Pro A

possession de Coubertin ou de Carpentier ÂÂTrois salles pour le Levallois que pour le shooting matinal, le jour du match, au même titre que l’adversaire. Pour Antoine Rigaudeau et ses hommes, cela équivaut à jouer sur terrain neutre. Les panneaux publicitaires sont entreposés à la salle Marcel-Cerdan de Levallois et les transporter à Paris pour les matches, comme de « sticker » les terrains aux couleurs du PL et À la recherche de ses sponsors, et d’installer et désinstaller les espaces VIP, coûte de la sueur et de l’argent. « La sécurité n’est pas non plus la même », précise le Directeur Exécutif Thierry Foucaud. « Il y a 20 agents à Levallois et Coubertin et le double à de son public Carpentier. Il faut sécuriser tous les accès ». Selon Jean-Pierre Aubry, vagabonder entre les Un grand club de basket à Paris ? Voilà un serpent de mer. Pour l’instant, le Paris salles ne pose pas de problèmes aux sponsors du Levallois en est à gagner des spectateurs un par un et avec les moyens du bord. club. « Pour eux, c’est plutôt valorisant de jouer à Paris. Ils y amènent leurs clients, y font des Relations Publiques et après les matches, ils vont au restaurant sur Paris. » La centaine d’abonnés, qui ont leurs sièges réservés sur les trois sites, ne Pascal Allée/Hot Pascal Sports sont pas non plus perturbés par cette absence de lieu fixe. Il n’en est pas de même pour le public. Celui de Levallois et Coubertin est plutôt bon chic, bon genre, et souvent passionné par les choses du basket. C’est presque un acte de militantisme que d’assister à un match du PL lorsque vous avez 100 000 tentations dans la ville lumière. Il faut être à l’affut des subtilités du calendrier alors que dans les préfectures et sous-préfectures de province, le match du samedi soir est souvent l’événement de la semaine relayé sans cesse par les médias locaux. Celui de la Halle Carpentier est différent, plus populaire. Le staff du Paris-Levallois a un objectif prioritaire : remplir les trois salles même si ça ne booste pas la trésorerie. « La recette guichet, on s’en moque un petit peu. Il faut démontrer aux élus que l’on peut remplir Carpentier », commente Thierry Foucaud. « Je préfère que les gosses soient dans la salle que dans la rue à faire les cons. Ce n’est pas une question d’argent, ça fait partie de l’éducation, de la formation de voir ces mômes assister à un beau spectacle. » Anthony Dibon/Icon Sport Ainsi, pour un match à Carpentier, outre 600 ’Île-de-, c’est près de 12 millions dans trois salles minuscules différentes et qu’une ÂÂLa salle spectateurs payants et 400 VIP, le PL fournit 3 500 d’habitants répartis sur 8 départements. très large majorité des Parisiens ignore jusqu’à son Marcel Cerdan invitations par différents canaux, soit les clubs de L C’est la région la plus riche de France qui existence. de Levallois la capitale ou de l’Île-de-France –il a passé des concentre 30% du PIB métropolitain, et aussi Le basket à Paris est anonyme. Cela changera un pour une fois, conventions avec 35 clubs franciliens-, les centres d’Europe dépassant largement la Lombardie et jour, forcément, étant donné le potentiel humain et bien remplie de loisirs, la direction des sports de la ville, etc. Sur le Grand Londres. Un phénomène qu’explique la économique. La capitale a les moyens d’appartenir pour le derby Levallois, le PL peut compter sur le renfort du club centralisation française. Et au cœur de l’Île-de- au gratin européen comme le PSG est en train de face à . support, le Paris Levallois Association, premier France, son joyau, Paris, probablement la plus le réaliser au foot et au hand – ne parlons pas du club français en terme de licenciés –il frôle les belle ville du monde. rugby où la concurrence internationale est quasi 900- et dont sont issus Giovan Oniangue, Vincent La face sombre, c’est celle du basket. À Paris, inexistante. La question, c’est quand ? Poirier, Ada Sané et encore Solly Stansbury, fils pas de Real comme à Madrid, de Panathinaikos de Terence, l’extraordinaire dunkeur des années et Olympiakos comme à Athènes, ni même d’Alba Il faut remplir comme à Berlin. Pas plus d’arénas consacrées Pourquoi trois salles ? Une convention qui était au sport et au basket de 12, 15 ou 20 000 places triennale et qui est désormais annuelle oblige le PL Les affluences comme dans toutes les capitales européennes, y à jouer une moitié des matches sur la commune compris à Belgrade ou Riga. Le POPB modernisé de Paris et une autre sur celle de Levallois. À la Pro A (en 2014-15) et devenu l’Accor Hôtel Arena ne s’offre au basket- demande des élus parisiens et du nouvel adjoint Salle Capacité Taux* ball que très épisodiquement. au sport, le PL alterne pour la troisième saison Palais des Sports Marcel-Cerdan (Levallois) 2 748 86% Des rêves de grandeur et autant de douches entre le Stade Pierre-de-Coubertin situé dans le Stade Pierre-de-Coubertin (Paris) 3 663 71% froides, il y en a eu à chaque décennie. Du Stade 16e arrondissement et la Halle Georges-Carpentier Halle Georges-Carpentier (Paris) 4 398 81% Français d’Hervé Dubuisson et Dragan Kicanovic dans le 13e. « Notre souhait était de faire au PSG de Canal+ en passant par Adia, Nicollin, l’ensemble des matches à Coubertin ce qui n’est Par compétiton et tutti quanti. La réalité d’aujourd’hui, c’est que pas possible à cause du PSG hand. Coubertin y Moyenne Taux* Moyenne Taux* Compétition le Paris Levallois, fruit de la fusion entre le Paris abrite sa structure en permanence, c’est le club 2013-14 2014-2015 Basket Racing et le Levallois Sporting Club Basket, résident », précise Jean-Pierre Aubry, le président Pro A 2 615 79% 2 821 83% est enlisé dans le dernier tiers du classement de du PL au long passé de basketteur. Eurocup# 1 098 39% 1 655 60% la Pro A, que son budget est en régression, que Cette diversité de salles engendre pas *Taux de remplissage sa seule figure identifiable est son coach Antoine mal d’inconvénients. L’équipe s’entraîne # Tous les matches d’Eurocup se sont tenus à Levallois. Rigaudeau, que c’est un club nomade qui joue systématiquement à Levallois et ne prend

08 • Jeudi 19 novembre 2015 • BH #116 Par Pascal LEGENDRE

80-90. « On a fait une carte mes déclarations que l’avenir, c’est Paris et pas cadre du Grand Paris, on pourrait décentraliser à tous les licenciés mineurs, «ÂIl faut donner envie Levallois », confi rme Jean-Pierre Aubry. certains matches et les vendre aux collectivités, ça en fait 500, afin qu’ils Cette envie d’être totalement le club de la départements et à la Région. On a fait un match puissent venir gratuitement d’acheter ce club, au capitale explique déjà pourquoi le PL n’est pas de coupe de France à Rueil et c’était plein. Il y a aux matches. Plus un tarif Qataris ou à d’autres, spécialement attiré par la future Aréna 92 située à des villes avec des installations de 4-5 000 places préférentiel à 5 € pour deux Nanterre-La Défense mais davantage par l’Accor comme l’Agora d’Ivry, le palais des sports de accompagnateurs », explique et pour ça il faut déjà Hôtels Arena que l’on va découvrir dans sa Saint-Ouen, à Bondy, Tremblay-en-France. Après, Thierry Foucaud. confi guration basket lors du prochain LNB All-Star ça serait à la collectivité de mettre leur salle aux Ces dispositifs ont permis aller sur la capitale.» Game, à la fi n de l’année. normes. C’est un moyen de trouver des recettes la saison dernière de remplir Jean-Pierre Aubry Pas question d’y démultiplier les soirées ni de complémentaires. » les salles à 83% pour les payer plein pot la location. « Bercy a une obligation matches de Pro A et de faire un bond de 66% vis à vis de la ville de Paris de faire un certain Des joueurs identifi ables en affl uence pour les rencontres d’Eurocup, nombre de rencontres sportives pour des clubs C’est une évidence que Paris possède la toutes jouées à Levallois, même si le nombre de locaux, volley, hand, basket, à des conditions puissance pour se hisser sur les toits français et spectateurs demeure fort modeste, et loin des tarifaires car on n’est pas la fédération de tennis même européen, en basket comme dans les autres standards provinciaux, 1 655. La performance ou les Rolling Stones », détaille Jean-Pierre sports collectifs. Même si à force d’attendre, le sportive, une participation aux huitièmes de fi nale Aubry. « On a été reçu en mars dernier et on est temps paraît long, très long. Mais pour mobiliser et la couverture de L’Équipe 21, a par ailleurs intéressés d’en faire deux ou trois. Il faut faire une les Parisiens, davantage que les Provinciaux, il faut permis au club de « bénéficier d’un petit élan affiche, travailler en amont. S’ils nous donnent des des résultats au niveau national puis international de sympathie » pour reprendre l’expression du dates pour l’année prochaine, on a le temps d’aller avec des joueurs identifi ables, le tout dans un bel président. voir la ligue pour leur demander de jouer Nanterre, écrin et avec un super show. « Sur Paris, il faut Il n’empêche que l’absence d’unité de lieu, d’une Villeurbanne ou Limoges ces jours là. » des stars », confi rme le président. « En football, salle de spectacle à grande dimension où l’on peut La dernière organisation d’un match de Pro A au depuis qu’il y a eu Beckham et Ibrahimovic le faire du business, est un lourd handicap qui paraît POPB remonte au 28 janvier 2007. Ce soir là, le Parc a toujours été plein à craquer. Les gens ont éternel. Paris Basket Racing avait accueilli Gravelines, le besoin de se revendiquer de quelque chose et DJ Cut Killer, et 6 000 spectateurs à des prix très de quelqu’un. Je me souviens qu’à une époque à Matches de gala à Bercy doux, 8 et 15€. Dans l’absolu ce n’était pas si Levallois, les gens ne venaient pas voir l’équipe, Le PL ne veut pas se fi ger sur place. Déjà, il est en mal de quadrupler l’affl uence mais forcément, ça ils venaient voir Terrence Stansbury. C’est ce quête de bureaux à Paris. « Depuis que j’ai pris la sonnait le creux. Surtout les Parisiens avaient été qui nous manque un peu, on n’a pas un joueur présidence, il y a deux ans, j’ai toujours dit dans hachés menu par les Gravelinois de Stephen Brun, charismatique. » auteur d’un royal 7/11 à trois-points, 97-64. Pas Alors, Paris peut-il avoir un jour un public bon pour la promo. comme Madrid, Athènes ou Berlin ou s’agit-il PL-JSF Cette soirée qui se voulait de gala avait été plutôt d’une chimère. « Oui, j’y crois », répond Jean- improvisée. Cette fois, le PL veut préparer son Pierre Aubry, qui contrairement à nombre de ses Le derby du affaire bien en amont, profi ter de la logistique prédécesseurs prend le challenge avec modestie. de l’Accor Hôtels Arena pour communiquer sur « C’est à nous de préparer le terrain pour que l’événement et vendre un maximum de billets et quelqu’un reprenne le club et investisse. C’est basket français des loges aux partenaires et pas seulement aux pour ça que je dis qu’il faut s’implanter sur Paris. La montée en puissance de Nanterre est venue pimenter entreprises traditionnelles du basket. « Ce qui est Ce n’est pas en restant dans le microcosme où le basket francilien. Mais le PL demeure maître à bord. bien, c’est qu’ils nous laissent les loges. Avec le l’on est que l’on va réussir. Il faut donner envie carnet d’adresses que l’on a, on peut faire deux d’acheter ce club, au Qataris ou à d’autres, et anterre et Levallois-Perret sont distants de 8 kilomètres soit belles soirées, pas cinq. On a envie d’y aller, de se pour ça il faut déjà aller sur la capitale. Ce n’est 20 minutes en voiture. Par ailleurs, pour aller de Nanterre- montrer. Paris, ça change tout. » pas Jean-Pierre Aubry qui va ramener 10 millions Préfecture à Charles de Gaulle-Etoile, il suffi t de six minutes N L’autre idée de Jean-Pierre Aubry, c’est de faire pour faire un grand club sur Paris. Par contre j’ai par le RER A. Il n’existe pas une telle proximité entre deux autres du PL un club en partie itinérant. « Aujourd’hui, les moyens de mettre en place une structure pour clubs de Pro A et c’est déjà une bonne raison pour que le derby des on ne gagne pas d’argent sur les places. Dans le donner envie. » ● Hauts-de- soit l’un des plus captivants du basket français. Et puis le profi l politique des deux villes est si différent : le maire de Levallois, Patrick Balkany, est l’une des fi gures des Républicains, • En 2008-09, le PL évoluait en Pro B. alors que la mairie de Nanterre est communiste depuis 1935. Évolution du budget • La subvention de la mairie de Paris est « Lorsque je jouais, il y avait une rivalité sportive de clocher avec (en millions d’euros) passée en 2015 de 1,3 M€ à 800 000 €. Sceaux, c’était deux villes un peu huppées. Là, c’est totalement 5,79 différent. Ce n’est pas la même culture, il y a une rivalité entre les hommes, les élus », confi rme Jean-Pierre Aubry. Depuis l’arrivée de la JSF en Pro A, les deux rivaux se sont affrontés 4,69 à treize reprises et le PL est sorti sept fois gagnant notamment d’une 4,56 4,59 fi nale de Coupe de France (2013) et d’un Match des Champions 4,06 (2014). Il y a trois semaines, à Levallois, les Parisiens se sont imposés 3,56 3,52 sur un buzer-beater de leur nouvel américain Chris Jones. 3,22 Toutes proportions gardées, un Paris Levallois-Nanterre a des parfums de Virtus-Fortitudo, le célébrissime derby de Bologne 2,61 qu’a bien connu Antoine Rigaudeau. « Cette semaine là, je 2007-08 2008-09 2009-10 2010-11 2011-12 2012-13 2013-14 2014-15 2015-16 suis présent à tous les entraînements. Je mets la pression aux joueurs. Pour moi, c’est important. Je veux être le patron chez moi dans le 92. Depuis que je suis président, je n’ai perdu qu’un seul match », se réjouit Jean-Pierre Aubry. Les résultats sportifs Ces deux clubs ne s’embrassent pas sur la bouche mais on est Saison V/D Clas Playoffs Coupe de France SdA /LC Coupe d’Europe pourtant bien loin des sulfureux rapports entre l’Olympiakos et le 2009-10 15-15 7e 1/4 de fi nale 1/16e de fi nale Non qualifi é - Panathinaikos. « Ça ne me choque pas que Nanterre soit venu à 2010-11 12-18 10e - 1/8e de fi nale Non qualifi é - Carpentier pour ses matches d’ et d’Eurocup. D’ailleurs 2011-12 17-13 6e 1/4 de fi nale 1/16e de fi nale 1/4 de fi nale - lorsqu’il y a eu les travaux d’agrandissement de leur salle, j’ai 2012-13 13-17 13e - Vainqueur 1/2 de fi nale 1/4 fi n. EuroChallenge proposé au directeur de cabinet du maire M. Jarry, que je connais, e er de lui prêter gratuitement Marcel-Cerdan. Je ne suis pas idiot ; il 2013-14 18-12 5e 1/4 de fi nale 1/4 de fi nale 1/2 fi nale 1 tour Eurocup n’y a pas de raison de ne pas les aider sur le plan du basket. » ● 2014-15 17-17 11e - 1/8e de fi nale 1/4 de fi nale 1/4 fi n. Eurocup

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