Hébert Parle Échecs
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Hébert parle échecs Hébert parle échecs Pour recevoir HPE gratuitement ou Volume 5, no 17 pour accéder à la page d’archives Semaine du 13 août 2012 http://www.hebertparleechecs.com Le championnat zonal du Canada Sambuev dans une classe à part es championnats et zonaux canadiens 2012 saveur québécoise était au rendez-vous, ceux-ci se sont déroulé du 4 au 11 août dans les constituant un peu plus de la moitié des 36 parti- Llocaux du regroupement loisirs-Québec cipants. Une participation d’ailleurs un peu déce- au Stade olympique de Montréal. vante en elle-même puisqu’elle n’a surpassé celle des dernières éditions que d’une demi-douzaine On attendait davantage de cette édition que les 3 de joueurs, malgré des critères d’admissibilité ou 4 précédentes tenues en Ontario et organisées particulièrement souples et l’attrait d’une grande en catastrophe à la dernière minute. Cette fois-ci métropole comme Montréal. on s’y est pris d’avance, un an (!) mais malgré cela, ce championnat mal-aimé de la Fédération Les conditions de jeu dans les locaux des sous- canadienne n’a pas réussi à se démarquer du sols du stade Olympique étaient adéquates mais passé. Naturellement, quand on a adopte (un peu sans plus. Des salles climatisées et bien éclairées, par la force des choses) la même recette que ses mais typiques des sous-sols : sans fenêtre et prédécesseurs, on risque fort de présenter un plat plafonds bas. Des salles dénuées de cachet et de avec le même goût et les mêmes odeurs. Suivre panache que les amateurs montréalais connaissent les traces de ses prédécesseurs nous protège des fort bien puisqu’on y tient régulièrement toutes catastrophes mais écartent aussi tout grands suc- sortes de tournois mineurs. Mais diffi cile de blâ- cès basé sur l’audace et l’innovation. mer l’organisation pour ce choix quand ces salles sont disponibles gratuitement. Comme on dit, à On souhaiterait un championnat le plus relevé cheval donné on ne regarde pas la bride. Mais possible, mais on compte en même temps sur le pour un visiteur qui assiste pour la première fois grand nombre et les frais d’inscription des joueurs à un championnat national canadien (par surcroit pour fi nancer l’essentiel de l’opération. L’un et un tournoi zonal qui même à la World Cup et au l’autre se contredisent de sorte que cette situation championnat du monde) il y a de quoi être un éminemment «pratique» contribue à maintenir peu déçu devant ce modeste spectacle. Pourtant, une sorte de médiocre statu quo. L’autre problème plusieurs grandes affi ches présentait avec fi erté fondamental d’un championnat national «ouvert» le commanditaire SAP dont l’impact réel sur ce où les joueurs doivent fi nancer eux-mêmes toutes championnat demeure pour moi un mystère. La leurs dépenses (à une ou deux exceptions près bourse offerte cette fois-ci était similaire sinon selon le bon vouloir et le budget limité de l’organi- identique à celle offerte lors des trois derniers sateur), c’est qu’il favorise fortement la participa- zonaux, pourtant organisés à la dernière minute, tion locale. Peu de joueurs de l’extérieur peuvent sans commandite privée majeure! se permettre d’assumer 10 jours de vacances pour un tel tournoi, avec les dépenses de transport, D’ailleurs SAP, une multinationale allemande d’hébergement et de nourriture que cela implique. de logiciels de gestion destinés surtout aux ins- Peu importe où se tient le tournoi, on se retrouve titutions et aux entreprises, n’avait pas daigné forcément avec un championnat «national» à forte déléguer le moindre petit représentant, ne serait-ce saveur locale. Cette année, comme il se doit, la que pour présenter la compagnie et nous expliquer 149 Hébert parle échecs Goddesschess Une photo révélatrice (pour un oeil aver ) de la salle du tournoi. Des joueurs coude à coude, des boîtes de carton et de plas que «entreposées» sur une table, de grosses affi ches SAP mais pas d’affi che en évidence annonçant «championnat et zonal canadien 2012» Beaucoup de gens (surtout des travailleurs du monde du loisirs) sont passés devant ce e salle pendant les huit jours de la compé on sans savoir qu’ils avaient devant les yeux un championnat du Canada. Valait-il mieux qu’il en soit ainsi ? C’est une ques on à se poser. le lien très fort (?) qui l’unit aux échecs. Mais non , retour sur terre sera brutal. Même si offi ciellement rien de la sorte. Le même constat s’applique aussi la FQE n’avait rien à voir avec l’organisation de ce aux commanditaires du championnat ouvert du championnat canadien, le fait qu’il coincide avec Québec. Depuis trois ans on voit leurs affi ches, cette nouvelle «entente» FQE-FCE et qu’il profi te mais jamais le moindre représentant ne daigne d’un commanditaire «fantôme» tel que ceux du se pointer le bout du nez pour faire des relations championnat ouvert du Québec, indique que tout publiques normales. Je n’ai jamais vu rien de la est lié, directement ou indirectement. sorte ailleurs. Ce constat tend à démontrer que les commanditaires qui nous «appuient» depuis Mais cela dit, je ne voudrais surtout pas laisser le début du mandat de l’actuel président de la l’impression que nous, au Québec, avons démérité Fédération québécoise il y a trois ans, aussi pré- par rapport à l’organisation des championnats sident de Sobeys, un géant de l’alimentation au canadiens tenus en Ontario entre 2007 et 2011. Canada, le font bien davantage par opportunisme Les standards établis alors étaient minimaux et on que par intérêt pour les échecs. Ces «cadeaux» a pas eu de mal à faire aussi bien, avec quelques dont la Fédération québécoise profi te actuelle- petites améliorations, tel le buffet servi entre les ment, dépendent essentiellement du bon vouloir deux rondes du dimanche, ou les échiquiers et piè- d’un individu et de l’ascendant qu’il exerce sur ces en bois dont ont pu bénéfi cier les joueurs des les fournisseurs de sa compagnie parmi lesquels quatre premiers tables. Mais on aura deviné que il recrute nos bailleurs de fonds. Cette situation lorsqu’on décrit de menus détails du genre, on ne donne l’impression d’une fédération en bonne parle pas de méga-progrès marquants. Même que santé, mais en réalité aucun lien durable n’est en sur le plan de la diffusion des parties, une tâche train de se former entre les échecs et ces compa- minimale essentielle au 21 e siècle, on a éprouvé gnies dont on place les affi ches dans nos tournois. des ennuis importants, liés notamment (mais pas Quand le château de carte va s’écrouler, le choc du exclusivement) à l’utilisation du système Monroi, 150 Hébert parle échecs où les joueurs sont invités à «écrire» leurs coups ◪ Hébert - Sambuev sur leur enregistreur Monroi personnel. Zonal canadien 2012, 6e ronde XIIIIIIIIY Cette technologie qui n’a pas évolué depuis 9-+-+-+-+0 10 ans est devenue une sorte de dinosaure dont l’incapacité à évoluer annonce une extinction 9wq-+lvlk+-0 certaine à plus ou moins longue échéance. Mais 9r+p+p+p+0 en attendant, le dinosaure se balade et fait des 9+pzPpzP-zPp0 petits dégats. Les mêmes «bugs» et problèmes 9rvL-sNpzP-zP0 de conception qui l’affectent depuis le début sont toujours là. La transmission des coups est erratique 9zPR+-zP-+-0 et peu fi able ce qui frustre les spectateurs qui ten- 9-+Q+-+K+0 tent de suivre les parties sur internet et fait courir 9+-+R+-+-0O de grands risques à la récupération des parties. xiiiiiiiiy Quand le système «plante», il n’y a pas de feuilles Le jeu est presque totalement fermé mais Sambuev de notation écrites sur lesquelles se rabattre si les avec son dernier coup (39...Db8-a7) génére une deux joueurs utilisaient Monroi. Au moment où menace évidente que je manque complètement. Il j’écris ces lignes trois jours après la fi n du tournoi, veur relancer le débat en sacrifi ant la qualité pour beaucoup de parties ne sont toujours pas disponi- un pion en a3. bles et ce n’est pas acceptable. 40.Ce2? Quel coup absurde! Je songeais à Cc3 qui gagne- La tornade Sambuev rait la qualité mais sans me donner la moindre chance de gagner de toute façon! Je n’avais qu’à Heureusement, sur le plan de la compétition défendre a3 par 40.Dc3. Dans ce cas les Noirs n’ont échiquéenne, nous avons eu droit à toute une plus grand-chose à espérer. Ils pourront peut-être démonstration de la part du GM Sambuev, perfor- échanger le F/b4 par Fd8-a5, mais même en concé- mance qui aurait mérité une meilleure visibilité. dant la colonne “a”, les Blancs ne devraient avoir aucun problème à se défendre vu que les Noirs Toujours fi dèle à son style sans compromis, la jouent avec un fou de cases blanches totalement pression constante qu’il exerce sur ses adversaires inactif derrière ses pions. a été cette fois encore récompensée pleinement 40...Txa3! 41.Fxa3 Txa3 par un parcours quasiment sans faute. Huit vic- Maintenant toute la dynamique a changé. On a toires de suite avant de terminer par une nulle une position où les Blancs doivent se défendre de convention, alors que la première place était pour survivre. Diffi cile de s’adapter brusquement déjà assurée! Même le jeune Kovalyov, pourtant à un tel changement alors qu’on doit composer favori au départ par le Elo, a dû se contenter de avec 30 minutes et 30 secondes par coup pour jouer les seconds violons et d’une deuxième place terminer la partie.