Hydro-Québec
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Revue de presse sur l’évolution de la gouvernance d’Hydro-Québec Recherche par mots clés : « Hydro-Québec » ET « gouvernance » et « Hydro-Québec » ET « conseil d’administration » de 1998-2010. 2010 Le Devoir Actualités, mardi, 25 mai 2010, p. A1 Colère au sein des sociétés d'État - Les dirigeants s'insurgent contre des compressions «arbitraires et contre-productives» Robert Dutrisac Québec -- Administrateurs et dirigeants des sociétés d'État et des organismes publics s'insurgent contre les coupes arbitraires et contre-productives imposées par le gouvernement qui fait fi de l'autonomie que leur garantit pourtant la Loi sur la gouvernance. Le projet de loi 100, déposé la semaine dernière par le ministre des Finances, Raymond Bachand, a confirmé les appréhensions que nourrissaient les dirigeants des sociétés d'État depuis la présentation du budget. Dans ce projet de loi qui met en oeuvre les mesures contenues dans le budget, notamment celles qui visent le retour à l'équilibre budgétaire en 2013-2014, le gouvernement soumet l'ensemble de l'appareil d'État -- fonction publique, réseaux de l'éducation et de la santé, sociétés d'État et organismes publics -- à une réduction d'au moins 10 % des «dépenses de fonctionnement de nature administrative» d'ici 2013. Jusque-là, tout va bien; c'est la prérogative du gouvernement de fixer un objectif général de cette nature, concède-t-on. Or le projet de loi va plus loin en ordonnant à l'administration publique, aux sociétés d'État et aux organismes gouvernementaux de faire dès cette année des compressions bien précises, soit une réduction de 25 % de leurs dépenses de publicité, de formation et de déplacement. C'est là l'aberration. Le gouvernement s'abaisse ainsi à faire du micromanagement, déplore-t-on. «Quand les situations sont difficiles, les gouvernements sont souvent tentés de penser à des solutions miracles et surtout à se mettre à faire du micromanagement. C'est une tentation universelle», a fait observer Jean-Marie Toulouse, professeur de gestion à HEC Montréal, mais aussi administrateur indépendant à la Société des alcools du Québec (SAQ). «Le micromanagement, pour un gouvernement, c'est toujours un mauvais choix, qu'il s'agisse d'universités, d'écoles, d'hôpitaux ou de sociétés d'État.» «Ça vient en contradiction avec l'esprit sinon la lettre de la Loi sur lagouvernance», a signalé, sous le couvert de l'anonymat, le président d'une société d'État. «Que le gouvernement fixe l'objectif et qu'il nous laisse le choix des moyens.» Adoptée en 2006, la Loi sur la gouvernance renforçait l'autonomie et la responsabilisation des conseils d'administration des sociétés d'État tout en resserrant leur reddition de comptes. «Qu'ils nous donnent un objectif, on va le gérer», a fait valoir un dirigeant d'une autre société d'État. «Ils ne doivent pas nous dire où est-ce qu'on enlève nos 10 cents et nos 5 cents. Qu'ils ne se mêlent pas de nos bobettes.» D'ici au 30 septembre, tous les organismes publics et les sociétés d'État devront présenter au gouvernement leur politique de réduction de dépenses. Pour Hydro-Québec, Investissement Québec, la Société d'assurance automobile du Québec, la SAQ, la Société des loteries du Québec(Loto-Québec) et la Société générale de financement, la politique pourra tenir compte de leurs «caractéristiques» respectives, peut-on lire dans le projet de loi 100. Ce n'est pas le cas pour les autres sociétés d'État: leur marge de manoeuvre sera plus étroite. Ces «mesures tout-terrain» ou «paramétriques» ne correspondent pas à la réalité de l'administration des sociétés d'État, juge-t-on. La Société de la Place des Arts et la Société du Grand Théâtre de Québec font de la publicité pour vendre les billets de leurs spectacles. Télé-Québec fait la publicité pour s'attirer des téléspectateurs. La Société des établissements de plein air duQuébec fait de même pour augmenter l'achalandage de ses bases de plein air. «On se tire dans le pied; on va se priver de revenus», a-t-on prévenu. «Les règles du commerce de détail, elles s'appliquent à tout le monde, même à une société d'État qui a une fonction commerciale comme la SAQ», a rappelé Jean-Marie Toulouse. 1 En ce qui a trait aux frais de déplacement, le gouvernement met toutes les sociétés sur le même pied, qu'elles aient ou non des bureaux en régions ou à l'étranger, qu'elles aient ou non des activités à l'étranger. «Comment s'approvisionne une société comme la SAQ? Partout dans le monde. Si vous voulez acheter des vins par catalogue, bonne chance», a ironisé le professeur de HEC Montréal. Mais ce qui indigne le plus Jean-Marie Toulouse, c'est la réduction des dépenses de formation. «Si on ne veut pas de formation, essayons de travailler avec des ignorants et des incompétents. Qu'est- ce que les entreprises cherchent partout dans le monde? Elles cherchent des employés qui ont des compétences à jour. Dans l'économie du savoir, la clé, c'est les compétences.» Une loi temporaire Dans un entretien accordé au Devoir, Suzanne Lévesque, la sous-ministre adjointe, sociétés d'État et projets économiques, au ministère des Finances, a tenté de calmer le jeu. «La Loi sur la gouvernance, c'est une loi de nature permanente; la loi 100, c'est une loi temporaire qui s'applique pour deux ans et qui vise à répondre à des circonstances exceptionnelles.» Les coupes pourraient épargner la publicité qui rapporte des revenus. «On va les juger au cas par cas et, s'ils nous prouvent que ça met en péril leur mission commerciale, on va faire preuve de souplesse», a assuré Suzanne Lévesque. «Si tel est le cas, pourquoi ne l'ont-ils pas écrit dans la loi», a critiqué le président d'une société d'État. En imposant des réductions précises pour certains types de dépenses, le gouvernement a réagi à la campagne de presse menée par l'empire Quebecor et aux coups de gueule d'animateurs de la radio FM 93 à Québec, propos menant à la manifestation dite des «cols rouges» qui a réuni en avril quelques dizaines de milliers de personnes devant le parlement. «En formation, c'est, pour reprendre les mots mêmes de certains journalistes, les cours de yoga et les cours de silence qui sont visés», a souligné Suzanne Lévesque. Dans toute l'administration publique, les employés ont accès à ces cours de «développement personnel», a soutenu la sous-ministre adjointe. Jean-Marie Toulouse n'est pas impressionné. «Un article par un journaliste de Quebecor, moi, ça ne m'impressionne pas. On peut faire un beau titre, mais, demain matin, demandez à Quebecor s'il veut embaucher des ignorants et des incompétents.» Les Affaires Tendances, samedi, 20 février 2010, p. 16 En manchette Les sociétés d'État n'ont plus la cote Impopularité. Près d'un jeune sur trois de moins de 35 ans a une mauvaise opinion d'Hydro-Québec. Turenne, Martine Elle ne figure même pas au classement, tant elle est loin du 150e rang, mais sa chute n'en est pas moins vertigineuse : la Caisse de dépôt et placement du Québec, bas de laine autrefois chéri et respecté des Québécois, a subi une baisse de 45 %. " On parle de la Caisse une fois par an, au moment de la publication de ses résultats, dit Christian Bourque, vice-président recherche chez Léger Marketing. Et cette année, cela été très difficile pour eux. " Pour sa part, Loto- Québec a été écartée du classement pour la première fois : 120e l'an dernier, elle est maintenant au 154e rang. Ce qui n'est pas surprenant, vu la nature de son activité, les jeux de hasard, dit le spécialiste en gestion d'image Bernard Motulsky, professeur au Département de communication sociale et publique à l'Université du Québec à Montréal. Autre société d'État de plus en plus mal-aimée : Hydro-Québec. Elle est, avec Canadian Tire, la seule société que tous les répondants au sondage ont dit connaître. Ce qui n'est pas une chance dans son cas : la cote de popularité d'Hydro- Québec est en chute libre depuis des années et elle est passée en un an du 73e au 148e rang, une chute spectaculaire de 10 %. Pire : 27 % des jeunes de 18-34 ans en ont une mauvaise opinion, lui donnant de loin le pire score du sondage. " Ce sont de très grosses organisations qui font les manchettes avec de mauvaises nouvelles. Alors forcément, on les aime moins ", dit M. Motulsky. Trop opaque et trop controversée Ancienne société chouchou des Québécois, Hydro-Québec est perçue aujourd'hui comme une gigantesque entreprise qui agit un peu comme elle l'entend, dit M. Bourque. " Elle est opaque, peu sympathique et peu environnementale. La facture qu'elle envoie chaque mois à ses clients ressemble à un compte de taxes. " Pourtant, Hydro-Québec a une plateforme intéressante : celle des énergies vertes, dit Roland Aubert, vice-président, identités et cultures de marques, de Nolin Branding et Design. Mais tous les projets d'Hydro, des barrages aux éoliennes, en passant par de 2 nouvelles lignes de haute tension, deviennent controversés, note Bernard Motulsky. " Ils touchent tout le monde et il y a des réactions systématiques. " Piètre communicatrice Sur le plan de la communication, Hydro-Québec privilégie le silence. La société d'État a remporté une récompense peu enviable en 2009 : le prix de la Noirceur décerné par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, remis " à l'organisme public qui manifeste le moins de transparence et pose le plus d'obstacles à la diffusion de l'information.