PONT-AQUEDUC ANTIQUE DE KERISPER-ROSNARHO (Communes de Pluneret et Crac'h - )

RAPPORT D'OPERATION DE SONDAGES ARCHEOLOGIQUES 2003

Présenté par Eric PHILIPPE, Bernard LEPRETRE et Alain PROVOST

MINISTERE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION DRAC BRETAGNE - SERVICE REGIONAL DE L'ARCHEOLOGIE

CONSEIL GENERAL DU MORBIHAN RAPPORT D'OPERATION DE SONDAGES ARCHEOLOGIQUES réalisée en 2003 sur LE PONT-AQUEDUC ROMAIN DE KERISPER-ROSNARHO (communes de Pluneret et Crac'h, Morbihan)

Autorisation n°2003/037 en date du 06 juin 2003. Validité du 21 juillet au 02 août 2003. Programme 025 : "Histoire des techniques de la protohistoire au XVIIIème s. et archéologie industrielle".

Titulaire : Eric Philippe, doctorant en "Sciences de l'Antiquité" à l'Université de Toulouse - Le Mirail (sujet de thèse : L'eau et la gestion de l'eau en Armorique à l'époque romaine).

Equipe de recherche : Bernard Leprêtre, ingénieur Génie Civil et archéologue bénévole. Alain Provost, archéologue indépendant.

Equipe de fouilleurs bénévoles : Sandra Bourguet, doctorante en Histoire Antique à Toulouse. Carine Bûcheron, étudiante en 2eme année de Lettres Modernes à Lyon. Claire Dubois, étudiante CAPES/Agrégation d'Histoire-Géographie à Paris. Marine Gourmelon, étudiante en maîtrise d'Archéologie Industrielle à Rennes. Solenn Le Forestier, doctorante en Archéologie Antique à Rennes. Denis Le Guen, étudiant CAPES/Agrégation d'Histoire-Géographie à Rennes.

Remerciements : M. S. Deschamps, Conservateur Régional de l'Archéologie. M. Y. Lecerf et Mme C. Jablansky, Conservateurs du Patrimoine. M. et Mmes Le Pas de Sécheval, propriétaires du domaine de Kerisper (Pluneret). M. Méreur, maire de Pluneret et M. Billard, adjoint au maire de Pluneret chargé de la Culture. M. et Mme Penet, Mmes Faure et de Kerhor, M. et Mme Jomier, propriétaires des domaines de Rosnarho (Crac'h). Mme P. Zanovello, professeur d'Histoire et d'Archéologie Antiques à l'Université de Padoue.

Opération réalisée grâce aux financements du Ministère de la Culture et de la Communication, DRAC Bretagne - Seivice Régional de l'Archéologie, et du Conseil Général du Morbihan ainsi qu'à l'aide technique de la Commune de Pluneret (Morbihan). SOMMAIRE

INTRODUCTION : 3

1 - PRÉSENTATION DE L'OPÉRATION : 4

1.1- LE CADRE DE LA RECHERCHE, LE MILIEU NATUREL : 4

1.2- L'HISTORIOGRAPHIE DU "PONT DE CÉSAR" : 4

1.3- LES ACQUIS DES PRÉCÉDENTES RECHERCHES : 5

1.4- QUELQUES DONNÉES BIBLIOGRAPHIQUES COMPLÉMENTAIRES : 6

1.5- LES OBJECTIFS DE L'OPÉRATION DE 2003 : 7

2- RÉSULTATS DE L'OPÉRATION : 9

2.1 - LA MÉTHODE EMPLOYÉE : 9

2.2- SITUATION ET OBJECTIFS DES SONDAGES DE KERISPER : 9

2.3- ANALYSE DESCRIPTIVE DES SONDAGES : 10

2.4- INTERPRÉTATION : 13

3- SYNTHÈSE : VERS UN ESSAI DE RESTITUTION DES PILES TERRESTRES : 16

3.1- LA GÉOMÉTRIE GÉNÉRALE DU PONT-AQUEDUC : 16

3.2- PREMIERS ÉLÉMENTS POUR UN ESSAI DE RESTITUTION DES PILES TERRESTRES : 16

3.3- ESSAI DE RESTITUTION DE LA GÉOMÉTRIE DES PILES TERRESTRES : 18

CONCLUSION: 19

PLANCHES : (non paginées)

27 ILLUSTRATIONS : 13 DESSINS AU TRAIT 14 CLICHES DE TERRAIN

2 Introduction

Les vestiges du pont antique franchissant la rivière d' entre la pointe de Kerisper (commune de Pluneret) et celle de Rosnarho (commune de Crac'h), appelés communément "Pont de César", ont été repérés au XVIIIème siècle par de Robien. Ce n'est qu'à la fin du XIXème siècle, lors de travaux de restructuration du parc de Rosnarho dirigés par M. Pourret, que des relevés et des observations permettent, entre autre, à de Closmadeuc d'identifier dans ces vestiges les restes d'un pont-aqueduc. Il faudra ensuite attendre plus d'un siècle pour qu'à partir de 1984 P. André reprenne les recherches sur ce site. La campagne de prospections et sondages menée alors sur le pont et ses abords conduisit en 1992 à une première proposition de restitution en plan et en élévation de l'ouvrage de franchissement. Enfin, depuis 2000, notre équipe a poursuivi les recherches par de nouvelles prospections ainsi que des campagnes de sondages et d'observations visant à comprendre le projet antique d'adduction d'eau à l'origine de tels vestiges. L'ouvrage d'art de Kerisper-Rosnarho mesurait environ 440 mètres de longueur et se composait de trois grandes parties : • en amont, côté Kerisper, un ouvrage d'approche pouvant atteindre 40 m de long et dont, avant la campagne de 2003, seul un angle de pile était connu ; • en partie centrale se déployait sur environ 230 m de long l'ouvrage de franchissement proprement dit formé notamment de 5 massifs de fondation implantés dans le lit mineur de la rivière ; • en aval, côté Rosnarho, l'ouvrage d'arrivée d'environ 170 m de long comprenait 25 piles et une culée. Il s'agit du seul ouvrage d'art de ce type dont subsistent des vestiges dans la péninsule armoricaine. En effet, aucun autre témoin d'un pont antique en pierres n'est réellement attesté ; les ponts routiers étant en bois, comme à Visseiche (Ille-et-Vilaine). La situation du pont de Kerisper-Rosnarho est, de plus, exceptionnelle puisqu'en l'état des connaissances aucun autre ouvrage dans le monde romain ne franchissait une ria soumise aux marées et aux courants violents. L'étude de cette réalisation constitue par conséquent un apport crucial à la connaissance des techniques antiques. Cet ouvrage d'art a été construit pour accueillir un aqueduc. Nous avons montré en 2001 que ce projet de canalisation n'a jamais été concrétisé, le pont en est le seul témoignage. Bien qu'aucun autre vestige de l'aqueduc n'ait été découvert, il aurait dû alimenter selon toute vraisemblance l'agglomération antique de , distante de 9 km à vol d'oiseau du "Pont de César". Le captage quant à lui devait être prévu dans le ruisseau du Sal, à 6 km au moins en amont du pont. Il faut donc envisager un projet de canalisation d'au moins 30 km de long, comparable sur plusieurs plans à l'aqueduc antique de Carhaix étudié par A. Provost et B. Leprêtre entre 1993 et 2000. Le point d'aboutissement du conduit qui devait franchir la rivière d'Auray sur le "Pont de César" reste mal connu : l'essentiel des connaissances sur l'agglomération antique de Locmariaquer provient des relevés et recherches des XVIIIème et XIXème siècles. Ainsi, la topographie, l'équipement monumental et domestique de la cité, les étapes de son développement et sa fonction même font débat. Une hypothèse ressort cependant -hypothèse que nous privilégions1- reposant sur l'enclavement du site à l'extréinité de la presqu'île, sur la présence d'un vaste théâtre "de type gaulois" et sur les mentions de mobilier religieux associé à des éléments d'architecture monumentale : l'hypothèse d'une agglomération-santuaire.

1 Cf. le rapport de prospection thématique de 2000, p.3-6.

3 1 - Présentation de l'opération :

1.1 - Le cadre de la recherche, le milieu naturel :

Orientée nord-ouest/sud-est, la presqu'île de Locmariaquer ferme, à l'ouest, le Golfe du Morbihan [fig. 1]. Le village de Locmariaquer s'abrite au fond d'une modeste baie en retrait du goulet d'entrée du golfe resserré entre la pointe de Kerpenhir et Port-Navalo, à l'extrémité de la presqu'île de Rhuys. Présentant l'aspect d'un relief tabulaire basculé nord-sud aux faibles altitudes, la presqu'île de Locmariaquer est isolée par deux profondes échancrures nées de la convergence du réseau fluvial et de l'affaissement du socle : à l'est, le Loch, également appelé rivière d'Auray, dont le premier passage guéable se situe à 15 km au nord de l'océan, et à l'ouest, la rivière de Crac'h. Le plateau bas-vannetais est également traversé au nord du Golfe par deux affluents du Loc'h : le Sal et le Rohu. Le socle de la presqu'île est constitué de granité à cordiérite et deux micas dit "granité de ", souvent érodé en boules arénisées avec des affleurements de migmatites vers la pointe de Kerpenhir. Entre Auray et , la faille d'Arradon-Montsarrac, dont la forte activité sismique est l'une des principales caractéristiques, barre le pays bas-vannetais. A 3 km en aval du port de Saint-Goustan et à 10,5 km en amont de l'entrée du Golfe du Morbihan, le seuil du "Pont de César" se situe entre la pointe de Kerisper en rive gauche et le pointe de Rosnarho en rive droite. Le Loc'h se resserre à cet endroit jusqu'à une largeur de 240 m. L'influence des marées, qui se fait sentir jusqu'à 5 km en amont du pont, à une distance de 14 km de l'océan, est encore très importante à ce niveau de la ria puisque le marnage y est supérieur à 4 m.

1.2 - L'historiographie du "Pont de César" :

Depuis 2000, en parallèle aux opérations de sondages et de prospections, des recherches bibliographiques et archivistiques ont permis d'enrichir nos connaissances sur l'histoire des vestiges du "Pont de César". Notre équipe a mené ces recherches aux Archives Départementales d'Ille-et-Vilaine et du Morbihan, bénéficiant également d'un accès au fonds du Service Maritime de la DDE du Morbihan. Le corpus de documents ainsi récoltés nous a permis -fait exceptionnel- de retracer l'histoire des connaissances à propos de ce monument sur plus de trois siècles. A cette étape de notre étude, un bref historique des recherches et découvertes faites autour du pont-aqueduc de Kerisper-Rosnarho peut être dressé1 : Au XV llème siècle, le Pont de l'Arche est situé sur la carte du Morbihan de Le Grain, l'une des plus anciennes pour cette région puisqu'elle date de 16372. Au XVIIIème siècle, de Robien, propriétaire du manoir du Plessis-Kaër voisin de la propriété de Rosnarho, décrit en 1737 les vestiges d'un pont romain appelé alors "Pont des Espagnols" et auquel il attribue une vocation routière3. A partir de 1753, la communauté de ville d'Auray commande un projet de curage de la rivière d'Auray prévoyant, entre autres, de supprimer cet obstacle à la circulation des navires de commerce remontant jusqu'à Auray. Lors de la préparation des travaux financés par les Etats de Bretagne, sont réalisés des plans et des descriptions " des assemblages de charpente pour servir de fondation à des piles de Pont qu'on avait eu dessin d'établir "4. L'exécution du projet de nettoyage entraîne la remontée des premières poutres à cet endroit de la rivière. Les découvertes successives sur le site et les observations des "antiquaires" de l'époque vont conduire à une évolution du toponyme : les ruines de l'ouvrage de franchissement sont désignées "Pont de César" à partir de la fin du XVIIIème siècle.

1 Pour de plus amples détails sur les étapes de cet historique, se reporter aux rapports de 2000 et 2001. "La carte du Morbihan. Faict par Le Grain", 1637 [BNF, Cartes et plans, SH Archives, 16], voir l'extrait présenté dans le rapport de prospection 2001. 3 C.-P. de Robien, Histoire ancienne et naturelle de la Province de Bretagne, 1756, édition revue par J.-Y. Veillard, éd. J. Floch, Mayenne, 1974, p.9-13. 4 Citation tirée de l'Avis des ingénieurs Chocat de Grandmaison et Villeminot en date du 7 octobre 1754pour l'examen des ouvrages proposés pour le rétablissement du port (d'Auray) [ADIV, liasse C-l 178], 4 Au XIXème siècle, les connaissances sur le pont se précisent. En 1825, les premiers doutes sur l'interprétation comme pont routier apparaissent mais sont contredits par Bizeul en 1841 et Rosenzweig en 1863 qui voient dans cet ouvrage le moyen de faire passer la voie reliant à Locmariaquer1. C'est en 1874, à la suite de travaux d'aménagement dans le parc de Rosnarho, que l'interprétation de l'ouvrage comme pont-aqueduc verra le jour. En effet, les travaux ayant mis au jour dix piles terrestres appartenant au "Pont de César", G. de Closmadeuc, membre de la Société Polymathique du Morbihan, relève et décrit les vestiges. Ses observations le conduisent à formuler l'incompatibilité entre les structures en place et l'interprétation de l'ouvrage comme pont routier. Conforté dans ses réflexions par la découverte en 1882 de quinze nouvelles piles, il conclut sur l'hypothèse d'un pont-aqueduc et formule les premières interrogations portant sur l'origine, la destination et le tracé du conduit. Il est le premier à envisager de voir dans ces vestiges les témoins de l'aqueduc alimentant la ville antique de Locmariaquer2. En 1869 puis de 1897 à 1899, de nouveaux projets visant à abaisser le niveau des massifs de fondation immergés dans le lit de la rivière d'Auray voient le jour dans le but de faciliter la navigation vers le port d'Auray. Afin de réaliser ces travaux, de nombreuses études sont menées par la Subdivision des Ponts et Chaussées d'Auray entraînant la production de moult plans, relevés et courriers échangés par les ingénieurs chargés du projet. Ces documents livrent de précieuses informations sur le mode de construction de cette partie de l'ouvrage, faisant état notamment de la présence de poutres à encoches. Au XXème siècle, il faut attendre 1960 pour que l'intérêt se porte de nouveau sur les vestiges du pont de Kerisper-Rosnarho. L'augmentation de la fréquentation touristique est à l'origine de nouveaux travaux en rivière d'Auray visant à aménager un chenal sûr au niveau du seuil du "Pont de César". Une campagne de dérasement des restes de piles immergés côté Kerisper est menée, alimentant le fonds des connaissances d'observations et de relevés montrant, pour la première fois, le dispositif de fondation des piles avec ses poutres verticales en place. Dans la décennie 1980, le Centre d'Etudes et de Recherches Archéologiques du Morbihan reprend les investigations sur le pont sous la direction de P. André, archéologue varmetais. S'appuyant sur les descriptions et relevés anciens, enrichis par des sondages exécutés sur l'estran de Kerisper et des observations subaquatiques menées par des plongeurs locaux, P. André et F. Bougis publient un article faisant le point des connaissances sur les vestiges et proposent une première proposition de restitution du pont. Il est intéressant de noter que dans cet article, P. André s'interrogeait déjà sur la construction effective de la canalisation en dehors de l'ouvrage de franchissement de la rivière d'Auray3. Depuis 2000, notre équipe, forte de son expérience sur l'étude de l'aqueduc de Carhaix, a jugé intéressant de reprendre la problématique de recherche autour de l'aqueduc de Locmariaquer. Si le déroulement et les avancées de nos travaux n'ont pas pris qui avait été imaginé à l'origine de nos recherches, ils n'en ont pas moins débouché sur des résultats tangibles.

1.3 - Les acquis des précédentes recherches :

En 2000 et 2001 ont été menées des campagnes de prospection thématique prolongées en 2001 par des sondages ponctuels menés à l'extrémité de l'ouvrage d'art côté Rosnarho. Ces campagnes visaient plusieurs objectifs : • définir le faisceau du tracé de l'aqueduc de part et d'autre du "Pont de César", seul point connu de l'adduction au départ des recherches, et appréhender les points de captage potentiels ; • effectuer une prospection terrestre de ce faisceau à la recherche de témoins de la canalisation ; • mener une recherche documentaire et archivistique sur le pont et sur d'éventuels signalements d'autres sections de l'aqueduc ; • reprendre l'étude du pont de Kerisper-Rosnarho au moyen de prospections et sondages terrestres ainsi que d'observations subaquatiques. Les résultats de ces campagnes furent contrastés : si certains des objectifs fixés à l'origine du projet ont entraîné des conclusions négatives, d'autres ont livré une masse d'informations inespérée.

' Cf. J.-M.-G. Bizeul, Le Pont de César, in Annales du Morbihan, 1841, p. 191 et M. Rosenzweig, Répertoire archéologique du département du Morbihan, Paris, 1863. 2 G. de Closmadeuc, Le Pont de César sur la rivière d'Auray, in Bulletin de la Société Polymathique du Morbihan, 18, 1874, p.124-130, et ibid., Une rectification à propos du Pont dit de César sur la rivière d'Auray, in Bulletin de la Société Polymathique du Morbihan, 26, 1882, p.61-69. 3 P. André et F. Bougis, Le pont-aqueduc de Kerisper-Rosnarho (Morbihan), in Bulletin de la Société Polymathique du Morbihan, 1992, p. 143-155. 5 Les prospections terrestres et enquêtes menées dans un faisceau guidé par la topographie depuis Locmariaquer jusqu'au Sal (point de captage présumé de l'aqueduc) n'ont occasionné aucune découverte d'indice du passage d'une adduction d'eau. Ce constat a été renforcé par l'absence de la moindre mention antérieure se rapportant à un tronçon de l'aqueduc en dehors du "Pont de César"1. Les recherches documentaires et archivistiques n'ont en effet apporté des éléments que sur le pont- aqueduc. Les informations amenées par ces documents ont toutefois été cruciales puisqu'elles ont permis d'établir un imposant corpus d'observations et de relevés anciens, notamment pour la partie maritime de l'ouvrage. Ces données, enrichies des résultats des prospections et observations menées sur les estrans ainsi que dans le lit mineur de la rivière d'Auray, ont débouché sur l'appréhension du mode de construction de cette portion de l'ouvrage de franchissement. Une nouvelle hypothèse de restitution a ainsi pu être proposée2. Le lit mineur de la rivière était franchi grâce à cinq plates-formes sous-marines de fondation construites au moyen d'un système de poutres en chêne assemblées à mi-bois. Dans le lit majeur, de larges piles en grand appareil de granit assemblé sans mortier ont été retrouvées sur les deux rives de la rivière. Sur les parties terrestres du pont, les principaux documents anciens demeurent les descriptions faites par de Closmadeuc lors des découvertes de 1874 et 1882. Les observations de terrain faites sur les vestiges de Rosnarho ont montré la validité de ces descriptions, permettant de restituer la partie terrestre aval du pont. Cette partie se compose d'une série d'au moins 25 piles s'achevant par une assez longue culée. Les sondages menés en 2001 ont clairement indiqué l'absence de canalisation à l'extrémité de cette culée, à l'endroit où le conduit aurait dû s'enterrer pour suivre ensuite son cheminement terrestre. Des traces archéologiques tangibles d'un arrêt de chantier de construction ont également pu être relevées à la jonction entre l'extrémité du pont et le sol ancien. Au sortir de ces campagnes, il nous était donc possible de proposer une restitution de la partie subaquatique et de la partie terrestre aval de l'ouvrage de franchissement de Kerisper-Rosnarho. Les données documentaires et archivistiques, croisées aux observations de terrain, ont en effet permis d'appréhender le mode de construction de ces portions du pont, renouvelant les connaissances sur celui-ci. Ces résultats nous ont conduit à constater l'originalité de cet ouvrage d'art dans le corpus des ponts antiques puisqu'il semblerait qu'il s'agisse de l'unique témoignage d'une telle réalisation dans l'Occident romain. S'ajoute à cette caractéristique la conclusion à laquelle nos travaux nous ont permis de déboucher : le "Pont de César" constitue à ce jour le seul vestige du projet avorté d'alimentation en eau de l'agglomération de Locmariaquer. Cette réalité fait de cet ouvrage l'une des rares matérialisations des difficultés rencontrées lors de la réalisation de projets d'alimentation en eau, qu'elles soient techniques, financières ou politiques. Tous" ces acquis nous ont incité à poursuivre l'étude du "Pont de César" à la recherche de nouveaux éléments de compréhension.

1.4 - Quelques données bibliographiques complémentaires :

Les rapports des campagnes de 2000 et 2001 rendaient compte de l'abondance de documents disponibles pour la partie sous-marine du pont. Ces vestiges, constituant une entrave au commerce maritime du port d'Auray, ont en effet focalisé l'intérêt depuis le XVIIIème siècle. Les restes terrestres quant à eux n'ont fait l'objet que de rares descriptions, hormis les articles rédigés suite à la découverte des piles de Rosnarho à la fin du XIXème siècle. Le dépouillement de la bibliographie a permis de fane un tour d'horizon des mentions se rapportant à ces portions du pont-aqueduc. En 1756, de Robien mentionnait dans sa description du pont que "quelques restes de bâtiments de briques, de pierre et de ciment très blanc, que l'on voit sur la pointe de Kerisper, feraient juger que ce pont était défendu". Mais l'absence de vestige de voirie et l'escarpement de cette rive le faisaient s'interroger sur l'utilité de cet ouvrage d'art3. En 1850, dans le Bulletin Archéologique de l'Association Bretonne, M. Chopin signale à propos du "Pont de César" que "sur la rive gauche de la rivière d'Auray et comme formant en quelque sorte la tête de ce pont, on voit encore un tumulus que les gens du pays appellent la Motte aux fées"4.

Pour les détails des résultats des campagnes précédentes, se reporter aux rapports de 2000 et 2001. 2 Voir le rapport de 2001, p.20-21 et figure 40. 3 C.-P. de Robien, op. cit., p.55. 4 M. Chopin, Procès verbaux du congrès de d'octobre 1848, in Bulletin Archéologique de {Association Bretonne, 1850, p. 19. 6 La découverte des vestiges de Rosnarho en 1874 donne lieu à des descriptions précises sous la plume de Closmadeuc qui trouvent un nouvel écho au regard des sondages de cette année. Il décrit en effet dix à onze piles d'environ 2,30 m de côté et de plus de 2 m de haut en petit appareil, séparées par des intervalles égaux de 2,50 m. "...indépendamment d'une quantité considérable de mortier et de briques romaines avec ou sans crochet", y ont été recueillies "d'énormes dalles de béton composé de chaux hydraulique dans laquelle étaient noyés des cailloux et des fragments de briques. Quelques-uns de ces fragments offrent une surface lisse très caractéristique, qui donne l'idée d'un intérieur de conduit". De "grandes tuiles carrées placées à plat l'une contre l'autre soudées au ciment" sont signalées comme pouvant constituer des "débris d'arcades". De Closmadeuc observe encore "sur la côte de Kerisper (...) des constructions en ruines, analogues à celles de Rosnarho"1. Le 27 août 1878, l'Association Bretonne visite les vestiges découverts à Rosnarho, ce qui donne lieu à un compte-rendu de G. de Cadoudal relevant "dans les intervalles et sur les côtés nombre de briques à rebord et surtout de vastes plaques de ciment poli comme du marbre sur un des côtés, et portant des traces évidentes du passage de l'eau ; puis des restes de voûtes et des débris cimentés de toute nature". Se rendant sur la rive opposée, côté Kerisper, les visiteurs ont "trouvé des preuves irrécusables du même monument se poursuivant sur la rive gauche. Briques, petit appareil, béton, rien n'y manquait. Mais à peine à vingt mètres de la berge", ils perdaient "toute trace dans les bois"2. En 1882, de Closmadeuc reprend son étude des vestiges de Rosnarho à l'occasion de la découverte de 15 nouvelles piles, amenant le total à 25 piles sur plus de 140 m de long. Il fait alors des observations détaillées : "Aucune des arcades qui devaient surmonter les piles n'a été conservée, mais on peut en soupçonner les débris dans ces masses de larges briques carrées, appliquées l'une contre l'autre et soudées au ciment. Les cintres se sont écroulés avec ces énormes blocages qui jonchent le sol, et ces non moins énormes dalles de béton composé de chaux dans laquelle sont noyés des cailloux et des tuiles concassées. Plusieurs de ces dalles, dont quelques-unes ont plus d'un mètre de longueur, appartiennent évidemment au radier de l'aqueduc, c'est-à-dire au conduit dans lequel passait le courant d'eau, ce qui se reconnaît à la surface lisse et polie d'un des côtés de la dalle"3. Quelques années plus tard, E. Rialan signale dans son inventaire des découvertes archéologiques du Morbihan des "tuiles romaines dans un reste de mur dans le bois de Kerisper à environ 200 mètres à l'ouest de l'espèce de pile en maçonnerie avec escalier sur laquelle se faisaient les criées et vente de coupes de bois de Kerisper"4. Dans leur article de synthèse paru en 1992, P. André et F. Bougis se sont surtout concentrés sur les parties immergées de l'ouvrage d'art. -Ils mentionnent cependant "à l'amont, un ouvrage d'accès côté Kerisper, de 35 m environ de longueur, dans l'alignement général de l'ouvrage en rivière, très court du fait de l'escarpement de la rive. Ses restes se devinent aujourd'hui sous un bourrelet plus ou moins continu de sable et de gravats contenant de nombreux débris de mortier de tuileau". Ils remarquent également que "l'examen du profil en long du terrain actuel permet de supposer valablement qu'il était de construction classique avec cunette étanchée au mortier de tuileau, surmontée d'une voûte de protection et porté par un mur, plein en partie haute, et évidé en partie basse dès que la hauteur le permettait" . Au regard de ces quelques mentions, il nous est apparu que les connaissances à propos des portions terrestres de l'ouvrage d'art étaient largement insuffisantes. Seules les descriptions liées aux découvertes de Rosnarho offrent une précision intéressante. Mais sans observations nouvelles, il semblait difficile de comprendre de manière fiable l'organisation architecturale et le mode de construction de ces parties de l'ouvrage. Il convenait donc de s'intéresser plus spécialement à l'ouvrage d'approche amont du pont qui, d'après les écrits, paraissait vierge de toute intervention lourde depuis sa ruine. Restait toutefois la réserve que l'état de conservation des vestiges soit suffisant pour nous apporter les informations escomptées.

1.5 - Les objectifs de l'opération de 2003 :

La campagne de 2003 avait pour objectifs de mieux comprendre l'implantation architecturale de l'ouvrage d'art, la manière dont ce pont devait permettre au conduit qu'il aurait dû supporter de s'affranchir

1 G. de Closmadeuc, op. cit., 1874, p. 128-129. 2 G. de Cadoudal, Compte-rendu de l'excursion du 27 août 1878 aux fouilles gallo-romaines de Rosnarho, in Bulletin Archéologique de l'Association Bretonne, 1878, p. 183-184. 3 G. de Closmadeuc, op. cit., 1882, p.61-69. 4 E. Rialan, Découvertes archéologiques faites dans le Morbihan 1886 à 1892, in BSPM, 63, 1924, p.58. 5 P. André et F. Bougis, op. cit., 1992, p. 149. 7 de la topographie naturelle pour traverser la rivière d'Auray, et d'affiner les connaissances architecturales pour proposer une nouvelle étape dans l'élaboration d'une hypothèse de restitution. Pour ce faire, des sondages devaient être menés sur la partie amont du pont, côté Kerisper, dans le but de nous renseigner sur cette portion n'ayant livré que très peu d'éléments lors des précédentes campagnes, au niveau documentaire comme sur le terrain. Il convenait donc d'y vérifier l'existence de vestiges et leur état de conservation. De tels travaux visaient à entamer une réflexion par croisement des données entre les parties amont et aval de l'ouvrage de franchissement, tant au niveau de la géométrie et de l'architecture qu'au point de vue archéologique en confrontant les descriptions des découvertes de Rosnarho aux nouvelles observations faites à Kerisper. Le cas échéant, les sondages effectués dans la partie amont du pont ambitionnaient aussi d'appréhender les éventuelles options techniques opérées en matière d'hydraulique notamment à travers la recherche et l'étude de vestiges ou de traces de la préparation d'aménagements visant à optimiser le franchissement. L'étude des parties amont et aval de l'ouvrage d'art (seules parties pouvant abriter les vestiges du tablier destiné à accueillir la canalisation) au moyen de relevés précis depuis le sol ancien avait enfin pour but, outre l'approfondissement de notre connaissance de l'architecture du pont, de déterminer son stade d'achèvement lors de l'arrêt du chantier et de rechercher des traces pouvant indiquer les raisons possibles de cet arrêt.

8 2 - Résultats de l'opération

L'essentiel des recherches menées en 2003 a consisté en une série de sondages visant à mieux connaître les vestiges de la partie amont de l'ouvrage de franchissement, dans le domaine boisé de Kerisper. En effet, la propriété de Rosnarho, sur laquelle il avait été projeté d'effectuer en parallèle des relevés architecturaux ainsi que des sondages ponctuels, ne nous était pas accessible du fait de sa mise en vente. Ces travaux indispensables pour une étude complète du "Pont de César" ont donc été reportés à une campagne ultérieure en accord avec le Conservateur du Patrimoine chargé du Morbihan. Il n'en reste pas moins que la problématique de notre recherche se concentrait sur les parties terrestres du pont-aqueduc, laissant à part les parties knmergées, dans l'attente d'une campagne d'archéologie subaquatique.

2.1 - La méthode employée :

Afin de mener à bien la recherche des vestiges terrestres dans le bois de Kerisper, en surplomb de la rivière d'Auray, il a été décidé d'effectuer une série de sondages. Ces sondages avaient en premier lieu pour but de vérifier l'existence de piles et/ou d'un mur bahut à cette extrémité de l'ouvrage d'ail. Il s'agissait également de localiser précisément ces vestiges et d'obtenir rapidement une première approche architecturale de leur emprise. Enfin, certains sondages devaient être approfondis pour préciser les données obtenues et envisager une hypothèse de restitution architecturale de l'ensemble. En plus de ces sondages, les opérations de terrain menées cet été avaient pour objectif de compléter et d'affiner le relevé topographique général de cette partie de la pointe de Kerisper. Pour ce faire, notre équipe est partie du seul témoin suggérant la présence de ruines de ce côté de la rivière, à savoir un angle de maçonnerie découvert au sol en 2000. Un décapage de surface ciblé autour de ce vestige nous a permis de décider de rimplantation des autres zones à décaper. Le cadre topographique et l'environnement forestier de nos recherches empêchant l'utilisation de tout moyen mécanique, ces décapages ont été exécutés manuellement. Ces contraintes ont également été prises en compte dans la stratégie d'implantation des sondages, bien que la préoccupation principale fut de sonder une surface minimale pour un gain d'information maximal. En fonction de leurs résultats, des sondages plus en profondeur- pouvaient être envisagés sur les endroits les plus susceptibles de livrer en un temps limité les informations recherchées. Les opérations de terrain ont été menées par une équipe de six fouilleurs bénévoles confirmés sélectionnés pour leur aptitude à exécuter les différentes tâches inhérentes à ce type de travaux, allant du décapage de surface aux relevés de bâti en passant par la fouille stratigraphique de niveaux d'effondrement. Cette campagne s'est achevée par le remblaiement des sondages après la pose d'un géotextile de protection sur les structures mises au jour. Elle s'est déroulée entre le 21 juillet et le 02 août 2003.

2.2 - Situation et objectifs des sondages de Kerisper [fiq.2J :

Située à proximité du confluent entre la rivière d'Auray et la rivière du Bono, la zone de la pointe de Kerisper sur laquelle nous avons mené nos recherches présente l'aspect d'une plate-forme surplombant de 3 m environ l'estran est du Loch. C'est directement au nord de cette plate-forme, dans l'axe du franchissement de la rivière, qu'a débuté notre campagne. L'implantation du premier sondage, le sondage SI, a été décidée à partir des quelques moellons semblant former un angle d'appareillage repérés en 2000 [fig.3]. L'identification d'un angle de maçonnerie à cet endroit et la rapide mise au jour des parements ouest, sud puis est d'un massif maçonné ont permis de comprendre d'une part que les vestiges étaient conservés dans un état satisfaisant et d'autre part qu'il s'agissait d'une série de piles d'arches apparentée à celle découverte à Rosnarho. Ce premier décapage a constitué le point de départ pour- l'implantation des autres sondages. Par extrapolation, prenant en compte les mesures connues pour la file d'arche de Rosnarho, un sondage S2 a été ouvert le long des parements nord et est de la pile directement à l'est de la première mise au jour. Ce sondage visait, entre autres, à nous donner les dimensions complètes d'une pile de ce côté de la rivière, la première semblait en effet endommagée par une carrière au nord. L'ouverture du sondage S3 avait pour but de mettre au jour l'effondrement entre deux piles et sa relation avec l'une d'elles au moins. Nous cherchions à enrichir nos connaissances sur les arcs effondrés du pont. Enfin, un sondage S4 a été implanté à la naissance du talus situé au nord-est de l'axe du pont afin de vérifier l'hypothèse émise en 2000 stipulant que ce relief pouvait

9 constituer le vestige d'un mur bahut à l'extrémité du pont. Ce sondage devait nous orienter dans l'approche de l'extrémité amont de l'ouvrage d'art. L'extension des surfaces de décapage et l'implantation des sondages de profondeur ont été fonction des découvertes faites lors des premiers repérages, une fois l'humus retiré. Il s'agissait de s'adapter aux structures pour obtenir un maximum d'informations à partir de travaux les plus ciblés possibles. Le sondage de profondeur visant à obtenir une indication sur la hauteur des vestiges conservés et à atteindre le niveau de sol antique a été implanté à proximité de la carrière, à l'extrémité nord-ouest du sondage SI. Un approfondissement des décapages a été effectué aux angles nord-est et sud-est de la seconde pile afin d'observer les maçonneries. Enfin, le sondage S4, du fait de sa situation à l'extrémité orientale de notre aire de recherche, semblait idéal pour chercher à atteindre la surface du substrat granitique.

2.3 - Analyse descriptive des sondages :

Quatre sondages ont donc été réalisés conjointement dans le bois de Kerisper. Leur configuration, leur vocation et les informations qu'ils ont livrées sont de natures totalement différentes. • Le sondage SI : Dans un premier temps, le décapage s'est limité à une bande de 1,20 m de large centrée sur le fragment de parement apparent, perpendiculairement à l'axe du pont. Elle a permis de mettre au jour la suite du parement ouest d'un massif de maçonnerie. Cette bande a été étendue, sur une largeur de 1,40 m, à partir de l'angle dégagé parallèlement à l'axe du pont, suivant le parement sud de la maçonnerie dégagée. A l'extrémité orientale de ce parement, à 2,10 m du premier, un nouvel angle droit vers le nord a été mis au jour, nous permettant de conclure à la découverte d'une pile de pont. Le nouveau parement découvert, le parement est a également été suivi en surface. Le parement nord de la pile n'a pu être mis au joui- du fait de l'existence d'une carrière ayant entamé les vestiges à cet endroit : la topographie et la végétation empêchaient toute investigation de ce côté. Au final, le sondage SI se présentait sous la forme d'un "U" dont la branche occidentale atteignait 3,70 m de long pour 1,20 m de large ; la longueur est-ouest était de 4 m sur une bande, au sud, de 1,40 m ; enfin la branche orientale, englobant une partie d'effondrement entre deux piles, mesurait 3,00 m de long pour 1,60 m de large [fig.4 et 5]. Dans la majeure partie du sondage, l'humus recouvrant la structure et les niveaux d'effondrement attenants n'excédait pas 8 cm d'épaisseur. Le sondage SI a permis de mettre au jour trois parements d'une pile de maçonnerie en petit appareil granitique comparable à celui observé sur les piles de Rosnarho : les moellons ont des longueurs comprises entre 10 et 20 cm pour des hauteurs d'assises allant de 7 à 9 cm et sont larges de 11 à 16 cm en général. Les parements de cette structure apparaissent soignés présentant des moellons à face plane mais, pour le reste, taillés à l'économie. Les assises régulières sont liées au mortier de chaux, dont la qualité a garanti la subsistance des vestiges. Malgré la disparition du liant en surface, nous avons pu relever que la maçonnerie a résisté en grande partie à la colonisation des racines de la végétation avoisinante. Seule une souche d'arbre a endommagé le parement sud de la pile sur une surface limitée, nous permettant d'observer la structure interne de la maçonnerie [fig.6]. Le blocage interne est composé de moellons et de pierres plus ou moins bien taillées de granit, sans calibre déterminé, posés en lits non assisés et liés au mortier de chaux. Le tout forme un cœur extrêmement compact qui permet d'expliquer le bon état de conservation de la construction. La pile mise au jour dans le sondage SI a conservé une élévation allant jusqu'à 9 assises dans l'angle sud- est, soit un peu moins d'un mètre. Si le sondage SI a permis de déterminer la longueur de la pile à 2,10 m, sa largeur en revanche n'a pas pu être mesurée. Effectivement, le parement nord de la pile n'a pu être mis en évidence dans le cadre du sondage du fait de sa destruction imputable à une carrière moderne [fig.7]. Nous avions signalé en 2000 et 2001 la présence de nombreuses carrières ponctuelles dans l'environnement proche du pont en particulier dans le bois de Kerisper. L'une des plus importantes d'entre elles est située en contrebas, directement au nord de la pointe de Kerisper. La grandeur de ce front de taille s'explique par sa proximité du rivage de la rivière d'Auray, permettant une évacuation aisée des blocs extraits. Il semble donc que ce soit par hasard que les carriers de l'époque moderne ont endommagé l'une des piles du pont-aqueduc, le front de taille ayant fini par mettre au jour le parement nord de la pile du sondage SI. Il est intéressant de noter que ce démontage n'a pas ou peu été poursuivi au delà du parement : les composants du blocage interne de la pile ne correspondaient sans doute pas aux besoins des carriers. Cette carrière présente en outre l'avantage de nous avoir permis d'observer la structure interne de la pile mais aussi sa fondation. Celle-ci est composée de gros blocs de granit et de terre comblant la tranchée de fondation, le tout couronné par une galette irrégulière de 10 mortier de chaux jaune d'une épaisseur d'environ 5 cm en moyenne. La fondation est légèrement débordante du parement ouest de la pile (2 à 5 cm). Autour de la pile, directement contre les parements est, sud et ouest, une zone d'effondrement dont les limites n'ont pu être identifiées encadrait les vestiges de la pile. Dans la branche occidentale du sondage SI, profitant de l'opportunité offerte par la présence de la carrière au nord, il a été procédé à un sondage stratigraphique visant à approcher la nature de l'empilement de niveaux archéologiques dans les espaces compris entre les piles [fig.7]. Le bord sud du sondage a été implanté à l'emplacement de l'axe central du pont, à 1,25 m du bord sud de la pile. Ce sondage a permis de cerner, de manière localisée, la stratigraphie de l'effondrement [fig.8 et 9] : * Sous la terre végétale de surface, un éboulis hétérogène composé de pierres et moellons mêlés à quelques fragments de briques, le tout englobé dans une matrice de terre humifère à inclusions de petits fragments de brique. Cette strate a une épaisseur moyenne de 0,12 m. Elle remplit la partie supérieure du comblement de la carrière au nord. * Sous ce niveau, une couche mêlant terre et mortier détritique avec de nombreuses inclusions de petits fragments de briques. Cette matrice comprend des pierres et moellons de granit, de gros fragments de briques et de gros nodules de mortier de chaux. Son épaisseur oscille autour de 0,11 m. * Un niveau de mortier de chaux détritique contenant des pierres et moellons de granit, des fragments de briques portant pour la plupart des traces de mortier, ainsi que quelques morceaux de mortier de tuileau. Il convient de noter que la densité de mortier de chaux de cette couche est plus importante à proximité de l'axe du pont, où son épaisseur atteint jusqu'à 0,23 m. Les matériaux de construction éboulés inclus dans cette strate sont plus volumineux et moins érodés que dans les couches supérieures. * Un fin niveau de mortier de tuileau détritique enfermant des fragments de ce mortier, quelques boulettes de mortier de chaux et quelques éclats de briques. L'épaisseur moyenne de ce niveau avoisine les 0,03m. * Un sédiment comprenant quelques pierres et moellons de granit, quelques fragments de briques, ainsi que de nombreuses inclusions de mortier de chaux et de tuileau plus ou moins détritiques. L'épaisseur moyenne de ce sédiment est inférieure à 0,10 m. * Un fin niveau de petits fragments de briques et tuiles roulés, serrés et mêlés à une matrice contenant principalement de la chaux. L'épaisseur moyenne de cette couche est d'environ 0,02 m [fig.10]. * Sous ce niveau, un sédiment limoneux sombre incluant des fragments de mortier de chaux blanc. Ce niveau est épais d'environ 0,04 m. * Contre le pied du parement ouest de la pile, un bourrelet de mortier de chaux jaune sur lequel vient s'appuyer le niveau de fragments de briques et de tuiles roulés. * Sous ces strates, des pierres de granit de modules variés disposées les unes contre les autres semblent composer un empierrement, ou aménagement de sol, installé sur le ressaut de sortie de fondation de la pile dans un limon gris d'une épaisseur d'environ 0,20 m [fig. 11]. * Ce limon grisâtre repose sur une autre couche très limoneuse brune contenant quelques pierres de granit. Il semble s'agir ici du paléosol mais ne l'ayant identifié qu'en coupe au niveau de la carrière, nous soulignons le caractère hypothétique de cette identification. * Enfin, au niveau de la carrière, sous le niveau supérieur mêlant terre végétale et matériaux de construction, un remblai de terre sablo-limoneuse brune englobant des pierres de granit ainsi que quelques fragments de briques et de mortier de chaux. Ce remblai est moins compact que le niveau de terre végétale qui le surplombe. En dehors de la carrière, il est donc possible de restituer une stratigraphie composée de 10 niveaux depuis ce qui s'apparente au paléosol jusqu'au niveau de surface, soit presque 1 m de hauteur. A la bordure est du sondage, à la surface de cet effondrement, immédiatement sous le niveau de terre végétale, un élément de parement effondré en bloc a été mis au jour [fig.5, 12 et 13]. Long d'environ 0,70 m, il s'agit d'un fragment de parement de pile tombé face contre terre sur le reste des niveaux d'effondrement. La face aujourd'hui visible correspond à l'arrière du parement, celle qui était originellement liée au blocage interne et qui s'en est désolidarisée. Au moins 8 assises composent ce morceau de parement. Elles sont semblables à celles observées en place à ceci près qu'elles incluent deux fragments de briques utilisés à la place de petits moellons. Cette portion de parement s'est écroulée en biais, ses assises observant au sol une orientation nord-est/sud-ouest. Du fait de son dégagement partiel et de sa localisation entre les deux piles mises au jour, il est impossible d'identifier à quel parement appartenait ce fragment effondré.

11 • Le sondage S2 : Situé à 0,60 m à l'est du sondage SI [fig. 12], le sondage S2, dont le but était d'obtenir les dimensions complètes d'une pile, se présentait sous la forme de deux bandes perpendiculaires. La première, orientée nord-sud, visait à mettre au jour le parement est de la pile dans sa totalité. Elle atteignait 3,80 m de longueur pour une largeur de 1,10 m. La seconde, orientée est-ouest, a permis de mettre au jour l'ensemble du parement nord et l'extrémité du parement ouest de la pile [fig. 14]. Sa longueur était de 3 m pour 1,30 m de large. L'humus qui recouvrait les structures et les niveaux archéologiques n'excédait pas 5 cm d'épaisseur. Le sondage S2 a livré les deux côtés attenants d'une maçonnerie rectangulaire de 2,10 m de long d'est en ouest et de 2,50 m de large du nord au sud [fig. 15]. Le parement est semble bien conservé puisque la colonisation par les racines des arbres proches est limitée à quelques intrusions au cœur de la structure depuis le centre du parement. Certes ces intrusions ont occasionné quelques déplacements de moellons mais de manière localisée. Le parement nord, en revanche, a subi plus de déformations puisqu'une grande partie des deux assises supérieures sur les trois mises au jour a versé vers l'extérieur. Ce versement est particulièrement important à proximité de l'angle nord-ouest de la pile. Comme dans le sondage SI, il a été observé que les moellons des parements nord et est de la pile sont long de 10 à 20 cm en moyenne pour une épaisseur de 7 à 9 cm. Les assises sont régulières. Seuls les moellons mis en œuvre dans les angles ont des dimensions supérieures : avoisinant les 30 cm de longueur pour une épaisseur généralement de 9 cm, ils se présentent sous la forme de pavés allongés bien taillés et assemblés de manière très soignée. Ce soin apporté aux chaînages d'angle garantit la solidité de cette partie de la structure. D'ailleurs, l'angle sud-est de la pile l'illustre puisqu'il a été impossible à une imposante racine de conifère de pénétrer la structure à cet endroit [fig. 16]. L'aspect de cet angle en a tout de même été modifié, la racine ayant déplacé les moellons. Le blocage interne de la structure a pu être observé, non plus en coupe comme dans le sondage SI, mais en plan puisque l'arase de la pile a été dégagée sur une surface plus importante. Ce blocage est composé de pierres de granit plus ou moins bien taillées, de modules variés pouvant aller jusqu'à des blocs de 30 à 35 cm de longueur. Le tout devait être à l'origine lié avec du mortier de chaux mais ce dernier a disparu dans les deux assises supérieures, apparaissant tout de même à l'angle nord-est au niveau d'un arrachement. Autour de la structure, le niveau archéologique supérieur est identique au niveau observé dans le sondage SI puisqu'il est composé de terre végétale englobant des pierres et moellons de granit et quelques fragments de briques. Dans les angles nord-est et sud-est, le niveau directement inférieur à ce dernier a été mis au jour. Il s'agit d'une couche de terre mêlée à du mortier de chaux détritique incluant des pierres et moellons de granit et des fragments de briques en plus grande quantité. Cette strate peut être apparentée à celle observée dans le sondage stratigraphique du sondage S1. • Le sondage S3 : Implanté dans l'espoir de mettre au jour l'effondrement entre deux piles et sa jonction avec au mois l'une d'elles, le sondage S3 se déployait sous la forme d'un rectangle de 3,30 m sur 1,50 m selon un axe nord-est/sud-ouest. En effet, au regard de la topographie, il n'était pas exclu que l'axe du pont suive une inflexion vers le nord-est à cet endroit. Ce sondage a été implanté à 4,20 m à l'est du sondage S2. Après avoir ôté la fine couche d'humus (moins de 5 cm) qui recouvrait les niveaux archéologiques, une première strate composée de terre végétale livrant de nombreux blocs et moellons de granit désorganisés a été mise au jour. Très rapidement, dans la partie inférieure de ce niveau, de nombreux blocs de béton de tuileau sont apparus [fig. 17]. Ces blocs de tailles variables n'étaient pas en place mais appartenaient à l'effondrement de l'ouvrage d'art [fig.18 et 19]. Sous ce premier niveau d'une épaisseur de 0,20 à 0,25 m en moyenne, ont été identifiés deux strates différentes. Dans la partie centrale, sur une bande d'environ 1 m de large axée nord-sud, la plupart des fragments de béton de tuileau ainsi que quelques pierres pointent d'une couche de terre limoneuse mêlée à du mortier de tuileau détritique. Directement à l'est de cette couche, dans l'angle sud-est du sondage, les blocs de béton de tuileau se font plus rares, le niveau archéologique se composant surtout d'un sédiment terre sableuse, de mortier détritique pulvérulent ainsi que de pierres de granit de plus petit module que dans le reste du sondage. L'ensemble de ces couches a subi de nombreuses perturbations par les racines venant du massif d'arbres tout proche. Les blocs de béton de tuileau observés sont de plusieurs natures. Les fragments les plus importants, dont les dimensions vont jusqu'à 1,67 m de longueur pour 0,76 m de largeur pour le plus grand [fig. 17], ont

12 une épaisseur allant d'une vingtaine à une trentaine de centimètres en moyenne. Us sont constitués de deux ou trois couches identifiables selon les cas [fîg.20]. La première se compose de petites pierres de granit noyées dans un mortier de chaux blanc. Son épaisseur- avoisine les 7 cm. La seconde et la troisième couche contiennent les mêmes éléments et ont été fabriquées de la même manière. Seule la trace d'un aplat de banchage visible au niveau des cassures a permis de déterminer l'existence de deux niveaux. Ils sont composés de mortier de chaux blanc, de boulettes de calcaire blanc, de fragments de briques et/ou de tuiles d'un module d'environ 1 cm et de quelques graviers. Il est intéressant de noter que dans ces deux couches, les gros éléments se sont précipités apparaissant désormais en partie basse de chaque couche. Epais de 15 à 20 cm environ pour la couche inférieure et observable sur au moins 6 cm pour la couche supérieure, cette partie des blocs de béton de tuileau est très compacte. Certains des blocs ne présentent qu'une partie des caractéristiques décrites mais la comparaison de leurs composants a souvent permis de les identifier comme fragments de ces couches de béton. Pourtant, certains des blocs plus petits se différencient des premiers. En effet, certains fragments ne présentent pas les mêmes couleurs ou les mêmes composants et révèlent parfois une face lissée [fig.21]. Cette face appartient à une fine couche de mortier blanc incluant des éclats très fins de briques et de tuiles. Cette couche n'excède pas 0,5 cm d'épaisseur. Directement sous cette dernière, un niveau de mortier de tuileau très rouge de 3,5 cm d'épaisseur environ a été observé. Ces composants étaient véritablement broyés, lui conférant une grande homogénéité.

• Le sondage S4 ; Le sondage S4 est le plus oriental réalisé cet été. Notre objectif consistait à vérifier l'hypothèse d'une inflexion du pont vers le nord-est, le talus longeant au nord "l'avenue du Pont de César" pouvant alors constituer l'empreinte d'un mur bahut dans la topographie actuelle. Une tranchée rectangulaire de 3,50 m sur 1 m a donc été ouverte perpendiculairement à l'axe du talus. Ce sondage se situait à environ 6 m du sondage S3. La terre végétale qui recouvrait les strates avait une épaisseur moyenne de 4 cm. Sous l'humus un niveau de terre végétale englobait de nombreux blocs de granit de toutes tailles, quelques petits fragments de briques et quelques fragments de tuileau [fig.22 et 23]. Il s'agit en fait d'un remblai hétérogène contenant des matériaux de construction. En effet, sous ce niveau, dans la moitié sud du sondage, le paléosol a été identifié et fouillé. Il se présente sous la forme d'un limon sableux brun-gris à texture très fine contenant de nombreux grains de charbon. Ce limon est traversé par d'importantes racines. Enfin, sous le paléosol, le substrat granitique diaclasé est apparu. Les nombreuses diaclases perpendiculaires, orientées nord-est/sud-ouest et nord-ouest/sud-est, lui confèrent l'aspect de blocs de granit accolés [fig.24]. Sa cote maximale est de 11,21 m NGF.

2.4 - Interprétation :

Le premier constat qui peut être fait au sortir de cette campagne concerne la topographie de la pointe de Kerisper. En effet, il apparaît que la plate-forme avancée au sommet du relief a été façonnée par le monticule de matériaux effondrés autour des vestiges et les vestiges des piles d'une part, et par une esplanade qui a été installée postérieurement contre ce monticule, à l'extrémité de "l'avenue du Pont de César". Cet aménagement circulaire de 10 m de diamètre environ daterait selon toute vraisemblance de la fin du XIXème siècle ou du début du XXème siècle, à l'époque où le parc de Kerisper a subi de nombreuses modifications paysagères. Il est à peu près certain qu'avant l'implantation de cette esplanade, les vestiges et les effondrements qui leur sont liés formaient un talus du même type que celui qui existait à Rosnarho avant la découverte de 1874. L'esplanade a permis de préserver les vestiges, les masquant au regard des visiteurs. La carrière aménagée directement au nord de l'amoncellement de matériaux près de la rivière d'Auray n'a pas causé de dégâts majeurs sur les vestiges. Seul un parement d'une pile ainsi que les niveaux archéologiques attenants semblent avoir disparus. Cette carrière n'est pas datée précisément mais pourrait remonter jusqu'au XVIIIème siècle, période de réfection du port de Saint-Goustan à Auray à partir de matériaux extraits le long de la rivière. La stratigraphie des niveaux attenants aux piles a pu être appréhendée grâce aux sondages spécifiques effectués dans les sondages SI et S2. Certes le sondage stratigraphique en SI est beaucoup plus riche d'informations mais les approfondissements effectués aux angles sud-est et nord-est de la pile du sondage S2 ont montré que les deux strates supérieures d'effondrements sont identiques autour des deux piles dégagées. Ce qui ressort du sondage stratigraphique de SI c'est que les niveaux d'effondrements sont conservés en place et qu'en dehors de la carrière, seules les racines des arbres ont causé quelques 13 perturbations. Les éléments de tuileau se sont effondrés dans leur majorité avant le gros de la ruine du pont. En effet, la quasi-totalité des moellons et des blocs de mortiers de chaux ont été retrouvés au-dessus d une couche de mortier de tuileau fragmenté ou détritique. Il paraît évident que les éléments visant à l'étanchéité de la construction se trouvaient à son sommet et se sont donc ruinés les premiers. Le sommet portant les aménagements étanches ayant disparu, les infiltrations ont conduit un pan de parement à se décoller du blocage interne, aboutissant à l'effondrement caractéristique observé entre les piles des sondages SI et S2. Cette portion se retrouvant au sommet des niveaux d'effondrement indique qu'elle est survenue postérieurement à la ruine des parties supérieures du pont. Les niveaux inférieurs observés dans le sondage stratigraphique ne paraissent pas appartenir à la phase d'effondrement de l'ouvrage d'art. Il est clair, tout d'abord, qu'un niveau de sol construit a été aménagé au-dessus du paléosol, sur le ressaut de sortie de fondation de la pile. Il s'agit d'un empierrement assez compact lié à la terre. Les deux horizons surmontant cet empierrement semblent appartenir plus à la phase de construction du pont qu'à sa destruction. En effet, si le premier niveau contenant des fragments de mortier de chaux blanc dans une terre sablo-limoneuse grise ne permet pas d'interprétation directe, le second en revanche nous semble primordial. Composé de petits fragments de briques et/ou de tuiles roulés mêlés à de la chaux détritique, il ne présente aucun caractère commun avec un niveau d'effondrement de mortier de tuileau : aucun fragment de tuileau construit n'y a été retrouvé. En outre, son homogénéité et son uniformité indiqueraient plus un niveau de fabrication du tuileau qu'un niveau d'effondrement. Il est vraisemblable qu'il s'agisse là des vestiges du chantier de construction du pont-aqueduc. Enfin, le niveau d'interface entre les effondrements et les niveaux de construction, bien qu'aucune caractéristique flagrante ne nous l'ait permis au cours de la fouille, est interprété comme un niveau datant de la période située entre l'achèvement de la construction et le début de la ruine irrémédiable du pont. Le tablier du pont est clairement composé d'au moins cinq couches successives de béton et de mortier de tuileau aux caractéristiques différentes. L'ensemble devait avoisiner les 0,40 m d'épaisseur. Le soubassement du tablier est constitué d'un béton de chaux englobant de gros graviers de granit. Le cœur du tablier correspond à un béton de tuileau banché en deux lits successifs. Les deux coulées sont solidaires pour deux raisons : d'une part le court temps séparant leur mise en œuvre a évité au premier lit de sécher, mais surtout le mode de préparation du béton a assuré une parfaite solidarité des deux couches. Une précipitation des composants les plus gros dans les deux niveaux indique un temps de séchage long permettant d'éviter les raccords linéaires indésirables sur le pont, d'éviter que le premier lit ne soit sec quand le second est coulé, et enfin le phénomène de précipitation des gros composants de la coulée supérieure les fait pénétrer dans la suif ace molle du niveau inférieur. Un tel procédé d'exécution aboutit à une dalle solidaire et extrêmement compacte. Les couches supérieures du tablier forment la véritable protection étanche avec un niveau de tuileau très chargé en fragments de briques et de tuiles broyés couronné par une pellicule de finition de mortier blanc lissé incluant de nombreux petits fragments de brique et de tuiles. Il convient certainement de rapprocher ce niveau de finition au polissage observé par les auteurs du XIXème siècle. Cependant, il ne faut, selon nous, pas y von la trace d'un cuvelage de conduit mais plutôt une finition du tablier destiné à supporter le canal. Les cuvelages d'aqueducs répondent à des caractéristiques précises dictées par des contraintes techniques qui ne correspondent pas aux propriétés des blocs observés à Kerisper. Sur les deux portions terrestres du pont-aqueduc, les piles sont composées d'une maçonnerie en petit appareil quadrangulaire en granit à grains fins. Les moellons ont généralement des modules allant de 10 à 20 cm de longueur en parement formant des assises régulières de 7 à 9 cm de hauteur. Us sont calibrés, taillés à l'économie, présentant une face plane en parement. Les pierres constituant les chaînages d'angle, taillées dans le même matériau et de même épaisseur que le reste des assises, sont plus longues puisqu'elles peuvent excéder les 30 cm de longueur pour une largeur d'une quinzaine de centimètres. Les moellons sont liés au mortier de chaux jaunâtre de bonne qualité dans les parties non colonisées par les racines. Le blocage est constitué de tout-venant de granit, de tailles et de modules divers, lié au mortier de chaux. L'ensemble semble avoir été disposé en lits plutôt irréguliers, les pierres étant très serrées, et demeure très solidaire (les racines n'ont d'ailleurs que très peu pénétré les structures internes des massifs). Les piles de Rosnarho sont conseivées en moyenne sur une hauteur allant de 1,50 à 1,70 m. Dans le bois de Kerisper, le sondage test effectué en partie nord-ouest du sondage S1 indique que les piles de la partie aval pourraient être conseivées sur au moins 0,70 à 0,90 m d'élévation. De nombreux fragments de briques ont été découverts tant à Rosnarho qu'à Kerisper. Cependant, les éléments découverts appartiennent pour la plupart aux niveaux d'effondrement et aucune brique entière n'a pu être relevée. Les fragments de briques observés en place semblent plutôt remplir un rôle identique aux

14 moellons. Les briques employées dans la construction du pont paraissent répondre au même module d'épaisseur : en moyenne 4 cm. L'abondance de ces fragments laisse tout de même penser que les hypothèses, émises au XIXème siècle lors de la découverte des vestiges de Rosnarho, concernant des voûtes d'arches en briques plates pourraient correspondre à une réalité architecturale. Les effondrements étant parfaitement conservés sur la rive de Kerisper, il est fort probable qu'au moins une partie des voûtes effondrées y est préservée.

15 3 - Synthèse : vers un essai de restitution des viles terrestres :

Les résultats obtenus lors de la campagne de sondages menée à Kerisper en 2003 nous permettent, avec la plus grande prudence, de jeter les bases d'un essai de restitution des parties terrestres du "Pont de César". Pour ce faire, il convient de reprendre et d'enrichir les données architecturales recueillies depuis le début de nos recherches en 2000. 3.1 - La géométrie générale du pont-aqueduc :

Les campagnes précédentes, enrichies des résultats des travaux menés en 2003, ont permis de dégager cinq parties distinctes composant l'ouvrage de franchissement de Kerisper-Rosnarho [fig.25] : • En amont, côté Kerisper, la partie terrestre à l'est de la falaise est composée de piles maçonnées en petit appareil avec une possible culée vers l'est, l'ensemble courant sur une trentaine de mètres ; • Du haut de la falaise, très marquée de ce côté, jusqu'aux limites du lit mineur sur l'estran de Kerisper, aucun élément ne permet de restituer le pont tant en plan qu'en élévation. Cette lacune couvre une cinquantaine de mètres environ ; • Dans le lit mineur de la rivière d'Auray, l'ouvrage de franchissement à proprement dit avoisinait les 150 m de longueur. Il était composé de sept piles fondées sur des plates-formes carrées d'environ 11 m de côté. Les piles I et VII étaient édifiées en grand appareil ancré sur le substrat granitique. Les piles II à VI reposaient sur de grands caissons formés de poutres horizontales et verticales assemblées à mi-bois et chevillées et remplis de tout-venant1 ; • A l'ouest de la pile L sur l'estran de Rosnarho, la structure de l'ouvrage d'art est à nouveau inconnue sur une longueur de 35 m ; • En aval, sur la partie terrestre de Rosnarho, une file d'arches soutenue par des piles en petit appareil couvrait 160 m de long. Cette portion du pont-aqueduc se terminait par une culée composée d'un mur plein. Son extrémité porte les marques de l'arrêt du chantier de construction de l'ouvrage2. 3.2 - Premiers éléments pour un essai de restitution des piles terrestres :

A ce stade de notre étude, avec toute la prudence qu'imposent des résultats intermédiaires, il nous est possible d'avancer les premiers éléments qui conduiront, à terme, à une proposition de restitution des piles terrestres du "Pont de César". Pour cela, plusieurs sources d'informations sont à notre disposition : • Les descriptions des structures et des éléments effondrés faites à l'occasion du dégagement des piles terrestres de Rosnarho entre 1874 et 18823 ; • Les résultats des sondages menés à l'extrémité de la culée aval à Rosnarho en 2001 ; • Les résultats de la campagne de sondages réalisée à Kerisper en 2003. En outre, de tels éléments de réflexion peuvent être formulés du fait des similarités observées dans le mode constructif des piles terrestres sur les deux rives. Profil du substrat : Le substrat granitique diaclasé constitue le sol géologique sur lequel reposent les fondations des piles du pont. Le paléosol d'origine composé d'un fond d'arène granitique le recouvre sur une épaisseur d'environ 0,20 m dans le sondage S4 de 2003 à Kerisper et d'environ 0,20 à 0,30 m dans le sondage S2 de 2001 à Rosnarho. De part et d'autre du Loch, les limites connues des files d'arches terrestres, côté rivière, coïncident avec les escarpements granitiques qui encadrent le lit majeur, les plus hautes eaux cotant entre 2,50 et 3,00 m NGF. Sur la rive de Rosnarho, l'esplanade de la maison actuelle (à 5 m NGF) et le muret réalisé sur la micro-falaise ont définitivement modifié et masqué le substrat rocheux. A l'extréinité aval, au bout de la culée, le paléosol apparaît à 11,60 m NGF. La pente générale restituable du substrat côté Rosnarho peut donc être estimée à 4,1% sur les 160 m qui séparent la falaise de l'extrémité de la culée.

1 Cf. rapport de prospection thématique de 2001, p.20. 2 Cf. la description des sondages menés à Rosnarho en 2001, rapport 2001, p.14-17. 3 Cf. la section du présent rapport consacrée aux compléments bibliographiques, p.6-7. 16 Sur la rive de Kerisper, la falaise très abrupte laisse apparaître le sommet du substrat rocheux à 6,00 m NGF. Dans le sondage le plus oriental (S4), à 30 m de la falaise, le socle granitique apparaît à 11.20 m NGF, soit une pente générale restituable à 17% dans la zone où sont implantées les piles amont.

Les piles :

Côté Rosnarho, les piles se présentent sous la forme de massifs maçonnés carrés de 2,50 m de côté en moyenne (soit 8 pieds romains) séparés par des intervalles de 2,50 m. L'ouvrage aval, côté Kerisper, est composé de massifs rectangulaires de 2,50 m de largeur (8 pieds) pour 2,10 m de longueur (7 pieds), également séparés par des intervalles de 2,50 m [fig.26]. De telles proportions entrent dans un ordre de grandeur fréquemment rencontré sur les ouvrages de ce type1. La largeur des piles, perpendiculaire à l'axe du pont, est identique de part et d'autre de la rivière, confirmant assez logiquement une largeur prévue de canal uniforme sur l'ensemble de l'ouvrage de franchissement. Là encore, il s'agit d'une dimension tout à fait classique dans l'Occident romain, correspondant en général à un conduit de 0,90 m de large.

Les arcs :

Dans l'état actuel des recherches, aucun vestige d'arc n'a été clairement identifié sur les parties terrestres du "Pont de César". Les seuls indices concernant cette partie de la construction se trouvent dans les descriptions de la fin du XLXème siècle. Lors du dégagement des piles de Rosnarho, des briques carrées assemblées au mortier découvertes dans les effondrements ont été interprétées comme appartenant aux arches du pont2. Cette hypothèse, bien qu'elle n'ait pu être validée par les travaux récents, demeure tout à fait plausible compte tenu de la récurrence des cintres construits en briques dans les ouvrages de ce type. De plus, les nombreux fragments de briques observés dans les niveaux supérieurs d'effondrement et dans la construction lors des sondages de cette année tendent à donner du crédit à cette inteiprétation.

L'ouverture des arcs était identique pour toutes les arches des parties terrestres de l'ouvrage d'art, atteignant 2,50 m de part et d'autre de la rivière. Cette régularité correspond manifestement à une volonté de standardisation des berceaux de voûtes et des coffrages, facilitant leur mise en œuvre. Nos essais de restitution se basent sur ces observations pour proposer des arcs en plein cintre réguliers sur les ouvrages terrestres du pont.

Le tablier du pont :

Nous l'avons vu, de nombreux fragments de béton de tuileau ont été découverts dans le sondage S3. Des blocs de même nature ont pu être observés dans les déblais de Rosnarho. Ce béton n'a pas été fabriqué d'un seul tenant. En effet, nous avons pu observer plusieurs couches superposées aux propriétés et aux composants différents. Ce tablier atteint une épaisseur approchant les 40 cm composée d'au moins cinq lits successifs dont les matériaux sont de plus en plus fins. La couche supérieure présente un lissage garantissant une étanchéité optimale.

Il est intéressant de constater que le tablier observé en place lors des sondages de 2001 à l'extrémité de la culée de Rosnarho ne ressemblait en rien aux blocs effondrés retrouvés entre les piles de Rosnarho et dans les sondages de Kerisper. Alors que les blocs de béton effondrés avoisinent les 35 à 40 cm d'épaisseur, le tuileau présent à l'exttémité aval de l'ouvrage n'excède pas les 8 cm. En outre, ses propriétés de compacité et d'étanchéité semblent trop faibles pour un ouvrage de franchissement à vocation hydraulique. Nous formulons donc l'hypothèse suivante : le tuileau observé en 2001 sur l'extrémité aval de la culée de Rosnarho ne correspondrait pas au tablier définitif du pont contrairement aux blocs effondrés découverts dans les parties sur arches. Il pourrait s'agir d'un tablier temporaire de protection coulé dans l'attente de la reprise des travaux de construction de l'aqueduc. Cet aménagement n'aurait eu alors pour vocation que de protéger l'extrémité du pont pendant la vacance des travaux, avant d'être remplacé par un tablier lié au radier d'installation du conduit terrestre, amoindrissant ainsi les faiblesses à la jonction entre les parties terrestres et aériennes de l'adduction. Il serait donc intéressant de pouvoir observer le type de tablier coulé à l'extrémité amont du pont, côté Kerisper, et de retrouver la jonction entre les deux types de tuileau.

1 A titre d'exemple, nous pouvons citer, entre autres, ici les ouvrages d'art de l'aqueduc du Gier à Lyon avec des piles excédant une hauteur de 10 m et dont les dimensions à la base sont dé 2,45 m * 2,45 m ; l'aqueduc de Luynes où les arches d'une ouverture allant de 2,40 m à 3 m sont soutenues par des piles de 2 m * 2,20 m et d'une hauteur maximale de 12 m ; enfin à Cologne, l'aqueduc de Mechernich Vussem dont les piles carrées de 10 m de haut maximum mesurent à la base 2,40 m de côté pour des arcs d'une ouverture de 2,80 m... 2 Cf. la section du présent rapport consacrée aux compléments bibliographiques, p.6-7. 17 De nombreux éléments du tablier du pont ont été observés de part et d'autre de la rivière d'Auray. Malheureusement, dans l'état actuel des connaissances, la seule portion en place connue se trouve à l'extrémité occidentale de la culée aval, à Rosnarho. Le tablier constitue un élément fondamental dans l'élaboration d'une restitution du "Pont de César", car il s'agit du seul vestige susceptible de nous renseigner précisément sur la pente mise en œuvre au sommet de l'ouvrage d'art. Faute de vestige en place du tablier retrouvé sur la rive de Kerisper, notre proposition temporaire de restitution repose sur des conjectures.

3.3 - Essai de restitution de la géométrie des piles terrestres Jfjq.27] :

Le tablier du pont observé à l'extrémité de la culée ouest, côté Rosnarho, est à la cote 11,95 m NGF. La première pile de la file d'arche, directement à l'est du mur bahut, devait atteindre 3,60 m de haut jusqu'au tablier. La dernière pile terrestre, au bord de la micro-falaise de Rosnarho, devait avoisiner une hauteur de 7 m. Sur la partie amont, à Kerisper, seules les deux piles mises au jour dans les sondages SI et S2 sont connues avec certitude. Une autre pile peut être supposée à l'est, suivie de la culée amont du pont. A l'ouest du sondage SI, vers la falaise, la topographie semble indiquer deux autres piles. La dernière pile avant la partie centrale de l'ouvrage devait ici atteindre les 6 m de hauteur. Comme nous l'exprimions déjà dans le rapport de 2001, le franchissement de la falaise par des arches de 2,50 m d'ouverture pose un problème de mise en œuvre auquel nous ne pouvons répondre pour l'instant. Le niveau d'arase actuel de la pile mise au jour dans le sondage S2 est à 10,30 m NGF. Si l'on y ajoute la hauteur de l'arc de 1,25 m et les épaisseurs des cintres et du tablier (environ 0,70 m), il est possible de restituer la surface du tablier à 12,25 m NGF (cote minimale). La dénivelée entre les deux niveaux ainsi obtenus atteint 30 cm pour une longueur de 400 m de pont, soit une pente restituée à 0,70 m/km. Cette valeur est à rapprocher des propositions de pente hypothétiques formulées en 2000 lors de la détermination des différentes options de tracé possibles. Elles s'échelonnaient entre 0,37 m/km dans le cas du tracé le plus long et 0,65 m/km dans le cas du tracé le plus court1. Ces hypothèses doivent cependant être relativisées compte tenu des incertitudes évoquées concernant le tablier observé en 2001 à l'extrémité ouest de la culée aval du pont-aqueduc. Si la théorie d'un tablier provisoire mis en place au bout de la culée occidentale se trouvait à l'avenir validée, la restitution du niveau du pont devrait être revue. En effet, il ne faudrait plus prendre en compte la cote de 11,95 m NGF comme niveau du tablier du pont mais il conviendrait de restituer son niveau prévu au îninimum à 12,22 m NGF : 11,95 (cote actuelle) - 0,08 (épaisseur du tablier sur la culée amont) + 0,35 (épaisseur rrnnimale constatée à Kerisper) = 12,22 m NGF. La pente sur le pont deviendrait alors quasiment nulle, à moins qu'il ne faille restituer le niveau aval à une cote supérieure à celle proposée. Nous le voyons, ces différents éléments, bien que prometteurs, appellent à une poursuite des recherches visant à confirmer, affiner et approfondir nos connaissances sur les portions terrestres du "Pont de César".

1 Cf. rapport de prospection thématique de 2000, p.21.

18 Conclusion

Les résultats de la campagne de 2003 sont encourageants à plus d'un titre. Encore une fois se confirme le caractère incontournable de la mise en parallèle des données documentaires anciennes et des observations de terrain dans la méthodologie d'étude de cet ouvrage d'art. Cette confrontation en constitue l'un des aspects fondamentaux. En outre, si la file d'arches de Rosnarho est dégagée depuis le XIXème siècle, celle de Kerisper ainsi que les niveaux de construction et d'effondrement qui lui sont liés n'ont quant à eux pas été bouleversés. Leur mise au jour dans le cadre limité des sondages réalisés cette année témoigne de leur bon état de conservation. Ce constat nous permet d'envisager une étude architecturale complète des parties terrestres de l'ouvrage d'art, de comprendre son mode de construction et le processus d'effondrement qui a conduit à sa ruine. Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de poursuivre les recherches sur la pointe de Kerisper par une fouille plus vaste offrant une meilleure perception de la stratigraphie et de l'architecture des ouvrages terrestres. L'ensemble de l'emprise des vestiges et des niveaux archéologiques associés devra être appréhendé. Il doit notamment être projeté de localiser et d'étudier l'extrémité amont du "Pont de César". C'est dans la détermination des phasages de construction et d'effondrement des structures que réside l'un des fils directeurs des travaux à venir. En parallèle, l'ouvrage aval de Rosnarho devra faire l'objet de relevés architecturaux et de sondages ponctuels dans le but de répondre aux questions soulevées par les découvertes faites sur la pointe de Kerisper et d'affiner l'analyse comparative des vestiges terrestres du pont-aqueduc. Enfin, les spécificités de l'ouvrage de franchissement de Kerisper-Rosnarho, qui reposent sur le dépassement de contraintes architecturales exceptionnelles et sur l'abandon du projet d'adduction, impliquent de poursuivre les échanges scientifiques entamés avec les archéologues travaillant sur des sites aux problématiques voisines. Ainsi, l'étude de l'alimentation en eau du camp de Nimègue aux Pays-Bas, dirigée par P. Schut, a livré des structures d'adduction non achevées. De même, la réalisation de l'aqueduc maçonné devant répondre aux besoins en eau du camp et de la ville antique de Dorchester en Grande- Bretagne n'a pas été terminée, comme le montrent les travaux en cours de B. Putnam. La problématique des difficultés d'achèvement des projets d'adduction d'eau à l'époque romaine rencontre donc actuellement un écho particulier. La poursuite des recherches sur le "Pont de César", tant sur les parties terrestres que sur les vestiges immergés, constitue un espoir fondé pour alimenter les réflexions en cours sur ce sujet.

19 PLANCHES Figure 1 : Localisation de la presqu'île de Locmariaquer et du "Pont de César" (cartes réalisées par A. Provost).

Figure 3 : Angle de pile visible au sol dans le bois de Kerisper avant l'opération de 2003, vue vers l'ouest (cl. A. Provost, 2000).

Figure 4 : Vue générale, depuis l'ouest, du sondage SI. Figure 5 : Plan du sondage S1, structures et niveaux d'effondrement. 1

Figure 6 : Vue de détail vers le nord de la maçonnerie composant le blocage interne de la pile du sondage S1.

Figure 7 : Sondage stratigraphique réalisé à l'extrémité nord de la branche ouest du sondage SI, vue vers le sud. 0,50 lm

9,21m NGF

8,61m NGF

Légende :

f~~^~| Pierre

0| Brique Paléosol ? §S§3 Fragments de mortier de tuileau

Mortier de chaux

Terre végétale à inclusions de fragments de briques Remblai de comblement de la carrière

Terre, mortier de chaux détritique et inclusions de fragments de briques

I ' I Mortier de chaux détritique

Mortier de tuileau détritique Terre et inclusions de mortier de chaux et de tuileau détritiques

Fragments de briques roulés et mortier de chaux détritique

Terre et inclusions de mortier de chaux

Limon grisâtre dans lequel est installé l'empierrement

Figure 9 : Vue de la coupe sud du sondage srratigraphique réalisé en SI.

<~Figure 8 : Coupes sud et ouest du sondage srratigraphique réalisé en S1. Figure 10 : Aspect du niveau de préparation du tuileau dans le sondage srratigraphique en SI, vue vers le sud.

Figure 11 : Empierrement consti- tuant un sol aménagé à l'aplomb du parement ouest de la pile du sondage SI, vue vers le sud.

S) 1 Figure 12 : Profil ouest-est des sondages SI et S2. Figure 13 : Vue de détail, depuis l'ouest, du bloc de parement effondré dans la branche est du sondage S1.

Figure 14 : Vue générale de la pile du sondage S2, depuis le nord.

Figure 16 : Vue de détail, vers le nord, du parement sud de la pile du sondage S2 au niveau de l'angle sud-est de cette pile.

Figure 17 : Blocs de béton de tuileau effondrés observés dans le sondage S3 et interprétés comme appartenant au tablier du pont, vue vers l'est. Légende :

| Terre végétale ■ | Béton de tuileau

] Terre limoneuse et mortier détritique Aplat de coulage 0,50 lm

Terre sableuse Face lissée I I Pierre Racine

Figure 18 : Plan du sondage S3, niveaux d'effondrement.

Figure 19 : Profil est-ouest du sondage S3. V N

11, 25m NGF

11,09m NGF

Légende :

Terre végétale

0,50 lm r~T~] Terre limoneuse et mortier détritique

| | Terre sableuse

I 1 Béton de tuileau H9 Bloc de béton de tuileau en projection

Niveau du sol actuel

— ■ —Limites de sondage Figure 20 : Vue de détail, vers le nord, de l'épaisseur d'un bloc de béton de tuileau effondré dans le sondage S3.

Figure 21 : Vue de détail, depuis l'est, de fragments de tuileau présentant une surface lissée dans le sondage S3. Limite de sondage slratigraphique

I» -i-1 Blocs de substrat diaclasé

I I I Substrat

Figure 22 : Plan du sondage S4, niveau de remblai et substrat.

Figure 23 : Coupe nord-est du sondage S4, niveau de remblai, paléosol et substrat.

Légende :

Fffffl Béton de tuileau | t »! Blocs de substrat diaclasé

BH Racine | + | Substrat Figure 24 : Aspect du substrat dans le sondage S4, vue vers le nord-ouest.

Figure 26 : Plan général des vestiges de Kerisper.

Figure 27 : Essai de restitution en élévation des parties terrestres du "Pont de César"

14m. 12.25m NGF

Kerisper 5mU

lmu

Rosnnrho 11,95m NGF „13m

10m

6m

1égondc :

pn) Substrat observé en place 10 15 20m d Vestige existant

Vestige hypothétique