entre les collines Saint-Hilaire et Sainte-Marthe le Prieuré de Cassan

Prieuré de Cassan, eau-forte de Lucien Gautier, XIXème siècle (dans Albert Fabre, Histoire des communes de l’Hérault, vol. XXVI, pl. V ; coll. G. Beugnon)

n 1066, cinq chanoines quittent le Cha- Cassan se développe considérablement du- pitre cathédral Saint-Nazaire de Béziers rant le priorat de Pierre Teudald (1083- alors en décadence et se retirent, entre 1106) mais c’est sous le gouvernement du E second prieur, Guiraud, que le monastère et , auprès de l’église parois- siale de Cassan dédiée à la Vierge Marie. Le va connaître sa plus grande renommée. 12 mars 1080, Guilhem Alquier, son épouse L’éclat de saint Guiraud Marie et leurs enfants, membres d’un puis- La naissance de Guiraud à en sant et prestigieux lignage aristocratique du 1070 est attachée à un miracle qui, pour Biterrois, leur cèdent l’église et une pièce de tous alors, présage de sa sainteté : lors de terre attenante. Cette fondation du Prieu- son baptême, l’eau des fonts baptismaux se ré de Cassan constitue, selon le professeur met à bouillonner et laisse échapper de la Henri Vidal, « le fait le plus original de l’his- vapeur quand on y trempe le nouveau-né. toire religieuse du Biterrois au XIème siècle ». Cité pour la première fois à Cassan en 1085, mémoires d’une communauté © Les Arts  MON Roujan 01 1 Fondation du Prieuré Sainte-Marie de Cassan - 12 mars 1080 - Au nom du Seigneur. Moi, Guilhem Alquier et mon épouse Marie, avec nos enfants, ensemble nous donnons, remettons et laissons pour propre alleu au Seigneur Jésus-Christ et à sa glorieuse mère toujours vierge Marie, cette église de Cassan, qui est fondée en l’honneur de cette même bienheureuse Marie, et nous l’abandon- nons en liberté perpétuelle aux chanoines serviteurs de sainte Marie en ce lieu, pour la rémission de nos péchés et le salut de nos âmes. Epitaphe de Bernard, frère laïc, XIIème siècle Et nous-mêmes susdits Guilhem Alquier et Marie, donnons, remet- (Château de Cassan, aujourd’hui disparue) tons et laissons pareillement ce même alleu qui est dans les terroirs, que moi, Guilhem, j’ai délimité, indiqué en présence d’hommes Guiraud accède à la prêtrise en 1101. Sa sa- sages, et parcouru de mes pieds. gesse, son érudition et ses vertus chrétiennes Et si ce même lieu était privé de tout ordre canonial, je dis moi, peu communes - humilité, admirable sim- Guilhem, que moi ou ma postérité pose douze deniers sur l’autel de plicité, chasteté, grande piété, souci extrême Sainte-Marie et récupère ledit alleu en pleine propriété. Il est fait acte de cette donation, ou libéralité et restitution, comme il de la célébration la plus parfaite du culte, et est écrit préalablement, en présence de Framald, cardinal de l’Eglise amour profond du prochain - le font élire Romaine, du prévôt de l’Eglise de Béziers et de l’archidiacre, Guil- tout naturellement à la tête du prieuré à la hem Ponce et Ponce Bernard, et des fidèles laïcs, Pierre de Thézan, mort de Teudald en 1106. et de Bérenger, et d’Arnaud, ses frères, et de Pierre Alquier de Mar- gon, et de Guiraud Bernard, et de Bernard de Gabian, et de Deus- Par cette élection, Cassan va acquérir en det Didier de , et d’Emenon, et d’Arnaud Etienne, et l’espace d’une quinzaine d’années un lustre de Rainald, et de Ponce Rainulphe de Parets, et d’autres hommes et une renommée d’une ampleur considé- sages. Cette confirmation de libéralité est faite en la cinquième férie, le rable, devenant un véritable phare de la spi- quatrième des ides de mars, en l’année de l’Incarnation du Seigneur ritualité en Bas-Languedoc. Des membres mille quatre vingtième, régnant l’auguste roi Philippe. de l’aristocratie s’y font admettre comme Que si homme ou femme qui par acte de pêché voudrait perturber ou frères laïcs ou convers, et lui offrent leurs spolier les biens de cette donation ou bien la rompre ou la négliger, sauf s’il satisfaisait, que Dieu le maudisse, qu’il devienne errant et biens. Certains y envoient leurs jeunes fugitif, qu’il rencontre toutes les tribulations et les douleurs, qu’il fils afin qu’ils soient instruits à l’école du soit comme le fumier de la terre, et que comme Dathan et Abiron prieuré et, le plus souvent, y demeurent et ont été absorbés par la terre, et comme Pharaon a été enseveli dans la mer, que celui ou celle qui agira ainsi et qui restera dans son pêché deviennent plus tard chanoines. D’autres soit couvert de honte et maudit, immergé dans les profondeurs de encore recherchent simplement sa proxi- l’Enfer, et qu’il périsse sans remède dans les siècles et siècles, qu’il mité afin de pouvoir bénéficier des bienfaits en soit ainsi. célestes liés aux prières des pieux chanoines. Seing de Guilhem Alquier et de son épouse Marie qui ont confirmé cette charte et ont demandé de confirmer. Bernard, prêtre, a écrit.

Un prieuré opulent Traduit du latin par Serge Sotos Suscitant les donations, le prieuré devient Archives de la Société archéologique, scientifique et littéraire de Béziers, Fonds Guéry, Cassan (texte ms complet). extrêmement riche et se constitue rapide- Gallia Christiana, VI, Instrumenta, c. 129 (édition partielle). ment un patrimoine des plus imposants. Histoire générale de Languedoc, V, c. 654 (édition partielle). Les raisons de se montrer généreux envers Cassan ne manquent pas : alléger son âme Le prieuré de Cassan se retrouve ainsi à la et celles de sa famille du poids de leurs pé- tête de vingt-sept églises1 le plus souvent chés, fonder un service religieux célébré le données par des seigneurs laïques, mais jour anniversaire de sa mort (obit) et inscrit aussi par des évêques qui souhaitent ainsi au Nécrologe, avoir le privilège d’être inhu- attirer dans leur diocèse de pieux confrères mé dans le cimetière du lieu, ou tout sim- de Guiraud. Les dîmes qui y sont attachées plement faire œuvre charitable envers les procurent à Cassan d’énormes revenus. religieux ou les pauvres, malades et pèlerins Le prieuré possède en outre une multitude auxquels ceux-ci viennent en aide. de biens répartis sur près de quatre-vingts

mémoires 2 MON Roujan 01  © Les Arts Vailhan d’une communauté dans des châsses et de précieux reliquaires : une épine de la Sainte Couronne du Christ, un fragment de pierre du Saint-Sépulcre, un Saint Suaire qui enveloppait la tête du Christ4, un membre supérieur de Sainte Marthe, un bras et l’anneau dit épiscopal de saint Guiraud. Elu évêque de Béziers en 1121, Guiraud quitte Cassan où il aura passé trente-six ans dont vingt-cinq comme prieur. Il fait don au monastère de l’église biterroise Saint- Châsse en émail champlevé de Cassan, XIIIème siècle Jean d’Aureilhan, parachève la réforme du (, Musée languedocien) Chapitre cathédral puis meurt, le 5 no- communes des actuels départements de vembre 1123. Il est enseveli dans l’église l’Hérault, de l’Aude, du Tarn et de l’Avey- Saint-Aphrodise, auprès du légendaire mar- ron : champs, vignes, olivettes, hermes, tyr, évangélisateur et premier évêque de la prés, forêts, garrigues, étangs, moulins, cité. Canonisé vox populi, saint Guiraud rivières et rivages, maisons, pigeonniers, restera jusqu’à la Révolution le saint patron fours, granges, mas, du bétail, des droits et de Béziers. redevances, la seigneurie et justice sur pra- tiquement tous ces biens, sur les villages de Quelques sépultures à Cassan et de Veyran, et sur deux hôpi- Raimond Ier Trencavel (?-1167). Vicomte de Béziers, , Carcassonne et Albi, assassiné à Béziers le 15 octobre 1167 taux-hôtelleries (Cassan et l’Hospitalet-du- par les bourgeois de la ville. 2 Larzac ). Roger II Trencavel (1149-1194). Vicomte de Béziers, Carcas- sonne et Albi, allié du comte de Toulouse dont il a épousé la Le grand chantier fille mais proche des Cathares. Adalaïs de Toulouse, dite aussi de Burlats (c. 1158-1200). Cet extraordinaire patrimoine permet à Fille du comte de Toulouse Raimond V et de Constance de Guiraud d’augmenter jusqu’à quatre-vingts , nièce du roi Louis VII le Jeune. Guilhem IV de Rocozels (?-1205). Successivement chanoine le nombre de ses chanoines, et de rebâtir de Cassan, abbé de Saint-Aphrodise de Béziers (1189- 1199) l’église et les bâtiments conventuels : cloître, puis évêque de Béziers (1199-1205). Juste avant que ne dé- bute la Croisade contre les Cathares, il fut assassiné le 22 salle du chapitre, dortoir et réfectoire. avril 1205 par des fanatiques catholiques pour avoir refusé selon les ordres des légats du pape Innocent III d’excommu- La nouvelle prieurale est consacrée le 6 nier les consuls et la ville de Béziers. octobre 1115 par deux archevêques et six Guillaume de Nemours (?-1212). Archidiacre de Paris et frère de Pierre de Nemours, évêque de Paris de 1208 à 1218. Princi- évêques au cours d’une éblouissante céré- pal spécialiste en catapultes de la première croisade contre les Cathares, il permit la prise du château fort de Termes monie en présence d’une foule considérable dans les Corbières. Il décéda en 1212 après avoir refusé le de personnes de toutes conditions3. siège épiscopal de Béziers. Pierre Amiel. Successivement chanoine de Cassan (fin XIIème s.), Guiraud fait aussi bâtir en 1118 un hôpital- officier au Chapitre cathédral de Béziers, grand archidiacre hôtellerie pour accueillir les pauvres, les ma- du Chapitre cathédral de Narbonne, et enfin, de 1225 à 1245, archevêque de Narbonne. Durant son archiépiscopat, il par- lades et les nombreux pèlerins et voyageurs ticipa à Valence à la Reconquista de l’Espagne musulmane, joua un rôle prépondérant dans l’implantation royale en de passage sur la voie contiguë au prieuré, Languedoc et participa activement à la dernière croisade dite Chemin public de Faugères ou Route de contre les Cathares (siège de Monségur). Guillaume Durant le Jeune (?-1330), né à . Homme la Montagne, importante voie de pénétra- politique et diplomate auprès des papes d’Avignon et du roi tion du littoral languedocien vers l’arrière- Philippe le Bel, dont il fut l’ami et le conseiller, évêque de Mende de 1296 à 1330. L’un des huit inquisiteurs nommés pays, via le Biterrois. par le pape Clément V lors du procès des Templiers. Il fit édi- fier à Cassan la chapelle Saint-Privat qui abrita longtemps Nombreux sont ceux qui viendront spéciale- son tombeau, dont la somptueuse statue funéraire couchée ment à Cassan vénérer les reliques détenues est un véritable bijou de la statuaire gothique méridionale (aujourd’hui au Musée des Augustins de Toulouse). dans les autels de la prieurale ou exposées mémoires d’une communauté © Les Arts Vailhan  MON Roujan 01 3 De haut en bas et de gauche à droite Prieurale romane Sainte-Marie de Cassan Vierge à l’Enfant Lanternon, dessin d’Eugène Viollet-le-Duc (Ministère de la Culture, Médiathèque de l’architecture et du patrimoine) Chapiteau et tailloir

mémoires 4 MON Roujan 01  © Les Arts Vailhan d’une communauté En 1268, le prieur Gilbert de Creissels prête hommage au sénéchal de Carcassonne et Béziers, représentant du roi Louis IX, pour le prieuré et ses possessions, à titre de fief honoraire, sous la redevance d’une paire d’éperons dorés ou 10 sous à chaque muta- tion de prieur. En 1335, le roi Philippe VI de Valois ac- corde protection et sauvegarde au prieur de Sainte-Marie de Cassan, aux chanoines, aux convers, aux familiers et aux serviteurs, de même qu’aux terres et autres possessions du Gisant de Guillaume Durant le Jeune, évêque de Mende monastère (matérialisées par la plantation (Toulouse, Musée des Augustins) de bâtons fleurdelisés). Une nécropole princière En route vers le déclin ème Dans la deuxième moitié du XII siècle, Les grands malheurs du XIVème siècle - Peste Cassan héberge la nécropole exclusive de la noire et Routiers - touchent durement le Maison princière des vicomtes de Béziers, prieuré. Dans l’espoir d’enrayer son déclin, qui le couvre d’extraordinaires largesses. Le le pape Urbain V le soumet à la juridiction vicomte Raimond Trencavel y fait élection de l’abbé de Saint-Ruf de Valence (bulle de de sépulture en 1154, en léguant 1 000 sous. 1364). Cassan fait dès lors partie intégrante Son fils, le vicomte Roger II, le surpasse en du très grand Ordre canonial de Saint-Ruf, générosité lorsqu’à son tour il y fait élection fondé au début du XIème siècle en Avignon de sépulture en 1193, léguant sa table en et constitué comme lui de chanoines régu- or ornée de pierres précieuses et 5 000 sous. liers vivant selon la Règle de saint Augustin. Son épouse, la vicomtesse Adalaïs de Tou- louse, s’y fait ensevelir auprès de lui en 1200. En 1384, Cassan ne compte plus que 40 chanoines, et le monastère a été puissam- Le cloître canonial et la prieurale accueillent ment fortifié afin de protéger la commu- eux les dépouilles de plusieurs prélats cé- nauté des méfaits de la Guerre de Cent ans5. lèbres : Guilhem de Rocozels, Guillaume de Nemours, Pierre Amiel, Guillaume Durant En 1539, durant le priorat de Déodat de le Jeune. Béduer, le prieuré est, dit-on, incendié et saccagé sans que l’on sache par qui ni pour Un tournant décisif quelles raisons. Il l’est à nouveau en 1562 Le XIIIème siècle marque un tournant tout et 1563, cette fois-ci par les troupes protes- à fait décisif pour le Prieuré de Cassan. Ar- tantes dirigées par Jacques de Crussol, sei- dent partisan de la théocratie et initiateur gneur d’Acier et Baudiné, et par Claude de de la Croisade contre les Cathares, le pape Caylus, baron de Faugères, qui se sont em- Innocent III (1198-1216) promulgue une parés des très proches villages de , bulle d’exemption à l’encontre de Cassan. Margon et Roujan. Une bonne part des Ainsi soumis directement au Saint-Siège, archives de Cassan et certaines importantes le prieuré s’affranchit de la juridiction des reliques du trésor - le Saint Suaire, le bras évêques de Béziers. de saint Guiraud et l’Epine de la Couronne Pour ce qui est du temporel, les chanoines du Christ - semblent avoir disparu dans les se donnent le roi de France pour suzerain. flammes des incendies. mémoires d’une communauté © Les Arts Vailhan  MON Roujan 01 5 Façade ouest du prieuré de Cassan, XVIIIème siècle

Malgré la réforme réalisée lors du ratta- tectes montpelliérains. Quant à la prieurale, chement à Saint-Ruf, le déclin amorcé au son chevet est lui aussi entièrement recons- XIVème siècle s’aggrave fortement dans les truit. Pour le reste, elle n’est heureusement siècles suivants. A tel point qu’en 1605, que remaniée, ce qui en fait à l’heure ac- lorsque l’évêque de Béziers, Jean de Bonsy, tuelle le seul témoin architectural du mo- fait sa visite pastorale de l’église, il ne reste nastère roman élevé par saint Guiraud. plus que 7 ou 8 chanoines. Seulement cinq chanoines vivent alors dans En 1620 apparaissent les premières ten- ce très riche prieuré, vitrine de la Congréga- tatives de rattachement du prieuré à la tion de France. Cet effectif dérisoire reflète Congrégation de France dirigée par l’abbaye bien la considérable évolution des mentali- Sainte-Geneviève de Paris. Mais ce n’est seu- tés entre la première moitié du bas Moyen lement qu’après un demi-siècle de procès Âge, âge d’or des centres de prière durant qu’il est réalisé en 1671, sous le priorat de lequel Cassan comptait quatre-vingts cha- Mgr. François Fouquet, évêque d’Agde puis noines, et le Siècle des Lumières, géniteur archevêque de Narbonne, frère de Nicolas d’un mouvement révolutionnaire fortement Fouquet, célèbre surintendant des finances anticlérical. de Louis XIV, ennemi juré de Colbert. En août 1790, les cinq derniers chanoines Du prieuré au château sont chassés, le prieuré et ses 200 hectares Dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, de terres proches sont déclarés bien national le prieur commendataire François Pas de et vendus le 24 mars 1791 à Marc Antoine Beaulieu (1750-1790) engage la réfection Thomas Mérigeaux. Cet avocat de Pézenas, du monastère. Les bâtiments conventuels député aux Etats généraux puis à l’Assem- médiévaux sont entièrement rasés et rebâtis blée Constituante (1789-1791), est en fait dans le style mondain de l’époque. Le ma- l’homme de paille de Louis François Joseph jestueux ensemble architectural que nous de Bourbon, dernier Prince de Conti, cou- connaissons pourrait bien avoir été réalisé sin du roi, qui fait de Cassan la maison de par l’un des Giral, illustre famille d’archi- sa maîtresse, Marie-Claude Gauché-Dailly,

mémoires 6 MON Roujan 01  © Les Arts Vailhan d’une communauté dite Mme de Brimont, et de leurs deux filles, Notes Stéphanie Decour et Benjamine J. de Valville. 1. 16 églises dans le diocèse de Béziers, 4 dans celui de Narbonne, 3 dans celui d’Albi, 2 dans celui de De par sa nouvelle et définitive affectation Rodez et une dans chacun des diocèses d’Agde, Car- laïque, le monastère Notre-Dame de Cas- cassonne et Toulouse. san devient le Château de Cassan. La prieu- 2. Donné en 1174 au « vénérable » Jean, prieur rale perd sa fonction sacrée et subit maints de Cassan, par Alphonse II, roi d’Aragon, comte dommages au cours des travaux qui vont la de Barcelone, marquis de Provence et vicomte de transformer en cave de vinification. Millau. 3. Il s’agit des archevêques de Narbonne et d’Arles En 1833, consécutivement à la succession et des évêques de Béziers, d’Agde, de Maguelone, Decour épouse Castilhon, le château est de Nîmes, de Carcassonne et de Barbastro en Es- scindé en deux parties. La partie nord échoit pagne. Le maître-autel est consacré à la Vierge à Léon Martel, la partie sud tombera bien- Marie et à saint Jean-Baptiste ; le premier autel- e mineur est consacré par Raimond, évêque de Bar- tôt dans les mains de M Ferdinand Lautier, bastro, en l’honneur de l’archange saint Michel et notaire et maire de Gabian. Son beau-fils, de saint Augustin (dont les chanoines suivent la Alfred Crouzat, bibliothécaire-archiviste de Règle) ; le second autel-mineur est consacré par Béziers, sera le premier historien de Cassan Gautier, évêque de Maguelone, en l’honneur des et du canton de Roujan grâce à son ouvrage apôtres Pierre, Paul, André et Jacques (le Majeur, objet d’une grande vénération à Compostelle), et de Histoire de la ville de Roujan et du Prieuré sainte Foy (la jeune vierge martyre d’Agen particu- de Cassan, suivie d’une notice sur les diverses lièrement vénérée à Conques). En comparaison, lors communes du canton, publié en 1859 et lar- de la consécration de l’abbatiale de Sainte-Marie de gement réutilisé par Albert Fabre dans son , en octobre 1053, officièrent seulement le métropolitain et les évêques de Béziers et d’Agde. Histoire des Communes du Canton de Roujan parue en 1894. 4. Il ne faut pas confondre les suaires, linges enve- loppant chaque membre du défunt, avec le Linceul, Au XXème siècle, Cassan passe de mains en dit très improprement « Saint Suaire » de Turin, mains avant d’être acquis par l’Etat, durant grand linge unique qui enveloppait l’ensemble de la Seconde Guerre mondiale, pour y créer la dépouille. un Centre d’Apprentissage du Travail. 5. Tout près, les mercenaires incontrôlés des Grandes Après la guerre, le Ministère de l’Education Compagnies se sont emparés de Gabian pourtant puissamment fortifié, et y sont demeurés pendant nationale y établit un Collège d’Enseigne- quatre ans, avant d’en être chassés en juin 1364 par ment technique des Arts Ménagers pour le maréchal d’Audeneham et le futur connétable, jeunes filles, fonctionnant de 1947 à 1975. Bertrand du Guesclin. En 1978, le château est mis à la disposition du Ministère des Départements et Terri- Sceau de Bertrand, prieur de Cassan (1303) toires d’Outre-Mer, qui en fait l’un des trois (Paris, Archives centres de l’Agence Nationale pour l’inser- nationales, J 478, n° 10) tion et la promotion des jeunes Travailleurs d’outre-mer (ANT). A partir de 1994, Cassan retourne dans le domaine privé et va connaître deux propriétaires successifs jusqu’à son acquisition en 2002 par Domi- nique Lebel, porteur du projet de création d’un Centre européen de prévention et de re- cherche sur le bien-être au travail. Serge Sotos avril 2012 mémoires d’une communauté © Les Arts Vailhan  MON Roujan 01 7