Juin 2009 - N° 132

Aujourd’hui et demain La renaissance des Musée(s) Gadagne à la Une de Musées Gadagne : notre journal, voilà qui démontre bien l’importance que nous donnons à cet événement. Nous revenons renaissance et modernité d’ailleurs sur cette longue aventure dans le dossier e É d i tqui o lui est consacré. Ce qui est fondamental pour nous, c’est la volonté affichée de ce désir du Musée historique de franchir ses propres frontières et d’être un véritable Musée de ville, en prise avec la vie de la cité, et non n pas uniquement un lieu qui raconte et présente l’histoire passée. Cet appel à l’ouverture fait écho à ce qui a marqué la réflexion menée par le Conseil d’administration de la RVL. La RVL ne renie pas, bien au contraire, sa vocation à travailler dans le Vieux- et pour le Vieux-Lyon. « Les hommes passent avant les pierres » est un slogan toujours actuel et le Comité d’Intérêt Local a bien pour mission de veiller à améliorer à tous points de vue la vie quotidienne des acteurs de ce quartier. Toutefois, les grands enjeux patrimoniaux ne se limitent plus aujourd’hui au Vieux-Lyon. Il faudra, certes, réfléchir à l’utilisation de la , comme à celle du Palais Saint-Jean, en partie déserté après le déménagement des bureaux (provisoires) du Musée Gadagne. uuu Palais de Justice : retour aux couleurs P. 7

Patrimoines lyonnais : danger ! P. 9

Nouvelle rubrique : a t r i m o i

“Des pierres et Neyrolles © Yves des hommes” Une fructueuse concertation entre les acteurs de ce chantier a donné naissance à une pensée muséographique moderne, fabuleusement P. 10 e e

p mise en œuvre dans son écrin des XV et XVI siècles. uuu e

uuu Mais d’autres reconversions ou aménagements font l’objet d’une réflexion nécessaire (les prisons de Perrache, Musées Gadagne : le site de l’Hôtel-Dieu, les rives de Saône, par exemple) et la RVL, qui est en droit de revendiquer une certaine renaissance et modernité

maternité de l’inscription du site historique de Lyon sur n e 8 décembre 1998, trois jours après complexe. À l’origine, c’est-à-dire au XVIe la liste du Patrimoine mondial, se doit aussi de participer l’annonce de la consécration de Lyon siècle, une juxtaposition de maisons se de manière constructive à ces réflexions « hors les murs » L comme site inscrit sur la liste du Patrimoine voyait rachetée, réaménagée (et promue du secteur sauvegardé. mondial de l’Unesco, le maire signait avec en l’un de nos rares hôtels particuliers) par La RVL, senior parmi les associations lyonnaises, a l’État une convention de partenariat pour les Gadagni, une famille de marchands- vocation aussi à mettre sa maturité et son expérience la restauration du musée Gadagne et de banquiers florentins­ venus faire prospérer au service de la Ville, dans une optique d’ouverture et de six autres édifices classés Monuments his- leurs affaires à Lyon, ville de la soie, des dynamisme, en associant celles et ceux qui voudront se toriques (1). Cette signature venait à point foires franches, de l’imprimerie et de la joindre à elle dans ses diverses missions. confirmer le choix de l’Unesco et mon- banque. (2) Adhérer à une association, ce n’est pas seulement verser trait les efforts déjà entrepris, entre Rhône À l’autre bout du temps, c’est-à-dire au début une cotisation (certes bien accueillie), c’est aussi adhérer et Saône, pour sauvegarder et mettre en du XXe siècle, dans un quartier en plein à son projet, et même… s’impliquer en fonction de ses valeur le patrimoine bâti de la cité. déclin, la Municipalité rachetait cet ensem- compétences. Alors, nous vous attendons, car nous Ce qu’on avait pris l’habitude, au XXe ble pour y installer un musée consacré au avons besoin de vous ! siècle, de désigner sous le nom de « musée passé de Lyon, à son Histoire. Le musée por- Annick Lioud Gadagne » était, en réalité un ensemble tait le nom de ses lointains propriétaires, un Présidente nom vite francisé par la famille elle-même (1) Le 3 avril 1998, en présence de Mme Trautmann, et devenu proverbial. Certes, il abritait de Ministre de la Culture, un protocole d’accord pour l’éta- riches collections d’objets, chargés de racon- blissement de deux conventions (triennales) détermi- ter les étapes du développement de notre nant les axes prioritaires d’une revalorisation globale du patrimoine lyonnais était signé par M. Besse, préfet de ville, mais tout était présenté de façon plutôt ❏ L’édito p. 1 Région, préfet du Rhône, et par M. Barre, maire de Lyon. décousue, paraissait vieillot et poussiéreux. d’Annick Lioud, présidente : La première convention s’appliquait à la « restauration Aujourd’hui et demain et la restructuration du Musée historique de Lyon (Musée (2) Deux Gadagni (Thomas et François) avaient été dépê- Gadagne) et à la mise en œuvre de l’Inventaire général des chés de Florence à Lyon dès la fin du e XV siècle, après ❏ Patrimoine : p. 1 à 10 monuments et richesses historiques de Lyon » La deuxième les revers de fortune subis par la famille, fâchée avec les visait « la restauration d’édifices majeurs du site historique Médicis. Reçus par des compatriotes à la tête de maisons • Dossier : Musées Gadagne classés Monuments historiques : les églises Saint-Irénée, de banques installées près du « Puits de la Porcherie » (à • La restauration du Palais de Saint-Paul, Saint-Nizier, Saint-Bruno, la Maison du Chama- l’angle actuel des rues de Gadagne et de la Loge), ils fon- Justice historique, quatrième rier, la fontaine Bartholdi ». Ces deux conventions furent dèrent rapidement leur propre « compagnie », qui allait épisode signées le 8 décembre 1998. connaître une réussite exceptionnelle. • Restaurations dans

s o m mle a iVieux-Lyon r e • Georges Adilon (1928 - 2009) • Patrimoines lyonnais en danger : - les prisons de Perrache, - la chapelle de l’Hôtel-Dieu • 2009 : les JEP ont 25 ans ❏ Des pierres et des hommes : p. 10 • le 31 rue du Bœuf et les Monconis ❏ Vie de quartier : p. 11 - 12 • Places publiques : on sort des clous • 364 nuits sonores dans le Vieux-Lyon • Plaidoyer pour Saint-Paul ❏ Entre-nous : p. 13-14 • Une matinée de réflexion pour la RVL • Journées européennes du Patrimoine • Rallye, sorties

❏ A lire­­ p. 15 ❏ Le jeu : p. 16 ❏ Chronique du Père Craquelin p. 16 © Yves Neyrolles © Yves

PLa grande cour intérieure a en janvier 1997. t r i m o i 2 RVL - N° 132 - Juin 2009 Patrimoine © Yves Neyrolles © Yves Création d’un petit théâtre où les marionnettes pourront s’animer.

Depuis son entrée en fonction, à l’automne 1994, Simone notre Histoire sur les flancs mêmes de la colline, vis-à-vis Blazy, nouvelle conservatrice, ne cessait de travailler (c’est- des théâtres antiques, on n’est pas surpris d’avoir d’abord à-dire : observer, réfléchir, imaginer, proposer) à une méta- à descendre au sous-sol de Gadagne qui, jusqu’en 1998, morphose de ce lieu. Dès son arrivée à Lyon (était-ce sous abritait les réserves du musée, pour découvrir ce que la l’influence des anciens propriétaires ?), elle s’était prise à ville nous a légué du Moyen-Âge, et de devoir ensuite, imaginer une renaissance pour son musée. Et, en femme gravissant le bel escalier à vis, « monter » peu à peu à la de caractère, elle n’avait pas tardé de passer à l’action. À découverte des différents siècles, dont un choix judicieux cette époque, la porte d’entrée s’ouvrait sur... des pierres d’objets, de tableaux, de gravures, émaillés de citations tombales, rangées comme des livres dans une bibliothè- d’auteurs, évoque le déroulement. que. On passait devant cet entassement funèbre avant de Une fructueuse concertation entre les acteurs de ce chan- prendre, par la droite, le chemin qui conduisait aux caisses. tier a donné ainsi naissance à une pensée muséographique Ambiance ! Les pierres furent vite retirées de là et le visi- moderne, fabuleusement mise en œuvre dans son écrin teur eut droit, en pénétrant dans la cour, à éprouver un des XVe et XVIe siècles, intelligente, poétique, vivante. premier choc devant les façades intérieures, splendides Une Renaissance. ● dans leur semi abandon, et au pied desquelles des camélias uuu vinrent tout à propos, peuplant la cour, jeter contre le noir des touches de couleur. © Yves Neyrolles © Yves Si nous rappelons ces prémices, c’est à cause de leur charge Performance de grutier en mai 2004, avant l’été « meurtri ». symbolique. Car, à partir de là, tout allait être bouleversé. Bien sûr, il fallut convaincre. De plaidoyers en âpres discussions, les choses avancèrent. Et vint la signature de cette convention, liant l’État et la Ville. La métamorphose pouvait commencer. Avec Didier Repellin, architecte en chef des Monuments Historiques, Catherine Bizouard et François Pin, architectes, l’ambitieux rêve prit forme. Un rêve que le mauvais sort ne manqua pas, à plusieurs reprises, de briser, notamment au mois de juillet 2004, lorsque l’édifice destiné à abriter dorénavant les réserves (et dont la restauration venait juste de s’achever) prit feu et obligea à tout reprendre à zéro - ce qui, avec d’autres incidents de parcours, explique que le chantier se soit prolongé sur une dizaine d’années quand les prévisions initiales étaient de six ans. Bientôt, ces dix années de travaux ne pèseront guère en comparaison du résultat obtenu. En effet, ce qui se révèle aux yeux du visiteur d’aujourd’hui, c’est, dans un labyrin- the revivifié, le parcours remarquablement raisonné d’une réflexion sur le développement de notre ville, depuis le Moyen-Âge jusqu’au XXIe siècle. Et nous ne pouvons que noter, une fois encore, la sym- bolique de l’organisation de tout ce qui nous attend, étage après étage. Si l’on se souvient que les Romains s’installèrent sur la colline de Fourvière et que le musée

de la civilisation gallo-romaine (sous la responsabilité du Neyrolles © Yves département du Rhône) présente cette première page de 12 juin 2009 : réouverture en liesse. RVL - N° 132 - Juin 2009 3 e

uuu Musée(s) Gadagne Un miroir du Vieux-Lyon L’histoire du site commence dès le début dans la vie des Lyonnais. En témoigne le proverbe Riche n du Premier siècle avant Jésus-Christ, comme Gadagne, à propos duquel on oublie souvent de avant même la fondation de rappeler que cette famille « étrangère » avait mis sa fortune par les Romains. À elle seule, cette à la disposition de la couronne de France pour permettre histoire incarne et rassemble celle de au roi, fait prisonnier au lendemain de la défaite de Pavie, tout le quartier connu aujourd’hui sous de recouvrer la liberté. L’hôtel particulier porte désormais le nom de « Vieux-Lyon ». leur nom. En 1654, André Falconnet construit un nouveau corps de ccupé par des artisans, aménagé bâtiment et un petit jardin d’agrément appuyé à la montée Oen entrepôt puis en habitat du Garillan. Le bâtiment se fige au XVIIIe siècle et se voit, luxueux, le site est abandonné au IIIe au cours du XIXe, avec le déclin du Vieux-Lyon, divisé en de siècle, puis englouti par un glissement nombreux appartements. Près de soixante familles vivent de terrain au Ve. ici, réaménageant les lieux à leur convenance, murant des Il renaît au Moyen-Âge avec la cons­ fenêtres, installant des baraquements, qui contribuent à truction de la prestigieuse maison de la parasiter et à défigurer l’architecture d’origine. Boyssette, en bordure de la rue Saint- Vers 1898, la commission archéologique du Vieux-Lyon Jean. Les dépendances de celle-ci désigne l’ensemble de ces bâtiments comme édifice gagnent peu à peu les pentes et sont remarquable. La Municipalité entreprend l’acquisition de transformées, au cours du XVe siècle, premiers « morceaux » de l’édifice en 1902. Le classement en habitations. au titre de Monument historique intervient en 1920 et la Entre 1489 et 1492, de riches mar­ totalité de l’Hôtel appartient à la Ville en 1941. chands piémontais, les Pierrevive, C’est là qu’à partir de 1921 s’ouvrent les premières salles édifient le long de la montée Saint- du musée d’Histoire de Lyon. Barthélemy un hôtel luxueux, nommé En 1950, d’autres salles, dans le même lieu, sont aménagées Belregard. Ils construisent plus bas pour accueillir le musée des marionnettes du monde. ● des locaux fonctionnels pour leurs activités commerciales et bancaires, que leurs fils, Nicolas et André, Le musée des marionnettes du monde transforment, de 1511 à 1525, en Unique Musée en France consacré à ce domaine, le de riches hôtels particuliers destinés « musée des marionnettes du monde » est installé dans aux réceptions et aux fêtes. La fille de l’Hôtel de Gadagne depuis 1950. Autour des marionnettes Nicolas, mariée à un Gondi, ouvre ici historiques de Gnafron, Guignol et Madelon, que Laurent un salon littéraire que fréquentent les Mourguet avait créées au début du XIXe siècle, la collection © Yves Neyrolles © Yves grands esprits de l’époque : Maurice a très rapidement rassemblé des marionnettes en prove- Entrée principale du logis des Scève, Étienne Dolet, Bonaventure Des Périers, Marot, etc. nance du monde entier, présentées à part dans quelques Gadagne, au pied d’une tour à L’ensemble est vendu, en 1545, à une nouvelle famille de salles du musée. pans coupés. riches banquiers-marchands, les Gadagni, originaires de Florence et obligés par les Médicis de fuir leur ville natale. La nouvelle présentation intègre harmonieusement cette Ces derniers agrandissent l’hôtel en gagnant sur la colline collection au parcours du visiteur et lui donne toute sa et en lui donnant plus de hauteur encore. Nous sommes cohérence. En 9 salles, au lieu de 5, plus de 2 000 marion- en plein âge d’or de la Renaissance Française. La présence nettes sont montrées, ainsi qu’un nombre considérable ici, fréquente, de François Ier et de sa Cour contribue à de toiles de fonds, de coulisses, de décors, de costumes, l’essor de la ville de Lyon. de castelets, d’affiches, de programmes et de manuscrits, témoins des différents répertoires. Bien qu’ils ne résident plus dans notre ville dès 1581, les Gadagni, devenus Gadagne, laissent une forte empreinte

La terrasse supérieure avant et après les travaux : un jardin « médiéval », très rempli lors de l’inauguration. © Yves Neyrolles © Yves © Yves Neyrolles © Yves P a t r i m o i 4 RVL - N° 132 - Juin 2009 Patrimoine

uuu Musée(s) Gadagne Chantier difficile, résultat somptueux Transport « aérien » Donc un chantier difficile ? des matériaux nécessaires à la restructuration Oui, les principales difficultés venant des ruptures de des bâtiments niveau entre les différentes « maisons ». À quoi, il faut (octobre 2001). ajouter l’hétérogénéité et la fragilité des maçonneries. Avec des reprises d’autant plus difficiles à effectuer que les struc- tures anciennes se trouvaient le plus souvent masquées, engluées même, dans des chapes de ciment ponctuées de ferrailles diverses, que les « réaménageurs » du XIXe siècle avaient utilisées quand ces « maisons » furent revendues à des propriétaires différents. La consolidation opérée à l’époque relevait plutôt du bricolage que d’une véritable réflexion architecturale. Restructurer tout cela nécessitait non seulement une bonne compréhension entre archi- tectes, mais aussi le savoir-faire d’entreprises hautement qualifiées pour le traitement du bâti ancien. uuu © Yves Neyrolles © Yves

Le chantier de restauration qui s’achève aujourd’hui a été conduit par Didier Repellin, architecte en chef des Monuments historiques, François Pin, architecte, et Catherine Bizouard, architecte et scénographe. Nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec Didier Repellin.

Chaque chantier a ses particularités : quelles ont été celles de Gadagne ? La première est qu’il s’est agi non seulement d’une restau- ration, disons « classique », de bâtiments anciens, mais aussi de leur totale réhabilitation. Avec, de surcroît, une vision complètement neuve de la muséographie. Il fallait, dès le départ, avoir une vue d’ensemble de ce que serait l’objet, multiple mais devenu homogène, livré en fin de Neyrolles © Yves chantier. Derniers coups de taloche sur les façades extérieures,

© Yves Neyrolles © Yves en mai 2007. Nous avons travaillé « à six mains ». Moi, essentiellement 1999. sur l’enveloppe - il faudrait dire les enveloppes, - François Pin et Catherine Bizouard sur le réaménagement. Nous avons eu pour principe de nous consulter les uns les autres en permanence et sur tous les problèmes, non seulement tous les trois, mais l’ensemble de nos collaborateurs. L’en- tente a été excellente et a considérablement facilité les choses. La deuxième particularité vient du bâtiment lui-même. Je parlais, à l’instant, d’enveloppes. En effet, il ne s’agissait pas d’un bâtiment unique (comme c’est le cas, par exem- ple, du Palais de Justice historique), mais de la réunion d’au moins quatre édifices distincts, et déjà remaniés au fil des siècles. Chaque « maison » avait gardé sa typologie, le seul élément qui les unifiait étant la grande cour intérieure, aménagée sous l’impulsion des Gadagne eux-mêmes. Et puis, la « maison » principale n’était pas entière. Il en

manque un morceau : la rue Gadagne emprunte, depuis Neyrolles © Yves

© Yves Neyrolles © Yves plusieurs siècles, une ancienne cour intérieure, d’où s’éle- Cette petite cour intérieure est au centre de bâtiments 13 juin 2009. vaient deux tours d’escaliers. désormais ouverts au public. RVL - N° 132 - Juin 2009 5 e

uuu Musée(s) Gadagne Chantier difficile, résultat somptueux

Une autre difficulté a été remarquablement résolue par Blazy, conservatrice du musée, et Catherine Bizouard, qui n François Pin. La circulation intérieure était un véritable dédale, a mis ici tout son savoir-faire d’architecte scénographe, un ce qui n’est pas surprenant compte tenu de l’origine des édifi- outil polyvalent, multiple et ouvert sur l’avenir. ces. À cela, François a substitué un parcours à la fois rationnel Le nouveau « Gadagne » répond aux vœux de l’Unesco qui, et respectueux de la charte veillant à l’accessibilité de tous. inscrivant le site historique de Lyon sur la liste du Patri- Consolidant la colline (en utilisant la technique des tirants), il moine mondial, consacrait un lieu exceptionnel à valeur a pu créer un vaste « couloir » de circulation (comprenant esca- universelle, un lieu habité, entretenant son patrimoine et liers à degrés ou à pans inclinés et ascenseurs) tout au long de le prolongeant par les créations d’aujourd’hui. Une seule la partie de l’édifice qui se trouve au contact de celle-ci. Cette image : d’une gargouille, il ne restait plus que la trace de cavité (quelques milliers de m3 de terre ont été extraits de là) son accrochage au-dessus d’une des galeries qui domine a été traitée de façon résolument contemporaine et a permis la cour ; Emmanuel Fourchet, sculpteur, fait revivre cette de conserver l’intégralité du bâti ancien. Quand on se déplace gargouille en s’inspirant des armes de l’illustre famille. ● aujourd’hui dans cette partie du musée, l’œil ressent parfaite- ment la « frontière » entre le XVIe siècle (restauré) et le XXIe siècle, qui apporte sa touche de création au bâtiment. Un chantier heureux ? Heureux aujourd’hui, parce que nous en voyons enfin le résultat attendu. Ce chantier était prévu pour durer six ans. Divers incidents (dont un gravissime incendie) nous ont obligés à y ajouter quatre années supplémentaires. Mais, au bout du compte, le surcoût n’a été que de 5%. Surtout, nous avons le grand bonheur d’avoir contribué à la restauration complète de ce qui pourra être considéré

comme un des plus beaux musées historiques de ville en Neyrolles © Yves France, un musée qui n’est pas un « Carnavalet » de plus, Cette gargouille aux armes des Gadagne surplombe mais, grâce notamment à la concertation entre Simone la grande cour.

Du musée aux musée(s) : Avril 1998 : la Ville de Lyon approuve du public : accueil, petit théâtre (150 12 juin 2009 : inauguration officielle des l’opération de restructuration du « musée places), centre de documentation, « musée(s) Gadagne ». Ce nouveau Gadagne ». café, boutique, jardins en terrasse musée d’Histoire de Lyon et des ma- 8 Décembre 1998 : signant une (700 m2) et ateliers pédagogiques. rionnettes du monde est un « lieu convention avec la Ville, l’État apporte La muséographie est totalement re- ressource » pour comprendre la ville, son concours financier au projet. nouvelée : le parcours sollicitera dé- dans toutes ses composantes : urba- L’ensemble est composé de multiples sormais la sensibilité visuelle, auditive nistiques, économiques, sociales, poli- bâtiments, transformés et remaniés et tactile du visiteur : couloir d’images tiques, cultuelles, culturelles... depuis le XVIe siècle et, pour certains, sonores de la ville, théâtres de papiers, Lieu patrimonial (l’audioguide et de non occupés depuis le début du XXe pupitres tactiles, images animées, nombreux textes dans les salles offrent siècle. Les travaux engagés auront, proposeront à celui-ci une approche au visiteur la possibilité d’une découverte entre autres missions, celle de donner conviviale du musée. complète de l’histoire de l’édifice), il se une cohérence à ce qui va devenir l’un veut également espace de réflexion et de des plus vastes ensembles Renaissance rencontre sur la ville, grâce à de multiples de Lyon. partenariats et à une solide implantation 1999 - 2009 : le chantier marie res- territoriale. Abordant la multiplicité des tauration et restructuration et permet visages de la seconde agglomération de donner une véritable visibilité aux de France, depuis ses origines jusqu’à deux collections que l’édifice abrite. aujourd’hui, il présente une synthèse des Implanté ici depuis 1920, le musée identités de celle-ci et renvoie vers des d’histoire de Lyon bénéficiera désor- Neyrolles © Yves institutions culturelles qui développent Guignol accueille les Personnalités ces grands thèmes : musée des tissus et mais de 30 salles d’exposition perma- dans sa Maison toute « rapapillotée ». nente. Le musée des marionnettes des arts décoratifs, musée Lumière, mu- du monde, créé en 1950, s’exposera, ­S’appuyant sur les toutes nouvelles tech- sée Henri Malartre (automobile), musée lui, dans 9 salles. nologies, la muséographie reste cepen- d’art contemporain, musée des Beaux- La surface utile de l’édifice est doublée, dant sensible et humaine. Dans les salles, arts, musée urbain Tony Garnier, etc. passant de 3 000 m2 à 6 000 m2, et des audioguides, des films et des dispo- Forum, le musée veut faciliter le par- sa fonctionnalité optimisée. De nou- sitifs multimédia ludiques et didactiques tage du passé et du présent avec un veaux espaces sont créés afin de facili- complèteront la visite et éclaireront les regard neuf et critique, permettant ter et de rendre plus agréable la visite collections sous des angles différents. d’envisager l’avenir.

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