PROGRAMME COLLECTIF DE RECHERCHE

LE MÉSOLITHIQUE EN BRETAGNE

Année 2002

Grégor Marchand et Estelle Yven (coordination)

Avec la participation de Yann Bougio, Nathalie Desse, Catherine Dupont, Pierre Gouletquer, Yves Gruet, Yvan Pailler, Ludovic Soler, Anne Tresset.

PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

Style du Finistère-Nord 100 Km M1*

Phtanite

il

Styie du Mcriahan -s\ )

Styie du Finistère-Sud

i H ■îf--~ IX Gîte connu r « ; Zone préférentielle de dfffusion des matériaux il j Retaen

Figure 7. Carte schématique des traceurs territoriaux connus pour le Mésolithique final de Bretagne. La diffusion des principales roches utilisées pour la confection des industries affecte une distorsion vers l 'intérieur de la péninsule. Les trois styles typologiques décelés parmi les armatures sont signalés par des reciangles. Pour mémoire, la position du Retrien est indiquée au sud-est de la région. FL : mïcroquarxziu de la Forest-Landerneau ; UM : ultramylorwte de Mikaël ; GL : grès lustré : UT : uàramtylomte de Tréméven ; JSN : jaspe de satnt-Nazaire.

i Les sites mésolithiques en Finistère : chronologie et stratigraphie f t) ,

Ces travaux sont dédiés à la mémoire de Claude Audren

I. PROBLEMATIQUE 3

1. LE PROJET DE RECHERCHE 3 2. ACTIVITES ENTREPRISES 4

EL ORGANISATION DE LA RECHERCHE 7

1. COMPTE-RENDU DE LA DEUXIÈME REUNION (ESTELLE YVEN ET GREGOR MARCHAND) 7 2. ENTRE L'ECORCE ET L'ARBRE: REFLEXIONS SUR LES PRATIQUES DE L'ARCHÉOLOGIE (PIERRE GOULETQUER) ... 10 m. TRAVAUX SUR LE MESOLITHIQUE 13

1. TEVIEC ET HOËDIC (GREGOR MARCHAND ET LUDOVIC SOLER) 13 2. BEG-AN-DORCHENN (NATHALIE DESSE) 15 3. SONDAGES SUR LE SITE DE LA TRINITÉ A MELGVEN (GREGOR MARCHAND) 16 4. LE PROJET CORNOUAILLE : JOURNÉE D'ÉTUDE DU MATÉRIEL LITHIQUE (ESTELLE YVEN) 23 5. LE PROJET CORNOUAILLE : UN SÉMINAIRE DE TERRAIN EN NOVEMBRE 2002 (YANN BOUGIO) 38

IV. DE NOUVELLES SYNTHESES SUR LE MESOLITHIQUE ET LA NEOLITHISATION 43

1 DE TEMPS EN TEMPS : L'ARCHÉOLOGIE FACE A LA CONTINUITÉ (PIERRE GOULETQUER) 43 2. LE MÉSOLITHIQUE FINAL EN BRETAGNE : UNE COMBINAISON DES FAITS ARCHÉOLOGIQUES (GREGOR MARCHAND) 49 3. LE FONCTIONNEMENT INTERNE DES TERRITOIRES AU MÉSOLITHIQUE (ESTELLE YVEN) 64 4. DE LA MER AU BETAEL EN DOMAINE ATLANTIQUE : UNITÉ ET DIVERSITÉ DES PROCESSUS D'APPARITION DE L'ELEVAGE A LA MARGE NORD-OUEST DE L'EUROPE (ANNE TRESSET) 72 5. ESTIMATION DE LA RESSOURCE ALIMENTAIRE EN MASSE DE CHAIR D'APRÈS LES RESTES DE COQUILLES : APPLICATIONS AUX BERNIQUES PATELLA SP. ET AU 'BIGORNEAU' MONODONTA LINEATA DE SITES MESOLITHIQUES ET NEOLITHIQUES (CATHERINE DUPONT ET YVES GRUET) 88 5. BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE (PARTIES III ET IV) 110

V. UNE BIBLIOGRAPHIE DU MESOLITHIQUE EN BRETAGNE : EST-ELLE EXHAUSTD7E ? 123

1. GENERALITES 123 2. MESOLITHIQUE ANCIEN-MOYEN 124

3. MESOLITHIQUE RECENT-FINAL '. 125 4. ENVIRONNEMENT 128

VI. LES MEMBRES DU PCR « LE MESOLITHIQUE EN BRETAGNE » 129

1 Les sites mésolithiques en Finistère : chronologie et stratigraphie Les sites mésolithiques en Finistère : chronologie et stratigraphie

I. Problématique

1. LE PROJET DE RECHERCHE Ce programme collectif de recherche réunit trente-deux chercheurs amateurs ou professionnels (CNRS - Universités de Paris I, de Brest et de Belfast - S.R.A. - Service archéologique du Finistère) pendant une durée de trois ans. L'objectif est de coordonner les travaux concernant la période mésolithique sur la Bretagne, en dégageant de nouvelles articulations entre les champs de connaissances parcourus par les participants. Ce dialogue concerne particulièrement les travaux sur l'organisation spatiale - très développés en Finistère - et les analyses de la gestion des ressources animales et marines. Une attention particulière sera également accordée à la hiérarchisation et à la publication des faits archéologiques. Les thèmes de recherche développés sont :

Thèmes Activités Promoteurs Budget L'espace S. Blanchet, B. Ginet, J.-M. Lacot, Prospections au sol en Finistère, P. Forré, P. Gouletquer, M. Le (organisation du territoire et Autonome Morbihan, Côtes-d'Armor et Ille- Gofflc, P. Léoppld, Y. Pailler, J. économie de la matière et-Vilaine première lithique) Perry, E. Yven Hiérarchisation du corpus de sites P. Gouletquer, G. Marchand PCR en Finistère S. Blanchet, J. Josselin, P. Etudes de collections et définition Les systèmes techniques Gouletquer, G. Marchand, Y. - d'un protocole d'analyse commun Pailler, E. Yven Les fondements Campagne de sondages en G. Marchand Autonome archéologiques Finistère Bilan archéographique des sites de O. Kayser, G. Marchand, A. Beg-an-Dorchenn, Téviec et Tresset, PCR Hoëdic R. Schulting Nouvelles datations à Beg-an- Dorchenn et à Beg-er-Vil et calcul R. Schulting - de l'effet de réservoir océanique Gestion et exploitation des ressources animales et Etude faunique A. Tresset PCR marines Analyse des isotopes stables sur les ossements humains et animaux des R. Schulting - amas coquilliers Prélèvement et étude des coquilles sur les sites de Hoëdic et Beg-an- G Dupont PCR Dorchenn Anthropologie physique Pratiques funéraires et (recrutement, caractères L. Soler — R Schulting PCR domaine symbolique biologiques) Analyse et comparaison des systèmes symboliques S. Cassen - mésolithiques et néolithiques Tableau 1. Organisation des travaux du PCR « Le Mésolithique en Bretagne » en 2001.

Les thèmes articulés seront : - le mouvement (circulation des matériaux ou des individus, navigation et colonisation des milieux insulaires, la saisonnalité dans l'exploitation de l'environnement), - les contraintes géographiques et environnementales (effets de péninsule, adaptations au milieu), - territoires et identités (intégration / réaction face aux flux culturels européens, transformations des territoires d'acquisition au cours du temps, matérialisation des espaces culturels).

En 2001, l'accent a été mis sur les analyses des vestiges animaux et marins, avec des prélèvements à la Beg-an- Dorchenn et à Hoëdic. Au cours de 2002, plusieurs synthèses ont vu le jour, présentées notamment lors d'une réunion de la Société Préhistorique Française tenue à Nantes les 26 et 27 avril, sur le thème : « Unité et diversité des processus de néolithisation sur la façade atlantique de l'Europe (7-4 ème millénaires avant J.-C.) ». L'objectif affiché est de parvenir en 2003 à une publication collective des faits archéologiques, des modèles proposés (même contradictoires) et des fondements théoriques qui sous-tendent cette réflexion.

3 Les sites mésolithiques en Finistère : chronologie et stratigraphie

2. ACTIVITES ENTREPRISES Cette année 2002, les activités collectives au sein du PCR « le Mésolithique en Bretagne » sont restées en retrait par rapport à l'année passée. Mais cette somnolence est trompeuse ; des forces aussi souterraines que melliflues sont en oeuvre, qui visent en premier lieu à compléter l'inventaire des sites réalisé par Pierre Gouletquer.

Yvan Pailler et Estelle Yven (prospections et études de sites)

Gérard raiirriay (prospections), Estelle Yve'r| et Yvan Pailler (études de l collections) i ptaymond Le Floc'h, Pierre Gouletquer et Yann Bougio Stéphane Blanchet (prospections, dont un séminaire de (prospections et sondages) terrain)

Réunion SPF de Nantes Nathalie Desse et Anne Tresset (Rick Schulting, Anne Tresset, (études de faune) Catherine Dupont, Yves Gruet, Grégor Marchand) . Grégor Marchand (sondages à Melgven)

Bernard Ginet - Jean-Marc Lacot (prospections) Anne Tresset (étude de faune)

Figure 1. Carte schématique des principales actions entreprises dans le cadre du PCR «Le Mésolithique en Bretagne », en 2002.

Dans le cadre du programme de prospections thématique « Les sites mésolithiques en Finistère : Chronologie et Stratigraphie », Grégor Marchand a dirigé la fouille du site de la Trinité à Melgven (Finistère). La collection, attribuée au Mésolithique moyen de type Bertheaume, se caractérise par son homogénéité, mais l'état de préservation du site était pour le moins désastreux : l'ensemble du mobilier gisait dans le labour. Il n'en reste pas moins que l'on est à même de proposer une définition affinée des caractères de ce faciès technique (cf. infra III-3).

En Bretagne orientale, Stéphane Blanchet a poursuivi ses prospections dans la vallée de la Vilaine, opération qui a entraîné la découverte de nouveaux sites du Mésolithique ancien/moyen. Il a aussi réalisé des sondages sur un site attribué au Mésolithique moyen, la Boutinière (Saint-Senoux, Ille-et-Vilaine), implanté en bordure d'un paléochenal. Ces découvertes s'inscrivent dans un programme mené depuis plusieurs années et devraient aboutir à une publication fin 2003.

Plusieurs opérations ont visé à compléter l'inventaire des sites réalisés par Pierre Gouletquer. L'année dernière, Grégor Marchand, Yvan Pailler et Estelle Yven avaient pu faire un premier bilan des découvertes de Gérard Tournay au nord de Pontivy. Cette année, nous avons récidivé avec les pierres taillées ramassées par Yann Bougio dans le sud Finistère. L'objectif a consisté à proposer assez rapidement un panorama des connaissances sur le Mésolithique entre Blavet et Odet : les collections de John Perry (partiellement étudiées par Peggy Portier), de la Société Lorientaise d'Archéologie, de Raymond le Floc'h, des séminaires de Pierre Gouletquer et des prospections de Grégor Marchand sont venus compléter cet inventaire. Grégor Marchand, Yvan Pailler et Estelle Yven se sont chargés de l'analyse du matériel lithique tandis que Yann Bougio a accepté de dresser un SIG de l'ensemble des données. Les impératifs universitaires d'Yvan Pailler et Estelle Yven les ont empêchés d'organiser les habituels séminaires de prospection, inventés par Pierre Gouletquer. Yann Bougio a su remédier à ce manque en réalisant un week-end de prospections sur les communes de Rosporden, Melgven et Bannalec (Finistère) les 11 et 12 novembre 2002. L'intention était de compléter la garniture archéologique de la Basse-Cornouaille. Aucun site mésolithique important n'a été reconnu, mais la détermination des habitats de cette zone contribuera à définir l'organisation et la structuration des territoires mésolithiques.

4 Les sites mésolithiques en Finistère : chronologie et stratigraphie

Au cours de l'année 2001, un prélèvement sur l'amas coquillier de Beg-an-Dorchenn (Plomeur, Finistère) avait été réalisé sous la direction de Catherine Dupont. Les analyses sont aujourd'hui terminées pour les restes de poissons (Nathalie Desse), les restes de crustacés (Yves Gruet), les coquilles (Catherine Dupont) et l'industrie lithique (Grégor Marchand). Anne Tresset tente de terminer la détermination des vestiges osseux (mammifères et avifaune), mais des éléments extérieurs bloquent encore l'accès au Musée de Penmarc'h. Cette révision des faunes mésolithiques comprend également Téviec et Hoëdic. Il reste à compléter les datations par le radiocarbone, réalisées par Christine Oberlin à Lyon, tant sur les coquilles que sur les charbons. L'objectif est de définir la valeur de l'effet de « réservoir océanique » qui entraîne un vieillissement des échantillons marins. Un travail à partir des films réalisés par S.-J. Péquart, déposés à l'Institut de Paléontologie Humaine, est en projet. Il s'agira de restituer l'organisation des sépultures et de la nécropole, grâce à ces images d'archivé encore inédite. Pour ce faire, il faut transférer les images du support actuel vers un DVD-Rom. Jean-Dominique Lajoux, qui avait monté le film actuellement disponible en format VHS, est prêt à assurer cette partie fort technique du travail. A l'issue de ce travail global sur les quatre niveaux coquilliers du Mésolithique final breton, une publication sera proposée (fin 2003).

Travaux Officiants Sondages sur le site de la Trinité-Goarem-Lann en Finistère Marchand Classement et étude des collections Bougio en Finistère-sud Bougio-Marchand-Pailler-Perry—Yven Séminaire de prospection dans le Finistère-sud (direction : Y. Bougio) PCR Etude de faunes Anne Tresset Etudes de sites et de séries lithiques mésolithiques Pailler - Pottier - Yven - Marchand Organisation d'une table-ronde sur la néolithisation Marchand - Tresset Tableau 2. Un bilan des actions entreprises en 2002.

5 Les sites mésolithiques en Finistère : chronologie et stratigraphie Les sites mésolithiques en Finistère : chronologie et stratigraphie

II. Organisation de la recherche

1. COMPTE-RENDU DE LA DEUXIEME REUNION (ESTELLE YVEN ET GREGOR MARCHAND)

Présents : Stéphane Blanchet, Yann Bougio, Erwan Castel, Stéphane Chaumont, Catherine Dupont, Bernard Ginet, Yves Gruet, Yves Gueguen, Jérémie Josselin, Raymond le Floc 'h, Pierre Léopold, Grégor Marchand, Yvan Pailler, Jakès Quiniou, Sylvie Philibert, Gérard Tournay, Jean-Pierre Toularastel, Anne Tresset, Rudi Van Thielen et Estelle Yven.

Excusés : Marie-Pierre Dabart, Pierre Gouletquer, Loïc Gaudin, Jean-Noël Guyodo, Gwenaëlle Hamon, Damien Leroy, Olivier Kayser, John Perry, Rick Schulting et Ludovic Soler.

La deuxième réunion du Programme Collectif de Recherche sur le « Mésolithique en Bretagne » s'est tenue le samedi 26 janvier 2002, à l'Université de Bretagne Occidentale (Brest). Comme de juste, il pleuvait. Tous les participants ont rendu hommage à Anne Riskine, décédée en novembre 2001 ; grâce à elle et sans esprit de chapelle, de nombreux chercheurs ont pu exploiter scientifiquement les collections du Musée de Carnac.

Cette deuxième réunion devait rassembler les différents membres du PCR afin de discuter des résultats obtenus, de définir les nouveaux axes de recherche et de réfléchir à l'opportunité d'un projet commun. Nous avions souhaité, cette année, privilégier les discussions et les thèmes qui fédèrent notre réseau de recherche. Lors du tour de table, les exposés ont donc été limités à une dizaine de minutes.

Bilan des recherches de l'année 2001 Le tour de table entraîne un rappel des objectifs de ce PCR : la gestion des territoires et la circulation des matières premières lithiques, les systèmes techniques lithiques, la gestion des ressources marines et animales, les systèmes symboliques et les études paléo-environnementales. A ce propos, Loïc Gaudin nous rejoint afin de développer le chapitre environnemental : sa thèse lui donne l'occasion de proposer un système d'information géographique sur l'environnement à l'Holocène, ce qui à terme devrait pourvoir être corrélé avec nos fiches de sites et nos territoires culturels ou économiques. Rudi Van Thielen, Yann Bougio, Erwan Castel, Stéphane Chaumont, Gilles Chevalier, Yves Gueguen, Jakès Quiniou et Jean-Pierre Toularastel ont également demandé à s'intégrer dans le champ scientifique que nous avons défini, en s'intéressant notamment aux industries de surface et aux matériaux. Par leurs connaissances halieutiques et malacologiques, Rudi Van Thielen et Jakès Quiniou devraient pouvoir nous éclairer sur certains aspects des économies de prédation. Karoline Mazurié de Keroualin souhaite rejoindre l'équipe de recherche de l'UMR 6566 sur « l'Epipaléolithique et le Mésolithique de l'ouest de la France », pour participer au sous-thème intitulé « les zones de contact mésolithiques-néolithiques sur la façade atlantique de l'Europe » ainsi qu'au PCR sur le Mésolithique en Bretagne évoqué ici.

Le volet financier est brièvement abordé. L'année passée, le CNRS gérait nos subventions, mais les nombreuses difficultés rencontrées nous ont incités à recourir à une association. Pour des raisons statutaires, il n'est plus possible pour le précédent responsable de diriger ce programme ; Estelle Yven a accepté de se charger du PCR. Les participants qui souhaiteraient se faire rembourser devront conserver leurs factures jusqu'à la fin de l'année 2002. La subvention demandée pour le fonctionnement du présent projet de recherche est de 3100 Euros, soit deux fois moins que l'année 2001. Cette réduction correspond à la fin des études malacologiques, réalisées en un temps record par Catherine Dupont. Une subvention complémentaire a été demandée en 2002 afin d'entreprendre une analyse anthracologique de charbons de bois prélevés à Beg-an-Dorchenn (Plomeur, Finistère). Ce travail sera réalisé par D. Marguerie et l'un de ses collaborateurs.

Après une présentation rapide des différents membres, la réunion commence par la lecture d'une lettre envoyée par Rick Schulting et traduite par Anne Tresset. La missive concerne les nouvelles datations obtenues sur les sites mésolithiques de Téviec, Hoëdic et Beg-er-Vil et sur quelques sites néolithiques. Elles révèlent une moindre influence de 1' « effet réservoir » que ce qui avait été imaginé. Deux dates ont été obtenues sur des ossements de la sépulture H de Téviec : 6500-6000 B.P. et 6760 +ou-45 B.P. On constate un problème de cohérence entre ces deux dates et une des précédentes, avec un fossé de 500 ans dans une même sépulture. A Hoëdic, cinq datations ont été effectuées, l'une sur ramure de cerf (6530 +ou-50 B.P.), une autre sur un ossement humain (6640 B.P.). A Beg-er- Vil, un reste de sanglier a donné le résultat de 7450 ± 45 BP ; datation plus ancienne que Téviec et Hoëdic, et qui pose de nombreux problèmes d'interprétation. Par ailleurs, plusieurs restes fauniques ont été prélevés pour des

7 Les sites mésolithiques en Finistère : chronologie et stratigraphie

analyses sur les isotopes stables. A titre indicatif, les sites néolithiques d'Er-Yoh, de Port Blanc et de Conguel (Morbihan) sont également mentionnés. L'étude des ossements de ces stations indique une absence d'alimentation marine au Néolithique malgré la proximité des côtes.

Des datations sont attendues pour cet automne sur les sites du Bilou (le Conquet, Finistère), de Quillien (Le Cloître-Saint-Thégonnec, Finistère), de Kerliézoc (Plouvien, Finistère), de la Croix Audran (Carnac, Morbihan) et de Beg-er-Vil (Morbihan). Les deux premières ont été réalisées sur des crédits 2001 du PCR afin de commencer à combler ce fossé chronologique qui affecte le Mésolithique moyen.

Pierre Gouletquer a transmis par voie postale une lettre dans laquelle il rappelle que l'essence de sa démarche est « l'adhésion passionnée aux principes qui doivent nous éloigner de l'objet pour rechercher les structures dont il n'est que le révélateur». Anne Tresset souligne le fait que le Mésolithique breton manque d'ossements ; eu égard aux conditions géologiques régionales, l'idéal serait de découvrir des sites à proximité des tourbières (Avis aux prospecteurs !). Elle rappelle ses recherches portées sur les ossements mésolithiques provenant des amas coquilliers bretons. Yvan Pailler expose ensuite ses travaux concernant l'inventaire et l'analyse spectrographique des bracelets en pierre attribués aux premières phases du Néolithique breton. Jean-René Darboux, géologue à l'Université de Brest, a effectué une dizaine de lames minces sur des objets provenant de la région de Laniscat et de Pontivy (prospections Gérard Tournay et séminaire Estelle Yven). Leur examen révèle une production locale de bracelets en schiste dans le Centre de la Bretagne, mais également une importation possible depuis l'atelier de Kermout à Plozévet. Son objectif consiste à cartographier les lieux de production des bracelets de la péninsule armoricaine. Les galets biseautés découverts près des côtes font l'objet d'une autre étude expérimentale et archéologique. Yvan Pailler suggère que ces objets aient servi « d'arracheurs de patelles », mais Catherine Dupont rappelle que cette hypothèse sera difficile à confirmer tellement les coquilles préhistoriques sont dégradées. Des pièces expérimentales ont été confiées à Sylvie Philibert, tracéologue de son état.

Grégor Marchand présente les résultats des sondages effectués sur les sites de La Presqu'île (Brennilis, Finistère), Kerliézoc (Plouvien, Finistère) et la Villeneuve (Locunolé, Finistère). Si ces opérations n'ont pas permis de mettre en évidence de stratigraphies, elles s'avèrent positives parce qu'elles apportent un complément aux prospections de surface. Seules trois pièces lithiques ont été récoltées sur les sondages de la Presqu'île montrant que l'occupation humaine était limitée à un secteur circonscrit, aujourd'hui détruit. Le tamisage des sédiments de la rive a en revanche permis de rassembler de nombreuses armatures et d'envisager ainsi des études typologiques étendues aux Monts d'Arrée. Les excavations de Kerliézoc ont entraîné la découverte de triangles scalènes de courte taille témoins d'une occupation du site lors d'une phase du Mésolithique moyen, au milieu d'une industrie majoritairement mésolithique final. Certaines limites des occupations défîmes lors de la planigraphie de 1998 (étude de Jérémie Josselin et Yvan Pailler) ont aussi été vérifiées au cours de cette opération. Enfin, les sondages de la Villeneuve ont mis en évidence une occupation Bertheaume typique, très marginale dans les collections de surface. II semble maintenant clair que ces sondages évidemment très ponctuels donnent une autre vision du site, ni supérieure, ni inférieure ; ils contribuent à rendre plus complexe l'image que l'on se fait d'un site et par un effet de ricochet, l'image que l'on se fait d'un territoire. Il faut noter que les proportions de matériaux restent identiques, quel que soit le mode d'exploration choisi, ce qui valide les synthèses réalisées ces dernières années. Le programme de sondages sur les sites mésolithiques du Finistère doit continuer en 2002 et en 2003. L'investissement logistique semble pour l'instant disproportionné par rapport aux résultats archéologiques, d'autant plus que les négociations avec un monde agricole particulièrement échauffé restent des préalables pénibles.

Estelle Yven évoque les sondages effectués sur le site de Kervilien (Tonquédec, Côtes d'Armor) et les prospections réalisées en Centre Bretagne. Lors de la première opération, l'intention consistait moins à amasser des pierres taillées qu'à comprendre la signification des concentrations et des zones vides repérées lors des prospections de surface. Les sondages ont confirmé leur réalité et valident les observations des prospecteurs quant à l'organisation spatiale des sites. D'autres tests méthodologiques seront nécessaires pour vérifier ce premier résultat. La dominante de lamelles-scalènes suggère de rattacher ce site au groupe de la Manche plutôt qu'au groupe Bertheaume. De nombreuses prospections ont été menées sur des gisements de phtanite mais aucun n'a été exploité comme site-carrière. Les gîtes d'approvisionnement étaient en nombre limité, leur situation dépendait des logiques de structuration de l'espace. L'étude de la circulation du phtanite montre l'existence de territoires orientés et permet de distinguer des modalités de diffusion différentes selon les périodes.

De nouvelles fouilles de sauvetage ont été menées sur le site de la Croix Audran (Carnac, Morbihan) sous la direction de Stéphane Blanchet. Selon lui, la typologie des armatures mais aussi le débitage suggèrent de rattacher ce site au début du Mésolithique moyen. Le tamisage à l'eau systématique a permis de collecter des microlithes hyperpygmés, inférieurs à un centimètre de long. Ils se répartissent entre triangles (2/3 dont 95% scalènes), pointes à troncature oblique (10%) et quelques trapèzes (6%). D'origine côtière et locale, les matières premières lithiques ont été sélectionnées avec une préférence pour le silex. Par ailleurs, les études menées par Stéphane Blanchet sur le grès lustré dans la vallée de la Vilaine témoignent une fois encore de l'intérêt d'entretenir des relations avec des géologues spécialistes de certaines roches. Nicolas Brault, doctorant en Géologie à l'Université de Rennes, a ainsi

8 Les sites mésolithiques en Finistère : chronologie et stratigraphie remarqué que les grès lustrés de la Vilaine étaient des silcrètes, originaires du sud du département de l'Ille-et- Vilaine.

Les analyses des faunes marines, dont les coquillages, ont été particulièrement développées au cours de l'année 2001. Catherine Dupont a entrepris des prélèvements sur les sites de Beg-an-Dorchenn (Finistère) et de Hoëdic (Morbihan). Ils ont été systématiquement tamisés de même que les prélèvements totaux effectués par Olivier Kayser à Beg-er-Vil (Morbihan). Ces opérations ont permis de corriger les proportions obtenues lors d'études préliminaires. Catherine Dupont constate une distinction entre les coquilles consommées et les coquilles servant à la parure. A Beg-an-Dorchenn, 31 espèces ont été déterminées, mais la patelle domine largement (50 %), suivie par la coque, la palourde, l'huître et le scrobiculaire. En ordre décroissant, les principales espèces sont à Hoëdic la moule, l'huître et la patelle, à Beg-er-Vil, la patelle, la coque et l'huître. Les hommes ont pratiqué la pêche sur tous les territoires accessibles à proximité du site et sur tous les niveaux de l'estran. Yves Gruet s'attache à l'étude des crabes récoltés sur les sites présentés ci-dessus. Les doigts des crabes permettent de distinguer l'espèce et la taille de l'individu. A Beg-an-Dorchenn, le Tourteau et le crabe sillonné dominent et il n'y a pas d'étrillé. La présence d'Eriphia témoigne d'un climat marin aussi chaud que l'actuel. Yves Gruet s'étonne de la forte taille des tourteaux par rapport aux exemplaires contemporains, conséquence soit d'une sur-pêche actuelle, soit d'une recherche de ces animaux au Mésolithique sous la limite des plus basses mers.

Sylvie Philibert conclut le tour de table par une présentation de ses travaux de tracéologue sur certains sites du sud de la France, attribués au Montclusien (Mésolithique moyen). Elle constate en général une faible exploitation des supports et une utilisation brève et peu intensive des outils. Les spectres fonctionnels sont dominés par la chasse et la transformation des peaux en cuir. Les haltes de chasse sont complémentaires de sites spécialisés dans d'autres domaines techniques. La notion de camp de base reste encore à définir, tout au moins dans le monde méditerranéen. Dans la région atlantique, il semble au contraire que les chasseurs-cueilleurs aient adopté un système de mobilité logistique avec des stations spécialisées complémentaires de camps de base. Sylvie Philibert souhaiterait étudier quelques collections du Mésolithique moyen breton afin de compléter ses données et vérifier la signification de certaines similitudes troublantes, notamment au niveau typologique, entre le groupe Bertheaume et le Sauveterrien.

Yann Bougio enfin évoque le séminaire de prospection organisé dans la région de Trégunc (Finistère-Sud). Sa démarche consiste à vérifier au sol les données issues de la prospection aérienne, mais aussi à explorer de nouvelles zones. Bernard Ginet entreprend la même méthode de travail dans la région lorientaise tandis que Gérard Tournay continue la prospection minutieuse de la région de Pontivy, Gilles Chevalier, celle de Perros-Guirec, Stéphane Blanchet, celle de la vallée de la Vilaine, Yves Gueguen, celle de la Presqu'île de Crozon, Erwan Castel accompagné de Stéphane Chaumont, celle du Léon et Jakès Quiniou, celle du pays Bigouden.

Objectifs - Désirs La deuxième partie de la journée s'est organisée autour de projets de travaux communs avec une volonté de diffuser et d'homogénéiser les données. Une fiche simplifiée est proposée et devrait permettre à chaque prospecteur de signaler ses sites afin de constituer une base de données exploitable. Cette fiche comprend le nom de l'inventeur, le département, la commune et le lieu-dit dans lequel le site a été découvert, les coordonnées Lambert zone II étendue, la situation topographique, la présence ou non de concentrations, les proportions de matériaux lithiques, le nombre de pièces et la description des microlithes. Plus sommaire que celle proposée par Pierre Gouletquer, elle devrait permettre à tous les prospecteurs de valoriser leur travail, tout en assurant une continuité avec le « fichier Gouletquer ». Un système d'information Géographique a été mis en place pour le Finistère à partir de ce fichier, sur le logiciel Mapinfo (Grégor Marchand, avec un coup de main de Yann Bougio). Il s'agit d'un outil de gestion cartographique de cette grande base de données, qui permet notamment de réaliser des interrogations croisées (datations des industries, type de matière, etc.).

Les opérations de terrain à venir comprennent des prospections en séminaires (Yann Bougio au nord de l'Aven en Finistère) ou en solitaires (Gérard Tournay, Bernard Ginet, Stéphane Blanchet, Gilles Chevalier, Yves Gueguen, Erwan Castel, Stéphane Chaumont et Jakès Quiniou), des sondages sur le site mésolithique moyen de la Boutinière à Saint-Senoux (Ille-et-Vilaine) par Stéphane Blanchet, ainsi que des sondages réalisés sur des sites finistériens par Grégor Marchand. Yvan Pailler évoque la fouille de Lannuel en Guipronvel (Finistère) pour l'année prochaine ; Stéphane Blanchet réalisera celle du site Bertheaume du Bilou au Conquet (Finistère). Par ailleurs, Stéphane Blanchet souligne l'intérêt de convier à nos réunions des collègues de Loire-Atlantique, pour mieux cerner les influences culturelles.

L'étude des matières premières lithiques exige que soient caractérisées toutes les roches utilisées par des spécialistes. L'expérience montre que ces projets de recherche ne fonctionnent véritablement que lorsqu'une personne se « spécialise » sur une roche, provisoirement cela va de soi. Un partage des tâches est réalisé : - le silcrète par Stéphane Blanchet en collaboration avec Nicolas Brault, - la fibrolite et les schistes sont étudiés par Yvan Pailler en collaboration avec Jean-René Darboux,

9 Les sites mésolithiques en Finistère : chronologie et stratigraphie

- l'ultramylonite de Mikaël par Estelle Yven en collaboration avec Claude Audren, - le phtanite et le jaspe par Estelle Yven en collaboration avec Claude Audren et Marie-Pierre Dabart, - L'ultramylonite de Tréméven par Grégor Marchand, Bernard Ginet, Gérard Tournay et Raymond Le Floc'h, en collaboration avec Claude Audren.

Le microquartzite de la Forest-Landerneau attend de nouvelles déterminations. Jérémie Josselin, Bernard Ginet, Grégor Marchand et Estelle Yven devraient pallier ce manque en proposant des échantillons de ces roches aux différents géologues. Gageons qu'à la fin de l'année 2003 nous pourrons proposer une synthèse de toutes ces déterminations.

Les études lithiques et les modèles qui en découlent restent trop souvent détachés des autres données économiques et environnementales. Le recensement du potentiel régional devrait contribuer à définir quelles espèces sont disponibles à quel moment de l'année. Yann Bougio, Erwan Castel, Stéphane Chaumont, Bernard Ginet, Raymond le Floc'h, Pierre Léopold, Jakès Quiniou, Gérard Tournay, Jean-Pierre Toularastel, et Rudi Van Thielen ont proposé de réfléchir à ces notions, que l'on pourrait évoquer lors d'une réunion à mi-parcours (avant ou après l'été ?). Tout un programme commun commence ainsi à s'établir dans lequel chacun a un rôle à jouer.

Cette année encore l'un des objectifs majeurs consistera à publier des monographies afin d'améliorer la lisibilité du Mésolithique breton à l'extérieur. Le manuscrit concernant la planigraphie et les sondages réalisés à Kerliézoc (Plouvien, Finistère) devraient être prêt courant 2002 : outre les aspects archéographiques, il permettra de proposer un bilan sur le Mésolithique terminal du Léon. Beg-er-Vil, La Presqu'île à Brennilis et La Villeneuve à Locunolé seront également traités en 2002. L'étude du site de Kervilien est achevée et fera l'objet d'une publication.

Plusieurs rendez-vous doivent être signalés, auxquels vous êtes évidemment conviés : - lundi 11 mars 2002, séminaire archéologique de l'ouest à Rennes I, qui permettra de lancer le programme sur l'identification des roches taillées sur le Massif armoricain, avec un lien fort entre archéologues et géologues, sous la direction de Guirrec Querré, Grégor Marchand et Nathalie Molines. - le vendredi 26 et le samedi 27 avril 2002, au Musée Dobrée de Nantes, Anne Tresset et Grégor Marchand organisent une réunion de la Société Préhistorique Française traitant de la néolithisation sur la façade atlantique de l'Europe (la liste des intervenants est jointe à ce courrier).

A plus longue échéance (automne 2004 ?), Yvan Pailler, Michel Le Goffic et Grégor Marchand ont entrepris d'organiser un colloque sur le Mésolithique à Brest : « Les espaces mésolithiques : fonctionnement et évolution ». L'intervention d'ethnologues est prévue pour développer certains aspects économiques ou techniques de communautés nomades sur diverses aires géographiques.

2. ENTRE L'ECORCE ET L'ARBRE: REFLEXIONS SUR LES PRATIQUES DE L'ARCHEOLOGIE (PIERRE GOULETQUER) L'arbre, c'est la masse noueuse et compacte de l'archéologie de sauvetage, qui plonge ses racines dans le bouleversement du monde rural des années 1950-1960. Ceux de ma génération ont vu éclore ses cotylédons fragiles en quémandant les maigres subsides qui permettaient de disputer au Bulldozer mythique du Remembrement des miettes de patrimoine. Les travailleurs qui partageaient nos tables des restaurants de campagne nous appelaient « les ouvriers à Malraux » , et certains d'entre nous ont payé cher ce mimétisme avec les manœuvres du bâtiment ou les cantonniers des Ponts-et-Chaussées. Convaincus du caractère sacré de notre mission, nous nous présentions comme le SAMU de l'archéologie, les mfirmiers du patrimoine, les médecins de la connaissance du passé, et nos interventions mobilisaient davantage de militantisme et de conviction que de moyens matériels et financiers. Là aussi, certaines familles ont payé cher notre sacerdoce.

L'écorce, c'est le maigre pourcentage de fouilles programmées, se précisant au fil des ans comme l'enveloppe de tout le reste. La partie visible et présentable qui édulcore la violence du rapport que le monde moderne entretient avec son patrimoine.

Ramener la définition de l'archéologie aux cernes de croissance du sauvetage et de la prévention et au caractère savant des interventions programmées, en profiter pour définir et justifier ainsi l'archéologie est un peu réducteur. Lorsque la profession elle-même se contente de cette caricature, cela devient dangereux.

Tout frais contractuel du CNRS, j'avais 25 ans à peine, lorsqu'un homme du monde des affaires m'a agressé pour la première fois avec la question « à quoi sert l'archéologie ? ». Parfaitement dressé à le faire, j'ai répondu ce que nous entendons aujourd'hui encore: «L'archéologie sert à sauvegarder autant que faire se peut le patrimoine ». Cinglante et dépourvue d'humour, la réplique avait la violence d'une gifle : « A quoi sert le patrimoine ? ».

10 Les sites mésolithiques en Finistère : chronologie et stratigraphie

Pour des raisons qui tiennent à l'histoire de notre discipline dans notre région, à ma formation de naturaliste et à ma sensibilité d'observateur, je me suis glissé entre l'écorce et l'arbre, dans le parenchyme discret où s'élabore la double croissance du bois et de sa carapace. Là où bouillonnent les idées toujours renouvelées, rêves d'un « passé- présent» bâti autour de quelques monnaies antiques ou de quelques pointes de flèches. Là où s'agitent les générations d'archéologues amateurs, informateurs plus ou moins dociles ou clandestins notoires, qui n'attendent ni reconnaissance ni subventions. Comme eux, j'ai utilisé mon salaire, non pour augmenter le volume d'objets de collections présentables ni même pour enrichir un catalogue, mais pour vivre pleinement une curiosité sans fin.

Les recherches que j'ai menées, et que mènent la plupart des participants à ce Programme Collectif de Recherche, n'appartiennent ni à la finalité urgentiste et généraliste, ni à l'aristocratie de l'archéologie programmée. Par la médiocrité esthétique des objets qu'elles manipulent, elles n'attirent ni subventions importantes, ni intérêt majeur, y compris au sein de la profession. Cela nous projette d'autant plus facilement dans l'imaginaire, là où les découvertes nouvelles démultiplient les questionnements inédits.

A quoi sert l'archéologie ?

Comme n'importe quelle science et n'importe quel art contemporain, elle est le complément naturel de l'univers matériel de l'ère industrielle triomphante. Comme tout ce qui fait rêver, elle participe du mythe qui a sous-tendu cette matérialité. Comment s'étonner qu'elle soit en crise au moment où s'étiolent les valeurs qui l'ont engendrée et entretenue ?

Il y a une quinzaine d'années, j'écrivais que l'archéologie avait bouclé son catalogue d'objets, tandis que de leur côté, nos sociétés occidentales avaient fait le plein d'images que ceux-ci pouvaient engendrer1. Les bandes dessinées, les publicités, les romans ou les films inspirés de la Préhistoire sont d'une banalité désespérante, ressassant les stéréotypes antiques sans rien emprunter d'authentique à l'archéologie préhistorique. Malgré tous nos efforts didactiques, conférences, expositions, musées, publications, il suffit de dresser l'oreille pour comprendre ce qu'évoquent les mots « préhistoire » et « archéologie » dans le monde réel.

Cela veut dire que le mythe à l'élaboration duquel nous avons participé depuis cent cinquante ans est parfaitement mûri, que nos sociétés s'en satisfont, et qu'il s'entretient désormais à l'aide de quelques clichés tirés de « La Guerre du Feu » et des « Aventures d'Astérix ». Ni les coûteuses interventions d'urgence, ni les fouilles programmées les mieux raisonnées n'y changeront plus rien. Dans un contexte économique et politique libéral qui balaie d'un revers l'économie de régions entières et les professions les plus solidement enracinées dans les identités régionales, l'archéologie ne sert plus à rien, sinon à s'entretenir elle-même. Même si elle a servi à créer et à justifier ce passé mythique.

Reste qu'entre l'écorce et l'arbre, le bouillonnement des questions sans réponses continue à agiter les têtes, quasiment sans moyens et par conséquent à l'abri des fluctuations de l'actualité. L'archéologie de la seconde moitié du 20° siècle s'est probablement fourvoyée en prenant comme modèle et comme objectif la ressemblance avec les sciences de la matière. Ce faisant, elle s'est orgueilleusement coupée de l'imaginaire collectif qui l'entretenait, tout en laissant croire que la matérialité et la technicité de sa démarche la représentaient pour l'essentiel.

La modestie de nos objets, la passion qui nous anime, autant que la constante remise en cause de nos questionnements font que nous avons naturellement donné la priorité à d'autres valeurs, relativisant l'importance de l'objet.

Un monde s'écroule peut-être, comme ce sont déjà écroulés des pans entiers de l'économie qui a engendré le concept même d'archéologie, et qui a accompagné sa croissance. Parce qu'il sera difficile de nous donner moins de moyens que nous en avons, et parce que notre curiosité demeure inchangée, professionnels ou amateurs, nous continuerons pourtant à interroger sans relâche labours et éteules.

Paradoxalement hors du temps, et en marge du mythe d'une archéologie trop savante.

Plovan, décembre 2002

1 Gouletquer, P., 1987 - Notre préhistoire, Etudes sur la Bretagne et les pays celtiques, Mélanges offerts à Yves Le Gallo. Cahiers de Bretagne occidentale, n°6 ; Centre de recherche Bretonne et Celtique, Brest, pp. 127-133

Gouletquer, P., 1991 - Les problèmes posés par le Mésolithique de Basse-Bretagne ; les moyens de les résoudre, in Mésolithique et Néolithisation. Actes du 113° Congrès national des Sociétés savantes, 5-9 Avril 1988, Strasbourg, p. 177-196.

11 Les sites mésolithiques en Finistère : chronologie et stratigraphie Les sites mésolithiques en Finistère : chronologie et stratigraphie

III. Travaux sur le Mésolithique

1. TEVIEC ET HOËDIC (GREGOR MARCHAND ET LUDOVIC SOLER)

1.1. Notes sur l'industrie lithique (Grégor Marchand) Le 11 décembre 2001, il m'a été possible d'observer les industries lithiques déposées à l'Institut de Paléontologie Humaine, à Paris., grâce à l'amabilité de Ms. H. De Lumley et D. Vialou. Comprenant moins de 300 pièces des fouilles Péquart sur l'îlot de Téviec, cette collection n'est qu'un mince échantillon de l'industrie initiale. Ces pièces portent le plus souvent un marquage « 1929 » et plus rarement « 1937 ». Le Musée de Carnac recèle d'autres pièces, provenant principalement du site de Hoëdic.

Le silex est une matière blonde translucide, avec une patine faible, souvent un simple voile ; le cortex est peu épais. Plusieurs modalités de débitage sont observées à partir des nucleus et de certains produits du débitage : - Les nucleus à éclats sont les plus fréquents. Ils sont multipolaires, avec des fréquents changements dans l'axe du débitage. la technique employée est la percussion directe dure. Il y a un nucleus sur éclat, la table étant implantée sur la face inférieure de l'éclat. - Des nucleus témoignant d'une exploitation faciale à partir de deux plans de frappe à l'évidence hiérarchisés sont destinés à la production de lames courtes, d'environ 15 mm de large. Les plans de frappe sont lisses et très inclinés ; la corniche est bien abrasée. L'éventualité d'une percussion tendre pour l'extraction des produits n'est pas à négliger, d'autant que l'on trouve des stigmates concordants sur certains talons de lames et lamelles (talons en amande, à l'angle de chasse ouvert, fortement abrasés voire doucis). L'aménagement des flancs se fait par une crête latérale qui s'étend vers le dos du nucleus. Les nervures des lames sont peu régulières, à en juger par la table. En phase terminale ces nucleus sont plats. - II existe une séquence lamellaire régulière, dont témoignent des éclats débordants destinés à un ravivage axial. Sur ces produits, la percussion indirecte semble bien attestée. Les outrepassements semblent fréquents, révélant une partie corticale distale, jamais effilée. - La percussion bipolaire sur enclume sur des galets est attestée par quelques exemplaires.

L'abrasion des corniches est systématique ; il n'y a pas de facettage et dans ce cas il est sommaire et seulement pour les angles de chasse déjà fermés, proche de 90°. L'outillage présent comprend des troncatures obliques rectilignes sur lamelles irrégulières et courtes, avec des retouches d'utilisation latérales. Des coches réalisées par retouches scalariformes (dites Montbani) sont présentes sur des éclats et des lames irrégulières. En conclusion, les caractères du débitage sont assez éloignés des canons du Retzien, et même par extension de ceux du Mésolithique final français (Tardenoisien, Castelnovien). La diversité des techniques employées et les différents types de nucleus laisse ouverte la possibilité de mélanges d'industries. Une analyse technologique plus poussée ne semble pas se justifier dans l'immédiat, d'une part à cause de cette diversité, d'autre part à cause d'un trop faible nombre de pièces.

1.2. Analyses anthropologiques et des pratiques funéraires des sépultures de Téviec et Hoëdic (Ludovic Soler) Ce court texte a pour but de présenter en détail les objectifs que nous nous sommes fixés pour l'analyse des ossements et des sépultures de Téviec et Hoëdic. Nous ferons également état des premiers travaux réalisés et des contraintes rencontrées. Puis enfin, nous évoquerons les perspectives plus récentes d'analyses et dont la mise en place n'est pour le moment qu'en cours. Trois principaux points peuvent être abordés dans le cadre de ce PCR.

Morphologie des populations: Nous proposons dans ce travail d'effectuer dans un premier temps, un bilan des données anthropologiques. Il ne s'agit pas de réaliser à nouveau toutes les études métriques déjà publiées. On connaît la variabilité inter observateurs des mesures prises sur les ossements, mais l'investissement en temps, que cela implique et le peu de différence notable qui en découlerait, ne nous semblent pas « rentables ». En outre, les caractères de ces populations sont très nettement marqués et furent déjà clairement définis (Boule et Vallois in Péquart al., 1937; Vallois in Péquart, 1954; Vallois et de Félice, 1977).

' En revanche, d'autres éléments pourraient venir compléter les observations déjà effectuées au sein de ces populations « anthropologiquement » très homogènes et permettraient de tenter de répondre aux hypothèses établies (relation entre les individus et entre les 2 populations de Téviec et Hoëdic):

- La recherche de caractères discrets éventuels : Certains de ces caractères morphologiques ayant une origine génétique, ils peuvent entrer dans la discussion sur les liens de parenté entre les individus au sein de chaque site,

13 Les sites mésolithiques en Finistère : chronologie et stratigraphie

et sur les liens de parenté hypothétiques de certains individus entre ces sites. Même s'ils ne sont pas parmi les caractères les plus discriminants, citons déjà la variation des foramen pariétaux semblable à Téviec et Hoëdic.

- La reprise des descriptions des anomalies anatomiques, des pathologies, des traumatismes, des stress de croissance (interprétation et origines), peut également contribuer à la discussion sur le «recrutement des individus ». A titre d'exemple rappelons la présence de vertèbres lombaires surnuméraires observées sur des individus de Téviec et de Hoëdic.

« Recrutement » des individus déposés: S'il ne nous semble pas utile pour le moment de reprendre l'étude métrique des ossements de Téviec et Hoëdic, en revanche, les données relatives au sexe et à l'âge au décès des individus, méritent d'être révisées. En effet, les méthodes utilisées lors des premiers travaux, par exemple pour la détermination du sexe, sont basées essentiellement sur la robustesse et restent donc, à cause de la variabilité inter et intra populationelles, assez subjectives. Nous utiliserons donc des méthodes plus récentes, apportant des réponses peut-être un peu moins catégoriques mais plus objectives (données métriques et morphologiques).

Il s'agit principalement pour le sexe : - méthode visuelle, Bruzek, 1990, - fonctions discriminantes, Bruzek, 1990, - surface auriculaire de l'os coxal, Bruzek et al., 1996.

Pour l'âge au décès: - stade de maturation dentaire, Ubelaker, 1978, - synostose des centres d'ossification, Ferembach et al., 1979, - métrique (fœtus), Fazekas et Kosa, 1978, révisé par Sellier, 1999, - surface auriculaire, Lovejoy, 1985.

Cette première étape du travail permettra donc d'avoir une vision actualisée du «recrutement» des individus destinés (?) à être déposés dans de telles sépultures.

Pratiques funéraires Un des points forts des travaux de Marthe et Saint-Just Péquart réside dans l'importante minutie consacrée au dégagement des ossements et la grande précision de leurs descriptions. Ceci leur a d'ailleurs permis une analyse approfondie des gestes et pratiques funéraires des populations à Téviec et Hoëdic. Cependant, plusieurs questions restent en suspend notamment les problèmes de stratigraphie, de remplissage des structures funéraires, du mode de décomposition des corps, etc.. Dans la sépulture B de Téviec, la position effective des blocs recouvrant le squelette du défunt est interprétée comme étant le résultat de la décomposition du cadavre. L'observation systématique du/des mode(s) de décomposition des corps à partir des ossements eux-mêmes nous aiderai à discuter le système de couverture de ces sépultures, ainsi que le type de dépôt. De la même manière, les sépultures plurielles mises au jour à Téviec et Hoëdic (c'est-à-dire contenant plusieurs corps sans préjuger du caractère successif ou simultané des dépôts) contenaient un nombre de corps variant de deux à six. La question de dépôts simultanés ou successifs fut discutée par les fouilleurs, mais certains points méritent d'être éclaircis. En effet, si dans certains cas, la simultanéité des dépôts ne semble pas devoir être remise en cause (par exemple Téviec E), dans d'autres cas, les dépôts interprétés comme successifs sont contradictoires ou bien soulèvent des questions relatives au fonctionnement de la structure funéraire elle-même. À Téviec, d'après les auteurs, la sépulture H a fonctionné en 3 temps: un premier corps inhumé fut déterré puis ces ossements disposés en tas pour laisser la place à un second. Puis, « pour celui-là, on s'est simplement contenté de le repousser, afin de ménager une place suffisante à l'ensevelissement du dernier corps. » (Péquart et al, 1937, p. 42). De telles manipulations impliquent que les corps ou les ossements des deux premiers individus furent accessibles aux fossoyeurs et donc non enterrés comme il est suggéré dans le texte. Il est donc nécessaire de réaliser une étude précise et systématique du type de couverture et d'un éventuel système d'ouverture des structures funéraires, du mode de remplissage de ces dernières et de décomposition des cadavres.

Les différents supports d'analyse pour notre étude: Les ossements, d'après la publication de Vallois (1977), furent déposés en divers endroits nécessitant plusieurs déplacements : - Institut de Paléontologie humaine (Paris), où nous avons pu constater la très bonne conservation des deux séries et où nous avons déjà pu effectuer une rapide estimation de l'âge et du sexe de la plupart des individus, grâce à l'amabilité de M. Henri de Lumley et M. Denis Vialou. L'essentiel du matériel osseux s'y trouve actuellement. - Musée des Antiquités Nationales (Saint-Germain-en-Laye), - Musée d'Histoire naturelle de Lyon, - Musée d'Histoire naturelle de Toulouse, - Musée de Carnac.

14 Les sites mésolithiques en Finistère : chronologie et stratigraphie

Conservés à Nancy dans la demeure de leurs inventeurs les squelettes n° 18, 19 et 21 de Téviec, ont disparu pendant l'occupation de cette ville, au cours de la guerre 1939-1945.

Les documents de fouille. L'exploitation du fond photographique et des archives cinématographiques, réalisés par les Péquart lors de leurs fouilles, sera probablement l'ensemble de documents le plus « parlant » dans la discussion des problématiques relatives aux gestes funéraires. Le fond photographique fut confié par le fils Péquart au Professeur D. Vialou de LTPH à Paris. Ce dernier a bien voulu nous laisser le consulter et a même consenti à nous en fournir des reproductions. Quant aux archives cinématographiques, G. Marchand a pu également en obtenu- une copie partielle. La possibilité de reproduire ces documents sur support numérique a été envisagée, ce qui devrait être pour nous d'une aide considérable. Ce type de support est nettement plus maniable et surtout permettrait de sélectionner des séquences ou des images, et de réaliser des grossissements peut-être riches en informations.

Les analyses ADN. La tentative de mise en évidence de liens de parentés entre les individus de chaque population à Téviec et Hoëdic et entre ces populations à partir de l'extraction et l'analyse de l'ADN fossile peut être suggérée. Cela ne se ferait pas sans contraintes : coût relativement élevé, problème de conservation et de pollution de l'ADN. il est à noter cependant que de plus en plus de laboratoires français, se dirigent vers ce type d'analyse et sont souvent près à réaliser leurs premiers travaux à moindre coût. En outre, il y a à l'Université de Barcelone un travail de thèse en cours sur l'extraction de l'ADN fossile de populations mésolithiques réalisé par L. Bourgeois. Ce dernier serait intéressé par les sites de Téviec et Hoëdic. Bien sûr si ce type d'analyse pouvait voir le jour dans le cadre de ce PCR (sans jeu de mot), il pourrait être étendu à l'ensemble du matériel osseux (humain et faune).

Conclusions L'objectif de nos travaux est donc double : - faire le bilan sur les données anthropologiques actuellement connues, sur leur pertinence et leur validité à la lumière des méthodes actuelles. - obtenir de nouvelles informations à l'aide de nouvelles approches.

Ces nouvelles estimations permettront de faire le point sur le choix des individus et le traitement différentiel des cadavres. Ces éléments définissent les relations des vivants avec les morts et donc des vivants avec la Mort. Ils reflètent ainsi une des facettes du comportement social de ces populations. Nous espérons que ces données pourront être complémentaires aux travaux déjà réalisés ou bien avancés dans le cadre de ce PCR.

2. BEG-AN-DORCHENN (NATHALIE DESSE)

2.1. Présentation La pointe de la Torche (ou Beg-an-Dorchenn, Plomeur, Finistère), formidable belvédère sur la baie d'Audierne, a attiré toutes sortes d'occupations humaines. Le « kjôkkenmôdding » est installé au nord-est de cette presqu'île, au début de l'isthme actuel. Il s'étendait jusqu'au sommet du promontoire, ensuite occupé par un mégalithe. Des fouilles y furent entreprises dès la fin du XIX ème siècle par P. du Châtellier (1881, 1893), puis entre 1920 et 1926 par le Commandant Bénard Le Pontois (1929), entre 1946 et 1950 par P.-R. Giot et enfin de 1984 à 1988 par O. Kayser (1985, 1992). Du Châtellier estimait le gisement à environ 100 m2, mais l'érosion maritime en a emporté de vastes pans. La dernière fouille d'O. Kayser, ouverte sur 53 m2, a permis d'explorer les ultimes vestiges de cette vaste station. La stratigraphie reconnue par tous les fouilleurs est aussi simple que les précédentes : reposant sur un niveau de head granitique, le niveau coquillier est épais de 0,40 mètre en moyenne, puis il est recouvert par un niveau dunaire sur lequel se développe le sol actuel. Des sépultures initialement décrites par Du Châtellier comme mésolithiques, ont été par la suite reconnues gauloises par Bénard Le Pontois, puis Kayser. D'autres bouleversements postérieurs ont été enregistrés (fossé protohistorique, tranchée allemande), mais bien circonscrits, ils ne remettent pas en cause l'homogénéité du gisement. En 2001, Catherine Dupont, Yves Gruet et Grégor Marchand ont réalisé un prélèvement sur les derniers vestiges de cet amas (rapport PCR 2001). La contribution de Nathalie Desse vient compléter les informations du rapport précédent.

2.2. Les restes osseux de poissons de Beg-an-Dorchenn Les restes de poissons livrés par le prélèvement effectué dans l'amas coquillier de Beg-an-Dorchenn consistent essentiellement en vertèbres et en otolithes, ainsi que, plus faiblement représentés, en dents isolées de Sparidés et en fragments d'os pharyngiens de Labridés. L'état du matériel est souvent fragmenté et usé ; seuls les os les plus compacts ont pu résister aux attaques physico-chimiques du milieu environnant. Cela explique sans doute les types de restes conservés : des vertèbres, des otolithes, des os pharyngiens fragmentaires, ainsi que quelques dents isolées.

Les vertèbres et fragments de vertèbres représentent la plus grande partie des restes (figure 1). Le recours à la méthode radiographique a été nécessaire en raison du mauvais état des os et a permis une partie des identifications

15 Les sites mésolithiques en Finistère : chronologie et stratigraphie spécifiques (G. Desse et J. Desse, 1983). Près de la moitié des vertèbres appartiennent à des Sélaciens, dont tous les restes déterminables sont à attribuer au milandre ou requin-hâ (Galeorhinus galeus). Ce requin, qui appartient à la vaste famille des Carcharhinidés, est très commun en Atlantique et en Méditerranée. Il vit sur des fonds de 50 à 400m mais peut remonter en surface. Il peut atteindre 2 m (M. L. Bauchot et A. Pras, 1980). Les fouilles anciennes de P. R. Giot à la Station de la Torche avaient déjà livré des vertèbres de requin, qui avaient été déterminées par G. Desse comme appartenant exclusivement au milandre (G. Desse et J. Granier, 1976). À Téviec (Morbihan), dans les niveaux tardenoisiens, Galeorhinus galeus avait aussi été déterminé, parmi d'autres requins (G. Desse et J. Desse, 1976). Les autres vertèbres appartiennent à divers Téléostéens, pas encore tous déterminés. Nous avons cependant identifié un Labridé et un Gadidé. En sus des vertèbres, un nombre limité de catégories de restes est présent (Fig. 2) : quelques fragments d'os pharyngiens (13) sont attribuables à un Labridé, la vieille (Labrus bergylta). D'autre part, quelques dents molariformes isolées de Sparidés (9), attribuables à des daurades royales (Sparus aurata) ont été identifiées.

Les otolithes constituent une catégorie de restes originaux, dans la mesure où ces concrétions composées de carbonate de calcium et de cristaux d'aragonite ne se conservent que rarement dans les sols des gisements archéologiques. Le sondage de Beg-an-Dorchenn en a livré 40. Ces otolithes se rapportent majoritairement à des Gadidés (26), dont les espèces suivantes ont pu être déterminées : - le lieu jaune (Pollachius pollachius) - le lieu noir {Pollachius virens) - le tacaud (Gadus luscus) - la moustelle (Phycis sp.)

Deux otolithes appartenant à des Sparidés ont également été déterminés. L'état parfois fragmentaire des autres otolithes ne nous a pas encore permis de les déterminer au niveau spécifique et d'autres recherches seront nécessaires pour tenter de le faire.

3. SONDAGES SUR LE SITE DE LA TRINITE A MELGVEN (GREGOR MARCHAND)

3.1. Archéologie d'un site Le petit village de la Trinité se situe à deux kilomètres au nord-est du bourg de Melgven, dans la vallée du Moros (figures 9, 10 et 11). A deux reprises, des indices d'occupations préhistoriques ont été signalés au sud du hameau au-delà du fleuve, d'une part par Raymond Le Floc'h, d'autre part en 1994 lors d'un séminaire de terrain dirigé par P. Gouletquer. Les collections de modeste ampleur (respectivement 24 et 67 pièces), ne comportaient pas de caractères typologiques marquants, sinon une allure générale mésolithique et une quasi-absence des roches autochtones, grès éocène ou ultramylonite. C'est la position topographique de cet indice de site qui nous a pourtant incité à réaliser une fouille. Les pièces lithiques ont été découvertes en bordure de plateau et sur la pente d'un vallon sec, affluent du Moros (figure 1). Nous avions ainsi l'opportunité de tester des contextes stratigraphiques bien développés et variés, en partant de l'hypothèse que des niveaux préhistoriques avaient pu être préservés par des colluvions dans le vallon sec et par des alluvions dans la vallée du Moros très marécageuse à cet endroit. Cet espace d'environ quatre hectares qui correspond aux parcelles 155, 161, 162 et 163 sera dénommé « La Trinité », comme l'avaient proposé les inventeurs.

En juillet 2002, j'ai pu accéder à une parcelle non prospectée auparavant, au sommet du versant où furent découvert les vestiges précédents (parcelle 152). Il s'agit d'une butte naturelle bien marquée dans le paysage, jonchée de débris lithiques attribuables à un Mésolithique moyen de type Bertheaume. Afin de ne pas confondre avec le site précédent, nous lui avons donné le nom de la parcelle, « La Trinité Goarem Lann ». Cette position à l'extrémité d'un éperon dominant le Moros est, dans d'autres contextes chronologiques, révélatrice de préoccupations défensive : l'image de petites communautés paisibles de chasseurs-collecteurs est peut-être à moduler. Quoiqu'il en soit, cette implantation en position haute diffère de celles couramment observée au Mésolithique récent-final (Marchand, 2001 A).

La phase de sondages s'est déroulé du 1 au 14 juillet 2002, avec une équipe de huit à dix personnes. Huit sondages manuels ont pu être effectué, pour une surface totale de 26 m2. Les sédiments des sondages G et H ont été fouillés à la truelle et totalement tamisés à l'eau, à l'aide de tamis à petites mailles, ce qui correspond à une surface de 7 m2. Les autres sondages, vierges de vestiges, ont été creusés à la pioche ou à la binette. De telles étendues de terre gagneraient à être explorées à l'aide d'engin mécanique, de même que la vallée du Moros, susceptible de livrer des niveaux archéologiques préservés. Cette option n'a pas été possible à la Trinité et les sondages manuels ne donnent qu'une image partielle de la dynamique sédimentaire. Cette dernière est cependant simple : le couvert sédimentaire des plateaux est réduit à un labour épais de 0.20 à 0.30 mètre, avec au sud seulement un mince niveau limoneux sous le labour. Le vallon sec et les pieds de versant révèlent des niveaux bien développés, probablement

16 Courbe de niveau (IGN) i ■ Zone boisée mH Route et chemin 200 mètres ^ Ancien talus Talus actuel

Figure 1. Plan des sites de la Trinité et indications des sondages. Les courbes de niveau ont été copiées de la carte IGN au 1/25 000 et elles ne sont qu'indicatives (altitudes en mètres NGF). Les sites mésolithiques en Finistère : chronologie et stratigraphie

d'âge historique, formés pour l'essentiel de colluvions fines, plus grossières seulement au contact du rocher. Les rares vestiges de silex taillés sont à l'évidence intrus.

La découverte de l'industrie de surface au sommet du plateau nord (La Trinité Goarem Lann) nous a incité à réaliser deux sondages afin d'observer une stratigraphie éventuelle et surtout réaliser un échantillonnage total de l'industrie lithique. Le débitage est nettement orienté vers l'obtention de supports lamellaires et d'armatures mesurant parfois moins de 10 mm de long. De ce fait, une prospection de surface rend difficilement grâce à ce système technique. L'homogénéité de l'ensemble est particulièrement marquante et il convenait de tenter de donner une dimension stratigraphique à une industrie qui est d'ores et déjà une référence pour le département. Cette zone était encore récemment une lande et l'agriculture ne bénéficie que d'une faible épaisseur de terre arable, jamais supérieure à 0.30 mètre. De fait à cet endroit, aucun niveau n'étaient préservés sous le labour, qui est directement au contact du rocher. En moyenne, chaque carré des sondages G et H contenait 80 pièces lithiques, esquilles comprises, mais ce nombre oscille entre 126 et 17 pièces, suivant les carrés.

3.2. L'industrie lithique

Caractères généraux de l'échantillon L'industrie lithique de ce site provient d'une part de ramassages minutieux réalisés en juillet 2002 sur la parcelle 152, d'autre part de deux sondages tamisés à l'eau sur une surface de sept mètres carrés, sur la parcelle 155. Elle est particulièrement intéressante par son homogénéité technologique. Dans ce type de contexte archéologique, cette approche du matériel vise à reconstituer des segments de chaînes opératoires par un processus de remontage mental, afin de déceler des incohérences explicables par des mélanges d'industries. Ici il n'en est point, en l'état des recherches.

La collection issue des sondages comprend 292 pièces et 265 esquilles (pièces de moins de 10 mm de long) ; la collection de surface - recueillie sur une parcelle voisihëTt non à l'emplacement des sondages - est forte de 729 pièces et seulement 82 esquilles, la différence de composition entre les deux tenant évidemment au mode de collecte. De même, il y a 1.3 % de nucleus en sondages et 5.8 % en surface.

Les matériaux autres que le silex tiennent une place anecdotique : - 0.3 % de grès éocène (grès lustré) en surface, - 0.2 % de grès éocène et 0.7 % de quartz dans les sondages. Il convient de rappeler que la principale bande d'ultramylonite se situe à environ cinq kilomètres au nord de la Trinité, mais les tailleurs n'ont pas eu recours à cette roche. Cette rareté des matières autochtones ne reflète nullement un déterminisme technique, puisque ce débitage est peu exigeant en volume, mais répond à une véritable tradition culturelle, comme E. Yven l'a mis en évidence dans le nord de la Bretagne (Yven, 2000). Les galets de silex montrent une grande variété de teinte, avec cependant une domination du gris-noir.

L'outillage et les objectifs du débitage Les armatures sont de quatre types : - Les lamelles à dos très étroites, toutes fragmentées, ont un ou plus rarement deux bords abattus par retouches directes abruptes. Elles mesurent de 2.5 à 4 mm de large. L'une d'elle montre une troncature en extrémité apicale, une autre devait être pointue. - La pointe à base concave a une forme légèrement asymétrique. - Les pointes à troncature oblique sont assez mal caractérisées. - Le triangle scalène court montre de petites dimensions. Les supports utilisés sont difficilement qualifiables, tant la retouche en a modifié la forme.

L'outillage commun est dominé par les troncatures, sur tous les types de supports, la diversité morphologique dissimule probablement des différences fonctionnelles. On peut d'ores et déjà distinguer les éclats corticaux à troncatures transverses denticulées, des autres troncatures. Il y a également des grattoirs, au front peu développé. Les éclats à tranchant utilisé sont les outils les plus nombreux ; les retouches d'utilisation soulignent la forme initiale du support, sans le transformer. On notera également un possible burin dièdre sur une lame semi-corticale. Deux galets allongés découverts l'un en surface l'autre dans le carré G0 ont subi une percussion longitudinale ayant entraîné l'enlèvement de quelques éclats et peut-être le bris des pièces (figure 12). Ils sont en roche métamorphique verte, dont un micaschiste.

L'examen de l'outillage permet de distinguer plusieurs types de supports souhaités : - des éclats corticaux épais, circulaires ou allongés, - des lamelles et éclats lamellaires étroits, - des lamelles et éclats lamellaires larges.

18 Les sites mésolithiques en Finistère : chronologie et stratigraphie

Cette différenciation va apparaître clairement lors de l'étude de la chaîne opératoire, dans la structure des volumes débités. La notion de lamelle doit être transformée en faveur de celle de support lamellaire, mêlant les lamelles et les éclats lamellaires, puisque leur usage est identique et qu'ils proviennent de la même méthode.

Outillage Sondages Surface Eclat utilisé 12 13 fragment 8 Lame utilisée 1 fragment 4 Lamelle utilisée 5 Débitage brut Sondages Surface fragment 9 18 Galet brut 2 Eclat aménagé 2 Galet testé 4 fragment 2 Nucleus 7 47 Grattoir sur éclat 1 2 fragment 3 fragment 1 Eclat cortical 3 34 Eclat tronqué 1 5 fragment 20 55 Lame et lamelle tronquée 5 Eclat 36 98 fragment 2 frag. prox. 82 172 Eclat à bord abattu 2 Eclat de perc. sur encl. 6 fragment 1 1 Lame de plein débitage Lame à bord abattu 1 fragment 4 13 Eclat à coche 3 Lamelle de plein débitage 2 7 Lamelle à coche 89 157 fragment fragment 1 3 Aménagement Eclat denticulé 1 1 6 fragment Burin dièdre 12 34 Débris fragment 1 1 265 82 Esquille Triangle scalène étroit 1 521 724 Total Pointe 1 Tableau 7. TGL. Inventaire du débitage brut. fragment 3 Lamelle étroite à bord abattu fragment 4 4 Armature diverse fragment 5 3 Total 36 87 Tableau 8. TGL. Inventaire de l'outillage.

Le débitage La présence de galets bruts de petites dimensions est presque une constante sur les sites du Mésolithique ; elle pose la question du statut symbolique de cette roche, puisque ces volumes sont à l'évidence non débitable. Il y a également un galet testé par deux décalottages et trois galets cassés lors d'une première percussion ; tous étaient gélifs. La méthode employée possède un évident principe unificateur, qui confère à ce débitage un caractère très particulier. Le débitage sur les nucleus est généralement peu développé et se concentre autour d'un angle aigu. Il admet donc une grande variété de supports initiaux, galets, éclats corticaux épais ou cassons. La mise en forme initiale est nulle et l'entretien des convexités au cours du débitage est des plus réduits. D'ailleurs, la quasi-totalité des nucleus montre des rebroussés multiples autour des dernières surfaces de débitage, toujours les plus étroites (environ deux fois plus longues que larges). Les traces d'acharnement sont nombreuses ; par contraste on rappellera que les nucleus du Mésolithique final montrent moins ce genre de stigmates. Un autre caractère commun est un rythme tournant de gauche à droite (l'observateur est face à la table, plan de frappe vers le haut), soit sur les trois- quarts du pourtour du nucleus, soit sur chaque table dans le cas de nucleus à flancs. Les nucleus à l'abandon mesurent en moyenne 29,3 mm de long.

L'usage d'éclats épais corticaux pour le débitage est très courant, avec plusieurs modalités. - Le plan de frappe correspond à la surface d'éclatement de l'éclat épais, la table s'implante à l'opposé du point d'impact et aux dépens de la face supérieure de l'éclat. On distingue alors trois surfaces de travail, la table étroite et les flancs, qui sont en évidentes interactions puisque les enlèvements des flancs sont également des ravivages

19 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

axiaux permettant de conserver un cintre bien marqué. D'ailleurs les extrémités distales des produits se croisent, comme en témoignent nombre de supports lamellaires. La table centrale fournit des supports plus étroits que les autres (7-8 mm contre 10 mm de large pour les derniers enlèvements). Les dernières opérations sont menées sur cette table étroite, située dans l'axe du nucleus, avec la production de lamelles d'environ 7 mm de large pour moins de 20 mm de long. La morphologie terminale est un grattoir caréné, que l'on propose d'appeler nucleus type rabot. L'abrasion avant le débitage est réalisée en permanence et la percussion directe dure est menée avec délicatesse. - Le plan de frappe est pris sur un côté de l'éclat, la table étroite initiale est dans la tranche de l'éclat épais (figure X, n°2). Le débitage se développe parfois ensuite soit sur la face inférieure de l'éclat, soit sur la face supérieure (figure X, n° 6). Ces principes vont se retrouver sur des nucleus sur masse centrale, avec une ou deux tables étroites et une table large. Dans le cas de tables étroites, elles sont opposées (figure X, n°4). Il existe quelques nucleus unipolaires dont la table occupe la quasi-totalité du pourtour ; le débitage est en général le mieux mené.

Le débitage est rigoureusement unipolaire, l'intervention d'un second plan de frappe intervient seulement et assez rarement à des fins de rectification de la carène, sur table large ou étroite. Le nucleus est parfois posé sur une surface dure, qui a laissé quelques traces sur la partie distale des tables. Par ailleurs, une véritable percussion bipolaire sur enclume apparaît de manière marginale, avec quatre nucleus en fin de course.

Il ne semble pas y avoir de chaîne particulière pour la production d'éclats et la production peut se résumer en des supports lamellaires et des supports corticaux, avec des produits secondaires, notamment des éclats d'avivage axiaux. Le débitage de type Bertheaume défini à la Trinité Goarem Lann est donc peu complexe, mais montre une grande récurrence de certains caractères techniques. Il n'y a qu'une chaîne opératoire visant la production de supports différents, c'est à dire une chaîne opératoire intégrée.

Conclusions L'industrie lithique de la Trinité Goarem Lann s'intègre sans peine dans le Groupe de Bertheaume, tel qu'il fut définit par P. Gouletquer (Gouletquer, 1973 ; Berrou et Gouletquer, 1971) et complété par des travaux ultérieurs (Kayser, 1991 ; Kayser et alii, 1989 ; Dietsch, 1991 ; Marchand, 1990, 1992, 2001 B). Les lamelles étroites à un ou deux bords abattus, certaines tronquées, le triangle scalène étroit et la pointe à troncature oblique sont un assemblage caractéristique de ce groupe. La pointe à base concave est nettement plus rare dans ces contextes (tableau 6). Elle ressortit du domaine sud-armoricain, par exemple bien document à Kerjouanno en Arzon (Marchand, 1990). Le spectre fonctionnel de l'outillage en roche dur est le plus souvent limité aux travaux de boucherie dans le Mésolithique ancien et moyen du sud de la France, d'après les travaux de S. Philibert (Philibert, 1999). Par analogie, il est tentant d'appliquer ces observations aux industries de la Trinité Goarem Lann, d'autant que les stigmates d'usage ne sont jamais très développés sur ces pièces, comme dans le Sauveterrien.

3.3. Bilan du programme La poursuite du programme « Les sites mésolithiques en Finistère : chronologie et stratigraphie » est prévue en 2003, avec toujours une recherche préférentielle des contextes sédimentaires alluviaux. Les résultats obtenus sur les quatre sites sondés en 2001 et 2002 permettent déjà de discuter des rapports entre les ramassages de surface et les sondages. En premier lieu, il est probablement nécessaire de rappeler que des pièces ramassées dans des labours témoignent d'une destruction de la couche préhistorique ; les sondages ont alors trois objectifs :: - détecter des couches intactes sous le labour, - comprendre la dynamique sédimentaire pour saisir les véritables dimensions du site, - produire un échantillonnage de ces industries microlithiques et notamment des petits éléments.

Par ailleurs, il est indéniable que l'échantillonnage correct a amélioré la compréhension des chaînes opératoires de ces industries de très petites dimensions, même si les contextes sont souvent mélangés. Les effets directs sont : - une nouvelle définition de l'industrie de type Bertheaume (à Melgven), - une première définition du débitage du Mésolithique final sur les roches autochtones.

A l'issu de ce premier programme et avant même d'envisager des fouilles sur certains sites reconnus, il sera nécessaire de réorganiser les centaines de sites et indices de site suivant les critères que nous commençons à définir. L'objectif est aussi bien prédictif que patrimonial.

20

PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

4. LE PROJET CORNOUAILLE : JOURNEE D'ETUDE DU MATERIEL LITHIQUE (ESTELLE YVEN)

4.1. Analyse synthétique La journée du 5 octobre 2002 aura permis de rassembler plusieurs membres du Programme Collectif de Recherche « le Mésolithique en Bretagne » autour de l'analyse de diverses collections de pierres taillées chez Rudi Van Thielen (dont nous saluons les talents de cuisinier !). L'intention consistait à débuter un travail d'inventaire des données disponibles entre le Blavet et l'Odet chez les différents acteurs de la prospection. Plusieurs articles synthétiques devraient voir le jour en 2003 et 2004, en étendant nos préoccupations au Néolithique et au vestiges mégalithiques. Etaient présents Yann Bougio, Grégor Marchand, Yvan Pailler, John Perry, Rudi Van Thielen, Jean Pierre Toularastel et Estelle Yven. Au total, ce sont 31 sites et indices de sites qui ont été analysés parmi lesquels on compte une station attribuée au Mésolithique moyen avec un éventuel mélange néolithique (Kerangoarant à Melgven), trois autres au Mésolithique final (Kerandéreat à Melgven, Kerboudou à Saint-Thurien, Stang-Kelfen à Trégunc), une au Mésolithique, 6 au Néolithique et une dernière au Néolithique final (Keradroc'h à Trégunc).

4.2. Le site de Kerangoarant à Melgven (Estelle Yven)

Présentation du site Découvert au cours d'un stage de prospections organisé par Yann Bougio en novembre 2001, le site de Kerangoarant (Melgven, Finistère) est implanté sur un versant qui domine le ruisseau du Moros. La concentration de pierres taillées se limitait à un secteur très circonscrit qui ne dépassait pas en moyenne les 200 mètres d'extension. Le nombre de pièces inférieures à un centimètre de long indique un ramassage minutieux (tableau 1), donnée confirmée par la proportion d'esquilles. La collection rassemble au total 106 pièces lithiques parmi lesquelles on compte une enclume-percuteur en amphibolite, 9 éclats en grès lustré, 4 éléments en quartz et 92 pièces en silex (tableau 1)..

Tableau 1 : Analyse des pièces lithiques collectées sur le site de Kerangoarant Talon Matière L 1 e Support Outil amphibolite 114 46 28 enclume-percuteur pièce esquillée gl 21 32 6 éclat utilisation directe gl 19 17 2 éclat g' 11 11 1 éclat g' 13 14 2 éclat directes courtes gl 15 11 3 éclat éclat avec ex directes courtes talon facetté gl 24 29 4 gl 8 10 2 esquille glmq 24 28 14 éclat gl mq 24 29 6 éclat quartz 112 57 46 percuteur double-molette qz 32 22 6 éclat qz 24 22 15 éclat qz 14 11 2 éclat SX 17 9 6 déchet

SX 11 8 7 déchet

SX 7 12 1 éclat esq SX 34 25 6 éclat talon facetté SX 10 10 1 éclat utilisation directe SX 14 11 2 éclat

SX 15 14 1 éclat coche inverse SX 18 20 3 éclat

SX 18 14 2 éclat 1/2 ex D

SX 21 16 3 éclat 1/2 ex D

SX 17 12 2 éclat 1/2 ex G inverses courtes SX 21 14 4 éclat 1/2 ex G

SX 24 16 7 éclat 1/2 ex G Esq, talon facetté SX 19 16 2 éclat avec ex

SX 15 20 6 éclat avec ex

SX 15 10 1 éclat avec ex utilisation inverse SX 15 10 2 éclat avec ex facetté SX 12 15 2 éclat avec ex grattoir unguiforme circulaire SX 16 17 4 éclat avec ex SX 20 12 5 éclat avec ex

SX 18 19 2 éclat avec ex utilisation inverse SX 15 10 1 éclat avec ex racloir SX 20 16 7 éclat avec ex 23 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002

Matière L 1 e Support Outil Talon SX 14 14 6 éclat avec ex SX 18 16 5 éclat avec ex SX 20 13 4 éclat cortical SX 7 18 4 éclat cortical SX 14 10 1 éclat cortical SX 20 15 4 éclat cortical SX 27 14 3 éclat lamellaire petite coche directe+inverses prep, talon linéaire SX 17 10 3 éclat lamellaire 1/2 ex D SX 24 14 3 éclat laminaire inverses courtes talon sauté SX 31 15 3 éclat laminaire utilisation directe prep, talon lisse SX 22 13 6 éclat laminaire avec ex inverses courtes talon épais SX 29 17 2 éclat laminaire avec ex utilisation directe prep, talon linéaire SX 11 14 1 éclat prox petite coche inverse SX 9 14 1 éclat prox SX 11 11 1 éclat prox SX 11 11 2 éclat réfléchi directes courtes SX 14 16 2 éclat réfléchi avec ex SX 28 19 7 entame SX 23 18 8 entame SX 31 29 11 entame SX 31 19 5 entame 2ième ordre SX 21 10 4 entame lamellaire SX 7 10 1 esquille SX 10 7 2 esquille SX 9 8 1 esquille SX 4 6 1 esquille SX 11 10 1 esquille SX 8 11 1 esquille SX 5 9 1 esquille avec ex SX 10 10 2 esquille corticale petite coche inverse SX 10 8 2 esquille corticale SX 10 9 3 esquille corticale SX 14 18 3 frag entame SX 10 14 3 frag entame SX 16 17 3 fragment éclat cortical SX 13 15 3 fragment entame SX 40 27 11 galet fendu SX 37 19 4 lame avec ex, 1 nervure petite coche directe+inverses prep, talon linéaire SX 25 12 2 lame avec ex, 3 nervures sinueuses troncature+utilisation directe prep, talon épais SX 39 12 3 lame, 1 nervure sinueuse utilisation directe+inverse prep, talon linéaire SX 21 8 2 lamelle avec ex, 1 nervure sinueuse utilisation directe prep, talon punctiforme SX 21 11 2 lamelle dist avec ex SX 15 11 2 lamelle med avec ex SX 13 9 1 lamelle prox, 1 nervure sinueuse prep, talon lisse SX 16 8 1 lamelle prox, 2 nervures sinueuses utilisation directe+inverse prep, talon punctiforme SX 14 10 1 lamelle prox, 2 nervures sinueuses prep, talon punctiforme SX 23 11 2 lamelle, 1 nervure sinueuse troncature rectiligne talon facetté SX 16 8 1 lamelle, 1 nervure sinueuse petite coche directe talon linéaire SX 28 15 17 nucléus bipolaire abrasion SX 41 52 25 nucléus multipolaire SX 29 27 23 nucléus multipolaire SX 31 43 34 nucléus unipolaire SX 25 19 12 nucléus unipolaire sur éclat abrasion SX 27 37 33 nucléus unipolaire, débitage semi-tournant abrasion sx b 15 8 6 déchet sx b 25 19 11 éclat sx b 11 10 3 éclat avec ex sx b 16 26 10 éclat cortical sx b 11 19 4 éclat de réfection sx b 23 13 8 éclat de réfection avec ex sx b 15 9 2 éclat lamellaire avec ex sx b 6 5 1 esquille sx b 14 12 6 frag médian sx b 7 8 2 fragment sx b 13 10 2 lamelle prox, 1 nervure sinueuse prep, talon punctiforme sx b 18 10 2 lamelle prox, 1 nervure sinueuse talon lisse sx mq 35 27 15 casson sx mq 15 15 5 éclat sx mq 9 7 2 fragment cortical PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

L'origine des matières premières La collection de Kerangoarant se distingue de celles constituées dans la même région par l'absence d'élément en ultramylonite de Tréméven, matériau dont un filon a été repéré à 10 kilomètres du site, sur la commune de Bannalec. Le quartz, d'origine locale, a été exploité de façon très marginale avec seulement 3,5% d'éléments en ce matériau. A l'inverse, on compte 8,5 % de pièces en grès lustré alors que le gisement le plus proche actuellement connu se trouve à une petite vingtaine de kilomètres, au Moulin-du-Pont (Pleuven). Les galets de silex ramassés sur l'estran constituent la principale matière première lithique utilisée à Kerangoarant. Ils témoignent de déplacements vers les régions côtières situées actuellement, pour les plus proches, à une dizaine de kilomètres. La présence d'entames, d'un galet fendu, de plusieurs éclats corticaux et demi-corticaux montre que les galets de silex ont été débités sur place, tout au moins en partie. Les différents produits permettent d'estimer leur morphologie et leurs dimensions originelles. De forme ogivale, ils ne devaient pas dépasser les 5-6 centimètres de long tout au plus. Les plages de cortex remarquées sur de nombreuses pièces confirment la proposition de volumes limités. Ces galets étaient sélectionnés sur les cordons côtiers, quoique trois pièces en silex de mauvaise qualité, parmi lesquelles un casson, enseignent que le tri n'était pas systématique. L'approvisionnement en grès lustré présente des caractéristiques similaires puisque deux des neufs éléments portent diverses aspérités (tableau 1). Le silex et le grès lustré n'ont pas servi à obtenir des gammes de produits spécifiques et seront donc traités en commun.

Les modalités de débitage Les procédés d'ouverture des galets de silex observés sur le site de Kerangoarant correspondent à ceux décrits sur les autres sites mésolithiques régionaux. Le tailleur a commencé par dégager un éclat d'entame, opération suivie du débitage d'éclats corticaux et demi-corticaux, plus ou moins allongés selon les potentialités du volume et les objectifs de taille. Le caractère généralement cortical des talons des entames confirme que ces éléments étaient dégagés lors de la première phase de préparation des modules. Un galet fendu par percussion sur enclume montre l'usage d'une autre technique d'ouverture sur un site qui a peut-être connu des occupations itératives. D'autres éléments, comme une pièce esquillée et une double enclume également employée comme percuteur, confirment le maniement de cette technique de percussion. L'enclume porte sur un bloc d'amphibolite non roulée aux dimensions limitées (figure 1, n°l). Les deux faces opposées du support sont marquées par des cupules relativement profondes, tandis que son extrémité distale présente des négatifs de percussion. Si de tels outils composites apparaissent de façon récurrente sur certains sites néolithiques du Massif armoricain comme celui de Place Lammenais (Saint-Malo, Ille-et-Vilaine) (Guyodo, 2001, p. 393), ils restent rares au Mésolithique dans la même région. Plusieurs travaux ont montré que la percussion sur enclume n'était pas réservée aux seuls groupes néolithiques, mais était aussi utilisée tout au long du Mésolithique, dans des proportions moindres (Guyodo et Marchand, à paraître ; Rault, 1992). L'ouverture de la surface de débitage n'a pas nécessité l'élaboration de crêtes, les tailleurs ont seulement profité des convexités naturelles des volumes.

La collection compte deux catégories de nucléus parmi les 6 éléments collectés, les uns orientés vers une production d'éclats et caractérisés par un débitage multipolaire ou unipolaire, les autres, distingués par un débitage lamellaire. La production autonome d'éclats selon des schémas multipolaires existe uniformément au Mésolithique et au Néolithique mais apparaît plus abondante dans les collections attribuées au Néolithique, dans l'état actuel de nos connaissances. Le site de Beg-er-Vil, attribué au Mésolithique final, souligne toutefois la prédominance des séquences à éclats au cours de cette phase chrono-culturelle (Marchand, 1997). La présence de deux éléments de ce type à Kerangoarant suggérerait une phase d'occupation néolithique dont les preuves indubitables manquent encore. L'absence de table lamellaire identifiable montre que ces volumes n'ont pas connu une première phase d'exploitation destinée à produire des lamelles. Les tailleurs ont utilisé toutes les potentialités des galets de façon expéditive, sans prédétermination ou hiérarchie, dans l'intention de produire quelques éclats non standardisés. L'un des nucléus présente des successions d'enlèvements uniques, le deuxième se caractérise par un débitage bifacial avec l'exploitation de deux surfaces de débitage à partir d'un seul plan de frappe. Cet objet peut-être qualifié de nucléus-biseau et se rencontre, dans des proportions très marginales, sur le site de Beg-an-Dorchenn, attribué au Mésolithique récent (Rault, 1992). Un dernier élément a servi à obtenir des éclats de toutes dimensions selon un mode unipolaire. La morphologie globalement circulaire du volume et l'absence de séquence d'entretien ont limité les phases d'exploitation. Le plan de frappe a été dégagé par un unique éclat d'entame tandis que la surface de débitage a été préparée par l'enlèvement de petits éclats corticaux.

25 Figure 1 : n°l : enclume en amphibolite, n°2 : pièce esquillée en grès lustré, n°3 : lame en silex utilisée. Dessins : Estelle Yven. Figure 2 : n°l : grattoir en silex, n°2 et 3 : éclats laminaires utilisés, n°4 et 6 : lamelles utilisées, n°5 : lame tronquée, n°7 : lamelle tronquée, n°8 : nucléus. Toutes les pièces sont en silex. Dessins : Estelle Yven. PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

La collection compte trois nucléus à table lamellaire, l'un sur galet, les deux autres sur éclats. Ils se caractérisent tous les trois par un mode de débitage semi-tournant et par une abrasion soigneuse des corniches alors que le facettage semble absent. Le premier élément, sur galet, se distingue par ses dimensions limitées et ne dépasse pas les 28 millimètres de long. Ces caractères résultent de l'état d'exhaustion du volume, exploité à son maximum. Le débitage, bipolaire, montre une exploitation d'une même surface de débitage à partir de deux plans de frappe opposés. Ceux-ci ont été utilisés de façon successive, modalité qui contrarie l'examen des négatifs d'enlèvements obtenus à partir du premier plan de frappe. Les quelques traces indiquent que ce nucléus était dévolu à la production de lamelles fines ne dépassant pas les 9-10 millimètres de large. Un deuxième élément, sur éclat, présente aussi des dimensions limitées mais ce caractère dépend de la morphologie du support. La surface de débitage porte sur la face supérieure de Péclat-support tandis que le plan de frappe est installé sur son talon. Aucune phase d'entretien n'a été repérée, le tailleur a seulement profité de la morphologie du volume disponible. Les négatifs d'enlèvements montre le dégagement d'un éclat lamellaire et de deux lamelles de 6 millimètres de large en moyenne. Le flanc droit présente des négatifs d'enlèvements latéraux, considérés comme l'ébauche d'une néo-crête probablement destinée à restaurer les convexités de la carène ; cette intervention a été interrompue à cause de la minceur du support. Un dernier élément porte sur un éclat cortical de dimensions supérieures dégagé, par une percussion à la pierre dure (figure 2, n°8). La face inférieure de l'éclat-support est utilisée comme plan de frappe, ce qui confère à l'ensemble une forme de rabot. Le débitage est orienté vers une production d'éclats lamellaires et de lamelles ne dépassant pas 9 millimètres de large. Les négatifs d'enlèvements analysés sur les nucléus à table lamellaire montre un débitage orienté vers une production de fines lamelles peu régulières selon un mode semi-tournant. Ces caractères attestent d'une occupation du site au Mésolithique moyen. L'analyse technologique suggérerait une réoccupation du site au Néolithique, mais les éléments indubitables manquent. Seulement trois éclats portent, sur leur face supérieure, des négatifs d'enlèvements diagnostiques d'un débitage multipolaire.

Produits et outils collectés sur le site de Kerangoarant Les talons et la morphologie des pièces collectées sur le site de Kerangoarant montrent l'usage de la percussion à la pierre tendre et de la percussion à la pierre dure. Tous les éléments issus des premières phases de la chaîne opératoire de débitage ont été obtenus par une percussion à la pierre dure, de même que la plupart des éclats minces et 5 des 13 lamelles collectées. Un percuteur double sur galet de quartz confirme l'usage de cette technique de détachement. De forme oblongue, cet outil composite a également été utilisé comme molette. La percussion à la pierre tendre n'a été employée que lors des séquences de plein débitage, pour le détachement d'au moins 7 lames ou lamelles et 4 éclats minces. Le facettage des talons a été pratiqué sur cinq éléments, quatre éclats minces et une lamelle (figure 2, n°7).

Supports en silex et en grès lustré Eclats minces Eclats épais Eclats Lamelles Lames lamellaires Nombre total 58 9 7 10 3 % parmi les supports considérés 66,5% 10,5% 8% 11,5% 3,5% Nombre de pièces retouchées 13 1 5 4 3 % de pièces retouchées dans chaque catégorie 22,5% 11% 71,5% 40% 100% de support Tableau 2 : Analyse des supports en silex et en grès lustré collectés sur le site de Kerangoarant.

Les éclats minces représentent 66,5% des supports considérés et ont été retouchés dans des proportions comparables à celles observées sur les autres sites mésolithiques, analysés dans des conditions similaires et selon la même grille (tableau 2). Les 22,5% d'éléments retouchés rassemblent essentiellement des pièces à retouches latérales et des outils a posteriori dont certains résultent probablement des travaux agricoles modernes, voire des piétinements préhistoriques. Certaines retouches entament davantage le ou les bords des supports et forment parfois des coches sur les faces inférieures ou supérieures. Les produits en grès lustré ont été davantage sélectionnés comme supports d'outils puisque la moitié d'entre eux présentent des retouches ou des ébréchures. L'un des outils, une pièce esquillée (figure 1, n°2), confirme que cette catégorie d'objets n'est pas réservée aux seuls produits issus des galets de silex. Un élément se distingue de cet ensemble et correspond à un outil aménagé. Le support, un éclat présentant une plage de cortex, a été transformé par des retouches semi-abruptes qui confèrent à l'ensemble une forme de grattoir unguiforme circulaire (figure 2, n°l), ubiquiste dans toutes les phases du Mésolithique et du Néolithique. L'unique éclat épais retouché est un racloir dont le front rectiligne a été façonné par des retouches abruptes. Les éclats lamellaires, les lamelles et les lames ont été préférentiellement sélectionnés comme supports d'outils comme l'indiquent les proportions reportées dans le tableau 2. Peu standardisés, ils présentent essentiellement de courtes retouches sur les bords droits et/ou gauche, ou de fines ébréchures (figure 1, n°3 ; figure 2, n°2, 3, 4 et 6). Une lame courte et une lamelle large portent une troncature rectiligne sur leur extrémité distale. La première, partielle, est formée par des retouches abruptes, tandis que les bords droit et gauche de la lame-support sont ébréchés (figure 2, n°5). La seconde est aménagée par le même type de retouches, de fines ébréchures directes et des retouches courtes inverses viennent compléter cet aménagement (figure 2, n°7). Ces deux derniers outils confirment les premières déterminations et permettent d'insérer cet ensemble dans le Mésolithique moyen régional voire au début du Mésolithique récent.

28 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

Conclusion Les caractères des nucléus à table lamellaire, de même que la proportion relativement importante de lames et de lamelles (tableau 2) et la présence de deux lamelles tronquées, attestent d'une occupation du site de Kerangoarant au Mésolithique moyen ou au début du Mésolithique récent. Les possibilités d'une fréquentation au Néolithique restent dans le domaine de l'hypothétique. Les deux matériaux utilisés sur le site, le silex d'origine côtière et le grès lustré, se distinguent par les caractères des volumes disponibles, le grès lustré offrant des blocs de grandes dimensions, idéales pour le façonnage d'un macro-outillage. Les tailleurs n'ont cependant pas utilisé ces potentialités, les outils ne présentant aucun caractère spécifique. La proportion de supports en grès lustré transformés dépasse celle des supports en silex, probablement à cause de la distance des gîtes d'approvisionnement. Pour ces deux matériaux aux propriétés mécaniques proches, la longueur des déplacements apparaît comme un facteur primordial dans leur valorisation.

4.3. Le site de Kerboudou-2 à Saint-Thurien (Estelle Yven)

Présentation du site Le secteur de Kerboudou a été prospecté une première fois lors d'un séminaire de terrain organisé par Pierre Gouletquer. L'investigation a porté sur deux parcelles disjointes, l'une surplombant un affluent de l'Isole, l'autre située dans la vallée de ce même affluent, à environ 250 mètres de la première. Lors d'une campagne de ramassages individuels, Raymond le Floc'h a entrepris d'effectuer une collecte des pierres taillées présentes dans la parcelle intermédiaire non prospectée, et implantée dans la vallée et sur le versant de l'affluent déjà mentionné.

La collection constituée sur le site de Kerboudou-2 se caractérise par une grande variété pétrographique avec, parmi les 240 pièces lithiques rassemblées, 5 éléments en cornaline, 44 en grès lustré, 5 en phtanite, 2 en quartz, 136 en silex et 48 en ultramylonite de Tréméven (tableau 3). La présence de plusieurs objets, esquilles ou fragments, inférieurs à 1 centimètre de long atteste d'un ramassage minutieux et relativement exhaustif (tableau 3).

Tableau 3 : Analyse des pièces lithiques collectées sur le site de Kerboudou-2 Outil Talon Matière Support cornaline 16 15 éclat petite coche directe cornaline 11 éclat talon sauté cornaline 12 lamelle prox, 1 nervure sinueuse utilisation directe talon facetté cornaline 29 11 lamelle, 1 nervure sinueuse directes courtes prep, talon punctiforme cornaline 30 13 lame, 1 nervure sinueuse utilisation directe esq ?1 18 18 éclat IL 14 16 éclat 13 15 éclat gi esq, talon facetté 17 23 éclat 23 17 éclat directes courtes IL utilisation directe IL 23 14 éclat IL 21 34 11 éclat 18 20 éclat sL esq 15 15 éclat 11 12 éclat 21 22 éclat 24 15 éclat 14 13 éclat 16 16 éclat 15 éclat coche inverse 50 22 12 éclat 1/2 ex D 14 24 éclat avec ex 16 12 éclat avec ex 38 34 éclat cortical 21 27 éclat cortical coche inverse 33 31 éclat cortical 33 26 10 éclat de réfection utilisation directe-grattoir 19 17 éclat de réfection 34 30 éclat de réfection directes courtes talon épais 22 12 éclat lamellaire directes courtes talon linéaire 24 15 éclat lamellaire utilisation directe petite coche directe talon lisse 14 10 éclat lamellaire prox directes abruptes+inverses talon épais, esq 46 23 11 éclat laminaire 12 16 éclat médian directes courtes 12 éclat prox 23 29 10 éclat prox 29 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

Matière L 1 e Support Outil Talon 2 gl 17 14 éclat prox inverses courtes gl s 9 1 esquille gl 9 9 1 esquille gl 11 9 3 esquille gl 7 10 2 esquille gl 9 8 1 esquille abrasion gl 16 24 7 frag de nucléus unipolaire talon sauté gl 27 14 5 lame prox, 2 nervures directes + inverses courtes gl 21 8 2 lamelle outrepassée, 1 nervure talon sauté glb 11 14 2 éclat gl mq 47 37 19 casson 3 enlèvements glmq 42 27 15 casson gl mq 23 20 5 éclat cortical ph, bq 12 9 1 esquille ph, bq 33 25 10 fragment de bloc ph, bq 9 7 2 fragment distal inverses ph, bq, pe homo 17 15 3 éclat-siret ph, mdq 17 20 10 éclat quartz 15 15 5 éclat cortical quartz 10 5 2 éclat-siret SX 32 20 19 déchet

SX 18 18 3 éclat esq

SX 19 15 4 éclat

SX 13 13 2 éclat inverses courtes SX 17 14 5 éclat SX 16 12 2 éclat utilisation directe

SX 9 14 3 éclat

SX 18 13 1 éclat SX 16 7 2 éclat SX 13 14 3 éclat

SX 14 11 1 éclat SX 13 12 3 éclat SX 8 12 3 éclat SX 14 17 2 éclat

SX 16 25 3 éclat talon facetté SX 14 9 2 éclat monotroncature esq SX 30 18 6 éclat 1/2 ex D SX 15 14 3 éclat 1/2 ex G

SX 23 16 11 éclat 1/2 ex G grattoir SX 11 12 1 éclat 1/2 ex G médian SX 32 28 8 éclat avec ex inverses courtes esq SX 10 13 1 éclat avec ex

SX 20 27 8 éclat avec ex inverses courtes SX 12 13 7 éclat avec ex SX 21 16 6 éclat cortical SX 15 14 3 éclat cortical SX 13 18 5 éclat cortical SX 27 22 13 éclat cortical burin sur troncature SX 24 29 11 éclat de ravivage

SX 18 28 5 éclat de réfection SX 22 15 7 éclat de réfection SX 22 30 6 éclat de réfection SX 22 31 7 éclat de réfection SX 14 18 7 éclat de réfection prox avec ex esq SX 18 12 6 éclat lamellaire prep, talon punctiforme SX 19 13 3 éclat lamellaire troncature rectiligne+directes raccourci SX 16 12 5 éclat lamellaire avec ex talon cortical SX 17 10 1 eclat lamellaire avec ex talon sauté SX 17 10 2 éclat lamellaire avec ex utilisation directe talon facetté SX 13 9 1 éclat lamellaire prox utilisation directe talon linéaire, prep SX 11 10 2 éclat lamellaire réfléchi prox utilisation directe SX 22 14 4 éclat lamellaire, 1 nervure sinueuse denticulé talon sauté

SX 28 15 4 éclat laminaire talon épais

SX 25 17 5 éclat laminaire dit avec ex coche directe SX 25 23 4 éclat prox utilisation inverse esq, talon facetté SX 14 18 3 éclat prox SX 8 13 3 éclat prox talon facetté SX 10 17 3 éclat prox SX 9 8 1 éclat prox SX 7 11 1 éclat prox SX 15 12 1 éclat prox SX 23 17 3 éclat prox avec ex PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

Matière L 1 e Support Outil Talon SX 14 14 3 éclat réfléchi

SX 27 33 7 entame

SX 27 20 4 entame esq SX 22 21 7 entame

SX 22 32 12 entame SX 7 10 1 esquille

SX 7 6 1 esquille

SX 8 7 1 esquille

SX 11 10 1 esquille SX 9 9 1 esquille SX 10 7 1 esquille

SX 7 7 1 esquille SX 9 9 1 esquille SX 7 10 1 esquille

SX 8 8 1 esquille

SX 10 10 1 esquille avec ex

SX 11 10 1 esquille corticale

SX 8 6 esquille corticale

SX 11 12 esquille corticale

SX 11 6 1 frag dist

SX 12 5 1 fragment

SX 9 3 1 fragment

SX 9 8 4 fragment

SX 12 5 1 fragment

SX 16 8 3 fragment

SX 16 11 5 fragment avec ex

SX 26 13 6 fragment de pièce esquillée

SX 8 8 1 fragment médian prep, talon cassé SX 22 14 2 lame prox, 2 nervures utilisation inverse talon lisse SX 19 13 5 lame prox, 2 nervures directes semi-abruptes SX 42 15 6 lame, 2 nervures sinueuses talon sauté SX 23 10 4 lamelle 1/2 ex G

SX 15 9 1 lamelle med, 1 nervure sinueuse utilisation inverse SX 15 7 2 lamelle med, 1 nervure sinueuse utilisation directe et inverse SX 16 11 3 lamelle med, 2 nervures régulières utilisation inverse talon linéaire, prep SX 15 9 1 lamelle prox, 1 nervure sinueuse utilisation directe prep, talon linéaire SX 14 10 3 lamelle prox, 1 nervure sinueuse talon sauté SX 12 7 2 lamelle prox, 1 nervure sinueuse utilisation inverse talon facetté SX 19 9 2 lamelle prox, 1 nervure sinueuse utilisation directe talon sauté SX 20 8 2 lamelle, 1 nervure sinueuse utilisation inverse talon linéaire SX 14 6 1 lamelle, 2 nervures sinueuses abrasion SX 27 25 23 nucléus unipolaire

SX 22 16 8 pièce esquillée

SX 29 22 7 pièce esquillée sx b 25 27 11 éclat

sx b 8 15 1 éclat

sx b 12 8 2 éclat

sx b 14 10 3 éclat

Sx b 14 12 2 éclat inverses courtes sx b 21 18 8 éclat 1/2 ex G

sx b 22 13 7 éclat avec ex

sx b 15 9 5 éclat avec ex

sx b 24 14 6 éclat de réfection avec ex

sx b 8 7 1 esquille

sx b 10 11 1 fragment

sx b 10 11 5 fragment

sx b 9 12 3 fragment cortical fragment de nucléus unipolaire sx b 16 14 12

sx b 12 10 4 fragment d'entame

sx b 8 8 2 fragment médian

sx b 14 9 5 fragment prox lamelle prox, nervure sinueuse talon dièdre sx b 15 8 2 1

sx b 22 15 10 pièce esquillée dos abattu talon sauté sx brun 31 16 5 éclat laminaire avec ex talon facetté sxjaune 10 15 3 éclat

sx jaune 14 9 3 éclat

sxjaune 16 20 4 éclat cortical

sx mq 27 20 15 casson

sx mq 30 22 2 éclat

sx mq 16 16 2 éclat utilisation inverse esq sx mq 21 17 6 éclat

sx mq 21 11 4 éclat PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

Matière L 1 e Support Outil Talon sx mq 13 20 5 éclat sx mq 27 16 5 éclat avec ex sx mq 19 13 5 éclat cortical sx mq 19 17 8 éclat de réfection sx mq 13 14 5 éclat prox inverses sx mq 27 26 11 entame dist sx mq 12 8 2 esquille corticale sx mq 9 8 5 fragment sx mq 15 11 1 lamelle dist, 1 nervure sinueuse sx mq 14 8 1 lamelle prox, 1 nervure sinueuse petite coche directe prep, talon linéaire sx mq 22 17 13 nucléus multipolaire sx mq b 15 13 3 éclat ut 22 27 5 éclat utilisation inverse esq ut 17 19 1 éclat ut 16 17 2 éclat utilisation inverse ut 18 17 1 éclat petite coche directe esq ut 16 22 6 éclat ut 16 24 7 éclat abruptes ut 13 18 2 éclat inverses ut 25 20 11 éclat 1/2 ex D ut 26 20 8 éclat 1/2 ex G ut 33 15 5 éclat 1/2 ex G ut 22 12 4 éclat avec ex directes courtes ut 10 15 2 éclat avec ex petite coche directe ut 18 15 3 éclat avec ex ut 29 23 6 éclat avec ex coche inverse ut 15 13 4 éclat avec cx-siret ut 32 15 11 éclat cortical ut 29 22 6 éclat cortical ut 14 9 3 éclat cortical ut 17 15 5 éclat cortical ut 27 19 8 éclat cortical ut 43 35 15 éclat de mise en forme ut 47 30 16 éclat de réfection 3 enlèvements centripètes ut 20 14 1 éclat de réfection ut 29 19 3 éclat de réfection directes distales ut 38 20 11 éclat de réfection-siret ut 10 12 2 éclat prox ut 13 9 3 éclat réfléchi ut 22 12 2 éclat.siret ut 8 7 1 esquille ut 7 7 1 esquille ut 8 8 1 esquille ut 8 13 1 esquille ut 10 10 4 esquille ut 9 9 2 esquille ut 10 10 1 esquille inverses courtes ut 6 11 3 esquille corticale ut 17 13 10 frag d'éclat de mise en forme ut 22 10 1 fragment ut 8 9 1 fragment ut 39 41 8 fragment de plaquette ut 18 17 8 fragment de plaquette ut 13 14 2 fragment médian trapèze asymétrique rectangle ut 20 10 2 lamelle prox, 2 nervures sinueuses utilisation inverse talon lisse, esq ut 24 11 4 lamelle, 1 nervure sinueuse utilisation directe+inverse talon sauté ut 19 31 21 nucléus unipolaire ut 20 34 35 nucléus unipolaire facettage ut 27 31 15 nucléus unipolaire sur éclat abrasion ut b 12 11 3 esquille Figure 3 : Matériel lithique collecté sur le site de Kerboudou. N°l : nucléus en silex, n°2 et 4 : nucléus en ultramylonite de Trémeven, n°3 : éclat lamellaire en silex utilisé, n°5 : lame en silex utilisée, n°6 et 9 : lamelles en silex utilisées, n°7 : lamelle en ultramylonite de Trémeven utilisée, n°8 : grattoir en silex. Dessins : Estelle Yven. 0 3 cm

Figure 4 ; Matériel lithique collecté sur le site .de Kerboudou : n°l : éclat laminaire en grès lustré utilisé, n°2 : burin en silex, n°3 : éclat laminaire en silex utilisé, n°4 : éclat lamellaire en silex tronqué, n°5 : éclat lamellaire à bord abattu, n°6 : trapèze asymétrique en ultramylonite de Trémeven. Dessins : Estelle Yven. PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

L'origine géographique et caractérisation des matières premières. Le silex constitue la principale ressource utilisée par les tailleurs de Kerboudou-2 avec 56,5% des pièces lithiques fabriquées en ce matériau. Il se présente sous la forme de galets issus de cordons côtiers distants actuellement, pour les plus proches, d'une vingtaine de kilomètres. De forme probablement ovalaire, ces galets avaient des dimensions limitées, comparables à celles estimées sur le site de Kerangoarant. La proportion relativement importante de modules mal silicifiés, ou parcourus de diaclases et de géodes (n=17), suggère une absence de sélection systématique de ces éléments lors de l'approvisionnement. La présence d'éclats d'entame indique que les premières phases de la chaîne opératoire de débitage se sont déroulées, en partie, sur place. Leur talon cortical les classe dans les phases de préparation des volumes.

Absente sur le site de Kerangoarant, l'ultramylonite de Tréméven rassemble 20% des pierres taillées à Kerboudou-2. La distance aux gisements géologiques apparaît pourtant équivalente sur les deux sites et ne dépasse pas la dizaine de kilomètres, que l'on considère l'affleurement de Loc-Yvi (Marchand, 1994) ou celui de Bannalec. Les caractères volumétriques de l'ultramylonite de Tréméven se distinguent de ceux des galets de silex, par des dimensions supérieures ainsi que par la morphologie du matériau brut. Cette roche se présente sous la forme de plaquettes plus ou moins épaisses, parcourues de nombreux plans de diaclase. Certaines, inférieures à 1 centimètre d'épaisseur, ont été abandonnées probablement à cause de leur minceur qui empêchait toute opération de débitage, d'autres ont été transformées en nucléus. La présence d'éléments de ce type accompagnés d'éclats corticaux et demi-corticaux montre que les opérations de préparation des volumes se sont déroulées en partie sur place.

Les proportions de grès lustré atteignent 18,5% dans la collection considérée, alors que le gisement le plus proche actuellement connu se trouve à une quarantaine de kilomètres de Kerboudou-2. Présent dans les collections de l'ensemble du secteur, le grès lustré pourrait provenir de gisements implantés au Nord-Est, encore à découvrir. Cette dernière remarque ne constitue qu'une simple hypothèse de travail, intéressante dans le sens où elle devrait susciter de nouvelles prospections. A l'état brut, le grès lustré se présente sous la forme de blocs plus ou moins grands, parfois homogènes, parfois très hétérogènes et affectés de diaclases. Ce matériau offrait la possibilité aux tailleurs de débiter des volumes susceptibles de fournir des produits de grande dimension. L'examen technologique révèle une absence des premières phases de la chaîne opératoire de débitage malgré la récolte de deux cassons ainsi que de trois éclats corticaux. Les trois pièces en grès lustré de mauvaise qualité confirment la proposition d'une sélection partielle des volumes bruts sur les sites-carrières et sur les cordons de galets.

Le phtanite n'appartient plus au domaine des matériaux usuels ou complémentaires mais s'inscrit dans la catégorie des matériaux utilisés de façon anecdotique. D'origine lointaine, il provient du poudingue de Plusquellec, formation du Briovérien à phtanites la plus proche et située à plus de quarante kilomètres de Kerboudou 2. Les 2% de pièces fabriquées avec ce matériau ne correspondent pas à un outillage spécifique ou élaboré, elles ne répondent pas aux logiques d'échelonnement de la chaîne opératoire dans l'espace. Les tailleurs n'ont pas sélectionné les plus belles pièces technologiques et typologiques, pas plus qu'ils ont privilégié les éléments en phtanite noir et siliceux (tableau 3). La collection compte un éclat de phtanite de médiocre qualité, accompagné d'un éclat de phtanite peu homogène, un fragment de bloc de phtanite, une esquille et un seul élément à retouches latérales.

Présente dans la collection, la cornaline apparaît dans des proportions marginales (1,5%), à l'image des résultats obtenus lors de l'étude d'autres sites Sud Finistériens (Fichier Gouletquer). Les pierres taillées collectées appartiennent toutes à des phases de plein débitage et s'inséreraient dans des logiques d'échelonnement de la chaîne opératoire dans l'espace. A moins qu'il ne s'agisse d'un matériau dont les qualités esthétiques ont favorisé la valorisation. Le quartz local a été utilisé de façon très marginale et ne concerne que 2% des pièces récoltées sur le site de Kerboudou-2. Cette proportion très faible ne peut être imputée aux seuls problèmes d'échantillonnage mais doit être considérée comme une réalité archéologique.

La gestion des matières premières sur le site de Kerboudou-2 diffère de celle analysée par Pierre Gouletquer sur le site de Kerboudou-1164. Cette collection, attribuable au Mésolithique moyen, comprend 273 pierres taillées parmi lesquelles on compte 68% de pièces en silex, 16% en grès lustré, 9% en ultramylonite de Tréméven, 3% en calcédoine, 3% en phtanite et 1% en quartz (Gouletquer et al., 1996). Les questions d'accessibilité ou de distance par rapport aux gîtes d'approvisionnement ne peuvent justifier de cette variante dans l'usage des différentes roches- les parcelles se jouxtent et l'ultramylonite de Tréméven est représentée dans les deux collections-, la réponse se trouverait davantage dans un emploi sélectif des matériaux disponibles au cours des différentes phases du Mésolithique. Les études typologiques et technologiques ont été menées dans l'intention de vérifier dans quel cadre chrono- culturel s'insère la collection de Kerboudou-2.

35 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002

Les modalités de débitage. Les caractères morphométriques des galets de silex, des plaquettes d'ultramylonite de Tréméven et des blocs de grès lustré imposent une adaptation des procédés d'ouverture et de mise en forme des volumes.

L'analyse technologique révèle une sous-représentation des éléments en grès lustré issus des premières phases de la chaîne opératoire sur le site de Kerboudou-2. La faiblesse du corpus interdit toute interprétation péremptoire, mais la découverte de deux déchets de type casson (tableau 3) suggérerait un bris des blocs de grès lustré avant leur exploitation. La présence de trois négatifs d'enlèvements sur l'un d'entre eux confirme l'amorce d'une exploitation sur un volume offrant des qualités géométriques. L'absence d'éclats au talon cortical assure cette proposition, à moins que les entames de premier ordre se trouvent sur un site spécialisé, dévolu à l'ouverture des blocs. De grande dimension, les éclats corticaux et demi-corticaux donnent une image des modalités de décorticage de la surface de débitage. Les négatifs d'enlèvements observés sur les éclats de réfection ainsi qu'un fragment de nucléus révèlent un schéma opératoire orienté vers une modalité unipolaire mais quelques éclats témoignent d'un débitage multipolaire.

La présence de plaquettes et de nombreux produits de test en ultramylonite de Tréméven pourrait s'expliquer par une proximité relative des gisements géologiques, à moins que cette matière première nécessite des séquences de mise en forme et de préparation moins économiques. Les trois nucléus collectés permettent d'aborder les modalités de débitage développées sur des plaquettes. Les deux premiers portent sur des fragments de plaquettes aux plans de clivage étroits. Les tailleurs ont développé une exploitation faciale à semi-tournante des volumes entre les deux plans de clivage, à partir d'un plan de frappe naturel pour le premier exemplaire, ou d'un plan de frappe préparé par le dégagement d'éclats corticaux (figure 3, n°2). Ce dernier élément montre la pratique du facettage, tandis que le premier ne porte aucune trace d'entretien des corniches ou du plan de frappe. Le débitage, unipolaire, était destiné à obtenir des éclats minces de forme variable. Un troisième nucléus porte sur un éclat cortical, dégagé à partir d'un angle de la plaquette-support (figure 3, n°4). Le plan de frappe est implanté sur un plan naturel de l'éclat -support, tandis que la surface de débitage est installée sur sa face inférieure. Le débitage, unipolaire et facial, était orienté vers une production d'éclats minces de toutes dimensions. Les nucléus récoltés sur le site de Kerboudou-2 ont très probablement connu plusieurs phases d'exploitation, comme le suggèrent la présence de quelques éclats aux mensurations supérieures et d'éclats de réfection. Un dernier élément se définit comme un nucléus-biseau au débitage bifacial conçu à partir de deux surfaces asymétriques et sécantes non hiérarchisées. Au cours de l'exploitation du volume, le plan de frappe et la surface de débitage s'intervertissent selon une logique semblable à celle de la méthode discoïde.

Les quelques entames, éclats corticaux et demi-corticaux en silex montrent qu'une partie des premières phases de la chaîne opératoire de débitage se sont déroulées sur place pour ce matériau. La collection compte seulement deux nucléus en silex, l'un épuisé et multipolaire, l'autre caractérisé par un débitage unipolaire. Le premier a exclusivement servi à obtenir des esquilles et de petits éclats minces. Toutes les potentialités du support ont été utilisées malgré la mauvaise qualité de la matière première. Le second a été exploité selon un mode doublement frontal : le tailleur a d'abord exploité de façon frontale le volume (phase A), il a ensuite dégagé un grand enlèvement (phase B) pour amorcer l'exploitation du flanc (phase C et D) (figure 1, n°3). L'intention consistait à obtenir lamelles et éclats minces dans une chaîne opératoire intégrée. Le plan de frappe a été dégagé par un unique éclat d'entame ; les corniches ont été soigneusement abrasées. La présence d'éclats de réfection témoigne de l'existence de plusieurs phases d'exploitation sur certains volumes, à l'inverse aucune autre pièce d'entretien n'a été découverte.

Produits et outils collectés sur le site de Kerboudou-2. La collection de Kerboudou-2 présente les mêmes caractéristiques que celles étudiées selon la même grille d'analyse. La catégorie des éclats minces, très majoritaire, rassemble 64% des produits considérés, viennent ensuite les éclats épais et les pièces issues d'un débitage lamellaire, toujours minoritaires (tableau 4). L'analyse de leur face supérieure indique des modalités opératoires orientées vers un débitage préférentiellement unipolaire quel que soit le matériau considéré, malgré la pratique marginale du débitage multipolaire.

Supports trouvés sur le site de Kerboudou- Eclats minces Eclats épais Eclats Lamelles Lames 2 lamellaires Nombre total 130 36 15 18 5 % parmi les supports considérés 64% 17,5% 7% 9% 2,5% Nombre de pièces retouchées 20 10 11 11 4 % de pièces retouchées dans chaque catégorie 15,5% 28% 73,5% 61% 80% de support Tableau 4 : Analyse des supports collectés sur le site de Kerboudou-2.

Les produits ont essentiellement été détachés par la technique de la percussion à la pierre dure, relayée par la percussion à la pierre tendre sur quelques éléments comme des éclats minces et des lamelles. Le diagnostic reste

36 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002 malaisé en raison d'une forte proportion de talons brisés, tout particulièrement sur les éléments les plus fins. Certains éclats et lamelles ont leur talon facetté, aménagement beaucoup mieux représenté dans les collections du Sud que dans celles du Nord Finistère.

Une comparaison des caractères techno-morphologiques des produits en silex, en grès lustré et en ultramylonite de Tréméven montre que le silex a été préféré pour l'obtention de produits lamellaires, mais que les deux autres matériaux ont également servi à produire quelques lamelles et éclats lamellaires ainsi qu'une lame. Les éclats épais en grès lustré et en ultramylonite apparaissent proportionnellement plus nombreux, et représentent respectivement 22% et 22,5% des supports, contre 15% de ceux en silex (tableaux 5, 6 et 7). On n'observe cependant pas de production exclusive ou spécifique, les trois matériaux ont donné chacun tous les types de produits. Les éclats épais en grès lustré et en ultramylonite de Tréméven résultent davantage des séquences de mise en forme de volumes plus imposants que les galets de silex, non des phases de production. La nécessité d'obtenir certains types de pièces standardisées ne justifie pas l'exploitation de plusieurs matériaux.

Supports en silex trouvés sur le site de Eclats minces Eclats épais Eclats Lamelles Lames Kerboudou-2 lamellaires 13 3 Nombre total 69 17 11 2,5% % parmi les supports considérés 61% 15% 10% 11,5% 2 Nombre de pièces retouchées 6 5 7 8 % de pièces retouchées dans chaque catégorie 8,5% 29,5% 63, 5% 61,5% 66,5% de support Tableau 5 : Analyse des supports en silex collectés sur le site de Kerboudou-2.

Supports en grès lustré trouvés sur le site Eclats minces Eclats épais Eclats Lamelles Lames de Kerboudou-2 lamellaires 1 1 Nombre total 26 9 4 2,5% % parmi les supports considérés 63% 22% 10% 2,5% 0 1 Nombre de pièces retouchées 5 4 4 % de pièces retouchées dans chaque catégorie 19% 45% 100% de support Tableau 6 : Analyse des supports en grès lustré collectés sur le site de Kerboudou-2.

Lames Supports en ultramylonite de Tréméven Eclats minces Eclats épais Eclats Lamelles lamellaires 2 0 Nombre total 29 9 0 0% % parmi les supports considérés 72,5% 22,5% 0% 5% 2 Nombre de pièces retouchées 9 1 % de pièces retouchées dans chaque catégorie 31% 11% 100% de support Tableau 7 : Analyse des supports en ultramylonite de Tréméven collectés sur le site de Kerboudou-2.

Les pièces retouchées ou ébréchées collectées sur le site de Kerboudou-2 correspondent essentiellement à des outils a posteriori, caractérisés par la présence de retouches courtes voire de simples écaillures sur l'un ou les deux bords. Ces légères transformations forment parfois des coches sur les faces inférieures ou supérieures du support. Elles concernent tous les types de produits, des éclats minces aux pièces lamello-laminaires (figure 3, n°3, 6, 7 et 9 ; figure 4, n°l), en passant par les éclats épais. Parfois plus marquées, ces retouches peuvent modifier légèrement la morphologie du support (figure 3, n°5 ; figure 4, n°3). La collection compte également trois pièces esquillées en silex, objets souvent considérés comme des outils a posteriori. Le faible échantillonnage ne permet pas une analyse comparative des proportions d'outils en fonction du matériau et du type de support. On notera seulement que les éclats minces en ultramylonite de Tréméven sont davantage retouchés que ceux en silex ou en grès lustré, tandis que les éclats épais en grès lustré sont utilisés à plus de 40%. Une interprétation de ces données serait subjective en raison du faible nombre de pièces.

Quelques objets se distinguent de cet ensemble et entrent dans la catégorie des outils aménagés. Le premier, un grattoir en silex, porte sur un éclat demi-cortical épais. Le front, denticulé, a été formé par des retouches semi- abruptes irrégulières (figure 3, n°8). Un éclat cortical épais en silex sert de support à un burin à deux pans sur troncature (figure 4, n°2). Deux éclats lamellaires tronqués complètent la collection, l'un présente une troncature dans sa partie distale, accompagnée de retouches directes sur ses deux bords (figure 4, n°4), l'autre un bord abattu (figure 4, n°5). Les retouches de ces deux pièces en silex se caractérisent par leur morphologie abrupte et relativement régulière. Un dernier élément porte sur un fragment médian d'éclat ou d'éclat lamellaire en ultramylonite de Tréméven. Il correspond à un trapèze asymétrique rectangle aux troncatures formées par des retouches abruptes à semi-abruptes (figure 4, n°5).

Les 23 lames et lamelles collectées sur le site de Kerboudou-2 présentent des dimensions variables qui ne résultent pas de la position des différents produits dans la chaîne opératoire de débitage. Les tailleurs n'ont pas

37 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002

sélectionné un certain calibre de supports, mais ont utilisé tous les types de pièces, des plus fines lamelles aux lames dont la largeur dépasse les 12 millimètres (figure 3, n°6, 7, 9 et 5). La dimension très variable de ces produits pourrait indiquer des réoccupations du site au cours de différentes phases du Mésolithique (tableau 8). Les travaux nombre i de Grégor Marchand ont montré que les lamelles larges et les lames étaient préférées pendant le Mésolithique récent-final en Bretagne (Marchand, 1997) ; à l'inverse, au Mésolithique moyen, les lamelles excèdent plus rarement les 10 millimètres de large. Les quelques lamelles fines retouchées suggéreraient une séquence d'occupation de Kerboudou-2 au Mésolithique moyen, tandis que l'essentiel de la collection est attribuable à la fin de ce complexe chrono-culturel. Les lames et lamelles larges retouchées, le trapèze de même que les modalités de débitage confirment cette interprétation.

diagramme des largeurs des lames et des lamelles.

A 4 -

VI J - u •

1 23456789 10 1 1 12 13 14 15 largeurs (en millimètres)

Tableau 8 : Diagramme des largeurs des lames et des lamelles collectées sur le site de Kerboudou-2.

Conclusion L'homogénéité de la collection de Kerboudou-2 pose problème mais l'ambiance dominante reste celle d'un Mésolithique récent-final. Les divergences dans la gestion des matières premières observées dans cette collection et celle de Kerboudou résultent probablement de choix opérés par des tailleurs de pierre qui n'étaient pas complètement soumis à leur environnement naturel ! Cet exemple confirme l'hypothèse proposée par Pierre Gouletquer lors de l'analyse des sites de Créac'h-Miné-Vihan (Saint-Thurien), attribuable principalement au Mésolithique récent-final, et de Kerboudou. Le premier se distinguait par une proportion relativement importante d'éléments en ultramylonite de Tréméven (46%) et, à l'inverse, un faible nombre de pièces en grès lustré (5%). Ce chercheur suggérait de considérer ces diverses modalités d'exploitation des ressources lithiques comme deux «phases de l'occupation du secteur, au cours de laquelle l'ultramylonite n'aurait pas eu le même succès» (Gouletquer, 1996). L'existence de possibles affleurements de grès lustré à proximité de Kerboudou et d'ultramylonite de Tréméven à Créach-Miné-Vihan pouvait mfirmer cette hypothèse - malgré la faible distance qui sépare les deux sites en question. La collection de Kerboudou-2 oriente les interprétations vers l'idée d'un choix dans l'approvisionnement en matières premières lithiques plutôt qu'un opportunisme.

5. LE PROJET CORNOUAILLE : UN SEMINAIRE DE TERRAIN EN NOVEMBRE 2002 (YANN BOUGIO) C'est par Pierre Gouletquer et son implication dans l'association à l'université de Brest, que j'ai commencé la prospection archéologique de terrain, à partir de 1992. Ayant participé à ses recherches puis celle de Yvan Pailler et Estelle Yven, j'ai intégré différents programmes de recherche, sur l'époque mésolithique en particulier. Mon métier de cartographe intègre une vision spatiale, importante pour ces études. Membre de la société archéologique de Lorient depuis 1999, j'ai organisé en 2000 et 2001 deux séminaires de terrain très fructueux en découvertes sur les commune de Trégunc et Névez (concernant essentiellement l'époque antique). Sur les périodes plus anciennes, nous avions mis à jour un biface au lieu dit Kemalec en Trégunc. Durant ces études précédentes, des sites du Mésolithique final et des indices nous avaient laissé présager une présence importante de l'homme durant ces périodes reculées dans la région de l'aven. C'est pourquoi, la campagne de prospection 2002 (11-12 novembre), fut recentré autour du Programme collectif de recherche sur le Mésolithique, dirigée par Estelle Yven et Grégor Marchand. Une équipe dirigée par Roger Bertrand a également recensé des sites vus par photographie aérienne.

38

Cleun Bra?^ Morbihan TylNevez Penhuel J ■* TOURCH * Kerango * Gorr.quer Rubian

ROSPORDEN

Kervez

•^tç Porzou Lanveur 2 Coat Meet * BANNALEQo .erjanou ;int-V,roniquo

* Toul aVi Coat Blhan Bog Roz II Keriquel Trebatay 2 La Trinité J JL -JTV ^ „ W V i Ker an Craac'hn I pix r/ Moustoli^ V le Se/on Lo,WloustoirTr<>"|fe anournec Le Cosquerl

PONT-AVEN Légende : Cours d'eau mil Bois r Zone urbanisée Ç if Champs prospectés \ i Carte n°2 : Situation des champs prospectés durant les 10 et 11 novembre 2002 (Centre de la région Aven) ^Z&SS-JêSM zz~i 7—: PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

La problématique du séminaire du 11 et 12 novembre était : - combler les zones vides dans la cartographie de Pierre Gouletquer sur le Mésolithique, - compléter nos informations sur le mésolithique dans cette partie de la basse Cornouaille, en vue d'un article globale à la fin de l'année prochaine, - ré échantillonner les sites et indices repérés au cours du séminaire de terrain de 1995 à Scaër, - connaître mieux l'environnement du site de la Trinité, fouillé l'été dernier par Grégor Marchand (cf. supra IÏÏ-3), - observer la limite d'utilisation de l'ultramylonite de Tréméven, - observer la dispersion des autres matériaux de substitution au silex.

Pour répondre à cela, j'ai mis en place une méthode de travail qui a fait ses preuves dans les séminaires précédents. Tout d'abord, j'ai circonscrit l'aire d'étude sur les communes de Melgven, Bannalec et Rosporden (voir carte 1). Cet espace correspond au centre du Pays de l'Aven (entre le Moros et l'Isole). Ensuite, j'ai constitué des équipes de prospecteurs de quatre à personnes, avec un chef d'équipe responsable d'un secteur géographique. La prospection s'effectue en fonction de la configuration géographique, la disponibilité des champs (maïs, blé ...) et l'orientation. L'avantage de ce type d'étude est la multiplication des regards qui permet un aperçu précis de l'espace. L'origine des prospecteurs était variée. A la suite d'une conférence animée au mois d'octobre, une dizaine d'habitants du quartier du Moustoir en Kernevel a souhaité participer à ce séminaire. Le reste de l'équipe était constitué par des étudiants en histoire de l'art, des chercheurs et membre du P.C.R. et de la société archéologique de Lorient.

Au niveau des résultats, il faut signaler une inégalité géographique et qualitatif. En effet, une trentaine de champs a pu être prospecté durant ce week-end ; une dizaine n'a rien donné et une autre partie seulement quelques indices. Cette situation confirme cependant le passage de l'homme mésolithique dans cette zone. En ce qui concerne les matériaux de substitution, il faut signaler la présence d'armatures en grés lustré dans plusieurs champs de la zone étudiée. Par ailleurs, un site-carrière probable de travail de l'ultramylonite de Tréméven a été mis au jour dans la vallée de l'Isole (Cosqueriou an Traon, en Bannalec). Le ré-échantillonnage des sites de La Trinité-Goarem-Lann et du Moustoir a donné peu de chose, ce qui prouve bien que l'essentiel a été prélevé lors des précédents passages. Le bilan des découvertes est mentionné dans la carte n°2 qui révèle la bonne couverture de l'espace étudié. Cette carte fera l'objet ultérieurement d'un système d'information géographique, où trouveront place les anciens sites. La rencontre faite avec un agriculteur du village de Bellevue, près de Cadol en Melgven, a marqué le séminaire. En observation permanente sur les terrains agricoles de la haute et moyenne vallée du Moros depuis quarante années, il a présenté une variété d'objets archéologiques impressionnante, de toutes périodes. Cette rencontre fera l'objet ultérieurement d'un inventaire particulier avec la collaboration de Yvan Pailler (doctorant). Le bilan de ce séminaire est donc globalement positif avec la découverte pour l'équipe prospectant sur les sites vus par photographie aérienne, d'une villa gallo romaine (commune de Rosporden). L'expérience sera renouvelée l'année prochaine avec le début d'un prospection de terrain sur les communes de Ergué-Gabéric et d'Eliant qui sont unes des dernières zones vides de l'inventaire fait par Pierre Gouletquer.

42 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

IV. De nouvelles synthèses sur le Mésolithique et la néolithisation

1 DE TEMPS EN TEMPS : L'ARCHEOLOGIE FACE A LA CONTINUITE (PIERRE GOULETQUER)

Autant que leurs résultats, les recherches de Donatien LAURENT sur la Troménie de Locronan posent l'un des problèmes les plus passionnants que l'archéologie ait eu à résoudre. L'affolement général qui a précipité la recherche archéologique dans le sauvetage à partir des années 1950 l'a du même coup coupée des problématiques les plus profondes. Apparemment simple, celle posée par Locronan se résume en quelques questions, dont les réponses emboîtées constituent autant de pistes de réflexion et de recherche encore inexplorées. Comment de telles pratiques résistent-elles aux effets dévastateurs qui ébranlent les structures sociales, les valeurs morales, les systèmes techniques, et les paysages eux-mêmes ? Quelle est la nature profonde des phénomènes qui résistent au rabotage du temps ? Ou, inversement, comment les rugosités de l'histoire événementielle s'émoussent-elles en affrontant ces réalités ? Enfin, ces dernières sont-elles éternelles, ou constituent-elles des systèmes fermés, ayant eu un commencement et évoluant vers une fin prévisible ? La réponse immédiate paraît simple. A chaque crise, les éléments les plus fragiles s'estomperaient puis disparaîtraient, le cas échéant remplacés par de nouveaux motifs, tandis que les éléments les plus solides s'adapteraient, s'intègrent au monde nouveau en adoptant ses références. La façon dont le panthéon romain a assimilé les coutumes barbares est si évidente qu'elle sert d'explication toute faite à tous les phénomènes de ce genre. La démonstration est tellement lumineuse que sa conséquence ne vient même plus à l'esprit : si le transfert s'est produit de façon aussi directe, c'est qu'il ne s'agissait pas du passage d'une culture à une autre, mais bien de la normalisation d'un même fond, dans lequel rien de nouveau n'apparaissait ni ne s'effaçait.

En remontant vers notre époque extravagante, on s'émerveille de constater que les principaux motifs des croyances antiques ont résisté aux assauts des monothéismes, à peine masqués par les attributs spécifiques de quelques saintes et saints majeurs. Comme si les nouvelles religions inscrivaient leurs dogmes sur des pages définitivement marquées par des impératifs sans âge. Dans cette lecture facile, le problème est que l'expression « sans âge » n'a aucun sens pour l'archéologue préhistorien, puisque toute sa démarche consiste précisément à jalonner l'échelle du temps de repères de plus en plus précis. Les techniques modernes de datation ont l'avantage de proposer un schéma temporel dans lequel les ordres de grandeur prennent du sens du fait même de leur existence. La chronologie relative élaborée par nos grands aînés ne s'est pas seulement enrichie de ces repères semblables aux bornes kilométriques de nos routes départementales. Très vite, même approximatives, les datations absolues ont imposé un sens nouveau à la succession des cultures, basé sur le regard sur l'éloignement dans le temps. Le Néolithique de P. DUCHATELLŒR, du Commandant DEVOIR ou du Commandant MOREL était psychologiquement tout proche des érudits qui s'intéressaient à ses vestiges. A partir de la moitié du 20° siècle, par l'effet de quelques datations dites « absolues », notre Néolithique s'est trouvé projeté fort loin dans notre imaginaire, et la construction de cet éloignement nouveau implique une série de ruptures. Les vestiges intermédiaires de l'Epoque gallo-romaine, de l'Age du Fer, de l'Age du Bronze et du Chalcolithique sont autant d'obstacles que doit désormais franchir notre imagination pour parvenir aux constructeurs des mégalithes. Sans que cela soit jamais exprimé, toute continuité qui franchirait sans dommage les bousculations techniques, démographiques, sociales qu'ils impliquent devient impensable, et les durées qui séparent les datations radiocarbone de telle ou telle époque s'imposent comme autant de césures dans une continuité qui paraît pourtant nécessaire.

Par sa nature même, l'archéologie a dû s'arrêter sur les objets pour en saisir les différences et leur donner un double sens en les replaçant correctement dans le temps et sur le puzzle géographique des grands systèmes culturels. Dès ses premiers balbutiements, elle ne pouvait que se détourner de la notion de continuité. Toutes les constructions qui ont suivi, taxinomies de plus en plus complexes, néologismes découpant le temps en tranches de plus en plus fines, édifications théoriques plus ou moins explicatives, ne pouvaient qu'oublier la toile sur laquelle s'élaborait le tableau d'un nouveau mythe des origines. Et si le but de l'archéologie à venir consistait à retrouver cette trame ? En formulant cette idée, l'archéologue préhistorien doit s'interroger à la fois sur la nature de la continuité et sur la manière dont certaines innovations viennent rompre celle-ci.

Dans son travail déjà ancien sur les salines de Guérande, Pierre LEMONNIER montrait comment, en s'imbriquant l'une dans l'autre, structure sociale et système technique s'interdisaient mutuellement toute innovation. Dûment argumenté, ce constat entraîne une conséquence à double entrée : aussi lointaine que soit l'invention des marais salants, elle a dû accompagner ou se déduire d'une structure sociale fondatrice innovante. Sous les apparences de continuité, les bouleversements sociaux du dernier quart du 20° siècle n'ont pu rester sans conséquence sur les chaînes opératoires. Autrement dit, la structure même du système implique la combinaison de la continuité et de la discontinuité des phénomènes. La structure sociale bloque toute innovation qui mettrait en péril sa hiérarchie, et pourtant, à un moment ou à un autre du continuum qui en résulte, l'introduction de nouveaux outils, de

43 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002 nouveaux personnels, de nouveaux débouchés viennent raviver la technique et, par contrecoup, réorganiser le système social. Dans les marais de Guérande, la technique d'aujourd'hui ressemble à celle d'il y a cent ans, pourtant la structure sociale en est radicalement différente. Le fond du problème n'est ni dans la continuité ni dans la discontinuité ; il réside dans le paradoxe qui les fait fonctionner l'une et l'autre. Les empereurs de la Chine avaient bien compris l'importance de ces phénomènes lorsqu'ils avaient interdit toute innovation dans les extraordinaires techniques de forage profond des salines du Sichuan. Ramené à l'histoire des techniques, le bouleversement de la société chinoise du 20° siècle pourrait bien se résumer dans ce domaine par le remplacement des tuyaux de bambous des manufactures anciennes par des tuyaux métalliques, et celle des marais salants de l'Ouest de la France par le conditionnement du sel en sacs plastiques étanches.

Discontinuité, la première rupture Peu de gens peuvent prétendre connaître leurs arrière-grands-parents. La génération des bisaïeuls constitue une limite absolue de la connaissance directe des ascendants. Au-delà, on entre dans l'histoire construite, dans la légende familiale, dans l'exploitation orientée de documents. Bâti sur la connaissance et l'échange, le présent véritable possède statistiquement cette épaisseur de trois générations, dans laquelle circulent des informations directement vérifiables, la réciprocité des souvenirs et une identification au passé proche, même si tout cela procède généralement de choix, et par conséquent de l'élimination de certains éléments. Cette réciprocité et les choix qui définissent l'identité constituent la base de ce que l'on appelle communément la tradition. Lorsque la coiffe bigoudène amorce sérieusement son déclin dans les années 1960-1970, la différenciation des costumes bretons à partir du fonds commun ne remonte guère au-delà d'une centaine d'années. Une tradition s'écroule. Peut-être sous l'effet de la modernisation. Peut-être aussi sous l'effet de l'épuisement interne d'une mode qui a fini d'explorer son présent de trois générations (2). Les dernières photos de classe où les petites filles portent toutes la coiffe remontent aux environs de 1925. Il s'agit de la coiffe moyenne, prélude à la croissance rapide qu'imposeront les mêmes jeunes filles quelques années plus tard. Soixante-quinze ans plus tard, les dernières bigoudènes authentiques respectent ce qu'avaient inventé leurs grands-mères. Leurs filles ont depuis longtemps abandonné la tradition de leurs arrière- grands-mères. Ce qui est présenté dans les fêtes folkloriques comme la continuation de la tradition n'est en fait qu'une mode nouvelle répondant - entre autres choses - aux attentes du public touristique et aux nouvelles donnes du monde du spectacle. Lors de la présentation de la Fête des Brodeuses de 2002 à Pont-L'Abbé, le commentateur d'un spectacle n'a-t-il pas prononcé l'étrange expression « d'une nouvelle tradition » ? Le fait de faire broder les coiffes des cercles celtiques en Chine parce que cela coûte moins cher illustre cette rupture et l'entrée définitive dans un nouveau présent. L'archéologue ne peut rester indifférent à la projection matérielle de ces rythmes ni à leur disparition. En visitant les cimetières, il est bien rare d'avoir l'occasion de lire une épitaphe concernant un arrière- grand-père ou une arrière-grand-mère. Parfaits inconnus, les huit trisaïeuls sont perdus dans un autre temps, dans une autre histoire. Seuls repères identifiés et identifiables, les grands-parents se dressent sur les stèles funéraires et dans nos mémoires aux limites absolue du passé.

Le rapport du présent à la mort va de soi, et conduit tout naturellement à se demander si l'épaisseur des trois générations ne constituerait pas une unité de temps, une sorte de maille temporelle qui viendrait se glisser dans les empilements d'objets de la chronologie relative, pour donner un sens nouveau aux chronologies dites absolues. Une unité de présent entre deux discontinuités, au cours de laquelle naîtraient, évolueraient et s'étioleraient les innovations superficielles à partir desquelles s'est bâtie l'archéologie, mais qui resterait sans effet sur les phénomènes de plus grande ampleur. En Basse Bretagne, il est facile de photographier des ensembles tellement banals qu'on ne les remarque guère. A côté de la maison blanche abritant un garage, se trouvent une haute maison à étage sans confort, ainsi qu'une maison « traditionnelle » qui commence à se délabrer et qui attend, si ce n'est déjà fait, d'être modernisée et transformée en gîte rural. Trois phases qu'il est facile de dater. La maison moderne a été construite dans les années 1970, la porte de la maison à étages porte une date du début du 20° siècle, les détails d' du futur gîte rural ne laissent aucun doute concernant sa construction au cours de la première moitié du 19° siècle ... et l'on n'est pas surpris d'apprendre que la maison des années 1900 s'est bâtie à l'emplacement d'une ruine. Difficile de ne pas voir dans cette juxtaposition la succession de 4 cycles, quatre présents matérialisant chacun à sa manière des innovations superficielles, tout en assurant la continuité d'un habitat respectant contraintes et possibilités d'un site restreint. Malgré les variantes datées des costumes, du mobilier, des éléments de confort, des pratiques agricoles, etc., les personnes qui ont vécu, qui vivent et qui vivront sur ce site complexe perpétuent et perpétueront une sorte de « super-tradition » directement liée au site lui-même. Parce qu'elle ne s'intéresse pas véritablement au passé très récent, l'archéologie n'a jamais clairement posé le problème de la continuité de cette succession de présents encore proches au-delà des vestiges d'évidence que sont les ruines ou, dans une mesure moindre, les toponymes. De son côté, l'histoire ne se penche que très peu ou pas du tout sur ce qu'on pourrait faire dire aux objets, et que ne disent pas les textes. Nul ne sait comment ce site complexe actuel se raccorde ou non aux

2 Adoptant l'analyse de van Gennep, Serge Cassen utilise cette définition de la tradition dans sa réflexion sur les bouillonnements qui ont accompagné ou provoqué les débuts du Néolithique (S. Cassen : La question e la « néolithisation » : un choix de scénarios historiques à l'échelle européenne et régionale, in Eléments d'architecture, Association des Publications Chauvinoises, 2000, p. 591). 44 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002 sites antiques qu'évoquent les stèles gauloises voisines. Faute de fil conducteur, chacun admet tacitement continuité ou ruptures, l'une et les autres relevant de vagues impressions, de l'idée qu'on se fait du présent et de la part que prend un passé imaginaire à notre identité, non de déductions rationnelles tirées de recherches spécifiques. L'histoire événementielle a glissé sur ces sites complexes sans en altérer la structure temporelle ni matérielle. Les quatre traditions qui se succèdent ici ont connu les effets sociaux, démographiques et matériels de la Révolution Française, de la Grande Guerre, de la Guerre de 1939-40, de l'Occupation, de la modernisation de l'outillage agricole, l'introduction de la pomme de terre, la naissance, l'apogée et la disparition des cultures maraîchères, le remembrement, les excès de l'élevage hors sol, sans que leur rythme en soit affecté. On peut dès lors se demander dans quelle mesure les rythmes fondamentaux antérieurs ont pu être bouleversés, depuis que la présence humaine est attestée en un site donné. Nous commencerons à avancer dans notre problématique lorsque nous admettrons que ce qui nous permet de représenter notre passé profond se décompose en systèmes hiérarchiques fondés sur leur durée plus ou moins longue. Mouvantes et éphémères, les couches superficielles fluctuent au gré des modes, dont la vitesse de renouvellement à l'époque moderne nous donne l'impression d'un vertigineux scintillement. A peine acheté, un ordinateur et les logiciels qui l'accompagnent sont déjà obsolètes. Malgré ses manifestations spectaculaires et violentes, l'Histoire événementielle appartient manifestement à cette couche superficielle. Ce scintillement vient garnir les traditions construites que sont nos habitations. A chercher des témoignages concernant la vie des bâtiments, on ne s'étonne plus d'y retrouver les aménagements mineurs qui scandent les générations, et les manifestations majeures qui marquent la fin des traditions. C'est que l'interférence de plusieurs phénomènes vient compenser les caractères aléatoires. En ce début de recherche, trois faits nous paraissent déterminants.

Le premier concerne les bâtiments eux-mêmes, le vieillissement des matériaux, qui nécessite, qu'à un moment ou un autre on remplace en partie au moins les éléments vieillis. Pas trop tôt, tant que les dégâts ne sont pas trop importants, pas trop tard, pour ne pas attendre que la gêne devienne insupportable. Ce n'est pas un hasard si ce genre d'aménagement intervient grosso-modo au bout d'une génération. Une courte enquête auprès de l'un des derniers artisans ayant construit des taudions - ces granges des Côtes d'Armor en branches de châtaigniers couvertes de chaume - nous a appris que leur charpente devait être renouvelée tous les 25 ans. Chacun pourra s'interroger sur les réaménagements mineurs que nécessite le maintien en état de son lieu de résidence, sur le rythme de leur prise en charge passée et à venir, et sur les prétextes qui les précipitent ou qui les retardent. A cette nécessité physique s'ajoute l'obligation psychologique ou sociale de se rattacher à l'actualité de la culture ambiante. Dans notre exemple, la maison construite dans les années 1900 est dépourvue de tout confort, même si aux environs de 1950 l'installation de l'électricité a représenté un effort pour installer le bâtiment dans les normes nouvelles. Une génération plus tard, trop important, le décalage nécessite la construction d'un bâtiment entièrement au goût du jour. On respecte encore le grand-père — on construit à côté - mais on inaugure une tradition nouvelle. Le vieillissement des bâtiments constitue une cause interne d'obsolescence, la nécessité de s'inscrire dans de nouvelles traditions représente une cause externe allant dans le même sens. A la même époque, et pour les mêmes raisons, la modernisation la plus visible de maisons de cette catégorie a consisté dans l'adjonction d'un garage au bâtiment ancien. Enfin, dans cette hiérarchie fondée sur la durée, la succession des bâtiments ponctue une durée longue, voire très longue, dont, faute de recherche spécifique, nous saisissons mal les caractères. Parmi ceux-ci, ce mélange de fidélité à une identité, et de nécessité de réoccuper certains lieux dont les qualités permettent de répondre aux sollicitations renouvelées des modes de vie successifs. La continuité dont nous cherchons le sens ne reposerait-elle pas tout simplement sur quelques unes des données physiques du paysage ?

Dérapages et rattrapage du modèle Le rapport de tout ceci avec l'histoire événementielle n'est pas simple. Quelques exemples nous montrent que deux cas au moins peuvent se présenter, illustrant ce qui se passe après la destruction accidentelle d'un monument. Après l'incendie des halles de Quimper, deux possibilités se présentaient. Ou bien le bâtiment avait achevé l'un de ses cycles, et il était déjà obsolète dans son principe comme dans ses fonctions et sa matérialité. Ou bien il était en pleine phase d'activité, et sa reconstruction devenait nécessaire. Manifestement, c'est la seconde situation qui s'est présentée Inversement, déjà obsolètes avant leur destruction, les halles de Morlaix ont été effacées, et les tentatives pour les remplacer sur un site proche semblent vouées à l'échec. On peut se demander si les églises estropiées lors de la répression de la Révolte des Bonnets Rouges ou par la Révolution ne sont pas aussi des exemples de ce phénomène dans lequel l'accident se combine au vieillissement naturel des structures, avec pour résultat la simplification depuis longtemps nécessaire des réseaux. Si l'église de Languidou (Plovan, Finistère) a été dangereusement dégradée par les Révolutionnaires, c'est sans doute qu'ils désiraient utiliser les matériaux pour construire un poste de garde, comme nous l'apprend l'Histoire. Si elle n'a pas été restaurée au cours des décennies qui ont suivi, c'est qu'elle faisait depuis longtemps double emploi avec l'église paroissiale. Apparemment radical, l'acte historique pourrait bien n'être qu'anecdotique, un scénario possible parmi d'autres aussi inéluctables les uns que les autres, aboutissant au même résultat : le resserrement des lieux de culte en quelques places centrales, et la dissolution plus ou moins complète des bâtiments condamnés dans les constructions des environs. Les exemples du déroulement naturel de phénomènes de cet ordre de grandeur montrent que le vieillissement normal aboutit à la ruine, à l'effacement, ou à la restauration sévère du monument, laquelle n'est rien d'autre qu'une forme un peu particulière de destruction, surtout lorsque s'y effacent les interventions qui l'ont précédée. Quelle que soit

45 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002

l'échéance, celle-ci fait figure de catastrophe, au sens topologique du terme, la tension devenant de plus en plus forte au fur et à mesure que l'on approche de l'échéance de la troisième génération.

La manière dont les Dogons entretiennent leur mythe fondateur est intéressante, car en instaurant un rythme de 60 années, ils donnent cycliquement la possibilité aux trois générations de jouer un rôle dans la restauration de celui-ci, suffisamment longtemps avant l'échéance fatidique. On s'émerveille de rencontrer des individus qui ont eu l'occasion de vivre deux fois l'événement, mais là n'est pas l'important, même si l'on conçoit qu'en attendant quelques années de plus les probabilités d'une telle occurrence seraient infiniment plus faibles. La véritable originalité de cette pratique est que malgré son rythme extrêmement lent, les trois générations peuvent y jouer un rôle actif. Anomalie apparente du modèle que nous cherchons à préciser, l'entretien des fresques rupestres à ce même rythme prend un sens nouveau. La désaffection qu'il y aurait pour l'œuvre de l'arrière-grand-père est escamotée. Non pas parce que celui-ci vit plus vieux ou poursuit une vie active plus longtemps. Tout simplement parce que le système bloque le vieillissement de la structure en décalant l'échéance du présent. Ceci dit, là comme ailleurs, les arrière-grands-parents sont aussi rejetés dans le passé, ils n'appartiennent plus aux ancêtres défunts que l'on convoque pour renforcer la cohésion du présent3.

Ceci n'est pas sans rappeler, à une autre échelle, ce qui se passe à Locronan. Même si le rythme est différent, les principes doivent être très proches, de faire obstacle au vieillissement en imposant des découpages qui rompent la monotonie de la répétition annuelle. Dans ce cas, on ne s'étonnerait pas de localiser d'autres rythmes plus lents encore, illustrant le même principe que celui appliqué par les Dogons.

Retour à l'archéologie Le modèle étant désormais bien établi, jusque dans certaines de ses anomalies apparentes, nous pouvons considérer la grille temporelle comme la superposition d'au moins trois strates possédant chacune son rythme propre. Parce que ses conséquences jouent dans le sens du vieillissement normal des structures ou parce qu'ils entrent dans le cycle tout aussi naturel de la rénovation, nous avons vu que la violence inouïe des événements récents est quasiment sans effet sur les phénomènes fondamentaux. Quel autre événement passé pourrait avoir eu la puissance nécessaire pour engendrer quelque chose qui perturbe la continuité fondamentale ? Les innovations techniques et sociales de l'Epoque gallo-romaine, de l'Age du Fer, et de l'Age du Bronze, voire du Néolithique, sont venues se poser sur le continuum de l'agriculture, à partir du moment où celle-ci a investi nos paysages. Non pas par les techniques, mais par ce qu'elles impliquent de nécessités, d'angoisses, de dépendance ou de soumission aux forces de la nature et, pourquoi pas, de relations aux prédateurs. Le succès que connaissent aujourd'hui encore les fêtes calendaires montre bien que ce ne sont ni les techniques ni les structures sociales propres au monde agricole qui jouent le rôle moteur, mais bien des systèmes de représentation bien plus profonds. L'urbanisation échevelée de ce dernier siècle n'a pas éradiqué cette dépendance ni l'irrationnelle importance que nous accordons au climat et aux étranges « normales saisonnières ». Dès le début, traduites par les croyances, par le découpage des calendriers ou par le rôle attribué aux clergés successifs, la préoccupation de base semble bien avoir été que les choses se renouvellent chaque année semblables à elles-mêmes, selon un rythme que l'on voudrait immuable, dont les rites saisonniers se voudraient être les garants, tandis que le fait de s'y conformer assure l'apparente stabilité des sociétés. On se tromperait en ne faisant remonter cette continuité qu'au Néolithique, car les prémices de celui-ci s'étirent plus loin qu'on ne le crois, et trouvent peut-être leurs racines dans les transhumances saisonnières des gens du Mésolithique, voire dans la régularité de celles des chasseurs de rennes, quelques dizaines de milliers d'années plus loin encore. Les peintures rupestres du Paléolithique supérieur ne sont peut-être que l'équivalent de nos bulletins météo, des feux de la Saint-Jean, de nos Troménies ou de nos rogations. Des suppliques à la continuité, démontrant, par leur existence même, la conscience de l'instabilité des choses et de la possibilité de la conjurer.

Les modes que nous tentons de décrypter se sont posées sur cette continuité, en répondant à ses exigences, tout en s'adaptant à de nouveaux contextes, et en absorbant des influences qui les habillent sans en changer la structure fondamentale. Face à un vestige archéologique monumental, le problème est moins de savoir « à quoi ça servait » que de connaître son enracinement sur la couche la plus profonde de la continuité, et dans quelle mesure il était un témoin plus ou moins direct de celle-ci. Dans notre exemple, continues ou discontinues, les informations que représentent les stèles gauloises, les ruines et les maisons des derniers siècles, sont les témoins de cet enracinement, au milieu desquels les lacunes temporelles traduisent un déficit de problématique archéologique et historique plutôt que de réelles solutions de continuité.

3 Abinou Témé, 2002, Omôlô, la religion dogon, in Les mondes dogon, Editions Ho'beke/Abbaye de Daoulas, p. 44-47.

46 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002

*

La Bretagne préhistorique de la seconde moitié du 20° siècle s'est en grande partie bâtie autour des grands ensembles mégalithiques de (Plouézoc'h, Finistère) , Carn (Ploudalmézeau, Finistère) et Guennoc (Landéda, Finistère). A Barnenez, les datations radiocarbone nous donnent une fourchette de l'ordre de 600 ans. Deux fois seulement l'enchaînement de « présents » que nous reconnaissons dans l'architecture rurale du Pays Bigouden. L'articulation est facile à décrypter et à décomposer en analysant les ruines précoces, les réemplois de matériaux, les rajouts. Ainsi, ces colossales constructions perdent une part de leur monstruosité. Déjà proches par les techniques employées, elles nous deviennent familières. La question « combien de temps a-t-il fallu pour construire tout ça ? » devient caduque. Il n'a fallu que huit des présents que nous connaissons, et les ruptures qui identifient ceux-ci sont décrits par les archéologues d'hier. Cependant, pour que ces huit « traditions » installent, entretiennent et renouvellent sur un même site une architecture inspirée d'un même schéma, il a fallu que soit mise en place une stratégie qui contrecarre le vieillissement naturel des modes, quelque chose qui rapproche les générations, qui en resserre les effets. Comme c'est souvent le cas en archéologie, le modèle ne nous permet pas de décrire ce phénomène, mais il lui donne une consistance, une présence. Il éveille notre curiosité vis à vis des vestiges, peut-être banals, qui en témoigneraient. Il explicite notre ignorance. Il nous fait regretter que certaines observations n'aient pas été faites lorsqu'il en était encore temps. Il nous rend prudent pour d'éventuelles recherches à venir. En positionnant les vestiges du passé sur le curseur de la continuité, on ne peut s'empêcher de s'interroger sur le fait que le toponyme complet de Barnenez soit Barnenez-ar-Zant (Barnenez-le-Saint), ce qui entraîne au moins deux questions contradictoires. Le caractère sacré s'est-il maintenu après l'abandon du site mégalithique, ou les hasards de l'histoire ont-ils ramené une nouvelle sacralité à une époque tardive ? Quelle que soit la réponse, l'essentiel demeure de comprendre quelle force intime du paysage a autorisé, ou provoqué, la continuité ou la réitération du caractère exceptionnel du lieu. La problématique est la même que celle posée à Locronan, et la réponse serait du même ordre. Si nous ne savons pas résoudre cette question, c'est que nous ne nous la sommes jamais posée, et que les vestiges d'évidence manquent pour que la réponse aille de soi. On ne sait même pas à quoi ressembleraient les indices directs ou indirects qui permettraient de nous éclairer. Un autre aspect que révèle notre modèle est que la ruine partielle, puis totale, participe à la structure. Dans notre exemple, le fait que la maison du début du 20° siècle soit bâtie sur la ruine du plus ancien bâtiment décelable a un sens, comme a un sens le respect de la ruine suivante, estropiée, mais encore debout. La structure complète comporte ruine totale, ruine partielle, maison vétusté, maison moderne. Restaurer la ruine partielle pour en faire une résidence secondaire fera aussi partie du système, l'équivalent de la stratigraphie qui a vu poser la maison de 1900 sur les décombres du 18° siècle. Lorsqu'elle concerne les ensembles bâtis récents, la question est relativement sans intérêt, sinon sur le plan théorique. Elle a de l'importance lors de l'anastylose des monuments historiques. Ruinées dès le Néolithique, deux des chambres de Barnenez ont été remises à neuf par la restauration. On a effacé un fait archéologique majeur au nom d'une idéologie plus ou moins explicitée, basée sur un projet touristique et sur l'esthétique, la symétrie ou la sécurité que celui-ci exige. Le résultat interdit tout retour en arrière qui aurait permis d'interroger les ruines, tout en posant à sa manière le problème de la continuité entre les constructeurs des nécropoles et les restaurateurs. La restauration des alignements de Carnac par Zacharie LE ROUZIC empêche de la même manière d'interroger sérieusement ceux-ci. Le fait que certains aient été couchés avait probablement un sens dès le Néolithique, comme semblent le confirmer certaines observations récentes. Il en va de même pour les alignements de Monteneuf.

Ces quelques exemples ressemblent à ce que nous connaissons aujourd'hui, leur achèvement s'est déroulé selon des scénarios qui nous semblent familiers. Toutes proportions gardées, la stèle partagée réutilisée en partie à Gâvrinis et en partie à La Table des Marchand fait penser à ces manoirs ou chapelles démantibulées par la Révolution, et dont les pierres se retrouvent réutilisés ici ou là, matériaux parmi d'autres, intégrés aux murs de quelques fermes banales. Par contre, la fermeture délibérée de grands cairns tels que Carn, Gâvrinis ou Le Petit Mont (Arzon, Morbihan) est tout à fait inhabituelle. Il ne s'agit plus de laisser les constructions poursuivre leur course en les abandonnant à la ruine et au pillage. A un moment donné, on décide d'arrêter le présent, de conclure une tradition tout en assurant la sécurité des lieux pour des millénaires. En ce sens qu'on maîtrise le présent en intervenant pour empêcher le vieillissement naturel, ceci évoque la pratique des Dogons, mais la différence est de taille, qui interdit à jamais la poursuite de la tradition. On conçoit aussi que, quelle que soit la cause anecdotique qui le justifie, le fait de desceller de tels monuments est un acte grave, puisqu'il dénie aux bâtisseurs le droit à l'oubli, qu'ils revendiquaient explicitement. On a pu croire un instant que la centrale nucléaire de Brennilis allait connaître un sort semblable, lorsqu'il a été question de la sceller et de l'oublier. En banalisant le sort d'un monument qu'on aurait pu croire exceptionnel, le « retour à l'herbe » mime par un processus exceptionnel un retour à une forme de normalité.

Poussières La troisième couche d'information qui nous parvient est constituée par les éléments éphémères de modes rapides, symbolisées de nos jours par la typologie des téléphones portables, des logiciels ou des usages nouveaux des cartes à puces. Marques fugaces d'une époque dont ils ne sont que le reflet, ces objets donnent l'illusion que les phénomènes modernes sont plus rapides que jadis. Une plongée rapide dans le passé montre qu'il n'en n'est rien.

47 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

L'histoire du costume en est un bel exemple, celles de la monnaie ou des armes nous rapprocheront de l'archéologie traditionnelle. Le fourmillement de ces modes éphémères donne l'image d'une accélération, mais il s'insèrent dans des processus à moyen terme dont le déterminisme temporel paraît bien calibré par les tensions qui gèrent ce que nous avons appelé les traditions. Hauteur de la coiffe, épingles, fourrures, broderies, perles, jupons, rubans, tantôt sobre, tantôt éclatant de luxe et d'orgueil, le costume bigouden illustre ce miroitement des choses éphémères, mais celles-ci ne cachent pas le lourd paradigme né vers la moitié du 19° siècle et qui s'achève un siècle plus tard, lorsque se tarit l'inventivité de la mode, confrontée aux exigences du monde moderne. Parce que les documents historiques manquent pour en attester les phases antérieures, l'ancienneté de l'identité micro-régionale dont cette tradition témoigne est niée et ramenée à son expression superficielle. On ne peut pourtant contester qu'elle s'inscrit sur le substrat identitaire le plus profondément attaché aux territoires, traduit naguère par les règles subtiles de la parenté et d'autres comportements encore plus difficiles à saisir.

La grille chronologique qui a fait la fierté de l'archéologie du 20° siècle est entièrement calée sur de telles modes rapides, mais il ne faudrait pas que cela fasse oublier la longue respiration des traditions lentes, ni les solides continuités qu'elles animent. Face à un monument mégalithique, il est relativement facile d'identifier ce qui relève du fondamental, de traditions de plusieurs générations, et ce qui appartient à l'éphémère. Même si l'on n'est pas toujours convaincu qu'il faille attribuer une durée très courte aux formes générales des poteries, à leurs décors ou à la qualité d'un engobe, cette réflexion conduit à regarder les objets d'un œil nouveau. Nos recherches sur le Mésolithique nous ont plongés depuis quelques décennies dans la poussière d'objets minuscules qui représentent les « industries lithiques » de la Basse Bretagne. Cela nous transporte longtemps avant que les hommes aient l'idée de construire leurs premiers monuments durables. Les objets sur lesquels nous basons notre découpage chronologique montrent que la période de 3500 ans qui nous intéresse a connu quatre grandes séquences caractérisées chacune par un type particulier d'outillage. Cela était connu depuis longtemps. Ce qui ne l'était pas, c'est la façon dont ces marqueurs temporels se répartissent dans l'espace géographique. Dans un premier temps, nous avons montré que dès la fin de la dernière glaciation, l'occupation des territoires consistait en un partage du temps et/ou de l'espace entre les zones côtières et les hautes terres des Monts d'Arrée et des Montagnes Noires, stratégie dans laquelle les plages à silex du Léon, de l'Arvor Vili ou de la baie de Concarneau jouaient un rôle prépondérant. Dans un second temps, il est apparu que certains lieux très restreints avaient attiré les hommes de chaque phase du Mésolithique. La problématique de la continuité est claire : si les quatre phases sont représentées sur moins d'un kilomètre carré à Plovan, à Plonéour-Lanvern ou à Saint-Sauveur (Finistère) cela veut-il dire que les quelques hectares concernés ont joué un rôle exceptionnel pendant 3500 ans, ou qu'au cours de cet intervalle les hasards de l'errance ont ramené les tribus nomades là où d'autres traditions s'étaient installées quelques générations auparavant ? Dans le premier cas, la continuité ressemblerait fort à ce qui s'est passé pour les villes, où la balance entre les contraintes extérieures, qui limitent la dispersion, et les facilités qu'offre le site, entraîne la concentration de marqueurs en une stratigraphie en constante mouvance. Cela voudrait dire que des sites qui nous paraissent banals aujourd'hui ne l'étaient pas à l'époque. Que l'attirance vers un point donné était assez forte pour se perpétuer sur 3500 ans, et assez précise pour interdire ou limiter la dispersion. Que l'on aurait des lieux remarquables, longtemps avant que les hommes ne songent à affirmer leur caractère exceptionnel par des constructions pérennes. La seconde possibilité ne tempère guère cette impression, au contraire. Elle implique que pendant leur absence d'un site, donc d'un réseau de transhumance, les hommes soient ailleurs, sur un autre circuit, sur un autre secteur exceptionnel, sur une autre tradition. Dans l'un ou l'autre cas, le temps et l'espace impartis à chaque groupe se resserrent étrangement. Dans le premier cas, l'espace géographique de la Basse Bretagne se partage en autant d'unités de territoires occupés en continu par les cultures successives. Dans le second cas, c'est la part de 3500 ans propre à chaque culture qui se scinde au cours de rotations qui ressembleraient bien aux traditions évoquées plus haut : au lieu de constructions se succédant sur quelques centaines de mètres carrés, ce sont des circuits de transhumance qui se juxtaposent. D'un côté comme de l'autre, le nombre de sites majeurs comme ceux-ci sont en nombre très limité, connotant des territoires bien déterminés et ponctuant des continuités temporelles précises. Stratégie que l'on reconnaîtra chez les derniers éleveurs nomades du Sahara.

Lorsque nos indices de présence préhistorique ont été suffisamment nombreux et variés, nous avons été frappés par le fait que les limites de certains comportements d'aujourd'hui étaient fonctionnels au Mésolithique. Le Queffleuth, l'Elorn, ou la limite qui sépare le Pays Bigouden du Pays Glazik jouent un rôle, enveloppant des surfaces au sein desquelles circulent des matériaux lithiques spécifiques. Quelle que soit la façon dont on considère ce fait, et l'importance qu'on lui donne, la problématique de l'identité des territoires correspondants se pose de façon claire. Le Pays de Léon a une présence objective dès l'Epipaléolithique, une structure que nous commençons à comprendre. L'enjeu de la recherche à venir n'est guère compliqué. Quelles que soient les causes par lesquelles l'occupation d'un territoire se renouvelle, reproduction génétique ordinaire ou enrichissement démographique par apports de migrants, l'histoire de nos territoires serait toujours à peu près la même, faite de la conjonction entre les caractères permanents directement liés aux ressources naturelles (reliefs, côtes, cours d'eau, ressources minérales et pédologiques, etc.) et les systèmes de rupture qu'implique l'enchaînement de traditions temporaires durant quelques générations. Traditions liées aux mutations des systèmes techniques, aux effets des échanges avec l'extérieur, aux modes de domination par les possédants. Tantôt masquée par la trop grande visibilité des modes, la continuité n'en serait pas moins toujours présente. Les tailleurs de cailloux qui fréquentaient les côtes de la Baie d'Audierne entre

48 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002

10000 et 4500 avant Jésus-Christ avaient déjà un comportement spécifique, entretenaient des relations très particulières avec leurs voisins immédiats, tout en acceptant des influences plus lointaines. L'intérêt est moins de faire l'inventaire des ruptures qui les séparent de leurs successeurs d'aujourd'hui, que de comprendre comment les solutions de continuité se greffent sur la continuité de la trame sous-jacente.

L'exemple du Pays Bigouden permet de tracer les grandes lignes de cette problématique. Alors qu'au Mésolithique la densité des sites semble indiquer un intérêt tourné vers la Baie d'Audierne, les mégalithes témoignent par la suite de l'importance des rias de la côte sud, entre la Pointe de Penmarc'h et l'estuaire de la rivière de Pont-L'Abbé, polarisation jamais démentie jusqu'à nos jours. Ce qui veut dire que l'urbanisation de certaines zones a dû effacer de multiples indices d'activités antérieures. Ici, l'apparition du Néolithique pourrait bien n'être que cela : se détourner des ressources dominantes anciennes, ou en tout cas en relativiser l'importance, pour découvrir des possibilités nouvelles dans des paysages jusque-là négligés, ou sous-valorisés. Au-delà des bannières claquant dans le vent et de leur raison d'être la plus profonde, au-delà des coiffes et des broderies, les tableaux de Mathurin Méheut qui évoquent la Grande Troménie de Locronan pourraient bien témoigner de l'émergence ancestrale des rituels qui ont scandé les années et la durée longue, comme ils témoignent de leur vivacité inchangée.

Languidou, juillet-août 2002

2. LE MESOLITHIQUE FINAL EN BRETAGNE : UNE COMBINAISON DES FAITS ARCHEOLOGIQUES (GREGOR MARCHAND) Le terme de néolithisation permet de désigner commodément l'ensemble des mutations qui accompagne l'adoption d'économies de production. Une des particularités de ce processus est de changer d'aspect et de structure suivant le point de vue de l'observateur. A l'échelle du continent européen, la dynamique diffusionniste est manifeste dans la mise en place des premières économies agro-pastorales. Lorsque l'on restreint la perception à la seule façade atlantique, les déplacements de groupes ou de techniques dessinent un processus multiforme, à la chronologie encore mal perçue. Des effets de péninsule se dégagent avec des blocages, des contacts et des filiations propres à chaque aire (Arias, 1999 ; Marchand, 2001). Ces mutations trouvent leur origine dans des situations environnementales et historiques particulières qu'il importe de décrire, si l'on veut s'approcher au plus près des sociétés passées. L'objectif de cet article est de mêler plusieurs types d'informations archéologiques encore disparates pour tisser une histoire des communautés humaines au VI ème millénaire avant J.-C. en Bretagne et comprendre en profondeur le substrat culturel qui accueille et participe à la néolithisation de cette péninsule 4. Il nous appartient ici de définir ce qui a assuré la pérennité des traditions techniques mésolithiques pendant tout le VI ème millénaire ; en d'autres termes, c'est le fonctionnement de la société qui est l'objet de l'étude. La nature des documents restreint évidemment ce projet, mais la recherche sur la structuration des territoires semble bénéficier d'avancées significatives, tant par la caractérisation des industries lithiques que par les analyses biochimiques des ossements, tandis qu'apparaissent quelques notions sur les rythmes d'exploitation.

2.1. Construction d'une entité technique : le Téviecien

Histoire d'un concept L'analyse archéologique menée ici suppose une clarification de la terminologie employée, avec toutes ses strates sémantiques. La dénomination des entités techniques découvertes par les archéologues sur des territoires particuliers fait partie des démarches les plus pittoresques de cette recherche anthropologique, tant il reflète les écoles, les modes de pensée, les données géopolitiques et les conceptions personnelles de l'espace. La transformation d'une « culture préhistorique » en groupe ethnique est un glissement de sens couramment observé. Ces problèmes ont conduit certains chercheurs à adopter en réaction une position maximaliste, en refusant de donner des noms à ces entités techniques 5. Pourtant, si l'on entend parler d'identité collective ou d'espace préhistorique, si l'on souhaite placer ces sociétés dans l'histoire et non plus seulement dans une relation d'adaptation à l'environnement, il semble important de traquer toutes les manifestations de choix culturels au sein des vestiges archéologiques : outre la technique - dont on sait que la transmission répond à des codes sociaux bien définis - cette enquête autour de l'identité culturelle concerne les orientations des économies ou la gestion des territoires.

4 Afin de ne pas alourdir le texte par des successions de parenthèses, les sites sont désignés dans ce texte par un( numéro d'inventaire, qui renvoie au tableau 1 et à la figure 1. 3 A partir du milieu des années 80, les travaux sur le Mésolithique ont été marginalisés dans les recherches du monde universitaire français. Nombre de néolithiciens ont continué à attribuer des noms aux entités techniques qu'ils observaient, tout en jetant un discrédit sur la terminologie mésolithique jugée vide de sens. Sans plus épiloguer sur les causes sociologiques de cette attitude, il ne me semble guère pertinent de transformer le Téviecien en « Groupe de Téviec » ou « Mésolithique final breton », puisque sa signification originale n'a pas radicalement changé. 49 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

N° Dép Commune Nom du site N (lithiquc) Attribution principale Attribution complémentaire Mésolithique ancien 1 29 Arzano Kerangoarec 143 Mésolithique final 2 29 Bannalec Notlan Kerlcc 29 Mésolithique final 3 29 Bodilis Moulin Penguilly 47 Mésolithique final 4 29 Brennilis LaPresqu'île 2485 Mésolithique final 5 29 Cleden-Cap-Sizun Pointe du Van 49 Mésolithique final 6 29 Lanipaul-Ploudalmézeau Kerieac'h 36 Mésolithique final 7 29 Landeleau Le Stang 10 Mésolithique final 8 29 Landeleau Penity-St-Laurent 108 Mésolithique final 9 29 Landunvez Kerlaguen 53 Mésolithique final 10 29 Landunvez Pointe de Landunvez 165 Mésolithique final 11 29 Lannéanou Glaharé 70 Mésolithique final 12 29 Lennon Brennilec 24 Mésolithique final 13 29 Lennon Kerguidu 37 Mésolithique final Néolithique 14 29 Leuhan Poulduot 107 Mésolithique final Néolithique 15 29 Locunolc La Villeneuve 1470 Mésolithique final Epipaléolithique 16 29 Mahaton Kermarie-1 50 Mésolithique final 17 29 Mahalon Terrain de foot 6 Mésolithique final 18 29 Milizac Croas-ar-Roué 12 Mésolithique final 19 29 Moëlan-sur-Mer Porz Bali 2718 Mésolithique final 20 29 Penmare'h Pors-Carn - Mésolithique final 21 29 Plabennec L'Ormeau 990 Mésolithique final 22 29 Plobannalec Goudoul - Mésolithique final Néolithique 23 29 Piogoff Bestrée-2 - Mésolithique final 24 29 Plogoff Bestrée-3 - Mésolithique final 25 29 Piogoff Feunteun-Aod - Mésolithique final Epjpaléolithique 26 29 Plogoff Pointe du Raz - Mésolithique final 27 29 Plogonnec Plessis Lopeau-1 238 Mésolithique final Néolithique 28 29 Plogonnec Staven 38 Mésolithique final 20 29 Plomeur Beg-an-Dorchenn + 15 000 Mésolithique final 30 29 Huelgoat Kerbizien - Mésolithique Mésolithique final 31 29 Plouarzel Kergougnan 2 Mésolithique final 32 29 Ploumoguer Brenterc'h 193 Mésolithique final Mésolithique moyen 33 29 Plounéour-Menez Pont Glaz 36 Mésolithique final 34 29 Plourin-les-Morlaix Bourg 225 Mésolithique final 35 29 Plovan Ty-Lann-1 - Mésolithique final 36 29 Plovan Ty-Nancien - Mésolithique final 37 29 Saint-Pol-de-Léon Sainte Anne (îlot) 57 Mésolithique final 38 29 Saint-Ségal Campoul 44 Mésolithique final 39 29 Saint-Thurien Creac'h Miné Vihan 738 Mésolithique final Néolithique moyen 40 29 Sibiril Ar Roch Mogueriec 196 Mésolithique final Epipaléolithique 41 29 Tréméven Loc-Yvi 30 Mésolithique final 42 29 Combrit Malakoff 367 Néolithique final Mésolithique final 43 29 Lennon Kergoniou 109 Epipaléolithique Mésolithique final 44 29 Plouvien Kerliézoc 8841 Mésolithique final 45 29 Ploudaniel Guevroc 678 Mésolithique final 46 29 La Forest-Landerneau Cobalan - Mésolithique final 47 29 Kerlaz Coz Castel - Mésolithique final 48 29 Beuzec-Cap-Sizun Pointe du Millec - Mésolithique final 49 29 Cléguer Tronchâteau 1318 Mésolithique final Néolithique ? 50 56 Hoedic Port-Néhué - Mésolithique final 51 56 Saint-Pierre-les-Quiberon Téviec - Mésolithique final 52 56 Quiberon Beg-er-Vil 5884 Mésolithique final 53 56 Erdeven Kerhillio 3110 Mésolithique final 54 56 Erdeven Lannec-er-Gadouer 5 Mésolithique final 55 56 Arzon Kerjouanno 3180 Mésolithique final 56 56 Groix Trou de l'Enfer 1624 Mésolithique final 57 56 Houat Malvant 3680 Mésolithique final 58 56 Carnac La Croix-Audran - Mésolithique moyen Mésolithique final 59 56 Cléguérec Kerlierno - Mésolithique final Mésolithique moyen 60 56 Erdeven Le Triono - Mésolithique final Néolithique 61 29 Guipronvel Lannuel - Mésolithique final Néolithique 62 29 Plougonven Mikaël - Mésolithique moyen Mésolithique final Tableau l. Liste des sites du Mésolithique récent-final en Bretagne. Les numéros correspondent à ceux indiqués sur la carte de répartition(fig. 1) et dans le texte. Le nombre de pièces lithiques dans les collections est notée lorsqu 'une étude a été réalisée. Une attribution complémentaire est proposée en cas de site mélangé ou de site stratifié à occupations multiples.

50 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

Lorsque à la suite de leurs travaux à Téviec (n°51 - Péquart et alii, 1937), M. et S.-J. Péquart fouillèrent l'amas coquillier de Hoëdic (n°50), ils apportèrent «la preuve de l'existence concomitante, dans un rayon relativement restreint, de groupement humains préhistoriques appartenant à un stade de civilisation rigoureusement identique. ... Les communautés mésolithiques de Téviec et Hoëdic vivaient sur le même plan culturel : elles avaient mêmes ressources alimentaires, même genre de vie, fabriquaient les mêmes outils pour des besoins identiques, avaient les mêmes coutumes, paraient leurs morts et les enterraient de même manière, possédaient les mêmes croyances, etc.. » (Péquart, 1934). Tout en reconnaissant des changements de détails, ces chercheurs prirent le parti d'unir deux habitats séparés par trente kilomètres d'océan, en confrontant à un niveau identique tous les faits archéologiques dans une démarche anthropologique revendiquée. C'est probablement cette volonté de proposer « l'archéologie totale » de communautés préhistoriques qui leur a fait négliger des comparaisons avec des sites moins riches, comme par exemple le niveau coquillier de Beg-an-Dorchenn dans le Finistère (n°29 - Du Châtellier, 1881 ; Bénard le Pontois, 1929).

Il faut attendre plus de trente ans pour que les recherches reprennent, mais avec une dimension paléo- ethnographique largement atténuée, en partie à cause d'une documentation lacunaire. Le travail classificatoire de J.- G. Rozoy lui permet de réunir sous le nom de Téviecien les industries qu'il avait étudiées dans le Morbihan et les sites du Finistère sud (Rozoy, 1978). En l'opposant au Retzien des Pays-de-la-Loire, il crée un binôme dont on verra qu'il peut être gênant à l'heure actuelle, puisqu'il dissimule des oppositions de plus en plus fortes. Circonspect en 1985 quant à l'existence d'un même ensemble culturel pour la Bretagne (Kayser, 1985), O. Kayser adhère ensuite à l'idée d'un groupe régional au moins en Finistère et en Morbihan, dont le Téviecien ne serait qu'un faciès propre à ce dernier département (Kayser, 1992). Ces différences semblent cependant minimes si on confronte cette entité typo-technologique à ses voisins orientaux, Retzien ou Tardenoisien (Marchand, 1999 et 2000 A). L'apport d'O. Kayser aura été la réorganisation chronologique du Téviecien, qui ouvre la voie aux réflexions ultérieures sur la néolithisation. En plaçant les industries à bitroncatures symétriques en fin du cycle plutôt qu'en début (Kayser, 1992), il va à l'encontre des modèles chronologiques proposés par J.-G. Rozoy (Rozoy, 1978) et par A. Thévenin (Thévenin, 1990). Les arguments sont la domination des bitroncatures symétriques en Bretagne avec une datation récente à Beg-an-Dorchenn (n°29), une date encore plus récente à Beg-er-Vil (n°52) cette fois pour une industrie à bitroncatures symétriques exclusives, mais aussi la présence de types d'armatures issues du Mésolithique moyen à Téviec et Hoëdic, comme les grands triangles scalènes ou les pointes à base concave. Les travaux de P. Gouletquer ont suivi d'autres voies à partir de 1990, à l'extrémité occidentale de la péninsule (Gouletquer, 1991-92) ; la dispersion des matières taillées sur un territoire est son fil conducteur, lui permettant de travailler sur l'organisation de l'espace préhistorique. La méthode passe par la constitution d'un réseau dense de prospecteurs et par un développement des recherches loin des rivages ; l'effet de cette démarche volontariste sur la documentation archéologique s'est traduit par un garnissage de l'intérieur de la péninsule (Gouletquer et alii, 1996).

En conclusion, le terme de Téviecien apparaît aujourd'hui comme une manière commode de désigner un ensemble de caractères culturels présents sur un territoire à une période donnée. Tout l'enjeu des recherches actuelles est d'accrocher prudemment cette entité à des données économiques pour comprendre les dynamiques sociales, culturelles et économiques.

Les matériaux d'étude disponibles actuellement Le corpus disponible s'élève à soixante-deux sites à bitroncatures en Bretagne (tab. 1 et fig. 1), dont quinze ont été fouillés à plus ou moins grande échelle (tab. 2). Même si on peut écrire que 1032 m2 de sol ont été effectivement retournés, seule une surface totale de 136 m2 a bénéficié d'une récolte aux normes actuelles. Les niveaux coquilliers de Téviec (n°51), Hoëdic (n°50), Beg-an-Dorchenn (n°29) et Beg-er-Vil (n°52) sont évidemment les grands pourvoyeurs d'informations, puisque la masse de coquilles a favorisé la conservation des ossements. L'accumulation sédimentaire relativement rapide, sur une épaisseur de 0,3 à 1,0 mètre, a permis de préserver les structures du quotidien et les sépultures. Les nouvelles analyses menées par R. Schulting sur les isotopes stables des ossements humains (Schulting et Richards, 2001) et plus généralement l'analyse des tombes (Schulting, 1996), par C. Dupont sur les coquillages, par A. Tresset sur la faune (Tresset, 2000), par Y. Gruet pour les crustacés et par N. Desse pour les poissons reposent sur ces données anciennes, relayées en 2001 par des prélèvements (n°29 et 50). Les sites exploités en surface sont une autre source d'information, dont le traitement est plus délicat. Ils seront convoqués ici pour juger d'abord d'un paramètre qui ne dépend pas de l'intégrité de leur niveau : l'implantation topographique. En tenant compte avec prudence de la datation relative par la typologie, la nature des roches taillées peut aussi y être entrevue. La combinaison des faits archéologiques disponibles pour le Mésolithique final de Bretagne doit donc par méthode distinguer deux zones géographiques, le littoral et l'intérieur des terres. Si le premier supporte évidemment une bonne part de notre compréhension du fonctionnement des communautés dans leur nature, le second dispose d'un atout en propre. En effet, l'usage de roches autochtones en complément des galets côtiers de silex autorise à dessiner des territoires d'acquisition, dont la conformation dépend directement de la nature du système technique. Certes, l'origine précise des matières n'est pas toujours connue avec précision, mais du moins sait-on identifier la zone de récolte pour de nombreuses roches métamorphiques (ultramylonites de Tréméven et de Mikaël, calcédoines du Clos, microquartzites calcédonieuses de la Forest- Landerneau) ou sédimentaires (grès tertiaires, phtanites). Ces connaissances géologiques directes sont appuyées 51 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002 d'ailleurs par les cartes de répartition des pièces taillées préhistoriques qui montrent d'indéniables concentrations autour des gisements primaires. Il conviendra en dernier lieu de saisir la complémentarité entre ces deux zones pour proposer une vue globale des communautés mésolithiques de la péninsule armoricaine.

Figure 1. Carte des sites attribués au Mésolithique récent et final en Bretagne (fonds de carte S. Cassen). Les numéros correspondent à l'inventaire (tab. 1).

N° Nom du site Surf, fouille Date Fouilleur Bibliographie 4 La Presqu'île 47 m2 2001 Marchand - 15 La Villeneuve Tranchée : 140 m2 - Manuel : 5 m2 2001 Marchand - 29 Beg-an-Dorchenn 53 m2 1985-1988 Kayser Kayser, 1985 36 Ty Nancien ? 1972 Gouletquer Berrou et Gouletquer, 1973 44 Kerliézoc 20 m2 2001 Marchand - 50 Hoedic 200 m2 1931 à 1934 Péquart Péquart, 1954 51 Téviec 324 m2 1928 à 1930 Péquart Péquart et alii, 1937 52 Beg-er-Vil 23 m2 1985 à 1988 Kayser Kayser, 1992 53 Kerhillio 200 m2 1970 Quatrehomme Rozoy, 1978 54 Lannec-er-Gadouer 2 fosses 1993 à 1997 Boujot et Cassen Cassen, 2000 55 Kerjouanno 7 m2 1969 à 1970 Gouletquer Rozoy, 1978 ; Marchand, 1990 57 Malvant 125 m2? 1962 Bauer et Maurer Rozoy, 1978 58 La Croix-Audran 2001 Blanchet - 61 Lannuel 24 m2 2000 Pailler - 62 Pont-Glaz 3-4 m2 1987 Le Goffic Le Goffic, 1990 Tableau 2. Les sites du Mésolithique récent-final fouillés en Bretagne.

Identification du téviecien dans le temps et l'espace L'industrie lithique est le plus petit dénominateur commun pour les sites dont on dispose aujourd'hui ; c'est sur elle que repose pour l'instant l'appréhension des territoires culturels. La complémentarité avec d'autres domaines du système technique n'a jamais encore été abordée. Il est urgent de mener des analyses tracéologiques sur le silex pour mettre en évidence les actions techniques non réalisées par l'outillage en pierre. L'absence de burin, la rareté des grattoirs ou les perçoirs mal définis (parfois des lames à troncatures obliques) ont probablement eu des compensations dans l'outillage en matières non minérales. Pour les armes de jets, les macro-traces sur les bitroncatures symétriques plaident pour un usage en flèche tranchante. Mais il existe aussi quelques pointes osseuses

52 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002

éventuellement utilisables en sagaie, ainsi à Beg-an-Dorchenn (Rozoy, 1978). Les poinçons sur diaphyse animale sont très bien représentés : est-ce pour la fonction « percer » ou pour maintenir des vêtements ? Les bois de cerfs sont les outils les plus robustes préservés ; ils ont pu être dévolus au creusement du sol, action attestée à Téviec et Hoëdic. Les choppers sont rares et il ne semble pas y avoir d'autres outils susceptibles d'abattre des arbres. Cet inventaire trop bref ne rend pas grâce à un système technique largement dissimulé par les outrages du temps.

La comparaison des débitages impose un long travail de reconstitution des chaînes opératoires, pour comprendre leurs contraintes et leurs déterminismes, d'autant que la part des roches du socle augmente nettement à cette période (Gouletquer, 1991-92 ; Yven, à paraître). L'obtention de produits allongés sur certaines roches n'est pas évidente, à cause notamment des failles qui compromettent la construction des nucléus : ainsi des phtanites, des ultramylonites et dans une moindre mesure des microquartzites de la Forest-Landerneau. Il faut d'ailleurs remarquer que les lames à troncature ou à bord abattu sont rares dans le nord du Finistère, justement là où des matériaux de substitution médiocres jouent un grand rôle. La recherche de produits allongés, lames et lamelles, reste pourtant un objectif primordial des chaînes opératoires dans le Téviecien, mais avec de fortes variations : les lames et lamelles de plein débitage comptent pour 26,5 % 6 à Kerliézoc (n° 44 - données des sondages de 2001) contre seulement 5,4 % à Beg-er-Vil (n° 52). En règle générale, ces supports sont très sollicités dans l'outillage (39,9 % des lames sont des supports d'outils à Beg-er-Vil, 53,3 % à Kerliézoc). L'outillage commun aménagé comprend des troncatures sur tous supports, des bords abattus (en Morbihan et dans une phase chronologique récente) et des denticulés sur gros éclats. L'action qui a donné naissance aux coches de type Montbani est parfois identifiée, sur lames ou sur éclats, mais cela reste assez rare, contrairement aux industries à l'est de la Bretagne. Dans cette recherche sur les marqueurs culturels de territoires restreints, la principale distinction typologique repose sur des variations subtiles dans la confection des bitroncatures symétriques trapézoïdales. Certes, lorsque l'on compare leurs dimensions à Beg-er-Vil (n°52), à la Presqu'île (n°4) et à Kerliézoc (n°44), les différences sont très faibles à l'échelle de la région (fig. 2). Des distinctions générales se dégagent pourtant sur de grandes séries. Ainsi, la petite base est légèrement plus longue sur le site morbihannais que sur les deux sites finistériens. En d'autres termes, les troncatures seraient légèrement moins obliques à Beg-er-Vil. Par ailleurs, dans le Finistère sud, un autre faciès stylistique semble apparaître avec sur certaines bitroncatures une petite base très réduite, des troncatures particulièrement concaves et une longueur inférieure à la largeur, ainsi à Beg-an-Dorchenn, Ty-Nancien (n°36 - Berrou, Gouletquer, 1973) et Ty- Lann (n°35). Enfin, les industries à bitroncatures du nord Finistère se démarquent du reste du Téviecien par l'existence de retouches inverses rasantes autour de la petite base. Ce caractère concerne moins de la moitié des pièces, à Kerliézoc, à La Presqu'île, à l'Ormeau (n°21) ou au Moulin de Penguilly (n°3) pour ne citer que les corpus les plus importants. Il ne s'agit pas nécessairement des pièces les plus épaisses, ce qui écarte un déterminisme trop simpliste. La séquence de retouches est peu standardisée, empêchant de déterminer des sous-types particuliers. Pour ce qui est des autres différences techniques, il faut admettre que le caractère concave ou rectiligne des troncatures est également répandu dans toutes ces collections. En conclusion, il est impossible à partir d'une pièce unique de préciser la zone dont elle provient ; en revanche, des orientations stylistiques mineures semblent se matérialiser sur trois zones dès lors que l'on dispose d'un large corpus. C'est le premier élément qui laisse penser à des faciès techniques aux variations infimes sur des territoires restreints et encore mal délimité (Morbihan, Finistère-sud, Finistère-nord). Les coordonnées spatio-temporelles du Téviecien ont peu bougé depuis l'acte de naissance signé par J.-G. Rozoy : le Téviecien occupe les actuels départements du Morbihan et du Finistère, dans la deuxième moitié du VI ème millénaire avant J.-C. A la suite de O. Kayser, nous identifierons deux faciès typologiques successifs que nous proposons ici d'appeler faciès Hoëdic et faciès Beg-er-Vil. Le premier comprend des armatures asymétriques (bitroncatures trapézoïdales et triangulaires), tandis que le second voit la suprématie des bitroncatures symétriques et l'apparition des lames à bord abattu convexe. Certes le faciès Beg-er-Vil est largement dominant dans le Finistère, ce qui pourrait traduire des différences territoriales ; mais il ne faut pas oublier que le site éponyme se trouve en Morbihan et qu'il n'est d'ailleurs pas isolé (par exemple Kerhillio, n° 53). Le faciès Hoëdic serait centré autour de 5400-5300 avant J.-C. ; le faciès Beg-er-Vil se placerait autour de 5100-5000 avant J.-C. Les problèmes de calibration de coquillages ou d'ossements humains en contexte littoral sont loin d'être réglés ; il convient de rester très prudent dans l'usage de ces dates qui ne sauraient en elles-même fonder des hypothèses sur la néolithisation de l'Ouest. La signature technique téviecienne est suffisamment homogène sur la péninsule armoricaine pour que l'on s'interroge maintenant sur ce qui assure sa pérennité.

6 Produits bruts entiers et proximaux 53 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

23 ♦ Beg-er-Vil

21 O Kerliézoc ABrennilis

19 ♦ O A

17 ♦ O

15 ♦ ♦ A o OA* O ♦ Sj> 13 ♦ a O ♦ ♦ —1 ♦ ♦ A o ♦ +o A O A ♦ O O A û A 11 ♦ A AA QA* ♦ ♦ û O ♦ ♦ ♦ A A A ♦ ♦

Il 13 15 17 19 21 23 Longueur (en mm)

Figure 2. Diagramme des longueurs et largeurs des bitroncatures symétriques des sites de La Presqu 'île (Brennilis, Finistère), Kerliézoc (Plouvien, Finistère) et Beg-er- Vil (Quiberon, Morbihan).

2. Fonctionnement

Quels rapports à l'environnement végétal ? La forêt dense forme le cadre de vie général des peuples mésolithiques dans l'ouest de la France. Au VI ème millénaire avant J.-C, l'optimum climatique de l'Atlantique autorise le développement des espèces mésothermophiles. Les formations forestières denses sont dominées par le chêne, mais une grande diversité est de mise avec du noisetier en abondance, du tilleul, de l'orme et de l'aulne, plutôt en zones basses pour ce dernier taxon (Morzadec-Kerfourn, 1974; Delibrias et Morzadec-Kerfourn, 1975; Visset, 1979; Bernard, 1996; Marguerie, 2000 ; Ouguerram et Visset, 2001 a et b). Une série de colonnes polliniques récentes publiées par L. Visset et son équipe a permis d'ouvrir un nouveau débat quant à l'existence d'une très ancienne céréaliculture - au VII ème millénaire avant J.-C. - dont la Loire pourrait être le vecteur. Sous la tourbière submergée de Kerpenhir à Locmariaquer (Morbihan), un niveau de vase daté directement, mais avec un intervalle d'erreur important (7243 - 5817 avant J.-C), révèle une faible présence de céréales, concomitante d'une augmentation des pollens de noisetier, de plantain et de rudérale, et d'une baisse des pollens de chêne (Visset et alii, 1996). Ensuite et jusqu'au début du V ème millénaire, ces traces disparaissent. Dans la vallée de Gesvres, au nord de Nantes (Loire-Atlantique), plusieurs occurrences de Cerealia sont mentionnées dans des niveaux de vases compris entre le milieu du VII ème et le VI ème millénaire avant J.-C. (Ouguerram et Visset, 2001). Il en va de même à Langeais (Indre-et-Loire) dans l'intervalle 6586-5815 avant J.-C et à Montjean-sur-Loire (Maine-et-Loire) pour l'intervalle 6440-6220 avant J.-C. La présence épisodique du noyer et du sarrasin à ces époques est également mentionnée, ce qui est aussi troublant que les pollens de céréales cultivées (Visset et alii, 2002). Si l'on adopte les propositions des palynologues, il faut bien conclure que la totalité du Téviecien serait concernée par ce phénomène, avec en corollaire un vieillissement net du Néolithique ancien de ces régions. Mais cela va même au delà, puisque les premières datations de Kerpenhir, de Gesvres ou de Montjean-sur-Loire sont contemporaines de celles de Saint-Gildas IB à l'embouchure de la Loire, soit les premières phases à bitroncatures dans l'Ouest provisoirement regroupées dans le Gildasien (Marchand, 1999) . Dans ce cas, cette première agriculture se caractériserait par sa discrétion dans le paysage, la réversibilité de ses traces, son inertie évolutive pendant 1000 à 1500 années et l'absence d'outils agricoles spécifiques en roches dures. Le débat n'est probablement pas terminé entre naturalistes : d'aucuns soulignent les risques de confusion entre les pollens de céréales cultivées et ceux de certaines graminées sauvages (Marambat, 1995), avec des changements de dimensions éventuellement liées à des variations climatiques (O'Connell, 1987 ; Macklin et alii, 2000) . Notre attitude face à ces observations potentiellement révolutionnaires doit donc rester prudente. Il convient par ailleurs de remarquer qu'en Bretagne, le Néolithique ancien est diversement marqué par l'impact anthropique, de même que le Néolithique moyen I : en Finistère nord, la tourbière de Langazel (Trémaouézan) n'enregistre pas de céréaliculture avant l'intervalle 4360-4040 avant J.-C. ; il en va de même en Ille-et-Vilaine à Rennes, pour

54 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002 l'intervalle 4550-4160 avant J.-C. ou sur le littoral morbihannais à Arzon à une période comprise entre 4680-4340 avant J.-C. (Marguerie, 2000). En revanche à Kerpenhir, les traces irréversibles de l'économie agricole se mettent en place après 5000 avant J.-C, de même qu'à Montjean-sur-Loire.

Fonctionnement des espaces littoraux

Définition d'un littoral au Mésolithique Fmal Au VI ème millénaire avant J.-C, les travaux des palynologues et des géomorphologues concordent pour placer le niveau marin moyen autour de -10 mètres sous l'actuel (Pirazzoli, 1991). Pour donner une idée très générale des territoires perdus depuis sept mille ans, il est courant de considérer la courbe des - 5 mètres des cartes marines (CM), qui indiquerait le niveau des plus hautes mers. Il faudrait évidemment tenir compte de plusieurs effets isostatiques, comme un éventuel tassement local lié au poids de l'eau (Pinot, 1968), qui rend difficile les généralisations sur la péninsule ; on sait en revanche que le rôle de la tectonique est presque nul sur le littoral armoricain au cours de PHolocène (Morzadec-Kerfourn, 1999). Par ailleurs, le déblaiement des formations périglaciaires et le dépôt de vases sont deux dynamiques antagonistes qui confèrent aux lignes bathymétriques des cartes actuelles un intérêt tout relatif. Les études par réflexion sismique réalisées dans les années 1970 par J.-P. Pinot et Y. Delanoë dans le sud de la Bretagne concluent à une épaisseur moyenne de deux mètres pour la couche vaseuse ou sableuse déposée récemment ; elle peut atteindre cinq à quinze mètres par endroits (Pinot, 1968, 1974 ; Delanoë et Pinot, 1977). En conséquence, le trait de côte au VI ème millénaire fut peut-être plus proche du rivage actuel que ne l'indiquent les courbes de niveau des cartes marines, réalisées à partir des sédiments superficiels récents. Quoiqu'il en soit au VI ème millénaire, toutes les grandes îles bretonnes sont séparées du continent ; il existe alors de vastes ensembles insulaires aujourd'hui morcelés, comme le bloc Houat-Hoëdic ou les archipels de Molène et de Glénans. Ces chapelets d'îles et d'îlots ne sont plus que les points élevés de véritables Atlantides préhistoriques ; le travail de l'océan et la couverture dunaire sont probablement responsables de l'absence de traces datant du Mésolithique, malgré les prospections récentes (Pailler, Sparfel, 2001).

Dans des courbes désormais anciennes, M. Ters et M.-T. Morzadec-Kerfourn proposaient une oscillation positive de la transgression flandrienne entre 5500 et 5000 avant J.-C. (Ters, 1973 ; Morzadec-Kerfourn, 1974), ce qui aurait pu avoir une incidence sur les occupations littorales du Mésolithique final. Il conviendrait d'en vérifier la réalité lors de nouveaux travaux. Cependant, en confrontant les données archéologiques et géomorphologiques, une crise environnementale semble pouvoir être diagnostiquée sur le site insulaire de Hoëdic (fig. 3). Les courbes bathymétriques des -10 et -5 mètres (CM) autour de l'île Houat-Hoëdic sont particulièrement espacées, ce qui révèle des fonds marins vraisemblablement peu inclinés. Lors de la remontée des océans à la période qui nous intéresse, les territoires de prédation ont dû connaître une diminution drastique : cela se traduit d'une part dans le faible nombre de restes de vertébrés terrestres (Péquart, 1957), d'autre part dans l'alimentation puisque 70 à 80 % des protéines ingérées par les individus ont une origine marine (Schulting et Richards, 2001). La présence de cerf et de sanglier implique cependant une certaine étendue des territoires de chasse ; c'est le cas avec la courbe -10 mètres CM (l'île mesure alors une quinzaine de kilomètres de long), mais pas avec la courbe des -5 mètres CM, qui sépare alors nettement Houat et Hoëdic et qui correspondrait mieux à nos connaissances actuelles sur les niveaux marins. Les distorsions entre les données archéologiques, la reconstitution des niveaux marins et celle du trait de côte illustrent toute la complexité de cette paléogéographie. La position des habitats dans le paysage est susceptible de nous donner une première indication concernant l'usage qui est fait de la ligne de côte. Comme l'indiquent leurs noms en breton, Beg-an-Dorchenn (n°29) ou Beg- er-Vil (n°52) sont des pointes. Mais en réalité, les habitats occupent des zones un peu moins exposées aux vents, le long du promontoire et non à son extrémité. Il est possible pour le site finistérien de souligner l'intense érosion naturelle et humaine, qui a pu venir à bout des restes mésolithiques anciennement abondants sur tout le reste du promontoire (P. Gouletquer, communication personnelle). La démonstration est moins convaincante à Beg-er-Vil. A Hoëdic également, c'est la totalité de la petite pointe qui est occupée, mais sur le littoral qui tourne dos au large et qui regarde vers l'actuelle baie de Quiberon. Il reste le cas de Téviec, à l'époque attaché au continent. L'habitat est exposé à l'ouest c'est à dire à toutes les tempêtes. Tout en connaissant les difficultés pour définir exactement la position du rivage à cette époque, il semble pourtant que ce site était en zone littorale, ce qui est conforté par la masse de coquillages et par le régime alimentaire des habitants (Schulting et Richards, 2001). Les petits sites de sommet de falaise vive forment une autre gamme d'implantation humaine, avec comme exemple les plus extrêmes les stations de la pointe du Cap Sizun (n°5 et nô 23 à 26 - Arbousse-Bastide, 2001). Il est encore difficile de concevoir la manière d'habiter en ces lieux très exposés, faute de fouilles. Seule les travaux sur le site retzien de la Gilardière (Pornic, Loire-Atlantique ; Marchand, 1999) pourrait fournir un parallèle avec le Mésolithique de Bretagne ; les occupations répétées autour d'une zone de combustion démembrée sont probablement liées à des activités de prédation, dénoncées par la production préférentielle d'armatures. Sur la côte, une première dichotomie pourrait donc apparaître entre des habitats pérennes, « assez abrités », matérialisés par des dépôts coquilliers et des sites plus petits, sans coquilles, exposés en sommet de falaise (Gouletquer et alii, 1996). Comment cette organisation se traduit-elle dans la structure des outillages ? Parmi ces vestiges lithiques toujours abondants, seuls des remontages physiques très poussés pourraient nous permettre de définir la représentation exacte de toutes les phases 55 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

des chaînes opératoires de débitage. En d'autres termes, la phrase désormais rituelle « toutes les phases des chaînes opératoires sont présentes » n'a qu'un intérêt descriptif très limité pour ce type d'industrie peu spécialisée et peu segmentée dans l'espace. Le taux d'armatures par rapport à l'outillage aménagé a été proposé pour différencier les amas coquilliers des stations logistiques ; il vient en complément d'une analyse technologique qui définit les orientations du débitage (Marchand, 2000 B). Dans les grands habitats, le taux d'armatures par rapport à l'outillage aménagé est de 50 %, tandis qu'il atteint les 75 % sur certains sites logistiques. Par ailleurs les chaînes opératoires de production de lamelles semblent plus développées sur ces petits sites. S'opposeraient donc un spectre technique large, caractéristique des grands sites, et un spectre restreint sur des petits sites de sommet de falaise.

Figure 3. Carte des niveaux bathymétriques -5 et -10 m (CM) au sud de la Baie de Quiberon, d'après la carte IGN au 1/25000 ème (DAO : A. Le Boulaire - G. Marchand).

Définition d'une économie de prédation littorale : spectre de faune et rythme d'exploitation Sur le littoral, les cerfs (Cervus elaphus), les chevreuils (Capreolus capreolus) et les sangliers (Sus scrofa scrofa) sont une des bases de l'alimentation ; l'aurochs (Bos primigenius) est présent en plus faible quantité. Aucun reste domestique n'est connu, comme l'ont montré des travaux récents (Tresset, 2000). On connaît également à Téviec et à Hoëdic des ossements de cétacés, interprétés comme des victimes d'échouage. Le seul animal domestique est le chien (Canis familiaris) : un compagnon de chasse ou un animal de boucherie ? La liste des oiseaux est longue, avec en tête les canards et de nombreux oiseaux marins. Tous ces volatiles ont-ils été réellement chassés ou s'agit-il parfois de morts naturelles sur un habitat déserté par les hommes ? Les travaux à venir sur les traces de décharnement permettront de préciser ces points, au moins pour quelques espèces. La collecte des coquillages ou des crabes semble dépendre des ressources disponibles localement, sans que l'on puisse définir d'orientation particulière dans les spectres (travaux de C. Dupont et Y. Gruet - ce volume). La pêche est moins bien documentée, à cause de la fragilité des restes : il y avait au menu des daurades (Sparidés), des seiches (Sepia officinalis), des labres ou vieilles (Labrus berggylta), des raies (Raja sp.), du requin peau-bleur (Prionace glauca) et du requin Hâ (Galeorhinus galeus) (Péquart et alii, 1937 ; Desse et Granier, 1976). Toutes ces espèces sont accessibles lors d'une pêche côtière avec des palangres ou des filets, éventuellement installés à l'aide de pirogues (Le Gall, 1998).

Pour des populations de chasseurs-cueilleurs, la période critique est la sortie de l'hiver et le début du printemps, alors que les stocks éventuels de ressources végétales sont épuisés. La viande des animaux est la plus maigre et consommée seule, elle présente une toxicité élevée (Chenorkian, 1989) ; les coquillages peuvent alors être essentiels par leur apport en hydrates de carbone. Des premières études de saisonnalité réalisées par C. Dupont (Université de Paris I) à partir des palourdes révèlent d'ailleurs que l'amas coquillier de Beg-er-Vil à Quiberon

56 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002 aurait été occupé en début de croissance de ces coquillages, soit au début du printemps. On sait par ailleurs que certains bivalves, comme les moules, sont trop maigres après la période de reproduction ; l'été n'est pas une période très favorable pour cette consommation. Autre donnée : la période d'occupation pourrait être l'hiver à Téviec, avec une chasse des canards siffleurs, mais c'est une approximation discutable puisque le reste de la faune a pu être chassé tout au long de l'année. L'intérêt de ces travaux est principalement de réviser notre ethnocentrisme : la frange littorale peut être habitée à l'année et la période chaude n'est pas forcément la plus attractive. Il reste à espérer que la convergence des considérations sur la saisonnalité permette un jour de dépasser les limites des fouilles anciennes. Par ailleurs, les travaux réalisés dans les nécropoles de Téviec et Hoëdic sur les isotopes du carbone et de l'azote dans les ossements humains ont donné des résultats particulièrement novateurs (Schulting et Richards, 2001). A Hoëdic, le fort taux de carbone 13 dans les os humains traduit, on l'a vu, une forte dépendance des milieux marins pour la part protéique de l'alimentation. A Téviec en revanche, l'alimentation est proche de l'équilibre entre protéines d'origine marine et protéine d'origine terrestre. Un tel équilibre n'est pas sans rappeler d'ailleurs les communautés du sud du Portugal qui occupent les fond d'estuaires (Lubell et alii, 1988, 1997). N'y a-t-il pas là la signature d'une économie de prédation à large spectre ? La durée d'occupation d'un habitat et au delà les rythmes d'exploitation des espaces littoraux est encore impossible à décrire précisément. Des dates récentes montrent que les corps humains de Téviec ont été inhumés aux alentours de 5200-5300 avant J.-C, tandis qu'à Hoëdic les dates s'étendraient aussi sur la première moitié du V ème millénaire avant J.-C. (Schulting, 1999). Enfin, la monotonie des types d'armatures à Beg-er-Vil tendrait à prouver que les dépôts ont été assez courts, à l'échelle des mutations typologiques et ce malgré l'épaisseur du dépôt (0,60 mètre).

Fonctionnement des espaces de la Bretagne intérieure La Bretagne intérieure est-elle complémentaire de ce système littoral ou bien fonctionne-t-elle indépendamment ? Plus affectés par la conservation différentielle, les habitats mésolithiques sans coquilles ne peuvent nous donner qu'une image lacunaire des occupations. En outre, la connaissance de l'occupation de ces zones ne date que du début des années 90, avec les travaux de P. Gouletquer et de son équipe. Elle se base encore pour beaucoup sur les découvertes dans les labours, mais de récents sondages tendent à corriger les biais de l'échantillonnage, tout en mettant en évidence les processus érosifs qui biaisent notre perception des dimensions réelles du site. Même si les vestiges lithiques du Mésolithique sont très nombreux sur le Massif armoricain, les prospections montrent qu'ils ne sont pas uniformément répartis. L'implantation des sites est susceptible de nous orienter sur les ressources convoitées (sans compenser évidemment le retard par rapport à la zone côtière), le maillage territorial voire la conception de l'espace, à condition de prendre en compte de nombreux paramètres géomorphologiques et géographiques.

Implantation des sites La distinction entre les voies d'eau potentiellement navigables et les vallons secondaires, secs ou occupés par un ruisseau, apparaît comme pertinente pour distinguer les zones attractives dans l'intérieur des terres (tab. 3). Le long des cours d'eau importants, les basses terrasses sont le siège d'habitats de grande superficie (fig. 4). Parce qu'il a fait l'objet de sondages en 2001, le site de la Villeneuve (n°15) est pour l'instant le mieux connu dans ce type de contexte. Les vestiges occupent une aire de 300 mètres de long pour 100 mètres de large sur la première terrasse non inondable, avec de multiples troncatures sédimentaires faites par l'Ellé, de telle sorte qu'il est difficile de préciser la position exacte de l'habitat par rapport aux anciennes rives. Le cours inférieur de cette rivière est particulièrement encaissé ; l'habitat profite d'une ouverture de ce canyon, à un endroit de rupture de charge marquée par les accumulations de gros galets. Orientées au sud-ouest, les terrasses font face à une rive abrupte et concave, où alternent falaises et éboulements mal tenus par la végétation. Cette configuration a favorisé à la fois l'habitat préhistorique et son enfouissement ultérieur ; outre quelques vestiges épipaléolithiques, les composantes du Mésolithique moyen et du Mésolithique final de faciès Hoëdic sont bien représentées, hélas dans un unique niveau très altéré par les labours. D'autres habitats sont installés sur des terrasses aujourd'hui inondables, ainsi des vestiges de Kerlierno (n°59) sur une ancienne île du Blavet. Ces trouvailles de surface impliquent un faible alluvionnement à l'Holocène ; d'autres segments de rivières sont probablement enfouis profondément aujourd'hui ou bien détruits. Dans ces contextes, la masse de vestiges est particulièrement importante, avec de fréquents palimpsestes. Les vallons forment une autre catégorie géographique attirante pour les hommes du Mésolithique, mais cette fois il n'y a pas de corrélation entre la densité de vestiges, la dimension de leur aire de répartition et la position topographique : on les rencontre en rebord de plateau comme à Loc-Ivy (n°41) ou à Creac'h Miné Vihan (n°39), sur une pente douce orientée au nord comme à Kerliézoc (n°44) ou en fond de vallon comme La Croix-Audran (n°58 - Blanchet, à paraître). Deux petits abris-sous-roche en chaos granitique ont été trouvés en Bretagne centrale (n°30 et 33 - Le Goffic, 1990). Les exploitations partielles ne permettent pas de préciser s'ils font ou non partie d'un plus vaste ensemble. Ce dernier pôle, loin des cours d'eau cette fois, n'étonnera pas le préhistorien avide de déterminisme naturel ou soucieux de verticalité rassurante. Si l'on veut prolonger dans cette lecture de l'espace, on peut mentionner que les habitats littoraux de Kerhillio et de Malvant (n°57 et fig. 3) entourent un gros rocher, tandis qu'à Téviec l'amas est installé juste en contrebas du sommet rocheux de l'île. Mais ces rapports à une paroi supposée sécurisante sont finalement rares, peut-être faute de recherche en ce sens.

57 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

Rivière navigable - basse terrasse Ruisseau Littoral - sommet de falaise Bord de plateau Fond de Flanc de Zone non- Proximité d'un Terrasse Terrasse non- Zone exposée inondable inondable vallon vallon exposée ruisseau Téviec Loc-Ivy Hoedic Moulin de Bestrée-2 Plessis-Lopeau-1 Brenterc'h Penguily La Presqu'île Bestrée-3 Ty-Lann La Villeneuve La Croix- Kerjouanno Penity-Saint- Kerliézoc Beg-an- Ty-Nancien Campoul Audran Pointe du Van Laurent L'Ormeau Dorchenn Creac'h Miné Coz-Castel Feunteun-Aod Kerguidu Mikaël Beg-er-Vil Vihan Trou de Kergoniou Kerhillio Guevroc l'Enfer Kerlierno Lannuel Pors-Bali Tableau 3. Implantation des sites du Mésolithique récent-final, suivant quelques paramètres jugés significatifs.

Littoral non-exposé - sommet de falaise Littoral exposé - sommet de falaise Rivière navigable - terrasse inondable Rivière navigable - terrasse non-inondable + Bord de piateau Ruisseau - fond de valton Ruisseau - flanc de vallon Autres implantations 0 50 100 km Figure 4. Types d'implantations des sites attribués au Mésolithique récent et final en Bretagne (DAO : G. Marchand).

Dans ce panorama somme toute assez restrictif, il manque des implantations en bordure de plateau le long d'une voie d'eau potentiellement navigable, alors que l'on voit mal les problèmes de préservation ou de prospection qui pourraient affecter les découvertes en ces endroits. Cette position dominante est justement celle des grands amas coquilliers des fonds d'estuaires portugais, tant le long de la rivière de Muge (Cabeço da Arruda, Cabeço da Amoreira, Moita do Sebastiâo - Roche, 1972) que le long du Sado (Cabeço do Pez, Cabeço do Rebolador ou Arapouco - Arnaud, 1990). D'ailleurs, les sites d'estuaires n'apparaissent jamais dans les inventaires du Mésolithique final breton, alors que des travaux récents nous ont permis de les retrouver en Pays de la Loire dans le Retzien (Marchand et alii, 2002). Il manque aussi les positions en milieu de plateau. La fosse 1 de Lannec-er- Gadouer à Erdeven dans le Morbihan (Boujot et alii, 1998 ; Cassen, 2000) est un contre-exemple un peu particulier : elle ressortit au domaine funéraire, ses deux armatures sont des types intrus dans la région et le site est très proche du littoral. Il semble donc que l'habitat du Mésolithique final en Bretagne implique un rapport immédiat à l'eau, et ce contrairement à de nombreux sites du Mésolithique moyen (par exemple dans le Groupe de Bertheaume, en Finistère). Cependant, bien que la relation entre les habitats mésolithiques et les marécages ait été soulignée par P. Gouletquer, que ce soit sur le littoral pour Beg-an-Dorchenn ou dans les Monts-d'Arrée à la Presqu'île (Gouletquer, 1991-92), nos connaissances sur le paléo-environnement ne permettent pas de mesurer localement le degré d'engorgement des vallées à cette époque et de confirmer cette assertion.

58 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

La Presqu'île à Brennilis : un exemple de système de production au centre de la Bretagne La dépression des Marais de l'Ellez - ou Yeun Ellez - forme au milieu des Monts d'Arrée (Finistère) une entité géographique très particulière, un cirque que le site mésolithique de la Presqu'île, situé en son centre, semble commander (fig. 5). Le faible écoulement des eaux en fait une zone naturellement très humide. La construction d'un barrage en 1937 a entraîné l'inondation des tourbières par un lac de 450 hectares. Lors de travaux d'entretien de cet ouvrage en 1989, le niveau des eaux a été baissé de deux mètres, dégageant de larges « estrans ». Les prospections systématiques à l'aide d'un carroyage menées par P. Gouletquer ont alors permis de recueillir 1411 pièces, réparties en deux zones aux limites floues, peu séparées dans l'espace et nommées Est (896 pièces) et Ouest (515 pièces). En 2001, dix-sept sondages réalisés par l'auteur de ces lignes en arrière de l'actuel rivage n'ont en revanche rien livré ; cet habitat a été totalement dégradé par le mouvement des eaux dans la retenue artificielle, qui a effectué un tri de l'industrie lithique. Rien d'étonnant alors qu'un nouvel échantillonnage, réalisé par tamisage en haut de la berge actuelle, n'ait donné que des éléments de fins de chaînes opératoires, essentiellement des lamelles et des microlithes (1048 pièces). Les hommes du Mésolithique s'étaient installés sur un versant exposé au nord, le long du Roudouhir, un peu en amont de son intersection avec l'Ellez. Dans la cuvette, l'apparition des sphaignes est enregistrée avant 4200 avant J.-C. à Saint-Michel-de-Braspart (Van Zeist, 1964) et vers 4000 avant J.-C. au Vénec (Visset et Marguerie, 1984) ; la formation des tourbières semble donc être contemporaine du Néolithique moyen II à cet endroit. On ne peut exclure l'existence de tourbes plus anciennes, à la faveur des irrégularités du plancher rocheux, mais leur détection est encore aléatoire et de toutes les façons, les marais n'atteignaient pas leur actuelle extension.

Figure 5. La Presqu'île (Brennilis). Emplacement du site mésolithique (DAO : A.-E. Gicquel - G. Marchand).

De manière paradoxale, le site de La Presqu'île reste pourtant une des références majeures de la fin du Mésolithique en Finistère, à cause de sa grande homogénéité technologique et typologique. La quasi-exclusivité des bitroncatures symétriques permet de le placer dans le faciès Beg-er-Vil ; les retouches inverses rasantes autour de la petite base l'intègrent au groupe typologique du Finistère-nord. Mais ce site est surtout exemplaire par les circulations de roches que l'on y observe : tout ce qui se taille dans un périmètre de trente-cinq kilomètres a été utilisé, ce qui nous donne la mesure d'une zone économique du Mésolithique final. L'éloignement de toutes les roches permet d'entrer de manière plus aisée dans un système de valeur préhistorique, au sommet duquel trône le silex. Qu'est ce qui sous-tend cette hiérarchie des roches taillées ? Les galets de silex d'origine côtière détenaient

59 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002 une valeur maximale, puisqu'ils sont à la fois les plus utilisés et les plus lointains (fig. 6). Il faut chercher dans la technologie du débitage d'éventuelles réponses à cette orientation. A la différence des autres, ces galets patatoïdes permettent d'obtenir des produits allongés avec régularité et suivant des normes standardisées. Les méthodes de taille et les objectifs ont été adaptés à la configuration des matériaux métamorphiques de la région. Sur l'ultramylonite de Mikaël - massive, faillée, à structure assez grossière - il y a à la fois un débitage d'éclats par une méthode bifaciale et une production de lames épaisses non standardisées. Sur les plaquettes de microquartzite de la Forest-Landerneau - massive, faillée, micro-grenue - les tailleurs ont aussi opté pour une exploitation faciale, en vu d'obtenir des éclats minces ; le débitage discoïde, également reconnu, est un autre traduction de ce schéma conceptuel. Sur les calcédoines du Clos - fragiles, finement litées, translucide, au grain très fin - de semblables principes sont en application, avec comme contraintes supplémentaires des plans de clivage particulièrement étroits (moins de dix millimètres) et une roche qui se casse facilement. Il est important de noter que ces adaptations aux matériaux donnent des supports divers, qui serviront, pour les plus minces, à la réalisation des armatures. La souplesse des chaînes de production du Téviecien se traduit donc par sa capacité à user de toutes les roches du socle, avec une moindre exigence quant à la régularité des supports, ce qui est particulièrement original parmi les débitages de lames prismatiques d'Europe de l'Ouest.

Qzite Q GA Cale. UM FL Phtanite Sx

Figure 6. La Presqu'île (Brennilis). Distances parcourues pour acquérir les matières premières et proportions de matériaux. L'origine du grès lustré est supposée être la région de Douarnenez, dans le Finistère-sud, ce qui reste conjectural. Qzite : quartzite ; Q : quartz ; G A : grès armoricain ; Cale : calcédoine du Clos ; UM : ultramylonite de Mikaël ; FL : microquartzite de la Forest-Landerneau ; Sx : silex ; GL : grès lustré.

Les roches atteignaient le site sous forme de matières brutes et non de produits finis. Mais pourquoi importer des roches aux faibles aptitudes à la taille, comme les phtanites de Callac ? Ont-elles d'autres valeurs, symboliques ou esthétiques ? Matérialisent-elles seulement des réseaux d'échanges ou des déplacements humains ? Quoi qu'il en soit, le déplacement de ces matières ne répond pas à une stricte logique technique ; il pourrait être le témoignage indirect de la vitalité des économies mésolithiques, avec des communautés qui assurent le transfert des matériaux dans cette zone centrale de la péninsule. Mais ces vestiges pourraient tout autant avoir été abandonnés lors de réunions périodiques des communautés de toute la Bretagne au milieu de ce cirque naturel, ou bien encore elles peuvent traduire d'un circuit de migration d'un seul groupe sur tout le nord du Finistère. Aucun de ces scénarios ne peut être validé par les faits archéologiques.

Caractères généraux de la circulation des roches dans le Téviecien Rares sont les sites du Mésolithique final où domine une roche autochtone, hormis les sites-carrières pour reprendre un terme proposé par E. Yven (Yven, à paraître), comme Mikaël (n°62) ou Loc-Ivy (n°41), ou leurs environs immédiats (moins de dix kilomètres). D'ailleurs, la moindre représentation du silex dans certaines zones pourrait être due à des difficultés d'approvisionnement sur le littoral qu'il reste à comprendre cas par cas (estrans pauvres, difficultés « politiques »). C'est par exemple le cas dans les Côtes d'Armor, avec le phtanite de Callac qui semble être particulièrement dominant au Mésolithique final sur les sites-carrières, mais aussi autour de la vallée de

60 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002 l'Hyère (Yven, ce volume). Pour les raisons technologiques exposées au paragraphe précédent, le silex reste pourtant la roche privilégiée, ce qui implique in fine des relations permanentes entre l'intérieur et la côte. Les caractéristiques des territoires de diffusion vont dépendre de plusieurs facteurs : la qualité de la roche, la concurrence qu'elle rencontre et l'ensemble des attributs symboliques qui lui sont conférés par les hommes préhistoriques. A l'instar des grès éocènes (grès lustrés), le microquartzite de la Forest-Landerneau est une bonne roche concurrente du silex, du point de vue des aptitudes à la taille : elle représente plus de 50 % de l'industrie à Kerliézoc, à douze kilomètres pourtant du gisement d'origine en direction du littoral. Il est probable que la rareté du silex sur cette côte a favorisé cette diffusion. On rencontre cette matière à l'état de traces jusqu'à quarante kilomètres des affleurements. On peut à l'inverse considérer que la diffusion du grès lustré de Kervouster dans le Finistère-sud est largement contrée vers le littoral par l'abondance des silex provenant de la baie d'Audierne. Quoiqu'il en soit, pour ces deux roches, les territoires de diffusion sont nettement déformés vers l'intérieur (fig. 7). Il en va de même mais sur une moindre échelle pour des matières de moins bonne qualité comme les ultramylonites de Tréméven ou de Mikaël. Il reste enfin les diffusions anecdotiques, révélatrices de la mobilité des groupes et de motivations incompréhensibles en termes techniques : on retrouve ainsi 0,4 % d'ultramylonites de Mikaël à Kerliézoc (cinquante-cinq kilomètres des gisements) ou 2 % d'ultramylonites de Tréméven à Pors-Bali (n°19), sur la côte à quinze kilomètres des gisements. Il faut donc remarquer que les roches de substitution « remontent » difficilement le flux permanent qui va du littoral vers l'intérieur, sauf lorsque le silex est rare comme dans le nord du Finistère ou dans les Côtes d'Armor. En définitive, tout se passe comme si un flux de matériaux « soufflait » en permanence de la côte vers l'intérieur, déformant vers l'aval les territoires de diffusion des roches autochtones. Quels sont les dimensions des territoires d'acquisition ? Le silex peut être transporté sur une soixantaine de kilomètres ; en revanche, les meilleures roches autochtones ne dépassent guère les trente kilomètres. Les contacts entre le nord et le sud de la péninsule semblent apparemment nuls ; en tous les cas, rien ne laisse penser à un territoire de migration à cette échelle. Jusqu'à présent, ni le microquartzite de la Forest-Landerneau, ni Pultramylonite de Mikaël ne sont connus au sud du Finistère malgré l'ampleur des prospections. Il conviendrait de chercher des marqueurs particuliers pour vérifier si les galets de silex abondants dans le sud du Finistère n'ont pas été diffusés à longue distance vers l'Est et le Nord aux rivages plus pauvres. L'économie des matières premières téviecienne apparaît comme la résultante de plusieurs paramètres : une hiérarchie qui privilégie le plus souvent le silex, une organisation économique et sociale qui permet le transport des roches sur une soixantaine de kilomètres mais avec efficacité sur trente kilomètres, des normes techniques suffisamment souples pour accepter la plupart des roches à grain fin.

Cet ensemble de choix culturels est aussi caractéristique du Téviecien que la typologie des outillages. Il s'éloigne à l'évidence d'un système d'approvisionnement au plus près, mais il est différent également des systèmes sélectifs du Néolithique armoricain. Il faut maintenant tenter de s'interroger sur l'organisation territoriale des communautés, dont l'économie des matériaux n'offre qu'un aspect d'interprétation difficile.

Quelle économie vivrière ? A l'intérieur des terres existent des ressources extrêmement abondantes en milieu fluvial, comme les saumons. Il est à craindre pourtant qu'aucun gisement de Bretagne intérieure ne livre jamais de restes osseux : la démonstration d'une économie de pêche restera donc un vœu pieux. Et pourtant, quelle tentation de relier ces vastes habitats de fonds de vallée à l'exploitation préférentielle d'une ressource dont on sait qu'elle fut extrêmement importante aux époques historiques ! Les saumons offrent le meilleur poids de chair lors de leur remontée des cours d'eau de juin à novembre, l'arrivée massive des animaux se situant au printemps et surtout à l'automne (octobre- novembre). Au début de l'hiver, après le frai, ces poissons gagnent l'océan ; leur forte perte de poids rend alors leur capture moins attractive. Sous nos latitudes, il s'agit donc d'une ressource présente en permanence, avec des pics susceptibles de supporter une économie de stockage connues ailleurs dans le monde (Testait, 1982 ; Woodburn, 1982). Quant à en trouver les traces archéologiques... Par ailleurs, il n'échappera à personne qu'en l'absence de sites correctement préservé, rien ne garantit que le Téviecien accompagne systématiquement des économies de prédation dans le centre de la Bretagne : le temps n'est pas venu de saisir sur cet espace tous les délinéaments de la néolithisation. Il convient plutôt de formuler la conclusion ainsi : à chaque fois que l'on a pu observer sur la côte la faune associée au Téviecien, elle était sauvage.

3. Interactions Pour finir de comprendre ce qui se cache derrière l'unité technique du Téviecien, il importe d'en faire apparaître les spécificités en regard des entités techniques contemporaines et ultérieures.

A l'est de la vallée de la Vilaine, apparaît une autre entité technique qualifiée par J.-G. Rozoy de Retzien. Elle est désormais connue sur une quarantaine de stations, essentiellement en Loire-Atlantique et en Vendée (Rozoy, 1978, Joussaume, 1981, Marchand, 1999). Grâce aux travaux de M. Tessier, celles du sud de l'embouchure de la Loire sont particulièrement bien perçues (Tessier, 1984). La petite superficie des habitats, leur espacement régulier

61 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002 sur la côte et l'orientation des chaînes opératoires vers la fabrication d'armatures de flèches laissent penser à une exploitation régulière par de petits groupes dans l'estuaire de la rivière de Pornic (Loire-Atlantique) aujourd'hui submergé (Marchand, 2000 B ; Marchand et alii, 2002). Une seule date obtenue sur terre charbonneuse fixe l'occupation de la Gilardière entre 5601-5242 avant J.-C., soit un intervalle contemporain du Téviecien de faciès Hoëdic. Le Retzien est probablement l'entité technique la plus intrigante de l'Ouest, puisque des caractères mésolithiques traditionnels s'associent à des traits techniques issus d'un Néolithique ancien d'origine méditerranéenne. Les matériaux locaux (quartzarénite de Montbert, phtanite, galets de silex d'origine côtière) sont amplement utilisés dans un débitage qui ne cache pourtant pas ses liens avec certaines productions des groupes de la Céramique imprimée. Ainsi en Languedoc occidental, le matériel lithique de deux habitats de Portiragnes, Peiro Signado et Pont de Roque-Haute, présente des similitudes troublantes dans le débitage avec le Retzien : certes l'usage de la pression est manifeste ce qui le distingue de la percussion indirecte diagnostiquée dans le Centre- Ouest, mais la construction du volume est identique, avec notamment la définition de tables étroites, orthogonales aux flancs (Briois, 2000 7). Il faut également insister sur le facettage comme préparation du plan de percussion, simple procédé dont on a pu montrer qu'il est en fait une modalité technique exclusive au sud de la Loire (Marchand, 1999). A ce stade de l'enquête, cette ressemblance peut être une simple convergence technique, mais de semblables liens ont également été définis pour les armatures (Joussaume, 1981). A côté des microlithes classiques au Mésolithique final dans l'Ouest (trapèzes de Téviec, bitroncatures symétriques, triangles scalènes, armatures à éperon), l'armature du Châtelet vient rappeler les rapports avec le Néolithique ancien méridional ; le phénomène de traduction technique a été décrit ailleurs (Marchand, 1999, 2000 A). Est-ce un véritable métissage ou le résultat de mélanges systématiques ? L'usage des roches locales sans distinction de types, la réalisation des différentes armatures sur des supports semblables, leur association systématique sur les mêmes habitats plaident pour une dynamique analogue, même si l'absence de stratigraphie interdit encore de saisir le rythme des changements. Les similitudes avec le Téviecien apparaissent dans l'économie des matières premières, qui privilégie les ressources locales, mais aussi dans la structure globale de l'outillage commun ; les différences portent d'abord sur la gestion des volumes et sur le large panel de types d'armatures en Centre-Ouest. S'opposerait ainsi une zone ligérienne ouverte à toutes les influences et une péninsule armoricaine où se développe un système technique plus monolithique. Mais le Retzien a nécessairement été le filtre entre le Mésolithique breton et le Néolithique ancien aquitain d'origine méditerranéenne, avec des interactions et des intégrations que l'on ne peut encore qu'imaginer. La présence très fugace d'armatures du Châtelet en Morbihan et en Finistère participe de ces voies de recherche encore évanescentes (Marchand et Yven, 2000).

En Bretagne, les bitroncatures symétriques du Téviecien et du Néolithique moyen diffèrent seulement par leurs dimensions et leurs proportions (Marchand, 1999 ; Tessier, 2001). Si on peut affirmer qu'il n'y a pas de rupture dans le concept des armatures - la flèche tranchante - il est difficile de déterminer une filiation directe à cause des rapides convergences lorsque l'on fabrique des flèches tranchantes par retouches abruptes. Par ailleurs, cette mode n'est pas apparue en Bretagne et elle ne s'y est pas cantonnée au Néolithique. La différence entre les systèmes de production lithique téviecien et néolithique réside davantage dans les caractères de l'outillage commun, ce que l'on interprète comme un effet de la révolution fonctionnelle de la néolithisation. Mais comment comprendre le passage de l'un à l'autre ? Force est de constater que le Villeneuve-Saint-Germain qui pénètre à l'est de la région vers 4800 avant J.-C. (Cassen et alii, 1998) et que l'on commence à saisir sur une bonne partie de la péninsule (Herbaut et Pailler, 2000) n'est pas du plus grand intérêt pour répondre à cette question, tant il diffère du Mésolithique final et du Néolithique moyen. En revanche, des liens apparaissent avec les chaînes opératoires du Néolithique moyen I, puisque le débitage du Mésolithique final dans le nord du Finistère est orienté lui-aussi vers la production d'éclats, tirés au percuteur dur ; les différences deviennent ténues, mais il s'agit de liens par défaut entre des systèmes techniques à faible prédétermination.

La monotonie des caractères techniques et l'économie très locale des matériaux confère au Téviecien l'aspect d'un système technique fermé, au regard des productions contemporaines plus orientales comme le Retzien. Les solutions techniques trouvées par les tailleurs du Néolithique moyen I sont assez proches de celles du Téviecien, mais il s'agit d'un caractère très largement partagé par les industries de l'horizon Cerny-Chambon dans le nord de la France, et non plus d'un effet d'isolat.

7 Je remercie vivement F. Briois de m'avoir permis de manipuler cette série lithique. 62 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

Style du Finistère-Nord O ^A 100 Km

•NT

UM ' V

Phtanite

GL

Style du Morbihan

Style du Finistère-Sud

Gtte connu

Zone préférentielle de diffusion des matériaux

Figure 7. Carte schématique des traceurs territoriaux connus pour le Mésolithique final de Bretagne. La diffusion des principales roches utilisées pour la confection des industries affecte une distorsion vers l'intérieur de la péninsule. Les trois styles typologiques décelés parmi les armatures sont signalés par des rectangles. Pour mémoire, la position du Retzien est indiquée au sud-est de la région. FL : microquartzite de la Forest-Landerneau ; UM : ultramylonite de Mikaël ; GL : grès lustré : UT : ultramylonite de Tréméven ; JSN : jaspe de saint-Nazaire.

4. Combinaison des paramètres En conclusion, il est important de noter que la notion de communautés mésolithiques reléguées sur les rivages bretons n'a plus lieu d'être. La péninsule est tout entière occupée et plusieurs éléments de l'enquête laissent penser à une certaine stabilité des territoires pour la période finale du Mésolithique, avec des dimensions assez restreintes. Sur le littoral, le fort taux de nourriture d'origine marine à Téviec et Hoëdic et la rareté des roches de substitution d'origine continentale le laissent croire. Le fait que les roches autochtones ne se retrouvent pas sur toute la péninsule nous incite à étendre cette remarque à l'intérieur. Les réseaux de diffusion perdent toute compétence après soixante kilomètres, ils sont déjà très affaiblis à environ trente kilomètres, ce qui converge vers cette idée de territoires restreints. Enfin, les trois groupes typologiques peu prononcés correspondent bien à ces distances assez faibles, de l'ordre de trente à cinquante kilomètres. L'homogénéité du système technique sur toute la Bretagne implique pourtant des contacts à plus large échelle, mais il faut supposer l'existence d'autres niveaux d'intégration sociale et culturelle que des déplacements de groupes humains. Ainsi, la complémentarité économique entre le littoral et l'intérieur était déjà manifeste par les échanges de silex ; R. Schulting a aussi pu pointer d'éventuelles pratiques exogamiques à Téviec et Hoëdic. L'analyse proposée dans ces pages permet d'insister sur le fait que ces deux zones ne sont pas forcément les deux pôles saisonniers d'une même communauté nomade. Souvent rêvée par les préhistoriens, parfois démontrée, la définition de faciès d'activités sur des habitats préhistoriques reste un sujet délicat à aborder. Dans le cas de la Bretagne, c'est l'opposition « grand site » / « petit site » qui a été largement utilisée dans nos travaux et qu'il convient entièrement de redéfinir. Cette recherche implique d'abord de disposer d'ensembles d'étude restreints. La prospection peut parfois en révéler, mais seul un processus de fouille permet de comprendre l'évolution d'un site et la conservation différentielle : la complexité des sites de Kerliézoc ou de la Villeneuve, avec leurs troncatures sédimentaires et leurs composantes du Mésolithique moyen, n'est apparue que lors des sondages de l'année 2001. 63 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002

Quelques auttes points peuvent déjà être abordés quant au fonctionnement de ces communautés. Que ce soit les amas coquilliers du littoral ou les sites des premières terrasses le long des grandes rivières, les habitats mésolithiques de grande étendue sont liés à des voies d'eau potentiellement navigables, observation qui n'avait peut- être pas été reconnue à sa juste valeur lors des travaux précédents. La découverte d'industries lithiques du Mésolithique final sur les îles de Groix ou de Hoëdic suffit à démontrer la réalité d'une navigation, au moins par cabotage. Cette maîtrise ne va pas jusqu'à une pêche au large, si l'on en croit les restes de poissons. Les orientations de cette économie de prédation privilégient apparemment une collecte opportuniste, à large spectre et suivant la plus courte distance, ainsi pour les crabes et les coquillages. Il semble en aller de même pour la chasse aux oiseaux ou aux mammifères terrestres. En revanche, la somme d'informations recueillies désormais pour l'industrie lithique prouve que l'opportunisme apparent doit dans les faits être modulé par de nombreux paramètres, variables au cours du temps : conditions d'accès aux gîtes, conception de l'outil, niveau technique, etc...

Cette nouvelle synthèse va chercher dans la technologie lithique ou dans l'analyse biochimique des os humains des éléments pour qualifier le mode de vie des communautés humaines du VI ème millénaire avant J.-C. On peut déduire de la petite dimension des territoires, que le système économique de prédation est assez stable. Etait-ce suffisant pour fournir une alternative aux économies de production du Néolithique ancien ? D'autres logiques sociales et symboliques, communautaires ou individuelles, entrent finalement en jeu et l'abandon de la chasse-cueillette ne découle pas forcément d'un calcul pour améliorer le bien-être général. Il est encore difficile de chiffrer la durée de la cohabitation entre communautés mésolithiques et néolithiques, autour des zones de contact. Les dates disponibles sur la façade atlantique désignent certes une gradation chronologique de l'Est vers l'Ouest, mais elles ne permettent même pas de démontrer une éventuelle résistance dans cette péninsule. Les données aujourd'hui disponibles permettent d'envisager une échelle spatiale plus pertinente que celle de la région pour traiter des débuts du Néolithique. Mais c'est évidemment dans le territoire quotidien des communautés que l'analyse de la néolithisation prendra pleinement son sens.

3. LE FONCTIONNEMENT INTERNE DES TERRITOIRES AU MESOLITHIQUE (ESTELLE YVEN) En Bretagne, après la fin du Paléolithique supérieur, les tailleurs de pierre ne disposaient pas d'affleurements de silex exploitables et devaient se contenter de galets côtiers. L'utilisation de roches locales a plus ou moins compensé cette absence pendant le Mésolithique. Nos travaux récents ont montré que la gestion différentielle des matières premières lithiques pouvait apporter un relais à la typo-technologie dans le classement des industries de pierres taillées (Yven, à paraître). Nous proposons d'intégrer aux analyses lithiques, le fonctionnement interne des territoires, afin d'envisager l'aspect spatial de la question.

3.1. Etude des potentialités environnementales et prospections L'étude de la distribution et de la circulation des roches exige de rechercher leur provenance géologique et géographique. Elle a nécessité une détermination précise des différents matériaux concernés, en collaboration avec des géologues de l'Université de Rennes I. Une prospection systématique des gisements des matériaux aptes à être taillés a été organisée afin d'estimer la quantité de matière première potentielle et disponible. Cette investigation a porté sur deux zones distinctes par leur nature. La première, appelée secteur de Morlaix, comprend une frange côtière et se trouve limitée à l'Ouest par le Queffleuth et à l'Est par le Douron. Elle se caractérise par la présence d'affleurements de microquartzite-calcédonieux et d'ultramylonite de Mikaël (figure 1). Le microquartzite- calcédonieux résulte du métamorphisme d'un grès à grain très fin soumis aux importantes pressions qui ont accompagné le glissement des masses granitiques (Chauris et Garreau, 1983). Le faciès calcédonieux se délite sous la forme de fines plaquettes ; le faciès saccharoïde offre quant à lui des plaquettes plus épaisses ou des blocs. La détermination de 1 ultramylonite de Mikaël a nécessité une lame mince effectuée par Claude Audren. L'analyse indique que cette roche correspond à une mylonite ou cataclasite de leucogranite à grains fins. Les mylonites jalonnent le passage des grands systèmes de failles et se débitent en plaquettes (Chauris, 1985). Dans le secteur de Morlaix, la roche, formée d'une pâte amorphe, est caractérisée par l'existence de grains de quartz partiellement digérés. D'après nos connaissances actuelles, l'ultramylonite de Mikaël n'a été reconnue que dans la région de Morlaix, à l'inverse du microquartzite-calcédonieux, repéré dans plusieurs secteurs.

64 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002

La seconde zone, qualifiée de secteur de Callac, est localisée dans un espace d'interland centré autour de l'Hyère, à une quarantaine de kilomètres des côtes actuelles (figure 1). Dans ce secteur, les diverses investigations ont occasionné la découverte de nombreux gisements de phtanite. Cette roche a été identifiée par Marie-Pierre Dabard après examen de cinq lames minces réalisées sur des échantillons archéologiques. Elle se définit comme une silicifïcation d'une roche sédimentaire terrigène telle que les grès ou des argilites. Le phtanite est issu de formations géologiques d'extension restreinte, appelées « Briovérien à phtanites ». En Bretagne occidentale, la seule formation de ce type se situe dans la région de Callac (Côtes d'Armor) (figure 1) (Dabard, 1997). Rarement homogènes, les blocs de phtanite sont altérés par des inclusions de divers types qui contraignent le développement d'un débitage organisé. Tous les gisements de phtanite repérés ont été cartographiés et contrôlés afin de vérifier l'hypothèse d'une sélection des sources d'approvisionnement en matières premières lithiques au Mésolithique.

Les prospections menées par Pierre Gouletquer, ainsi que nos propres investigations, ont permis de reconnaître plusieurs gisements exploitables. Ces perfectibles travaux ont révélé l'existence de trois gisements utilisés comme gîtes d'approvisionnement en matières premières lithiques ou « sites-carrières » (Yven, 2002)8. Le

8 Je dénomme « sites-carrières » des gisements utilisés comme gîtes d'approvisionnement en matières premières lithiques et caractérisés par l'absence d'indices d'extraction. 65 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

premier, le Clos (Plourin-lès-Morlaix, Finistère), voisine la rivière du Queffleuth, le second est implanté près du site de Mikaël (Gouletquer et al., 1996) ; le troisième, Kerhuellan, est installé sur un versant de la vallée de l'Hyère. Les galets de silex ne sont pas répartis de façon homogène sur tout le pourtour des côtes bretonnes. Les secteurs susceptibles de constituer des gîtes potentiels d'approvisionnement paraissent également en nombre limité (Yven, à paraître).

3.2. La fonction des différents matériaux dans le secteur de Morlaix Les collections étudiées ont toutes été rassemblées dans le cadre de prospections au sol. Les problèmes de mélanges, inhérents aux méthodes de ramassage, ont imposé prudence et adaptations des analyses potentielles. Le travail a toujours débuté par une étude des marqueurs chrono-culturels les plus fiables, soit les armatures. Les sites sélectionnés se caractérisent par leur relative homogénéité et par un nombre de pièces représentatif.

Les roches issues des collections étudiées sont caractérisées d'après leur fonction dans la panoplie de l'outillage (matériau usuel, complémentaire, anecdotique), mais sont également définies en terme de matériaux « locaux » ou « lointains » en tenant compte de leur provenance géographique. Nous considérons comme locaux, les matériaux dont les gisements se trouvent à moins de 10 kilomètres du site ou du secteur étudié ; tandis que les roches régionales proviennent de gisements éloignés de 10 à 35 kilomètres. Au delà de cette distance, les matériaux sont décrits comme d'origine lointaine.

Au Mésolithique moyen La morphologie des armatures et le débitage observés dans la collection du site de Quillien (Le Cloître-Saint- Thégonnec, Finistère) concordent pour l'attribuer au Mésolithique ancien-moyen régional (Gouletquer et Léopold, 1991). L'une des concentrations rassemble 6790 pièces lithiques parmi lesquelles on compte deux pointes à base faiblement retouchée, deux pointes à troncature très oblique, un triangle isocèle, deux triangles scalènes, deux lamelles-scalènes et surtout aucun trapèze (figure 2).

Les matériaux identifiés sur le site de Quillien, le quartz local, le microquartzite-calcédonieux, le silex, le phtanite, le grès lustré et l'ultramylonite de Tréméven, ont été utilisés dans des proportions variables. Matériau régional, le silex provient de cordons de galets situés, actuellement, pour les plus proches, à 30-35 kilomètres du site. Ce matériau a été exploité de façon très majoritaire et rassemble 94% des pierres taillées. Il a servi à fabriquer tous les types de produits, de l'outillage du commun aux plus petites armatures. En cela il remplit la fonction de matériau usuel.

Le quartz, originaire du substrat local, reste très marginal, probablement à cause de son aspect macro-grenu offrant peu d'aptitude à la taille. Les gisements d'une autre roche locale, le microquartzite-calcédonieux, ont été repérés à 5-6 kilomètres du site. Les produits en microquartzite-calcédonieux rassemblent seulement 5% de l'ensemble des pierres taillées issues de la collection. Les modules saccharoïdes offrent des volumes plus imposants que les galets de silex ; pourtant les tailleurs n'ont pas cherché à développer la production d'un macro-outillage. Les éléments de grandes dimensions sont rares ; la longueur moyenne des produits en microquartzite-calcédonieux atteint seulement 2,2 centimètres. Ce matériau a été utilisé de façon marginale, sans intention d'obtenir des produits spécifiques.

Une vingtaine de kilomètres sépare Quillien des premiers gisements de phtanite. Ce matériau régional a été employé de façon anecdotique et ne concerne que 0,5% des pièces collectées. Les proportions d'outils (30%) et le taux de lamelles indiquent un échelonnement de la chaîne opératoire dans l'espace avec une proportion importante de produits de plein débitage en fin de parcours. Les quatre échantillons de grès lustré, accompagnés d'un éclat réfléchi en ultramylonite de Tréméven, matérialisent des relations avec des régions plus éloignées, peut-être exogènes au territoire du groupe. Les placages de grès lustré peuvent parsemer l'ensemble du massif armoricain (communication personnelle, Nicolas Brault), mais l'exploitation intensive de ce matériau a été identifiée dans des secteurs définis, localisés dans le Sud du département du Finistère (Gouletquer et al., 1997). La provenance de l'ultramylonite de Tréméven a été reconnue par Grégor Marchand, lors de prospections effectuées dans le sud du département du Finistère (Marchand, 1994), soit à 70 kilomètres du site de Quillien. Ce matériau, rarissime dans la région considérée, témoigne de circulations ou d'échanges sur des distances relativement importantes.

Dans le même secteur, les sites de Foënnec et de Penher (Plourin-lès-Morlaix, Finistère) confirment l'usage privilégié du silex avec plus de 83% des artefacts collectés en ce matériau. A l'intérieur des terres, les sites de Kermenguy et de Penn ar Barrez (Plouyé, Finistère) comprennent 85% de pièces en silex malgré l'éloignement des côtes (d'après le fichier d'étude des sites mésolithiques du Finistère réalisé par P. Gouletquer, inédit) (figure 2). Au Mésolithique moyen, la distance aux gîtes d'approvisionnement en matières premières ne constituait pas un facteur primordial dans le choix des matériaux lithiques utilisés. Le silex, de provenance régionale, a été privilégié au détriment des roches locales. Celles-ci ne remplissent aucune fonction spécifique et n'ont pas été utilisées afin de

66 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002 compenser l'absence d'éléments massifs en silex. Les autres matériaux lointains et exogènes ne sont présents qu'à titre anecdotique et ne répondent à aucune nécessité technique (figures 1 et 2).

Au Mésolithique récent Implanté sur un versant du Jarlot, le site de Mikaël (Plougonven, Finistère) voisine avec un affleurement d'ultramylonite. La présence de deux trapèzes symétriques, l'un en microquartzite, l'autre en ultramylonite, suggère d'attribuer ce site au Mésolithique récent-final (figure 2). La collection comprend quelque 213 pièces lithiques réparties entre plusieurs matériaux, l'ultramylonite de Mikaël, le quartz, le microquartzite-calcédonieux, le silex, le phtanite et le grès lustré. Roche endogène, l'ultramylonite de Mikaël rassemble 69,5% des produits collectés et a été utilisée pour fabriquer outillage commun et armatures. Le débitage est toutefois orienté vers une production autonome d'éclats. La longueur moyenne des produits en ultramylonite, soit 39 millimètres, dépasse celle des pièces taillées étudiées sur le site de Quillien. La sélection des supports utiles corrobore les premières estimations avec une préférence pour les grands éclats. Autre matériau local, le microquartzite-calcédonieux provient de gisements situés à 4 kilomètres de Mikaël, dans l'état actuel des prospections. Il rassemble un peu plus de 20% des pierres taillées ramassées lors des investigations et a essentiellement servi à obtenir des éclats. La gestion des plaquettes de calcédoine présente des caractéristiques originales, inconnues sur le site de Quillien. Le débitage n'est pas systématiquement orienté dans la plus grande longueur de la plaquette support ; la surface d'exploitation peut être aussi installée de façon faciale ou même dans l'épaisseur du volume. Géographiquement plus proches de Mikaël que de Quillien, les ressources en silex n'ont pourtant été que faiblement exploitées. Ce matériau ne concerne que 5% des pierres taillées et ne complète pas la panoplie des produits obtenus par l'emploi des roches locales. Avec respectivement 2 et 1,5%, le phtanite et le grès lustré indiquent seulement des contacts avec des régions plus éloignées. Les proportions d'outils pourraient refléter un fractionnement de la chaîne opératoire dans l'espace. A Mikaël, le silex perd son statut de matériau usuel et ne remplit plus de fonction spécifique. La distance aux gîtes d'approvisionnement constituait, au Mésolithique récent, un facteur primordial dans le choix des matériaux utilisés (figure 1 et 2). Les autres sites découverts dans la même région corroborent cette assertion. La collection constituée à Plourin-Bourg (Plourin-lès-Morlaix) comprend 225 pièces lithiques, parmi lesquelles on compte deux trapèzes, l'un en silex, l'autre en microquartzite, et seulement 36% d'éléments en silex. Le petit échantillonnage récolté sur le site de Glaharé (Lannéanou, Finistère) confirme une influence régressive du silex avec 20% d'artefacts tirés de ce matériau, accompagnés d'un unique trapèze en calcédoine (Gouletquer et al., 1996) (figure 2). 3.3. La fonction des matériaux dans le secteur de Callac L'étude de deux sites découverts à l'intérieur des terres devait éprouver les hypothèses émises dans le deuxième chapitre, et notamment vérifier si les modes de gestion variables des matériaux correspondaient à des changements structuraux ou résultaient de situations factuelles et anecdotiques.

Au Mésolithique moyen Implanté sur un versant de la vallée de l'Hyère, le site de Keristen 2 (Carnoët, Côtes d'Armor) a permis de rassembler une collection de 473 pierres taillées parmi lesquelles on compte des objets en phtanite, en silex, en microquartzite-calcédonieux et en grès lustré (figure 2). La roche locale, le phtanite, regroupe 67% des pierres taillées de la collection. Les blocs sont exploités selon un débitage préférentiellement unipolaire, au sein d'une chaîne opératoire intégrée ?(Perlès, 1991). Toutes les catégories de supports ont été obtenus à partir de ce matériau, de même que tous les types d'outils, mais l'indice lamellaire reste faible et concerne 5% des éléments en phtanite. De provenance régionale, les galets de silex sont issus de cordons côtiers situés, actuellement, à une distance minimale de 40 kilomètres. Ils ont servi à confectionner 30% des pièces ramassées à Keristen 2. Les propriétés volumétrique et mécanique de ce matériau ont favorisé une production plus intensive de lamelles, les supports lamello-laminaires rassemblant près de 15% des éléments en silex. Le silex a complété la panoplie de produits lamellaires, en cela, il est considéré comme un matériau usuel, complémentaire du phtanite.

Géographiquement plus proches que les cordons de galets, les gisements de microquartzite-calcédonieux sont implantés à une trentaine de kilomètres du site de Keristen 2. Ce matériau ne concerne pourtant que 2,5% des pierres taillées. Les proportions d'outils témoigneraient d'un échelonnement de la chaîne opératoire dans l'espace. Les quatre produits en grès lustré ont une origine discutée et sont probablement révélateurs de relations avec un ou plusieurs secteurs relativement lointains (figure 2). Malgré l'éloignement des côtes, le silex conserve son statut de matériau usuel sur les sites de Keristen 1 et de Kerrunet 2 (Carnoët) (figure 2). Ses proportions ne dépassent jamais

9 Catherine Perlés réserve l'expression « chaîne opératoire intégrée » a une « production intégrée des supports pour l'ensemble des classes techniques et fonctionnelles » (Perlés, 1991). 67 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002 les 45% mais la majorité des lamelles et des microlithes sont fabriqués à partir de ce matériau. L'analyse des pierres taillées reflète une valorisation du silex pour l'obtention de lamelles et de microlithes. Le phtanite aurait pourtant suffi à obtenir tous les supports nécessaires dans des schémas opératoires certes moins économiques, mais l'abondance du matériau dans un secteur proche aurait compensé le manque d'homogénéité de la matière. Plus qu'une contrainte mécanique, l'utilisation du silex relève d'un choix culturel et suggère la pratique d'une économie des matières premières dans le sens défini par C. Perlés (Perlés, 1991).

Au Mésolithique récent Le site de Pont ar Guin (Carnoët, Côtes d'Armor) est implanté dans la vallée de l'Hyère, à moins de 5 kilomètres de Keristen 2. La présence d'un trapèze symétrique en phtanite et les modalités de débitage incitent à attribuer ce site au Mésolithique récent-final (figure 2). La collection constituée compte 204 pierres taillées parmi lesquelles 95% sont en phtanite, 3% en silex, 1,5% en microquartzite-calcédonieux et 0,5% en ultramylonite de Mikaël (figure 1). Disponible à environ six kilomètres, le phtanite a été utilisé de façon quasi-exclusive, et a servi à confectionner tout l'outillage nécessaire. Il est considéré comme le seul matériau usuel. Le débitage est orienté vers une production d'éclats. Les supports n'ont pas été sélectionnés en fonction de leur calibre ou de leur morphologie générale pour fabriquer des outils ; ceux-ci restent peu standardisés et se définissent en général comme des pièces à retouches latérales. La répartition des matériaux signale un emploi anecdotique des autres roches que le phtanite. Peut-être matérialise-elle des échanges avec d'autres régions, plutôt que des nécessités techniques. L'unique nucléus en silex collecté révèle un mode de débitage unipolaire et frontal, caractérisé par la recherche de supports longs et larges. Cette méthode ne dépare pas de celles employées sur l'ensemble de l'Europe occidentale au Mésolithique récent-final. Un aperçu plus global de cette région confirme les premières données. Tous les trapèzes découverts le long de la vallée de l'Hyère sont en phtanite. Attribuées au début du Mésolithique récent, les collections des sites de Pénity (Carnoët) et de Kergonan (Carhaix-Plouguer, Finistère) montrent des proportions de pièces en roche locale supérieures à 80%.

Synthèse Sur un plan diachronique, la distance aux gîtes d'approvisionnement a constitué un facteur variable dans la finalité des différents matériaux. Au Mésolithique moyen, en Bretagne occidentale, le silex a toujours été privilégié pour l'obtention de lamelles et de microlithes ; il apparaît indispensable, même lorsque d'autres matériaux sont accessibles. Peut-être pour ses propriétés mécaniques, mais peut-être aussi pour des raisons d'ordre économique, social ou symbolique. Ressource maritime, il implique des relations côtières nécessaires à l'équilibre des groupes et/ou aux échanges. Les proportions et les caractères des autres matériaux régionaux ou exogènes évoquent une absence de fonction pratique. Ces matériaux pourraient appartenir aux domaines social ou pourquoi pas symbolique ; à moins qu'ils résultent de résidus d'approvisionnement.

Cet équilibre est rompu au Mésolithique récent. Les données indiquent que la dévolution des différents matériaux dépend de l'éloignement des sources de matière première. Lorsqu'elles sont disponibles dans un secteur proche, les roches locales servent à fabriquer outillage commun et armatures tandis que, loin de ses sources, le silex ne remplit plus de fonction spécifique. Ces roches se fracturent davantage de façon accidentelle mais les tailleurs ont adapté leurs schémas opératoires au potentiel local. Certains secteurs, comme celui de la Presqu'île (Brennilis, Finistère), sont marqués par l'absence de ressources endogènes ; le silex retrouve une place dominante mais jamais exclusive. Dans les secteurs côtiers, le silex, alors ressource locale, est préféré aux autres matériaux ; pourtant ceux- ci ne sont jamais négligés lorsqu'ils sont disponibles. Les proportions de silex obtenues sur les sites mésolithiques implantés près des côtes (Gouletquer et al, 1996 ; Marchand, 1997 ; Rault, 1992), soulignent que les problèmes d'accessibilité technique ne peuvent expliquer les changements observés.

3.4. Le fonctionnement interne des territoires du Mésolithique moyen au Mésolithique récent Les variantes dans l'influence du facteur « distance par rapport aux gîtes d'approvisionnement » suggèrent des variantes et des constantes dans la structure même des comportements spatiaux.

Constantes dans le fonctionnement interne des territoires du Mésolithique moyen au Mésolithique récent Dans les secteurs de Morlaix et de Callac, les tailleurs de pierres ont occupé les mêmes zones géographiques au Mésolithique moyen et au Mésolithique récent, probablement parce qu'ils dépendaient des mêmes ressources naturelles. La présence de zones pauvres entre les secteurs d'occupation corroborent l'hypothèse d'itinéraires stables et définis. Dans la région de Morlaix, le secteur d'occupation est limité à deux cours d'eau, le Queffleuth et le Jarlot (Gouletquer et al., 1996 ; Yven, 2002), tandis que dans la région de Callac, la vallée de l'Hyère constitue la colonne vertébrale du secteur d'occupation, l'axe de maîtrise du territoire. Envisagé dans son acceptation géographique, le

68 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002 terme de territoire convient à ces secteurs, des espaces structurés selon des réseaux (Ferrier, 1998), et non des ensembles amorphes.

L'absence de matériaux dits de prestige, dont la provenance géographique dépasse la centaine de kilomètres, constitue une autre constante. Les groupes fonctionnaient dans des territoires aux dimensions restreintes, sans échange de matériel lithique évident avec des régions très éloignées. Néanmoins, les similitudes du système technique observées sur toute la Bretagne obligent à envisager l'existence d'échanges de plus grande ampleur (Marchand, ce volume), non détectables ou non détectés. Variantes dans le fonctionnement interne des territoires du Mésolithique moyen au Mésolithique récent Les stratégies d'exploitation des matières premières dépendent de la disponibilité des sources d'approvisionnement et sont donc subordonnées au fonctionnement et à la structuration interne des territoires. Ce sont des ressources « territoriales », au sens propre du mot, soit des ressources inhérentes au territoire. La portée du facteur «distance des gîtes d'approvisionnement» s'impose progressivement et suggère que certaines sources, disponibles au Mésolithique moyen, ne le seraient plus au Mésolithique récent. Nous proposons d'attribuer ces changements à une restriction des territoires ou à une partition des espaces considérés selon des secteurs spécialisés. Quelle que soit l'hypothèse envisagée, ces données révèlent une nouvelle structuration du rapport au support géographique, structuration progressive. Les présentes analyses se limitent au sous-système technique lithique et imposent de s'interroger sur la consistance des territoires décrits, entre territoires d'approvisionnement ou de diffusion des roches. Les contextes archéologiques, taphonomiques, ainsi que notre vision partielle de la culture matérielle interdisent de répondre à cette question mais le changement est réel. Au Mésolithique récent-final, la

69 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002 hiérarchisation des matériaux est modifiée, la fabrication de lamelles en silex ne constitue plus une nécessité technique. A la fin du Mésolithique, la nouvelle organisation territoriale a interféré sur la définition des objectifs de taille dans les secteurs disposant de matériaux autres que le silex. Le débitage est orienté vers une production d'éclats de toutes dimensions. Les schémas opératoires sont simplifiés, adaptés au substrat géographique et aux ressources disponibles. Les sites implantés dans des régions proches des cordons de galets de silex présentent des collections aux caractères différents. La qualité du matériau a autorisé le développement d'un débitage frontal destiné à obtenir des lames et lamelles larges (Marchand, 1997). L'absence de trapèzes sur le site de Quillien corrobore l'hypothèse d'une nouvelle structuration des territoires au début du Mésolithique récent, d'autant que l'exemple n'est pas unique. Implanté sur un versant du Blavet, le site de Kergoubleau (Saint Nicolas du Pélem, Côtes d'Armor) a connu des prospections répétées réalisées par F. Le Provost. La collection comprend 1707 armatures microlithiques parmi lesquelles on compte essentiellement des pointes à base non retouchée, des lamelles à dos et des triangles scalènes, accompagnés de seulement trois trapèzes symétriques en phtanite et un trapèze symétrique en silex (communication personnelle, Damien Leroy). Au Mésolithique récent, Quillien et Kergoubleau, ont perdu leur place au profit d'autres stations. Ces deux ensembles majeurs montrent que la perception d'une réorganisation de l'espace dépasse le seul domaine matériel, et implique d'appréhender la restriction progressive des territoires d'approvisionnement en matière première lithique comme autre chose qu'une utilisation plus ou moins importante des ressources locales. Elle apporte une dimension nouvelle aux territoires considérés.

La confrontation des recherches de plusieurs chercheurs corrobore l'hypothèse de territoires restreints en Bretagne, à la fin du Mésolithique. Sans introduire la diachronie, P. Gouletquer a montré l'existence d'aires de distribution des matériaux orientées et limitées (Gouletquer et al., 1997). Dans un autre domaine, les analyses isotopiques effectuées par R. Schulting sur les squelettes de Hoëdic et Téviec laissent supposer l'existence de groupes vivant des ressources maritimes et d'autres exploitant des ressources forestières, à moins que les dissemblances observées ne résultent d'une différenciation sexuelle (Schulting et Richards, 2001). De même, à la suite d'O. Kayser, G. Marchand distingue trois groupes typologiques dans la partie occidentale de la péninsule armoricaine (Kayser, 1992; Marchand, ce volume). L'examen des coquilles et des restes de crabes, récoltés dans des amas coquilliers armoricains attribués au Mésolithique récent-final, indiquent, quant à eux, que la frange côtière pouvait être occupée toute l'année (Dupont, ce volume ; Gruet, ce volume). Ces données nuancent l'image d'une complémentarité entre sites de l'intérieur des terres et sites côtiers au Mésolithique récent-final.

3.5. Le fonctionnement interne des territoires au Néolithique Au Néolithique, les roches locales perdent leur place prépondérante au profit des galets de silex. Les utilisateurs de haches polies n'exploitaient pas de façon systématique et structurée les gîtes d'approvisionnement en matières premières locales pour fabriquer leur outillage taillé. Ces changements suggèrent des modifications dans le fonctionnement interne des territoires au Néolithique, des logiques de gestion de l'espace différentes. Les spécialistes remarquent une distinction entre «l'outillage expédientf...) manufacturé sur des matériaux locaux et d'extraction aisée (...)(et) des outillages qui témoignent d'investissements techniques importants » (Binder et Perlés, 1990). Ces derniers sont toujours fabriqués en matériaux prestigieux, récoltés parfois à quelques centaines de kilomètres du site d'habitat. Ils n'appartenaient plus à la chaîne opératoire de production domestique (Binder et Perlés, 1990). En Bretagne, dès le Mésolithique le plus final ou aux prémices du Néolithique, les territoires d'approvisionnement en matières premières lithiques explosent. Les fosses situées devant la façade orientale du tertre de Lannec er Gadouer (Erdeven, Morbihan) renseignent sur ces changements (Boujot et Cassen, 2000). Les armatures de la première fosse s'insèrent dans un Mésolithique final quoique les modalités de débitage observées sur les lames s'éloignent des standards « mésolithiques » (Marchand, 1997, p. 299). La deuxième fosse mêle un grand galet allongé, objet souvent reconnu dans les sépultures de Téviec et de Hoëdic, à une lame en jaspe de Fontmaure, soit un objet mésolithique et une matière importée (Marchand, 1997, p. 587). L'ensemble, daté de 4894-4531 avant J.C., est recouvert du même sédiment que celui reconnu dans la structure précédente (Boujot et Cassen, 2000). L'étude d'une cinquième fosse confirme une association entre éléments mésolithiques et matériaux exogènes (Guyodo, 2000) dans une phase finale que nous hésitons à qualifier de « mésolithique ». Le matériel issu de habitat du Haut-Mée (Saint-Etienne-en-Coglès, Ille-et-Vilaine), attribué au Villeneuve-Saint-Germain, vérifie l'importation de roches lointaines dès les premières phases du Néolithique. Les estimations de G. Marchand indiquent que 87,5% des pièces taillées sont en silex non roulé de longue importation (Cassen et al., 1988). Au début du Néolithique moyen, le mobilier viatique suggère des relations avec des régions extérieures à la péninsule armoricaine et jusqu'aux Alpes (Cassen, 2000 ; Pétrequin et al., à paraître). Les éléments de prestige répondent à des nécessités

70 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002 soustraites au domaine technique et génèrent de nouveaux réseaux qui redéfinissent la territorialité des groupes en question. fonction Nature du matériau Origine géographique Locale (Okm) Anecdotique Quartz Présence non spécifique Microquartzite-calcédonieux Locale (5-6km) Anecdotique Phtanite Régionale (20 km) Régionale (30-35 km) Usuelle Silex Lointaine (45 km) Anecdotique Grès lustré anecdotique Ultramylonite de Tréméven Lointaine (70 km) Tableau 1 : L'établissement des statuts des matériaux identifiés sur le site de Quillien.

fonction Nature du matériau Origine géographique Usuelle Ultramylonite de Mikaël Locale (0-1 km) Usuelle Microquartzite-calcédonieux Locale (4-5 km) Régionale (20 km) Présence non spécifique Silex Régionale (25 km) Anecdotique Phtanite Anecdotique Grès lustré Lointaine (50 km) Tableau 2 : L'établissement des statuts des matériaux identifiés sur le site de Mikaël.

fonction Nature du matériau Origine géographique Locale (3 km) Usuelle Phtanite Anecdotique Microquartzite-calcédonieux Régionale (30 km) Régionale (discutée) Anecdotique Grès lustré Usuelle-complémentaire Lointaine (40 km) Silex Tableau 3 : L'établissement des statuts des matériaux identifiés sur le site de Keristen 2.

fonction Nature du matériau Origine géographique Locale (3 km) Usuelle Phtanite Anecdotique Microquartzite-calcédonieux Régionale (30 km) Anectotique Ultramylonite de Mikaël Régionale Lointaine (45 km) Anecdotique Silex Tableau 4 : L'établissement des statuts des matériaux identifiés sur le site de Pont ar Guin.

3.6. Une néolithisation de la gestion des territoires L'hypothèse que nous souhaiterions développer considère l'aspect spatial de la néolithisation, le terme étant pris dans son acceptation la plus large, soit le processus qui prépare au Néolithique (Aurenche et Kozlowski, 1999). L'influence variable de la distance aux gîtes d'approvisionnement mais aussi la distribution spatiale des sites indiquent une restriction graduelle ou une partition des territoires entre le Mésolithique moyen et le Mésolithique récent. De plus, la distribution de certains matériaux esquisse des frontières d'utilisation à la fin du Mésolithique. L'exploitation usuelle de l'ultramylonite de Mikaël, par exemple, ne dépasse pas un quadrilatère formé par le Dourduff, le Queffleuth, le Douron et l'Aulne (Gouletquer et al., 1997, Yven, 2002). Cette progressive sédentarisation et appropriation du territoire pourraient constituer des éléments déclencheurs d'une compétition

spatiale. Géographes et politiciens observent une augmentation des tensions spatiales et un enracinement du «patriotisme local» dans les territoires aux horizons étroits et confinés (Bonnemaison, 1981). Les différents groupes cherchent alors à s'affirmer les uns par rapport aux autres. L'émergence des biens de prestige serait, tout au moins en partie, l'aboutissement d'un processus d'appropriation du territoire et d'une compétition spatiale. Or des chercheurs comme S. Cassen et P. Pétrequin considèrent l'accumulation des biens de prestige comme un paramètre significatif des prémices du Néolithique (Cassen, 2000 ; Pétrequin et al., à paraître).

Les nécropoles de Téviec et Hoëdic, datées du Mésolithique récent-final, semblent corroborer les hypothèses proposées. «L'apparition des nécropoles serait le produit d'un attachement plus fort au territoire lié à la sédentarisation et, secondairement, à des situations de compétition territoriale qui auraient pour effet d'exacerber ce sentiment de propriété » (Jeunesse, 1997, p. 40-41). Le mobilier viatique des deux nécropoles morbihannaises complète l'argumentation puisqu'il évoque des groupes complexes de chasseurs cueilleurs (Testait, 1982), au sein

10 Le terme de «territorialité» est employé dans son acceptation géographique, soit «l'expression d'un comportement vécu : la territorialité englobe à la fois la relation au territoire et à partir de celle-ci la relation à l'espace étranger » (Bonnemaison, 1981). 71 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002 desquels la compétition sociale transparaît à travers une distribution différentielle des offrandes. Marthe et Saint-Just Péquart décrivent la « somptuosité » de certaines sépultures « au regard de la simplicité, voire de la médiocrité, à des degrés divers, des autres tombes » ( Péquart et Péquart, 1954, p.83).

Cause ou résultat de changements sociaux, la restriction ou la partition progressive des territoires a modifié la territorialité des utilisateurs de microlithes géométriques. La compétition spatiale qu'elle a inauguré constituait un terrain favorable à la diffusion, à l'acceptation du Néolithique ou à l'acculturation des derniers utilisateurs de trapèzes, selon le processus de néolithisation envisagé (Zvelebil, 2000). Elément préparateur ou accompagnateur de ce complexe techno-économique, la restriction ou partition progressive des territoires pourrait être perçue comme le résultat d'une compétition spatiale annonciatrice d'une néolithisation de la gestion des territoires. En modifiant un équilibre basé sur une complémentarité entre ressources de l'intérieur et ressources côtières, elle a participé à la transformation des modes de production. Les observations ethnographiques menées par A. Testait confirment l'assertion. Chez les chasseurs-cueilleurs actuels ou sub-actuels, la sédentarisation est un facteur favorable à l'adoption de structures économiques fondées sur l'agriculture et/ou le stockage (Testait, 1981).

L'approche spatiale ne résout pas l'ensemble de la question mais elle apporte sa contribution dans une analyse globale du thème abordé, chaque nouveau domaine étudié présentant une structure propre (Gouletquer, ce volume). A une autre échelle, on peut s'interroger sur la signification et la définition des modèles décrits, s'ils sont spécifiques à la Bretagne ou s'ils reflètent des systèmes structuraux d'exploitation de l'espace, au delà des particularismes régionaux. Au Portugal, les travaux de différents chercheurs montrent qu'au Mésolithique final, les amas coquilliers, plus denses, suggèrent l'existence d'occupations semi-permanentes (Arnaud, 1990). Dans le domaine des matières premières lithiques, il appert une utilisation plus intensive des ressources locales (A. Araùjo, communication personnelle), mais les études débutent seulement. En Irlande, Peter Woodman remarque une spécialisation des sites à la fin du Mésolithique (Woodman, 1978, p. 186). Cette spécialisation s'insérerait dans ce que nous avons appelé une néolithisation des territoires. La restriction des territoires apparaît générale dans les régions côtières de type péninsulaire, probablement parce que l'écosystème côtier offrait des ressources complémentaires ou possiblement disjointes à celles de Yinterland. Assertion que des études pluridisciplinaires d'envergure devraient contribuer à vérifier ...

4. DE LA MER AU BETAIL EN DOMAINE ATLANTIQUE : UNITE ET DIVERSITE DES PROCESSUS D'APPARITION DE L'ELEVAGE A LA MARGE NORD-OUEST DE L'EUROPE (ANNE TRESSET) Les modalités d'apparition du mode de vie néolithique en Europe du Nord-Ouest (Ouest de la France, Grande Bretagne et Irlande) au cours des 5e et 4e millénaires avant notre ère demeurent un sujet de controverse. Schématiquement, deux vues s'opposent : l'une, essentiellement continentale, fait une large place à la colonisation de nouvelles terres par des populations déjà néolithisées avançant d'Est en Ouest pour expliquer l'apparition des premières communautés agro-pastorales en Europe centrale et occidentale à partir du 6e millénaire (voir par exemple Lichardus et al., 1986); l'autre, plutôt anglo-saxonne, met en avant le rôle des dernières sociétés mésolithiques autochtones dans la mutation techno-économique, sociale et culturelle qui présidera, entre autres, à l'avènement du Néolithique nord-ouest européen (voir par exemple Zvelebil et Rowley-Conwy, 1986 ; Zvelebil et Zvelebil, 1988 ; Zvelebil, 1989 ; pour une synthèse sur la confrontation entre les deux points de vue, voir également Ammerman, 1989 et Whittle, 1990). Curieusement, les données paléobotaniques et archéozoologiques relatives à l'apparition des premiers taxons domestiques et des techniques agro-pastorales en Europe n'ont participé jusqu'ici qu'assez marginalement au débat - au mieux utilisées a posteriori pour défendre l'un ou l'autre des deux modèles (par exemple Richmond, 1999), mais bien souvent simplement ignorées - alors qu'elles devraient à notre sens être centrales à l'élaboration des hypothèses. Il semblait donc urgent d'effectuer une recension critique des données existantes documentant directement l'apparition de l'élevage et de l'agriculture dans l'aire considérée et de tenter d'enrichir ce corpus. On s'attachera plus spécialement dans les lignes qui suivent à la question de l'élevage et on tentera notamment de répondre aux questions suivantes :

(1) Quelles sont les modalités d'apparition des animaux domestiques : la domestication locale joue-t-elle un rôle, ou bien s'agit-il d'une introduction pure et simple ; les animaux apparaissent-ils en contexte mésolithique tardif ou bien avec l'arrivée de nouvelles populations déjà néolithisées ? (2) L'apparition des pratiques pastorales est-elle liée à celle des animaux domestiques : est-elle contemporaine de l'apparition de ces derniers ou bien déconnectée dans le temps ? S'agit-il d'une introduction de nouveaux savoirs techniques par des populations allochtones ou peut-on imaginer que les sociétés mésolithiques locales aient joué un rôle actif dans leur diffusion, voire dans leur constitution ? (3) Quels sont les effets de l'apparition des animaux domestiques et des techniques d'élevage sur l'alimentation des populations humaines et sur leurs représentations mentales du monde animal ?

72 BADBADBADBEVHOEDICTEVIEC (3) (2)(1) CapriniCaprinés RuminantiaP. Ruminant indet. BosBœuf taurus BosAurochs primigenius BosBoviné sp. indet. CervusCerf elaphus o CN ■sr LO CD CM CapreolusChevreuil capreolus SusSuiné sp.indet. LepusLièvre europaeus CastorCastor fiber HalichoerusPhoque grypus gris CD

h- CN VulpesRenard vulpes CD CanisChienfamiliaris CD MartesMartre martes CL FelisChat sylvestris sauvage o ErinaceusHérisson europaeus o *- CD CetaceaCétacé C. g "co "> o CD o CM X -*-«" X CD X X X X X r S g CO cr co r -eu CD 75 CL ■ . -♦—« 0) CD (D W "CO -CDS, ■ c CD Ç?, CD c « * g- s- o * * co XI a Û. CD 'CD C

■CD ^ I s x. o M _ o X > û X i_ c: X X T— X X X X X X X o .g X CD XI LU < > ^D co en -CD O CD CD h- X m CQ

g co o

co ÇO co c: o ■o CD -*—' c en a> c o est i_ o CD c —» CD Q. T3 ® ro eu CD xi 0) (O S I 5 48 S S - -I—» CD .C O CD =J Q CD où c LU o g g O) O) o o o (D Q) CD 0) 0) x m = m "5 ô Il II u o o > o il n n LU- < m m csT CO Fig. 1 : Frontières successives approximatives de l'avancée néolithique dans l'Ouest de l'Europe et localisation des cartes 2-5.

♦ 5650-5500 BC* méditerranéen Fig. 2 : Sites de Bretagne mentionnés dans le texte ayant livré de la faune

Ouessant ^Molènet? Beg ar Loued Iroise

Beg an Dorchenn^ Pointe de Penmarc 'h Locmariaquer Golfe du Groix^ •ç> <* y Morbihan Téviec • Presqu 'Ile de Quiberon Beg er Vil Houat ^Er Yoh 50 km Belle Ile Hoëdic PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

Sur la base des résultats et hypothèses dégagées, et à la lumière de travaux récents de génétique humaine et animale portant sur les mouvements de populations anciennes, on s'interrogera enfin sur la nature des processus qui ont pu sous-tendre les transformations techno-économiques observées ; on tentera notamment de mieux y discerner les parts respectives des phénomènes de colonisation, d'acculturation et de transformation endogène.

4.1. La Néolithisation en domaines atlantiques : des processus divers... En l'état actuel de la recherche, l'adoption d'une économie agro-pastorale en Grande Bretagne et en Irlande, autour de 4000 av. J.-C. (date calibrée) - semble s'être effectuée près d'un millénaire après son apparition dans la partie Nord-Ouest du Continent, où elle intervient vraisemblablement au début du 5e millénaire (fig. 1). Cette rupture dans la propagation vers le Nord-Ouest des techniques économiques néolithiques n'a cessé d'interloquer les chercheurs travaillant sur cette période en Europe occidentale. La situation a souvent été rapprochée de celle prévalant en Europe du Nord (Plaine Nord-Européenne, Sud de la Scandinavie), où une communauté Mésolithique tardive dense, à structuration sociale importante et forte implantation territoriale semble avoir bloqué pendant plusieurs siècles la progression vers les régions septentrionales de groupes néolithiques issus d'Europe centrale et de l'Est de l'Europe occidentale (aire occupée par la Culture de la Céramique Linéaire puis par celle de Rôssen). Cette situation a été propice à une interaction forte entre les communautés néolithiques immigrantes et mésolithiques locales et facilité un transfert progressif d'idées, de techniques et de denrées, de la première vers la seconde (la réciproque est moins voyante, mais également vraisemblable ; Midgley, sous presses). Cela a mené à l'éclosion de cultures d'origine locale originales (Swifterbant, Ertebolle puis TRBK) ayant un héritage culturel mésolithique important mais ayant adopté au moins en partie certaines techniques néolithiques (agriculture, élevage, production de poterie ; voir par exemple Rowley-Conwy, 1984, 1985 ; Jennbert, 1985 ; Madsen, 1986 ; Midgley, 1992 et sous presses ; Louwe Kooijmans, 1998).

Les analogies de situation, temporelles (décalage chronologique dans l'apparition des pratiques agro- pastorales par rapport au « noyau » centre-européen) et géographiques (situation à la périphérie de l'Europe ; voir à ce sujet Kinnes, 1992 : fig. 2.1.1.), ont incité un certain nombre d'auteurs à effectuer un « transfert » de ce modèle vers le Nord-Ouest de l'Europe (Zvelebil et Rowley-Conwy, 1986 ; Thomas, 1988 ; Armit et Finlayson, 1992). A donc été proposé pour la Grande-Bretagne (et l'Irlande, bien que cette dernière ne soit généralement qu'implicitement associée) un scénario où l'adoption des pratiques agro-pastorales se serait faite graduellement, par contact - non nécessairement direct - à plus ou moins longue distance des communautés insulaires avec les groupes contemporains continentaux néolithiques. Néanmoins, il est évident, au vu de la littérature sur le sujet, que son adéquation à la réalité archéozoologique a été insuffisamment testée jusqu'à présent. De plus, on peut se demander à la suite de certains auteurs (Cooney, 2000), si un tel modèle n'est pas trop général et monolithique pour avoir quelque chance d'être utilisable, puisqu'il inclut de manière indifférenciée des aires géographiques aussi diverses que l'Ecosse, le Pays de Galles et l'Angleterre, l'Irlande et même parfois la façade Atlantique de l'Europe continentale, de la Bretagne à Gibraltar. Il nous semble donc nécessaire d'effectuer un découpage géographique tenant compte de paramètres physiques (présence d'obstacles naturels, ou à l'inverse continuité du territoire) et chronologiques lorsqu'il sont connus (dates d'apparition présumées des taxons domestiques et des techniques agro- pastorales) afin d'examiner les données disponibles dans chacun des secteurs ainsi délimités.

L'extrême Nord-Ouest du Continent : la Bretagne. Il est notoire que le sous-sol armoricain ne conserve pas les ossements, les documents exploitables concernant l'apparition de l'élevage et des premiers animaux domestiques y sont donc particulièrement rares. Néanmoins, des assemblages fauniques ont été conservés au sein des amas coquilliers morbihannais de l'extrême fin du Mésolithique à Téviec (Péquart et Péquart, 1937), Hoëdic (Péquart et Péquart, 1954), et Beg Er Vil (Kayser, 1991, 1992) ainsi que dans l'amas coquillier de Beg An Dorchenn (La Torche), dans le Sud Finistère (Du Chatellier, 1881 ; Benard Le Pontois, 1929 ; Giot, 1947 ; Kayser, 1985) (fig. 2). Des restes de petits bovinés signalés par Benard Le Pontois à Beg an Dorchenn et des restes de Caprinés identifiés par Boule à Téviec (in Péquart et Péquart, 1937 ; tab. 1) ont servi d'argument à certains auteurs (Bender, 1985 ; Zvelebil et Rowley-Conwy, 1986) pour bâtir l'hypothèse d'une introduction d'animaux domestiques dés la fin du Mésolithique en Bretagne, ce qui selon eux constituerait l'amorce d'un processus d'assimilation progressive des techniques pastorales par les derniers groupes de chasseurs-collecteurs locaux. Outre le fait que ce scénario laisse dans l'ombre les aspects liés au transfert des connaissances techniques nécessaires à la gestion d'un cheptel (cf. infrd), on pouvait avoir quelques doutes sur la fiabilité des données sur lesquelles il s'appuie, dans la mesure où il s'agit à Téviec et à Beg an Dorchenn de fouilles anciennes portant sur des amas coquilliers, entités dont la stratigraphie est généralement longue et très complexe. Un retour aux documents archéozoologiques de Beg an Dorchenn (Tresset, 2000) a montré que parmi les trois séries d'ossements animaux recueillies successivement sur ce site depuis le siècle dernier par Du Chattelier, Benard Le Pontois et Giot, seule la seconde comporte des Caprinés ainsi que des Bovins et Suinés vraisemblablement domestiques, les deux autres n'ayant permis que l'identification de mammifères sauvages également représentés sur les autres sites du Mésolithique final régional (tab. 1). La présence d'un site de l'Âge du Fer au sommet de l'amas coquillier de Beg an Dorchenn, à proximité de la zone fouillée par Benard Le Pontois, explique très vraisemblablement la présence des ongulés domestiques dans la série collectée par cet auteur. Les collections

76 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002 fauniques de Téviec et Hoëdic, dispersées entre divers musées et laboratoire, sont en cours d'étude par l'auteur du présent article. En revanche, l'étude en cours du matériel faunique de Beg er Vil (Tresset, ibidem) a fourni des données préliminaires (tab. 1). A ce jour, aucun reste n'a pu être attribué à une espèce domestique sur ce site.

L'hypothèse d'une introduction d'ongulés domestiques en Bretagne dés l'extrême fin du Mésolithique, telle qu'elle a notamment été formulée par Zvelebil et Rowley-Conwy, semble donc mise à mal par la révision du matériel faunique anciennement mis au jour et par l'apport de nouvelles données provenant d'habitats. Cependant, l'idée n'est peut être pas à abandonner pour autant : la découverte, il y a quelques années, de deux bovins sub- complets sous le cairn secondaire du d'Er Grah à Locmariaquer (Morbihan ; Tresset et Vigne, sous presses ; fig. 2 bis) relance le débat sur ce sujet. En effet, les deux animaux sont d'une morphologie indubitablement domestique (Bos taurus), quoique d'un gabarit élevé, et semblent associés à des dates anciennes (2 dates radiocarbones sur charbon de bois situeraient la trouvaille à la charnière des 6e et 5e millénaires av. J.-C), correspondant localement à l'extrême fin du Mésolithique. Un transfert d'animaux domestiques de groupes de colons néolithiques vers une communauté mésolithique locale n'est techniquement pas impossible ici, dans la mesure où à la charnière des 6e et 5e millénaires, plusieurs indices d'une présence néolithique, existent immédiatement au Sud de cette région tout d'abord, puis à l'Est. Il s'agit d'une part de documents céramiques cardiaux ou épi-cardiaux repérés en Centre-Ouest (Joussaume et al., 1986), témoignant d'une présence néolithique originaire de Méditerranée, d'autre part d'un site Villeneuve-Saint-Germain découvert à la marge Est de la Bretagne (Cassen et al., 1998), qui représente le point le plus occidental connu de l'aire d'expansion du Néolithique danubien. De plus, des impacts dont l'origine est probablement à rechercher dans le Néolithique méditerranéen (Epi-cardial) ont également été mis en évidence dans l'évolution des armatures lithiques de certains groupes Mésolithiques d'Armorique (Retzien notamment) durant la dernière partie du 6e millénaire av. J.-C. (Marchand, 1999, 2000). Il nous faut enfin mentionner ici les éléments trouvés au sein d'une des fosses situées sous le tertre de Lannec er Gadouer à Erdeven (Morbihan) : s'y trouvaient notamment associés des galets allongés d'origine non locale, des microlithes mésolithiques d'un type étranger à la Bretagne et proche des types du Bassin Parisien occidental ou du bassin de la Loire, et des lames ayant apparemment coupé des céréales (Boujot et Cassen, 1998 ; Boujot et al., 1998 ; Cassen (dir.), 2000). La situation serait ici plus complexe encore que celle suggérée par les bovins de Locmariaquer : elle pourrait laisser imaginer l'arrivée de populations mésolithiques originaires du Bassin Parisien ou de la Loire ayant acquis l'agriculture par contact avec des fermiers néolithiques. Ici, l'acquisition d'éléments « néolithiques » se serait donc plutôt fait au contact des sociétés danubiennes.

Certaines cultures néolithiques, méditerranéennes ou danubiennes, ont donc été vraisemblablement interactives - directement ou par l'intermédiaire d'autres groupes de chasseur-cueilleurs - avec la fin du Mésolithique armoricain, et cette interaction pourrait avoir mené à l'acquisition de têtes de bétail (et de céréales ?) par les groupes mésolithiques du Sud de la Bretagne. Si quelques éléments viennent éclairer l'introduction précoce d'animaux domestiques (du Bœuf, Bos taurus, en l'occurrence) en Bretagne, les débuts de l'élevage proprement dit restent totalement inconnus. L'absence complète de documents archéozoologiques provenant de contextes d'habitat du Néolithique ancien laisse dans l'ombre les modalités d'apparition des pratiques d'élevage. Sans ces éléments, il est impossible de dire si le développement de ces dernières s'inscrit bien dans la continuité logique et historique de l'introduction des bovins domestiques en contexte mésolithique : en effet, sans celle des savoirs zootechniques nécessaires à leur entretien et à leur perpétuation, l'introduction d'animaux domestiques a pu fort bien n'être qu'un incident sans suite, oblitéré par des importations ultérieures.

Bien que rien ne nous permette pour l'instant de décrire les premières pratiques pastorales en Bretagne, quelques indices permettent d'avancer que le bétail à corne tenait une place de choix dans l'univers mental des premiers paysans armoricains, et qu'une certaine valeur leur était donc vraisemblablement attachée. On mentionnera tout d'abord la célèbre gravure de bovins de la dalle brisée de /Table des Marchands/Er Grah, vraisemblablement datée du 5e millénaire, ainsi que les « cornes » sculptées dans la pierre (granité dans la plupart des cas) retrouvés sur divers sites du Golfe du Morbihan (Arzon, Locmariaquer, Erdeven ; Le Roux, 1992) appartenant probablement à la fin du 5e et au début du 4e millénaires. Citons également les nombreux signes en « U » et en « yokes » appartenant au répertoire de l'art mégalithique armoricain de la même période (Shee-Twohig, 1981), qui peuvent être interprétés comme représentant des cornes de bovins et de Caprinés. Il semble également que plusieurs petits coffres en pierre situés sous le tumulus St Michel à Carnac (Morbihan) aient contenu des dépôts de bovins (Le Rouzic, 1932)11. Enfin, il n'est pas interdit de rapprocher ces éléments des motifs « corniformes » qui apparaissent sur les poteries des groupes néolithiques (Monbolo, Chambon, Castellic) qui s'étendent de la Catalogne à l'embouchure de la Loire au milieu du 5e millénaire. Le rapprochement semble d'autant plus pertinent que cet axe reprend la trajectoire supposée des influences néolithiques méditerranéennes sur les industries mésolithiques tardives du Sud de la Bretagne à la fin du 6e millénaire, ainsi que les routes de diffusion possibles des premiers bovins domestiques vers l'Armorique (supra). Toutes ces évocations de bétail appartenant au 5e et au début du 4e

11 Cette mention ancienne a pu être en partie vérifiée par la reprise de ce qu'il reste du matériel faunique de ce site au Musée de Carnac (annexe 1). 77 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002 millénaire suggèrent par ailleurs que le dépôt de bovins d'Er Grah, bien que vraisemblablement encore ancré dans le monde mésolithique, pourrait être à l'origine d'un thème qui se développera au cours du Néolithique.

1 m

Fig. 2 bis : Le dépôt de bovins d'Er Grah à Locmariaquer (Morbihan), d'après Tresset et Vigne, sous presse.

C'est durant les derniers siècles du 4e millénaire que les témoins ostéologiques, qui nous font si cruellement défaut pour le 5e et le début du 4e millénaires, réapparaissent sous la forme d'un important assemblage faunique recueilli à Er Yoh, sur l'île de Houat (Morbihan ; fig. 2) par Le Rouzic dans les années 1920. L'étude exhaustive de ce matériel (Tresset, inédit ; Tresset et Pailler, en cours) révèle un approvisionnement carné fondé sur la pêche, la chasse aux oiseaux de mers et aux limicoles, mais avant tout sur l'élevage, dominé par les Bovins (Bos taurus) et le Mouton (Ovis aries). Les données paléodémographiques rassemblées pour ces deux derniers taxons suggèrent, à travers le maintient sur pieds d'animaux âgés, l'existence de productions dites « secondaires ». Les documents attestant de l'élevage prennent un relief particulier si l'on considère qu'à la fin du 4e millénaire avant J.-C, Houat était déjà vraisemblablement une île, bien que sans doute plus étendue qu'à l'heure actuelle (2.93 km2). Outre le fait que les données archéozoologiques suggèrent un transport par bateau d'animaux domestiques sur quelques kilomètres, elles montrent également que dés cette époque certaines îles du littoral atlantique pouvaient subir une pression (agro)-pastorale non négligeable. Il est intéressant de noter que les indices récemment rassemblés sur l'archipel de Molène - qui était déjà vraisemblablement insulaire à cette période - vont dans le même sens puisqu'elles suggèrent fortement l'existence d'élevage bovin et ovin en contexte Campaniforme, au 3e millénaire (Tresset in Pailler et al., à paraître).

Le Sud de la Grande-Bretagne. De manière frappante, aucun vestige n'atteste de la présence incontestable d'animaux (ou de végétaux) domestiques dans le Sud de la Grande Bretagne avant la transition 574e millénaires avant J.-C, alors que de l'autre côté de la Manche, les témoins d'activités agro-pastorales remontent à la fin du 6e millénaire av. J.-C. (vallée du Rhin) et au début du 5e (Bassin Parisien). Les taxons domestiques (bétail à cornes, porc - Sus scrofa domesticus, céréales) apparaissent brusquement en Angleterre à l'extrême fin du 5e et surtout durant les premiers siècles du 4e millénaire, généralement dans des structures monumentales telles qu'enceintes et sépultures de type « long- barrows », où ils dominent fortement les assemblages. Le caractère religieux des contextes sépulcraux et les incertitudes qui pèsent sur la fonction et le statut - rituels et/ou domestiques - des enceintes ont amené la plupart des

78 Fig. 3 : Chasse et élevage autour de 4000 av. JC des deux côtés de la Manche. B = Bœuf, S = Porc, C = Caprinés, Can = Chien, Ce = Cerf, W = autres animaux chassés. Tous les spectres sont exprimés en %NR. Les histogrammes blancs désignent les élevages centrés sur une association Bœuf/Porc, les histogrammes noirs ceux dominés par le Bœuf, les histogrammes gris les situations intermédiaires et les histogrammes tramés signalent des situations de chasse dominante correspondant vraisemblablement à des sociétés en train d'adopter l'élevage (Pays Bas). Figure d'après Tresset, sous presse.

Windmill Hill 100 - (pre-enclosure) g Swifterbant Q Légende S ■ Z

un - I 1 !1 I! 1 11 i B S C Can Ce W

^ Gué du 3lantain

~1 r—■ ,

Berry-au-Bac

Geispolsheim

100

Munzingen PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002 auteurs anglo-saxons à considérer que les données archéozoologiques et archéobotaniques issues de ces contextes ne reflétaient que de manière très déformées les caractéristiques des économies alimentaires des populations en présence et que des éléments rares dans le domaine du quotidien pouvaient y être mis en valeur à dessein. Cet argument a servi de pierre angulaire pour l'élaboration d'un modèle de continuité économique entre le Mésolithique et le Néolithique dans le Sud de la Grande Bretagne (voir notamment Smith, 1984 ; Williams, 1989 ; Thomas, 1991, 1997 ; Richmond, 1999) dans lequel les restes d'animaux domestiques et de céréales constitueraient des dépôts de bien de prestige effectués par une société dont l'économie alimentaire, fortement enracinée dans le Mésolithique, reposerait encore majoritairement sur la prédation. Ce modèle présente un certain nombre de point de faiblesse qui font qu'il n'est - à nos yeux - plus acceptable.

En effet, il suppose l'existence de sites correspondant aux activités humaines quotidiennes dans lesquels les témoins archéozoologiques et paléobotaniques renverraient majoritairement à la chasse et/ou à la pêche et à la cueillette. Or, de tels sites n'ont pas été identifiés à ce jour. Ceci ne prouve évidemment pas qu'ils n'existent pas ou qu'ils n'aient pas existé, mais une présomption d'existence ne peut être logiquement utilisée comme un argument. Signalons que a contrario certains sites qui ne sont pas des enceintes, mais correspondent vraisemblablement à des habitats ouverts, ont livré des spectres de faune dominés par les animaux domestiques. L'exemple le plus pertinent ici est sans doute Runnymede (Surrey ; Needham et Spence, 1996), site permanent du bord de la Tamise, actuellement localisé à la périphérie ouest de Londres et dont l'occupation du Néolithique ancien est datée des environs de 3700 av. J.-C. Les restes animaux y renvoient clairement à des détritus domestiques et le spectre faunique est dominé par le Bœuf et le Porc (Serjeanson, 1996). Ce spectre diffère peu, par exemple, de celui de l'enceinte sub-contemporaine de Bury Hill (Sussex ; Bedwin, 1981), située à quelques dizaines de kilomètres au Sud.

Les enceintes sont bien connues dans le Bassin Parisien au début du 4e millénaire, et il est logique de faire le rapprochement avec les structures du Sud de l'Angleterre qui leur sont contemporaine. Dans cette dernière région, elles pourraient donc bien constituer des structures « exotiques », importées du Continent. Les restes fauniques et carpologiques qu'on y trouve semblent en tout point comparables à ceux observés dans les contextes analogues du Bassin Parisien (Tresset, inédit), où il a été montré que les restes fauniques provenant des enceintes correspondaient en grande partie à des détritus alimentaires, même si des dépôts - probablement rituels et parfois importants, comme celui de Boury-en-Vexin (Méniel, 1984) - pouvaient y être identifiés (Tresset, 1996). La reprise des données provenant des sites d'habitat et assimilés (dont les enceintes) de l'extrême fin du 5e et des premiers siècles du 4e millénaires av. J.-C. du Sud de l'Angleterre révèle non seulement que les assemblages fauniques de cette période sont essentiellement constitués de restes de taxons domestiques, mais également que les spectres fauniques possèdent généralement des caractéristiques analogues à celles observables sur les sites sub-contemporains du Bassin Parisien (Tresset, 2000 ; fig. 3). Seule l'enceinte de Maiden Castle (Dorset ; Sharples, 1991), site néolithique du Sud de l'Angleterre le plus occidental ayant livré de la faune12 et daté des environs de 3700 av. J.-C, révèle une situation légèrement différente. L'assemblage y est dominé par le Bœuf et le Mouton (Armour-Chelu, 1991), ce qui ne correspond pas à ce que l'on observe alors dans le Bassin Parisien, où le Porc domine aux côtés du Bœuf et où les Caprinés sont généralement rares. Le spectre enregistré à Maiden Castle évoque plutôt ce que l'on observera un peu plus tard en Bretagne, à Er Yoh (cf. supra) par exemple.

Au vu de ces éléments, il paraît vraisemblable que le Nord de la France, le Bassin Parisien en particulier, mais également peut être la Bretagne, ait joué un rôle important dans l'apparition des cheptels comme des pratiques d'élevage dans le Sud de l'Angleterre au début du 4e millénaire av. J.-C... Concernant l'introduction des animaux eux-mêmes, un autre élément vient à l'appuis de cette hypothèse : le gabarit des premiers bovins domestiques du Sud de l'Angleterre est parfaitement comparable à celui de leurs congénères sub-contemporains du Bassin Parisien (Tresset, 2000); il est par ailleurs bien distinct de celui de l'Aurochs britannique tel qu'il nous est notamment connu à travers l'assemblage mésolithique de Star Carr (Yorkshire, 9e millénaire av. J.-C. ; Legge et Rowley-Conwy, 1988), ce qui rend les hypothèses de domestication locale relativement peu crédibles. Toutefois, seul un travail de génétique moléculaire permettra de trancher sur ce problème des origines locales ou continentales des premières souches domestiques britanniques. Les premiers résultats obtenus dans ce domaine (Troy et al., 2001 ; Edwards et al., sous presses) suggèrent dores et déjà une contribution très faible - voire nulle - des souches sauvages locales à la constitution des premiers troupeaux bovins européens, britanniques compris.

Dans la même ligne, il est intéressant de constater que, comme en France de l'Ouest dés le début du 5e millénaire av. J.-C, les bêtes à cornes occupent dans le Sud de l'Angleterre une place symbolique particulière durant le Néolithique ancien (premiers siècles du 4e millénaire ; Kinnes, 1988, 1992). Parmi les manifestations régionales les plus frappantes de cet intérêt pour le bétail citons les dépôts de « head and hooves » (littéralement « tête et sabots »; il s'agit de dépôts comprenant un crâne et des extrémités de membres de bovins qui ont parfois été

Les faunes situées plus au sud-ouest sont quasiment inexistantes, en effet, le substrat géologique de la Cornouaille et du Devon étant, comme celui de la Bretagne, essentiellement constitué de schistes, grès et granité, les os préhistoriques y sont rarement conservés. 80 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002 interprétés comme renvoyant à des dépôts de peaux) de bovins qui accompagnent un certain nombre d'inhumations humaines monumentales (Earthen Long Barrows), notamment dans la plaine de Salisbury (Wiltshire ; pour une synthèse voir Ashbee, 1970 ; Kinnes, 1992). Notons que les Bovins font également l'objet de dépôts dans les fossés d'enceinte, ce qui n'est pas sans rappeler ce que l'on peut observer dans le Bassin Parisien au Cerny (milieu du 5e millénaire), dans l'enceinte de Balloy notamment (Seine-et-Marne ; Tresset, 1997), et au cours du Chasséen (fin du 5e et premiers siècles du 4e millénaire av. J.-C), à Boury en Vexin par exemple (Oise, Méniel, 1984, 1987), bien que dans ce dernier cas ce soient les moutons qui dominent l'assemblage. Dans le Bassin Parisien, cette tradition pourrait néanmoins remonter jusqu'au début du 5e millénaire, puisque différents éléments s'y rapportant vraisemblablement (ossements complets ou sub-complets de bovins associés à des inhumations humaines) ont été observés dans l'enceinte Rubanée de Menneville (Aisne ; Hachem et al., 1998).

Les contacts entre les deux côtés de la Manche sont également matérialisés par la présence de haches cérémonielles en jadéite d'origine vraisemblablement alpine dans le Sud de l'Angleterre vers 3800 av. J.-C. (Sweet Track, et vraisemblablement pour la même période High Peak et Hambledon Hill ; Coles et al., 1974 ; Whittle, 1977 ; Pétrequin et al., 1997) et en Ecosse (Sheridan, 1992). Cinq haches en métadolérite de Plussulien ont également été reconnues dans le Sud et le Sud-Ouest de l'Angleterre (Le Roux, 1999).

L'Ecosse Le Mésolithique final écossais est essentiellement connu à travers l'Obanien, qui perdure au moins jusqu'aux environs de 4500 av. J.-C. cal., et peut être au delà. Cette culture a son épicentre dans la région d'Oban et des Hébrides intérieures, dans le Sud-Ouest de l'Ecosse, mais s'étend jusqu'à la côte est. Les sites, de plein air ou en grotte, comprennent généralement des amas ou des niveaux coquilliers, essentiellement constitués de patelles (Patella sp.). Les sites de Cnoc Goig, Caisteal Nan Gillean et Cnoc Sligeach, sur l'île d'Oronsay (Hébrides intérieures) ont également livré des restes de Gadidés (Lieu noir, Pollachius virens), et de mammifères marins (Phoque gris, Halichoerus grypus et Phoque commun, Phoca vitulina ) ou terrestres (Cerf, Cervus elaphus ; Sanglier, Sus scrofa scrofa) (Grigson et Mellars, 1987). Comme en Angleterre, les techniques agricoles semblent apparaître en Ecosse de manière abrupte durant les premiers siècles du 4e millénaire av. J.-C. Le site de Balbridie (Fairweather et Ralston, 1993), dans les Grampians (est des Highlands), a livré un plan de maison rectangulaire, des grains de céréales (blé, Triticum dicoccum et Triticum aestivum., orge, Hordeum vulgare, avoine, Avena sp.) et des graines de lin (Linum usitatissimum) datés des environs de 3700 av. J.-C. Malheureusement, le substrat géologique écossais ne conservant généralement pas les os en dehors des amas coquilliers, il n'y a pas de données zooarchéologiques exploitables sur ce site. Il faut sortir de l'Ile britannique principale et se tourner vers les archipels écossais des Orcades au nord-est ou des Hébrides extérieures au nord-ouest, où les conditions de conservation sont meilleures, pour trouver les documents zooarchéologiques les plus anciens concernant le Néolithique. Ces données montrent que dès les environs de 3650/3600 av. J.-C, un élevage bien établi de Bovins et Caprinés existait sur au moins une des îles orcadiennes (Papa ), en relation avec le site de Knap of Howar (Ritchie, 1983 ; Noddle, 1983 ; Tresset, 2000 et inédit), qui a par ailleurs livré les fondations en pierre sèche de deux maisons (Richie, ibidem) et plusieurs grains de céréales, dont l'orge (Hordeum vulgare, Dickson, 1983). Bien que sur ce site l'économie alimentaire ait en grande partie reposé sur l'élevage, elle faisait également appel à la pêche (morue, Gadus morrhua, lieu noir, Pollachius virens, Congre, Conger conger ; Wheeler, 1983), à la chasse aux oiseaux de mer (Bramwell, 1983) et de manière non négligeable à la collecte des mollusques marins (patelles - Patella sp. - essentiellement ; Evans et Vaughan, 1983). Il est important de noter ici que Knap of Howar correspond au tout début de l'occupation humaine de l'archipel : aucun site mésolithique structuré n'y a en effet été repéré, même si certains indices (artefacts lithiques trouvés en surface) laissent penser que les îles orcadiennes étaient connues et fréquentées occasionnellement à cette période (Wickam-Jones, 1994). Les sites d'habitat du début du 3e millénaire (, Mainland; Links of Noltland, Westray) révèlent eux aussi un élevage centré sur les Bovins et le Mouton (Clarke et Sharples, 1990).

La révision critique du matériel de Knap of Howar par l'auteur du présent article (Tresset, inédit) montre que le Cerf n'y est identifiable que par des fragments de bois travaillés, ce qui n'implique pas la présence de l'espèce dans l'archipel. En revanche, la récurrence des restes post-crâniens, non seulement dans les habitats, mais également dans la plupart des tombes mégalithiques postérieures à Knap of Howar (fig. 4) montre clairement que le Cerf vivait dans l'archipel des Orcades dés le début du 3e millénaire (dates obtenues à Knowe of Ramsey sur , Isbsister sur South Ronaldsay, Holm of ), alors qu'il n'y est pas autochtone. On ne peut totalement écarter l'hypothèse d'une colonisation des Orcades par le Cerf moyennant une traversée à la nage depuis la côte écossaise (Caithness), plusieurs petites îles ayant pu servir de relais. On peut néanmoins se demander si l'importance que semble prendre immédiatement l'espèce est compatible avec ses seules capacités reproductives, ou si elle résulte d'introductions volontaires répétées. Les manifestations à caractère rituel telles que celle impliquant 15 squelettes complets de Cerf à Links of Noltland (Sharples, 2000), révèlent assez clairement l'intérêt, au moins symbolique, que pouvait avoir l'espèce pour les hommes néolithiques et rend crédible l'hypothèse d'une introduction humaine volontaire. Enfin, il est intéressant de noter que les données métriques rassemblées à Westray (îlot satellite de Papa Westray, vraisemblablement alors rattaché à son île principale, au moins à marée basse ; Tresset, 81 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002

inédit) et à Quanterness (Mainland, Clutton-Brock, 1979) révèlent une décroissance marquée de la taille des individus quelques siècles au plus après l'arrivée de l'espèce dans l'archipel (fig. 5). Le décalage de taille avec les animaux de l'île britannique principale sont du même ordre que celui observable entre les sujets mésolithiques de l'île d'Oronsay dans les Hébrides intérieures (Grigson et Mellars, 1987) et ces derniers (fig. 5 et 6). Dans son étude, Grigson (ibidem) considère que les individus représentés à Oronsay, dont la surface est très restreinte (environ 8 km2 de nos jours, sans doute moins à la période considérée, en raison d'un niveau marin un peu plus haut, Jardine, 1987), ont vraisemblablement été chassés sur l'île voisine de Colonsay (46.17 km2 de nos jours) ou éventuellement sur celle, plus grande, de Jura (env. 367 km2 de nos jours). Les conditions de formation de l'assemblage faunique de Holm of Papa Westray ne sont pas encore éclaircies : la structure qui le contenait est une tombe mégalithique et les travaux archéozoologiques déjà réalisés (Harman, ms. inédit ; Tresset, travaux en cours) suggèrent qu'il puisse s'agir en partie d'une accumulation naturelle. Il est encore trop tôt pour dire si les restes de Cerf ont pu ou non arriver sur l'îlot de Holm of Papa Westray sans l'intervention de l'homme. Quoi qu'il en soit, l'origine immédiate des individus pourrait être à rechercher sur l'île proche de Westray, dont la surface (47.13 km2) est sensiblement la même que celle de Colonsay, sans exclure totalement toutefois qu'elle puisse être sur l'île voisine de Papa Westray (9.18 km2). En effet, on connaît des cas actuels de petites îles - telle Scarba (14.74 km2) dans les Hébrides intérieures - supportant une population de Cerf non négligeable (Deer Commission for , 2000).

• • • • • • • Oronsay; n=20 (données Grigson, 1987)

0 ^ Quanterness; n=2 (données Clutton-Brock, 1979)

00 0 0 0 «M* « •> • Holm of Papa Westray n=15

Référence Ile principale [ étendue, moyenne et écart-type; 15

Fig. 5 : Taille du Cerf dans les Orcades et les Hébrides par rapport à l'île principale. Pour les données de l'île principale, sont également indiqués l'étendue, la moyenne et l'écart type.

Concernant les animaux domestiques, une situation préhistorique analogue à celle des Orcades est observable dans les Hébrides extérieures : l'archipel, vraisemblablement non occupé au Mésolithique, a été investi par l'homme néolithique entre le milieu du 4e et le début du 3e millénaire av. J.-C. Plusieurs sites du Néolithique moyen et final et du Campaniforme (Northton sur l'île de Harris ; Eilean Domhnuill et The Udal sur North Uist ; Rosinish sur Benbecula ; Serjeanson, 1990 ; Armit, 2001 ; Murphy, 2001 ; fig. 6) ont livré des restes d'espèces domestiques parmi lesquels les Bovins et le Mouton sont, comme dans les habitats orcadiens, les mieux représentés, attestant d'un élevage bien établi. Il est frappant de constater qu'ici encore, et sensiblement à la même période que dans les Orcades (vraisemblablement au début du 3e millénaire), le Cerf a été introduit (très probablement par l'homme) dans l'archipel, peu de temps après les taxons domestiques (Serjeanson, 1990).

Les données actuellement disponibles pour l'Ecosse font donc apparaître d'une part, sinon une disparition, du moins une « perte de lisibilité » de l'occupation mésolithique vers 4500 av. J.-C, et une apparition des animaux et plantes domestiques et des techniques agro-pastorales autour de 3800/3700 av. J.-C. sans transition apparente avec la période précédente. Celle-ci pourrait être mise en relation avec un impact continental suggéré d'une part par l'apparition d'une céramique d'un type connu en Bretagne à la fin du 5e millénaire (Castellic) dans le Sud-Ouest de l'Ecosse (Achnacreebeag dans la péninsule d'Argyll ; Sheridan, 2000), vraisemblablement au tout début du 4e millénaire av. J.-C, d'autre part par l'existence d'un plan de maison évoquant les types continentaux de la fin du 5e millénaire av. J.-C à Balbridie près d'Aberdeen, sur la côte est de l'Ecosse, au début du 4e millénaire av. J.-C.

82 15 Km

North Uist

Benbecula South

Barrai-^

Ecosse

|Fig 6 • Archipels des Hébrides intérieures et extérieures : localisation des principales îles et des lieux mentionnés dans le texte. La ligne pointillée représente la limite des -50 m. Légende : Fin 6e / début 5 e millénaire av. J.C. 5e millénaire av. J.C. 4e millénaire av. J.C.

O 3e millénaire av. J.C.

Dépôts de bovins en contextes mégalithiques

Balloy

Art mégalithique Carnac. Locmariaquer^ Dépôts de bovins en contextes Cerny et Chasséen Poteries à décors corniforme Le Gournier La Roberte euve-Tolosane.

Fig. 7 : Dépôts et représentations des bovins en contexte Néolithique en Europe Atlantique et régions voisines. PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

L'Irlande. L'économie de subsistance du Mésolithique final irlandais (6500 à 4200 av. J.-C. environ) est essentiellement connue à partir de sites côtiers datés du milieu du 5e millénaire av. J.-C. (Van Wijngaarden-Becker, 1990). Il s'agit généralement d'amas ou de niveaux coquilliers, ce qui a pour conséquences une bonne conservation des vestiges vertébrés d'une part (ces derniers ayant bénéficié d'un pH favorable), mais un positionnement chrono- stratigraphique qui peut être sujet à caution de l'autre, les amas coquilliers ayant généralement été accumulés sur une très longue période et leur stratigraphie étant souvent délicate à mettre en évidence. Ces sites révèlent une alimentation d'origine animale fondée sur les mollusques, les crustacées, ainsi que des vertébrés marins (poissons, mammifères et oiseaux marins) et terrestres (Sanglier essentiellement).

C'est dans ces contextes côtiers de la fin du Mésolithique que plusieurs restes de mammifères domestiques ont été trouvés, anciennement ou plus récemment, à Sutton (Bœuf, Mitchell, 1956, 1972) et Dalkey Island (Mouton et Bœuf, Hatting, 1968), tous deux dans la baie de Dublin et à Ferriter's Cove (Bœuf, Woodman et O'Brien, 1993 ; Woodman et al., 1997 ; 1999), dans le Kerry (Sud-Ouest de l'Irlande). Il faut également ajouter ici les données issues de la grotte de Kilgreany (Bœuf, Tratman, 1929 ; Movius, 1935), dans le Comté de Wexford (Sud de l'Irlande). Un programme de datation systématique de ces restes (Woodman et al., 1997) a montré qu'ils appartiennent bien tous aux derniers siècles du 5e millénaire, à l'exception de celui de Sutton, qui est plus ancien. La présence d'animaux domestiques dans un contexte Mésolithique « terminal » semble donc être attestée dans le cas de l'Irlande. Soulignons que le Bœuf représenté dans les différents sites mentionnés plus haut ne peut être issu d'une domestication locale, l'Aurochs (Bos primigenius) n'ayant vraisemblablement jamais existé sur l'île (Woodman, 1978 ; Woodman et al, 1997 ; Sleeman, 1997 ; Yalden, 1999 ; McCormick, 1999). L'hypothèse d'une introduction du Bœuf et du Mouton à partir de la Grande-Bretagne paraît peu vraisemblable, dans la mesure où aucun reste d'animal domestique antérieur à 4000 av. J.-C. environ n'y a été mis en évidence à ce jour. Actuellement, le modèle le plus convainquant est celui d'une introduction à partir de l'Ouest du Continent, qu'il s'agisse de la façade atlantique de la France (où les bovins domestiques ont été introduits plusieurs siècles auparavant, et où plusieurs documents iconographiques témoignent de l'importance au moins symbolique du bétail au 5e millénaire av. J.-C. ; cf. supra), de l'Espagne ou du Portugal. La dynamique d'expansion particulièrement rapide du Cardial dans cette dernière partie de l'Europe, telle qu'elle a été récemment mise en évidence (Zilhâo, 2001), rend en effet plausible une origine ibérique. L'apparition d'animaux domestiques en contexte de chasse- cueillette n'implique néanmoins pas nécessairement un contact direct entre sociétés mésolithiques locales et fermiers immigrants : des chasseurs ont pu tuer des animaux domestiques échappés des troupeaux néolithiques. Une telle hypothèse permettrait d'expliquer en partie qu'aucun élément de la culture matérielle continentale ne soit associé aux restes animaux en question, ce qui est le cas ici. Cependant, dans l'état actuel de la recherche, la culture matérielle continentale est totalement absente de la région à cette période. Il faut en effet attendre la transition 574e millénaires av. J.-C. pour voir apparaître les premiers indices tangibles d'un impact continental dans une région proche, avec les éléments d'Achnacreebeag (voir ci-dessus). On pourrait alors imaginer ici que la présence d'animaux domestiques résulte d'une tentative sans suite de s'installer sur l'île par des colons continentaux. Les vestiges d'une occupation d'origine continentale limitée au rivage auraient pu être détruites ou occultées par les modifications du tracé de la côte liés à la remontée du niveau marin et à l'ensablement des baies et estuaires jusque vers 3000 av. J.-C. dans la moitié sud de l'île (cf. les courbes de variation et les données paléosédimentaires publiées par Taylor et al., 1986 ; Carter, 1989). La date obtenue pour le reste de bovin domestique de Sutton est située aux alentours de 5500 av. J.-C. (date calibrée) et pose problème : elle est non seulement antérieure à l'introduction de l'élevage en Irlande et en Grande- Bretagne, mais également à son apparition dans la moitié Nord de la France, datée des derniers siècles du 6e millénaire ou du tout début du 5e selon les régions. Signalons que la datation originelle du reste de Bovin de Sutton (OxA-3691=6660+/-80 BP) a été effectuée une seconde fois pour vérification (OxA-3960=6560+/-75 BP) livrant un résultat assez peu différent du premier. Si la détermination spécifique est correcte (ce point est encore à débattre ; Woodman et al., 1997) cette donnée suggère l'existence d'une connexion avec le courant de Néolithisation cardial, responsable de l'introduction de l'élevage et des animaux domestiques en Méditerranée occidentale à la fin de la première moitié du 6e millénaire, et seul à même d'avoir diffusé des animaux domestiques dans l'Ouest de l'Europe à une date aussi ancienne. Un tel phénomène n'est pas exclu : il pourrait se situer dans la même ligne que les impacts culturels d'origine cardiale repérés au sein des industries lithiques armoricaines de la fin du 6e millénaire (Marchand, 1999, 2000 ; cf. supra). Les animaux domestiques apparaissent de manière plus affirmée, en contexte clairement néolithique cette fois ci, durant les premiers siècles du 4e millénaire av. J.-C, c'est-à-dire en sensiblement en même temps que leur introduction en Grande Bretagne (cf. supra). Les sites de Tankardstown (Co Limerick) et Tralee (Co. Kerry) ont tous deux livré des restes de Bovins et Caprinés (McCormick, 1988 ; Kiely, comm. orale) associés à un plan de maison quadrangulaire (et dans le cas de Tankardstown à des grains de blé ; Monk, 1988). Leurs dates sont situées autour de 3700/3650 av. J.-C (Gowen, 1988 ; Kiely, comm. orale). Aucun document archéozoologique ne permet d'établir un rapport entre l'apparition de taxons domestiques en contexte Mésolithique « terminal » le long de la Mer 85 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002 d'Irlande durant les derniers siècles du 5e millénaire (cf. supra) et leur présence en contexte Néolithique autour de 3700/3650 av. J.-C. dans le Sud du pays. Il pourrait fort bien s'agir ici de deux phénomènes déconnectés, correspondant à deux, et même trois si l'on prend en compte la date obtenue à Sutton, vagues d'introduction d'animaux domestiques en provenance du Continent, les deux premières n'ayant pas débouché sur l'établissement durable de l'élevage sur l'île. Il est intéressant de constater que comme dans les Orcades et les Hébrides extérieures, mais aussi comme dans l'Ouest de l'Angleterre et en Bretagne, les Caprinés sont particulièrement bien représentés auprès des Bovins. Il pourrait s'agir là d'une caractéristique propre à la frange occidentale du Nord-Ouest européen. Néanmoins, cela pourrait également refléter une convergence due à la similitude des environnements plus qu'un indice de contacts culturels : la poterie représentée à Tankardstown et à Tralee renvoie à un type britannique très ubiquiste (carinated bowl) plutôt qu'à des formes de la façade atlantique (Sheridan, comm. pers.). Un autre phénomène intéressant à relever est celui de l'introduction du Cerf en Irlande, probablement au tout début du 3e millénaire av. J.-C. (Woodman et al., 1997), comme ce fut sans doute également le cas dans les Orcades et les Hébrides extérieures (cf. supra).

Sud de la Grande- Bretagne Sud de l'Irlande Bassin Parisien Bretagne Oui introduction des Oui Oui Oui animaux domestiques autour de 5000 av. JC autour de 4000 av. JC 4500-4000 av. JC Date autour de 5000 av. JC Mésolithique final Pionniers agro-pasteurs ? Mésolithique final Contexte culturel Pionniers agro-pasteurs

Type de témoiqnaqe

données métriques - ADN biogéographie Bœuf données métriques données métriques fossile biogéographie biogéographie Mouton biogeographie aucun indice Pas de données aucun indice Porc données métriques aucun indice analysées

Oriqin assumed Pas de données Monde danubien : est Monde Danubien? Bassin Chasséen septentrional? disponibles, mais la de la France, Bassin Parisien (données France ou l'Espagne Bœuf Parisien (données Allemagne (données métriques) métriques) devraient être métriques) considérées

Monde danubien : est de la France, (données métriques) Pas de données Mouton Pas de données Allemagne (données métriques) Pas de données Pas de données Pas de données Porc Pas de données analysées Oui? Ferriter's Cove, Acquisition d'animaux vraisemblable à Dalkey Island, aucun indice aucun indice domestiques par les Locmariaquer Kilgreany chasseur-cueilleurs Pas d'indice ? Introduction des Oui Pas d'indice ? Oui techniques d'élevage Chasséen / MK Oriaine supposée Monde Danubien Domestication locale Non ? (ADN fossile) Improbable Cattle Non? (ADN fossile) aucun indice aucun indice aucun indice Pig pas d'indice ? aucun indice Tab. 2 : Modalités d'apparition des animaux domestiques et de l'élevage dans le Bassin Parisien, en Bretagne, en Irlande et en Grande Bretagne.

4.2.... des effets analogues. Les processus d'apparition des animaux domestiques et de l'élevage semblent donc avoir été divers : chaque macro-région possède sa propre histoire dans ce domaine (tab. 2), et cela suffit à nos yeux à réfuter définitivement les grands modèles généraux proposés jusqu'ici pour expliquer l'apparition d'une économie de production dans le Nord-Ouest européen. Il n'en reste pas moins que certaines constantes sont observables sur l'ensemble des territoires envisagés ici. C'est par exemple le cas du grand bouleversement alimentaire qui semble s'opérer après l'introduction des animaux domestiques. On observe en effet entre le Mésolithique et le Néolithique le passage d'une alimentation en grande partie marine à une alimentation presqu'exclusivement terrestre. Ce phénomène, révélé par l'analyse de la teneur en 13C des ossements humains, est enregistré aussi bien au Portugal (Lubell et al., 1994), qu'en Ecosse (Richards et Mellars, 1998 ; Schulting, 1998), en Angleterre et au Pays de Galles (Schulting, 1998 ; Schulting et Richards, 2000), en Irlande (Schulting, 1999) et dans une certaine mesure en Bretagne (Schulting, 1998 et comm. pers.). Il existe également au Danemark, où il avait été mis préalablement en évidence 86 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

par Tauber (1981). Dans le cas du Portugal comme du Danemark, un grand nombre de mesures de 513C jalonnent la transition entre Mésolithique et Néolithique, et il est donc possible d'y apprécier la rapidité du changement alimentaire, qui intervient vers 5400 av. J.-C. dans le premier cas, peu après 4000 av. J.-C. dans le second, c'est-à- dire en parfait accord avec les dates du début de l'élevage dans ces régions. En Grande-Bretagne, en Irlande et en Bretagne, les données ne permettent pas encore une telle finesse dans l'analyse chronologique des événements. Il est possible que le changement y ait eu un rythme différent. Il est par ailleurs vraisemblable que le changement alimentaire ne se soit pas limité à la zone côtière. Le phénomène pourrait avoir un écho plus à l'intérieur des terres, puisque les témoins archéozoologiques (représentation des Poissons par rapport aux autres classes de vertébrés dans les assemblages fauniques), archéologiques (présence ou non d'objets liés à la pêche) et isotopiques suggèrent, dans le Bassin Parisien et dans le Sud de l'Angleterre, un changement alimentaire lié à l'arrivée des cheptels domestiques et caractérisé par l'abandon des ressources aquatiques d'eau douce (Serjeantson et al, 1994 ; Richards et Hedges, 1999 ; Bocherens et al, soumis ; Bridault, Bocherens et Tresset, travaux en cours). C'est toutefois sur le littoral qu'il s'exprime de la manière la plus paradoxale. En Europe du Nord-Ouest, cette « victoire » de la terre sur la mer prendra sa pleine mesure au cours du Néolithique avec l'implantation, qui paraît presque systématique, de l'élevage et de l'agriculture sur les petites îles atlantiques, milieu marin par excellence.

Un autre problème — de taille - qui reste en suspens est de savoir si ce bouleversement alimentaire reflète un remplacement plus ou moins important des populations, lié à l'arrivée de groupes pionniers ou bien un réel changement des habitudes alimentaires de groupes autochtones - on retrouve donc ici encore l'alternative entre colonisation et acculturation comme moteur de la Néolithisation de l'Europe atlantique. Les données récentes de la génétique moléculaire (Sykes, 1999 ; Hill et al., 2000) suggèrent d'une part la survivance d'un important pool génétique anté-néolithique via la lignée maternelle (résultats obtenus à partir de l'analyse de I'ADN mitochondrial actuel) pour toute l'Europe, d'autre part un apport génétique d'origine proche-orientale par la lignée masculine (analyse du chromosome Y) d'importance non négligeable et décroissante lorsqu'on se déplace vers l'Atlantique. Cela renvoie probablement à une situation asymétrique des deux sexes vis-à-vis du processus de changement de population lors de la néolithisation de l'Europe, où ils n'ont vraisemblablement pas joué un rôle équivalent. Sur la base des données disponibles, on peut donc imaginer un scénario ou des groupes de colons essentiellement constitués d'hommes se seraient installés dans des territoires dont ils auraient épousé les femmes, cette situation - qualifiée d'« introgression » par les généticiens - est extrêmement fréquente dans l'histoire des colonisations (Spielmann et Eder 1994; voir également Hurles et al., 1998 pour un exemple particulièrement parlant sur la colonisation européenne de la Polynésie). Dans un tel cas de figure, seule une partie de la population - essentiellement féminine - est amenée à changer son alimentation au cours du temps, adoptant celle des colons. Il est donc possible que l'analyse des histoires alimentaires individuelles, des femmes en particulier, des régions côtières à la transition Mésolithique final/ Néolithique ancien nous apprenne beaucoup sur les modalités de néolithisation et sur l'impact de l'introduction de l'élevage dans ces régions. Une telle approche est désormais possible grâce à l'analyse des teneurs en l3C et 15N des zones du squelette humain formées à différentes périodes de la vie (cf. les travaux de Schulting, 1998 et Schulting et Richards, 2001 pour le Mésolithique de Bretagne). Comme dans le cas des documents archéozoologiques (cf. supra), le principal problème auquel on se heurte ici pour le Nord- Ouest européen est la faible quantité de matériel humain datant précisément de cette transition dans les différentes régions considérées. Un autre élément récurrent dans le processus de néolithisation des territoires atlantiques et durant le Néolithique ancien de ces régions est la place centrale des bovins, tant dans l'économie (Kinnes, 1988) que dans les représentations du monde, comme le suggèrent un certain nombre de figurations (motifs de l'art mégalithique, décors de poterie...) et de dépôts en contexte mégalithique, dans les sépultures de type « Long Barrow » et dans les enceintes (Grant, 1991 ; Le Roux, 1992 ; Tresset, 1996 ; Whittle et al., 1999 ; Tresset et Vigne, sous presse). On l'a vu plus haut, la plus ancienne de ces manifestations de type « symbolique », pourrait être le dépôt de bovins d'Er Grah à Locmariaquer, vraisemblablement daté de la transition Mésolithique/Néolithique (extrême fin du 6e millénaire av. J.-C). Ces manifestations se retrouveront par la suite en domaine atlantique jusqu'au 3e millénaire (fig.7). On peut citer : les décors « corniformes » des poteries des groupes qui occupent le Sud-Ouest et le Centre- Ouest de la France, des Pyrénées à la Loire, au milieu du 5e millénaire (groupes de Monbolo et Chambon) les motifs en U de l'art mégalithique et les « cornes » sculptées en pierre retrouvées sur plusieurs sites morbihannais (Arzon, Locmariaquer et Erdeven), vraisemblablement datés des 5e et 4e millénaires (Le Roux, 1992), les dépôts de type « head and hooves » (supra) des 4e et 3e millénaires dans le Sud de l'Angleterre et de dépôts de bovins, généralement complets, en connexion avec des structures mégalithiques des 4e et 3e millénaires au Pays de Galles et en Irlande (Tresset et Vigne, sous presse). Parallèlement, et peut-être en connexion avec ces éléments atlantiques, on enregistre au milieu du 5e millénaire et jusqu'au début du 4e des manifestations symboliques mettant en jeu des bovins dans des territoires situés un peu plus loin dans les terres, en contexte Cerny puis Chasséen.

Enfin, le Cerf semble aussi avoir eu un statut tout à fait particulier à certaines périodes du Néolithique dans une partie de la zone considérée. Le fait qu'il ait vraisemblablement été volontairement introduit dans les archipels des Orcades et des Hébrides, ainsi qu'en Irlande, à l'extrême fin du 4e millénaire ou au début du 3e millénaire av. J.-C. (cf. supra) implique un contrôle important de la population animale par l'homme. On peut s'interroger sur les

87 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002 motivations de ce contrôle et de ce transfert vers des îles périphériques. Des raisons techno-économiques ont été avancées- le bois de Cerf étant un matériau important pour l'outillage - mais elles ne permettent pas d'expliquer certaines manifestations comme le dépôt de Links of Noltland (Sharples, 2000). On ne peut s'empêcher ici de faire un rapprochement avec ce qui a été observé pour le Cerf élaphe et d'autres Cervidés en Méditerranée : le Daim {Dama mesopotamica) a été introduit dés le début du Néolithique à Chypre (fin du 9e millénaire av. J.-C), puis à l'Age du Bronze en Crête ; le Cerf élaphe à été introduit au Néolithique final en Sardaigne et durant l'Antiquité en Corse (pour une synthèse, voir Vigne 1993, voir également Vigne et al, 2000). Dans le processus de colonisation de ces îles, les groupes humains semblent avoir voulu recréer artificiellement non seulement leur sphère domestique mais également une partie de leur environnement naturel. Le fait que les îles des Hébrides et des Orcades soient de petites tailles ajoute ici une dimension particulière à ce phénomène. L'introduction du Cerf dans ces petits espaces naturellement délimités pourrait en effet s'apparenter à une gestion pastorale extensive, telle qu'on la connaît encore aujourd'hui dans les petites îles du Nord-Ouest européen pour le Mouton par exemple.

Entre la fin du 6e millénaire av. J.-C. et le début du 3e, les sociétés du Nord-Ouest de l'Europe ont donc délaissé, selon des rythmes et des modalités variables, les ressources marines et fluviales jusque là centrales dans les régimes alimentaires, pour adopter des économies de subsistance presque exclusivement terrestres. Ce basculement drastique des valeurs non seulement économiques, mais également probablement symboliques, semble étroitement lié à l'introduction des ongulés domestiques dans la région. Il est possible que le changement ait dans certains cas été imposé par des populations immigrantes, mais la dynamique d'expansion agro-pastorale, marquée par des temps d'arrêt importants (de l'ordre du millénaire) dans le Nord-Ouest du Continent (5e millénaire), dans les grandes îles situées plus au Nord (Irlande, Grande-Bretagne ; 4e millénaire) avant d'atteindre les archipels périphériques (début du 3e millénaire) pourrait signer un processus d'intégration progressive des populations locales au mouvement. Dans cette même ligne, la gestion territoriale tout à fait particulière du Cerf dans ces petites îles pourrait relever d'expériences locales d'appropriation/domestication calquées sur l'élevage des ongulés domestiques et adaptées aux conditions régionales. Quoiqu'il en soit, le nouvel équilibre régional mis en place avec le recentrage de l'exploitation des milieux côtiers et fluviaux vers la terre prévaudra jusqu'à nos jours, et ne sera remis provisoirement en question qu'avec l'ère Viking, au cours du Moyen Age.

5. ESTIMATION DE LA RESSOURCE ALIMENTAIRE EN MASSE DE CHAIR D'APRES LES RESTES DE COQUILLES : APPLICATIONS AUX BERNIQUES PATELLA SP. ET AU 'BIGORNEAU' MONODONTA LINEATA DE SITES MESOLITHIQUES ET NEOLITHIQUES (CATHERINE DUPONT ET YVES GRUET).

5.1. Introduction Les populations humaines côtières peuvent être plus ou moins influencées par l'environnement marin. Alors que certaines utilisent intensivement toutes les ressources marines exploitables, jusqu'à tourner la majeure partie de leur économie vers la mer, d'autres les délaissent. Ainsi, les témoins des activités liées à l'exploitation des ressources littorales varient au sein du matériel archéologique. Le volume important des amas coquilliers, pour la plupart mésolithiques, n'est jamais passé inaperçu (Garanger, 1992). Mais que sait-on de leur véritable 'poids' dans l'alimentation au quotidien des Mésolithiques ? En effet, le réel impact des mollusques dans l'alimentation des hommes préhistoriques reste peu connu. La séparation de la part en masse de chair de la nourriture marine consommable par rapport à celle d'origine terrestre est un moyen, encore peu exploité, d'approcher le degré de dépendance de l'alimentation humaine vis à vis de l'environnement marin. L'estimation de la masse de chair, traitée dans le cadre de cet article, pour la malacofaune, entraîne d'autres implications dans des domaines encore peu abordés. Ces quantités de coquillages ramassés impliquent une consommation plus ou moins éloignée du lieu de pêche et induisent de ce fait un transport des coquilles accompagnées de leur chair sur les lieux de consommation. La quantification de la masse totale ainsi acheminée est en rapport avec l'énergie dépensée pour les transporter sur le lieu de consommation. Enfin, selon les espèces pêchées, le rendement en terme de masse de chair par rapport à la masse de coquille peut fortement varier. L'étude porte sur deux genres de Gastropodes bien différents, Patella sp. et Monodonta lineata, sélectionnés du fait de leur présence et de leur abondance relative en de nombreux sites archéologiques côtiers (Gruet et Dupont, 2001).

5.2. Matériel et méthode Dans le but de remonter au monde du vivant à partir des coquilles issues de dépôts archéologiques, la théorie de l'actualisme a été appliquée. Nous partons de l'hypothèse que les espèces actuelles de Patella et de Monodonta ont la même morphologie, biologie et écologie qu'il y a quelques milliers d'années. Les conditions générales de vie de la monodonte et de la patelle ainsi que les stations de référence échantillonnées sont présentées. Ensuite, après avoir préparé les échantillons, plusieurs mesures sont effectuées sur les référentiels actuels permettant la recherche d'une relation entre la masse de la coquille et celle de la chair fraîche.

88 DUPONT C. et GRUET Y., 2002 (sonspresse)- Du test coquillier à la ressource alimentaire Revue d'Archéométrie,

Fig. 1, Les espèces étudiées ; A : la monodonle Monodonta lineata ; les patelles, B : Patella viilgata ;C:P. intermedia; D: P. ulyssiponensis.

15 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002

Présentation des espèces Les données morphologiques, écologiques et biogéographiques sont reportées d'après les données bibliographiques générales (Dautzenberg, 1913 ; Fretter and Graham, 1976 ; Phillips, 1987 ; Lindner, 1976 ; Wye, 1990 ; Poppe and Goto, 1991 ; Woodward, 1995). Certains travaux portent plus précisément sur la systématique ou la morphologie (Christiens, 1973) et sur la croissance des Patella sp. (Choquet, 1968) ; d'autres sur la croissance et l'écologie de Monodonta lineata (Daguzan, 1991 ; Williamson et Kendall, 1981).

Monodonta lineata, da Costa. 1778 (Fig. 1-A) Cette espèce est souvent confondue avec le bigorneau noir Littorina littorea. Ce gastéropode a une coquille conique d'environ six tours de spire. Son ouverture nacrée présente une seule dent d'où son nom de genre. Sur les sujets âgés l'apex érodé montre une coloration jaunâtre et nacrée. Les individus mesurent jusqu'à 25 millimètres de diamètre et environ 30 millimètres de hauteur. Absente de la Méditerranée, où des espèces proches existent, cette espèce est distribuée au nord depuis l'Irlande et le Pays de Galles jusqu'au sud du Portugal. Elle ne pénètre pas en Manche orientale ni en Mer du Nord. Strictement intertidale, elle est même limitée à la partie moyenne et supérieure de l'estran. Exclusivement de milieu rocheux, elle vit sur les côtes battues à moyennement abritées. Elle a été largement utilisée au cours de la préhistoire en tant que ressource alimentaire. D'accès aisé, cette espèce peut être collectée à main nue, plusieurs heures quotidiennement, quel que soit le coefficient de la marée.

Patella sp. Trois principales espèces de patelles ou 'berniques' vivent sur la côte atlantique de la France. La confusion liée à leur identification a provoqué la profusion des synonymes.

P. vulgata Linné, 1758 (Fig. 1-B). Cette patelle possède une coquille conique plutôt élevée par rapport aux autres espèces. L'ouverture est ovale assez large et présente un contour régulier peu crénelé. L'apex est central ou légèrement antérieur. Les côtes radiales sont rectilignes et fines. Dans certains cas, des côtes moins marquées peuvent alterner avec des côtes légèrement plus proéminentes que les précédentes. Les arrêts de croissance se démarquent peu. Sa coloration externe varie entre le vert, le bleu verdâtre et le gris. L'intérieur de la coquille est blanc ou jaunâtre avec des cicatrices gris argenté au sommet. La longueur des individus est comprise entre 30 et 50 millimètres les plus grands individus pouvant atteindre 75 millimètres. Cette espèce septentrionale se retrouve du nord de la Norvège jusqu'au détroit de Gibraltar. Typiquement intertidale, cette patelle est observée des hauts aux bas niveaux de l'estran et surtout en mode abrité.

P. intermedia Murray, 1857 (Fig. 1-C). Cette espèce a un profil un peu arrondi. Le découpage de son contour est intermédiaire à celui des deux autres espèces en ce sens qu'il présente des irrégularités mais moins prononcées que chez P. ulyssiponensis. Son apex est antérieur et les côtes difformes, plus marquées que chez P. vulgata, ne sont pas rectilignes. Avec ou sans motif P. intermedia est de couleur variable mais plutôt jaunâtre que verte. L'intérieur de la coquille peut être noir, jaune, orange ou brun et être parfois bordé de petits tirets blancs près du bord. La longueur des individus est comprise entre 26 et 45 millimètres les plus grands individus atteignant 60 millimètres. En Europe, elle est distribuée des côtes atlantiques à la Manche et de la côte Ouest de l'Angleterre jusqu'au sud de Gibraltar. En Manche, elle abonde plus ou moins selon les sites. Sur la côte basque elle est très fréquente et variable de forme. Elle est aussi présente en Méditerranée. Elle se mélange aux deux autres espèces sur la façade atlantique française. Cette patelle possède une large répartition sur l'estran : de sa partie haute à moyenne, comme P. vulgata mais plus souvent dans les mares qui n'assèchent pas, comme P. ulyssiponensis.

P. ulyssiponensis Gmelin, 1791 (Fig. 1-D). Sa coquille a, en général, une forme large et plate. Son ouverture possède un contour très découpé. L'apex, antérieur, est légèrement plus excentré que chez les autres espèces. Suivant les individus, le test est orné de côtes plus ou moins nombreuses convergentes vers le sommet. Les côtes radiales très marquées sont rugueuses. Chez certaines coquilles les arrêts de croissance se démarquent nettement. Sa coloration varie à l'extérieur du gris au blanc sale avec des bandes rayonnantes brunes ou noires. L'intérieur est blanc porcelaine avec souvent des reflets bleus et une tâche centrale orange ou jaune. Les individus mesurent entre 30 et 50 millimètres de long et peuvent atteindre exceptionnellement 70 millimètres. Vivant de la Mer Noire à la Méditerranée et vers le nord jusqu'aux Iles britanniques, cette patelle est absente de la partie orientale de la Manche. Sa limite sud n'est pas connue, car elle est confondue avec P. nigra connue aux Canaries, à Madère et aux Açores. Comme toutes les patelles, cette espèce vit fixée aux rochers. Elle est inféodée aux plus bas niveaux, dans les mares.

Les déterminations étant principalement basées sur la coloration des tests et le relief des côtes, les modifications taphonomiques des échantillons archéologiques ne donnent pas accès à ces éléments dans bien des cas (Russell et al., 1995, p.287), à l'exception de quelques dépôts en grotte. Les caractères discriminants accessibles sur les tests coquilliers archéologiques sont récapitulés (Tableau 1 ).

90 DUPONT C. et GRUET Y., 2002 (souspresse)- Du test coquillier à la ressource alimentaire Revue d'Archéométrie,

Fig. 2. Carte de localisation. - Sites préhistoriques étudiés : 1- Beg-er-Vil (Quiberon, Morbihan), 2- Le Rocher (Villedoux, Charente-Maritime), 3- La Sauzaie (Soubise, Charente-Maritime), 4- Ponthezières (Saint-Georges-d'Oléron, Charente-Maritime), 5- La Perroche (Dolus-d'Oléron, Charente-Maritime). Stations de référence : A- Lérat (La Turballe, Loire-Atlantique), B- Roches de la Bemerie (La Bernerie-en-Retz, Loire-Atlantique), C- Cayola (Les Sables d'Olonne, Vendée), D- l'Ecuissière (Dolus-d'Oléron, Charente- Maritime), Ê- La Chambre d'Amour (Biarritz, Pyrénées-Atlantiques). 16 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

Les stations échantillonnées De nombreux travaux témoignent des variations morphologiques des coquilles de patelles selon l'environnement c'est-à-dire le mode plus ou moins battu de la côte (Mellars, 1978, p.387 ; Russell et al., 1995, p.280-282) et aussi en fonction de la position géographique (Poppe and Goto, 1991, p.69-71). D'autre part, la masse de la chair des mollusques varie légèrement en fonction de la saison et du cycle de reproduction, donc de leur état physiologique au sein de la population. Aussi, les stations échantillonnées ont-elles été localisées, dans la même région biogéographique que les sites archéologiques, sur la côte atlantique française entre la Bretagne sud et le Pays Basque (Tableau 2 et Fig. 2). Par ailleurs, les modes d'exposition aux houles différent nettement selon les stations avec du nord au sud : Lérat (moyennement abrité), la Bernerie-en-Retz (abrité), Cayola (battu), l'Ecuissière (moyennement battu) et la Chambre d'Amour (très battu). Enfin, les dates de prélèvements sont variables (Tableau 2). De fait, la variabilité liée à des localisations et à des saisons de collecte différentes des référentiels sera intégrée sous la forme d'une marge d'erreur globale.

Le protocole de préparation et les mesures des individus Après sa collecte, chaque individu a été lavé et essuyé à l'aide d'un papier absorbant, puis, pesé frais. La masse obtenue comprend en fait la masse de la chair fraîche additionnée de la masse de la coquille ou 'la masse totale fraîche'. Les individus sont ensuite placés dans une étuve à 150°C durant 24 à 48 heures selon la taille des individus, jusqu'à ce que la masse soit constante. La chair est ensuite désolidarisée de la coquille pour peser le test seul. Cela s'avère facile pour la patelle mais moins aisé pour Monodonta à la coquille turbinée. Certains échantillons frais ont subi juste après leur collecte un cycle de congélation décongélation. Cette étape facilite le détachement de la chair du test coquillier. De l'eau oxygénée peut également être utilisée afin de détruire la matière organique de l'animal. Cependant, son utilisation a été limitée, car, le produit finit par attaquer le périostracum de la coquille. La masse de la coquille est alors obtenue au centième de gramme et la masse de chair fraîche calculée.

Les relations recherchées (référentiels) Les séries de Monodonta lineata et (ou) de Patella sp. vivantes ont été échantillonnées dans les stations présentées ci-dessus en choisissant des individus des plus grands aux plus petits : un peu plus de trente individus suffisent à montrer l'extension de la variabilité des tailles (Tableau 2). Des équations de corrélation sont d'abord recherchées entre la masse de la coquille et celle des individus frais, puis, entre la masse de la coquille et celle de la chair fraîche pour chaque série de référentiels actuels. Deux masses étant corrélées, la relation devrait tendre vers la linéarité. Dans le cas d'une bonne corrélation entre les deux variables, les équations de corrélation sont comparées deux à deux afin de savoir si les différentes séries de référentiels peuvent être assimilées à un même lot. Un test de pente est appliqué à cet effet pour un risque de 0,05. Deux cas peuvent se poser. Soit les pentes ne diffèrent pas significativement. Les lots peuvent alors être assimilés à un seul et même ensemble et une variabilité générale peut être calculée en assimilant les différents lots de référentiels à une population. Soit les pentes diffèrent significativement. Les référentiels ne peuvent alors pas être considérés comme une unique population. La variabilité de chaque série de coquilles actuelles est calculée sous forme d'intervalles de confiance tenant compte de la variance des échantillons « tel que l'on ait la probabilité alpha = 0,95 de ne pas se tromper en affirmant que la valeur du paramètre appartient à l'intervalle » (Azoulay et Cohen, 1971, p.46). Les limites inférieure et supérieure de l'intervalle de confiance se matérialisent par deux courbes. Toutes les limites des séries de référentiels sont superposées sur un même graphique. Les équations des deux courbes extrêmes (l'une du coté des petites valeurs, l'autre vers les plus grandes valeurs) tiennent compte de la variabilité de tous les référentiels actuels. Une masse de coquille peut ainsi être rapportée à une masse totale fraîche et à masse de chair fraîche comprise entre deux bornes. Une fois les relations établies à partir des référentiels actuels, elles sont appliquées aux échantillons archéologiques. Les relations étant établies à partir d'individu l'application aux échantillons archéologiques passe par une estimation d'une masse moyenne de coquille par individu. Le N.M.I. (Nombre Minimum d'Individus) calculé et la masse totale de coquille pesée pour chaque site archéologique y donnent accès. Le retour à l'ensemble du matériel fouillé passe par la multiplication des valeurs de la masse moyenne totale fraîche et de chair fraîche avec le N.M.I. Les rendements des deux espèces étudiées et leur abondance relative peut ainsi être discutée en fonction de l'unité de mesure.

5.3. Résultats

Monodonta lineata

A - Relation entre la masse de coquille et la masse totale des individus frais

Comparaison des équations de régression des référentiels actuels. Dans un premier temps, les équations de régression entre la masse de coquille et la masse totale des individus frais sont recherchées. Ces relations sont établies pour les trois stations de référence : Lérat, Cayola et l'Ecuissière. Les représentations graphiques (Fig. 3) témoignent d'une très

92 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002 bonne corrélation entre les deux paramètres mesurés au sein de chaque référentiel, avec des coefficients de corrélation de 0,996 pour Lérat, de 0,998 pour Cayola et de 0,996 pour l'Ecuissière. Dans un deuxième temps, les pentes des équations obtenues ont été comparées deux à deux. Le test de comparaison de pente consiste à comparer un t observé (tobs) à un t théorique (t^) à l'aide de la loi de Student (Schwartz, 1980, p.231 ; Chenorkian, 1996, p.30-35).

Calcul du t observé 2 Us = IPrPilt Vf(S comy.x * (l/D.+l/DJ] P : Pente des équations de régression 2 S comy-x •' variance commune D : Dispersion des abscisses.

= (SCEj+SCEJ / (N,+N2-4) N : Nombre de couple de valeur SCE : Somme des Carrés des Ecarts résiduelle 2 SCE = Z(y,-yQ) y] : Différentes valeurs prises par y, la masse totale fraîche pour le cas présent yc : Différentes valeurs dey calculées à partir de l'équation de régression 2 D, = E(xrx^ Xi : Différentes valeurs prises parx, la masse de la coquille pour le cas présent xm : Moyenne des x

Calcul du t théorique t,hé : obtenu à partir de la table de distribution de t avec : Un risque de 0,05 Un degré de liberté (d.d.l.) égal à N,+N2-4 Les pentes de chaque équation de régression ont été comparées deux à deux. Les t„bs obtenus sont de 1,30 entre Cayola et Lérat, de 2,33 entre Lérat et l'Ecuissière et de 1,23 entre Cayola et l'Ecuissière. Les calculs intermédiaires sont présentés dans les Tableaux 3 et 4. Au regard de la table de Student le test de comparaison de pente montre une différence significative uniquement pour les lots de Lérat et de l'Ecuissière avec un risque de 0,05 (Chenorkian, 1996, p. 149). Le regroupement de toutes les données afin d'obtenir une équation de régression globale n 'est donc pas possible.

Variabilité des référentiels. Les données étant significativement différentes, les intervalles de confiance, basés sur la variance des échantillons, ont été calculés pour chacune des stations (Schwartz, 1980, p.133). La superposition graphique des limites des intervalles de confiance permettra de sélectionner les limites extrêmes prenant en compte la variabilité, toutes stations confondues.

Calcul de l'intervalle de confiance

%[N Li„f = ych - tthé5 -2] * Sych up %[N LS ~ ych + tthé5 -2] * Sych Linf: Limite inférieure de l'intervalle de confiance Lsup: Limite supérieure de l'intervalle de confiance ych : valeur de y calculée à partie de la valeur de x choisie pour dresser les limites de l'intervalle de confiance. tthés%[N-2] ■' Valeur du t obtenue à partir de la table de distribution de t, pour un risque de 5% et pour un degré de liberté de N-2. Sych ■' Variance des valeurs calculées des y.

Syc = V[S*y.x (l/N+(xch-xJVD)J xci,: Valeurs des abscisses choisies pour dresser l'intervalle de confiance. 2 S y.x : variance résiduelle 2 2 S y.x = £(y-ya) /(N-2) Pour exemple, les équations obtenues sont pour Lérat : 2 Linf = ych-2,080 * V[0,019 * [l/23+(xch- 1,952) /13,92]] 2 Ls,ip=ych + 2,080 * V'[0,019 * [l/23+(xch - 1.952) /13,92]] Avec t,hé5%[2ij = 2,080 2 S y.x =0,019 N = 23

xm = 1,952 D = 13,92

Graphiquement, deux courbes de faible concavité sont obtenues pour chaque station, l'une pour la limite inférieure, l'autre pour la supérieure (Fig. 4). La limite inférieure de l'intervalle de confiance de l'Ecuissière (ych -

2,021 *V [0,005*[l/50+(xch-0,772)2/14,789]]) et la limite supérieure de Lérat (ych + 2,080*V [0,01 l*[l/23+(xch- 1,952)2/13,920]]) sont conservées pour prendre en compte la variabilité toutes séries confondues (Fig. 4). Pour une

93 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002 masse de coquille d'un individu de 2 grammes, la masse totale fraîche sera ainsi comprise entre 2,76 et 3,18 grammes (Fig.4).

B - Relation entre la masse de coquille et la masse de la chair fraîche

Comparaison des équations de régression des référentiels. La même démarche a été effectuée pour la relation entre la masse de coquille et la masse de chair fraîche pour les trois stations prélevées : Lérat, Cayola et l'Ecuissière. Les représentations graphiques obtenues (Fig. 5) témoignent d'une bonne corrélation entre les deux mesures au sein de chaque référentiel. Les coefficients de corrélation sont de 0,967 pour Lérat, de 0,984 pour Cayola et de 0,957 pour l'Ecuissière. Un test de comparaison de pente a ensuite été appliqué (Tableaux 5 et 6). Les tobs obtenus sont de 2,45 entre Cayola et l'Ecuissière, de 4,94 entre Cayola et Lérat et de 2,33 entre Lérat et l'Ecuissière. Au regard de la table de Student le test de comparaison de pente montre une différence significative quelles que soient les stations comparées deux à deux pour un risque de 0,05.

Variabilité des référentiels actuels. Les intervalles de confiance des trois échantillons sont ensuite calculés. Les limites inférieure et supérieure sont représentées graphiquement (Fig. 6-A). La limite supérieure de Lérat englobe la variabilité des grandes valeurs de la masse de chair fraîche. Pour la limite inférieure, la série de Cayola englobe les extrêmes pour une masse individuelle de coquille supérieure à 0,5 gramme (Fig. 6-B). La limite inférieure de l'Ecuissière représente la limite extrême des petites valeurs pour une masse de coquille inférieure à 0,5 gramme. Cette étude s'applique à des échantillons archéologiques. Il consiste à estimer une masse de chair à partir d'une masse moyenne des individus péchés. Les individus de masse inférieure à 0,5 gramme n'étant pas

consommables, car trop petits, la limite inférieure de l'intervalle de confiance de Cayola (ych - 2,021 *V [0,006*[l/55+(Xch-l,991)2/67,352]) et la limite supérieure de Lérat (ych + 2,080*V [0,01 l*[l/23+(xch- 1,952)2/13,920]]) sont conservées pour prendre en compte la variabilité toutes séries confondues (Fig. 6-A). Pour une masse de coquille d'un individu de 2 grammes, la masse totale fraîche sera ainsi comprise entre 0,74 et 1,18 grammes (Fig. 6-A).

Patella sp.

A - Relation entre la masse de coquille et la masse totale de l'animal frais

Comparaison des équations de régression des référentiels actuels. La même méthode que pour l'espèce précédente a été appliquée à la patelle. Quatre lots de référentiels actuels ont été utilisés. Ils sont localisés à Lérat, aux Roches de la Bernerie, à l'Ecuissière et à La Chambre d'Amour (Fig. 2). Les représentations graphiques obtenues (Fig. 7) témoignent d'une bonne corrélation entre les deux mesures au sein de chaque référentiel avec des coefficients de corrélation de 0,978 pour Lérat, de 0,998 pour les Roches de la Bernerie, de 0,987 pour l'Ecuissière et de 0,991 pour La Chambre d'Amour. Le test de comparaison de pente montre que seuls les lots des Roches de la Bernerie et de l'Ecuissière ne différent pas significativement avec un tobs de 1,59 pour un risque de 0,05 (Tableaux 7 et 8).

Variabilité des référentiels actuels. La superposition des limites des intervalles de confiance de tous les référentiels actuels est représentée graphiquement (Fig. 8-A). Les intervalles opposés sont ceux de Lérat et de l'Ecuissière pour les grandes valeurs de la masse de coquille et ceux de La Chambre d'Amour pour les petites valeurs (Fig. 8-B). L'application aux échantillons archéologiques étant liée à des coquilles à destination alimentaire et sélectionnées par les hommes, la masse moyenne individuelle peut difficilement être inférieure à 0,21 grammes. La masse totale de chair est ainsi calculée à partir de la limite inférieure de l'intervalle de confiance de La Chambre

d'Amour (ych- 2,021 *V [0,222*[l/38+(xch-2,905)2/161,504]]) et la limite supérieure à celui de Lérat (ych+ 1,96 *V 2 [0,600*[l/166+(xch-2,512) /506,556]]).

B - Relation entre la masse de coquille et la masse de la chair fraîche

Comparaison des équations de régression des référentiels actuels. Les équations de régression de la masse de chair fraîche en fonction de la masse de la coquille ont été calculées et les droites de régression représentées graphiquement (Fig. 9). Les coefficients de corrélation témoignent à nouveau d'une bonne corrélation entre les deux paramètres avec une valeur de 0,917 pour Lérat, de 0,990 pour le lot des Roches de la Bernerie, de 0,933 pour l'Ecuissière et de 0,947 pour La Chambre d'Amour. Le test de comparaison de pente montre que, comme pour la masse totale fraîche, seuls les lots des Roches de la Bernerie et de l'Ecuissière ne diffèrent pas significativement

avec un tobs de 1,59 pour un risque de 0,05 (Tableaux 9 et 10).

Variabilité des référentiels actuels. Les données étant significativement différentes, les intervalles de confiance ont été calculés pour chacun des sites. Les intervalles opposés sont ceux de Lérat et de l'Ecuissière pour les grandes valeurs de la masse de coquille et ceux de La Chambre d'Amour pour les petites valeurs (Fig. 10 A et

94 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002

B). La masse moyenne individuelle peut difficilement être inférieure à 0,20 gramme dans le cas d'une pêche destinée à la consommation. La masse de chair est ainsi calculée à partir de la limite inférieure de l'intervalle de confiance de La Chambre d'Amour (ych- 2,021 *V [0,222*[ 1/38+CXch- 2,905)7161,504]]) et la limite supérieure à celui de Lérat (ych + 1,96 *V [0,600*[ 1/166+(xch-2,512)7506,556]]). Les limites inférieures et supérieures des intervalles de confiance retenues pour l'application aux échantillons archéologiques sont synthétisées dans le tableau 11. 5.4. APPLICATION AUX SITES ARCHEOLOGIQUES

Présentation des sites

Beg-er-Vil (Quiberon, Morbihan) (Kayser, 1987). Le site de Beg-er-Vil est un amas coquillier du Mésolithique Final (Tableau 12). 77 apparaît en coupe de falaise sous la forme d'une couche de débris de cuisine épaisse de 50 centimètres environ, posée en partie sur le substrat rocheux, en partie sur une plage fossile et surmontée d'un sable dunaire de 20 à 30 centimètres d'épaisseurs' (Kayser, 1987). Cet amas est constitué de coquilles mêlées à d'autres restes de faune terrestre, d'ichtyofaune et de crustacés marins. Le matériel étudié est issu d'une fouille effectuée en 1987 par O. Kayser (Kayser, 1990). Il correspond à un échantillonnage de quatre sondages de base carré de 50 centimètres de côté, prélevés du sommet vers la base de l'amas, tous les 5 centimètres. Le matériel issu de ces quatre prélèvements correspond aux coquilles retenues sur un tamis de mailles carrées de 5 millimètres de côté. Le reste du matériel retenu sur les mailles plus fines (entre 1 et 5 millimètres) a fait l'objet d'un contrôle visuel et a été jugé homogène au reste du matériel. La totalité des restes supérieurs à 5 millimètres a été tamisée et seule la moitié a fait l'objet d'un tri. Au total 16 kilogrammes de restes coquilliers ont été identifiés. Par extrapolation à la fraction totale supérieure à 5 millimètres, les 4 prélèvements recelaient environ 32 kilogrammes de coquilles. Le Rocher (Villedoux, Charente-Maritime). Cet habitat présente des enceintes à fossés (Fouéré, 1998) en bordure sud du marais poitevin à trois kilomètres de l'actuel rivage de l'anse de l'Aiguillon. Il est daté du Néolithique Récent (Matignon, Peu-richardien) (Tableau 12). Le Rocher a fourni une faune marine majoritairement rocheuse avec surtout des Patella sp. (Gruet et Dupont, 2001). 'L'essentiel des ressources alimentaires marines de ce site proviendrait de sa proximité immédiate (Patella sp.), alors qu'une espèce de vasière comme Scrobicularia sp. (peu abondante et légère) aurait pu être pêchée plus loin (fond de baie ou estuaire) et transportée sur quelques kilomètres' (Gruet et Dupont 2001). Au total 16 kilogrammes de coquilles de ce site ont été analysés qui proviennent des fossés interne (St.2) et médian (St. 12).

La Sauzaie (Soubise, Charente-Maritime). Cet habitat du sud de l'estuaire de la Charente, à 7 kilomètres de la mer actuelle, est daté du Néolithique Final (Pautreau, 1976) et a été occupé par les Matignons et les Peu-richardiens (Tableau 12). Les coquilles prises en compte dans cette étude représentent 5 kilogrammes de coquilles prélevées dans les couches 3 et 4. La malacofaune rocheuse y domine avec la présence de patelles. Mais les espèces de baies et d'estuaires ne sont pas non plus exclues (Gruet et Dupont, 2001). Ponthezières (Saint-Georges-d'Oléron, Charente-Maritime). Le site de Ponthezières, situé au sud-ouest de l'île d'Oléron est un habitat du Néolithique Final (Laporte, 1994) (Tableau 12). Ce site spécialisé dans la production de parure en coquillage occupe également le fond de la dépression en bordure de marais maritime (Laporte et al., 1995, p 197). La majeure partie du matériel étudiée par l'un de nous (Y. Gruet), qui se chiffre à plus de 332 kilogrammes de coquilles identifiées, provient de fossés de rejets. Les coquilles ne sont pas la seule ressource alimentaire, l'élevage du bœuf, du mouton et du porc y est attesté ainsi que l'agriculture et la chasse. La malacofaune n'est pas le seul produit issu de la mer exploité, la pêche de poissons peut être liée à une installation de pêcheries (Laporte et al., 1995, p.228). La Perroche (Dolus-d'Oléron, Charente-Maritime). Comme le site précédent, la Perroche est localisé sur la côte occidentale de l'île d'Oléron et attribué au Néolithique Final (Tableau 12). Il a été fouillé en 1996, 1997 et 2000 par L. Laporte (Laporte, 2000). II se situe actuellement à proximité du littoral sur une petite avancée rocheuse, juste en arrière d'un cordon dunaire, en bordure d'une zone marécageuse. L'étude de la céramique permet d'attribuer l'ensemble de la séquence stratigraphique à l'Artenacien. Ce site semble être spécialisé dans la confection de petites perles comme pour le site de Ponthezières. Cependant, dans l'état actuel des fouilles, seuls quelques indices de cette activité ont été décelés. La présence à la fois de matière première en coquille, d'outils (perçoirs fusiformes), et de déchets d'ébauches de perles confirme la confection de la parure à cet emplacement. La stratigraphie fouillée est épaisse de 50 à 70 cm. Le matériel pris en compte par la suite correspond aux restes alimentaires coquilliers issus des fouilles de 1996 et 1997 dont 22 kilogrammes ont été identifiés (Dupont, 2000).

95 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

Masse moyenne individuelle

Monodonta lineata Le N.M.I. de la monodonte est obtenu par décompte des péristomes. La masse moyenne individuelle obtenue est comprise, selon les sites archéologiques, entre 3,11 et 3,93 grammes (Tableau 13). Pour toutes les reconstitutions de masse le risque a utilisé est de 0,05. Ces valeurs apparaissent plausibles comparées à celles des référentiels actuels observés (Fig. 3). Elles sont, cependant, légèrement décalées vers les grandes valeurs. Ce fait peut être lié soit à la présence d'échantillons de plus grande taille pour les individus de monodonte archéologiques soit à une sous représentation du N.M.I. des échantillons archéologiques. La comparaison de la taille des monodontes va dans le sens d'échantillons archéologiques légèrement plus grands que les individus des référentiels actuels (Fig. 11). Cela peut s'expliquer par une motivation différente de la collecte, les lots actuels étant issus de populations naturelles et ceux de sites archéologiques d'une sélection anthropique à but alimentaire. D'autre part, la pression de la pêche à pied est telle sur certaines plages actuelles, comme celle de La Perroche à l'île d'Oléron que les individus de grande taille sont parfois devenus rares. Au vu de ces informations, la masse moyenne de la coquille obtenue sur le matériel archéologique semble plausible.

Patella sp. Le N.M.I. des patelles est obtenu par décompte des apex avec présence de l'empreinte musculaire à l'intérieur de la coquille. Cette précaution est liée au 'délitement' naturel des apex : deux apex pouvant ainsi correspondre à une même et seule coquille. La masse moyenne individuelle des patelles est comprise selon les individus entre 2,86 et 5,26 grammes (Tableau 14). Tandis que la valeur de 2,86 semble correspondre à des valeurs moyennes des référentiels actuels, celle de 5,26 grammes correspond à des individus de grande taille (Fig. 9). La répartition des tailles témoigne comme pour monodontes d'individus légèrement plus grands pour les échantillons archéologiques (Fig. 12). Les valeurs de la masse moyenne obtenues pour les sites archéologiques sont proches des valeurs moyennes et grandes des référentiels actuels, la suite des calculs peut donc être appliquée.

Reconstitution de la masse totale

Monodonta lineata Une fois la masse moyenne obtenue, les formules mathématiques associées aux limites inférieures et supérieures retenues (Tableau 11) lui sont appliquées. La masse totale fraîche individuelle des monodontes est comprise, par exemple pour Beg-er-Vil, entre 5,39 et 6,13 grammes (Tableau 13). Le retour à l'ensemble de l'échantillon trié est ensuite obtenu en multipliant les limites de l'intervalle de confiance obtenues par le N.M.I. de départ. Pour Ponthezières, les 89 kilos de coquille de monodonte recueillis à la fouille représentent alors au total entre 122 et 139 kilos de monodontes fraîches qui ont été ramenées sur le site par les néolithiques (Tableau 13).

Patella sp. De même, la masse totale fraîche individuelle des patelles obtenue pour Beg-er-Vil est comprise entre 5,26 et 8,34 grammes (Tableau 14). Les quantités obtenues pour Ponthezières sont de 369 à 421 kilos de patelles.

Reconstitution de la masse de chair fraîche

Monodonta lineata La même méthode que pour la reconstitution de la masse totale est appliquée pour le calcul de la masse de chair fraîche que renferment les coquilles de monodonte. Ainsi pour une masse moyenne de coquille de 3,11 grammes à la Perroche la masse de chair fraîche contenue est comprise entre 1,20 et 1,75 grammes (Tableau 13). Les 10 kilos ramassés à la fouille représentent alors entre 4 et 6 kilos de chair consommable (Tableau 13). Le rendement de la masse de chair par rapport à la masse totale individuelle de cette espèce a ensuite été calculé. Comme précédemment les deux limites de l'intervalle de confiance ont été prises en compte. Rendement associé à Linf = Linf masse chair fraîche individuelle * 100 / Limasse totale fraîche individuelle. Le rendement de cette espèce est compris pour un risque de 0,05 entre 28 et 36% (Tableau 13). La masse de la coquille est proportionnellement plus importante que celle représentée par la chair fraîche. Le rendement de la monodonte semble donc faible.

Patella sp. Pour une masse moyenne de coquille de 2,86 grammes à la Perroche la masse de chair fraîche contenue est comprise entre 2,12 et 3,07 grammes (Tableau 14). Les 12 kilos ramassés à la fouille représentent alors entre 9 et 12 kilos de chair consommée. Comme pour la monodonte, le rendement des patelles a été calculé. Il est compris pour un risque de 0,05 entre 46 et 60% (Tableau 14). La masse de la coquille est proche de celle représentée par la chair fraîche. Le rendement de la patelle est plus important que celui calculé chez la monodonte. Pour une même masse de coquille de ces deux espèces acheminée sur le site, la masse de chair de patelle est plus grande.

96 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

5.4. Conclusions Notre but est d'arriver à déterminer la biomasse d'après les restes d'un squelette externe : les coquilles de Mollusques de sites archéologiques. La méthode appliquée à partir de référentiels actuels de patelles et de monodontes témoigne d'une bonne corrélation entre les masses de coquille et les masses de chair. Les intervalles de confiance permettent de prendre en compte à la fois la variabilité individuelle des gastéropodes et celle liée à des lieux ou moments différents de collecte. D'autres variables liées aux caractéristiques des échantillons archéologiques comme la dégradation taphonomique peuvent amener à une modification de la masse de coquille, mais n'ont pas été pris en compte. Ces deux genres Patella sp. et Monodonta lineata, ont été choisis car ils sont tous deux de milieu rocheux et abondent ensemble sur certains sites mésolithiques et néolithiques. Il sera ainsi possible, pour un même site archéologique, de discuter du rendement de la chair fraîche par rapport à la masse totale fraîche de l'individu. Le rendement des patelles est compris entre 46 et 60% et celui de la monodonte entre 28 et 36%. Celui des patelles, 1,7 fois supérieur, s'explique essentiellement par la grande différence morphologique entre ces deux espèces. En effet, les Patella sont de forme conique et possèdent un pied musculeux très grand, tandis que les Monodonta ont une coquille turbinée et un pied moins grand. La différence entre les deux rendements, en prenant en compte la masse de chair, aboutit à une augmentation de la proportion de patelles par rapport à celle des monodontes (Tableau 15). Par exemple, sur le site Néolithique final de Ponthezières, la patelle et la monodonte représentent à elles seules plus de 97% de la masse des coquilles ramassées à la fouille (332 kilos). Si l'on considère seulement Patella et Monodonta, la patelle représente 72% de la masse totale de coquilles et passe à 83% si la masse totale de chair fraîche est retenue. Son pourcentage par rapport à la monodonte augmente alors de 11%. Ainsi, les différences de rendements en fonction des espèces peuvent largement modifier les quantités relatives des espèces entrant dans les repas des préhistoriques. Les Patella deviennent 'la nourriture essentielle' prélevée sur l'estran pour la majorité des sites proches d'une côte rocheuse, comme à Beg-er-Vil, Le Rocher, Ponthezières et la Perroche (Tableau 15). La faible énergie que demande la pêche de ces deux coquillages et surtout leur accessibilité quotidienne sur les milieux rocheux peuvent, entre autre, expliquer ce fait. Cette étude offre aussi d'autres perspectives d'approche pour quantifier l'effort nécessaire aux transports des coquilles vivantes du territoire de pêche vers le lieu de consommation. Elle permet de quantifier l'effort nécessaire aux transports des coquilles vivantes. Pour un amas coquillier dont les dimensions seraient connues, une telle démarche permettrait de connaître par extrapolation la masse totale de chaque espèce ayant été acheminée jusqu'au site. Un ordre d'idée de l'énergie dépensée pour le transport de la malacofaune par les mésolithiques du territoire de pêche au site pourra en être déduit. Les premiers résultats obtenus sur les deux espèces de Patella sp. et Monodonta lineata encouragent l'application de la méthode à d'autres espèces de la malacofaune qu'ils soient Gastropodes ou Lamellibranches afin d'établir leurs rendements en chair fraîche. La transposition en terme de masse de chair peut donner une vision modifiée des spectres malacofauniques pour un site archéologique. Ainsi, certaines espèces de grandes tailles comme les huîtres voient souvent leur quantité surestimée par rapport aux autres espèces par comparaison de la masse de coquille. Le calcul des quantités de chair fraîche (ou sèche) des mollusques est très peu abordé dans la littérature. C'est pourtant une étape indispensable avant de pouvoir calculer la valeur nutritionnelle des mollusques en protéines, calories (Thayer et al., 1973) ou éléments minéraux. Mais, elle est excessivement variable selon les espèces et la saison (Claassen, 1998). II n'est toutefois pas impossible de penser qu'elle pourra être approchée, à condition de connaître les quantités de chair fraîche (ce travail) espèce par espèce et aussi de déterminer la saison de pêche. Le même travail réalisé sur les autres restes de faune comme les mammifères terrestres (Reitz et al., 1999 ; Vigne, 1992) et l'ichtyofaune (Clavel, 1999 ; Desse et Desse-Berset, 1996) permettra par croisement des données de confronter la majorité des sources de nourriture (Anderson, 1988).

97 DUPONT C. et GRUET Y., 2002 (souspresse)- Du test coquillier à la ressource alimentaire Revue d'Archèométrie,

Masse totale A - Lérat fraîche (g) 7 6 ^ , ■■■■ 5 - 4 - y = 1,4852x + 0,161 3 - mf*^ R=0,996 2 •ii

0 - i I ( 3 1 2 3 4 5 Masse de la coquille (g)

Masse totale B - Cayola fraîche (g) 7 A A 6 ^--^ 5 A. -a o -A 2 y = 1,4455x +0,0635 R=0,998 1 - N=55

0 - I I ( 3 1 2 3 4 5 Masse de la coquille (g)

Masse totale C - L'Ecuissière fraîche (g) 7 y ufi c: _

*+4 o O V = 1 414x + 0 0068 R=0,996 •i i " N=50 n • I 1 i 0 1 2 3 4 5 Masse de la coquille (g)

Fig. 3. Droite de régression de la masse totale des individus de Monodonta lineata en fonction de la masse de la coquille ; A : Lérat ; B : Cayola ; C : l'Ecuissière (R : coefficient de corrélation, N : Nombre d'individus observés).

17 DUPONT C. et GRUET Y., 2002 (souspresse)- Du test coquillier à la ressource alimentaire Revue d'Archèométrie,

Masse totale fraîche (g)

i i r 0 1 2 3 4 Masse de la coquille (g)

—■— Lsup Lérat —m-— Linf Lérat —*— Lsup Cayola

Linf Cayola —•— Lsup L'Ecuissière -—#.— Linf L'Ecuissière

2 Lérat : L= ych ± 2,080 * V[0,011 * [1/23-Kx* - 1,952) /13,92]] V -Kxch 2 Cayola: L= ych ± 2,021 * [0,011 * [1/55 - 1,991) / 67,351]] 2 L'Ecuissière : L= ych ± 2,021 * V[0,005 * [\ISQ+(^ - 0,772) /14,789]]

Fig. 4. Superposition des limites des intervalles de confiance de la masse totale des individus te Monodonta lineata en fonction de la masse de la coquille tous référentiels actuels confondus (L : limite de l'intervalle de confiance ; Linf: limite inférieure de l'intervalle de confiance ; Lsup : limite supérieure de l'intervalle de confiance).

18 DUPONT C. et GRUET Y., 2002 (souspresse)- Du test coquillier à la ressource alimentaire Revue d'Archèométrie,

A - Lérat Masse de la chair fraîche (g)

0 -I 1 1 1 1 1 0 1 2 3 4 5 Masse de la coquille (g)

B - Cayola Masse de la chair fraîche (g) 2

0 1 2 3 4 5 Masse de la coquille (g)

Masse de la C - L'Ecuissière chair fraîche (g)

2 T

1,5

y = 0,414x +0,0068 R=0,957 N=50

2 3 Masse de la coquille (g)

Fig. 5. Droite de régression de la masse de chair fraîche des individus de Monodonta lineata en fonction de la masse de la coquille ; A : Lérat ; B : Cayola ; C : l'Ecuissière (R : coefficient de corrélation, N : Nombre d'individus observés).

19 DUPONT C. et GRUET Y., 2002 (souspresse)- Du test coquillier à la ressource alimentaire Revue d'Archèométrie,

A Masse de la chair fraîche (g)

Masse de la coquille (g)

- - ■- - Linf Lérat —■— Lsup Lérat • ■ •- ■ Linf Ecuissière

—•— Lsup Ecuissière - - *- - Linf Cayola —A— Lsup Cayola

2 Lérat : L= ych ± 2,080 * V[0,011 * [1/23-Kxc - 1,952) / 13,92]] 2 Cayola : L= ych ± 2,021 * V[0,006 * [1/55+Cxch - 1,991) / 67,351]] 2 L'Ecuissière : L= ych ± 2,021 * V[0,005 * [l/50+(xch - 0,772) / 14,789]]

Fig. 6. Superposition des limites des intervalles de confiance de la masse de chair fraîche des individus de Monodonta lineata en fonction de la masse de la coquille tous référentiels actuels confondus ; A : Vue d'ensemble pour une masse de coquille comprise entre 0 et 5 grammes ; B : Vue de détail pour une masse de coquille inférieure à 1 gramme (L : limite de l'intervalle de confiance ; Linf: limite inférieure de l'intervalle de confiance ; Lsup : limite supérieure de l'intervalle de confiance).

20 DUPONT C. et GRUET Y., 2002 (souspresse)- Du test coquillier à la ressource alimentaire Revue d'Archèométrie,

Masse totale A - Lérat fraîche (g) 12 —-—1 ■ ■ ■ ■ 8 y = 2,0438x-0,0198 ■ ■ V #■ m 4 " m R=0,978 N=166

0 i " i ( ) 1 2 3 4 5 6 7 Masse de la coquille (g)

Masse totale B - Roches de la Bernerie fraîche (g) 12

8

• -— y = 1,8309x +0,0139 4 —•—* R=0,998 N=31

0 l i C ) 1 2 3 4 5 6 7 Masse de la coquille (g)

Masse totale C - L'Ecuissière fraîche (g) 12

8 • y = 1,7431x +0,0865 4 R=0,987 N=127 0 i i i i i C ) 1 2 3 4 5 6 7 Masse de la coquille (g)

Masse totale D - La Chambre d'Amour fraîche (g) 12

A . 8 . r

y = 1,6362x-0,0397 4 A R=0,991 N=38

0 i i i i i ( ) 1 2 3 4 5 6 7 r Masse de la coquille (g)

Fig. 7. Droite de régression de la masse totale des individus de Patella sp. en fonction de la masse de la coquille ; A : Lérat ; B : Roches de la Bernerie; C : l'Ecuissière ; D : La Chambre d'Amour (R : coefficient de corrélation, N : Nombre d'individus observés).

21 DUPONT C. et GRUET Y., 2002 (souspresse)- Du test coquillier à la ressource alimentaire Revue d'Archéométrie,

Masse totale

Masse de la coquille (g)

-—»--- Linf Lérat —■— Lsup Lérat -—♦-— Linf Roches de la Bernerie —•— Lsup Roches de la Bernerie Linf L'Ecuissière —•— Lsup L'Ecuissière —-A—- Linf La Chambre d'Amour —"— Lsup La Chambre d'Amour

+(Xch 2 Lérat : L= ych ± 1,96 * V[0,600 * [l/166 - 2,512) / 506,556]] 2 Roches de la Bernerie : L=ych ±2,045 * V[0,038 * [l/3H-(xeh- 1,810) / 83,15]] 2 L'Ecuissière : L= ych ± 1,96* V[0,248 * [I/I27+(xch - 2.680) / 375,06]] 2 La Chambre d'Amour : L= ych ± 2,021* V[0,222 * [1/38+Cxd, - 2,905) / 161,504]]

Fig. 8. Superposition des limites des intervalles de confiance de la masse totale des individus dePatella sp. en fonction de la masse de la coquille tous référentiels actuels confondus ; A : Vue d'ensemble pour une masse de coquille comprise entre 0 et 7 grammes ; B : Vue de détail pour une masse de coquille inférieure à 1 gramme (L : limite de l'intervalle de confiance ; Linf : limite inférieure de l'intervalle de confiance ; Lsup : limite supérieure de l'intervalle de confiance). 22 DUPONT C. et GRUET Y., 2002 (souspresse)- Du test coquillier à la ressource alimentaire Revue d'Archéométrie, Masse de la chair A - Lérat fraîche (g) 8 . „ „ „ , —_ m — 1)Bi,., „— y= 1,0378x-0,0179 R=0,917 ■ ....—-— N=166 ■ ■ V m m ■ ■ * % ■ ■ ■ a

■ * m o 0 3 4 5 Masse de la coquille (g)

Masse de la chair B - Roches de la Bernerie fraîche (g) 8 y = 0,8309x +0,0139 R=0,990 N=31

o 3 4 5 6 Masse de la coquille (g)

Masse de ta chair C - L'Ecuissière fraîche (g) 8 y = 0,7431x +0,0865 • • • •— R=0,933 ——"~ ^ m 4 • • —mt~ ■ + 9 ' N=127 -

0 0 2 3 4 Masse de la coquille (g)

Masse de la chair D - La Chambre d'Amour fraîche (g) 8 y = 0,6351 x- 0,0266 R=0,947 A . ~A N=oo J* - - — 4 À A A A AJL— _— * *

0 i r 1 0 2 3 4 Masse de la coquille (g)

Fig. 9. Droite de régression de la masse de chair fraîche des individus de Patella sp. en fonction de la masse de la coquille ; A : Lérat ; B : Roches de la Bernerie ; C : l'Ecuissière ; D : La Chambre d'Amour (R : coefficient de corrélation, N : Nombre d'individus observés). 23 DUPONT C, et GRUET Y., 2002 (souspresse)- Du test coquillier à la ressource alimentaire Revue d'Archéométrie,

Masse de la chair

8 fraîche (fl)

3 4 5 Masse de la coquille (g)

-■■ — Linf Lérat Lsup Lérat ------Linf Roches de la Bernerie Lsup Roches de la Bernerie Linf L'Ecuissière Lsup L'Ecuissière -*—- Linf La Chambre d'Amour Lsup La Chambre d'Amour

2 Lérat : L= ych ± 1,96 * V[0,600 * [l/166+(xch - 2,512) / 506,556]] 2 Roches de la Bernerie : L= Yài ± 2,045 * V[0,038 * [1/31+^ - 1,810) / 83,15]] 2 L'Ecuissière : L= ych ± 1,96* V[0,248 * [l/m+^h - 2,680) / 375,06]] 2 La Chambre d'Amour : L= ych ± 2,021* V[0,222 * [l/OS+Cxa, - 2,905) / 161,504]]

Fig. 10. Superposition des limites des intervalles de confiance de la masse de chair fraîche des individus de Patella sp. en fonction de la masse de la coquille tous référentiels actuels confondus ; A : Vue d'ensemble pour une masse de coquille comprise entre 0 et 7 grammes ; B : Vue de détail pour une masse de coquille inférieure à 0.5 grammes (L : limite de l'intervalle de confiance ; Linf : limite inférieure de l'intervalle de confiance ; Lsup : limite supérieure de l'intervalle de confiance). 24 DUPONT C. et GRUET Y., 2002 (souspresse)- Du test coquillier à la ressource alimentaire Revue d'Archéométrie,

20

18 r actuels N= 339 ; Moyenne = 14,86 16 □ archéologiques N = ' 85; 14 - Moyenne = 18,25 12

10 8 ■ m 6 Hffllî 4 Sii! 2 m imiil i 0 . ■ ■ 1 _ •D i H~i n— , n 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 Grande largeur (mm)

Fig. 11. Répartition de la taille des monodontes des échantillons archéologiques confrontée à celle des référentiels actuels.

% 18 ■ actuels; N = 333; 16 Moyenne = 31,09 □ archéologiques; N = 3076; 14 Moyenne = 33,71

12

10

8 6 ■ Il 4 mi 2 ■ 11 Il il 0 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36 38 40 42 44 46 48 50 Longueur (mm)

Fig. 12. Répartition de la taille des patelles des échantillons archéologiques confrontée à celle des référentiels actuels.

25 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

P. ulyssiponensis Critères P. vulgata P. intermedia Parfois un peu bombé Aplati Profil de la coquille Conique parfois élevé Ovale moins large que chez Dissymétrique parfois Forme de l'ouverture Ovale assez large P. vulgata hexagonale Légèrement antérieure ou Antérieure Position de l'apex Quasiment centrale près du centre Découpé Contour de l'ouverture Régulier Légèrement découpé Fort et irrégulier Relief des côtes radiales Faible Moyen Alternance de fortes Côtes nombreuses et fines Côtes moins nombreuses que côtes radiales avec Variabilité des côtes possédant toutes le même chez P. vulgata et de même d'autres moins radiales relief relief prononcées Non rectilignes Non rectilignes Forme des côtes radiales Rectilignes Tableau 1. Critères de détermination spécifique des patelles Patella sp. pour des échantillons archéologiques.

Nombre de patelles Nombre de monodontes Stations échantillonnées (dates) (dates)

Lérat 166 23 (La Turballe, Loire-Atlantique) (05 et 09.2000) (09.2000) Roches de la Bernerie 31 (La Bernerie-en-Retz, Loire-Atlantique) (10.1998) Cayola 55 (Les Sables d'Olonnne, Vendée) (05.2000) L'Ecuissière 127 50 (Dolus-d'Oléron, Charente-Maritime) (10.2000) (10.2000) La Chambre d'Amour 38 (Biarritz, Pyrénées-Atlantiques) (02 et 07.2000) Tableau 2. Lieux et dates de collecte des Patella sp. et Monodonta lineata échantillonnés ; -, absence.

2 d.d.I. °S comy-x tobs tthé N P SCE D 2 13,92 Lérat / Cayola 74 0,0108 1,30 Lérat 23 1,49 0,23 Lérat / L'Ecuissière 69 0,0067 2,33 2 55 1,45 0,29 67,35 Cayola 1,98 14,79 Cayola / L'Ecuissière 101 0,0080 1,23 L'Ecuissière 50 1,41 0,24 Tableau 4. Relation entre la masse de la coquille et la masse totale Tableau 3. Relation entre la masse de la coquille et la masse totale des individus frais de monodontes. Calculs intermédiaires et des individus frais de monodontes. Variables des trois séries de résultat du test de comparaison de pente pour un risque de 0.05 référence intervenant dans les calculs intermédiaires au test de , variance commune ; toi», t observé ; comparaison de pente ; N, Nombre d'échantillons observés ; P, d.d.I., degré de liberté ; Pente; SCE, Somme des Carrés des Ecarts résiduelle; D, tthé, t théorique. Dispersion des abscisses.

d.d.I. S2 . t b t hé N P SCE D comy x 0 s t 0,23 13,92 Lérat / Cayola 74 0,0071 4,94 2 Lérat 23 0,49 0,29 67,35 Lérat / L'Ecuissière 69 0,0067 2,33 2 Cayola 55 0,36 14,79 Cayola / L'Ecuissière 101 0,0052 2,45 1,98 L'Ecuissière 50 0,41 0,24 Tableau 6. Relation entre la masse de la coquille et la masse de Tableau 5. Relation entre la masse de la coquille et la masse de chair fraîche des monodontes. Calculs intermédiaires et résultat du chair fraîche des monodontes. Variables des trois séries de test de comparaison de pente pour un risque de 0.05 ; d.d.I., degré référence intervenant dans les calculs intermédiaires au test de de liberté ; S2com -x, variance commune ; toi*, t observé ; t^ t comparaison de pente ; N, Nombre d'échantillons observés ; P, y Pente; SCE, Somme des Carrés des Ecarts résiduelle; D, théorique. Dispersion des abscisses.

107 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

Chambre d'Amour / 200 0,53 6,19 1,96 Lérat Chambre d'Amour / N P SCE D 161 0,24 2,31 1,96 L'Ecuissière La Chambre d'Amour 38 1,64 7,99 161,50 Chambre d'Amour / Lérat 166 2,04 98,32 506,56 65 0,14 3,85 2,00 Roches de la Bernerie 127 1,74 30,97 375,06 L'Ecuissière Lérat / L'Ecuissière 289 0,45 6,60 1,96 1,83 1,11 83,15 Roches de la Bernerie 31 Lérat / Roches de la 193 0,51 2,51 1,96 Tableau 7. Relation entre la masse de la coquille et la masse totale Bernerie des individus frais de patelles. Variables des séries de référence L'Ecuissière / 154 0,21 1,59 1,96 intervenant dans les calculs intermédiaires au test de comparaison Roches de la Bernerie de pente ; N, Nombre d'échantillons observés ; P, Pente ; SCE, Somme des Carrés des Ecarts résiduelle ; D, Dispersion des Tableau 8. Relation entre la masse de la coquille et la masse totale abscisses. des individus frais de patelles. Calculs intermédiaires et résultat du test de comparaison de pente pour un risque de 0,05 ; d.d.I., degré 2 de liberté ; S C0my-x, variance commune ; t observé ; tu*, t théorique.

2 d.d.I. S comy_x t0hs tjhé

2 d.d.I. °S comy-x tthé Chambre d'Amour / 200 0,55 5,99 1,96 N P SCE D Lérat Chambre d'Amour / La Chambre d'Amour 38 0,64 7,47 161,50 161 0,24 2,35 1,96 L'Ecuissière 166 1,04 103,01 506,56 Lérat Chambre d'Amour / 65 0,13 3,99 2,00 L'Ecuissière 127 0,74 30,97 375,06 Roches de la Bernerie Roches de la Bernerie 31 0,83 1,11 83,15 Lérat / L'Ecuissière 289 0,46 6,35 1,96 Lérat / Roches de la Tableau 9. Relation entre la masse de la coquille et la masse de 193 0,54 2,38 1,96 chair fraîche des patelles. Variables des séries de référence Bernerie intervenant dans les calculs intermédiaires au test de comparaison L'Ecuissière / Roches 154 0,21 1,59 1,96 de pente ; N, Nombre d'échantillons observés ; P, Pente ; SCE, de la Bernerie Somme des Carrés des Ecarts résiduelle ; D, Dispersion des abscisses. Tableau 10. Relation entre la masse de la coquille et la masse de chair fraîche des patelles. Calculs intermédiaires et résultat du test de comparaison de pente pour un risque de 0,05 ; d.d.I., degré de 2 liberté ; S comy-x> variance commune ; Us, t observé ; tu,é, t théorique.

Monodonte Patelle

Masse totale fraîche (g)

2 2 Linf ych-2,021*V[0,005*[l/50+(xch-0,772) /14,789]] ych-2,021*V[0,222*[l/38+(xch-2,905) /161,504]] 2 2 Lsup ych+2,080*V[0,011*[l/23+(xch-l,952) /13,920]] ych+l,96*V[0,600*[l/166+(xch-2,512) /506,556]] Masse de la chair fraîche

2 Linf ych^,021*V[0,006*[l/55+(xch-l,991)767,352] ych-2,021*V[0,222*[l/38+(xch-2,905) /161,504]]

2 2 Ls„p ych+2,080*V[0,011*[l/23+(xch-l,952) /13,920]] ych+l,96*V[0,600*[l/166+(xch-2,512) /506,556]].

Tableau 11. Récapitulatif des limites inférieures (Lirf) et supérieures Q^sup) des intervalles de confiance sélectionnées pour l'application aux sites archéologiques en fonction de l'espèce étudiée.

Site archéologique Situation géographique Contexte chronologique Beg-er-Vil Quiberon, Finistère Mésolithique Final Le Rocher Villedoux, Charente-Maritime Néolithique Récent La Sauzaie Soubise, Charente-Maritime Néolithique Final Ponthezières Saint-Georges d'Oléron, Charente-Maritime Néolithique Final

108 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

La Perroche Dolus-d'Oléron, Charente-Maritime Néolithique Final

Tableau 12. Rappel chronologique et géographique des sites archéologiques étudiés Beg-er-Vil Le Rocher La Sauzaie Ponthezières La Perroche 10272,45 Masse totale (g) 987,34 70,10 714,66 89319,20 24799 3303 N.M.I. 251 21 195 3,11 Masse moyenne individuelle (g) 3,93 3,34 3,66 3,60 5,39 4,58 5,02 4,94 4,27 Linf masse totale fraîche individuelle (g) 6,13 5,21 5,71 5,62 4,86 Lsup masse totale fraîche individuelle (g) 1352,39 96,16 979,49 122436,62 14100,84 Linf masse totale fraîche totale (g) 1537,85 109,43 1114,12 139277,39 16056,13 Lsup masse totale fraîche totale (g) 1,51 1,28 1,40 1,38 1,20 Linf masse chair fraîche individuelle (g) 2,19 1,87 2,05 2,01 1,75 Lsup masse chair fraîche individuelle (g) 34222,62 3963,60 Li„f masse chair fraîche totale (g) 379,01 26,88 273,00 550.51 39,33 399,46 49958,19 5783,68 Lsup masse chair fraîche totale (g) 28,03% 27,95% 27,87% 27,95% 28,11% Rendement associé à Linf 36,02% 35,80% 35,94% 35,85% 35,87% Rendement associé à Lsup Tableau 13. Reconstitution des masses de chair des échantillons archéologiques pour la Monodonte.

Beg-er-Vil Le Rocher La Sauzaie Ponthezières La Perroche 234036,43 11566,19 Masse totale (g) 5404,36 13575,55 2744,90 942 70219 4050 N.M.I. 1027 3919 3,33 2,86 Masse moyenne individuelle (g) 5,26 3,46 2,91 8,34 5,47 4,57 5,26 4,48 Linf masse totale fraîche individuelle (g) 9,42 6,22 5,25 5,99 5,15 Lsup masse totale fraîche individuelle (g) 8560,82 21429,40 4308,26 369063,11 18137,96 L!nf masse totale fraîche totale (g) 9669,67 24375,48 4948,41 420526,28 20863,82 Lsup masse totale fraîche totale (g) 2,47 2,12 L f masse chair fraîche individuelle (g) 3,84 2,57 2,16 in 3,07 5,67 3,71 3,13 3,57 L5up masse chair fraîche individuelle (g) 173482,98 8592,69 L masse chair fraîche totale (g) 3944,33 10054,04 2038,90 inf 12428,55 5821,20 14556,67 2948,32 250980,35 LSUD masse chair fraîche totale (g) 47,01% 47,37% Rendement associé à L 46,07% 46,92% 47,33% inf 59,57% 60,20% 59,72% 59,58% 59,68% Rendement associé à Lsup Tableau 14. Reconstitution des masses de chair des échantillons archéologiques pour les patelles.

La Sauzaie Ponthezières La Perroche Site Beg-er-Vil Le Rocher patelle monodonte patelle monodonte patelle monodonte Espèce patelle monodonte patelle monodonte Pourcentages en fonction de la masse totale de coquille 20,7 72,4 27,6 52,9 47,0 84,5 15,4 99,5 0,5 79,3 Pourcentages en fonction de la masse totale des individus frais 24,9 56,26 43,74 99,55 0,45 81,84 18,52 75,09 Linf 86,36 13,64 24,88 56,51 43,49 99,55 0,45 81,62 18,38 75,12 Lsup 86,28 13,72 Pourcentages en fonction de la masse totale de chair fraîche 68,43 31,57 0,27 88,19 11,81 83,52 16,48 Linf 91,23 8,77 99,73 16,60 68,24 31,76 99,73 0,27 88,07 11,93 83,40 Lsup 91,36 8,64 Tableau 15. Pourcentages relatifs de Monodonta lineata et de Patella sp. selon l'unité de masse (LM : limite inférieure ; L^p : limite supérieure).

109 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

5. BIBLIOGRAPHIE GENERALE (PARTIES III ET IV) AMMERMAN, A.J. 1989.- On the transition in Europe: a comment on Zvelebil and Zvelebil (1988). Antiquity, 63:162-165. ANDERSON, A. J., 1988 - Coastal subsistence économies in prehistoric southern New Zealand. In BAILEY G., PARKINGTON J. (eds.), The archaelogy of prehistoric coastlines, Cambridge university Press, 93-101. ARBOUSSE-BASTIDE T. (2001) - Industries lithiques en CapSizun. Bulletin de l'A.M.A.R.A.I., n° 14, p. 45-65. ARIAS P. (1999) - The origins of the Neolithic along the atlantic coast of continental Europe : a survey. Journal of worldPrehistory, vol. 13, n° 4, p. 403-464. ARMIT I., 2001.- Permanence and transience in the Hebridean Neolithic: the case of Eilean Domhnuill. Communication orale. Colloque de the Prehistoric Society Neolithic seulement in Ireland and Western Britain, Belfast Avril 2001. ARMIT, I. et FINLAYSON, B. 1992.- Hunter-gatherers transformed : the transition to agriculture in northern and western Europe. Antiquity, 66 : 664-676. ARMOUR-CHELU, M. 1991.- The faunal remains in Sharp les, N. (éd.): Maiden Castle. Excavations and Field Survey 1985-6. (Archaeological Report 19. Historié Buildings and Monuments Commission for England). Londres : English Héritage. ARNAUD J. M., (1989) - The mesolithic communities of the Sado valley, Portugal, in their ecological setting. In : Bonsall C. (ed). The Mesolithic in Europe. Papers presented at the third International Symposium. John Donald. Edinburgh. p. 614-631. ARNAUD, J.-M. (1990) - Le substrat mésolithique et le processus de néolithisation dans le Sud du Portugal. In CAHEN. D. et OTTE. M. (dir) -Rubané et Cardial. Le Néolithique ancien en Europe moyenne. Erault, n°39, Liège. p. 437-446. ASHBEE P., 1970.- The Earthen Long Barrow in Britain : an introduction to the study of the funerary practice and culture of Neolithic people of the third millennium B.C. Dent édit. Londres. 208 p. AURENCHE O et KOZLOWSKJ, S.-K. (1999) -La naissance du Néolithique au Proche Orient., éditions errance, 255p. AZOULAY E., COHEN D., 1971 - Cours et exercices de statistique. S.E.D.E.S. éditions, Paris, 160 p. BEDWIN, O. 1981.- Excavations at the Neolithic Enclosure on Bury Hill, Houghton, W. Sussex 1979. Proceedings of the Prehistoric Society, Al: 69-86. BENARD LE PONTOIS Cdt (1929) - Le Finistère préhistorique. Publication de l'Institut international d'Anthropologie, n°3, Librairie Emile Noury, Paris, 1 vol. BENARD LE PONTOIS Cmdt, 1929.- Le Finistère Préhistorique. Publications de l'Institut International d'Anthropologie. 3. BENDER, B. 1985.- Prehistoric developments in the American midcontinent and in Brittany, north-west France. In T.D. Price and J.A. Brown (eds,): Prehistoric Hunter-Gatherers, the Emergence of Complexity. Académie Press, Orlando et Londres : 21-58. BERNARD J. (1996) - Paléoenvironnement du Pays-de-Retz et du Marais breton-vendéen. Thèse de l'Université de Nantes : spécialité Biologie, 2 tomes. BERROU P., GOULETQUER P. (1973) - L'épipaléolithique de la région de Plovan (Finistère). Bulletin de la Société Préhistorique Française, 70, n°6, p. 166-172. BLANCHET S. (à paraître) - Le site mésolithique de la Croix Audran à Carnac (Morbihan). Colloque international sur le Mésolithique, Tours, 13-15 octobre 2001. BOCHERENS H., TRESSET A., BILLIOU D. et GUILLON M., à paraître.- Gestion territoriale des ressources animales et alimentation humaine : l'apport de la biogéochimie isotopique in Giligny F. (dir.) : Un site Néolithique moyen en zone humide : Louviers « La Fillette » (Eure). Documents d'Archéologie Française. BONNEMAISON J. (1981) - Voyage autour du territoire. L Espace Géographique, n°4, p. 249-262. BOUJOT C. et CASSEN, S. (2000) - Explorations du tertre de Lannec er Gadouer. Les fouilles de 1993 à 1997. In CASSEN, S., BOUJOT, C, VAQUERO, J., Eléments d'architecture - exploration d'un tertre funéraire à Lannec er Gadouer (Erdeven, Morbihan), Association des Publications Chauvinoises, Mémoire XIX, p. 29-81.

110 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

BOUJOT C, CASSEN S., AUDREN C, ANDERSON P., MARCHAND G., GOUEZIN P. (1998) - Prélude à l'étude des tertres funéraires du Morbihan : note sur le tertre de Lannec-er-Gadouer en Erdeven. In : Gutherz X., Joussaume R. (dir.). Le Néolithique du Centre-Ouest de la France. Actes du XXI ème colloque inter-régional sur le Néolithique, Poitiers, octobre 1994, p. 149-167. BOUJOT Ch. et CASSEN S., 1998.- Tertres armoricains et tumulus carnacéens dans le contexte de la néolithisation de la France occidentale. In : Guilaine J. (dir.) : Sépultures d'Occident et genèse des mégalithismes (9000-3500 av. notre ère). Errance édit. : Paris, p. 109-128. BOUJOT Ch., CASSEN S., ANDERSON P., AUDREN C, GOUEZIN P. et MARCHAND G., 1998.- Prélude à l'étude des tertres funéraires d'Armorique-sud. Notes sur le monument de Lannec er Gadouer, Erdeven, Morbihan. In : XXIe Colloque Interrégional sur le Néolithique, Poitiers 1994. BRAMWELL D., 1983.- Bird bones from Knap of Howar, . In : Ritchie, A. 1983: Excavation of a Neolithic farmstead at Knap of Howar, Papa Westray, Orkney. Proceedings of the Society of Antiquaries of Scotland, 113: 100-103. BRIOIS F. (2000) - Variabilité techno-culturelle des industries lithiques du Néolithique ancien en Languedoc. In : Rencontres méridionales de Préhistoire récente. Troisième session, Toulouse 1998. Editions Archives d'Ecologie Préhistorique, p. 43-50. CARTER, R.W.G., DEVOY, R.J. and SHAW J., 1989.- Late Holocene sea-levels in Ireland. Journal of Quaternary Science, 4(1) : 7-24. CASSEN (dir.), 2000.- Eléments d'architecture (Exploration d'un tertre funéraire à Lannec er Gadouer,Erdeven, Morbihan. Constructions et reconstructions dans le Néolithique morbihannais. Propositions pour une lecture symbolique. Chauvigny : Publications chauvinoises. CASSEN S. (2000) - La question de la « néolithisation » : un choix de scénarios historiques à l'échelle européenne et régionale. In CASSEN, S., BOUJOT, C, VAQUERO, J., Eléments d'architecture - exploration d'un tertre funéraire à Lannec er Gadouer (Erdeven, Morbihan), Association des Publications Chauvinoises, Mémoire XIX, p. 567-591. CASSEN S., AUDREN C, HINGUANT S., LANNUZEL G. et MARCHAND G., 1998.- L'habitat Villeneuve- Saint-Germain du Haut-Mée (Saint-Etienne-en-Coglès, Ille-et-Vilaine). Bulletin de la Société Préhistorique Française, 95 (1), 41-75. CASSEN, S., AUDREN, C, HINGUANT, S., LANNUZEL, G., MARCHAND, G. (1998) - L'Habitat Villeneuve- Saint-Germain du Haut Mée (Saint-Etienne en Coglès, Ille-et-Vilaine). Bulletin de la Société Préhistorique Française, p.41-76. CHAURIS L. et GARREAU J (1983) - Le massif granitique de Plounéour-Ménez et les minéralisations associées. Bulletin de la Société des Sciences Naturelles. Ouest-France. Nouvelle série 5, p. 134-154. CHAURIS L.(1985) - Les mylonites : Pièges pour la tourmalisation deutérique. Compte rendu de l'Académie des Sciences. Paris, T. 301, Série II, p. 599-602. CHENORKIAN R. (1989) - Mollusques testacés et diètes préhistoriques. Travaux du LAPMO, Aix-en-Provence, p. 29-57. CHENORKIAN, R., 1996 - Pratique archéologique statistique et graphique. Errance, Paris 1, 62 p. CHOQUET M., 1968 - Croissance et longévité de Patella vulgata L. (Gastéropode Prosobranche) dans le Boulonnais. Cahiers de Biologie.marine, Roscoff, 9, 449-468. CHRISTIENS J., 1973 - Révision du genre Patella (Mollusca, Gastropoda). Bidletin du Muséum national d'Histoire Naturelle, Paris, 182, Zoologie 121, 1305-1392. CLAASSEN C, 1998 - Shells. Cambridge manual in archaeology, Cambridge University press, Cambridge, 266 p. CLARKE D. V. et SHARPLES N., 1990 : Settlements and subsistence in the third millennium B.C. In : Renfrew C. (dir.) : The Prehistory of Orkney. B.C. 4000-1000 A.D. Edimbourg : Edinburgh University Press, p.54-82. CLAVEL B., 1999 - L'animal dans l'alimentation médiévale moderne en France du Nord (XIIIè-XVHè siècles). Thèse présentée pour l'obtention du diplôme de doctorat (nouveau régime), Préhistoire, archéologie, histoire et civilisations, Université de Provence-Aix-Marseille I, Aix-Marseille, 491 p. CLUTTON-BROCK J., 1979.- Report on the mammalian remains other than Rodents from Quanterness. In: Renfrew C. (dir.) : Investigations in Orkney. Reports of the Research Commitee of the Society of Antiquaries of London, XXXVIII : 113-133.

111 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002

COLES J.M., ORME B., BISHOP A.C. and WOOLEY A.R., 1974.- A jade axe from the Somerset levels. Antiquity 48 :216-220 COONEY, G. 2000.- Landscapes of Neolithic Ireland. Londres et New-York : Routledge. DABARD M.-P.(1997) - Les formations à cherts carbonatés (phtanites) de la chaîne cadomienne : genèse et signification géodynamique. Exemple du segment armoricain. Documents du B.R.G.M. 267. DAGUZAN J., 1991 - Recherches sur la croissance et l'écologie de Monodonta lineata (da Costa) (Gastropoda, Prosobranchia, Trochidae) vivant sur le littoral atlantique armoricain. Cahiers de Biologie marine, Roscoff, 32, 3- 22. DAUTZENBERG, PH., 1913 - Atlas de poche des coquilles des côtes de France (Manche, Océan, Méditerranée), communes, pittoresques ou comestibles. Lhomme: Librairie du Muséum de Paris, Paris 5eme, 152 p. DEER COMMISSION FOR SCOTLAND, 2000.- Annual report 1999-2000. DELANOË Y. ET PINOT J.-P. (1977) - Littoraux et vallées holocènes submergés en baie de Concarneau (Bretagne méridional). Bulletin de VAssociation française pour l'étude du Quaternaire, 3, p. 27-38. DELIBRIAS G. ET MORZADEC-KERFOURN M.-T. (1975) - Evolution du marais de Dol-de-Bretagne au Flandrien (Ille-et-Vilaine, France). Bulletin de l'Association française pour l'étude du quaternaire, 2, p. 59-70. DESSE G., GRANIER J. (1976) - Les poissons. In : De Lumley H. (éd.). La Préhistoire française, t.l, p. 437-443. DESSE J. et DESSE-BERSET N., 1996 - On the boundaries of osteometry applied to fish. Archaeofauna, 5, 1996, 171-179. DICKSON C, 1983.- Appendix 9 - Macroscopic plant remains from Knap of Howar, Orkney. in Ritchie, A.: Excavation of a Neolithic farmstead at Knap of Howar, Papa Westray, Orkney. Proceedings of the Society of Antiquaries of Scotland, 113 : 114-115. DU CHATTELIER P., 1881.- Exploration des tumulus de Run-Aour et de La Torche en Plomeur (Finistère) et du Kjokkenmodding de La Torche. Mémoires de la Société d'Emulation des Côtes du Nord, p. 175-182. DUPONT, C, 2000 (rapport) - La malacofaune de La Perroche (Dolus / Saint-Pierre d'Oléron, Charente-Maritime). In : Sous la direction de L. Laporte. Projet Collectif de Recherche. L'occupation préhistorique des îles et du littoral charenlais. Rapport 2000 Et Demande de reconduction 2001-2003. 3/ Economie de subsistance. 10 Pl., 10 p. DUPONT, C. - Stratégie d'acquisition de la malacofaune à la fin du Mésolithique le long de la façade atlantique de la France. Réunion de la Société Préhistorique Française : « Unité et diversité des processus de néolithisation sur la façade atlantique de l'Europe (7-4'eme millénaires avant J.-C). EDWARDS C, BRADLEY D., MCHUGH D., DOBNEY K, MARTIN L., HELMER D., HORWITZ L., MCINTOSH S., TRESSET A., VIGNE J.-D. (sous presses).- Ancient DNA Analysis Of 101 Domestic Cattle Remains: Limits And Prospects. Journal of Archaeological Science. EVANS J.G.et VAUGHAN M., 1983.- The molluscs from Knap of Howar, Orkney. In : Ritchie, A. 1983: Excavation of a Neolithic farmstead at Knap of Howar, Papa Westray, Orkney. Proceedings of the Society of Antiquaries of Scotland, 113: 106-114. FAIRWEATHER A et RALSTON I.B.M., 1993.- The neolithic timber hall at Balbridie, Grampian Région, Scotland : the building, the date, the plant macofossils. Antiquity, 67 : 313-323. FERRIER J.P. (1998) - Le contrat géographique ou l'habitation durable des territoires. Antée 2-Lausanne. Payot. FOUERE, P., 1998 - L'enceinte néolithique du Rocher à Villedoux. In JOUSSAUME R., Les paysans du Golfe. Le Néolithique dans le Marais Poitevin. Patrimoine et Médias, Chauray, France. 74-75. FRETTER, V. AND GRAHAM, A., 1976 - The prosobranch molluscs of Britain and Danmark, Part.l- Pleurotomariacea, Fissurelacea and Patellacea. The journal of molluscan studies. Department of zoology, University ofreading, Supplément. 1. G. DESSE ET J. DESSE, 1976 - La pêche. In : H. de Lumley éd., La Préhistoire Française. CNRS, Paris, pp. 697- 702 G. DESSE ET J. DESSE, 1983 - L'identification des vertèbres de poissons ; applications au matériel issu de sites archéologiques et paléontologiques. Archives des Sciences de Genève, 36 (2), pp. 291-296 G. DESSE ET J. GRANIER, 1976 - Les poissons. In : H. de Lumley éd., La Préhistoire Française. CNRS, Paris, pp. 437-443 GARANGER J. (direction de), 1992 - La Préhistoire dans le monde. Presses Universitaires de France, Paris, 837 p.

112 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

GIOT P.R., 1947.- Le tumulus mégalithique de Beg an Dorchenn, Finistère, campagne 1946. Gallia, 5 : 167-70. GOULETQUER P. (1991-92) - Le Mésolithique dans le Finistère : évolution d'une problématique. Journées d'études sur la Bretagne et les Pays celtiques. Kreis 2, p.95-123. GOULETQUER P. (ce volume) - L'approche de la « néolithisation » à l'épreuve d'un modèle ethnographique simple. Réunion de la Société Préhistorique Française : « Unité et diversité des processus de néolithisation sur la façade atlantique de l'Europe (7-4'eme millénaires avant J-C). GOULETQUER P. et LEOPOLD P. (1991) - Etat provisoire d'une prospection de longue durée: le site mésolithique de Quillien (Le Cloître-Saint-Thégonnec, Finistère). Revue archéologique de l'Ouest n° 8, p.61-82. GOULETQUER P., KAYSER O., LE GOFFIC M. et MARCHAND G. (1997) ~ Eléments pour une esquisse géographique du Mésolithique de la Bretagne occidentale. In «Actes du H9ieme congrès national des sociétés historiques et scientifiques, 1994, Pré et Protohistoire - Le Tardiglaciaire en Europe du Nord-Ouest», p. 293-307. GOULETQUER P., KAYSER O., LE GOFFIC M., LEOPOLD P., MARCHAND G., MOULLEC J.-M. (1996) - Où sont passés les Mésolithiques côtiers bretons ? Bilan 1985-1995 des prospections de surface dans le Finistère. Revue Archéologique de l'Ouest, n° 13, p. 5-30. GOWEN M., 1988.- Three Irish Gas Piplines : New Archaeological Evidence in Munster. Dublin : Wordwell Académie Publications. GRANT A., 1991.- Economie or Symbolic ? Animais and ritual behaviour. In : Garwood P., Jennings D., Skeates R. et Toms J. : Sacred and Profane. Proceedings of a Confrence on Archaeology, Ritual and Religion. Oxford, 1989. Oxford : Oxford University Committee for Archaeology. Monograph 32 : 109-114. GRIGSON C. et MELLARS P., 1987.- The mammalian remains from the middens In : Mellars P. (dir.) : Oronsay. Prehistoric human ecology on a small island. Edinburgh : Edinburgh University Press, p. 243-300. GRUET Y., DUPONT C, 2001 - Au Néolithique dans le Centre-Ouest de la France, la pêche des coquillages reflète-t-elle l'environnement marin ? L'HELGOUACH J., BRIARD J. (Sous la direction de), Systèmes fluviaux, estuaires et implantations humaines de la préhistoire aux grandes invasions, Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques. 124e Nantes, 1999, Editions du Comité des travaux hitoriques et scientifiques. Paris. 183-199. GRUET, Y. (ce volume) - Quelle place pour les crustacés dans les amas coquilliers mésolithiques ? Réunion de la Société Préhistorique Française : « Unité et diversité des processus de néolithisation sur la façade atlantique de l'Europe (7-4'eme millénaires avant J.-C). GUYODO J.-N. (2000) - L'assemblage lithique du site de Lannec er Gadouer (Erdeven). In CASSEN, S., BOUJOT, C, VAQUERO, J., Eléments d'architecture - exploration d'un tertre funéraire à Lannec er Gadouer (Erdeven, Morbihan), Association des Publications Chauvinoises, Mémoire XIX, p. 99-114. HARMAN M., ms. inédit.- Holm of Papa Westray - the animal bones. Rapport d'analyse archéozoologique. HATTING T., 1968.- Animal bones from the basai middens in Liversage, D. : Excavations at Dalkey Island, Co. Dublin 1956-59. Proceedings of the Royal Irish Academy, 66C : 172-174. HERBAUT F., PAILLER Y. (2000) - Les anneaux en pierre dans le Massif Armoricain. In S. Cassen (dir.), Eléments d'architecture, Association des Publications Chauvinoises, mémoire XIX, p. 353-385. HTLL E.W., JOBLING M.A. et BRADLEY D.G., 2000.- Y-chromosome variation and Irish origins. Nature, 404 : 351-352 HURLES M. E., IRVEN C, NICHOLSON J., TAYLOR P.G., SANTOS F.R., LOUGHLIN J., JOBLING M.A., SYKES B., 1998.- European Y-chromosom lineages in Polynesians : a contrast to the population structure recealed by mtDNEA. American Journal of Human Genetics, 63 : 1793-1806. JARDINE W.G., 1987.- The Mesolithic Coastal Setting in : Mellars P. (dir.) : Oronsay. Prehistoric human ecology on a small island. Edinburgh : Edinburgh University Press, p. 25-51. JENNBERT, K. 1985.- Néolithisation - a Scanian perspective. Journal of Danish Archaeology, 4 : 196-197. JEUNESSE C. (1997) - Pratiques funéraires au Néolithique ancien. Sépultures et nécropoles danubiennes (5500- 4900 avant J.-C). Editions errance. JOUSSAUME R., BOIRAL M. et TERS M., 1986.- Sites préhistoriques submergés à la Tranche-sur-Mer (Vendée). Bulletin de la Société Préhistorique Française, 83 : 423-435. KAYSER O. (1985) - A propos de la fin du Mésolithique en Bretagne : l'amas coquillier de Beg-an-Dorchenn (Finistère). Note préliminaire. Travaux de l'Institut d'art préhistorique, Université de Toulouse-Le Mirail, p. 80-92.

113 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002

KAYSER O. ( 1992) - Les industries lithiques de la fin du Mésolithique en Armorique. In : Paysans et Bâtisseurs. L'émergence du Néolithique atlantique et les origines du Mégalithisme, Actes du 17eme colloque interrégional sur le Néolithique, Vannes 29-31 octobre 1990, Revue Archéologique de l'Ouest, Supplément n°5, p. 117-124. KAYSER O., 1985.- A propos de la fin du Mésolithique en Bretagne : l'amas coquillier de Beg an Dorchenn (Finistère). Note préliminaire. Travaux de l'Institut d'Art Préhistorique. (Université de Toulouse Le Mirail), XXVII : 79-92. KAYSER O., 1991.- Le Mésolithique breton : un état des connaissances en 1988. In : Mésolithique et Néolithisation en France et dans les régions limitrophes. Actes du 113e Congrès National des Sociétés Savantes, Strasbourg. Paris : CTHS édit, p. 197-211. KAYSER O., 1992.- Les industries lithiques de la fin du Mésolithique en Armorique. Revue Archéologique de l'Ouest, supplément 5 : 117-124. KAYSER, O., 1987 - Beg-er-Vil : Quiberon (Morbihan), Campagne 1987, Sauvetage programmé n°1400 site n°56 186 007, Programme 24 ; 11 Fig., 27 p. KAYSER, O., 1990 - Beg-er-Vil, Gallia information, p.64. KTNNES L, 1992.- Non-megalithic Long Barrows and Allied Structures in the British Neolithic. British Muséum Occasional Papers 52. Londres : British Muséum. KINNES, I. 1988 .- The Cattleship Potemkin : Reflections on the First Neolithic in Britain. In : Barrett J.C. and I. Kinnes : The Archaeology of Context in the Neolithic and Bronze Age : Récent Trends. Department of Archaeology, University of Sheffield, p. 2-8. LAPORTE L. avec la collaboration de QUESNEL L., 2000 - La Perroche, Dolus/Saint-Pierre-d'Oléron (Charente- Maritime) : sondage. Rapport de fouille d'avril 2000. LAPORTE, L., 1994 - Parure et centres de production dans le Centre-Ouest de la France. Thèse de Paris I. 231 p. LAPORTE, L., CROS, J.-P., FONTUGNE, M., GEBHARDT, A., GRUET, Y., MARGUERIE, D., OBERLIN, C, 1995 - Les occupations néolithiques de la côte occidentale de l'île d'Oléron. In : L'homme préhistorique et la mer, 12(fme congrès CTHS, Aix en Provence du 23 au 26 octobre. 195-238. LE GALL O. (1998) - Aperçu des pêches maritimes préhistoriques en Europe occidentale (Méditeranée nord- occidentale, atlantique nord, Manche, mer du Nord, Baltique). In : Gamps G. (ed). L'homme et la mer. 120 ème congrès CTHS, Aix-en-Provence 1995, p. 377-386. LE GOFFIC M. (1990) - L'abri-sous-roche de Pont-Glas en Plounéour-Ménez. Bulletin de la Société archéologique du Finistère, 119, p. 61-69. LE ROUX C. T., 1992.- Cornes de pierre. Revue Archéologique de l'Ouest, supplément 5 : 237-244. LE ROUX C. T., 1999.- L'outillage de pierre polie en métadolérite du type A. Les ateliers de Plussulien (Côtes d'Armor) : production et diffusion au Néolithique dans la France de l'Ouest et au delà. Travaux du Laboratoire « Anthropologie, Préhistoire et Quaternaire Armoricains ». Rennes : Université de Rennes I. LE ROUZIC, Z. 1932.- Fouilles faites dans la région de Cornac. Tumulus du Mont Saint-Michel. Vannes : Imprimerie Nationale. LEGGE, A.J. et ROWLEY-CONWY P.A.. 1988.- Star Carr Revisited. A re-analysis of the large mammals. Birbeck Collège. Londres : University of London. LICHARDUS J., LICHARDUS-ITTEN, M., BAILLOUD, G. et CAUVIN J., 1986.- La Protohistoire de l'Europe (Nouvelle Clio Ibis). Paris : Presses Universitaires de France. LINDNER, G., 1976 - Guide des coquillages marins. Delachaux et Niestlé, Paris. 64 Pl., 255 p. LOUWE-KOOIJMANS L.P., 1998.- Understanding the Mesolithic/ Neolithic frontier in the Lower Rhine Basin 5300-4300 cal. BC. in Edmonds, M. and Richards, C. (eds) : Understanding the Neolithic ofNorth-Western Europe. Glasgow : Cruithne Press, pp. 407-427 LUBELL D. et JACKES M. (1988) - Portuguese Mesolithic-Neolithic subsistence and seulement. Rivista di Antropologia (Roma), supplemento del Vol. LXVI, p. 231-248. LUBELL D., JACKES M., MEIKLEJOHN C. (1997) - Healthy but mortal : human biology and the first farmers of western Europe. Antiquity, 71, p. 639-658. LUBELL D., JACKES M., SCHWARCZ H., KNYF M. et MEIKLEJOHN C, 1994.- The Mesolithic-Neolithic transition in Portugal : Isotopic and Dental évidence of Diet Journal of Archaeological Science, 21 : 201-216.

114 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002

M. L. BAUCHOT ET A. PRAS, 1980 - Guide des poissons marins d'Europe. Delachaux & Niestlé éd., Lausanne - Paris. 428 p. MACKLIN M. G., BONSALL C., DAVIES F. M., ROBINSON M. R. (2000) - Human-environment interactions during the Holocen: new data and interprétations from the Oban area, Argyll, Scotland. The Holocene, 10 (1), p. 109-121. MADSEN, T. 1986.- Where did ail the hunters go ? An assessment of an Epoch-Making Episode in Danish Prehistory. Journal of Danish Archaeology, 5 : 229-239. MARCHAND G. (1990) - Le Mésolithique ancien et moyen dans le sud de la Bretagne, Université de Paris I (Mémoire de maîtrise multigraphié). MARCHAND G. (1997) - La Néolithisation de l'Ouest de la France: caractérisation des industries lithiques. Thèse de doctorat en Préhistoire-Ethnologie-Anthropologie, Université de Paris I, Panthéon-Sorbonne. MARCHAND G. (1999) - La néolithisation de l'ouest de la France : caractérisation des industries lithiques. British Archaeological Reports. International Séries 748., 487 p. MARCHAND G. (2000 A) - La néolithisation de l'ouest de la France : aires culturelles et transferts techniques dans l'industrie lithique. Bulletin de la Société Préhistorique Française, tome 97, n°3, p. 377-403. MARCHAND G. (2000 B) - Facteurs de variabilité des systèmes techniques lithiques au Mésolithique récent et final dans l'ouest de la France. In : Crotti P. Meso'97. Table-ronde sur l'Epipaléolithique et le Mésolithique, Lausanne, novembre 1997, p. 37-48. MARCHAND G. (2001) - La néolithisation de l'Europe atlantique : mutations des systèmes techniques en France et au Portugal. Annales de la fondation Fyssen, n°16, p. 115-124. MARCHAND G. (ce volume) - Le Mésolithique final en Bretagne : une combinaison des faits archéologiques. Réunion de la Société Préhistorique Française : « Unité et diversité des processus de néolithisation sur la façade atlantique de l'Europe (7-4'eme millénaires avant J.-C). MARCHAND G., DUPONT C, TESSIER M. (2002) - Complément d'enquête sur la néolithisation : le site du Porteau-Ouest à Pornic (Loire-Atlantique). AMARAI, n°15. MARCHAND G., YVEN E. (2000) - Déviances. Les armatures de la fosse 1 de Lannec-er-Gadouer dans leur contexte régional. In : Cassen S. (Dir.), Eléments d'architecture (Exploration d'un tertre funéraire à Lannec er Gadouer, Erdeven, Morbihan. Constructions et reconstructions dans le Néolithique morbihannais. Propositions pour une lecture symbolique. Chauvigny : APC, Editions chauvinoises, 2000, 815 p. MARGUERIE D. (2000) - Végétation néolithique sous impact anthropique en Morbihan et dans le reste de la Bretagne. In : Cassen S. (Dir.), Eléments d'architecture (Exploration d'un tertre funéraire à Lannec er Gadouer, Erdeven, Morbihan. Constructions et reconstructions dans le Néolithique morbihannais. Propositions pour une lecture symbolique. Chauvigny : APC, Editions chauvinoises, 2000, 815 p. MCCORMICK F., 1988.- Appendix 2 - The animal bones in Gowen, M. : Three Irish Gas Piplines : New Archaeological Evidence in Munster. Dublin : Wordwell Académie Publications, p. 182-184. MCCORMICK F., 1999.- Early évidence for wild animais in Ireland in : Benecke N. : The holocene history of the European vertebrate fauna. Modem aspects of research. Actes de la table ronde de Berlin Avril 1998. Verlag Marie Leidorf GmBh. Rahden, p. 355-371. MELLARS, P., 1978 - Excavations and économie analysis of Mesolithic shell middens on the Island of Oronsay (Inner Hébrides). In MELLARS P. (éd.), The early Postglacial Settlement of Northern Europe, An Ecological Perspective. Duckworth, London, 371-396. MÉNIEL P., 1984.- Contribution à l'histoire de l'élevage en Picardie du Néolithique à l'Age du Fer. Revue Archéologique de Picardie, Numéro spécial. MENIEL P., 1987.- Les dépôts d'animaux du fossé chasséen de Boury-en-Vexin (Oise). Revue Archéologique de Picardie, 1/2 : 3-26. MIDGLEY M. S., 1992.- TRB Culture. The First Farmers of the North European Plain. Edinburgh : Edinburgh University Press. MIDGLEY M., sous presse.- La Néolithisation en Europe du Nord. Actes du 125e Congrès du CTHS, Lille 2000. MITCHELL G.F., 1956.- An early kitchen midden at Sutton, Co. Dublin. Journal of the Royal Society of Antiquaries of Ireland, 88: 1-26. MITCHELL, G.F., 1972.- Further excavations at the Early Kitchen midden at Sutton, Co. Dublin. Journal of the Royal Society of Antiquaries of Ireland, 102: 151-159. 115 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

MONK M., 1988.- Appendix 3 - Archaeobotanical study of samples from the pipeline sites. In : Gowen, M. : Three Irish Gas Piplines : New Archaeological Evidence in Munster. Dublin : Wordwell Académie Publications, p. 185- 191. MORZADEC-KERFOURN M.-T. (1974) - Variation de la ligne de rivage armoricaine au Quaternaire. Mémoire de la Société géologique et minière de Bretagne, n°17, 208 p. MORZAJDEC-KEPvFOURN M.-T. (1999) - Littoraux pléistocènes de l'ouest du Massif armoricain. Quaternaire, 10 (2-3), p. 171-179. MOVIUS H.L., 1935.- Kilgreany Cave, County Waterford. Journal of the Royal Society of Antiquaries of Ireland, 65 :254-296. MURPHY E., 2001.- The prehistoric settlement at Northton, Isle of Harris. Communication orale. Colloque de Prehistoric Society Neolithic settlement in Ireland and Western Britain, Belfast Avril 2001. NEEDHAM, S. et SPENCE, T., 1996.- Refuse and Disposai at Area 16 East Runnymede. Runnymede Bridge Research Excavations. Volume 2. Londres : British Muséum Press. NODDLE B., 1983.- Appendix 4 - Animal bone from Knap of Howar pp. 92-100 in Ritchie, A.: Excavation of a Neolithic farmstead at Knap of Howar, Papa Westray, Orkney. Proceedings of the Society of Antiquaries of Scotland, 113 :40-121. O'CONNEL M. (1987) - Early Cereal-type pollen records for Connemara, western ireland and their possible signifiance. Pollen et spores, vol. XXLX, n° 2-3, p. 207-224. OUGUERRAM A.ET VISSET L. (2001 A) - Histoire de la végétation et première mise en évidence d'un milieu marin pendant l'holocène dans la vallée de l'erdre et le val de Gesvres (bassin versant de la Loire, Massif armoricain, France). Quaternaire, 12, (3), p. 189-199. OUGUERRAM A.ET VISSET L. (2001 B) - Palynologie de la tourbière de nay dans la vallée de l'Erdre, affluent de la Loire (Massif armoricain - France) : histoire de la végétation et du peuplement humain. Journal de la société botanique de France, 13, p. 35-45. PAILLER Y., SPARFEL Y., CASSEN S., GOULETQUER P., LE GOFFIC M., LEROY A., MARCHAND G, TRESSET A. et YVEN E., sous presse.- L'archipel de Molène (Finistère, France) : Mise au point d'un inventaire des sites préhistoriques. In : World Islands in Prehistory. Actes du Colloque International de Majorque, Septembre 2001. PAILLER Y., SPARFELL Y. (2001) - Le patrimoine archéologique de l'archipel de Molène : nouvelle approche. Penn-ar-Bed, n° 182, p. 13-26. PAUTREAU, J.P., 1976 - L'habitat peu-richardien de la Sauzaie, commune de Soubise (Charente-Maritime): fouille de sauvetage, premiers résultats. Circonscription des antiquités préhistoriques « Poitou-Charentes », Rochefort, 1976, 102 p. PEQUART M. et PEQUART St~J. (1954) - Hoëdic, deuxième station-nécropole du Mésolithique côtier armoricain. Anvers : Edition De Sikkel. PEQUART M. ET S.-J. (1934) - Le kjokkenmodding et les sépultures mésolithiques de l'île d'Hoëdic (Morbihan). Congrès préhistorique de France - XI ème session, p. 3-15. PEQUART M., PEQUART S.-J., BOULE M., VALLOIS H.-V., 1937.- Téviec : station mésolithique du Morbihan. Archives de l'Institut de Paléontologie Humaine. Paris. PEQUART M.et S.-J. (1954) - La nécropole mésolithique de Hoëdic, L'Anthropologie, Tome 44, n°l et 2 PEQUART M.et S.J.,BOULE M.,VALLOIS H. (1937) - Téviec, station nécropole mésolithique du Morbihan, Archives de l'I.P.H., mémoire 18. PEQUART, M. et PEQUART S.-J. 1954 .- Hoëdic. Deuxième station nécropole du Mésolithique côtier armoricain. De Sikkel édit. Anvers. PERLES C. (1991) - Economie des matières premières et économie du débitage : deux conceptions opposées ? In 25 ans d'études technologiques en Préhistoire — Actes des rencontres 18-19-20 octobre 1990, XI ième Rencontres Internationales d'Archéologie et d'Histoire d'Antibes. Editions APDCA, Juan-les-Pins. PETREQUIN P., CASSEN S. et CROUTSCH C. (à paraître) - De la pétrographie aux approches sociales : la circulation des grandes haches alpines en Europe occidentale pendant le Néolithique. Table Ronde d'Aurrillac 20-22 juin 2002 « Les matières premières lithiques en Préhistoire ». PETREQUIN P., CASSEN S., CROUTSCH C. et WELLER O. (1997) - Haches alpines et haches carnacéennes dans l'Europe du Ve millénaire, Notae Praehistoricae, Luxembourg, 17, p. 135-150.

116 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

PETREQUIN P., CASSEN S., CROUTSH C, WELLER O., 1997. - Haches alpines et haches camacéennes dans l'Europe du Vème millénaire. Notae Praehistoricae 17 : 135-150. PETREQUIN P., CROUTSCH C. et CASSEN S. (1998) - A propos du dépôt de La Bégude : haches alpines et haches camacéennes pendant le Ve millénaire, Bulletin de la Société Préhistorique Française, t. 95, n° 2, p. 239- 254. PHILIBERT S. (1999) - Modalités d'occupation des habitats et territoires mésolithiques par l'analyse tracéologique des industries lithiques : l'exemple de quatre sites saisonniers. In : L'Europe des derniers chasseurs. 5 ème colloque U1SPP, Grenoble, septembre 1995, p. 145-155. PHILLIPS, R., 1987 - Coquillages et algues marins. Bordas, Paris, 160 p. PINOT J.-P. (1968) - Littoraux wurmiens submergés à l'ouest de Belle-Île. Bulletin de l'Association française pour l'étude du Quaternaire, 3, p. 197-215. PINOT J.-P. (1974) - Le précontinent breton entre Penmarc'h, Belle-Ile et l'escarpement continental, étude géomorphologique. Lannion, Impram, 256 p. PIRAZZOLI P. A. (1991) - World atlas of holocene sea-level changes. Elsevier Oceanography Séries, 58. Elsevier. 300 p. PLAINE J. (coord.) (1981) - Carte géologique de la France à 1/50 000, Pont-Croix, Baie d'Audierne, IV, 19, BRGM PLATEAUX M. (1993) - Contribution à l'élaboration d'une problématique des matières premières pour le Néolithique récent dans le Bassin parisien in Le Néolithique du nord-est de la France et des régions limitrophes, Actes du 13e colloque interrégional sur le Néolithique, Metz, oct. 1986, DAF, Paris, Ed. de la Maison des Sciences de l'Homme, p. 100-104. POPPE, T. and GOTO, Y., 1991 - European Seashells : Polyplacophora, Caudofoveata, Solenogastra, Gasteropoda. Verlag Christa Hemmen, Germany, Vol.l, 352 p. RAULT O. (1992) - L'économie du débitage sur le site mésolithique récent/final de Beg-an-Dorchenn (Plomeur, Finistère) - Analyse techno-économique - Première approche pour une analyse spatiale. Mémoire de maîtrise, Université de Paris I, Panthéon-Sorbonne. REITZ, E.J., WTNG, E.S., 1999 - Zooarchaeology. Cambridge, University Press. RICHARD G. (1984) - Sur la découverte à Donnery (Loiret) d'une grande hache polie en roche verte travaillée par double sciage perpendiculaire, Revue Archéologique du Loiret, n° 10, p. 3-14. RICHARDS, M.P. et HEDGES R.E.M., 1999.- A Neolithic révolution? New évidence of diet in the British Neolithic. Antiquity, 73: 891-897. RICHARDS, M.P. et MELLARS P.A., 1998.- Stable isotopes and the seasonality of the Oronsay middens. Antiquity, 72:178-184. RICHMOND A., 1999.- Preferred Economies. BAR British Séries 290. Oxford : Archaeopress. RICQ-DE BOUARD M. (1996) - Pétrographie et sociétés néolithiques en France méditerranéenne. L'outillage en pierre polie, monographie du CRA 16, CNRS éditions. RITCHIE A., 1983.- Excavation of a Neolithic farmstead at Knap of Howar, Papa Westray, Orkney. Proceedings of the Society of Antiquaries of Scotland, 113: 40-121. ROCHE J. (1972) - Les amas coquilliers (concheiros) mésolithiques de Muge (Portugal). In : Die anfange des neolithikums von Orient bis Nordeuropa, B. Fundamenta, Kôln, p. 72-107. ROWLEY-CONWY P., 1985.- The origins of agriculture in Denmark : a review of some théories. Journal of Danish Archaeology, 4 : 188-197. ROWLEY-CONWY, P. 1984.- The laziness of the Short-Distance Hunter : The origins of agriculture in western Denmark. Journal of Anthropological Archaeology, 3 : 300-324. ROZOY J.-G. (1978) - Les derniers chasseurs. L'Epipaléolithique en France et en Belgique. Bulletin de la Société Archéologique Champenoise, n° spécial juin 1978, 3 tomes. RUSSELL, N.J,. BONSALL, C, SUTHERLAND, D.G., 1995 - The exploitation of marine molluscs in the Mesolithic of western Scotland évidence from Ulva Cave, Inner Hébrides. In FISCHER A. (éd.), Man and Sea in Mesolithic. Oxbow Oxford, 273-288. SALANOVA L. (1992) - Aperçu du contexte culturel et chronologique du Campaniforme sud-finistérien, mémoire de DEA, Université de Paris I, multigraphié.

117 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002

SCHULTING R. J. (1996) - Antlers, bone pins and flint blades : the Mesolithic cemeteries of Téviec and Hoëdic, Brittany. Antiquity, 70, p. 335-350. SCHULTING R., 1999.- Appendix 7-4 : Radiocarbon dates. In : Woodman, P., Anderson, E. and Finlay, N. 1999 : Excavations at Ferriter's Cove, 1983-95 : Last foragers, first farmers in the Dingle Peninsula. Bray : Wordwell, p. 219. SCHULTING R.-J et RICHARDS M.-P. (2001) - Dating women and becoming farmers : New Palaeodietary and AMS dating évidence from the Breton Mesolithic cemeteries of Téviec and Hoëdic. Journal of Anthropological Archaeology, p. 1-31. SCHULTING R.J. (1999) - Nouvelles dates AMS à Téviec et Hoëdic (Quiberon, Morbihan). Rapport préliminaire. Bulletin de la Société Préhistorique Française, 96, n°2, p. 203-207. SCHULTING R.J., 1998.- Slighting the sea : stable isotope évidence for the transition to farming in northwestern Europe. Documenta Praehistorica, XXV : 203-218. SCHULTING, RJ. et RICHARDS M.P., 2000.- Mesolithic subsistence and seasonality: the use of stable isotopes. In Young, R. (ed.) Current Research on the Mesolithic of Britain and Ireland, Leicester : University of Leicester Press, p. 55-65. SCHULTING, R.J. et RICHARDS M.P., 2001. New palaeodietary and AMS dating évidence from the Breton Mesolithic cemeteries of Téviec and Hôedic. Journal of Anthropological Archaeology, 20: 314-344. SCHWARTZ, D., 1980 - Méthodes statistiques à l'usage des médecins et des biologistes. Flammarion, Paris VI ; 318p. SERJEANTSON D., 1990.- The introduction of mammals to the Outer Hébrides and the rôle of boats in stock management. Anthropozoologica, 13, 7-18. SERJEANTSON D., 1996.- The animal bones pp. 194-253 in Needham S. and Spence T. : Refuse and Disposai at Area 16 East Runnymede. Runnymede Bridge Research Excavations. Volume 2. London : British Muséum Press. SERJEANTSON D., WALES S., EVANS J., 1994.- Fish in later Prehistoric Britain. In : Archaeo-Ichtyological Studies. Papers presented at the 6* Meeting of the I.C.A.Z. Fish Remains Working Group. Offa, 51 : 332-339. SHARPLES N. (éd.), 1991.- Maiden Castle. Excavations and Field Survey 1985-6. (English Héritage. Archaeological Report 19). Londres : Historié Buildings and Monuments Commission for England. SHARPLES N., 2000.- Antlers and Orcadian rituals : an ambiguous rôle for red Deer in the Neolithic. In : Ritchie A. (dir.), 2000 : Neolithic Orkney and its cultural context. Cambridge : The MacDonald Institute for Archaeological Research, p. 107-116. SHERIDAN A., 1992.- Scottish stone axeheads: some new work and récent discoveries. In Sharples N. et Sheridan A. (dir.) : Vessels for the Ancestors, Edimbourg : Edinburgh University Press, p. 194-212. SHERIDAN A., 2000.- Achnacreebeag and its French connections : Vive the "Auld Alliance" pp. 1-15 in Henderson, J. (eds.) : The Prehistory and Early History of Atlantic Europe (BAR International Séries 861). Oxford : Archaeopress, p. 1-15. SLEEMAN P, 1997.- Mammals and Mammalogy In J.W. Foster: Nature in Ireland. Dublin: The Lilliput Press., p. 241-261. SMITH R.W., 1984.- The ecology of Neolithic farming Systems as exemplified by the région in Wiltshire. Proceedings of the Prehistoric Society, 50 : 99-120. SPARFEL Y. (2002) - Géographie des sites funéraires du Néolithique à l'Age du Bronze moyen, les exemples du nord-ouest du Léon et du Pays Bigouden, mémoire de DEA, 2 vol., Université de Bretagne Occidentale (Brest), multigraphié. SPIELMANN K.A. et EDER J.F., 1994.- Hunters and farmers : then and now. Annual Review of Anthropology, 23 : 303-323. SURMELY F., GOËR DE HERVE (DE) A., ERRERA M., D'AMICO C, SANTALLIER D., FORESTIER F.-H. et RIALLAND Y. (2001) - Circulation des haches polies en Auvergne au Néolithique, Bulletin de la Société Préhistorique Française, t. 98, n° 4, p. 675-691. SYKES B., 1999.- The molecular genetics of European ancestry. Philosophical transactions of the Royal Society of London. Biological Sciences. Vol. 354. (1379) : 131-139. TAUBER H., 1981.- 13C évidence for dietary habits of prehistoric man in Denmark. Nature, 292 : 332-333.

118 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

TAYLOR R.B., CARTER R.W.G., FORBES D.L. et ORFORD J.D., 1986.- Beach sédimentation in Ireland : contrasts and similarities with Atlantic Canada Current Research and Geological Survey of Canada : 1986A, 55-64. TERS M. (1973) - Les variations du niveau marin depuis 10 000 ans, le long du littoral atlantique français. In : Le Quaternaire : Géodynamique, Stratigraphie et Environnement. Suppl. Bulletin de l'Association française d'étude du Quaternaire. 36, p. 114-135. TESSIER M. (1984) - Les industries préhistoriques à microlithes du Pays de Retz. In : Collectif, Les sites à microlithes entre Vilaine et Marais Poitevin. Etudes Préhistoriques et Protohistorique des Pays-de-la-Loire, vol.7, p. 73-132. TESSIER M. (2001) - Le site néolithique du Pont-de-Pierre en Corsept (Loire-Atlantique). Groupe vendéen d'études préhistoriques, 37, p.30-39. TESTARTA. (1981)-Pour une typologie des chasseurs-cueilleurs. Anthropologie et Sociétés, volume 5, numéro 2, p. 177-221. TEST ART A. (1982) - Les chasseurs-cueilleurs ou l'origine des inégalités. Société d'Ethnographie. Paris, 254 p. THAYER, G.W., SCHAAF, W.E., ANGELOVIC, W. and LACROIX, M.W., 1973 - Calorie measurements of some estuarine organisms. Fishery Bulletin. 71 (1), 289-196. THEVENIN A. (1990) - Du Dryas III au début de l'Atlantique : pour une approche méthodologique des industries et des territoires dans l'est de la France (1ère partie). Revue de Archéologique de l'Est, 41, p. 177-212. THIRAULT E. (2001) - Production, diffusion et usage des haches néolithiques dans les Alpes occidentales, thèse de doctorat, Université de Lyon II, 4 vol., multigraphié. THOMAS J., 1988.- Neolithic explanations revisited : the Mesolithic-Neolithic transition in Britain and South Scandinavia. Proceedings of the Prehistoric Society 54, 59-66. THOMAS J., 1991.- Rethinking the Neolithic (Cambridge New Studies in Archaeology). Cambridge : Cambridge University Press. THOMAS J., 1997.- The materiality of the Mesolithic-Neolithic transition in Britain. Analecta Praehistorica Leidensia, 29 : 57-64. TRATMAN E.K., 1929.- Report on excavations in Ireland in 1928. Proceedings of the University Bristol Speleological Society, 3 : 109-135. TRESSET A. et VIGNE J.D., sous presse.- Le dépôt d'animaux de la structure e4 d'Er Grah : une illustration de la symbolique des bovins à la charnière du Mésolithique et du Néolithique bretons? in : Le dolmen d'Er Grah, Locmariaquer (Morbihan, France). Paris : Supplément à Gallia Préhistoire. TRESSET A., 1996.- Le rôle des relations homme/animal dans l'évolution économique et culturelle des sociétés des Ve-Ive millénaires avant notre ère en Bassin Parisien. Thèse de Doctorat en Ethnologie, Préhistoire et Anthropologie de l'Université de Paris I. TRESSET A., 1997.- L'approvisionnement carné Cerny dans le contexte du Néolithique du Bassin Parisien. In C. Constantin, D. Mordant and D. Simonin : La Culture de Cerny. Nouvelle économie, nouvelle société au Néolithique. Actes du Colloque International de Nemours 1994. Mémoires du Musée de Préhistoire d'Ile-de-France (Nemours), 6 : 299-314 TRESSET A., 2000 a.- Early husbandry in Atlantic areas. Animal introductions, diffusions of techniques and native acculturation at the north-western margin of Europe pp. 17-32 in Henderson J. (ed.) : The Prehistory and Early History of Atlantic Europe. (BAR International Séries 861). Oxford : Archaeopress. TRESSET A., sous presse : French connections II : of Cows and Men (The introduction of domesticates and husbandry in north-western Europe - 5*-3rd millennia BC). In : Neolithic sttlement in Ireland and Western Britain. Proceedings of the Conférence organised by the Prehistoric Society and the départaient of Archaeology and Palaeoecology, University of Belfast, 20-22nd April 2001. TRESSET, A. (2000) - Early husbandry in Atlantic areas. Animal introductions, diffusions of techniques and native acculturation at the north-western margin of Europe. In: Henderson J. (ed.) : The Prehistory and Early History of Atlantic Europe. (BAR International Séries 861). Oxford : Archaeopress, p. 17-32 TROY C.S., MCHUGH D.E., BAILEY J.F., MAGEE D.A., LOFTUS R.T., CUNNINGHAM P., CHAMBERLAIN A.T., SYKES B.C. et BRADLEY D.G. 2001.- Genetic évidence for Near-Eastern origins of European cattle. Nature, 410 : 1088-1091.

119 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

VAN WIJNGAARDEN-BAKKER L.H., 1990.- Faunal Remains and the Irish Mesolithic In C. Bonsall (éd.): The Mesolithic in Europe. Pctpers presented at the 3rd International Symposium, Edinburgh, 1985. Edinburgh : John Donald Publishers LTD, p. 125-133. VIGNE J.-D., 1992 - The meat and offal weight (MOW) method and the relative proportion of ovicaprines in some ancient meat diets of the north-western Mediterranean. Riv. Studi Liguri, A, 57 (2), 21-47, 1 tab., 6 fig. VIGNE J.-D., 1993.- Domestication ou appropriation pour la chasse : histoire d'un choix socio-culturel depuis le Néolithique. L'exemple des Cerfs (Cervus). In Desse J. et Audoin-Rouzeau F. : Exploitation des animaux sauvages à travers le temps. Actes des rencontres 15-17 Octobre 1992. Juan-les-Pins : Editions APDCA, p. 201-220. VIGNE J.-D., CARRERE I., SALIEGE J.-F., PERSON A., BOCHERENS H., GUILAINE J. et BRIOIS F., 2000.- Predomestic cattle, sheep, goat and pig during the late 9& and the 8* millennium cal. BC on Cyprus : preliminary results of Shillourokambos (Perkklisha, Limassol). In : M. Mashkour, A.M. Choyke, H. Buitenhuis, et F. Poplin éds., Archaeozoology of the Near East IV, Proc. 4lh int. Symp. Archaeozoology of Southwestern Asia and adjacent areas, Paris, Juin 1998, Groningen : Archaeological Research and Consultancy (Publicaties 32), p. 52-75. VISSET L. (1979) - Recherches palynologiques sur la végétation pléistocène et holocène de quelques sites du districtphytogéographique de Basse-Loire. Bull Soc. Se. Nat. Ouest France, supplément h. s., 1 vol. Nantes. VISSET L., CYPRIEN A.-L., CARCAUD N., OUGUERRAM A., BARBIER D., BERNARD J. (2002) - Les prémices d'une agriculture diversifiée à la fin du Mésolithique dans le Val de Loire (Loire armoricaine, France). C. R. Palevol 1, p. 51-58. VISSET L., L'HELGOUACH J., BERNARD J. (1996) - La tourbière submergée de la pointe de Kerpeiihir à Locmariacquer (Morbihan). Etude environnementale et mise en évidence de déforestations et de pratiques agricoles néolithiques. Revue Archéologique de l'Ouest, 13, p. 79-87. VISSET L., MARGUERIE D. (1996) - L'Histoire du Vénec. In : Garnier M. (éd.). Tourbières et bas-marais. Bretagne Vivante, p. 62-66. WHEELER A., 1983.- Fish remains from Knap of Howar, Orkney. In : Ritchie, A. 1983: Excavation of a Neolithic farmstead at Knap of Howar, Papa Westray, Orkney. Proceedings of the Society of Antiquaries of Scotland, 113: 103-105. WHITTLE A., 1977.- The earlier Neolithic of Southern England and its continental background. Oxford : BAR supplementary séries 35. WHITTLE A., 1990.- Prolegomena to the study of the Mesolithic-Neolithic transition in Britain and Ireland In: Cahen, D. and Otte, M. (eds.): Rubané et Cordial. Liège : Université de Liège. ERAUL, 39 :209-227. WHITTLE A., POLLARD J. et GRIGSON C. 1999.- The Harmony ofSymbols. Oxford : Oxbow Books. WICKHAM-JONES C.R., 1994.- Scotland's First Settlers. Londres : (Historié Scotland) Batsford. WILLIAMS E., 1989.- Dating the introduction of food production in Britain and Ireland. Antiquity, 63 : 510-521. WILLIAMSON Ph., KENDALL M.A., 1981 - Population âge structure and growth of the trochid Monodonta lineata determined from shell rings. J. mar. biol. .Ass. U.K., 61, 1011-1026. WOODBURN J. (1982) - Egalitarian societies. Man, 17, p. 431-451. WOODMAN P. et O'BRIEN M. 1993.- Excavations at Ferriter's Cove, Co. Kerry: an Intérim Assessment in E. Shee Twohig et M. Ronayne: Past Perceptions. The Prehistoric Archaeology of South-West Ireland, Cork : Cork University Press, p. 25-34. WOODMAN P., ANDERSON E. et FINLAY N. 1999.- Excavations at Ferriter's Cove, 1983-95 : Last foragers, first farmers in the Dingle Peninsula. Bray : Wordwell. WOODMAN P., MCCARTHY M. et MONAGHAN N., 1997.- The Irish Quaternary Fauna Project. Quaternary Science Reviews, 16 : 129-159. WOODWARD, F., 1995 - Coquillages. Nathan, Paris, 80 p. WYE, K.R., 1990 - Coquillages. Arthaud, Paris, 187 p. YALDEN D., 1999.- The History ofBritish mammals. Londres : Poyser Natural History / Académie Press. YVEN E. (2002) - The deposits of raw materials and the quarry-sites during Mesolithic in the Trégor in Brittany (France). In 6lh International Conférence on the Mesolithic in Europe, Stockholm, Sweden, September 4-8, 2000, Oxbow Monographs, p. 451-460. YVEN E. (à paraître) - De l'approvisionnement à l'utilisation d'un matériau local au Mésolithique dans la Bretagne intérieure :1e phtanite. Colloque international sur le Mésolithique, Tours, 13-15 octobre 2001.

120 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

YVEN E. avec la collaboration de GOULETQUER P. (à paraître) - La fonction d'une ressource côtière, le silex, sur les sites mésolithiques de deux secteurs de Bretagne (France). In XIV ième Congrès de l'Union Internationale des Sciences Préhistoriques et Protohistoriques, Liège 2001. ZILHÀO J., 2001.- Radiocarbon évidence for maritime pioneer colonization at the origins of farming in west Mediterranean Europe. Proceedings of theNational Academy of Sciences USA, 98(24) : 14180 - 14185. ZVELEBIL M., 1989.- On the transition to farming in Europe, or what was spreading with the Neolithic: a reply to Ammerman (1989). Antiquity, 63 : 379-383. ZVELEBIL M. (2000) - Les derniers chasseurs-collecteurs d'Europe tempérée. In «Les derniers chasseurs- cueilleurs d'Europe occidentale, Actes du Colloque International de Besançon, octobre 1998. Besançon, Presses Universitaires Franc-Comtoises ; Série « Environnement, sociétés et archéologie », n°l. p. 379-406. ZVELEBIL M. et ROWLEY-CONWY P.A., 1986.- Foragers and farmers in Atlantic Europe pp. 67-93 in Zvelebil, M. : Hunters in Transition,. New Directions in Archaeology. Cambridge : Cambridge University Press. ZVELEBIL M. et ZVELEBIL K.V., 1988.- Agricultural transition and Indo-European dispersais. Antiquity, 62 : 574-583.

121 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002

122 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002

V. Une bibliographie du Mésolithique en Bretagne : est-elle exhaustive ?

1. GENERALITES BENARD LE PONTOIS Cdt, 1929 -Le Finistère préhistorique. Publication de l'Institut international d'Anthropologie, n°3, Librairie Emile Noury, Paris, 1 vol, 337 p.

GOULETQUER P., 1990 - De l'espace vécu aux territoires préhistoriques ; science et patience de l'archéologue, in ARCHEOLOGIE ET ESPACE, Xème rencontre internationales d'archéologie et d'Histoire, Antibes, Octobre 1990, Editions APDCA, Juan-les-pins, p. 473-502.

GIOT, P.R., MONNIER, J.L., L'HELGOUAC'H, J., 1998 - Préhistoire de la Bretagne. Editions Ouest-France.

GOULETQUER P., 1990 - Le séminaire 1990, Rapport sur le deuxième séminaire de terrain "le Mésolithique en Basse-Bretagne", Braspart, C.P.I.E., p. 5-10.

GOULETQUER P., 1991 - Les problèmes posés par le Mésolithique de Basse-Bretagne, in Mésolithique et Néolithisation en France et dans les régions limitrophes, Actes du 113ème congrès national des sociétés savantes, Strasbourg, Avril 1988, Editions du C.T.H.S., Paris, p. 117-196

GOULETQUER P., 1991 - La préhistoire, in LE G ALLO Y., Le Finistère de la Préhistoire à nos jours, Editions Bordessoules, Saint-Jean-d'Angely, p. 27-43

GOULETQUER P., 1991-92 - Le Mésolithique dans le Finistère : évolution d'une problématique. Journées d'études sur la Bretagne et les Pays celtiques. Kreiz 2, p.95-123.

GOULETQUER, P., 1996 - Chasseurs-cueilleurs du Mésolithique et traqueurs de silex en Basse Bretagne. Etudes sur la Bretagne et les Pays Celtiques — Kreiz n°5, p. 65-80.

GOULETQUER, P., 2001 - Mésolithique et Finistère. Revue archéologique de l'Ouest, supplément n°9, p. 37-42.

GOULETQUER P.,MORRIS J.,STOURM J.C., 1974 - Prospection archéologique au Pays Bigouden, méthodes, résultats, perspectives, Penn ar Bed, Vol.9, n°79, p. 468-483

GOULETQUER P.,MONNIER J.L., 1976 - Les civilisations de l'Epipaléolithique et du Mésolithique en Armorique, in De Lumley H., Guilaine J.(ed.), La Préhistoire française, Tome 1, Vol.2

GOULETQUER P.-L., MORIS J., STOURM J.-C, 1978 - Archéologues sans truelles, Penn-Ar-Bed, n°92, p. 282- 294.

GOULETQUER P., KAYSER O., 1993 - Le Mésolithique dans le Pays bigouden, m : Le Pays bigouden à la croisée des chemins, Colloque de Pont-l'Abbé, nov. 1992, Association de promotion du Pays bigouden, Université de Bretagne occidentale et Cap-Caval, p. 39-44.

GOULETQUER P., KAYSER O., LE GOFFIC M., MARCHAND G., 1997 - Eléments pour une esquisse géographique du Mésolithique en Bretagne occidentale. In : Fagnard J.-P., Thévenin A. (dir.), Le tardiglaciaire en Europe du nord-ouest. Actes du 119 ème congrès national des Sociétés historiques et scientifiques, Amiens 1994. Editions du Comité des travaux historiques et scientifiques, p. 279-292.

GOULETQUER P., KAYSER O., LE GOFFIC M., LEOPOLD P., MARCHAND G., MOULLEC J.-M., 1996 - Où sont passés les Mésolithiques côtiers bretons ? Bilan 1985-1995 des prospections de surface dans le Finistère. Revue Archéologique de l'Ouest, n° 13, p. 5-30.

GOULETQUER P., 2002 - Petit essai sur les cheminements préhistoriques. In « l'homme et la route », Kreiz n°16, p. 109-125.

GOURAUD G., MARCHAND G., 1998 - Epipaléolithique - Mésolithique, Typologie des armatures dans l'ouest de la France, Bull. Groupe Vendéen d'Etudes Préhistoriques, n°35, p. 1-20.

123 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

KAYSER O., 1984 - Autour du mésolithique en Bretagne, R.A.O., n°l, p. 7-13

KAYSER O, 1989 - L'Epipaléolithique et le Mésolithique en Bretagne. In : Mohen J.-P., Le Temps de la Préhistoire, S.P.F./Edition Archéologia, Paris, vol.l, p. 350-352.

Kayser O., 1990 - Sur les rites funéraires des chasseurs-collecteurs d'Europe de l'Ouest et du Nord-Ouest à la fin du Mésolithique. Revue archéologique de l'Ouest, n°2, p. 75-80.

KAYSER O., 1991 - Le Mésolithique breton: un état des connaissances en 1988, in Mésolithique et Néolithisation en France et dans les régions limitrophes, Actes du 113ème congrès national des sociétés savantes, Strasbourg, Avril 1988, Editions du C.T.H.S., Paris, p. 195-211

KAYSER O., 1989 - Le Mésolithique des îles bretonnes, A.M.A.R.A.I., n°2, p. 1-2

LE GOFFIC, M., 1993 - Les pierres gravées de Goarem Kerbilaët en Plonéour-Lanvern (Finistère) et leur contexte méso-néolithique. Revue archéologique de l'Ouest, n°10, p. 19-31.

MONNIER J.-L., 1991 - La Préhistoire de Bretagne et d'Armorique, Editions Jean-Paul Gisserot,

ROZOY J.-G. (1978) - Les derniers chasseurs. L'Epipaléolithique en France et en Belgique. Bulletin de la Société Archéologique Champenoise, n° spécial juin 1978, 3 tomes.

THE VENIN A. (1990) - Du Dryas III au début de l'Atlantique : pour une approche méthodologique des industries et des territoires dans l'est de la France (1ère partie). Revue de Archéologique de l'Est, 41, p. 177-212.

YVEN, E., 2000 - Les implantations mésolithiques dans la région de Callac. In : « Dans les Premiers temps », Kreiz Breiz n°0, p. 8.

YVEN, E., 2002 - The deposits of raw materials and the quarry-sites during Mesolithic in the Trégor in Brittany, 6lh International Conférence on the Mesolithic in Europe, Oxbow Monographs, p. 451-460.

2. MESOLITHIQUE ANCIEN-MOYEN

BERROU Pierre, GOULETQUER Pierre, 1973 - L'épipaléolithique de la région de Plovan (Finistère), B.S.P.F., Tome 70, N°6, p. 166-172

DIETCH M.-F., 1991 Le Mésolithique ancien et moyen du nord de la Bretagne, Mémoire de maîtrise multigraphié, Université de Paris X.

GAUTIER, M. et KAYSER, O., 1987 - Le gisement mésolithique de Saint-Melaine en Pléchâtel (Ille-et-Vilaine). Premiers résultats des collectes. Les dossiers du Ce.RA.A, n°15, p. 49-55.

GIOT P.R.,HALLEGOUET B.,MONNIER J.L., 1977 - Le paléolithique supérieur du Pays de Léon (Finistère). Les gisements de Roc'h Toul, Parc ar Plenen (guiclan), Enez Guennoc (Landéda) et la Forest-Landerneau, L'anthropologie, Tome 81, n°2, p. 201-234

GOUEZIN Ph., LECORNEC J., 1983 - Un site à microlithes de tradition Tardenoisienne à Monterblanc (Morbihan), B.S.P.M., tome 110, p. 27-39

GOULETQUER P. , 1973 - Découverte d'une nouvelle industrie mésolithique en Bretagne Occidentale, in Kozlowski S.Kfdir.), the Mesolithic in Europe, Warsaw University Press

GOULETQUER P., LEOPOLD P., 1991 - Le site mésolithique de Quillien (Le Cloitre-Saint-Thégonnec finistère). Revue Archéologique de l'Ouest, 8, p. 61-82.

KAYSER 0.,GAUTIER M., 1987 - Le gisement mésolithique de St Melaine en Pléchâtel (Ille et Vilaine). Premiers résultats des collectes. Dossier du Ceraa, n°15, p. 49-55

KAYSER 0.,LE GOFF J.C.,ROUE D., 1990 - Le site mésolithique de Toul-an-Naouc'h, Plougoulm, Finistère. Revue Archéologique de l'Ouest, 7, p. 23-29.

124 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

LE GOFFIC, M., 1975 - Le Mésolithique de Ploumanac'h (Perros-Guirec, Côtes d'Armor). Bulletin de la Société Préhistorique Française, tome 72, n°6, p. 174-183.

LE GOFFIC M., 1996 - Sibiril, Le Carpont in Notice d'archéologie finistérienne (1995), Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, p. 73.

LE GOFFIC M., 1994 - Le site mésolithique du Drennec en Commana, Finistère, R.A.O., 11, p. 5-18.

LE GOFFIC M. et PEUZIAT J., 2001. Le site de Guilliguy en Ploudalmézeau (Finistère), du Mésolithique à l'Age du Bronze, in Le Roux C.-T. (dir.), Du monde des chasseurs à celui des métallurgistes, changements technologiques et bouleversements humains de l'Armorique aux marges européennes, des prémices de la néolithisation à l'entrée dans l'Histoire, RAO, suppl. n°9, p. 43-62.

LE GUEN A., 1976 - Un site mésolithique à Groix, Société Lorientaise d'Archéologie, p. 12-16

LE GUEN A., 1979 - Une nouvelle station mésolithique à Groix, Société Lorientaise d'Archéologie, p. 38-41

LEROUX G, LE BOULANGER F., BLANCHET S., 1998 - Les occupations anciennes des rives de la Vilaine à Vieuxville-Beaurade (Rennes, Ille-et-Vilaine). Revue Archéologique de l'Ouest, n°15, p.173-199.

MARCHAND G., 1990 - Le Mésolithique ancien et moyen dans le sud de la Bretagne, Université de Paris I (Mémoire de maîtrise multigraphié).

MARCHAND G., 1992 - Le Mésolithique ancien/moyen de l'Ile de Groix dans son contexte régional, Cahiers de l'Ile de Groix, 1, p. 38-47. MARCHAND G., 2001 - A la recherche d'un site perdu : les occupations mésolithiques et néolithiques de Raguénez (Névez, Finistère). Société Archéologique du Finistère, tome CXXX, p. 27-41.

LE GOFFIC M., 1975 - Le Mésolithique de Ploumanac'h (Perros-Guirec, Côtes-du-Nord), B.S.P.F., Tome 72, n°6, p. 174-183 YVEN, E., 1997 - La Préhistoire et la Protohistoire sur le canton de Lanmeur, Mémoire de Maîtrise, Université de Bretagne Occidentale, Brest. YVEN, E., 2000 - L'exploitation du phtanite au Mésolithique dans la région de Callac (Côtes d'Armor), Livret de la Journée Préhistorique et Protohistorique de Bretagne, université de Rennes 1, p. 14-17.

YVEN, E., 2002 - Sondages sur le site mésolithique de Kervilien (Tonquédec, Côtes d'Armor), Livret de la Journée « Civilisations Atlantiques et Archéosciences », Université de Rennes 1, 9 mars 2002, p. 19-22.

3. MESOLITHIQUE RECENT-FINAL ARBOUSSE-BASTIDE T. (2001) - Industries lithiques en CapSizun. Bulletin de l'A.M.A.R.A.L, n° 14, p. 45-65.

ARIAS P. (1999) - The origins of the Neolithic along the atlantic coast of continental Europe : a survey. Journal of worldPrehistory, vol. 13, n° 4, p. 403-464.

BERNIER G., 1963 - Exploration géographique et archéologique de l'île de Malvant. Bulletin de la Société Polymathique du Morbihan, p. 62.

BERNIER G., 1970 - Gisement de Beg-er-Vil Nord. Bulletin de la Société Polymathique du Morbihan, p.-v., p. 15.

BOUJOT C, CASSEN S., AUDREN C, ANDERSON P., MARCHAND G., GOUEZIN P., 1998 - Prélude à l'étude des tertres funéraires du Morbihan : note sur le tertre de Lannec-er-Gadouer en Erdeven. In : GutherzX., Joussaume R. (dir.). Le Néolithique du Centre-Ouest de la France. Actes du XXI ème colloque inter-régional sur le Néolithique, Poitiers, octobre 1994, p. 149-167.

DELIBRIAS G., 1965 - Datation du gisement de Hoëdic. Bulletin mensuel de la Société Polymathique du Morbihan, p. 10-11.

DU CHATELLIER P., 1881 - Exploration de tumuli de Run-Aour et de la Torche en Plomeur (Finistère) et du Kjôkkenmôdding de la Torche, Mémoire de la Société d'Emulation des Côtes -du-Nord, p. 1-8.

125 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

GOULETQUER P., LEOPOLD P., avec la collaboration de E. Baudouin, P. Jezequel et M.-F. Dietsch, 1994 - Autopsie d'un site mésolithique, Le Clos (Plourin-les-Morlaix, Finistère). R.A.O., 11, p. 31-52.

JOSSELIN Jérémie, 2001 - Etude d'une série lithique à dominante Mésolithique final. Le site de Kerliézoc en Plouvien (Finistère). Etude comparée du débitage du microquuartzite type Forest-landerneau et du silex. Eléments pour une approche spatiale d'un ramassage de surface. Mémoire de maîtrise, Université de Paris I, 2 vol.

KAYSER O., 1985 - A propos de la fin du Mésolithique en Bretagne : l'amas coquillier de Beg-an-Dorchenn (Finistère). Note préliminaire. Travaux de l'Institut d'art préhistorique, Université de Toulouse-Le Mirail, p. 80-92.

KAYSER O., 1986 - Les amas coquilliers d'Armorique. Archeologia, n°218, p. 68-74.

KAYSER O., 1988 - Le mésolithique côtier armoricain, quelques aspects de la problématique. Bulletin du Centre géomorphologique, Caen, n°35, p. 31-37

KAYSER O., 1992 - Les industries lithiques de la fin du Mésolithique en Armorique. In : Paysans et Bâtisseurs. L'émergence du néolithique atlantique et les origines du Mégalithisme, Actes du 17eme colloque interrégional sur le Néolithique, Vannes 29-31 octobre 1990, Revue Archéologique de l'Ouest, Supplément n°5, p. 117-124.

KAYSER O., 1990-1-Beg-er-vil, Gallia information, p.64.

KAYSER 0.,BERNIER G., 1988 - Nouveaux objets décorés du Mésolithique armoricain, B.S.P.F., tome 85, p. 45- 47 KAYSER O., BATT M., 1989 - Prospection archéologique de Belle-île-en-mer (Morbihan), A.M.A.R.A.I., n°2, p. 21-25

KAYSER O., FAGUET G., 1991 - Les sites mésolithiques de la Varde (35 - Saint-Malo), Les Dossisers du Ce.R.A.A., 19, p. 5-20.

LARGOUET Y., 1967 - Une station du "Mésolithique" côtier à Kerjouanno en Arzon, B.S.P.M.,n°1036, p. 13-15

LE GOFFIC M., 1982 - Une prospection "in extremis" à Commana (Finistère). Livret de la journée préhistorique et protohistorique de Bretagne. Rennes 6 mars 1982, 7-8.

LE GOFFIC M., 1990 - L'abri-sous-roche de Pont-Glas en PIounéour-Ménez. Bulletin de la Société archéologique du Finistère, 119, p. 61-69.

MARCHAND G., 1994 - L'industrie lithique du site mésolithique récent de Pors-Bali (Commune de Moëlan/Mer, Finistère), R.A.O., 11, p. 19-30.

MARCHAND G., 1999 - La néolithisation de l'ouest de la France : caractérisation des industries lithiques. British Archaeological Reports. International Séries 748., 487 p.

MARCHAND G., 2000 - La néolithisation de l'ouest de la France : aires culturelles et transferts techniques dans l'industrie lithique. Bulletin de la Société Préhistorique Française, tome 97, n°3, p. 377-403.

MARCHAND G., 2000 - Facteurs de variabilité des systèmes techniques lithiques au Mésolithique récent et final dans l'ouest de la France. In : Crotti P. Meso'97. Table-ronde sur l'Epipaléolithique et le Mésolithique, Lausanne, novembre 1997, p. 37-48.

MARCHAND G., 2001 - La néolithisation de l'Europe atlantique : mutations des systèmes techniques en France et au Portugal. Annales de la Fondation Fyssen, n°16, p. 115-124.

MARCHAND G., 2001 - Il y a 7000 ans, les derniers chasseurs-cueilleurs en Bretagne. Penn-ar-Bed, n° 182, p.27- 36.

MARCHAND, G., 2002 - Le Mésolithique final en Bretagne et en Pays-de-la-Loire. Livret de la Journée « Civilisations Atlantiques et Archéosciences », Université de Rennes 1, 9 mars 2002, p. 23-25.

MARCHAND G., YVEN E., 2000 - Déviances. Les armatures de la fosse 1 de Lannec-er-Gadouer dans leur contexte régional. In : Cassen S. (Dir.), Eléments d'architecture (Exploration d'un tertre funéraire à Lannec er

126 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport2002

Gadouer, Erdeven, Morbihan. Constructions et reconstructions dans le Néolithique morbihannais. Propositions pour une lecture symbolique. Chauvigny : APC, Editions chauvinoises, 2000, 815 p.

PEQUART M. et SI, 1928 - Un gisement mésolithique en Bretagne. L'Anthropologie. XXXVII/5-6, 1 lp.

PEQUART M. et SJ., 1929 - La nécropole mésolithique de Téviec.(Morbihan) : nouvelles découvertes. L'Anthropologie. XXXIX/5-6, 28 p.

PEQUART M. et SJ., 1930 - La nécropole mésolithique de Téviec. Bulletin de l'Association Lorraine d'Etudes Anthropologiques. T.I, p. 35-46. PEQUART M. et SJ., 1930 - Un gisement mésolithique en Bretagne : conférence du 28.02.1929. Bulletin de l'Association Lorraine d'Etudes Anthropologiques, p. 35-46.

PEQUART M. et SJ., 1931 - Sur une vertèbre humaine mésolithique percée d'une flèche. Association Française Pour l'Avancement des Sciences, Nancy 1931, p. 321-324.

PEQUART M. et SJ., 1933 - La civilisation mésolithique en Bretagne méridonale. Découverte d'une nouvelle station à l'île d'Hoëdic (Morbihan). Association Française Pour l'Avancement des Sciences, Chambéry 1933, p. 358-359. PEQUART M. et SJ., 1934 - Hoëdic. la nécropole mésolithique de l'île d'Hoëdic. L'Anthropologie (Paris), T.XLIV, 44 (1-2), 20p. PEQUART M. et SJ., 1935 - Le kjôkkenmôdding et les sépultures de l'île d'Hoëdic (Morbihan). Extrait du Congrès Préhistorique de France, Xle Session 1934, p.3-15.

PEQUART M. et SJ., 1954 - Hoëdic, deuxième station-nécropole du Mésolithique côtier Armoricain. Anvers : De Sikkel. 89 p. PEQUART M. et SJ., BOULE M., VALLOIS H., 1937 - Téviec : station nécropole mésolithique du Morbihan. Archives de l'Institut de Paléontologie humaine. Paris : Masson, Mémoire 18, 227 p.

POISSONNIER B., KAYSER O., 1988 - Les bois de cerfs mésolithiques de Beg-er-Vil à Quiberon (Morbihan). Revue Archéologique de l'Ouest, 5, p. 35-43. RAULT O., 1992 - L'économie du débitage sur le site mésolithique récent/final de Beg-an-Dorchenn (Plomeur, Finistère), Université de Paris I (Mémoire de maîtrise multigraphié).

ROGER N., 1936 - Une nouvelle étape de la préhistoire bretonne. L'illustration, n°4769, 28 juillet 1934, pp.414-415.

SCHAEFFER FA., 1928 - Découvertes Mésolithiques sur l'île de Téviec. Revue des Musées, fouilles et découverte: archéologiques, Dijon, n°17-1928, 3ème année n°5, p.134-136.

SCHULTING R. J., 1996 - Antlers, bone pins and flint blades : the Mesolithic cemeteries of Téviec and Hoëdic, Brittany. Antiquity, 70, p. 335-350. SCHULTING R.J., 1999 - Nouvelles dates AMS à Téviec et Hoëdic (Quiberon, Morbihan). Rapport préliminaire. Bulletin de la Société Préhistorique Française, T. 96, n°2, p. 203-207.

SCHULTING R. et RICHARDS M. P., 2001 - Dating women and becoming farmers : new palaeodietary and AMS dating évidence from the breton mesolithic cemeteries of Téviec and Hoëdic. Journal of Anthropological Archaeology, p. 1-31. SCHULTING, R., 2002 - The Marrying kind : Evidence for an exogamous marriage pattern in the breton Mesolithic, and its implications for the process of néolithisation. 6,h International Conférence on the Mesolithic in Europe, Oxbow Monographs. TRESSET, A. (2000) - Early husbandry in Atlantic areas. Animal introductions, diffusions of techniques and native acculturation at the north-western margin of Europe. In: Henderson J. (ed.) : The Prehistory and Early History of Atlantic Europe. (BAR International Séries 861). Oxford : Archaeopress, p. 17-32

127 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

4. ENVIRONNEMENT MARGUERIE D. (2000) - Végétation néolithique sous impact anthropique en Morbihan et dans le reste de la Bretagne. In : Cassen S. (Dir.), Eléments d'architecture (Exploration d'un tertre funéraire à Lannec er Gadouer, Erdeven, Morbihan. Constructions et reconstructions dans le Néolithique morbihannais. Propositions pour une lecture symbolique. Chauvigny : APC, Editions chauvinoises, 2000, 815 p.

MORZADEC-KERFOURN M.-T. (1974) - Variation de la ligne de rivage armoricaine au Quaternaire. Mémoire de la Société géologique et minière de Bretagne, n°17, 208 p.

PINOT J.-P. (1968) - Littoraux wurmiens submergés à l'ouest de Belle-Île. Bulletin de l'Association française pour l'étude du Quaternaire, 3, p. 197-215.

PINOT J.-P. (1974) - Le précontinent breton entre Penmarc'h, Belle-Ile et l'escarpement continental, étude géomorphologique. Lannion, Impram, 256 p.

TERS M. (1973) - Les variations du niveau marin depuis 10 000 ans, le long du littoral atlantique français. In : Le Quaternaire : Géodynamique, Stratigraphie et Environnement. Suppl. Bulletin de l'Association française d'étude du Quaternaire. 36, p. 114-135.

VISSET L., MARGUERIE D. (1996) - L'Histoire du Vénec. In : Garnier M. (éd.). Tourbières et bas-marais. Bretagne Vivante, p. 62-66.

VISSET L., L'HELGOUACH J., BERNARD J. (1996) - La tourbière submergée de la pointe de Kerpenhir à Locmariacquer (Morbihan). Etude environnementale et mise en évidence de déforestations et de pratiques agricoles néolithiques. Revue Archéologique de l'Ouest, 13, p. 79-87.

128 PCR - Le Mésolithique en Bretagne - Rapport 2002

VI. Les membres du PCR « Le Mésolithique en Bretagne »

BLANCHET Stéphane - 41, rue de la Palestine- 35000 RENNES Jean-Pierre TOULARASTEL - 48 bis Quai de l'Odet - 29 000 Quimper LE GOFFIC Michel- Département du Finistère, Service départemental d'Archéologie - 29142 LE FAOU Bernard GINET - 10, rue des Châtaigniers L'enfer56620 Cléguer GOULETQUER Pierre - Guerveur 29720 PLOVAN YVEN Estelle - 10, rue Legendre 29200 BREST PAILLER Yvan - 9 rue Bailly29200 Brest Jérémy JOSSELIN - 9, rue de la Petite Touche35000 RENNES Danielle DELALOY - 31, rue A. Daudet - Le Rhun 56270 PLOEMEUR Catherine DUPONT - 56, rue de la Paix 94300 VINCENNES Olivier KAYSER - Service régional de l'Archéologieô, rue Condorcet 97200 Fort-de-France Peggy POTTIER - 24 rue Félix Lemoine44300 Nantes Jean-Marc LACOT - 16, rue de l'Etang 56600 LANESTER Raymond LE FLOC'H - 8, rue Appert29900 CONCARNEAU Ludovic SOLER - 7, boulevard Jeanne d'Arc86000 POITIERS John PERRY - Pont-Neuf - 29300 GUILLIGOMARC'H Pierre LEOPOLD - Kerbriant - 29410 Le Cloître St-Thégonnec Rick SCHULTING - School of History an ArchaeologyCardiff University PO Box 909 - Cardiff UK CF10 3XU Anne TRESSET - ESA 8045 du CNRS « Archéozoologie et Histoire des Sociétés «Laboratoire d'Anatomie Comparée- Muséum National d'Histoire Naturelle55 rue Buffon - 75005 PARIS Gérard TOURNAY - 18, rue de Bellevue56300 NEUILLAC Sylvie PHILIBERT - Centre d'Anthropologie UMR 8555 du CNRS39, allée Jules Guesdes 31000 TOULOUSE Jakès QUINIOU - 2 route de la Halle29120 Pont-l'Abbé Gildas LE GOFF -10, rue Emile Chartier56100 Lorient Yann BOUGIO - 109 résidence de Port La Forêï - 29940 La Forêt-Fouesnant Nathalie DESSE - Centre de recherche archéologique / Laboratoire d'archéozoologie250, avenue Albert Einstein / Sophia Antipolis 06556 Valbonne Stéphane CHAUMONT - Prat ar Goasven - 29 430 Plouescat Erwan CASTEL -17 Hent Coz ar Mor - 29 840 Porspoder Rudi VAN THIELEN11 route du petit Manoir29940 La Forêt-Fouesnant Gilles CHEVALIER 12, route du Kléguer22560 Pleumeur-Bodou Yves GRUET - 58, rue Stendhal44300 Nantes Sylvain PRE - Route Saint-Maurice29180 Locronan Grégor MARCHAND - 11 place de l'Eglise, 35320 TRESBOEUF

129