...... 74 Tableau n° 12 : Personnes interviewées…………………………………………… 92

PHOTOS

Photo n° 1 : Schéma d’une formation éluvionnaire………………………………… 15

Photo n° 2 : Schéma d’une formation alluvionnaire………………………………… 15

Photo n° 3 : Or visible dans MISPICKEL (photo prise dans le musée de la géologie d’Ampandrianomby à Antananarivo)……………………………………………… 20

Photos n° 4 et 5 : Sites aurifères d’Anandronjia…………………………………… 28

Photo n° 6 : Site aurifère de Belambo……………………………………………… 29

Photo n° 7 : Site aurifère de Belambo……………………………………………… 30 96

Photo n° 8 : Ancienne usine de l’exploitation d’or à Maevatanàna depuis XIX ème Siècle………………………………………………………………………………… 31

Photo n° 9 : Lieu d’exploitation minière…………………………………………… 37

Photo n° 10 : Orpailleur se servant d’une barre à mine …………………………… 38

Photo n° 11 : Puits d’exploitation minière………………………………………… 41

Photo n° 12 : Or dans quartz (photo prise dans le musée de la géologie d’Ampandrianomby à Antananarivo)…………………………………………… 43

Photo n° 13 : Quartz à traces d’or visible………………………………………… 43

Photo n° 14 : Or visible dans quartz (photo prise dans le musée de la géologie d’Ampandrianomby à Antananarivo)……………………………………………… 44

Photo n° 15 : Sulfure de bismuth dans quartz avec or (photo prise dans le musée de la géologie d’Ampandrianomby à Antananarivo)…………………………………… 44

Photo n° 16 : Un tamis en métal…………………………………………………… 48

Photo n° 17 : Laveur de minerai enlevant les gros et les petits cailloux du tamis… 48

Photos n° 18 et 19 : Laveur de minerai exécutant une série de mouvements oscillatoires………………………………………………………………………… 49

Photos n° 20 et 21 : Fine poudre noire appelé « jihi – mainty »…………………… 50

Photos n° 22 et 23 : « Zana – tsivana », petite assiette où l’on verse la poudre noire………………………………………………………………………………… 51

Photo n° 24 : Terre transportée par les orpailleurs………………………………… 54

Photo n° 25 : Femme assurant le gardiennage des terres transportées au point de lavage……………………………………………………………………………… 55

Photo n° 26 : Enfant qui va faire le lavage de terre dans son propre tamis………… 55

Photo n° 27 : Poudre d’or……………………………………………………………. 75

Photo n° 28 : Balance Roberval…………………………………………………… 76

Photo n° 29 : Balance Roberval et les poids utilisés……………………………… 76

Photo n° 30 : Balances électroniques……………………………………………… 77

Photo n° 31 : Balance électronique………………………………………………… 77 97

TABLE DES MATIERES

−REMERCIEMENTS ………………………………………………………. 1 −INTRODUCTION ………………………………………………………… 3 1 – Choix du sujet…………………………………………………………… 3 2 – Objet de l’étude………………………………………………………… 3 3 – Méthodologie…………………………………………………………… 4 3-1/ Les sources écrites…………………………………………………… 4 3-2/ Les témoignages…………………………………………………….. 5 3-3/ L’archéologie………………………………………………………… 5 4 – Limites du travail……………………………………………………… 6

Première Partie Maevatanana, région productrice d’or CHAPITRE I : LES CONDITIONS GEOLOGIQUES DE LA PRESENCE DE L’OR A MAEVATANANA…………………………………………….. 8 I/ GENERALITES…………………………………………………………… 8 I-1/ Définition………………………………………………………………… 8 I-2/ Historique………………………………………………………………… 9 II/ LA STRUCTURE GEOLOGIQUE DE MAEVATANANA ………… 10 II-1/ Carte géologique de la région Betsiboka………………………………… 10 II-2/ Carte géologique du district de Maevatanàna…………………………… 11 III/ L’ORIGINE DE L’OR A MAEVATANANA ………………………… 14 III-1/ Les différents types de gîtes aurifères connus à Maevatanàna………… 16 III-2/ Les principales régions aurifères de Madagascar……………………… 18 IV/ LES TYPES DE GISEMENTS ………………………………………… 20 IV-1/ La répartition…………………………………………………………… 20 IV-2/ Quelques exemples de gisements……………………………………… 20 CHAPITRE II : LES CONDITIONS HISTORIQUES ET HUMAINES DE LA PRODUCTION D’OR A MAEVATANANA……………………………22 I/ L’INSUFFISANCE DE CONNAISSANCE DU PAYS A TRAVERS DES SOURCES ECRITES ………………………………………………………. 22 98

I-1/ Les sources écrites malgaches concernant l’or de Maevatanàna……… 22 I-2/Les sources écrites franco-malgaches concernant l’or de Maevatanàna… 22 I-3/ Les sources écrites arabes concernant l’or de Maevatanàna……………… 23 I-4/ La nouvelle génération de la population de Maevatanàna……………… 23 II/ L’INFORMATION ARCHEOLOGIQUE ……………………………. 26 II-1/ Les sites archéologiques de l’or………………………………………… 27 A/ Les sites des mines……………………………………………………… 27 a)Les sites d’Andronjia………………………………………………….. 27 b) Les sites de Belambo…………………………………………………… 29 c)Les sites de Betanimanga……………………………………………… 30 B/ Les sites de campements………………………………………………… 30

Deuxième Partie Les techniques traditionnelles de la production de l’or CHAPITRE III : LA PROSPECTION ET L’EXTRACTION DU MINERAI ………………………………………………………………………………… 33 I/ LA PROSPECTION ……………………………………………………… 33 I-1/ Recherche en surface ou en faible profondeur………………………… 33 I-2/ Recherche en profondeur………………………………………………… 34 I-3/ La prospection alluvionnaire et éluvionnaire…………………………… 35 I-4/ La prospection filonienne………………………………………………… 36 II/ L’EXTRACTION DU MINERAI ……………………………………… 39 II-1/ Fonçage d’un puits……………………………………………………… 39 a)Forme…………………………………………………………………… 40 b) Creusement et enlèvement des déblais………………………………… 40 c) Revêtement des parois…………………………………………………… 41 CHAPITRE IV : LE LAVAGE DU MINERAI……………………………. 47 I/ LE LAVAGE …………………………………………………………… 47 II/ L’ORGANISATION DU TRAVAIL ………………………………….. 53 III/ LES PROBLEMES GENERAUX ……………………………………… 56 V-1/ Problèmes de l’aération (hygiène et sécurité)…………………………… 56 V-2/ Les sinistres et les dangers de la mine…………………………………. 57 99

Troisième Partie L’or dans la vie socio-économique du district de Maevatanana CHAPITRE V : LA PRODUCTION D’OR ET SON EVOLUTION… 59 I/ LA PRODUCTION D’OR EN GENERAL ……………………………… 59 I-1/ La consommation d’or mondial………………………………………… 59 I-2/ La production mondiale………………………………………………… 59 II/ LA PRODUCTION D’OR A MADAGASCAR ……………………… 62 II-1/ Les statistiques de production…………………………………………… 62 II-2/ Les principales régions aurifères de Madagascar………………………… 65 III/ L’ABSENCE DE CHIFFRE ET LES ESTIMATIONS POSSIBLES DE LA PRODUCTION D’OR A MAEVATANANA ………………………… 66 CHAPITRE VI : L’OR DANS LA VIE ECONOMIQUE ET SOCIALE DE MAEVATANANA …………………………………………………………… 71 I/ L’OR DANS L’ECONOMIE ……………………………………………… 71 I-1/ Le commerce de l’or…………………………………………………….. 71 a)Les marchands…………………………………………………………… 71 b) Les marchés……………………………………………………………… 73 c) L’importance de l’or……………………………………………………… 79 d) Les voies commerciales de l’or…………………………………………… 82 e) L’or dans les échanges de Maevatanana………………………………… 82 f) La thésaurisation de l’or………………………………………………… 83 II/ L’OR DANS LA SOCIETE ……………………………………………… 84

−−− CONCLUSION ...... 86 −−− BIBLIOGRAPHIE ………………………………………………………. 89 −−− PERSONNES INTERVIEWEES ……………………………………… 92 −−− GLOSSAIRE ………………………………………………………………. 93 −−− LISTES DES CARTES, DES TABLEAUX ET DES PHOTOS ……. 95