Bulletin Phaethon 1998

______Volume 7

2ème trimestre

Le Butor Butorides striatus rutenbergi Un oiseau d’eau indigène survivant de l’île de La Réunion (espèce protégée par arrêté ministériel)

Publié par Nature & Patrimoine Bulletin Phaethon 1998

______Volume 7

1er trimestre

Le Râle d’Auguste Dryolimnas augusti nov. sp. Un oiseau d’eau endémique nouveau, disparu de l’île de La Réunion

Publié par Nature & Patrimoine Nature & Patrimoine (Association loi 1901)

L’Association Nature & Patrimoine regroupe ceux qui s’intéressent au patrimoine naturel des îles de l’Océan Indien et plus particulièrement aux milieux indigènes et à la faune endémique et protégée.

Elle a pour mission principale d’éditer des supports pédagogiques afin de sensibiliser et vulgariser les connaissances sur le patrimoine naturel de La Réunion.

L’association est ouverte aux personnes passionnées de nature, aux chercheurs, professionnels et amateurs. Nature & Patrimoine propose 4 commissions :

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Elle publie un bulletin “Phaethon” (4 numéros par an), destiné aux naturalistes et aux amoureux de la nature de La Réunion, mais aussi de Maurice, de Rodrigues, de Mayotte et des îles éparses. Quelques articles traitent également des autres îles de l’Océan Indien.

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Nouvelles sur la faune des Mascareignes et des îles de l’Océan Indien.

Recommandations aux auteurs

Le bulletin Phaethon présente, soit en français soit en anglais, des comptes-rendus, rapports, notes et observations sur la faune des Mascareignes et des îles de l’Océan Indien. Phaethon accepte plus particulièrement des articles sur les oiseaux, mammifères, , amphibiens, poissons, mollusques, crustacés, insectes, etc. Le bulletin ouvre principalement ses colonnes aux naturalistes passionnés par la faune insulaire de La Réunion, l’île Maurice et l’île Rodrigues.

Les numéros du Bulletin Phaethon sont préférentiellement consacrés aux dernières découvertes et aux principales nouvelles concernant la faune de l’île de La Réunion et des Mascareignes. Les articles envoyés doivent être impérativement présentés sous forme de disquette informatique. S’il vous plait, indiquez votre nom et votre adresse avec vos articles. Pour toute correspondance (abonnement, article, note brève, etc.),

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Bulletin Phaethon Édition Nature & Patrimoine Directeur de la Publication et concepteur : Jean-Michel Probst Impression : Maison des Associations du Port

 1998. Nature & Patrimoine Bulletin Phaethon Volume 7 - 1998

Articles Probst, J-M. - Les Scincidae disparus de La Réunion : le Grand Scinque sp. , le Scinque de Bojer Gongylomorphus bojeri et le Scinque de Bouton Cryptoblepharus boutonii ...... 1-4.

Louisin, J-M. & Probst, J-M. - La Roussette des Mascareignes, une espèce disparue de La Réunion encore présente à l’île Maurice...... 5-6

Probst, J-M. - Les râles éteints dans les îles de la zone afro-malgache...... 7-9

Brial, P. & Probst, J-M. – Note sur une nouvelle espèce de râle endémique disparue de l’île de La Réunion...... 10

Probst, J-M. – Liste des amphibiens et des reptiles endémiques, indigènes et introduits des Comores et des Mascareignes...... 11-15

Probst, J-M. - Observation sur les reptiles, les oiseaux et les mammifères d’Europa (Canal du Mozambique)...... 16-23

Probst, J-M. - Les 55 espèces animales autochtones de l’île de La Réunion installées bien avant l’arrivée de l’homme...... 24-25

Le Maréchal, P. - Compte rendu des observations ornithologiques sur l’île de La Réunion (France) du 14 août au 29 août 1997...... 26-29

Probst, J-M. - Fiche patrimoine naturel à protéger : Le Butor ou Héron vert Butorides striatus rutenbergi ...... 30-31

Probst, J-M. & Louisin – Quelles sont les espèces d’oiseaux rares menacés et en danger d’ de l’île de La Réunion ?...... 32-33

Probst, J-M. & Thiollay, J-M. – Écologie et conservation de l’Échenilleur de La Réunion (Tuit-tuit), Coracina newtoni - Présentation du projet d’étude...... 34-36

Louisin, J-M. & Probst, J-M. – L’identité plausible de la Bécasse de Dubois...... 37-39

Collectif – Liste des espèces végétales protégées de l’île de La Réunion...... 40-41

Probst, J-M. & Turpin, A. – La reproduction en captivité du Gecko vert de Vinson Phelsuma ornata - un programme de conservation pour les taxons des îles de l’Océan Indien...... 42-45

Abhaya & Louisin – Première observation du Crabier blanc Ardeola idae dans la région de l’Étang du Gol (île de La Réunion)...... 46-47

Nouvelles brèves

Courbet, G. – Capture d’un Furet Mustela furo à Saint André (île de La Réunion)...... 48

Probst, J-M. - Liste commentée des requins observés autour de l’île Europa...... 49

Colinnet, B. & Probst, J-M. - La reproduction du Canard colvert Anas platyrhynchos à La Réunion...... 50

Probst, J-M. & Coujou, N – Un Paille-en-queue à brins rouge adulte Phaethon rubricauda observé au large du Cap Lahoussaye (La Réunion)...... 51

Boulay, S. & Probst, J-M. – Note sur la capture d’une tortue alligator introduite Macroclemys temminckii pêchée dans la Rivière de l’Est (île de La Réunion)...... 52

Putelat, D. & Probst, J-M. – Observation d’un Pélican gris Pelecanus rufescens erratique à La Réunion...... 53 Probst, J-M. - Note sur une nouvelle mention d’un mollusque d’eau douce Planorbis sp. à l’île de La Réunion...... 54

Louisin, J-M. – Au sujet de l’identité des Corbigeaux et des Bécasses, termes utilisés entre 1650 et 1710 à Bourbon55- 56 Bulletin Phaethon Volume 7 – n°1 (1 ème trimestre 1998)

Sommaire

Articles

Probst, J-M. - Les Scincidae disparus de La Réunion : le Grand Scinque Leiolopisma sp. , le Scinque de Bojer Gongylomorphus bojeri et le Scinque de Bouton Cryptoblepharus boutonii ...... 1-4.

Louisin, J-M. & Probst, J-M. - La Roussette des Mascareignes, une espèce disparue de La Réunion encore présente à l’île Maurice...... 5-6

Probst, J-M. - Les râles éteints dans les îles de la zone afro-malgache...... 7-9

Brial, P. & Probst, J-M. – Note sur une nouvelle espèce de râle endémique disparue de l’île de La Réunion...... 10

Turpin, A. & Probst, J-M. – Liste des amphibiens et des reptiles endémiques, indigènes et introduits des Comores et des Mascareignes...... 11-15

Probst, J-M. - Observation sur les reptiles, les oiseaux et les mammifères d’Europa (Canal du Mozambique)...... 16-23

Probst, J-M. - Les 55 espèces animales autochtones de l’île de La Réunion installées bien avant l’arrivée de l’homme...... 24-25

Le Maréchal, P. - Compte rendu des observations ornithologiques sur l’île de La Réunion (France) du 14 août au 29 août 1997...... 26-29

Prix : 20,00 F Bulletin Phaethon Volume 7 – n°2 (2 ème trimestre 1998)

Sommaire

Articles

Probst, J-M. - Fiche patrimoine naturel à protéger : Le Butor ou Héron vert Butorides striatus rutenbergi ...... 30-31

Probst, J-M. & Louisin – Quelles sont les espèces d’oiseaux rares menacés et en danger d’extinction de l’île de La Réunion ?...... 32-33

Probst, J-M. & Thiollay, J-M. – Écologie et conservation de l’Échenilleur de La Réunion (Tuit-tuit), Coracina newtoni - Présentation du projet d’étude...... 34-36

Louisin, J-M. & Probst, J-M. – L’identité plausible de la Bécasse de Dubois...... 37-39

Collectif – Liste des espèces végétales protégées de l’île de La Réunion...... 40-41

Probst, J-M. & Turpin, A. – La reproduction en captivité du Gecko vert de Vinson Phelsuma ornata - un programme de conservation pour les taxons des îles de l’Océan Indien...... 42-45

Abhaya & Louisin – Première observation du Crabier blanc Ardeola idae dans la région de l’Étang du Gol (île de La Réunion)...... 46-47

Nouvelles brèves

Courbet, G. – Capture d’un Furet Mustela furo à Saint André (île de La Réunion)...... 48

Probst, J-M. - Liste commentée des requins observés autour de l’île Europa...... 49

Colinnet, B. & Probst, J-M. - La reproduction du Canard colvert Anas platyrhynchos à La Réunion...... 50

Probst, J-M. & Coujou, N – Un Paille-en-queue à brins rouge adulte Phaethon rubricauda observé au large du Cap Lahoussaye (La Réunion)...... 51

Boulay, S. & Probst, J-M. – Note sur la capture d’une tortue alligator introduite Macroclemys temminckii pêchée dans la Rivière de l’Est (île de La Réunion)...... 52

Putelat, D. & Probst, J-M. – Observation d’un Pélican gris Pelecanus rufescens erratique à La Réunion...... 53

Probst, J-M. - Note sur une nouvelle mention d’un mollusque d’eau douce Planorbis sp. à l’île de La Réunion...... 54

Louisin, J-M. – Au sujet de l’identité des Corbigeaux et des Bécasses, termes utilisés entre 1650 et 1710 à Bourbon55- 56

Prix : 20,00 F Bulletin Phaethon – Volume 7 (1998) Nouvelles brèves

Bulletin Phaethon, 1998, 7 : 52. milieux humides : 227 kilogrammes ! C’est le poids d’un individu capturé en 1948.

Note sur la capture d’une Tortue À La Réunion, cette espèce peut présenter un risque alligator introduite réel pour la faune aquatique locale. Très adaptative, elle pourrait perturber la biodiversité des rivières Macroclemys temminckii pérennes et des étangs littoraux. La rivière de l’Est où pêchée dans la elle a été capturée est une rivière à débit constant, avec des zones profondes très appréciées par la Tortue Rivière de l’Est alligator adulte. Son régime alimentaire opportuniste devait être constitué de poissons, de mollusque (île de La Réunion) fluviatiles et de Camarons.

Stéphane Boulay* & Jean-Michel Probst** Bibliographie

*Parc zoologique du Chaudron BONIN, F. ; DEVAUX, B. et DUPRÉ, A. 1996. 21 avenue Georges Pompidou, Toutes les Tortues du monde. Delachaux et 97 490 Sainte Clotilde Niestlé, 1-254. **Nature & Patrimoine, B.P. 279,

97 827 LE PORT cedex BOUR, R. 1984. Données sur la répartition géographique des tortues terrestres et d'eaux Introduction douces aux îles Maurice et Rodrigues. Mission à l'île Maurice et aux Seychelles Info nature N° La Tortue alligator Macroclemys temmincki a été 21 : 7-44. capturée en octobre 1997 dans la rivière de l’Est. Elle n’avait jamais été répertoriée dans les synthèses BOUR, R. et MOUTOU, F. 1982. Reptiles et anciennes ou récentes (Bour, 1984, ; Bour & Moutou, amphibiens de l'île de La Réunion. Info Nature 1982 ; Champagne, Turpin & Probst, 1997). Notons 19 : 121-156. qu’il s’agit probablement d’un individu isolé. CHAMPAGNE, A. ; TURPIN, A. et PROBST, J-M. 1997. Inventaire préliminaire des tortues Description de l’individu marines, d’eau douce et de terre des îles de l’Océan Indien. Bull. Phaethon, 6 : 65-67. La couleur générale de l’individu pêché est brun foncé. Sa carapace possède des écailles marginales très dentelées et présente aussi trois carènes proéminentes. Des protubérances sont réparties un peu partout sur le corps. Enfin elle possède un « bec » caractéristique très effilé. Par ces caractères, elle se distingue aisément des sept autres espèces aquatiques ou des milieux humides, maintenues captives à La Réunion (Champagne & Al., 1997) :

-Tortue feuille Chelus fimbriata -Réré Erymnochelys madagascariensis, -Trionyx à tubercules Palea steindachneri -Trionyx de Chine Pelodiscus sinensis -Tortue épineuse Heosemys spinosa, -Tortue peinte Chrysemys picta -Tortue de Floride Trachemys scripta Biologie succincte

Cette espèce est originaire des plaines côtières des État Unis. Dans son habitat sauvage, on la rencontre du sud de la Géorgie jusqu’au nord de la Floride, dans la vallée du Mississipi, au Kansas, dans l’Iowa et dans l’Illinois (Bonin, Devaux & Dupré, 1996). De la Famille des Chelydridae, cette tortue aquatique d’eau douce a comme caractéristique principale de détenir le plus gros poids jamais enregistré pour une tortue des

page 52 Les Scincidae disparu de La Réunion : le Grand scinque Leiolopisma sp. , le Scinque de Bojer Gongylomorphus bojeri et le Sinque de Bouton Cryptoblepharus boutonii Probst, J-M. ______

Bulletin Phaethon, 1998, 7 : 1-4. Les Scincidae disparus de La Réunion : le Grand Scinque Leiolopisma sp. , le Scinque de Bojer Gongylomorphus bojeri et le Scinque de Bouton Cryptoblepharus boutonii

Jean-Michel Probst*

*Nature & Patrimoine, B.P. 279, 97 827 LE PORT cédex

GRAND SCINQUE Leiolopisma borbonica (nov. sp.) Nom ancien : (aucun) Anglais: Reunion Geant .

TÉMOIGNAGES. Aucun.

ILLUSTRATIONS. Aucune de l'époque. Une interprétation récente, illustrée d’après une photographie du Scinque de Telfair, est représentée ci-dessous (Probst, 1995).

MATÉRIEL SCIENTIFIQUE. Quelques ossements trouvés à la Grotte des premiers français, à Saint-Paul (1 tibla droit, 1 humérus droit partiel, 1 fragment de mandibule droite avec 29 dents).

DATE DE DISPARITION. Inconnue.

DESCRIPTION. Longueur présumée : environ 35 cm. Adulte : Dimorphisme sexuel non perceptible. Probablement très proche du Scinque de Telfair de Maurice.

COMPORTEMENT. Espèce territoriale vivant probablement en petits groupes épars en conservant une distance entre chaque congénère ; se déplaçant généralement à terre, on le rencontrait peut-être parfois à faible hauteur sur les troncs de palmiers ou dans les Vacoas penchés.

MILIEU. Ce grand scinque fréquentait probablement la plupart des zones littorales et la forêt sèche de l'ouest de l'île.

page 1 Bulletin Phaethon - Volume 7 (1998) ______

ALIMENTATION. Il se nourrissait à la fois de fruits et d'insectes. Le régime alimentaire de cette espèce devait être sensiblement le même que l'espèce mauricienne : fruits de palmiers (Hyophorbe sp. Latania sp. ) de Vacoas (Pandanus sp .), insectes (Chéleutoptères, Homoptères, Diptères, Hyménoptères, Coléoptères), araignées. Il est possible que les adultes capturaient également de jeunes geckos diurnes : Phelsuma sp ., de jeunes scinques Gongylomorphus bojeri y compris les jeunes de sa propre espèce. Enfin il se nourrissait occasionnellement de nectar de fleurs ou de cadavres d'oiseaux.

STATUT ET REMARQUES. Le grand scinque endémique de La Réunion appartenait à la famille des Scincidae. Une espèce proche, le Scinque de Telfair L. telLairii (Desjardins, 1831), que l'on rencontre sur l'île Ronde, a une population estimée entre 4000 5000 individus. Le tibia droit d'un individu de la Réunion, comparé à celui d'un individu actuel de l'île Ronde, montre des tubercules plus développés (Arnold, 1980). La disparition de cette grande espèce est probablement due aux rats et aux chats.

SCINQUE DE BOJER Gongylomorphus bojeri (Desjardins, 1831) Nom ancien: Lézard de terre. Anglais: Bojer's Skink.

TÉMOIGNAGES.

BORY DE ST VINCENT, 1801 : « Elle habite les chemins et les galets ».

MAILLARD, 1863 : « Lézard de terre (Gongylus bojerii) rare. »

ILLUSTRATIONS. Aucune de l'époque. Une interprétation récente réalisé d’après une sous-espèce mauricienne proche, est représentée ci-dessous (Probst, 1994).

MATÉRIEL SCIENTIFIQUE. Aucun ossement n'a semble t'il été collecté mais des individus en alcool ont été collectés et gardés au Muséum.

DATE DE DISPARITION. Présumée peu après 1870.

DESCRIPTION. Longueur du corps présumée: 12-15 cm. Adulte: Dimorphisme sexuel non perceptible. Coloration des parties supérieures très variable suivant les individus, de gris-bleu sale à brun ; 3 bandes longitudinales foncées parcourant le corps de la tête à l'extrémité de la queue, la médiane au niveau de la colonne étant parfois plus ou moins discontinue, tachetée ou marbrée ; bande bleu-pâle au niveau des flancs (entre les lignes foncées) ; parties ventrales blanchâtres ; membres plus brunâtres.

page 2 Les Scincidae disparu de La Réunion : le Grand scinque Leiolopisma sp. , le Scinque de Bojer Gongylomorphus bojeri et le Sinque de Bouton Cryptoblepharus boutonii Probst, J-M. ______

COMPORTEMENT. Espèce territoriale, très vive, la sous-espèce mauricienne proche alterne brusquement les avancées rapides avec des stations immobiles. Essentiellement terrestre on la rencontre parfois dans les falaises verticales et occasionnellement sur les branches des Vacoas.

MILIEU. Fréquentait probablement le littoral de l'île en s'enfonçant ça et là dans la forêt sèche de l'ouest.

ALIMENTATION. D’après la sous-espèce mauricienne proche ce scinque devait être principalement insectivore (Homoptères, Diptères, Hyménoptères), quelques individus ont été observés en train de manger des oeufs brisés d'oiseaux (Probst, 1996).

STATUT ET REMARQUES. De la famille des Scincidae, ce scinque de taille moyenne est représenté par la sous-espèce G. b. borbonicus (Vinson & Vinson, 1969) endémique de La Réunion. Les 12 spécimens connus ont été collectés au siècle dernier par plusieurs collecteurs : Eydoux, Leschenault, Mathieu et Rousseau (le dernier spécimen ayant été capturé en 1839). Ils sont conservés au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris. Une autre sous-espèce G. b. bojeri (Desjardins, 1831), légèrement plus petite, est endémique de Maurice. Le taxon réunionnais se distinguait de la sous-espèce mauricienne par sa taille plus grande, quelques petits détails anatomiques au niveau des doigts, par les dessins et la coloration des bandes foncées au niveau du dos. Vers 1830, les populations des deux îles avaient été notées comme abondantes par Desjardins.

NOTE. D'autres espèces ont été décrites plus récemment : G. fontenayi (Vinson, 1973) découverte en 1969 dans les forêts de Maccabé, Brise Fer, Bel Ombre, Mare Longue. Signalons que cette espèce est parfois décrite sous son ancien nom de genre Scelotes .

SCINQUE DE BOUTON Cryptoblepharus boutonii (Desjardins, 1831) Nom ancien: Petit lézard de terre. Anglais: Boutonts Skink.

TÉMOIGNAGES.

MAILLARD, 1863 : « Petit lézard de terre (Ablepharus peronii) très rare . »

ILLUSTRATIONS. Aucune de l'époque. Une interprétation récente a été représentée d’après l’espèce mauricienne (Probst, 1995).

MATÉRIEL SCIENTIFIQUE. Aucun.

DATE DE DISPARITION. Inconnue, peut être peu après 1870.

DESCRIPTION. Longueur du corps présumée: 10-12 cm. Adulte : Dimorphisme sexuel non perceptible. Tête fine, brun foncé et d'aspect brillant sur le dessus, gris clair aux reflets bronzes dessous ; parties supérieures parcourues de lignes longitudinales brun noir ; parties ventrales blanc grisâtre à jaune pâle ; doigts fins gris foncé.

page 3 Bulletin Phaethon - Volume 7 (1998) ______

COMPORTEMENT. Lézard très vif, se cachant furtivement entre les fissures des rochers au moindre danger. À Maurice, contrairement à l’espèce précédente, il est assez difficile à observer. Moins craintif sur les îlots satellites, et sous réserve de rester un moment immobile, il est possible, en restant à distance, d’observer ses déplacements aux jumelles.

MILIEU. Le Scinque de Bouton fréquentait probablement le même milieu qu’il occupe actuellement à Maurice (Vinson & Vinson, 1969 ; Tonge, 1990) : la savane sèche arborée de l'ouest, les rochers du littoral. Pour se nourrir il chasse parfois et même la zone intertidale des marées.

ALIMENTATION. Essentiellement insectivore (Homoptères, Diptères), également des araignées.

STATUT ET REMARQUES. Petit scinque de la famille des Scincidae. Représenté par une sous-espèce C. b. boutonii endémique des Mascareignes. Disparu à La Réunion mais encore présent à Maurice et sur quelques îlots satellites. D'après la répartition des individus mauriciens, cette espèce était probablement distribuée dans la plupart des régions littorales de l'île de La Réunion. D'après Carl Jones, il aurait diminué et disparu à la suite de l'introduction des rats, des chats et des agames Calotes versicolor . Des formes proches existent dans de nombreuses régions tropicales : Afrique, Madagascar, Europa, Australie, Nouvelle Guinée, Polynésie.

Références bibliographiques

ARNOLD, E.N. 1980. Recently extinct populations from Mauritius and Réunion, Indian Ocean. J. Zool. Lond. 191 : 33-47.

BULLOCK, D.J. 1986. The ecology and conservation of reptiles on Round Island and Gunner's Quoin, Mauritius. Biological Conservation 37 : 135-156.

CHEKE, A. S. 1987. An ecological history of the , with particular reference to and introductions of land vertebrates. In Diamond A.W. éd. Studies of Mascarene Island Birds . Cambridge University Press, U.K : 6-100.

JONES, C.G. 1993. The ecology and conservation of Mauritian . Proceedings of the Royal Soc. of Arts and Science of Mauritius V (3) : 71-95.

VINSON, J. et VINSON, J.M. 1969. The saurian fauna of the Mascarene Islands. Bull. Maurt. Inst. 6 (4) : 203-320.

page 4 La Roussette des Mascareignes, une espèce de chauve-souris disparue à La Réunion encore présente à l’île Maurice. Louisin, J-M. & Probst, J-M. ______

Bulletin Phaethon, 1998, 7 : 5-6. La Roussette des Mascareignes, une espèce de chauve-souris disparue à La Réunion encore présente à l’île Maurice

Jean-Marie Louisin* & Jean-Michel Probst*

*Nature & Patrimoine, B.P. 279, 97 827 LE PORT cedex

ROUSSETTE NOIRE Pteropus niger (Ker, 1792) Nom ancien : Roussette noire. Anglais : Greater Mascarene Fruit Bats.

TÉMOIGNAGES.

BUFFONT, 1826 : « La roussette, dont le poil est d’un roux brun, a neuf pouces de longueur depuis le bout du museau jusqu’à l’extrémité du corps, et trois pieds d’envergure lorsque les membranes qui lui servent d’ailes sont étendues. [...] Autre hyperbole. Le bruit que ces animaux font pendant la nuit en dévorant en grande troupe les fruits mûrs, qu’ils savent discerner dans l’épaisseur des bois... En lisant cela , qui n’atribura ce prétendu bruit à l’acte de mastication ? Le bruit que l’on entend de fort loin, et de jour comme de nuit, est celui naturel à ces animaux quand ils sont en colère, et quand ils se disputent la pâture ; et il ne faut pas croire que les roussettes ne mangent que la nuit. Elles ont l’oeil bon ainsi que l’odorat ; elles voient très bien le jour : il n’est point merveilleux qu’elles discernent dans l’épaisseur des bois les fruits, les graines mûres, ainsi que les fleurs. D’ailleurs les bananes de toutes espèces, dont elles sont très friandes, les pêches et les autres fruits que les indiens cultivent, ne sont poin dans l’épaoisseur des bois... La roussette est un bon gibier... Oui, pour qui peut vaincre la répugnance qu’inspire sa figure. La jeune surtout de quatre à cinq mois, déjà grasse, est en son genre aussi bonne que le pintadeau, que le marcassin dans le leur. Les vieilles sont dures, bien que très grasses dans la saison des fruits qui leur conviennent, c’est à dire pendant tout l’été et une bonne partie de l’automne. Les mâles surtout acquièrent en vieillissant un fumet déplaisant et fort... Il n’est pas autrement exact de dire en général, les indiens en mangent. On sait que l’indien ne mange d’aucun , qu’il n’en tue aucun. Peut être bien les maures, les malayes, en mangent-ils ; certainement bien des européens en mangent ainsi, dans le vrai, on mange des roussettes dans l’Inde, quoique l’indien, proprement dit n’en mange pas.

ILLUSTRATIONS. Vers 1800, une très belle planche de Commerson est conservée au Muséum d’Histoire Naturelles de Paris (Comm. pers. François Moutou). Une interpretation récente réalisée d’après une photographie d’un individu mauricien élevé dans la volière gouvernementale de Rivière Noire (Probst, 1997).

MATÉRIEL SCIENTIFIQUE. Depuis 1990, de nombreux ossements ont été prélevés dans les marais de l’Ermitage, à Saint Gilles, à Saint Paul (Comm. pers. Roger Bour) ainsi que dans les grottes de la Grande Chaloupe et de la falaise du littoral.

DATE DE DISPARITION. Présumée vers 1850.

DESCRIPTION. Longueur : 216-245 mm. Envergure 950-990 mm.

Adulte . Dimorphisme sexuel non perceptible. Tête brun foncé avec un masque facial brun clair teinté de jaune et de roux ; pelage des parties supérieures et ventrales brun foncé, flancs mêlés de roux ; ailes et uropatagium noirs ; tarses noirs ; pouce libre bien développé et autres doigts, noirs.

Juvénile . Semblable à l’adulte mais l’individu mesuré en main a une taille d’avant-bras inférieure avec les articulations légèrement plus grosses et plus claires.

STATUT ET REMARQUES. La Roussette noire est une espèce de roussette monotypique de la famille des Pteropidae. Endémique des Mascareignes, elle est éteinte à La Réunion mais on la trouve encore dans quelques forêts

page 5 Bulletin Phaethon - Volume 7 (1998) ______mauriciennes. À La Réunion, cette espèce sera bientôt visible dans une volière du Zoo de Sainte Clotilde. En effet, des individus seront importés prochainemment de l’île sœur. Une autre espèce, Pteropus subniger, plus petite, a également disparue de notre île mais aussi de l’île Maurice.

Références bibliographiques

CARROL J.B. & FEISTNER, A.T.C. 1996. Conservation of western Indian Ocean fruit bats. Biogéographie de Madagascar, 1996: 329-335.

CHEKE, A. S. 1975. Tableau des chauves-souris de la Réunion. Info Nature n° 12 : 37-38.

CHEKE, A. S. 1977. Recommandations pour la conservation des vertébrés des Mascareignes. Info Nature. Ile de la Réunion, 16 : 69-83.

CHEKE, A. S. 1987. An ecological history of the Mascarene Islands, with particular reference to extinctions and introductions of land vertebrates. In Diamond A.W. éd. Studies of Mascarene Island Birds . Cambridge University Press, U.K : 6-100.

CHEKE, A. S. et DAHL, J.F. 1981. The status of Bats on western Indian Ocean Islands, with special reference to Pteropus . Mammalia, 45 (2) : 205-238.

MOUTOU, F. 1981. Les mammifères sauvages de l'île de la Réunion. Info Nature n° 18 : 29-42.

MOUTOU, F. 1982. Note sur les chiroptères de l'île de la Réunion (Océan Indien). Mammalia, 46 (1) : 35-

MOUTOU, F. 1983. Les peuplements de vertébrés terrestres des îles Mascareignes. Rev. Ecol. Terre et Vie, 37 (1) : 21- 35.

MOUTOU, F. 1983. Proposition pour la réintroduction à la Réunion d'espèces aujourd'hui disparues. Info Nature 20 : 49-50.

MOUTOU, F. 1986. Les chauves-souris de la Réunion. Océan Indien. Info Nature N° 22 : 9-16.

MOUTOU, F. 1989. Biogéographie des chauves-souris de l'Océan Indien Occidental. Info Nature n°23 : 73-88.

PROBST, J-M. 1991. Sur le retour possible d’un mammifère endémique des Mascareignes disparu de l’île de La Réunion : La Roussette noire des Mascareignes Pteropus niger . Rapport interne Région Réunion, 1-4.

PROBST, J-M. 1992. Projet de réintroduction de la Roussette noire des Mascareignes Pteropus niger . Rapport interne Conseil Général.

PROBST, J-M. 1997. Animaux de La Réunion - guide d’identification des oiseaux, mammifères, reptiles et amphibiens. édt. azalées, 1-168.

page 6 Les râles éteints dans les îles de la zone afro-malgache J-M. Probst ------

Bulletin Phaethon, 1998, 7 : 7-9. Les râles éteints dans les îles de la zone afro-malgache

Jean-Michel Probst

* Nature & Patrimoine, B.P. 279, 97 827 LE PORT cedex Introduction

Les râles sont des oiseaux d’eau qui restent généralement tapis dans la végétation aquatique. De la famille des Rallidae, ces oiseaux d’eau contiennent dans le monde 33 genres dont 133 espèces et environ 310 taxons. Dans l’Océan indien on rencontre actuellement 21 espèces. Huit espèces, dont une nouvelle décrite ici, se sont éteintes dans les îles de la zone afro- malgache. De mœurs discrètes ils passent leur vie cachée et ne s’envolent qu’en cas de danger. Certaines espèces et la plupart des juvéniles effectuent des déplacements pendant la nuit et se réinstallent dans une vie à l’abri des regards indiscrets.

Nom français nom latin extinction localité

Râle de Cuvier Dryolimnas cuvieri cuvieri 1850 ? Maurice Râle d’Assomption Dryolimnas cuvieri abbotti 1937 Assomption Râle d’Auguste Dryolimnas augusti inconnue La Réunion Râle de Maurice Aphanapteryx bonasia 1675-1700 Maurice Râle de Leguat Aphanapteryx leguati 1730 Rodrigues Poule sultane Porphyrio porphyrio inconnue La Réunion Poule d’Allen Porphyrio alleni inconnue Maurice Foulque de Newton Fulica newtoni 1863 La Réunion/Maurice Tableau : Taxons des Rallidés éteints dans la zone Afro-malgache

Liste commentée

Râle de Cuvier Dryolimnas cuvieri (Pucheran, 1845) Nom ancien : Râle. Anglais : White-throated Rail.

Espèce distribuée dans la zone afro-malgache, divisée en trois sous-espèces dont deux sont encore actuelles : le Râle de Cuvier D. c. cuvieri (Pucheran, 1845) à Madagascar et le Râle d’Aldabra D. c. aldabranus (Günther, 1879). Les restes osseux trouvés à la et à la Plaine St Martin (à Maurice) semblent correspondre à ceux de la sous-espèce malgache. Cette espèce était encore présente à Maurice en 1809 puisqu’un individu y a été tué (Cheke, 1987). Aucune autre mention d’oiseau vivant n’est connue après cette date. Une sous-espèce proche, le Râle d’Assomption D. c. abbotti s’est éteint aux alentours de 1937. Signalons qu’un projet de réintroduction de la sous-espèce malgache a été envisagé sur l’île aux Aigrettes, un îlot réserve de 25 hectares au sud de Maurice.

Râle d’Auguste Dryolimnas augusti (Nov. sp.) Nom ancien : Râle des Bois. Anglais : Reunion Rail.

Le 23 mars 1996, deux ossements sont découverts par Pierre Brial et moi-même dans la caverne Tortue, près de Saint- Gilles les Hauts (voir la note ci-après).

page 7 Bulletin Phaethon - Volume 7 (1998)

Râle de Maurice Aphanapteryx bonasia (Milne Edwards, 1868) Nom ancien : Poule rouge. Anglais : Mauritius Red Rail.

Espèce endémique disparue de l’île Maurice. Les témoignages anciens sont très confus au sujet de cette espèce (Cheke, 1987). Des ossements provenant de la Mare aux Songes ont toutefois été identifiés par Milne-Edwards comme appartenant à cette espèce. Newton et Gadow ont également étudié le matériel ostéologique de ce même site et, plus récemment en 1945, un crâne a été décrit par Piveteau (Cowles, 1987).

Râle de Leguat Aphanapteryx leguati (Milne-Edwards, 1874) Nom ancien : Gélinotte. Anglais : Flightless Blue Rail.

Cette espèce monotypique était endémique de Rodrigue. Le Râle de Leguat a été dentifié grâce aux descriptions réalisées sur l’oiseau vivant, à l’époque de la visite de Leguat, puis en 1671 et de Tafforet en 1726. Quelques ossements provenant d’une caverne de Plaine Corail ont permis à Milne-Edwards de nommer l’espèce Erythromachus . Avec du matériel ostéologique supplémentaire, Gadow et Newton le range dans le genre Aphanapteryx . D’après Vinson, le Râle de Leguat s’est éteint vers 1750.

Foulque de Newton Fulica newtoni (Milne-Edwards, 1867) Nom ancien : Poule d’eau. Anglais : Newton 's Coot.

Oiseau d’eau de la famille des Rallidae, endémique de La Réunion et Maurice, disparu peu après 1700 dans nos deux îles. Cette espèce était probablement très proche de la Foulque à crête F. cristata (Gmelin, 1789) encore présente en Afrique du sud et à Madagascar. Elle s’en distinguait par la crête rouge (non blanche) au sommet de la tête. À La Réunion quelques ossements ont été trouvés par Kervazo en 1974 à la Grotte des Premiers français près de la ville de St Paul (Cowles, 1987), puis par une équipe du Muséum d’Histoire Naturelle de Saint-Denis en 1990, 1992 et 1993 dans le marais de l’Ermitage (Bour, Mourer-Chauviré & Ribes). À Maurice, des ossements appartenant à plus de 20 individus ont été retrouvés à la Mare aux Songes.

Poule sultane Porphyrio caerulescens ? (Linnaeus, 1758) Nom ancien : Oiseau bleu. Anglais : Purple Swamphen.

Oiseau d’eau indigène de la famille des Rallidae, disparu à La Réunion vers 1750 (Cheke, 1987). Cette espèce est connue par 8 témoignages anciens. L’Oiseau bleu a une valeur culinaire, une aptitude au vol et des tailles différentes suivant les auteurs : Dubois la considère « égale à celle du Solitaire » et Feuilley comme « un gros chapon » ce qui est nettement plus petit qu’un Solitaire. Y aurait-il eut deux espèces comme à Madagascar : la Poule sultane et la Talève d’Allen. Sans la découverte d’ossement, il est encore difficile de nommer formellement cette espèce comme endémique de La Réunion. Plusieurs autres sous-espèces se rencontrent dans les îles de l’Océan Indien : P. p. madagascariensis à Madagascar, P. p. poliocephalus (Latham, 1801) au Sri Lanka, Andamans et Nicobars.

Poule d’Allen Porphyrio alleni (Thomson, 1842) Nom ancien : inconnu. Anglais : Allen's Gallinule.

La Poule d’Allen est un oiseau bleu au bec et pattes rouges, plus petit que la Poule sultane. La Poule d’Allen ou Petite poule sultane Porphyrio alleni aurait disparu de Maurice, Rodrigues et la Grande Comore. En revanche elle est encore présente à Madagascar, Mayotte, Zanzibar et dans de nombreuses autres régions du Globe. Note sur le Râle des Philippines Gallirallus philippensis

Nous n’avons pas inclus cette espèce qui n’a été trouvée qu’une seule fois. Elle aurait toutefois fréquenté autrefois les milieux humides de l’Ile Maurice. Des ossements auraient bien été identifiés, mais il doit sans doute s’agir d’un individu erratique ou un occasionnel. Appelé également Râle tiklin, ce Râle ne semble plus aujourd’hui atteindre les îles

page 8 Les râles éteints dans les îles de la zone afro-malgache J-M. Probst ------afromalgaches. Signalons tout de même l’occurrence de la sous-espèce G. p. andrewsi (Mathews, 1911) à Coco Keeling, au large de l’Australie. Dans une check-list des oiseaux de l’île Maurice dressée par le Parc National de Rivière Noire, le Râle des Philippines est rangé dans le genre Hypotaenidia (d’autres auteurs le rangent dans le genre Rallus ). Comme son nom l’indique, on le trouve dans les îles des Philippines mais aussi en Mélanésie. Bibliographie

BOUR, R. ; MOURER-CHAUVIRE, C. & RIBES, S. 1993. Fouilles paléontologiques à l’Hermitage – Juillet-août 1993. Rap. Dactyl. 1p.

CHEKE, A. S. 1987. An ecological history of the Mascarene Islands, with particular reference to extinctions and introductions of land vertebrates. In Diamond A.W. éd. Studies of Mascarene Island Birds . Cambridge University Press, U.K : 6-100.

COWLES, G.S. 1987. The fossil record. In Diamond A. W. (ed.) : Studies of Mascarene Island Birds. Cambridge University Press, Cambridge : 90-100.

GÜNTHER, A. & NEWTON, E. 1879. The extinct birds of Rodriguez. Phil. Trans. Roy. Soc. Lond., 168 : 423-437.

MILNE EDWARDS, A. 1868. Observations sur les affinités zoologiques de l’Aphanapteryx, espèce éteinte qui vivait encore à l’île Maurice au XVIIème siècle, Ann. Sci. Natur., 5ème ser., Zool. et Paléont., 10 : 325-346.

NEWTON, A. & GADOW, H. 1894. Sur les os du dodo et sur des os d'autres oiseaux éteints de Maurice. Ann. Sci. Nat. Zool. TXVIII, 4 pl.

PROBST, J-M. 1996. Liste des 47 oiseaux indigènes éteints dans les 3 îles des Mascareignes (La Réunion – Maurice – Rodrigue). Bull. Phaethon, 3 : 24-28.

TREWICK, S.A. 1996. Morphology and evolution of two takahe : flightless rails of New Zealand. Journal of Zoology London 238: 221-237.

Bulletin Phaethon, 1998 : 7 : 10. Note sur une nouvelle espèce de râle endémique disparue de l’île de La Réunion

Pierre Brial* & Jean-Michel Probst**

**Outremer Topographie, rue du centre, 97 435 Saint-Gilles les Hauts **BP 307, 97494 Sainte Clotilde Cédex

Râle d’Auguste Dryolimnas augusti (Nov. sp.) Nom ancien : Râle des Bois. Anglais : Reunion Rail.

Cette espèce endémique disparue de La Réunion a été mentionnée autrefois par Dubois «Râles des bois» (Dubois, 1672). Dans une synthèse des espèces disparues, il a donc été mentionné sous le nom de « Wood rail » (Cheke, 1987). Plus tard, étant donné à la fois la mention de Dubois, la découverte d’ossements du Râle de Cuvier Dryolimnas cuvieri à Maurice et la distribution actuelle de l’espèce à Madagascar (Langrand, 1995) et à Aldabra (Penny, 1974), il était plausible que le Râle des bois correspondait à cette espèce. Pour cette raison, le Râle des bois a été nommé Dryolimnas cuvieri (Probst, 1996, 1997). Toutefois la chance allait nous sourire puisque...

page 9 Bulletin Phaethon - Volume 7 (1998)

Le 23 mars 1996, deux ossements sont découverts par nous mêmes, dans la caverne Tortue, près de Saint-Gilles les Hauts (Brial, 1998). Examinés par Cécile Mourer-Chauviré, ces ossements appartiennent à une espèce de Rallidae du Genre Dryolimnas. Quelques différences biométriques ou morphologiques étant suffisantes pour nommer une espèce nouvelle, ce râle, proche des taxons de D. cuvieri distribué à Madagascar, Maurice (éteint) et Aldabra, est donc une nouvelle espèce endémique disparue de La Réunion.

L’espèce étant nouvelle, il a fallu lui trouver un nom. Nous avons décidé d’un commun accord d’attribuer cette espèce à Monsieur Auguste de Villèle. En effet, c’est lui qui nous a montré la première fois l’entrée de cette grotte. Il était important de remercier chaleureusement son amabilité et son empressement à nous délivrer ses nombreuses connaissances sur l’histoire de l’île de La Réunion. Bibliographie

BRIAL, P. 1998. La caverne de la Tortue. Info Nature n°24 : 116-125.

DUBOIS, 1674. Les voyages faits par Sieur D.B. aux îles Dauphines ou Madagascar, Bourbon ou Mascarene. Années 1669; 1670; 1671; 1672. Paris.

LANGRAND, O. 1995. Guide des oiseaux de Madagascar. Delachaux et Niestlé, 1-415.

PROBST, J-M. 1997. Animaux de La Réunion - guide d’identification des oiseaux, mammifères, reptiles et amphibiens. édt. azalées, 1-168.

page 10 Note sur une nouvelle espèce de râle endémique disparue de l’île de La Réunion P. Brial & J-M. Probst ------

Bulletin Phaethon, 1998 : 7 : 10. Note sur une nouvelle espèce de râle endémique disparue de l’île de La Réunion

Pierre Brial* & Jean-Michel Probst**

**Outremer Topographie, rue du centre, 97 435 Saint-Gilles les Hauts ** Nature & Patrimoine, B.P. 279, 97 827 LE PORT cedex

Râle d’Auguste Dryolimnas augusti (Nov. sp.) Nom ancien : Râle des Bois. Anglais : Reunion Rail.

Cette espèce endémique disparue de La Réunion a été mentionnée autrefois par Dubois «Râles des bois» (Dubois, 1672). Dans une synthèse des espèces disparues, il a donc été mentionné sous le nom de « Wood rail » (Cheke, 1987). Plus tard, étant donné à la fois la mention de Dubois, la découverte d’ossements du Râle de Cuvier Dryolimnas cuvieri à Maurice et la distribution actuelle de l’espèce à Madagascar (Langrand, 1995) et à Aldabra (Penny, 1974), il était plausible que le Râle des bois correspondait à cette espèce. Pour cette raison, le Râle des bois a été nommé Dryolimnas cuvieri (Probst, 1996, 1997). Toutefois la chance allait nous sourire puisque...

Le 23 mars 1996, deux ossements sont découverts par nous mêmes, dans la caverne Tortue, près de Saint-Gilles les Hauts (Brial, 1998). Examinés par Cécile Mourer-Chauviré, ces ossements appartiennent à une espèce de Rallidae du Genre Dryolimnas. Quelques différences biométriques ou morphologiques étant suffisantes pour nommer une espèce nouvelle, ce râle, proche des taxons de D. cuvieri distribué à Madagascar, Maurice (éteint) et Aldabra, est donc une nouvelle espèce endémique disparue de La Réunion.

L’espèce étant nouvelle, il a fallu lui trouver un nom. Nous avons décidé d’un commun accord d’attribuer cette espèce à Monsieur Auguste de Villèle. En effet, c’est lui qui nous a montré la première fois l’entrée de cette grotte. Il était important de remercier chaleureusement son amabilité et son empressement à nous délivrer ses nombreuses connaissances sur l’histoire de l’île de La Réunion. Bibliographie

BRIAL, P. 1998. La caverne de la Tortue. Info Nature n°24 : 116-125.

DUBOIS, 1674. Les voyages faits par Sieur D.B. aux îles Dauphines ou Madagascar, Bourbon ou Mascarene. Années 1669; 1670; 1671; 1672. Paris.

LANGRAND, O. 1995. Guide des oiseaux de Madagascar. Delachaux et Niestlé, 1-415.

PROBST, J-M. 1997. Animaux de La Réunion - guide d’identification des oiseaux, mammifères, reptiles et amphibiens. édt. azalées, 1-168.

page 7 Liste des amphibiens et des reptiles endémiques, indigènes et introduits des Comores et des Mascareignes A. Turpin & J-M. Probst

Bulletin Phaethon, 1998, 7 : 11-15. Liste des amphibiens et des reptiles endémiques, indigènes et introduits des Comores et des Mascareignes

Agnès Turpin* & Jean-Michel Probst*

* Nature & Patrimoine, B.P. 279, 97 827 LE PORT cedex

Si les reptiles malgaches sont maintenant bien connus (Glaw et Vences, 1994), les îles afro-malgaches aux alentours manquent cruellement de données récentes et restent souvent méconnus des populations insulaires. Lors de nos différentes visites, nous avons souvent essayé vainement d’obtenir des renseignements sur certaines espèces qui paraissent parfois totalement inconnues localement.

Nous publions ici un inventaire des espèces des quatre îles des Comores, des trois îles des Mascareignes ainsi que des îles éparses, en donnant la distribution connue pour chacun d’eux. Il est certain que de nombreux travaux sont à réaliser sur toutes ces îles et dans ce cadre, toute information complémentaire sera la bienvenue.

Les reptiles et les amphibiens de la zone considérée sont classés suivant l’ordre taxonomique en vigueur (Glaw et Vences, 1994). Nous avons également suivi les différentes publications et synthèses importantes qui ont été réalisées par des naturalistes réputés (Arnold & Jones, 1994 ; Bour & Moutou, 1982 ; Bour, Probst & Ribes, 1995 ; Bullock, 1986 ; Cheke, 1975a, 1975b, 1982, 1984, 1987 ; Loveridge, 1947 ; Meier, 1981 ; Mertens, 1970 ; Moutou, 1983, 1995 ; Probst, 1997 ; Probst & Turpin, 1995 ; Vinson & Vinson, 1969).

Pour chaque espèce inventoriée, nous donnons en tête de chapitre le nom de la famille à laquelle il appartient, puis son nom scientifique.

La deuxième colonne indique son statut : « endémique », « indigène », « introduit ». Les espèces non reproductrices comme certaines tortues marines et serpents marins ne font que passer lors de leur migration ou se rencontrent d’une manière erratique. Ils sont notés ici comme « visiteur ».

La troisième colonne indique la présence de l’espèce, uniquement dans la zone des quatre îles Comores, des trois îles des Mascareignes et des îlots aux alentours.

Enfin la dernière colonne donne une indication sur l’importance des populations de l’espèce dans la zone considérée. A = Abondant ; C = Commun ; O = Occasionnel ; R = Rare ; TR = Très Rare ; E ? = Éteint ?. Pour les espèces introduites rares, nous avons préféré utiliser le code « L » qui signifie localisé qui a une connotation moins importante dans le degré de « rareté ».

Dans cette liste, nous avons choisi de ne pas retenir les données concernant les espèces anciennes (Crocodylus niloticus à Mayotte) ou douteuses (Rana cutipora, Phelsuma standingi, P. serraticauda, etc. à La Réunion), les espèces échappées de la captivité (Macroclemys temminckii (Boulay & Probst, in press) à La Réunion) où les espèces erratiques répertoriées moins de 5 fois depuis 1900.

Classe des Amphibiens

FAMILLE DES BUFONIDAE

Bufo gutturalis introduit La Réunion A

FAMILLE DES RANIDAE

page 11 Bulletin Phaethon – Volume 7 (1998)

Ptychadena mascareniensis introduite La Réunion, Maurice O

FAMILLE DES MANTELLIDAE

Mantidactylus granulatus introduite Mayotte O

FAMILLE DES RHACOPHORIDAE

Boophis tephraeomystax introduite Mayotte O

Classe des Reptiles

FAMILLE DES CHELONIIDAE

Chelonia mydas indigène îles Océan Indien O

Caretta caretta visiteur eaux territoriales R

Eretmochelys imbricata indigène îles Océan Indien R

Lepidochelys olivacea visiteur eaux territoriales TR

FAMILLE DES DERMOCHELYIDAE

Dermochelys coriacea visiteur eaux territoriales TR

FAMILLE DES EMYDIDAE

Trachemys scripta introduite La Réunion L

FAMILLE DES PELOMEDUSIDAE

Pelusios subniger introduite Glorieuse L

FAMILLE DES TRIONYCHIDAE

Trionyx steindachneri introduite Maurice L

FAMILLE DES AGAMIDAE

Agama sp. introduit La Réunion L

Calotes versicolor introduit Mascareignes A

FAMILLE DES CHAMAELEONIDAE

Chamaeleo pardalis introduit La Réunion, Maurice O Chamaeleo cephalolepis endémique Grande Comore O Chamaeleo polleni endémique Mayotte O

page 12 Liste des amphibiens et des reptiles endémiques, indigènes et introduits des Comores et des Mascareignes A. Turpin & J-M. Probst

FAMILLE DES GEKKONIDAE

Ebenavia inunguis indigène ? Comores, Maurice O

Gehyra mutilata introduit La Réunion, Maurice, Comores C

Hemidactylus frenatus ind. / intr. Comores / Mascareignes C / A Hemidactylus mabouia indigène Comores C Hemidactylus mercatorius (?) indigène Europa O Hemidactylus sp. introduit La Réunion, Maurice C

Hemiphyllodactylus typus introduit La Réunion, Maurice O

Lygodactylus verticillatus indigène Europa O

Lepidodactylus lugubris indigène Rodrigues O

Nactus coindemirensis endémique Maurice TR Nactus serpensinsula durelli endémique Maurice TR Nactus s. serpensinsula endémique Maurice TR

Paroedura sanctijohannis indigène Comores R

Geckolepis maculata indigène Comores R

Phelsuma madagascariensis introduit La Réunion, Mayotte L Phelsuma laticauda introduit Mayotte, La Réunion C / O Phelsuma lineata introduit La Réunion L Phelsuma nigristriata endémique Mayotte R Phelsuma cepediana end. / intr. Maurice / La Réunion O / L Phelsuma borbonica endémique La Réunion R Phelsuma algalegae endémique Algalega (Maurice) R Phelsuma guentheri endémique Maurice TR Phelsuma guimbeaui endémique Maurice R Phelsuma inexpectata endémique La Réunion TR Phelsuma ornata endémique Maurice C Phelsuma v-nigra v-nigra endémique Comores R Phelsuma pasteuri endémique Mayotte R Phelsuma robertmertensi endémique Mayotte R Phelsuma comorensis endémique Comores O Phelsuma dubia indigène Comores O

FAMILLE DES IGUANIDAE

Oplurus cuvieri comorensis endémique Grande Comore R

FAMILLE DES GERRHOSAURIDAE

Zonosaurus madagascariensis insulanus endémique Glorieuse O

FAMILLE DES SCINCIDAE

Cryptoblepharus b. boutonii endémique Maurice O Cryptoblepharus boutonii gloriosus endémique Glorieuse C Cryptoblepharus boutonii bitaeniatus endémique Europa C Cryptoblepharus boutonii ater endémique Grande Comore O Cryptoblepharus boutonii mohelicus endémique Mohéli O

page 13 Bulletin Phaethon – Volume 7 (1998)

Cryptoblepharus boutonii mayottensis endémique Mayotte O Cryptoblepharus boutonii peroni endémique Anjouan O

Mabuya maculilabris infralineata endémique Europa R Mabuya maculilabris comorensis endémique Comores O

Amphiglossus valhallae endémique Glorieuse E ? Amphiglossus johannae endémique Comores TR

Gongylomorphus b. bojeri endémique Maurice R Gongylomorphus bojeri fontenayi endémique Maurice TR Gongylomorphus bojeri borbonica (?) endémique La Réunion E ?

Leiolopisma telfairii endémique Maurice TR

FAMILLE DES TROPIDOPHIIDAE

Bolyeria multocarinata endémique Ile Ronde (Maurice) E ?

Casarea dussumieri endémique Ile Ronde (Maurice) R

FAMILLE DES COLUBRIDAE

Liophidium mayottensis endémique Mayotte R

Leioheterodon madagascariensis introduit Grande Comore C

Lycodryas sanctijohannis endémique Comores R

Lycodon aulicus introduit La Réunion, Maurice C

FAMILLE DES HYDROPHIDAE

Laticauda laticauda indigène Maurice, Comores (?) R

FAMILLE DES TYPHLOPIDAE

Typhlops comorensis endémique Comores O

Ramphotyphlops braminus introduit Iles de l’Océan Indien C Bibliographie

ARNOLD, E.N. et JONES, C.G. 1994. The night geckos of the genus Nactus in the Mascarene Islands with a description of the distinctive population on Round Island. Dodo. J. Wildl. Preserv. Trusts. 30 : 119-131.

BOULAY, S. et PROBST, J-M. (in press). Note sur la capture d’une Tortue alligator introduite Macroclemys temminckii pêchée dans la Rivière de l’Est. Bull. Phaethon

BOUR, R. et MOUTOU, F. 1982. Reptiles et amphibiens de l'île de La Réunion. Info Nature 19 : 121-156.

BOUR, R. ; PROBST, J.M. et S. RIBES 1995. Phelsuma inexpectata Mertens 1966, le lézard vert de Manapany-les- Bains (La Réunion) : données chorologiques et écologiques (Reptilia, Gekkonidae). Dumerilia, 2 : 99-124.

BULLOCK, D.J. 1986. The ecology and conservation of reptiles on Round Island and Gunner's Quoin, Mauritius. Biological Conservation 37 : 135-156.

page 14 Liste des amphibiens et des reptiles endémiques, indigènes et introduits des Comores et des Mascareignes A. Turpin & J-M. Probst

CHEKE, A. S. 1975a. An undescribed gecko from Agalega : Phelsuma agalegae sp. nov . Bull. Maur. Inst. 8 : 33-48.

CHEKE, A. S. 1975b. Un lézard malgache introduit à la Réunion. Info Nature, 13 : 94-96.

CHEKE, A. S. 1982. A note on Phelsuma Gray 1825 of the Algalega islands, Indian Ocean (Sauria Gekkonidae). Senchenbergiana Biologica. 62 : 1-3.

CHEKE, A. S. 1984. of the Seychelles in Biogeography and ecology of the Seychelles Islands. Ch. 19 : 331- 360. Stoddart, D.R. (ed.) The Hague : W. Junk.

CHEKE, A. S. 1987. acconts : the native fauna – Reptiles (Tortoises, Marine turtles, Lizards, Snakes). In Diamond A.W. éd. Studies of Mascarene Island Birds . Cambridge University Press, U.K : 51-59.

GLAW, F and VENCES, M. 1994. A fieldguide to the Amphibians and reptiles of Madagascar. Glaw et Vences Editors, Köln, Germany, 1-480.

LOVERIDGE, A. 1947. Review of the African lizards of the family Gekkonidae. Bull. Mus. comp. Zool. Harv., 98 : 1- 469.

MEIER, H. 1981. Phelsuma robertmertensi ein neuer Taggecko. Herpetofauna 11 : 6-8.

MERTENS, R. 1970. Neues über einige Taxa der Geckonengattung Phelsuma . Senckenb. Biol., 51 (1/2) : 1-13.

MOUTOU, F. 1983. Identification des reptiles réunionnais. Info Nature 20 : 53-62.

MOUTOU, F. 1995. Phelsuma laticauda , une nouvelle espèce de lézard récemment introduite à La Réunion. Bull. Phaethon Vol. 1 : 33-34.

PROBST, J-M. 1997. Animaux de La Réunion - guide d’identification des oiseaux, mammifères, reptiles et amphibiens. édt. azalées, 1-168.

PROBST, J-M. et TURPIN, A. 1995. Check-list des amphibiens et des reptiles de La Réunion incluant les espèces migratrices observées depuis 1950 à 1995. Phaethon, 2 : 73-74.

VINSON, J. et VINSON, J.M. 1969. The saurian fauna of the Mascarene Islands. Bull. Maurit. Inst. 6 (4) : 203-320.

page 15 Bulletin Phaethon – Volume 7 (1998)

CHELONIIDAE

Chelonia mydas

Espèce migratrice rare et menacée se reproduisant sur les îles éparses (Europa, Tromelin, Juan de Nova, Glorieuses), Mayotte, Mohéli. Deux tentatives de reproduction ont été constatées récemment à La Réunion.

Eretmochelys imbricata Espèce migratrice rare et menacée dans la zone considérée et se reproduisant à Mayotte sur au moins deux plages (Saziley et Moya).

Caretta caretta

Espèce migratrice rare et menacée qui serait présente autour de l’île de La Réunion, Maurice, Mayotte et les îles éparses. Aucune preuve de reproduction ne semble être connue dans la zone considérée.

DERMOCHELYIDAE

Dermochelys coriacea

Espèce migratrice très rare et menacée, présente dans les eaux réunionnaises et probablement dans les eaux territoriales des îles éparses et des Comores.

TROPIDOPHIIDAE

Bolyeria multocarinata

Espèce de boa endémique de l’île Ronde et peut-être éteinte. Cette espèce de Boa est sans doute la plus rare du monde.

Casarea dussumieri

Espèce de boa endémique très rare et menacée de l’île Ronde. À des fins conservatoires, cette espèce est désormais élevée en terrarium dans les établissements de Jersey.

COLUBRIDAE

Typhlops comorensis

Petite espèce de couleuvre de terre endémique des Comores. Peu de donnée existe sur ce serpent terrestre. Il semble présent sur les quatre îles.

Liophidium mayottensis

Espèce de couleuvre endémique de Mayotte. Peu de donnée existe sur ce reptile. Il semble très rare et a été observé dernièrement dans une forêt sèche située dans le sud de l’île (Probst, 1993).

page 16 Liste des amphibiens et des reptiles endémiques, indigènes et introduits des Comores et des Mascareignes A. Turpin & J-M. Probst

Lycodryas sanctijohannis

Espèce de couleuvre endémique des Comores, présente à Mayotte. Une observation de cette espèce a été récemment constatée dans un cocotier de N’Gouja. Comme l’espèce précédente peu de données existe sur cette espèce qui serait également distribuée à Mohéli.

IGUANIDAE

Oplurus cuvieri comorensis

Sous-espèce d’iguane, endémique de la Grande Comore qui semble présente sur une seule falaise maritime.

CHAMAELEONIDAE

Chamaeleo pardalis

Espèce de caméléon endémique de Madagascar bien représentée à La Réunion et Maurice. Appelé Caméléon panthère, cette espèce est répandue dans la plupart des jardins, des vergers et des zones arbustives de l’île de La Réunion situé entre le littoral et 1000 mètres d’altitude.

Chamaeleo cephalolepis

Espèce endémique de la Grande Comore. Cette petite espèce semble régulièrement présente dans toutes les zones basses de l’île.

Chamaeleo polleni

Espèce endémique présente à Mayotte. Si elle est assez discrète, elle semble assez commune et distribuée dans toute l’île.

SCINCIDAE

Gongylomorphus bojeri bojeri

Espèce endémique des îlots situés de l’île Maurice. Elle peut être localement assez commune sur certains îlots (île aux Serpents, île Ronde, Rocher aux Pigeons).

Gongylomorphus bojeri fontenayi

Espèce endémique des forêts indigènes de Maurice (Brise Fer, Mare Longue). Sa distribution commence tout juste a être connue et semble se concentrer dans les forêts indigènes du Sud Ouest de l’île.

page 17 Bulletin Phaethon – Volume 7 (1998) Gongylomorphus bojeri borbonica (éteint ?)

Espèce endémique de La Réunion probablement éteinte. Des trois espèces endémiques de Scinque ayant peuplé l’île, il semble bien que ce soit la dernière espèce observée à La Réunion. La découverte récente d’une sous-espèce proche à La Réunion, la relative abondance des milieux forestiers favorables dans le sud de l’île permet d’avoir encore quelques espoirs de retrouver cette espèce dans les environs de Basse Vallée, Saint Philippe ou encore de Bois Blanc.

Leiolopisma telfairii

Espèce endémique de Maurice, le Scinque de Telfair est la plus grande espèce de scinque de la zone considérée. Il n’existe plus aujourd’hui que sur un seul îlot, l’île Ronde, et dans quelques terrarium du centre de propagation des espèces menacées de Rivière noire. Un projet de réintroduction sur d’autres îlots devraient être entrepris dans les années à venir. Jadis une espèce proche ou une sous-espèce existait également à La Réunion.

Mabuya comorensis

Espèce endémique des Comores. Elle est localement commune dans certains sites forestiers, particulièrement près des zones humides ou des concentrations ont été maintes fois observées.

Mabuya comorensis infralineata

Espèce endémique d’Europa. Cette espèce est le reptile le plus rare de l’île. Il doit souffrir de la prédation par les rats noirs.

Amphiglossus johannae

Espèce indigène se rencontrant à Mayotte. Nous en avons observé un spécimen dans l’Ouest de l’île. Très discrète cette espèce doit être plus commune qu’il n’y paraît.

Amphiglossus valhallae

Espèce endémique des Glorieuses (éteinte ?). Aucune données récentes n’est disponible, cette espèce devrait être recherchée sur l’île principale comme sur les îlots satellites.

Cryptoblepharus boutonii boutonii

Espèce endémique de Maurice. Elle se rencontre sur de nombreux îlots et même en petites population dans le Nord et l’Est de l’île principale.

Cryptoblepharus boutonii gloriosus

Espèce endémique des Glorieuses. D’après les météos, cette petite espèce se rencontre sur les plages de toute l’île et peut-être à l’île du Lys.

page 18 Liste des amphibiens et des reptiles endémiques, indigènes et introduits des Comores et des Mascareignes A. Turpin & J-M. Probst Cryptoblepharus boutonii bitaeniatus

Espèce endémique d’Europa. Elle semble relativement commune et régulière sur toute l’étendue de l’île, du littoral jusqu’au centre de l’île. On trouve 3 formes de coloration distinctes ou le bleu, le brun et les lignes longitudinales varient d’une petite population à l’autre.

Cryptoblepharus boutonii ater

Espèce endémique de la Grande Comore. Cette espèce semble assez commune dans certaines zones rocheuses et plages de galets de l’île principale.

Cryptoblepharus boutonii mohelicus

Espèce endémique de Mohéli. Quelques sites ont des populations particulièrement florissantes. D’après des pêcheurs locaux, des îlots seraient également colonisé par cette espèce (à confirmer).

Cryptoblepharus boutonii mayottensis

Espèce endémique de Mayotte. Cette espèce est parfois commune dans certains sites sauvages de Petite et Grande Terre.

Cryptoblepharus boutonii peroni

Espèce endémique d’Anjouan. Nous n’avons pas d’observation directe. D’après des locaux, il est possible de la rencontrer assez facilement sur les rochers de certaines plages.

GECKONIDAE

Hemidactylus frenatus

Espèce sans doute indigène aux Comores, introduite aux Mascareignes.

Hemidactylus mabouia

Espèce sans doute indigène aux Comores. Cette espèce n’est pas représentée aux Mascareignes.

Ebenavia inunguis

Espèce sans doute indigène aux Comores.

Lepidodactyllus lugubris

Espèce indigène présente à Rodrigues et sur quelques îlots satelites.

page 19 Bulletin Phaethon – Volume 7 (1998) Lygodactylus verticillatus

espèce indigène présente à Europa. Cette espèce est commune dans toutes les zones arbustives de l’île. On le rencontre plus particulièrement dans la forêt d’Euphorbes.

Nactus coindemirensis

espèce endémique de Maurice. Elle se rencontre sur trois îlots principaux : Le Coin de Mire, le Rocher aux Pigeons et l’îlot Fouquets. Ce sont à chaque fois de petits populations.

Nactus serpensinsula durelli

espèce endémique de l’île Ronde. Cette espèce est assez rare et se rencontre de jour sous les feuilles de lataniers et de nuit sur les rochers ou la végétation.

Nactus s. serpensinsula

espèce endémique de Maurice

Paroedura sanctijohannis

espèce endémique des Comores

Geckolepis maculata

espèce endémique de la Grande Comore

Phelsuma borbonica

espèce endémique de La Réunion, séparé en deux sous-espèces, dont une P. b. mater n’est connue que de quelques stations au sud de l’île.

Phelsuma cepediana

espèce endémique de Maurice

Phelsuma guentheri

espèce endémique de Maurice

Phelsuma guimbeaui

espèce endémique de Maurice

page 20 Liste des amphibiens et des reptiles endémiques, indigènes et introduits des Comores et des Mascareignes A. Turpin & J-M. Probst Phelsuma inexpectata

espèce probablement endémique de La Réunion

Phelsuma ornata

espèce endémique de Maurice

Phelsuma v-nigra v-nigra

espèce endémique de la Grande Comore et de Mohéli

Phelsuma pasteuri

espèce endémique de Mayotte

Phelsuma nigristriata

espèce endémique de Mayotte

Phelsuma robertmertensi

espèce endémique de Mayotte.

Phelsuma comorensis

espèce endémique des Comores.

page 21 Bulletin Phaethon - Volume 7 (1998) ______

Bulletin Phaethon, 1998, 7 : 16-23. Observations sur les reptiles, les oiseaux et les mammifères de la réserve naturelle d’Europa (Canal du Mozambique)

Jean-Michel Probst*

*Nature & Patrimoine, B.P. 279, 97 827 LE PORT cedex

L’île d’Europa (22°21 S ; 40°21 E), baptisée par le nom du bateau anglais qui l’a découvert en 1774, est située au milieu du Canal du Mozambique. Elle est localisée à environ 200km des côtes de Madagascar et à 500km des côtes africaines. Europa fait partie, avec Tromelin, Juan de Nova, Bassas de India et les Glorieuses, des « Iles Éparses » dépendances de la France, confiées à l’autorité préfectorale de La Réunion. D’origine corallienne, l’île Europa est à peu près ronde et présente un diamètre de 6 km de long. Les dunes de sable du Sud représentent le point culminant qui varie au gré des dépressions et des tempêtes tropicales autour de 6 à 7 mètres d’altitude. De l’intérieur vers l’extérieur, l’analyse géomorphologique de l’île permet de dégager 8 types de zonation dans la structure du paysage :

- le Grand Lagon - la mangroves (constituée essentiellement par les palétuviers) - la plaine centrale (recouverte par des graminées) - une ceinture rocheuse d’origine karstique - une frange dunaire (plus développée à l’ouest) - la partie supérieure de l’estran (en lapiès littoraux) - une plate forme de basse mer (découverte à marée basse) - une pente externe sous-marine très marquée.

La faune et la flore terrestre ainsi que le milieu marin a fait l’objet de plusieurs missions scientifiques (Legendre, 1966 ; ORSTOM, 1973). Parmi toutes les espèces présentes, la Tortue verte Chelonia mydas a été la plus étudiée (Vergonzanne & Al., 1973). Jusqu’à ces dernières années, les études concernant la faune de l’île étaient peu nombreuses (Voeltzkow, 1903 ; Milon, 1948 ; Malzy, 1966). Le présent rapport donne quelques détails sur la présence des oiseaux et de quelques autres vertébrés d’Europa dans les deux périodes du 28 novembre 1994 au 12 janvier 1995 et du 8 mars au 27 avril 1995. Les observations ont été notées dans le cadre de la troisième mission ornithologique sur l’étude des oiseaux de mer d’Europa (Lecorre, 1993, 1994, en prép.). Contrairement au travail nécessairement précis de la thèse, les informations présentées ici concernent principalement des observations de terrain sur les espèces d’oiseaux nicheurs et de passage, les reptiles et quelques autres petits animaux de l’île d’Europa. Les espèces notées ci-dessous ont été observées au cours de deux missions de plus de 45 jours (du 28 novembre 1994 au 12 janvier 1995 et du 8 mars au 27 avril 1995) effectuées dans le cadre de missions ornithologiques organisées par le Muséum d’Histoire Naturelles de Saint-Denis de La Réunion. Quelques espèces ont déjà fait l’objet de publications (Probst, 1996, 1997). Liste commentée

Nous décrirons déjà la classe des reptiles, puis celle des oiseaux, des mammifères et, pour finir, des gastéropodes terrestres. Cette liste des espèces est présentée suivant la classification taxonomique en vigueur. Enfin, nous tenons à rectifier quelques erreurs colportées au sujet de la présence de certaines espèces d’oiseaux sur l’île d’Europa. Fou de Bassan : malgré la citation de cette espèce par de nombreuses personnes, sur des cartes et publications, cet oiseau localisé dans l’Océan atlantique et la Méditerranée n’a jamais été observé ni à Europa ni dans l’Océan Indien.

Fou brun : cette espèce nicheuse dans le Nord de l’Océan Indien et dans le Nord de Madagascar a sans doute été assimilé à la forme brune du Fou à pied rouge Sula sula rubripes .

Sterne bridée : les effectifs nicheurs de cette espèce ont semble t’il été confondu avec ceux de la Sterne fuligineuse Sterna fuscata . La nidification de cette sterne ne doit donc pas être prise en compte. La présence de cette espèce est en revanche tout à fait possible puisque de nombreuses colonies de nidification sont établies le long de la côte Ouest de Madagascar.

page 16 Bulletin Phaethon - Volume 7 (1998) ______

Classe des REPTILES

ORDRE DES CHELONIENS

FAMILLE DES TORTUES MARINES - CHELONIDAE

Tortue verte Chelonia mydas C’est l’espèce de tortue marine la plus étudiée dont de nombreux rapports peuvent être consultés à l’université de La Réunion. Très commune, cette espèce est l’emblème de l’île. D’après nos connaissances, l’île Europa serait le site mondial le plus important par le nombre d’individus femelles venant pondre sur les plages (environs 4.000 individus). La plage située en face de la station météo offre parfois un spectacle étonnant avec un record de 52 montées de tortues en janvier 1995. Un « cimetière de tortues » existe dans l’Est de l’île, entre les deux épaves échouées sur le littoral.

Tortue imbriquée Eretmochelys imbricata En observation sous marine, quatre individus ont été observés posés sur le corail (entrée du Grand lagon, en face de la station météo et plage Sud). Jusqu’à preuve du contraire, aucune ponte de cette espèce n’a été enregistrée sur Europa.

Tortue Caret Caretta caretta Dans le Grand lagon, un individu de cette espèce a été capturé à marée basse. Sa carapace était beaucoup plus large, très arrondie et la couleur de son corps ainsi que sa dossière étaient ocre jaune. Elle a ensuite été filmée puis de suite relâchée par les militaires.

ORDRE DES SQUAMATES

FAMILLE DES GECKOS - GECKONIDAE

Hemidactylus gardineri Cet Hémidactyle est une espèce introduite présente sur les habitations et beaucoup plus rare voir parfois absente dans le milieu naturel. Il serait toutefois nécessaire de revoir avec plus de précision la détermination du complexe H. mabouia / H. gardinieri / H. mercatorius / H. sp ., pour les espèces de La Réunion, de Mayotte et d’Europa.

Lygodactylus verticillatus Cette espèce de Lygodactyle indigène se rencontre principalement sur les troncs d’arbres crevassés comme les Euphorbes et les Bois matelot. Il est également présent dans les zones crevassée de calcarénite (corail fossile). C’est le gecko est le plus commun de l’île.

FAMILLE DES SCINQUES - SCINCIDAE

Cryptoblepharus boutonii bitaeniatus Le scinque de Bouton d’Europa présente plusieurs formes de coloration. Deux ont été décrites par (Malzy, 1966). Une autre est présente uniquement sur un îlot du Grand Lagon. Elle a fait l’objet d’une note (Probst, 1997). C’est l’espèce de scinque la plus commune, qui se rencontre dans les forêts, les zones ouvertes et jusque dans la zone intertidale des marées.

Mabuya comorensis infralineata Ce grand scinque brun est rare dans le Nord de l’île. Dans le reste de l’île, il est nettement moins commun que le Scinque de Bouton. Sa zone de prédilection semble être l’Est de l’île, dans les zones crevassées.

FAMILLE DES TYPHLOPS - TYPHLOPIDAE

(Typhlops commun Ramphotyphlops braminus ) ? Nous n’avons pas retrouvé cette espèce, toutefois étant donné sa grande discrétion, il est tout à fait possible qu’elle existe encore.

Classe des OISEAUX

ORDRE DES PROCELLARIFORMES

FAMILLE DES PUFFINS - PROCELLARIIDAE

page 17 Observations sur les oiseaux, les reptiles et les mammifères de la réserve naturelle d’Europa (Canal du Mozambique) Probst, J-M. ______

Puffin de Baillon Puffinus lherminieri bailloni Espèce indigène rare qui niche dans des terriers dans la plaine du sud-ouest de l’île dans les fourrés de Pemphis acidula . La colonie nicheuse d’Europa est insuffisamment connue, mais elle doit être certainement petite. On peut l’estimer à 10- 20 couples.

ORDRE DES PELECANIFORMES

FAMILLE DES FRÉGATES - FREGATIDAE

Frégate du Pacifique Fregata minor Espèce indigène nicheuse qui se rencontre communément en vol sur presque toute la région arbustive et les plages de l’île. Espèce coloniale, les couples établissent leurs nids sur des arbustes d’Euphorbes piquantes Euphorbia stenoclada et d’Affouches Ficus marmorata . On rencontre ça et là, des petits groupes d’une dizaine de couples isolés qui se mêlent parfois aux colonies de Fou à pieds rouges. L’estimation total du nombre de couples nicheurs est supérieur à 500 couples.

Fregate ariel Fregata ariel Espèce indigène nicheuse pouvant être observée en vol sur toute l’île mais plus rare que la Fregata minor . L’unique colonie nidificatrice a été observée en un seul endroit. Elle est restreinte qu’à quelques arbustes d’ Euphorbia stenoclada . Une autre est suspectée à 2km plus à l’Est, mais n’a jamais été prospectée en raison de son éloignement et de l’aridité du terrain. Les nids sont installés presque côte à côte et le site est particulièrement turbulant et vulnérable à toute perturbation. Le site de nidification semble changer de place tous les ans. La colonie d’oiseaux reproducteur est estimée à plus de 1.000 couples.

FAMILLE DES PHAÉTHONS - PHAETHONTIDAE

Paille en queue à brins rouges Phaethon rubricauda Espèce indigène nicheuse rencontrée dans la plupart des milieux de l’île. Une partie importante des individus rencontrés présentent une forme rosée plus ou moins prononcée. De nombreux individus ont été mesurés et bagués. Population estimée à plus de 3.000 couples.

Paille en queue à brins blancs Phaethon lepturus Espèce indigène nicheuse moins fréquente que Phaethon rubricauda . Deux aspects la distinguent des individus des Mascareignes : - la taille, légèrement inférieure - la couleur parfois jaunâtre sur le dos et sur les rémiges médianes Moins répandu que l’espèce précédente, cette forme dorée est probablement une nouvelle sous-espèce. La population de l’île abriterait plus de 500 couples.

FAMILLE DES FOUS - SULIDAE

Fou à pieds rouges Sula sula Espèce indigène nicheuse commune sur la majeure partie de la zone arbustive de l’île. C’est l’oiseau marin le plus répandu et ses nids sont établis sur les arbustes d’ Euphorbia stenoclada et d’Affouches Ficus marmorata . Il existe trois formes de plumage (blanc, brun et intermédiaire). De nombreux individus ont été mesurés et bagués. La population nicheuses a été estimée à plus de 2.500 couples.

ORDRE DES CICONIIFORMES

FAMILLE DES AIGRETTES ET DES HÉRONS - ARDEIDAE

Aigrette dimorphe Egretta dimorpha Espèce indigène assez commune, nicheuse. Des individus à lores et pattes rouge foncé à violet rose ont été observés dans la mangrove et la forêt arbustive du centre de l’île. Les observations de plusieurs individus sont communes sur le platier à marée basse et dans le Grand Lagon. L’estimation de la population est certainement supérieure à 50 couples. 28/11/94 : 2 ind. de phase blanche et 1 ind. de phase sombre à la Baie des Congres. 29/11/94 : 25 ind. à marée basse dans le Grand Lagon.

page 18 Bulletin Phaethon - Volume 7 (1998) ______

1/12/94 : 2 ind. de phase blanche en vol devant la station. 5/12/94 : 2 ind. dans le Petit Lagon. 4/1/95 : 1 ind. capture un scinque bleu 6/1/95 : une dizaine d’ind. (phases blanches, noires et grises) au fond du Grand Lagon. 7/1/95 : 2 ind. en vol devant la station météo. 7/1/95 : 1 ind. à terre à marrée basse devant la station météo.

Héron crabier blanc* Ardeola idae Espèce indigène rare, probablement nicheuse. Des individus adultes en plumage nuptial ainsi que des juvéniles volants ont été observés dans presque toute l’île. L’île d’Europa abrite une population de plus de 10 couples. 30/11/94 : 1 ad. en plumage nuptial posé sur un rocher à 300 m de la station météo. 31/11/94 : 1 jeune ind. (dos brun foncé) en vol dans le quadrat de Fou à pieds rouges au centre de l’île. 4/1/95 : 1 jeune ind. en vol le long de la mangrove est du Grand Lagon. 6/1/95 : 1 ind. en vol au-dessus du Grand Lagon. 3/12/94 : 3 ind. en bordure de la piste d’avion. 7/12/94 : 1 ind. dans l’Euphorbaie du centre de l’île. 10/12/94 : 1 ind. dans la brousse (chasse des reptiles) sur les troncs d’Euphorbes. 10/12/94 : 1 ind. dans le Petit Lagon. 19/12/94 : 1 ind. dans la brousse capture un scinque bleu. 20/12/94 : 1 ind. en vol sur le littoral nord à l’Est de la station météo.

ORDRE DES PHOENICOPTERIFORMES

FAMILLE DES FLAMANTS - PHOENICOPTERIDAE

Flamant rose Phoenicopterus ruber Espèce migratrice occasionnelle, le Flamant rose se rencontre de temps à autre le long des côtes ou à l’intérieur de l’île à proximité des plans d’eau saumâtres.

ORDRE DES FALCONIFORMES

FAMILLE DES FAUCONS - FALCONIDAE

Faucon concolore Falco concolor ? Espèce migratrice occasionnelle, le Faucon se rencontre de temps à autre et ne reste que quelques jours sur l’île. On l’observe en vol le long des côtes ou perché sur un arbre à l’intérieur de l’île.

ORDRE DES CHARADRIIFORMES

FAMILLE DES BARGES, COURLIS, CHEVALIERS & BÉCASSEAUX - SCOLOPACIDAE

Barge rousse Limosa lapponica Espèce de limicole assez commun dans le grand lagon intérieur.

Courlis corlieu Numenius phaeopus Espèce de limicole très commune, qui se rencontre à marée basse sur tout le pourtour de l’île, principalement dans le Grand Lagon. A marée haute, on le rencontre en petit groupe autour des zones humides temporaires et principalement dans la mangroves.

Chevalier aboyeur Tringa nebularia Limicole régulier, toujours en petit nombre autour de l’ile, en groupe plus important dans le Grand Lagon.

Chevalier guignette Actitis (Tringa) hypoleucos Limicole souvent isolé le long du littoral ou des zones humides temporaires.

page 19 Observations sur les oiseaux, les reptiles et les mammifères de la réserve naturelle d’Europa (Canal du Mozambique) Probst, J-M. ______

Tournepierre à collier Arenaria interpres Limicole le plus commun de l’île. Des bandes importantes sillonnent les zones ouvertes de toute l’île (piste d’aviation, rivage, zone humide, lagon).

Bécasseau cocorli Calidris ferruginea Limicole régulier, en petit groupe sur le rivage et surtout dans le Grand Lagon.

FAMILLE DES PLUVIERS & GRAVELOTS - CHARADRIIDAE

Pluvier argenté Pluvialis squatarola Limicole isolé ou en petit groupe, présent à marée basse, à la fois sur le rivage mais surtout dans le Grand Lagon.

Grand Gravelot Charadrius hiaticula Limicole assez rare, observé une fois dans la zone humide derrière la station météo et un groupe de 10 individus dans le Grand Lagon.

Gravelot de Leschenault Charadrius leschenaultii Limicole assez commun, présent sur le littoral de l’île et surtout, dans le Grand Lagon.

FAMILLE DES DROMES - DROMADIDAE

Drome Dromas ardeola Limicole asiatique assez rare, présent dans le Grand Lagon.

FAMILLE DES LABBES - STERCORARIIDAE

Skua, Labbe subantarctique Catharacta skua Oiseau marin subantarctique, présent sur le pourtour de l’île, principalement sur le rivage Ouest où il poursuit les fous pour les faire régurgiter en vol.

FAMILLE DES STERNES, GUIFFETTES & NODDIS - LARIDAE

Sterne caspienne Sterna caspia Sterne très littorale dont les nids sont disséminés sur les plages sableuses autour de l’île. La population est estimée à plus de 10 couples.

Sterne fuligineuse Sterna fuscata Très abondante, cette sterne forme de véritable nuage d’oiseaux. La population totale est très difficile à estimer. Au total elle peut être supérieure à 3.000.000 d’individus et les nicheurs doivent atteindre 1.000.000 de couples.

ORDRE DES STRIGIFORMES

FAMILLE DES EFFRAIES - TYTONIDAE

Effraie Tyto alba Seul rapace nicheur de l’île, cette espèce s’observe souvent en plein jour. D’après l’examen de quelques pelotes de réjection, elle capture des rats, des insectes sans doute des zostérops et des poussins d’oiseaux marins.

ORDRE DES CORACIIFORMES

FAMILLE DES ROLLIERS - CORACIIDAE

Rolle malgache Eurystomus glaucurus Oiseau malgache migrateur dans les zones arborées ou arbustives.

ORDRE DES PASSERIFORMES

page 20 Bulletin Phaethon - Volume 7 (1998) ______

FAMILLE DES HIRONDELLES - HIRUNDINIDAE

Hirondelle de cheminée Hirundo rustica gutturalis (?) Il semble que les oiseaux observés à Europa appartiennent a l’espèce européenne migratrice commune, observée jusqu’en Afrique du Sud. Ces oiseaux étaient présents sur la piste d’avion, près du rivage devant la station météo et parfois dans les zones ouvertes au centre de l’île. Toutefois, aucun individu n’a pu être observé de suffisamment près afin de déterminer précisément l’espèce. Deux autres espèces similaires se rencontrent en Afrique : l’Hirondelle de Guinée H. lucida et l’Hirondelle d’Angola H. angolensis . Les mouvements de ces deux espèces sont peu connus, mais H. angolensis a été répertoriée dans le Sud et l’Est de l’Afrique. Jusqu’alors, plusieurs sous-espèces d’Hirondelle de cheminée ont été observées dans les îles de l’Océan Indien : H. r. gutturalis (Scopoli, 1786) qui est une migratrice occasionnelle à Madagascar, Comores, Aldabra, Zanzibar, Socotra, Laquedives, Maldives, Andamans, Nicobar, Christmas et Coco Keeling et H. r. tytleri (Jerdon, 1864) au Sri-Lanka. Hirondelle à gorge striée Hirundo abyssinica Oiseau africain migrateur erratique, cette hirondelle est la première mention pour Europa et l’ensemble des îles éparses. Son aire de répartition couvre principalement l’Afrique centrale. Dans les îles de l’Océan Indien, ces migrations étaient connues jusqu’à cette observation, à Pemba, Zanzibar et Mafia (Turner & Rose, 1997).

FAMILLE DES ZOSTÉROPS - ZOSTEROPIDAE

Zostérops d’Europa Zosterops maderaspatana Petit oiseau forestier représenté par la sous-espèce Z. m. voeltzkowi endémique d’Europa, ce petit passereau est présent partout où l’on rencontre la forêt arbustive d’Euphorbes ainsi que dans les zones ouvertes où il subsiste quelques arbustes (Psiadia). Il a été observé en train de se nourrir d’insectes : moustiques (sur les moustiquaires de la station), petits coléoptères, termites ailées, etc. Il apprécie beaucoup le nectar des fleurs (Agave sisalina, Barringtonia sp., Coco nucifera, Delonix regia, Furcraea foetida, Pemphis acidula, Psiadia altissima ), de fruits ( Ficus marmorata ).

FAMILLE DES CORBEAUX - CORVIDAE

Corbeau pie Corvus albus Oiseau terrestre nicheur, très opportuniste, qui semble maintenu par le nourrissage journalier de la base météo et probablement militaire. Il pose de sérieux problème de prédation sur les petites tortues, les poussins d’oiseaux marins (parfois même les adultes) et les reptiles.

Classe des MAMMIFERES

ORDRE DES CETACES

FAMILLE DES DAUPHINS - DELPHINIDAE

Dauphin à long bec Stenella longirostris Espèce de dauphin très commun observé en groupe lors d’une sortie en bateau en face de la baie aux congres.

Dauphin indéterminé Une troupe de petits dauphins très rapides a été observé deux fois de suite sans pouvoir être déterminée.

Orque Orcinus orca Mammifère marin des terres australes, 2 migrations ont été observées au télescope de la base météo.

ORDRE DES ARTIODACTYLES

FAMILLE DES CHEVRES - BOVIDAE

Cabri Capra hircus Présent dans toute l’île depuis 1860, ces animaux constitués en petits groupes, modifient la strate herbacée et arbustive (Hoarau, 1993).

ORDRE DES RONGEURS

FAMILLE DES RATS - MURIDAE

page 21 Observations sur les oiseaux, les reptiles et les mammifères de la réserve naturelle d’Europa (Canal du Mozambique) Probst, J-M. ______

Rat noir Rattus rattus Présent dans presque toute l’île. Un îlot, au centre du Grand Lagon, a été dératisé suivant l’expérience menée en 1989- 1990 à l’île aux Aigrettes (Maurice). Cet îlot semble le seul endroit indemne de rat. Cette espèce a été trouvée dans tous les milieux qu’offre l’île (forêt d’Euphorbes, piste d’aviation, bâtiments, milieux humides, creux de rochers, plaine herbeuse et milieux littoraux rocheux et sableux). Bibliographie

LEBEAU, A. ; GOBERT, B. & DURAND, J.L. 1978. Rapport sur l’étude de la tortue de mer Chelonia mydas . Peuplement, reproduction et biologie des populations des îles Tromelin et Europa. Note ronéo. ISTPM, La Réunion, 1-23.

LE CORRE, M. 1993. Rapport de Missions dans les îles Tromelin et Europa. Ecologie terrestre. Rap. Dactyl. Muséum d'Histoire Naturelle. Réunion. 1-21.

LE CORRE, M. 1994. Interaction kleptoparasitiques fous - frégates : vulnérabilité et réponses adaptatives de deux espèces hôtes. DEA. Université Pierre & Marie Curie.

LE CORRE, M. (en prép.). Thèse sur la conservation des oiseaux d’Europa.

LE GALL, J.Y. & HUGUES, G.R. 1987. Migration de la Tortue verte Chelonia mydas dans l’Océan Indien Sud Ouest observées à partir de marquages sur les sites de ponte Europa et Tromelin (1970-1985). E . J. Brill, Leiden. Amphibia-Reptilia 8 : 277-282.

MALZY, P. 1966. Oiseaux et mammifères de l'île Europa. In Mission Scientifique à Europa. Mém. Mus. Nat. Hist. Nat., XLI : 23-27.

PROBST, J.M. 1996. Note au sujet de l’observation nouvelle du Crabier blanc Ardeola idae sur l’île Europa (Océan Indien). Bull. Phaethon, 4 : 106.

PROBST, J.M. 1997. Note sur une population isolée de Scinque de Bouton bleu et brun Cryptoblepharus boutonii nettement distincte des deux formes précédemment décrites sur l’île d’Europa (îles éparses du Canal du Mozambique. Bulletin Phaethon, 5 : 63.

SERVAN, J. 1976. Écologie de la Tortue verte à l’île Europa, Canal du Mozambique. La Terre et la Vie, 30 (3) : 421- 464.

TURNER, A. et ROSE, C. 1997. Hirondelles et arondes du monde entier. Vigot, 1-261.

VERGONZANNE, G. ; SERVAN , J. & BATORI, G. 1976. Biologie de la tortue verte sur les îles : Glorieuses, Europa et Tromelin. In Biologie marine et exploitation des ressources de l’Océan Indien occidental. Trav. Et doc. De l’ORSTOM, 47 : 193-208.

page 22 Bulletin Phaethon - Volume 7 (1998) ______

Espèces introduites disparues de l’île Europa Reptiles Tortue malgache rayonnée Geochelone radiata

Oiseaux Coq domestique Gallus sp. Pintade Numida meleagris

Mammifères Chat domestique Felis catus Cochon Sus scrofa Mulet Equus asinus Lapin Oryctogalus cuniculus

page 23 Observations sur les oiseaux, les reptiles et les mammifères de la réserve naturelle d’Europa (Canal du Mozambique) Probst, J-M. ______

Espèces disparues de l’île Europa

(Tortue malgache rayonnée Geochelone radiata ) disparue Seul, un reste d’une carapace a été trouvé dans la forêt sèche. Elle a peut être été introduite mais elle semble disparue aujourd’hui. Cette tortue et ses juvéniles sont très sensibles au rats.

Coq domestique Gallus sp. (disparu) Abandonné sur l’île depuis 1860 (Hoarau, 1993).

Pintade Numida meleagris (disparue) Introduite dans l’île, aujourd’hui disparue.

Dugong Dugong dugon (disparu) Un spécimen mort a été découvert dans un bras du Grand Lagon par Hoarau en novembre 1950 (Hoarau, 1993). Bien que la mangrove soit immense et en grande partie inexplorée, il semble bien que cette espèce ne soit pas sédentaire car aucune observation récente n’est connue. Toutefois, un spécimen erratique pourrait éventuellement être observé de temps à autre, principalement dans les bras situés à l’Est de la mangrove du Grand Lagon.

Chat domestique Felis catus (disparu) 2 chats domestiques ont été introduits sur l’île par les météos lors de la deuxième missions sur l’île en 1950 (Hoarau, 1993). Il s’agissait d’un couple dont la femelle accouchant de 2 chattons. Heureusement, cette espèce qui cause de gros problèmes de prédation d’oiseaux insulaire est aujourd’hui disparue.

Cochon Sus scrofa (disparu) Introduit sur l’île en 1950, un cochon en provenance de Tuléar devait protéger les membres de l’expédition météo contre le scorbut. Cet unique individu n’a pu survivre (Hoarau, 1993).

Mulet Equus asinus (disparu) Cet individu introduit servait au déchargement du matériel et des vivres acheminée de l’ancienne piste d’aviation du Sud à la station météo (Hoarau, 1993).

Lapin Oryctogalus cuniculus (disparu) Abandonné sur l’île depuis 1860 (Hoarau, 1993), cette espèce ne s’est pas maintenue.

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Classe des Mollusques

ORDRE DES STYLOMMATOPHORA

FAMILLE DES NESOPUPAS - VERTIGINIDAE

Nesopupa petiti Petite espèce terrestre déterminée par Fischer-Piette.

FAMILLE DES GASTROCOPTAS - CHONDRINIDAE

Gastrocopta seignaciana Espèce trouvée sur les rochers nus en calcarénite, dans la forêt d’Euphorbes du centre de l’île et le long de la piste d’aviation sur les affleurements rocheux.

FAMILLE DES ENAS - ENIDAE

Ena gaillardi Petite espèce (11-13 mm) terrestre déterminée par Fischer-Piette.

FAMILLE DES ACHATINES - ACHATINIDAE

Achatina fulica Trouvée près de la station météo, sans doute introduite avec des plantes de La Réunion.

FAMILLE DES HARMOGENANINAS - HELICARIONIDAE

Harmogenanina cyclicus petiti Petite espèce (diamètre : 13-17 mm) récoltée au centre de l’île.

FAMILLE DES PUPOIDES -

Pupoides calaharicus Petite espèce (4-5 mm) terrestre déterminée par Fischer-Piette.

FAMILLE DES PUNCTUM -

Punctum petiti

Enfin on peut signaler dans les mangroves la présence d’un grand mollusque conique, Terebralia pallustris qui se rencontre essentiellement sur les racines des trois espèces de palétuviers.

FISCHER-PIETTE, E. & BEDOUCHA, J. 1964. Mollusques terrestres de l’île Europa. Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., 36 (4) : 502-505.

FISCHER-PIETTE, E. & VUKADINOVIC, D. 1970. Suite aux mollusques terrestres de l’île Europa. Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., 42 (6) : 1277-1281.

page 25 Bulletin Phaethon – Volume 7 (1998)

Bulletin Phaethon 1998, 7 : 24-25. Les 55 espèces animales autochtones de l’île de La Réunion installées bien avant l’arrivée de l’homme

Jean-Michel Probst*

*Nature & Patrimoine, B.P. 279, 97 827 LE PORT cedex Introduction

Les recherches récentes sur les animaux disparus (Cowles, 1994 ; Mourer-Chauviré & Al., 1995), la nouvelle espèce de râle découverte (Brial & Probst, 1998), nous a conduit tout naturellement à dresser une nouvelle liste des espèces présentes sur l’île de La Réunion bien avant l’installation de l’homme. Notons bien que quelques espèces de reptiles ne sont pas encore nommées (le Gecko nocturne : Nactus borbonicus ? Le Scinque géant : Leiolopisma borbonica ?), le statut de quelques oiseaux est encore discuté (Caille pays : indigène ? ; Oiseau bleu : indigène ? ; Bécasse des Bois : indigène ou migrateur ? ; Tourterelle malgache : indigène ? ; Inséparable : indigène ? ; Cardinal de Bourbon : endémique ?). Il est certain que des témoignages anciens plus descriptifs et mieux des découvertes ostéologiques apporteraient des précisions sur la faune ancienne de l’île de La Réunion. Les espèces plus hypothétiques ont été volontairement enlevées, mais seront publiées dans un prochain ouvrage.

9 reptiles (7 disparus + 2 survivants*) (Tortue verte) indigène plages de sable (Tortue imbriquée) indigène plages de sable Tortue terrestre endémique Réunion forêts sèches Gecko nocturne endémique Réunion littoral Lézard vert de Manapany* endémique Réunion littoral Lézard vert des forêts* endémique Réunion forêts sèches et humides Scinque géant endémique Réunion forêts sèches et littoral Scinque de Bojer endémique Réunion forêts sèches et littoral Scinque de Bouton endémique Mascareignes littoral

41 oiseaux (22 disparus +19 survivants*) Pétrel noir* endémique Réunion remparts des cirques Pétrel de Barau* endémique Réunion remparts des cirques Puffin du Pacifique* indigène remparts et falaises maritimes Puffin de Baillon* indigène remparts et falaises maritimes Paille-en-queue* indigène remparts et falaises maritimes Cormoran africain indigène étangs et rivières Aigrette dimorphe indigène étangs et rivières Butor* indigène étangs et rivières Bihoreau de Dubois endémique Réunion étangs et rivières Solitaire endémique Réunion étangs et forêts Flamant rose indigène étangs et rivières Oie de Kervazo endémique Réunion étangs et rivières Canard de rivière endémique Mascareignes étangs et rivières Papangue* endémique Réunion forêts sèches et humides Faucon de Dubois endémique Réunion falaises et forêts Caille pays * indigène ( ?) forêts Poule d’eau* indigène étangs et rivières Foulque de Newton endémique Mascareignes étangs et rivières Oiseau bleu indigène( ?) étangs et rivières Râle d’Auguste endémique Réunion forêts et étangs Bécasse des bois endémique Réunion ( ?) forêts Noddi brun* indigène falaises maritimes Tourterelle malgache* indigène forêts Pigeon bleu ardoisé endémique Réunion forêts Pigeon rose de Dubois endémique Réunion forêts Perroquet mascarin endémique Réunion forêts Perroquet gris de Dubois endémique Réunion forêts

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Per. verte à ép. rouges endémique Réunion forêts Perruche verte endémique Réunion forêts Inséparable ? indigène forêts Hibou de Gruchet endémique Réunion forêts Salangane* endémique Mascareignes ravines et falaises Tuit-tuit* endémique Réunion forêts Oiseau-la-vierge* endémique Réunion forêts Tec-tec* endémique Réunion forêts Huppe de Bourbon endémique Réunion forêts Hirondelle de Bourbon* endémique Mascareignes ravines et falaises Merle pays* endémique Réunion forêts Oiseau gris* endémique Réunion forêts Oiseau lunette* endémique Réunion forêts Cardinal de Bourbon endémique Réunion forêts

5 mammifères (3 disparus + 2 survivants*) Roussette noire endémique Mascareignes forêts Grande Roussette endémique Mascareignes forêts Chauve-souris des Hauts indigène forêts Taphien* indigène ravines et forêts Petit molosse* indigène ravines Bibliographie

BARRE, N. ; BARAU, A. et JOUANIN, C. 1996. Oiseaux de La Réunion. Les éditions du Pacifique, 1-207.

BOUR, R. 1978. Les tortues des Mascareignes. description d'une espèce nouvelle d'après un document (Mémoire de l'Académie) de 1737 dans lequel le crâne est figuré. C. R. hebd. Séanc. Acad. Sci., Paris, (D) 287 : 491-3.

BRIAL, P. et PROBST, J-M. 1998. Note sur une nouvelle espèce de râle endémique disparue de l’île de La Réunion. Bull. Phaethon, 7 : 10.

CHEKE, A. S. 1987a. An ecological history of the Mascarene Islands, with particular reference to extinctions and introductions of land vertebrates. In Diamond A.W. éd. Studies of Mascarene Island Birds . Cambridge University Press, U.K : 6-100.

COWLES, G.S. 1987. The fossil record. In Diamond A. W. (ed.) : Studies of Mascarene Island Birds. Cambridge University Press, Cambridge : 90-100.

COWLES, G.S. 1994. A new genus, three new species and two new records of extinct holocene birds from Reunion Island, Indian Ocean. Geobios, 27, 1 : 87-93.

MOURER-CHAUVIRE, C.; BOUR, R.; MOUTOU, F. et RIBES, S. 1994. Mascarenotus nov. gen. (Aves, Strigiformes), genre endémique éteint des Mascareignes et M. grucheti n. sp., espèce éteinte de La Réunion. C. R. Acad. Sci. Paris, 318 (2) : 1699-1706.

PROBST, J-M. 1997. Animaux de La Réunion - guide d’identification des oiseaux, mammifères, reptiles et amphibiens. édt. azalées, 1-168.

PROBST, J-M. & BRIAL, P. Témoignages anciens sur les espèces disparues de La Réunion.

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Bulletin Phaethon, 1998, 7 : 26-29. Compte-rendu des observations ornithologiques sur l’île de La Réunion (France) du 14 août au 29 août 1997

Pierre Le Maréchal

Liste des sites visités

14/08 : St Denis 15 au 21/08 : base à St Gilles. 18/08 : Maïdo (2200 m). 19/08 : à partir de Dos D'Âne, Cap Noir et GR2 vers Roche Écrite (1600 m). 2021 et 29/08 : Le Port. 21 au 26/08 : base à St Pierre (Grand Bois). 21/08, 23 et 24/08 : Petite Île et Grand Anse. 25, 26 et 29/08 : étang du Gol. 22/08 : piton de la Fournaise (2600 m). 23/08 : côte Sud et Grand Étang, 24/08 : sentier botanique de St Philippe. 26 au 29/08 : cirque de Cilaos (1200 m).

Météo

Classique pour l'hiver austral (environ 25°c dans la journée). Pluie importante le 17/08 pendant 2h l'après-midi. Vent assez fort de S-SW le 24 et surtout le 25/08 (vagues impressionnantes, l'étang du Gol se remplit dans la nuit).

Carte

IGN 1/100 000 ème (les cartes au 25 000 ème sont préférables).

Oiseaux

Pterodroma baraui Pétrel de Barau, Taille-vent Une dizaine près de l'entrée de l'étang du Gol le 25/08 vers 18h30 (vent fort de SW).

Puffinus pacificus Puffin fouquet (P. du Pacifique), Fouquet noir Cinq le soir du 23/08 autour de Grand Anse. Environ 10 le 24/08 à 18h30 (vent fort venant du Sud Ouest).

Puffinus lherminieri bailloni Puffin d'Audubon, Fouquet blanc Au moins 3 autour de Grand Anse le 24/08. Une vingtaine le soir en mer, près de l'étang du Gol, le 25/08. 1 en mer au large de l'étang du Gol le soir le 25/08.

Phaethon lepturus Phaéthon à bec jaune, Paille-en-queue Un en vol au-dessus du muséum de St Denis le 14/08. Une dizaine en vol, un peu après St Gilles (vers le Sud), le 15/08, 3 en vol au large de St Leu le 16/08. 3 à la cascade Bernica le 18/08. 3 au loin dans le cirque de Mafate le 19/08. 4 au large de Grand Anse le 23/08. 2 ind. posés sur les falaises de Grand Anse le 24/08. Quelques ind. observés en mer au loin sur la route longeant l'océan n'ont pas été notés.

Butorides striatus Héron strié, Butor Un immature à la sortie de Ste Suzanne le 14/08 vers la cascade Niagara. Un adulte à l'étang de St Paul le 17/08. 3 adultes à l'étang du Gol le 25/08. 4 adultes et un immature le 26/08. 4 adultes le 29/08.

Circus maillardi maillardi Busard de Maillard, Papangue Un mâle à la cascade Niagara (Ste Suzanne) le 14/08. Une femelle le long des falaises avant La Possession. Un mâle en vol au-dessus de la cascade de Bernica le 18/08. Un mâle près de Grand Étang le 23/08. Un mâle, à environ 5 km de Grand Étang (N 3) vers la Plaine des Palmistes le 23/08. Un jeune posé le 24/08 sur le chemin forestier du sentier botanique de St Philippe. Un jeune chasse sur le pourtour de l'étang du Gol le matin du 26/08. Aucune donnée à Cilaos.

Turnix nigricollis Turnix de Madagascar, Caille pays Un mâle sur le chemin entre les cannes vers Petite Île le 21/08.

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Gallinula chloropus pyrrhorroa Gallinule poule-d'eau, Poule-d'eau Deux à l'étang St Paul le 18/08. 2 sur la pièce d'eau de la cascade de Bernica le 18/08. 2 à l'étang du Gol le 25/08. 6 couples sur la pièce d'eau principale de Cilaos (accouplements).

Numenius phaeopus Courlis corlieu Un à l'étang du Gol le matin du 25/08, idem le soir. 1 le 26/08. 1 le 29/08.

Tringa nebularia Chevalier aboyeur Un à l'étang du Gol le matin du 25/08, idem le soit. 3 le 26/08. 1 le 29/08.

Actitis hypoleucos Chevalier guignette Deux à l'étang du Gol le soir du 25/08.

Catharacta antarctica Labbe brun subantarctique, Skua Trois au Port le 20/08. 1 au large pourchasse des Noddis sans conviction, et 1 (très près) au-dessus du Port Ouest vers 15h30 le 29/08.

Anous stolidus Noddi brun, Macoua Passage vers Nord le matin à 7h (obs de St Gilles L'Hermitage). 50 sur la plate-forme en face de St Paul le 20/08. Nombreux au large (pêche) de Grand Anse le 23/08 (9h). Plusieurs dizaines d'inD. présents dans l'après-midi du 21/08 sur Petite Île dont un ind. avec un poussin. Plusieurs centaines sur et autour de Petite Île le 23/08 vers 18h30. Une trentaine pêchent au large du Port le 29/08, dans l'après- midi. La présence de Noddi à bec grêle (Anous tenuirostris ) a été soupçonnée 2 à 3 fois, mais connaissant mal l'espèce, je préfère passer ces données sous silence.

Gygis alba Gygis blanche, Goélette Une à Petite Île le matin (9h) du 23/08. Commentaires : Oiseaux entièrement blanc avec de longues ailes fines et une queue fourchue. Bec noir à la distance d'observation (environ 500 m au télescope x45) (pas vu les pattes). Assez agressive envers les noddis. Le corps paraît plus fin que celui de ces derniers, mais avec une envergure des ailes supérieures (impression due peut-être à la façon dont les noddis plient leurs ailes). Observée pendant au moins 10 min. Toujours en vol sauf un repos de 30 secondes environ sur la falaise de Petite Île (côté Nord). Cette espèce avait déjà été notée en 1996. Elle m'a été signalée par J-M Probst (Ste Clotilde) avant ma visite qui l’avait mentionnée pour la première fois en 1995 (Probst & Boulay, 1995).

Geopelia striata Géopélie zébrée, Tourterelle pays Communes dans les Bas. 1 seul ind. à Cilaos le 28/08, près des thermes.

Streptopelia picturata Tourterelle peinte, Tourterelle malgache Deux à l'étang St Paul le 18/08. 1 vers la cascade de Bernica le 18/08. 1 à 18 km de Cilaos le 29/08.

Collocalia francica Salangane à croupion gris, Petite hirondelle Observée partout sauf au-dessus de 2500 m.

Terpsiphone b. bourbonnensis Tchitrec des Mascareignes, Chakouat Deux au début de la route forestière des Hauts sous le vent, le 18/08. Observé plusieurs fois sur le GR2 vers la Roche Écrite. Plusieurs sur le sentier botanique de St Philippe le 24/08. Observé plusieurs fois à Cilaos sur les chemins de montagne.

Saxicola tectes Tarier de la Réunion, Tec-tec Commun dans les milieux ouverts des Hauts (à partir de 800 m environ) et très confiant. Mâles très clairs à Cilaos.

Acridotheres tristis Martin triste, Martin Commun à tous les niveaux, mais plus dans les Bas. À Cilaos, uniquement en ville et dans les jardins. Asent des milieux boisés des Hauts.

Hypsipetes borbonica Bulbul de Bourbon, Merle pays Deux à trois chanteurs autour de Grand Étang le 23/08 (aucun vu). Plusieurs couples à Cilaos, sur les chemins qui montent vers le Piton des Neiges, la Roche Merveilleuse, l'Ilet à Cordes (espèce peu commune).

Pycnonotus jocosus Bulbul orphée, Merle de Maurice Trouvé dans tous les milieux boisés des Bas, tout autour de l'île. Cris sur le circuit du Cap Noir, à partir de Dos D'Âne le 19/08. Plusieurs observations près de St Philippe et sur le sentier botanique le 24/08.

page 27 Compte-rendu des observations ornithologiques sur l’île de La Réunion (France) du 14 août au 29 août 1997 P. Le Maréchal

Zosterops borbonica Zostérops gris des Mascareignes, Oiseau blanc Une des espèces les plus communes, observée surtout dans les filaos dans les Bas. Observé jusqu'à Maïdo le 18/08. De même le 19/08 vers la Roche Écrite. Commun sur la falaise du pas de Bellecombe le 22/08. Assez commun à Cilaos.

Zosterops olivaceus Zostérops vert de la Réunion, Oiseau vert à lunettes Observé au pic du Maïdo le 18/08 et vers la Roche Écrite le 19/08. Quelques ind. vus sur le chemin qui remonte vers le pas de Bellecombe le 22/08. Observé aussi à Cilaos (un ind. transporte du matériel pour construire un nid apparemment).

Ploceus cucullatus Tisserin gendarme, Bellier Des colonies en activité un peu partout où il y a des points d'eau à proximité (Ste Suzanne, St André, St Gilles…). Pas observé sur la côte Sud, ni dans les Hauts.

Foudia madagascariensis Foudi rouge, Cardinal Observé régulièrement en ville avec les moineaux. Très confiant. Des bandes mixtes dans les friches (Etang du Gol par exemple). Observé aussi à Cilaos, en ville uniquement.

Passer domesticus Moineau domestique, Moineau Oiseau omniprésent dans les Bas et jusqu'à 1200 m au moins (Cilaos). Période de nidification : observation de constructions de nids, mais aussi de jeunes quémandant.

Estrilda astrild Astrild ondulé, Bec rose Trois devant l'église de Piton Ste Rose le 23/08. Des bandes de 10 à 20 ind. dans les filaos des jardins et au sol sur les zones de pique-nique à Cilaos.

Lonchura punctulata Capucin damier, Coutil Une bande en vol d'une quinzaine à Grand Étang (parking) le 23/08. Une bande d'une dizaine vers l'Ilet à Cordes (Cilaos) le 27/08. Mammifères

Taphozous mauritianus Chauve-souris à ventre blanc Commune le soir au-dessus des bungalows du Récif à St Gilles, plusieurs dizaines visibles dans les éclairages publics, le soir du 20/08 par exemple.

Mormopterus acetabulosus Petit Molosse Un ind. le 20/08, plus petit que les Chauve-souris à ventre blanc, pourrait appartenir à cette espèce. Observé seulement en vol.

Megaptera novaeangliae Baleine à bosse Un adulte + 1 jeune le 16/08 au large de St Leu et 1 autre adulte (au moins). Un au large, vue du Port, le 20/08 (énorme jet).

Tursiops truncatus Grand Dauphin Une dizaine au large du Port le 20/08 (16h). Une vingtaine au large de Stella le 29/08. Reptiles :

Calotes versicolor Agame arlequin Jardin d'Eden, près de St Gilles le 17/08.

Chamaeleo pardalis Camélélon panthère, Endormi Jardin d'Eden, près de St Gilles le 17/08.

Hemidactylus frenatus Hémidactyle des jardins, Lézard gris des jardins Dans les maisons, notamment à St Pierre. Ouvrages & articles divers

ATTIE, C. & BRETAGNOLLE, V. 1996. Oiseaux de la Réunion. L'Oiseau Magazine n°44 : 44-48.

page 28 Bulletin Phaethon - Volume 7 (1998) ______

BARRE, N. ; BARAU, A. & JOUANIN, C. 1996. Oiseaux de la Réunion. Éd. du Pacifique.

GRUCHET, H. 1984. 1) La faune terrestre ; 2) La faune des eaux douces - A la découverte de La Réunion. Vol. 6, ed. Favory.

PROBST, J. M. 1995. The discovery of the first known colony of Barau's Petrel (Pterodroma baraui ) on La Réunion. Working Group on Birds in the Madagascar Region - Newsletter 5 (2) : 10-11.

PROBST, J-M. 1996. Le Tuit-tuit de la Réunion. L'oiseau Magazine n°44 : 33-35.

PROBST, J-M. 1996. Fiche patrimoine naturel à protéger : Le Pétrel de Barau ou Taillevent Pterodroma baraui . Bull. Phaethon, 3 : 39-40.

PROBST, J-M. 1997. Animaux de la Réunion. Guide d’identification des oiseaux, mammifères, reptiles et amphibiens. Azalées Éd.

PROBST, J-M. & BOULAY, S. 1995. Première mention de la Gygis blanche ou Goélette Gygis alba monte à La Réunion. Bull. Phaethon, 2 : 108.

WINTER, M. 1993. Le Caméléon ( Chamaleo pardalis ) Collection "Amis des Iles". Edit. Azalées.

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WINTER, M. et VAXELAIRE, D. 1991. Paysages et animaux de l'île de la Réunion. Collection Maison du Monde. Edit. Azalées. Saint Denis.

page 29 Bulletin Phaethon - Volume 7 (1998) ______

Bulletin Phaethon, 1998, 7 : 30-31. Fiche « patrimoine naturel à protéger »

Le Butor ou Héron vert strié

Jean-Michel Probst*

* B.P. 307, 97494 Sainte Clotilde Cedex.

L’oiseau décrit ci-après est une espèce d’oiseau d’eau de l’Ordre des Ciconiiformes. Il fait partie de la Famille des Ardeidae qui comporte 17 genres, 62 espèces et 149 taxons dans le monde, dont 27 se rencontrent dans l’Océan Indien. Le Butor ou Héron strié est une espèce endémique de la région Afro-malgache (Mascareignes et Madagascar).

BUTOR Butorides striatus Linnaeus, 1758 Français : Héron strié, Héron vert, Héron à dos vert, Blongios vert, “Crabier”, “Poule sultane”. Anglais : Green Heron, Green-backed Heron. Allemand : Mangrovereiher. Espagnol : Garcita oscura.

Distribution dans l’Océan indien. B. s. atricapilus (Afzelius, 1804) - Pemba et Zanzibar. B. s. brevipes (Ehrenberg, 1833) - Abd el Kuri, Socotra. B. s. crawfordi (Nicoll 1906) - Aldabra et Amirantes et Agaléga. B. s. rhizophorae (Salomonsen, 1934) - Archipel des Comores. B. s. dejens (Hartert, 1920) - endémique des Seychelles. B. s. albolimbatus (Reichenow, 1900) - Diego Garcia, Chagos et Maldives. B. s. chloriceps (Bonaparte, 1855) - Laquedives, Sri Lanka, Inde. B. s. javanicus (Horsfield, 1821) - Thaïlande, Malaisie. B. s. spodiogaster (Sharpe, 1894) - Andamans, Nicobars, îlots de Sumatra. B. s. rutenbergi (Hartlaub, 1880) - Madagascar, La Réunion, Maurice, Rodrigues.

DESCRIPTION. Longueur : 35-48 cm ; Envergure : 52-60 cm. Poids : 135-250 g.

Adulte . Dimorphisme sexuel non perceptible. Dessus de la tête, noir, à reflets métalliques vert ; huppe retombante en arrière du cou ; mandibule supérieure du bec noir brillant, mandibule inférieure et lores jaune orangé ; iris jaune (nicheur : orange), dos gris brun avec de longues et fines scapulaires retombantes vert métallique ; ailes gris brun avec les rémiges vertes bordées de brun clair ; tarses et doigts jaunes (nicheur : tarses et doigts oranges).

Immature . Plumage à dominance brune parfois roux, ponctué de blanc ; dessus brun et dessous strié de brun et blanc ; iris jaune, bec brun clair.

IDENTIFICATION. Petit héron gris vert souvent immobile à côté de l'eau. Mesures de l’oiseau en main : Aile : 167- 190 mm. Bec : 55-65 mm. Tarse : 44-47 mm. Queue : 57-70 mm.

VOIX. Cris grinçants et sonores « truek » ou « kria » lancé à l’envol ou au passage lorsqu’il est dérangé.

COMPORTEMENT. Le Butor se rencontre souvent isolé. Des petits groupes se constituent dans les zones de pêche. Craintif et discret, il s’envole précipitamment dès qu’un promeneur avance dans sa direction (toutefois, à Maurice ou à Rodrigues, il est possible de l’approcher jusqu’à une dizaine de mètres sans qu’il ne s’effraie). Il chasse généralement à l’aube et au crépuscule. Il peut toutefois se nourrir de jour comme de nuit. Il affectionne particulièrement les berges en pente douce des vasières et y chasse à l’affût, plus rarement, en poursuivant sa proie. Dans les zones d’eau profonde, il se poste généralement sur une branche ou sur un rocher émergé. Dans une zone aquacole de l’étang du Gol, les Butors se rencontrent tout au long du jour mais principalement le soir, au moment où le personnel quitte l’enceinte des bassins. La nuit, ils se nourrissent alors tranquillement autour des bassins ou des cuves d’alevinage si elles ne sont pas recouvertes de filets. La plupart des grands déplacements ont lieu au lever du jour, voire même en pleine nuit (ce qui a induit plus d’un touriste en erreur qui le prenait alors pour une roussette noire Pteropus niger , aujourd’hui disparue).

page 56 Bulletin Phaethon - Volume 7 (1998) ______

NIDIFICATION. La reproduction a été constatée à La Réunion de juillet à février. La plupart du temps, il niche isolément, plus rarement, en colonie lâche (maximum de 18 nids ensemble, en 1992 à l’étang du Gol). Le nid, en coupe, est installés dans des arbustes bas (Schinus terebentifolius, Acacia sp. ). Il est caché dans la végétation et placé souvent au-dessus ou à proximité de l’eau. Il est constitué d’une frêle plate-forme de fines branchettes. La ponte de 2-6 œufs (34-39 x 25-29 mm) de coloration variable : généralement bleu vert profond, mais aussi bleu pâle ou blanc pur (1 seule observation). L’incubation assurée par les deux parents dure de 19 à 25 jours. Le premier envol des juvéniles est observé après une période de 35 à 39 jours.

MILIEU. Le Butor fréquente les étangs littoraux, les rivières, les marais, les estuaires, les ravines humides, les bassins aquacoles. Plus rarement on le rencontre le long des bassins de station d’épuration (Ermitage), ou parfois le long du bord de mer et des embouchures de rivières. Plus rarement, il fréquente également les zones ouvertes comme les prairies à Paspalidium pour se nourrir d’insectes et d’amphibiens. Pour nicher, on le rencontre dans les formations arbustives et arborées de Schinus et Tamarins et s’il n’est pas dérangé, dans des fourrés épineux des zones de forêt sèche littorale.

ALIMENTATION. Quasiment , le Butor se nourrit toutefois principalement de petits poissons (Oreochromis niloticus, Poecilia reticulata, Xyphorus hellerii, Kuhlia rupestris, Sicyopterus lagocehalus, Istiblenius sp. ). Il capture également des insectes aquatiques (Notonectidae, Nepidae, Gerridae), des araignées (non déterminées), des crabes (d’eau douce Varuna litterata et de mer), des crustacés (crevettes, chevrettes, camarons Macrobrachium sp. ) et des larves et adultes de batraciens (Bufo gutturalis, Ptychadena mascareniensis ). Une observation de prédation indique une capture d’un petit reptile terrestre (Hemidactylus sp. ). Dans d’autres régions, le Butor consommerait également des mollusques aquatiques.

STATUT ET REMARQUES. Le Butor est un oiseau d'eau indigène représenté par la sous-espèce B. s. rutenbergi. Il a été signalé pour la première fois à La Réunion vers 1860. Aucun ossement n’ayant été découvert dans les sites de fouilles, il est probable que cette espèce a colonisé récemment notre île (depuis environs 150 ans). Aujourd’hui, cet oiseau fréquente principalement les milieux d’eau douce de basse altitude ainsi que le bord de mer. Localement commun dans les trois étangs littoraux, il reste peu répandu si l’on se réfère à la densité de la population mauricienne. Il est cependant en augmentation certaine dans toute l’île depuis les observations de 1980. La population de l’étang du Gol a fait l’objet de plusieurs comptages. Elle est certainement la plus importante de l’île et a été estimée à environs 60 individus. Le Butor est inscrit sur la liste des espèces protégées (Arrêté ministériel du 17 février 1989).

REFERENCES. Ali & Ripley, 1978 ; Barré, 1983 ; Barré & Barau, 1982 ; Barré, Barau & Jouanin, 1996 ; Brown, Urban & Newman, 1992 ; Cheke, 1987 ; Del Hoyo, Elliott & Sargatal, 1992 ; Langrand, 1995 ; Louette, 1988 ; Michel, 1986 ; Olivier, 1891 ; Penny, 1982 ; Probst, 1995, 1997 ; Staub, 1973.

page 57 Bulletin Phaethon – Volume 7 (1998)

Bulletin Phaethon, 1998, 7 : 32-33. Quelles sont les espèces d’oiseaux rares, menacés et en danger d’extinction à l'île de La Réunion ?

Jean-Michel Probst* & J-M. Louisin*

*Nature & Patrimoine, B.P. 279, 97 827 LE PORT cedex

Un oiseau est déclaré menacé si sa population nicheuse est en danger imminent de disparition ou susceptible de le devenir si des mesures de conservation efficaces ne sont pas prises rapidement. Des critères très précis de taille de population, d'évolution des effectifs ont été établis par l’IUCN, BirdLife International et repris par le service d'étude et de recherche de la Ligue française pour la Protection des Oiseaux (IUCN, 1993, 1994 ; Duquet, 1995). On distingue huit catégories de menaces : espèce éteinte, menacée d’extinction, en danger, vulnérable, rare, à faible risque, espèce commune et à statut indéterminé. Ces mêmes critères sont appliqués ici aux oiseaux de La Réunion.

Espèce éteinte (Ex)

L’espèce est considérée comme éteinte, ou comme telle, car elle n’a pas été observée depuis au moins 100 ans. Aucune preuve scientifique n’a pu être donnée sur sa présence sur l’île (par exemple : Hibou de Gruchet Mascarenotus grucheti ).

Espèce menacée d’extinction

1 L’espèce est considérée comme gravement menacée, ou comme telle, car sa population fait l’objet d’une réduction importante de ses effectifs (au moins 50% au cours des 10 dernières années).

2 Sa zone d’occurrence est estimée à moins de 5 000 km2 ou zone de nidification à moins de 500 km2.

3 Sa population est estimée à moins de 2 500 individus matures.

Pétrel noir de Bourbon Pterodroma aterrima (2 & 3) Tuit-tuit Coracina newtoni (2 & 3)

Espèce en danger

1 La population est inférieure à 1.000 couples nicheurs et ses effectifs ou son aire de répartition à diminué de plus de 50% entre 1970 et 1990.

2 La population est inférieure à 250 couples nicheurs et ses effectifs ou son aire de répartition ont diminué de 20 à 50% entre 1970 et 1990.

3 La population est inférieure à 50 couples et ses effectifs ou son aire de répartition sont stables ou en diminution depuis 1970.

Butor Butorides striatus (3)

Espèce vulnérable

1 La population est comprise entre 1.000 et 10.000 couples nicheurs et ses effectifs ou son aire de répartition a diminué de plus de 50% entre 1970 et 1990.

2 La population est inférieure à 1.000 couples nicheurs et ses effectifs ou son aire de répartition ont diminué de 20 à 50% entre 1970 et 1990. 3 La population est inférieure à 250 couples et ses effectifs ou son aire de répartition sont stables ou en augmentation depuis 1970.

4 La population est inférieure à 50 couples et ses effectifs ou son aire de répartition sont en augmentation depuis 1970.

5 La population s'est installée récemment et reste vulnérable du fait de sa petite taille (population inférieure à 50 couples nicheurs).

Papangue Circus maillardi (3)

page 32 Bulletin Phaethon – Volume 7 (1998)

Espèce rare

Espèce dont la population est comprise entre 250 et 1.000 couples nicheurs et dont les effectifs ou l'aire de répartition sont stables ou en augmentation.

Paille en queue à brins blancs Phaethon lepturus Poule d'eau Gallinula chloropus Noddi brun Anous stolidus Hirondelle de Bourbon Phedina borbonica

Espèce à faible risque

L’espèce est considérée comme taxon dit à « faible risque » lorsque son évaluation a montré qu’elle ne remplissait pas les critères précédents mais qu’il pouvait être classé dans trois sous catégories (cd : Dépendant de mesures de conservation ; nt : quasi menacé ; Ic préoccupation mineure).

Pétrel de Barau Pterodroma baraui (cd) Merle pays Hypsipetes borbonica (nt) Oiseau-la-vierge Terpsiphone bourbonnensis (Ic)

Espèce commune

Espèce indigène commune ne nécessitant pas de mesures conservatoires propres outre la conservation en l’état de son habitat.

Salangane Collocalia francica Tec-tec Saxicola tectes Oiseau blanc Zosterops borbonicus Oiseau vert Zosterops olivaceus

Espèce à statut indéterminé

Espèce mal connue dont les effectifs et les tendances évolutives sont incertaines et sont susceptibles d'être rares, vulnérables ou en danger.

Fouquet gris Puffinus pacificus Petit fouquet Puffinus lherminieri Tourterelle malgache Columba picturata

Bibliographie DUQUET, M. 1995. Oiseaux menacés - Vont-ils tous disparaître ? L'Ois. mag., 39 : 26-32.

IUCN, 1993. Draft IUCN Red List Categories. Gland, Suisse.

IUCN, 1994. Catégorie de l’IUCN pour les listes rouges – Préparées par la commission de la sauvegarde des espèces de l’IUCN. Gland, Suisse, 1-22. Statut des espèces nicheuse de La Réunion

nom local nom scientifique statut menace

1 Pétrel noir de Bourbon Pterodroma aterrima E Indéterminé 2 Pétrel de Barau Pterodroma baraui E Indéterminé 3 Fouquet gris Puffinus pacificus N Rare 4 Petit fouquet Puffinus lherminieri E Rare 5 Paille en queue à brins blancs Phaethon lepturus N Rare 6 Butor Butorides striatus N Vulnérable 7 Papangue Circus maillardi E Vulnérable 14 Caille pays Turnix nigricollis N? - 15 Poule d'eau Gallinula chloropus N Rare 16 Noddi brun Anous stolidus N Rare 18 Tourterelle malgache Columba picturata N? - 20 Salangane Collocalia francica E- 21 Tuit-tuit Coracina newtoni E Vulnérable 22 Oiseau-la-vierge Terpsiphone bourbonnensis E-

page 33 Quelles sont les espèces d’oiseaux rares, menacés et en danger d’extinction à l'île de La Réunion ? J-M. Probst & J-M. Louisin

23 Tec-tec Saxicola tectes E- 25 Hirondelle de Bourbon Phedina borbonica E Rare 27 Merle pays Hypsipetes borbonica E- 28 Oiseau blanc Zosterops borbonicus E- 29 Oiseau vert Zosterops olivaceus E-

Les espèces menacées de l'île de La Réunion

D'après les critères décrits ci-dessus, sur les 14 espèces indigènes de La Réunion, 11 espèces sont considérées comme menacées :

1 est en danger

Pétrel noir moins de 50 couples nicheurs. Tuit-tuit population - de 250 couples et répartition en diminution.

3 sont vulnérables

Papangue Butor

6 sont rares

Puffin de Baillon Paille en queue Noddi brun Poule d'eau Hirondelle de Bourbon

2 ont un statut indéterminés

Pétrel de Barau Puffin du Pacifique

Il est important de souligner le statut particulier de ces 11 espèces menacées de l'île de La Réunion (annexe). En effet tous ces critères ne s'appliquent qu'au statut réunionnais de l'espèce. Si une espèce indigène comme le Noddi brun venait à disparaitre accidentellement de Petite Ile, son seul lieu de nidification connu sur l'île de La Réunion, on la retrouverait sûrement à Maurice, Rodrigues, aux Seychelles, ... Il en est tout à fait autrement pour les espèces strictement endémiques de notre île. Si le Tuit-tuit venait à disparaître, il disparaîtrait de la surface de la terre.

page 34 Bulletin Phaethon – Volume 7 (1998)

Il y aurait actuellement dans le monde 9672 oiseaux dont 1100 sont menacés et 170 proches de l'extinction (Duquet, 1995). Sur toute la surface du globe, plus de 100 espèces d’oiseaux ont disparu depuis 1600, dont 12 étaient endémiques de La Réunion. Aujourd'hui, nous pensons trop souvent que ces extinctions sont dans le domaine de l'histoire, pourtant, aujourd’hui encore, certaines espèces ont des populations restreintes à de petites zones ou ont des populations localisées insuffisamment connues. Une catastrophe écologique comme un feu de forêt, un cyclone, une nouvelle maladie aviaire, aurait des effets désastreux sur ces petites populations. Comme partout dans le monde, l'île de La Réunion n'échappe pas à cette tendance d'appauvrissement de la faune. De multiples causes de régression amenuisent, morcellent et repoussent les populations indigènes dans des zones de plus en plus marginales. La destruction ou la modification des habitats, les prédateurs introduits, les pollutions diverses, le dérangement dus aux activités touristiques, le braconnage, la compétition alimentaire avec des espèces introduites sont autant de nuisances auxquelles les oiseaux doivent faire face sous peine de disparaître.

Un oiseau est déclaré menacé si sa population nicheuse est en danger imminent de disparition ou susceptible de le devenir si des mesures de conservation efficaces ne sont pas prises rapidement. Des critères très précis de taille de population, d'évolution des effectifs ont été établis par BirdLife International et repris par le service d'étude et de recherche de la Ligue française pour la Protection des Oiseaux. On distingue huit catégories de menaces : espèce éteinte, menacée d’extinction, en danger, vulnérable, rare, à faible risque, espèce commune et à statut indéterminé.

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Bulletin Phaethon, 1998, 7 : 34-36. Écologie et conservation de l’Échenilleur de La Réunion (Tuit-tuit) Coracina newtoni

Jean-Michel Probst* & Jean-Marc Thiollay **

*Nature & Patrimoine, B.P. 279, 97 827 LE PORT cedex ** CNRS/URA, Laboratoire d’écologie, 46 rue d’Ulm, 75 230 Paris Cedex 05 Présentation du projet

L’Échenilleur de La Réunion Coracina newtoni est actuellement l'oiseau terrestre le plus menacé de la Réunion. Une population estimée de 120-150 couples seulement semble strictement localisée dans une surface de 16 km2 couvrant la Plaine des Chicots et la Plaine d'Affouches dans les Hauts de Saint-Denis. Bien qu'apparemment stable depuis au moins vingt ans d'après les recensements de Cheke (1976), cette population n'a cependant montré aucun signe certain d'expansion depuis au moins cinquante ans. Elle fut un moment considérée comme plus rare qu'aujourd'hui (Berlioz, 1946), mais sans doute faute de prospection suffisante.

Le Tuit-tuit était autrefois bien plus largement répandu à la Réunion (Cheke, 1987) et des massifs forestiers assez semblables à ceux qu'il occupe actuellement existent encore dans plusieurs régions de l'île, y compris aux abords immédiats de son aire de répartition.

En termes de recherche et de conservation, les principales questions qui se posent sont donc :

1/ Quelle est la situation actuelle de cette population, et notamment quelle est sa dynamique et quelles sont ses chances de survie ?

2/ Quelle est l'écologie de cette population et quels sont les facteurs environnementaux qui en limitent l'accroissement ou l'extension géographique ?

3/ Quelles sont les chances de réintroduction de cette espèce hors de son aire actuelle de distribution, quelle est la faisabilité d'une telle opération et quelle serait la zone la plus propice ?

4/ Quels sont les modes de gestion ou de restauration du milieu (sylviculture, régénération, contrôle des espèces introduites, limitation de la chasse, du tourisme, etc.) les plus favorables au maintien de la population existante, à son développement éventuel ou au succès d'une réintroduction ?

Jusqu'à présent, seule la biologie de l'espèce a été étudiée (habitat, distribution, nombre de couples, vocalisations, régime alimentaire, nidification). Mis à part la synthèse de Cheke (1987), ces données sont disponibles sous formes de rapports internes et quelques articles paru dans des bulletins régionaux. Elles sont encore partielles et méritent un approfondissement. Elles n'ont pas suffi à expliquer la localisation de cette espèce ni à proposer des méthodes efficaces pour sa conservation.

Il convient, par conséquent, d'orienter les recherches dans le cadre des questions posées ci-dessus afin de déboucher sur une stratégie de restauration de la population et de son habitat forestier.

Problématique

Le Genre Coracina de la Famille des Campephagidae est répandu dans une grande partie de l'Afrique et de l'Asie tropicale. Il est homogène dans sa morphologie, son écologie et particulièrement son habitat. Ce dernier est presque toujours composé soit d'une forêt assez haute à sous-bois dense, soit d'une végétation arborée ouverte de type parc ou savane boisée. D'autre part, la plupart des Coracina montent peu en altitude, même quand la forêt de montagne est encore haute, que ce soit en Afrique Orientale, à Madagascar, en Inde, à Sumatra, à Ceylan, en Malaisie, en Birmanie ou à Bornéo.

Il est donc logique de penser qu'à la Réunion, cet oiseau était autrefois répandu dans les forêts de basse altitude principalement où il avait peut-être son optimum écologique. Récemment encore, il était donné de 600 à 1400 m (Pollen, 1865). Il a été collecté vers 1920 à 900 m (Cheke, 1976) et observé à 300 m en 1948 (Milon, 1951). À ces

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époques déjà, la forêt de basse altitude avait pourtant quasiment disparu. Enfin, l'espèce proche de l'Ile Maurice Coracina typica subsiste entièrement à moins de 600 m, où elle atteint d'ailleurs une densité trois à quatre fois supérieure à celle de C. newtoni dans les forêts d'altitude de la Réunion. Ces dernières y sont pourtant beaucoup moins dégradées qu'à Maurice où l'espèce est même en augmentation (C. Jones, comm. orale).

Deux grandes caractéristiques conjuguées du milieu - une structure de futaie relativement haute et claire et une altitude peu élevée - pourraient donc être des descripteurs efficaces d'un boisement favorable à Coracina. L'altitude est susceptible d'agir à la fois sur la structure de la forêt, sa charge en épiphytes, la température, la pluviométrie ou la fréquence des brouillards et enfin la diversité ou la quantité de proies. Ces paramètres sont tous de plus en plus défavorables quand l'altitude croît. Si cette hypothèse qu'il conviendra de vérifier s'avérait exacte, I'habitat actuel du Tuit-tuit pourrait être considéré comme sub-optimal voire limite et comme l'une des dernières zones de forêt de structure favorable et d'étendue suffisante pour abriter une population de taille viable. Ailleurs I'espèce aurait disparu avec la forêt ou se serait retrouvée isolée dans des lambeaux trop petits ou trop peu favorables pour se maintenir sans l'apport d'immigrants provenant d'autres populations plus saines. Ceci expliquerait aussi qu'elle n'augmente pas malgré une relative protection et l'existence d'autres forêts également toutes situées en altitude. La valeur écologique de chaque forêt ou étage peut être évaluée de plusieurs façons :

1/ Composition floristique de la forêt notamment la proportion d'espèces exotiques et le blocage de régénération qui peut en résulter.

2/ Climatologie (température, nébulosité, pluviométrie) susceptible de conditionner tous les autres facteurs.

3/ Physionomie ou structure verticale et horizontale de la forêt et spécialement écart entre la structure observée et celle de type primaire.

4/ Quantité et qualité des ressources alimentaires et surtout leur accessibilité si beaucoup de proies sont très cryptiques ou très cachées ou encore à cycles saisonniers marqués. Le petit nombre apparent d'invertébrés dans la forêt d'altitude rend cette mesure cruciale.

5/ Mesure du succès de chasse des oiseaux dans différents habitats strates, saisons et conditions météorologiques. Mesure de la dépense énergétique représentée par différentes techniques de chasse utilisées selon le milieu le type de proie ou la saison. Cette approche peut à elle seule résumer les conséquences des paramètres ci-dessus.

6/ Structure de la population, taux de reproduction, mesure des paramètres démographiques et dynamique de la population. Ces données sont indispensables pour juger de la « santé », donc du risque d'extinction ou des possibilités de croissance de l'espèce. Sélection de références personnelles citant le Tuit-tuit

ABHAYA, K ; & PROBST, J-M. 1991. Observation sur le nourrissage au nid et émancipation des jeunes Tuit-tuit ou Merle blanc Coracina newtoni à la Plaine des Chicots. MWAF, 1-3. ATTIE, C. et PROBST, J.M. 1991. Compte-rendu de l'étude en cours sur le Tuit-tuit Coracina newtoni . Rapport interne SREPEN. PAYET, M & PROBST, J-M. 1996. Premières mentions du Bulbul orphée (Pycnonotus jocosus ) dans le territoire du Tuit-tuit (Coracina newtoni ). Bull. Phaethon, 4 : 108. PROBST, J-M. 1990. Premières observations cartographiques sur la distribution du Tuit-tuit ou Merle blanc Coracina newtoni à la Plaine des Chicots. MWAF, 1-4. PROBST, J-M. 1991. Contribution à l’étude sur la répartition du Tuit-tuit Coracina newtoni - Oiseau endémique menacé de l’Ile de La Réunion. Rap. Int. SREPEN, 1-14. PROBST, J-M. 1992. Confirmation des nouvelles données sur l’effectif de la population de Tuit-tuit à la Plaine des Chicots, la Plaine d’Affouches, les remparts de Dos d’Ane et les pentes de la Grande Montagne. Rap. Interne MWAF, 1-16. PROBST, J-M. 1992. À propos de la recherche d’une zone de sympatrie entre le Bulbul orphée Pycnonotus jocosus et le Tuit-tuit Coracina newtoni . Rap. Interne MWAF, 1-5. PROBST, J-M. 1993. Recherches bibliographiques et études préliminaires sur la densité et la biologie de l'oiseau endémique menacé : Coracina newtoni Pollen, 1866, Ile de La Réunion, Océan Indien. PROBST, J-M. 1994. Une opération de sauvegarde du Tuit-tuit - établissement des limites du projet de la réserve naturelle de Roche Écrite. PROBST, J-M. 1995. Mentions bibliographiques de 1670 à 1870, relatives à l’Échenilleur de Bourbon ou Tuit-tuit Coracina newtoni oiseau forestier endémique de La Réunion. Bull. Phaethon, 1 : 26-28. PROBST, J-M. 1995. La présence éventuelle de l’Échenilleur Coracina newtoni dans d’autres massifs forestiers situés en dehors de sa répartition connue (île de La Réunion). Bull. Phaethon, 2 : 86-88. PROBST, J-M. 1996. Le Tuit-tuit de La Réunion - Reportage. L’Oiseau Magazine, 44 : 33-35. PROBST, J-M. 1996. Carte de répartition actuelle de la saison de nidification 1995/1996 du Tuit-tuit ou Échenilleur de La Réunion. Bull. Phaethon, 4 : 110-111. PROBST, J-M. 1997. Animaux de La Réunion - guide d’identification des oiseaux, mammifères, reptiles et amphibiens. édt. azalées, 1-168. PROBST, J-M. 1998. Fiche patrimoine naturel à protéger : L’Échenilleur ou Tuit-tuit Coracina newtoni . Phaethon, 8 : 89-90. PROBST, J.M. 1998. Généralités sur la famille des Campéphagidae Coracina - Campochaera - Lalage - Campephaga Pericrocotus

page 35 Écologie et conservation de l’Échenilleur de La Réunion (Tuit-tuit) Coracina newtoni J-M. Probst & J-M. Thiollay

– Hemipus et présentation succincte des taxons endémiques insulaires de l’Océan Indien. Bulletin Phaethon, 8 : 91-101. PROBST, J-M. et ABHAYA, K. 1996. Carte de répartition actuelle de la saison de nidification 1995/1996 du Tuit-tuit ou Échenilleur de La Réunion. Bull. Phaethon, 4 : 110-111. PROBST, J-M. et LOUISIN, J-M. 1998. Quelles sont les espèces d’oiseaux menacés à l’île de La Réunion ? Phaethon, 7 : 32-33. PROBST, J-M. ; COLAS, P. ; LIMIER, F. ; CHERON, J-L. & PRUDHOMME, J-E. 1995. Compte-rendu ornithologique de l'ouverture en canyoning de la Rivière de l'Est (La Réunion). Bull. Phaethon, 1 : 18-21. LOUISIN, J-M. ; PROBST, J-M. & LONGIN, R. 1997. Liste commentée des oiseaux de la Plaine des Chicots (La Réunion). Bull. Phaethon, 5 : 11-19. THIOLLAY, J.M. 1996. Situation générale de l'avifaune réunionnaise. Rapport Diren, 1-13.

En préparation

PROBST, J-M. (en prép.). Catalogue des vertébrés de La Réunion, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères se reproduisant sur l’île. Rap. DIREN. THIOLLAY, J.M. (en prép.). Programme d’étude et de conservation des oiseaux terrestres de La Réunion. Le Taille-vent. THIOLLAY, J.M. & PROBST, J.M. (en prép.). Ecology and conservation of a small insular bird population, the Reunion Cuckoo- shrike Coracina newtoni . Biological Conservation.

page 36 Liste des espèces végétales protégées de l’île de La Réunion Ministère de l’Équipement, du logement, de l’aménagement du territoire et des transports

Bulletin Phaethon, 1998, 7 : 40-41. Liste des espèces végétales protégées de l’île de La Réunion

MINISTERE DE L'EQUIPEMENT, DU LOGEMENT, DE L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ET DES TRANSPORTS

————— ENVIRONNEMENT —————

Arrêté du 6 février 1987 fixant la liste des espèces végétales protégées dans le Département de la Réunion.

Le ministre des affaires sociales et de l'emploi, Le ministre de l'agriculture et le ministre de l'équipement, du logement, de l'aménagement du territoire et des transports, chargé de l'environnement,

Vu la loi n° 76-629 du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature, notamment ses articles 3 et 4 ;

Vu le décret n° 77-1295 du 25 novembre 1977 pris pour son application et concernant la protection de la flore et de la faune sauvage du patrimoine naturel français ;

Vu l'avis du Conseil national de la protection de la nature,

Arrêtent :

Art. 1er - Sont interdits sur le territoire du Département de la Réunion et de ses dépendances, en tout temps, la destruction, la coupe, la mutilation, l'arrachage, la cueillette ou l'enlèvement, le transport, le colportage, l'utilisation, la mise en vente, la vente ou l'achat des spécimens sauvages des espèces ci-après énumérées.

Toutefois, l'interdiction n'est pas applicable aux opérations d'exploitation des fonds ruraux sur les parcelles habituellement cultivées.

PTERIDOPHYTES

Angiopteris madagascariensis (pas de nom local) Asplenium nidus L. Fougère langue de boeuf

PHANEROGAMES ANGIOSPERMES 1 - Monocotylédones

Angraecum palmiforme (pas de nom local) Angraecum eburneum Bory. Petite Comète Beclardia macrostachya (Tchou) A. Rich. Muguet Calanthe sylvatica (Tchou) Lindl. (pas de nom local) Cryptopus elatus (Tchou) Lindl. Gros Faham Graphorkis concolor (Tchou) Lindl. Corne de bouc Lomatophyllum macrum (Haw) Salm-Dyck. Mazambron marron Phaius aff. pulchellus Kraenzl.

page 40 Liste des espèces végétales protégées de l’île de La Réunion Ministère de l’Équipement, du logement, de l’aménagement du territoire et des transports

2 - Dicotylédones

Badula borbonica A. DC. var. macrophylla (Cordea Coode). Bois de savon Badula fragilis Bosser & Coode. Bois de savon Berenice arguta Tul. (pas de nom local) Indigofera ammoxylon DC. Bois de sable Carissa xylopicron Thouars. Bois amer Claxylon racemiflorum A. Juss. ex Baillon. Bois d'oiseaux Clerodendron heterophyllum R. Br. Bois de chenilles Croton mauritanus Lam. Petit bois de senteur Delosperma napiforme (N.E. Br). Schwantes. Lavangère Dombeya populnea (Cac.) Baker. Bois de senteur Drypetes caustica (Frappier ex-Cordem) Airy Shaw. Corce blanc bâtard Embelia micrantha A. DC (pas de nom local) Eriothrix lycopodioides DC. (pas de nom local) Erythroxylon hypericifolium Lam. Bois d'huile Euodia segregis Cordem. Catafaille de Mafate Euphorbia viridula Cordem, ex A. Radeliffe-Smith. (pas de nom local) Faujasia fontinalis Cordem. (pas de nom local) Faujasia squamosa DC. (pas de nom local) Foetidia mauritiana Lam. Bois puant Gastonia cutispongia Lam. Bois d'éponge Gouania mauritiana Lam. subsp. mauritiana . Liane Montbrun Hernandia mascarenensis (Meisn) Kubitzbi. Bois blanc Heterochaenia borbonica Bad. et Cad. (pas de nom local) Heterochaenia ensifolia (Lam.) DC. (pas de nom local) Heterochaenia rivalsii Bad. et Cad. (pas de nom local) Hibiscus boryanus DC. Mahot bâtard Hibiscus columnaris Cav. Mahot rempart Hugonia serrata Lam. Liane de clé, Liane papangue Lobelia parva Bad. et Cad. (pas de nom local) Medinilla loranthoides Naud. (pas de nom local) Mucuna spp. (pas de nom local) Obetia ficifolia (Poiret) Gaudich. Bois d'ortie, Bois de source blanc Ochrosia borbonica Gmel. Bois jaune Polyscias aemiliguineae Bernardi. Bois de plat, Bois de papaye Polyscias rivalsii Bernardi. Bois de papaye Pourpartia borbonica Lam. Bois de poupart, Bois d'évi marron Psathura borbonica J. Gmelin. var. borbonica Bois cassant Psiadia retusa DC. Saliette, Salière Psiadia sericea (Bory) Cordem. (pas de nom local) Ruizia cordata Cav. Bois de senteur blanc Scolopia heterophylla (Lam) Sleumer. Bois de tisane rouge, Bois de balai Sideroxylon majus (Gaerth. f.) Baechni. Bois de fer Stillingia lineata (Lam.) Muell. Bois de lait, Tanguin du pays Strongylodon siderospermum Cordem. Cadoque Tabernaemontana persicariaefolia Jacq. Bois de lait Tournefortia arborescens A. DC. (pas de nom local) Trochetia granulata Cordem. (pas de nom local) Xylopia richardii Boiv. Bois de banane, Bois de bobre Zanthoxylum heterophyllum Smith. Bois de poivrier, Catafaille noir, Bois blanc-rouge

page 41 La reproduction en captivité du Gecko vert de Vinson Phelsuma ornata un programme de conservation pour les îles de l’Océan Indien J-M. Probst & A. Turpin

Bulletin Phaethon, 1998, 7 : 42-45. La reproduction en captivité du Gecko vert de Vinson Phelsuma ornata

Pour un programme de conservation des taxons menacés des îles de l’Océan Indien

Jean-Michel Probst* & Agnès Turpin*

*Nature & Patrimoine, B.P. 279, 97 827 LE PORT cedex

Le Gecko vert de Vinson Phelsuma ornata est une espèce endémique de l’île Maurice. Elle est distribuée sur tout le littoral de l’île principale, ainsi que sur quelques îlots adjacents. Cette espèce est commune sur l’île aux Aigrettes, une réserve naturelle de 25 hectares sur laquelle nous avons mené un double programme de conservation :

-Restauration de la flore indigène et endémique (Strahm, 1987 ; Probst, 1996) -Sauvetage d’oiseaux endémiques menacés (Jones, 1980, 1982, 1990).

Sur cette île, le Gecko vert de Vinson est une des proies les plus appréciées de la Crécerelle de Maurice Falco punctatus qui fait l’objet de relâchage suivi en radio-tracking (Probst, 1996). Pour les faucons juvéniles, ce petit reptile est une proie aisée à attraper. Nous avons vite remarqué qu’elle faisait le lien idéal entre la nourriture morte (souris blanche et poussin de laboratoire) et une véritable proie sauvage. Le Gecko vert de Vinson a donc fait l’objet d’une étude sur sa dynamique de population puis d’un programme de reproduction en captivité. Présentation succincte de l’espèce Le Gecko de Vinson fait partie de la Famille des Gekkonidae. Cette petite espèce, endémique de l’île Maurice, mesure au maximum 63 mm du museau à l'anus 1. Les mâles sont plus grands que les femelles. Les parties supérieures du corps sont de couleur bleu vert phosphorescent parsemé de fines bandes et tâches rouge vif. Il possède deux lignes blanches sur le côté de la tête et des motifs souvent différent sur le haut du museau. Le dessous est uniformément blanc. Sous ses doigts, il possède des lamelles adhésives qui agissent comme de véritables ventouses sur toutes les surfaces lisses (et sèche). Comme la plupart des animaux endémiques, il est peu craintif et ne semble pas craindre une présence trop proche. En revanche il craint par dessus tout le vol des gros oiseaux. Même une tourterelle qui ne s’intéresse nullement à lui le fera bondir à terre s’il est surpris. Il faut dire que les Faucon crécerelle en consomment beaucoup. Nous avons également observer une capture par un Bulbul orphée Pycnonotus jocosus et un intérêt certain (mais sans capture victorieuse) du Martin Acridotheres tristis . S’il passe à proximité d’un promeneur, il passe difficilement inaperçu !

Taxonomie 1825 Phelsuma ornatum Gray. Ann. Philos. London, (2), 10 : 199 1963 Phelsuma vinsoni Mertens. Senckenb. biol., Frankfurt/M., 44 (5) : 353. Fig 2 1966 Phelsuma vinsoni Mertens. Senckenb. biol., Frankfurt/M., 47(2):87 1970 Phelsuma ornata ornata Mertens Senckenb. biol., Frankfurt/M., 51:11 Méthodologie

Élevage en captivité L’objectif premier de cet élevage de geckos est d’évaluer les possibilités de fournir des proies vivantes aux oiseaux captifs. Il importait en premier lieu que le stock sauvage de l’île aux Aigrettes ne diminue pas sous la pression d’une collecte trop importante. La population captive de la volière centrale comptait parfois jusqu’à 9 faucons juvéniles ensemble. Le deuxième objectif était de tester la possibilité de favoriser, voire réintroduire le gecko endémique dans des milieux littoraux où il aurait disparu.

1 Mesure effectuée sur 47 individus capturés sur l'île aux Aigrettes. page 42 La reproduction en captivité du Gecko vert de Vinson Phelsuma ornata un programme de conservation pour les îles de l’Océan Indien J-M. Probst & A. Turpin Aménagement du terrarium Pour les geckos de Vinson comme pour les autres taxon du Genre Phelsuma , il est très important de les exposer au soleil. Les cages ont donc été aménagées sur l’île aux Aigrettes, dans d’anciennes bâtisses abandonnées de 4 mètres x 4 mètres de côté et de 2,50 mètres de hauteur. Les ouvertures (porte et fenêtre) ont été grillagées de 2 ventaux amovibles laissant aux animaux la possibilité de recevoir la lumière directe du soleil (importance des U.V. dans la croissance et le bien être des geckos captifs).

Nous y avons placés des plantes en pot, provenant directement de la pépinière de l’île : Dracaena concinna, D. reflexa, Dyospiros egrettarum, Ehretia petiolaris, Erythroxyllum sideroxiloides, Eugenia lucida, Gastonia custiponga, Ipomoea pes caprae, Lomatophyllum tormentorii, Maytenus pyria, Oeniela aphrodites, Pandanus vandermeerschii, Psiadia trinerva, Scaevola taccada . Nous avons également placé quelques nichoirs (bambous creux)dans l’espoir d’y voir déposer des œufs.

Mise en place du suivi de l’incubation Afin d’obtenir des données sur l’incubation naturelle des œufs (sans incubateur artificiel), nous avons placés un terrarium dans chaque cage. Ceux-ci devant permettre un suivi plus commode des œufs pondus en captivité. Afin de démarrer au plus vite cette observation, nous avons testé la méthode en collectant des œufs sur des substrat végétaux (plus aisé à déplacer). Pour cela, 27 œufs de Gecko de Vinson ont été récoltés dans la nature et placés aussitôt dans un terrarium dans la même position (importance de la régulation de la consommation du dioxygène et du rejet de dioxyde de carbone et de la vapeur d’eau). Nous avons également confectionné 2 cages / volières équipées de plantes indigènes (Bois de chandelle, Vacoas, Bois de bœuf, etc. provenant de la pépinière de l’île). Ces enceintes contenaient 4 mâles et 8 femelles chacune soit un total de 24 adultes. Dans ces conditions, les individus reproducteurs ont été gardés pendant un peu plus de 8 mois. Toutes les données nouvelles sont consignées dans un carnet de terrain contenant au minimum, la date, l’espèce concernée et le comportement observé. Résultats

Sur l’île aux Aigrettes, les Geckos de Vinson sont commodes à capturer et à maintenir en captivité. Aucune perte n’a été constatée et la reproduction (une copulation) a débuté le jour suivant l’installation des premiers adultes. Notons que si l’élevage est réalisé à ciel ouvert dans les Mascareignes (avec au moins une face de la cage orientée au soleil), les problèmes d’éclairage disparaissent.

Ponte Nous avons observé des pontes tout au long des 8 mois de captivité. Les premiers œufs ont été pondus, par une femelle déjà fécondée, sous une feuille de Pandanus dès le 12 ème jour. Les pontes donnent un ou deux œufs blancs qui sont généralement collés sur le substrat (plante, écorce ou ciment). Suivant le taux d’hygrométrie et la chaleur, l’incubation dure entre 42 et 63 jours.

Sur les 27 œufs récoltés, 25 ont éclos et ont donné des juvéniles autonomes. La croissance est rapide. Au moins 4 femelles, nées en captivité, se sont reproduites le dernier mois (aucune donnée sur les mâles nés en captivité qui ont été donnés à manger aux crécerelles).

Sur les 8 mois de captivité, nous avons constaté la ponte de 91 œufs soit une moyenne de 0,71 œufs par femelle et par mois soit 5,68 œufs par femelle en 8 mois. Il est évident que certaines femelles pondent plus que d’autres. Certaines n’ont peut-être pas pondu ? Afin de connaître véritablement la « production » d’une femelle à l’année, il est nécessaire d’élever les animaux par couple.

Nourriture Nous avons favorisé le plus possible la nourriture naturelle provenant de l’île aux Aigrettes (pulpe de fruits, nectar de fleurs et divers petits insectes). Les espèces végétales indigènes sont très appréciées : Dracaena concinna, Eugenia lucida, Pandanus vandermeerschii, Dyospiros egrettarum, Scaevola taccada, Oeniela aphrodites . Une nourriture d’appoint, essentiellement des fruits exotiques a été apporté avec succès (Papaye, Mangues, Letchis, Banane, Pastèques, Melons, Avocats) et du miel. Les Geckos de Vinson consomment également quelques rares insectes. Ils sont généralement capturés près des fleurs, la pulpe des fruits ou hasard des rencontres. Certains semble bien appréciés : Acheta sp. , Drosophila sp., des petits Isoptères ailés, des petits Orthoptères, des petits Diptères, Lépidoptères et page 43 Bulletin Phaethon - Volume 7 (1998)

Hyménoptères. Enfin, nous avons remarqué qu’ils appréciaient aussi les petites araignées et … d’autres geckos nocturnes s’il sont plus à peine plus petits et même sa propre descendance !

Remarques sur le comportement en captivité Afin d’éviter le stress, il est important de placer beaucoup de plantes appréciée par l’espèce concernée (vacoas, Bois de chandelle, Latanier).

D’après plusieurs éleveurs contactés, les geckos du Genre Phelsuma ne doivent pas être mis ensemble dans le même terrarium. Il semble préférable de tenir un couple captif plutôt qu’un petit groupe.

Enfin, comme nous l’avons observé dans la nature, si une petite différence de taille existe entre les individus, ils risquent de se manger entre eux.

Perspectives de conservation

Sous réserve d’un encadrement rigoureux, la reproduction des Phelsuma les plus menacés des îles de l’Océan Indien pourrait faire l’objet d’un programme de conservation. Les espèces ayant une faible distribution comme le Lézard vert de Manapany Phelsuma inexpectata (Bour & Al., 1995), le Gecko vert des forêts P. borbonica mater (Meier, 1995), le Gecko vert d’Agalega P. agalegae (Cheke, 1975), le Gecko de Gunther P. guentheri (Bloxam & Vokins, 1978), le Gecko de Robert Mertens P. robermertensi (Meier,1981) et bien d’autres encore mériteraient d’être reproduit en captivité et réintroduit dans des espaces protégés où ils habitaient avant l’arrivée de l’homme (Mc Keown, 1996).

Une ferme de maintenance et de reproduction de ces espèces permettrait la sauvegarde de ces animaux. Une partie de l’enceinte, indemne de tout prédateur, permettrait de présenter ces espèces au public, sans danger pour les reptiles. Des passages obligés (en tunnel grillagé ou en plexiglas) ainsi que des zones d’observation privilégiées permettrait une sensibilisation à la beauté de ce monde inconnu de la grande majorité des réunionnais.

Des actions de conservation en relation avec des propriétaires de grands jardins ou de propriétés plus importantes permettrait d’étendre les populations sauvages. Il s’agit essentiellement de planter des espèces végétales particulières, de poser des nichoirs adaptés ainsi que des cages de propagation où seul les juvéniles peuvent s’échapper et coloniser les massifs de plantes des alentours.

Bibliographie

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BOUR, R.; PROBST, J.M. et S. RIBES 1995. Phelsuma inexpectata Mertens 1966, le lézard vert de Manapany-les- Bains (La Réunion) : données chorologiques et écologiques (Reptilia, Gekkonidae). Dumerilia, 2 : 99-124.

CHEKE, A.S. 1975. An undescribed gecko from Agalega : Phelsuma agalegae sp. nov . Bull. Maur. Inst. 8 : 33-48.

MC KEOWN, S. 1996. Managing and breeding Mauritius Day Gecko (Phelsuma ) in captivity. Proc. Royal Society Arts et Sciences of Mauritius, 6 : 1-12.

MEIER, H. 1981. Phelsuma robertmertensi ein neuer Taggecko. Herpetofauna 11 : 6-8.

MEIER, H., 1995. Neve Nachweise von Phelsuma borbonica auf Reunion, Maskarenen, mit dem Versuch einer taxonomischen Einordnung. Salamandra, 31 (1) : 33-40.

PROBST, J-M. 1996. Relations et réponses d’un rapace endémique insulaire Falco punctatus suivi au radio-tracking à une forêt tropicale insulaire (île aux Aigrettes). Bull. Phaethon, 3 : 16-21.

RÖSLER, H. 1983. De Réunion-daggekko ( Phelsuma ornata inexpectata ) in het terrarium. Lacerta, 42 (2) : 21-24.

TURPIN, A. et PROBST, J-M. (en prép.). Essai d’une carte de répartition des deux taxons endémiques du Gecko vert des forêts : Phelsuma b. borbonica et P. b. mater. Bull. Phaethon, 8.

page 44 La reproduction en captivité du Gecko vert de Vinson Phelsuma ornata un programme de conservation pour les îles de l’Océan Indien J-M. Probst & A. Turpin

VINSON, J.M. 1976. The saurian fauna of the Mascarene Islands. II The distribution of Phelsuma species in Mauritius. Mauritius Inst. Bull. 8 : 177-195.

page 45 Bulletin Phaethon - Volume 7 (1998)

Le Genre Phelsuma dans les Mascareignes

Il existe plus de trente espèces de Phelsuma dans le monde, tous sont répartis dans la zone tropicale de l’Océan Indien. 24 sont endémiques d’une île. Dans les îles des Mascareignes, il existait 7 espèces, toutes endémiques d'une seule île.

À Maurice, on rencontre 4 espèces (dont 1 à l’île Ronde) À l'Ile Rodrigues, 2 espèces, de grande taille, ont disparu. À La Réunion, 2 espèces sont très localisées.

Il subsiste encore 2 espèces : le Phelsuma borbonica réparti dans toute la zone littorale dite "sous le vent" de St Denis à St Philippe. et le Phelsuma inexpectata qui ne se rencontre que dans une petite aire de répartition à Manapany-les-Bains.

TOMEY, W.A. 1976. La reproduction de Phelsuma lineata chloroscelis . Aquarama, 9 (31) : 36-38.

TONGE, S. 1985. The management of juvenile telfair's Skinks Leilopisma telfairii with particular reference to the role of ultra violet light. Pp 61-72 in Reptiles : breeding, behaviour and veterinary aspects. British Herpetological Society.

TONGE, S. 1990. The past, present and future of the herpetofauna of Mauritius. Chicago Herpetological Society Bulletin 25 : 220-226.

TONGE, S et BARLOW, S.C. 1985. Aspects of the biology of the Round Island Skink Leilopisma telfairii. Dodo, Journal of the Jersey Wildlife Preservation Trust. 22 : 97-109.

TROMBETTA, D. 1981. Vie et reproduction en captivité de Phelsuma madagascariensis grandis . Aquarama, 15 (57) : 42-45 et 75-77.

page 46 Première observation du Crabier blanc Ardeola idae dans la région de l’Étang du Gol (île de La Réunion) K. Abhaya & J-M. Louisin

Bulletin Phaethon, 1998, 7 : 46-47. Première observation du Crabier blanc Ardeola idae dans la région de l’Étang du Gol (île de La Réunion)

Késava Abhaya * & Jean-Marie Louisin *

*Nature & Patrimoine, B.P. 279, 97 827 LE PORT cedex

Introduction

À 6h15 du matin, le 6 juin 1998, l’un de nous (KA) observe un Ardeidae blanc derrière les bassins de décantation de l’Usine sucrière du Gol. Il prospecte méthodiquement les tas de « bagasse » décomposition des déchets organiques de la canne à sucre. Observé de loin, son déplacement et ses postures immobiles diffèrent du Héron garde bœufs qui est parfois observé dans la région du Gol (Abhaya & Al., en prép.). Il est également distinct de tous les autres oiseaux d’eau déjà répertoriés (Barré, Barau & Jouanin, 1996 ; Probst, 1997). L’aspect massif du corps de l’oiseau, la couleur blanche immaculée et le bec sombre confirme que l’oiseau n’est pas un Héron garde bœufs. Le souvenir de l’observation d’un Butor Butorides striatus en phase sombre, presque mélanique (obs. pers. avec Jean-Michel Probst), me font douter un instant qu’il s’agisse d’un individu albinos. L’approche à environ 40 mètres révèle la couleur bleue du bec de l’oiseau : un Crabier blanc ! L’observation exceptionnelle doit être confirmée.

Après avoir contacté l’association 1, nous retournons (avec JML) sur le site avec nos compagnes. Nous réalisons 36 clichés de l’individu isolé qui se laisse approcher jusqu’à environ 30 mètres. L’oiseau est à peine plus grand qu’un Butor, il est de couleur entièrement blanche. Une houppe de plumes blanches sur le sommet de la tête ainsi que les parties nues roses des pattes indiquent qu’il s’agit bien d’un adulte, qui plus est visiblement en plumage nuptial ! Existerait-il donc un autre individu ? Aucune observation ultérieure n’est malheureusement venu le confirmer.

Par 9 fois, nous observerons assez régulièrement ce même oiseau, toujours isolé, dans la même région (6/06, 7/06, 1/07, 22/07 : Bassin de l’usine sucrière du Gol, 14/06 : Bassins de décantation de la station dépuration du Gol, 13 & 14/06 : Bassins de la pisciculture de l’ARDA, 13/06, 29/07, 5/08 : arrière de l’étang du Gol et 8/07 : embouchure de la rivière Saint Étienne). À partir du 6 août où il est observé à terre en compagnie d’un Héron garde bœufs à l’Anse aux limicoles de l’Étang du Gol, nous n’aurons plus aucun contact.

Tous les week-ends, nous compléterons peu à peu nos observations. À l’envol, ses ailes blanches paraissent courtes et très larges ; les pattes dépassent légèrement de la queue. Sa distance de fuite paraît moins importante que notre Butor (une approche à environ 20 mètres). Les lores et le cercle orbital sont du même bleu que la couleur du bec dont la pointe est terminée de noir (1/3 de la longueur). Les plumes ornementales paraissent aussi longues que le crabier chevelu (elles retombent dans le haut du dos). Intérêt de l’observation

À notre connaissance, c’est la première fois que cette espèce est notée à La Réunion. En dehors de sa distribution connue : Madagascar, Comores, Seychelles, Afrique de l’Est (Penny, 1982 ; Louette, 1988 ; Langrand, 1995 ; Zimmerman & al., 1996), il a été répertorié récemment à Europa (Probst, 1996 ; Le Corre & Jouventin, 1997). Il est plausible qu’elle existait elle autrefois du temps de Dubois et Feuilley mais elle n’a jamais été mentionnée ? Il s’agit probablement ici d’un individu erratique. Par quelles circonstances a-t-il pu atteindre les côtes de La Réunion ? Mystère !

Son origine malgache est probable. Ce qui est plus intéressant, c’est que ce spécimen était un adulte et donc capable de se reproduire. Peut-on espérer une installation prochaine d’une petite population ? Les observations isolées de Héron

1 Jean-Michel Probst qui n’a pu se libérer d’une expédition dans le Piton des Neiges, l’observera finalement en notre compagnie le 25/07/1998.

page 47 Bulletin Phaethon - Volume 7 (1998) garde bœufs, de Héron cendré, voire d’Aigrette dimorphe, de Noddi à bec grêle et de Gygis blanche sont toujours une joie pour les « birwatcheurs » mais ne sont pas très bien vue des pêcheurs locaux. Nous publierons prochainement un article sur le Héron garde bœufs qui semble de plus en plus répertorié dans notre île. Bibliographie

ABHAYA, K. LOUISIN, J-M., ZITTE, A. & PROBST, J-M. (en prép). Quelques observations du Héron Garde bœufs réalisées en 1998 à l’Ile de La Réunion. Bull. Phaethon, 8.

BARRÉ, N. ; BARAU, A. et JOUANIN, C. 1996. Oiseaux de La Réunion. Les éditions du Pacifique, 1-207.

LANGRAND, O. 1995. Guide des oiseaux de Madagascar. Delachaux et Niestlé, 1-415.

LE CORRE, M. et JOUVENTIN, P. 1997. Ecological significance and conservation priorities of Europa Island (western Indian Ocean), with special reference to seabirds. Terre et Vie 52 : 205-220.

LOUETTE, M. 1988. Les oiseaux des Comores. Tervuren, Belgium : Musée Royal de l'Afrique centrale. Annales Sér. in -8, Sci. Zool. M.R.A.C. n°255 : 1-192.

PENNY, M.J. 1982. The birds of Seychelles and the outlying islands. Collins Son, Glasgow. 1-160.

PROBST, J-M. 1996. Note au sujet de l’observation nouvelle du Crabier blanc Ardeola idae sur l’île Europa (Océan Indien). Bull. Phaethon, 4 : 106.

PROBST, J-M. 1997. Animaux de La Réunion - guide d’identification des oiseaux, mammifères, reptiles et amphibiens. édt. azalées, 1-168.

PROBST, J-M. 1997. Observation de la prédation d’un Crabier blanc Ardeola idae sur un Scinque bleu Cryptoblepharus boutonii . Bull. Phaethon, 6 : 106.

ZIMMERMAN, D.A. ; TURNER, D.A. et PEARSON, D.J. 1996. Birds of Kenya and Northern Tanzania. Russel Friedman Books, USA, 1-740.

page 48 Bulletin Phaethon – Volume 7 (1998) Nouvelles brèves Bulletin Phaethon, 1998, 7 : 48. Autre mention

Capture d’un Furet Si auparavant cette espèce n’avait pas été Mustela furo rencontrée dans le milieu naturel (Probst, 1997), il existe au moins deux captures à La Réunion. Celle à Saint-André ! mentionnée ici et un autre individu qui a été capturé par des membres de la SREPEN. Un ami m’a confirmé (île de La Réunion) que cet animal est actuellement élevé en terrarium à Saint Joseph. Gérard Courbet*

*Nature & Patrimoine, B.P. 279, Bibliographie 97 827 LE PORT cedex BOUCHARDY C. et MOUTOU, F. 1989. Observer les mammifères sauvages- les indices de présence Introduction et l’observation directe. Bordas, 1-239.

Le 12/08/93, au bord de l’embouchure de la Rivière PROBST, J-M. 1997. Animaux de La Réunion - guide du Mât, alors que je désirais capturer des grenouilles d’identification des oiseaux, mammifères, malgaches Ptychadena mascareniensis pour les reptiles et amphibiens. édt. azalées, 1-168. observer en terrarium, je fais une rencontre inattendue avec un petit mammifère que je n’avais jamais observé MOUTOU, F. et BOUCHARDY C. 1992. Les auparavant. Il était coincé sous une pierre et tentait de mammifères dans leur milieu. Bordas, 1-255. se dégager par tous les moyens. Description

À sa capture, ce spécimen mâle mesurait 42 centimètres et pesait 530 grammes. La couleur gris clair de l’animal, son corps allongé, sa petite tête munie de petites oreilles arrondies et ses yeux rouges m’ont tout de suite renseigné sur son identité : un furet domestique ! Note biologique

La présence de cet animal dans la nature peut constituer un danger non négligeable sur la faune locale. Il s’agit, à n’en pas douter, d’un animal échappé de captivité. Heureusement, c’est un mâle isolé, qui ne peut par conséquent pas se reproduire. Si cela était une femelle pleine, les dégâts seraient sans doute considérables.

À Maurice, c’est sans doute l’introduction d’un carnivore 1 introduit qui a entraîné ou au moins accéléré la disparition des colonies du Puffin de Baillon Puffinus lherminieri bailloni . On la tient pour responsable de la limitation des naissances des oiseaux forestiers endémiques : Pigeon rose, Perruche verte, Faucon crécerelle, Foudi de Maurice, Coq des bois, etc. (Comm. pers. Jean-Michel Probst).

En captivité, mon animal mange de tout. J’ai tenté, toujours avec succès de lui donner de la nourriture vivante : grenouilles, petites souris, gros insectes, œufs, 1 couleuvre loup, etc. Il semble apprécier moyennement les crapauds.

1 La Mangouste indienne grise Herpestes edwardsii

page 48 Bulletin Phaethon - Volume 7 (1998) Nouvelles brèves

Bulletin Phaethon, 1998, 7 : 49. -1 ind. devant la plage de la base météo. -2 ind. à l’entrée du Grand Lagon. Liste commentée Requin à aileron du large des requins observés autour Carcharhinus longimanus Rare ? Une seule observation de deux individus à de l’île Europa fleur d’eau lors d’une pêche à la traîne. Alors qu’un pêcheur ramenait une Carangue, cette espèce de requin Jean-Michel Probst* a tourné deux fois autour du bateau et nous a laissé le temps d’observer son aileron arrondi et largement taché *Nature & Patrimoine, B.P. 279, de blanc. 97 827 LE PORT cedex -pêche à la traîne au large de la plage de la base météo Cinq espèces de requins ont été observées autour de l’îlot Europa. Les observations ont été réalisées au Requin tigre cours de deux missions de plus de 45 jours (du 28 Galeocerdo cuvier novembre 1994 au 12 janvier 1995 et du 8 mars au 27 Rare ? Deux observations dont une sous l’eau, et avril 1995) dans le cadre de missions ornithologiques une autre, d’un individu pêché la nuit par les militaires organisées par le Muséum d’Histoire Naturelles de (restes entiers des 4 membres et d’une tête d’une Saint-Denis de La Réunion. Celles-ci sont présentées grande tortue verte adulte). sous la forme d’une liste commentée. -1 ind. devant le débarcadère. Liste commentée Requin citron Negaprion acutidens Rare ? Une observation d’un individu pêché la nuit Requin de récif à pointe noire par les militaires. Carcharhinus melanopterus -1 ind. de 1,82 m. à la plage de la Baie aux Congres Abondant. C’est l’espèce la plus commune, (12 petites tortues dans l’estomac). régulièrement observée lors des plongées en masque tuba au sud de l’île et aux abords du Grand Lagon et la plus régulièrement pêchée du bord dans le nord de Bibliographie l’île ; des petits individus (40 à 70 cm) sont régulièrement observés dans le Grand lagon. Ils sont COUPE, S. et COUPE R. 1990. La petite encyclopédie généralement répartis le long de la côte (environ un des requins. Bordas, 1-68. individu tous les 50 à 100 mètres). Toutefois, ils se regroupent parfois en bandes de plus de 10 individus MAUGÉ, L.A. 1966. Poissons sélaciens et Téléostéens (une observation record de 18 petits requins dans 25 récoltés à l’île Europa du 6 au 24 avril 1964. m2). Mission scientifique à l’île Europa. Muséum de -3 petits ind. dans le Grand Lagon. Paris, 91 : 33-100. -2 ind. moyens en face de la station météo. -1 ind. à l’entrée du Grand Lagon. JOHNSON, R.H. 1995. Requins des mers tropicales et er -5 ind. dans le 1 bras. tempérées. Éditions du Pacifique, 1-170. -2 ind. devant la station. -9 ind. en face de l’îlot paille-en-queue et chasse de 2 ind. de 1,50 m. -2 ind. moyens dans le Grand Lagon. -1 ind. dans la passe du Grand Lagon. -18 ind. dans le Grand Lagon. -12 ind. à l’embouchure du 1 er bras. -2 ind. en plongée devant la passe. -5 ind. d’1 m. en chasse dans le lagon. -3 ind. en mer sur la plage Sud-Ouest. -1 ind. devant la base météo.

Requin à pointe blanche Carcharhinus albimarginatus Commun ? Seulement Trois contacts dont une apparition furtive sous l’eau et une pêche nocturne par les militaires. -3 ind. lors d’une pêche à la traîne en limite de la Baie aux Congres.

page 49 Bulletin Phaethon – Volume 7 (1998) Nouvelles brèves

Bulletin Phaethon, 1998, 7 : 50. la cavité d’un arbre. Il est généralement garni de débris végétaux, de feuilles, de duvet. La ponte est généralement constituée de 9 à 18 œufs et l’incubation La reproduction du canard colvert dure entre 22 et 28 jours. Nous n’avons aucune donnée Anas platyrhynchos sur le couple de l’étang du Gol. En revanche, le 31/8/97, 2 canetons ont été observés ensemble près de à La Réunion la femelle, dans le plus long canal d’évacuation situé en arrière des bassins de la ferme aquacole. L’un de Bernard Colinnet* nous (BC) les a revu les deux week-ends suivant mais & Jean-Michel Probst* seul restait le couple après le 27/9.

*Nature & Patrimoine, B.P. 279, Que sont devenu ses deux juvéniles ainsi que les 97 827 LE PORT cedex autres membres de la portée, sans doute dévorés par un prédateur ? Autres que les rats, il existe plusieurs Introduction chiens de garde dans l’enceinte de la ferme. On peut aussi supposer qu’il s’agisse d’un braconnier. De nombreux trous dans le grillage permettent un accès À La Réunion, l’observation du canard colvert n’est facile à l’arrière des bassins. pas une rareté puisque le 27/4/1993, l’un de nous (JMP), en a comptabilisé 236 individus dans l’étang de Saint-Paul 1. À l’étang du Gol, les observations sont Bibliographie plus rares (8 observations depuis 1990). Mais en revanche, la reproduction du canard colvert n’a, DEL HOYO, J. ; ELLIOTT, A. and SARGATAL, J. semble-t-il, jamais été mentionnée dans la nature à La 1992. Handbook of the birds of the world. Vol. Réunion. 1. Ostrich to Ducks. ICPB/Lynx Prod., 1-696. Détail des observations PROBST, J-M. 1997. Animaux de La Réunion. édt. azalées, 1-168. Le 8/2/1997, un couple de canards colverts a élu domicile dans la région de l’étang du Gol. La plupart du temps, le couple se promène le long du canal ou dans les plus grands bassins de la ferme aquacole.

Par deux fois, le mâle est observé dans le bassin de décantation de l’Usine de Canne à sucre de l’Étang du Gol. Curieusement, aucune observation n’a pu être enregistrée dans l’étang principal.

La provenance de ce couple reste inconnue mais semble due à une introduction volontaire. En effet, quelques mois après, le 3/8/97, deux autres espèces - le Canard carolin Aix sponsa et le Canard mandarin Aix galericula . - ont été répertoriées dans l’étang du Gol et dans les bassins aquacoles. Ils semblent depuis s’être « acclimatés » dans le plus grand bassin inférieur à l’Ouest de l’étang.

À l’étang du Gol, d’autres canards ont également été observés : le Canard de Meller A. melleri en décembre 1986, la Sarcelle d’été A. querquedula (plus de 10 observations depuis 1980). Détails sur la nidification

En Europe, la reproduction du canard colvert est bien documentée. Son nid (non observé ici) est souvent installé à terre, caché dans les broussailles, parfois dans

1 Ces individus domestiques appartenaient à un restaurant qui a fermé ses portes. Toute cette population divaguait dans l’étang au niveau du pont de la 4 voies.

page 50 Bulletin Phaethon – Volume 7 (1998) Nouvelles brèves

Bulletin Phaethon, 1998, 7 : 51. n’avons pas compris dans cette note les oiseaux que les ouragans ou d’autres causes chassent accidentellement sur les rivages de Bourbon, entre Un Paille-en-queue à brins rouge autres des Flamants, sarcelles, frégates, paille en adulte queue à brins roses, rolliers, etc. » Phaethon rubricauda Bibliographie observé au large du Cap Lahousaye (La Réunion) LANGRAND, O. 1995. Guide des oiseaux de Madagascar. Delachaux et Niestlé, 1-415. Jean-Michel Probst* & Noël Coujou* MAILLARD, L. 1863. Note sur l'île de la Réunion (Bourbon). Vol. 1 Paris. 1-343, annexes A-R, Nature & Patrimoine, B.P. 279, pl. 1-27. 97 827 LE PORT cedex MICHEL, C. 1992. Birds of Mauritius. Edit. Océan Introduction Indien. Stanley, Mauritius, 56p. PENNY, M.J. 1982. The birds of Seychelles and the Autour de La Réunion, le Paille-en-queue à brins outlying islands. Collins Son, Glasgow. 1-160. rouges est une espèce indigène présente à Maurice, Rodrigues, (Michel, 1992) Tromelin et Madagascar PROBST, J-M. 1997. Animaux de La Réunion. Guide (Langrand, 1995) et les Seychelles (Penny, 1982). d’identification des oiseaux, mammifères, reptiles et amphibiens. édt. azalées, 1-168. Son occurrence à La Réunion serait attestée par un (Probst, 1997), peut être deux spécimens conservés au Muséum de Saint-Denis. Un pêcheur professionnel de Saint-Paul et un plaisancier de Saint-Pierre en aurait vu au niveau des DCP. Une autre observation, plausible, mais classée comme « douteuse » car observée au télescope très au large de Petite île n’a pu faire l’objet d’une détermination précise.

Le 13/08/1998, nous effectuons, en fin d’après midi, une séance de sea-watching au Cap Lahoussaye à l’intention des Labbes subantarctiques fréquentant la baie de Saint-Paul mais aussi afin de noter l’arrivée des premiers pétrels de Barau reproducteurs. À 16H50, le temps est calme, dégagé, et il est possible de distinguer 29 Noddis bruns sur la tonne de St Paul (bouée caractéristique ancrée à 40 mètres de fond). Alors que nous balayons la surface à la recherche d’éventuels grands dauphins Tursiops truncatus commun dans la baie, nous nous arrêtons sur un gros paille en queue blanc, à environ un kilomètre du Cap de la Marianne.

La couleur du bec n’est pas visible, seul le sourcil noir tranche sur son plumage blanc pur. Le corps légèrement oblique, il se laisse dériver pendant environ 10 minutes, puis s’ébroue et étire ses ailes, totalement blanches. Il s’élance alors vers le ciel et se dirige vers le Nord, le long de la baie de Saint-Paul, puis oblique vers le large en oblique de la Pointe des Galets. Les jours suivant, nous rechercherons tous deux sa présence autour du Port, de la Possession et Saint-Paul mais sans succès.

Alors que cette note était écrite nous avons découvert qu’une autre observation ancienne de cette espèce avait été constatée sur notre île. Nous finirons cette note par la mention de Maillard, 1863 : « Nous

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Bulletin Phaethon, 1998, 7 : 52. milieux humides : 227 kilogrammes ! C’est le poids d’un individu capturé en 1948.

Note sur la capture d’une Tortue À La Réunion, cette espèce peut présenter un risque alligator introduite réel pour la faune aquatique locale. Très adaptative, elle pourrait perturber la biodiversité des rivières Macroclemys temminckii pérennes et des étangs littoraux. La rivière de l’Est où pêchée dans la elle a été capturée est une rivière à débit constant, avec des zones profondes très appréciées par la Tortue Rivière de l’Est alligator adulte. Son régime alimentaire opportuniste (île de La Réunion) devait être constitué de poissons, de mollusque fluviatiles et de Camarons. Stéphane Boulay* & Jean-Michel Probst** Bibliographie

*Parc zoologique du Chaudron BONIN, F. ; DEVAUX, B. et DUPRÉ, A. 1996. 21 avenue Georges Pompidou, Toutes les Tortues du monde. Delachaux et 97 490 Sainte Clotilde Niestlé, 1-254. **Nature & Patrimoine, B.P. 279, 97 827 LE PORT cedex BOUR, R. 1984. Données sur la répartition géographique des tortues terrestres et d'eaux Introduction douces aux îles Maurice et Rodrigues. Mission à l'île Maurice et aux Seychelles Info nature N° La Tortue alligator Macroclemys temmincki a été 21 : 7-44. capturée en octobre 1997 dans la rivière de l’Est. Elle n’avait jamais été répertoriée dans les synthèses BOUR, R. et MOUTOU, F. 1982. Reptiles et anciennes ou récentes (Bour, 1984, ; Bour & Moutou, amphibiens de l'île de La Réunion. Info Nature 1982 ; Champagne, Turpin & Probst, 1997). Notons 19 : 121-156. qu’il s’agit probablement d’un individu isolé. CHAMPAGNE, A. ; TURPIN, A. et PROBST, J-M. 1997. Inventaire préliminaire des tortues Description de l’individu marines, d’eau douce et de terre des îles de l’Océan Indien. Bull. Phaethon, 6 : 65-67. La couleur générale de l’individu pêché est brun foncé. Sa carapace possède des écailles marginales très dentelées et présente aussi trois carènes proéminentes. Des protubérances sont réparties un peu partout sur le corps. Enfin elle possède un « bec » caractéristique très effilé. Par ces caractères, elle se distingue aisément des sept autres espèces aquatiques ou des milieux humides, maintenues captives à La Réunion (Champagne & Al., 1997) :

-Tortue feuille Chelus fimbriata -Réré Erymnochelys madagascariensis , -Trionyx à tubercules Palea steindachneri -Trionyx de Chine Pelodiscus sinensis -Tortue épineuse Heosemys spinosa , -Tortue peinte Chrysemys picta -Tortue de Floride Trachemys scripta Biologie succincte

Cette espèce est originaire des plaines côtières des État Unis. Dans son habitat sauvage, on la rencontre du sud de la Géorgie jusqu’au nord de la Floride, dans la vallée du Mississipi, au Kansas, dans l’Iowa et dans l’Illinois (Bonin, Devaux & Dupré, 1996). De la Famille des Chelydridae, cette tortue aquatique d’eau douce a comme caractéristique principale de détenir le plus gros poids jamais enregistré pour une tortue des

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Bulletin Phaethon, 1998, 7 : 53. Dans le Nord de l’Océan Indien, on rencontre le Pélican à bec tacheté qui fréquente principalement les Observation étonnante d’un estuaires et les côtes marines du Sri Lanka. Pélican gris Pelecanus rufescens erratique à La Réunion Note historique

Dominique Putelat* Il est important de signaler ici, que cette Jean-Michel Probst* observation serait la deuxième réalisée à La Réunion. & Benoit Lépissier** Un habitant de Grande Fontaine avait déjà observé un individu en décembre 1992 à l’étang de Saint-Paul. À *Nature & Patrimoine, B.P. 279, l’époque, l’observation n’ayant pu être confirmée, elle 97 827 LE PORT cedex avait été classée ‘douteuse’. ***JIR, rue du Maréchal Leclerc, 97 400 Saint-Denis Bibliographie

Introduction DEL HOYO, J. ; ELLIOT, A. and SARGATAL, J. 1992. Handbook of the the birds of the world. Juste avant l’impression du livre sur les Animaux Vol. 1. Ostrich to Ducks. ICPB/Lynx de La Réunion (Probst, 1997), nous avons inclus Production, Barcelona, 1-696. l’observation d’un Pélican gris. Nous retraçons ici, les détails de l’observation. LANGRAND, O. 1995. Guide des oiseaux de Madagascar. Delachaux et Niestlé, 1-415. Le matin du 17 février 1997, l’un d’entre nous (DP) observe un pélican à l’entrée du Cirque de Mafate, en PROBST, J-M. 1997. Animaux de La Réunion - guide bordure de la Rivière des Galets. L’oiseau est perché d’identification des oiseaux, mammifères, sur une feuille de Cocotier. Contacté par téléphone, reptiles et amphibiens. édt. azalées, 1-168. nous nous dépêchons d’arriver sur-place (JMP & BL). Trop tard ! Le pélican s’est envolé et la description imprécise ne permet pas son identification certaine.

Le 19 février, après une recherche incessante, nous observons enfin l’oiseau qui se repose sur un cocotier à La Saline. La tête blanche avec des flamèches brunes sur la calotte et la nuque, le plumage blanc chiné des parties supérieures et ventrales indiquent qu’il s’agit d’un Pélican gris adulte Pelecanus rufescens (Del Hoyo, Elliot & Sargatal, 1992). Taxonomie et distribution

De la Famille des Pelecanidae, ce représentant est l’un des 12 taxons du Genre Pelecanus dont cinq espèces nichent dans la région africaine et autour de l’Océan Indien :

-le Pélican gris, observé ici, -le Pélican blanc P. onocrotalus. -le Pélican frisé P. crispus -le Pélican à bec tacheté P. philippensis -le Pélican à lunettes P. conspicillatus

Observation dans l ’Océan Indien

Dans les îles afro-malgache, le Pélican gris est distribué à Pemba et à Madagascar. Dans la Grande île, une colonie se reproduisait encore en 1960. Aujourd’hui, elle semble avoir disparu, probablement victime des populations riveraines (Langrand, 1995).

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Bulletin Phaethon, 1998, 7 : 54. Barth. Arch. Inst. Pasteur Madagascar, 39 (1) : 215-219.

Note sur une nouvelle mention GERMAIN, L. 1921. Faune malacologique terrestre et d’un mollusque d’eau douce fluviatile des Iles Mascareignes. Gaultier & Planorbis sp. Thelbert. Paris. 1-495. à l’île de La Réunion GRIFFITHS, O.L. 1992. Checklist of the Land snails of Reunion Island. Papustyla 1992, 77-79. Jean-Michel Probst* GRIFFITHS, O. 1996. Summary of the land snails of *Nature & Patrimoine, B.P. 279, the Mascarene islands with notes on their status. 97 827 LE PORT cedex Proc. Royal Society Arts et Sciences of Mauritius, 6 : 37-48. Les mollusques fluviatiles n’ont fait l’objet que de rares publications généralement anciennes (Germain, MOURONVAL, P. 1997. La faune remarquable des 1921 ; Brygoo, 1970). Dans la synthèse la plus récente ravines de La Réunion : les mollusques (Barré & Isautier, 1981) 15 espèces sont mentionnées terrestres et fluviatiles. Bull. Phaethon, 5 : 62. et illustrées. Suite à ce travail, d’autres malacologistes ont effectué des travaux, mais ceux-ci concernaient PROBST, J.M. (en prép.) Inventaire des mollusques surtout les espèces terrestres (Griffiths, 1992, 1996 ; fluviatiles des zones littorales et de basse Stévanovitch, 1994 ; Probst, 1997). Plusieurs espèces altitude de l’île de La Réunion. Bull. Phaethon. ont été découvertes récemment, à savoir 2 Auriculidae, 3 Ellobidae, 1 Lymnidae endémique, 1 Pteridae STÉVANOVITCH, C. 1994. Protection des (Probst, en prép.). mollusques terrestres endémiques de La Réunion. MNHN Paris. 1-72. De la famille des Planorbidae, ce petit mollusque aplati est généralement trouvé dans les amas de végétaux flottant, soit dans les eaux stagnantes, soit encore sur les bords des parties calmes des rivières.

Il se distingue par sa petite taille (1,5 à 3,5 mm), par sa coquille en forme de disque et sa coloration brun foncé. Les deux faces de la coquille sont symétriques, légèrement bombées et striées. Il s’agit donc ici d’une 3ème espèce pour la famille des planorbes :

-Helisoma duryi -Planorbarius cornea -Planorbis sp. ?

Au sujet de cette nouvelle espèce, il appartiendra dans les années à venir de déterminer plus précisément sa répartition qui a été observée pour l’instant dans trois ravines situées au Nord et Est de l’île de La Réunion. Bibliographie

BARRE, N. et ISAUTIER, H. 1981. Faune malacologique dulçaquicole de La Réunion et risque sanitaire ; Info Nature 18 : 57-64.

BROWN, 1994. Freshwater Snails of Africa and their Medical Importance. 2 nd edition. Department of Zoology, The Natural History Museum, London.

BRYGOO, E. 1970. Mollusques terrestres et d’eau douce de La Réunion identifiés par G. Mandahl-

page 54 L’identité plausible de la Bécasse de Dubois J-M. Louisin & J-M. Probst

Bulletin Phaethon, 1998, 7 : 37-39. L’identité plausible de la Bécasse de Dubois

Jean-Marie Louisin* & Jean-Michel Probst*

*Nature & Patrimoine, B.P. 279, 97 827 LE PORT cedex

Résumé : La Bécasse de Dubois est considérée comme une espèce énigmatique. Ceci lui vaut d’être généralement occultée lorsque l’on tente de dresser une liste des espèces disparue de La Réunion. Nous émettons ici plusieurs hypothèses sur l’identité plausible de cet oiseau en laissant le lecteur réagir aux différentes possibilités offertes. Témoignages anciens

Plusieurs témoignages anciens des premiers naturalistes citent une bécasse sans en donner plus de détail. Quelle est donc cette espèce ? Le témoignage du Sieur Dubois (1672) est le plus explicite : «Bécasses faites comme en Europe.» . Un autre récit, mais écrit en Hollande avec le témoignage de Dubois cite une nouvelle fois la bécasse. Le Marquis Henri Du Quesne (1689) : « Les bécasses, les râles de bois, les merles et les grives sont comme en Europe. ».

Le terme de bécasse est également utilisé pour décrire un oiseau. Ainsi, toujours d’après Dubois, les Solitaires « … ont le cou long et le bec fait comme celui des bécasses, mais plus gros, les jambes et les pieds comme les poulets d'Inde ». Malheureusement aucun autre témoignage, aucune illustration de l’époque et aucun matériel scientifique (ossement, spécimen de musée, etc.) ne vient éclaircir l’identité de cet oiseau.

Au premier abord, il est possible qu’une confusion de noms d’oiseaux ait entraîné un malentendu sur son identité véritable. Une Bécasse du Genre Scolopax ? ou Gallinago ?

Si Dubois a jugé bon d’ajouter la mention « faite comme en Europe », il est possible qu’il s’agisse effectivement d’une bécasse aujourd’hui disparue. Sans nier les autres possibilités, nous développerons ici cette hypothèse en faisant confiance à Dubois. On peut se souvenir qu’un autre « oiseau de Dubois », réputé lui aussi énigmatique vient d’être récemment découvert par l’un de nous (JMP) associé à Pierre Brial (Brial & Probst, 1998).

Donc, si toutefois cette espèce était effectivement une bécasse, elle aurait pu être endémique de l’île de La Réunion. De part le monde, et mis à part la Bécasse des bois européenne Scolopax rusticola et la Bécasse américaine S. minor , toutes les autres espèces sont des oiseaux endémiques insulaires : la Bécasse d’Amami S. mira (au sud du Japon), la Bécasse de Java et sumatra S. satura , la Bécasse de Nouvelle Guinée S. rosenbergi , la Bécasse des Célèbes S. celebensis et la Bécasse des Molluques S. rochussenii (proche de l’extinction). Comme semble le confirmer les différentes illustrations des espèces insulaires du Sud Est asiatique, elles sont toutes très proches du point de vue de la taille et du plumage de l’espèce européenne. Une espèce endémique d’origine asiatique aurait donc pu voir le jour à La Réunion.

Dans ce chapitre, on peut également signaler que plus récemment, une bécassine non identifiée a été observée à l’étang du Gol, dans le Sud de l’île (Barré, Barau & Jouanin, 1996). Est-ce que l’oiseau observé par Dubois était une espèce migratrice ? Et dans ce cas, serait-il possible qu’il s’agisse de l’espèce malgache ? Étant donné l’origine afro- malgache de notre faune avienne, il n’est pas impossible que l’espèce endémique de Madagascar Gallinago macrodactyla ait pu atteindre nos côtes. Un Courlis du Genre Numenius ou un autre limicole ?

À La Réunion, des créoles de Saint-Louis (région de l’étang du Gol) le terme bécasse désigne toutes les espèces de limicole migrateur, du Courlis corlieu Numenius phaeopus au minuscule Bécasseau cocorli Calidris ferruginea . Dans ce cas, ces « bécasses » là sont effectivement faites comme en Europe. Un Ibis du Genre Plegadis ?

Une observation d’Ibis falcinelle a été rapportée à La Réunion (Louisin, 1996 ; Probst, 1997). Est ce que cette espèce était un migrateur régulier à l’époque de Dubois. Une petite population relictuelle existe à Algaléga (Staub, 1983). Il faut se rappeler que cet auteur a décrit plus particulièrement les espèces gibiers. Longtemps après, d’éminents

page 37 Bulletin Phaethon – Volume 7 (1998) taxonomistes ont décrit initialement plusieurs espèces d’Ibis comme des bécasses du Genre Scolopax (3 espèces d’ibis). D’autres comme Boddaert ou Linné ont décrit des Ibis comme des Huppes du Genre Upupa ou comme des courlis du Genre Numenius .

Au sujet de cette confusion, un taxonomiste réputé comme Vieillot donnera en 1817, le nom de Genre Numenius (nom des Courlis) à un Ibis falcinelle. Un Héron vert du Genre Butorides ?

À Maurice comme à Rodrigues, qui à cette époque était rattachée à la France, le terme Bécasse serait l’origine ancienne de « Bé gasse » qui a donné finalement « Gasse » (Comm. pers. France Staub). Ce nom local désigne aujourd’hui notre Butor ou Héron vert Butorides striatus (Cheke, 1981). Conclusion

Cet oiseau non déterminé ne doit pas être oublié. Dans l’état actuel de nos connaissances, il reste énigmatique. Il est plausible que cet oiseau fréquentait les Bas de l’île (seule zone connue à l’époque de Dubois). Il se rencontrait probablement dans la plupart des zones humides du littoral.

Sous ce nom de « bécasse » Dubois aurait pu donc décrire soit une bécasse, soit un ibis, soit un courlis ou encore un héron. Les confusions de noms de ces oiseaux d’eau au long bec pourraient nous faire sourire aujourd’hui mais à l’époque, il n’y avait pas de guide d’identification et encore moins de matériel d’observation. Bibliographie

BARRE, N. ; BARAU, A. et JOUANIN, C. 1996. Oiseaux de La Réunion. Les éditions du Pacifique, 1-207.

BRIAL, P. & PROBST, J-M. 1998. Note sur une nouvelle espèce de râle endémique disparue de l’île de La Réunion. Bull. Phaethon, 7 : 10.

CHEKE, A.S. 1987. An ecological history of the Mascarene Islands, with particular reference to extinctions and introductions of land vertebrates. In Diamond A.W. éd. Studies of Mascarene Island Birds . Cambridge University Press, U.K : 5-89.

COWLES, G.S. 1987. The fossil record. In Diamond A. W. (ed.) : Studies of Mascarene Island Birds. Cambridge University Press, Cambridge : 90-100.

DEL HOYO, J. ; ELLIOTT, A. and SARGATAL, J. 1992. Handbook of the the birds of the world. Vol. 1. Ostrich to Ducks. ICPB/Lynx Production, Barcelona, 1-696.

DEL HOYO, J. ; ELLIOTT, A. and SARGATAL, J. 1996. Handbook of the the birds of the world. Vol. 3. Hoatzin to Auks. ICPB/Lynx Production, Barcelona, 1-821.

DUBOIS, S. 1674. Les voyages faits par Sieur D.B. aux îles Dauphines ou Madagascar, Bourbon ou Mascarene. Années 1669, 1670, 1671, 1672. Paris.

LANGRAND, O. 1995. Guide des oiseaux de Madagascar. Delachaux et Niestlé, 1-415.

LOUISIN, J-M. 1996. L’ibis falcinelle Plegadis falcinellus est-il l’ibis décrit par Mellet en 1671 ? Bull. Phaethon, 3 : 55-56.

PROBST, J-M. 1997. Animaux de La Réunion - guide d’identification des oiseaux, mammifères, reptiles et amphibiens. édt. azalées, 1-168.

PROBST, J-M. 1997. Une revue des Ibis de l’Océan Indien, proches cousins de notre Solitaire de Bourbon Threskiornis solitarius (Sélys-Longchamps, 1848). Bull. Phaethon, 5 : 35-36.

PROBST, J-M. 1998. Les râles éteints dans les îles de la zone afro-malgache. Bull. Phaethon, 7 : 7-9.

PROBST, J-M. et LOUISIN, J-M. 1998. Quelles sont les espèces d’oiseaux menacés à l’île de La Réunion ? Phaethon, 7 : 32-33.

PROBST, J-M. (en prép.). Récits anciens sur la faune disparue de l’île de La Réunion.

page 38 L’identité plausible de la Bécasse de Dubois J-M. Louisin & J-M. Probst

STAUB, F. 1983. Oiseaux des îles Agalega (II Ornithologie) Proc. Roy. Soc. Arts. Sci. Mauritius, IV (IV) : 87-110.

page 39 Bulletin Phaethon - Volume 7 (1998) Nouvelles brèves

Bulletin Phaethon, 1998, 7 : 55-56. Cette espèce européenne appelée aujourd’hui Bécasse des bois Scolopax rusticola a effectivement un Au sujet de l’identité plumage bigarré et strié de brun roux qui se rapproche des Corbigeaux du Courlis corlieu et non d’un ibis. En 1700, les guides d’identification des oiseaux n’existaient pas, du moins et des Bécasses, sous la forme que nous connaissons aujourd’hui. Il termes utilisés s’agissait essentiellement de textes qui vantaient les qualités gustatives de l’oiseau et dans certain cas sa entre 1650 et 1710 préparation culinaire. Dans ce cas, la remarque de à Bourbon Feuilley est tout à fait pertinente. Au sujet du « corbigeaux », il est plausible qu’il s’agisse du Courlis corlieu. Jean-Marie Louisin* Cette précision apportée, on peut alors s’interroger *Nature & Patrimoine, BP 279, sur l’identité de la bécasse que signale Dubois quelques 97 827 Le Port Cedex années plus tôt « Bécasses faites comme en Europe » ?

Dubois, comme Feuilley, était un naturaliste qui Comme base de départ de notre réflexion, nous devait probablement connaître la Bécasse d’Europe. reproduisons ici le texte de Feuilley, publié en 1704 : S’il s’agit effectivement de la même bécasse que « Les corbigeaux sont des oiseaux qui ont la forme nous connaissons de nos jours et qui possède, sans d’une bécasse et sont un peu plus gros. Très bon à manger, regarder de trop près, le « même » plumage que le ils se nourrissent le long de la mer et des étangs. Ils ne sont Courlis corlieu, il est plausible que Dubois a observé pas en grands nombres. Les temps qu’ils sont meilleurs est une bécasse inconnue, probablement endémique de La dans les mois de janvier, février et mars, qui est la saison Réunion et qui a aujourd’hui totalement disparu. des pluies. Et dans ces temps la terre étant fraîche, nourrit quantité de vers et de chenilles dont ces oiseaux s’engraissent ». En revanche, Dubois s’est peut-être trompé ou bien il désigne un autre oiseau qu’il appelle « bécasse » mais À première vue, les « corbigeaux » sont des Courlis qui en réalité est une autre espèce. corlieu Numenius phaeopus. Aujourd’hui, ces limicoles sont toujours connus sous ce même nom par certains Lorsqu’on regarde la répartition mondiale des six chasseurs français. Comme dans le texte « Très bon », espèces de bécasses du Genre Scolopax , on remarque leur chair gustative est également appréciée. Ils ne aussitôt qu’elles sont distribuées dans l’hémisphère figurent d’ailleurs pas sur la liste des espèces protégées Nord et, au niveau de l’Indonésie, tout juste à cheval et sont considérés comme gibier. Enfin, ils se sur l’équateur. Une bécasse à La Réunion sans origine nourrissent effectivement le long de la mer et des afro-malgache paraît donc, au premier regard, assez étangs. Cette espèce est donc sûrement le Courlis suspecte. corlieu qui est une espèce migratrice régulière à La Réunion et « ne sont pas en grand nombre ». Une autre chose curieuse avec Dubois et cette espèce d’oiseau insolite est la mention du Solitaire avec On peut toutefois ajouter qu’autrefois, les ibis de un « bec fait comme celui des bécasses mais plus gros ». Si l’Océan Indien étaient aussi appelés « Corbigeaux » le Solitaire est effectivement un Ibis, l’identité de la (comm. pers. Jean-Michel Probst). L’Ibis sacré Bécasse de Dubois devient encore plus mystérieuse ! ! ! d’Aldabra Threskiornis aethiopica est ainsi nommé « Corbigeau blanc » (Rivers, 1878) et Abbot (Cheke, « Sa » bécasse, pouvait-elle posséder un bec courbe 1982). Étant donné cette appellation et le fait que le comme l’Ibis, mais plus fin ? terme de « corbigeau » a également été noté à La Réunion (Feuilley, 1704) il serait intéressant de S’il en est ainsi, il est plausible de voir ici, soit un rechercher le plus grand nombre d’hypothèses afin de Courlis corlieu, soit un Râle ou soit encore un Ibis permettre de préciser l’origine exacte des noms anciens falcinelle. Toutes ces espèces sont présentes dans la des oiseaux de La Réunion. zone afro-malgache.

Mais qu’elle est la bécasse de Feuilley ? Il écrit que Si le bec « fait comme celui des bécasses mais plus ces Corbigeaux ont la « forme d’une bécasse ». gros ». n’indique pas une forme mais plutôt une Contrairement à Dubois, il ne signifie pas longueur de bec, il peut s’être trompé en voulant d’observation de bécasse à La Réunion, mais plutôt que désigner, non une bécasse, mais plutôt une bécassine ? le Courlis corlieu ressemble à la bécasse qu’il connaît La Bécassine malgache Gallinago macrodactyla serait probablement de l’Europe. alors une autre possibilité. Cette dernière hypothèse est

page 55 Bulletin Phaethon - Volume 7 (1998) Nouvelles brèves celle qui a été retenue dans le guide des oiseaux de La Réunion (Barré, Barrau & Jouanin, 1996).

L’observation d’une bécassine par Nicolas Barré à l’étang du Gol indiquerait que l’espèce malgache effectue toujours de brèves incursions sur notre île. À l’époque de Dubois, les étangs et les zones humides étaient bien plus nombreux de même que les contingents de migrateurs. Sans l’affirmer, la Bécasse de Dubois est donc sans doute la Bécassine malgache.

D’après Olivier Langrand, cette espèce serait très sensible à la modification des zones humides et à la chasse, elle aurait pu donc disparaître rapidement suite à l’installation des premiers colons de l’île Bourbon. Bibliographie

BARRÉ, N. ; BARAU, A. et JOUANIN, C. 1996. Oiseaux de La Réunion. Les éditions du Pacifique, 1-207.

CHEKE, A.S. 1982. Les noms créoles des oiseaux dans les îles francophones de l'océan indien. Inst. int. Ethnosciences, 1-64.

DUBOIS, S. 1674. Les voyages faits par Sieur D.B. aux îles Dauphines ou Madagascar, Bourbon ou Mascarene. Années 1669, 1670, 1671, 1672. Paris.

FEUILLEY, 1704. Mission à l'île Bourbon du Sieur Feuilley en 1704. Rec. trim. de documents et travaus inédit pour servir à l'histoire des Mascareignes Française. 8ème année, 1939, n°4.

LOUISIN, J-M. 1996. L’ibis falcinelle Plegadis falcinellus Est-il l’ibis décrit par Mellet en 1671 ? Bull. Phaethon, 3 : 56.

PROBST, J-M. 1995. Découverte d’un bec appartenant au Solitaire de Bourbon ? Bull. Phaethon, 1 : 44-45.

RIVERS, F. 1878. Report on a visit to the islands of Cosmoledo group. Manuscrit.

page 56 Bulletin Phaethon - Volume 7 (1998) Nouvelles brèves

Bulletin Phaethon, 1998, 7 : 57. Pourquoi créer encore une espèce nouvelle ? Ne devrait-on pas nommer notre solitaire Threskiornis aethiopicus solitarius comme une sous-espèce de l’Ibis Remarques au sujet de l’identité sacré ? du Solitaire de Bourbon Bibliographie

Jean-Marie Louisin* LOUISIN, J-M. 1996. L’ibis falcinelle Plegadis falcinellus Est-il l’ibis décrit par Mellet en 1671 ? Bull. Phaethon, 3 : 56. *Nature & Patrimoine, BP 279, 97 827 Le Port Cedex MOURER-CHAUVIRE, C. et MOUTOU, F. 1987. Découverte d'une forme récemment éteinte Nous savons depuis 1987 qu’un ibis endémique d'Ibis endémique insulaire de l'île de La existait à La Réunion (Mourer-Chauviré & Moutou, Réunion : Borbonibis latipes nov. gen., nov. sp. 1987). Cette espèce, nouvellement décrite, a été C. R. Acad. Sci. Paris, 2 (305) : 419-423. nommée Borbonibis latipes . En 1994, suite à la fabuleuse découverte du bec de cette espèce par Jean- MOURER-CHAUVIRÉ, C. ; BOUR, R. et RIBES, S. Michel Probst (1995), elle fût décrite comme le 1995. Position systématique du Solitaire de La Solitaire et renommée Threskiornis solitarius (Mourer- Réunion : nouvelle interprétation basée sur les Chauviré, Ribes & Bour, 1995a, 1995b). Dans ces restes fossiles et les récits des anciens articles, on rapporte le texte d’un certain Mellet qui se voyageurs. C. R. Acad. Sci. Paris, 320 (2a) : trouvait en mai 1671 à Bourbon : 1125-1131. « D’autres espèces d’oiseaux que l’on appelle solitaire PROBST, J-M. 1995. Découverte d’un bec appartenant qui sont fort bons et la beauté de leur plumage est fort curieuse par la diversité de couleurs éclatantes qui brillent au Solitaire de Bourbon ? Bull. Phaethon, 1 : sur les ailes et autour de leur col ». 44-45.

Contrairement à tous les autres textes connus, qui décrivent un oiseau banc avec le bout des ailes noir, Mellet décrit un plumage changeant qui s’applique à deux ibis que j’ai pu observer dans la zone afro- malgache : l’Ibis falcinelle Plegadis falcinellus et l’Ibis du Cap Geronticus calvus .

Ajoutons que l’Ibis falcinelle est régulièrement distribué à Madagascar et qu’une petite population existait encore récemment à Agaléga. Enfin, en 1869, elle a également été capturée au moins une fois, à La Réunion.

Le bec de l’Ibis falcinelle est plus court et moins courbé que l’Ibis sacré. Est ce que le bec trouvé par Jean-Michel Probst a été comparé à cet oiseau ?. Il est très curieux qu’aucune mention de cette espèce d’Ibis découvert au moins une fois sur l’île (Louisin, 1996) n’ait été faite dans l’article de l’équipe du Muséum.

Pour conclure, la plupart des témoignages du Solitaire s’appliquent parfaitement à l’Ibis sacré T. aethiopica. Dans la zone afro-malgache, cette espèce d’ibis présente trois sous-espèces :

-T. a. aethiopicus (Latham, 1790) présent dans la plupart de l’Afrique ; -T. a. bernieri (Bonaparte, 1855) endémique de Madagascar ; -T. a. abbotti (Ridgway, 1893) endémique d’Aldabra.

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Bulletin Phaethon, 1998, 7 : 48. Autre mention Capture d’un Furet Si auparavant cette espèce n’avait pas été Mustela furo rencontrée dans le milieu naturel (Probst, 1997), il existe au moins deux captures à La Réunion. Celle à Saint-André ! mentionnée ici et un autre individu qui a été capturé par des membres de la SREPEN. Un ami m’a confirmé (île de La Réunion) que cet animal est actuellement élevé en terrarium à Saint Joseph. Gérard Courbet*

*Nature & Patrimoine, B.P. 279, Bibliographie 97 827 LE PORT cedex BOUCHARDY C. et MOUTOU, F. 1989. Observer les mammifères sauvages- les indices de présence Introduction et l’observation directe. Bordas, 1-239.

Le 12/08/93, au bord de l’embouchure de la Rivière PROBST, J-M. 1997. Animaux de La Réunion - guide du Mât, alors que je désirais capturer des grenouilles d’identification des oiseaux, mammifères, malgaches Ptychadena mascareniensis pour les reptiles et amphibiens. édt. azalées, 1-168. observer en terrarium, je fais une rencontre inattendue avec un petit mammifère que je n’avais jamais observé MOUTOU, F. et BOUCHARDY C. 1992. Les auparavant. Il était coincé sous une pierre et tentait de mammifères dans leur milieu. Bordas, 1-255. se dégager par tous les moyens.

Description

À sa capture, ce spécimen mâle mesurait 42 centimètres et pesait 530 grammes. La couleur gris clair de l’animal, son corps allongé, sa petite tête munie de petites oreilles arrondies et ses yeux rouges m’ont tout de suite renseigné sur son identité : un furet domestique ! Note biologique

La présence de cet animal dans la nature peut constituer un danger non négligeable sur la faune locale. Il s’agit, à n’en pas douter, d’un animal échappé de captivité. Heureusement, c’est un mâle isolé, qui ne peut par conséquent pas se reproduire. Si cela était une femelle pleine, les dégâts seraient sans doute considérables.

À Maurice, c’est sans doute l’introduction d’un carnivore1 introduit qui a entraîné ou au moins accéléré la disparition des colonies du Puffin de Baillon Puffinus lherminieri bailloni. On la tient pour responsable de la limitation des naissances des oiseaux forestiers endémiques : Pigeon rose, Perruche verte, Faucon crécerelle, Foudi de Maurice, Coq des bois, etc. (Comm. pers. Jean-Michel Probst).

En captivité, mon animal mange de tout. J’ai tenté, toujours avec succès de lui donner de la nourriture vivante : grenouilles, petites souris, gros insectes, œufs, 1 couleuvre loup, etc. Il semble apprécier moyennement les crapauds.

1 La Mangouste indienne grise Herpestes edwardsii

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Bulletin Phaethon, 1998, 7 : 16-23.

Observations sur les reptiles, les oiseaux et les mammifères de la réserve naturelle d’Europa (Canal du Mozambique)

Jean-Michel Probst*

*Nature & Patrimoine, B.P. 279, 97 827 LE PORT cedex

L’île d’Europa (22°21 S ; 40°21 E), baptisée par le nom du bateau anglais qui l’a découvert en 1774, est située au milieu du Canal du Mozambique. Elle est localisée à environ 200km des côtes de Madagascar et à 500km des côtes africaines. Europa fait partie, avec Tromelin, Juan de Nova, Bassas de India et les Glorieuses, des « Iles Éparses » dépendances de la France, confiées à l’autorité préfectorale de La Réunion. D’origine corallienne, l’île Europa est à peu près ronde et présente un diamètre de 6 km de long. Les dunes de sable du Sud représentent le point culminant qui varie au gré des dépressions et des tempêtes tropicales autour de 6 à 7 mètres d’altitude. De l’intérieur vers l’extérieur, l’analyse géomorphologique de l’île permet de dégager 8 types de zonation dans la structure du paysage :

- le Grand Lagon - la mangroves (constituée essentiellement par les palétuviers) - la plaine centrale (recouverte par des graminées) - une ceinture rocheuse d’origine karstique - une frange dunaire (plus développée à l’ouest) - la partie supérieure de l’estran (en lapiès littoraux) - une plate forme de basse mer (découverte à marée basse) - une pente externe sous-marine très marquée.

La faune et la flore terrestre ainsi que le milieu marin a fait l’objet de plusieurs missions scientifiques (Legendre, 1966 ; ORSTOM, 1973). Parmi toutes les espèces présentes, la Tortue verte Chelonia mydas a été la plus étudiée (Vergonzanne & Al., 1973). Jusqu’à ces dernières années, les études concernant la faune de l’île étaient peu nombreuses (Voeltzkow, 1903 ; Milon, 1948 ; Malzy, 1966). Le présent rapport donne quelques détails sur la présence des oiseaux et de quelques autres vertébrés d’Europa dans les deux périodes du 28 novembre 1994 au 12 janvier 1995 et du 8 mars au 27 avril 1995. Les observations ont été notées dans le cadre de la troisième mission ornithologique sur l’étude des oiseaux de mer d’Europa (Lecorre, 1993, 1994, en prép.). Contrairement au travail nécessairement précis de la thèse, les informations présentées ici concernent principalement des observations de terrain sur les espèces d’oiseaux nicheurs et de passage, les reptiles et quelques autres petits animaux de l’île d’Europa. Les espèces notées ci-dessous ont été observées au cours de deux missions de plus de 45 jours (du 28 novembre 1994 au 12 janvier 1995 et du 8 mars au 27 avril 1995) effectuées dans le cadre de missions ornithologiques organisées par le Muséum d’Histoire Naturelles de Saint-Denis de La Réunion. Quelques espèces ont déjà fait l’objet de publications (Probst, 1996, 1997). Liste commentée

Nous décrirons déjà la classe des reptiles, puis celle des oiseaux, des mammifères et, pour finir, des gastéropodes terrestres. Cette liste des espèces est présentée suivant la classification taxonomique en vigueur. Enfin, nous tenons à rectifier quelques erreurs colportées au sujet de la présence de certaines espèces d’oiseaux sur l’île d’Europa. Fou de Bassan : malgré la citation de cette espèce par de nombreuses personnes, sur des cartes et publications, cet oiseau localisé dans l’Océan atlantique et la Méditerranée n’a jamais été observé ni à Europa ni dans l’Océan Indien.

Fou brun : cette espèce nicheuse dans le Nord de l’Océan Indien et dans le Nord de Madagascar a sans doute été assimilé à la forme brune du Fou à pied rouge Sula sula rubripes .

Sterne bridée : les effectifs nicheurs de cette espèce ont semble t’il été confondu avec ceux de la Sterne fuligineuse Sterna fuscata . La nidification de cette sterne ne doit donc pas être prise en compte. La présence de cette espèce est en revanche tout à fait possible puisque de nombreuses colonies de nidification sont établies le long de la côte Ouest de Madagascar.

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Classe des REPTILES

ORDRE DES CHELONIENS

FAMILLE DES TORTUES MARINES - CHELONIDAE

Tortue verte Chelonia mydas C’est l’espèce de tortue marine la plus étudiée dont de nombreux rapports peuvent être consultés à l’université de La Réunion. Très commune, cette espèce est l’emblème de l’île. D’après nos connaissances, l’île Europa serait le site mondial le plus important par le nombre d’individus femelles venant pondre sur les plages (environs 4.000 individus). La plage située en face de la station météo offre parfois un spectacle étonnant avec un record de 52 montées de tortues en janvier 1995. Un « cimetière de tortues » existe dans l’Est de l’île, entre les deux épaves échouées sur le littoral.

Tortue imbriquée Eretmochelys imbricata En observation sous marine, quatre individus ont été observés posés sur le corail (entrée du Grand lagon, en face de la station météo et plage Sud). Jusqu’à preuve du contraire, aucune ponte de cette espèce n’a été enregistrée sur Europa.

Tortue Caret Caretta caretta Dans le Grand lagon, un individu de cette espèce a été capturé à marée basse. Sa carapace était beaucoup plus large, très arrondie et la couleur de son corps ainsi que sa dossière étaient ocre jaune. Elle a ensuite été filmée puis de suite relâchée par les militaires.

ORDRE DES SQUAMATES

FAMILLE DES GECKOS - GECKONIDAE

Hemidactylus gardineri Cet Hémidactyle est une espèce introduite présente sur les habitations et beaucoup plus rare voir parfois absente dans le milieu naturel. Il serait toutefois nécessaire de revoir avec plus de précision la détermination du complexe H. mabouia / H. gardinieri / H. mercatorius / H. sp ., pour les espèces de La Réunion, de Mayotte et d’Europa.

Lygodactylus verticillatus Cette espèce de Lygodactyle indigène se rencontre principalement sur les troncs d’arbres crevassés comme les Euphorbes et les Bois matelot. Il est également présent dans les zones crevassée de calcarénite (corail fossile). C’est le gecko est le plus commun de l’île.

FAMILLE DES SCINQUES - SCINCIDAE

Cryptoblepharus boutonii bitaeniatus Le scinque de Bouton d’Europa présente plusieurs formes de coloration. Deux ont été décrites par (Malzy, 1966). Une autre est présente uniquement sur un îlot du Grand Lagon. Elle a fait l’objet d’une note (Probst, 1997). C’est l’espèce de scinque la plus commune, qui se rencontre dans les forêts, les zones ouvertes et jusque dans la zone intertidale des marées.

Mabuya comorensis infralineata Ce grand scinque brun est rare dans le Nord de l’île. Dans le reste de l’île, il est nettement moins commun que le Scinque de Bouton. Sa zone de prédilection semble être l’Est de l’île, dans les zones crevassées.

FAMILLE DES TYPHLOPS - TYPHLOPIDAE

(Typhlops commun Ramphotyphlops braminus ) ? Nous n’avons pas retrouvé cette espèce, toutefois étant donné sa grande discrétion, il est tout à fait possible qu’elle existe encore.

Classe des OISEAUX

ORDRE DES PROCELLARIFORMES

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FAMILLE DES PUFFINS - PROCELLARIIDAE

Puffin de Baillon Puffinus lherminieri bailloni Espèce indigène rare qui niche dans des terriers dans la plaine du sud-ouest de l’île dans les fourrés de Pemphis acidula . La colonie nicheuse d’Europa est insuffisamment connue, mais elle doit être certainement petite. On peut l’estimer à 10- 20 couples.

ORDRE DES PELECANIFORMES

FAMILLE DES FRÉGATES - FREGATIDAE

Frégate du Pacifique Fregata minor Espèce indigène nicheuse qui se rencontre communément en vol sur presque toute la région arbustive et les plages de l’île. Espèce coloniale, les couples établissent leurs nids sur des arbustes d’Euphorbes piquantes Euphorbia stenoclada et d’Affouches Ficus marmorata . On rencontre ça et là, des petits groupes d’une dizaine de couples isolés qui se mêlent parfois aux colonies de Fou à pieds rouges. L’estimation total du nombre de couples nicheurs est supérieur à 500 couples.

Fregate ariel Fregata ariel Espèce indigène nicheuse pouvant être observée en vol sur toute l’île mais plus rare que la Fregata minor . L’unique colonie nidificatrice a été observée en un seul endroit. Elle est restreinte qu’à quelques arbustes d’Euphorbia stenoclada . Une autre est suspectée à 2km plus à l’Est, mais n’a jamais été prospectée en raison de son éloignement et de l’aridité du terrain. Les nids sont installés presque côte à côte et le site est particulièrement turbulant et vulnérable à toute perturbation. Le site de nidification semble changer de place tous les ans. La colonie d’oiseaux reproducteur est estimée à plus de 1.000 couples.

FAMILLE DES PHAÉTHONS - PHAETHONTIDAE

Paille en queue à brins rouges Phaethon rubricauda Espèce indigène nicheuse rencontrée dans la plupart des milieux de l’île. Une partie importante des individus rencontrés présentent une forme rosée plus ou moins prononcée. De nombreux individus ont été mesurés et bagués. Population estimée à plus de 3.000 couples.

Paille en queue à brins blancs Phaethon lepturus Espèce indigène nicheuse moins fréquente que Phaethon rubricauda . Deux aspects la distinguent des individus des Mascareignes : - la taille, légèrement inférieure - la couleur parfois jaunâtre sur le dos et sur les rémiges médianes Moins répandu que l’espèce précédente, cette forme dorée est probablement une nouvelle sous-espèce. La population de l’île abriterait plus de 500 couples.

FAMILLE DES FOUS - SULIDAE

Fou à pieds rouges Sula sula Espèce indigène nicheuse commune sur la majeure partie de la zone arbustive de l’île. C’est l’oiseau marin le plus répandu et ses nids sont établis sur les arbustes d’ Euphorbia stenoclada et d’Affouches Ficus marmorata . Il existe trois formes de plumage (blanc, brun et intermédiaire). De nombreux individus ont été mesurés et bagués. La population nicheuses a été estimée à plus de 2.500 couples.

ORDRE DES CICONIIFORMES

FAMILLE DES AIGRETTES ET DES HERONS - ARDEIDAE

Aigrette dimorphe Egretta dimorpha Espèce indigène assez commune, nicheuse. Des individus à lores et pattes rouge foncé à violet rose ont été observés dans la mangrove et la forêt arbustive du centre de l’île. Les observations de plusieurs individus sont communes sur le platier à marée basse et dans le Grand Lagon. L’estimation de la population est certainement supérieure à 50 couples. 28/11/94 : 2 ind. de phase blanche et 1 ind. de phase sombre à la Baie des Congres. 29/11/94 : 25 ind. à marée basse dans le Grand Lagon.

page 18 Observations sur les oiseaux, les reptiles et les mammifères de la réserve naturelle d’Europa (Canal du Mozambique) Probst, J-M. ______

1/12/94 : 2 ind. de phase blanche en vol devant la station. 5/12/94 : 2 ind. dans le Petit Lagon. 4/1/95 : 1 ind. capture un scinque bleu 6/1/95 : une dizaine d’ind. (phases blanches, noires et grises) au fond du Grand Lagon. 7/1/95 : 2 ind. en vol devant la station météo. 7/1/95 : 1 ind. à terre à marrée basse devant la station météo.

Héron crabier blanc* Ardeola idae Espèce indigène rare, probablement nicheuse. Des individus adultes en plumage nuptial ainsi que des juvéniles volants ont été observés dans presque toute l’île. L’île d’Europa abrite une population de plus de 10 couples. 30/11/94 : 1 ad. en plumage nuptial posé sur un rocher à 300 m de la station météo. 31/11/94 : 1 jeune ind. (dos brun foncé) en vol dans le quadrat de Fou à pieds rouges au centre de l’île. 4/1/95 : 1 jeune ind. en vol le long de la mangrove est du Grand Lagon. 6/1/95 : 1 ind. en vol au-dessus du Grand Lagon. 3/12/94 : 3 ind. en bordure de la piste d’avion. 7/12/94 : 1 ind. dans l’Euphorbaie du centre de l’île. 10/12/94 : 1 ind. dans la brousse (chasse des reptiles) sur les troncs d’Euphorbes. 10/12/94 : 1 ind. dans le Petit Lagon. 19/12/94 : 1 ind. dans la brousse capture un scinque bleu. 20/12/94 : 1 ind. en vol sur le littoral nord à l’Est de la station météo.

ORDRE DES PHOENICOPTERIFORMES

FAMILLE DES FLAMANTS - PHOENICOPTERIDAE

Flamant rose Phoenicopterus ruber Espèce migratrice occasionnelle, le Flamant rose se rencontre de temps à autre le long des côtes ou à l’intérieur de l’île à proximité des plans d’eau saumâtres.

ORDRE DES FALCONIFORMES

FAMILLE DES FAUCONS - FALCONIDAE

Faucon concolore Falco concolor ? Espèce migratrice occasionnelle, le Faucon se rencontre de temps à autre et ne reste que quelques jours sur l’île. On l’observe en vol le long des côtes ou perché sur un arbre à l’intérieur de l’île.

ORDRE DES CHARADRIIFORMES

FAMILLE DES BARGES, COURLIS, CHEVALIERS & BÉCASSEAUX - SCOLOPACIDAE

Barge rousse Limosa lapponica Espèce de limicole assez commun dans le grand lagon intérieur.

Courlis corlieu Numenius phaeopus Espèce de limicole très commune, qui se rencontre à marée basse sur tout le pourtour de l’île, principalement dans le Grand Lagon. A marée haute, on le rencontre en petit groupe autour des zones humides temporaires et principalement dans la mangroves.

Chevalier aboyeur Tringa nebularia Limicole régulier, toujours en petit nombre autour de l’ile, en groupe plus important dans le Grand Lagon.

Chevalier guignette Actitis (Tringa) hypoleucos Limicole souvent isolé le long du littoral ou des zones humides temporaires.

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Tournepierre à collier Arenaria interpres Limicole le plus commun de l’île. Des bandes importantes sillonnent les zones ouvertes de toute l’île (piste d’aviation, rivage, zone humide, lagon).

Bécasseau cocorli Calidris ferruginea Limicole régulier, en petit groupe sur le rivage et surtout dans le Grand Lagon.

FAMILLE DES PLUVIERS & GRAVELOTS - CHARADRIIDAE

Pluvier argenté Pluvialis squatarola Limicole isolé ou en petit groupe, présent à marée basse, à la fois sur le rivage mais surtout dans le Grand Lagon.

Grand Gravelot Charadrius hiaticula Limicole assez rare, observé une fois dans la zone humide derrière la station météo et un groupe de 10 individus dans le Grand Lagon.

Gravelot de Leschenault Charadrius leschenaultii Limicole assez commun, présent sur le littoral de l’île et surtout, dans le Grand Lagon.

FAMILLE DES DROMES - DROMADIDAE

Drome Dromas ardeola Limicole asiatique assez rare, présent dans le Grand Lagon.

FAMILLE DES LABBES - STERCORARIIDAE

Skua, Labbe subantarctique Catharacta skua Oiseau marin subantarctique, présent sur le pourtour de l’île, principalement sur le rivage Ouest où il poursuit les fous pour les faire régurgiter en vol.

FAMILLE DES STERNES, GUIFFETTES & NODDIS - LARIDAE

Sterne caspienne Sterna caspia Sterne très littorale dont les nids sont disséminés sur les plages sableuses autour de l’île. La population est estimée à plus de 10 couples.

Sterne fuligineuse Sterna fuscata Très abondante, cette sterne forme de véritable nuage d’oiseaux. La population totale est très difficile à estimer. Au total elle peut être supérieure à 3.000.000 d’individus et les nicheurs doivent atteindre 1.000.000 de couples.

ORDRE DES STRIGIFORMES

FAMILLE DES EFFRAIES - TYTONIDAE

Effraie Tyto alba Seul rapace nicheur de l’île, cette espèce s’observe souvent en plein jour. D’après l’examen de quelques pelotes de réjection, elle capture des rats, des insectes sans doute des zostérops et des poussins d’oiseaux marins.

ORDRE DES CORACIIFORMES

FAMILLE DES ROLLIERS - CORACIIDAE

Rolle malgache Eurystomus glaucurus Oiseau malgache migrateur dans les zones arborées ou arbustives.

ORDRE DES PASSERIFORMES

page 20 Observations sur les oiseaux, les reptiles et les mammifères de la réserve naturelle d’Europa (Canal du Mozambique) Probst, J-M. ______

FAMILLE DES HIRONDELLES - HIRUNDINIDAE

Hirondelle de cheminée Hirundo rustica gutturalis (?) Il semble que les oiseaux observés à Europa appartiennent a l’espèce européenne migratrice commune, observée jusqu’en Afrique du Sud. Ces oiseaux étaient présents sur la piste d’avion, près du rivage devant la station météo et parfois dans les zones ouvertes au centre de l’île. Toutefois, aucun individu n’a pu être observé de suffisamment près afin de déterminer précisément l’espèce. Deux autres espèces similaires se rencontrent en Afrique : l’Hirondelle de Guinée H. lucida et l’Hirondelle d’Angola H. angolensis . Les mouvements de ces deux espèces sont peu connus, mais H. angolensis a été répertoriée dans le Sud et l’Est de l’Afrique. Jusqu’alors, plusieurs sous-espèces d’Hirondelle de cheminée ont été observées dans les îles de l’Océan Indien : H. r. gutturalis (Scopoli, 1786) qui est une migratrice occasionnelle à Madagascar, Comores, Aldabra, Zanzibar, Socotra, Laquedives, Maldives, Andamans, Nicobar, Christmas et Coco Keeling et H. r. tytleri (Jerdon, 1864) au Sri-Lanka. Hirondelle à gorge striée Hirundo abyssinica Oiseau africain migrateur erratique, cette hirondelle est la première mention pour Europa et l’ensemble des îles éparses. Son aire de répartition couvre principalement l’Afrique centrale. Dans les îles de l’Océan Indien, ces migrations étaient connues jusqu’à cette observation, à Pemba, Zanzibar et Mafia (Turner & Rose, 1997).

FAMILLE DES ZOSTÉROPS - ZOSTEROPIDAE

Zostérops d’Europa Zosterops maderaspatana Petit oiseau forestier représenté par la sous-espèce Z. m. voeltzkowi endémique d’Europa, ce petit passereau est présent partout où l’on rencontre la forêt arbustive d’Euphorbes ainsi que dans les zones ouvertes où il subsiste quelques arbustes (Psiadia). Il a été observé en train de se nourrir d’insectes : moustiques (sur les moustiquaires de la station), petits coléoptères, termites ailées, etc. Il apprécie beaucoup le nectar des fleurs ( Agave sisalina, Barringtonia sp., Coco nucifera, Delonix regia, Furcraea foetida, Pemphis acidula, Psiadia altissima ), de fruits ( Ficus marmorata ).

FAMILLE DES CORBEAUX - CORVIDAE

Corbeau pie Corvus albus Oiseau terrestre nicheur, très opportuniste, qui semble maintenu par le nourrissage journalier de la base météo et probablement militaire. Il pose de sérieux problème de prédation sur les petites tortues, les poussins d’oiseaux marins (parfois même les adultes) et les reptiles.

Classe des MAMMIFERES

ORDRE DES CETACES

FAMILLE DES DAUPHINS - DELPHINIDAE

Dauphin à long bec Stenella longirostris Espèce de dauphin très commun observé en groupe lors d’une sortie en bateau en face de la baie aux congres.

Dauphin indéterminé Une troupe de petits dauphins très rapides a été observé deux fois de suite sans pouvoir être déterminée.

Orque Orcinus orca Mammifère marin des terres australes, 2 migrations ont été observées au télescope de la base météo.

ORDRE DES ARTIODACTYLES

FAMILLE DES CHEVRES - BOVIDAE

Cabri Capra hircus Présent dans toute l’île depuis 1860, ces animaux constitués en petits groupes, modifient la strate herbacée et arbustive (Hoarau, 1993).

ORDRE DES RONGEURS

FAMILLE DES RATS - MURIDAE

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Rat noir Rattus rattus Présent dans presque toute l’île. Un îlot, au centre du Grand Lagon, a été dératisé suivant l’expérience menée en 1989- 1990 à l’île aux Aigrettes (Maurice). Cet îlot semble le seul endroit indemne de rat. Cette espèce a été trouvée dans tous les milieux qu’offre l’île (forêt d’Euphorbes, piste d’aviation, bâtiments, milieux humides, creux de rochers, plaine herbeuse et milieux littoraux rocheux et sableux). Bibliographie

LEBEAU, A. ; GOBERT, B. & DURAND, J.L. 1978. Rapport sur l’étude de la tortue de mer Chelonia mydas . Peuplement, reproduction et biologie des populations des îles Tromelin et Europa. Note ronéo. ISTPM, La Réunion, 1-23.

LE CORRE, M. 1993. Rapport de Missions dans les îles Tromelin et Europa. Ecologie terrestre. Rap. Dactyl. Muséum d'Histoire Naturelle. Réunion. 1-21.

LE CORRE, M. 1994. Interaction kleptoparasitiques fous - frégates : vulnérabilité et réponses adaptatives de deux espèces hôtes. DEA. Université Pierre & Marie Curie.

LE CORRE, M. (en prép.). Thèse sur la conservation des oiseaux d’Europa.

LE GALL, J.Y. & HUGUES, G.R. 1987. Migration de la Tortue verte Chelonia mydas dans l’Océan Indien Sud Ouest observées à partir de marquages sur les sites de ponte Europa et Tromelin (1970-1985). E . J. Brill, Leiden. Amphibia-Reptilia 8 : 277-282.

MALZY, P. 1966. Oiseaux et mammifères de l'île Europa. In Mission Scientifique à Europa. Mém. Mus. Nat. Hist. Nat., XLI : 23-27.

PROBST, J.M. 1996. Note au sujet de l’observation nouvelle du Crabier blanc Ardeola idae sur l’île Europa (Océan Indien). Bull. Phaethon, 4 : 106.

PROBST, J.M. 1997. Note sur une population isolée de Scinque de Bouton bleu et brun Cryptoblepharus boutonii nettement distincte des deux formes précédemment décrites sur l’île d’Europa (îles éparses du Canal du Mozambique. Bulletin Phaethon, 5 : 63.

SERVAN, J. 1976. Écologie de la Tortue verte à l’île Europa, Canal du Mozambique. La Terre et la Vie, 30 (3) : 421- 464.

TURNER, A. et ROSE, C. 1997. Hirondelles et arondes du monde entier. Vigot, 1-261.

VERGONZANNE, G. ; SERVAN , J. & BATORI, G. 1976. Biologie de la tortue verte sur les îles : Glorieuses, Europa et Tromelin. In Biologie marine et exploitation des ressources de l’Océan Indien occidental. Trav. Et doc. De l’ORSTOM, 47 : 193-208.

page 22 Observations sur les oiseaux, les reptiles et les mammifères de la réserve naturelle d’Europa (Canal du Mozambique) Probst, J-M. ______

Espèces introduites disparues de l’île Europa Reptiles Tortue malgache rayonnée Geochelone radiata

Oiseaux Coq domestique Gallus sp. Pintade Numida meleagris

Mammifères Chat domestique Felis catus Cochon Sus scrofa Mulet Equus asinus Lapin Oryctogalus cuniculus

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Espèces disparues de l’île Europa

(Tortue malgache rayonnée Geochelone radiata ) disparue Seul, un reste d’une carapace a été trouvé dans la forêt sèche. Elle a peut être été introduite mais elle semble disparue aujourd’hui. Cette tortue et ses juvéniles sont très sensibles au rats.

Coq domestique Gallus sp. (disparu) Abandonné sur l’île depuis 1860 (Hoarau, 1993).

Pintade Numida meleagris (disparue) Introduite dans l’île, aujourd’hui disparue.

Dugong Dugong dugon (disparu) Un spécimen mort a été découvert dans un bras du Grand Lagon par Hoarau en novembre 1950 (Hoarau, 1993). Bien que la mangrove soit immense et en grande partie inexplorée, il semble bien que cette espèce ne soit pas sédentaire car aucune observation récente n’est connue. Toutefois, un spécimen erratique pourrait éventuellement être observé de temps à autre, principalement dans les bras situés à l’Est de la mangrove du Grand Lagon.

Chat domestique Felis catus (disparu) 2 chats domestiques ont été introduits sur l’île par les météos lors de la deuxième missions sur l’île en 1950 (Hoarau, 1993). Il s’agissait d’un couple dont la femelle accouchant de 2 chattons. Heureusement, cette espèce qui cause de gros problèmes de prédation d’oiseaux insulaire est aujourd’hui disparue.

Cochon Sus scrofa (disparu) Introduit sur l’île en 1950, un cochon en provenance de Tuléar devait protéger les membres de l’expédition météo contre le scorbut. Cet unique individu n’a pu survivre (Hoarau, 1993).

Mulet Equus asinus (disparu) Cet individu introduit servait au déchargement du matériel et des vivres acheminée de l’ancienne piste d’aviation du Sud à la station météo (Hoarau, 1993).

Lapin Oryctogalus cuniculus (disparu) Abandonné sur l’île depuis 1860 (Hoarau, 1993), cette espèce ne s’est pas maintenue.

page 24 Observations sur les oiseaux, les reptiles et les mammifères de la réserve naturelle d’Europa (Canal du Mozambique) Probst, J-M. ______

Classe des Mollusques

ORDRE DES STYLOMMATOPHORA

FAMILLE DES NESOPUPAS - VERTIGINIDAE

Nesopupa petiti Petite espèce terrestre déterminée par Fischer-Piette.

FAMILLE DES GASTROCOPTAS - CHONDRINIDAE

Gastrocopta seignaciana Espèce trouvée sur les rochers nus en calcarénite, dans la forêt d’Euphorbes du centre de l’île et le long de la piste d’aviation sur les affleurements rocheux.

FAMILLE DES ENAS - ENIDAE

Ena gaillardi Petite espèce (11-13 mm) terrestre déterminée par Fischer-Piette.

FAMILLE DES ACHATINES - ACHATINIDAE

Achatina fulica Trouvée près de la station météo, sans doute introduite avec des plantes de La Réunion.

FAMILLE DES HARMOGENANINAS - HELICARIONIDAE

Harmogenanina cyclicus petiti Petite espèce (diamètre : 13-17 mm) récoltée au centre de l’île.

FAMILLE DES PUPOIDES -

Pupoides calaharicus Petite espèce (4-5 mm) terrestre déterminée par Fischer-Piette.

FAMILLE DES PUNCTUM -

Punctum petiti

Enfin on peut signaler dans les mangroves la présence d’un grand mollusque conique, Terebralia pallustris qui se rencontre essentiellement sur les racines des trois espèces de palétuviers.

FISCHER-PIETTE, E. & BEDOUCHA, J. 1964. Mollusques terrestres de l’île Europa. Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., 36 (4) : 502-505.

FISCHER-PIETTE, E. & VUKADINOVIC, D. 1970. Suite aux mollusques terrestres de l’île Europa. Bull. Mus. Nat. Hist. Nat., 42 (6) : 1277-1281.

page 25 La reproduction en captivité du Gecko vert de Vinson Phelsuma ornata un programme de conservation pour les îles de l’Océan Indien J-M. Probst & A. Turpin

Bulletin Phaethon, 1998, 7 : 42-45.

La reproduction en captivité du Gecko vert de Vinson Phelsuma ornata

Pour un programme de conservation des taxons menacés des îles de l’Océan Indien

Jean-Michel Probst* & Agnès Turpin*

*Nature & Patrimoine, B.P. 279, 97 827 LE PORT cedex

Le Gecko vert de Vinson Phelsuma ornata est une espèce endémique de l’île Maurice. Elle est distribuée sur tout le littoral de l’île principale, ainsi que sur quelques îlots adjacents. Cette espèce est commune sur l’île aux Aigrettes, une réserve naturelle de 25 hectares sur laquelle nous avons mené un double programme de conservation :

-Restauration de la flore indigène et endémique (Strahm, 1987 ; Probst, 1996) -Sauvetage d’oiseaux endémiques menacés (Jones, 1980, 1982, 1990).

Sur cette île, le Gecko vert de Vinson est une des proies les plus appréciées de la Crécerelle de Maurice Falco punctatus qui fait l’objet de relâchage suivi en radio-tracking (Probst, 1996). Pour les faucons juvéniles, ce petit reptile est une proie aisée à attraper. Nous avons vite remarqué qu’elle faisait le lien idéal entre la nourriture morte (souris blanche et poussin de laboratoire) et une véritable proie sauvage. Le Gecko vert de Vinson a donc fait l’objet d’une étude sur sa dynamique de population puis d’un programme de reproduction en captivité. Présentation succincte de l’espèce Le Gecko de Vinson fait partie de la Famille des Gekkonidae. Cette petite espèce, endémique de l’île Maurice, mesure au maximum 63 mm du museau à l'anus1. Les mâles sont plus grands que les femelles. Les parties supérieures du corps sont de couleur bleu vert phosphorescent parsemé de fines bandes et tâches rouge vif. Il possède deux lignes blanches sur le côté de la tête et des motifs souvent différent sur le haut du museau. Le dessous est uniformément blanc. Sous ses doigts, il possède des lamelles adhésives qui agissent comme de véritables ventouses sur toutes les surfaces lisses (et sèche). Comme la plupart des animaux endémiques, il est peu craintif et ne semble pas craindre une présence trop proche. En revanche il craint par dessus tout le vol des gros oiseaux. Même une tourterelle qui ne s’intéresse nullement à lui le fera bondir à terre s’il est surpris. Il faut dire que les Faucon crécerelle en consomment beaucoup. Nous avons également observer une capture par un Bulbul orphée Pycnonotus jocosus et un intérêt certain (mais sans capture victorieuse) du Martin Acridotheres tristis. S’il passe à proximité d’un promeneur, il passe difficilement inaperçu !

Taxonomie 1825 Phelsuma ornatum Gray. Ann. Philos. London, (2), 10 : 199 1963 Phelsuma vinsoni Mertens. Senckenb. biol., Frankfurt/M., 44 (5) : 353. Fig 2 1966 Phelsuma vinsoni Mertens. Senckenb. biol., Frankfurt/M., 47(2):87 1970 Phelsuma ornata ornata Mertens Senckenb. biol., Frankfurt/M., 51:11 Méthodologie

Élevage en captivité L’objectif premier de cet élevage de geckos est d’évaluer les possibilités de fournir des proies vivantes aux oiseaux captifs. Il importait en premier lieu que le stock sauvage de l’île aux Aigrettes ne diminue pas sous la pression d’une collecte trop importante. La population captive de la volière centrale comptait parfois jusqu’à 9 faucons juvéniles ensemble. Le deuxième objectif était de tester la possibilité de favoriser, voire réintroduire le gecko endémique dans des milieux littoraux où il aurait disparu.

1 Mesure effectuée sur 47 individus capturés sur l'île aux Aigrettes.

page 42 Bulletin Phaethon - Volume 7 (1998)

Aménagement du terrarium Pour les geckos de Vinson comme pour les autres taxon du Genre Phelsuma, il est très important de les exposer au soleil. Les cages ont donc été aménagées sur l’île aux Aigrettes, dans d’anciennes bâtisses abandonnées de 4 mètres x 4 mètres de côté et de 2,50 mètres de hauteur. Les ouvertures (porte et fenêtre) ont été grillagées de 2 ventaux amovibles laissant aux animaux la possibilité de recevoir la lumière directe du soleil (importance des U.V. dans la croissance et le bien être des geckos captifs).

Nous y avons placés des plantes en pot, provenant directement de la pépinière de l’île : Dracaena concinna, D. reflexa, Dyospiros egrettarum, Ehretia petiolaris, Erythroxyllum sideroxiloides, Eugenia lucida, Gastonia custiponga, Ipomoea pes caprae, Lomatophyllum tormentorii, Maytenus pyria, Oeniela aphrodites, Pandanus vandermeerschii, Psiadia trinerva, Scaevola taccada. Nous avons également placé quelques nichoirs (bambous creux)dans l’espoir d’y voir déposer des œufs.

Mise en place du suivi de l’incubation Afin d’obtenir des données sur l’incubation naturelle des œufs (sans incubateur artificiel), nous avons placés un terrarium dans chaque cage. Ceux-ci devant permettre un suivi plus commode des œufs pondus en captivité. Afin de démarrer au plus vite cette observation, nous avons testé la méthode en collectant des œufs sur des substrat végétaux (plus aisé à déplacer). Pour cela, 27 œufs de Gecko de Vinson ont été récoltés dans la nature et placés aussitôt dans un terrarium dans la même position (importance de la régulation de la consommation du dioxygène et du rejet de dioxyde de carbone et de la vapeur d’eau). Nous avons également confectionné 2 cages / volières équipées de plantes indigènes (Bois de chandelle, Vacoas, Bois de bœuf, etc. provenant de la pépinière de l’île). Ces enceintes contenaient 4 mâles et 8 femelles chacune soit un total de 24 adultes. Dans ces conditions, les individus reproducteurs ont été gardés pendant un peu plus de 8 mois. Toutes les données nouvelles sont consignées dans un carnet de terrain contenant au minimum, la date, l’espèce concernée et le comportement observé. Résultats

Sur l’île aux Aigrettes, les Geckos de Vinson sont commodes à capturer et à maintenir en captivité. Aucune perte n’a été constatée et la reproduction (une copulation) a débuté le jour suivant l’installation des premiers adultes. Notons que si l’élevage est réalisé à ciel ouvert dans les Mascareignes (avec au moins une face de la cage orientée au soleil), les problèmes d’éclairage disparaissent.

Ponte Nous avons observé des pontes tout au long des 8 mois de captivité. Les premiers œufs ont été pondus, par une femelle déjà fécondée, sous une feuille de Pandanus dès le 12ème jour. Les pontes donnent un ou deux œufs blancs qui sont généralement collés sur le substrat (plante, écorce ou ciment). Suivant le taux d’hygrométrie et la chaleur, l’incubation dure entre 42 et 63 jours.

Sur les 27 œufs récoltés, 25 ont éclos et ont donné des juvéniles autonomes. La croissance est rapide. Au moins 4 femelles, nées en captivité, se sont reproduites le dernier mois (aucune donnée sur les mâles nés en captivité qui ont été donnés à manger aux crécerelles).

Sur les 8 mois de captivité, nous avons constaté la ponte de 91 œufs soit une moyenne de 0,71 œufs par femelle et par mois soit 5,68 œufs par femelle en 8 mois. Il est évident que certaines femelles pondent plus que d’autres. Certaines n’ont peut-être pas pondu ? Afin de connaître véritablement la « production » d’une femelle à l’année, il est nécessaire d’élever les animaux par couple.

Nourriture Nous avons favorisé le plus possible la nourriture naturelle provenant de l’île aux Aigrettes (pulpe de fruits, nectar de fleurs et divers petits insectes). Les espèces végétales indigènes sont très appréciées : Dracaena concinna, Eugenia lucida, Pandanus vandermeerschii, Dyospiros egrettarum, Scaevola taccada, Oeniela aphrodites. Une nourriture d’appoint, essentiellement des fruits exotiques a été apporté avec succès (Papaye, Mangues, Letchis, Banane, Pastèques, Melons, Avocats) et du miel. Les Geckos de Vinson consomment également quelques rares insectes. Ils sont généralement capturés près des fleurs, la pulpe des fruits ou hasard des rencontres. Certains semble bien appréciés : Acheta sp., Drosophila sp., des petits Isoptères ailés, des petits Orthoptères, des petits Diptères, Lépidoptères et Hyménoptères. Enfin, nous avons remarqué qu’ils appréciaient aussi les petites araignées et … d’autres geckos nocturnes s’il sont plus à peine plus petits et même sa propre descendance !

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Remarques sur le comportement en captivité Afin d’éviter le stress, il est important de placer beaucoup de plantes appréciée par l’espèce concernée (vacoas, Bois de chandelle, Latanier).

D’après plusieurs éleveurs contactés, les geckos du Genre Phelsuma ne doivent pas être mis ensemble dans le même terrarium. Il semble préférable de tenir un couple captif plutôt qu’un petit groupe.

Enfin, comme nous l’avons observé dans la nature, si une petite différence de taille existe entre les individus, ils risquent de se manger entre eux.

Perspectives de conservation

Sous réserve d’un encadrement rigoureux, la reproduction des Phelsuma les plus menacés des îles de l’Océan Indien pourrait faire l’objet d’un programme de conservation. Les espèces ayant une faible distribution comme le Lézard vert de Manapany Phelsuma inexpectata (Bour & Al., 1995), le Gecko vert des forêts P. borbonica mater (Meier, 1995), le Gecko vert d’Agalega P. agalegae (Cheke, 1975), le Gecko de Gunther P. guentheri (Bloxam & Vokins, 1978), le Gecko de Robert Mertens P. robermertensi (Meier,1981) et bien d’autres encore mériteraient d’être reproduit en captivité et réintroduit dans des espaces protégés où ils habitaient avant l’arrivée de l’homme (Mc Keown, 1996).

Une ferme de maintenance et de reproduction de ces espèces permettrait la sauvegarde de ces animaux. Une partie de l’enceinte, indemne de tout prédateur, permettrait de présenter ces espèces au public, sans danger pour les reptiles. Des passages obligés (en tunnel grillagé ou en plexiglas) ainsi que des zones d’observation privilégiées permettrait une sensibilisation à la beauté de ce monde inconnu de la grande majorité des réunionnais.

Des actions de conservation en relation avec des propriétaires de grands jardins ou de propriétés plus importantes permettrait d’étendre les populations sauvages. Il s’agit essentiellement de planter des espèces végétales particulières, de poser des nichoirs adaptés ainsi que des cages de propagation où seul les juvéniles peuvent s’échapper et coloniser les massifs de plantes des alentours.

Bibliographie

BLOXAM, Q.M.C. and VOKINS, A.M.A. 1978. Breeding and maintenance of Phelsuma guentheri (Boulenger 1885) at the Jersey Zoological Park. Dodo, J. Jersey Wild. Pres. Trust 15 : 82-91.

BOUR, R.; PROBST, J.M. et S. RIBES 1995. Phelsuma inexpectata Mertens 1966, le lézard vert de Manapany-les- Bains (La Réunion) : données chorologiques et écologiques (Reptilia, Gekkonidae). Dumerilia, 2 : 99-124.

CHEKE, A.S. 1975. An undescribed gecko from Agalega : Phelsuma agalegae sp. nov. Bull. Maur. Inst. 8 : 33-48.

MC KEOWN, S. 1996. Managing and breeding Mauritius Day Gecko lizard (Phelsuma) in captivity. Proc. Royal Society Arts et Sciences of Mauritius, 6 : 1-12.

MEIER, H. 1981. Phelsuma robertmertensi ein neuer Taggecko. Herpetofauna 11 : 6-8.

MEIER, H., 1995. Neve Nachweise von Phelsuma borbonica auf Reunion, Maskarenen, mit dem Versuch einer taxonomischen Einordnung. Salamandra, 31 (1) : 33-40.

PROBST, J-M. 1996. Relations et réponses d’un rapace endémique insulaire Falco punctatus suivi au radio-tracking à une forêt tropicale insulaire (île aux Aigrettes). Bull. Phaethon, 3 : 16-21.

RÖSLER, H. 1983. De Réunion-daggekko (Phelsuma ornata inexpectata) in het terrarium. Lacerta, 42 (2) : 21-24.

TURPIN, A. et PROBST, J-M. (en prép.). Essai d’une carte de répartition des deux taxons endémiques du Gecko vert des forêts : Phelsuma b. borbonica et P. b. mater. Bull. Phaethon, 8.

VINSON, J.M. 1976. The saurian fauna of the Mascarene Islands. II The distribution of Phelsuma species in Mauritius.

page 44 Bulletin Phaethon - Volume 7 (1998)

Mauritius Inst. Bull. 8 : 177-195.

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Le Genre Phelsuma dans les Mascareignes

Il existe plus de trente espèces de Phelsuma dans le monde, tous sont répartis dans la zone tropicale de l’Océan Indien. 24 sont endémiques d’une île. Dans les îles des Mascareignes, il existait 7 espèces, toutes endémiques d'une seule île.

À Maurice, on rencontre 4 espèces (dont 1 à l’île Ronde) À l'Ile Rodrigues, 2 espèces, de grande taille, ont disparu. À La Réunion, 2 espèces sont très localisées.

Il subsiste encore 2 espèces : le Phelsuma borbonica réparti dans toute la zone littorale dite "sous le vent" de St Denis à St Philippe. et le Phelsuma inexpectata qui ne se rencontre que dans une petite aire de répartition à Manapany-les-Bains.

TOMEY, W.A. 1976. La reproduction de Phelsuma lineata chloroscelis. Aquarama, 9 (31) : 36-38.

TONGE, S. 1985. The management of juvenile telfair's Skinks Leilopisma telfairii with particular reference to the role of ultra violet light. Pp 61-72 in Reptiles : breeding, behaviour and veterinary aspects. British Herpetological Society.

TONGE, S. 1990. The past, present and future of the herpetofauna of Mauritius. Chicago Herpetological Society Bulletin 25 : 220-226.

TONGE, S et BARLOW, S.C. 1985. Aspects of the biology of the Round Island Skink Leilopisma telfairii. Dodo, Journal of the Jersey Wildlife Preservation Trust. 22 : 97-109.

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