La Mobilité Pendulaire, Un Aspect De La Population Des Banlieues : Cas D'el Jadida
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Jeune chercheur La mobilité pendulaire, un aspect de la population des banlieues : cas d’El Jadida Mohamed ELADIB Introduction Dans un contexte caractérisé par le développement des banlieues, la question de la mobilité pendulaire, qui désigne le déplacement quotidien de la population en âge de travailler entre le domicile et le lieu de travail ou d’étude, détient une importance particulière et constitue une des problématiques d’actualité pour la recherche géographique. Suite à plusieurs facteurs dont l’étalement des villes et la rurbanisation, les relations entre les villes et leurs banlieues ont connu de profondes mutations en relation avec la spécialisation des lieux et la complémentarité des fonctions. Dans ce sens, la complémentarité fonctionnelle entre la ville d’El Jadida et sa banlieue entraine une forte mobilité de la population en âge de travailler, spécialement celle de la banlieue objet de notre étude. En s’appuyant sur des documents d’urbanisme (SDAU, DTP1) et des investigations de terrain on peut déduire les principales fonctions et ressortir les complémentarités entre la ville et sa banlieue, véritable catalyseur de la mobilité pendulaire. Du fait que la mobilité est l’aptitude de se mouvoir selon AMAR (2013), elle dépend des caractéristiques démographiques, socioéconomiques et spatiales de la population concernée. Ainsi, et sur la base de ce qui précède à quel point la population en âge de travailler de la banlieue d’El Jadida est censée être une population pendulaire ? Par cet article on présente les résultats d’une recherche réalisée dans le cadre de la préparation d’une thèse de doctorat portant sur la mobilité de la population de la banlieue d’El Jadida, à travers une enquête par sondage selon la méthode des quotas, qui a concerné 1712 personnes âgées de 15 ans et plus, appartenant à 417 ménages, soit 4% des ménages de la banlieue. 1. L’agglomération d’El Jadida, complémentarité fonctionnelle entre la ville-centre et sa banlieue El Jadida est devenue une agglomération composite, constituée de 3 entités successives, une ville-centre (El Jadida) entourée de façon semi-concentrique d’une banlieue structurée par des centres urbains et en troisième lieu d’une deuxième banlieue au-delà de la voie ferrée avec un caractère rural. Ces entités sont reliées entre elles au niveau fonctionnel et organisationnel. 1.1. La ville-centre, une forte concentration des fonctions de décision La ville-centre est le noyau de l’agglomération. Elle est comparable selon CHALINE (1996) aux quartiers centraux des villes qui disposent de la majorité des éléments de la centralité urbaine2. 1 Diagnostic territorial participatif 2 « La centralité urbaine est une notion multiforme, qui se manifeste à la fois par des spécialisations dans l’usage de l’espace, et par l’existence de flux de fréquentation ayant chacun leur spécificité temporelle et contribuant à l’animation générale de la ville (Ville transactionnelle au sens de J. Gottmanne) » (CHALINE Claude 1996, P 131). 1 Jeune chercheur Bien que les équipements de l’enseignement fondamental et secondaire soient implantés aussi bien dans la ville-centre qu’en banlieue, les équipements de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle3 se localisent majoritairement à El Jadida. A l’exception des médecins généralistes, la ville d’El Jadida abrite la quasi-totalité des médecins spécialistes, des chirurgiens-dentistes, des laboratoires d’analyse, des cabinets radiologiques et presque 80% des pharmacies. Par corolaire le secteur privé accuse une semblable concentration des cliniques et des cabinets de médecins privés. Quant aux équipements culturels et sportifs ils sont en majorité localisés à El Jadida à savoir : terrain de sport, piscine, théâtre, bibliothèque, complexe culturel, foyer féminin, centre d’accueil, maisons de jeunes, etc. (SDAU, 2009). A cela s’ajoute la concentration des sièges des administrations publiques depuis la création de la province d’El Jadida en 1967, dont celles au rayonnement provincial telle que la Délégation de l’Education Nationale, extra-provincial telle que la Direction Provinciale de l’Equipement (province d’El Jadida et Sidi Bennour), voire régional à savoir l’Académie Régionale de l’Education et de la Formation et l’Office Régional de Mise en Valeur Agricole des Doukkala. Parallèlement à ses fonctions d’ordre supérieur vis-à-vis de ses banlieues, El Jadida assure d’autres fonctions en relation avec les activités économiques. Elle connait une progression rapide des secteurs d’activités de bureaux privés (banques, commerces), mais aussi un tertiaire d’accompagnement lié au tourisme longeant en bande la plage à partir de la cité portugaise vers l’entrée de l’autoroute de Casablanca. Bien que la fonction industrielle de la ville-centre soit réduite par rapport à la spécialisation de la banlieue, elle participe à la diversification de son panier de fonctions. En plus de la seule zone industrielle fonctionnelle, qui s’étend sur une superficie de 117 ha, créée en 1976 à la sortie vers Marrakech (SDAU, 2009), des unités sont éparpillées dans certains quartiers notamment Sâada et à la sortie vers Marrakech. D’autres éléments de centralité font l’importance de la ville d’El Jadida en tant que ville-centre dans le fonctionnement général de l’agglomération comme la gare ferroviaire et routière. En somme, l’examen des fonctions de la ville d’El Jadida permet de constater la forte concentration des fonctions de responsabilité, accompagnée d’autres fonctions d’enrichissement concernant le secteur des services, du commerce, du tourisme et de l’industrie. 1.2. Une spécialisation fonctionnelle de la banlieue La banlieue du nord/est au sud/ouest, dispose de fonctions spécialisées en relation avec les activités économiques dominantes, à savoir l’industrie, le tourisme et l’agriculture, etc. (Figure n°1). 3 L’école hôtelière, le lycée technique, l’institut de technologie appliquée, le CPR…etc. 2 Jeune chercheur Figure 1 : Carte de répartition des fonctions de l’agglomération d’El Jadida Source : SDAU du grand El Jadida 2009, et DTP des communes : Houzia et Moulay Abdellah 2010, dessin personnel sur l’image satellite 2012 La banlieue périurbaine Elle est structurée par deux axes : El Jadida/Azemmour au nordeEst et El Jadida/Jorf Lasfar au sud/ouest. Le premier axe est dominé par la fonction touristique et résidentielle suite à ses atouts naturels et ses équipements touristiques : médina d’Azemmour, plage Haouzia, station touristique Mazagan, golf royal, forêt Haouzia, etc. Le deuxième axe se caractérise par l’intégration de plusieurs activités et fonctions ; industrielles, touristiques, agricoles et résidentielles. Cet axe est subdivisé en 3 tronçons, le premier entre El Jadida et Moulay Abdellah, dominé par les activités touristiques et balnéaires, le deuxième tronçon entre le carrefour de Moulay Abdellah et celui d’Ouled Ghadbane avec une vocation industrielle de 2ème catégorie et de services et le troisième 3 Jeune chercheur tronçon à partir du carrefour d’Ouled Ghadbane jusqu’à l’entrée de la zone industrielle de Jorf Lasfar, en tant que zone industrielle de première catégorie (SDAU, 2009). Les fonctions des centres de la banlieue périurbaine sont spécialisées. En effet, la ville d’Azemmour est dominée par la fonction résidentielle à hauteur de 60% de son espace urbanisé selon BAHANI (2011). Excepté les fonctions d’ordre local intimement liées à la principale fonction résidentielle, la complémentarité fonctionnelle de l’agglomération permet à la population de satisfaire ses autres besoins. Il est donc indispensable qu’elle rejoigne la ville d’El Jadida située à 17 km au sud pour bénéficier des services de la santé du secteur public et privé, de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle, ainsi que la majorité des services administratifs. De même, la majorité des offres d’emploi sont concentrés aussi bien dans la ville-centre que dans les autres entités de la banlieue. La bande littorale entre El Jadida et Azemmour, longeant une belle plage, détient les principaux éléments de la fonction touristique et de divertissement, suite à ses atouts naturels et ses infrastructures hôtelières : deux hôtels 5 étoiles, espaces de loisirs, complexe du golf royal, etc. Jorf Lasfar assure une fonction industrielle de grande envergure basée sur son port spécialisé dans l’exportation des produits des phosphates transformés, les unités industrielles du complexe Maroc phosphore 3 et 4, la centrale thermique JLEC, etc. Une importante population active y travaille, évaluée en 2010 à 4500 employés au complexe phosphorique 3 et 4, 3000 à SONASID et 3200 au port et environ 700 employés à la centrale thermique (BENNAR 2011). La majorité de ces employés préfère s’installer à El Jadida qui leur offre les meilleures conditions de logement, d’enseignement, de santé et de divertissement, tandis que peu d’habitants s’installent dans les centres urbains de la banlieue. Le caractère rural constitue l’élément commun des deux centres de Moulay Abdellah et Ouled Ghadbane. Toutefois, la différence entre les deux centres tient à la taille et à la concentration des équipements et des administrations d’ordre local au niveau de Moulay Abdellah, ainsi que son antécédence (urbanisation ancienne et intra-muros) par rapport à Ouled Ghadbane. Ces deux centres abritent une population à revenu limité qui travaille dans la ville-centre (El Jadida) et exerce une activité agricole (SDAU, 2009). Le centre de Moulay Abdellah assure des fonctions d’ordre local, destinées aussi bien à la population du centre qu’à la population des douars environnants. En dépit de son caractère rural, ses principales fonctions sont axées sur la fonction dortoir vis-à-vis de la ville-centre (El Jadida) d’une part et d’autre part du site industriel de Jorf Lsafr. La fonction de l’encadrement territorial et de l’approvisionnement de la population rurale à travers le souk hebdomadaire. Alors que les autres fonctions notamment du tourisme et des métiers de la mer sont saisonnières et alternatives.