Théâtre Paris-Villette du 28 octobre au 7 novembre 1998 Festival Internacional de Teatre Visual ide Titelles de Barcelona Teatre Adria Gual du 11 au 15 novembre 1998 Opéra de Bordeaux, Grand Théâtre du 19 au 22 novembre 1998

Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés MULIAN OU LA DESCENTE AUX ENFERS OPÉRA RITUEL EN GPOQIANG TROUPE DE CHENHE (LUXI) DE L'OUEST DU HUNAN

QIAN XIAODAN,DAME Liu JIN SHUFU, DIRECTEUR DE LA TROUPE YANG JIN,MULIAN LONG WENYU, VICE-DIRECTEUR DE LA YANG DASHUN,YILI, LE SERVITEUR TROUPE LIU FANGQING,GUANYIN EN JEUNE JIN ZHILIN, CONSEILLER ARTISTIQUE FEMME LIU MING CHEN SHENGCHANG,LE MAÎTREDE SCÉNE ET DE CÉRÉMONIE EN CORÉALISATION DuFANGCHANG,ASSISTANTDU DIEU AVEC LE THÉÂTRE PARIS-VILLETTE DESFossésET DES MURAILLES ZHENG MIN,JINNU LA SERVANTE DuYUANCAI,GUANYIN EN DÉESSE DE EN COPRODUCTION AVEC LA MANSUÉTUDE FESTIVAL INTERNACIONAL DE TERTRE LIU PIRONG,DÉMON VISUAL I DE TITELLES DE BARCELONA ZHANG MINQUAN,DÉMON OPÉRA DE BORDEAUX LIU YAOHONG,OFFICIANT YANG WANNENG,DÉMON AVEC LE SOUTIEN XIONG PEIYUAN,DÉMON DU MINISTRE DE LA CULTURE XIFING CIXIAN, SERPENT, TIGRE ET DE LA COMMUNICATION, YANG SHAOHONG,DÉMON CHARGÉDE DÉPARTEMENT DES AFFAIRES LA MALE-MORT INTERNATIONALES SHI LISHA,FANTÔME

AVEC LE CONCOURS DE XIANG JISHAN, TAMBOUR/GU AGNÉS B. YANG WANJUN, HAUTBOIS/SUONA AIR FRANCE YuWEIJII1, CYMBALES/RAOPO BANQUE WORMS CHEN JINGHUI, CYMBALES/RAOPO FONDATION EUROPE-ASIE XIONG PEIYUAN, GRAND GONG/DA LUO FUNDAÇA0 ORIENTE ZHOU JUNFENG, PETIT GONG/XIA° LUO YIN XINGRONG, PERCUSSION LE FESTIVAL D'AUTOMNE ?:1 PARIS (ET ACCESSOIRES) REMERCIE LE MINISTRE DE LA CULTURE DE LA RÉPUBLIQUE YANG MINGFA, COSTUMES POPULAIRE DE CHINE JI ZHONGFU, ACCESSOIRES LE GOUVERNEMENT POPULAIRE MAO GUANGHUI, DÉCORS, ÉCLAIRAGES DE LA PROVINCE DU HUNAN

La troupe de Chenhe est constituée d'acteurs et musiciens amateurs réunis pour donner, depuis le milieu des années quatre-vingt, des représentations dans leur région. Appartenant le plus souvent aux minorités Miao et Tujia, ils sont paysans, fonctionnaires, commerçants ou entrepreneurs. Ils vivent dans les environs de Luxi et de Jishou, région frontalière du Hunan avec les provinces du Sichuan et du Guizhou.

3 Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés MULIAN DESCEND EN ENFER POUR SAUVER SAMÉRE

Spectacle et rite religieux, l'opéra Mulian raconte l'histoire d'un fils descendu aux enfers pour sauver sa mère. Nombre de ses personnages sont des fantômes et desdémons. Le théâtre conserve ici son caractère chamaniqueles acteurs sont aussi des médiums et rendent présents, dans le monde des vivants, les divinités et les morts. Un rituel est nécessaire pour empêcher les esprits ainsi incarnés de venir troubler leshumains. Pour cela, au début de l'opéra, on se saisit des fantômes errants tout autour et qui sont figurés par un man- nequin de paille. On les bat pour les punir, puis on les apaise en leur apportant des offrandes.Au milieu de la représentation, on bénit les fourches que les acteurs jouant les démons lancentcontre ceux qui jouent les âmes mortes, de peur que des fantômes ne s'en servent et provoquent unaccident. À la fin, un guerrier exécute une danse martiale pour chasser les fantômes, puis on brûle le mannequin.

Au-delà de ces rites, indépendants du récit, la pièce a une fonction religieuse. Sareprésentation, qui renvoie à la foi bouddhique, est édifiante. Les mérites ainsi acquis peuvent être portés aubénéfice des morts pour les délivrer de l'enfer. C'est une des raisons pour lesquelles cette pièceétait jouée lors des funérailles ou lors de la fête bouddhique des morts, le quinzième jour du septièmemois lunaire. Résumé DE L'OPÉRA En route pour l'Inde, Mulian rencontre la Le thème est d'origine indienne : Mulian est la transcription chinoise de Maugdalyayana,le disciple déesse Guanyin, qui a pris la forme d'une jeune

Lhistoire faisant intervenir des démons et des fan- femme pour l'éprouver : elle l'invite à passer la du Bouddha Cakyamouni.Ilest écrit dans un soutra que le Bouddha lui a enseigné le rite de nuit avec elle et à la masser. Elle essaie de l'ef- l'Ullambana pour sauver les morts. Cette histoire eut une grande influence en Chine, carelle s'inté- tômes, un rite est célébré pour protéger le public et les acteurs. La pièce proprement dite commence. frayer en faisant apparaître un tigre. Mulian dit grait dans les trois courants de pensée fondamentaux :le confucianisme, puisqu'elle prône la piété préférer la mort au plaisir, à filiale ; le taoïsme, par le rituel qui accompagne la représentation et qui amène paradoxalement Il. Dans une famille bouddhiste, la mère, Dame sacrifier des coqs alors que le texte rappelle qu'il est interdit de tuer des êtres vivants ; et évidemment Liu, avait fait le serment de rester végétarienne et En enfer, Dame Liu doit traverser le passage de faire l'aumône aux bonzes. Mais elle a enfreint le bouddhisme, par sa conception des enfers, de la rétribution et de la réincarnation. Certains font étroit de l'affliction solitaire, enserré par des eaux son vu et jure qu'il n'en est rien. Des osse- démontées. Un serpent la mord. Un rapace lui des rapprochements avec d'autres descentes en enfer, celle d'Orphée ou celle de Dante. Mais ici ments surgissent pour prouver son mensonge. crève les yeux. Sa servante, qui l'a poussée au l'homme n'abandonne pas tout espoir. Les châtiments sont terribles, mais transitoires. LOrient fut plus Elle est conduite en enfer par des démons. mal et qui est morte elle aussi, ne parvient pas à humain : l'enfer n'y est pas éternel. la porter. Deux mendiants à qui la mère avait fait Trois jours après sa mort, son âme vient, en l'aumône l'aident à traverser le passage sur un rêve, visiter son fils.Ellelui raconte les souf- Ce récit fut importé d'Inde en Chine dès le ville siècle, comme en témoignent des manuscrits retrouvés palanquin ; puis ils se retournent contre la ser- frances qu'elle endure en enfer. vante qui les avait empoisonnés avec de l'eau à Dunhuang. Il fut joué dès le xie siècle dans la capitale de la dynastie Song. C'est la première pièce souillée. mentionnée en Chine. Celle-ci fit ensuite toujours partie du répertoire. Mais, jusqu'au xvie siècle, En enfer, elle traverse la terrasse d'où les morts contemplent une dernière fois leur pays. date du plus ancien livret qui nous soit parvenu, on ne conserva de la pièce que des titres.À par- Mulian arrive en enfer avec la lampe de Mais un brouillard noir causé par ses fautes l'em- tir du xville siècle, une adaptation très spectaculaire était représentée à la Cour impériale. Interdite Bouddha et libère les fantômes, mais sa mère est pêche de voir son fils, Mulian, pleurer sa mort. depuis près de cinquante ans par le gouvernement, pour propagation de "superstitions", Mulian est déjà réincarnée en chien. Zhong Kui, le domina- teur des démons, donne l'ordre de rattraper les de nouveau joué dans plusieurs régions de Chine, soit par des acteurs, soit par des marionnettes. Mulian part en Inde demander l'aide de Bouddha pour sauver sa mère de l'enfer. âmes mortes et de les punir. Invitée par le Festival d'Automne à Paris, la troupe de Chenhe, qui a conservé la forme traditionnelle et le style de chant très ancien, donne à cette occasion la première représentation de cette pièce En enfer, la mère subit l'épreuve de la mon- Mulian fait célébrer le rite de l'Ullambana pour en Occident. tagne enduite d'huile. sauver les morts, et délivre ainsi sa mère.

4 5 Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés LE PETIT SOLDAT DU HUNAN ce qu'ily avait comme nouveaux modèles. s'approchaient de l'objet qu'ils arrimaient, s'em- AUTOBIOGRAPHIE (1934) DE SHEN CONGWEN Souvent je m'arrêtais pour regarder coller une pressant ensuite de regagner la rive à la nage feuille d'or, appliquer du blanc ou de la couleur, quelques mètres plus bas. D'autres hommes, Extraits et ce spectacle me retenait un bon moment. restés à terre, les aidaient à sortir de l'eau, après Shen Con gwen, 1902-1988, l'un des grands écrivains chinois du xxe siècle, est né à Fenghuang, dans la Voilà les scènes que j'aimais contempler, et ce quoi iln'y avait plus qu'a tirer sur la corde ou à région ouest du Hunan, à quelques kilomètres du Luxi. faisant je m'instruisais beaucoup. l'enrouler autour d'une grosse pierre ou d'un gros arbre. Et c'était au suivant à prendre le relais ...Tous ceux qui, voyageurs ou commerçants, ont eu l'occasion de remonter sur les traces de Qu Yuan, C'étaient les jours de pluie que je préférais à l'extrémité du pont. J'aimais voir les pêcheurs les eaux toujours transparentes de la Yuan et qui ont choisi d'entrer par voie de terre au Guizhou ou au quand il tombait une pluie fine et que je portais relever les filets au milieu de l'eau bouillonnante, Sichuan, sans passer par l'ancien pays de Yelang, par Yongshun et Longshan, savent forcément qu'il des chaussures de toile, la crainte de mouiller et des cyprins grands comme la main sauter n'est pas de halte plus sûre et plus confortable que Zhen Gan. Là-bas on entend guère parler de bri- chaussures et chaussettes m'offrait un prétexte, dans la nasse. Voilà le genre de scènes dont on gands. Les soldats sont de braves gens, comme la masse du peuple :ils ne molestent personne et ne même aux mois les plus froids de l'année, pour pouvait se régaler en période de crue. A la mai- sont pas fauteurs de troubles. Les paysans sont courageux et respectueux de l'ordre établi: tous tout retirer immédiatement et marcher pieds nus son, la règle était d'enfiler, les jours de pluie, des craignent les dieux et appliquent scrupuleusement les lois. Les commerçants s'en vont d'un coeur léger dans la rue. Mais ce qui me réjouissait surtout, souliers à clous, toutefois je rechignais à mettre dans les villages au fond des montagnes, la palanche chargée de cotonnades et de marchan- dises, pour y faire des échanges avec un profit de dix pour cent. Tout en haut de la hiérarchie, il y a les dieux ; en second lieu viennent les fonctionnaires puis les chefs de village et les sorciers serviteurs des esprits...

En quittant la maison, je rencontrais tout d'abord, assis en permanence devant le magasin où l'on vendait des aiguilles, un vieillard aux énormes lunettes, baissant la tête sur l'aiguille qu'il polissait... Puis c'était l'atelier de parapluies, portes grandes ouvertes, offrantle spectacle de sa dizaine d'apprentis au travail. Venait ensuite le magasin de chaussures où, par temps de chaleur, on voyait le tanneur, un gros homme exhibant un ventre gras et noir (piqué d'une touffe de poils!) tenir une chaussure avec son étau pour y fixer la semelle. Puis la boutique du barbier où l'on apercevait toujours c'était de voir, après de fortes averses, les rues ces chaussures lourdes et encombrantes. S'il ne un client en train de se faire raser, l'air figé, avec à la main un petit plat à barbe en bois. Il y avait encore submergées en de nombreux endroits et les me déplaisait pas de les entendre résonner, à la teinturerie, où de robustes ouvriers Miao, dressés de toute leur hauteur sur une presse en pierre caniveaux dégorgeant des torrents d'eau. Là où minuit, aux pieds d'un passant, quant à les concave et s'appuyant de la main à une barre de bois fixée au mur, se balançaient de droite et de généralement les gens renonçaient à traverser, je porter de jour, cela ne m'a jamais tenté. gauche. Puis on tombait sur trois fabriques de fromages de soja tenues par des Miao : des femmes à m'enfonçais exprès les pieds nus dans l'eau. Si Au quatrième mois de l'année, quand il avait plu la taille mince et aux dents blanches, la tête enveloppée d'un mouchoir bariolé, chantonnaient sans la rivière était en crue, elle charriait habituelle- un peu, les collines et le bord des rizières s'em- arrêt pour distraire les petits enfants Miao ligotés dans leur dos, tout en puisant du lait de soja avec une ment de l'amont, entre autres, des morceaux de plissaient du chant des grillons, et c'était à vous cuillère de cuivre étincelante... bois, du mobilier, des citrouilles. Je me précipi- dilater le coeur. Je rencontrais encore sur ma route une fabrique de farine de soja au toit couvert de claies sur lesquelles tais alors sur le pont qui l'enjambait pour profiter séchaient des pâtes transparentes, et dont me parvenait à distance le bruit sourd de la meule entraînée du spectacle. J'étais sûr d'y trouver des hommes par un mulet. Suivaient plusieurs étalages de bouchers où la viande de porc fraîche qu'on débitait postés à une extrémité, une corde passée autour palpitait encore. Puis c'était un magasin qui fabriquait des objets funéraires et louait des palanquins de de la taille, les yeux fixés sur l'eau en position noces : on y trouvait le génie de l'Ephémère au visage blanc, le roi des Enfers au visage bleu, des d'attente. Dès qu'ils voyaient venir à eux un gros poissons et des dragons, des palanquins, des "garçons d'or" et des "filles de jade". Chaque jour je voyais arbre ou quelque objet qui en valût la peine, ils Traduction du chinois, Isabelle Rabut combien de gens se mariaient ou devaient être enterrés, combien de commandes étaient achevées et se jetaient à l'eau, grimpaient sur le tronc ou Edition 10/18, Domaine étranger.

6 7 Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés MULIAN L'assistant : Comme Dame Liu ne croit pas aux OU LA DESCENTE AUX ENFERS dieux, bat les bonzes et a enfreint son voeu de res- ter végétarienne, le dieu des Fossés et Murailles LIVRET nous ordonne d'aller immédiatement nous empa- Parties chantées en italique, rer des fantômes. Il doit être strictement obéi. Les gardes : Partons. L'assistant : Un instant, Je crains que vous ne Scène I. vous laissiez attendrir ou corrompre. Il nous faut PRIERE AUX DIEUX, d'abord prêter serment en buvant un bol d'al- POUR QU'ILS SE SAISISSENT DES FANTOMES cool. (12assistant verse de l'alcool, les gardes boi- AFIN DE PROTEGER LA REPRESENTATION vent et brisent leur bol pour indiquer la fermeté de leur résolution, puis prennent des papiers de

(Chanté en coulisses): Rions de ceux qui ont charme pour se protéger ; l'assistant jette les une vue si étroite qu'ils ne reconnaissent pas les fourches au bas de la scène ; le dieu revient sur filets du ciel et de la terre ; scène ; les gardes rapportent un mannequin de Regardons esprits et humains monter ensemble paille représentant les fantômes.) sur scène bien et mal deviendront clairs, pensée Les gardes : Seigneur divin, les fantômes ont été et sentiments seront profonds, amenés. Les bons connaissent bonheur et longévité ; les L'assistant et le dieu : Prenez les fourches et mauvais n'échappent pas au malheur. frappez-les de quarante coups. Les gardes : Un coup pour que le vent et la pluie Le dieu des Fossés et Murailles (II entre en soient favorables scène, suivi du juge des enfers, de Tête de Un coup pour que le pays connaisse la paix Buffle, Visage de Cheval et des démons subal- Un coup pour que le peuple reste pur ternes.): Lunivers repose sur le Yin et le Yang Un coup pour que les récoltes soient abondantes. mon seul souhait est que le monde soit sous le L'assistant : Le châtiment a été appliqué. signe du faste. (Il s'assied.) J'entends couler le Le dieu : Enchaînez-les au pied de la scène. Une fleuve de la Voie lactée au milieu du soleil, de la fois que vous y serez parvenus, offrez-leur de la lune et des étoiles. Si bien que l'on dissimule les nourriture. replis de son coeur,ilest difficile de ne pas Les gardes : Nous vous obéirons, votre majesté rendre le mal manifeste. peut se retirer. Moi, dieu des Fossés et Murailles, je viens aujour- (Le dieu sort ; les gardes enchaînent les fantômes.) d'hui en tournée d'inspection. Craignant que des monstres et fantômes ne viennent causer des troubles, j'envoie mon assistant à la tête des Cinq Scène II, Gardes infernaux s'en emparer. Mon assistant LE PARJURE DANS LE JARDIN est-il présent ? L'assistant : Je vous salue, roi du bonheur et de Le serviteur : Comment oserais-je ne pas suivre la vertu. Quelle est ma mission ? strictement les instructions de madame !Donc Le dieu : Je vous ordonne avec les Gardes infer- aujourd'hui, moi Yili, je viens balayer la salle de l'au- naux de vous emparer des fantômes pernicieux. tel dédié aux Trois Fonctionnaires divins. (Il balaie.) Aucune erreur ne sera admise. Je nettoie le sol devant les Trois Fonctionnaires L'assistant : A vos ordres. Vous pouvez vous reti- divins ; je coupe les mèches des lampes devant rer. (Le dieu sort ; l'assistant monte sur la table.) la statue du Bouddha. Gardes infernaux ! Car bien qu'il n'y ait pas de visiteur, je le dois aux Les gardes : Nous vous saluons. Quels sont vos statues divines. ordres ? Quand je pense au temps où notre maître vivait

9 Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés et où madame partageait ses sentiments et sa Les démons : Allons-y ! Mais sans doute en secret a-t-elle mangé de la des pleurs. vertu ! Ilsavaient juré de rester végétariens. L'assistant : Doucement !Il ne faut pas se livrer viande, Vraiment :(chante)

Malheureusement,luiest mort, et madame a à n'importe quelle exaction ; écoutez mes Il est clair qu'elle fut prisonnière de ses désirs, Les cendre de l'encens se répandent comme regretté son voeu, l'a enfreint. Elle s'est mise à man- instructions Je crains qu'elle n'ait commis le mal. neige, ger de la viande, et a commis beaucoup d'actions Il faudra, sans courir n'importe où Le serviteur : Jeune maître, approchez : si Cette nuit semble aussi longue qu'une année mauvaises, que, je le crains, les dieux pourront dif- En franchissant les murs, madame n'a pas enfreint son voeu, d'où viennent Si ma mère pouvait m'éclairer de son sourire ! ficilement lui pardonner. Notre jeune maître n'ose Passer devant plusieurs demeures ces ossements ? Mère, reviens, ne serait-ce qu'une fois pas en parler, mais les voisins ne se gênent pas Se cacher en empruntant les portes de derrière. Dame Liu : (en colère, chante) (On entend sonner une veille ; deux démons relâ- pour jaser. Ah ! comme on dit, les bonnes actions Si Dame Liu dort dans son lit, Mulian a des soupçons et son cur change, chent Dame Liu.) ne transpirent pas de la maison, mais... (Dame Liu Tirez-la par terre Yili profère des calomnies insupportables Dame Liu : (chante) entre discrètement, puis jette un bol.) Si Dame Liu passe par le jardin, à entendre Mon âme en enfer s'est éveillée, Dame Liu: Quelles mauvaises actions ai-je com- Amenez son âme comparaître devant le Roi des Si jamais j'ai enfreint mon voeu, C'est en vain que l'on trompe les hommes. mises qui se répandent au loin ? (Mulian entre ; sa Enfers. Le serviteur : Reconnaissez vos fautes. A quoi bon chercher le plaisir d'un moment mère bat le serviteur.) Dame Liu : (dans les coulisses, chante) Dame Liu : Qui nous fait tomber dans le mal impardonnable ! Mulian : Mère, pourquoi punissez-vous Yili ? Me voici entrée dans le jardin Que je subisse les châtiments de l'enfer J'exhorte les hommes à faire le bien du début à Dame Liu : C'est de lui que tu parles ? (Elle entre et les démons répandent un souffle des Démons Même sur le point de mourir, cette la fin. (chante) enfers.) Ah ! Pourquoi dans ce jardin qui m'est si mauvaise femme n'éprouve aucun remords. C'est aujourd'hui que l'âme d'un mort revisite Dans mon dos, il parle à tort et à travers, familier, est-ce que je me mets soudain à trébu- (Dame Liu tombe ;les démons s'en emparent et son foyer ; j'espère que vous me laisserez voir

Il raconte que ta mère est une parjure, cher. J'y vois des souffles pernicieux des enfers sortent avec elle ; l'âme de Dame Liu entre mon fils.

Il dit qu'en secret je mange de la viande, je tue des j'aurais dû apporter de la monnaie d'offrande ;je Mulian et le serviteur la soutiennent.) Premier démon : Les vivants entrent par la êtres vivants. vais aller dans la partie ouest. (Elle sort.) Mulian :Mère, tu nous a vraiment quittés! Ah ! porte, mais les morts ne peuvent qu'en sortir.

Ce n'est qu'un sale vieux chien. (Les démons se saisissent de Dame Liu ; celle-ci mère ! Deuxième démon :La bonté sous-entend la

Mulian : Qu'as-tu dit ? tombe à terre ; les démons l'entraînent ; Mulian (On emporte Dame Liu pour la mettre dans un pitié ; laissons-la revoir son fils. Suis-moi. entre ; les démons le saluent et se retirent ; Mulian Le serviteur :J'ai seulement dit que les bonnes cercueil; deux démons entrent.) (Les deux démons conduisent Dame Liu ; les actions ne transpirent pas de la maison (Dame Liu relève sa mère.) Démons : Sa servante Jinnu a un cur si per- dieux des Portes entrent.) l'écoute et se met en colère,) Mulian : Mère, réveille-toi. vers qu'elle a poussé sa maîtresse à manger de Premier dieu des Portes : De part et d'autre de Dame Liu : Quelles sont les mauvaises actions qui Dame Liu : (chante) la viande. Sur l'ordre du Roi des Enfers, nous la porte se répandent au loin ? Elever un enfant, c'est épuiser son coeur de mère. venons nous saisir de son âme. Jinnu... Ta maî- Deuxième dieu des Portes : Nous en écartons (chante) Tous deux discutent dans mon dos, Battez ces démons, battez ces démons 1 tresse t'appelle. (Jinnu entre.) monstres et fantômes.

! Qu'ai-je donc fait de mail Mulian : Mère, c'est ton fils Jinnu : Qui est-ce ? (Les démons la battent à Premier dieu des Portes : Nous sommes les Si l'on m'accuse d'avoir songé à enfreindre mon voeu, Dame Liu : Qui ça ? Tu es Mulian ? mort et l'emportent.) gardiens de cette demeure. J'irai dans le jardin prêter serment devant le ciel, Mulian : C'est bien moi. Deuxième dieu des Portes : Le fils dévoué à sa (Elle enlève son vêtement et sort, suivie de Mulian Dame Liu Ah ! mère s'est endormi ; veillons bien sur lui. et du serviteur. Lassistant du dieu des Fossés et Mulian : Reviens avec moi à la maison. Scène III. (Les deux démons et Dame Liu entrent.) Murailles entre.) (Deux démons tirent le serviteur pour qu'il entre.) LE RETOUR DE LAME Dame Liu : Je vous salue, dieux des Portes. L'assistant : A peine les intentions surgissent-elles Dame Liu :Yili, que viens-tu faire ici ? Dieux des Portes : D'où viens-tu, fantôme sau- dans le coeur des hommes que les esprits les Le serviteur : Je viens à votre rencontre. Mulian : (chante) vage, et que fais-tu ici ?

connaissent Dame Liu: Que me racontes-tu là ! Il est clair que Je pleure la mort de ma mère. Dame Liu : Je ne suis pas un fantôme sauvage ; Et il est encore plus difficile de tromper le ciel tu viens m'accuser, Suis-moi. En vain, je fais face à la lune, c'est ici mon foyer ; voici le moment où l'âme d'un La rétribution du bien et du mal est immanquable (Ils sortent ; des pétards éclatent ; d'un massif de Quand elle brille, mon ombre me suit, mort revient visiter sa famille, j'espère que vous me Mais elle se produit plus ou moins tard. soleils surgissent des os. Des démons entrent et Quand elle se couche, je suis seul, sans mon laisserez voir mon fils. II J'ai reçu l'ordre du Roi des Enfers d'aller dans le s'approchent de Dame Liu.) ombre. (récite) Dieux des Portes :Il est dit que seuls les vivants jardin chez Dame Liu m'emparer de son âme. Mulian : (chante) Des flammes se dressent, Dans la nuit souffle un vent du nord peuvent entrer ; les morts n'en ont pas le droit et Démons, êtes-vous prêts ? Voici une fosse remplie d'ossements. Et fait tomber les fleurs. ne peuvent que sortir, Les démons : Nous sommes à vos ordres. Qui a tué ces êtres vivants ? Ma mère n'est plus et pourtant j'avais besoin Dame Liu : Dieux des Portes, pleins de majesté, L'assistant : Le Roi des Enfers nous ordonne de Pourquoi avoir massacré ces volailles ? d'elle. on dit aussi que chaque année vous êtes rempla- saisir l'âme de Dame Liu. J'espérais que son voeu lui vaudrait un bon karma, Devant sa tablette funéraire, en vain je répands cés ; alors montrez-vous un peu compatissants.

10 ii Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés Dieux des Portes : La compassion est réservée Et je ne peux me réincarner. (Cri du coq.) quoi que ce soit. (Le démon la bat ; elle descend de la terrasse.) aux humains ; au monde des morts, il n'y a pas de Démons :Il va faire jour,il faut vite partir. (Les Dame Liu : J'ai eu beau commettre des fautes, Démon : (chante) sentiments personnels. Cesse ton bavardage. démons lui lancent leurs fourches, Dame Liu les mon mari et mon fils ont fait le bien ; je pourrai Mais cette souffrance est inévitable. (Dame Liu recule.) attrape et ils sortent ; cri du coq.) sûrement apercevoir mon foyer. Dame Liu : (chante) Démons : Pourquoi reviens-tu ? Mulian : Mère, où es-tu ? (chante) Démon : C'est bon ; par considération pour ton Je regrette d'être montée sur cette terrasse.

Dame Liu : Les dieux des Portes me refusent J'ai vu en rêve ma mère en pleurs mari et ton fils, nous allons t'y mener. l'entrée ; que puis-je faire ? Chacun de ses mots me faisait mal Dame Liu: (chante) Démons : Nous verrons ça... Dieux des Portes ! D'où ma mère est-elle venue jusqu'ici ? Où s'en Tous les morts pensent à leur pays Scène V. C'est aujourd'hui le jour où l'âme de Dame Liu est-elle allée ? Il est pourtant clair que je l'ai vue. Et veulent le revoir LE DEPART POUR LINDE doit revisiter son foyer ; pourquoi l'empêchez- (chante) Enserrée par l'angoisse, vous de voir son fils ? Il faut la douleur de la séparation Je m'élève dans les airs Mulian : (chante)

Dieux des Portes : Le monde des vivants doit Pour comprendre la souffrance de ne plus se voir Et monte à cette terrasse, Emportant les cendres de ma mère et les soutras

être séparé de celui des morts. Comment pour- Et il ne me reste qu'a peindre son portrait, (Il sort ; (Un prêtre entre, accomplit des rites ; ilest Je pars pour l'Inde. rait-on laisser quelqu'un qui a quitté le monde la déesse de la mansuétude, Guanyin, entre.) accompagné par Mulian qui tient la tablette funé- Le cri des cigales souligne ma solitude, des vivants y revenir ! GuanyinMulian, ne te lamente pas, je suis la raire de sa mère.) J'avance péniblement Démons : Nous avons reçu mission du Roi des déesse de la mansuétude et je viens t'éclairer. Le prêtre : (chante) En proie à la peur et à la fatigue. Enfers. Emporte les cendres de ta mère et tes soutras, et Morts devenus rigides, Par compassion pour le sort de ma mère, je Dieux des Portes : Nous avons reçu mission de va en Inde demander l'aide du Bouddha pour Vous ne goûterez plus au monde humain. pars supplier le Bouddha. l'Empereur du ciel. sauver ta mère. Mais trois jours plus tard, (chante) Démons : Ne nous resterait-il qu'a enfoncer la Vous revenez sur terre en rêve ; Par compassion pour ma mère porte ! Vous voyez vos enfants éplorés. Comment oserais-je reculer Dieux des Portes : Vous êtes bien téméraires ! Scène IV. Les enfers ne vous relâcheront pas. Si ardue que soit la route ? (Ils se battent, les dieux des Portes sortent.) LA TERRASSE D'OÙ LON REVOIT SON PAYS Vous qui souffrez, que le Garçon d'Or et la Fille J'avance à pas mesurés. Premier démon : Puisque ces dieux des Portes de Jade Le vent et la pluie retardent ma marche,' ne consentent pas à ouvrir, provoquons un Dame Liu : (chante) Vous conduisent au paradis. Mais quand je trébuche, personne ne me soutient. souffle infernal qui emportera l'âme de cette Que la route est froide surie chemin des Sources Démon : Que vois-tu ? Si cette tempête pouvait s'arrêter Dame Liu à l'intérieur. Jaunes, Dame Liu : Je ne vois rien. Et le ciel me protéger Deuxième démon :D'accord. Ciel et monde humain restent perdus dans la Démon : Ton fils a fait appel à un prêtre pour Démons : Un vent s'élève de la terre et emporte brume, recommander ton âme et il pleure devant ton l'âme, (Ils sortent.) Je ne cesse de me retourner pour voir mon fils. cercueil. Scène VI. Dame Liu : (chante) Mon fils, Où est-il ?Je ne parviens pas à l'apercevoir Dame Liu : Mon fils! (chante) LE PASSAGE DE LA MONTAGNE GLISSANTE Comment te raconter tout ce que j'ai enduré Voici une terrasse devant nous. Quel est ce lieu ? Mon fils en vain garde mon cercueil. Depuis que nous sommes séparés ! Démon : C'est la terrasse d'où les morts pour la (Souffle noir.) (Les démons entraînent Dame Liu.) Pour avoir offensé les dieux dernière fois aperçoivent leur pays. Démon : Un femme mauvaise peut-elle voir son Dame Liu : (chante) Je me retrouve dans les enfers, Dame Liu : Pourquoi y a-t-il une telle terrasse aux foyer ! Nombreux sont mes remords, Oh ! combien je regrette ! enfers ? Dame Liu: Un souffle noir descendu du ciel Je regrette le mal que j'ai fait. Je regrette d'avoir menti Démon : Penser à son pays, à sa famille, à tout m'en bouche la vue Le mal commis dans le monde des vivants Je regrette d'avoir brûlé les soutras ce qui a constitué une vie, est un sentiment com- Démon : Ce souffle noir ne vient pas du ciel, Nous vaut cette traversée des enfers, Je regrette d'avoir donné du chien à manger aux mun aux vivants et aux morts. Le ciel a fait mas de la méchanceté de ton coeur. Démon : Cesse de te plaindre ; tu n'as que ce bonzes construire cette terrasse pour permettre aux Dame Liu : Que dis-tu là ? que tu mérites. Avance plus viteaprès avoir tra- Je regrette d'avoir incendié leur réfectoire morts de revoir une dernière fois leur foyer, de Démon :Vivante, tu as nourri un coeur de noir- versé les cinq passes, il te faut encore être jugée Je regrette d'avoir insulté le Bouddha voir leurs enfants éplorés et les bonzes recom- ceur, tu as trompé le ciel et la terre ; ta noirceur par dix-huit tribunaux. Je regrette d'avoir parjuré mander leur âme. provoque cette poussière et t'empêche de voir. Dame Liu : Où sommes-nous ? J'endure aux enfers les supplices Dame Liu : Puisqu'il en est ainsi, conduisez-moi Dame Liu : (chante) Démon : A la montagne glissante enduite d'huile. Que m'infligent les démons ; sur cette terrasse. Tout vient du mal que j'ai fait, Dame Liu : Je dois la franchir ? C'est là mon châtiment. Démon : Elle a été construite pour les morts ver- Le ciel provoque ce malheur, Démon : Tu as fait trop de mal pour y échapper. La souffrance m'arrache des larmes tueux ;les mauvais peuvent difficilement y voir Mes entrailles sont déchirées de souffrance. Dame Liu : Pardonnez-moi.

12 13 Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés Démon : Même si je te pardonnais, le ciel ne te faire ? Guanyin : Ici. (Elle s'apprête à rentrer dans la vous-même ? pardonnerait pas. Guanyin : Pourquoi ne pas vous reposer un chaumière ; puis elle revient, le tigre sort, Mulian Guanyin : Je n'ai pas assez de force dans les Dame Liu : (chante) moment dans cette chaumière ? s'est évanoui.) mains ; cela ne sert à rien. Cette montagne me glace le coeur Mulian : C'est que... Guanyin : (chante) Mulian : J'en suis moi aussi incapable. En voulant la gravir, je ne fais que reculer Guanyin : Pourquoi hésiter ? Pourquoi ne pas entrer ? Guanyin : Vous avez assez de force, mais vous Comment pourrais-je franchir ces escarpements ! Mulian : Je ne peux qu'accepter votre invitation. Je Les plaisirs de l'amour n'y consentez pas. Vous êtes un bon végétarien, A pas rapides ou à pas lents, je ne peux avancer vous salue respectueusement et vous remercie. Valent mieux que la gueule d'un tigre, vous récitez des soutras, vous prétendez croire Démon :Elle n'arrive pas à avancer, tire-la. Guanyin : Entrez vous asseoir. Mulian : Je jure préférer la mort au plaisir. au Bouddha, mais vous ne savez pas que la Tu la tires par devant, Mulian : Merci. Guanyin : (chante) compassion est la vertu fondamentale et que Je la pousse par derrière Guanyin : Où habitez-vous ? Comment vous Ecoutez-moi et passez la nuit avec moi,' sauver une vie vaut mieux que de construire une Et par derrière j'y vais de ma fourche. appelez-vous ? D'où venez-vous et où allez-vous ? Si vous ne m'écoutez pas, vous perdrez la vie. pagode à sept étages. Cette mauvaise femme Mulian: Je m'appelle Mulian ; j'habite le village Le tigre s'en est allé, Mulian : Rester indifférent ne serait pas humain. Qu'elle saigne, peu importe de VVangshe. Ma mère pendant sa vie a blas- Mulian Amida Bouddha ! Si le tigre ne m'a pas Je la vois souffrir tellement que sa vie est en dan- Ses habits se déchirent et sa peau se fend. phémé ; à sa mort, elle est allée en enfer. Selon attaqué, c'est que le ciel m'a protégé ; je dois en ger. Comment pourrais-je la laisser mourir. Si je les indications de Guanyin, je me rends en Inde remercier le ciel. (chante) vous massais à travers un tissu, est-ce que ça demander au Bouddha de la sauver. Le ciel a des yeux, irait ? Scène VII. Guanyin : Vous êtes donc un fils dévoué ;lais- Les dieux sont si puissants Guanyin : A travers un tissu, cela ne marchera LEPREUVE DANS LA FORET DE PINS sez-moi m'incliner par respect devant vous. Qu'un tigre devient soumis comme une biche, pas ;il faut que vos mains soient en contact avec Mulian Je vous salue à mon tour. (Elle flirte avec Guanyin :J'ai de l'alcool; buvez un peu pour ma peau. Guanyin : (chante) lui.) On dit qu'un homme seul et une femme vous remettre de votre émotion. Mulian : C'est difficile. J'ai dans mes affaires du Je vole jusqu'à cette forêt de pins, seule doivent respecter des distances pour éviter Mulian : (chante) Je ne bois jamais d'alcool, papier. A travers du papier, est-ce que ça ira ? Jusqu'à ce sentier au milieu des escarpements, tout soupçon. Il vaut mieux que je reste dehors. Guanyin : J'ai des pains cuits à la vapeur et four- Guanyin : C'est bon ; apportez-le vite. Habitat des tigres et panthères (Il s'apprête à sortir.) rés de viande pour apaiser votre faim. (Tandis que Mulian va chercher du papier, Et déserté par les humains. Guanyin : (chante) Sa naïveté me fait sourire. Mulian : (chante) Je mange encore moins de Guanyin reprend sa forme originelle.) Le fils dévoué à sa mère approche. Mulian : Amida Bouddha. viande. Mulian : Amida Bouddha ! (chante) Moi, déesse Guanyin, alors que Mulian se rend Guanyin (chante)// n'a que Bouddha à la bouche. Guanyin : Vous ne pouvez rester jusqu'à l'aube Brille une lumière divine, en Inde pour sauver sa mère, je viens en cette Où réside votre Bouddha ? sans boire ni manger. Les bêtes féroces s'éloignent, forêt peuplée de tigres et panthères. Je me trans- Mulian :Il vit en Inde. Mulian : D'autres hommes ont pu le faire. Ah ! Chaumière et femme ont disparu, forme en jeune femme et crée cette chaumière Guanyin : (chante) cessez de jouer à l'amoureuse qui veut attirer un Sur le papier apparaît la forme de Guanyin. pour éprouver la sincérité et la résolution de Qu'il réside en Inde, amant. L'obscurité se dissipe, Mulian. Vous n'en avez aucune preuve. Guanyin : (en aparté) Quel bon garçon ferme et A l'est le soleil se lève, Mon regard a pitié de ce fils dévoué La nuit est profonde, n'ayez crainte. résolu. Mais je dois encore prétendre être Le but de mon voyage est en vue, Le ciel n'abandonne pas ceux qui souffrent, Pourquoi ne pas partager le même lit malade pour lui imposer une dernière épreuve. Guanyin (sous l'apparence d'une jeune femme) : Et profiter du plaisir Ah ya I... Je vois Mulian qui approche. Une nuit d'amour c'est cent nuits de sentiment, Mulian : Que vous arrive-t-il ? Scène VIII. (Mulian entre.) Cessez de faire celui qui ne comprend pas. Guanyin : J'ai mal dans le ventre. LE PASSAGE ETROIT Mulian : Le soir tombe, où me reposer ? Mulian (il s'apprête à sortir): Arrêtez ! Je vois Mulian : Avez-vous déjà souffert de cette DE LAFFLICTION SOLITAIRE J'aperçois une chaumière. Y a-t-il quelqu'un ? qu'un désir impur a surgi dans votre coeur ; mais maladie ? Guanyin Ilest évident que c'est Mulian, mais je jure au ciel de ne pas céder à la tentation; je Guanyin J'ai souvent eu de telles crises. Dame Liu(chante) faisons semblant de ne pas le savoir et interro- jure que plutôt que de céder à vos mauvaises Mulian : Vous devez donc savoir quel remède il Ma solitude et mon désarroi, geons-le. Vous êtes un voyageur ? pensées, puisque vous prétendez qu'il y a des vous faut. A qui les confier ! Mulian : Permettez-moi de vous demander s'il y tigres, que les tigres m'emportent. Guanyin : Bien sûr, mais mon mari n'est pas à la Mes remords sont infinis a une habitation dans les environs, Guanyin : Ce n'est pas ce que je prétends ;il y a maison. Et je ne peux que pleurer Guanyin A trente lieues à la ronde, il n'y a pas vraiment des tigres puisqu'il jure préférer les Mulian : Si votre mari était ici, que ferait-il ? Où sommes-nous arrivés ? d'habitation. Ne vivent ici que les tigres et les 'tigres, je vais en faire apparaîtreun pour l'éprou- Guanyin : Mon mari me masse le ventre, et ma Premier démon :C'est le passage étroit de panthères. ver ! Un tigre est à côté de vous. douleur s'arrête. l'affliction solitaire. Mulian : Je ne peux ni avancer, ni reculer ; que Mulian : Où ça ? Mulian : Pourquoi ne vous massez-vous pas Deuxième démon : Une fois franchie la porte

14 15 Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés ilfaut encore passer par cet des fantômes, emmenée par la porte des fantômes en enfer. Premier fantôme : Pour être terrifiant, c'est lui arrachent ses habits.) endroit extrêmement étroit.Arrivésici,les Où sommes-nous ? terrifiant. Deuxième fantôme : Enlève tout. démons ne sont plus tenus de suivre les per- Démon : Au passage étroit de la solitude. Deuxième fantôme : C'est une solitude pire Jinnu : C'est bon, je me déshabille. sonnes mauvaises. Avance. Souffle un vent gla- Jinnu : Qu'est-ce que c'est ? que la solitude. Premier fantôme: Je vais t'arracher aussi la cial et violent. Tu ne peux plus reculer ; la porte Démon : (chante) Premier fantôme : Regarde ;il y a ici deux peau. (Elle se déshabille.) des fantômes est derrière toi fermée. Tu regrettes Sur terre, qui ne hait pas la solitude ! femmes ; approchons. Deuxième fantôme Si on les essayait pour voir. aujourd'hui d'être abandonnée ; tu aurais dû La nature du mal est d'ignorer le bien et /e mal. Deuxième fantôme : Allons-y. Premier fantôme : C'est joli des vêtements regretter plus tôt ton désir du plaisir. (Il va monter Si tu veux savoir ce qu'il en coûte Dame Liu : Subir un tel châtiment ! brodés. (Ils sortent.) en bateau.) Avance de quelques pas et tu le sauras. Jinnu : Je ne parviens pas à vous porter. Jinnu : Maîtresse I Dame Liu : Vous voulez m'abandonner I (Il veut monter en bateau.) Premier fantôme :N'est-ce pas Dame Liu qui Voix dans les coulissesElle a déjà traversé. Démon : Oui, nous te laissons tomber. (Ils mon- Jinnu (le tire)Si tu montes en bateau, prends- nous a fait l'aumône ? Jinnu : Pourquoi cette porte est-elle fermée ? tent en bateau.) moi avec toi. Jinnu : Si. Quand s'ouvre-t-elle ? Dame Liu : (chante) Démon :Lâche-moi. (Les démons montent en Dame Liu : Trouvez un moyen pour nous sauver. Voix dans les coulisses: Seulement une fois

Je vois ce passage étroit de l'affliction solitaire bateau et sortent.) : Premier fantôme Rassurez-vous ; ily a tous les quinze jours. (Des démons entrent, frap- Enserrépar des eaux démontées, Jinnu: Je suis abandonnée. Que faire ? Voici quelques jours, une femme riche est passée par pent Jinnu et la poussent dehors.) Je ne pourrai parvenir à traverser; une femme qui gît par terre ; approchons-nous. ici et a obtenu un palanquin pour traverser ; nous Des vagues gigantesques forment une étendue Oh c'est ma maîtresse. Maîtresse, réveillez-vous. allons l'emprunter.

deblanc Apportez le palanquin pour Dame Liu ! Les per- Itki4-7'14 Etrésonnentcomme le tonnerre, sonnes bonnes peuvent passer sans encombre. Scène IX. Le vent en colère renverserait des montagnes, (Dame Liu, en habits de cérémonie, monte dans MULIAN A LA RECHERCHE DE SA MERE Les vagues s'élèvent à mille pieds. le palanquin ; les deux fantômes la portent, sor- AU HUITIEME TRIBUNAL J'en suis trop terrifiée pour pouvoir avancer tent et reviennent seuls.)

Et je reste sans force. Jinnu : Moi aussi est-ce que je passe en Démon : (chante) (Un rapace, puis un serpent entrent.) palanquin ? Les profondeurs de l'enfer par un fil Le serpent : (chante) Premier fantôme : Celle-ci aussi veut passer en Sont réunies au ciel. Serpent ou dragon à votre guise, palanquin, qu'en penses-tu ? Lesdémonspeuvent s'amender Je sais distinguer le bien du mal ; Deuxième fantôme : Attends que je l'interroge. Et racheter leurs fautes. Les bons,je les fais passer, C'est toi qui nous a apporté la soupe aux nids J'ai reçu l'ordre d'emmener Dame Liu au neu- Les méchants, je leur mords le coeur d'hirondelles que ta maîtresse nous faisait vième tribunal des enfers et ensuite elle sera Le rapace : (chante) envoyer ? réincarnée. Que j'étende mes ailes et je parcours mille lieues Jinnu : C'est moi. Dame Liu : Je vous en suis très reconnaissante. Je maîtrise le vent et le tonnerre. Premier fantôme : Si tu nous avais donné cette (chante) Jen'attaquepas lesbons soupe, nous en aurions eu grande reconnais- Je vais avoir la chance de sortir des enfers Mais je crève les yeux des méchants. Dame Liu : Qui es-tu ? sance. Si c'était vrai, nous ne serions pas morts Dans ma nouvelle vie, je saurai me réformer (Elle Dame Liu : Je suis aveugle et sans force. Que Jinnu : C'est moi, Jinnu. au bout de trois jours, et nous t'attendions juste- sort.) faire ? Dame Liu : Jinnu, que je souffre. ment pour te régler ton compte. Fantôme : Cette femme s'en va et, nous, quand (Deux démons amènent la servante Jinnu.) Jinnu : C'est de ma faute si vous en êtes arrivée là. Deuxième fantôme : C'est toi qui as mangé la pourrons-nous voir la lumière du ciel ? Jinnu :(chante) Dame Liu : Je suis devenue aveugle et mutilée. soupe aux nids d'hirondelles et tu nous a donné Démon :Il faudrait que la lumière du Bouddha Je regrette de ne pas avoir cru aux dieux, Jinnu : Je vais vous prendre sur mon dos pour à la place de l'eau sale qui nous a empoisonnés, vous éclaire pour que vous puissiez voir le ciel. D'avoir poussé ma maîtresse à manger de la avancer. (Elle porte Dame Liu sur son dos.) etnous sommes morts trois jours après. (Mulian entre en tenant la lampe du Bouddha et viande. (chante) Maintenant nous allons nous venger. sa crosse.) Qui aurait pu savoir Je n'arrive pas à porter ma maîtresse, Jinnu : Pardonnez-moi et apportez vitele Mulian : (chante) Pour sauver ma mère Que de tout ce que nous faisons sur terre Mesjambessont trop faibles, palanquin. J'ai traversémontagneset torrents, Rapport en est fait au ciel (toutes deux chantent) Premier fantôme : Nous allons d'abord te briser Bouddha, touché par ma sincérité, Et voilà pourquoi à présent je subis ces supplices. La souffrance nous arrache des larmes, tes jambes de chienne. (Ils la battent.) M'a confié le moyen de la sauver Pour avoir poussé ma maîtresse à manger de la Penser au passé cause des remords infinis, Deuxième fantôme : Enlève tes habits. Que sa lumière éclaire les enfers. viande, quand celle-ci est morte, moi aussi je fus (Elles s'assoient par terre ; entrent deux fantômes.) Premier fantôme : Dépêche-toi. (Ils la battent et De sa crosse, j'ouvre les portes des enfers.

16 17 Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés Amida Bouddha. (Il sort.) sortent ; le serviteur entre.) Fantômes : Grâce à la lumière du Bouddha, par- Le serviteur : Aujourd'hui, mon jeune maître va tons vite. (Ils sortent.) faire célébrer le rite pour le salut de sa mère. Je Démon : C'est terrible, ce bonze a pénétré dans dois préparer l'autel.(Il apporte les objets cul- la cité de la nuit, il en a ouvert les portes avec sa tuels.) Jeune maître. (Mulian entre.) crosse et toutes les âmes mortes se sont enfuies, Mulian : Les invités sont-ils arrivés ? Je dois en faire rapport à Zhong Kui, le domina- Le serviteur : Je les ai invités ; ils ne manqueront teur des démons, pas de venir. (Zhong Kui entre.) Voix en coulisse :Les invités sont arrivés. Démon : Je dois vous informer que les âmes des Mulian : Faites-les entrer. (Ils entrent.) morts se sont enfuies, Pardonnez mon manque Invités : Nous vous saluons, révérend. de vigilance. MulianExcusez-moi de vous avoir convoqués Zhong Kui : Démons, rattrapez-moi vite les âmes et je vous suis reconnaissant de participer au rite qui sont parties, pour le salut de ma mère. (chante) Le ciel est puissant, Invités : Quand il s'agit de libérer une âme, c'est La terre est puissante notre devoir de venir. Grâce aux pouvoirs de Lao zi, Mulian : Préparez les offrandes et l'encens. Les âmes des coupables Invités : (chantent) Seront toutes reprises. La miséricorde du Bouddha est infinie ; (Les fantômes sont repris, les démons lancent Il envoie un rayon de lumière contre eux des fourches ; puis après cette punition, Pour conduire les âmes en son paradis. les fantômes s'agenouillent devant Zhong Kui.) Que son enseignement se répande Zhong Kui :Faites-les rentrer dans la cité de la Et qu'il nous conduise au salut, nuit. (Tous sortent.) (Dame Liu entre par deux fois, une première fois avec une tête de chien, la seconde fois sous forme humaine.) Scène X. Mulian : Mère ! LA REUNION FINALE Dame Liu : Mon fils ! Ensemble : De nous revoir, la joie nous arrache Mulian : (chante) des larmes.

Après bien des épreuves pour sauver ma mère, Voix en coulisse : Instruction du Bouddha ! Je reviens au pays au bout de seize ans. (Linstruction est lue à haute voix.) Arrivé au dernier tribunal des enfers, Nombreuses sont les voies humaines, J'ai appris que ma mère a été réincarnée en chien. Mais une seule accède à la vérité. Grâce à Guanyin, j'ai su que ma mère est reve- Semez des graines et vous obtiendrez des plantes, nue sur terre sous forme d'un chien et que je Semez le bien et vous en obtiendrez les fruits devais aller au pied d'une falaise au gué de la Efforcez-vous de cultiver la vertu rivière Pure. M'y voici, attendons. Et vous connaîtrez la joie d'être tous réunis. (chante) J'espère bientôt retrouver ma mère. Traduction/adaptation du chinois, Jacques Pimpaneau. J'entends soudain un chien crier (Le chien entre.) Il agite la tête et la queue,' il fait pitié. Chien, si tu es ma mère, écoute-moi Tire mon habit en aboyant trois fois. (Le chien Photos : Marc Enguérand. aboie.) Imprimerie-Jarach La Ruche. Et incline la tête trois fois. Festival d'Automne à Paris, 156 rue de Rivoli 75001 Paris Téléphone 01 53 45 17 00- Télécopie 01 53 45 17 01 Oh !mère, reviens avec moi à la maison. (Ils http://www.festival-automne.com

±8 Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés Abidjan, Abou Dhabi, Agadir, , Amman, Amsterdam, Antananarivo, Antigua, Athènes, Atlanta, Avignon, Bamako, Bangkok, Bangui, Barcelone, , Beijing, Belgrade, Berlin, Beyrouth, Béziers, Biarritz, Billuncl, Birmingham, Bogota, Bologne, Bordeaux, Boston, Brazzaville, Brest, Bruxelles, Bucarest, Budapest, Buenos Aires, Caen, Calvi, Caracas, , Cayenne, Chambéry, Chicago, Clermont-Ferrand, Cologne, Conakry, Copenhague, Cotonou, Dakar, Damas, Delhi, Djakarta, Djedda, Djibouti, Dortmund, Douala, Doubai, Dresde, Dublin, Dusseldorf, Eclimbourg, Florence, Fort-de-France, Francfort, Genève, Glasgow, Goeteborg, Grenoble, Hambourg, Hanoi, Hanovre, Harare, Helsinki, Ho Chi Minh-Ville, Hong Kong, Houston, Istanbul, Johannesburg, Kiev, Kinshasa, Lagos, La Havane, Le Caire, Le Cap, , Libreville, , Limoges, Lisbonne, Lomé, Londres, Lorient, Los Angeles, Luanda, Lourdes, , Madrid, Malaga, Manchester, Manille, Maputo, Marrakech, , Maurice, Mexico, Miami, Milan, Montevideo, , Montréal, Moscou, Mulhouse, Mumbai, Munich, Munster, Nagoya, Nairobi, , Naples, N'Djamena, Newcastle, New York, Niamey, , Nîmes, Nouakchott, Nouméa, Nuremberg, Orlando, Osaka, Oslo, Ottawa, Ouagadougou, Oujda, Papeete, Paris, Pau, Pointe-à-Pitre, Pointe Noire, Port-au-Prince, Port Harcourt, Porto, Prague, Quimper, Rabat, Rennes, Réunion, Riad, Rio de Janeiro, Rome, Saint- Domingue, Saint-Etienne, Saint Martin, Saint-Pétersbourg, San Francisco, Santiago du Chili, Sao Paulo, Séoul, Seychelles, Sfax, Singapour, Sofia, Southampton, Split, Stockholm, Strasbourg, Stuttgart, Tel Aviv, Tokyo, Toronto, , , Turin, Varsovie, Venise, Vienne, Washington, Yaoundé, Zagreb, Zurich...

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