Supplément à La Jaune et la Rouge numéro 727 - Août-septembre 2017 2017

SAMEDI 14 OCTOBRE 2017 • ÉCOLE POLYTECHNIQUE, PALAISEAU

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SAMEDI 14 OCTOBRE • LE GRAND MAGNAN 2017 2 SOMMAIRE

ÉDITORIAL

05Q Un attachement indéfectible par Bruno Angles (84)

ÉVÉNEMENT

07Q Plan du campus

08Q Déroulé de la journée du 14 octobre 2017 à l’École polytechnique, Palaiseau

10Q Salon du livre polytechnicien

LES X DANS LA GUERRE

12Q Éditorial – Louis Rossel (1862), 1844-1871 par Serge Delwasse (86)

14Q L’identité militaire, un atout fort de l’X par François Bouchet (86)

17Q Les X dans la guerre : huit portraits commentés par Christian Marbach (56)

21Q Sept mois dans les forces armées par Josephine Yates (2016), Inès Fernandez (2016), Lucas Delcros (2016),

Omar Attia (2016) et Alexis Bacot (2015)

26Q L’apport des X aux armées

par Antoine Burtin (2006)

28Q Polytechnicien et officier parachutiste par Adrien Chavanne (2007)

MAGNAN_p2-3_sommaire.indd 2 01/09/2017 11:06 30Q Les polytechniciens morts dans les guerres par Hubert Lévy-Lambert (53)

34Q Un X amiral au Musée : Ce supplément à La Jaune et la Rouge Amédée Courbet (1847) 1827-1885 numéro 727, d’août-septembre 2017 par Vincent Guigueno (88) a été piloté par Serge Delwasse (86), président de la Commission Grand Magnan, 36Q Hommage au maréchal Ferdinand Foch avec le concours d’Olivier Herz (79), extraits du discours prononcé par Paul Séjourné (1871) d’Yves Demay (77) et de la rédaction de la revue. 39Q André Gougenheim (X1920N), un ingénieur hydrographe juif pendant l’Occupation WWW.LEGRANDMAGNAN.ORG par Olivier Herz (79) PUBLICITÉ : FFE - revue-polytechnique.fr 42Q La Résistance ou l’appel du refus 15, rue des Sablons – 75116 Paris Tél. : 01 53 36 20 40 par Vianney Bollier (64) IMPRESSION : GROUPE MAURY IMPRIMEUR 44Q Enfin une liste des X COUVERTURE : Le Conscrit de 1814, par Corneille Theunissen. médaillés de la Résistance © BINET PHOTO - ÉCOLE POLYTECHNIQUE par Serge Delwasse (86) et Olivier Herz (79) AVEC LE CONCOURS DE :

46Q Les X dans la guerre secrète par Roger Y et Henri Z

48Q Les bataillons de la lutte contre la cyberdélinquance par Nicolas Duvinage (95)

50Q La guerre numérique n’aura pas lieu par Guillaume Poupard (92)

52Q Ingénieurs mes frères Officiers de la guerre économique Tous les managers doivent redonner ses titres de noblesse à la recherche par Bernard Esambert (54)

MAGNAN_p2-3_sommaire.indd 3 01/09/2017 07:46 COLLOQUE

JEUDI 30 NOVEMBRE 2017 CESE, PALAIS D’IÉNA

LA FRANCE ENTRE PROTECTIONNISME ET OUVERTURE AU MONDE

AX.POLYTECHNIQUE.EDU

JR727_84_COLLOQUE.indd 3 01/09/2017 08:53 SAMEDI 14 OCTOBRE • LE GRAND MAGNAN 2017 5 ÉDITORIAL

BRUNO ANGLES (84) président de l’AX UN ATTACHEMENT INDÉFECTIBLE

E VOUS SOUHAITE LA BIENVENUE à l’édition 2017 du J Grand Magnan. Cet événement annuel fait désormais partie des rendez-vous qui rythment la vie de la communauté polytech- nicienne, avec le Bal de l’X du printemps, avec le Colloque au palais d’Iéna et avec le ravivage de la flamme à l’Arc de Triomphe qui a désormais lieu chaque année à l’automne avec les associations amies des anciens de Saint-Cyr, de Navale et de l’Air.

Ce ravivage de flamme qui aura lieu cette année le 17 novembre et auquel je vous invite à venir nombreux, et le thème du Grand Magnan de cette année « Les X dans la guerre », sont les deux faces d’une même pièce, celle de l’attachement indé- fectible de la communauté polytechnicienne à la Défense. Cet attachement est d’ailleurs réciproque, puisque le 19 mai dernier, deux jours à peine après la formation du nouveau gouvernement, nous avons eu le plaisir d’accueillir le directeur de cabinet de la ministre de la Défense au Bal de l’X.

L’engagement d’un certain nombre de nos camarades dans les forces armées, la présence de très nombreux camarades au sein de la DGA, y compris au plus haut niveau et le nombre croissant de polytechniciens qui s’engagent dans la réserve citoyenne des différentes armées sont là pour en témoigner.

Je remercie Serge Delwasse et toute son équipe pour tout le travail accompli pour la préparation de cette belle journée.

Je souhaite à chacune et à chacun d’entre vous un excellent Magnan. Q

MAGNAN_p5_Edito.indd 5 31/08/2017 09:07 X CAMPUS

Se guider à travers le campus et les bâtiments de l’X avec Mapwize (système de guidage s’appuyant sur des étiquettes dotées d’un code QR)

Afficher les chemins accessibles aux personnes à mobilité réduite

Suivre la vie de l’X, ses conférences, ses événements

Connaître le menu du jour au restaurant de l’X, le Magnan

À L’OCCASION DU GRAND MAGNAN 2017, RETROUVEZ :

• tous les lieux du Grand Magnan en utilisant le mot-clé #Magnan • le programme de la journée sur la vignette News de la page d’accueil

PUB_XCampus.indd 3 01/09/2017 07:31 SAMEDI 14 OCTOBRE • LE GRAND MAGNAN 2017 7 PLAN

ÉVÉNEMENT

MONUMENT AUX MORTS COUR VANEAU

RENCONTRE SALON DU LIVRE GROUPES X, BINETS ACCÈS EXPO POLYTECHNICIEN WC MAGNAN JAZZ DIXIELAND ANIMATIONS OPEN ENFANTS PETIT-DÉJEUNER ENTRÉE PAR LA COUR VANEAU

ACCUEIL AU PIED PATIO DE L’ESCALIER

AMPHI ARAGO

PATIO GRAND HALL PATIO PATIO

POSTE WC VERS ACCUEIL VISITES LABOS LABORATOIRES

AMPHI MONGE AMPHI PATIO BECQUEREL

BIBLIOTHÈQUE

VERS BÔBAR

WIFI - Sélectionnez le réseau “Visitor”. - Renseignez une adresse mail qui servira de login. - Saisissez un numéro de portable sur lequel sera envoyé votre mot de passe.

MAGNAN_p8_PLAN.indd 7 01/09/2017 07:19 SAMEDI 14 OCTOBRE • LE GRAND MAGNAN 2017 8 DÉROULÉ DE LA JOURNÉE

ÉVÉNEMENT 17 h 00 h 17 Rencontre groupes X, binets Concert de clôture 16 h 30 h 16 L’X

aujourd’hui 16 h 00 h 16 X-musique 15 h 30 h 15 Les X 15 h 00 h 15 Visite des laboratoires Conférence : Jazz dans la guerre Café, concerts d’anciens, refaire le monde Prise en charge des enfants par les scouts 14 h 30 h 14 14 h 00 h 14 13 h 30 h 13 Déjeuner Expo X-Résistance 13 h 00 h 13 12 h 30 h 12 Cérémonie monument aux morts 12 h 00 h 12 Démons- tration d’escrime artistique 11 h 30 h 11 Salon du livre polytechnicien Jazz 11 h 00 h 11 Open Sports : rugby, basket, équitation… 10 h 30 h 10 petit-déjeuner 10 h 00 h 10 AMPHI ARAGO BÔBAR CENTRE & SALON TERRAINS, MAGNAN & MAGNAN & GYMNASES, D’HONNEUR DES CADRES ÉQUESTRE & GRAND HALL GRAND HALL RESTAURANT RESTAURANT COUR VANEAU LABORATOIRES

MAGNAN_p8_PLAN.indd 8 01/09/2017 07:20 PUBLI-RÉDACTIONNEL

COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION PARIS-SACLAY DES SERVICES À chaque étape de la vie Votre futur est ici ! DE L’ENTREPRISE TESTER ue vous soyez étudiant en fin de cursus ou entrepreneur COUVEUSE D’ENTREPRISES Q dans l’âme, la création d’une entreprise est une aventure dont le succès nécessite préparation et accompagnement.

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@comparissaclay - www.paris-saclay.com SAMEDI 14 OCTOBRE • LE GRAND MAGNAN 2017 10 SALON DU LIVRE POLYTECHNICIEN

ÉVÉNEMENT

SIX RAISONS DE NE PAS MANQUER LE SALON DU LIVRE POLYTECHNICIEN 2017 DE 10 H 30 À 13 HEURES À PALAISEAU

OMME CHAQUE ANNÉE de nom- breux auteurs polytechniciens C seront présents lors du Grand Magnan pour présenter leurs derniers ouvrages. Les raisons de se rendre à ce Salon ne manquent pas. On pourra en effet :

S’INTÉRESSER AU 50e ANNIVERSAIRE DU PETIT ROBERT avec le livre Paul Robert, L’aventure du dictionnaire Robert (Éditions du Palio, 2017), publié par Jérôme Robert (87), qui n’est autre que le petit-fils de Paul Robert, le fondateur des dic- DÉCOUVRIR DES ROMANS sans oublier les romans policiers d’Yves tionnaires du même nom, dont le Petit D’INSPIRATIONS DIVERSES Gillet (66), dont le dernier : Robert lancé en 1967. Ce livre est à la ET LEUR DIVERSITÉ : • Troisième Larron, aux éditions Écrits fois le récit d’une saga familiale, et une • La Solitude de l’écrivain d’Alexandre noirs. petite histoire des dictionnaires, où l’on Chatelain (71), aux éditions Édilivre, comprend ce qui fait l’originalité du l’auteur présente aussi : Bien vivre FAIRE SON CHOIX PARMI Robert : ses dimensions analogique et ensemble / Le bonheur est à portée de LES ESSAIS SUR DES SUJETS étymologique. main, recueil de haïkus et haïshas D’UNE VARIÉTÉ disponible sur Amazon TOUTE POLYTECHNICIENNE ÉVOQUER UN PROJET • Le Maître de l’Unicorne de Thierry Économie et prospective : DE PUBLICATION, Chambolle (59), aux éditions Les • Les Chemins de l’avenir, une approche UNE RECHERCHE D’ÉDITEUR Indes Savantes pragmatique de Jacques Lesourne en discutant avec Jean Sousselier (58), • Crise et châtiment de Bertrand (48), ancien directeur du Monde et président du groupe X-Mines Auteurs, Fitoussi (84), aux éditions ScriNeo membre de l’Académie des technolo- et auteur de plusieurs livres (nouvelles, • Ed Nat, Voyageur immobile, de gies, aux éditions Odile Jacob essais et témoignages), ainsi qu’avec Christian Jeanbrau (63), sous le • L’impératif du vivant de Thierry Jérôme Robert (87), créateur des nom d’Auguste Sejan, aux éditions Gaudin (59), président de Éditions de l’Analogie, spécialisées dans Thebookedition Prospective 2100, aux éditions de la publication d’ouvrages scientifiques, • Négos de François Mayer (45), L’Archipel ou encore avec Jean-Jacques Salomon Lemieux Éditeur • Comment (re)faire de la France (74), créateur des Éditions du Palio qui • Les Contes des Mille et Une Morts un pays entreprenant ? de Laurent publient aussi bien des essais que des d’Éric Juillard (66), aux éditions Daniel (96), avec Franck Lirzin (03), romans. CreateSpace aux éditions L’Harmattan

MAGNAN_p10-11_SALON_DU_LIVRE.indd 10 01/09/2017 07:04 SAMEDI 14 OCTOBRE • LE GRAND MAGNAN 2017 11

ÉVÉNEMENT

Linguistique et sciences naturelles : • L’étonnante histoire des noms des mammifères (2003), La mystérieuse histoire du nom des oiseaux (2007), La fabuleuse histoire du nom des pois- sons (2011), de Pierre Avenas (65), alias EtymologiX, avec la linguiste Henriette Walter, chez Robert Laffont.

D’autres thèmes peuvent être proposés…

On pourra aussi :

RENCONTRER UN X DOMINICAIN ET DES RESPONSABLES D’ASSOCIATIONS CARITATIVES • Édition de la revue Le Sel de la Terre, représentée par Geoffroy de Kergorlay (71), dominicain, • Clientélisme ou solidarité ? Que vou- Histoire et philosophie : prieur du couvent de La Haye-aux- lons-nous ? Pour une volonté politique • Louis I, II, III… XIV… : L’étonnante Bonshommes d’Avrillé (Maine-et- renouvelée de François Perret (60), histoire de la numérotation des rois de Loire), en religion frère Pierre-Marie aux éditions L’Harmattan France de Michel-André Lévy (81), • L’association L’énergie d’apprendre, • Fraud and Carbon Markets : The aux Éditions Jourdan représentée par Laurent Dalimier Carbon Connection de Marius- • Guerre d’Algérie de Jean Balazuc (56) (65) et Daniel Mouranche (65), Cristian Frunza (2000), aux éditions aux éditions L’Harmattan a pour objet de faciliter l’accès à Routledge • Pour la Patrie, Les polytechni- l’école, donc aux livres, des enfants • L’Heure milésienne, Mieux connaître ciens morts dans les guerres d’Hu- des pays en développement. le temps de la Terre avec le calen- bert Lévy-Lambert (53), édité par drier milésien de Louis-Aimé de X-Monument ASSISTER À L’ÉVÉNEMENT Fouquières (77), aux éditions • Journal de la formation des établis- PRÉVU DANS LE CADRE Édilivre. sements français de l’Océanie de DU SALON : Pierre Romain (53), aux Éditions à 11 h 30, la remise du prix X-Philo 2017, Écologie, santé : Te Moana par Jean-Pierre Bessis (80), président de • Éloge de la sieste de Bruno Comby • Le fait Jésus de Philippe Lestang X-Philo. Q (80), aux éditions J’ai lu, avec une (58), Actes Sud. préface de Jacques Chirac Mangez mieux Les organisateurs du Salon sont prêts Du même auteur : Informatique : à accueillir toute autre proposition de vivez mieux, Le nucléaire avenir de • La constellation XML – XSLT, présentation d’ouvrages le 14 octobre l’écologie, Délicieux insectes, aux édi- XPath, SAX, DOM de Phong-Tuan prochain. tions TNR. Nghiem (56), Infoprax.

MAGNAN_p10-11_SALON_DU_LIVRE.indd 11 01/09/2017 07:05 SAMEDI 14 OCTOBRE • LE GRAND MAGNAN 2017 12 LES X DANS LA GUERRE

SERGE DELWASSE (86) président de la Commission « Grand Magnan » de l’AX ÉDITORIAL – LOUIS ROSSEL (1862) 1844-1871

Présider la Commission EPUIS 222 ANS, les X sont dans « Grand Magnan » de l’AX la guerre. C’est l’occasion de vous réunir, de nous réunir, est un honneur qui m’échoit D autour des trois piliers de la pour la dernière fois camaraderie : l’attachement aux anciens, cette année – j’en profite l’attachement à l’École et enfin l’attache- ment à la France. pour lancer un appel Nous aurons l’occasion, au cours de cette à candidatures ! journée, d’évoquer grâce aux pages de Cet honneur s’accompagne, la présente brochure, à l’exposition du groupe X-Résistance dans le grand hall, on l’aura compris, à l’amphi de 15 heures, de nombreuses d’une grande responsabilité figures de nos camarades qui, de l’expé- et d’une quantité de travail dition d’Égypte à la lutte anti-terrorisme, se sont battus pour notre pays. non négligeable. Parmi ces camarades, il en est un dont je Mais il apporte également souhaite décrire rapidement le parcours. un avantage, et non Il s’agit de Louis-Nathaniel Rossel. Je ne détaillerai pas sa biographie, plusieurs des moindres : celui ouvrages le font très bien. Je recom- qui organise le Grand Magnan mande particulièrement le Rossel, 1844- en choisit le thème. 1871, d’Édith Thomas. Par ailleurs, une grosse partie de ses écrits – correspon- Mais en premier lieu, dance et minutes de ses procès comprises

je tiens à remercier tous – ont été publiés à plusieurs reprises. Je (PALAISEAU) ÉCOLE POLYTECHNIQUE © COLLECTIONS ceux qui ont travaillé me contenterai de quelques éclairages. Louis Rossel (1862) à cette brochure, LE REFUS DE LA DÉFAITE méfie visiblement de ce jeune capitaine et tout particulièrement Il est capitaine du génie en 1870, lorsque qui prétend diriger l’armée, le repasse à Olivier Herz, qui en a l’armée de Bazaine se fait enfermer dans Freycinet qui, pour s’en débarrasser, lui Metz. Il s’était fait connaître aupara- donne un poste de colonel dans l’armée coordonné la réalisation. vant en affrontant par médias interposés auxiliaire. Rossel se résigne. un vieux général auquel il a démontré qu’il se trompait. C’est une sombre his- MINISTRE DE LA GUERRE toire d’écrit apocryphe de Napoléon. DE LA COMMUNE Déjà Rossel démontrait qu’il avait une Il se résigne, jusqu’à la Commune. Ni certaine capacité à se faire des « amis » une ni deux, il retraverse les lignes, et parmi des supérieurs. À peine arrivé à va se mettre au service de la Commune. Metz, Rossel va voir Bazaine et l’ex- Chef d’état-major de Cluseret, il le rem- horte à se battre. La contraposée étant place 25 jours après, et finit donc sa que, ce dernier préférant se rendre, il carrière comme ministre de la Guerre de abandonne Metz, traverse les lignes la Commune. ennemies et rejoint Gambetta. Ce der- J’écris « finit la carrière » puisque, à nier, courageux mais fin politique, se peine un mois après avoir été nommé,

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il explique à ladite Commune qu’elle va Rossel est donc parmi les rares X à avoir dans le mur (des fédérés !) – ce qui n’était été fusillés. La rencontre entre une per- pas faux d’ailleurs, surtout si le lecteur sonnalité exceptionnelle, mélange d’in- me pardonne le jeu de mots douteux telligence fulgurante, d’esprit frondeur, – et démissionne. Recherché par ladite de capacité de travail, de rigidité intel- Commune, il reste néanmoins dans Paris, lectuelle, de conviction et d’amour et des et se cache pendant la semaine sanglante, circonstances non moins exceptionnelles mais finit par se faire prendre par les a été détonnante. Versaillais qui le jugent deux fois, le condamnent à mort deux fois également UN CARACTÈRE TREMPÉ et le fusillent le 28 novembre 1871 ! En Quelques anecdotes pour montrer qu’il attendant la mort, tel Évariste Galois la était un vrai polytechnicien : il a failli se nuit précédant son duel mortel, il écrivait faire renvoyer du Prytanée pour avoir par- des traités de stratégie militaire… ticipé à une grève. Et il avait pris 8 JAR (jours d’arrêt de rigueur) pour avoir fait le bêta alors qu’il était consigné. Rien

que de très normal… Son (PALAISEAU) ÉCOLE POLYTECHNIQUE © COLLECTIONS affection pour l’École Képi d’élève offert à Louis Rossel par sa sœur. semble réelle, car il a gardé le képi d’élève que lui a offert « Sacrifier son devoir de soldat à son sa sœur dont la reproduction devoir de citoyen » (dans Metz assiégée). figure ci-contre. « Ce qui vous a manqué, c’est l’intelli- Je termine par quelques cita- gence militaire […]. La décision et l’au- tions qui décrivent bien le dace dont vous étiez rempli ont honteu- personnage : sement fait défaut à vos généraux : ce sont « Je remercie bien Père là pourtant les vraies qualités des hommes de me gronder. J’ai eu le de guerre. Je n’ai jamais compris, pour tort jusqu’à présent de ne moi, ce que vous faisiez dans votre cabi- jamais prendre mes chefs au net. Napoléon […] faisait la guerre, et sérieux, ni leurs punitions vous, vous la laissez faire » (à Gambetta). non plus. J’espère que cela « Si j’avais eu 3 000 francs lorsque je suis me viendra » (1863). Cela sorti de l’École polytechnique, j’aurais ne lui viendra pas… acheté ma vie ailleurs que dans le métier « Dans un seul cas, l’armée de soldat que je déteste aujourd’hui plus peut quelquefois faire mieux que jamais » (14 mars 1871). la police que la police elle- « Instruit par une dépêche […] qu’il y a même. C’est dans le cas deux partis en lutte dans le pays, je me d’une guerre civile » (1868). range sans hésitation du côté de celui qui « Tout va bien. Je n’ai pas n’a pas signé la paix et qui ne compte le temps d’écrire. Nos géné- pas dans ses rangs de généraux coupables raux sont des andouilles. de capitulations […]. J’ai l’honneur © COLLECTIONS ÉCOLE POLYTECHNIQUE (PALAISEAU) ÉCOLE POLYTECHNIQUE © COLLECTIONS Mémoires et correspondance de Louis Rossel, exemplaire offert Je vous embrasse et je vous d’être, mon général, votre très obéissant par la sœur de Louis Rossel à l’École polytechnique. aime » (4 août 1870). et dévoué serviteur » (19 mars 1871). Q

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FRANÇOIS BOUCHET (86) directeur général de l’École polytechnique L’IDENTITÉ MILITAIRE, UN ATOUT FORT DE L’X

Les évolutions L EST BON DE RAPPELER quelques UN STATUT REVU EN 2015 qui ont marqué notre École éléments marquants de l’évolution L’École polytechnique a également récente de l’X, notamment son ouver- changé de statut : depuis 2015, l’École depuis les dernières décennies I ture à l’international et l’élargissement est un établissement public à caractère et tout particulièrement de son offre de formation. Aujourd’hui, scientifique, culturel et professionnel pendant les dernières années plus d’un quart des élèves du cycle bénéficiant des responsabilités et com- polytechnicien sont étrangers. L’École pétences élargies, constitué sous la forme ont pu amener certains accueille aussi près d’un grand établis- à poser la question : d’un millier d’étu- sement au sens de l’X est-elle toujours diants civils dans « L’École est l’article L. 717-1 du les formations de code de l’éducation. une école militaire ? master et les docto- un établissement public Elle est soumise aux La réalité est que rats. Cette tendance à caractère scientifique, dispositions de ce le statut militaire constitue sera croissante avec même code et des la montée en puis- culturel et professionnel » textes pris pour un élément fort de l’identité sance des nouvelles son application. de notre École et un atout formations « gra- Cette évolution est unique pour l’avenir duate degree » et « bachelor » ouvertes importante car elle acte le rapprochement respectivement en 2016 et 2017. En avec le monde de l’enseignement supé- de notre pays. conséquence, les élèves officiers devien- rieur et de la recherche et l’affirmation dront minoritaires d’ici cinq ans. de missions en faveur du développe- © ÉCOLE POLYTECHNIQUE - J. BARANDE © ÉCOLE POLYTECHNIQUE L’X reste sous commandement militaire d’un officier général qui en est le directeur général, responsable devant le ministre des Armées de l’observation des règlements militaires à l’intérieur de l’École.

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un grand uniforme à nul autre pareil ainsi qu’un hymne composé par un élève de la promotion 2012 (l’Ode à Vaneau). Elle est même la première formation militaire en termes de volume d’incorporation avec plus de 400 élèves français intégrant ses rangs chaque année.

UNE EMPREINTE MILITAIRE FORTE Au-delà de ce rappel, il est important de noter que l’École reste fortement empreinte de culture militaire. La formation du cycle ingénieur poly- technicien accorde une part importante à la formation militaire initiale (un mois à La Courtine) et 75 % des EOX font leur © ÉCOLE POLYTECHNIQUE - J. BARANDE © ÉCOLE POLYTECHNIQUE stage de première année dans les Armées, Les étudiants internationaux sont près de 140 par an à intégrer le cycle ingénieur polytechnicien, ils sont encadrés par la direction de la formation humaine et militaire et accompagnés la Gendarmerie nationale ou des services par les élèves français. relevant du ministère des Armées. Pour beaucoup d’élèves, ce stage est l’occasion ment économique. Elle offre à l’École dans le code de la défense. L’organisation d’exercer pour la première fois de vraies des opportunités (possibilité d’association de ce commandement repose toujours responsabilités. Du chef de section en avec d’autres écoles ou universités, fon- sur un chef de corps, directeur de la régiment au chef d’agrès à la Brigade de dations partenariales, services d’activité formation humaine et militaire, qui a sapeurs-pompiers de Paris en passant industrielle et commerciale…) qu’elle ne autorité sur les commandants de promo- par le chef de quart sur un bâtiment de pouvait avoir en restant simple établis- tion, les commandants de compagnies et la Marine nationale, l’élève polytech- sement public à caractère administratif. les chefs de section. nicien appréhende le La gouvernance de l’École a également Cette organisation commandement et le évolué : son président est maintenant est indispensable à « L’identité militaire travail en équipe et un président exécutif qui administre à l’encadrement des l’immersion dans une temps complet l’École dans le cadre des élèves officiers poly- est perçue comme structure profession- orientations définies par le Conseil d’ad- techniciens (EOX) très positive et rallie nelle. Ultérieurement, ministration. Il est assisté par le directeur en cours de scolarité. l’instruction militaire général ainsi que par le directeur de Ces EOX signent dès également les suffrages et sportive est dispen- l’enseignement et de la recherche pour leur incorporation sée par l’encadrement les matières relevant de sa compétence. un contrat les liant parmi les étudiants militaire qui est au au statut militaire et internationaux » contact direct des TUTELLE DU MINISTRE restent soldés comme élèves. Les X bénéfi- DES ARMÉES tels durant leurs 4 cient ainsi de l’expé- Pour autant, l’X reste sous commande- années de scolarité (3 pour ceux qui rience de leurs cadres pour développer ment militaire d’un officier général qui rejoignent les corps de l’État). des qualités de leadership, de cohésion en est le directeur général, responsable Fidèle à son histoire, notamment sa mili- et de sens de l’intérêt général. L’audace, devant le ministre des Armées de l’obser- tarisation par Napoléon I er en 1804, l’engagement personnel et collectif, la vation des règlements militaires à l’inté- l’École reste donc bien une institution responsabilisation mais aussi l’ouverture rieur de l’École et de la formation mili- militaire sous tutelle du ministre des font partie des valeurs que l’École est fière taire des élèves du cycle ingénieur poly- Armées. Première école d’officiers à défi- de transmettre à ses élèves en cohérence technicien pour le temps où ils sont sous ler sur les Champs-Élysées le 14 juil- avec un projet pédagogique qui demeure son commandement. Garant de la disci- let, elle est fière d’arborer le drapeau de unique au monde. pline au sein de l’établissement, il dispose l’École orné de sa devise « Pour la Patrie, La sensibilisation aux problématiques de des prérogatives conférées à l’autorité les Sciences et la Gloire » et portant son défense fait l’objet d’un véritable parcours militaire de deuxième niveau prévue fait d’armes « Défense de Paris, 1814 », défense valorisé dans le cursus des élèves

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spécifiques de l’économie de défense (en matière d’innovation, d’emploi, d’ex- port) sera ajoutée au cursus de formation. Des accords de partenariat avec d’autres entités militaires seront également signés comme cela a été récemment le cas avec la direction du renseignement militaire. Toutes ces actions démontrent, si besoin en était, que la dimension militaire de l’X reste importante. Les qualités issues de l’institution militaire forment assuré- ment le socle des valeurs de l’École et de la communauté polytechnicienne. Dans ce contexte, les liens avec les anciens demeurent essentiels car ils participent à la mémoire collective et à l’entretien d’un patrimoine unique.

© ÉCOLE POLYTECHNIQUE - J. BARANDE © ÉCOLE POLYTECHNIQUE LES DÉFIS Dans leur grande majorité, les élèves ingénieurs sont très attachés aux traditions militaires de l’École et ont à cœur de les faire vivre. DE L’ÉLARGISSEMENT Et les autres étudiants de l’École ? L’École polytechniciens : formation d’officier mage à leur camarade Caroline Aigle (94), doit relever le défi de l’élargissement de de réserve, interventions de hauts res- première femme pilote de chasse. son offre de formation sans diluer le ponsables militaires, liens étroits avec Aujourd’hui, l’identité militaire est perçue caractère identitaire du cycle ingénieur la Direction générale de l’armement et comme très positive et rallie également les qui a forgé depuis deux siècles sa renom- l’industrie de défense, cours axé Défense suffrages parmi les étudiants interna- mée et son prestige. Au contraire, l’École dans le cadre du séminaire Humanités tionaux, qui sont près de 140 par an à s’emploie à garantir les fondamentaux et sciences sociales (prévu à compter intégrer le cycle ingénieur polytechnicien. qui font l’excellence de la formation de la rentrée 2017). Les X se voient Encadrés par la direc- – et notamment la confier l’organisation de conférences, qui tion de la formation formation humaine rencontrent un fort intérêt notamment humaine et militaire « Les qualités issues et militaire qui lorsqu’elles portent sur la cyberdéfense, et accompagnés par est un marqueur le renseignement ou la préservation de les élèves français, de l’institution militaire identitaire fort de la souveraineté. Elles leur permettent de ils contribuent à la forment le socle l’École – tout en disposer d’une excellente vision sur les diversité des promo- s’adaptant pour intérêts de la Nation. tions et témoignent des valeurs de l’École » préserver sa com- de l’ouverture de pétitivité dans le DES ÉLÈVES ATTACHÉS l’École sur le monde. marché très concur- AU STATUT MILITAIRE Un nombre croissant d’entre eux sou- rentiel de l’enseignement supérieur et Dans leur grande majorité, les élèves ingé- haitent participer à la formation militaire de la recherche. Les autres populations nieurs sont très attachés aux traditions initiale voire aux stages militaires. estudiantines (étudiants du « bachelor », militaires de l’École et ont à cœur de du « graduate degree », de master, doc- les faire vivre. Chaque année, des élèves UN ÉTABLISSEMENT AU CŒUR torants, formation continue) ont toute de deuxième et troisième année s’inves- DES ENJEUX DE LA DÉFENSE leur place à l’École polytechnique et tissent dans l’incorporation de la nouvelle L’importance du lien entre l’École et la prendront part à l’héritage de l’institu- promotion et assurent la permanence de Défense a été réaffirmée dans le cadre du tion. Dès lors, il importe de construire et l’esprit de corps. Par la suite, les prises rapport Attali et son développement fait d’entretenir un référentiel commun de d’armes (présentation et passation au dra- l’objet de tout un pan du contrat d’ob- valeurs portant l’identité de l’X. Outre peau), la cérémonie bimensuelle de levée jectifs et de performance pour les années l’excellence scientifique, il est indispen- des couleurs ou la préparation du défilé 2017-2021. Il est prévu de renforcer la sable de valoriser la longue tradition contribuent à forger cette cohésion autour sensibilisation aux enjeux de défense et de humaniste et de service de la patrie. C’est des valeurs militaires. Récemment la pro- constituer un « pôle d’études de guerre » l’un des objectifs que se fixe la direction motion 2016 a rendu un vibrant hom- à l’École. La présentation des apports générale pour les prochaines années. Q

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CHRISTIAN MARBACH (56) LES X DANS LA GUERRE : HUIT PORTRAITS COMMENTÉS

décoration, régulièrement relatées dans Devenir militaire après les journaux pour quelque exploit lors la formation polytechnicienne d’un combat hors normes. Et Miribel fut nommé chef d’état-major général fut le lot de la majorité des armées en 1890. Le couronnement des X pendant de sa carrière. les cent cinquante COMMENTAIRE premières années de l’École. Miribel connut un moment de vraie De nombreux autres gloire à Puebla, mais qu’allions-nous eurent l’occasion de servir faire là-bas ? Et lui, se posait-il cette question ? Et quand il fut efficace leur pays en dehors pour participer à la défaite des de la carrière des armes. Communards, le fit-il sans états d’âme Les huit portraits présentés ici car, soldat discipliné, il obéissait à un gouvernement démocratiquement reflètent la diversité des destins légitime ? En parcourant la liste qu’ont connus nos anciens des terrains d’affrontement qui et nous rappellent furent proposés aux X soldats, de la DR campagne de Russie aux guérillas de le lien très fort qui unit Statue du général de Miribel à Hauterives dans la Drôme. la décolonisation, le lecteur de 2017 l’École à la nation. pourra évidemment hausser les sourcils MIRIBEL, MARIE FRANÇOIS car aujourd’hui nous ne portons JOSEPH DE (X 1851 ; 1831-1893) pas le même regard sur les raisons ou les méthodes de certaines de nos La petite ville de Hauterives est surtout interventions militaires passées. connue pour le merveilleux Palais du facteur Cheval, superbe travail d’artisan ROY, RENÉ (X 1914 ; 1894-1977) inventif pour une vision utopique. Mais, Quand René Roy passe le concours à quelques pas de ce Palais, Hauterives d’entrée à l’X, en juin 1914, il sait déjà fait aussi mémoire, par une statue en que la guerre s’annonce avec évidence. gloire, du général de Miribel, qui y Il sait aussi que la vocation de l’École décéda. Ce soldat avait combattu dans est restée « militaire » comme au siècle toutes les guerres de la seconde moitié précédent. La promotion 1914 va suivre du XIXe siècle. Miribel croyait avec force une formation militaire accélérée sans en Dieu et Dieu lui apporta son aide rejoindre la Montagne Sainte-Geneviève. contre les Russes en Crimée, contre les Plus de 900 X périrent durant cette Autrichiens en Italie, contre les Juaristes guerre et chacune des promos comprises au Mexique, contre les Prussiens en entre 1909 et 1914 va perdre un quart France, contre les Communards à de ses effectifs. Seules les promotions Paris. Les campagnes se succédaient, du Premier Empire, de 1802 à 1809, parfois stoppées par quelque blessure avaient subi de telles coupes dans leurs

suivie d’une courte convalescence, effectifs. Dans l’anthologie de textes (PALAISEAU) ÉCOLE POLYTECHNIQUE © COLLECTIONS souvent célébrées par quelque remise de sur « la Grande Guerre des Écrivains » Photo de tranchée, du fonds Rouquerol de l’X.

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qu’Antoine Compagnon (70) a publiée, RAVANEL SERGE il est un sentiment souvent exprimé : (X 1939 ; 1920-2009) celui du respect mérité par les jeunes Admis à l’X en juin 1939, Serge Asher officiers partageant avec leurs soldats les y est appelé pour une scolarité mettant dangers des corps-à-corps et des pluies l’accent sur les responsabilités de futur d’obus dans les tranchées. officier. Après l’armistice, il continue sa Pour sa part, Roy fera partie des blessés « formation » dans le Limousin avant graves. Il s’était d’abord battu à Craonne d’être convoqué dans les chantiers de en 1915, à Verdun en 1916. Et au Chemin jeunesse puis en novembre 1940 à Lyon, des Dames en 1917, il perd la vue. où l’X a déménagé. Mais faut-il vrai- Roy reprend cependant les cours ment se plonger alors dans les études scientifiques en 1918. Il sort premier scientifiques ? Ce n’est qu’en mai 1941 de sa promotion et choisit les Ponts. Il que Serge Asher prend des contacts y vivra une carrière dense et animée. Ce encore timides avec une résistance savant exceptionnel avait su continuer, encore bien modeste. malgré ses blessures, à marcher Vers Ces longs mois d’études et de matura- la lumière. Roy, auteur de nombreux tion politique avaient fini par persuader

ouvrages d’économie, d’économétrie et DR Asher qu’il peut et doit passer à l’ac- de statistique, avait aussi écrit un livre Affiche du film de Jean Dréville, tion effective. Une fois qu’il s’est jeté de réflexion portant ce titre (Fasquelle La Bataille de l’eau lourde, 1948. à l’eau (ce qui lui arrivera d’ailleurs un éditeurs, 1930). jour au sens propre pour échapper à la pays menacé par l’avancée allemande. Gestapo en plongeant dans l’Arve…), COMMENTAIRE Et il fera transférer en Grande-Bretagne il va connaître le temps des bombes, Parler des X dans la guerre, c’est aussi le 16 juin 1940 dans des conditions des voyages clandestins en s’attachant évoquer les X qui ont combattu sans rocambolesques le stock disponible en sous les planchers des wagons, des faux avoir choisi le métier des armes. Et ils France, de nouveau juste à temps. Les papiers avec divers faux noms, dont ont aussi eu à affronter la question de cinéphiles qui ont aimé La Bataille de celui de Ravanel trouvé dans un roman leur avenir professionnel, souvent une l’eau lourde de Dréville ou Bon Voyage de de Frison-Roche, des codes, des opé- carrière stoppée par la guerre, parfois Rappeneau seront heureux de ce rappel. rations en groupes, des trahisons, des l’inévitable obligation de changer de Après son départ du gouvernement, en arrestations et des évasions, des bles- métier ou d’orientation. 1940, il se retire aussitôt à Lourmarin. sures, des disputes et négociations entre S’il ne rejoint pas de Gaulle à Londres réseaux, des contacts difficiles avec les DAUTRY, RAOUL FRANÇOIS ou à Alger, il reste en contact avec lui services du général de Gaulle à Londres (X 1900 ; 1880-1951) et le Conseil national de la Résistance. ou ceux des Alliés, des arrière-pensées Entré dans l’armée après l’X, Raoul Aussi sera-t-il nommé, à la Libération, Dautry en démissionne très vite pour dans divers postes de responsabilité, rejoindre la Compagnie du chemin de notamment comme ministre de la fer du Nord. Le voici parti pour une Reconstruction et de l’Urbanisme puis carrière exceptionnelle de cheminot, comme Administrateur général du CEA. manager clairvoyant autant intéressé par les questions techniques que sociales. Dès COMMENTAIRE 1914, le réseau dont il est responsable Comme bien d’autres, les est ou détruit, ou réquisitionné pour polytechniciens entrent souvent dans permettre l’exode des réfugiés. Dautry la guerre sans combattre eux-mêmes, entre « dans la guerre ». Il y fait merveille, tout en s’engageant délibérément s’attirant la reconnaissance de Joffre et dans les activités de défense, et dans de Foch. On lui doit notamment « la des domaines variés, logistique ou ligne des cent jours » qui servira lors de production, conception ou espionnage. la contre-offensive de la Somme. Ainsi Citroën transformant ses usines En 1940, Dautry, devenu trop tard pour fabriquer obus et armements en ministre de l’Armement, aura eu le 1914. Ainsi d’innombrables Résistants

temps de demander que l’eau lourde rejoignant les rangs de l’Armée des DR fabriquée en Norvège soit évacuée de ce ombres après 1940. Le Chant des partisans.

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relatives à l’avenir de la France après la FERBER, LOUIS FERDINAND Libération. (X 1882 ; 1862-1909) Après la guerre, Asher gardera son nom Sur les registres de 1882, un artilleur. de résistant – Ravanel. D’abord intégré Mais un artilleur plus vite passionné par dans l’armée, il en démissionne en 1950 les débuts de l’aviation que les perfec- et entame une carrière d’ingénieur et de tionnements des canons. Il se renseigne consultant. sur les expériences de l’Allemand Otto Lilienthal ou des frères Wright aux États- COMMENTAIRE Unis, il veut placer la France dans le déve- On peut trouver dans l’histoire bien loppement de ce moyen de transport. Il des périodes où des polytechniciens s’attache à motoriser ses aéroplanes, ce ont témoigné de cette volonté de refus. qui lui permet d’effectuer parfois des Avec des expressions qui allaient du bonds. Il comprend et apprivoise les chahut pas toujours opportun à de gestes du pilotage, dès lors que l’on veut vrais combats sur des barricades, ou à faire voler un « plus lourd que l’air ». Il l’engagement militaire jusqu’au sacri- prend alors part à de nombreux meetings. fice. Les X engagés dans la libération Le 27 mai 1905, il réussit avec son appa- d’un pays annexé, exploité, parfois reil, le premier véritable « vol stable en martyrisé en ont apporté la preuve. DR Europe », et en 1909 à Reims, il réussit à Klobb tué par les troupes de Voulet. Couverture illustrée du journal Corriere parcourir 30 kilomètres. KLOBB, JEAN FRANÇOIS Illustrato della Domenica, Milan, Ferber est assez scientifique pour appro- ARSÈNE (X 1876 ; 1857-1899) 3 septembre 1899. cher les mystères des sciences indispen- Klobb est né à Ribeauvillé, dans le Haut- sables à l’avionique. Il est assez tech- Rhin en 1857. Après la défaite de 1870, petite troupe, rejoint le détachement nicien pour mettre au point des grues sa famille choisit de rester française, Voulet-Chanoine près de Zinder ; il de lancement, et définir les paramètres comme le feront un tiers des Alsaciens leur fait connaître les décisions du gou- des moteurs qu’il monte sur ses drôles et Mosellans, comme le fera la famille vernement, mais Voulet refuse de les d’engins volants. Grand lecteur de Jules d’Alfred Dreyfus (1878). À sa sortie accepter, et le 14 juillet, il fait assassiner Verne, il est aussi conscient de la nécessité de l’X, il choisit l’artillerie de marine. Klobb, qui s’était pourtant engagé à ne de communiquer pour prouver l’effica- Sauf un passage en Guyane, sa carrière pas ouvrir le feu. Certains tirailleurs cité de ses prototypes et, devenu pilote se déroule pour l’essentiel au Soudan se rebellent alors contre leurs chefs, et expérimenté, fait partager aux foules sa français, un territoire qui deviendra le successivement Voulet puis Chanoine propre foi dans le futur de l’aviation. Mali. C’est en tant que commandant à sont abattus. Ferber se tue le 22 septembre 1909 au Tombouctou, qui vient d’être conquis cours d’une démonstration à Boulogne- par Joffre (1869), qu’il organisa les COMMENTAIRE sur-Mer. premières unités méharistes, refoula les Pendant un siècle et demi, les officiers Touaregs vers Gao. C’est aussi là qu’il va polytechniciens ont participé à prati- être appelé à devenir un des acteurs du quement toutes les campagnes mili- drame de la mission dirigée par Voulet taires de la France, en Europe mais et Chanoine. aussi en Afrique du Nord, en Afrique Ces deux officiers qui connaissaient noire, à Madagascar, en Indochine. bien la région ont convaincu Paris de Je pourrais ajouter l’Égypte, Saint- les envoyer vers le centre de l’Afrique, Domingue, le Mexique. Ce texte n’a pour étendre la zone d’influence fran- pas pour objectif de présenter une çaise. Ils se lancent dans une expédition thèse ambitieuse sur la colonisa- de conquête en utilisant des méthodes tion elle-même, et ses divers aspects d’une rare brutalité. Quand les incen- mais donne l’occasion de rappeler dies de villages et les massacres commis quelques noms de polytechniciens qui sont rapportés aux autorités françaises, y ont participé au service de leur celles-ci décident d’y mettre fin et pays : Lamoricière (1824), Rigault de

demandent à Klobb de rejoindre leur Genouilly (1825), Faidherbe (1838), (PALAISEAU) ÉCOLE POLYTECHNIQUE © COLLECTIONS mission et d’en prendre le commande- Doudart de Lagrée (1842), Dolisie Le dernier vol du capitaine Ferber (détail) par ment. À l’été 1899, Klobb part avec une (1879) ou Klobb. Rovel (X 1868), École polytechnique, Palaiseau.

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COMMENTAIRE veut alors annexer son voisin. Après des L’actualité quotidienne continue à premiers revers, l’armée salvadorienne se nous rappeler la mutation continuelle replie sur des positions qu’elle fortifie, des technologies utilisées pour la défense à Chalchuapa. L’instructeur français ne et la guerre. L’aviation est un excellent peut pas se contenter de rester spectateur exemple de ces progrès, et de la course des combats. Il aide au renforcement des continuelle entre la puissance de l’obus fortifications, à la mise en place des bat- et la résistance de la cuirasse (je cite ici teries, à l’exécution des tirs. La valeur des le Verne De la Terre à la Lune). Qui troupes salvadoriennes surprend l’armée peut douter de la nécessité continuelle de Barrios, et l’assaut mené par le dicta-

de protéger son pays dans un environ- teur lui-même le 2 avril 1885 échoue. (1965) © CLAUDE GONDARD nement en perpétuelle transformation ? Barrios est tué, les troupes guatémal- Guillaume Henri Dufour par Claude Gondard (65). Et qui peut douter de notre besoin tèques s’enfuient, le Salvador est sauvé. continu de former dans ce but des époustouflante. Sa formation exception- pionniers comme ceux dont on peut lire COMMENTAIRE nelle pour l’époque, sa connaissance les noms dans les annuaires de l’École ? Depuis la création de l’École, des X des problèmes militaires, sa maîtrise des ont toujours été appelés à apporter le technologies, ses qualités pédagogiques TOUFLET, JOSEPH ALBERT concours de la France à des armées reconnues, son honnêteté et sa discrétion (X 1871 ; 1853-1885) étrangères, par leur enseignement ou lui permettent de jouer un rôle éminent La promotion 1871 est celle de Ferdinand à l’occasion de livraisons d’armes et dans la vie publique. Foch. Elle est aussi celle d’Albert Touflet, de matériels. Voici quelques exemples Et la guerre, me direz-vous ? Nous y voici. un cocon méconnu, sauf au Salvador. du XIXe siècle. Bernard (1794) a ren- En 1847 éclate le conflit du Sonderbund, Touflet commence sa carrière militaire forcé les fortifications des États-Unis lorsque certains cantons décidèrent de dans l’artillerie. En 1881, il est envoyé contre un possible assaut britannique, faire sécession. Le gouvernement fédé- avec son ami Montessus (1871) au Crozet (1807) a créé le Virginia ral fait appel à Dufour, qui s’est déjà Salvador pour y enseigner l’art fran- Military Institute, Fabvier (1802) a illustré et fait respecter par ses travaux çais de la guerre. Montessus quitte le été un des héros de l’indépendance d’urbanisme à Genève, le lancement de Salvador en 1885 et deviendra un expert grecque. Verny (1856) a construit un « la carte Dufour », la modernisation de mondial sur la séismologie des Andes arsenal et Bertin (1858) des navires au l’armée suisse. En quelques semaines, mais Touflet reste sur place. Le dictateur Japon, Lamoricière (1824) a défendu ce stratège accompli réduit les cantons du Guatemala, Justo Rufino Barrios, les États du pape contre le Piémont ou rebelles en les attaquant dans l’ordre Garibaldi, Brunet (1857) a lutté avec le plus efficace ; il sait tenir compte de des samouraïs contre l’empereur Meiji leurs caractéristiques de localisation et et Touflet est mort à Chalchuapa pour d’engagement dans le conflit. Il obtient le Salvador. successivement leur reddition. Tacticien, il gagne sans trop de pertes, de part et DUFOUR, GUILLAUME HENRI d’autre. Négociateur loyal, il sait se servir (X 1807 ; 1787-1875) à bon escient de la menace comme du Un X dans la guerre. Quel magnifique pardon. En quelques mois, il ramène la sujet si on choisit d’évoquer à ce propos tranquillité en Suisse. le général suisse Dufour ! Les accords entre la France et la Confédération hel- COMMENTAIRE vétique permettaient en 1807 à un jeune Parler des X dans la guerre, c’est par- Suisse de présenter le concours d’entrée ler des X avant la guerre, pendant la à Polytechnique dans les mêmes condi- guerre, après la guerre. Au soir de sa tions qu’un Français. Voici donc notre vie, Dufour dessina lui-même sa future fils d’horloger devenu interne au Collège tombe, un simple carré de terre avec de Navarre. Après l’école d’application deux stèles côte à côte, pour sa femme de Metz, il commence une carrière dans et pour lui. Sur la sienne, cette courte DR l’armée impériale. Mais, la Restauration le inscription accompagne nom, prénoms Il y a une dizaine d’années, Dominique met en demi-solde puis le renvoie. Dufour et dates : « Helvetorum Dux », c’est-à- Saint-Jean (67), en mission de coopération au Salvador, a obtenu la remise en état rentre à Genève et y cherche un emploi. dire général des Suisses. Et cette devise : du monument funéraire consacré à Touflet. Et le voici engagé dans une carrière « Honneur et franchise. » Q

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SEPT MOIS DANS LES FORCES ARMÉES

vie en section n’était pas toujours facile La formation militaire car je suis de caractère plutôt solitaire. est un temps fort du cursus Mais l’avantage indéniable de l’uniforme est qu’il permet à tous de s’apprivoiser, polytechnicien. Pour la sans considérations d’origine. J’ai appris plupart, elle dure sept mois. à connaître et suis devenue amie avec des Ces mois vont permettre personnes vers lesquelles je ne serais jamais allée naturellement, force que je tente de aux élèves de développer mettre en œuvre maintenant, sans la et affirmer leur personnalité facilité de l’uniforme. La Courtine fut et de s’imprégner de valeurs aussi le temps des premiers dépassements physiques – j’ai des souvenirs réjouissants fortes au service de la nation. d’un grisant parcours d’obstacles en Ils en sortent transformés équipe – et des premières nuits en comme en attestent les cinq bivouac, entrecoupées de marches et de récupérations autour du feu. témoignages de camarades des promotions 2015 et 2016. DR LA FORCE DU GROUPE Pour Josephine Yates (2016, à gauche), l’avantage indéniable de l’uniforme C’est donc pleine de bonne volonté et de est qu’il permet à tous de s’apprivoiser, joie que je suis partie pour Coëtquidan. La sans considérations d’origine. première semaine a été un coup dur car le niveau montait manifestement d’un cran. JOSÉPHINE YATES (2016), Je pense n’avoir jamais si bien compris STAGE À L’ÉTAT-MAJOR l’importance de la force d’un groupe. DE L’OTAN À NAPLES Avec le soutien de ceux que je côtoyais Arrivée à l’X les poumons gonflés d’un nuit et jour, j’ai pu sonder « les contrées air nouveau et d’une appréhension reculées de mon être ». Physiquement, j’ai mêlée à une hâte indicible, je ne savais réalisé que le corps n’avait de limite que pas à quoi m’attendre du point de vue le mental. L’initiation commando suivie militaire. La semaine d’un raid exténuant sur le campus a été resteront ancrés dans celle de la découverte : « J’ai pu sonder mon esprit et dans ma rétrospectivement avec chair. À Coëtquidan, le prisme de La Courtine “les contrées reculées je me suis heurtée à et de Coëtquidan, de mon être” » une discipline qui ne ce n’était qu’une me correspondait pas esquisse d’initiation de prime abord. Puis, mais elle m’a permis de me familiariser à la réticence première a succédé la joie et de remplacer cette appréhension par devant l’esthétique de cette rigueur. Après de la joie et un sentiment d’appartenance. le merveilleux baptême de promotion, Je suis partie à La Courtine avec une bouquet final de notre formation, j’ai motivation sans limites. quitté Coëtquidan avec à la fois le cœur DR La Courtine m’a appris énormément, gros et la hâte de découvrir la belle Physiquement, j’ai réalisé que le corps tant sur moi que sur la communauté. La Naples. n’avait de limite que le mental.

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DANS LE BAIN DE L’OTAN EN FORMATION À SAINT-CYR J’ai passé quatre formidables mois à Puis chacun part vers son lieu de stage l’Otan en Italie. J’en ai tiré d’autant plus (les élèves officiers ayant choisi l’armée d’enseignements que c’était après la rusticité rejoignent leur lieu de formation). Ceux de Coëtquidan. Le milieu international d’entre nous ayant choisi l’armée de terre me plaisait tout particulièrement. Outre rejoignent Coëtquidan : la formation à des missions à l’étranger qui m’ont permis Saint-Cyr a acquis une certaine réputation de développer mon adaptabilité, j’ai saisi au sein de la communauté polytechnicienne. toutes les opportunités pour discuter Nous arrivons à Rennes dans la soirée avec des militaires de tous horizons. J’ai du dimanche 2 octobre. Le changement également été admirative devant l’esprit de section est perturbant, il faut retisser si soudé du contingent français, qui m’a des liens de cohésion. Mais l’exigence de grandement soutenue pendant mon séjour. la formation nous pousse à nous unir à De surcroît, j’ai pu explorer les rouages nouveau pour répondre aux attentes de d’une organisation internationale dont je l’encadrement. Nous suivons des cours suis maintenant convaincue de la nécessité. sur la tactique militaire, les explosifs, les Je considère réellement avoir grandi grâce à risques NRBC (nucléaires, radiologiques, DR ces multiples expériences. Inès Fernandez (2016) prête pour la visite bactériologiques, chimiques). Nous sommes En sept mois seulement, j’ai énormément du Président Hollande à Tananarive. mis en situation de commandement. Sur le évolué, et je pense être devenue plus moi- plan pratique, nous mettons en œuvre même. Physiquement, je me lance beaucoup militaire étant nouveau pour la majorité les enseignements théoriques pendant les plus de défis, et je compte transférer cet d’entre nous. Sortant de deux années de terrains. La formation est physiquement esprit combatif à ma vie professionnelle classe préparatoire, j’étais perturbée par cette exigeante, et les moins sportifs d’entre future. Mentalement, je pense avoir acquis ambiance radicalement nous prennent goût une volonté et une ouverture qui me seront différente, où des à l’activité physique nécessaires. Et j’ai acquis une connaissance détails – rangers mal « Les moins sportifs (parfois plus par du milieu de la Défense qui me le rend cirés, lacets mal faits – d’entre nous nécessité que par beaucoup plus sympathique. Je pourrais semblaient avoir une choix). Outre le fidèle dire naïvement que j’aimerais pouvoir grande importance aux prennent goût aperçu de la formation revivre ces quelques mois tant j’en ai tiré yeux des cadres. C’est des officiers de l’armée d’enseignements mais j’ai appris à aller de dans cet environnement à l’activité physique » de terre, j’ai reçu l’avant et je compte avancer la tête haute vers exigeant que se des enseignements les défis qui m’attendent. développe la cohésion. Et c’est par cette utiles et valables au-delà du monde des cohésion que se tissent des liens durables – et armées, notamment dans le domaine INÈS FERNANDEZ (2016), souvent inattendus – au sein d’une section. du management. Riches de ce mois de STAGE AU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES À MADAGASCAR Je me souviens encore de mon premier contact avec l’armée : c’était le 28 août dernier, date de la rentrée, et le chef de section, se référant à ses listes, m’avait attribué un numéro d’unité en ajoutant que je n’étais pas près de l’oublier lorsque je lui avais demandé à quoi il correspondait. Il est vrai que je l’ai encore en mémoire sept mois après, alors même que nous sommes tous rentrés depuis longtemps sur le plateau et que l’environnement strict du début d’année semble déjà bien loin. Au cours de notre formation militaire

initiale à La Courtine, nous avons reçu un DR enseignement militaire de base, le monde J’ai eu pour mission principale de donner des cours de français aux élèves officiers malgaches.

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de Chasseurs Alpins (27e BCA), prestigieuse unité d’infanterie spécialisée dans le combat en montagne.

OBSERVATEUR SENTINELLE EN MONTAGNE Le 27e BCA est sur tous les fronts en ce moment, alternant opérations extérieures et mission Sentinelle. J’ai débuté en tant qu’observateur Sentinelle, vivant le quotidien des soldats à Chambéry pendant 4 jours avant de partir 3 jours au côté de la Police aux Frontières avec la Suisse. Sentinelle est une mission difficile pour DR Visite du commandant de promo X 2016 à Inès. le moral des troupes et j’ai vu à quel point l’exemplarité du chef s’impose. J’ai suivi un mois de formation alpine formation supplémentaire, nous nous le statut militaire de l’École polytechnique. militaire initiale hiver en montagne. J’ai fait séparons une nouvelle fois pour rejoindre Si les premiers jours de formation militaire du ski (de randonnée, de piste, en cordée, notre affectation des cinq mois suivants. initiale à La Courtine furent difficiles, je de nuit, tir en neige, passages en escalade), Pour ma part, je me destine à partir pour la me suis rapidement fait à la rigueur et à j’ai passé une nuit dans un abri sous la neige Mission de Défense à Madagascar, avec un la hiérarchie militaire et me suis endurci et j’ai appris les différentes techniques de autre camarade de ma section. physiquement. Ce secours en avalanche. premier contact avec La montagne est un EN MISSION AUPRÈS l’armée m’a motivé à « J’ai vu à quel point milieu très exigeant DE L’ARMÉE MALGACHE effectuer mon stage et j’ai eu plusieurs Nous sommes placés sous l’autorité de dans l’armée de terre. l’exemplarité du chef fois l’occasion de me l’attaché de Défense, qui a également Je suis donc parti à s’impose » dépasser physiquement. sous ses ordres une équipe de coopérants Coëtquidan avec un Dans les situations militaires. Ces derniers accompagnent le quart de la promotion. difficiles, on doit développement de l’armée malgache. Mon J’y ai reçu une formation complète de soldat souvent se reposer les uns sur les autres, c’est tuteur de stage travaille au sein de l’unique et d’officier, marquée par du sport, des l’esprit de cordée. L’organisation, l’efficacité centre de formation d’officiers du pays. cours théoriques, du combat, de la vie en et l’entretien du matériel sont primordiaux. Ayant enseigné en France, il fait bénéficier campagne, des cérémonies et une semaine J’ai pu observer le commandement en les officiers malgaches de son expérience. d’aguerrissement commando. Après dix situation difficile et mieux me situer par Au cours de mes cinq mois à ses côtés, semaines intenses mais très formatrices, rapport aux militaires du rang, véritable j’ai eu pour mission principale de donner mon choix s’est porté sur le 27e Bataillon leçon d’humilité. des cours de français aux élèves officiers malgaches. La coopération militaire participe grandement au rayonnement de la France à l’étranger et ce fut pour moi un honneur d’y contribuer. De retour à Paris pour préparer la rentrée à Palaiseau, j’ai le sentiment d’avoir servi mon pays et l’envie de continuer à le faire quel que soit mon futur domaine professionnel.

LUCAS DELCROS (2016), STAGE AU 27e BATAILLON DE CHASSEURS ALPINS Originaire de l’université, et ayant toujours

été intéressé par l’armée, j’ai été candidat au DR concours grâce à l’argument de poids qu’est Déplacement en ski chez les chasseurs alpins.

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DE GAP À ANNECY effectué, au premier toit formé, j’ai su J’ai passé ensuite plus d’un mois à Gap que cette aventure militaire allait être comme chef de groupe à la formation une expérience inédite. Rapidement, j’ai de jeunes recrues (ce que l’on appelait compris que c’est le stage que je voulais autrefois « les classes »). J’ai enseigné faire et que ce serait difficile d’y accéder aux 12 recrues sous mes ordres les au vu de mon statut d’étranger. Mais rudiments de la vie militaire, la vie en en définitive, je n’allais pas être déçu, campagne, le tir et le sport. J’ai pu tester cette immersion a bien valu quelques mon commandement et le perfectionner. sacrifices. Six mois extrêmement Pendant cette période aussi intense intenses où rigueur, dépassement de pour les recrues que pour les cadres, j’ai soi et esprit de collectivité ont été les compris l’importance de l’exigence et de maîtres mots. l’exemplarité mais en ai également vu les limites : ne pas être trop autoritaire VOYAGE EN TERRA INCOGNITA. et s’adapter aux individus que l’on Pourquoi l’armée ? Comment pouvais-je commande. Si j’ai su tirer certains vers être attiré par ce monde d’actes bruts, le haut, j’ai également vécu des échecs, réputé non intellectuel ? La réponse est

expérience humaine très forte. DR simple : vivre quelque chose de nouveau Mon stage s’est terminé à Annecy Omar Attia (2016) et d’excitant, créer une réelle césure avec par plusieurs semaines au bureau les deux ans de prépa dont je sortais, voilà opérations et instructions du poste de OMAR ATTIA (2016), ce que je cherchais. Mon élan n’a pas été commandement du bataillon. J’ai créé STAGE DANS LA LÉGION arrêté par les barrières qu’imposait mon un outil informatique de ressources ÉTRANGÈRE statut d’étranger ; je n’avais pas accès à humaines et participé à la formation de C’est avec une certaine excitation que la formation à Saint-Cyr, porte d’entrée militaires souhaitant monter en grade, j’ai rejoint le campus de l’École, une hâte au stage en unité des forces. Faisant ce qui m’a fait comprendre l’importance indescriptible mêlée tout mon possible des relations humaines dans le monde toutefois à une pour convaincre du travail. légère appréhension « Un stage avec des hauts mes cadres par ma Je sors grandi de ce stage, ayant beaucoup du monde nouveau motivation, j’ai appris sur moi-même, pris confiance en qui m’attendait. Un et des bas, mais haut eu finalement la moi et développé un sens de l’intérêt univers inconnu en rebondissements chance d’obtenir général. J’ai été impressionné par ces s’ouvrait à moi à ce que je voulais, hommes qui donnent leur vie et par leur l’instant même où et hautement marquant » ce qui m’a valu sens du devoir. J’envisage maintenant de nous étions arrivés, l’honneur d’être le faire une carrière dans les armées ou dans accueillis par une kyrielle de cadres tout premier international de l’X à faire la réserve opérationnelle. en treillis. Au premier garde-à-vous un stage en régiment.

LA LÉGION, UN CHOIX ÉVIDENT Aux yeux du néophyte de l’armée que j’étais, le choix de la Légion étrangère m’est apparu comme évident : quoi de mieux qu’une troupe d’élite, avec une notoriété la précédant même au-delà des frontières du pays, pour vivre une expérience militaire mémorable ? C’est ainsi que le 2e régiment étranger d’infanterie m’a ouvert ses portes barricadées. Je n’avais à ce moment aucune idée que ces mêmes légionnaires, qui regardaient d’un air vaguement interrogateur mon galon d’aspirant,

DR allaient être mes camarades d’armes Instruction à la vie en campagne. durant un stage commando en haute

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ALEXIS BACOT (2015), passionnés et portés par une ambiance si STAGE EN ÉTAT-MAJOR effervescente qu’aux cartes d’état-major ET À BORD D’UN SOUS-MARIN se substituaient parfois quelques cartes à Une semaine après les attentats de jouer pour disputer des parties de belote novembre 2015 et alors que le président nocturnes ! de la République avait ordonné une intensification des frappes contre l’État SOUS-MARINIER islamique, j’arrivais dans l’état-major Après ces quelques mois de travail en pilotant la conduite des opérations sur les état-major, les dernières semaines de mon théâtres militaires irakien et syrien. Sur stage ont été consacrées à une expérience place, une base aérienne, une base navale et plus spécifiquement maritime : un le groupe aéronaval en pleine activité m’ont embarquement à bord d’un sous-marin permis de voir défiler un bel échantillon des nucléaire d’attaque. Héritage du génie naval capacités opérationnelles françaises. français, ces sous-marins nucléaires sont les plus petits au monde : 80 mètres de long DR AU CŒUR DU RENSEIGNEMENT pour environ 80 marins à bord. Leur vie Première section des polytechniciens à l’ESM 4. MILITAIRE est hors du commun, leurs métiers sont J’ai tenu à intégrer une cellule chargée du passionnants. Sonars, torpilles, périscopes, montagne et que j’allais vivre avec eux renseignement militaire, où j’ai eu la chance centrale nucléaire et renouvellement de l’air de rudes épreuves qui nous souderaient d’assurer les fonctions d’un lieutenant de sont autant d’organes essentiels des entrailles dans l’adversité. Ces mêmes légionnaires, vaisseau en tant que du sous-marin que leurs avec leur képi blanc immaculé et leur air responsable du suivi de opérateurs respectifs martial et impassible, que je regardais en la situation en Irak. Je « Leur vie m’ont fait découvrir avec décembre avec admiration mais non sans disposais ainsi d’images beaucoup de fierté. Et une certaine crainte, j’allais les quitter prises par satellite ou par est hors du commun, pourtant, on découvre en avril avec beaucoup de nostalgie avion, de rapports des leurs métiers à leur contact que la et des moments inoubliables en tête. divisions irakiennes sur fascination que suscite J’ai découvert grâce à cette expérience le terrain et d’écoutes sont passionnants » la sous-marinade ne d’officier de Légion le revers d’un monde électromagnétiques, suffit pas à faire oublier réputé froid, mécanique et injustement mon rôle étant de ces longues périodes hiérarchisé, où en réalité la dimension convertir ce renseignement en connaissance pendant lesquelles ils laissent femme humaine est omniprésente. La sévérité des précise de ce qu’il se passait sur le terrain. et enfants à terre. Durant ces quelques relations verticales est en fait synonyme Je devais restituer cette connaissance dans moments en plongée avec eux, j’ai pu de bienveillance d’un côté, et de loyauté des rapports écrits quotidiens pour la mesurer la somme de leurs renoncements, à toute épreuve de l’autre. J’ai découvert direction du renseignement militaire et témoignant à mes yeux de leur admirable non pas des machines de guerre qu’on lors de briefings pour l’amiral et son état- sens du sacrifice au service de la France. Q matraquait d’ordres comme on aimerait major. Concrètement, cette appréciation de bien le croire, mais des légionnaires situation, outre l’aide à la préparation des passionnés qui, unis par leur discipline frappes aériennes, permettait d’assurer la infaillible et leur fidélité, accompliraient sécurité des pilotes volant quotidiennement volontiers l’impossible pour vous s’ils au-dessus du théâtre – ceux-ci devaient jugent que vous en valez la peine. Un savoir où s’éjecter –, mais il s’agissait stage avec des hauts et des bas, mais aussi d’une monnaie d’échange avec nos haut en rebondissements et hautement alliés, susceptibles de nous fournir des marquant. C’est avec la tête haute que renseignements intéressant la sécurité de j’en sors et que je compte affronter les notre territoire. Cette immersion au cœur nombreux défis qui m’attendent dans de la coalition m’a permis d’appréhender les la vie, car c’est la leçon que je retiens de enjeux tant militaires que diplomatiques de ce stage. J’espère que mon expérience, la conduite des opérations et de l’échange de grandement positive, ouvrira la voie aux renseignement. Au sein de la cellule, nous futurs internationaux de l’X qui seraient travaillions tous les jours sans exception

comme moi motivés pour vivre six mois et terminions parfois la préparation des DR inoubliables dans l’armée. briefings tard dans la nuit, mais nous étions Alexis Bacot (2015)

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ANTOINE BURTIN (2003) chef de bataillon

L’APPORT DES X AUX ARMÉES

Aujourd’hui peut-être EPUIS 2006, soit depuis que Dans ce cadre, la transformation d’inno- encore plus que par le passé, j’ai fait état de ma volonté de vations technologiques en innovations rejoindre le corps des officiers tactiques demeure un enjeu essentiel, il y a un sens à ce que D d’active, j’entends régulière- auquel les X semblent pouvoir apporter des officiers issus de l’X ment la même question : pourquoi s’en- une contribution intéressante. continuent à apporter, gager dans l’armée de Terre quand on est polytechnicien ? À défaut d’être originale, UNE MISSION TOUJOURS au sein de l’institution cette interrogation n’en demeure pas PRIORITAIRE militaire, les qualités acquises moins légitime : au-delà de la satisfac- La défense des intérêts français m’apparaît, au cours de leur parcours tion égoïste d’un goût pour l’aventure, à l’aune des constats que j’ai pu faire ces der- ce choix présente-t-il nières années, comme académique. C’est ce que je vis un quelconque inté- une mission tou- au quotidien et dont rêt objectif, ou bien « Derrière les discours jours aussi essentielle, je peux témoigner. ne s’agit-il que d’un nonobstant les aspira- vestige suranné du diplomatiques policés, tions postmodernes, passé militaire de l’X ? concurrents plus ou moins sincères En fait, la défense des du reste, qu’entretient intérêts nationaux fait et adversaires l’Occident depuis la fin encore pleinement du XXe siècle. sens dans le monde sont toujours Tout d’abord, la notion contemporain. Or, bien présents » même d’État me semble pour rester à la hau- loin d’être tombée en teur de cette mission, désuétude avec le déve- notre outil militaire se révèle confronté loppement de la mondialisation, et justifie à des défis particulièrement exigeants. pleinement qu’on se tienne prêt à employer la force pour la défendre. Ainsi, pour avoir été le témoin de ce à quoi se réduisait le quotidien de populations dont les insti- tutions s’étaient effondrées, l’importance – mais aussi la fragilité – de ce legs de notre histoire m’apparaît désormais avec une acuité toute particulière. Or, derrière les discours diplomatiques policés, concurrents et adversaires sont toujours bien présents, que nous le voulions ou non. Car au-delà des ennemis déclarés que sont Daech et Al-Qaeda, nombreux sont encore les États dont les ambitions et les intérêts entrent directement en conflit avec les nôtres. Dans ce cadre, le recours à la coercition reste commun, même si l’avènement de l’ère nucléaire le limite le

DR plus souvent à des affrontements indirects Patrouille débarquée de la 3e Compagnie en République centrafricaine. et discrets.

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UN RANG À MAINTENIR obtient initialement de réels succès, se une place importante dans les différentes De surcroît, il semble que la France voit in fine mise en échec par la stratégie révolutions militaires qu’a connues notre demeure profondément et assez unani- d’usure imposée par l’adversaire. Le temps histoire. Il est dès lors raisonnable de pen- mement attachée, non seulement à sa joue dès lors contre la force d’interven- ser qu’elle a de nouveau un rôle essentiel souveraineté, mais aussi à sa place au tion, qui finit invariablement par se retirer à jouer aujourd’hui. premier rang de la scène internationale. sous la pression de son opinion publique. Et justement, il semble manquer à notre Or, c’est une place que bon nombre outil de défense la souplesse nécessaire d’acteurs tendent aujourd’hui à remettre UN OUTIL MILITAIRE à l’adaptation au rythme actuel du pro- en question. Dès lors, le maintien d’un À RÉINVENTER grès technologique, notamment dans les outil de défense universellement reconnu Face à ces impasses, le besoin de repenser domaines issus de la révolution numé- constitue un impératif, à la fois pour en profondeur la place, l’organisation et rique. Ainsi, de la numérisation de l’es- dissuader les velléités d’ingérence et pour l’emploi de notre outil militaire s’im- pace de bataille à la maîtrise du cyber- rester crédible en matière de politique pose à la fois comme une urgence et un espace en passant par le développement extérieure. véritable défi. En effet, il apparaît illusoire des drones, nos armées, en dépit d’efforts Aussi la nécessité de protéger les intérêts d’exiger une hausse spectaculaire des cré- réels, semblent encore loin de pouvoir français, sur le sol national comme à dits alloués aux armées, ou encore d’espé- s’imposer comme des acteurs de pointe l’étranger, demeure-t-elle à mon sens rer un hypothétique dans ces domaines pleinement d’actualité. Cependant les retour à une armée pourtant essentiels. voies et moyens traditionnellement uti- de conscription. Mais « La présence d’X D’un autre côté, lisés à cette fin semblent se heurter à des à l’inverse, abandon- l’innovation tech- difficultés considérables. ner la défense de au sein de l’institution nologique se révèle nos intérêts, où que militaire est un atout bien souvent inutile DES DÉFIS INTERNES cela se révèle néces- si l’on ne se montre ET EXTERNES saire, reviendrait à se objectif pour celle-ci » pas capable de faire En effet, notre outil militaire se révèle résoudre au déclin. évoluer les structures aujourd’hui confronté à des défis, sur le Ainsi, l’adaptation et les modes d’action territoire national comme à l’extérieur de nos armées à notre monde et à ses tactiques afin d’en tirer le meilleur parti. de nos frontières, que seule une réflexion conflits, si difficile soit-elle, constitue À cet effet, la présence accrue d’officiers, sur la place, la structure et les modes un enjeu véritablement vital, qui mérite notamment issus de l’École polytech- d’action de nos armées semblent pouvoir à n’en pas douter que les esprits les plus nique, capables de tenir ce rôle d’interface permettre de surmonter. aiguisés de la Nation s’y confrontent. en combinant une solide culture scienti- Ainsi, la professionnalisation comme les fique et une réelle expérience tactique, coupes budgétaires qui se sont succédé au INNOVER ET S’ADAPTER apparaît tout à fait pertinente. cours des vingt dernières années ont pro- DANS UN CADRE gressivement conduit l’armée de Terre à EN MUTATION RAPIDE UN ENGAGEMENT s’apparenter à un modèle réduit d’armée Dans ce cadre, l’innovation technolo- TOUJOURS D’ACTUALITÉ de conscription, alors que c’était préci- gique semble pouvoir apporter sa part de Pour conclure, l’engagement de polytech- sément l’effet de masse qui constituait le solutions, sous réserve que notre outil de niciens au sein des forces armées, si rare principal atout de ce type d’outil. Le for- défense se révèle capable non seulement soit-il, est loin de constituer à mes yeux mat actuel atteint rapidement ses limites de suivre son rythme, mais également une curiosité issue du passé. Non seule- d’emploi dès lors qu’il s’agit d’atteindre de la transposer efficacement dans un ment notre pays mérite toujours qu’on une forme d’efficacité durable. contexte tactique. le défende par la force lorsque cela se Or, l’histoire récente semble avoir défi- Certes, il s’est souvent avéré illusoire – et révèle nécessaire, mais les défis auxquels nitivement consacré l’inefficacité stra- même dangereux – de compter exclusive- son outil de défense fait face aujourd’hui, tégique du concept de « guerre éclair ment sur la technique pour résoudre les notamment dans le domaine technolo- expéditionnaire » mis en application par problèmes auxquels une armée se voyait gique, font de la présence d’X au sein de l’Occident depuis la guerre du Golfe. En confrontée. Néanmoins, l’innovation l’institution militaire un atout objectif effet, cette approche, même quand elle technologique a invariablement tenu pour celle-ci et pour notre pays. Q

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ADRIEN CHAVANNE (2007) capitaine au 3e RPIMa POLYTECHNICIEN ET OFFICIER PARACHUTISTE

L’auteur a choisi la carrière OMME MA FAMILLE ne comporte mon départ aux classes dès mon arrivée des armes dans l’infanterie, aucun militaire, mon expérience au régiment. En octobre 2011, je prépare de l’armée se limitait au stage de donc cette incorporation avec la base choix aujourd’hui rare C e première année à l’École, soit arrière de la 2 compagnie, projetée au pour un polytechnicien. une formation initiale à Barcelonnette, Gabon. Le contexte apparaît défavorable, Il évoque ici ses premières deux mois de formation à l’École des puisque les cadres savent qu’ils manquent fusiliers marins à Lorient avant le stage une projection et que, lorsque les classes années qui lui ont permis de formation humaine et militaire au se termineront, la compagnie sera à peine d’être envoyé régulièrement commando Hubert à Saint-Mandrier. rentrée, repoussant la prochaine pro- en opération extérieure. Puis en deuxième année, j’eus la chance jection. Les aléas de la programmation d’encadrer l’incorporation des 2009 à me sourient puisque je rejoins une autre La Courtine. Ces périodes ont nourri compagnie avec ma section de jeunes ma décision de rejoindre la « Grande recrues, la 1re compagnie, dont la pro- Muette ». En 2010, alors que la plupart jection en République centrafricaine de mes camarades rejoignent une école (RCA) est prévue en novembre 2012. d’application, je La préparation tac- rejoins mon « école tique se focalise alors d’appli », l’École de « En novembre 2012, sur le pays, ses envi- l’infanterie, fraîche- rons et les missions ment déménagée à je suis projeté à Bangui, possibles, telles que Draguignan. La for- sur le camp de M’Poko » l’évacuation de res- mation assez dense sortissants. se concentre sur le En novembre 2012, sport, le tir et la tactique pour le volet je suis donc projeté avec ma compa- opérationnel, sur la gestion des militaires gnie à Bangui, sur le camp de M’Poko. du rang et des sous-officiers pour le volet Rapidement, les consignes me sont don- des ressources humaines. nées, comme le rythme de la mission. La section monte la garde, prend l’alerte, DU GABON À LA RCA patrouille en ville, s’instruit et se repose. À l’été 2011, jeune lieutenant, je Durant les quatre mois de mission, une rejoins le 8e Régiment de Parachutistes à deux tournées de province (TP) sont d’Infanterie de Marine (RPIMa), situé prévues, d’une durée d’une semaine dans à Castres dans le Tarn. Le parcours clas- les villages de province, en autonomie sique de l’officier direct dure trois ans complète avec la section. Les recrues étant en tant que chef de section, incluant encore jeunes, l’effort est maintenu sur si possible une projection (c’est-à-dire l’instruction à travers la réalisation d’un une intervention hors de frontières) certificat technique élémentaire (CTE). et une phase de formation initiale (les Le rythme s’alourdit alors, pour les cadres « classes »), cette durée équivalant à celle comme pour la troupe, mais la capacité du grade de lieutenant avant le passage opérationnelle s’en trouve augmentée. au grade de capitaine (durée réduite à deux ans pour les Polytechniciens). « TOURNÉES EN PROVINCE » Lors de ma préparation à ma nouvelle La première TP est préparée avec soin, la affectation, le chef de corps m’annonce section partant avec les vivres, le soutien

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logistique et médical pour une semaine. départ se fait par voie maritime avec nos Mais la chaleur, la poussière et l’état véhicules de Toulon au Cameroun, puis des routes ralentissent nos véhicules. par voie ferrée jusqu’à la frontière avec la Après un long déplacement, la section RCA, puis par voie routière à travers la s’installe dans un village dans un terrain RCA. Le convoi voyage plus de trois jours vague. Commencent alors les différents à travers l’immensité du pays, les villages échanges. Les infirmiers partagent avec pour la plupart étant abandonnés suite les soutiens sanitaires locaux, les groupes aux multiples exactions. Le trajet se révèle partent patrouiller difficile pour les véhi- dans les environs pen- cules, la tension et la dant que j’échange « Tensions, missions vigilance du person- avec le chef du vil- nel restent maximales lage et ses adjoints. imprévues, adaptation après la mort début La semaine s’écoule perpétuelle, imposent décembre 2013 et se termine par le de deux parachu- traditionnel match de une remise en question tistes de la première football entre mili- compagnie. Arrivés taires et locaux, la permanente » à Bangui, les spécia- manifestation attirant listes travaillent alors l’ensemble des villages aux alentours. Au sans relâche, dans la réparation et l’en- retour de la TP, des incidents éclatent à tretien des véhicules, dans les ravitaille- DR Bangui, à l’ambassade, après l’avancée ments comme dans l’évacuation de civils. Depuis le 28 juin 2016, Adrien Chavanne (2007) dans le pays de la coalition rebelle, la Je m’adapte rapidement aux différents commande la 3e Compagnie du 3e RPIMa Séléka. Le rythme de la mission change domaines de spécialité ainsi qu’au travail à Carcassonne. brutalement, comme la posture. La interarmes. L’ambiance dans le camp garde est alors montée dans les points est électrique, le rythme des patrouilles En juillet 2014, je rejoins le département névralgiques et des renforts sont envoyés et la tension générale restant élevés. Je de la Réunion au 2 e RPIMa en tant depuis le Gabon. La mission prend tout retrouve mon ancienne section éreintée que chef de section. J’effectue pendant son sens, le risque d’évacuation de res- par la mission, attristée par la mort des plusieurs semaines une mission sur l’île sortissants restant élevé. Pendant plu- camarades. Les deux compagnies du Éparse Juan de Nova (dans le canal du sieurs semaines, le quotidien devient 8e RPIMa cumulent plusieurs mois de Mozambique) avec un détachement de plus rustique, le confort est oublié et la mission à mon arrivée et, si le rythme 14 militaires. Le cadre paradisiaque et fatigue s’installe progressivement. Après des patrouilles ne faiblit pas, les capacités les tortues permettent d’oublier tem- un retour au calme, la section repart en logistiques du camp en sont fortement porairement la « Centraf’ ». En 2015, TP pour la seconde fois et termine son réduites. La capitale est également mar- je deviens officier adjoint de la CCL CTE avant le retour en France. quée par le conflit, la population accepte et responsable de l’île Éparse Europa. difficilement la présence de la force. Le J’effectue également un détachement LA RCA, DE NOUVEAU quotidien amène son lot de tensions, de d’instruction opérationnelle (DIO) de En 2013, je rejoins avant l’été la missions imprévues, d’adaptation per- quatre semaines en Zambie, période Compagnie de Commandement et de pétuelle, qui imposent une remise en enrichissante par l’échange avec un pays Logistique (CCL) comme officier adjoint question permanente. africain possédant un passé colonial en raison de mon passage au grade supé- britannique. rieur. En novembre 2013, les tensions en DU 8e RPIMa AU 3e RPIMa Depuis le 28 juin 2016, j’ai l’honneur RCA poussent la Force à déclencher des Enfin, en janvier 2014, je repars en de commander la 3 e Compagnie du renforts. Je suis alors à nouveau projeté France pour poursuivre mon cursus de 3e RPIMa à Carcassonne. J’ai effectué en RCA mais cette fois en tant que « sou- formation, abandonnant ma compagnie deux mandats dans le cadre de la mis- tien » et non en tant que « mêlée », qui avant la fin de la mission, me préparant sion « Sentinelle » en région parisienne reste mon cœur de métier. La projection à ma future fonction de commandant et serai prochainement projeté avec ma est alors bien plus lourde en moyens, le d’unité. compagnie. Q

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HUBERT LÉVY-LAMBERT (53) fondateur d’X-Magnan et président d’X-Monument LES POLYTECHNICIENS MORTS DANS LES GUERRES

Près de 2 000 polytechniciens sont morts dans les guerres. Il est de notre devoir d’entretenir leur souvenir et c’est pourquoi X-Monument a établi la liste de ceux qui ont donné leur vie pour la Patrie et fait ériger à Palaiseau un monument qui honore leur mémoire. © COLLECTIONS ÉCOLE POLYTECHNIQUE (PALAISEAU) ÉCOLE POLYTECHNIQUE © COLLECTIONS Monument érigé en 1925 par souscription publique sur le campus de la Montagne Sainte-Geneviève pour honorer la mémoire des 900 polytechniciens morts au cours de la guerre de 14-18.

E PRIX NOBEL DE LA PAIX a été cours des deux siècles écoulés depuis la attribué à l’Union européenne en création de l’École. Et quand on parle L 2012. Il s’agissait d’un non-évé- aujourd’hui de « mobilisation », il s’agit nement pour une majorité de de dynamiser les énergies pour un sur- Français, qui vivent en paix depuis plus saut nécessaire pour redresser l’économie d’un demi-siècle. Quand ils entendent de la France mais pas de la « mobili- parler de guerre, il sation générale » par s’agit le plus souvent voie d’affiches et de de conflits lointains « Il était difficilement tocsin qu’ont connue qui les touchent peu, nos anciens pour même si les récents envisageable défendre leur pays. attentats qui ont de transférer ensanglanté Paris ou UN VŒU À MOITIÉ Nice ne sont pas sans le monument SATISFAIT lien avec ces conflits. Dans une remar- Ou alors il s’agit de la Montagne quable série d’articles de ce que Bernard à Palaiseau » consacrés aux poly- Esambert (54) appelle techniciens tombés au la « guerre écono- combat, Paul Tuffrau mique », qui est certes féroce mais ne fait pas (1887-1973), professeur d’histoire et de couler de sang, contrairement aux guerres littérature à l’X jusqu’en 1958, écrivait qui ont jalonné l’histoire de la France au ceci en 1954 : « Le général Gustave

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Borgnis-Desbordes (1859), président ment de la Montagne à Palaiseau. Seul l’église Saint-Étienne-du-Mont voisine. de la SAS 1, déplorait devant l’assem- le conscrit de 1814 était transféré. Le Certes un autre monument était blée générale de 1892 qu’aucune ins- monument de Gustave Umbdenstock construit à Palaiseau, composé d’un mur cription ne rappelait ceux d’entre nous (pour les grands de briques compor- qui ont été tués à l’ennemi. Ce vœu anciens, il s’agit de tant en son centre avait été à moitié satisfait en 1925 pour l’immortel auteur de « Établir un blason aux armes la guerre de 14-18 et tant bien que mal la Tour « Umb ») et de l’École, encadré en 1951 pour les guerres suivantes mais la victoire de Victor un recensement exhaustif par une belle forêt rien de tel n’existait pour les guerres Ségoffin restaient de colonnes d’acier antérieures. Pour elles, ni plaque, ni sur place. Le lien des polytechniciens morts brossé, L’Égalité mur, ni livre d’or. » 2 entre les élèves et pour la Patrie depuis des hommes face à Un monument avait en effet été érigé leur monument la mort, œuvre de par souscription publique sur le cam- aux morts, voulu 1794 » Guy Lartigue avec, pus de la Montagne Sainte-Geneviève par ses initia- de part et d’autre, après la guerre de 14-18 pour honorer teurs, était rompu, diverses plaques la mémoire des 900 polytechniciens même si le groupe X-Mémorial y orga- commémoratives provenant de l’ancien morts au cours de ce conflit sanglant. nise un hommage une fois par an fin site de l’X. Mais le monument lui-même Une cérémonie exceptionnelle pré- novembre avant d’aller se recueillir dans ne comportait aucun nom. sidée par le maréchal Foch (1871), à laquelle assistaient notamment Gaston Doumergue, président de la République et Raymond Poincaré, président du Conseil, avait marqué son inauguration en 1925. La taille du monument, pourtant imposante, et la disposition des noms par promotion et non par date de décès, n’ont pas permis d’y insérer convena- blement les noms des morts au cours des guerres ultérieures et notamment des 400 morts de la guerre de 39-45 et encore moins de rendre hommage également aux 600 morts antérieurs à la guerre de 14-18, injustement oubliés jusqu’à ce que je m’en occupe en 2012, qui ont laissé leur vie notamment sur les champs de bataille de la Révolution, à l’expédition de Saint-Domingue, dans l’épopée napoléonienne, la guerre de Crimée et la guerre de 1870.

UN LIEN ROMPU Enfin, le déménagement de l’X posait

un problème grave car il était difficile- - J. BARANDE © ÉCOLE POLYTECHNIQUE ment envisageable de transférer le monu- Lors du déménagement de l’X, seul le conscrit de 1814 était transféré.

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2012 : NAISSANCE construites par la société GA, société de D’X-MONUMENT construction très innovante alors dirigée J’ai donc proposé en 2012 à Yves par Samir Rizk (70), brillant ingénieur Demay (77), à l’époque directeur géné- des Ponts et Chaussées d’origine liba- ral de l’École, d’établir un recensement naise, mort prématurément en 2013. exhaustif des polytechniciens morts pour la Patrie depuis 1794 et de faire graver UN RECENSEMENT leurs noms, prénoms et si possible lieux JAMAIS ENTREPRIS de décès sur le monument aux morts de J’ai utilisé pour mes recherches de nom- Palaiseau afin d’honorer leur mémoire breuses sources dont les annuaires des et de rappeler aux jeunes générations anciens élèves de l’X ; le site « Mémoire ce qu’était la vie de leurs anciens, trop des Hommes » du ministère de la souvent écourtée par les conflits dont Défense, qui recense les Morts pour ils ont été témoins, acteurs et souvent la France à partir de 1914 ; le site victimes. J’ai alors constitué le « groupe « Mémorial genweb », créé en 2000 par X-Monument », association de 1901 Éric Blanchais, mort prématurément agréée par l’AX, et procédé à une col- en 2014 ; le site « famille polytechni- lecte de fonds auprès des anciens élèves cienne » établi par la Bibliothèque de et notamment des descendants des X l’X ; le Livre du Centenaire 1794-1894, morts au champ d’honneur, en vue de publié par Gauthier-Villars en 1897 ; le Pour la Patrie, les polytechniciens morts mettre au point une liste aussi exhaustive Répertoire général des 38 700 anciens élèves dans les guerres par Hubert Lévy-Lambert (53), que possible et de l’illustrer par des cen- de l’X de 1794 à 1980, par Jean-Pierre édité par la Sabix. taines de monographies variées autant Callot (31) ; le Répertoire 1794-1994 qu’émouvantes, parues en 2013 dans établi par la bibliothèque de l’École en Ces sources sont souvent incomplètes une importante brochure illustrée publiée 1994 pour le bicentenaire à la demande et quelquefois contradictoires, notam- avec l’aide de la Sabix : Pour la Patrie. 3 de Christian Marbach (56) ; l’Histoire de ment du fait d’erreurs de prénoms voire Le mur de briques préexistant a été cou- l’École polytechnique par Ambroise Fourcy de noms et de l’absence d’indications vert par 14 plaques de béton blanc poli (1828), et bien d’autres. sur les circonstances du décès, notam- ment pour les conflits les plus anciens. Dans le doute, on a préféré inscrire un nom trouvé sur certains fichiers, même non officiels, plutôt que de l’ignorer. En conséquence, il a été convenu de ne pas utiliser le terme officiel de « Mort pour la France » défini par la loi après la guerre de 14 et d’utiliser le terme aussi beau de « Mort pour la Patrie ». Finalement, ce recensement intégral, qui est le premier de son genre, montre l’am- pleur des pertes qui ont frappé les poly- techniciens depuis la création de l’École, avec près de 2 000 morts au champ d’hon- neur en un siècle et demi, depuis Amédée François Boye (1794), mort en 1799 en Égypte jusqu’à Jean Abel Guinard (32), mort en 1961 en Algérie.

L’EMPREINTE DE L’HISTOIRE © COLLECTIONS ÉCOLE POLYTECHNIQUE (PALAISEAU) ÉCOLE POLYTECHNIQUE © COLLECTIONS La liste des morts polytechniciens suit À Palaiseau, un monument composé d’un mur de briques comportant en son centre un blason aux armes de l’École, encadré par une belle forêt de colonnes d’acier brossé, L’Égalité des hommes face naturellement la liste des conflits qui à la mort, œuvre de Guy Lartigue, ne comportait aucun nom. ont parsemé l’histoire de France depuis

MAGNAN_p30-33_LEVY-LAMBERT.indd 32 31/08/2017 12:06 SAMEDI 14 OCTOBRE • LE GRAND MAGNAN 2017 33 © ÉCOLE POLYTECHNIQUE - J. BARANDE © ÉCOLE POLYTECHNIQUE Le mur de briques préexistant a été couvert par 14 plaques de béton blanc poli construites par la société GA, société de construction très innovante alors dirigée par Samir Rizk (70).

la Révolution. C’est ainsi qu’une pre- ont perdu un huitième de leurs effectifs 19 X sont morts à la guerre d’Indochine mière vague a laissé sa vie sur les champs et 360 sur les jeunes promotions 1909 et autant à la guerre d’Algérie. La pro- de bataille révolutionnaires puis dans à 1916, qui ont perdu près du quart de motion 1957 est la dernière à avoir payé les guerres napoléoniennes à travers le leurs effectifs à peine sortis de l’École, le prix du sang, avec Jacques Mitterreiter monde, d’Aboukir à Waterloo en passant voire pas encore entrés, sans compter tous (57), mort en 1960 en Algérie, à peine par Saint-Domingue, Austerlitz, Iéna, ceux qui sont revenus sorti de l’X. Depuis Eylau, Dantzig, Friedland, Wagram, handicapés à vie, d’un lors, la France a pu Saragosse et Moscou. Au cours de cette bras, d’une jambe, d’un « Il y a eu 37 morts intervenir dans diffé- période, les promos 1795 à 1810 ont été poumon ou de la face. rents théâtres d’opéra- les plus atteintes avec 351 morts sur 2 071 Moins meurtrière avec dans la promo 1805 tions extérieurs et elle le membres, soit 17 %, dont 37 morts de la 400 morts, la Deuxième fait encore maintenant, promo 1805 sur 125, soit 30 % ! Guerre mondiale a fau- sur 125, soit 30 % » au Sahel notamment, Après une accalmie de 3 décennies, ché aussi bien des res- mais elle n’a plus jamais correspondant à la Restauration, 75 X capés d’avant 1914 que procédé à une « mobili- meurent pendant la guerre de Crimée des jeunes des promotions de l’entre-deux- sation ». C’est ainsi qu’aujourd’hui plus contre les Russes dont 11 de la promo- guerres. Douze d’entre eux ont été élevés à de 90 % des polytechniciens vivants sont tion 1844 et 13 de la 1847. la dignité de Compagnon de la Libération arrivés à l’âge adulte dans un pays qui vit à titre posthume. Plusieurs sont morts en paix dans un continent en paix. Cet GUERRES MONDIALES dans la Résistance ou en déportation, événement valait bien un prix Nobel ! Q ET DÉCOLONISATION quelquefois avant d’avoir franchi les portes Après une seconde accalmie de 3 décen- de l’École. Le bulletin de l’AX écrivait à 1. Société amicale de secours, fusionnée en 1963 avec nies, correspondant au Second Empire, ce sujet en janvier 1946 : « Lourd est le la Société des anciens (SAX) pour former l’actuelle AX. les pertes de la guerre de 1870 contre tribut que l’École polytechnique a payé à 2. Revue historique de l’Armée, octobre 1954. la Prusse étant très limitées, on arrive à cette guerre de 68 mois, à la Résistance, 3. Pour la Patrie, les polytechniciens morts dans les guerres l’épouvantable hécatombe de la guerre à la Libération. Nombreux sont ses fils , 120 pages, en vente sur http://www.polytechnique.net/xmonument/events/ de 14 avec plus de 900 morts dont 345 tombés pour la Patrie. Leur sacrifice doit sub/1788 sur les promotions 1895 à 1908, qui être proclamé. »

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VINCENT GUIGUENO (88) Conservateur en chef du patrimoine, musée national de la Marine UN X AMIRAL AU MUSÉE : AMÉDÉE COURBET (1847) 1827-1885

Les collections du musée USQU’À LA FIN DES ANNÉES 1990, bombardements, des images d’Épinal, national de la Marine recèlent quand des travaux amputèrent des photographies, ainsi qu’un petit une partie des salles d’exposi- canon dit « annamite » (inv MNM 7 de nombreuses œuvres J tion et lancèrent une impor- SO 73) provenant de la prise des forts qui évoquent le souvenir tante réorganisation muséographique de Thuan-An (20 août 1883) et rapporté de l’amiral Amédée Courbet de l’aile Davioud, le musée national par Eugène de Jonquières (1850-1919), de la Marine consacrait un espace à lieutenant de vaisseau et aide de camp de (1847). Ces pièces – témoins l’amiral Courbet dans sa section XIXe l’amiral Courbet. La plupart de ces sou- du passé colonial siècle. D’après le catalogue publié en venirs sont entrés dans les collections au de la France – ne sont plus 1982 par François Bellec, le parcours fil du temps, grâce à des dons familiaux. comprenait un buste du sculpteur Ernest Ainsi, à la fin de l’année 1966, la collec- visibles par le public Hirou (inv. MNM 41 OA 24), copie tion s’est enrichie d’archives données par mais certaines pourraient en plâtre de l’original déposé au musée un descendant de Tiburce Ferry, un cou- à nouveau être exposées. d’Abbeville, la ville sin de Courbet. Cet natale de Courbet ; ensemble comporte le fronteau de « La plupart deux lettres auto- dunette du Bayard graphes, une tren- (inv. MNM 7 SO des souvenirs sont entrés taine de courriers 25), cédé au Musée dans les collections grâce reçus par l’amiral, en 1904, ainsi que ainsi que le constat trois œuvres de à des dons familiaux » de décès établi à grand format, repré- bord du Bayard, sentant des épisodes à bord duquel de la guerre franco-chinoise pendant Courbet avait embarqué le 23 avril laquelle Courbet commandait les forces 1883. Celui-ci relate avec beaucoup navales françaises : la Prise de Ma-Kung de précision l’embaumement du corps, (Édouard Adam, 1895, inv MNM 9 en particulier l’injection de chlorure de OA 18 D), capitale des îles Pescadores zinc, dans la perspective de son retour (Taïwan) où il meurt le 12 juin 1885, en métropole dans un triple cercueil de le Forcement de la passe de Kim-Pai plomb, de teck et de zinc. (inv MNM 11 OA 49), et le Retour des cendres aux Salins d’Hyères sur le Bayard UNE VICTIME DU CHOLÉRA (inv MNM 11 OA 67), deux gouaches L’épisode est bien connu : alors qu’il vient peintes dans les années 1940 par le d’envahir l’archipel des îles Pescadores prolifique Albert Brenet (1903-2005). (Taïwan), après deux années de cam- pagne marquées par de violents combats DE RICHES RÉSERVES contre la marine chinoise, les Annamites Les collections ne se limitent pas à ce et les pavillons noirs, Courbet meurt en que le public peut voir dans les galeries baie de Makung du choléra qui le ronge permanentes. L’exploration des réserves depuis plusieurs mois. Après deux escales indique que le Musée conserve d’autres aux Seychelles et à Port-Saïd, un cuirassé tableaux de la guerre franco-chinoise, à coque blanche, le Bayard mouille le mais également un service de huit 26 août 1885 au large des îles d’Hyères, assiettes illustrant combats navals et et non pas en rade de Toulon. Le choléra

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sévit à nouveau en Provence depuis un an, ramené en France par les opérations militaires en Indochine.

LA FRANCE DIVISÉE PAR LA QUESTION COLONIALE La presse fait une large place au retour de la dépouille de Courbet en France, dans un contexte politique particuliè- rement tendu. La politique d’expan- sion coloniale et la guerre en Indochine déchirent le pays et le Parlement. Quelques semaines plus tôt, le 28 juil- let 1885, Jules Ferry a prononcé son apologie de la colonisation, théorisant un « devoir de civiliser les races infé- rieures » qui incomberait à la France. « Grâce aux croquis de nos correspon-

dants et aux dessins de nos collabora- DANTEC DE LA MARINE / P. © MUSÉE NATIONAL teurs, nous sommes à même de réunir Émile Mathon (c. 1855-1887), Le retour du Bayard, inv MNM 9 OA 216 (265cm x 196 cm). une série exacte et à peu près complète des principaux épisodes qui ont suivi ce se forme. La dépouille de Courbet est a lavé les humiliations nationales, peut douloureux événement, depuis le jour ensuite transportée en train vers Paris, suffire demain au salut de la Patrie que du décès jusqu’à l’arrivée en France des où d’imposantes ce glorieux trépas a dépouilles du brave amiral » : c’est ainsi funérailles natio- déjà réhabilitée », que Le Monde Illustré, dans un supplé- nales sont organi- « Des collections écrit le journaliste ment publié le 5 septembre 1885, décrit sées dans la cour des du Monde Illustré, les moyens déployés pour rendre compte Invalides, célébrant caractéristiques faisant allusion à la de l’événement. le patriotisme et le défaite de 1870 et courage de l’amiral. d’une production à la politique colo- DES TOILES D’ÉMILE MATHON Courbet est ensuite hautement idéologique » niale dont la Marine Parmi les peintres que le journal dépêche inhumé dans sa ville est le bras armé. Les à Hyères figure un certain Émile natale, Abbeville, où collections consa- Mathon (c. 1855-1887), lié à l’École de une statue commémorative est inaugurée crées à Courbet, et plus largement à la Barbizon. Ses croquis sont repris dans en 1890. conquête de l’Indochine, sont caracté- le journal, dans le temps court de l’évé- ristiques d’une production hautement nement, mais l’artiste décide de ne pas UNE MISE EN SCÈNE VOULUE idéologique. Alors que le musée de l’Ar- en rester là. En 1886, le peintre expose PAR LE POUVOIR POLITIQUE mée revient de manière distanciée et au Salon des œuvres commandées par Si le corpus « Courbet » ici rapide- critique sur notre histoire coloniale, l’État un premier tableau : Le pont du ment décrit peut paraître hétérogène, en particulier celle de l’Indochine, le Bayard pendant le bombardement des son abondance permet de comprendre musée de la Marine n’aborde plus cette forts de Makong (29 mars 1885). L’année comment la mémoire du héros mort période qui a largement contribué à suivante, en 1887, Mathon propose un est immédiatement mise en scène par « l’enrichissement » de ses collections 1. deuxième tableau, revenant sur l’événe- la Troisième République, puis réactivée La rénovation engagée en 2017, et qui ment dont il fut témoin le 26 août 1885, après la Seconde Guerre mondiale, alors se poursuivra jusqu’à la fin de l’an- Le retour du Bayard. Acquise par l’État, que l’Indochine est en guerre pour son née 2021, sera sans doute l’occasion la toile figure désormais à l’inventaire indépendance. Les deux gouaches d’Al- d’une nouvelle interprétation de cette du musée de la Marine (inv MNM 9 bert Brenet déjà citées et la commande période fondamentale dans l’histoire de OA 216), après un passage par Toulon. au peintre de Marine Georges Fouillé, la Marine et de la France. Q Le peintre représente la descente du en 1954, l’année de Diên Biên Phu, 1 cercueil, à l’aide d’un palan, vers un d’un diorama représentant la prise de . Christophe Bertrand, Caroline Herbelin et Jean-François Klein (dir), Indochine. Des territoires canot funéraire, remorqué par le canot à Son Tay (11-17 décembre 1883), sont et des hommes 1856-1956, Gallimard, 2013. vapeur du Bayard, tandis qu’un cortège à cet égard révélatrices. « La Marine, qui

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HOMMAGE AU MARÉCHAL FERDINAND FOCH (1871) EXTRAITS DU DISCOURS PRONONCÉ PAR PAUL SÉJOURNÉ (1871), PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 9 MARS 1930 DE LA SAS

Serge Delwasse (86) ES CHERS CAMARADES, nos forts. L’ambiance, on la trouvait aussi et Olivier Herz (79) Quand votre Bureau m’a fait aux salons de peinture. On n’y a guère le très grand honneur de me vu, après la Grande Guerre, de tableaux ont retrouvé et numérisé M proposer de présider cette militaires. C’est que le patriotisme est l’hommage rendu Assemblée, j’ai pensé tout d’abord à plus vif chez les vaincus. au maréchal Foch refuser, et avec les meilleures raisons Dans notre salle 2 […], fort rétrécie, du monde. […] nous étions 12, par Paul Séjourné. Mais Foch est mort nous restons deux. Ils offrent en exclusivité depuis moins d’un « C’est que le patriotisme Il y a quelques des extraits de ce discours 1 an, j’avais été son années, nous y camarade de salle et est plus vif avons marqué la aux lecteurs de La Jaune et la étais resté son ami : chez les vaincus » place de Foch ; il Rouge et aux participants j’avais le devoir de nous a dit alors : au Grand magnan 2017. vous parler de lui. « Quand nous J’ai donc accepté. […] étions sur ces bancs, nous n’avions tous Permettez-moi, d’abord, quelques souve- qu’une pensée : la Revanche. Nous sen- nirs de ma vieille, et très chère, promo- tions tous qu’elle viendrait, qu’il la fallait. tion de 1871 (promotion Dans les pires moments de la guerre, je jaune, comme celle de nos me suis toujours répété : si la France ne trois autres maréchaux : triomphe pas cette fois, elle est morte ; Joffre, Fayolle, Maunoury il ne se peut pas qu’elle meure, il faut – simple coïncidence). vaincre. Aux plus dures situations, il n’y Nous portions, alors, la a qu’une issue, qu’une porte : celle de la grande cape espagnole ; victoire. » […] on l’a supprimée en 1873 ; En 1901 – il était alors professeur à nous l’avons regrettée, elle l’École de guerre – un ministre, un cama- conservait dans ses plis une rade pourtant, mais qui ne pratiquait pas parcelle de notre prestige. la tolérance religieuse, cette vertu si poly- À l’intérieur de l’École, technicienne, estime qu’on ne peut pas dans ces temps lointains, aller à la messe et professer la stratégie : le grand chic était d’être il l’envoie en disgrâce à Laon. D’autres aussi débraillé que possible. qui ont subi cette même injustice ont Foch, lui, était toujours quitté l’armée. Lui, fidèle serviteur du très correct. […] En 1871, pays malgré ses erreurs, obéit et attend sa nous ne pensions qu’à la revanche : elle est venue. revanche et pas du tout à En 1907, ses chefs le proposent l’argent. […] Nous étions pour commander l’École de guerre : […] le reflet de l’ambiance. Clemenceau, alors chef du gouverne- C’est que beaucoup d’entre ment, désire le voir. Foch lui dit, avec nous avaient vu de près sa loyauté coutumière, qu’il a un frère les casques à pointe ; beau- jésuite, à quoi le Président répond : « Je

DR coup avaient vu Paris m’en f… » et le nomme. Exemplaire du discours dédicacé à Anne Fournier-Foch, flamber sous les yeux des Après l’École de guerre, il commande seconde fille du Maréchal. Allemands, qui occupaient le 8e Corps, puis le 20e. C’est là qu’à la

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Guerre, Joffre va le chercher pour lui 1914, quand il arrêta les Allemands sur confier la IXe Armée. Ici, je veux saluer l’Yser, il ne commandait pas, il conseil- le vainqueur de la Marne, Joffre, qui, la lait ; mais ses avis, parce qu’ils étaient bataille des frontières perdue, a su rester bons, ont été suivis par les Belges et les maître de soi, et exalter le moral du Anglais. Plus tard, il sait faire accepter ses soldat pendant la retraite et l’invasion. directives par les Italiens. C’est bien lui qui a arrêté l’ennemi sur la 1916 est l’année de Verdun et de la route de Paris, comme Philippe Auguste à Somme ; les Allemands ont fait des pertes Bouvines, comme Villars à Denain. Foch énormes et parlent de paix : si nos affaires l’a toujours proclamé le vainqueur de avaient alors été mieux conduites, on la Marne : sa merveilleuse campagne de pouvait terminer la guerre en 1917. Mais 1918 est fille de cette première victoire. comme la bataille de la Somme n’avait C’est pour cela qu’il a demandé que, dans pas donné tout ce qu’on en espérait, très la promenade triomphale des Armées malheureusement, on écarte Joffre. On alliées, à Paris, le 14 juillet 1919, Joffre voulait, en même temps, se débarrasser défilât à côté de lui. de Foch, en le prétendant malade. Il ne Au cours de sa glorieuse histoire, la France l’était nullement et, pour continuer à a toujours trouvé, au moment opportun, combattre, eut accepté une division, voire l’homme nécessaire. En 1914, quand une brigade. tout était compromis, il fallait un chef Au commencement de 1917, on fait prudent, d’un merveilleux sang-froid : vers Laon une tentative de percée ; elle elle a eu Joffre. En échoue. Arrive la 1918, pour bouter débâcle russe. Dans l’ennemi hors de « Ce sont les Anglais notre armée, qui France, il en fallait avait jusque-là mon- un autre, hardi, qui le demandèrent tré le meilleur esprit, impétueux : elle a eu comme général en chef » il y eut des mutine- Foch – Condé après ries et un vent de Turenne. Et ces défaitisme souffla deux chefs, tous deux pyrénéens, sont de l’arrière. Clemenceau, chef du gou- fils de notre admirable École, celle qui vernement en novembre, lui fait tête et apprend à apprendre. […] rétablit la discipline du pays. Ça a été un CC Quand, après 43 ans de paix, la guerre immense service. En mars 1918, après Le maréchal Foch par Louis Bombled, vers 1920. éclate, Foch a 63 ans. II n’a jamais l’échec de l’armée anglaise de Gough, conduit d’expédition coloniale. Il ne tout le monde comprit, enfin, qu’il fallait sait de la guerre que ce qu’il a lu dans les un commandement unique. Clemenceau permettrai pas de parler. D’autres l’ont livres : il n’a que l’expérience des autres. y pensait, mais pour lui-même, avec fait qui, eux, étaient qualifiés. Mais il était né chef. Il en avait naturel- Foch comme chef d’état-major. Ce sont Le 31 octobre, alors que douze armées lement les qualités maîtresses : l’autorité, les Anglais qui le demandèrent comme alliées rejetaient les Allemands sur leurs celle que ne confèrent ni les titres, ni les général en chef. communications, Foch exposait aux chefs galons ; la volonté qui n’a pas peur des En mai, nous sommes bousculés au alliés leur situation désespérée. On lui responsabilités, qui ne connaît ni hési- Chemin des Dames. Déjà des parle- demanda si, dans ces conditions, il ne tation, ni découragement, qui maintient mentaires, affolés, demandaient la fallait pas continuer la bataille. Il répon- jusqu’au bout les déterminations prises. révocation de Foch : Clemenceau le dait : « Je ne fais pas la guerre pour la En 1914, la guerre a tué son fils et un maintint. Le 18 juillet, Foch attaque à guerre, mais pour des résultats. Si l’en- de ses deux gendres. Il en souffre cruel- Villers-Cotterêts ; puis, sans laisser aux nemi donne aux gouvernements alliés lement ; mais, très vite, ne veut penser et Allemands le temps de se remettre, pour- le moyen d’obtenir les résultats qu’ils ne pense plus qu’à la guerre. Quand il ne suit sa marche triomphale vers la fron- désirent, il n’y a pas de raison pour que le commandait pas, il savait persuader. En tière. De ses belles manœuvres, je ne me sang des combattants continue à couler. »

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C’est bien le langage du grand chrétien pas faciles à trouver – la qu’il était. Société des Amis de l’École en On a critiqué l’armistice comme pré- sait quelque chose – et, sou- maturé. On a dit que les Allemands vent, elles ne valent pas celles se seraient sentis plus complètement que leur assurait l’École. Foch vaincus si on l’avait signé à Berlin. Foch déplorait ces trop nombreuses n’ignorait pas ces critiques et m’en a parlé démissions, alors, disait-il, que souvent. « L’armistice, disait-il, nous a ceux qui entrent maintenant donné toute la sécurité qu’il nous fallait, dans l’armée sont sûrs d’être les ponts du Rhin ; nous pouvions aller à généraux. Berlin ; qu’y aurions-nous gagné ? Nous Le but de la vie n’est pas n’y aurions trouvé personne et il eut fallu uniquement de gagner de occuper militairement toute l’Allemagne. l’argent ; le minimum qu’il La guerre est un moyen ; la paix est le faut, le pays doit l’assurer à but. » […] ses officiers. Que, sans cesser Pour Foch, notre frontière militaire est de l’éclairer – et vos anciens le Rhin : celui qui l’a est le maître. Dès s’y efforcent – on lui en laisse qu’un ennemi le passe, la France est en le temps : il le fera. Et il faudra danger. […] bien aussi qu’on redonne aux Dès qu’on a parlé des conditions de la officiers les avantages moraux paix, les Anglais ont immédiatement fait d’autrefois. connaître ce qu’ils voulaient et sur quoi Je viens de parler du recru- ils n’admettaient aucune discussion. […] tement de l’École. Il y a un Ils ont eu tout ce qu’ils ont demandé et, autre recrutement autrement de très longtemps, l’Angleterre n’a rien à important : celui de la France. craindre de l’Allemagne. Foch a fait tout Il ne suffit pas de vaincre, ce qui était possible pour assurer notre il faut survivre à la victoire. DR sécurité ; mais les Anglais ne voulaient Couverture de l’ouvrage du photographe-portraitiste Sauver la France, c’était le pas que la France fût trop victorieuse, et Paul Darby en 1920 en l’honneur du maréchal Foch. devoir d’hier ; le devoir d’au- Foch n’a pas été appuyé. Il sentait qu’on jourd’hui, c’est de la perpé- élaborait le Traité en dehors de lui ; il tuer. […] a demandé à plusieurs reprises à être le droit des peuples à l’existence, contre Appeler l’attention des Français sur entendu. On lui a répondu, en invoquant le droit absolu qu’ont la France et la l’urgence d’assurer le recrutement de la la suprématie du pouvoir civil, qu’avec la Belgique d’assurer leur indépendance. » France, voilà une belle croisade à faire, victoire son rôle était fini. Il n’a réussi qu’à être entendu, non à digne de vous, mes camarades. Cette On l’a cependant être écouté ; il n’a croisade, Foch vous la demande, nos 800 entendu : « Il n’y a pas même obtenu un morts l’imposent : il ne faut pas qu’ils pas de principe, a-t-il procès-verbal consta- soient morts pour rien. Le succès en sera dit aux gouvernants « Il ne suffit pas tant ce qu’il avait lent : mais, vous le savez bien, il n’est pas d’alors, qui puisse de vaincre, il faut dit. Et il a pu dire à nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni obliger un peuple des ministres d’alors : de réussir pour persévérer. libre à vivre sous une survivre à la victoire » « Si le peuple français Je m’arrête. En parlant de Foch, en rap- menace continuelle savait ce que vous avez pelant ce qu’il faut pour que la France et à ne compter que fait, il vous pendrait. » dure, j’ai fidèlement suivi la plus belle sur ses alliés pour lui épargner le désastre Donc, malgré tous ses efforts, nous serons partie de notre vieille devise : « POUR quand il vient de payer son indépendance vis-à-vis de l’Allemagne dans une situa- LA PATRIE. » Q de plus de 500 000 cadavres et d’une tion pire qu’en 1914. […] 1. Le fac-similé de ce discours est disponible dévastation sans exemple. Il n’y a pas Beaucoup de camarades cherchent des sur demande à [email protected] de principe qui puisse prévaloir contre situations hors de l’armée. Elles ne sont

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OLIVIER HERZ (79) petit-fils d’André Gougenheim ANDRÉ GOUGENHEIM (1920N), UN INGÉNIEUR HYDROGRAPHE JUIF PENDANT L’OCCUPATION

objet de donner quelques éclairages sur Mon grand-père une période moins connue de sa vie, celle André Gougenheim (1920N), de la Seconde Guerre mondiale. ingénieur hydrographe général, UN INGÉNIEUR DE LA MARINE, fut directeur du Service OFFICIER DOUBLÉ D’UN BRILLANT SAVANT hydrographique de la Marine, Né à Paris en 1902 dans une modeste membre de l’Académie famille juive originaire d’Alsace, André des sciences, président Gougenheim est admis à l’École poly- du Bureau des longitudes, technique en 1920 en ½, en sortie d’hy- potaupe. À sa sortie de l’X en 1922, il grand officier de la Légion opte pour le corps des ingénieurs hydro- d’honneur, et fut également graphes. En 1923-1924, il est sur la très impliqué tout au long Jeanne d’Arc en compagnie d’Honoré d’Estienne d’Orves (1921), dont le jour- de sa vie dans la communauté nal de campagne a d’ailleurs été publié polytechnicienne. récemment (http://bit.ly/HdEdO). Professeur puis examinateur André Gougenheim (1920N) André Gougenheim se marie en 1931 et est bientôt père de Jacques-Henri (52) et d’astronomie, suppléant SA DISPARITION en mars 1975, de Marie-Jeanne (Mme Bertrand Herz, du directeur des études, il a laissé un important volume X 51). Il participe à plusieurs missions responsable du suivi À d’archives (personnelles, scien- hydrographiques sur les côtes de France de « bottiers recherche », tifiques et polytechniciennes), et d’outre-mer (Djibouti, Indochine, restées intouchées jusqu’au décès de Tunisie, Afrique occidentale française, secrétaire général de la SAX son épouse en sep- Bas-Congo), ainsi puis membre du conseil de tembre 2013. J’ai pu qu’à des opérations scanner et conserver « Il deviendra internationales de l’AX, ainsi que membre de environ deux mille un spécialiste des marées révision des longi- la « Commission de Grand documents, avant tudes mondiales Conseil », il fut aussi l’un de faire don de ces mondialement connu » (Alger, San Diego). archives au nom Il en tire des articles des fondateurs de la Maison de la famille (École scientifiques mais il de Joigny et en a présidé polytechnique, Académie de marine, exerce aussi son activité en navigation le Comité. Musée d’art et d’histoire du judaïsme). (correction d’inclinaison dans les son- La vie et l’œuvre de mon grand-père dages au plomb-poisson), en astrono- ayant été rappelées, entre autres, par mie géodésique (emploi de l’astrolabe à Henri Lacombe (1933) dans La Jaune prisme, observation des hauteurs égales, et la Rouge n° 303 (voir http://bit.ly/ observations de passage) et en géodé- JR303 – pages 13 à 15), le présent article sie (emploi des coordonnées Lambert du dossier « les X dans la guerre » a pour et azimutales, représentation plane). Il

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assure en outre le cours d’astronomie du en Dordogne, jusqu’à sa réintégration à Service hydrographique de la Marine de la fin 1944. 1932 à 1939. Après la guerre, il devien- Le signataire du courrier du 22 octobre, dra un spécialiste des marées mondiale- Henri Cathenod (1905), lui avait adressé ment connu et jouera une lettre manuscrite un rôle majeur dans l’avant-veille : « Mon le Comité national « L’arrêté cher Gougenheim, français de géodésie et vous avez certaine- de géophysique qu’il du 21 décembre 1940 ment vu dans les présidera pendant le met à la retraite journaux les tristes quatre ans. mesures qui sont sus- En 1939 viennent la d’office » ceptibles d’entamer La carte d’identité d’André Gougenheim. guerre, puis la débâcle votre brillante carrière et l’occupation. Au début de 1940, André d’hydrographe. J’ai déjà étudié la ques- enregistre la « déclaration d’appartenance Gougenheim est nommé au port de tion pour trouver les moyens de vous à la religion israélite » des cinq membres de Toulon, où il dirige le Service de contrôle maintenir en situation, le moyen le plus la famille Gougenheim et le tampon « juif » des appareils d’acoustique sous-marine. normal est de vous déclarer comme de est apposé sur leurs cartes d’identité. juste indispensable à l’hydrographie… » Le 11 novembre 1942, l’armée alle- SOUS LE COUP mande envahit la zone dite « libre ». Le DES LOIS RACIALES DE VICHY MIS EN RETRAITE PAR LA MARINE, 27 novembre 1942, André Gougenheim Le 22 octobre 1940, un courrier du MAIS DÉCLARÉ INDISPENSABLE assiste, des hauteurs du Mourillon, au Service central hydrographique reloca- Le chef du Service central hydrogra- sabordage de la flotte puis il se réfugie lisé à Vichy lui demande de faire savoir phique André-Marie Courtier (1896) et avec sa famille en Dordogne, d’abord à si la loi du 3 octobre 1940 concernant Henri Cathenod obtiennent du secrétaire Sarlat puis à Domme. le statut des Juifs lui est personnelle- d’État à la Marine l’autorisation de signer Le 24 décembre, Henri Cathenod, ment applicable. André Gougenheim un contrat de travail de trois ans renou- devenu chef du Service central hydro- répond par l’affirmative le 25 octobre velable, qui entre en vigueur le 1er février graphique, lui écrit officiellement « étant 1940. Quelques jours après la nais- 1941. Dans ce cadre, André Gougenheim donné les circonstances et la situation sance de son troisième enfant, Martine est notamment chargé d’un cours sur nouvelle de la Marine française votre (Mme Jean-François Lévy, X 59), l’ar- le matériel d’acoustique sous-marine à contrat […] est résilié de plein droit ». rêté du 21 décembre 1940 le met à la l’usage des officiers élèves de l’École des Peu après, il lui confie la rédaction d’un retraite d’office. Sa pension militaire de transmissions des forces de haute mer. cours de géodésie pour la formation des la Marine lui sera versée, à Toulon puis Le 31 juillet 1941, la préfecture du Var ingénieurs hydrographes, œuvre qui fera

Ci-contre : l’arrêté du 21 décembre 1940.

Ci-dessus : jugé indispensable à l’hydrographie, André Gougenheim signe, le 30 janvier 1941, un contrat de trois ans renouvelable.

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André Gougenheim est actif dans les maquis de la Dordogne, sous la couverture de « lieutenant-colonel François ».

date. Jusqu’à la Libération en 1944, la à exercer le commandement dans des de la Marine le 30 octobre 1944. La Marine lui confiera divers travaux scien- conditions particulièrement difficiles, fai- famille Gougenheim regagne Paris en tifiques, notamment des traductions, et à sant preuve en toutes circonstances d’un janvier 1945 et s’installera dans l’ap- cet effet le rémunérera et le déclarera aux sang-froid sans défaillance et de rares partement du représentant de Vichy au assurances sociales. qualités de chef. M. Gougenheim est un Canada, réquisitionné par la République. résistant particulièrement méritant ». Par décret du 9 mai 1946, André LE « LIEUTENANT-COLONEL Gougenheim est promu officier de la FRANÇOIS » RÉINTÉGRÉ ET DÉCORÉ Légion d’honneur : « Rayé des cadres En parallèle, André Gougenheim est La Dordogne est libérée par les FFI le en 1940 par le Gouvernement de fait, actif dans les maquis de la Dordogne, 22 août 1944. Le 30 septembre 1944, a rendu de précieux services dans la sous la couverture de « lieutenant- un ordre des FFI promeut André Résistance. » Q colonel François ». Maurice Loupias, Gougenheim au grade d’ingénieur dit « Bergeret », chef de la Résistance hydrographe en chef de 1re classe, ce que L’auteur remercie Jacques-Henri Gougenheim (52) pour sa relecture attentive et ses apports. en Dordogne-Sud, atteste qu’« il eut confirme sa réintégration par le ministre

POST-SCRIPTUM DE L’AUTEUR Cet article se veut la description courte et factuelle du parcours d’un ingénieur de la Marine, officier doublé d’un brillant savant, dans une période troublée et complexe sur laquelle il faut s’abstenir de tout manichéisme. La Marine avait mis André Gougenheim à la retraite d’office mais en même temps lui versait une pension et avait tenu à continuer à s’attacher ses services. La famille Gougenheim a gardé son nom, était visible et sa résidence était connue de la Marine. Même si la Dordogne fut une terre de résistance (http://memoires-resistances.dordogne.fr/), la famille Gougenheim vivait sous la menace nazie (http://judaisme.sdv.fr/ histoire/shh/dordogne/).

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VIANNEY BOLLIER (64) président du Groupe X-Résistance LA RÉSISTANCE OU L’APPEL DU REFUS

Les X ont été nombreux A DEUXIÈME GUERRE MONDIALE, dite dans la Résistance. de 39-45, a connu en France quatre périodes de longueur et d’inten- Je vous propose quatre L sité très différentes : d’abord la exemples qui attestent non « drôle de guerre » de septembre 1939 à seulement de la variété mai 1940, puis la « Blitzkrieg » allemande de mai et juin 1940, ensuite l’occupa- des parcours de Résistance tion de juillet 1940 ou novembre 1942 à de nos camarades mais aussi juin ou décembre 1944 selon les régions, de la qualité de leur et enfin la reconquête avec les Alliés de juin 1944 à mai 1945. engagement, de l’étendue La période de l’occupation a été à la fois la de leurs responsabilités plus longue et la plus pénible, matérielle- et de leur acceptation ment comme moralement. Matériellement car l’Allemagne a ponctionné l’économie d’un haut niveau de risque. et imposé de lourdes restrictions mais sur- Ne les oublions pas tout moralement car le régime de Pétain

car vous savez comme moi a effectué de son propre chef un retour- (PALAISEAU) ÉCOLE POLYTECHNIQUE © COLLECTIONS nement d’alliances qui a prôné la colla- Honoré d’Estienne d’Orves (1921) combien ces qualités restent boration avec un régime nazi et a accepté est l’un des X Résistants les plus connus. nécessaires aujourd’hui. ou même accompagné les dérives idéolo- giques et les exactions de celui-ci. autres à la Résistance a le plus souvent été le bienvenu. Beaucoup ont évidemment L’HEURE DU CHOIX choisi le deuxième chemin et parmi eux, Dans ce contexte, les polytechniciens ont beaucoup aussi ont ensuite regretté ce été confrontés comme tous les Français, qu’ils ont perçu eux-mêmes comme un mais un peu plus manque de courage. fortement en raison Quelques-uns enfin de leur formation, « Quelques-uns ont refusé ont refusé de se sou- à un choix ter- mettre et sont deve- naire : apporter un de se soumettre nus des Résistants : concours engagé au en voici quatre, des régime de Pétain, et sont devenus promotions 1921 à contribuer techni- des Résistants » 1938, qui ont été quement à la bonne distingués comme marche écono- « Compagnons de mique du pays en limitant au mieux les la Libération » par le général de Gaulle. effets de l’occupation, ou résister soit militairement dans la France Libre, soit RÉSISTANT de façon variée dans les Mouvements ou DÈS LA PREMIÈRE HEURE les Réseaux de l’intérieur. Le plus ancien, et l’un des plus connus, Certains, on le sait, ont choisi la première est Honoré d’Estienne d’Orves (1921), voie mais, heureusement, peu ont pour- officier de marine, qui se trouve au large suivi jusqu’à la fin et le ralliement des de la Syrie après l’armistice. Il ne sup-

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porte pas les ordres de Vichy et, alors rejoint Londres en janvier 1943 en pas- qu’il est père de famille, n’hésite pas à sant par l’Espagne puis revient en France démissionner dans des conditions qui en octobre. Obligé de rester en France, il l’assimilent à un déserteur. Ayant rejoint intègre le Comité français de Libération Londres dès septembre 1940, il demande nationale et jouera un rôle de premier et obtient de partir plan dans la région en mission en France Sud-Est, en sau- pour mettre sur pied « Rondenay est assassiné vant notamment de un service de rensei- nombreux résistants gnement et assister la sans jugement prisonniers au fort Résistance naissante. de Montluc. Dans Il arrive en Bretagne le 15 août 1944 » la France libérée, le 21 décembre 1940 Jacques Maillet por- mais est trahi par son tera haut les couleurs radio et est arrêté le 21 janvier 1941, non de l’industrie française aéronautique et sans que l’Abwehr ait eu le temps d’identi- spatiale, avec Snecma puis Intertechnique. fier trop de membres de son réseau. Après Il accordera beaucoup d’importance à

une procédure complexe qui les condamne la mémoire de la Résistance et a été (PALAISEAU) ÉCOLE POLYTECHNIQUE © COLLECTIONS à mort, il est exécuté avec plusieurs de ses le président de la nouvelle association André Rondenay (1933) camarades au mont Valérien le 21 août X-Résistance de 1997 à 2006. 1941. de septembre 1943 à juillet 1944 et UN COURAGE continue en Extrême-Orient jusqu’en EN MISSION HORS DU COMMUN septembre 1945. Capitaine mais à nou- DANS LE RENSEIGNEMENT André Rondenay (1933) n’a pas eu autant veau élève, il porte le drapeau de l’École Jacques Maillet (1931) était en mission de chance que son camarade. Il s’évade à la reprise des cours en octobre 1945. aux USA en 1940 afin de commander d’Allemagne après la campagne catas- Après quelques années dans l’aviation du matériel pour l’aviation française. trophique de 1940 et rejoint rapidement commerciale, Marcel Langer entreprend De retour en France en 1941, il se met l’Angleterre par l’Espagne. Il est affecté une carrière dans l’industrie. Il a, comme en rapport avec les services secrets de lui aussi au BCRA et, lorsque les pers- Jacques Maillet, veillé à ce que la flamme la France Libre (BCRA) et leur four- pectives de débarquement se précisent, de la Résistance ne s’éteigne pas. Q nit des renseignements. Sur ordres, il demande également à être envoyé en mission en France où il est parachuté en septembre 1943. Il met au point le plan « Tortue » de paralysie des chemins de fer puis devient délégué militaire en région parisienne puis pour le Nord. Très actif après le débarquement et par là même très exposé, il est arrêté le 20 juillet 1944 et assassiné sans jugement dès le 15 août à Domont dans l’Oise.

UN PILOTE DE CHASSE SUR TOUS LES FRONTS Mon dernier exemple sera celui de Marcel Langer (1938) qui, envoyé en école d’application en septembre 1939, est pilote de chasse en mai et juin 1940. Il rejoint Londres dès juillet 1940 et est affecté en Afrique où il enchaîne © COLLECTIONS ÉCOLE POLYTECHNIQUE (PALAISEAU) ÉCOLE POLYTECHNIQUE © COLLECTIONS les missions de bombardement puis de (PALAISEAU) ÉCOLE POLYTECHNIQUE © COLLECTIONS Jacques Maillet (1931) convoyage. Il combat ensuite en France Marcel Langer (1938)

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SERGE DELWASSE (86) OLIVIER HERZ (79) ENFIN UNE LISTE DES X MÉDAILLÉS DE LA RÉSISTANCE

Les auteurs ont voulu RÂCE À UNE IDÉE de Serge, qui a saisir l’occasion acquis l’Annuaire des médaillés de la Résistance française puis au de ce Grand Magnan G travail informatique d’Olivier, sur le thème la liste des Polytechniciens médaillés de des X dans la guerre la Résistance a pu être dressée pour la première fois. pour élaborer la liste Ce travail a d’abord nécessité la numé- des X médaillés risation des 324 pages de l’annuaire, de la Résistance, en profitant au moyen du scan d’un multicopieur puis d’un programme de reconnaissance des moyens modernes optique des caractères (OCR). S’en est de traitement des données. suivi un important travail de toilettage Ce fut une tâche longue, du fichier obtenu et son transfert dans un tableau Excel (environ 48 000 médaillés), délicate et fastidieuse. puis la compilation de ce tableau avec Cette liste, qui sera distribuée le tableau des promotions 1870 à 1945 lors du Grand magnan, (environ 17 000 camarades) suivie d’un traitement (code couleurs, classement Pour dresser la liste des polytechniciens est disponible à l’adresse médaillés de la Résistance, il a fallu trouver alphabétique). les personnes communes à l’Annuaire http://bit.ly/medailles-x- des médaillés de la Résistance française resistance. Elle sera corrigée UN TRAVAIL FASTIDIEUX et aux promotions 1870 à 1945. Il a fallu trouver les personnes communes si des erreurs sont signalées. aux deux listes, ce qui a nécessité un renseignement fourni par l’annuaire balayage des fichiers difficile à automatiser (deuxième prénom, corps de l’État…). donc très fastidieux. Nous avons retenu les personnes dont le nom, le premier prénom PAS DE FAUX POSITIFS et l’année de naissance sont identiques. En En principe, il n’y a que des l’absence de l’année ou bien du prénom polytechniciens dans notre liste finale. dans l’annuaire des médaillés, nous avons, Nous avons recoupé nos informa- dans la mesure du possible, utilisé un autre tions (base de données des matricules polytechniciens sur http://bit.ly/base_ BCX, site de X-Résistance, recherche LES CORRECTIONS SONT LES BIENVENUES sur Internet…). C’est ainsi que nous Il reste néanmoins certainement encore quelques omissions, indépendantes de notre n’avons pas retenu Louis Blanc (1906) volonté. Nous prions par avance les familles des polytechniciens médaillés de la Ré- et plusieurs dizaines d’autres, dont le sistance de nous en excuser et nous invitons tous nos camarades à nous fournir les jour et le lieu de naissance ne coïnci- renseignements nécessaires à la correction de notre liste. Nous allons également y travailler avec X-Résistance, qui œuvre à l’établissement d’un répertoire des polytech- daient pas avec ceux de leurs homo- niciens résistants. nymes de l’annuaire nés la même année. Par ailleurs, nous avons utilisé l’annuaire imprimé en 1953, qui contient la liste des médaillés d’origine (attributions jusqu’au 31 décembre 1947). La médaille a par la suite SANS DOUTE DES X MÉDAILLÉS été attribuée à titre posthume à des personnes tuées pendant la guerre (http://bit. MANQUANTS ly/med_res) et les polytechniciens concernés ne figurent pas dans notre liste. Nous comptons sur X-Résistance pour les y intégrer. En revanche, des polytechniciens médaillés sont passés à travers les mailles

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Première page de l’Annuaire des médaillés de la Résistance française.

(i.e. des faux négatifs), pour les raisons polytechniciens concernés ne figurent française, il y en a un pour environ suivantes : pas de date de naissance ou pas pas dans notre liste. 45 médaillés. de prénom dans l’annuaire des médaillés, Et les polytechniciens ont payé un lourd sans aucune autre information utilisable ; UNE FORTE IMPLICATION tribut : 71 polytechniciens sont morts en coquille ou erreur dans l’annuaire des POLYTECHNICIENNE déportation (http://xresistance.org/fs_ médaillés ; inversion de l’ordre des pré- DANS LA RÉSISTANCE deport.html), soit environ 0,7 % contre noms ou des noms doubles, voire pré- Nous aboutissons à une liste de 263 poly- 0,4 % pour la population française des noms différents entre les deux annuaires ; techniciens médaillés, qui ne recoupe mêmes tranches d’âge. Q médaille enregistrée sous le pseudonyme pas les 214 polytechniciens résistants adopté pendant la Résistance ; erreur du cités dans les pages du site du Groupe traitement OCR ; erreur humaine dans X-Résistance. le travail de comparaison des annuaires. Notre premier constat est qu’un très Nous avons heureusement pu récupérer grand nombre de résistants, et non des quelques dizaines de ces faux négatifs, moindres, ne sont pas médaillés de la soit par chance, soit en examinant le site Résistance. Notre second constat est que http://xresistance.org/, soit encore en les polytechniciens ont beaucoup plus par- cherchant les polytechniciens dans le site ticipé à la Résistance que la moyenne des http://francaislibres.net. Français, à la fois en quantité et en qualité : À noter que nous avons utilisé l’an- Q environ 2 % des polytechniciens sont nuaire imprimé en 1953, qui contient médaillés de la Résistance contre envi- la liste des médaillés d’origine (attribu- ron 0,15 % de la population française tions jusqu’au 31 décembre 1947). La des mêmes tranches d’âge ; médaille a par la suite été attribuée à titre Q chez les polytechniciens, il y a un posthume à des personnes tuées pendant Compagnon de la Libération pour la guerre (http://bit.ly/med_res) et les 8 médaillés ; dans la population

Cités dans Non cités dans Polytechniciens les pages du site les pages du site résistants http://xresistance.org/ http://xresistance.org/

Médaillés 97 (dont 14 Compagnons 166 de la Résistance de la Libération)

Non médaillés 117 (dont 19 Compagnons certainement nombreux de la Résistance de la Libération) Le fichier de travail mixant les deux tableaux.

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ROGER Y ET HENRI Z LES X DANS LA GUERRE SECRÈTE

S’il est une donnée I, DE FAIT, la direction tech- étatiques posent au Service, sur les sujets sur la présence des X nique et ses innombrables spé- qui le concerne, et oriente, à partir de cialités à la pointe des techno- là, les divers capteurs de recueil de ren- au sein de la DGSE S logies modernes constitue le seignement, tant humains (sources) et qui ne soit pas secrète, principal recruteur pour les X au sein de techniques qu’opérationnels. Il est aussi c’est qu’ils y sont et y ont la « Boîte », certains de nos camarades destiné à participer au recueil proprement occupent ou ont occupé des postes très dit du renseignement et c’est ainsi que j’ai longtemps été en nombre divers, notamment à la direction des pu participer au traitement de certaines et qu’ils y ont leur place. opérations, qui accueille en particulier sources. Il est enfin le rédacteur des notes Ce que l’on sait moins, le mythique service Action, ou encore que la DGSE adresse à ses destinataires. à la direction du renseignement. Les En réalité, en raison de la diversité des en revanche, c’est qu’ils rédacteurs de cet article ont choisi de pré- sujets sur lesquels la Boîte est amenée ne sont pas uniquement senter ci-dessous à travailler, l’ana- appelés à occuper leurs expériences lyste devient très personnelles « S’adapter en permanence rapidement l’ex- des responsabilités au sein comme agents de aux soubresauts pert des sujets qui de la direction technique, renseignement lui sont confiés. comme crypto-analystes à la DGSE, mais d’un monde sans cesse À ce titre, et en tiennent à préciser tant qu’X fraî- ou spécialistes des systèmes que celles-ci ne en mouvement » chement arrivé de télécommunication. représentent qu’un au Service, mes mince échantillon des rôles que les X sont connaissances dans un domaine de spé- appelés à occuper au sein de cette maison cialité très technique ont immédiatement où, comme l’auraient dit certains com- été mises en œuvre. Si, de nos jours, c’est mandants de promotion, « votre carrière le terrorisme qui vient le premier à l’esprit sera ce que vous en ferez ». lorsqu’on entend le mot « renseigne- ment », il en est d’autres où le profil type ROGER, ANALYSTE d’un X (si tant est que cela existe) paraît À LA DIRECTION plus directement adapté. Pour n’en citer DU RENSEIGNEMENT que deux, on retiendra le domaine de la Comme analyste à la direction du rensei- lutte contre la prolifération d’armes de gnement, j’ai découvert un rôle de chef destruction massives (nucléaires, balis- d’orchestre, au cœur de la manœuvre du tiques, bactériologiques et chimiques) et renseignement. On représente souvent les activités de cyberdéfense. cette dernière sous la forme d’un cycle, Assez vite, l’opportunité m’a aussi été faisant s’enchaîner les étapes d’orienta- donnée de participer à l’amélioration du tion (que cherche-t-on, où et comment), fonctionnement même de la direction du de recueil du renseignement, d’analyse renseignement, dans ses process internes des éléments recueillis et de diffusion et ses outils destinés à l’analyse. Car c’est du « produit final » vers les destina- là l’un des principaux défis de cette admi- taires. Contrairement à ce que son nom nistration : s’adapter en permanence, non indique, l’analyste est appelé à intervenir seulement aux soubresauts d’un monde dans l’ensemble de ces phases. Il reçoit sans cesse en mouvement, mais aussi en effet les questions que les autorités à l’évolution rapide des technologies

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DEUX GRANDS ANCIENS DES SERVICES Nombre de nos anciens ont servi dans l’ombre durant les grands conflits. Parmi eux, Georges Painvin et André Dewavrin ont particulièrement marqué l’histoire des Ser- vices, à deux époques différentes, l’un à la pointe de la technique, l’autre dans la clan- destinité.

Georges Painvin (1905), ingénieur du corps des Mines Affecté au service du Chiffre – ancêtre de l’actuel secteur de cryptographie de la DGSE – lorsqu’éclate la Grande Guerre, Georges Painvin se distingue en « cassant » les chiffres allemands, permettant de lire leurs télégrammes et communications militaires. Son génie technique conféra ainsi un avantage tactique décisif aux forces alliées.

André Dewavrin (1932) dit « colonel Passy », officier du Génie, compagnon de la Libération Embarquant pour Londres à la tête de sa compagnie dès le 18 juin 1940, il prend le

commandement, dès sa création, du Bureau central de renseignements et d’action (PALAISEAU) ÉCOLE POLYTECHNIQUE © COLLECTIONS (BCRA) – qui deviendra à la fin de la guerre le SDECE, puis en 1982 la DGSE. Georges Painvin (1905) Il prend pour nom de guerre « colonel Passy » et participe activement aux missions clandestines du Bureau, notamment lors de l’unification des branches de la Résistance et de la création du Conseil national de la Résistance.

qui lui sont utiles dans la réalisation ments pertinents qui permettront d’anti- de ses missions. Il existe, à ce titre, une ciper les menaces portées contre la France opposition entre la nature administrative et ses intérêts ? Cette question, de plus en de la DGSE et les progrès démesurés plus importante aujourd’hui en raison réalisés ces dernières années par les tech- de la place centrale qu’occupent les télé- nologies de l’infor- communications mation et du big dans nos sociétés, data. La création « Trouver les éléments est étroitement d’un outil français liée à la manière de construction pertinents qui permettront dont un analyste et de gestion de d’anticiper les menaces » aborde son dossier :

la connaissance chaque thème, du DR constitue ainsi un contre-terrorisme André Dewavrin (1932) dit « colonel Passy » réel enjeu de souveraineté au vu du carac- à la contre-prolifération, nécessitera une tère sensible des données concernées. Je approche technique différente et adaptée, renseignement humain, du renseigne- suis fier d’avoir été appelé à participer à en appui à la manœuvre de renseigne- ment technique et de la capacité à mener un tel projet porté par la DGSE. ment conçue par ce « chef d’orchestre ». des actions clandestines est une spécificité La modélisation mathématique ou statis- française, qui en fait un « service inté- HENRI, INGÉNIEUR tique, dont le technicien détient la clef, gré ». Ainsi j’ai pu, parallèlement à mon À LA DIRECTION TECHNIQUE s’appuie alors sur les connaissances du affectation permanente, rejoindre comme Ingénieur à la direction technique – la spécialiste pour apporter des réponses coordinateur technique une « cellule plus forte en effectifs de la DGSE et où techniques aux questions de renseigne- de crise » regroupant des intervenants sont employés la plupart de nos cama- ment. C’est cette interaction, répétée sur de toutes les directions du Service. La rades –, je travaille à rendre les données tout un panel de dossiers, qui donne pour proximité avec des agents aux profils très issues de nos capteurs techniques intel- moi tout son sens au travail d’ingénieur variés, du spécialiste d’une région géogra- ligibles au profit des analystes comme au service du renseignement. phique au linguiste en passant par l’opé- Roger. Le défi est à la hauteur des enjeux : Cette complémentarité est inscrite dans la rationnel rompu aux actions clandestines, comment trouver, parmi les données structure même de la DGSE : le regrou- permet alors de décupler la réactivité du complexes dont dispose le Service, les élé- pement au sein d’une même entité du Service sur les sujets les plus sensibles. Q

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NICOLAS DUVINAGE (95) chef du Centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N), Pôle judiciaire de la Gendarmerie nationale (PJGN) LES BATAILLONS DE LA LUTTE CONTRE LA CYBERDÉLINQUANCE

Cyberdéfense, L’ÉCHELLE DE L’HISTOIRE de à l’agence nationale de sécurité des cyberdélinquance, l’École polytechnique, les pro- systèmes d’information (ANSSI). S’il blématiques de cybersécurité convient de protéger l’anonymat des cybermenaces, cybersécurité, À sont relativement récents et camarades servant à la discrète DGSE, etc, sont des termes peuvent expliquer le nombre peu élevé de on pourra tout de même citer l’ingénieur aussi fréquemment employés polytechniciens dans ces domaines. De général de l’armement (IGA) Guillaume plus, l’X n’étant pas une école spécialisée, Poupart (92), actuel directeur général de qu’aux contours perméables elle ne propose pas de filière de formation l’ANSSI, et plusieurs de ses collabora- les uns aux autres. et de recrutement bien identifiée dans le teurs, dont Bruno Marescaux (96), chef Pour autant, les polytechniciens cursus polytechnicien. du centre opérationnel de la sécurité Si elle dispose d’un département informa- des systèmes d’information (COSSI). qui œuvrent dans ces domaines tique et de chaires liées à l’informatique et L’ingénieur en chef de l’armement demeurent moins nombreux aux réseaux, l’École ne dispose d’aucune Frédéric Valette (94) occupe la tête du que l’on pourrait l’imaginer, chaire explicitement dédiée, contraire- très stratégique « pôle cyber » de la DGA. ment à Saint-Cyr ou à l’École navale, Au sein du secrétariat général pour la l’essentiel des bataillons étant d’aucun mastère spé- défense et la sécurité fourni par les X-armement, cialisé, contrairement nationale (SGDSN), les X-télécoms à Télécom ParisTech « L’École ne dispose l’IGA Pascal Chauve (mastère spécialisé en d’aucune chaire (93) est depuis 2016 et les X-gendarmerie. sécurité des systèmes directeur du groupe- d’information et des explicitement dédiée ment interministériel réseaux), et elle ne de contrôle, organisme propose qu’un stage à la lutte contre chargé de centraliser de trois jours en la cyberdélinquance » les interceptions de « cybersécurité des sécurité. systèmes embarqués » D’autres camarades dans le cadre de son catalogue d’executive X-armement au profil très similaire ont education. ensuite basculé dans le secteur privé, où Dès lors, les X faisant le choix de l’infor- ils continuent à œuvrer dans les domaines matique se tournent plutôt vers l’ingénie- de la cyberdéfense, de la cybersécurité rie financière ou le développement logi- et de la lutte contre la cybercrimina- ciel, délaissant quelque peu les secteurs lité. C’est notamment le cas de Philippe de la cyberdéfense et de la lutte contre la Duluc (82), qui, après une première cyberdélinquance. carrière au ministère de la Défense puis au SGDSN, et après avoir siégé au board LA FILIÈRE « ARMEMENT » de l’ENISA (équivalent européen de Une exception notable est la filière des l’ANSSI), a successivement travaillé pour X-armement commençant leur carrière Orange, Bull et désormais ATOS, où il dans la cryptographie (avec ou sans thèse est directeur de la technologie big data de doctorat), et servant – au moins en & sécurité. Docteurs en cryptographie, début de carrière – à la direction tech- Florent Chabaud (89) et Emmanuel nique (DT) de la direction générale de Bresson (95) sont désormais respective- la sécurité extérieure (DGSE), à la direc- ment vice-président Business Security tion générale de l’armement (DGA) ou chez Technicolor (industrie du diver-

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chef du Centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N), Pôle judiciaire de la Gendarmerie nationale (PJGN) tissement musical et vidéo, avec de forts elle est l’une des rares polytechniciennes la gendarmerie, à Pontoise, est dirigé enjeux de lutte contre le piratage de dans ce domaine, mais également car elle depuis 2015 par Nicolas Duvinage. Éric propriété intellectuelle) et directeur des occupe depuis mai 2017 la fonction de Freyssinet puis Philippe Baudoin ont offres et programmes internationaux directrice de cabinet du secrétaire d’État tous les deux également servi, au sein du chez Airbus Cyber Security. Yves Le au Numérique. ministère de l’Intérieur, à la délégation Floch (83) est, quant à lui, directeur du ministérielle aux industries de sécurité et développement de la cybersécurité et LE RÔLE DE LA GENDARMERIE aux cybermenaces (DMISC). directeur du CESTI chez Sogeti. Les X-gendarmes, quoique peu nombreux, Au cœur de l’action du ministère de tiennent cependant une place importante la Défense, le général Coppolani (76) ET LA FILIÈRE « TÉLÉCOM » dans le dispositif de lutte contre la cyber- a incité les armées et la direction du Sans surprise, les X-télécoms ne sont criminalité, d’autant plus qu’il n’existe renseignement militaire, au mitan des pas en reste. Olivier Grumelard (96) aucune filière de années 2000, à a ainsi précédé Bruno Marescaux à la recrutement des développer davan- tête du COSSI de l’ANSSI, avant d’être polytechniciens « Les X-gendarmes tage la collecte et nommé au ministère de l’Économie et dans la police le traitement du des Finances. Ayant commencé sa car- nationale. tiennent une place renseignement rière au ministère de la Défense, Pierre- Le général Serge importante dans numérique, qu’il Mayeul Badaire (96) a ensuite mis ses Caillet (75), créa- s’agisse de l’analyse compétences cyber au service de plu- teur du laboratoire le dispositif de lutte contre des supports numé- sieurs groupes privés (Airbus Defense & de police technique riques trouvés par Space Cybersecurity, ERCOM, Suneris). et scientifique de la cybercriminalité » les forces sur les Après des affectations au ministère de la gendarmerie en théâtres (ordina- la Défense et à la DCSSI, Jean-Séverin 1987, a décidé en 1992 la création du teurs portables, GSM, engins explosifs Lair (87) a contribué à la modernisation département informatique-électronique improvisés, etc), de la recherche du ren- – en toute sécurité – de l’action publique sur les conseils de Philippe Baudoin (85), seignement en sources ouvertes (Internet) et au développement de l’administration et en a confié le commandement successi- ou de l’adaptation des capacités d’in- électronique. D’autres X-télécoms ont vement à Éric Freyssinet (90) et à l’auteur terception des armées aux moyens de eu une carrière entièrement dédiée à la de ces lignes de 1999 à 2009. communications civiles des combattants sécurité des systèmes d’information, par L’ex-division de lutte contre la cybercri- ennemis. exemple pour construire, rationaliser minalité de la gendarmerie de Rosny- ou protéger les infrastructures réseaux sous-Bois a été créée en 2005 par Philippe HORS DES SENTIERS BATTUS et systèmes du ministère de l’Intérieur Baudoin, puis commandée par Éric L’engagement des polytechniciens dans (Vincent Niebel - 95). On citera enfin Freyssinet ; l’actuel centre de lutte contre la cyberdéfense, la cybersécurité et la Hélène Brisset (95), non seulement car les criminalités numériques (C3N) de lutte contre la cybercriminalité peut, enfin, trouver son accomplissement par des chemins plus originaux, juridiques, normatifs ou politiques. Ainsi Hugo Zylberberg (2010), ensei- gnant à la Columbia University, y est coordinateur des activités cyber de l’École d’affaires publiques et internationales. Bertrand de la Chapelle (78) est le cofon- dateur et directeur exécutif de l’ONG internationale « Internet & Jurisdiction », après avoir été ambassadeur de France thématique pour la société de l’infor- mation (2006-2010) et directeur du board de l’ICANN (2010-2013). Que les nombreux autres camarades que je

© ÉCOLE POLYTECHNIQUE - J. BARANDE © ÉCOLE POLYTECHNIQUE n’ai – volontairement ou involontaire- Un stage de trois jours en « cybersécurité des systèmes embarqués » est proposé par l’École ment – pas cités me pardonnent cette dans son catalogue d’executive education. omission ! Q

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GUILLAUME POUPARD (92) directeur général de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) LA GUERRE NUMÉRIQUE N’AURA PAS LIEU

Les capacités destructives « ES MOTS NE SONT PAS ASSEZ guerre numérique que chacun juge iné- des armes informatiques NOMBREUX pour courir aussi luctable ou plutôt déjà en cours. vite que la guerre » écrit Le Mais pas de sang versé ou de mort sur sont considérables, L 1 Clézio . Il est effectivement le champ de bataille numérique. Pas de mais la complexité prudent d’utiliser le mot « guerre » avec populations qui fuient les zones de combat de l’environnement parcimonie. Et plus encore lorsqu’il est cybernétique. Pas de ruines parmi les question de l’appliquer au numérique. nuages, les applications ou les sites internet. dans lequel elles interviennent Malgré tout, depuis quelques années, le conduit à repenser les modèles terme fait florès et prétend caractériser DES EFFETS DÉVASTATEURS permettant d’assurer l’opposition entre nations manifestée C’est que la guerre numérique n’existe dans le cyberespace. Des États comme pas. Seuls existent les effets produits la cybersécurité des pays. des entreprises par les attaques Le choix fait par la France développent et informatiques dans en la matière devrait vendent des armes « En 2016, le monde maté- informatiques, des les attaques informatiques riel. Et ils peuvent s’imposer dans la plupart armées sont créées, être dévastateurs. des États membres des experts se réu- auraient coûté Détruire des vies de l’Union européenne. nissent à l’Otan humaines, par ou à l’ONU pour 450 milliards de dollars exemple par une évoquer les condi- aux entreprises » attaque contre une tions qui devraient infrastructure cri- permettre un tique de produc- déroulement ordonné, conforme aux tion d’énergie, de distribution d’eau, principes du droit international d’une de transport ou de télécommunication ou encore contre des usines pouvant émettre des produits toxiques. Au début de l’été dernier, deux vagues d’attaques successives ont eu le même effet, bien que poursuivant des objectifs différents. En chiffrant les informations stockées dans les réseaux des entreprises compro- mises, c’est la survie économique de ces entreprises qui a été mise en jeu. Une étude judicieusement intitulée « business blackout » publiée par le Lloyd’s mi-juillet analyse le risque que font porter les attaques informatiques sur l’économie. Selon les scénarios étudiés, les dommages attribués à une attaque informatique d’envergure évoluent dans une fourchette allant de 15 à

© COREPICS / FOTOLIA.COM 120 milliards de dollars ! En 2016, les Les attaques de l’été dernier ont été rendues possibles par la dissémination de vulnérabilités attaques informatiques auraient coûté informatiques volées – par une attaque informatique – à la NSA américaine. 450 milliards de dollars aux entreprises…

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LES X ET LA CYBERSÉCURITÉ riel mais inapplicables dans ce contexte, Ainsi, les armes informatiques peuvent comme il est également nécessaire d’in- se révéler de « destruction économique clure les facteurs politiques, humains ou massive », et l’agresseur – État, terro- les relations entre États pour concevoir et riste, criminel – est potentiellement en mettre en place les stratégies qui permet- mesure de porter atteinte à nos intérêts tront à la France de tenir son rang parmi fondamentaux par les conséquences éco- les nations, de résister à des attaques nomiques et sociétales d’une attaque. informatiques majeures comme de par- Si la guerre numérique n’existe pas, la ticiper à la stabilité du cyberespace. À situation de guerre est, elle, bien réelle et titre d’exemple, c’est bien la connaissance permanente. Ce n’est sans doute pas un technique des modes d’attaques utilisés hasard si, dans ce contexte et face à ces et de la difficulté d’attribuer une attaque enjeux, tant de polytechniciens contri- informatique qui permet d’expliquer buent à la cybersécurité de la France. aux spécialistes du droit international D’abord parce que notre formation nous comme aux décideurs politiques qu’il permet d’appréhender la complexité n’est pas souhaitable de laisser se mettre de l’environnement et de prendre en en place sans précaution particulière compte l’ensemble des facteurs perti- un mécanisme de légitime défense en nents pour la prise de décision. C’est cas d’attaque informatique quand bien Dans le modèle français de cybersécurité, ainsi que nous avons grandement parti- les missions de défense et de sécurité même le droit international le prévoit cipé à la conception, à l’instruction de la sont confiées à l’agence nationale de la sécurité dans le monde matériel. décision politique puis à la mise en place des systèmes d’information (ANSSI). du modèle français de cybersécurité, CONSTRUIRE LA PAIX décidé il y a moins de dix ans au travers à cette dernière et participent même, Enfin, comme l’a affirmé le Président du Livre blanc sur la défense et la sécurité parfois malgré eux, à la diffusion de vul- de la République le 13 juillet dernier, nationale. Le modèle nérabilités informa- « Le rôle de la France, c’est de partout retenu qui, j’en suis tiques susceptibles construire la paix. Mais nous ne pou- persuadé, s’imposera « Il est indispensable de détruire une large vons construire la paix dans le monde aux États membres part du progrès éco- d’aujourd’hui que si nous sommes cré- de l’Union euro- de maîtriser nomique porté par dibles, autonomes dans nos stratégies. » péenne, est le seul des aspects techniques le numérique. C’est En matière de sécurité du numérique capable de concilier ce qu’ont montré et pour construire cette crédibilité, des stabilité et dévelop- issus de domaines les attaques de l’été polytechniciens participent à la concep- pement économique dernier, notamment tion d’armes informatiques au minis- durable par la sépa- scientifiques multiples » rendues possibles par tère des Armées pour protéger nos inté- ration entre mis- la dissémination de rêts pendant que d’autres, notamment sions de défense et vulnérabilités infor- à l’ANSSI, travaillent à construire la de sécurité confiées à l’agence nationale matiques volées – par une attaque infor- défense et la sécurité de notre espace de la sécurité des systèmes d’informa- matique – à la NSA américaine. numérique national. tion (ANSSI) et des capacités d’attaque C’est de cette compétence, de cet engage- confiées au ministère des Armées. L’USAGE DÉLICAT ment et de la cohérence globale de cette DE LA LÉGITIME DÉFENSE approche que dépendra dans un futur RISQUE DE DISSÉMINATION En matière de sécurité du numérique, il proche une part importante de notre DES VULNÉRABILITÉS est indispensable de maîtriser des aspects souveraineté nationale. Q Les pays qui ont choisi un modèle techniques issus de domaines scienti- regroupant capacités opérationnelles de fiques multiples pour éviter de reproduire 1. In La Guerre, Gallimard, 1970. défense et d’attaque donnent priorité des raisonnements tirés du monde maté-

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BERNARD ESAMBERT (54) INGÉNIEURS MES FRÈRES OFFICIERS DE LA GUERRE ÉCONOMIQUE TOUS LES MANAGERS DOIVENT REDONNER SES TITRES DE NOBLESSE À LA RECHERCHE

Bernard Esambert, OUS VIVONS ACTUELLEMENT développent les technologies nouvelles en sa qualité de président en état de guerre économique qui irriguent le monde en produits de mondiale. Il ne s’agit pas seu- consommation ou services aux taux de du conseil d’administration N lement là d’une analogie mili- croissance bien supérieurs à ceux des de l’École polytechnique, taire. Ce conflit est réel, et ses lignes grandes industries de base traditionnelles. a publié dans Le Monde de force orientent l’action des nations Chaque nation doit encourager ses entre- et la vie des individus. L’objet de cette prises à porter haut ses couleurs en les du jeudi 9 octobre 1986 guerre est, pour chaque nation, de créer mettant en état d’innover, d’exporter un article qui fit alors chez elle emplois et revenus croissants sans cesse davantage, de s’implanter à sensation et se révèle encore au détriment de ceux de ses voisins. Car l’étranger, bref, de vivre dans un contexte si les économies des nations se sont fait devenu irréversiblement mondial. aujourd’hui tout à fait actuel. la courte échelle lors de la période des Dans ces conditions, les managers sont Nous sommes heureux « miracles économiques » des années 60 désormais les officiers de la guerre éco- de le proposer ici, non sans et du début des années 70, elles se font nomique et ils doivent faire en sorte que des croche-pieds depuis que la crise a fait l’entreprise innove, vende et produise rappeler que l’auteur a publié son apparition. C’est en exportant davan- (dans l’ordre), exporte et s’implante à sur ce thème en 1976 tage de produits, de services, d’invisibles, l’étranger, le tout au moindre coût. un premier ouvrage que chaque nation essaie de gagner cette Les qualités qui leur sont nécessaires guerre d’un nouveau genre, dont les sont : l’imagination, le non-conformisme, chez Plon et intitulé entreprises forment les armées. la créativité ; l’ouverture sur le monde, Le Troisième Conflit mondial. Au-delà du formidable accroissement du le professionnalisme et la compétence ; En 1991, il fait paraître commerce mondial qui en est la manifes- le sens des responsabilités et le sens du tation la plus éclatante, la guerre écono- devoir ; l’humilité, qui permet l’appren- La guerre économique mique impose également des débarque- tissage sur le tas, à l’écoute des autres. mondiale, chez Olivier Orban. ments chez l’ennemi par l’implantation Comment former les managers afin de Le livre, aujourd’hui épuisé, à l’étranger, la défense du front arrière leur permettre de développer ces qualités : par des entreprises à caractère régional et Q l’imagination : par l’encourage- peut être trouvé sur Internet l’établissement de protections au travers ment à la démarche inductive dans l’ap- en occasion ou au format des tarifs douaniers, qui ne représentent prentissage des sciences et par l’utilisation électronique. Les lecteurs plus que des murets de fortune, de mouve- de l’intuition ; d’où l’intérêt des ensei- ments monétaires, qui ont pris le relais des gnements qui font dialoguer plusieurs pourront également relire barrières douanières, enfin d’innombrables sciences sur des thèmes communs ; les articles de l’auteur publiés entraves aux échanges qui protègent ici ou Q l’ouverture sur le monde : par par La Jaune et la Rouge. là un pan de l’économie. « les voyages qui forment la jeunesse », le contact avec les élèves étrangers (en QUELLE FORMATION ? nombre insuffisant) formés dans les La créativité et l’innovation sont des écoles et universités françaises, et sur- atouts fondamentaux des entreprises tout les compléments de formation dans jetées dans le conflit. Car le scientifique des systèmes universitaires étrangers qui est devenu un facteur important de la devraient ouvrir l’esprit des futurs mana- guerre. C’est par l’union de l’entreprise, gers et leur montrer la place exacte de la de ses cadres et du scientifique que se France dans le monde ; ce qui ne veut pas

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dire que nous ne devons pas être ambi- tieux, bien au contraire, pour notre pays ; Q le professionnalisme : par l’ap- prentissage d’une technique (pas forcé- ment une technologie : ce peut être la finance, par exemple…) qui permettra aux ingénieurs de rendre service à l’en- treprise et de s’affirmer jusqu’au jour où le professionnel deviendra, selon l’expres- sion de Louis Armand, un spécialiste des idées générales. Cette technicité passe par l’apprentissage rigoureux des disciplines scientifiques ; Q le sens des responsabilités : les travaux de groupe et de nombreuses activités extrascolaires devraient per- mettre aux étudiants qui en ont le goût de commencer à s’affirmer. Sans doute faudra-t-il aussi attirer l’attention de nos jeunes ingénieurs sur la disparition des voies royales qui permettaient, jusqu’à une époque récente, des cursus de haut niveau sans grands risques. La crise est passée par là et a balayé ces facilités qui ne sont plus de mise : à statut social élevé, responsabilités et charges de travail écra- santes, et cela en permanence. Le diplôme n’est plus qu’une présomption de savoir. Le croisement de deux des qualités néces- saires au futur manager, imagination et professionnalisme, conduit à mettre l’accent sur la nécessaire innovation qui doit être la nouvelle culture de l’entre- prise. J’ai pris la responsabilité, en tant que président du conseil d’administration de l’École polytechnique, de conseiller aux élèves de s’orienter davantage vers la recherche que par le passé et d’envisager à leur sortie de l’École une formation par la recherche. Encore faudrait-il que le sort qui leur sera fait dans les entreprises où ils se formeront ne les amène pas à regretter d’avoir choisi une voie qu’ils sentiraient trop à l’écart des préoccupations des équipes dirigeantes. Je lance donc un solennel appel à tous les managers pour qu’ils prennent conscience de la nécessité

de redonner ses titres de noblesse à la - J. BARANDE © ÉCOLE POLYTECHNIQUE recherche en améliorant la rémunération École polytechnique, chaire Data Science for Insurance Sector, consacrée à l’enseignement et le statut social de leurs chercheurs. Q et à la recherche en data science.

MAGNAN_p52-53_ESAMBERT.indd 53 01/09/2017 07:07 SAMEDI 14 OCTOBRE • LE GRAND MAGNAN 2017 54 VIE DES ENTREPRISES

« NOUS VOULONS ÊTRE LE LIEN ENTRE LE CITOYEN ET LA VILLE, LE CONSOMMATEUR ET LA MARQUE »

Rencontre avec Emmanuel Pottier, Directeur Stratégie, Innovation et Digital au sein de Clear Channel France. Il nous en dit plus sur le métier de Clear Channel, et revient également sur la relation entre la société et ses différents interlocuteurs.

supérieur à 250 millions d’euros. Nous opérons contribuons donc à la construction de la relation plus de 2000 écrans digitaux dans les centres entre les marques et leurs consommateurs. commerciaux français et exploitons près de 115 000 faces publicitaires en France. Quels sont les enjeux auxquels vous êtes confrontés ? Comment s’articule votre relation avec les Face à la multiplication des supports médias, villes et les collectivités locales ? nous adaptons notre offre et nos solutions. Pour Dans le cadre de notre approche, nous considé- cela, nous nous appuyons sur des organisations rons nos concédants/bailleurs comme des clients : extrêmement agiles et un travail d’accompagne- il s’agit d’une optique de satisfaction, de co- ment visant à sensibiliser nos clients sur les innovation et de relations partenariales. solutions les plus adaptées à leurs besoins. Aujourd’hui, les villes ont des problématiques Au niveau de la ville, nous travaillons aux côtés qui évoluent fortement : forte urbanisation, des villes et des grands bailleurs afin de continuer besoin de nouveaux services, développement à avancer sur la question de la construction de Emmanuel Pottier de la démocratie participative, réinvention de la la ville intelligente de demain. Et pour les acteurs relation avec la collectivité, nouveaux moyens privés, nous les aidons à faire des centres com- de communication avec le citoyen, essor des merciaux des lieux de vie tout en faisant la pro- réseaux sociaux et des médias digitaux. motion de la qualité des audiences. Ainsi, nous collaborons, par exemple, avec une Enfin, nous sommes aussi confrontés à la digi- Quel est le cœur de métier de Clear start-up qui nous permet de comprendre et talisation de nos supports, notamment via les Channel ? d’appréhender l’opinion publique à travers une écrans digitaux. De plus en plus, nous devenons Clear Channel est un acteur de la communication application mobile. C’est un exemple de service, un média de rebond qui permet aux campagnes extérieure qui commercialise des supports de mais cela permet d’engager un dialogue avec les de s’amplifier sur les réseaux sociaux. communication dans le domaine public et privé. citoyens et les acteurs de la vie locale dans une Concrètement, nous commercialisons des espaces optique de réinvention de la ville et de ses inte- Et pour conclure ? publicitaires à travers différents formats (mobi- ractions avec les citoyens. Nous voulons être une entreprise écosystémique lier urbain, abri-voyageurs, totems digitaux…) ouverte sur son environnement. Ce positionne- aux annonceurs à travers les concessions ou les Qu’en est-il dans le secteur du privé ? ment implique un effort quotidien pour aller à contrats dont nous disposons dans le domaine Nous restons dans la logique de rencontre que la rencontre d’entreprises de toutes tailles et de privé (Klepierre, Unibail Rodamco, Keolis, les nous retrouvons d’ailleurs dans notre signature : tout secteur. Connecter le non connecté (secteurs métros…) et public (les villes et les collectivités « Where brands meet people ». En effet, nous et métiers) s’avère particulièrement payant dans locales). facilitons la rencontre entre les consommateurs des industries comme la nôtre, qui doivent se Nos clients ont vocation à faire campagne sur le et les marques à travers la publicité. Nous nous réinventer de manière continue. J tout le territoire français à un niveau national adaptons aux défis et aux besoins des marques, ou local. de nos clients, pour leur proposer des campagnes Ainsi, aujourd’hui, Clear Channel emploie 1050 de publicité toujours plus innovantes afin de personnes en France et réalise un chiffre d’affaires garantir l’engagement des consommateurs. Nous Digital Dream / Puteaux 4 Temps Pour la sortie de son très attendu 13ème album L’artiste Jay-Z choisit les dispositifs digitaux de Clear Channel en France

* Là où les marques rencontrent leurs clients

AnnoncePoly210x280.indd 1 19/07/2017 16:58 “Dans un monde de plus en plus ouvert et compétitif, Kyrnos Conseil met au service de clients exigeants son expertise en matière de sûreté et d’intelligence.

)ĺ8ų±ĺÏåŅƚºĬűĜĺƋåųĺ±ƋĜŅĺ±ĬØUƼųĺŅŸŅĺŸåĜĬŅýųåÚ域ŅĬƚƋĜŅĺŸ ÚæÚĜæåŸåƋ±ÏÏŅĵޱčĺåŸåŸÏĬĜåĺƋŸÚ±ĺŸĬåŸÚŅĵ±Ĝĺ域ƚĜƴ±ĺƋŸ×

• Gestion de crise • Conseil en sûreté • Protection du patrimoine économique • Sécurité des systèmes de communication • Mise en relation avec des partenaires experts

Kyrnos Conseil est une société de conseil privée, française, spécialisée dans la sûreté, l’intelligence économique et stratégique. Dirigée par Bernard Squarcini, qui fut directeur de la DCRI de 2008 à 2012, ses bureaux sont situés à Paris

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PETIT MAGNAN SOUTENIR LES SCOUTS ET GUIDES DE FRANCE

Les Scouts et Guides de France (17 à 21 ans) prendront en charge les enfants à partir de 3 ans pendant le « Petit Magnan », dans le bâtiment des cadres.

Plusieurs équipes organiseront des activités variées (jeux, visites des labos…).

Ces équipes de scouts et guides de France portent chacune des projets caritatifs auxquels vous êtes invités à participer.

Équipe scouts et guides de France Élancourt-Maurepas (78) : « Les Compar’s » Projet Sénégal : Rénovation d’un local scout, animation et soutien scolaire en partenariat avec les scouts sénégalais. Site internet des Compar’s : https://compars.wordpress.com Contact : [email protected]

Groupe St Georges (Paris XIXe) : « Les Com’pagayés » Projet Amérique du Sud : construction et/ou rénovation de locaux scolaires, d’un puits pour améliorer le quotidien des enfants. Blog : http://saintgeorges.scoutblog.org/

Groupe des scouts et guides de France de St Quentin les Villages (78) : « Les Com’up » À retrouver sur leur page Facebook : « Groupe St Quentin les Villages – SGDF » ou sur leur blog : https://compagnons.sgdf.fr/

Groupe St Philippe Néri (Paris XIIe) À retrouver sur leur page Facebook « Groupe Saint Philippe Néri SGDF 20e et 146e Paris » ou sur leur blog : https://blogs.sgdf.fr/saint-philippe-neri/ Contact : [email protected]

Merci pour eux.

PUB_Scouts.indd 56 01/09/2017 07:26 APPEL À VOLONTAIRES

Pour CONTRIBUER au maintien Pour ANIMER LA COMMUNAUTÉ Pour favoriser L’EXPRESSION de l’École polytechnique POLYTECHNICIENNE dans toutes des membres de la communauté au PREMIER RANG MONDIAL, ses composantes, polytechnicienne dans le DÉBAT PUBLIC,

L’AX S’EST ENGAGÉE AVEC L’AMBITION D’ÊTRE RECONNUE COMME L’UNE DES MEILLEURES ASSOCIATIONS D’ALUMNI DU MONDE. Chacune et chacun peut contribuer à ce projet en donnant un peu de son temps.

TUTORAT GROUPES X ÉVÉNEMENTS ET ET PARRAINAGE Régionaux, internationaux COMMUNICATION ou thématiques, Tu veux transmettre, Tu souhaites t’engager dans les groupes X sont aider, tutorer, parrainer l’animation, ou contribuer une richesse majeure un ou quelques jeunes. à un événement. pour la communauté. On cherche des volontaires L’AX a régulièrement Engage-toi dans un pour le parrainage des besoins. Par exemple, ou plusieurs d’entre eux. des élèves internationaux Serge Delwasse, qui a fait de l’École, pour le parrainage un excellent et remarquable des nouvelles formations, travail pour le Grand Magnan, en particulier le bachelor souhaite trouver un relais. et pour les lycéens Les événements sont du programme X-Talents nombreux, et leur réussite qui deviendront peut-être MENTORING et leur rayonnement un jour des polytechniciens ET CONSEILS dépendent des volontaires ou des polytechniciennes. qui s’y consacrent avec L’AX encourage aussi DE CARRIÈRE les groupes X et le support à se porter volontaire Tu es prêt à partager des permanents auprès de la fondation FX ton expérience, en faire de la délégation générale. pour participer à des jurys bénéficier des plus jeunes, de stage et être référent et les aider à trouver pour des stagiaires. leur voie. Tu peux aider en liaison avec le Service carrières de l’AX et polytechnique.org qui organisent des programmes SOLIDARITÉ qui demandent peu EXPERTISE de disponibilité (référents Si tu préfères manifester polytechnique.org) Si tu es d’accord pour ta solidarité pour la commu- ou un peu plus (mentoring). donner un conseil ou remplir nauté polytechnicienne, une mission qui fait appel on cherche des volontaires à tes compétences pour instruire et suivre spécifiques, fais-le nous les dossiers de camarades savoir (fiscal ou juridique (ou de proches) en difficulté. pour la délégation, informa- tique avec polytechnique.org pour la communauté).

AMBASSADEURS INITIATIVES À L’INTERNATIONAL Au-delà de ces besoins, si tu as des idées d’initiatives, Tu as l’occasion d’aller dans un pays, et pour améliorer ou de projets à lancer. la notoriété de l’École et le lien avec les alumni dans ce pays, Tu veux les lancer avec l’aide tu acceptes de consacrer quelques heures ou le soutien de la délégation à une ou des rencontres. générale. Fais-le nous savoir pour qu’on organise avec toi les contacts. Parlons-en pour en faire une ambition commune.

SOLIDARITÉ, CARRIÈRE, GROUPES X, COMMUNICATION, RAYONNEMENT, INTERNATIONAL, ETC. DANS TOUS LES CHAMPS D’ACTION DE L’AX LE RÔLE DES BÉNÉVOLES EST ESSENTIEL. TU ES VOLONTAIRE. DIS-LE-NOUS ET REJOINS-LES.

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PUB_AX.indd 3 01/09/2017 08:34 1365 LE CLOS DES LAMBRAYS 1593 CHÂTEAU D’YQUEM

1668 DOM PÉRIGNON 1729 RUINART 1743 MOËT & CHANDON

1765 HENNESSY 1772 VEUVE CLICQUOT 1780 CHAUMET 1815 ARDBEG

1817 COVA 1828 GUERLAIN 1832 CHÂTEAU CHEVAL BLANC

1843 KRUG 1843 GLENMORANGIE 1846 LOEWE 1849 MOYNAT

1849 ROYAL VAN LENT 1852 LE BON MARCHÉ 1854 LOUIS VUITTON

1858 MERCIER 1860 TAG HEUER 1860 JARDIN D’ACCLIMATATION

1865 ZENITH 1870 LA SAMARITAINE 1884 BVLGARI 1895 BERLUTI

1898 RIMOWA 1908 LES ECHOS 1916 ACQUA DI PARMA

1924 LORO PIANA 1925 FENDI 1936 FRED 1944 LE PARISIEN

1945 CÉLINE 1947 DIOR 1947 EMILIO PUCCI 1952 GIVENCHY

1958 STARBOARD CRUISE SERVICES 1959 CHANDON

1960 DFS 1969 SEPHORA 1970 KENZO 1970 CAPE MENTELLE

1976 BENEFIT COSMETICS 1977 NEWTON VINEYARD

1980 HUBLOT 1984 MAKE UP FOR EVER 1984 THOMAS PINK

1984 MARC JACOBS 1985 CLOUDY BAY 1991 FRESH

1993 BELVEDERE 1998 BODEGA NUMANTHIA 1999 CHEVAL DES ANDES

1999 TERRAZAS DE LOS ANDES 2004 NICHOLAS KIRKWOOD 2005 EDUN

2006 HÔTELS CHEVAL BLANC 2009 MAISON FRANCIS KURKDJIAN

2013 AO YUN

LE FUTUR DE LA TRADITION

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