UNIVERSITE DE FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE ______

AACCTTIIVVIITTEESS PPAAYYSSAANNNNEESS EETT PPRROOTTEECCTTIIOONN DDEE LL''EENNVVIIRROONNNNEEMMEENNTT DDAANNSS LLAA RREEGGIIOONN DD''AANNDDAAPPAA :: CCAASS DDEESS VVIILLLLAAGGEESS DDEE BBEELLAAMMBBOO--LLOOKKOOHHOO EETT DD''AANNTTSSAAHHAAMMEELLOOKKAA..

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RAVELOMANANTSOA Zo Fanantenana

Directeur : Madame Le Professeur Titulaire Josette RANDRIANARISON

MEMOIRE DE MAITRISE DE GEOGRAPHIE

Tananarive, 24 juin 2004 ______

UNIVERSITE DE MADAGASCAR FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES DE TANANARIVE DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE ______

AACCTTIIVVIITTEESS PPAAYYSSAANNNNEESS EETT PPRROOTTEECCTTIIOONN DDEE

LL''EENNVVIIRROONNNNEEMMEENNTT DDAANNSS LLAA RREEGGIIOONN DD''AANNDDAAPPAA :: CCAASS

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DD''AANNTTSSAAHHAAMMEELLOOKKAA..

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RAVELOMANANTSOA Zo Fanantenana

Président : Madame Joselyne RAMAMONJISOA, Professeur Titulaire, - Rapporteur : Madame Josette RANDRIANARISON, Professeur Titulaire, - Juge : Monsieur Mparany ANDRIAMIHAMINA, Maître de Conférence.

MEMOIRE DE MAITRISE DE GEOGRAPHIE

Tananarive, juin 2004 ______

Mémoire demaîtrise Remerciements

REMERCIEMENTS

Le présent mémoire n'a pu voir le jour sans le soutien de plusieurs personnes auxquelles je dois mes sincères remerciements. La contribution financière et matérielle du WWF KFW et de l'ONE a été très importante dans la réalisation de ce travail.

Je tiens à remercier vivement: Lantosoa RAMAROJAONA, responsable du programme "Etudes d'Impact Environnemental" et Coordinatrice des PCDI de m'avoir reçu au sein de son organisme Jean-Marc GARREAU et Lesira ALEXANDRIS Conseillers Technique du PCDI Marojejy-Anjanaharibe Sud et Cristophe MALDIDIER, Conseiller Technique de l'ONE qui ont donné leurs conseils judicieux au cours des travaux sur le terrain, tout le personnel du projet PCDI Marojejy-Anjanaharibe Sud.

Ma profonde gratitude s'adresse surtout à Madame Le Professeur Titulaire Josette RANDRIANARISON qui, malgré sa disponibilité limitée, a accepté de diriger ce mémoire, mes remerciements vont également aux membre du jury qui ont accepté de juger ce travail en tant que : - Président : Madame Joselyne RAMAMONJISOA, Professeur Titulaire, - Rapporteur : Madame Josette RANDRIANARISON, Professeur Titulaire, - Juge : Monsieur Mparany ANDRIAMIHAMINA, Maître de Conférence.

Je suis aussi reconnaissant à l'égard des responsables administratifs et traditionnels, et des habitants des villages de Belambo-Lokoho, d', et d'Antsahameloka de leur hospitalité et d'avoir consacré leurs temps durant les entretiens.

Enfin, je ne pourrais oublier ma famille, et tous les amis qui m'ont soutenu de près et de loin pour la réalisation de ce travail, qu'ils trouvent ici ma profonde reconnaissance.

i Mémoire demaîtrise Remerciements

RESUME

L’aménagement de la region d’ est stratégique pour une utilisation durable des ressources naturelles. Dans un milieu à la fois riche et fragile, les activités menées par l’homme participent en partie à la dégradation de l’environnement dans les techniques et les modes d’exploitation du milieu. Les facteurs de production n’arrivent pas à suivre la croissance démographique rapide engendrant la destruction des ressources pour la survie de la population. Les facteurs physiques et le contexte socio-économique pourront aussi être contraignant.

Le transfert de la gestion aux communautés locales est une meilleure solution dans la mesure où il s’accompagne de la volonté de ces dernières. La gestion locale permet de règlementer l’accès aux ressources et incite les paysans à avoir une reflexion à la nécéssité des techniques plus productives et moins dégradantes, car il faut tirer un meilleur profit aux activités pour pallier la dépendance aux ressources, et mieux les préserver.

Cependant, la gestion ne doit pas se suffire à des règles mais doit se baser sur un aménagement visant le renouvellement continu des resources utilisées afin d’assurer leur pérennité.

MOTS-CLES

Activités, Aménagements, Communautés, Gestion, Environnement, Ressources,

ii Mémoire de maîtrise Première partie

TABLE DES MATIERES

Première partie : UNE VISION D''ENSEMBLE DE LA REGION D''ANDAPA ...... 1

Chapitre I: UN MILIEU TROPICAL MONTAGNEUX ET FORESTIER ...... 2

A- UNE REGION TRES HUMIDE, TYPIQUE DE L'EST MALGACHE...... 2 B- UNE CUVETTE AUX CONTOURS TRES ACCIDENTES...... 4 C- LES MONTAGNES, UN BASTION DE RICHESSES NATURELLES...... 10

Chapitre II: L’HOMME ET LE MILIEU NATUREL...... 15

Chapitre II: L’HOMME ET LE MILIEU NATUREL...... 15

A- ESPACE ET SYSTEME DE PRODUCTION...... 15 B- UN CHANGEMENT D'ORIENTATION DE LA PRODUCTION ...... 18 C- PRATIQUES ET MILIEU...... 20

Chapitre III: ANDAPA, UNE ZONE D’IMMIGRATION...... 23

A- LA DYNAMIQUE DE LA POPULATION...... 23 B-PROGRESSION DU PEUPLEMENT ET PRESSION SUR LES RESSOURCES FORESTIERES...... 29 C- INFRASTRUCTURES, VILLE ET ECHANGES...... 31 Deuxième partie: DEUX VILLAGES AUX CARACTERISTIQUES TRES DIFFERENCIEES ...... 36

Chapitre IV : DYNAMIQUE HUMAINE ET ACTIVITES ...... 38

A-LE CONTEXTE HUMAIN ET SOCIAL...... 38 B- SOCIETE ET COHESION...... 41 C- PRATIQUES PAYSANNES ET ACTIVITES...... 43

Chapitre V : VALLEE FORESTIERE ET PLAINE...... 53

A- BELAMBO, UN MILIEU A LA FOIS RICHE ET COMPLEXE...... 53 B- LA PLAINE, UN ATOUT POUR ANTSAHAMELOKA...... 56 C- L’IMPORTANCE DES RESSOURCES, ATOUTS ET CONTRAINTES...... 59

Chapitre VI : LES PROBLEMES DE LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT...... 64

A-LES FACTEURS PRODUCTIFS...... 64

iii Mémoire de maîtrise Première partie

B- GESTION INSTITUTIONELLE ET TECHNIQUE DES RESSOURCES ...... 66 C-LES FACTEURS SOCIO-ECONOMIQUES...... 67 Troisième partie: ...... 71 LES ACTIONS ENGAGEES FACE A LA DYNAMIQUE PAYSANNE...... 71

Chapitre VII : L’EVOLUTION DES MODES DE PROTECTION FORESTIERE...... 72

A-LA LEGISLATION...... 72 B-LES ACTEURS LOCAUX...... 74 C- UNE NOUVELLE APPROCHE, LA GESTION LOCALE SECURISEE...... 75

Chapitre VIII : LES SOLUTIONS MISES EN ŒUVRE POUR LES DEUX VILLAGES ...... 78

A-LA GELOSE, UNE MISE EN PLACE PARTICIPATIVE...... 78 B-LA RESPONSABILISATION DE LA COMMUNAUTE...... 82 C-SOUTIEN POUR LE DEVELOPPEMENT...... 83

Chapitre IX : POUR UNE MISE EN VALEUR DURABLE DES RESSOURCES ...... 88

A-UNE MEILLEURE PERSPECTIVE...... 88 B-QUELQUES POINTS A RENFORCER...... 92 C-SOLUTIONS ET ALTERNATIVES PROPOSEES ...... 96

CONCLUSION GENERALE ...... 105

GLOSSAIRE ...... IV LISTE DES ABREVIATIONS...... V NOMS SCIENTIFIQUES DES ESPECES CITEES...... VI LISTE DES CARTES...... VII LISTE DES TABLEAUX...... VII LISTE DES FIGURES...... VIII LISTE DES PHOTOS...... VIII

iv Mémoire de maîtrise Première partie

INTRODUCTION

Andapa se localise dans la partie Nord-Est de Madagascar, au pied du massif de Tsaratànana. Faisant partie de la région du S.A.V.A (Andapa, , Vohémar, ), seule Andapa est située à 100 km à l’intérieur des terres, soit deux heures de route à partir de Sambava.

Selon la toponymie, l'appellation d'Andapa provient de deux termes : an- signifie qui vient de, et –lapa; Bureau. Andapankova est aussi le croisement des trois pistes d’Antalaha ,de Befandriana Nord et de , quand l’administration Hova édifia le rova Andapankova pour le gouverneur, à quelques kilomètres au sud de la ville actuelle. Pour les Antemoro, c'est une ville ou un lieu ou l’on peut trouver facilement des produits en abondance. Cette approche est vérifiée par la fertilité de la région.

Etant rattachée à la province d'Antsiranana, et à la préfecture d'Antalaha, la sous- préfecture d'Andapa regroupe 17 communes réparties en 128 fokontany présentant des réalités géographiques différentes.

La « Cuvette d’Andapa », sur 18000ha, désigne la grande plaine alluviale et son bassin-versant, c'est une grande plaine rizicole encadrée par les chaînes de montagnes de Marojejy au Nord, d’Anjanaharibe à l’ouest, le mont d’Andembiniboina à l’Est et le mont de Besariaka au sud. Quatre sous zones ne font pas partie du bassin versant de la Cuvette: la petite cuvette de Doany au nord, l’étroite vallée d’Anjialavabe au nord de Doany, les deux petites vallées d’ et d’ au sud, et deux autres communes sont situées le long de la route Sambava-Andapa : Belaoka Lokoho et .

Cette Cuvette fait d’Andapa, un potentiel rizicole de la région de la SAVA, mais aussi, les conditions physiques générales sont favorables aux cultures de rente, qui sont pratiquées sur les versants. La région renferme encore des forêts primaires dont la flore et la faune recèlent une richesse importante; certaines espèces végétales et animales sont uniques au monde et d'autres en voie de disparition. Pour une meilleure protection, les forêts primaires ont été instituées en Aires Protégées ; La Réserve Naturelle Intégrale de Marojejy, Au Nord-Est de la Cuvette, s'étend sur 60 150 ha, et la Réserve Spéciale d'Anjanaharibe sud couvrant 31 000 ha. Mais comme dans toute l'île, malgré les mesures prises, les forêts sont toujours menacées par différentes pressions. Actuellement un système plus participatif est étudié

v Mémoire de maîtrise Première partie pour éradiquer la dégradation, une circonstance favorable nous a permis d'observer ce fait dans la région d'Andapa, d'en faire ensuite, un sujet de mémoire de maîtrise. Ainsi, notre mémoire s’intitule : « activités paysannes et protection de l’environnement dans la région d’Andapa, cas des villages de Belambo-Lokoho et d’Antsahameloka » dont l’intérêt est porté sur l’identification des liens entre l’homme et el le milieu naturel. Ces deux villages ont été choisis pour représenter les réalités des deux entités géographiques caractérisant la région qui sont la plaine alluviale et les zones montagneuses.

Notre problématique a été de savoir si « les activités menées par les paysans sont- elles des facteurs de dégradation de l’environnement dans la région d’Andapa ? »

Le principal objectif de notre travail est de chercher la possibilité de maintenir un équilibre entre les activités humaines, et la protection des ressources naturelles pour une mise en valeur durable de la zone.

Ce travail se divise en trois parties ; la première est une présentation générale des paysages de la région, la deuxième partie étudie de plus près les cas des deux villages dans les activités et leurs relations avec le milieu, et la dernière partie expose le bilan des solutions pour des propositions d’actions de mise en valeur durable de la zone.

La bibliographie:

Malgré la rareté des ouvrages récents sur la région, des rapports précis nous ont permis d'avoir une connaissance de la zone avant la descente sur le terrain.

Les entretiens:

Nous avons aussi interrogé des personnes responsables de différents organismes et institutions opérant dans le domaine de l'environnement pour avoir une connaissance de la situation actuelle sur la biodiversité et les actions entreprises.

Le travail de terrain et le choix des sites d'étude.

Le choix des villages d'étude nous a été dicté par les différentes spécificités des sites, et nous avons opté pour un village de la Cuvette d'Andapa: Antsahameloka, et un deuxième situé dans les vallées forestières: Belambo-Lokoho. Nous avons travaillé en équipe avec un étudiant étranger agronome qui avait comme préoccupation, "l'audit patrimonial", la notre étant une étude rurale de ces deux villages.

vi Mémoire de maîtrise Première partie

Pour mieux appréhender l'aménagement de l'espace, nous avons étudié les terroirs à l'échelle du village et une enquête effectuée sur 10 % des ménages dans chaque village. Ces enquêtes nous ont permis de connaître la répartition des ressources foncières les modes, les techniques d'exploitation et de gestion de celles-ci.

On a aussi contacté individuellement, les responsables administratifs et coutumiers, les paysans, pour mieux connaître l'organisation des différentes activités, l'utilisation des ressources naturelles, et les problèmes en ce qui concerne les villages.

Des cartes établiss à partir des fonds de la FTM et des Bases de Données 500 de la FTM nous ont beaucoup aidé à bien mener les analyses. Pour l’étude deux terroirs nous avons superposé des cartes de la FTM, des plans parcellaires des Services de la Domaine, complétés par des observations sur terrain.

Pour la rédaction du mémoire, nous avons dépouillé les enquêtes, complétées par quelques ouvrages trouvés par la bibliographie.

vii Mémoire de maîtrise Première partie

Carte 1: Localisation générale de la zone d'étude

Carte élaborée par l’auteur à partir de la Base de Données 500 FTM

viii Mémoire de maîtrise Première partie

PPrreemmiièèrree ppaarrttiiee :: UUNNEE VVIISSIIOONN DD''EENNSSEEMMBBLLEE DDEE LLAA RREEGGIIOONN DD''AANNDDAAPPAA

1 Mémoire de maîtrise Première partie

Cette première partie sert de présentation générale de la région d’Andapa, des conditions physiques, des pratiques et des modes d’exploitation du milieu et enfin, du peuplement rapide, attiré par les potentialités de la zone, de son évolution au sein du milieu.

Chapitre I: UN MILIEU TROPICAL MONTAGNEUX ET FORESTIER

A- Une région très humide, typique de l'Est malgache.

Malgré son éloignement par rapport à la mer, Andapa connaît un climat subéquatorial du Nord-Est malgache. De décembre en mars, la mousson frappe la côte ouest et s'engouffre à la hauteur de Nosy-Be et la presqu'île d'Ampasindava, puis dans la vallée de Sambirano, sa trajectoire est ensuite déviée par le massif de Tsaratànana. La majeure partie de son humidité se déverse sous forme de grosses pluies orageuses sur Ankaizina, Andapa, Bealalana et sur les plateaux d'Analavory et de Bezavona, à la hauteur de Matsoandakana.

De mars à mi-août, l'alizé de l'Océan Indien pénètre à la hauteur de Mananara et de Maroantsetra, ensuite, il suit la baie d'Antongil et remonte la pente vers l'ouest. Une fois parvenue à la hauteur d'Antalaha et de Sambava, l'alizé est dévié par le massif de Tsaratanàna et des montagnes ruiniformes de Marojejy, puis orienté vers Andapa. Du fait des conditions géographiques et morphologiques, la zone connaît une humidité permanente sous l'influence des vents provenant soit de l'Est, soit du Nord-Ouest.

1) Les précipitations.

La région de la S.A.V.A trouve son homogénéité dans l'abondance des précipitations et l'absence de véritable saison sèche. Par l'interprétation des courbes pluviométriques, tracées à partir des moyennes de 30 ans, la pluie commence en décembre avec un maximum de 365,9 mm en janvier, pour décroître progressivement à 43.6 mm en septembre. Andapa connaît une précipitation annuelle de 1853 mm bien répartie sur 236 jours. Le climat est donc très humide, les cyclones occasionnent souvent de fortes pluies.

2 Mémoire de maîtrise Première partie Figure 1 : EVOLUTION DES MOYENNES MENSUELLES DES PRECIPITATIONS A ANDAPA. source: Données des Services météorologiques sur moyennes de 30 ans (1960-1990).

400 350 300 250 200 150 100 50 PRECIPITATIONS (mm) 0 JASONDJFMAMJ précipitations (mm) 84,5 93,8 43,6 46,6 99,7 263,6 365,9 313,3 263,3 135,3 72,8 75,8 MOIS précipitations (mm)

2) La température.

Figure 2 : EVOLUTION DES MOYENNES MENSUELLES DE TEMPERATURES A ANDAPA.

30 25 20 15 10 5 TEMPERATURES (°C) 0 JASONDJFMAMJ température(°c) 19,4 19,1 19,9 21,3 23,3 24,6 24,6 25,2 24,7 23,9 22,1 20,3

MOIS température(°c)

*source: Données des Services météorologiques sur moyennes de 30 ans (1960-1990). La température moyenne est de 21,9°C avec un minimum de 14.4°C en août et un maximum de 30°C en février. Il est certain que sur les hauteurs, la moyenne baisse du fait de l'altitude. En hiver, il est probable que sur les montagnes, la température minimale avoisine les 0°C si dans la Cuvette, un minimum absolu de 7°C a été observé en 1963. L'humidité atmosphérique élevée atteint en moyenne 77%, comme pour l'ensemble de la côte est malgache, ce qui entretient des conditions favorables à l'agriculture. Le climat est caractérisé par une forte évaporation. 3 Mémoire de maîtrise Première partie 3) L’hydrologie.

Andapa est bien arrosée grâce à un réseau hydrographique dense, caractérisé par un régime torrentiel qui se déverse vers l'Océan Indien. Quatre grands bassins versants forment le réseau hydrographique: la Cuvette d'Andapa, la vallée de l'Androranga, la vallée de la Lokoho et celle de l'Amparihy. Le relief disséqué des contreforts de la cuvette entraîne l'encaissement profond des principales rivières. Les cours d'eau entrecoupés de rapides et de chutes par plusieurs barres de roches dures rendent difficile la navigation et la construction de routes vers l'intérieur de la zone. Par contre, certaines grandes rivières permettent la formation de zones d'alluvionnement, propices au développement de la riziculture. Abondamment alimentées pendant la majeure partie de l’année, toutes les rivières présentent un débit d’étiage peu prononcé en octobre-novembre.

B- Une Cuvette aux contours très accidentés.

1) Les formations géologiques.

D’après les études faites1, la majeure partie du terrain est formée à partir du socle cristallin essentiellement cristallophyllien et geosynclinale du Précambrien. La granitisation a donné les principaux massifs autour de la dépression. Le système a été ensuite affecté par plusieurs phases orogéniques qui ont donné les premières chaînes de montagne, d'autres sont accompagnées de métamorphisme et d'injection de roches éruptives. Des dépôts d'alluvions se sont ensuite sont accumulés dans la dépression et dans les vallées des grandes rivières. Ces différentes formations seront exposées suivant l'ordre chronologique de leur mise en place.

Les formes du socle Précambrien. Dans la région, le socle Précambrien ne présente que deux de ses trois systèmes sédimentaires: le système intermédiaire du Graphite et celui du Vohibory. Le Système du Graphite apparaît dans les migmatites schisteuses de la partie est de la région. Le gneiss, dominant, avec plusieurs variétés dans sa composition, est nettement développé dans la partie est et ouest de la Cuvette.

1 PETIT (M), 1970, Contribution à l’étude morphologique des reliefs granitiques à Madagascar Le Massif de Marojejy : p 149-165 / LAPLAINE (L), 1955, Travaux du Bureau Géologique N°66 : Etude de la feuille géologique d’Andapa, Service Géologique de Tananarive.

4 Mémoire de maîtrise Première partie Le système de Vohibory, moins étendu, repose sur le précédent et présente une grande variété lithologique. L'effet du métamorphisme a donné des schistes, des amphiboles et des léptinites. Le système affleure dans la partie sud-est; à Befontsy et dans la vallée de l'Isikory, au sud d'Anjanaharibe.

La granitisation. Cet ensemble métamorphique, affecté par des périodes orogéniques a été recoupé par des intrusions granitiques et des granitisations importantes: - Les massifs d'Anjanaharibe Sud et de Marojejy qui sont formés par de roches éruptives et des roches de granitisation, la même formation se retrouve dans les vallées de Betaolana et d'Ambolokopatrika.

5 Mémoire de maîtrise Première partie

Carte 2 : GEOLOGIE DE LA REGION D'ANDAPA

6 Mémoire de maîtrise Première partie

- Malgré son homogénéité le massif de Marojejy est formé par de gros batholites, de migmatites, d’orthogneiss et de malgachite (feldspath jaune verdâtre à brunâtre). Des enclaves plus ou moins importantes de gneiss apparaissent dans les vallées d'Andranomazava et de Manantenina.

Le massif d'Anjanaharibe est aussi formé de migmatites granitoïdes de même que les rochers d'Andasibe, Mahaverika et de , avec un faciès malgachitique. La ceinture d'orthogneiss sur le pourtour d'Anjanaharibe sud est selon Louis Laplaine, "une auréole de roche ayant subi une granitisation moins poussée et qui ont conservé une schistosité plus marquée que celles qui constituent le cœur du massif ". Une série de schistes et de quartzites attribuée au Dévonien par l'existence de Lépidodendrées, repose directement sur le socle pour former de petites collines aux alentours d'Andapa, par une nouvelle phase de métamorphisme. Des éruptions volcaniques alcalines et basaltiques récentes, représentées par des gabbros et quelques filons diabasiques ont fait apparition.

Photo 1: décomposition du granite au pied du massif Marojejy.

*source: l'auteur.

Les formations récentes. Sous l’action des pluies et du fait de la forte pente, on assiste actuellement à une érosion massive entraînant la sédimentation. La dépression d'Ankaibe, une plaine alluviale, est ainsi formée par démantèlement des roches avoisinantes, la même formation se retrouve dans les vallées des grands fleuves.

7 Mémoire de maîtrise Première partie

Carte 3 : La Géomorphologie de la région d'Andapa

8 Mémoire de maîtrise Première partie

2)Géomorphologie et pédologie.

L'altitude moyenne dans la région d'Andapa est comprise entre 500 m et 1500 m, mais les 2000 m sont dépassés sur les pics du Marojejy et un minimum de 50 m se trouve dans la basse vallée de la Lokoho. Vu de l’intérieur de la Cuvette, les encadrements des massifs forment une pente à très forte dénivellation. Les sols sont en majorité formés à partir des roches granito- gneissiques du domaine climatique tropical.

Les deux massifs granitiques importants. Marojejy, un massif à charnockite culmine à 2133 m d'altitude avec des pentes très fortes et une dénivellation de 1600 m sur une distance de 44 Km, forme une barrière au nord-est de la Cuvette. De même le Massif d'Anjanaharibe Sud forme une barrière entre la dépression et la région d'Akiakabe de Matsondaka, et de Mangirano. Ce massif a une pente plus faible par rapport au Marojejy. Sous la couverture forestière, à partir de la roche-mère, le sol est souvent formé d'argiles férrallitiques, surmonté par un horizon supérieur épais, composée de débris végétaux en décomposition; la forêt empêche l'évolution des sols en latérite car elle freine l'évaporation et empêche la remontée des hydroxydes métalliques.

Les reliefs intermédiaires. Des massifs de quartzites et quelques crêtes formées de roches dures sont parsemés aux alentours de la Cuvette et viennent rompre la monotonie : Anjiabe dans le sud, Tsaramainandro, Antanambalana et Ampizarantany dans le sud-est. Dans le sud-est d'Andapa, le plateau basaltique d'Ampizarantany développe un sol férrallitique occupé par une végétation de savoka.

Les plaines alluviales. La dépression d'Andapa est formée d'une grande plaine alluviale de dépôts lacustres d'une superficie de 18 000 ha à altitude moyenne de 500 m. Il s'agit de dépôts de comblement et de colluvions, formant des sols tourbeux acides hydromorphes et marécageux, sur 2700 Ha qui sont aménagés en rizières; Des sols à recouvrement argileux sur substrat limono-sableux qui s'étendent sur 4860 Ha avec de sols limono-sableux à recouvrement sableux. Les plaines situées le long des rivières importantes, à une altitude moyenne de 1000 m (Amparihy, Manampatrana et Ambahamalandy) sont couvertes par des sols à texture argileuse à argilo-limoneuse.

9 Mémoire de maîtrise Première partie

Photo 2: la Cuvette d'Andapa et ses contreforts.

*source: l'auteur.

C- Les montagnes, un bastion de richesses naturelles.

1) La couverture végétale.

D’après les études faites2 , la couverture végétale se dégrade nettement de la périphérie vers la dépression. La forêt primaire recouvre les montagnes à partir de 900 m d'altitude. La zone forestière encadre la Cuvette au nord par le massif forestier de Marojejy, à l'ouest par le corridor de Betaolana et au sud par le massif d'Anjanaharibe Sud. En dessous de 900 mètres, la formation de régénération succède la végétation originale. La Cuvette, au-delà des rizières, est recouverte de graminées. La forêt tropicale humide typique de l'Est malgache varie selon l’altitude, en: • Forêt dense humide sempervirente jusqu'à 800 m, formée d'arbres serrés, allant de 25 à 30 mètres de hauteur dont : - La strate supérieure est composée de lianes épiphytes qui s'épaississent dans les bas- fonds et dans les vallons avec une extrême variété d'espèces : Ebénacées, Lauracées, burcéracées.

2 GULMANN (A), NICOT (N), 1997, (cf. bibliographie) PETIT (M), 1970, (cf. bibliographie)

10 Mémoire de maîtrise Première partie

Carte 4: LA COUVERTURE VEGETALE DE LA REGION D’ANDAPA.

11 Mémoire de maîtrise Première partie

- La strate moyenne possède d'autres espèces telles que les rubiacées et surtout, les Euphorbiacées. - La strate inférieure, très clairsemée, est couverte de débris végétaux mais sans tapis muscinal et lichénique. On y trouve aussi des fougères et des palmiers nains (Dypsis) de quelques décimètres de hauteur, des espèces mésohygrophyles et mésophyles.

• Entre 800 m et 1500 m, la végétation est de type forêt humide de moyenne altitude dont la strate supérieure est moins puissante. Très ramifiés, les arbres sont moins élancés (18 m à 25 m) et se couvrent d'un manchon de mousse et de lichens depuis la base des troncs. Les branches sont couvertes d'épiphytes. Les essences arborescentes sont toujours les mêmes mais leur nombre augmente : Weinmania, Dombeya…Le sous-bois, de plus en plus dense, recèle une certaine abondance: des fougères arborescentes qui peuvent atteindre 8 m à 10 m, des bambous-lianes, des pandanus. Le tapis herbacé couvre totalement le sol avec des fougères et de nombreuses orchidées de terre.

La couverture végétale se transforme en sylve à lichens et à mousse entre 1500 et 1900 m. Les arbres se rabougrissent progressivement jusqu'à 5 à 10m et leurs troncs tortueux sont couverts de manchons de mousse et se ramifient à mi-hauteur. Sous l'effet des conditions thermiques en altitude, les feuilles se rapetissent et deviennent coriaces ; les mousses prennent une épaisseur de 50 à 80 cm. Les espèces les plus rencontrées sont : Weinmania, Vernonia, Senecio, Uapaca et Dombeya. Sur les sols pauvres poussent des bambous très caractéristiques et monocarpique, endémique du Marojejy (Arundinaria Marojejiensis).

• Aux environs de 2000 m pousse la végétation éricoïde des sommets. A telle altitude, la forêt disparaît et est substituée par une formation composée d'arbustes à petites feuilles aciculaires ou squamiformes. Cette zone est noyée dans les nuages en saison humide. Sur les surfaces rocheuses, la formation est très rabougrie (50 à 100 cm).

• Le savoka, aux environs immédiats de la Cuvette, caractérisé par des arbustes de différentes essences et de bambouseraies, de terrains de culture itinérante. C’est une formation secondaire résultant des défrichements. La dégradation engendrée par la répétition des feux de brousses ne laisse pousser que des plantes marquant la pauvreté du sol : longozo, angezoka, harongana, angivibe... les mazambody et les fougères marquent sa stérilité.

12 Mémoire de maîtrise Première partie 2) Les intérêts des massifs forestiers.

Marojejy, constitué d’un massif forestier couvrant plus de 60 000 hectares, possédant encore trois des quatre écosystèmes forestiers malgaches : • La Forêt tropicale de basse altitude du domaine de l’Est, • La Forêt pluviale du domaine du centre malgache, • La Formation végétale des hautes montagnes malgaches. Les deux dernières n’existent que dans cinq localités de Madagascar et c’est à Marojejy qu’elle est la plus préservée. De nombreuses espèces végétales endémiques y existent, outre une faune variée à fort taux d’endémisme et de grande diversité : caméléons très diversifiés avec certaines espèces endémiques, puis des espèces d’oiseaux très rares et très localisées tels que la Philepitte, le faux Soimanga de Salomonsen (Néodreperis hyponata), la Newtonia de Fanovana (Newtonia fanovanae), l’aigle serpentaire de Madagascar (Eutriorchis ostur) … Le massif montagneux d’Anjanaharibe est découpé par de flancs escarpés, et culmine à 2134m par des sommets en pointe. Il renferme encore plusieurs espèces animales et végétales de basse et moyenne altitude, en particulier de l’Indri (Indri indri) le plus grand primate malgache qui se trouve là, à la limite septentrionale de son aire de distribution, l’Eurycère de Prévost, et le Rollier terrestre de Crossley. Trois espèces d’oiseaux extrêmement rares y ont été observées ces dernières années : l’aigle serpentaire de Madagascar, et la Newtonie de Fanovana ont été vu lors d’un inventaire de 1994 et la Chouette de Soumagne retrouvée en 1993 alors qu’elle n’avait pas été vue à Madagascar depuis 19733.

Les forêts naturelles hors réserve sont encore importantes : le corridor de Betaolana relie les massifs d’Anjanaharibe Sud et de Marojejy, au nord de la Cuvette. Ainsi, les massifs forestiers renferment des richesses considérables en espèces animales et végétales dont beaucoup sont endémiques ou encore inconnues or ils sont en voie de disparition. Cependant les écosystèmes forestiers et montagnards y sont encore les moins dégradés de tout Madagascar.

3)Importance écologique et économique

Les massifs forestiers jouent également un rôle très important dans le cadre écologique et productif de la région d’Andapa pour: ▬ La protection des versants et du sol, car, à cause des fortes pentes, les versants des massifs sont très fragiles aux agressions climatiques. Ainsi, la forêt joue le rôle de

3 GULMANN (A), NICOT (N), 1997

13 Mémoire de maîtrise Première partie protecteur du sol en cas de forte érosion pouvant occasionner des éboulements et l'ensablement des parties en aval. ▬ Le maintien de l’équilibre hydrologique, car les versants des massifs constituent une grande partie des bassins versants des rivières alimentant la Cuvette. Couvertes de forêts, les bassins-versants jouent aussi le rôle de réservoir et sont remplis d’eau sur de longues périodes. ▬ La stabilité du climat local : l’humidité relative de la région est due au rôle d’écran que jouent les deux massifs du Marojejy et d’Anjanaharibe en retenant une nébulosité importante tout au long de l’année, tant pour la mousson d’été que pour les alizés hivernaux qui amènent encore des précipitations importantes.

La forêt offre ainsi des conditions climatiques favorables à la culture de la vanille et du café. Sur les pentes fortes, la disparition de la couverture végétale fait apparaître des loupes de glissements de terrains ou des éboulements provoqués par les pluies violentes des périodes cycloniques.

En bref, la région d’Andapa offre des conditions climatiques caractérisées par une humidité permanente pendant toute l’année, propice au développement de l’agriculture. Des pluies parfois très violentes sont par contre facteurs d ‘érosion sur les fortes pentes. A part la Cuvette qui est un atout pour la riziculture, les flancs de colline permettent de pratiquer les cultures tropicales. Cependant, sur le pourtour et les zones en dehors de la dépression, le relief de chaînes de montagnes est très accidenté et les pentes abruptes rendent l’accès pénible. Cette difficulté d’accès a l'avantage de conserver et protéger les forêts de la région, encore intactes, et qui recèlent une flore et une faune singulières, dans les zones montagneuses. Mais les pratiques menées par l'homme ne sont-elles pas susceptible d’engendrer la dégradation de ces ressources naturelles ?

14 Mémoire de maîtrise Première partie Chapitre II: L’HOMME ET LE MILIEU NATUREL.

A- Espace et système de production.

Photo 3: Plaine d'Andapa, la riziculture de bas-fond.

*source: l'auteur.

1) Les modes d’exploitation du milieu.

Les sols de bas-fonds forment la majeure partie de la Cuvette et les interfluves des principales rivières. A l’aide d’aménagements sommaires, les bas-fonds irrigués sont réservés à la riziculture inondée; les rendements sont très variables mais peuvent aller jusqu’à 2.5 tonnes à l’hectare. Les cultures commerciales sont pratiquées sur les basses collines des bordures de la Cuvette : café, vanille, arbres fruitiers et aussi le riz pluvial. Les sols sont bien structurés, mais les pentes sont parfois un facteur limitant pour l'aménagement. Au-delà de la Cuvette, dans les zones très accidentées, les sols à humus épais sont hérités des forêts primaires, mais se dégradent très vite par la pratique du riz sur-brûlis ou le tavy car les bas fonds sont étroits.

La riziculture de bas-fond était pratiquée au début par des soldats en occupant une faible surface, la colonisation des bas-fonds de la Cuvette était engendrée par l’accroissement démographique. La mise en valeur de la dépression a commencé par la périphérie pour gagner progressivement le centre.

15 Mémoire de maîtrise Première partie Plus tard, les Betsileo et les gens venus du Sud-Est, ont partagé les rizières par des diguettes, ils ont pratiqué le repiquage du riz, ce qui leur a permis d'obtenir un rendement supérieur par rapport aux premiers arrivants. Leur technique s’est vite vulgarisée, mais le travail restait difficile car les outils sont restés rudimentaires.

Actuellement, la charrue et les bœufs permettent de faciliter le travail quoique leur utilisation n'soit pas généralisée, mais la production est aussi fonction de la maîtrise de l’eau et peut être menacée par différents aléas : cyclones et maladies…

Afin de subvenir aux besoins de toute la région du Nord-Est, la dépression a fait l’objet de nombreux aménagements hydro-agricoles. Grâce à l’irrigation et l'extension des surfaces cultivables, il est possible de pratiquer deux cultures annuelles de riz. La zone a une Surface Agricole Utile d’environ 8 000 ha, cet objectif serait atteint pour une surface de 6 000 ha, mais la surface exploitée reste autour de 3 000 ha dont 500 ha seulement sont irrigués en saison sèche4.

Tableau 1 : Plaines aménagées à Andapa (en ha) en 1990

Plaines Total aménagé Mis en valeur Non mis en valeur Ambendrana 200 150 50 Antanamangotroka 300 210 90 Tanambao-Sud 200 140 60 Soama 2800 2800 -- Total 3 500 3 300 200 *Source : Régions et Développement.

Les aménagements apportés par différents financements ont fait gagner des hectares de rizières, mais certains systèmes d’irrigation ne fonctionnent plus. Le système de riziculture intensive est actuellement vulgarisé, produisant des rendements exceptionnels de 8 à 10 tonnes à l’hectare dans la Cuvette et 6 t/ha en dehors, mais beaucoup de paysans pratiquent encore la méthode traditionnelle car la nouvelle technique exige plus de travail et de temps.

Dans la région, le tavy a été pratiqué par les Tsimihety et les Betsimisaraka, avant même la riziculture de bas-fond, une activité qu’ils ont héritée de leurs aïeux. Pratiqué à flanc de colline, il s'agit d'une culture de riz pluvial par semis direct sans labour, après défrichage et brûlis de la forêt primaire ou secondaire. Le travail est pénible car pour 1 ha, il faut environ 48 jours avec la préparation du pare-feu, or, les outils sont rudimentaires et limités. Le défrichement a lieu au mois de septembre, et on laisse la végétation sécher pendant quelques semaines, les brûlis ont lieu en octobre, suivis par la plantation de riz en poquets, quelquefois associé au maïs. Les mauvaises herbes sont sarclées au mois de mai. Après la saison

4 DRN (développement ressources Network) / Département de Géographie, juin 1998

16 Mémoire de maîtrise Première partie de culture, les terres sont laissées en repos et deviennent des savoka ou peuvent être cultivées en manioc ou en maïs, après, il faut changer de parcelle pour y revenir après une certaine durée. Sur ces mêmes parcelles, le riz de tavy peut être remplacé par la vanille ou par le café qui sont des cultures pérennes. Le tavy peut désigner à la fois la pratique et le lieu.

2) L'insuffisance des bas fonds pour la culture du riz.

Tableau 1 : Productions principales dans la région d'Andapa. (Colman, 1995)

PRODUCTION (t) SURFACE (ha) PRODUCTIVITE (t/ha) Riz total 39775 14722 2.7 Riz irrigué: -De saison 33873 12274 2.76 -De contre-saison 5902 2448 2.41 Riz pluvial 5250 3560 1.47 Café 4200 5900 0.71 Vanille verte 700 2417 0.29 *source : GULMANN Aurélien et NICOT Nathalie, p 42.cf. bibliographie

Selon l'enquête menée par le PCDI, en 1993, sur les situations de villages autour des Aires Protégées; • 57% des familles rurales ne sont pas autosuffisantes en riz. • 42% des familles n'ont pas accès aux bas-fonds et restent entièrement dépendantes du tavy • 65% des familles sont, en totalité ou en partie, dépendantes du tavy. Le tavy est le mode principal de culture en dehors de la Cuvette. Il n'y pas suffisamment de bas-fond pour couvrir les besoins en riz de tous les villages de la région, même si on généralise leur aménagement et le Système Rizicole Intensif. (Perrin 1993)

3)Les facteurs du tavy

Sur le plan socioculturel, la pratique du tavy est, pour les Tsimihety et les Betsimisaraka, une tradition héritée de leurs ancêtres et revêt un lien spirituel entre les morts et les vivants, c'est aussi un facteur de cohésion sociale et d'entraide. Sur le plan économique, le tavy est une stratégie de survie, par rapport aux rizières le riz de tavy ne nécessite que peu d'investissement (charrue, zébu) et est faiblement soumis aux aléas climatiques et aux maladies, la production n'est pas fonction de la maîtrise de l'eau et elle donne un meilleur pouvoir nutritif. Sa productivité est meilleure par rapport au riz irrigué : 20 kg de riz récolté par jour de travail pendant le cycle de culture. Le prix du savoka de bonne qualité est 5 à 6 fois inférieure par rapport aux rizières.

17 Mémoire de maîtrise Première partie Sur le plan foncier, le tavy est un mode privilégié d'acquisition de terre, car après défrichement et occupation, le droit de propriété est reconnu par les paysans et l'administration forestière, c'est ainsi un moyen de spéculation foncière.

B- Un changement d'orientation de la production

1)L'évolution des produits vivriers

La cuvette fait d'Andapa le grenier du Nord-Est malgache, sur ses productions, le riz occupe la première place suivi du manioc et des haricots. D'après les chiffres de la Statistique agricole, sur les 20 dernières années, la production rizicole d'Andapa a augmenté de 107% en 95 par rapport à la production de 1980. Cependant, en 1999, elle a baissé progressivement jusqu'à 36% d’il y a 20 ans. Andapa a diminué sa part, si en 1980, elle produisait 37 % du paddy du Nord-Est, après une légère hausse, 40 % en 1995, elle n'offre actuellement que 32 % sans pour autant influencer la production du SAVA qui s'est accru à 59 % de 1980 à 1999.

A part le manioc, qui a suivi la tendance du riz, les autres principaux produits vivriers ont connu une amélioration considérable. Par rapport aux années 80, le maïs a connu une croissance de 92,5 % et le haricot, de 114.2 %. Les superficies cultivées par ces deux cultures ont aussi augmenté, ( maïs de 84.7 %, haricot de 92.5 %).

2) La régression des produits de rente traditionnels.

Selon ces mêmes données, la production de vanille a connu une hausse de 20 % de 1985 en 1990, puis elle a baissé à moins de 51% en 1995 et de 30 % en 1999. Le café suit légèrement la même tendance avec une baisse de 15 % en 1985 et une légère augmentation de 11% en 1990.

Figure 3 : EVOLUTION DES PRODUITS DE RENTE DE 1985 à 1999, dans la région d’Andapa.

2500

2000

1500 VANILLE 1000 CAFE

500 Production en tonnes 0 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 Année

*Source : données des Statistiques Agricole.

18 Mémoire de maîtrise Première partie 3) La tendance générale

Avant les années 70, le potentiel rizicole de la région n'était pas exploitée à fond. Selon M. Portais, la vanille était la cause principale de l'immigration dans la Cuvette, 9/10e des paysans la cultivent, grâce à l'existence de vastes espaces de culture. L'enclavement constituait un problème majeur, car faute de route carrossable, l'évacuation des produits se faisait à dos d'homme. La mise en place de la liaison aérienne Andapa-Sambava n'a pas pallié cette situation.

L'ouverture de la route RN3b (1969-1970) a entraîné le développement de la culture du riz, la surface rizicole est multipliée par 3.5 par rapport à celle de 19655. La vanille a commencé à se déprécier entre 1965 et 1970. La surface cultivée a diminué de 2 % et la récolte de 25 % depuis les années 70, du fait de la régression du marché et de la concurrence du café qui offrent une meilleure perspective d'exportation.

A partir des années 80, on constate le désintéressement progressif des paysans vis à vis des produits d’exportation ; Victime de l’instabilité et de la chute des prix mondiaux, la production du café et de la vanille ont beaucoup diminué, en laissant la place aux produits vivriers qui deviennent des cultures de rente, comme le riz, le maïs et surtout le haricot dont 80 % de la production est vendue. Ces produits sont facilement commercialisables et dépendent moins des circonstances extérieures.

Figure 4 : EVOLUTION GENERALE DE LA PRODUCTION DE LA REGION D’ANDAPA, DE 1985 à 1999. (en pourcentage)

EVOLUTION DE LA PRODUCTION de 1985 en 1999 en pourcentage.

160 140 120 PA DDY 100 80 MA IS 60 HA RICOT % 40 CA FE 20 VANILLE 0 MA NIOC -20 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 -40 -60 Année

*source: données des statistiques agricoles1985-1999

La situation se résume par :

5 DRN (développement ressources Network) / Département de Géographie, juin 1998

19 Mémoire de maîtrise Première partie ▬ L'abandon progressif des cultures de rente traditionnelles comme le café et la vanille. Les agriculteurs cultivant la vanille passent de 88% en 1967 à 31% en 1997. Le café se maintient mieux que la vanille6. ▬ L’importance donnée aux cultures vivrières de rente comme le haricot, le manioc et le maïs, elles constituent un complément aux cultures traditionnelles pour les besoins des paysans.

C- Pratiques et milieu.

1) La situation foncière.

La complexité des démarches d'appropriation L’obtention des terrains domaniaux se fait par une demande d’acquisition auprès du service des domaines d’Antalaha ou indirectement, par son représentant à la sous-préfecture d’Andapa. A partir d’une descente sur terrain les géomètres procèdent par croquis et par plan parcellaire lesquels seront envoyés à Antalaha pour l’inscription. C’est après que les dossiers sont ramenés à Andapa pour le registre et l’affichage public. Le service des domaines d’Antalaha convoque ensuite le demandeur pour lui donner les informations sur l’acquisition du titre de propriétaire et les dossiers seront encore envoyés à Antalaha pour les signatures. Au minimum, les démarches durent trois mois et coûtent au moins 1 500 000 Fmg pour les déplacements des géomètres qui viennent d’Antalaha. Actuellement, les gens n’ont pas les moyens d'enregistrer leurs terres, d’où les conflits qui en découlent. La sous-préfecture reçoit 50 à 80 demandes de terres domaniales par an, mais il n’existe plus de terrains domaniaux non occupés.

Les modes de faire valoir indirects. Le métayage s’agit d’un mode faire valoir indirect où le métayer prend le droit de travailler une terre contre redevance en nature qui est en principe une proportion de la récolte versée au propriétaire. Des terres cédées en métayage pour plusieurs années ont été usurpées par le métayer. Traditionnellement, il constitue le premier pas du processus d’accumulation foncière, et considéré comme frein aux investissements, il a été est interdit par la loi durant les années 70-80. Le taux de métayage est souvent réparti en un tiers de la récolte pour le propriétaire, et deux tiers pour le métayer. Il se peut que le métayer verse la moitié de la production dans le cas où le propriétaire participerait aux frais de production ou si la pression foncière est particulièrement forte.

La (location) fermage est un paiement d’une somme dont le montant est fixé au début de la transaction entre le propriétaire et le locataire. Ce régime est fortement appuyé dans le cadre des projets, comme alternative au métayage, la distinction est sémantique dans la Cuvette d’Andapa

6 DRN (développement ressources Network)/ Département de Géographie, juin 1998. 20 Mémoire de maîtrise Première partie car le premier a été interdit et le second y ressemble fortement car on doit payer pour la terre et le règlement se fait parfois en nature. Les termes de mode de faire valoir indirect sont conditionnés par la qualité de la terre, de la disponibilité de l’eau et par des conditions posées entre les deux parties.

Par crainte d’usurpation, les contrats sont oraux, même sur les terres titrées. On ne cède rarement une parcelle de plus de 0.5 ha (4 parcelles) à un seul client. Le pouvoir du gros propriétaire est grand car il peut laisser la parcelle en jachère si les redevances touchées sur les autres sont suffisantes. Une bonne partie des terres est possédée par un ensemble de gros propriétaires.

2) L'insécurité foncière

Ce sont des problèmes de délimitations, en matière de législation foncière : les lois existantes ne s’adaptent plus à la situation actuelle du fait de leur vétusté (ex : la loi du 15 février 1960 qui régit les domaines stipule que pour les terrains dont le prix est supérieur ou égal à 200 000 Fmg, le règlement des dossiers se fait au niveau de la sous-préfecture, sinon cela se règle au niveau de la province), à cela s’ajoute la lourdeur administrative.

Les conflits sont aussi fréquents: conflit d’héritage, de limite, abus de confiance par vente d’héritage, vols de terrain pendant les opérations de sécurisation foncière en cas d’absence du propriétaire. Aussi, après des années d’exploitation, le métayer détourne la terre l'inscrit à son nom. La non-régularisation des terres rend difficile le règlement des conflits.

Vu l'insécurité foncière, engendrant des conditions de faire valoir indirect, peu favorable à l'investissement, l'insuffisance de la production des bas-fonds, la solution de récupération de terre, pour les paysans, est de défricher de nouvelles surfaces, où ils pourront pratiquer la riziculture de tavy. Cela peut empirer la situation, par la dégradation des sols.

3) La dynamique du milieu face à la pratique du tavy.

Allain Gwenhael (voir bibliographie) nous montre dans son étude sur l'évolution de la fertilité du sol à la suite de la répétition de brûlis et de la mise en culture à partir des plantes indicatrices.

La fertilité du sol dépend de la pente, de l'exposition, du type de forêt originelle ou de l'humidité mais elle est aussi perceptible par un ensemble de plantes indicatrices. Selon les stades de l'évolution des terres, l'angezoka prédomine dans la régénération de la végétation, puis le harongana et l'angivibe après plusieurs cycles de tavy. Si on continue à cultiver la parcelle, le

21 Mémoire de maîtrise Première partie mazambody révèle un début de stérilité et à la fin, la fougère, ohotro indique que la terre n'est plus cultivable. La gestion traditionnelle du tavy est fondée sur cette perception. A l'époque des premiers défrichements, les rendements ont atteint jusqu'à 200 ou 400 bidons de riz ( de récolte pour 5 semés soit 1.5 à 2 tonnes à l'hectare). Les rendements donnés par le second défrichement sont meilleurs (50 bidons de plus en moyenne) suite à un effet à retardement; Les souches d'arbres calcinés et non décomposées ne laissent pas assez de surface pour les semis, et lors des premières cultures, l'ombrage et l'humidité, les feuilles et les tiges gagnent sur les grains de riz.

Selon la gestion traditionnelle de la fertilité, la mise en jachère varie de 3 à 5 ans, en fonction de la qualité du terrain. Scientifiquement, la fertilité du sol, après le défrichement-brûlis et la mise en culture, ne se reconstitue qu'après 10 ans par la simple mise en jachère. Cette durée minimale nécessaire pour la reconstitution de la fertilité du sol s'allonge au fil des cycles successifs.

Les terres les plus fragiles, appartenant à la partie supérieure des pentes ne peuvent supporter plus de 4 à 5 tavy. Dès la première mise en jachère, la fougère ohotro apparaît suivi plus tard par le mazambody, même après une longue jachère. Le rendement baisse à moins de 1t/ha. Les terres recouvrant la partie moyenne des pentes gagnent 2 à 4 cycles de plus pour avoir les mêmes résultats. La surface actuelle des savoka ne permet plus d'équilibrer les parcelles, sous la pression démographique les besoins en terres s'accroissent mais aucun défrichement n'est plus permis, c'est alors sur la durée des jachères que les paysans peuvent jouer.

En bref, la zone a le bénéfice de la Cuvette qui constitue une forte potentialité agricole, et les terres héritées des forêts primaires, favorables au cultures commerciales. Cependant, ces cultures dépendent aussi du marché extérieur. L'exploitation du milieu a peu évolué et des surfaces de bas-fonds exploitables nécessitent encore d’importants aménagements. Le potentiel rizicole n'est donc pas exploité à fond, par conséquent, la production des bas-fonds n'arrivent pas à subvenir aux besoins de la population. Outre cette situation, la pression foncière se vérifie par l'insécurité et les mauvaises conditions de faire valoir indirect, peu propice au développement agricole. Ainsi, le tavy se développe, ce n'est pas seulement une tradition héritée des aïeux, mais aussi, un moyen de récupération foncière. A part le défrichement, le tavy est itinérant car après la mise en culture, les aptitudes du sol diminuent et requiert des années de jachère pour se régénérer, entre temps il faut alors défricher d’autres surfaces. Or, Andapa est une zone d'immigration, la croissance rapide de la population pourrait être facteur de pression sur les richesses de la zone.

22 Mémoire de maîtrise Première partie

Chapitre III: ANDAPA, UNE ZONE D’IMMIGRATION.

A- La dynamique de la population.

1) Un peuplement récent.

Du fait de son enclavement, Andapa ne connaissait qu'un faible peuplement de quelques groupes de Sakalava et de Merina, installés dans le sud-est de la Cuvette.

Vers la fin du XIX ème siècle, les premiers Tsimihety étaient venus en deux vagues pour occuper la partie occidentale de la Cuvette. La première vague venait des plaines surpeuplées de Befandriana ou de Mandritsara, par la vallée du haut Amparihy, et la seconde est originaire de Mananara7. Puis une timide vague d'immigration, liée à la cueillette forestière du caoutchouc et aux plantations de café, a amené les premiers français vers le début du XXème siècle.

A partir de 1820 l'immigration dans la zone est fortement liée aux plantations. Des planteurs réunionnais ont introduit la vanille et ont fait venir la main d'œuvre d'origine diverse. Puis vinrent rapidement des commerçants Merina, suivi par des colons Mauriciens, des Chinois et des Indiens. Toutes les autres ethnies de Madagascar y sont présentes : Betsimisaraka, Antemoro, Antaisaka, ils ont travaillé comme journaliers ou métayers. Les Merina se sont spécialisés dans le commerce, suivis par les colons Mauriciens, Chinois et Indiens.

En 1950, Andapa était déjà habité de 40000 personnes8, mais à cause de l'enclavement, le rythme de croissance de sa population ne s'est accéléré qu'après la mise en place des infrastructures de liaison qui ont permis de renforcer la mise en valeur de ses potentialités et la fluidité des déplacements et des échanges.

2) Une population rurale à forte croissance.

Ainsi, la ville est cosmopolite. La fertilité de la zone a attiré d’autres gens venus pour la culture du riz, et du café. Toutes les ethnies de Madagascar y existent : Antaifasy, Antandroy, Zafisoro, Sihanaka, Betsileo, Tanala, Bara, mais l’ethnie Tsimihety reste majoritaire.

7 LEBOURDIEC (F), 1974, Hommes et paysage du riz à Madagascar 8 PORTAIS (M), 1972, Les cultures commerciales dans un milieu géographique original : la cuvette d’Andapa, ORSTOM Section Géographie.

23 Mémoire de maîtrise Première partie

L’immigration continue dans la zone et se vérifie par l’évolution du taux d’accroissement. M.Portais signale un taux de 2.5% par an entre 1966 et 1969 qu'il a attribué à la facilité d’occupation des terres et l’inexistence de véritables obstacles fonciers. Un taux de croissance, supérieur à la moyenne nationale, de 3.6 % par an est connu entre 1967 et 19949. La Cuvette avait encore la croissance démographique la plus forte en 1990 avec un taux de 4 %, en raison de sa production rizicole et son surplus alimentaire offrant une meilleure condition sanitaire à sa population. Si le taux brut de natalité est de 3.51%, le taux d’accroissement naturel serait alors de 2.72 % et celui de la mortalité de 0.79 %10. Plus récemment, une monographie faite par le WWF en 1996 donne un taux de croissance de 3.6 %, plus fort par rapport à la moyenne nationale de l’époque.

Figure 5 : Activités des ménages, dans la région d’Andapa.

4% 4% 5% A GRICULTEURS

ARTISANS

COMMERCA NTS

FONCTIONNAIRES 87%

Tableau 2 : Evolution de la population de la région d’Andapa.

Année Communes de la Cuvette Sous-préfecture 19841 119 449 122 555 19861 129 131 129 449 19881 136 191 140 217 19962 120 000 150 000 19993 131 573 178 236 Sources : 1Service Provincial du Contrôle et de la Tutelle des Collectivités Décentralisées (Antsiranana). 2Comptages WWF. 3Données de la sous préfecture.

La population se caractérise aussi par une forte proportion de jeunes de moins de 18 ans qui constitue plus de la moitié, les personnes ayant plus de soixante ans ne forment que 5.29% de l’enseble. La population active de 18 à 59 ans ne fait que le tiers, mais comme l’agriculture est l’activité principale, les jeunes y participent dès que leurs capacités physiques leurs permettent. En réalité, les jeunes sont alors actifs dès l'âge de 15 ans et jusqu’à ce qu'ils ne peuvent plus travailler.

9 RABENASOLO (OF), Septembre 1995, La stratégie de défrichement par la population de la zone périphérique de la Réserve de Marojejy et d’Ananaharibe Sud, (approche géographique)Mémoire pour l’obtention d’un CAPEN de l’ENS. 10 DIRASSET, Mai 1991, Régions et développement, programmes régionaux et locaux, Faritany Antsiranana Etudes régionales, PNUD/DPS MAG/89 018.

24 Mémoire de maîtrise Première partie

Comme les activités agricoles n’arrivent pas à subvenir aux besoins des ménages, on voit alors apparaître l’accroissement des activités commerciales agricoles et non agricoles, les jeunes sont surtout attirés par l’exercice de commerce d’épicerie, de petites boutiques et l'extraction de pierres précieuses.

Tableau 3 : La densité de la population.

Unité spatiale Surface (Km2) Densité en 1994 Densité en1999 (hab./km²) (hab./km²) Région d'Andapa 5000 31 35 La Cuvette d'Andapa 2998 56 62 Commune des Zones forestières 2111 13 17 Communes situées sur la Route Andapa -Sambava 782 13 13 *Source : sous-préfecture d’Andapa.

Figure 6: Classification par sexe et par âge de la population d'Andapa en 1999.

80 et +

75 à 79 70 à 74 65 à 69 60 à 64

55 à 59

50 à 54

45 à 49

40 à 44

35 à 39

30 à 34

25 à 29

20 à 24

15 à 19

10 à 14

5 à 9

0 à 4

12000 10000 8000 6000 4000 2000 0 0 2000 4000 6000 8000 10000 12000

féminin mas c ulin

25 Mémoire de maîtrise Première partie

Carte 5 : POPULATION PAR COMMUNE EN 1999

26 Mémoire de maîtrise Première partie 3) L’évolution spatiale de l’occupation.

L’introduction de la vanille en 1920 était la cause principale de la migration dans la Cuvette d'Andapa. M Portais montre que les vagues suit les fluctuations du cours de la vanille avec un décalage de un à deux ans, mais il ne faut pas négliger l'importance des vastes terres favorables à la riziculture.

En 1950, 40 000 personnes vivaient déjà dans la Cuvette. Les premières installations se sont surtout concentrées dans la partie sud, auxquelles se sont ajoutés les villages éparpillés autour de la zone forestière de Marojejy et dans la petite Cuvette de Doany.

La période comprise entre 1930 et 1950 correspond au "remplissage" de la Cuvette; De nombreux villages se sont installés au Nord-Est et surtout dans la partie centrale, et quelques- uns dans les zones montagneuses.

Jusqu'en 1970, il y a un ralentissement des installations dans la dépression: deux nouveaux villages, contre 8 dans les zones périphériques et à Doany.

A partir de l’année 1990, l'immigration se poursuit en dehors de la Cuvette; 15 nouveaux villages sont répertoriés, dont 7 à Doany. Ainsi, on se rapproche de plus en plus des zones forestières.

L'extension de l'occupation commence à atteindre la partie sud-est de la région après la construction de la route Bealanana-Andapa, qui traverse la réserve d'Anjanaharibe Sud.

L'éclatement du peuplement en dehors de la cuvette s'est accéléré aux environs de l’année 1980 ; où 98 % de la population de la sous-préfecture habitait la cuvette, Ce taux est à 80 % selon la monographie du WWF. Actuellement 27 % de la population sont réparties en dehors de la dépression.

27 Mémoire de maîtrise Première partie

Carte 6 : La progression du peuplement dans la région d'Andapa.

28 Mémoire de maîtrise Première partie

B-Progression du peuplement et pression sur les ressources forestières.

L’enclavement de la région a longtemps épargné la couverture forestière qui était presque intacte jusqu’aux années '50. Des années ’20 aux années ’50, les villages qui ont occupé la Cuvette, se sont déjà installés aussi dans les zones périphériques au sud du massif forestier de Marojejy, ces habitants ont pratiqué les cultures de rente, la riziculture irriguée, le riz de tavy n’étant qu’un complément. Sur les trois décennies suivantes, le nombre de villages dans le centre et le nord- est de la Cuvette a continué d’augmenter, en même temps, on constate une forte dégradation de la forêt primaire du fait de l'occupation des terres arables, la période correspond à l’achèvement du remplissage des bas fonds entraînant la saturation foncière aux abords de la Cuvette et le début de la pénétration dans les zones montagneuses. L’incursion a commencé par l’occupation des zones aux abords des rivières et des sentiers secondaires, pour atteindre l’intérieur des Réserves. Les grandes déforestations ont été aussi favorisées par la politique menée par le président Tsiranana en 1972, la fin des années ’70 est ainsi marquée par l’extension des défrichements dans le but d'accaparer plus de terres.

La baisse considérable des cours des produits de rente, durant les années ’80 a engendré la réduction des cultures commerciales et l’orientation des paysans vers la production vivrière dont la riziculture de tavy. Les Réserves ont déjà été mises en place, aucune surface forestière ne peut plus être défrichée or la population a doublé depuis les années ’70; la pression est de plus en plus forte, les paysans essayant alors de jouer sur le temps de la durée de la jachère.

Après l’occupation des bas-fonds de la Cuvette, l’extension de la déforestation a gagné, depuis 25 ans, les surfaces boisées périphériques, proches des aires Protégées. Le peuplement des bassins versants s’accompagne de défrichements à une vitesse de 28.85 ha par an à l’intérieur de la Réserve d’Anjanaharibe, et de 272.85 ha par an à l’extérieur. (Garreau 1997)

Le tavy pour la récupération de terres de culture est considéré comme facteur de dégradation des ressources. Les massifs d’Anjanaharibe et de Marojejy subissent ces défrichements. Entre 1992 et 1993, des images satellitaires de 1992 ont relevé environ 5000 ha de tavy à l’intérieur des Aires Protégées, et un survol aérien de 1993 a également montré que : -Les versants du Massif d’Anjanaharibe Sud sont colonisés à partir des villages les plus proches. 29 Mémoire de maîtrise Première partie -Le massif de Marojejy a été colonisé sur ses lisières et à l’intérieur par des familles qui se sont installées en pénétrant à partir des rivières. Les forêts naturelles hors réserve subissent les même préjudices et tendent à disparaître totalement. Les tavy cherchent à s’installer au cœur des massifs où la surveillance est moindre et où les possibilités d’extension sont encore importantes. En outre, la forêt est aussi fortement exploité pour l’approvisionnement de la ville en charbon et en bois d’œuvre.

Photo 4: relief accidenté des vallées forestières. (A l'arrière plan le massif de Marojejy). (Source : l’auteur)

. Photo 5: Attaque de l'érosion sur les versants à forte pente.

A l'arrière plan, les pics du Marojejy, souvent couverts de brouillards. (Source : l’auteur)

30 Mémoire de maîtrise Première partie

La cuvette présente une densité élevée et une croissance rapide de la population, l'éclatement du peuplement engendre la dégradation du milieu, or, les richesses de la zone pourraient lui donner une importance régionale, sur le plan rizicole, écologique et touristique, mais le développement dépend aussi des infrastructures de liaison et d'accueil.

C- Infrastructures, ville et échanges.

1)L’enclavement.

Située à 100 km à l’intérieur des terres, la région d’Andapa est entourée d’une chaîne de montagnes qui fait partie du massif de Tsaratanàna, formant un barrage dans toute la partie Ouest, de plus le terrain accidenté rend l’accès difficile.

Jusqu’en 1947, Andapa restait isolée, faute de route carrossable, le transport se faisait à dos d’homme, il fallait 10 à 20 jours de marche pour aller à Sambava ou à Antalaha. Depuis 1947, une liaison aérienne régulière reliant Andapa à la côte est a permis de briser l’isolement et d’éliminer le portage11, mais cela n'a touché que les produits de rente à cause des coûts de rentabilité, ce qui n’a pas permis de valoriser le potentiel rizicole de la Cuvette.

En 1969, le FED a financé la construction de la route RN 3b, entre Andapa et Sambava, sur une distance de 108 Km, dans le but d’ouvrir les marchés nationaux aux produits agricoles de la Cuvette, et a aménagé une partie de la dépression pour enclencher la culture « commerciale »du riz. La Cuvette est désormais tournée vers la côte et polarisée par la ville portuaire de Sambava avec laquelle elle entretient la majorité de ses échanges. Pour atteindre Tananarive qui est à 800 Km à vol d’oiseau, il faut plusieurs jours de route.

Dans la Cuvette, seule les quelques rues de la ville sont goudronnées, un réseau de pistes secondaires dessert le pourtour intérieur en passant par la ville pour rejoindre la RN 3b. Certaines pistes ne sont pas carrossables en période de pluie, la petite Cuvette de Doany, au nord-est, n’est accessible qu’à pied, le portage est encore pratiqué, alors que Doany possède aussi de fortes potentialités agricoles. Une autre piste tourne vers le sud et rejoint Bealanana, en traversant le massif d’Anjanaharibe Sud, qui présente des risques de déforestation pour celle-ci.

11LEBOURDIEC (F), 1974, Hommes et paysage du riz à Madagascar 31 Mémoire de maîtrise Première partie 2)Rôle régional de la ville.

Andapankova est le croisement des trois pistes d’Antalaha ,de Befandriana Nord et de Doany, quand l’administration Hova édifia le rova Andapankova pour le gouverneur, à quelques km au sud de la ville actuelle. C’est en 1898 que la ville d’Andapa est née par la réunion de 4 quartiers : Andapa Sud, Andapahely, Beanana et Ankevaheva, elle se situe dans la partie nord est de la Cuvette. Actuellement elle s’étend vers le nord dans le quartier d’Antangena. L’essentiel de la ville est formé de deux rues parallèles sur lesquelles sont alignés les bureaux administratifs, les hôtels, et un grand nombre de commerçants. Son importance est attachée à son rôle de sous-préfecture, et aussi un rôle commercial lié à sa fonction d’entrepôt et de transit.

Photo 6 : Une rue de la ville d’Andapa

*Source : l’auteur

Sa place touristique est à promouvoir par le renforcement des infrastructures hôtelières et de desserte, les deux Parcs Nationaux présentent des intérêts écotouristiques grâce à leur flore et faune singulières, des pistes ont été déjà aménagées, les guides et les gîtes, prévus à cet effet sont en place. En 1999, 294 touristes dont 124 étrangers ont visité le Parc National de Marojejy12.

Sur le plan agricole la production sur les cultures de rente est la plus faible pour la région du SAVA, mais grâce à la Cuvette, Andapa reste le grenier du Nord-Est, en 1989 sa production est de 58 000 tonnes de paddy pour une population de 140 217 et sur une surface de 25 789

12 WWF Marojejy. 32 Mémoire de maîtrise Première partie ha, permettant de dégager un surplus de 27 000 tonnes13. Cependant, la diminution des superficies rizicoles a engendré la baisse de la production, en 1999, les 18 800 ha ne donnent plus de 42 420 tonnes, soit 32% de la production de la zone du SAVA14.

3)Infrastructures.

Seule la ville et ses alentours bénéficient des infrastructures fondamentales. L’approvisionnement de l’énergie électrique est géré par la JIRAMA, à partir d’une centrale thermique équipée de groupe électrogène, qui alimente seulement la ville. Plus de 80 % de la population s’éclairent à la lampe à pétrole ou la bougie. Le réseau de l'eau ne dessert qu’une minorité, plus de 80 % de la population se ravitaillent aux bornes fontaines et aux puits, dans la ville même, l’eau qui passe par les caniveaux est réutilisée, cela pourrait être un facteur d’infections.

Les infrastructures en télécommunication sont réduites, Andapa n’est pas desservi en téléphone, par contre, à part la Radio Nationale, Andapa a un émetteur radio locale, et une télévision locale privée, c’est un progrès sur les moyens d’information, car la presse est en retard de un à deux jours.

Sur le plan de l'éducation, la répartition des établissements scolaires est satisfaisante car tous les villages ont au moins une école primaire avec trois classes, chaque commune rurale devrait avoir un CEG, et la ville a un lycée mixte, mais les établissements scolaires publics sont en mauvais états. L’insuffisance en nombre d’enseignants est aussi grave surtout dans les zones où l’accès est difficile, l’enseignement technique n’existe pas. Par conséquent, des écoles privées s'implantent partout. Dans les zones rurales, les parents sont obligés de mobiliser leurs ressources pour la réhabilitation ou la construction d’écoles privées, y compris le paiement d’un instituteur. Le taux de scolarisation est inférieur 50 %, cela est attribuable au manque de moyens financiers des ménages (pour l'achat les fournitures scolaires, l’uniforme etc.)15, mais également au manque de confiance au système éducatif comme facteur de promotion, les enfants trouvent plutôt leur avenir dans les activités de leurs parents. Les bâtiments de la santé publique sont délabrés et n’arrivent pas à faire face aux besoins de la population, les responsables s’occupent surtout de la maternité et la réalisation des programmes nationaux (vaccination, lutte contre les maladies contagieuses…). La situation est acceptable grâce à la présence d’institutions sanitaires privées : l’hôpital adventiste, qui gère un bloc opératoire de renom, deux dispensaires gérées par les sœurs catholiques, un nombre

13 DIRASSET, Mai 1991, Régions et développement, programmes régionaux et locaux, Faritany Antsiranana Etudes régionales, PNUD/DPS MAG/89 018. 14 1989, Statistiques agricoles. 15 DRN (développement ressources Network) / Département de Géographie, juin 1998. 33 Mémoire de maîtrise Première partie croissant de cabinets privés, 4 pharmacies communautaires pour la distribution gratuite de médicaments et 28 dépôts pharmaceutiques.

Malgré le peuplement tardif dû à l’enclavement, Andapa est une zone à forte immigration, confirmé par un fort taux de croissance. Sa population cosmopolite est caractérisée par sa jeunesse et sa ruralité. L’activité principale tourne autour de l’agriculture, mais les techniques d’exploitation du milieu restent généralement traditionnelles donnant des rendements faibles. Le peuplement a vite débordé de la cuvette, ces populations à la recherche de terres commencent pénétrer dans les forêts naturelles et même à l'intérieur des réserves. Les infrastructures de base n'arrive pas non plus à suivre le rythme de la croissance démographique. Andapa détient par contre de nombreux atouts à renforcer pour confirmer sa place régionale.

34 Mémoire de maîtrise Première partie

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE.

La région d’Andapa est ainsi, un milieu à la fois riche et fragile. Physiquement, les conditions générales sont bonnes; le climat, la pédologie, le réseau hydrographique offrent de fortes potentialités agricoles, ce qui fait l’attraction du milieu. Le rôle fu pourtour montagneux et forestier de la Cuvette est par contre stratégique car il constitue à la fois un obstacle pour l’accès à la Cuvette et un facteur de sauvegarde des forêts primaires; Les fortes pentes des versants, sans la couverture forestière, et sous l’action des pluies, sont facilement attaquées par l’érosion. Andapa possède encore une richesse écologique incontestable, qui constitue un privilège et a un rôle important dans la préservation des potentialités de la région.

Andapa permet de développer les cultures commerciales qui sont par contre conditionnées par le marché, entraînant une tendance vers les cultures vivrières plus faciles à vendre. La dépression pourrait aussi assurer les besoins en riz, mais les techniques de production, pratiquées sur les surfaces disponibles n’arrivent pas à subvenir aux besoins de la population et celles des bas-fonds aménagés sont insuffisantes, le potentiel rizicole n'est donc pas exploité à fond. L'insécurité foncière gagne du terrain, influençant les modes de faire valoir. Les défrichements constituent pour les paysans sans terre, un moyen de survie.

La pratique du tavy permet, par conséquent, d'avoir de nouvelles surfaces par le défrichement, mais il dégrade le sol et nécessite un temps de régénération assez long, engendrant le défrichement sur d'autres zones forestières.

Andapa est par contre une zone d'immigration à forte croissance, le peuplement n'a occupé, au début, que la dépression. Il a atteint, en trois décennies, les zones forestières en dehors de la cuvette, et même les Aires Protégées. Le besoin croissant de terres engendré par la croissance démographique et la faible capacité des techniques de production entraînent ainsi une forte pression sur les ressources naturelles.

Ces dernières pourront par contre, être valorisées par le développement de l'écotourisme. Andapa, jouant aussi la fonction d'entrepôt et de transit entre l'arrière pays et le port de Sambava, est réputée comme grenier rizicole du Nord-Est. Tenant son rôle de Sous- préfecture, sa position régionale est à promouvoir par le renforcement des infrastructures.

35 Mémoire de maîtrise Deuxième partie

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36 Mémoire de maîtrise Deuxième partie

Carte 7 : LOCALISATION GENERALE DES VILLAGES D’ETUDE

L’intérêt de cette deuxième partie est porté sur l’observation des villages d’Antsahameloka et de Belambo-Lokoho qui sont différenciés par plusieurs caractéristiques. L’étude étant de représenter le contexte des activités dans la Cuvette et en dehors de celle-ci, de voir de plus près, les problèmes engendrant la dégradation du milieu naturel et les activités menées par les paysans.

37 Mémoire de maîtrise Deuxième partie Chapitre IV : DYNAMIQUE HUMAINE ET ACTIVITES

A-Le contexte humain et social.

1) Belambo, un peuplement ancien.

Belambo se situe en dehors de la Cuvette, à 2,5 km au sud-est de la limite la plus proche de la RNI de Marojejy, et à 26 Km de la ville d’Andapa, le long de la RN3b (Pk 70-71) qui relie Andapa à Sambava.

Le Fokontany de Belambo est rattaché à la Commune rurale d’Andrakata, de la sous- préfecture d’Andapa. Situé à 20 km d’Ambodiampana et à 12 km de Belambo, le hameau d'Anjialava se considère plutôt rattaché à la Commune voisine d'Ambodiampana avec laquelle il a plus d’échanges, mais il fait encore partie du fokontany et du même bassin-versant que Belambo.

L’installation de la population à Belambo remonte aux arrière-grands-parents donc il a été créé au début du siècle. Les fondateurs sont des Tsimihety venus de Mananara, puis des gens venus de Maroantsetra, de Mandritsara, de Vohémar et même du Sud. C’est un village de migrants où les Tsimihety, Betsimisaraka et Antemoro sont les ethnies dominantes, avec une minorité de Betsileo et d’Antandroy, sans répartition de quartier. L’accroissement rapide de la population commence aux années '40, par l’immigration des gens venus de l’Est et du Nord Est, actuellement la migration est pratiquement arrêtée, l’augmentation de la population se fait surtout par croissance naturelle. Si en 1997 Belambo comptait 1800 habitants, en 1999, une population de 2008 habitants, réparties en 368 ménages, est atteinte.

La population actuelle se caractérise par sa jeunesse dont les moins de 18 ans atteignent presque la moitié de l’ensemble et aussi par une réduction récente de la natalité, la tranche comprise entre 18 et 59 ans fait le double de celle des 6 à 17 ans, l’espérance de vie plus faible est marquée par le rétrécissement du nombre de personnes de plus de 60 ans. La population active est presque en équilibre avec celle à charge.

Belambo bénéficie du passage de la route qui relie Andapa et Sambava, facilitant la circulation des informations, des hommes et l’évacuation des produits. Les habitants des hameaux et des villages environnants y viennent à pied, pour écouler la production.

38 Mémoire de maîtrise Deuxième partie

Tableau 4 : Structure de la population de Belambo en 1999.

Tranche d’âge 0 à 5 ans 6 à 17 ans 18 à 59 ans 60 ans et + total/sexe TOTAL SEXE H F H F H F H F H F NOMBRE 2008 243 255 258 463 456 230 53 50 1001 1007

2) Antsahameloka, un village de migrants pionniers

Antsahameloka se localise au Nord-Est de la Cuvette, à 18 Km de la ville d’Andapa et à 4 kilomètres de la commune d'Andasibe. Le Fokontany est rattaché à la commune rurale d’Andasibe-Kobahina, de la Sous-préfecture d’Andapa.

Antsahameloka a tiré son nom de la forme sinueuse des cours d’eau de sa vallée, c’est là que les habitants d’Andongona et d’Andasibe cueillaient le caoutchouc, dans le « saha melomeloka », à l’époque ou la forêt était encore dense. Le village a été fondé en 1916 par les Tsimihety, avec les Betsimisaraka sont les ethnies dominantes, les autres ne constituent qu’une minorité : Antemoro, Betsileo….

La facilité de la riziculture a attiré les gens à habiter Antsahameloka. Les gens se sont empressés pour s'enrichir car le terroir est propice à l'agriculture. Les migrants viennent souvent de la région d’Andapa, certains, des villages de la Cuvette, et d'autres, des zones forestières. Le peuplement du village a suivi à peu près le rythme de celle de la Cuvette, avec l'arrêt des masses migratoires autour des années ' 50.

La population d'Antsahameloka a la même structure que celle de Belambo, elle est caractérisée par la présence de plusieurs ethnies et le taux élevé des jeunes; 61 % de la population a moins de 18 ans, et la population active ne fait que 30 % de l'ensemble ayant comme activité principale l'agriculture. Une réduction récente du taux de natalité est remarquable par rapport aux moins de cinq ans et de la classe des 6 à 17 ans, cependant, l’espérance de vie reste faible car les personnes âgées de plus de 60 ans ne sont qu’une très faible partie de la population. L'année 2000, 106 toits abritent les 1200 habitants du village.

Tableau 5 :POPULATION PAR SEXE ET PAR TRANCHE D’AGE en 1999

Tranche d’âge 0 à 5 ans 6 à 17 ans 18 à 59 ans 60 ans et + total/sexe TOTAL SEXE H F H F H F H F H F NOMBRE 1122 145 165 188 202 160 169 47 53 538 584

39 Mémoire de maîtrise Deuxième partie La réhabilitation de la route aménagée en 1978, qui longe la bordure nord de la Cuvette a facilité l'évacuation des produits. Ce qui a permis de remplacer le transport à dos d’homme par l’automobile. La production rizicole, le café, la vanille et la banane sont écoulés dans la ville d’Andapa. Beaucoup de jeunes, devant l’insuffisance des terres s’orientent vers le commerce et la collecte de produits.

3) Les structures sociales.

Les Ray aman-dreny. Les ray aman-dreny (parents) sont les plus âgés du village, auxquels tout le monde doit le respect. Ce sont des sages à qui on demande des conseils et qui interviennent dans les règlements des conflits, surtout fonciers, car ils reconnaissent les familles propriétaires des champs

Les zafintany. Sont appelés Zafintany, les aînés des descendants des premiers occupants du village, les Tsimihety, détenteurs de l’histoire de leur foko: le " lovan-tsofina" (qui se transmet de bouche à oreille ) sont considérés comme les personnes qui relient la population aux ancêtres fondateurs du village. Ils interviennent lors des enterrements, des exhumations et pour l’ouverture des tombeaux familiaux, ils sont présents aussi pendant les vœux, les "joro"ou demande la bénédiction au Zanahary.Les Zafintany sont aussi les détenteurs des pouvoirs traditionnels et des décisions, ils sont toujours sollicités lors des réunions du fokonolona et aux réconciliations des conflits entre foko ou individus; leurs paroles sont toujours respectées.

LE CLS (comité local de sécurité) / Fokontany. Le CLS représente l’autorité de l’état et de la communauté et se charge des affaires administratives et sociales, de la sécurité, de l’éducation, du développement Il est le lien entre le Fokonolona et l’administration. Chacun des quartiers ou Lakoro un « chef de quartier » qui relie directement la population au CLS. Le président du CLS doit informer les gens sur les nouvelles et il a le pouvoir de réunir la population pour les décisions. Il est aussi sollicité dans tous les conflits.

Le Vaomieran'ala, relais des Eaux et Forêts. Les Vaomieran’ala, élus tous les cinq ans, ont été mis en place par l’initiative du chef de cantonnement des Eaux et Forêts, ils sont élus par chacun des sept quartiers, leur rôle est : • D’enregistrer les demandes annuelles de défrichements, qui seront envoyés au CLS et au Cantonnement des Eaux et Forêts, pour l'obtention d'un permis collectif, • De contrôler les défrichements et le mis à feu, et de donne les instructions et les autorisations pour les savoka à travailler,

40 Mémoire de maîtrise Deuxième partie • De contrôler la légalité des tavy, • De dirriger la population pour le nettoyage des layons qui délimitent la RNI de Marojejy. Le vaomieran'ala vérifie aussi ensuite les savoka avant et après défrichement et il a le droit de suspendre le travail en cas de non-respect des instructions. Ils ont aussi reçu, une formation sur la protection de la forêt contre les feux. Le Chef de Cantonnement des Eaux et Forêts fait une vérification lors de leurs tournées. A Belambo, des Mpiandry Vavasaha ou gardiens de vallées sont aussi mis en place par le Fokonolona. Ce sont des paysans qui habitent dans les vallées forestières et aident à la surveillance des coupes ou des feux de forêts.

B- Société et cohésion.

1) Le Fokonolona, organe de décision.

Le Fokonolona regroupe tous les habitants du Fokontany. C’est par une assemblée générale que le Fokonolona prend les décisions ; travaux communautaires, manifestations ou agissements sur un problème, avec le président du CLS et les Ray aman-dreny. Ainsi, le Fokonolona entreprend des travaux tels que : construction ou réhabilitation d’école, aménagements ou assainissements des infrastructures…et tout ce qui peut améliorer la vie communautaire. Autrefois, les règles n’étaient pas nécessaires pour la bonne marche de la société, les premiers habitants groupés en grandes familles étaient liés par l’entraide et le respect du fihavanana. La population s’était imposée un dina (un ensemble de règles communautaires) pendant l’arrivée des français, ceux qui ne le respectent pas était exclus de la grande famille et de l’entraide. Plus récemment, le Fokonolona a encore établi un dina, les personnes qui s'absentent lors des réunions et les travaux communautaires seront obligés de verser une amende ou vonodina. Cependant, n'étant pas écrit, il est difficile de l'appliquer, et il s’est amenuisé au fil du temps.

Cependant, en dehors des organisations administratives, une obligation d’entraide persiste à Antsahameloka ; lors des décès, la communauté fait une cotisation pour aider la famille du défunt, les personnes qui y ont participé sont enregistrées dans le bokimena ou « livret des morts ». Celui qui ne participera pas, sera exclu de l’entraide.

41 Mémoire de maîtrise Deuxième partie 2) Une dynamique plus poussée à Belambo

La place des femmes. Les femmes commencent à prendre une importance dans les décisions et les affaires communautaires, certaines sont membres des comités d’organisation et du grenier communautaire. Elles ont monté des associations dont l’objectif est de substituer l’exploitation des ressources forestières par d’autres activités ; l’artisanat permet de valoriser certains produits, la couture..., elles essayent d'en convaincre leurs maris et créent des chants folkloriques concernant la protection de l’environnement pour animer la population et éduquer les enfants.

Le développement des groupements villageois. Les paysans se sont intégrés dans des associations villageoises afin d'améliorer les conditions de production et les conditions sociales, par l'animation et l'aide accordées par les organismes locaux. Par conséquent on distingue plusieurs groupement villageois à Belambo.

Une association menée par la Politique de Relance des Cultures d'Exportation dans le cadre de la STABilisation des produits d'EXportation financé par l'UE et le GNEV, vise à l'amélioration de la production et la facilitation de l'évacuation de la vanille. 100 membres, dont, 46 femmes, sont formés à partir d'un champ d’expérimentation. Ils ont l'avantage de pouvoir emprunter de l’argent à la caisse, et d'avoir des lianes gratuites.

L'association pour la Défense et la Restauration des Sols regroupe 70 membres répartis dans 6 groupes. Quant aux femmes, Belambo compte 55 associations qui rassemblent au total 700 membres grâce à leurs propres initiatives.

3) De différentes tendances à Antsahameloka.

Malgré de la proximité de la ville, l’évolution de la société et la monétarisation des échanges, les Ray aman-dreny et Zafintany sont encore respectés et considérés, mais leur influence a diminué dans la société, Le CLS du pouvoir administratif, détient la direction et l’organisation des affaires communautaires. Le pluriethnisme suppose une différence des cultures et des pratiques (fady …), car les rapports sur les ressources foncières en découlent. L’existence des tendances politiques : AREMA, Leader Fanilo, d’une évangélisation récente par l’église Adventiste et la FJKM, sont aussi des facteurs de la formation de groupes de différentes tendances dans la société. Les réunions villageoises, serviront de référence pour observer les relations sociales. Certes, elles sont obligatoires mais beaucoup de personnes ne viennent pas pour les intérêts communautaires. Souvent, 60 à 70 personnes sont présentes car il n'y a pas de liste d'appel.

42 Mémoire de maîtrise Deuxième partie L’ancienneté fait des Tsimihety, propriétaires de la terre et gardiens de la tradition. Les étrangers qui n'appartiennent pas à l'ethnie Tsimihety sont plus dynamiques dans les activités de production et dans la société, certains ont pris des places au sein des structures et jouent le rôle de contre pouvoir.

Bien que les pouvoirs des anciens restent importants, la société fonctionne sur la synergie entre structures administratives et traditionnelles, les décisions au niveau du village appartiennent au Fokonolona, qui laisse aussi la parole aux jeunes et aux femmes, la société à Belambo est particulièrement marquée par sa cohésion et son dynamisme, cela se matérialise par le nombre croissant d'associations, qui sont des lieux de développement, d’échange et d’entraide.

La société accorde encore une importance aux structures traditionnelles, mais elle ne connaît pas la même cohésion qu’à Belambo. Cela peut être dû à la richesse du terroir, au développement des échanges commerciaux et à la proximité avec la ville.

C- Pratiques paysannes et activités.

1)Les conditions foncières à Belambo et l’orientation aux cultures commerciales.

Les premières familles Tsimihety qui ont occupé les vallées ou « vavasaha », ont été les propriétaires des terres, selon la coutume, et sont maîtres des versants entiers au-dessus des terrains qu’elles cultivent, y compris la forêt qui le recouvre, l'ensemble est appelé "saha". Les nouveaux venus s’adressent à eux pour en occuper une portion, en contrepartie, ils doivent apporter du riz aux Ray aman-dreny. De là, l'entraide, "valitanana", se fait durant les travaux agricoles, renforçant les liens des habitants en grande famille unie par le "fihavanana".

Aujourd'hui, aucune surface n’est plus disponible car les terroirs sont complètement occupés, et le défrichement, interdit. La location est courante, le prix d’une parcelle de tavy est fonction de sa qualité et de la pente, le loyer pour les parcelles de bas-fond est plus élevé. L’offre en terre est faible, on ne peut trouver une parcelle à vendre que par occasion ; maladie ou un besoin pressant d’argent. Les terres ont été morcelées, par héritage ou par vente, et par l’immatriculation. Les parcelles sont actuellement individuelles.

D’après nos enquêtes, le terroir de Belambo se caractérise par l'étroitesse des bas fonds ; • Seulement 40 % de la population totale ont accès aux bas-fonds, • 26 % en louent,

43 Mémoire de maîtrise Deuxième partie • 13 % sont propriétaires et cultivent sur leurs parcelles. L'insuffisance des bas-fonds a été un facteur de développement de la riziculture sur tanety : • 97 % de la population pratiquent la culture sur tavy, • 20 % trouvent même leurs parcelles de tavy insuffisantes, et en louent d'autres.

Figure 7 : L’accès à la terre en fonction de l’année d’installation, à Belambo.

120

100 % ont un tanety 80

60 %louent un tanety pourcentage % 40 %ont un bas-fond

20 % louent un bas- 0 fond 0-15 16-30 31-45 46-50 51 et plus année d'installation

Figure 8 :La possession de tanety en fonction de l’année d’installation à Belambo

4 3,5 3 2,5 2 surface 1,5 surface (ha) 1 0,5 0 0-15 16-30 31-45 46-50 51 et plus année d'installation (an)

Figure 9 : Surface (ha) et utilisation des parcelles en fonction de l’année d’installation à Belambo.

1,8

1,6 1,4 parcelle de 1,2 vanille

1 parcelle de café 0,8 riz de tavy 0,6 0,4 riz de bas- 0,2 fond 0 jachère ou 0-15 16-30 31-45 46-50 51 et plus autres

A partir des graphiques précédentes que nous avons établis à partir de nos données on peut tirer les informations suivantes : 44 Mémoire de maîtrise Deuxième partie L’accès et l’appropriation de tanety est général, mais la taille des parcelles est variable ; Les jeunes et les gens installés à moins de 15 ans possèdent une surface moyenne d'environ 1 ha de tanety, obtenu par achat, par arrangement ou par défrichement, leurs parcelles sont insuffisantes et presque la moitié de ces migrants ont recours à la location de tanety et de bas-fond. Les paysans dont leur installation est comprise entre 16 et 45 ans ont pu avoir beaucoup plus de terres, en moyenne, ils ont environ 3 ha de tanety. Ceux qui sont là depuis plus de 45 ans sont souvent nés à Belambo même, en général, ils possèdent plus de terres, mais ils les ont partagées à leurs descendants ou qu'ils ont moins de force pour les travailler et les louent. A plus de 46 ans d'installation, ils ont en moyenne 3.5 ha de tanety. La surface mise en jachère ou consacréeaux autres cultures est à peu près égale en surface au riz de tavy, et n’existe plus après 50ans d’installation.

La location de tanety touche la totalité des paysans et concerne surtout ceux qui sont récemment installés(40% du ratio), puis diminue progressivement en fonction de l’ancienneté sur le terroir, quasi inexistante pour les anciens (environ 5% du ratio).

L’accès et l’appropriation de bas-fonds touchent la plus grande proportion des paysans dont l’installation est la plus ancienne (50%) car ils sont les premiers venus, la location n’existe pas chez cette classe car ils possèdent une surface suffisante. Dans l'ensemble, ceux qui ont des bas-fonds ne dépassent pas les 13%, la location est alors plus grande, plus l'installation est récente, et atteint environ 50% pour la classe des moins de 15 ans.

Au total, on pourrait confirmer que: L’accès à la terre est en rapport avec le nombre d'années d'installation sur le terroir ; Les plus anciens ont les meilleures terres car la majorité a accès aux bas-fonds et n'a pas recours à la location, ils ont aussi les plus grandes superficies de bas-fonds. Leurs exploitations sont en équilibre sur les rapports des cultures commerciales et vivrières.

Les plus démunis sont les nouveaux venus, chez eux, la location est importante, mais celle des rizières est plus élevée par rapport à celle des tanety, pour en tirer le maximum de production sur la moindre parcelle louée. Mais l’appropriation de bas-fonds est plus grande, tandis que l’appropriation de tanety est plus petite. Pour ces classes intermédiaires, les surfaces réservées au riz de tavy sont plus vastes mais les bas-fonds sont minimaux par rapport aux nouveaux venus.

45 Mémoire de maîtrise Deuxième partie En d’autres termes, une fois que les paysans ont acquis assez de surface pour le riz de tavy, les bas-fonds ne les intéressent pas vraiment, par contre les surfaces réservées aux cultures de rente fait le double ou le triple de celles pour le riz ; la vanille ne dépasse pas en général 0.8 ha. Pour les nouveaux venus, elle occupe plus de surface que le café car elle se vend plus cher, mais pour ceux qui ont assez de terre, le café est pratiqué sur plus de 1 ha.

On pourrait ainsi conclure que les exploitations sont basées sur la gestion du savoka, le riz est destiné à l’autoconsommation, d’ailleurs son exploitation commerciale n’est pas possible. Belambo est orienté vers les cultures commerciales pour tirer plus de profit sur l’utilisation des terres, le café ayant plus d’importance que la vanille, confirmant sa pérennité face aux crises des cultures de rente.

3) Antsahameloka, persistance du tavy, malgré la plaine.

A Antsahameloka, l'appropriation foncière se caractérise par l'existence : • De grands propriétaires qui possèdent tellement de rizières qu'ils ne peuvent pas les aménager sans aides, • Des propriétaires qui n'habitent pas dans la zone, • Des petits propriétaires qui se placent comme salariés auprès des deux autres catégories une fois leurs propres lopins aménagés, • Une minorité de paysans qui ne possèdent pas de bas-fonds pratiquent le tavy et sont, en même temps, des salariés agricoles.

Figure 10 : Mode d’accès aux terres en fonction de l’année d’installation à Antsahameloka. 120

100

80

60 %ont un bas- fond 40 % louent un

pourcentage(%) bas-fond 20 % font louer un bas-fond 0 % ont un tanety 20 à 30 31 à 41 41 à 50 51 à 60 61et plus %louent un années d'installation tanety

Presque la majorité des paysans peuvent avoir accès aux terres de bas-fonds et de tanety, sauf environ 20% des nouveaux venus et la classe dont l’installation est comprise entre 41 à 50 ans. Les surfaces de bas-fonds acquises augmentent avec l’ancienneté sur le terroir, et varient entre 0,1 et1ha. 46 Mémoire de maîtrise Deuxième partie

Figure 11 : Surface des terres exploitées en fonction de l’année d’installation à Antsahameloka.

4,5

4

3,5

3 TANETY

2,5 RIZIERE 2

surface en (ha) surface 1,5

1

0,5

0 20 à 30 31 à 41 41 à 50 51 à 60 61et plus Année d'installation

La location de tanety n'existe pas, mais les surfaces exploitées diminuent pour personnes récemment installées, au fur et à mesure où les surfaces de bas-fonds est plus grande.La tendance change à partir de la classe dont l'installation est supérieure à 41 années, ceux-ci possèdent les plus grandes surfaces de tanety, cela est certainement lié à l’ancienneté au village mais aussi à la taille supérieure des ménages faisant augmenter le nombre de personnes à charge. A partir de cette classe, les surfaces de tanety exploitées diminuent suivant l’augmentation des surfaces de bas-fonds qui reprennent l'allure.

Les nouveaux venus sont ceux qui n'ont pas suffisamment de terres et ont recours à la location de bas-fonds, la classe entre 41 et 50 ans ont suffisamment de terre et ne louent pas ni font louer. A partir de 31 années d'installation, l'allocation augmente en fonction de l’ancienneté au village, car les plus anciens ont plus de terres mais moins de force pour les travailler.

Figure 12 : Les types d’exploitation en fonction de l’année d’installation à Antsahameloka.

2,5 rizière

2

surface (ha) parcelle de 1,5 tavy parcelle de 1 vanille 0,5 parcelle de café 0 20 à 30 31 à 41 41 à 50 51 à 60 61et plus jach/autres année d'installation

47 Mémoire de maîtrise Deuxième partie Ce graphique montrant l’exploitation des terres suit la tendance évoquée ci-dessus, à savoir, les surfaces de tavy qui diminuent avec l’extension des bas-fonds, sauf pour la classe de 41 à 50 ans d'ancienneté.

Avec un terroir dominé par la plaine, la riziculture est la préoccupation principale de la population et couvre 58 % à 77 % des exploitations, donc le riz occupe plus de la moitié de la surface totale cultivée par un paysan. La taille des parcelles de tanety exploitée pour le riz de tavy diminue quand la surface de rizière est grande, le tavy est pratiqué quand les terres de bas-fond sont insuffisantes et surtout adopté par les jeunes et les migrants pour lesquels l'accès aux bas-fonds est limité. La surface de tavy sur une exploitation est plus grande que celle du riz de bas-fonds car ce dernier donne un rendement double ou triple par rapport aux tanety. A Antsahameloka, la vaste étendue de l'espace cultivable a permis de rassembler les terrains de culture sur un même finage.

Comme à Belambo, la superficie de tanety mise en jachère équivaut à peu près à la surface cultivée en riz de tavy, par contre les surfaces attribuées aux cultures commerciales à Antsahameloka ne fait que la moitié de celles de Belambo, et comme ces surfaces sont faibles, la vanille occupe plus de place que le café, car elle rapporte beaucoup plus d’argent.

Le type d'exploitation des paysans est ainsi fonction de l'accès aux terres et, la riziculture sur-brûlis est un moyen de survie et de complément, malgré l'existence de la plaine. Le surplus rizicole est destiné au marché avec le maïs.

3)Les modes de production.

La production sur tanety plus développé à Belambo Etant donné l’exiguïté des bas-fonds, le choix des cultures pratiquées sur les tanety, est fonction de la surface des terres possédées, la qualité, la pente, et le calcul de la rentrée d’argent pour chaque ménage. La polyculture est pratiquée sur la majorité des exploitations.

48 Mémoire de maîtrise Deuxième partie

Photo 7: Belambo, un terroir à vallées étroites. Sur le Photo 8: exploitation d'un flanc de colline. En second-plan, défrichement sur versant abrupt bas de pente: riz de tavy, en associé au maïs, en haut, végétation secondaire

*Photos prises par l'auteur.

Le riz de tavy assure l’alimentation de la famille, c’est une culture annuelle qui requiert un dur travail. Aucun intrant n’est apporté, et l’outillage est limité. Le sarclage est important pour le développement des plants de riz. La récolte se fait au mois d’août avec un rendement moyen de 1.04 à 1.08 t/ha, mais varie en fonction de la qualité du sol. Un défrichement de forêt primaire peut donner jusqu’à 2 t/ha; quand le sol est épuisé, il est difficile d’atteindre une tonne, de plus le travail est plus dur car il y a beaucoup de mauvaise herbe. Le rendement est faible par rapport à la riziculture irriguée (2.6 à 3.25 t/ha) mais le tavy nécessite moins d’investissement en temps et en argent.. Le manioc est cultivé à la fin du cycle car il pousse bien sur sol pauvre et peut remplacer le riz dans l’alimentation.

Les cultures commerciales sont les bases des unités de production aux temps des grands-parents, et ont permis de dégager un revenu pour le paiement des impôts et de s'approprier une parcelle, ces cultures ont été encouragées par la politique nationale pour l’exportation, et plus rentable, elles sont souvent pratiquées sur des parcelles appropriées, La location concerne surtout la culture du riz. Pour la majorité des paysans, le café et la vanille sont cultivés en désordre, voly saritaka, et les pieds sont de plus en plus vieux. Le soin apporté se limite à la coupe des herbes qui ont poussé entre les plants. Le rendement est très variable mais tend en général à la baisse, le prix de la production imposé par les collecteurs décourage également les paysans. Actuellement, une nouvelle technique est vulgarisée.

49 Mémoire de maîtrise Deuxième partie La durée de la mise en jachère est fonction de la surface possédée, elle concerne surtout les parcelles de riz, car la vanille et le café sont des cultures pérennes et ne sont enlevées qu’après huit ans. Les cultures de contre saison succèdent au riz de tavy.

Antsahameloka une production mixte, bas-fonds et tanety. La culture des produits vivrière, surtout la riziculture est la principale préoccupation de la population d'Antsahameloka, car elle bénéficie du terroir de la Cuvette, mais la tendance à la diversification commence à prendre de l'importance.

Du fait de l’étendue de la plaine, la riziculture de bas-fonds est dominante. Deux saisons de riz par an sont possibles, mais les paysans ne font plus qu'une seule car la terre commence à être moins fertile: Ils pratiquent soit le Vary taona et délaisse le Vary Jeby de contre-saison, soit l’inverse.

L'outil se limite aux bêches, pelles, machettes et quelquefois des charrues à bœufs. Avant les semailles, la rizière est piétinée par les bœufs, puis le riz est repiqué. Traditionnellement, le repiquage en désordre ou ketsa saritaka est pratiqué par beaucoup de paysans, alors que le repiquage en ligne accroît considérablement le rendement.

Tableau 6 : Calendrier cultural d’Antsahameloka. cultures J F M A M J J A S O N D J Vary jeby SAISON CREUSE SEMIS REPIQUAGE RECOLTE SE Vary taona REPIQUAGE RECOLTE REPIQUAGE MAILLE Vary an- RECOL DEFRIC SEMIS tanety TE HEMENT Café SAISON CREUSE RECOLTE vanille

A cause de l'insuffisance de bas-fonds, le riz pluvial constitue un complément et l'extension des défrichements est fonction de la production des bas-fonds. Il est cultivé sur les pentes des tanety et pourrait être associé au maïs, mais n'est pas aussi important qu'à Belambo. La riziculture se caractérise par l’insuffisance des équipements ; Herse, charrue, sarcleuse, amendement du sol, et des investissements en intrants agricoles. Cela entraîne la faiblesse du rendement, le travail pénible accapare beaucoup de temps et ne permet pas aux paysans d’augmenter les surfaces aménagées. La riziculture reste traditionnelle.

Les cultures commerciales sont moins développées par rapport à Belambo. Pour la majorité des paysans, le café et la vanille sont cultivés en désordre. Les techniques

50 Mémoire de maîtrise Deuxième partie d’amélioration de la vanille sont rarement utilisées, certains pratiquent le "recépage" pour les vieux pieds de vanille ou de café ; l’arbre est coupé et redonne des fruits après 2 ans.

Photo 9: Récolte du riz.

*Photo prise par l'auteur.

Les cultures de contre-saison et de jardinage : La diversification de la production remonte à une époque assez récente afin d'améliorer le revenu des ménages. Le jardinage se fait proche de l’habitat ; une partie de la cour est clôturée sur une surface moyenne de 40 m2, et les paysans y cultivent des brèdes. Les jardins de case sont soignés quotidiennement. La terre est d’abord travaillée, de la bouse de vache séchée, en petits morceaux servira d’engrais. Les brèdes sont cultivées durant le mois de mai. Entre les saisons de riz, les rizières sont cultivées en haricots. Les cultures maraîchères constituent un complément pour l’alimentation et aussi de petite rentrée monétaire. La culture fruitière se développe, à part les arbres fruitiers cultivés autour des cases, certains paysans consacrent une partie de leurs parcelles pour la culture des ananas.

L’élevage : Par rapport à Belambo, les habitants d’Antsahameloka sont beaucoup plus riches en zébu, qui sont utilisés principalement pour les travaux rizicoles, mais ils sont aussi vendus en ville pour l’approvisionnement. Le porc est réservé à la vente. La majorité des ménages pratiquent l'aviculture, la volaille est consommée pendant les fêtes et aussi vendue pour subvenir à des besoins monétaires. La pisciculture a été récemment vulgarisée, seulement à Antsahameloka et pratiquée par quelques paysans qui ont aménagé des étangs.

51 Mémoire de maîtrise Deuxième partie En bref, la population est caractérisée par une forte croissance et une majorité de jeunes. Le besoin foncier est alors croissant or aucun défrichement ne peut plus avoir lieu, les jeunes ressentent fortement l’insuffisance des terres. Face à la croissance démographique, le système de production est à la limite de sa capacité de charge. Le terroir se trouvera en rupture d’équilibre entre les capacités de production et les besoins de la population, il est entièrement exploité. L’attraction de la plaine fait qu’Antsahameloka connaît une forte arrivée de migrants, le terroir commence ainsi à être occupé, la forte pression foncière engendre l’insécurité des terres et les conflits. La disparition de la couverture forestière a par contre entraîné la dégradation des facteurs de production et pose un problème face aux divers besoins en bois.

52 Mémoire de maîtrise Deuxième partie

Chapitre V : VALLEE FORESTIERE ET PLAINE.

A- Belambo, un milieu à la fois riche et complexe.

Photo 10: Belambo-Lokoho, un village des vallées forestières et la rivière d'Antsahalalina. (vue d'une colline)

*Photo prise par l'auteur.

1) Un terroir à caractère fragile.

Belambo est caractérisé par un relief très accidenté, sa superficie est d'environ 5 000 ha, et l'altitude varie entre 50 m et 900 m, avec de fortes dénivellations. La totalité du terroir est dominé par des pentes parfois abruptes, présentant des risques d’éboulements par absence de protection des versants. Le long des rivières, l'exiguïté des vallons et des bas-fonds ne laisse qu'une infime surface de sols hydromorphes pour la riziculture. Le terroir bénéficie par contre d’un bon drainage car il fait partie du bassin versant de la Lokoho et est arrosé par 4 rivières dont : Andranomadiokely, Andranomadiobe, qui prennent leur source dans le Parc de Marojejy, Antsahalalina, aux environs du hameau d'Anjialava et la Lokoho. Le climat est propice à la végétation et aux cultures commerciales, car, l’humidité est quasi-permanente, il n’y a pas de véritable saison sèche. Les brouillards et les crachins sont fréquents pendant l’hiver. Sous l’effet des cyclones, les pluies sont abondantes pendant la période estivale, les brouillards et les crachins sont fréquents pendant l’hiver.

53 Mémoire de maîtrise Deuxième partie 2) L’organisation d’un terroir accidenté.

Les rizières de bas-fond n’occupent qu’une infime surface du terroir et couvrent environ 110 ha dont plus 30 ha cultivés en système rizicole intensif (SRI), d’autres vallées disponibles nécessitent encore des aménagements hydrauliques. Le reste du terroir forme des versants recouverts par le savoka.. Aux alentours du village, des plantes d’ombrage en arbustes sont cultivées; caféiers, arbres fruitiers, et parfois, des cultures vivrières; manioc, taro, igname.

Au début, le tavy ou défriche brûlis pour la culture du riz ont occupé les bas de pente. A cause de la baisse de la fertilité des sols, ils sont remontés à mi-pente pour laisser la place aux cultures commerciales et se rapprochent des surfaces forestières. La partie supérieure, à partir de 700 mètres d’altitude, renferme des résidus de forêt primaire qui recouvre encore une surface encore importante.

Par un système linéaire des habitats, le village s’étend sur environ un kilomètre, sa morphologie est née par rassemblement de trois hameaux, après la construction de la route en 1970, mais sa fondation remonte tout au début du siècle. Dans la partie sud du terroir, près de la rivière et la forêt d’Antsahalalina, quelques campements se sont regroupés en 1986, pour former le hameau d’Anjialava, rassemblant actuellement 40 toits. Ce sont des paysans à la recherche de terre cultivable. Des campements isolés sont aussi éparpillés près des parcelles de cultures, occupées seulement pendant les périodes de travaux agricoles.

L'habitation est souvent construite à partir de matériaux végétaux précaires : bambous, gaulettes, feuilles, tiges de raphia et de ravinala, seules quelques maisons sont construites avec des planches et la toiture en tôle est rarement utilisée. Les campements ou "trano fijonoana " sont des habitations secondaires très simples et moins soignées. (c.f photo P. 68)

De petits jardins de case pour brèdes, légumes sont clôturés contre la volaille; des plantes d'ombrages : arbres fruitiers, raphia ; des abris pour le zébu et la volaille, des étalages pour le séchage de la vanille, forment une auréole autour des cases.

54 Mémoire de maîtrise Deuxième partie

Figure 13 : Transect type du terroir de Belambo-Lokoho.

Haut de versant Bas de Mi-versant Haut de TOPOGRAPHIE Sommet de versant. Mi-versant Bas-fond Village Bas-fond versant. versant Sols sous Sols latéritiques. Sols Sols hydromorphes. forêt. SOLS Sols sous forêt à humus épais Sols latéritiques hydromorphe Sols latéritiques s. Savoka: arbustes, Forêt primaire. Forêt Graminées, fougères, plantes Forêt VEGETATIONS primaire. bambous. d'ombrages arbustes Graminées. Arbres fruitiers. Graminées. Savoka Savoka primaire hors réserve. Réserve Naturelle de Réserve Riz de tavy, maïs, Café et vanille Cultures Riziculture de Jardins de Riziculture de bas fond. Café et Riz de tavy, ananas. Réserve en Marojejy. en bois ananas. sur savoka. seconda bas-fond. case: cultures vanille, bois pour la SPECULATIONS et en ires, maraîchères, possibilité communaut terres. arbres petit élevage. extension é. fruitiers en rizière. Accès difficile. Pente, Répétition de brûlis, Manque Risque Besoin d'irrigation pour Entretien Feu de brousse, pente Doit être éloignem perte de la fertilité du d'entretien et d'ensablemen l'extension des rizières. des plants et absence de préservée ent et sol. vieillesse des t surtout et couverture, car elle CONTRAINTES accès plants, baisse pendant les irrigation. glissements de terrain. protège les difficile. de fortes pluies. sources. rendement. *Source : l’auteur

55 Mémoire de maîtrise Deuxième partie

B- La plaine, un atout pour Antsahameloka.

1)Une forte potentialité agricole.

Le paysage d'Antsahameloka présente trois unités topographiques distinctes : • Les contreforts du massif Marojejy et les bas de versant qui les succèdent, forment les remparts de la Cuvette. La limite est du terroir est alors un versant à pente raide dont les sols hérités de la forêt primaire sont latéritiques. • Des petites collines isolées à pente faible, dispersées dans les confins ouest du terroir, • La vaste plaine s’ouvrant au nord et au nord-est couvre la totalité du terroir. C’est une plaine de décantation à sols hydromorphes et de pente faible, offrant des conditions favorables à la riziculture irriguée.

Antsahameloka bénéficie du même climat que la Cuvette, de petits ruisseaux avec des rapides coulant au pied du massif forestier facilitent l’irrigation de la plaine, mais l’abaissement du niveau des eaux, consécutif aux défrichements est signalé par les paysans.

Photo 11: le village d'Antsahameloka, en bas des contreforts du Marojejy.

*Photo prise par l'auteur.

56 Mémoire de maîtrise Deuxième partie 2) Un paysage mixte dominé par la riziculture.

Sur 2000 Ha, le terroir d’Antsahameloka est limité au Nord par le fokontany d’Andasibe, à l’Est par le Parc National Marojejy, au Sud par le tanety séparant le fokontany d’Ambodivohitra et le fokontany d’Anatanambao be.

Du fait de l'exiguïté de la surface pour l'habitat, le village s'est développé le long de la route secondaire qui relie Andasibe à Andapa, suivant un axe nord-sud. Grâce à la Cuvette, les paysans, beaucoup plus riches, ont construit leurs habitations avec des planches bien travaillées, des toits en tôle. Le village est en forme d'habitats groupés, avec leurs annexes, incluant les petits jardins clôturés pour les cultures maraîchères, des petits étangs pour la pisciculture, des arbres fruitiers, de la canne à sucre, des bananiers, et déjà, des plants de vanille et de café, autour des maisons.

Photo 12: rizières et anciennes Photo 13: Antsahameloka, un terroir raphières. riche en rizières.

*Photos prises par l'auteur. La plaine, dans la partie ouest, domine le terroir sur 266 ha, et offre un magnifique paysage rizicole. Les rizières individuelles, de formes géométriques sont agencées en damier. La partie moyenne des pentes, sur l'ouest du terroir, est couverte par une mosaïque de champs de vanille, de café, des cultures d'ananas, de canne à sucre, du riz de tavy, et se termine par une régénération de la végétation et même des lambeaux de forêts originelles. A l'est, la pente, beaucoup plus forte, et n'offre qu'une bande étroite de tanety. Le riz de tavy, parfois associé au maïs est pratiqué sur la partie la plus proche du village, une fois que la pente s'accroît, on distingue des parcelles de vanille et de café, et aussi le savoka, colonisé par des graminées, des longozo et de hauts mazambody, signe de la faible productivité du sol. A la limite est du terroir se dresse le massif forestier du Marojejy, dont une partie a été délimitée de la Réserve pour être gérée par la communauté.

57 Mémoire de maîtrise Deuxième partie

Figure 14 : Transect du terroir d'Antsahameloka. (Source : l’auteur)

PENTE 33 % 22 % 5 % 9% 23 % 76 % 57 %

Bas de versant TOPOGRAPHIE Butte Bas-fond Mi -versant Haut de pente

SOLS Sols hydromorphes de bas-fond ferrallitique Sols sous forêt à humus épais.

Formation secondaire + Graminées Forêt primaire Forêt primaire Dominée par des graminées + arbustes et Longozo presque dégradée bananiers Forêt primaire. VEGETATIONS bambous, Graminées. mazambody intacte. longozo. Jardins de case Cultures Cultures Bois d'œuvre cultures Dominé par le riz de tavy commerciales: Réserve naturelle, possibilité commerciales SPECULATIONS Bois de chauffe maraîchères, Maïs Vanille d'exploitation touristique. Arbres fruitiers Riziculture irriguée ombrages Café Eloignement et Maîtrise des eaux Répétition de brûlis, baisse de CONTRAINTES Déforestations. pente. Maladies rizicoles nutriments du sol. Pente forte. Pression anthropique.

58 Mémoire de maîtrise Deuxième partie

C- L’importance des ressources, atouts et contraintes..

1 ) Belambo, plus riche en ressources forestières

La totalité des ressources forestières recouvrent les massifs à pente considérable par conséquent elles jouent un rôle important dans l’équilibre écologique : protection du sol, rétention d’eau … et renferme à la fois des richesses en flore et faune, elles sont par contre exposées à de différentes pressions surtout quand elles sont localisées près des zones habitées et des campements. Belambo est plus pourvue en forêts primaire constituant des lots dont l'ensemble couvre environ 500 ha : Belalona, Andohan'i Belambo (voir carte), situées en amont du village, protègent les sources, quoiqu’elles soient éclaircies. Mahatandro, Antsahavary, Antsahalalina, proche de la rivière d'Antsahalalina. Andongozabe, Betolongo, Befoza, Beroharoha, Besobeha sont particulièrement riches en végétations ligneuses. Anjialava, à l'extrémité sud du terroir, aux environs du hameau d'Anjialava est pourvue en bois de service. Antsahameloka n’avait presque plus de forêt, dans la partie sud-ouest du terroir, un ensemble de lambeaux, forment la forêt d’Analabe dont l'ensemble totalisant une superficie de 30 ha environ. Elles sont revendiquées par quelques propriétaires coutumiers. La forêt d’Analamaina, riche en gros bois, sur 26 Ha a été libérée de la RNI de Marojejy transformé en Parc National pour être une forêt communautaire. Les forêts sont exposées à des exploitations illicites et menacées par l’extension des cultures pluviales. Les gens en font des planches et les vendent localement ou en ville, le bois est même gaspillé car il est coupé et laissé sur place quand ils n’arrivent pas à les transporter. La ponction se fait aussi sous forme de bois d’œuvre, à Antsahameloka, toutes les maisons sont construites avec du bois, à Belambo, le bambou est le plus utilisé.

A partir des analyses que nous avons effectué sur le terroir, les cartes commentés par les tableux suivantes montrent les potentialités, l’utilisation et les contraintes à propos des ressources de chaque terroir.

59 Mémoire de maîtrise Deuxième partie

Carte 8 : CARACTERISTIQUES DES RESSOURCES A BELAMBO

60 Mémoire de maîtrise Deuxième partie

Tableau 7 : potentialités et utilisation des ressources à Belambo RESSOURCES POTENTIALITES UTILISATIONS CONTRAINTES ET MENACES Forêt primaire, riche Ponction en bois de chauffe et Présence d'exploitants en bois illicites. 1 en bois de service -Protection des sols construction Proche du hameau d'Anjialava. Forêt primaire, riche contre l’érosion. Coupe et vente de bois pendant les 2 en végétations -Reservoir d’eau saisons creuses Forte menace de défrichement.. ligneuses -Abris de plusieurs Cueillette de l’écorce du bilahy pour Forêt primaire, espèces végétales la fabrication de rhum Forte pression, proche du village de pauvre en bois et animales Produits forestiers secondaires : Belambo, moins de prélèvement. 3 d'œuvre et en bois (oiseaux, miel, rambo pour la vannerie de service. caméléons…) Chasse de lémuriens pendant les Forêt primaire et -Reserve en bois saisons creuses Forte pression : 4 claire, dégradée. Cueillette de plantes médicinales entourées par plusieurs campements • Protection des sols contre Formation l’érosion, secondaire sur • Sols hérités Production de vanille et de café, Baisse de la production à cause de la pente moyenne, 5 des forêts, activité principal du terroir viellesse des plants arbustes, favorables aux bambouseraies, cultures commerciales • Favorable à la riziculture inondée, • Possibilité Riziculture de bas-fonds pour Manque de système d’irrigation Bas-fonds 6 d’extension des l’autosubsistance Ensablement surfaces par irrigation Favorable aux Mosaïque de culture : culture du riz Dégradation et perte des sols par Sols sous savoka 7 cultures pluviales et du maïs pour l’autosubsistance répétition de brûlis, baisse du rendement Zone Rétention du sol Ponction de bambous pour la particulièrement Défrichements 8 construction et la vente riche en bambous Source : investigation personelle de l’auteur

2) Les formations secondaires et les zones de culture.

Les formations secondaires composées surtout d'arbustes, forment une mosaïque avec les cultures commerciales et se situent à mi-pente, cela se fait sur les deux terroirs mais seulement les cultues commerciales sont plus étendues à Belambo. Ce couverture joue un rôle protecteur des sols. Les cultures commerciales constituent l’activité principale à Belambo, pour Antsahameloka, elles jouent le rôle de complément monétaire, cependant, du fait des techniques utilisées, le rendement n’est pas optimale et s’abaisse. La savane herbeuse où se pratiquent les cultures pluviales se situent sur faible pente, plus étendue à Belambo, le tavy assure sa subsistance en produits vivriers, par contre, le tavy à Antsahameloka est un complément à la riziculture de bas-fonds. La pratique du tavy ne fait que diminuer les surfaces cultivables par la baisse de la qualité des sols. Les bas-fonds rizicoles sont très étendus à Antsahameloka et assurent une exploitation commerciale, certaines surfaces ne sont même pas cultivées par insuffisance de l’irrigation. A Belambo les bas-fonds sont très exigus et ne peuvent même pas assurer l’alimentation. La riziculture de bas-fond souffre de la traditionnalité des techniques et ne produit qu’un faible rendement. Les aléas, l’ensablement et la baisse du niveau d’eau empirent la situation.

61 Mémoire de maîtrise Deuxième partie

Carte 9 : CARACTERISTIQUES DES RESSOURCES A ANTSAHAMELOKA

62 Mémoire de maîtrise Troisième partie

Tableau 8: Potentialités et utilisation des ressources à Antsahameloka

RESSOURCES POTENTIALITES UTILISATIONS CONTRAINTES ET MENACES • Ponction en bois de Pression par les ponctions en bois sans Analamaina, chauffe et construction gestion, non invetoriée pour l’estimation de sa forêt primaire • Coupe et vente de bois capacité • Protection des riche, délibérée pendant les saisons creuses Perte facile des sols en cas d’absence de sols contre l’érosion. de la RN • Cueillette de l’écorce du couverture à cause de la pente • Reservoir d’eau bilahy pour la fabrication de Abris de • rhum plusieurs espèces • Produits forestiers végétales et animales secondaires : miel, rambo pour Relique de forêt (oiseaux, la vannerie Menace de défrichement pour l’extension des primaire : caméléons…) • Chasse de lémuriens terrains de culture. Analabe • Reserve en bois pendant les saisons creuses • Cueillette de plantes médicinales • Favorable aux Cultures commerciales comme Formations Culture traditionelle à faible rendement, baisse secondaires à cultures rentrée financière de la production mi-pente commerciales complémentaire Sols sous Mosaïque de culture : culture du • Favorable aux Dégradation et perte des sols par répétition de savoka à faible riz et du maïs comme cultures pluviales brûlis, baisse du rendement pente complément • Favorable à la riziculture inondée, Baisse du niveau d’eau Bas-fonds • Possibilité Exploitation commerciale du riz Manque de système d’irrigation d’extension des Ensablement surfaces par irrigation Source : investigation personelle de l’auteur

Photo 14: relique forestière d'Antsahalalina. La partie inférieure de la pente a été défrichée.

*Photo prise par l'auteur 63 Mémoire de maîtrise Troisième partie

Chapitre VI : LES PROBLEMES DE LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT.

A-Les facteurs productifs.

1) Les contraintes du milieu.

Si le terroir est considéré comme un territoire aménagé par l’homme et qui doit donc par ses qualités à la seule nature physique, on peut aussi dire que l’organisation du terroir, surtout dans le cas de Belambo, est une forme d’adaptation sur le milieu naturel, celui-si étant quelquefois contraignant.

Car, quoique Belambo bénéficie de conditions climatiques et hydrologiques favorables à l’agriculture, la topographie constitue un facteur difficile. Le relief accidenté ne permet pas d’adopter la riziculture irriguée que sur de surfaces très réduites, insuffisantes pour subvenir aux besoins de la communauté. A cause de la pente, le terrain présente une grande fragilité, sans protection, les versants sont facilement attaqués par l’érosion d'où des éboulements pendant les périodes de pluie, les pertes de sols sont fréquentes. Aussi, étant donné la répartition foncière et l’accès aux terres ; les jeunes, constituant la majeure partie de la population sont les moins lotis, par conséquent, ils pratiquent beaucoup plus le tavy. Ici, le tavy n’est pas un complément mais une contrainte, d’autant plus qu’il n’y a plus de terre disponible, les défrichements menacent les superficies forestières existantes.

Le terroir d’Antsahameloka tire par contre un avantage de la plaine, l’accès aux bas- fonds est général mais, la prosperité de la zone a attiré une masse de migrants à une certaine période. Si toutes les terres sont aménagées, on peut dire que le terroir a atteint sa capacité de charge. La demande est encore forte, les flancs de colline ont été défrichés pour l’agriculture, le terroir n’a même plus de forêt communautaire. L’absence de la forêt se fait sentir à Antsahameloka par ses conséquences écologiques, depuis quelques années, les paysans ont remarqué l’abaissement général du niveau des eaux d’irrigation qui entraîne une diminution du rendement, la riziculture n’est même plus praticable pendant certaines saisons. La baisse des rendements sur rizière oblige les paysans à pratiquer le tavy en complément de récolte. 64 Mémoire de maîtrise Troisième partie 2)Techniques de production traditionnelles.

Les techniques utilisées pour la mise en valeur des ressources restent traditionnelles et se caractérisent par le faible utilisation d’intrants et de matériels adéquats. Les potentiels des terroirs restent alors sous-exploités.

Pour le tavy, les cendres issues des brûlis constituent les seuls fertilisants, La répétition de brûlis rend la terre stérile et fragile, il faut changer de parcelle pour laisser la terre au repos. Mais la pression humaine ne permet pas la régénération complète des jachères. A long terme, cela entraîne une dégradation continue des sols ce qui réduit encore les surfaces cultivables et le rendement.

A Antsahameloka, quoique les bas fonds soient accessibles pour la majorité des paysans, la technique traditionnelle est la plus adoptée, de plus, la baisse du niveau des eaux et la diminution de la fertilité du sol, faute d’amendements, aggravent la situation. Les rizières n’arrivent pas à subvenir les besoins de la population, le défrichement pour le riz de tavy concerne une part considérable de la population, elle est surtout importante chez les ménages qui n’ont accès qu’à une faible surface de rizière.

En bref, les techniques de production en bas-fond ne permettent d'assurer qu'une partie des besoins de la population, ce qui entraîne les défrichements des surfaces forestières pour la pratique du tavy, afin d'obtenir un complément rizicole. Celui-ci, sans amendement ni technique, ne donne q'un rendement faible, engendrant d'autres défrichements, et aussi l'exploitation continue des mêmes parcelles, qui n'arrivent pas à suivre le rythme, et se dégrade vite. Il en résulte la perte des terres déjà exploitées et le besoin en nouvelles surfaces.

3)Pression et insécurité foncière, frein au développement.

La pression foncière est plus forte à Belambo, compte tenu de la disponibilité, de la qualité de l’espace et des techniques utilisées, la production à l'hectare est faible, Belambo offre peu de bas fond. Le terroir est parvenu au seuil de la rupture d’équilibre. Cette se reflète par la diminution du temps de jachère. L’augmentation de la population implique la croissance des besoins alimentaires, de la production ou des surfaces mises en valeur. Par conséquent, certaines personnes ont migré à Anjialava en défrichant de nouvelles surfaces forestières.

Le coût élevé de la régularisation des terres et de la lourdeur des démarches administratives ne permettent pas aux paysans de titrer leurs parcelles. Par conséquent, les limites des terres ne sont pas matérialisées, d'éventuels conflits ont lieu, surtout à

65 Mémoire de maîtrise Troisième partie Antsahameloka, afin de récupérer le maximum de terres. Cette insécurité influence les modes de faire valoir ; les propriétaires, craignant l’usurpation, n’offrent pas des conditions favorables au bon développement de l’agriculture et à l’investissement ; la location ne dépasse pas une durée de deux ans et ne concerne jamais une surface importante, la forêt constitue ainsi le dernier recours.

B- Gestion institutionelle et technique des ressources

1) Les ressources foncières :

A part l’achat et la location, l’accès aux terres passe par les premières familles Tsimihety et les Zafintany. Par occupation, même pour une terre issue de défrichement, l’appropriation est reconnue par la communauté comme un droit coutumier, un ensemble de règles non écrites qui fixe localement les pratiques admises, et peut être reconnu par l’Etat dans le cadre du droit de jouissance après dix ans. Se sentant propriétaire des ressources, les paysans défrichent l’intérieur des massifs forestiers tout en espérant une reconnaissance de l’Etat dans le droit de jouissance.

2) Les défrichements.

Les défrichements sur formation secondaire doivent se faire par demande auprès du Vaomieran’ala qui transmet à l’administration forestière, ce dernier donne l’autorisation après vérification techniques (pente, pare-feu…). La suivie est plus facile par l’existence locale du Vaomieran’ala.

3) Les ressources forestières.

En dehors des Aires Protégées, les besoins pour la construction et le bois de chauffe est reconnu dans le cadre de droit d’usage mais les ponctions doivent se faire par demande auprès du PCLS et de l’administration forestière. Au cas où il n’en reste que sur des terres appropriées, il faudrait s’arranger avec le propriétaire en moyennant d’une somme. Cependant, à cause de l’éloignement, d’une part, les paysans ne se soucient pas d’adresser une demande et d’une autre part, l’administration forestière n’a pas les moyens de faire un suivi, ainsi, l’accès est plus ou moins libre. Dans le contexte où les suivis et contrôles ne peuvent être faits, l’accès aux ressources de chaque terroir est pratiquement libre, les gens en dehors des terroirs y viennent pour en avoir. Par conséquent, même les propriétaires des terroirs s’empressent pour être les premiers à utiliser et bénéficier des ressources forestières.

66 Mémoire de maîtrise Troisième partie

C-Les facteurs socio-économiques.

1)Gestion de la production et absence de filières.

Beaucoup de villageois ne savent pas gérer leur argent et leur production. Pendant les périodes de récoltes, les gens font des dépenses superflues sans épargner pour la saison creuse de décembre-avril. En période de soudure, ils revendent leurs biens à bas prix et même la future production de vanille par des « contrats » à très bon marché au bénéfice de l’acheteur : • Le « par kilo » : les gens empruntent par exemple 5 000Fmg contre 1 Kg de vanille au moment des récoltes, vendue alors à 15 000 Fmg. • Le « fleurambary » s'agit d'un emprunt de 1 bidon de riz pendant la saison creuse contre la restitution de 2 à 3 bidons à la prochaine récolte.

De plus les produits de rente ne profitent pas véritablement aux paysans à cause de l’absence d'une organisation de la collecte. Jusqu’au collecteur final, les produits sont collectés par de petits « commissionnaires », puis de grands commissionnaires, qui les vendent aux collecteurs. Ces différents intermédiaires prennent leurs bénéfices avant la vente au collecteur final.

Les cultivateurs se plaignent aussi de la fluctuation des prix de la vanille et du café. Compte tenu de leur besoin immédiat d’argent, ils sont prêts à vendre à un prix minime. De plus ils vendent de la vanille verte que les collecteurs achètent à bas prix, sans considérer la taille et la qualité des produits. Sans préparation, donc moins cher. Ces incertitudes sur les cultures commerciales : instabilité des prix, système de collecte, aléas…sont des facteurs qui découragent les paysans à soigner ces cultures. A Antsahameloka des défrichements en bas de la Réserve ont eu lieu entre le mois d’avril et le mois de mai car le riz est encore vert et les paysans n’ont pas d’épargne.

2)Les ressources forestières et les activités.

Compte tenu de la faible disponibilité des terres de bas fond, le défrichement par le feu sur tanety est pratiqué, pour cultiver le riz. Le bois est même brûlé alors qu’il pourrait servir à d’autres usages. A part les défrichements pour la récupération de nouvelles terres fertiles la forêt tient aussi un rôle de complément dans la vie quotidienne des paysans par les différentes ponctions qu’ils pratiquent. Le bois coupé est destiné à la construction, à la vente, ou utilisé comme bois de chauffe. La commercialisation du bois est surtout forte entre les mois de janvier et avril, pendant la période de soudure. 67 Mémoire de maîtrise Troisième partie

Figure 15 :Les ponctions sur les ressources forestières

DESTINATION DU BOIS COUPE construction

2,53% personnelle 14,37% à vendre pour construction

bois de chauffe

16,62% personnel 66,45%

bois de chauffe pour la vente

Certains paysans le vendent pour s’acheter du riz et d'autres produits, d'autres profitent pour acheter du bois car le prix est très bas en cette période. La vente reprend entre le mois de juillet et le mois de septembre, la demande est forte car les gens viennent de vendre leur récolte, et ils ont de l'argent. La vente du bois et des bambous vers l'extérieur du terroir se fait le long de la route.

Tableau 9 :Le revenu tiré du bois à Belambo.

TYPE DE PRODUIT NOMBRE (pièces) PRIX UNITAIRE (fmg) MONTANT (fmg)

Planches 773 7 500 5 797 500 Bois carrés 304 7 500 2 280 000 Bois ronds 188 6 000 1 128 000 Bois de chauffe 53 6 000 318 000 TOTAL 9 523 500

A partir d'une enquête faite sur 35 ménages dans le village de Belambo16, on peut connaître le revenu tiré par la vente du bois. En moyenne, sur les 35 ménages on peut penser que chaque ménage obtient 272 100 fmg par an, par la commercialisation du bois

16 WWF, 2000 68 Mémoire de maîtrise Troisième partie

Photo 15: type de maison à Photo 16: construction d'une case à Antsahameloka. Utilisation du bois Belambo, utilisation essentielle du travaillé et toiture en tôle. bambou.

Photo 17: maison de campement moins soignée à Anjialava. La toiture est faite avec des feuilles.

*Photos prises par l'auteur.

69 Mémoire de maîtrise Troisième partie CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE.

L’étude des villages de Belambo et d’Antsahameloka a permis de constater les différences des modes de vie, de mise en valeur et de l’exploitation des ressources, en fonction des disparités spatiales de la région d’Andapa.

Antsahameloka qui fait partie de la Cuvette tire sa richesse de l’exploitation commerciale de l’agriculture, mais le terroir est pauvre en forêt. Belambo fait partie des villages des étroites vallées riches en forêts où le relief est très accidenté, les bas-fonds de très faible superficie, et la riziculture irriguée permettant à peine de couvrir 10 % des besoins de la population.

Les unités foncières sont passées de la gestion des vallées à l’individualisation des parcelles, mais la majorité des terres, surtout les bas-fonds, sont entre les mains d'une minorité, les nouveaux venus ont souvent recours à la location, et le tavy concerne la totalité de la population. L’essentiel des cultures, se faisant sur les flancs de colline, la gestion des exploitations agricoles vise à en tirer les meilleurs profits, le riz est alors destiné à l’autoconsommation, le terroir est tourné aux cultures commerciales. La répartition foncière est aussi inégale qu’à Belambo mais les paysans ont largement accès aux bas-fonds, d’où l’exploitation commerciale de la riziculture, qui, restée traditionnelle doit pouvoir donner de meilleurs rendements. Les cultures commerciales constituent un surplus monétaire, la population du terroir est aussi assez riche. La pratique du tavy existe, car elle sert de complément, et diminue quand les rizières de bas-fonds sont plus vastes. Par conséquent, elle concerne surtout les jeunes et les personnes récemment installées.

L’attraction de la région se confirme par le flux de migration, avec une population à croissance rapide, la pression foncière est forte et l’offre n’existe pas, les plus démunis louent des parcelles mais ils sont souvent responsables du défrichement par le tavy, facteur principal de la destruction des ressources forestières, à part les coupes en bois d’œuvre et l’approvisionnement de la ville. Pour les terroirs des vallées forestières, la population vit essentiellement des produits de la forêt, notamment pour l’habitat et l’artisanat. Face à cette situation Belambo est consciente de l’importance des ressources et des facteurs de dégradation. Par sa cohésion, la société a voulu depuis longtemps prendre en main ces ressources, et semble être ouverte à la mise en marche de toute proposition de développement. A Antsahameloka, la motivation pour la gestion des forêts semble au début être motivé par le désir de s’en accaparer, mais l’idée de la gestion est ensuite née petit à petit, car la société n’apparaît pas assez cohérente pour l’amélioration des pratiques agricoles, et ne connaît pas une mobilisation importante comme à Belambo.

70 Mémoire de maîtrise Troisième partie

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71 Mémoire de maîtrise Troisième partie

Dans cette troisième partie, nous étudierons l’historique des solutions qui ont été entreprises jusqu’à la mise en place d’une gestion transférée aux mains des communautés rurales. Les résultats seront analysés afin de constater leurs impacts sur la protection des ressources naturelles et de corriger les faiblesses qu’elles présentent.

Chapitre VII : L’EVOLUTION DES MODES DE

PROTECTION FORESTIERE.

A-La législation.

1)Sur les Aires Protégées

Les Aires protégées ont été choisies en fonction des caractéristiques et des intérêts écologiques des surfaces forestières et elles sont protégées par une législation. Gérées par l’ANGAP, elles font partie du Domaine Forestier National donc elles appartiennent à l’Etat et sont soumises aux régimes forestiers. Les forets de l’Etat sont répartis en deux grandes catégories : le Domaine Forestier National, estimés à 5 millions d’hectares, et les forêts Domaniales.

La Réserve Naturelle Intégrale de Marojejy devenue Parc National. Le massif Marojejy a été classé Réserve Naturelle Intégrale (RNI) depuis le décret du 3 janvier 1952 par les services des Eaux et Forets (12ème et dernière RNI de Madagascar) sur 50 000 ha, renouvelé par le décret de 1966 qui a fait augmenter sa superficie à 60 105 ha comprenant le massif de Marojejy et les contreforts environnants. La Réserve est ainsi soumise à une interdiction totale d’accès.

Plus récemment, la Réserve Naturelle Intégrale de Marojejy est devenue Parc National. La faune et la flore restent alors protégées mais les visites pour la récréation du public en générale est autorisée. Sa superficie de 60 105 ha a légèrement diminué à 60 050 ha, la différence a été transférée pour la population riveraine d’Andasibe-Kobahina et d’Antsahameloka qui ont demandé sa gestion.

La Réserve Spéciale (RS) d’Anjanaharibe Sud. Anjanaharibe Sud était déclaré Réserve Spéciale (RS) par le décret de 1958 avec une superficie de 32 090 ha. Elle sera « fermée à toute exploitation et affranchie de tout droit 72 Mémoire de maîtrise Troisième partie d’usage », la circulation y est libre libre mais l’extraction des produits naturels et des matériaux de toute nature y sont interdits ainsi que l’introduction de plants et d’animaux. Les RS sont crées dans le but principal de conserver certaines espèces botaniques ou zoologiques.

2)Les forêts domaniales.

Le corridor forestier de Betaolana Ces deux systèmes sont reliés par le corridor forestier de Betaolana qui est une forêt primaire domaniale.

Les forêts Domaniales sont des forêts naturelles qui ne font pas partie du Domaine Forestier National. Elles sont réservées pour toute forme d’exploitation permise par les lois en vigueur (droits d’usage, exploitation des produits principaux et accessoires de forêts).

La forêt et toutes les terres non titrées appartiennent à l'Etat donc elles sont domaniales et sont soumises aux règles d'un code forestier appliqué par le service des Eaux et Forêts, de même que les savoka qui sont considérés comme des forêts dégradées. Les communautés sont exclues de la gestion des formations ligneuses. En dehors des aires protégées, elles jouissent du droit d’usage, mais toute extraction commerciale ou non doit être au préalable autorisée par le service des Eaux et Forêts, de même que pour la mise en culture de jachères.

Les forêts secondaires. Les forêts secondaires sont les formations qui succèdent les forêts primaires après leurs abattages, donc ce sont des forêts de régénération. Le savoka est considéré comme des forêts secondaires et relève de ce fait de l’administration forestière. Ainsi, les paysans doivent faire chaque année leurs demandes de défrichements, consignées dans un cahier, sous l’autorité du Vaomieran’ala, responsable villageois des forêts. Les respects des règles de défrichements seront ensuite vérifiés par les agents des Eaux et Forêts.

3)Les droits d’usage de la population.

Les parcelles reconnues en vertu des droits coutumiers sont grevées d'un droit de jouissance inscrit sur le titre foncier, mais restent propriété de l'Etat. Le droit de jouissance n'est reconnue qu'après une occupation d'au moins 10 ans et reste limité à une superficie de 30 ha.

73 Mémoire de maîtrise Troisième partie Plus tard le fokonolona a acquis un droit de contrôle sur ses terres: sur les modes de répartition et sur la jouissance et l'exploitation des terres au sein de la communauté, mais les terres demeurent toujours propriété de l'Etat. Une demande annuelle enregistrée sur le cahier de charge gérée par le Vaomieran’ala doit se faire. Le service des Eaux et Forêts examinent un à un les demandes et font ensuite une vérification sur le respect des règles ci-dessus. Le permis de coupe à titre gratuit dans le cadre du droit d’usage est limité et des conditions sont requises pour le défrichement et brûlis sur les terrains faisant partie du domaine de l’état.

B-Les acteurs locaux.

1)L’administration forestière.

Le cantonnent forestier d'Andapa se divise en quatre triages forestiers: Andapa II, Doany, Anoviara, et le triage central. L'insuffisance de personnel affecte tout le système national, seulement deux agents se chargent de la surveillance et budget ne permet pas d'indemniser les agents pour les tournées de vérification ; les défrichements illégaux n’ont pu être poursuivis. Les Eaux et Forets ont donné une part de responsabilité aux paysans par la mise en place des Vaomieran’ala, formant un comité qui sert de relais. Ces Vaomieran’ala font des suivis quotidiens.

2)Le WWF, un changement de stratégie

En 1993, la politique était de conserver et donc d’exclure les personnes se trouvant dans les Aires Protégées. Mais dès 1995, le PCDI (Projet de Conservation et de Développement Intégré) opte pour une prise en considération des besoins des populations riveraines et dans cette perspective, la gestion locale sécurisée (GELOSE) a pu voir le jour dans les villages proches des Aires Protégées, et où les agents WWF étaient déjà présents. Dans la politique de conservation des Aires Protégées (menée par l'ANGAP), le WWF s'est inscrit depuis peu dans le développement des zones périphériques, du Corridor forestier et des Aires protégées de Marojejy et d'Anjanaharibe Sud.

74 Mémoire de maîtrise Troisième partie

C- Une nouvelle approche, la GEstion LOcale Sécurisée.

1)Présentation de la GELOSE

Le Plan National d'Action Environnementale (PNAE) a été élaboré pour "renverser le processus de dégradation de l'environnement et promouvoir des modes d'utilisations des ressources naturelles, associés au développement durable". Après la charte de l'environnement (en 1991), il a été lancé avec l’obejctif de promouvoir des modes durables de gestion des ressources naturelles et lutter contre la dégradation de l'environnement, tout en améliorant les conditions de vie de la population et d’intégrer les préoccupations environnementales dans la planification économique et sectorielle. Le PNAE comprend trois phases quinquennales: le Programme Environnemental I ou le PE I (1991-1996) le PE II(1997-2001) et le PE III(2002-2007).

L'atelier administratif de Mantasoa, sur la Gouvernance Locale et La Tenure des Terres, organisé par l'USAID en septembre 1994, la déclaration de Mahajanga ; demande pour l'ensemble des acteurs, y compris les communautés, d'examiner les problèmes de la conservation des Aires Protégées à travers un cadre d'analyse élargi, et la demande de l'ONE, d'élaborer une nouvelle politique de gestion locale des ressources ont amené au projet de GELOSE par l'atelier d'Antsirabe, en mai 1995.

La loi sur la GELOSE, n° 96-025 du 10 septembre 1996 est ainsi promulguée, afin de transférer les ressources naturelles renouvelables, relevant du domaine de l'Etat ou des collectivités territoriales: la forêt, la faune et la flore sauvage aquatique et terrestre, l'eau et les territoires de parcours, aux communautés locales de base.

Sous le PE II une nouvelle politique forestière est élaborée; elle vise à arrêter le processus de dégradation des forêts, à augmenter la surface des forêts sous statut de protection et à améliorer les performances globales du secteur. Les Eaux et Forêts admettent qu'il faut élargir le cercle des acteurs responsables de la gestion forestière, y compris les communautés. Et en 1998, une nouvelle législation forestière va dans le sens de la décentralisation et le transfert de gestion.

75 Mémoire de maîtrise Troisième partie La première mise en œuvre de la GELOSE s'est fait par la suite à Andapa, dans le village de Belambo-Lokoho suite à la collaboration entre le PCDI et la cellule GELOSE de l'Office National de l'Environnement; et plus tard, 7 autres communautés ont manifesté leurs intérêts sur le transfert de gestion des ressources naturelles.

2) Les contrats

Le principe de la gestion locale sécurisée (GELOSE) est basé sur la reconnaissance légale et légitime d’une gestion locale des ressources naturelles renouvelables par les communautés locales. L’objectif d’un contrat GELOSE est de permettre la valorisation et l’exploitation rationnelle et durable des ressources renouvelables par la communauté de base, à son profit et celui de la commune. Ce contrat s’effectue par une demande de la communauté rurale qui sera responsable de la gestion de l’accès, de la conservation, de l’exploitation et de la valorisation des ressources objets du transfert. Certaines autorisations d’accès et d’usages restent à la charge des Eaux et Forêts.

Les contrats tripartites sont signés par l’Etat, la commune (administration en charge des ressources naturelles) et la communauté locale de base pour 3 ans (Moyen Terme) et est renouvelable pour 10 ans (Long Terme). L’établissement du contrat de gestion est négocié grâce à un médiateur environnemental qui concilie les versions des parties prenantes.

Les contrats GELOSE fixent : - des objectifs environnementaux à de gestion des Ressources Renouvelables des communautés locales de base concernées - les modalités d’accès aux ressources et les modes de gestion et d’exploitation, - les droits et obligations des communautés gérantes et de chacun de leurs partenaires publics et privés, - les systèmes de contrôle et de suivi mise en place.

Un cahier des charges d’exploitation stipule les objectifs environnementaux de gestion. Un règlement communautaire et/ou dina (texte rédigé par les membres d’une communauté locale, visé par la commune qui en garanti la validité, ayant force de loi au sein de la communauté), stipule les rapports entre les membres de la communauté.

La Sécurisation Foncière Relative (SFR), constitue une constatation publique des occupations foncières individuelles ou collectives de la zone en question et peut constituer une

76 Mémoire de maîtrise Troisième partie étape vers l’immatriculation. Cela permet de sécuriser l’occupation des sols pour engendrer la responsabilisation et l’investissement des occupants. Les objectifs de la SFR sont : Economiques : c’est un préalable à toute action de développement durable (conservation et fertilisation des sols, intensification des techniques agraires, incitation pour les investisseurs nationaux et étrangers) Socio-politiques : trouver une issue aux conflits fonciers pour garantir une cohésion sociale Environnementaux : mettre fin à l’accès libre et à la spirale de dégradation.

Pour ce faire, la sécurisation foncière relative comporte trois étapes : L'inventaire foncier : il consiste à délimiter l’ensemble du terroir et les limites de la zone, objet de la demande de transfert de gestion L'établissement de l’état parcellaire : superficie de la zone et des parcelles, les diverses ressources renouvelables dans la zone concernée, identification des propriétaires La confection du plan-parcellaire : annotation des limites des occupations durables de celles des propriétés immatriculées ou cadastrées ainsi que celles des terres objet de la demande d’immatriculation.

77 Mémoire de maîtrise Troisième partie

Chapitre VIII : LES SOLUTIONS MISES EN ŒUVRE POUR LES DEUX VILLAGES

A-LA GELOSE, une mise en place participative.

1)La demande de transfert.

La politique forestière adoptée en 1972 permettait aux paysans de défricher les forêts primaire, ce qui a entraîné le recul rapide de la couverture forestière. Dès 1978, quelques vieux de Belambo, conscientes de l’importance économique et écologique de la destruction des ressources ont cherché un moyen de la freiner et ont adressé une demande officielle de gestion des forêts à l’administration forestière, mais ils n’ont pas eu de réponse. Ils étaient résolus à poursuivre et ont refait leur demande en 1995.

Le WWF a par la suite demandé au CFPF de Morondava, la réalisation des enquêtes sur les motivations, l’intérêt et la capacité de la communauté à la gestion des ressources de leur terroir, sur l’utilisation et l’inventaire des ressources forestières. Les paysans ont opté pour la GELOSE après que le contenu de cette loi leur était expliqué.

Pour Antsahameloka, la constatation de la diminution des débits des sources qui alimentent leurs rizières, le recul de plus en plus perceptible des forêts pourvoyeuses en bois, le souci de protéger les ressources villageois vis à vis des habitants des terroirs limitrophes, le souci de sauvegarder l’environnement, ont été les facteurs qui ont incité les paysans à prendre en main leurs ressources. Le lancement du processus a commencé par des campagnes de sensibilisation dirigées à partir de janvier 1998 par le PCDI17. Deux mois après, le Fokonolona a tenu des assemblées générales pour la mise au point de la demande de transfert de gestion et les dossiers de règlement intérieur. Les demandes de transfert de gestion adressées officiellement à l’administration forestière confirment la prise de responsabilité de la communauté locale de base sur la gestion, la protection et l’utilisation rationnelle des ressources locales.

2) Structuration par la CLB et le COGE

Le fokonolona sera composé d’une seule Communauté Locale de Base (CLB). Tous les membres seront soumis aux règles de gestion et seront responsables au niveau des contrôles et des décisions, en échange des droits de jouissance des ressources. Par

17 Projet de Conservation et de Développement Intégré 78 Mémoire de maîtrise Troisième partie conséquent, la CLB de regroupe tous les habitants du terroir, avec les gens qui campent en permanence sur le terroir car personne ne pourrait se passer de l’utilisation de ces ressources.

A Antsahameloka, la constitution de la CLB a été moins simple, l’opportunité de transfert de gestion a été connue par la population. En 1998, une trentaine de personnes ont fait la demande de transfert et ont monté une association, puis, elles ont fait payer une cotisation pour en être membre. Certaines personnes ont été réticentes, c’est après médiation que toute la population du terroir s’y est associée. Les paysans qui se revendiquent « propriétaires légitimes » d’une partie de la forêt d’Analabe sont soumis aux même règles concernant les ressources. Une élection désigne les membres du COGE (Comité de Gestion), une nouvelle structure, afin de représenter la communauté devant le Service Forestier et la Commune. La communauté lui a aussi confié l’élaboration des programmes d’exécution des décisions prises par la CLB, le contrôle et la suivie de toutes les demandes de défrichement sur savoka, des permis de coupe, et de l’organisation des travaux d’aménagement.

3) Délimitations et officialisations des transferts.

Suite à une animation, la SFR a été réalisée à Belambo, par des responsables de l'ONE, du WWF, des Eaux et Forêts, et des géomètres. Ils ont collaboré avec le CLS, le COGE, les Ray aman-dreny, pour la reconnaissance des occupations et des propriétaires. Ainsi, les parcelles ont été mesurées individuellement. Après délimitation des ressources, la CLB de Belambo a le pouvoir de gérer les résidus de forêt situées sur leurs terroirs et les ressources qui y existent, les bambous et les savoka, l’eau pour l’irrigation et la pêche, et les produits accessoires (oviala, plantes médicinales, produits pour la vannerie, miel). La SFR semble, par contre être fait précipitamment à Antsahameloka, car les géomètres ne disposaient pas assez de temps, les rizières ont pu être mesurées individuellement alors que les savoka sont faits par groupe de dix personnes.

Comme Antsahameloka n’avait pas de forêt communautaire, les limites de la Réserve Naturelle Intégrale de Marojejy ont été redéfinies pour permettre à la communauté d’avoir 26 ha, la Réserve serait transformée en Parc National. Sur le second lot de forêt revendiquée par une quarantaine de personnes, Analabe (36 ha), un point d’entente a été établi par l’intervention des médiateurs, selon lequel, les propriétaires garderont les terrains tandis que les ressources appartiendront à la communauté et seront partagées. Cependant, quoi qu’ils fassent sur leurs parcelles, ces propriétaires doivent aviser le COGE, la ponction en bois doit obtenir l’accord du propriétaire et du COGE.

79 Mémoire de maîtrise Troisième partie

Encadré: chronologie de la mise en place de la GELOSE à Belambo. 1978 : Demande d’une meilleure gestion aux Eaux et Forêts de la forêt de Belambo, souhait d’autogestion par une personne du village. 1993 : 1996 : Projet de Conservation et de Développement Intégré (PCDI) mené par le WWF et financé sur des fonds de la coopération allemande (kfw). 14 janvier : Création de la cellule d’action à la demande de la population qui regroupe toutes les entités du village et qui est chargé de mobiliser les villageois. Le PCDI passe par cette cellule. Demande par la population, via la cellule d’action de gérer leur propre forêt 16 janvier : avril : Formation CFPF des membres du COGE 7 personnes sur la base de la négociation et inventaire forestier. Loi GELOSE, lancement du processus GELOSE à Belambo création de la communauté locale de base septembre: 2 techniciens de CFPF pendant 3 mois pour l’inventaire forestier sur 400 ha, la forêt d’Anjialava est incluse dans le territoire de Belambo Lokoho, soit un total de 700 ha, enquête sur l’utilisation des ressources forestières, évaluation du stock et des besoins de la population. Elaboration du dina avec la médiation du CFPF. Mise en place du COGE création du Comité d’alerte et de surveillance des vallées qui travaille avec le COGE

1997: Dossiers GELOSE achevés (DINA, cahier des charges) officialisation locale avec le sous préfet d’Andapa et le chef de 24 juin 97 : cantonnement des Eaux et Forêts d’Andapa, les maires d’Andrakata et d’Ambodiampana: lancement du premier contrat GELOSE, appuyé et financé par PCDI. Août : Méthode STABEX amélioration de la culture de vanille. Juin : Création de l’OTIV mai 98 : La Réserve Intégrale de Marojejy devient Parc National de Marojejy

*Données terrain

L’officialisation locale et nationale s’agissent de la reconnaissance locale du transfert de gestion. Le COGE détient le pouvoir de gestion avec l’aide de la population, les rôles sont identifiés et précisés aux yeux de la population mais également auprès de la Commune, des Eaux et Forêts et de la Sous-Préfecture d’Andapa. Après, le COGE est alors apte à délivrer les autorisations et à gérer la forêt communautaire. Ces officialisations assurent une véritable gestion, elles ont été faites en présence du Ministre de l’environnement, du chef de Province, de l’ONE, du chef de cantonnement et de la Direction des Eaux et Forêt et du Sous-préfet.

Encadré : chronologie de la mise en place de la GELOSE à Antsahameloka. 1998 : Janvier : Lancement du processus GELOSE. Mars : Août : début de sensibilisation mené par le WWF. demande de transfert de gestion par le Fokonolona. Dépôt du statut de la CLB auprès de la Commune Rurale d’Ambalamanasy II et création du COGE. Septembre : l’ONE présente la SFR à la population. Novembre : Formation des membres du COGE sur la gestion financière et aux catégories de bois par le WWF. Avril/Mai : Juin : Dina, Cahier de charge et dossiers de transfert de gestion établies avec l’aide de l’ONE déposés à la Commune Rurale. 1999 Dossiers reconnus par le Maire et le Sous-préfet. Juin : Le statut de la CLB est officiel (association FAMA)

Avril/Mai : Formation des médiateurs pendant deux semaines par l’ONE Septembre : Révision et restitution du dina et du cahier des charges au CLB. 2000 Réalisation de la SFR sans médiateur éxtérieur. Mars : Négociation entre les propriétaires légitimes de la forêt d’Analabe avec un médiateur environnemental.

5 juin : Les médiateurs environnementaux dressent le procès verbal des limites entre Andasibe et Antsahameloka. 8 juin : Officialisation Nationale du transfert de gestion des ressources naturelles à Andapa. Ritualisation au village. *Données terrain

80 Mémoire de maîtrise Troisième partie Officialisation à Belambo-Lokoho.

Photo 18: discours du ministre de Photo 19: danses folkloriques. l'environnement.

Photo 20: les associations de Photo 21: levée du drapeau. femmes.

*Photos prises par l'auteur. L’officialisation revêt une importance particulière pour la population. Elle donne un plein pouvoir à la CLB, devant l’administration et a encouragé et motivé les gens. L’officialisation enlève aussi l’hésitation sur l’application des règles de gestion.

81 Mémoire de maîtrise Troisième partie

B-La responsabilisation de la communauté.

1) Les droits et devoirs de la Communauté Locale de Base sur les ressources naturelles.

Au niveau du terroir, la CLB, regroupant toute la population est maître des décisions par assemblée générale, il a le pouvoir de droit d’usage sur les ressources de leurs terroirs : cueillette ponction en bois pour le chauffage et la construction, pêche pour la nourriture et commercialisation des produits forestiers secondaires, utilisation des rivières pour l’irrigation..., l’exploitation est exclue pour le premier contrat.

Par contre, la population doit suivre la législation en vigueur et le cahier de charge concernant la gestion, l’utilisation, et la protection de ces ressources naturelles, et est responsable des travaux d’aménagement, d’enrichissement et de réhabilitation de la forêt. Elle est également concernée par tous les délits non identifiés ou les mauvaises incitations au sein du terroir. Le non-respect de ces règles pourront entraîner une exclusion des membres ou une sanction collective par la suspension du contrat.

2) Contrôle d’accès par le COGE

Le contrôle d’accès aux ressources est confié au COGE, il est responsable de la bonne gestion de la forêt communautaire, son travail est de : • Délivrer les autorisations de coupe après vérification • Délivrer les autorisations de défrichements • Répartir des savoka pour les défrichements avant la mise en culture • Surveiller et contrôler la forêt contre les coupes illicites.

Le Comité de Gestion est ainsi conposé de président, de vice, de secrétaire, de conseiller et d’un trésorier qui doit enregistrer les entrées et les sorties d’argent prévues dans les règlements intérieurs. A Belambo, les membres du COGE ont été forméss par le CFPF sur leurs activités, leurs rôles et sur les fonctions de la forê, et la législation forestière. En dehors du COGE, trois autres comissaires au compte sont élus pour faire des rapports de vérification à la CLB. Des représentants par vallées seront aussi mis en place pour aider le COGE, ce sont les comités d’alerte et d’urgence dans les campements, aidés par les équipes de « lakoro » auquel s’ajoute un comitéé d’application du dina, composé de 13 membres dont huit représentants des quartiers et cinq ray aman-dreny. 82 Mémoire de maîtrise Troisième partie Une fois que la gestion des droit d’usage est tranférée à la communauté, le cantonnement des Eaux et Forêts doit annuler la nomination des comités de forêts (Vaomieran’ala) pour éviter le chevauchement des attributions. L’administration locale, représentant l’Etat central a le droit de vérifier le bon fonctionnement de la gestion des ressources selon la législation forestière, et même de résilier les contrats en cas de délit grave. Elle est encore responsable dans les délits qui sont en dehors des droits d’usage (autorisation de défricher, sanction des feux de brousse). Avec la contribution du WWF, elle doit apporter des aides techniques pour la réalisation d’un programme annuel de gestion, d’aménagement, et de protection des forêts, élaborés par la CLB.

Les docuements entre les mains de la communauté sont des outils de régulation et de gestion des ressources : le contrat de gestion, le cahier de charges, le dina et les plans parcellaires.

Les ristournes et les amendes sont gérées par la communauté et serviront de fond pour l’amélioration de la gestion, del’aménagement des forêts, et du social.

Le cahier de charge régit aussi les stratégies générales concernant les modalités du transfert de gestion des ressources naturelles entre le Service des Eaux et Forêts, la Commune et la CLB concernée.

C-Soutien pour le développement.

1) Developpement agricole comme alternative aux défrichements.

De nombreuses associations se sont constituées à Belambo, dans le but de renforcer les techniques agricoles et la gestion de la production.

Amélioration pour la vanille En aout 1997, le projet dit « STABEX » est lancé au niveau du village avec l’aide de l’UE et du GNEV, pour la vulgarisation d’une nouvelle technique pour la vanilliculture, l’apport de matériels de préparation et de cuisson (thermomètre, chronomètre, fûts et couvertures), et la formation d’un encadreur local, pour l’association des producteurs.

De l’herbe (Flemengia) est cultivée entre les plants et est coupée pour recouvrir le sol, des canaux de drainage sont aménagés et les cultures sont clôturées. Les lianes ont subi un traitement d’amélioration avant sa plantation. La croissance des plants est plus rapide et la vanille fleurit après environ deux ans au lieu de quatre ans.

83 Mémoire de maîtrise Troisième partie

Les associations se chargent de la préparation-conditionnement et de la recherche de filière. Cela permettrait aux producteurs de vendre de la vanille préparée et d’éliminer les intermédiaires afin d’en tirer le meilleur profit et améliorer leur niveau de vie. L’acceptation de la nouvelle technique est constatée par son application par les jeunes et les gens en dehors des groupements et sa propagation en dehors du Fokontany de Belambo.

Défense et restauration des sols Suite à la constation de la baisse de la fertilité du sol après le tavy, la population a fait une demande d’aide technique. La méthode de Défense et Restauration des Sols (DRS) est initiée par des techniciens du WWF et de l’A NAE ; il s’agit de l’utilisation du vétiver et de recouvrement du sol pour le protèger et le fertiliser. L’objectif est aussi d’éliminer la mise en feu avant la culture, certaines personnes y font référence pour la valorisation de l’herbe comme engrais. A Antsahameloka où il y a peu d’associations et de projet de développement, l’amélioration de l’agriculture est moins dynamique. Certains producteurs pratiquent le repiquage en ligne du riz avec plus d’espace entre les plants, cette technique est plus efficace mais le mode traditionnel est le plus pratiqué.

Photo 22: Culture de la vanille selon la méthode "Stabex".

*Photo prise par l'auteur.

84 Mémoire de maîtrise Troisième partie

Les cultures commerciales connaissent peu d’évolution, les progrès techniques sont quasiment inexistants. La technique STABEX semble faire echo dans le village et quelques personnes projettent de l’appliquer dans l’avenir. Pour le café, certaines personnes pratiquent le recépage des vieux plants qui redonneront fruits après deux ans.

Il n’y a pas d’évolution technique pour les productions animales ni de valorisation des excréments pour la fertilisattion des champs. Le zébu est destiné aux travaux rizicoles et son élevage reste extensif. Par contre, l’aviculture, quoique extensive et familiale, permet de diversifier l’alimentation et les sources de revenus. Selon les règles établies, les paysans d’Antsahameloka qui veulent avoir du miel, des produits de la pêche… doivent en produire car la cueillette est interdite. La pisciculture commence ainsi à se développer ; de petits étangs sont aménagés à côté des rizières, le maraîchage vient récemment s’y ajouter.

2) Initiatives dans la diversification des activités pour ventiler les rentrées monétaires.

La décision de ne plus avoir recours aux produits forestiers pendant les périodes de soudure incite les gens à diversifier leurs cultures (jardinage ; cultures fruitières).

Les associations de femmes régulent la vie économique des ménages par la promotion des cultures de contre-saison : haricots, pistaches (d’avril en décembre) ; manioc sur tanety, arachide, sur les sables des rivières ou dans les jardins (concombre, brèdes) qui sont déstinés à la vente. Comme Antsahameloka n'avait pas de forêt communautaire, les limites de la Réserve Naturelle Intégrale de Marojejy ont été redéfinies pour permettre à la communauté d'avoir environ 26 ha, la Réserve serait transformée en Parc National. Sur le second lot de forêt, Analabe (36 ha), un point d’entente a été établi sur les ressources.

Les femmes commencent aussi à développer les activités extra-agricoles, l’artisanat comme la couture et le tressage (nattes, paniers, soubiques, chapeaux, vendus au niveau du village, le long de route) qui leurs permettent d’avoir des rentrées d’argent supplémentaires. Elles ont aussi vendu des cassettes dont le thème parle de l’environnement.

85 Mémoire de maîtrise Troisième partie

Photo 23 : Culture de brèdes clôturée.

*Photo prise par l'auteur.

3) Une meilleure gestion de la production pour pallier les prélèvements des ressources.

Pour pallier les ponctions et les ventes des produits forestiers, un grenier communautaire est monté à Belambo, en 1990, avec l’aide du SAF FJKM en facilitant la subvention en riz pendant les périodes de soudure, par achat à prix plus élevé (exemple : 6000 Fmg le bidon au lieu de 5000 Fmg) du paddy ou du riz blanc local, au mois d’octobre, puis par la vente à meilleur prix pendant la saison creuse, en février (exemple : 17 500 Fmg au lieu de 20 000 Fmg). La quantité est d’environ 20 bidons par an et fluctue en fonction de la production du village, mais l’offre reste encore inférierieure à la demande.

L’OTIV, MEC (Mutuelle d’Epargne Communautaire), crée à Belambo en 1997, est placé par le WWF dans le cadre du PCDI, après l’animation de la population, dans le cadre de développement des régions périphériques aux Réserves Naturelles. L’OTIV constitue une solution au manque de liquidité en saison creuse et un investissement cette fois-ci monétaire, avec la possibilité de prêt, il permet aux paysans

86 Mémoire de maîtrise Troisième partie d’éviter les contrats à bon marché, d’épargner, de gérer et déassurer la protection de leurs biens contre les vols, d’avoir éventuellement un prêt. A Antsahameloka et aux environs de la Commund d’Andasibe, des opérateurs de développement sont présents, avec des objectifs multipes mais ils ne semblent pas encore interrésser la population ; l’ANAE projette d’assister les reboisements et donner un soutien financier aux producteurs de vanille, mais les associations bénéficiaires ne sont pas encore prêts.

87 Mémoire de maîtrise Troisième partie

Chapitre IX : POUR UNE MISE EN VALEUR DURABLE DES RESSOURCES

A-Une meilleure perspective.

A partir des actions mises en œuvres nous avons constaté des changements importants :

1)Une prise en main des territoires et des ressources.

Contrôle du terroir

Les délimitations des ressources existantes, représentées dans un « état parcellaire » et « plan parcellaire » ont permis à la communauté de constater l’occupation des terres, d’avoir une connaissance des potentialités des terroirs et d’entrevoir une gestion. C’est aussi un moyen de confirmation de l’occupation et des droits. Le terroir de Belambo a aussi bénéficié d’un inventaire forestier fait avec l’aide du CFPF, ce qui a facilité l’orientation des besoins sur les massifs.

Le contrôle des ressources se fait ainsi par les différentes règles mises en place, agrémentées de sanctions et par le profil d’accès donné par les autorisations et les permis. Ce système permet d’éradiquer l’accès libre aux ressources, de freiner le gaspillagge et les incursions des personnes extérieures au terroir, de gérer et de contrôelr les défrichements.

L’aménagement des ressources. L’aménagement des ressources passe par la définition des utilisations possibles en fonction des potentialités et des besoins. Dans le cas de Belambo, l’utilisation des massifs forestiers est classée de la manière suivante : Ressources forestières Aménagement Besobeha, Andongozabe, Betolongo, Befoza Possibilité d’exploitation foresitère Mahatandro, Antsahavary, Antsahalalina, Ne pourront plus supporter une exploitation forestière Beroroha Droit d’usage pour la population de Belambo et les hameaux environnants (Antsahalalina, Antsahavary) Anjialava, , Antsahabeovy, Droit d’usagge pour la population d’Anjialava Bevagna Andohan’i Belambo, Interdites d’exploitation sauf pour le revindrary, afin de protéger les sources qui arrosent Belambo.

88 Mémoire de maîtrise Troisième partie L’exploitation forestière, la production du charbon, et l’exploitation de bois de chauffe à titre professionnel sont interdites à Belambo, durant le premier contrat. La production de charbon et la commercialisation temporaire de bois de chauffe est acceptable après autorisation du COGE. Toutes les formes de défrichement sur forêt primare et secondaire, suivi ou non de brûlis est interdit sur le terroir.

Les ressources en eau ont été considérées comme importantes, ainsi, pour éviter un éventuel assèchement, un effort de suivi et de protection ont été annoncés dans les règles pour la forêt d’Anjialava et ses alentours, là où la rivière d’Antsahalalina prend sa source. Sur les sols vulnérables, il est recommandé d’appliquer des techniques de protection (DRS) des terrains de culture aux abords d’Antsahalalina dont les pentes dépassent 50 %, afin de lutter contre l’érosion, l’ensablement des rizières. Les défrichements et les cultures sur terrains à forte pente sont interdits.

Pour Antsahameloka, les droits d’usage peuvent être exercés sur les deux lots de forêts selon les modalités suivantes : • La coupe de gaulette doit faire l’objet d’un permis pour Analabe, mais elle est interdite dans la forêt d’Analamaina. • La ponction du bois de chaffe se fait par autorisation et seulement dans la forêt d’Analabe. • Les besoins sont simplement orientés sur les lots de forêts.

L’aménagement des terroirs permet d’ajuster et d’orienter les besoins en fonction des capacités des ressources forestières pour, éviter l’épuisement, faire face à la dégradation des autres ressources telles que : sols sur pente, cours d’eau…, en vue d’une utilisation à long terme.

Gestion technique et économie des ressources

Pour économiser les ressources, le droit de chaque ménage, dans le cadre du droit d’usage a été limité selon une quantité et un période déterminée, en fonction de la capacité des massifs forestiers.

Exemple, pour Antsahameloka, la coupe de gros bois destiné à la construction est limité à trois par ménage, le bois rond à 70 pieds par ménage. Les produits forestiers secondaires sont libres comme : les plantes médicinales, mais après la cueillette, il faut adresser un rapport au COGE. Il est par contre interdit de couper ou d’arracher les plants.

89 Mémoire de maîtrise Troisième partie

Des restrictions ont été faites pour limiter la dégradation des ressources ou l’extermination d’espèces spécifiques. Des normes techniques sont aussi mises en place :

L’exploitation, le défrichement et la coupe de certaines essences (Bilahy, Hazovola, Andramena, Ravinala) dans la forêt communautaire, sont interdits dans le premier contrat, de même que la fabrication du charbon, la chasse et la pêche, la ponction du miel et de l’oviala, la coupe du hafotra (écorce de bois) est permise mais en échange de dix pieds plantés. Après autorisation, le ravin-drary peut être coupé seulement entre le mois de mars et le mois d’avril.

Ces mesures ont été prises pour préserver l’ensemble des ressources et confirment la volonté de limiter le gaspillage. Généralement, les restrictions permettent aux ressources forestières d’avoir un temps de régénération.

La gestion du territoire, quoique très simplifiée, s’oriente vers une gestion améliorée, exclusivement tournée sur les droits d’accès et de prélèvement pour les seules personnes du territoire. Elle profite donc aux villageois par la constitution d’une réserve en bois mais aussi à la préservation des forêts (primaires et secondaires) et du Parc National de Marojejy.

2) La participation paysanne, facteur de dynamisme.

Au sein des structures et de la société Les Ray aman-dreny, les Zafintany, et le Comité Local de Sécurité ont contribué ensemble dans toutes démarches, et joué le rôle de médiateur et de conciliateur dans les conflits fonciers. Le COGE qui vient s’ajouter aux structures s’intègre bien dans le système social.

L’élaboration des règles de gestion et des structures est basée sur des réunions de la CLB. Ce système a permis aux jeunes et aux femmes, d’exprimer leurs opinions et de contribuer dans les affaires de la communauté. Cela se vérifie par la participation des femmes dans les structures, et l’intervention des jeunes qui corrigent les erreurs et contrôlent volontairement l’application des règles. La fréquentation grandissante des gens aux réunions est révélatrice de l’’intérêt porté à l’égard de ce transfert de gestion.

La gestion des ressources fonctionne sur des règles établies par la communauté elle- même. Traditionellement, le dina existait mais il manquait d’enjeu et n’était pas écrit. En outre, la politisation des structures, l’accroissement et la mobilité de la population, et la faveur envers certaines familles ont entraîné sa dépréciation. 90 Mémoire de maîtrise Troisième partie

Le nouveau dina, fixé par des règles écrites, et reconnue par l’administration possède d’importants enjeux, cequi est un facteur de développement du respect et de l’auto-contrôle.

A part les membres du COGE, comme dans le cas de Belambo, des personnes en dehors du COGGE participent directement à la bonne marche de la gestion, même si elles ne sont pas payées :

Le comité d’alerte, formé dans le village pas les équipes de lakoro avec un ray Aman-dreny par lakoro. Les gardiens des saha placés dans les vallées. Les commissaires au compte du COGE. Les représentants du fokonolona composés de dix ray aman-dreny et de quelques jeunes, lesquels sont appelés pour les décisions urgentes (les décisions prises sont acceptées par la majorité).

A Antsahameloka, la fréquentation grandissant de la population aux réunions montre la reprise de dynamisme et de cohésion. En effet, si le CLS n’arrivait à réunir qu’une soixantaine de personnes, les assemblées concernant les ressources arrivent à regrouper plus d'une centaine.

L’organisation autour des ressources permet ainsi de donner une responsabilité à la communauté engendrant une synergie et une cohésion des structures au sein de la société et permet de renforcer l’identité sociale sur le terroir.

La prise de responsabilité par la communauté permet de raviver les anciennes structures et la cohésion, qui sont importantes pour la bonne marche de la gestion des ressources au sein des sociétés, où les valeurs traditionnelles sont encore prises en compte. La cohésion est importante car elle conditionne le degré d’appropriation communautaire des ressources à gérer.

Dans la pratique Quoique les paysans ne connaissent pas les règles dans les détails, ils savent les raisons de la préservation des ressources. Les paysans et les Eaux et Forêts reconnaissent que les coupes illicites ont diminué depuis que la surveillance est appliquée.

Depuis l’officialisation locale du transfert de gestion, le Fokonolona de Belambo surveille les forêts communautaires, ce qui a permis l’arrestation de plusieurs personnes

91 Mémoire de maîtrise Troisième partie coupant illicitement du bois sur le territoire de Belambo, dix délinquants ont été pris sur le fait en 1999, et cinq autres jusqu’en juillet 2000, dont certaines viennent des Fokontany voisins, donc, la forêt est protégée contre les incursions extérieures, le respect des règles est sur la bonne voie.

En bref, les paysans admettent l’importance de la forêt, connaissant les règles et le système de gestion.

Ces mesures vers la décentralisation par un transfert de certains pouvoirs aux communautés de base, éradiquant ainsi, la lenteur de la délivrance des autorisations, et mettent en place un double contrôle communautés-Eaux et Forêts. Les ristournes pourront constituer un fond pour le développement local.

Etant participatives, ces mesures permettent de trouver avec les paysans, des solutions non-imposées qu’ils comprennent et acceptent facilement. En outre, les aménagements ont permis aux communautés d’avoir une perception, puis une compréhension des caractéristiques et des potentialités de leurs terroirs, et des facteurs de dégradation de l’environnement. Ces connaissances acquises aident les paysans à trouver des alternatives et à adopter facilement les nouvelles techniques de production, de dynamiser et de réorganiser la société pour faire face aux problèmes économiques et environnementaux. Cela permet d’obtenir un scenario positif dans lequel, la protection de l’environnement est possible, couplée à la recherche de développement, mais pour cela, certains facteurs sont à reforcer ou à prendre en compte.

Par contre certains facteurs pourront empêcher au bon fonctionnement de la gestion et l’aménagement des ressources.

B-Quelques points à renforcer.

1) Sur le système de gestion.

La viabilité des règles

L'enjeu, pour la durabilité de la gestion, est l'application des règles, exemple, en cas de délit, il se peut que le coupable n'ait pas les moyens de payer les amendes ou faute de liquidité il faut attendre la récolte. Dans ce cas, le coupable peut payer son amende en échange de travaux communautaires (construction, nettoyage…), le cas s'est déjà présenté à Belambo.

92 Mémoire de maîtrise Troisième partie A Belambo, où la gestion a commencé depuis 1997, les paysans ont constaté quelques difficultés dans la pratique et ont essayé de s'arranger. Jusque là, le bois de chauffe peut être prélevé et vendu temporairement, sans demande d’autorisation ni payement de ristourne, car il s'agit souvent de bois mort ou déraciné ou de vieux arbres fruitiers, qu'il est parfois lourd de suivre les règles chaque fois qu'on en prend.

Normalement, le bambou ne doit être coupé que par autorisation, la coupe est normalement interdite, entre le mois d’avril et le mois de mai, or, le bambou est utilisé quotidiennement et sert de petites rentrées financières. La règle a été revisée car le bambou se regénèer trsè rapidement. Il est envisageable d'aménager un espace pour sa reproduction et sa valorisation.

Les règles doivent ainsi, être révisées et adaptées au mode de vie des paysans, il faut aussi assouplir certaines mesures qui sont trop lourdes.

Quelle voie de recours en cas de difficulté ? Les conventions signées par le Maire des Communes de rattachement, le Service des Eaux et Forêts et le Sous-Préfet confirment le soutien du transfert par l’administration et la reconnaissance de la délégation de gestion à la communauté, mais quoique la communauté ait ses pleins pouvoirs les règles trouvent leurs limites si un délinquant étranger au terroir refuse de payer les amendes. Le COGE ne peut pas avoir recours à la force, donc, elle n’a pas assez de pression. L’application des règles est délicate pour assurer la continuité de la gestion. Par conséquent, il est essentiel de trouver une voie de recours pour les faire respecter. De plus, dans les délits où les Eaux et Forêts doivent intervenir, les paysans constatent la lenteur d’exécution et parfois les délinquants sont relâches.

Une gestion peu transparente La mise en fonction du COGE a fait ressortir un besoin de renforcement sur la gestion financière, car l’utilisation des fonds et de l’argent obtenu des permis de coupe manque de transparence, les rentrées et les sorties d’argent dans la caisse ne sont donc pas claires. Les membres du COGE n’ont pu avoir les indemnités prévues dans les contrôles. Pour mener à bien la gestion, les membres du COGE devront avoir des formations en gestion financière simplifiée pour mieux enregistrer les entrées et les sorties d’argent. Au niveau socio-organisationnelle, le renforcement, en structuration et vie associative permettra à la CLB de mieux fonctionner.

93 Mémoire de maîtrise Troisième partie

2) Sur l’aménagement.

La gestion du territoire jusque là se limite à la classification suivante : • Espace de prélèvement pour les droits d'usage, • Espace protégée à toute forme de ponctions, • Mesures de protections de certaines ressources : espèces animales et végétales, cours d’eau...

Il est nécessaire de gérer les ressources en sol pour suivre le rythme de l’accroissement de la population, car les besoins en terre est un facteur de défrichement, il faut par conséquent, valoriser toutes les terres cultivables et optimiser la production.

De même, surtout pour Antsahameloka qui n’a plus assez de forêt, il est important de réserver un espace pour le reboisement, des mesures de prise en charge de pépinières locales sont déjà en place. Le renchérissement des forêts est utile pour remplacer les ressources consommées et pour parer aux futurs besoins.

Etant donné que les ressources forestières servaient à assurer une partie des besoins monétaires, d’autres potentialités sont à valoriser pour servir d’alternative, tout en assurant leur reproduction ; comme l’exploitation du rambo pour l’artisanat. A Belambo, de riches bambouseraies existent, l’exploitation de la vente du bambou, un matériel très utilisé, est possible, d’autant plus que sa régénération est très rapide.

3) La SFR comme moyen de développement ?

Le foncier revêt une importance particulière dans la mesure où il et considéré comme une des causes de la dégradation des forêts. L’opération SFR est considérée comme un moyen de reconnaissance et de mise à jour de l’occupation foncière afin d’éclaircir les limites des terres, et de les représenter sur une carte, ceci pour éliminer les usurpations et les conflits. La sécurité foncière, étant considérée comme facteur de sédentarisation, d’investissement agricole et de développement. Cependant les documents établis ne sont pas crédibles.

En effet, par manque d’information ou par peur, quelques propriétaires ont été absents et leurs terres n’ont pas été mesurées, certaines terres sont inscrites sur d’autres personnes, les erreurs sont attribuées au service des domaines. Ensuite pour Antsahameloka, les tanety ont été mesurés par groupe de dix parcelles, car les géomètres n'ont pas eu assez de temps.

94 Mémoire de maîtrise Troisième partie La délimitation globale du terroir, des ressources forestières, des terres de cultures paraît suffisante pour une appropriation et une sécurisation de ces biens par les communautés.

4) Au niveau régional.

Dans une hypothèse où toutes les ressources de la région sont transférées de la même manière, certains terroirs n’ont plus de ressources forestières et aussi la satisfaction des demandes des villes en bois de construction et en bois énergie posera encore des problèmes. Si les solutions ne sont mises en œuvre que pour quelques communautés, la pression resterait constante au niveau de la région. L’accroissement de la population aggravera toujours les charges sur les ressources forestières et le foncier. S’il n’y a pas d’intervention face aux contraintes du milieu physique (pente forte et pluviosité) les sols continueront à se dégrader et cela augmenterait les pertes.

Si les ressources forestières ont servi de complément monétaire aux activités des paysans, il est important de considérer : la capacité de production agricole qui est fonction des moyens techniques et de la disponibilité des terres cultivables, la gestion et l’organisation de la production, pour en tirer les meilleurs profits, d’autres activités pour améliorer la rentrée financière des ménages… Il faudra, par conséquent, aborder les problèmes de dégradation de l’environnement dans le cadre régional sinon, les solutions ne seront que ponctuelles.

Dans ces situations, il est aussi palpable que la protection de l’environnement est aussi une question de développement.

Ainsi, après l’analyse des deux terroirs nous proposons les plans d’aménagements suivants à partir des cartes de synthétiques auxquelles sont rajoutés des tableaux de synthèse pour une meilleure explication.

95 Mémoire de maîtrise Troisième partie

C-Solutions et alternatives proposées

Carte 10 : PROPOSITION D’AMENAGEMENT DES RESSOURCES A BELAMBO.

96 Mémoire de maîtrise Troisième partie

Tableau 10: CADRE LOGIQUE POUR LA PROPOSITION DE PLAN D’AMENAGEMENT DU TERROIR DE BELAMBO LOKOHO Ressources et Objectifs d’aménagements Résultats attendus Actions Mesures d’accompagnement caractéristiques Protection des sources Forêt primaire en amont du village Interdiction de toute forme 4 Zone de conservation claire et Maintien des sols d’exploitation des Contrôle et enrichissement dégradée Régénération de la ressources naturelles forêt Formation sur les techniques Satisfaction d’une de coupet et sur la Forêt primaire partie des besoins en Exploitation forestière régénératoin des ressources Forêt de production pour riche en bois (vente) et Promotion de filières de Mise en place de gestion 2 l’exploitation forestière végétation valorisation des produits forestiers pour l’exploitation ligneuse ressources Mise en place de quota d’exploitation, contrôle Enrichissement Forêt de production pour le Forêt primaire Satisfaction des Valorisation des Contrôle 1 droit d’usage et valorisation pauvre en bois besoins dans le cadre ressources secondaires Promotion de l’artisanat par des ressources forestières d’œuvre et en du droit d’usage Culture et exploitation du la valorisation du rambo 3 secondaires bois de service ravindrary Protection contre la perte des sols Renforcement des filières en Lutte contre produits de rente l’ensablement des Restauration et Formation Pratique et renforcement des rizières Enrichissement, protection enrichissement des zones secondaire sur techniques DRS pour les 5 Constitution de réserve et restauration des sols fragiles et dégradées pente moyenne parties cultivées, en bois Reboisement pour les parties Optimisation des non cultivées cultures arbustives pérennes Utilisation des techniques Appui des filiières en produits moins dégradantes, lutte Sols sous Production maximale de rente Zone de valorisation anti-érosive savoka et pour la satisfation des Renforcement des optimale des ressources en Gestion des défrichements 6 mosaïque de besoins alimentaires et formations en lutte anti- sols Renforcement et culture financiers érosive organisation de filière Protection des sols (café-vanille) Production maximale SRI/SRA Bas-fonds en riz pour diminuer le Zone de production rizicole Micro-irrrigation Aménagement et irrigation aménageables tavy et assurer une 7 optimale Renforcement en des bas-fonds disponibles ou aménagés grande partie des outillages besoins rizicoles Satisfaction des Zone besoins en bambous Pratique de rotation et Zone de production ou particulièrement pour la construction et formation sur les Promotion de la filière d’exploitation de bambous 8 riche en usages quotidiens, techniques de bambou communautaire bambous vente possible en regénération du bambou dehors du terroir

Source : Refléxion personelle de l’auteur

97 Mémoire de maîtrise Troisième partie

Carte 11 : PROPOSITION D’AMENAGEMENT DES RESSOURCES A ANTSAHAMELOKA

98 Mémoire de maîtrise Troisième partie

Tableau 11 : CADRE LOGIQUE POUR LA PROPOSITION DE PLAN D’AMENAGEMENT DU TERROIR D’ANTSAHAMELOKA Objectifs Ressources et Résultats Actions Mesures d’accompagnement d’aménagements caractéristiques attendus Inventaire forestier pour l’évaluation des Interdiction de potentialités réelles Analamaina, forêt Satisfaction des défrichement, Définition de parcelles de rotation pour la Exercice de droit d’usate primaire riche, besoins en bois d’exploitation et de ponction et l’enrichissement pour la construction délibérée de la RN de construction ponction en bois de Apprentissage des techniques de coupe chauffe pour le développement des rejets Contrôle, enrichissement Inventaire forestier pour l’évaluation des Satisfaction des Exercice de droit d’usage Interdicion ressources disponibles Relique de forêt besoins en bois pour le bois de chauffe et d’exploitation, et de Définition de quotas en bois de chauffe primaire : Analabe de chauffe et gaulettes défrichement en foction des besoins gaulettes Contrôle Interdiction de Constitution de défrichement, Formation sur les techniques et pratique réserve en bois promotion des cultures de reboisement, système anti-érosifs pour pour une future Formations commerciales pérennes les terres cultivées Zone de restauration et utilisation secondaires à mi- Enrichissement Promotion de l’apiculture d’enrichissement Protection des pente Valorisation par la Possibilité de culture et d’exploitation du sols sur pente, promotion d’autres ravin-drary protection des activités annexes cours d’eau (apiculture, vannerie… Protection et fertilisation Satisfaction des Formation et application techniques pour le maintien des Valorisation optimale des Sols sous savoka besoins SRI/SRA, sols ressources en sols à faible pente alimentaires et Rizipisciculture, culture de contre-saison Diversification et financiers Appui en outillages agricoles rotation des cultures Exploitation MPI gérées sous-forme Bas-fonds ou commerciale du d’AUE Vulgarisation des meilleures techniques Valorisation optimale de terres riz et Optimisation de la SRI/SRA, la plaine pour la aménageables en satisfaction des production rizicole Rizipisciculture, culture de contre-saison riziculture rizière besoins Valorisation par Appui en outillage agricole alimentaires d’autres activités Source : Refléxion personelle de l’auteur

1) Pour renforcer les aménagements

La gestion des terroirs de Belambo et d’Antsahameloka pourront être renforcées de manière à mieux répondre aux futurs besoins des populations en ressources forestières, alimentaires, et financières, dans un objectif où l’on affaiblit la dépendance vis à vis des ressources naturelles, tout en préservant au mieux les ressources restantes.

L’aménagement des ressources se fait en fonction de leurs états. La totalité des forêts jouent un rôle écologique important, par conséquent leur défrichement est interdit. Certaines massifs très appauvris seront mis sous protection totale pour permettre leur régénération (cas de Andohan’i Belambo). Dans le cadre de la satisfation du droit d’usages, les besoins (construction, bois de chauffe) sont orientés en fonction des potentialités de chaque lot de forêt et resteront limités en fonction des besoins réels.

99 Mémoire de maîtrise Troisième partie

La production en ressources forestières pour la vente est possible dans le cas de Belambo, pour le bambou ou l’approvisionnement en bois, en évaluant les capacités des ressources en terme de volume et de temps afin de fixer la quantité pouvant être prélevée pour une certaine durée, de faire une rotation des prélèvements et de reboisement. Dans ce cas, des techniques de coupe doivent être apprises pour permettre aux arbres d’avoir des rejets et il faut aussi laisser des arbres porte-graines.

Toutefois, l’enrichissement est toujours nécéssaire pour toutes les surfaces forestières en contrepartie des ponctions et pour leur utilisation durable.

Les formations secondaires sur forte pente abritent des sols fragiles, c’est pourquoi la restauration de la couverture est nécéssaire. Généralement, cette partie du terroir est cultivée en caféiers et vanilliers, des arbustes pérennes, convenables pour la protection des sols, un système anti-érosif est toujours nécéssaire pour les versants nus. Les sols sur pente déjà défrichés pourront mieux être valorisés par les cultures commerciales en arbustes. Il est aussi important d’améliorer les techniques utilisées pour les cultures commerciales pour en tirer un meilleur profit afin de diminuer la dépendance aux ressources naturelles.

Pour les zones de production agricole, des surfaces peuvent encore être mises en valeur sur les deux terroirs, à partir de micro-irrigations et d’aménagement. Ces terres cultivables pourront être valorisées au maximum, en appliquant de nouvelles techniques (SRI / SRA…) et en renforçant les outillages agricoles. Pour les sols sur savoka, les techniques de défense et de restauration des sols doivent être fortement soutenues (Vétiver, légumineuses, cultures suivant les courbes de niveau…) la culture sans bûlis doit être expérimentée et appliquée pour la zone. Certes, ces interventions nécéssitent d’appui extérieur, mais il faudra toujours inciter la participation paysanne. Le renforcement de la production est essentiel pour diminuer la dépendance aux ressources forestières.

Les ressources secondaires ou annexes (rambo, bambou, miel…) tirées des forêts doivent aussi être valorisées en organisant des filières de transformation ou de vente. La production de ces produits est possible pour la ventilation des rentrées financières des ménages.

100 Mémoire de maîtrise Troisième partie

Photo 24: Valorisation du rambo par l'artisanat à Belambo

*Photo prise par l’auteur

2) Renforcer l’articulation communautés-services administratives

L’intérêt de la gestion est aussi de protéger le terroir contre les incursions extérieures non contrôlées, mais de nombreuses communautés n’ont plus la moindre ressource à gérer or l’accès aux forêts sera fermé. Une négociation d’approvisionnement dans le cadre du droit d’usage doit être faite entre les communautés qui sont encore pourvues de forêt et celles qui n’en ont pas. Une production en ressources se fera comme pour le terroir de Belambo pour y subvenir. Des règles au niveau de la commune doivent être établies et celle-ci jouera de rôle d’arbitre entre les communautés. Par conséquent, il est important de donner un pouvoir aux Maires des Communes de rattachement pour qu’ils puissent appliquer le dina ou si nécessaire, se mettre en faveur de la communauté devant le tribunal pour constituer une voie de recours pour les communautés. L’intervention des Services des Eaux et Forêts dans les délits doit être stricte et réelle.

101 Mémoire de maîtrise Troisième partie

3) Proposition au niveau régional

Il est important de considérer les problèmes de protection de l’environnement au niveau régional, ainsi nous suggérons : • La recherche d’un compromis entre les communautés ayant encore des ressources forestières et celles qui n’en ont plus, et pour cela, un dina intra-communautaire sera établi.

• La mise en place d’un comité régional gérant les ressources et une partie des ristournes et prélèvements pour que ces derniers puissent servir de fond pour des futurs aménagements des ressources. Ce comité, comprenant les autorités locales, les représentants des communautés, et les services techniques concernés pourront également servir de voie de recours en cas de difficulté d’application des règles entre les communautés.

• La promotion d’une filière bois pour subvenir aux besoins de la ville en construction et en bois de chauffe. Pour cela, les coupes seront contrôlées et suivront les normes techniques et prélèvement assurant la pérennité de l’utilisation des ressources et un espace devra être réservé au reboisement, cette tâche pourrait être confiée à quelques communautés pour lesquelles le quota de bois fourni sera évalué en fonction des potentialités. Une recherche d’essence à regénération rapide adaptée à la zone doit accompagner les reboisements.

En mesure d’accompagnement, il serait primordial de : Renforcer la capacité productive de la cuvette par les appuis financiers actuellement disponibles, par des appuis techniques : utilisation de semence améliorée, repiquage en ligne… de micro-aménagements hydro-agricoles gérés sous forme d’association des usagers de l’eau…

Si des actions de grande envergure risquent d’échouer, il serait intéressant d’intervenir au niveau communautaire ou associatif, d’autant plus que la responsabilisation et la participation des paysans est essentielle pour la promotion du développement.

Pour la culture sur flanc de colline, les techniques de type DRS doivent être appliquées généralement pour lutter contre la baisse de la fertilité du sol et la perte de celui-ci.

102 Mémoire de maîtrise Troisième partie

CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE

Les mesures de protection de l’environnement mises en œuvre pour Belambo Lokoho et Antsahameloka s’est fait dans le contexte où les communautés y sont incitées et ont participé aux réalisations. L’apparition de la loi 95-025 est aussi une condition favorable.

Les modes de protection visant la préservation et la pérennité des ressources naturelles renouvelables se sont construites sur les bases des communautés locales qui ont élaboré avec un soutien technique, des plans d’aménagement orientés en fonction des besoins et des potentialités des ressources. Des mesures de gestion technique ont été posées avec des règles élaborées par les communautés elles-mêmes et légalisées au niveau de l’administration.

Les étapes de la réalisation et la gestion ont permis aux paysans d’avoir une réflexion et une appropriation sur les terroirs, favorisant la recherche d’alternatives à la dépendance vis à vis des ressources. Parallèlement, des soutiens de développement sont demandés et réalisés surtout à Belambo qui ont pu marcher positivement. Cela concerne la promotion de nouvelles techniques de production et de protection des sols, de la gestion de la production et le développement d’autres activités rémunératrices.

Ainsi, les défrichements et les coupes illicites ont diminué sur les deux terroirs et des délinquants ont été appréhendés. Cela confirme l’existence de contrôle assurant la protection des ressources forestières.

On pourrait ainsi en déduire que la participation des paysans dans les recherches de solutions environnementales adaptées semble être une meilleure solution, premièrement, dans la protection de l’environnement, et puis, dans la recherche d’alternatives visant à tirer plus de profit dans les activités, c’est à dire, le développement.

Cependant, il faut faire face aux futures pressions engendrées par l’augmentation de la population, sur les ressources forestières, foncières, et aussi, les besoins alimentaires. Ces éléments sont reconsidérés dans le renforcement des plans d’aménagement proposés. Aussi bien, la gestion des ressources devra-t-elle se faire au niveau régional pour mieux répondre aux pressions.

103 CONCLUSION GENERALE

La région d’Andapa est un milieu écologiquement riche et productif qui se caractérise par deux unités distinctes ayant respectivement leurs propres caractéristiques ; la Cuvette à fortes potentialités rizicole, et les versants des massifs montagneux forestiers, favorable au développement des cultures commerciales. Dans ce contexte, peut-on affirmer que les activités paysannes sont les causes de dégradation de l’environnement ?

L’observation du milieu a permis de dégager la fragilité de l’écosystème par les constations suivantes : les sols des pentes se dégradent facilement dès l’absence de couverture à cause de la forte pluviosité ; le niveau d’eau nécessaire à l’irrigation s’abaisse suite à la diminution de la couverture forestière des massifs servant de réservoir d’eau. Cette richesse de la zone a attiré une migration engendrant un peuplement rapide qui a fini par occuper la Cuvette et gagner les versants des massifs forestiers par défrichements.

Le contexte économique marqué par la dépréciation des produits de rente a fait revenir les paysans vers la riziculture pour laquelle la Cuvette est insuffisante, d’où le besoin de pratiquer de nouveaux défrichements par le tavy.

L’analyse des deux villages d’Antsahameloka et de Belambo-Lokoho permet de constater que le milieu est exploité à l’aide de techniques traditionnelles consommatrices d’espace et parfois dégradantes, le rendement est alors faible et la production est relativement insuffisante, à cause d’une mauvaise gestion, pour la satisfaction des besoins de la population. Cette situation crée une pression sur les ressources forestières pour un supplément de revenu, et sur le foncier, engendrant des défrichements. De plus, l’administration forestière n’a pas pu contrôler réellement l’utilisation des ressources.

Ces constatations nous permet de dire que la destruction de l’environnement est engendrée par plusieurs facteurs, dont ; les moyens et les techniques de production peu productives et parfois dégradantes, le contexte humain et économique. Mais on peut aussi mettre en valeur dans le cas d’Andapa, l’interdépendance entre milieu et homme car, si le milieu est dégradé, il produit peu, et si la production est faible, l’homme l’exploite davantage en le détruisant.

104 Mémoire de maîtrise Conclusion générale

La nouvelle loi sur le transfert de gestion des ressources naturelles a permis de faire participer les paysans dans la recherche de moyens de protection de l’environnement. Cette approche participative s’avère efficace car c’est un moyen de cohésion, d’identification et de mobilisation de la société, vers une réflexion sur la nécessité de mise en œuvre de meilleures techniques de production peu destructives, et de diversification des activités pour pallier la destruction des ressources forestières. Cette réflexion a permis d’intégrer les projets de développement dans la vie et les activités paysannes.

C’est aussi un moyen de gestion, de contrôle et d’aménagement du terroir, permettant d’orienter les besoins de la communauté en fonction de la capacité des ressources et de mettre des règles techniques pour les prélèvements, afin de pérenniser l’utilisation des ressources. La diminution des coupes et l’appréhension des délinquants marque la bonne marche de la protection de l’environnement, ainsi, le système permet aussi d’éradiquer l’accès libre aux ressources, de faciliter les démarches pour les demandes d’utilisation des ressources naturelles.

Cependant, il est important de considérer l’accroissement de la population qui va engendrer d’autres besoins alimentaires, foncières et en ressources forestières. Ainsi, les aménagements doivent être renforcés par l’optimisation de la production es ressources foncières disponibles, par l’aménagement et l’irrigation des terres restées inexploitées, l’amélioration des moyens et des techniques de production. La protection de l’environnement est aussi par conséquent, une question de développement.

Pour une meilleure réussite, les interventions doivent se faire au niveau de la région car certains terroirs n’ont plus de ressources, or, les terroirs gérés seront fermés aux personnes en dehors de la communauté gérante, aussi il faut faire face aux besoins de la ville en bois d’énergie et en bois de construction. L’organisation d’une filière de production est envisageable.

Enfin, en cas de problèmes graves, la commune devrait pouvoir intervenir pour défendre les communautés et des dina intercommunautaires devront être mis en place.

Quant à la protection totale de l’environnement, il est raisonnable d’envisager un plan d’aménagement et de gestion concertée pour l’enseble de la région d’Andapa.

105 Mémoire de maîtrise Liste des illustrations

LISTE BIBLIOGRAPHIQUE.

1- ALEXANDRIS (L), janvier 1999, Rapport sur la gestion participative forestière de Belambo-Lokoho

2- Atelier, octobre 1999, Aménagement et gestion participative des forêts, Antananarivo

3- ALEXANDRIS (L), GARREAU (J-M), mars 2000, Capitalisation des expériences de transfert de gestion des ressources dans la région d'Andapa, WWF, Projet Marojejy/Anjanaharibe Sud.

4- BUTTOUD (G), septembre 1995, La forêt et l'état en Afrique sèche et à Madagascar, changer de politique forestière, Karthala

5- CFPF Morondava-WWF, WWF Marojejy, Juillet 1997, Planification de la mise en oeuvre des forêts communautaires de Belambo, sous-préfecture d’Andapa

6- DIRASSET, mai 1991, Régions et développement, programmes régionaux et locaux, Faritany Antsiranana Etudes régionales, PNUD/DPS MAG/89 018.

7- DRN (Developement Reaserchers Network) / Département de Géographie, juin 1998, Evaluation de la contribution de l’aide de la Commission Européenne au développement et à l ‘évolution socio-économique de la cuvette d’Andapa, Madagascar, Rapport principal, Projet de rapport final

8- GARREAU (J-M), 1999-2000, Rapport sur la gestion communautaire à Belambo- Lokoho, Projet Marojejy/ Anjanaharibe Sud, Andapa.

9- GARREAU (J-M), janvier 2000, Rapport sur la Gestion Locale Sécurisée dans la zone périphérique du Parc National Marojejy

10- GULMANN (A), NICOT (N), 1997, Conditions et moyens de la participation locale à la gestion des Ressources Naturelles Renouvelables sur la zone du PCDI Marojejy- Anjanaharibe Sud, Approche patrimoniale. 11- GULMANN (A), NICOT (N), WWF 1997, Conditions et moyens d’une gestion

I

Mémoire de maîtrise Liste des illustrations durable du terroir et de la forêt d’Ambavala.

12- GWENHAEL (A), octobre 1997, Les voies d’amélioration du tavy, conditions et moyens d’une gestion viable des agroécosystèmes dominés par l’agriculture sur brûlis dans la région d’Andapa (Nord-Est de Madagascar), Mémoire de fin d’études INAPG WWF-AFVP.

13- LAPLAINE (L), 1955, Travaux du Bureau Géologique N°66 : Etude de la feuille géologique d’Andapa, Service Géologique de Tananarive.

14- LEBOURDIEC (F), 1974, Hommes et paysage du riz à Madagascar.

15- NEUVY (G), Novembre 1978, Aménagement régional à Madagascar – La cuvette d’Andapa-, Revue de Géographie N°35, Juillet-Décembre 1979, Madagascar, pp.55-135.

16- NEUVY (G), Octobre 1979, Le réseau routier, facteur de développement à Madagascar –Evolution économique de la Région d’Andapa-, Revue de Géographie N°36, Madagascar, janvier-juin 1980, pp.21-59. 17- NEUVY (G), 1989, Le développement agricole du bassin supérieur de la Lokoho, Cahiers d’Outre-Mer.

18- ONE, Février 1995, Vers la gestion locale communautaire des ressources naturelles renouvelables : proposition d’une politique de décentralisation de la gestion des ressources renouvelables.

19 - ONE, Février 1997, Ce qu'il faut savoir sur la GELOSE, gestion locale sécurisée des ressources naturelles renouvelables.

20- ONE, Août 1998, PE II, Composante GELOSE: atelier d'échange et d'information GELOSE.

21- PCDI Marojejy/Anjanaharibe Sud, Rapport Annuel 1999, Rapport de mission sur la mise en œuvre d'un système de gestion participative des forêts communautaires de Belambo, Andapa.

22- PETIT (M), 1970, Contribution à l’étude morphologique des reliefs granitiques à Madagascar Le Massif de Marojejy : p 149-165.

II

Mémoire de maîtrise Liste des illustrations

23- PORTAIS (M), 1972, Les cultures commerciales dans un milieu géographique original : la cuvette d’Andapa, ORSTOM Section Géographie.

24- Publication de l'office National de l'Environnement, 1999, GELOSE

25- RABENASOLO (OF), septembre 1995, La stratégie de défrichement par la population de la zone périphérique de la Réserve de Marojejy et d’Ananaharibe Sud, (approche géographique)Mémoire pour l’obtention d’un CAPEN de l’ENS.

26- RANDRIANASOLO (J), mai 2000, Capitalisation des expériences en Gestion Contractualisée de Forêts

27- RATOVOSON (C), Juillet-Décembre 1979, Les problèmes du tavy sur la côte Est malgache, Revue de Géographie N°35, Madagascar, pp.141-161

28- REGRET (E), 1995, Les politiques de gestion forestières dans le nord de Madagascar (fivondronana de Diégo), Mini mémoire de Géographie tropicale, Université de Michel Montaigne Bordeaux IV

29- Texte de la Loi N° 96 025 sur la GELOSE

III

Mémoire de maîtrise Liste des illustrations

GLOSSAIRE

Dina : règles communautaires Lakoro : quartier Mpiandry vavasaha: gardien de vallées Ray aman-dreny: parents Rova: palais royal Savoka: formation secondaire Tavy : culture du riz pluviale en semis direct après brûlis Tola: diguettes des rizières Vavasaha: maison de campement Trano fijonoana: vallée Voly saritaka: culture en désordre Vonodina: amendes Zafintany: descendant des ancêtres gardant les traditions

IV

Mémoire de maîtrise Liste des illustrations

LISTE DES ABREVIATIONS.

ANAE : Association Nationale d’Actions Environnemental ANGAP : Association National pour la Gestion des Aires Protégées AP : Aire Protégée BM: Banque Mondiale CEE: Communauté Economique Européenne CEG : Collège d’Education Générale CLB : Comité Locale de Base CLS : Comité Locale de Sécurité COGE : Comité de Gestion des ressources naturelles renouvelables COGES : Comité de Gestion des Droits d’Entrées dans les Aires Protégées DRS : Technique de Défense et Restauration du Sol EPP : Ecole Primaire Public. FED : Fond Européenne de Développement FMG : Franc Malgache FMI : Fonds Monétaire International GELOSE : Gestion Locale Sécurisée KFW : Kreditanstalt Für Wiederaufbau MFV: Mode de Faire Valoir ONE: Office National de l’Environnement ONG : Organisation Non Gouvernementale OTIV : Réseau de caisse Mutuelle d’épargne et de crédit PCDI : Projet de Conservation et de Développement Intégré PE (I, II, III) : Programme Environnemental PNAE : Plan National d’Action Environnemental RN : Route Nationale RNR: Ressources Naturelles Renouvelables. SAVA : Sambava, Andapa, Vohémar, Antalaha SFR : Sécurisation Foncière Relative SOAMA : Société d’Etat d’Andapa Mamokatra SRI/SRA : Système Rizicole Intensif / Système Rizicole Amélioré STABEX : STABilisation des prix à l’Exportation UE: Union Européenne WWF: World Wide Fund for nature

V

Mémoire de maîtrise Liste des illustrations

Noms scientifiques des espèces citées.

Angezoka: Trema orientalis Harongana: Haronga madagascariensis Longozo: Aframonum augustifulium Mazambody: Clidemia hirta Ohotro: Pteridium aquilinum

VI

Mémoire de maîtrise Liste des illustrations

LISTE DES CARTES.

Carte 1: Localisation générale de la zone d'étude ...... viii Carte 2 : GEOLOGIE DE LA REGION D'ANDAPA ...... 6 Carte 3 : La Géomorphologie de la région d'Andapa ...... 8 Carte 4: LA COUVERTURE VEGETALE DE LA REGION D’ANDAPA...... 11 Carte 5 : POPULATION PAR COMMUNE EN 1999 ...... 26 Carte 6 : La progression du peuplement dans la région d'Andapa...... 28 Carte 7 : LOCALISATION GENERALE DES VILLAGES D’ETUDE ...... 37 Carte 8 : CARACTERISTIQUES DES RESSOURCES A BELAMBO ...... 60 Carte 9 : CARACTERISTIQUES DES RESSOURCES A ANTSAHAMELOKA ...... 62 Carte 10 : PROPOSITION D’AMENAGEMENT DES RESSOURCES A BELAMBO...... 96 Carte 11 : PROPOSITION D’AMENAGEMENT DES RESSOURCES A ANTSAHAMELOKA ...... 98

LISTE DES TABLEAUX.

Tableau 1 : Productions principales dans la région d'Andapa. (Colman, 1995) ______17 Tableau 2 : Evolution de la population de la région d’Andapa. ______24 Tableau 3 : La densité de la population. ______25 Tableau 4 : Structure de la population de Belambo en 1999. ______39 Tableau 5 :POPULATION PAR SEXE ET PAR TRANCHE D’AGE en 1999 ______39 Tableau 6 : Calendrier cultural d’Antsahameloka. ______50 Tableau 7 : potentialités et utilisation des ressources à Belambo ______61 Tableau 8: Potentialités et utilisation des ressources à Antsahameloka ______63 Tableau 9 :Le revenu tiré du bois à Belambo. ______68 Tableau 10: CADRE LOGIQUE POUR LA PROPOSITION DE PLAN D’AMENAGEMENT DU TERROIR DE BELAMBO LOKOHO ______97 Tableau 11 : CADRE LOGIQUE POUR LA PROPOSITION DE PLAN D’AMENAGEMENT DU TERROIR D’ANTSAHAMELOKA ______99

VII

Mémoire de maîtrise Liste des illustrations

LISTE DES FIGURES.

Figure 1 : EVOLUTION DES MOYENNES MENSUELLES DES PRECIPITATIONS A ANDAPA. ___ 3 Figure 2 : EVOLUTION DES MOYENNES MENSUELLES DE TEMPERATURES A ANDAPA. _____ 3 Figure 3 : EVOLUTION DES PRODUITS DE RENTE DE 1985 à 1999, dans la région d’Andapa. _ 18 Figure 4 : EVOLUTION GENERALE DE LA PRODUCTION DE LA REGION D’ANDAPA, DE 1985 à 1999. (en pourcentage) ______19 Figure 5 : Activités des ménages, dans la région d’Andapa. ______24 Figure 6: Classification par sexe et par âge de la population d'Andapa en 1999. ______25 Figure 7 : L’accès à la terre en fonction de l’année d’installation, à Belambo. ______44 Figure 8 :La possession de tanety en fonction de l’année d’installation à Belambo ______44 Figure 9 : Surface (ha) et utilisation des parcelles en fonction de l’année d’installation à Belambo. _ 44 Figure 10 : Mode d’accès aux terres en fonction de l’année d’installation à Antsahameloka. ______46 Figure 11 : Surface des terres exploitées en fonction de l’année d’installation à Antsahameloka. ______47 Figure 12 : Les types d’exploitation en fonction de l’année d’installation à Antsahameloka. ______47 Figure 13 : Transect type du terroir de Belambo-Lokoho. ______55 Figure 14 : Transect du terroir d'Antsahameloka. (Source : l’auteur) ______58 Figure 15 :Les ponctions sur les ressources forestières ______68

LISTE DES PHOTOS.

Photo 1: décomposition du granite au pied du massif Marojejy...... 7 Photo 2: la Cuvette d'Andapa et ses contreforts...... 10 Photo 3: Plaine d'Andapa, la riziculture de bas-fond...... 15 Photo 4: relief accidenté des vallées forestières. (A l'arrière plan le massif de Marojejy). (Source : l’auteur)...... 30 Photo 5: Attaque de l'érosion sur les versants à forte pente...... 30 Photo 6 : Une rue de la ville d’Andapa ...... 32 Photo 7: Belambo, un terroir à vallées étroites. Sur le second-plan, défrichement sur versant abrupt ...... 49 Photo 8: exploitation d'un flanc de colline. En bas de pente: riz de tavy, en associé au maïs, en haut, végétation secondaire ...... 49 Photo 9: Récolte du riz...... 51 Photo 10: Belambo-Lokoho, un village des vallées forestières et la rivière d'Antsahalalina. (vue d'une colline) ...... 53 Photo 11: le village d'Antsahameloka, en bas des contreforts du Marojejy...... 56 Photo 12: rizières et anciennes raphières...... 57 Photo 13: Antsahameloka, un terroir riche en rizières...... 57 Photo 14: relique forestière d'Antsahalalina. La partie inférieure de la pente a été défrichée...... 63 Photo 15: type de maison à Antsahameloka. Utilisation du bois travaillé et toiture en tôle...... 69 Photo 16: construction d'une case à Belambo, utilisation essentielle du bambou...... 69 Photo 17: maison de campement moins soignée à Anjialava...... 69 Photo 18: discours du ministre de l'environnement...... 81 Photo 19: danses folkloriques...... 81 Photo 20: les associations de femmes...... 81 Photo 21: levée du drapeau...... 81 Photo 22: Culture de la vanille selon la méthode "Stabex"...... 84 Photo 23 : Culture de brèdes clôturée...... 86 Photo 24: Valorisation du rambo par l'artisanat à Belambo ...... 101

VIII

Mémoire de maîtrise Liste des illustrations

IX

ANNEXES

Annexe 1 : données des températures et précipitations ...... II Annexe 2 : Données chiffrés sur l'évolution de la production ...... II Annexe 3: Données démographiques de la région d'Andapa ...... II Annexe 4 : DONNES A PARTIR DES DESCENTES SUR chaque village d’étude ...... III Annexe 5 : TRADUCTION DES REGLES DE GESTION POUR LA COMMUNAUTE D'ANTSAHAMELOKA (contrat de gestion, dina, cahier des charges)...... V Annexe 6: TRADUCTION DES REGLES DE GESTION POUR LA COMMUNAUTE de BELAMBO-LOKOHO (contrat de gestion, dina, cahier des charges)...... IX Annexe 7 : Résumé de quelques procès-verbaux sur les délits forestières à Belambo-Lokoho...... XVI Annexe 8 : Définition d'une RNI et d'un Parc National ...... XVIII Annexe 9 : Législation sur le droit d'usage ...... XVIII Annexe 10: Lois et decrets relatifs à la gestion locale des ressources naturelles renouvelables ...... XIX

I Mémoire de maîtrise Annexes

Annexe 1 : données des températures et précipitations 1) EVOLUTION DES MOYENNES MENSUELLES DES PRECIPITATIONS A ANDAPA. Mois J A S O N D J F M A M J précipitations (mm) 84,5 93,8 43,6 46,6 99,7 263,6 365,9 313,3 263,3 135,3 72,8 75,8 *source: Données des Services météorologiques sur moyennes de 30 ans (1960-1990).

2) EVOLUTION DES MOYENNES MENSUELLES DE TEMPERATURES A ANDAPA.

Mois J A S O N D J F M A M J température(°c) 19,4 19,1 19,9 21,3 23,3 24,6 24,6 25,2 24,7 23,9 22,1 20,3 *source: Données des Services météorologiques sur moyennes de 30 ans (1960-1990).

Annexe 2 : Données chiffrés sur l'évolution de la production

1) EVOLUTION DES PRODUITS DE RENTE DE 1985 EN 1999, dans la région d’Andapa. 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 VANILLE 775 790 860 534 545 455 470 540 CAFE 2010 2100 2258 1602 2165 1695 1470 1710 *Source : données des Statistiques Agricole.

2) EVOLUTION DES PRODUITS VIVRIERS DE 1981 A 1999, dans la région d’Andapa. 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 PADDY 27400 29225 27610 28200 31900 22233 29100 64435 41180 42420 MAIS 270 290 310 184 255 195 350 520 HARICOT 140 145 150 306 320 290 295 300 MANIOC 5065 5180 5380 4725 5200 5310 5355 4950 *Source : données des Statistiques Agricole.

3) EVOLUTION GENERALE DE LA PRODUCTION DE LA REGION D’ANDAPA, DE 1985 EN 1999. (en pourcentage) 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 PADDY 2,13 15,5 -19,4 5,3 133,3 49,1 53,6 MAIS 7,4 14,8 -31 -5,5 -27 29,6 92,5 HARICOT 3,5 7,14 118 128,5 107 110,7 114,2 CAFE 4,4 12,3 -20,2 0,07 -15,6 -26,8 -14,9 VANILLE 1,9 10,9 -29,6 -29,6 -41,2 -39,3 -30,3 MANIOC 2,27 6,2 -6,7 2,6 4,8 5,7 -2 *Source : données des Statistiques Agricole.

Annexe 3: Données démographiques de la région d'Andapa

1) POPULATION PAR SEXE ET PAR TRANCHE D'AGE en 1999 Groupe d'age Féminin Masculin 0 à 4 10652 10602 5 à 9 8538 8595 10 à 14 7415 7448 15 à 19 6736 6567 20 à 24 5769 5629 25 à 29 4365 4303 30 à 34 3754 3666 35 à 39 3044 3024 40 à 44 2091 2175 45 à 49 1582 1439 50 à 54 1523 1404 55 à 59 1406 1359 60 à 64 991 926 65 à 69 859 757 II Mémoire de maîtrise Annexes 70 à 74 535 579 75 à 79 282 250 80 et + 224 223 *Source : données de la Sous-préfecture d'Andapa.

2) POPULATION PAR COMMUNE dans la région d'Andapa en 1998 et 1999 1998 1999 COMMUNES M F TOTAL M F TOTAL ANDAPA 12167 13002 25169 12496 13430 25926 11564 13154 24718 12256 14192 26448 ANTSAHAMENA 1701 1475 3176 1713 1495 3208 ANKIAKABE NORD 3244 3296 6540 3057 3386 6443 ANDRANOMENA 1931 1814 3745 1886 1843 3829 BETSAKOTSAKO 2589 2565 5154 2939 2930 5869 ANJIALAVABE 1999 2139 4138 2546 2826 5372 BELAOKA-MAROV 1693 1630 3323 1727 1778 3505 AMBODIMANGA I 3101 3387 6488 3176 3450 6626 DOANY 8115 8772 16887 90047 9930 18977 BEALAMPONA 6015 6012 12027 5929 6107 12039 TANANDAVA 2938 2975 5913 2985 2968 5953 AMBALAMANASY II 10602 11415 22017 10625 12472 23097 ANDRAKATA 6881 7186 14067 5078 5361 10439 MAROVATO 2641 2971 5612 2673 3003 5676 MATSOHELY 2607 2859 5466 2999 3163 6162 ANOVIARA 3574 3583 7157 4343 4324 8667 17 COMMUNES 83362 88235 171597 85475 92758 178236

*Source : données de la Sous-préfecture d'Andapa

Annexe 4 : DONNES A PARTIR DES DESCENTES SUR chaque village d’étude 1) L’accès à la terre en fonction de l’année d’installation, à Belambo. TRANCHE TANETY BAS-FOND D'AGE % ont un tanety%louent un tanety%ont un bas-fond% louent un bas-fond 0-15 100 42 14,2 57,4 16-30 100 18 0 27,2 31-45 87,5 12,5 11 0 46-50 100 0 3 1 51 et plus 100 2 50 0

2) La possession de tanety en fonction de l’année d’installation à Belambo Années d'installationSurfaces (ha) 0-15 1,3 16-30 3,4 31-45 3,7 46-50 3,5 51 et plus 1,25

3) Surface et utilisation des parcelles en fonction des années d'installation à Belambo (ha) Années parcelle deparcelle de riz deriz de bas-jachère ou d'installationvanille café tavy fond autres 0-15 0,6 0,25 0,18 0,4 0,18 16-30 0,8 0,44 1,13 0,27 1,07 31-45 0,7 1,4 1,56 0,12 1,5 46-50 0,75 1,25 1,25 0,5 1 51 et plus 0,75 0,75 0,75 0,75 0

4) Mode d’accès aux terres en fonction de l’année d’installation à Antsahameloka (%) III Mémoire de maîtrise Annexes Années BAS-FONDS d'installation TANETY %ont un bas- fond % louent un bas-fond% font louer un bas-fond% ont un tanety %louent un tanety 20 à 30 75 50 0 100 0 31 à 41 100 80 40 80 0 41 à 50 75 0 0 100 0 51 à 60 100 0 60 100 0 61et plus 100 0 100 100 0

5) Surface des terres exploitées en fonction de l’année d’installation à Antsahameloka(ha). Années d'installation TANETYRIZIERE 20 à 30 2,28 0,03 31 à 41 1,6 0,382 41 à 50 4,11 0,7 51 à 60 2,79 0,83 61et plus 1,27 0,8

6) Les types d’exploitation en fonction de l’année d’installation à Antsahameloka (ha). parcelle de parcelle parcelle Années d'installation rizière jachères/autres tavy de vanille de café 20 à 30 0,275 1,75 0,52 0,57 1,75 31 à 41 0,4 0,8 0,52 0,29 0,8 41 à 50 0,71 2 0,56 0,25 2 51 à 60 0,83 1,06 0,46 0,38 1,06 61et plus 0,8 0,75 0,48 0,65 0,75

IV Mémoire de maîtrise Annexes

Annexe 5 : TRADUCTION DES REGLES DE GESTION POUR LA COMMUNAUTE D'ANTSAHAMELOKA (contrat de gestion, dina, cahier des charges).

CONTRAT DE GESTION

Entre la CLB Antsahameloka sous la COMMUNE RURALE Ambalamanasy II et le CIREF des Eaux et Forêts,

Objectif ; Gestion durable des RNR par le CLB. But : Participation du CLB pour la protection, la gestion et l’utilisation raisonnable des RNR. RNR objet de transfert : Forêt d’Analamaina et d’Analabe avec les ressources forestières y existantes.

Pouvoirs du CLB et des Eaux et Forêts Le pouvoir des Eaux et Forêts sur les objets suivants sont transférés à la CLB : Les forêts délimitées, Les droits d’usage, Contrôle, suivie, protection de la forêt, Punition des délinquants.

Les pouvoirs suivants restent aux Eaux et Forêts Application de la loi sur les délits en dehors de la forêt communautaire (autorisation de défricher, sanctionner les feux de brousse)

DROITS ET DEVOIRS

Droits du VOI Droits de la population d’Antsahameloka : Prélever les ressources forestières en suivant les instructions mises en place par le VOI, Accumuler des fonds d’aménagements par les ristournes, les entrées extérieures, et les amendes, Demander aide et support technique auprès des pouvoirs décentralisés.

Devoirs du VOI Sur la gestion, l’utilisation, et la protection des R NR.

Sur les ressources forestières:

Le défrichement des forets primaires est interdit, Les coupes doivent suivre les instructions dans le cahier de charge, La vente des produits acquis par droit d’usage est interdite, Participer à l’aménagement des la forêt, Sur les animaux, la chasse est interdite pour les animaux défendus par la loi, Le VOI doit appliquer les sanctions aux membres.

Le VOI a le devoir de: Respecter les instructions techniques données par les Eaux et Forêts et le WWF, Suivre les législation la gestion des RNR dans la loi 96 025 et les règles d’application, Respecter les législation régissant la gestion des RNR.

Droits de la COMMUNE RURALE Contrôler la gestion menée par le VOI, Etablir des règles de gestion dans sa circonscription.

Devoirs de la COMMUNE RURALE Arranger les conflits qui découlent de la gestion, Animer et aider les gens pour la gestion.

Droits des Eaux et Forêts Suivie et contrôle de la gestion, Support technique des Eaux et Forêts formations gratuites pour la gestion, Faire connaître la législation concernant la gestion des RNR et les décrets d’applications dits par la loi 96 025 dans le but d’éduquer et de former.

STRUCTURE DE GESTION La CLB a le devoir de mettre en place une structure d’exécution pour la réalisation du cahier des charges.

V Mémoire de maîtrise Annexes Délits et sanctions

Le VOI est responsable des délits sur son terroir

Les sanctions appliquées sont en fonction de l’importance des délits : Avertissements, Suspension du contrat, Résiliation du contrat.

Règlements des conflits En cas de conflit par une personne extérieure au VOI, par la gestion, l’utilisation et la protection, la CLB peut faire appel au conseiller communal avant de mener l’affaire au tribunal, Avec l’administration : perturbations ou résiliation du contrat par l’administration ; le VOI peut avoir des dédommagements, Résiliation du contrat : si les instructions inscrites dans les règles ne sont pas suivies, les services des Eux et Forets et la commune ont les droit de résilier le contrat après médiation.

DISPOSITIONS DIVERSES Le contrat peut être rectifié par la CLB et les Eaux et Forêts.

CAHIER DE CHARGES

DEFINITIONS GENERALES Le cahier des charges est l’application de l’article 5 de la loi 96 025 sur la gestion locale des RNR. Les membres du VOI sont les personnes qui ont des responsabilités dans la gestion, tout le monde a le pouvoir de droit d’usage. Les RNR dont la gestion est transférable : La forêt et les ressources y existantes, Les savoka et les forêts secondaire dans les forêts communautaires, le VOI doit faire des layons pour les forêts communautaires Les délimitations des forêts à gérer : Analamaina Analabe

INSTRUCTIONS POUR LA BONNE MARCHE DU TRANSFERT DE GESTION Le VOI a le devoir de mettre en place un structure de gestion, un règlement intérieur pour la gestion, l’utilisation et la protection des RNR, Il délimitera les droits de chacun et les sanctions en cas de délits, Le fond collecté sera utilisé pour les travaux d’aménagements et de réhabilitation des RNR et pour les dépenses découlant de la gestion, Le trésorier ne doit garder que 50 000Fmg, le reste doit être versé à la banque d’Andapa, Les entrées et les sorties doivent être enregistrées dans un cahier bien tenu et signé.

DEVOIRS L’exploitation et le défrichement dans la forêt communautaire sont interdits. Pour les prélèvements des produits forestiers, le VOI surveillera les lieux de prélèvements. Pour les gros bois, les bois suivants sont interdits : Bilahy, Hazovola, Andramena, Ravinala sauf s'ils sont morts.

Les pieds pour la construction sont limités à trois par ménage pour les constructions, Bois ronds : limités à 70 par ménage pour les constructions, gaulettes : la coupe de gaulette doit faire l’objet d’un permis pour Analabe mais elle est interdite dans la forêt d’Analomaina, vahy : la cueillette doit se faire après autorisation, hafotra (écorce de bois ) : la coupe est permise mais en échange de 10 bois plantés, Ravin-drary : par autorisation mais seulement entre le mois de mars et le mois d’avril, oviala et miel : interdits, Plantes médicinales: libres, mais il faut adresser un rapport au VOI après la cueillette, il est interdit de couper ou d’arracher les plants, Bois de chauffe (hazomaty) : par autorisation mais seulement dans la forêt d’Analabe, Charbon, chasse, pêche ; ces pratiques sont interdites dans la forêt communautaire. La CLB a le droit d'utiliser les ressources en eau pour l'irrigation.

VI Mémoire de maîtrise Annexes SUR LES REBOISEMENTS LE VOI doit prendre en charge les pépinières locales pour subvenir aux reboisements, il sera aidé techniquement par les Eaux et Forêts et le WWF, Le VOI mettra en place un comité de suivi d’application du dina.

SANCTIONS PAR LE DINA ET ROLES DU CHEF DES EAUX ET FORETS Le dina sert de règlement intérieur au VOI, il est responsable de son application aux délinquants, il doit identifier les délinquants, sinon il sera puni à sa place, Les Eaux et Forets interviennent en fonction de l’importance du délit.

CONTROLE ET SANCTIONS POUR LES GESTIONNAIRES Le transfert de gestion au VOI n’empêche pas le chef des Eaux et Forets de faire des contrôles selon ses droits et selon la loi. En cas de délit non identifié, le VOI aura un avertissement, à trois avertissements, le contrat de gestion pourrait être résilié.

DISPOSITIONS PARTICULIERES LES Eaux et Forets ne seront plus responsable de ce qui se passe dans la forêt communautaire, Le VOI doit faire des projets annuel d’aménagements et de réhabilitation de la forêt avec l’aide des Eaux et Forêts et du WWF, Le comité de gestion fera un rapport d’activité de gestion tous les quatre mois, auprès du VOI.

LE DINA

OBJECTIFS Confirmer l’acceptation par le fokonolona, de tout les règles stipulés par le cahier de charges et le contrat de gestion, Régler la gestion, l’utilisation et la protection des RNR. CONCERNES PAR LE DINA : Le dina sert de règlement intérieur pour la communauté et peut être appliqué à tout le monde, En cas de délit, le dina peut être appliqué aux non-membres de la CLB.

GESTION ET UTILISATION DES RNR Concernant la forêt : Il est interdit de défricher les forêts primaires et les forêts secondaires, Sur les prélèvements de bois : l’exploitation et la fabrication du charbon sont interdite. Les essences suivantes sont interdites de défrichement : Hazovola, Bilahy, Andramena, Ravinala. Concernant les droits d’usage : Restrictions des droits : Les produits suivants feront objet de demande auprès du VOI : gros bois, bois ronds, ravin-drary, hafotra, vahy, bois de chauffe La cueillette des plantes médicinales est libre mais il est interdit d’arracher les plants, après la cueillette il faut faire un rapport auprès du VOI.

Les ristournes à payer au VOI auprès du trésorier : PRODUITS RISTOURNES Gros bois 5 000 Fmg par pied Bois ronds 100 Fmg par pied Ravin-drary 500 Fmg par portée gaulettes 50 Fmg par pied Bois de chauffe gratuit Plantes médicinales gratuit Vahy gratuit Hafotra gratuit

Remarque : après la coupe d’un pied ou d’une perche il faut planter 10 bois en échange L’autorisation pour le chevalet est comprise avec l’autorisation de gros bois. Un bois coupé pour le chevalet doit être remplacé par la plantation de 10 pieds.

DISPOSITION PARTICULIERS POUR LES PRELEVEMENTS DES PRODUITS La validité du permis est des trois mois, mais il est renouvelable si les motifs de non-utilisation sont confirmés. Pour le mortier 5000 Fmg par pied, Il est interdit de couper le pied du ravin-drary et la cueillette est limitée entre le mois de mars et le mois d’avril. Il est interdit de vendre les produits forestier, La pêche et la chasse dans la forêt sont interdites.

VII Mémoire de maîtrise Annexes DELITS ET SANCTIONS Toutes les amendes doivent être versées au VOI auprès du trésorier et 50 % des recettes en amendes doivent être versés au Fond Forestier National, Tous produits non autorisés reviennent aux Eaux et Forêts qui seront prévenus par le VOI.

Les sanctions attribués aux délits : DELITS PRODUITS SANCTIONS Hazovola 50 000 Fmg Andramena 50 000 Fmg bilahy 25 000 Fmg / pied ravinala 50 000 Fmg Coupe ou défrichement Gros bois 10 000 Fmg / pied Poteau 2 500 Fmg / peid Gaulettes 100 Fmg / pied Exploitation du Bilahy et écorces 5 000 Fmg / kg Même sanctions par pied que pour le Feux de brousse et de défrichements défrichement Gros bois 10 000Fmg / pied poteau 2 500 Fmg / pied

Gaulettes 500 Fmg /pied Non autorisés Ravin-drary 5 000 Fmg /coupe Bois de chauffe 5 000 Fmg / chargement Planche ou bois carré 10 000 Fmg / pièce

poteau 10 000 Fmg / pied

Gaulettes 500 Fmg / pied VENTE Ravin-drary 10 000 Fmg / portée Vahy Entrée dans la forêt communautaire sans 5 000 Fmg / personne hafotra autorisation 5 000 Fmg /personne Crabe 5 00 Fmg / pièce Oiseau 5 000 Fmg / pièce Hérisson 5 000 Fmg / pièce CHASSE Miel 25 000 Fmg /litre sanglier 50 000Fmg

FUITE DEVANT LES RESPONSABILITES La non-participation aux travaux d’aménagements de la forêt entraîne l’exclusion de la CLB, même sanction pour ceux qui incitent directement ou indirectement à empêcher la réalisation des décisions prises dans le dina, le contrat de gestion et le cahier des charges. Le COGE a le devoir d’élaborer les structures de gestion avec les Eaux et Forêts et le WWF.

VIII Mémoire de maîtrise Annexes

Annexe 6: TRADUCTION DES REGLES DE GESTION POUR LA COMMUNAUTE de BELAMBO- LOKOHO (contrat de gestion, dina, cahier des charges).

CONTRAT DE GESTION

CLB de Belambo (y compris Anjialava) Droits : Cueillir gratuitement les produits forestier de la région de Belambo en suivant les règles, Utiliser des rivières pour barrage et irrigation, Cueillir à titre gratuit les produits forestier dans la région de Belambo en respectant les limites de la législation et le cahier de charge, Pêcher à titre gratuit pour la nourriture et la commercialisation, Collecter des fonds d’aménagements par ristournes ou autres sources extérieures (amendes) et gérer les fonds disponibles.

Devoirs : Suivre à la lettre la législation en vigueur et le cahier de charges concernant la gestion, l’utilisation, la protection des RNR : ressources forestières, et la faune.

La fuite devant la responsabilité (dina art 41, 42)

La non prise de responsabilité pendant les travaux d’aménagement forestier entraîne l’exclusion du CLB, de même que les personnes qui incitent directement ou indirectement à ne pas réaliser les décisions du contrat, du cahier de charges, et du dina.

Structure de gestion (dina art 42 à 49 )

Les décisions importantes seront prises par la population de Belambo et d’Anjialava (amendement du contrat, du dina, mise en place d’une structure hiérarchique pour la gestion et l'identification des RNR), La gestion, l’organisation, l’élaboration d’un programme d’exécution des décisions prises par le CLB seront laissées au COGE, Tout le monde est responsable de la réalisation du contrat, du cahier de charge, et du dina Le COGE est composé de 7 membres élus plus trois autres commissaires au compte dont deux de Belambo et un d’Anjialava, ils ne feront pas membres du COGE mais ils feront les rapports de leurs vérifications à la CLB, Pour aider le COGE, des représentants par vallée seront mises en place, ils seront les comités d’alerte et d’urgence dans les campements et les équipes de « lakoro » dans le village, Un comité d’application du dina sera aussi mise en place, composé de 13 dont 8 représentent les quartiers et 5 ray aman- dreny. Le COGE sera indemnisé à 1500Fmg par jour par personne lors des tournés car ils quitteront leur foyer. Les économies accumulés par la gestion, l’utilisation, et la protection des RNR seront utilisés pour améliorer la gestion, l’aménagement de la forêt, et le social.

Selon le cahier de charges La CLB doit : Etablir avec la population d’Anjialava, une structure commune de gestion, d'utilisation, et de protection des RNR. Elaborer un dina pour maîtriser la gestion, l’utilisation et la protection des RNR qui va stipuler les droits de chacun et les sanctions en cas de fautes. Le dina doit être légalisé par le Maire d’Andrakata et le sous-préfet.

La CLB a le droit : De collecter des fonds provenant des ristournes en vue d’aménager ou de financer des travaux d’enrichissement des RNR dépendant des forêts, et pour des activités économiques et sociales dans la région. La gestion des fonds doit suivre les réglementations en vigueur stipulés par le dina, structures et règlements intérieurs, les attributions des membres du COGE et le mode de gestion des fonds. Le COGE doit avoir un trésorier, enregistrant les entrées et sorties prévues dans les règlements intérieures, un ou deux personnes pour vérifier les comptes. La somme retenue par le trésorier est limité à 500 000 Fmg le reste doit être déposé à la banque ou chez l’OTIV

Selon le contrat, la COMMUNE RURALE d’Andrakata : A le droit de : Suivi de la gestion des RNR, Elaboration de règles de gestion pour les RNR de son territoire (ristournes) Le devoir de devoir : Elaboration des règles de gestion des RNR dans la commune entière (délimitations du terroir, forêts, eaux), renforcer les délimitations, Gestion des conflits dans les villages qui sont nés des règles.

IX Mémoire de maîtrise Annexes CIREF d’Antalaha, EAUX ET FORETS selon le contrat,

Droits (spéciaux) : Appliquer la législation forestière pour la gestion des RNR (vérification des délits, P.V, saisir la justice), Résilier le contrat en cas de délit graves ou récidives, commis par les gestionnaires. Devoirs : Faire connaître les nouvelles législations régissant les RNR, Suivre l’application et le respect du contrat de gestion.

Les RNR OBJETS DE TRANSFERT DE GESTION Selon le contrat : Les résidus de forêt et les ressources y existantes (les limites sont selon les inventaire et tirés du cahier de charges) : -La forêt de Belalona, Andohan’i Belambo, Ambatomainty dont les limites sont: au sud : savoka Ambatomaitikely, à l'est : vodiletry, au nord : savoka Andilambe, à l'ouest : Vodiletry mandray ny lohan’Antsahamisitrika.

-La forêt de Mantahandro, Antsahavary, Antsahalalina, Beroroha dont les limites sont: au sud : zohin-tanety (zaratany Tanambao), à l'est : savoka Antsahabehasina, au nord : savok’i Beroharoha, à l'ouest : savoka Analamboahangy.

-La forêt d’Andongozabe, de Betolongo, de Befoza dont les limites sont: au sud : zohin-tanety mampihefitra an’i Belaoko, à l'est : route Belaoko-Anjialava, au nord : rivière de Betolongo, à l'ouest : rivière d’Andongozabe.

-La forêt de Besobeha dont les limites sont : au sud : la chute de fotsialagnara, au nord-est la rivière Antsahalalina, à l'ouest : savoka Antsavokabe.

-La forêt d’Anjialava, d’Andranomena, Antsahabeovy, Bevagna dont les limites sont: au sud : zohin-tany Ambatofotsy- Analamaintsy, à l'est : zohin-tany Antsahapirika, au nord : zohin-tany Beamalona-Andranomena, à l'ouest : zohin-tany Beanantsindra. -Bambou et savoka, -Les ressources en eau pour l’irrigation et la pêche,

Dans les devoirs de la CLB : A propos des ressources forestières : Il est interdit de défricher les forêts naturelles, La coupe doit suivre la législation en vigueur et le cahier de charge, Il est interdit de commercialiser les produits acquis par droit d’usage (bois, gibier, poisson..), Il faut prévenir et lutter contre les feux de brousse, Participer à l’enrichissement et à la réhabilitation de la forêt, Punir ceux qui ne respectent pas le dina. A propos de la faune: Protéger les espèces protégées ou en voie de disparition respecter les périodes de chasses pour assurer la reproduction du gibier, Le règlement intérieur pour la gestion des RNR est inscrit dans le dina, confirmé par le Maire d’Andrakata, et approuvé par le sous-préfet Andapa.

Selon le cahier de charges, les RNR et les forêts dont la gestion est transférable sont : Les forêts et les produits forestiers, Les savoka de forêt secondaire ou bambous, Les ressources en eau pour l’irrigation et pour la pêche.

CONCERNANT L’EXPLOITATION FORESTIERE Selon les inventaires faites par le fokonolona, les forêts de : - Mahatandro, Antsahavary, Antsahalalina, Beroharoha, ne pourront plus supporter une exploitation forestière - Besobeha, Andongozabe, Betolongo, Befoza peuvent être exploitées en suivant des règles (coupes respectant les normes techniques ) Si la CLB autorise l’exploitation des forêts encore exploitables, les consignes de la législation forestière doivent être suivis pour ceux qui l’exploitent.

DROITS D’USAGE SUR LES PRODUITS FORESTIERS Les produits nécessaires à la population seront exploitables dans les forêts suivantes : Matahandro, Antsahavary, Antsahalalina, Beroharoha, pour la population de Belambo et les hameaux environnants,( Antsahalalina, Antsahavary) Anjialava, Andranomena, Antsahabeovy, Bevagna pour la population d’Anjialava

Les forêts de Belalona, Andohan’i Belambo, Ambatomainty seront interdites d’exploitation sauf pour le ravindrary, afin de protéger les sources qui arrosent Belam

ESSENCES LIMITES DES PRELEVEMENTS OBSERVATIONS GROS BOIS : 3 pied / ménage/ 10 ans pour la construction Classés deuxième catégorie

X Mémoire de maîtrise Annexes ANDRAMENA HAZOVOLA HAZOMAFANA Interdit d’exploitation

LALONA

RAHINA En voie de disparition

HELANA interdit d’exploitation Garder la continuation de la reproduction de la forêt PERCHES Inférieur à 70 pieds/ ménage pour la construction En fonction de la capacité de régénération Inciter l’utilisation d’autres essences et laisser les essences usuelles Garder la continuation de la reproduction de GAULETTES Le minimum possible pour les bois précieux la forêt Inciter l’utilisation des haies vives Interdiction de l’exploitation du« ovaka », d’abattre l’arbre Rare, faire attention à l’utilisation RAVINALA pour les feuilles RAPHIA Rare, plantation à promouvoir Pour éviter la putréfaction rapide du produit Période d’exploitation fixé entre le mois d’avril et le mois BAMBOUS Les coupes sur des savoka appropriés d’octobre doivent être gérés ( cahier de charge ;art.17 à 24) DROITS DES MENAGES SELON LES TYPES DE CONSTRUCTION (art.23)

TYPES DE CONSTRUCTION MATERIAUX UTILISES PERIODE DE RENOUVELLEMENT DE DEMANDE Gros bois 3 Maison en planche Perches 70 Tous les 10 ans Gaulettes 20 Gros bois 2 Perches 40 Tous les 10 ans Maison en bambous Gaulettes 40 Bambous 250 Honkona 10 Gros bois 20 Gaulettes 40 Campement (fijonoana) Hodinkazo(monky) 4 Feuilles, selon les besoins * chaque ménage a le droit de demander un permis de coupe pour les réparation, mais le nombre de produits demandés ne doivent pas dépasser la moitié des chiffres susmentionnés.

Pour les produits accessoires (oviala, plantes médicinales, produits pour la vannerie, miel) : Accès libre sauf pour les produits en voie d’extinction, L’abattage d’un arbre est strictement interdit pour la cueillette du miel, L’exploitation des bilahy est interdite car ils sont en voie d’extinction selon les inventaires. Concernant les coupes sans autorisation ; Les produits non autorisés seront amenés par le délinquant, aux Eaux et Forêts et vont leur appartenir, le COGE se chargera de prévenir ce dernier.

Sanctions en fonction des délits: TYPE DE BOIS COUPE QUANTITE SANCTIONS 1 à 5 pieds 5 000 Fmg / pied + entretien et reboisement de 50 plants par pied coupé, avec des graines donnés par le WWF et les EF Gros bois 5 000 Fmg / pied et le cantonnement des Eaux et Forêts prendra l’affaire en main. Si Plus de 5 pieds les produits sont déjà transformés, le délinquant devra les remettre aux Eaux et Forêts* 1 à 100 pieds 2 500 Fmg /pied + reboisement de 10 plants par pied (art 30) Perche Plus de 100 pieds Le délinquant payera l’amende et l’affaire sera remis aux Eaux et Forêts 1 à 100 pieds 100 Fmg /par pied + reboisement de 10 plants par pied (art 30) Gaulettes Plus de 100pieds Le délinquant payera l’amende et l’affaire sera remis aux Eaux et Forêts Ravinala 1000 Fmg / pied Ravindrary 500 Fmg / botte (fehiny)

* Si le délinquant vient d’un autre village, le COGE lui appliquera les sanctions et préviendra le Eaux et forêts.

Vente sans autorisation des produits

Les sanctions réclamées au vendeur et à l’acheteur sont égales au double du prix au moment du délit, et ces produits non autorisés reviendront à l’état *. Pour le bilahy, l’amende est de 5 000 Fmg par pied coupé ou écorcé, et le délinquant doit en planter. XI Mémoire de maîtrise Annexes

Exemples :

PRODUITS PRIX AMENDES Gaulettes 50 Fmg 100 Fmg Perches 2 500 Fmg 5 000 Fmg Gros bois 5 000 Fmg 10 000 Fmg Madrier 10 000 Fmg 20 000 Fmg Planche 7 500 Fmg 15 000 Fmg Pied de ravinala 10 000 Fmg 20 000 Fmg Ravin-drary 2 500 Fmg 5 000 Fmg

DROITS EN DEHORS DES DROITS D’USAGE En dehors des droits d’usage de chacun, l’exploitation sera payante auprès du Cantonnement des Eaux et Forêts. La demande de bois classés deuxième catégorie est possible seulement en payant.

======*En cas d’atteinte à la forêt, délits et sanctions selon le DINA

DEFRICHEMENTS, COUPES ET FEUX DE BROUSS Les amendes: PRODUITS ENDOMMAGES AMENDES Gros bois coupé ou brûlé 5 000 Fmg / pied Perche coupé ou brûlée 2 500 Fmg / pied Gaulette coupée ou brûlée 100 Fmg / pied Bambou coupé ou brûlé 100 Fmg / pied *le paiement de ces amendes n’empêche pas de saisir le Cantonnement des Eaux et Forêts.

Défrichement et mise à feu des savoka non autorisé: Forêt secondaire ou savoka de bambous : sanctions identiques que pour le défrichement, Simple savoka : 250 000Fmg par superficie équivalent à un bidon de semences. Le paiement de ces amendes n’empêche pas les sanctions données par les Eaux et Forêts.

Les feux : - Feu par non-respect des réglementations, sanctions identiques à celles appliquées aux défrichements et mise à feu de savoka sans autorisation, si le feu de savoka en est l’origine. - En cas de respect des réglementations prouvé, la population donnera un aide pour le redressement des dommages.

DROITS D’USAGE POUR LA CHASSE

Les animaux ravageurs de cultures peuvent être chassés et commercialisés toute l’année. ( lambo, fody…) La chasse des animaux classés comme gibiers (hérisson, …) est autorisée à partir du 1er mai jusqu’au 1er dimanche du mois d’octobre pour assurer leur reproduction, cependant, sans permis de chasse, ces produits ne peuvent être commercialisés ni exportés en dehors du village. Les animaux protégés par la loi sont interdits de chasse : les lémuriens (fotsife, akomba, tsiditsidy, hayhay, simpona) les types d’oiseaux comme le lampira ou akoholahin’ala…

Chasse et pêche sans autorisation Amende par chasse, piégeage, détention : Animaux protégés : 30 000 Fmg / tête Si l’animal est mort ou tué on devrait l’enterrer devant un témoin ou le relâcher dans la forêt. Gibiers en dehors des périodes de chasse : 10 000Fmg / tête La pratique de la pêche comme source de revenu principale sans autorisation est passible d’une amende équivalent au double du prix des produits.

DROITS D’USAGE POUR LA PECHE La pêche est sans restriction, toute l’année, Pour assurer la reproduction des ressources halieutiques, la pêche au filet pour la source de revenu est interdite du mois de décembre au mois de février, La pêche utilisant les produits paralysants est strictement interdite La vente temporaire est autorisée, Une autorisation auprès des services de la pêche, et le respect des périodes de pêche sont nécessaires pour ceux qui veulent en faire un profession.

XII Mémoire de maîtrise Annexes GESTION DES EAUX D’IRRIGATION Pour éviter un éventuel assèchement, il faut un effort de suivi et de protection de la forêt d’Anjialava et ses alentours, là où la rivière d’Antsahalalina prend source, Des techniques de protection du sol (DRS) doivent être pratiqués pour les terrains de culture aux abords d’Antsahalalina dont les pentes dépassent 50 % , afin de lutter contre l’érosion, l’ensablement des rizières et des barrages. C’est pour cette raison que les défrichements et la culture sur terrains à forte pente sont interdits.

GESTION DE UTILISATION DES RNR

Défrichements : Le défrichement de forêts primaires et des forêts secondaires est interdit, Le défrichement suivi ou non de brûlis sur savoka est interdit.

Exploitation des forêts : L’exploitation forestière, la production du charbon, et l’exploitation de bois de chauffe à titre professionnel est interdit durant le premier contrat, La production de charbon et la commercialisation temporaire de bois de chauffe temporaire est acceptable après autorisation du COGE.

Droits d’usage pour les produits forestiers

Restriction des droits : Les produits suivants doivent faire un objet d’autorisation du COGE :gros bois, gaulettes, perche ou bois rond, ravinala( honkona et feuilles), baobao, bambous, charbon et bois de chauffe temporaire. L’exploitation des produits suivants est libre et ne nécessite aucune autorisation :oviala, miel, plantes médicinales, gibiers en période de chasse, les produits halieutiques qui ne feront pas objet d’exploitation, les feuilles de tressage.

RISTOURNES

PRODUITS RISTOURNES Gros bois 2500 Fmg / pied Perches (teza) Gratuit si inférieur à 10 Ravinala 2000 Fmg /pied si plus de10 gaulettes 50 Fmg /pied Bambous Ravindrary, miel, gibiers, poissons, écrevisses, gratuit plantes médicinales * le chevalet doit faire l’objet d’une demande d’autorisation

Dispositions particulières pour la récupération des produits :

Durée d’un permis de coupe : 3 mois, Pour la clôture il faut prendre des plantes vivante, Il faut au moins 5 personnes pour avoir l’autorisation de couper un arbre pour la fabrication du mortier Il est interdit de couper le pied du ravinala seulement pour les feuilles, de même que pour le miel, La période de coupe de bambous est fixée entre le mois d’avril et le mois d’octobre, L’exploitation du bilahy est interdit, La période de cueillette des feuilles de tressage dans la forêt gérée est fixée entre le mois de mars et le mois d’avril, entre le mois d’octobre et le mois de novembre, La commercialisation du ravindrary en dehors de Belambo et d’Anjialava est interdite, sauf s’il est transformé en natte ou en autre produit, Seulement, la population de Belambo et d’Anjialava ont le droit de cueillir le ravindrary. Les propriétaires qui le cultivent peuvent l’exploiter toute l’année, avec une autorisation de coupe visée par le mpiandry vavasaha.

LE CONTRAT DE GESTION

Entre le CLB ( sous la sous-préfecture d’Andrakata) et le CIREF d’Antalaha,

Objectif :gestion durable des RNR locales sous la responsabilité de la CLB. But : participation de la CLB à la gestion, à la protection, et à l’utilisation convenable des RNR. Durée : 3 ans renouvelables.

Structure de gestion : Le CLB doit mettre en place un structure pour exécuter le dina Il doit y en avoir un comité de gestion des RNR XIII Mémoire de maîtrise Annexes dans ce comité doit se trouver le Maire, le Représentant du CLB de Belambo, le conseiller communal le chef de cantonnement des Eaux et Forêts sera le responsable de suivie du déroulement du transfert de gestion selon les réglementation du cahier de charge délits : Etant donné que le CLB a élaboré le protocole, il est responsable des délits dans son fokontany, les sanctions sont en fonction des délits : avertissement, suspension du contrat, résiliation du contrat, (voir cahier de charge) La résiliation des conflits passe par les cantonnements des Eaux et Forets, par le Maire d’Andrakata et le sous-préfet d’Andapa. les participants et leurs rôles : participants directs : La CLB ; gestionnaire et bénéficiaire, COMMUNE RURALE d’Andrakata (de laquelle dépend la CLB) responsable des relations avec les autorités administratifs et techniques, et des modalités de transfert de gestion, Les services de Eaux et Forets, représentant de l’Etat central sur le suivi et le contrôle de la gestion, techniquement et suivant les législations forestières, avec le DIREF d’Antsiranana.

Participants indirects : Le WWF Andapa, responsable des suivies techniques et structurelles de la gestion, relais entre la CLB et les projets de développement et peut aider les Eaux et Forêts techniquement ou pour des conseils

Les pouvoirs transférables : Le pouvoir de transfert de gestion peut être transféré en totalité, partiellement ou ne pas l’être Le CLB a le plein pouvoir de gestion de droit d’usage des produits forestiers Des terres cultivables acceptées par le cantonnement forestier Des eaux pour l’irrigation et la pêche autorisées parles Eaux et Forets Pouvoir partiel, avec l’accord des Eaux et Forets sur : Autorisation de brûler L’application de certaines sanctions Droit réservé au cantonnement forestier : Application de la législation (P.V., appel judiciaire), sauf sur les délits mineurs, régis par le dina Autorisation de chasser et de cueillir les plantes protégées par la législation

LE CAHIER DE CHARGES

DISPOSITION GENERALES Le cahier de charges est l’application de l’article 5 de la loi 96-025 du 30 septembre 1996 sur la gestion locale des RNR

Ce cahier de charge régis les stratégies générales de transfert de gestion des RNR dans la région de Belambo entre les Services des Eaux et Forêts, la COMMUNE RURALE d’Andrakata et la CLB de Belambo

Les groupes de personnes ayant droits et devoirs à la gestion :

La population du village de Belambo La population d’Anjialava Les gens qui campent durablement en dehors du village mais qui sont encore sur le territoire du fokontany. La CLB doit dresser la liste des personnes de 18 ans et plus qui ont droits et devoirs pour la gestion, l’utilisation, la gestion des RNR Listes des massifs forestières locaux selon l’inventaire

DISPOSITION NECESSAIRES POUR UN BON DEROULEMENT DU TRANSFERT DE GESTION ( dans les rôles du CLB et du COGE)

RESPONSABILITES DIVERSES

Pour le défrichement et l’agriculture

La superficie de forêt ravagée par le défrichement est estimée à 15 Ha /an, si la situation continue la forêt va disparaître dans 20 ans, selon le désir de la population il est interdit de défricher les forêts gérées, arrêter le défrichement des savoka au milieu ou au alentours de la forêt( art 10)

Pour éviter l’érosion et l’éboulement, la CLB doit pratiquer des cultures pérennes pour les grandes étendues, il est aussi bien de suivre les instructions données par le projet WWF et les Eaux et Forêt pour la protection du sol (DRS)

XIV Mémoire de maîtrise Annexes Il faut trouver des solutions afin de limiter les besoins en terres forestières : Aménager de nouvelles rizières Améliorer la production Pratiquer des cultures variées ( jardins …)

LE DINA

Objectifs

Légaliser l’approbation par la population des conditions stipulées par dans le contrat de gestion et le cahier de charge, Maîtriser la gestion, l’utilisation, et la protection des RNR.

Concernés Le dina lie la population de Belambo et d’Anjialava, et applicable à toute personne responsable, Selon la convention d’Ambodiampana, la population d’Anjialava a droits et devoirs sur la gestion, la protection des RNR dans la région de Belambo, La population d’Anjialava est responsable de la protection de la forêt d’Andranomena, de Bevagna, et de Besobeha qui protègent la rivière d’Antsahalalina, et a le privilège de pouvoir couper du bois de construction dans leur lieu d’origine. Cette situation durera jusqu'à ce que Anjialava ait le statut de fokontany. *les personnes en dehors de la CLB sont soumises aux règles en cas de délit dans la forêt gérée

DELITS, SANCTIONS APPLICABLES PAR LE DINA Délits:

Etant donné que le CLB a élaboré le protocole, il est responsable des délits dans son fokontany, les sanctions sont en fonction des délits : avertissement, suspension du contrat, résiliation du contrat, (voir cahier de charge) La résiliation des conflits passe par les cantonnements des Eaux et Forets, par le Maire d’Andrakata et le sous-préfet d’Andapa

Les attributions du CLB et du cantonnement des Eaux et Forêts:

Le dina lie la population de Belambo et d’Anjialava , il revient au CLB de Belambo d’appliquer les sanctions aux délinquants, la population, surtout le COGE, ne doit pas hésiter à appliquer les sanctions prévues dans le dina. La prise de responsabilité par la population est une preuve de sa volonté à suivre à la lettre le contrat de gestion . La population doit arrêter les délinquants, si ces derniers ne seront pas identifiés, la population entière supportera le sanctions correspondantes . Le chef de cantonnement des eaux et forets interviendra officiellement selon l’ampleur du délit à excepté pour les sanction prévues dans le dina.

Contrôles et sanctions appliqués aux gestionnaires :

Le transfert du pouvoir de gestion n’empêche pas le chef de cantonnement de Eaux et Forêts de faire des contrôles selon ses attributions. Pendant les contrôles le chef de Cantonnement a le droit d’enquêter sur la gestion des ressources, le COGE lui donnera les explications des délits qui ravagent les ressources pour qu’il puisse prendre une décision.

Délits et sanctions prévues : DELITS SANCTIONS Coupes illicites de bois Avertissements aux gestionnaires Défrichements et brûlis* dont l’auteur n’est pas identifié Suspension du contrat de gestion 3 avertissements grands dégâts* dans la forêt gérée

*Un procès verbal sera dressé par le cantonnement des Eaux et Forêts lors de ses interventions et des copies seront données au CLB de Belambo, au Maire d’Andrakata, et au sous-préfet d’Andapa

DISPOSITIONS PARTICULIERS

Le cantonnement des Eaux et Forêts doit annuler la nomination des comités de forêts (vaomieran’ala) pour éviter le chevauchement des attributions et renforcer le transfert de leurs attributions au COGE de Belambo.

Pour réaliser la protection, l’enrichissement, et l’aménagement des forêts, un programme de travail annuel doit être élaboré par la CLB, auquel le Cantonnement des Eaux et Forêts et le WWF participeront à l’aide technique pour l’élaboration.

XV Mémoire de maîtrise Annexes Un assemblé populaire, tous les six mois est nécessaire pour que le COGE fasse des rapports sur la gestion des RNR et pour que la population évalue les travaux réalisés et la motivation du COGE

Dina : DELITS ET SANCTIONS 50 % des amendes seront versées au COGE de Belambo et d’Anjialava, auprès du trésorier élu, et 50 % auprès du Fond National Forestier (FFN), tous les produits non autorisés seront gérés et reviendront aux services des Eaux et Forêts. Annexe 7 : Résumé de quelques procès-verbaux sur les délits forestières à Belambo-Lokoho. Arrestation des « délinquants »

Première arrestation 13 octobre 1997

Défrichement de 0.6 ha de forêt primaire au lieu dit « Miadamponina » forêt communautaire à la source principale du ruisseau d’Antsahalalina. Le défricheur est originaire d’Ambohimanarina, rattaché à la commune de Maroambihy, sous-préfecture de Sambava. Le défrichement s’est effectué en mai et juin 1997, l’estimation des dégâts est de : 240 arbres de 3eme et 4ème catégorie 540 perches 2 520 gaulettes

Deuxième arrestation : 16 octobre 1997

Défrichement illégal de 7 ha de sous bois dans la forêt communautaire de Betolongo. Le défricheur est originaire de Belaoko Lokoho rattaché à la commune d’Andrakata. Il a réutilisé une autorisation de défrichement délivrée en 1984, avec l ‘accord d’un fonctionnaire des Eaux et Forêts. La plainte du COGE a été déposée auprès du WWF puis aux Eaux et Forêts. Le terrain était destiné à la plantation de vanille et de café, raison pour laquelle les grands arbres ont été épargnés. Estimation des coupes qui auraient été fait en septembre 1997 par 4 personnes pendant 5 jours : 9 300 perches 18 500 gaulettes

Troisième arrestation : le cas Anjialava , date de constatation : septembre 1999

Défrichement de 1 ha sur pente de 40-60 %, délit en août 98, forêt d’Anjialava (Bevagna) ; délinquants d’Antsahaporiaka, commune d’Ambiodiampana. Estimation : 5 arbres de 2ème catégorie 27 arbres de 3ème catégorie 19 arbres de 4ème catégorie 10 350 gaulettes

Défrichement de 1 ha sur pente de 35-75% délit en août 1999, forêt d’Anjialava (Beovy), délinquants venants d’Antsahaporiaka, commune d’ambodiampana.

12 arbre de 2ème catégorie 33 arbres de 3ème catégorie 39 arbres de 4ème catégorie 1 276 perches 11 000 gaulettes

Exemple de délit : Le cas Anjialava Depuis 1999, un procès difficile est en cours. Il concerne un défrichement illégal à Anjialava de 2 ou 3 hectares par des personnes d’Ambodiampana, commune qui relève de la sous préfecture de Sambava. Ils ont été puni par le Fokonolona de Belambo et la sous préfecture d’Andapa et de Sambava ainsi que les Eaux et Forêt mais n’ont pas achevé leur tâche qui consistait à extraire 1 m3 de pierre par jour pendant un mois pour la réparation de la maison communautaire. Belambo a donc demandé justice au sous préfet et au chef de cantonnement d’Andapa et de Sambava. Cependant, les délinquants semblent être couvert par l’administration de Sambava qui reste passive et les protège…La population de Belambo suit l’affaire pour que le Dina soit appliqué, ils ont donc fait une demande au niveau de la province ! De plus la partie défrichée est cultivée, le riz est presque mûr ! Lors de l’officialisation nationale, le chef de province a déclaré que les délinquants sont maintenant en prison. Le riz qui devait revenir au COGE n’est plus sur la parcelle, des complices l’ont déjà récolté. Quoi qu’il en soit la procédure suit son cours au profit de la forêt communautaire et du respect du dina tout en faisant de cette affaire un exemple de la volonté de gestion du COGE et du Fokonolona ainsi que de leurs réels pouvoirs!

Commentaire : XVI Mémoire de maîtrise Annexes

La gestion communautaire est donc encore relativement simple et ne concerne que les ressources forestières alors que le cahier des charges (cf annexe) inclus aussi la gestion des bambous, de la pêche etc...Cependant, la gestion est enclenché par respect du dina et du cahier des charges.

Diminution des coupes illicites Quoique les paysans ne connaissent pas les règles dans les détails, il connaissent les raisons de la préservation des ressources. Nombreux sont ceux qui connaissent la future démarche de demande de permis de coupe au COGE. Le respect du dina semble sur la bonne voie. Depuis la surveillance du COGE, les coupes illicites ont diminué.( Les gens ont peur d’entrer sans autorisations) et la forêt est protégée des incursions extérieures. Un étranger venant de Belaoko a été puni à 155 000 Fmg d’amende pour un vol de bois dans une forêt « appropriée ».

XVII Mémoire de maîtrise Annexes

Annexe 8 : Définition d'une RNI et d'un Parc National

Une RNI est une aire « sur toute l’étendue de laquelle toute espèce de chasse ou de pêche, toute exploitation forestière, agricole ou minière, toute fouille ou prospection, sondages, terrassements ou constructions, tous travaux qui tendent à modifier l’aspect du terrain ou de la végétation, tout acte de nature à nuire ou à apporter des perturbations à la faune et à la flore, toute introduction d’espèces zoologiques ou botaniques, soit indigène soit importées, sauvages ou domestiques, seront strictement interdits. Il sera défendu d'y pénétrer, de circuler ou de camper sans autorisation spéciale écrite par les autorités compétentes, et dans laquelle les recherches scientifiques ne pourront être effectuées qu’avec la permission de ces autorités ».

Le Parc National est une aire « dont les limites ne seront changées et dont aucune partie ne sera capable d’être transférée sauf par l’autorité législative mise à part pour la propagation, la protection ; la conservation de la vie animale sauvage et de la végétation sauvage, la conservation d’objets d’intérêts esthétique, géologique, préhistorique, archéologique, et d’autres intérêts scientifiques qui profitent, à l’avantage et pour la récréation du public général, dans laquelle, la chasse, l’abattage, ou la capture de la faune et la destruction ou la collection de la flore est interdite sauf par l’entremise de ou sous la direction ou le contrôle des autorités du Parc ».

Source : Atelier, octobre 1999, Aménagement et gestion participative des forêts, Antananarivo

Annexe 9 : Législation sur le droit d'usage

Selon les droits d'usage, le permis de coupe à titre gratuit se limite 3 pieds tous les 10 ans, pour la construction d'une case, et 1 pied tous les 4 ans pour les réparations. La destination du bois, la quantité, les essences et les lieux de prélèvement doivent être présentés sur une demande adressée au CLS et visé ensuite par la Circonscription des Eaux et Forêts (CIREF). En cas de dépassement du permis de coupe, le permis est accordé à titre onéreux. Des prix sont fixés par catégorie d'arbres, à hauteur de 12 % du prix du bois.

Les défrichements et brûlis sur les terrains faisant partie du domaine de l'Etat (non immatriculés, relevant des droits coutumiers) sont autorisés sous certaines conditions: Ils ne doivent pas avoir lieu sur un terrain touchant la protection des berges,

d'un cours d'eau, un ouvrage d'art ou sur un terrain trop vulnérable à l'érosion. Ils ne doivent pas se pratiquer sur une forêt primaire. Il ne doit pas s'agir d'une seconde culture de riz successive. La jachère doit avoir au moins 4 ans dans le cas des savoka. La pente ne doit pas dépasser 50%. La parcelle ne doit pas se situer dans le tiers supérieur des pentes. La superficie autorisée est de 0.1 ha par membre d'une famille moins la superficie de rizière que possède celle-ci. Un pare-feu de 10 m de large doit être établi tout autour de la parcelle à brûler.

Source : Eaux et forêts, Andapa

XVIII Mémoire de maîtrise Annexes

Annexe 10: Lois et decrets relatifs à la gestion locale des ressources naturelles renouvelables

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