Association française de pastoralisme

Depuis 1985, l’Association française de Pastoralisme rassem- ble des représentants d’organisations professionnelles et de développement du pastoralisme, des enseignants, des cher- cheurs, des agents des services d’État de l’agriculture et du Numéro spécial génie rural, des personnels de parcs naturels, des praticiens et des bureaux d’études privés. Les rencontres annuelles de l’Association française de Pastoralisme sont une des occasions d’échange entre ses mem- bres, dispersés dans toutes les régions de et souvent isolés. Une opportunité de découverte d’autres lieux, d’autres territoires, d’autres paysages, d’autres systèmes techniques… Jusqu’à présent, la Corse n’avait pas encore été choisie pour ce rassemblement annuel, pour des raisons d’organisation Estives essentiellement. La création d’une Fédération des estives de Corse (A Muntagnera) en juillet 2000, a été l’occasion d’ac- crocher la Corse à la « planète pastoraliste », de faire connaî- tre un domaine pastoral si particulier par ses aspects fonciers, territoriaux, environnementaux, climatiques ou touristiques, et d’aborder comme il se doit les aspects techniques et scienti- fiques des élevages extensifs de l’île, avec les actions et les contraintes du développement moderne d’une solide tradition pastorale qu’ils comportent. Ces journées ont été l’occasion d’engager un échange entre pastoralistes et environnementalistes, entre Corses et Continentaux, plus particulièrement à propos de la mise en place des contrats territoriaux d’exploitation. Le caractère le plus souvent collectif des CTE pastoraux pose de nombreux et territoires problèmes contractuels à la définition d’une gestion pastorale agri-environnementale. spécial « Estives et territoires de Corse » de Corse pastum

ISSN 1154-4449 ISBN 2-914053-07-X 15 euros ISSN 1154-4449

AFP 2001 16° année - numéro double 61-62 - décembre 2001 ISBN 2-914053-07-X Estives et territoires de Corse Autres publications pastoralistes disponible aux éditions de la Cardère

LE PASTORALISME EN FRANCE À L’AUBE DES ANNÉES 2000 Un aperçu général du pastoralisme (technique, culture, environnement, multi-usage, formation...)

BRÛLAGES DIRIGÉS Une synthèse scientifique et technique sur les feux pasto- raux

PASTORALISME ET ESPACES NATURELS PROTÉGÉS Une rencontre internationale entre pastoralistes et gestion- naires d’espaces naturels

PASTORALISME AU NORD ET AU SUD. DÉBATS ET PROSPECTIVE Un échange de réflexions sur la place du pastoralisme dans la société

TRANSHUMANCE COLLECTIVE EN CANTAL La longue expérience de la première coopérative de transhumance française Association française de Pastoralisme A Muntagnera, Fédération des estives de Corse

Estives et territoires de Corse

Journées annuelles de l’Association française de Pastoralisme (21-24 septembre 2001)

pastum numéro spécial 61-62 juillet-décembre 2001 pastum Bulletin de l’Association française de Pastoralisme

Responsable de la publication : G. L’Homme ENITAC, Marmilhat, 63370 Lempdes numéro spécial 61-62, décembre 2001 Impression : Imprimerie des Deux-Ponts, Gières (38) Tirage : 500 exemplaires Dépôt légal décembre 2001

Photos : Emmanuelle Louison, Martine Teuma, Michel Dubost, Marc Clopez, Marc Mallen Dessins de Marc Clopez (pages 62-64) Dessins de Bruno Teissier du Cros (pages 86 et suivantes)

Référence Association française de Pastoralisme. Estives et territoires de Corse. Journées annuelles de l’Association française de Pastoralisme. Éd. de la Cardère Morières, 2001, 103 p.

Éditions de la Cardère 8 impasse du Tilleul 84310 Morières

© Association française de Pastoralisme 2001 ISSN : 1154-4449 © Éditions de la Cardère 2001 ISBN : 2-914053-07-X © Le code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992 interdit la photocopie à usage collectif sans auto- risation des ayants droit. Le non-respect de cette disposition met en danger l’édition, notamment scienti- fique. Toute reproduction, partielle ou totale, du présent ouvrage, est interdite sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC) 3 rue Hautefeuille, Paris 6e. Sommaire

Éditorial ...... 9

ESTIVES ET TERRITOIRES DE CORSE A Muntagnera, Fédération des estives de Corse ...... 13 A Muntagnera. Plan d’action pour les estives ...... 14 Icalpe en bref ...... 16 Quelques données territoriales et environnementales ...... 18 Corse : une montagne authentique et vivante. Le recensement 1999 des unités pastorales en Corse ...... 21 La transhumance dans la Restonica ...... 25 Fromages corses : la certification au secours du pastoralisme ...... 27 Le Brocciu, un fromage en AOC ...... 29 Décret du 3 juin 1998, AOC « Brocciu corse » ...... 31 Accommoder le Brocciu… ...... 33 En estive à Lento ...... 35 Lento, histoire et environnement ...... 37 Recherche en Corse : le Laboratoire de recherche sur le développement de l’é- levage (Inra-Lrde) ...... 41 Quelques aspects de l’évolution de l’élevage pastoral corse ...... 43 Élevage porcin et systèmes sylvopastoraux en Corse. Mettre en dynamique la tradition ...... 49 Recherche-développement : l’Odarc ...... 55 Odarc : la station expérimentale d’ Projet d’expérimentation pour la période 1999-2004 ...... 58 Forêt, incendies… PRMF et pastoralisme ...... 61 LES CONTRATS TERRITORIAUX D’EXPLOITATION (CTE) Les présentations ...... 69 Les débats ...... 80

ASSOCIATION : L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE Compte-rendu d’assemblée générale ...... 87 Centre de ressources de l’AFP ...... 90 Prospective ...... 92

ANNEXES Éléments bibliographiques et sources d’information ...... 96 Liste des sigles utilisés ...... 97 Revue de presse ...... 98 Liste des participants inscrits ...... 101 Avertissement : Nous avons souhaité transcrire le plus complètement possible, dans ce document, ce qui a été montré et exposé lors des rencontres annuelles de l’Association française de Pastoralisme. Les points de vue exprimés dans ces articles n’engagent que leurs auteurs, et ne constituent donc pas nécessairement un consen- sus au sein de l’AFP.

Éditorial

Gérard L’Homme président de l’Association française de pastoralisme

Les rencontres annuelles de l’Association française de Pastoralisme sont une des occasions d’échange entre ses membres, dispersés dans toutes les régions de France et souvent isolés. Une opportunité de découverte d’autres lieux, d’autres territoires, d’autres paysages, d’autres systèmes techniques… C’est enfin la possibilité d’un dialo- gue approfondi entre ceux qu’on nomme pastoralistes (personnels de services départementaux ou régionaux, chercheurs, enseignants…) et ceux qu’on appelle aujourd’hui les « techniciens des espaces difficiles », bergers, vachers, éleveurs. Ces journées sont importantes pour l’association, dont le rôle fédérateur, « au-dessus de la mêlée », est le garant de la solidité d’un réseau dynamique, d’une tribune où les points de vue peuvent s’exprimer librement, se dis- cuter à la fois calmement et passionnément. Ces journées renforcent les liens humains entre des personnes qui professionnellement vont toutes dans le même sens, celui du soutien aux activités pastorales des montagnes, des collines et des plaines, ultime lien s’il en fallait un entre deux espaces en mutation, le monde rural et le monde urbain. Des journées en Corse ? C’est une question récurrente depuis des années, lorsqu’il s’agit de choisir une région. Il y a la mer à franchir… non pas que les pastoralistes n’aiment pas se mouiller, mais cela demande une orga- nisation et des moyens plus importants. L’opportunité nous a été donnée cette année, grâce à un financement du ministère de l’Agriculture, qui a permis de réunir en Haute-Corse plus de cinquante personnes, pastoralistes mais aussi environnementalistes, « du terrain jusqu’aux couloirs du ministère », et de publier cette édition spé- ciale de Pastum. L’organisation de ces rencontres 2001 a été relayée en Corse par A Muntagnera, la toute jeune Fédération des estives de Corse, hébergée à la Casa Pastureccia à par Icalpe. Trois journées thématiquement diversi- fiées, où se sont succédées visites de terrain (vallée de la Restonica, plateau de Lento, commune d’), pré- sentations plus académiques (Inra, Odarc), et débats techniques (contrats territoriaux d’exploitation).

Ce document se structure autour de trois « dossiers » : • un panorama du pastoralisme en Corse : présentations des services pastoraux, données territoriales et envi- ronnementales, aperçu général du pastoralisme corse, flash sur des territoires pastoraux et des produits, recher- che et développement, problème de la prévention des incendies de forêts ; • les contrats territoriaux d’exploitation : mise en place de CTE pastoraux sur le continent et débats ; • le compte rendu d’assemblée générale de l’Association française de Pastoralisme, qui s’est tenue de manière traditionnelle pendant ces journées.

Le réseau des pastoralistes s’accroît, se diversifie, à l’image de la diversification des usages dans les espaces pas- toraux. Ses actions prennent de l’importance, à en juger par les sollicitations récentes du ministère de l’Agriculture, en particulier la mise en place d’un groupe de travail national sur le pastoralisme. À nous de ne pas négliger les deux principales attaches qui feront la pérennité de l’AFP : celle du terrain (bergers et éleveurs comptent sur le relais de l’association), celle du public. Chacun dans sa région, son département, en est bien conscient et sait faire alterner des actions journalières de terrain, des relations avec l’administration, la recher- che, etc., et l’organisation de manifestations en direction d’un public plus large. C’est beaucoup de travail, beau- coup de temps, et cela ne peut pas se faire sans passion… ni sans moyens.

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Estives et territoires de Corse Bergerie des Pozzi, massif du Renoso. Le berger : Jean-François Battistelli AA MMuntagnera, Fédération des estives de Corse

Emmanuelle Louison A Muntagnera, Riventosa

ce territoire soient organisés de tion, votent à l’occasion des assem- Pourquoi façon harmonieuse et que le déve- blées, élisent leur conseil, participent « A Muntagnera » ? loppement de ce territoire soit inté- aux groupes de travail et sont les pre- gré avec celui des villages et des miers bénéficiaires des services et vallées de la montagne. des acquis de la fédération. La Corse, malgré une tradition pas- torale très forte, a connu une lour- À cette fin, A Muntagnera dévelop- Toutes les administrations et insti- de déprise agricole qui a boulever- pe les services dont ont besoin les tutions concernées par ce territoire, sé les règles régissant l’utilisation acteurs de ce territoire, apporte ainsi que des personnalités, peu- du territoire de transhumance. assistance aux projets locaux d’a- vent être invitées à participer en Aujourd’hui, face à une demande ménagement et de développement, tant que membres associés. Ils ne accrue des agriculteurs pour réin- assure la mise en cohérence des paient pas de cotisation, et donc ne vestir ce territoire et aux problèmes actions au niveau régional, sert de participent pas aux votes et aux qu’ils rencontraient, s’est imposée lieu de médiation et de résolution adhésions, mais ils sont informés l’idée de la création d’une structure des conflits, est une force de pro- des activités de la fédération et dont le cœur serait ce territoire. A position et d’action pour la mise en invités à y participer au même titre Muntagnera a donc été créée à l’i- œuvre d’une politique de remise en que ses membres adhérents. nitiative d’éleveurs qui ont pris valeur et de développement dura- conscience de la nécessité de se ble des estives et de la montagne regrouper pour réinvestir ce terri- corse. Une adresse toire dans de bonnes conditions et en parfait accord avec tous ses uti- Pour s’informer, pour adhérer ou lisateurs actuels. Des adhérents pour tout autre contact, s’adresser au siège d’A Muntagnera : A Muntagnera a deux catégories de L’objectif membres : les membres adhérents A MUNTAGNERA et les membres associés. d’« A Muntagnera » Casa Pastureccia Tous les éleveurs transhumants, indi- 20 250 Riventosa viduellement ou à travers leurs grou- Créée depuis le 13 juillet 2000, A Tél. 04 95 47 08 82 pements, tous les propriétaires et Muntagnera a pour objectif la vie Fax. 04 95 47 08 85 toutes les communes, tous les autres du territoire de transhumance de [email protected] la haute montagne corse, c’est-à- usagers des estives, pour la randon- dire qu’il soit entretenu, que les née, la forêt, la chasse, etc., indivi- Vous pouvez aussi consulter son éleveurs puissent l’utiliser correcte- duellement ou à travers leurs asso- site web : http://perso.club-inter- ment, que les différents usages de ciations, peuvent être « membres adhérents ». Ils paient leur cotisa- net.fr/icalpe/amuntagnera/

13 AA MMuntagnera. Plan d’action pour les estives

Le plan d’action est défini selon trois de l’Agriculture, MSA, ODARC, ments pastoraux et de commissions axes (organisation du territoire, notamment). pastorales extramunicipales, y remise en valeur pastorale, gestion compris au niveau intercommunal. 4. Définir des accords cadre entre du multi-usage) pour lesquels des éleveurs pour l’utilisation de l’espa- 5. Gestion des ressources : disposi- objectifs stratégiques et des priorités ce et des ressources, basés sur des tifs de mesures, d’expérimentation, d’actions ont été définis. chartes d’utilisation de la montagne de démonstration et de projets pilo- par type d’élevage (y compris les tes pour la gestion des ressources 1. L’organisation aspects sanitaires). en montagne. 5. Élaborer des références tech- du territoire niques et des modèles régionaux pour la gestion des ressources. 2. La remise en L’état des lieux montre la juxtaposi- valeur pastorale tion de situations mal définies, plus ou moins conflictuelles et l’absen- Priorités pour l’action Les résultats de l’enquête pastorale ce de projet de développement éla- 1. Organisation sanitaire de la effectuée en 1999 (voir plus loin) boré et porté par l’ensemble des transhumance en montagne : ont bien montré la forte attente des intéressés. dispositif de prévention des risques acteurs de la montagne, et l’impor- sanitaires liés à la transhumance tance des projets de remise en sur l’ensemble de la Corse. Objectifs stratégiques valeur pour l’avenir. La croissance 2. Déclaration de surfaces en mon- spectaculaire des projets de fabri- 1. Organiser les rapports entre éle- tagne : définir avec les administra- cation de fromages et de brocci en veurs et communes au niveau local tions concernées les bonnes procé- montagne (voir plus loin) est le et intercommunal. dures de déclaration des surfaces signe le plus évident d’une évolu- 2. Obtenir l’engagement de toutes en montagne. tion forte, d’un tournant et d’un les communes de réattribuer les optimisme pour l’avenir de la haute 3. Attribution de l’usage du foncier bergeries aux bergers, en priorité, montagne. communal bâti et non bâti : cam- et fixer des règles équitables pour pagne d’information et projets pilo- tous les utilisateurs des bergeries tes pour la promotion de bonnes sur territoire communal en monta- Objectifs stratégiques méthodes d’attribution de l’usage gne. 1. Définir et assurer des standards du foncier communal bâti et non minimum pour l’aménagement des 3. Aboutir à des règles claires et bâti en montagne. bergeries en montagne. applicables de déclaration des sur- 4. Commissions et groupements faces en montagne avec les admi- 2. Assurer la remise en état mini- pastoraux : promotion des groupe- nistrations concernées (ministère mum des équipements de base

14 4. Établir des rap- ports de bonne entente entre repré- sentants des chas- seurs et éleveurs transhumants. 5. Promouvoir la valorisation du patri- moine naturel et cul- turel en montagne avec la participation des éleveurs transhu- mants.

Priorités pour l’action 1. Actions de sensibi- lisation à la vie pasto- rale en montagne : campagnes d’infor- Bergerie de Radule, vallée du Niolo. Le berger : Luc-Antoine Albertini mation et d’outils de communication standardisés pour informer et sensi- biliser tous les utilisateurs des sites – enclos, points d’eau, bergeries, laboration de plans communaux et d’estives. fromageries et caves si transforma- intercommunaux pluriannuels d’a- tion – sur toutes les estives utilisées. ménagement et de développement 2. Tourisme pastoral : programme du territoire des estives et des terri- d’information, de formation et de 3. Identifier et suivre les zones à toires associés. réalisation de projets pilotes locaux débroussailler en priorité. pour le tourisme pastoral. 5. U Muntanacciu : programme de 4. Assurer l’organisation du défense et de promotion du « mun- 3. Sylvopastoralisme : projets pilo- transport – héliportages, mulets – tanacciu » (fromage affiné en mon- tes d’expérimentation et de sur l’ensemble du territoire d’estive. tagne). démonstration en matière de sylvo- 5. Assurer la possibilité de transfor- pastoralisme. mer dans de bonnes conditions sur 4. Randonnée en estive : projets toutes les estives où une demande 3. La gestion du pilotes et programmes intercom- existe. multi-usage munaux de développement de la randonnée (pédestre et équestre), hors GR 20. Priorités pour l’action Les estives sont un carrefour entre 1. Transport en estives : campagnes plusieurs activités aux intérêts croisés 5. Patrimoine et transhumance : annuelles de transport en estive, mais pas toujours concourants. projets pilotes de valorisation du combinant héliportages et mulets. patrimoine naturel et culturel en montagne. 2. Qualité sanitaire de l’eau en Objectifs stratégiques montagne : assurer la qualité sanitai- 6. Sécurité en montagne et télé- 1. Développer les formes alternati- re de l’eau en montagne, en particu- communications : assurer une cou- ves de randonnée partout où il y a lier dès lors qu’il y a fabrication de verture totale des réseaux en mon- une demande locale. fromage et/ou accueil de touristes. tagne et une meilleure intégration 2. Développer le tourisme pastoral des éleveurs transhumants dans le 3. Programme régional de remise sur des bases professionnelles par- dispositif de prévention, d’alerte et en valeur : programme permanent tout où les éleveurs le souhaitent. de premiers secours. d’actions de remise en valeur et obtention d’un cadre de finance- 3. Promouvoir le sylvopastoralisme ment approprié. en montagne en accord entre éle- Complément bibliographique : M. veurs, propriétaires et administra- 4. Plans d’aménagement des esti- Dubost & F. Cornet, 1996. Étude tions forestières – dont les com- ves : dispositif d’information, de préliminaire pour la remise en valeur munes – et autres utilisateurs de la conseil et de soutien financier à l’é- des estives de Corse. Icalpe, 71 p. montagne.

15 IIcalpe en bref

Michel Dubost Icalpe, Riventosa

• identification des priorités pour publiques. Il a développé des pro- Origine une meilleure intégration de la jets de coopération internationale conservation du patrimoine natu- entre les régions européennes, Soutenu à l’origine par l’Unesco, rel et du développement dans les orientés vers l’échange d’expérien- IUCN-The World Conservation zones de montagne d’Europe ; ce, l’expertise et les actions com- Union, le ministère français de munes pour la mise en valeur dura- • promotion et coordination des l’Environnement, et le département ble de la montagne. de la Savoie (France), Icalpe a été projets de recherche européens créé lors d’une rencontre interna- d’un intérêt social et scientifique tionale de scientifiques à majeur ; Résultats Chambéry (France), en décembre • création de réseaux permanents 1987. Les fondateurs reconnurent d’individus et d’organisations, À travers l’expérience acquise lors le besoin de promouvoir la coopé- afin de rassembler les compéten- de la création des réseaux et lors de ration scientifique dans les Alpes et ces et expériences dans les sec- la collaboration dans différents pro- les montagnes d’Europe. Icalpe fut teurs critiques au niveau interna- jets, le Centre a constitué de solides établi comme une petite organisa- tional ; partenariats dans de nombreux tion, internationale, indépendante pays européens autour des Alpes et et scientifique par nature. Le • identification des problèmes et de la Méditerranée. Parmi les prin- Conseil d’administration d’Icalpe de leurs possibles solutions, du cipales réussites du Centre nous est élu tous les quatre ans. Il est point de vue scientifique, pour pouvons compter : composé de huit personnalités communication au public et aux scientifiques de différents pays décideurs. • l’établissement d’une permanen- d’Europe. te capacité de coordination multi-disciplinaire et internatio- Activités nale ; Rôle • l’ouverture de deux représenta- Commençant par des sujets priori- tions dans deux zones géogra- taires tels que la végétation, l’eau, Le rôle d’Icalpe n’est pas seulement phiques critiques pour les monta- les changements climatiques, la de promouvoir la recherche scien- gnes et l’environnement en désertification ou le tourisme, tifique, mais aussi de diffuser la Europe : les Alpes et la Icalpe a promu et développé des meilleure connaissance et ressour- Méditerranée ; ce scientifique disponible. Après projets d’études et de recherche co- neuf ans d’activités, Icalpe a renfor- financés par la Commission des • la mobilisation d’un large réseau cé son travail dans les secteurs sui- communautés européennes, le de partenaires et d’experts scien- vants : Parlement européen, des compa- tifiques ; gnies privées et des institutions • la coordination de plusieurs pro-

16 grammes européens, pour la ration savent le rôle déterminant de Corse (A Muntagnera) à l’image recherche et l’échange dans un joué par Icalpe pour cette opéra- de ce qui existe dans les régions but d’actions entre les régions tion. L’engagement d’lcalpe dans dynamiques des Alpes et des montagnardes et insulaires. ce domaine est lié à la conviction Pyrénées. que les estives représentent une marge de progrès inexploitée pour Icalpe et les estives le développement durable de l’in- térieur, qui nécessite à la fois une Basé en Corse, Icalpe est bien évi- politique de remise en valeur bien demment disponisé à rendre servi- définie et une implication des acteurs locaux. ce localement, si l’intérêt existe, Contact : Centre International pour jouer son rôle de facilitateur Les deux iront de pair, mais l’orga- pour l’environnement Alpin de la coopération internationale, nisation des acteurs locaux est Casa Pastureccia ou pour des études ou conseils déterminante. À ce titre, Icalpe met 20250 Riventosa dans ses domaines de compétence. son expérience et ses relations Tél. 04 95 47 08 82 nationales et internationales à Dans le cas du recensement des Fax. 04 95 47 08 85 disposition pour faciliter la mise en unités pastorales d’altitude en [email protected] place d’une fédération des estives Corse, tous les partenaires de l’opé- http://perso.club-internet.fr/icalpe

17 QQuelques données territoriales et environnementales

Issues de http://www.oec.fr

Centre Corse • le canton de : 24 com- contraintes rigoureuses dans un but munes. exclusif de protection de la nature, mais qui, par son action dans le ter- Le Centre-Corse représente la Auquels on peut rattacher à cette ritoire entièrement englobé dans sa micro-région de Corte et la micro- préfiguration du centre, une zone zone, fait de la protection de la région de Ponte-Leccia. Ses carac- périphérique représentée par 9 nature une priorité tout en l’accom- téristiques sont celles des zones de communes : pagnant d’un développement éco- montagne : • 7 communes du canton de nomique et de l’accueil du public. • un relief très accidenté mêlant Castifao- (les commu- Pour le département de la Haute- Corse schisteuse et Corse cristal- nes de , Castello di Corse, le domaine forestier couvre line ; Rostino, Valle di Rostino sont 24 061ha, dont : écartées du fait de leur situation • la présence importante de tor- plus tournée vers la vallée du • forêt domaniale : 5 680 ha ; rents et cours d’eaux : Le Golo et ) ; Tavignano, Le Golo, la • autres forêts soumises : 5 648 ha ; • 2 communes du canton de Restonica, le Vecchio ; • forêts non soumises : 12 733 ha. Niolu- (seules les com- • la végétation : maquis bas et munes d’Omessa et de Le sillon de Corte représente confus, aulnes, bouleaux, et sur- sont retenues, le Niolu formant 9 997 ha de surface prépondérante tout de vastes forêts dans les sec- une microrégion à part entière pour l’ONF, dont : teurs escarpés. caractérisée par son isolement • forêts domaniales soumises : des autres vallées) Population : 12 786 habitants 2 892 ha ; Une protection définitive des mas- Tenant compte des organismes de • forêts communales soumises : sifs forestiers implique un contrôle gestion intercommunale, des pro- 11 250 ha ; jets et des actions communes, et en de l’utilisation du sol et de la natu- dehors du découpage administratif, re des coupes. Ce contrôle est • forêts communales non soumi- le territoire central est délimité par confié à l’ONF qui assure la maîtri- ses : néant. la microrégion du Cortenais, qui se d’œuvre et donne des conseils regroupe 39 communes : techniques. Cette protection est fondée initialement sur deux priori- Types de peuplement forestier • le canton de Corte : 1 commune ; tés, la conservation d’un patrimoi- • cistaies et autres maquis bas ; • le canton de : 7 commu- ne naturel et la production de bois. nes ; • boisement lâche montagnard de Il faut ici citer également le parc conifères ; • le canton de : 7 commu- naturel régional de Corse, qui n’a nes ; pas pour vocation d’imposer des • taillis de chêne vert ;

18 • maquis à chêne vert ; correspond sensiblement à l’aire de Sources de données répartition du châtaignier. • maquis à pin maritime ; Types de peuplement forestier environnementales • grande lande montagnarde ; • châtaigneraies ; en Corse • futaies de pin laricio. • futaies de conifères mêlés de http://www.oec.fr/sources/index.htm taillis ; Castagniccia • taillis de chêne vert ; CONNAISSANCE DU PASTORALISME CORSE • autres taillis ; Le territoire dénommé la « petite Année de mise en place : 1980 Castagniccia » et rassemble les • maquis à chêne-liège ; Objectif : Connaître et comprendre trois anciennes « pièves » le fonctionnement des systèmes • cistaies et autres maquis bas. d’Orezza, d’Ampugnani et d’élevage et caractériser les pro- d’Alesani. Les 38 communes duits d’élevage. Aide à la décision regroupées en Sivom ont été rete- pour l’organisation des filières. nues en 1980 comme support à un Méthodologie : Suivi zootechnique contrat de pays et ont adhéré au et expérimentation. parc naturel régional en 1990. Elles Couverture géographique : Corse. se répartissent en deux cantons : Paramètres étudiés : production • 23 composent le canton fromagère, occupation spatiale, d’Orezza-Alesani, chef-lieu performances zootechniques. (arrondissement de Réalisation du programme : Inra. Corte) ; Accès des données : Libre. Support : papier. • 15 appartiennent au canton de Liens avec d’autres sources de Fiumalto d’Ampugnani, chef-lieu données : Gestion des races loca- (arrondissement de les. Bastia). Gestionnaire des données : Inra- Lrde, Centre de Corse, 20230 San Superficie : 14 782 ha. Nicolao Contact : Pierre Santucci, délégué L’altitude moyenne est de 600 m et

19 environnement, tél. 04 95 55 59 00, point Noguès, 20407 Bastia cedex Couverture géographique : Corse. email : [email protected] Contact : Sandrine Le Garrec, tél. Paramètres étudiés : Espèces 04 95 32 84 00 remarquables, habitats remarqua- CIRVAL bles. Année de mise en place : 1994 CONCEPTION D’UNE BASE DE DONNÉES Base de données associée : Znieff I Objectif : Diffusion et valorisation INCENDIE ET MISES A FEU POUR LA et II. des informations et des compéten- RÉGION CORSE Accès des données : Réservé ces internationales dans le secteur Année de mise en place : 1992 (convention de mise à disposition). des petits ruminants laitiers. Objectif : Recenser, cartographier Format des données : ArcInfo, Méthodologie : Système documen- et analyser les causes des mises à échelle de validité au 1/25 000. taire et informatique permettant l’a- feu et définir des périmètres sensi- Gestionnaire des données : nalyse à distance et la consultation bles à protéger. Direction régionale de l’Environ- de documents sélectionnés avec un Méthodologie : Recensement par nement Corse, 19 cours Napoléon, réseau d’experts. micro-région ; saisie des archives BP 334, 20180 Ajaccio cedex Couverture géographique : antérieures (PV, télédétection…) Contact : Jacques Nicolau, Méditerrannée et internationale. Couverture géographique : Corse tél. 04 95 51 79 88, Paramètres étudiés : Technologies Paramètres étudiés : Végétation, email : [email protected] laitières, références fourragères sur lieu de départ, saison, date… parcours, impact sur l’environne- Réalisation du programme : PNRC ment. (maître d’ouvrage 1985-1995) ; INVENTAIRE FORESTIER NATIONAL Accès des données : Réservé, pos- Odarc (maître d’ouvrage depuis Année de mise en place : 1977 sibilité de mise à disposition ; 1996) Objectif : suivi de la ressource modalités à préciser au cas par cas. Base de données associée : forestière. Serveur web. Misafeu. Base de données sur les Méthodologie : Couverture aérien- Lien avec d’autres sources de don- départs de feu, le nombre de mises ne, levers de terrain. nées : Oui, notamment CDRom à feu, la végétation, les dates de Couverture géographique : France Agris de la FAO… mise à feu… L’intégration de la entière. Gestionnaire des données : Pro- base est en cours de développe- Paramètres étudiés : Évaluation Cirval, Quartier Grossetti, BP 5, ment. Format : ArcInfo (vecteur) dendrométrique, peuplement, rele- 20250 Corte. Lien avec d’autres sources de don- vés floristiques et pédologiques. Contact : Monsieur Dubeuf, tél. 04 nées : Corine Landcover (couvert- Réalisation du programme : 95 45 22 22, email : cirval@cirval- ure végétation), Insee (données Inventaire Forestier National (maî- asso.fr communales) tre d’ouvrage). Accès des données : Réservé pour Base de données associée : IFN. les données sources. Libre pour les SIG. DDAF 2B Données sur la ressource forestière données issues de la base Année de mise en place : 1991. (surface, volume, production de Gestionnaire des données : Odarc, Objectif : Étude de l’évaluation de bois…). avenue P. Giacobbi, BP 618, l’espace forestier. Créer un outil de Support : Papier (publications) ; 20601 Bastia cedex cartographie. Informatique. Contact : Yves Conventi, Service Couverture géographique : Corse. Format : ArcInfo (vecteur et raster). Pastoralisme, tél. 04 95 30 95 30 Paramètres étudiés : Peuplement Accès aux données : Réservé forestier. Plan IFN Corse, feux (cou- (Convention IFN pour accès com- verture 1970-1995), zonage agrico- plet). Libre : minitel 3616 IFN INVENTAIRE DES ZONES NATURELLES le et pastorale. (résultats standards). D’INTÉRÊT ÉCOLOGIQUE FAUNISTIQUE Base de données associée : SIG Gestionnaire des données : ET FLORISTIQUE (ZNIEFF) DDAF 2B. Inventaire Forestier National / Année de mise en place : 1982 Accès des données : Réservé. Échelon de Montpellier, Place des Objectif : Connaître et suivre l’état Gestionnaire des données : Arcades, BP 001, 34971 Maurin du patrimoine naturel. Direction départementale de l’agri- Lattes cedex. Méthodologie : Enquêtes et inven- culture et de la forêt de la Haute- Contact : Monsieur Pignard, tél. 04 taires auprès de la communauté Corse, Centre administratif, Rond- 67 07 80 84 naturaliste et scientifique.

20 CCorse : une montagne authentique et vivante Le recensement 1999 des unités pastorales en Corse 1

Michel Dubost Icalpe, Riventosa

Cet article a déjà fait l’objet de deux publications : ovins et caprins, mais aussi des ment de 1999 vient à point nommé Agreste Corse n°1, mai 2000. Bulletin 4 pages. porcins. Des différences marquées apporter des réponses sur l’évolu- Série Statistiques du ministère de l’Agriculture et caractérisent toutefois l’évolution tion récente et les chances d’avenir de la Pêche d’un massif à l’autre. Malgré cer- de la vie pastorale de haute monta- A. Bornard & C. Brau-Nogué (coord.), 2000. Le pastoralisme en France à l’aube des années 2000. tains signes de désaffection au gne en Corse. Asso fr. Pastoralisme, Pastum hors-série 252 p. Eds cours des dernières décennies, de Cardère. nombreux projets et souhaits d’a- mélioration ont été révélés par le 2. Un domaine très recensement sur l’ensemble des étendu La haute montagne corse reste très massifs. Ils sont autant de témoi- largement utilisée par les troupeaux gnages de confiance pour l’avenir pour la transhumance estivale, du pastoralisme d’altitude. Oui, la Le recensement de 1999 a permis même si la présence permanente montagne corse est bien vivante ! d’élargir le domaine pastoral d’alti- des bergers en estive est moins tude (fig.1), par une meilleure prise importante qu’autrefois. Plusieurs en compte de la réalité du terrain, espèces, ovins, caprins, bovins 1. Un recensement tout en restant strictement fidèle à mais aussi porcins s’y côtoient, le la définition statistique de “ l’unité plus souvent sur la même unité. La au bon moment pastorale ” (voir encadré). Le montagne témoigne des évolutions champ de l’enquête a été redéfini de l’élevage corse au cours des L’élevage est une activité importan- après avoir informé l’ensemble des trente dernières années avec une te pour l’île. La transhumance en 360 communes de Corse, sélec- forte progression des bovins au montagne l’été fait partie de tradi- tionné les communes à enquêter en détriment des petits ruminants, tions bien vivantes. Elle est asso- fonction des réponses reçues — et ciée à un important patrimoine bâti de leur recoupement avec diverses 1 L’enquête pastorale Corse 1999 a été assu- en altitude, pour l’hébergement des sources d’information — et enfin rée sous maîtrise d’ouvrage du Centre inter- hommes et la fabrication des fro- retracé le contour exact de chaque national pour l’environnement alpin (ICAL- mages. Au moment où tout le unité lors de la réalisation de l’en- PE), avec le concours du Centre de service régional de statistique agricole (CSRSA) de monde s’accorde à reconnaître la quête en commission communale. Corse, l’appui logistique du Service central nécessité d’un développement de Ce travail a permis de mettre en des études et enquêtes statistiques du minis- l’intérieur basé sur des productions évidence la grande stabilité du tère de l’Agriculture et de la Pêche (SCEES) agro-alimentaires de qualité, sur de domaine pastoral défini pour les et la participation financière du FNADT. Elle a été conduite par un comité de pilotage nouvelles formes de tourisme en besoins de l’enquête : 86 commu- composé également de l’Office de dévelop- quête de nature et de culture, la nes enquêtées à titre principal en pement agricole et rural de Corse (ODARC), remise en valeur du patrimoine que 1999 contre 83 en 1971, 132 à titre des chambres d’Agriculture, du parc naturel constituent les estives mérite une secondaire contre 125, 115 unités régional de Corse et d’un comité de suivi élargi à d’autres partenaires. attention prioritaire. Le recense- pastorales utilisées contre 114. La

21 modification essentielle tient à la meilleure définition du contour des unités qui conduit à augmenter la surface moyenne des unités et du domaine pastoral dans son ensem- ble, la superficie de l’ensemble des Tableau 1. Le domaine pastoral de unités utilisées passant notamment Corse (unités pastorales utilisées) de 108 000 à 127 000 ha utilisés. les communes possèdent près des 9/10e. Le poids des communes est 2.1 Un sixième de l’île d’autant plus déterminant qu’elles L’ensemble du domaine est aujour- sont propriétaires du bâti pastoral d’hui estimé au total à 135 000 ha, traditionnel — les bergeries — dont soit 16% de la surface de l’île. Cela l’état et les droits d’usage, très spé- représente également autant que la cifiques à la Corse, conditionnent totalité de la Surface Agricole largement l’utilisation de la monta- Utilisée (SAU) rattachée au siège gne par les éleveurs. des exploitations agricoles en Corse selon la statistique agricole annuelle de 1998 (tabl.1). 3. Une prédominan- ce des cheptels 2.2 Un domaine exten- bovins et ovins sif, de grandes unités L’une des caractéristiques essen- En têtes de bétail, et sur l’ensemble tielles de ce vaste domaine, en de la montagne corse, le cheptel le Figure 1. Les massifs pastoraux de comparaison d’autres massifs, est plus important est celui des ovins la montagne corse d’être découpé en 123 grandes uni- suivi, dans l’ordre, de ceux des caprins, bovins et porcins. L’ordre Onze massifs homogènes ont été individua- tés, d’une surface moyenne d’envi- lisés à partir de trois critères (homogénéité ron 1 000 ha. est identique en Haute-Corse tandis géographique, mouvements des troupeaux que les bovins sont plus nombreux entre unités, origine des troupeaux : trans- Cela s’explique à la fois par le faible que les caprins en Corse du Sud. humance historique entre la plaine et la potentiel fourrager à l’hectare des montagne), avec du nord au sud de l’île : montagnes corses, qui induit une L’expression des effectifs en équi- 1 Capicorsu (u Capicorsu, u Nebbiu), valents bovin standard (EBS) donne 2 Tenda (u Nebbiu, l’Ostriconi, u Golu), utilisation extensive de l’espace, et 3 Montegrossu (u Ghjunsani, a Balagna), par le mode traditionnel d’usage évidemment une meilleure idée de 4 Castagniccia (a Castagniccia, u des montagnes par plusieurs trou- la réalité de l’impact des différents Rusincu, u Boziu, Moita Verde, u cheptels de ruminants sur le terri- Morianincu), peaux de bovins, ovins, caprins, et 5 Cintu (u Niolu, a Caccia, i Dui Sevi), souvent aussi de porcins. toire, avec une nette prédominance 6 Altu Tavignani (u Curtinese), des bovins sur les ovins, et des 7 Liamone (i Dui Sorru, u Cruzini), ovins sur les caprins (tabl.2). 8 Oru è Renosu (u Venachese, u Fiumorbu), 2.3 Un domaine essen- 9 Prunelli è Gravona (a Cinarca, a tiellement public, com- Gravona, u Prunelli, l’Ornanu), 3.1 Diminution des 10 Taravu (l’Altu Taravu, u Bassu Taravu, u munal Sartinese), petits ruminants et sur- 11 Alta Rocca (l’Alta Rocca, u Il s’agit d’un domaine essentielle- tout des ovins au cours Portivechjacciu, u Sartinese). ment public, sur 101 500 ha, dont des trente dernières Définition de l’unité pastorale d’altitude années Accueillant une activité pastorale extensive, régulière mais saisonnière en raison de l’altitude ou du climat, l’unité pastorale est : Au cours des trente dernières années s’est opéré un tassement du • une unité géographique d’un seul tenant, une portion de territoire chargement des petits ruminants, continue d’au moins 10 ha pour être recensée ; plus accusé pour les ovins que • une unité d’exploitation, parcourue par un même troupeau, ou un pour les caprins, tandis qu’aug- même ensemble de troupeaux, quelle que soit la nature des propriétai- mentait fortement le chargement res du terrain ; bovin, en particulier en Haute- Corse. La Corse du Sud présente • une unité saisonnière, parcourue sans retour journalier au siège de l’ex- également une diminution assez ploitation (au moins une demi-heure de marche).

22 L’ensemble du cheptel ruminant recensé en montagne a légèrement progressé, de 13 350 à 14 800 EBS, en raison de l’extension du champ du recensement. Mais si le cheptel bovin a progressé, les ovins, caprins et porcins ont tous diminué.

5. Une baisse du Tableau 2. Effectif estivé poids de la montagne nette du cheptel ovin, qui suit l’é- dans les élevages volution générale de ce cheptel insulaires dans ce département, en raison de l’arrêt de la principale collecte L’un des résultats essentiels de ce industrielle de lait au cours de cette recensement est que la proportion du période. cheptel estivant en montagne par rapport à l’ensemble du cheptel insu- 3.2 La particularité du laire a fortement diminué, pour tou- tes les catégories de cheptel, de 1971 cheptel porcin à 1999, où l’on est passé (fig.3) : La présence d’un important cheptel • pour les ovins, de la moitié (48%) porcin constitue une des spécifici- au quart (28%) ; tés de la montagne corse. Sa répar- tition est beaucoup plus contrastée • pour les caprins des deux tiers que celle des autres espèces (fig.2). (66%) à moins de la moitié Les porcins sont nettement prédo- (44%) ; minants en Corse du Sud et relati- • pour les bovins de moins de la vement peu présents en Haute- moitié (39%) au quart (27%) ; Corse, à l’exception notable de la • pour les porcins, de la moitié Castagniccia. Ils accusent cepen- (45%) au tiers (30%). dant une baisse très sensible au cours des trente dernières années dans ce dernier massif, ainsi que Les deux départements ont suivi les dans ceux du Liamone et du mêmes tendances d’évolution, Taravu. Le massif le plus stable et le légèrement plus accusées toutefois plus important est celui du Prunelli en Haute-Corse. è Gravona. Figure 2. Évolution du chargement 6. Des évolutions total des différentes espèces par 4. Un chargement massif (regroupés par types d’évo- contrastées d’un lution) global stable depuis massif à l’autre trente ans L’évolution du cheptel en valeur L’évolution au cours des trente der- absolue par massif (nombre de têtes nières années ne montre pas de par type de cheptel, et total du bouleversements significatifs du cheptel ruminant en EBS) montre chargement global sur l’ensemble quatre grands types d’évolution de de la montagne corse. La charge 1971 à 1999 (fig.2). instantanée moyenne à l’hectare, Le premier type correspond à une exprimée en équivalents bovin progression de tous les cheptels, standard (EBS), tous ruminants dans le seul massif du Montegrossu confondus, ovins, caprins, bovins, (3). Le second se traduit par une Figure 3. Évolution des effectifs en baisse toutefois de 0,13 EBS/ha en stabilisation du chargement global montagne par rapport aux chep- 1971, à 0,12 en 1999. avec une baisse variable des petits tels insulaires (en nombre de têtes)

23 ruminants, ovins ou caprins, dans les massifs de Tenda, du Liamone, et de l’Alta Rocca (2, 7, 11). Le troi- sième correspond à l’évolution générale du domaine pastoral insu- laire, avec baisse systématique des petits ruminants et augmentation – parfois très forte – du cheptel bovin, dans les massifs du Cintu, de l’Altu Tavignani, de l’Oru è Renosu, du Prunelli è Gravona (5, 6, 8, 9), qui tous ensemble repré- sentent le cœur de la dorsale cen- trale. Le quatrième type traduit une baisse de pratiquement tous les effectifs, à l’exception des caprins, dans les massifs de la Castagniccia au nord, et du Taravu, au sud (4, 10).

7. Un domaine pasto- ral qui a de l’avenir Figure 4. Les projets d’amélioration et de remise en valeur par massif

L’un des enseignements les plus Nombre de types de projets par unité pastorale ; résultats cumulés pour chaque commune. intéressants – et les plus attendus – L’ensemble du territoire d’une commune est teinté dès lors qu’elle possède au moins une concerne les projets, réalisés ou à unité pastorale en montagne. venir (fig.4). tiellement concerné le débrous- formation du lait, à la contention saillement, les voies d’accès, et les des animaux et au tourisme, pro- 7.1 Des projets d’amé- habitations en montagne, tandis gressent de façon spectaculaire. que les projets liés au tourisme lioration en nombre La mise en évidence de ces sou- étaient peu nombreux, et ceux liés haits permet d’entrevoir de nouvel- croissant (tabl.3) à la production et transformation les perspectives pour le développe- du lait pratiquement inexistants. Tous types de projets confondus, ment de la montagne corse, avec 184 ont été réalisés au cours des Les proportions varient très sensi- des productions pastorales authen- seize dernières années, de 1983 à blement pour les projets et souhaits tiques et de qualité susceptibles de 1999, soit plus d’un projet en à venir. Les projets d’amélioration trouver leur épanouissement dans moyenne par unité. de l’habitat des bergers deviennent de nouvelles formes de tourisme en Le rythme des réalisations devrait les plus importants, suivis par ceux haute montagne, les deux allant se maintenir, et même s’accroître d’amélioration et de protection de dans le sens d’un développement au cours des prochaines années la couverture végétale et des sols, plus durable de l’intérieur. puisque 77 projets fermes existent tandis que les projets liés à la trans- pour les cinq années à venir. Et pas moins de 440 « souhaits » précis ont été exprimés. Ce qui représente au total 517 perspectives d’amélio- ration ou de remise en valeur, soit plus de quatre en moyenne par unité.

7.2 Des projets de natu- re différente (tabl.3) L’évolution de la nature des projets est également intéressante. De 1983 à 1999 les projets ont essen- Tableau 3. Les projets d’amélioration et de remise en valeur (nombre d’unités ayant présenté au moins un projet de chaque type)

24 LLa transhumance dans la Restonica 1

Icalpe Riventosa

La Restonica au pin laricio, Pinus nigra subsp. du territoire d’estive. Iaricio, et dans leur partie haute, à Les élevages qui transhument dans l’étage montagnard, de peuple- La Restonica, d’orientation la vallée de la Restonica ont, pour ments clairs de pin laricio. est-ouest, est l’une des hautes val- la moitié d’entre eux, des trou- lées qui pénètre profondément au Le domaine d’estive proprement dit peaux uniquement constitués d’o- cœur de la chaîne centrale. Très est essentiellement asylvatique, s’é- vins (46% des élevages). Viennent attractive pour ses beautés naturel- tendant de l’étage montagnard à ensuite des élevages de troupeaux les (rivières, forêts, rochers, lacs, l’étage alpin, toutefois peu repré- mixtes ovins-caprins, toujours haute montagne), et accessible, la senté ici. Il est largement recouvert dominés par les ovins (18%), des vallée est protégée en tant que « de fruticées méditerranéennes d’al- troupeaux mixtes ovins-bovins, site classé », dans sa majeure par- titude, en formations écorchées à toujours à ovins majoritaires (11%), tie : le bassin versant du Haut- épineux bas, tels que le genévrier des troupeaux de caprins seuls Tavignano. Le site classé s’étend nain, Juniperus nana, le genêt de (3,5%), et enfin quelques trou- sur 5 792 ha, dont 4 441 sont pro- Lobel, Genista lobelii, et l’épine- peaux de bovins seuls (18%). Les priété de la commune de Corte, et vinette, Berberis ætnensis, qui troupeaux de caprins tendent à 1 350 copropriété indivise des constituent l’essentiel des ressour- disparaître. ces fourragères. Les autres grandes communes de Casanova, Poggio di Ovins et caprins sont pour la majo- formations du domaine d’estive Venaco et Riventosa. Sur l’ensem- rité de race corse, avec quelques sont les forêts naines d’aulnes odo- ble du site classé, 3 090 ha sont croisements de race sarde pour les rants, Alnus viridis susbsp. suaveo- soumis au régime forestier. ovins, et de race alpine pour les lens, difficilement pénétrables et Les forêts sont des forêts de protec- caprins. Les bovins sont tous de caractérisques de l’étage subalpin tion, à forte valeur paysagère mais race corse. corse (subalpin « chauve »). faible valeur économique. Elles sont constituées, dans leur partie basse, de formations supraméditer- L’élevage transhu- Activités et durée de ranéennes composées de maquis présence en estive haut dominé par la bruyère arbo- mant dans la rescente, Erica arborea, associées Restonica La durée de présence en estive est au pin maritime, Pinus pinaster, et fonction de plusieurs paramètres, et 1 D’après « Étude sur l’élevage et les poten- En 1999, 24 élevages transhu- tout d’abord, de la nature du trou- tialités pastorales de la vallée de la Restonica », Michel Dubost, Élodie maient dans la Restonica. À deux peau. La durée moyenne de pré- Reymond, Nicolas Perraud, Fabrice Cornet exceptions près, ils proviennent sence des bovins dans la vallée (Icalpe), avec la collaboration de essentiellement de Corte et des avoisine les 220 jours, et tombe par Jean-Baptiste Casanova, Yves Conventi communes voisines propriétaires contre à 70 jours, pour les ovins et (Odarc), 1999, 124 p.

25 les caprins. La deuxième caractéris- Utilisation tique influençant la durée de pré- sence est la possession ou non du domaine d’une bergerie. En effet, la plupart des éleveurs ayant une bergerie pastoral montent finir de traire les bêtes en montagne et transforment sur place La charge instanta- leur lait en fromage : la période née sur l’ensemble idéale se situe en juin, début juillet. du domaine pasto- ral est identique à la Ainsi, les éleveurs qui transforment moyenne sur l’en- et restent en bergerie en montagne semble de la Corse, passent en moyenne 90 jours, con- d’après l’enquête tre 60 jours pour les autres. Pour pastorale 1999, soit 41% d’entre eux, les éleveurs sont 0,12 UGB/ha : les présents sur l’estive pendant toute variations sont tou- la durée de la transhumance, tefois très importan- accueillant famille et amis. La tes d’une unité à superficie moyenne des bergeries l’autre (tabl.1). est de 32m², le nombre de coucha- ges varie entre 5 et 10. À l’excep- tion des Grotelles, accessible par la Utilisation route, l’accès aux bergeries se fait par chemin muletier. des ressour- ces Le domaine pastoral Les ressources esti- mées sont faibles Le domaine pastoral est composé (environ 100 UF/ha) et expliquent de quatre unités : le caractère extensif de l’utilisation Vallée de la Restonica • l’unité du Melu, au fond de la de l’espace (tabl.2). La dimension vallée, avec les bergeries des moyenne des unités, 1 118 ha, est de l’espace et des ressources, l’uti- Grotelles ; très proche de la la moyenne lisation de la forêt, et les incendies • l’unité de l’Oriente, avec deux corse : 1 000 ha par unité d’après dans le bas de la vallée. groupes de bergeries, Timozzu et l’enquête pastorale de 1999. Deux Les conflits se cristallisent sur l’usa- Riviseccu ; unités sur quatre sont ici vraisem- blablement utilisées au maximum ge des bergeries, qui est effective- • l’unité du plateau d’Alzu, qui de leurs potentialités. Là encore, la ment une cause emblématique et déborde de la vallée au nord, vallée est probablement très repré- centrale pour la remise en valeur avec un ensemble de bergeries ; sentative de la situation de l’en- de la transhumance et des estives. • l’unité des Spiscie, qui déborde semble de la Corse ; mais, en rai- De nombreuses bergeries ont perdu de la vallée au sud et, à la diffé- son du manque de références sur leur usage pastoral pour devenir rence des précédentes, n’appar- les ressources, l’appréciation reste des maisons secondaires, des abris tient pas à la commune de Corte (en partie) subjective. de chasse ou des locaux à usage (mais est située pour moitié envi- commercial (les « paillottes » de la ron sur son territoire), avec deux montagne !). Cette menace sur le bergeries isolées, hors Restonica. Principaux problè- bâti contribue encore à affaiblir la fonction pastorale primordiale du mes de la transhu- territoire. Une concertation entre En dehors des unités précédentes, mance dans la les partenaires du territoire, et la le bas de la vallée, dominée par des prise de conscience collective du formations à bruyère et à pins, est Restonica caractère incontournable de l’acti- également parcourue par des trou- vité pastorale (sans pastoralisme, peaux, essentiellement bovins. Les principaux problèmes concer- point de paysage tel qu’on le nent l’organisation des éleveurs, connaît…), sont des préalables l’attribution du foncier non bâti et indispensables pour la remise en surtout bâti, les conflits (localisés) valeur et le développement harmo- avec d’autres usages (randonnée, nieux des territoires pastoraux, en chasse, chiens errants), la gestion Corse comme ailleurs.

26 FFromages corses : la certification au secours du pastoralisme

Marie-Paule Cesari Présidente de Casgiu Casanu, Association régionale des producteurs de fromages fermiers de Corse

Dans ce contexte où se mêlent avantages et difficultés, l’Association des producteurs de fromages fermiers est consciente du devoir de protéger le patrimoine fromager, mais elle doit aussi mobi- liser des acteurs confrontés à des problèmes de survie. La difficulté est de taille, d’autant plus que le temps presse avec la menace régulièrement mise en avant par les laitiers du manque de lait qui devient chronique et qui s’est encore aggravé avec la perte de brebis laitières due à la fièvre catarrhale pendant deux années consécutives.

Troupeau de chèvres en haut de la vallée de la Restonica Il faut aussi savoir que nos voisins sardes produisent 4 millions de lit- Le fromage corse, c’est la richesse de femmes passionnés par leur res de lait de brebis, qui peut être d’un patrimoine légué par les métier, éparpillés sur un territoire vendu à un prix intéressant grâce anciens, c’est la diversité, consé- accidenté où les communications aux quotas laitiers et de façon tout quence logique de l’adaptation à sont difficiles, où les éleveurs sont à fait légale tant que nous n’avons des milieux contrastés, c’est la qua- souvent installés dans des condi- pas protégé nos fromages. lité liée aux savoir-faire et en gran- tions précaires, sans maîtrise d’un L’Association Casgiu Casanu, cons- de partie aux différentes espèces minimum de conditions de travail. ciente du risque de disparition qui des pâturages… Si nos produits sont demandés, il pèse sur notre profession, a entre- faut savoir que la profession de ber- Dans nos fromages au lait cru de pris un travail de fond afin d’enga- ger est devenue de plus en plus dif- brebis et de chèvres, on retrouve la ger rapidement une réflexion pour ficile face à de nouvelles contrain- flore sauvage de notre île qui faire un choix de certification le tes et surtout que cette profession donne un goût irrésistible à nos plus partagé possible afin de proté- n’est pas encouragée par nos déci- produits… ger nos produits et par là-même, deurs, incapables d’estimer le rôle notre profession de berger. Mais le fromage corse, c’est surtout fondamental que pourrait jouer l’é- le résultat du travail d’hommes et levage dans notre île.

27

LLe Brocciu, un fromage en AOC

Marie-Paule Cesari Présidente de Casgiu Casanu, Association régionale des producteurs de fromages fermiers de Corse

Historique D’autre part, en 1980, la même apporte son grain de sel en 1982. société ferme trois de ses laiteries La Corse se dote d’un statut parti- en Corse : Île Rousse, Ajaccio et culier et la visite de François Quand deux logiques s’affrontent, Corte. Ç’en est trop pour les éle- Mitterrand, Président de la le devoir de mémoire devient veurs, l’abandon et la concurrence République, permet l’annonce indispensable. Comme dans tous se traduisant par un sentiment de solennelle du décret d’appellation les domaines, la connaissance de trahison. d’origine (décret du 10 juin 1993). l’histoire aide à comprendre et à accepter le présent. C’est dans ce climat de rupture, et La première étape est franchie, pour mieux se protéger, que germe mais la tempête de l’AOC Brocciu Comme celle d’autres AOC, l’his- chez les petits producteurs fermiers n’est pas terminée. toire de l’AOC Brocciu montre une l’idée de certification du Brocciu. évolution des relations d’abord Le décret de 1993 est suffisamment Ce projet est porté à l’époque par la conflictuelles qui se sont peu à peu imprécis pour permettre des entor- Fédération départementale des syn- transformées, au travers de discus- ses et les objectifs sont rapidement dicats d’exploitants agricoles sions et de négociations, en une détournés pour un plus grand profit (FDSEA) de Corse-du-Sud. cohabitation réfléchie et acceptée de la part des laitiers. C’est l’affron- par tous les acteurs producteurs de Tout naturellement, les producteurs tement de deux logiques opposées : corses, se considérant dépositaires ce noble produit ancestral qu’est le 1. L’utilisation de la méthode de du savoir-faire, patrimoine culturel, Brocciu. chauffage à double paroi, qui entendent en être les seuls bénéfi- Installée depuis plus de cent ans, la permet un meilleur rendement, ciaires puisqu’ils étaient les seuls à Société des caves de Roquefort a est en opposition avec le texte pratiquer les « usages locaux, profondément modifié le pastora- du décret qui parle de « flamme loyaux et constants », mais dans lisme de la Corse, amenant dans un directe ». cette légitime logique, tout n’est premier temps le berger transhu- pas si simple en effet pour l’obten- 2. L’utilisation du lait et du lacto- mant à se sédentariser en chan- tion d’une AOC ; la demande doit sérum en poudre permet de geant ses pratiques d’élevages. Vers être portée par un syndicat spéci- réaliser une plus-value impor- les années soixante-dix, la société fique et non pas par un syndicat tante pendant la période estiva- Roquefort se désengage et décide général comme la FDSEA. De plus, le où les animaux sont taris de collecter le lait pour la fabrica- le Brocciu n’étant pas considéré à donc improductifs mais où la tion du Roquefort uniquement dans l’époque comme un fromage mais demande est très forte. le rayon de Roquefort. Partout comme un sous-produit, il ne peut ailleurs le lait collecté sera transfor- pas être agréé par le Comité natio- mé en produits locaux : Brocciu et nal des AOC des fromages. Les syndicats se mobilisent, ainsi fromages traditionnels se dévelop- que la chambre d’Agriculture et l’u- C’est alors que la providence pent alors en Corse. nion des consommateurs pour tra-

29 duire devant la justice le président Le Syndicat interprofes- nismes des pouvoirs publics, de la Société des caves. notamment l’INAO, pour toutes sionnel de défense et de les questions relatives à l’AOC Tous ces efforts furent vains, le déc- Brocciu. ret trop flou et sans mesures d’ap- promotion de l’AOC plication n’avait fait qu’imposer de Brocciu nouvelles contraintes aux produc- Créé en 1991, il est à l’initiative de Ses membres, après avoir été accré- teurs fermiers pendant que les la démarche collective qui a dités par l’INAO, participent aux industriels valorisaient mieux leur conduit à l’obtention du label dégustations nécessaires au contrô- produit. Appellation d’Origine Contrôlée le de la qualité du produit. Ils tra- avalisé par le décret du 3 juin vaillent actuellement à la constitu- 1998. En 2001, le syndicat modifie tion d’un règlement intérieur qui En conclusion, il était grand temps ses statuts, et les trois collèges complète le décret de l’AOC. que l’appellation d’origine devien- initiaux qui le composent (exploi- ne contrôlée. tants agricoles, coopératives laitiè- Les contrôles C’est la deuxième étape qui com- res et industriels laitiers) devien- mence en 1988, et conduit à l’ap- nent : les producteurs livreurs de Les contrôles se font sur la qualité pellation officielle du Brocciu lait, les acheteurs de lait qui trans- du produit : AOC (typicité) ; analy- (décret du 3 juin 1998). L’INAO est forment et affinent avec ce lait, et tique (physico-chimique) ; organo- saisi du dossier par le Syndicat les producteurs fermiers. La catégo- leptique (dégustation). À partir de interprofessionnel de défense et de rie des exploitants vendant le lait 2001, des contrôles se font égale- promotion de l’AOC Brocciu. aux coopératives est ainsi claire- ment sur les conditions de produc- ment définie. tion : conformité avec la race Ce syndicat est composé de trois corse ; conduite d’élevage et ate- La présidence du syndicat revient collèges représentant les différents liers de fabrication. acteurs fabriquant le produit : les alternativement à chacune des trois laitiers (sans la Société des caves à familles. Un « registre d’entrée-sortie » sera demandé aux ateliers de fabrica- cette époque), les coopératives lai- Ses objectifs sont les suivants : tières, les producteurs fermiers. tion dans le cadre du contrôle des • l’accroissement de la notoriété et conditions de production. Le C’est le début d’un véritable travail la promotion de l’AOC Syndicat travaille actuellement à la collectif, contraignant, constructif, « Brocciu » ; mise en place d’un document type. et négocié entre les différents acteurs. • le respect du décret du 3 juin Pour la campagne 2001, 80% des 1998 et des normes de qualité producteurs ont été contrôlés, et qui en découlent ; 11,5% de la production contrôlée a L’AOC Brocciu • la défense des intérêts de l’AOC été déclarée non conforme. Brocciu, sur le plan tant national aujourd’hui et européen qu’international ; • la mise en place d’actions prop- Financement du fonc- res à améliorer les productions et tionnement de l’AOC En chiffres à promouvoir les ventes ; Le financement du fonctionnement L’AOC Brocciu aujourd’hui, c’est • l’assistance technique directe ou de l’AOC intègre les droits INAO et 117 producteurs inscrits dont 98 indirecte aux exploitants agrico- le fonctionnement du syndicat. producteurs fermiers et 19 transfor- les, aux laiteries, aux entreprises Pour la campagne 2000/2001, le mateurs pour une quantité de 474 de transformations fermières et syndicat a mis en place des vignet- tonnes (campagne 1999-2000). laitières pour l’amélioration de la tes autocollantes obligatoires. Elles qualité du Brocciu ; L’AOC Brocciu aujourd’hui, c’est doivent être collées sur l’emballa- aussi 61 760 brebis, représentant • l’analyse de toutes les mesures ge. Elles permettent la maîtrise de une production de 8,3 millions de économiques et sociales ainsi la production. Sont compris dans le litres de lait et 8 228 chèvres four- que de toutes les réformes légis- prix : le coût de la fabrication, la nissant 111 000 litres de lait. latives et réglementaires qu’exige cotisation relative aux frais de l’a- l’intérêt de ses adhérents ; grément produit, le droit INAO, la • le rôle d’interlocuteur des orga- cotisation syndicale.

30 Décret du 3 juin 1998 relatif à l’AOC « Brocciu corse » ou « Brocciu »

Le Premier ministre, Sur le rapport du ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie et du ministre de l’Agriculture et de la Pêche, Vu le code de la consommation, et notam- ment ses articles L.115-6 et L.115-20 ; Un casgile, cave à fromage située en montagne où le berger faisait affi- Vu le décret N°88-1206 du 30 décembre ner ses fromages. Dans le temps, il remontait les chercher seulement 1988 portant application des lois du 1er en octobre-novembre. À présent, les fromages y restent vingt jours août 1905 et du 2 juillet 1935 en ce qui minimum. Ils sont redescendus ensuite en fonction de la demande. Le concerne les fromages ; fromage affiné en montagne s’appelle le muntanaccia. Vu le décret N°91-368 du 15 avril 1991 por- tant organisation et fonctionnement de sérum frais de brebis et/ou de chèvre addi- Toutefois, dans la limite de 20% de la com- l’Institut national des appellations d’origine ; tionné de lait entier de brebis et/ou de chè- plémentation, sont acceptés les apports de vre mis en œuvre à l’état cru, et de sel. fourrage et de concentrés extérieurs à l’aire Vu le règlement N°2081/92 du Conseil des de production. Communautés européennes du 14 juillet Le « Brocciu corse » ou « Brocciu » est un 1992 relatif à la protection des indications fromage soit « frais » soit « passu ». L’utilisation de tous types de fourrage fer- géographiques et des appellations d’origine menté est interdite. des produits agricoles et des denrées ali- Il contient au minimum : 40 grammes de mentaires, modifié par l’acte d’adhésion du matière grasse pour 100 grammes de froma- Art. 4. - Le lactosérum et le lait de rajout. - 24 juin 1994 et par le règlement N°535/97 ge après complète dessiccation et son poids Le lactosérum utilisé doit provenir de la du 17 mars 1997 ; total de matière sèche ne doit pas être infé- fabrication de caillés frais de brebis et/ou de rieur à 20 grammes pour le fromage d’ap- chèvres à caractère « présure ». Vu le décret N°93.1239 du 15 novembre pellation de type « frais » et 35 grammes 1993 relatif à l’agrément des produits laitiers pour le fromage d’appellation de type La coagulation du lait est obtenue au moyen bénéficiant d’une appellation d’origine « passu ». de présure traditionnelle ou commerciale, à contrôlée ; l’exclusion de toute autre enzyme coagulan- Art. 2. - Aire de production. - La production te, notamment d’origine fongique ou micro- Vu les délibérations du comité national des du lait et du lactosérum, la fabrication et bienne. produits laitiers de l’Institut national des l’affinage du fromage de lactosérum doivent appellations d’origine du 11 décembre être effectués dans les départements de la Le lactosérum recueilli est utilisé dans les 2 1997, Haute-Corse et de la Corse-du-Sud. heures maximum après fabrication du fro- mage. Le pH du lactosérum doit être supé- Décrète : Art. 3. - Troupeau, races et alimentation. - rieur ou égal à 6,20. Le lait de brebis ou de chèvre doit provenir er Art. 1 . - L’appellation d’origine contrôlée d’un troupeau constitué : Le lait entier, pour la fabrication du caillé, « Brocciu corse » ou « Brocciu » initiale- peut être utilisé pendant un délai maximum ment reconnue par le décret du 10 juin - en ce qui concerne les ovins : des races de 40 heures après la traite la plus ancienne. 1983, est réservée au fromage de lactosérum corse ou sarde et de leurs croisements. Le lait de rajout est un lait frais entier de bre- de brebis et/ou de chèvre répondant aux Toutefois, la présence de brebis étrangères à bis ou de chèvre mis en œuvre à l’état cru, usages locaux, loyaux et constants et aux la race corse dans les élevages devra dimi- dans un délai n’excédant pas 24 heures dispositions du présent décret. nuer progressivement pendant une période de 8 ans à compter de la publication du pré- après la traite. Un règlement d’application homologué par sent décret et disparaître totalement à l’issue Le délactosage est interdit. arrêté du ministre chargé de l’Économie et de ce délai ; du ministre chargé de l’Agriculture, pris sur L’utilisation de lait et de lactosérum conge- proposition du comité national des produits - en ce qui concerne les caprins : de race lés, en poudre ou sous toute autre forme de laitiers, précise en tant que de besoin les corse. Toutefois, la présence de chèvres de conservation est interdite. modalités d’application du présent décret. races différentes de la race Corse dans les élevages devra diminuer progressivement Art. 5. - Fabrication. - La floculation des Il s’agit d’un fromage de lactosérum de pendant une période de 8 ans à compter de protéines du lactosérum est obtenue exclusi- forme tronconique dont le poids, après la publication du présent décret et disparaî- vement par le chauffage à la flamme directe conditionnement doit être supérieur ou égal tre totalement à l’issue de ce délai. (dite flamme nue) du récipient ou de la cuve à 250 g et inférieur ou égal à 3 kg selon qua- contenant le lactosérum sans utilisation d’un tre types de moules définis à l’article 5 du L’alimentation à base de parcours est pré- quelconque fluide caloporteur. présent décret. pondérante. Un complément de fourrage et de concentrés à base de céréales produit Il est chauffé lentement en étant légèrement Il est fabriqué exclusivement avec du lacto- dans la zone est autorisé. brassé ; lorsque la température atteint envi-

31 ron 40/50°C, on procède à l’ajout de sel Corse » ou « Brocciu » les fromages doivent particulières ; (entre 0,5 et 1% du volume de liquide satisfaire aux dispositions prévues par le initial) et de lait de rajout dont la quantité décret n°93-1239 du 15 novembre 1993 - des mentions autorisées par le règlement ajoutée ne doit pas dépasser 25% du volu- relatif à l’agrément des produits laitiers d’ap- d’application prévu à l’article 1er. me de lactosérum mis en œuvre. pellation d’origine contrôlée et à son arrêté La mention « fabrication fermière » ou le d’application en date du 16 février 1995. En cours de fabrication, l’ajout d’eau pota- qualificatif « fermier » ou toute autre indica- ble est autorisé dans les limites de 15% du Art. 9. - Suivi des produits et statistiques. - tion laissant entendre une origine fermière volume de lactosérum mis en œuvre. Pour permettre le contrôle de la qualité et de du « Brocciu Corse » ou « Brocciu » sont l’origine des fromages de lactosérum, tout réservées aux producteurs transformant le Le chauffage se poursuit avec brassage lent opérateur intervenant dans les conditions de lactosérum et le lait cru produits sur leur jusqu’à l’obtention d’une température située production doit tenir un registre d’entrée et exploitation et conformément aux condi- entre 80 et 90°C. Pendant la montée en tem- de sortie des laits et lactosérums et des fro- tions fixées par le règlement d’application pérature, et jusqu’au début de la floculation, mages de lactosérum ou tout document prévu à l’article premier. il faut procéder à un écumage régulier. comptable équivalent dans les conditions Art. 11. - Produits élaborés à base de fixées par le règlement d’application prévu à Le floculat est placé manuellement et déli- « Brocciu Corse » ou « Brocciu ». -Les er catement en plusieurs fois dans des moules l’article 1 . dénominations de vente des préparations tronconiques pour égouttage. Le syndicat interprofessionnel de défense et culinaires ou des pâtisseries traditionnelles Les faisselles de moulage doivent respecter de promotion de l’AOC « Brocciu Corse » préparées à base de « Brocciu Corse » ou les critères suivants : ou « Brocciu » adresse chaque année au « Brocciu » énumérées dans le règlement comité national des produits laitiers de d’application prévu à l’article premier, ne - pour les fromages de 3 kg : le diamètre l’INAO un rapport d’activité concernant peuvent faire référence au nom de l’appella- haut doit être de 200 mm, le diamètre bas notamment les données statistiques et éco- tion si elles contiennent dans leur fourrage, de 145 mm et la hauteur de 180 mm ; nomiques relatives au fromage de lactosé- garniture ou composition d’autres produits laitiers que le produit d’appellation. - pour les fromages de 1 kg : le diamètre rum bénéficiant de l’Appellation d’origine haut doit être compris entre 155 et 160 mm, contrôlée « Brocciu Corse » ou « Brocciu ». Art. 12. - L’emploi de toute indication ou de le diamètre bas entre 90 et 120 mm et la Art. 10. - Étiquetage. - Les fromages de lac- tout signe susceptible de faire croire à l’a- hauteur entre 85 et 120 mm ; tosérum bénéficiant de l’appellation d’origi- cheteur qu’un fromage a droit à l’appella- tion d’origine contrôlée « Brocciu Corse » - pour les fromages de 500 g : le diamètre ne contrôlée « Brocciu Corse » ou ou « Brocciu » alors qu’il ne répond pas à haut doit être compris entre 110 et 115 mm, « Brocciu » doivent être commercialisés toutes les conditions fixées par le présent le diamètre bas entre 90 et 92 mm et la hau- munis d’un étiquetage individuel compor- décret est poursuivi conformément à la teur entre 80 et 82 mm ; tant, outre les mentions réglementaires applicables à tous les fromages de lactosé- législation sur la répression des fraudes et - pour les fromages de 250 g : le diamètre rum et aux denrées alimentaires préembal- sur la protection des appellations d’origine. haut doit être compris entre 90 et 110 mm, lées, le nom de l’appellation d’origine et la Art. 13. - Le décret du 10 juin 1983 relatif à le diamètre bas entre 75 et 85 mm et la hau- mention « appellation d’origine contrôlée » la définition et à la protection de l’appella- teur doit être de 65 mm. ou le sigle « AOC », le tout inscrit en carac- tion d’origine « Brocciu Corse » ou Art. 6. - Affinage. - Le « Brocciu passu » tères de dimension au moins égale aux deux « Brocciu » est abrogé. subit un salage à sec en une ou plusieurs fois tiers de celles des caractères les plus grands Art. 14. Le ministre de l’Économie, des suivi d’un affinage dans l’aire de production figurant sur l’étiquetage. Les dénominations Finances et de l’Industrie, le ministre de d’une durée minimale de 21 jours. « frais » ou « passu » figurent obligatoire- ment sur l’étiquetage. La date de fabrication l’Agriculture et de la Pêche et la secrétaire Le premier salage doit intervenir dans les 24 doit obligatoirement être mentionnée sur d’État aux petites et moyennes entreprises, heures qui suivent la mise en moule. l’étiquetage des fromages vendus avec la au Commerce et à l’Artisanat sont chargés, dénomination « frais ». chacun en ce qui le concerne, de l’exécu- Art. 7. - Conditionnement. - Les techniques tion du présent décret, qui sera publié au d’emballage du « Brocciu Corse » ou L’apposition du logo composant le sigle Journal officiel de la République française. « Brocciu » doivent permettre de conserver lNAO, la mention appellation d’origine les qualités physico-chimiques et organo- contrôlée et le nom de l’appellation est obli- leptiques du produit au cours de la durée de gatoire sur tous les étiquetages de fromages Fait à Paris, le 3 juin 1998. présentation à la consommation prévue sur de lactosérum bénéficiant de l’appellation l’étiquetage par le conditionneur. d’origine contrôlée.

L’adjonction de tout produit exogène à la Ces indications sont également apposées sur Par le Premier ministre : Lionel Jospin fabrication du « Brocciu Corse » ou les caisses et autres emballages contenant « Brocciu », excepté les gaz d’emballage ces fromages de lactosérum. Le ministre de l’Économie, des Finances et précisés dans l’arrêté du 2 octobre 1997 de l’Industrie, Dominique Strauss-Kahn relatif aux additifs pouvant être employés L’emploi de tout qualificatif ou autre men- tion accompagnant ladite Appellation Le ministre de l’Agriculture et de la Pêche, dans la fabrication des denrées destinées à Louis Le Pensec l’alimentation humaine, est interdite. d’Origine Contrôlée est interdit dans l’éti- quetage, la publicité, les factures ou papiers La secrétaire d’État aux petites et moyennes Art. 8. - Agrément. - Pour bénéficier de l’ap- de commerce, à l’exception : entreprises, au Commerce et à l’Artisanat, pellation d’origine contrôlée « Brocciu - des marques de commerce ou de fabrique Marylise Lebranchu

32 Accommoder le Brocciu…

33

EEn Estive à Lento

Charles Narelli Adjoint à la mairie de Lento

Dans le cadre de son adhésion à la la fabrication et la vente de ses fro- à certains ressortissants du village fédération des estives de Corse « A mages, des périodes de surplus per- que la gestion municipale s’orien- Muntagnera » et à l’occasion de la mettant d’améliorer les conditions tait exclusivement vers une poli- tenue en Corse des rencontres de vie précaire de ses habitants. tique d’accueil de la diaspora annuelles de l’Association françai- durant la saison de l’été et que les Aujourd’hui cette vie pastorale est se de Pastoralisme, le village de municipalités successives se désin- bien loin de connaître la même Lentu, situé sur la rive gauche du téressaient à tout jamais de l’espa- intensité, seuls deux éleveurs de Golo et sur les reliefs montagneux ce montagne qui avait permis aux bovins et de chevaux utilisent de la Custera, a accueilli le 25 sep- anciens de faire vivre une popula- l’espace surmonté par des sommets tembre 2001 une soixantaine de tion de 600 âmes. de 1 350 m dominant d’un côté le pastoralistes venus échanger entre golfe de Saint-Florent, faisant face Mais à chaque jour suffit sa peine, eux et avec les Corses leurs idées et de l’autre aux sommets de la gran- la municipalité saisit et saisira tou- leurs expériences. de chaîne centrale des montagnes tes les opportunités pour obtenir les Après un fraternel pique-nique de corses. aides à la relance d’activités à par- bienvenue dans la salle multimédia tir de groupes de propriétaires fon- Il y a environ vingt ans, quelques du village, une délégation du ciers ou d’associations, ce qui est le bergers parcouraient encore la conseil municipal leur a fait gravir cas par exemple de l’oléiculture, ce montagne de Lento mais déjà nom- à pied un pan de montagne pour qui pourra être le cas d’autres acti- breux étaient ceux qui s’inquié- leur témoigner à la vue des nomb- vités comme la châtaigneraie 3 taient de la pérennité du village. reux pagliaghj 1 (paillers) ce qu’a dans un cadre d’intercommunalité été la vie pastorale à Lento et dans Depuis 1983 et trois mandatures ou de contrat de pays, tel que le la pieve 2 de . Pendant très municipales, cette inquiétude s’est projet actuel regroupant les villages longtemps ce village a vécu d’une estompée car les ruelles y ont été du Cap Corse avec ceux de la économie de subsistance et c’est dallées, la distribution de l’eau y a Custera (Leader +). grâce aux troupeaux ovins et été améliorée et sera encore amé- Pour redonner vie au territoire de caprins qu’il a parfois connu, avec liorée ; une opération programmée Lento où estivait et estive encore d’amélioration de l’habitat a permis parfois un troupeau, la municipali- 1 Pagliaghju, pagliaghj (pluriel) : construc- des réhabilitations et une augmen- té est prête à s’investir dans l’orga- tion en pierres servant d’abri pour l’activité tation du parc de logements ; la dis- nisation d’un réseau de chemins de du berger. tribution d’électricité a elle aussi 2 Pieve (latin plebs) : ensemble des familles randonnée pédestre reliant les été renforcée ; et enfin une piscine rassemblées en une même collectivité, à la villages du Cap Corse à la vallée de entourée de terrains de jeux et une fois territoire, circonscription religieuse et l’Ostriconi. Cela suppose la remise communauté morale. Lento appartenait à salle multimédia participent à l’ani- l’une des 66 pieves constituant la Corse, la mation. 3 pieve de Bigorno. Ce terme a précédé le Une association de jeunes venant d’une concept de canton. Ces réalisations ont laissé à penser autre commune est impliquée.

35 en état de nombreuses sources et touristiques indéniables des points et être encouragée. d’un certain nombre de pagliaghj culminants de notre commune ; le C’est une motivation ambitieuse qui pourront servir de halte ou de flux une fois établi et entretenu par que la municipalité de Lento a tenu refuge. des accompagnateurs de randon- à exprimer en invitant sur son terri- née et des aménagements appro- Le plus difficile sera, en association toire les pastoralistes de priés, indiquera suivant quelles complémentaire avec d’autres l’Association française de modalités telle ou telle activité à communes, de créer le flux de ran- Pastoralisme. Il y a là un acte de foi connotation pastorale pourra vivre donneurs en démontrant les attraits à confirmer.

36 LLento, histoire et environnement

Extrait d’un document municipal

Lento à la de Bigorno, au midi par celle de les habitants sont presque tous Bisinchi et , au cou- des bergers, Révolution. Terrier chant par celle de , au • Piedi pierro, saint antoine, nord par celle de . général de la Corse • Il grado, léana, La superficie de la communauté se • La guadula, la costa, répartit en 32 sections dont les (Quatrième volume) • Le catarelle, lidiani, luco, Extrait concernant la communauté de noms suivent : Lento du canton de la Costiera, district de • Capitina, Saint Cipriani, • Scudellaccio, spinagrazia Bastia, • Pinzutelle, novella, département du Golo (recopié à partir de • Poggiale, l’original sous les yeux). • Macinelli, novella, • Poggiale di raccagine, Le document qui suit a été rédigé • Monte rosso, felicone albato, • La daoula, scopetino, la stibida, pour chacun des villages de Corse • Silvagradina, • La mente, il campiano, le gabio- par les géomètres de Louis XV, roi • Sulajata, bertalogne, Santa catari- le, de France. Celui concernant la na. communauté de Lento a été • La croce, approuvé dans la rédaction présen- • Le lime, la radice, te qui suit, le 15 octobre 1795. Ordre des matières • Le cippetto, Cet ordre présente les notions Le plan TERRIER dans son ensem- • Monte magiore, croce carogna, générales résumées des observa- ble, inventaires et cartes, peut être • La guatatoja, tions des géomètres, ainsi qu’il suit consulté aux archives départemen- sur les éléments : tales à Ajaccio. • L’erbatojo, li gribizzi, • Le sigaraie, DEL’AIR • Pietra di lesco, li spondali, L’air en général est bon sur tout le Le canton de la Costiera est com- • Le fetticaje, campo cajolo, territoire de la communauté. Il est posé de cinq communautés. Lento, en plus vif dans les montagnes et Bigorno, , La , • Fontana secca, de la meilleure température dans le 4. • La gratolosa, village à mi-côte, mais dans la plai- La communauté de Lento est limi- • Jemudinacclo, lo magello, ne il est d’une grande chaleur en tée au levant par la communauté • La chienta, bocca aile canali, été et même mauvais sur les bords • Monte di zuppa, il chiarinaccio, du Golo. 4 Lento appartient depuis 1976 au canton de • Le piazze, il padulo, l’Alto di Casacconi, réunion des anciens DES EAUX cantons de Campitello (Custera) et de • Losso magiore, la tepa oculare, Les eaux sont abondantes dans le Campile (Casacconi). • Village de Lento, la minuticcia … territoire, il y a vingt-six fontaines

37 qui donnent en été 12 pouces 1 Sur les règnes étant d’une nature légère et maigre ligne cube d’eau. Les principaux paraît être plus propice à la vigne ruisseaux donnent de l’eau toute ANIMAL qu’à tout autre arbrisseau, il y en a l’année et font tourner quatre mou- En mettant en culture tous les ter- cependant très peu. On sème plus lins dont trois toute l’année, les rains qui en sont susceptibles on d’orge que de froment. autres ruisseaux sont à sec l’été et doit espérer une population plus font torrent pendant l’hiver. considérable, elle pourrait être por- MINÉRAL tée à un tiers en sus. Les animaux Il y a des carrières de pierres cal- DES TERRES domestiques sont dans un état caires mais entremêlées de parties Le sol est en général pierreux dans médiocre et abâtardi ; les espèces schisteuses qui rendent leur qualité tout le territoire de la communauté les plus communes sont les che- médiocre pour la chaux. Et le lit de mais on peut cependant en consi- vaux, bœufs, vaches… chèvres et terre végétale qui couvre le terrain dérer le quart comme de bonne porcs. n’est pas bien considérable. qualité. Les terres remuées des Sur l’état de la société coteaux sont sujettes à être entraî- VÉGÉTAL nées dans les parties basses par la Les arbres en général viennent POPULATION pente du terrain ou la rapidité des assez passablement dans le sol de La population était en 1777 de 457 torrents. la communauté ; les espèces qui individus dont 217 du genre mas- paraissent le mieux lui convenir culin et 240 du genre féminin. Elle sont les châtaigniers. Le terrain

38 a été plus considérable avant que les guerres ne dévastassent le pays, mais de l’encouragement et du bon exemple pour se procurer un meilleur état de culture lui donne- raient bientôt l’accroissement dont elle est susceptible.

AGRICULTURE Les terrains cultivés sont de 3342 arpents 57 verges et les cultivables de 978 arpents et 87 verges ; un effort seulement reste à faire pour mettre en valeur tout ce qui en est susceptible mais on est encore bien loin d’employer la bonne manière de travailler la terre et d’en tirer le meilleur parti possible.

INDUSTRIE Il y a peu d’arbres mécaniques dans la communauté et point de manufactures, il n’y a que quatre moulins dont un tourne l’hiver seu- lement. Les habitants s’occupent du soin des troupeaux et de la cul- ture d’une partie de leur terre mais avec assez peu d’intelligence, ils auraient besoin d’instruction.

COMMERCE Les habitants ne cultivent en quelque sorte que pour leur subsis- tance. Lorsque les années abon- dantes leur donnent du superflu en grains et sur le produit des trou- peaux ou en d’autres denrées, ils les échangent pour des marchandi- ses de première nécessité. Du reste le commerce ne consiste qu’en fro- mage.

39 Péripéties gent à tous ceux qu’ils croyaient se ment que les faveurs de la justice trouver dans la gêne et on sait perti- seraient réservées à ceux qui vote- électorales… nemment que plusieurs électeurs se raient pour le prêtre, tandis que les sont laissés corrompre de la sorte. autres pourraient s’attendre à toutes À Monsieur le Président et à M. A. desservant de Canavaggia est les rigueurs de la loi. même allé jusqu’à menacer un Messieurs les membres du Conseil 4° - Le jour des élections, un cou- ancien soldat infirme de lui faire d’État à Paris. sin germain de l’abbé S. montrait à perdre le petit secours que lui ac- tous les électeurs une lettre venant corde l’État s’il ne votait pas pour de Luri disant que M. P. était même M. l’abbé S… Le jour des élections, Messieurs. plus qu’un maudit franc-maçon et ce même ecclésiastique faisait ternissant la réputation de ce can- Les soussignés R. de la Commune appeler tous les électeurs chez lui didat de la façon la plus ignoble. de Canavaggia et P. de la dans le presbytère attenant à la salle Commune de Lento, tous deux de vote et là, après leur avoir servi Un autre cousin de l’abbé S… électeurs du Canton de Campitello, abondamment à boire, il exhortait, menaçait le sieur G. de Canavaggia ont l’honneur de protester contre il suppliait, il menaçait et à la fin les de le traduire en police correction- l’élection de M. I’abbé S… curé pauvres électeurs incapables de nelle s’il ne votait pas selon ses d’Olmo, élu Conseiller Général du résister, allaient au scrutin du vote désirs. Le pauvre G. ne savait Canton de Campitello, dimanche et déposaient dans l’urne un bulle- même pas de quel délit il avait pu dernier, 28 mai. tin en faveur de l’abbé S… se rendre coupable. À l’appui de leur protestation, les Deux moines, appartenant à des Le père et le frère d’un moine ont soussignés invoquent les motifs de associations légalement dissoutes, répandu le bruit que 900 francs de fraude et de pression électorales et qui assurent au mépris de la loi secours avaient été accordés à la ci-après, qu’ils se réservent de le service du culte à Bigorno et à Commune de Canavaggia, mais développer et de prouver dans le Volpajola, prêchaient une véritable que le Maire et le délégué de l’ad- mémoire qui sera envoyé en temps croisade contre la candidature de ministration s’étaient partagé cette utile à MM. les membres du M. P. et ont réussi à détourner de somme sans rien dire à personne. Conseil d’État : lui plus de 50 électeurs. C’est là une calomnie qui a porté le plus grand préjudice à la candida- 1° - L’ingérence cléricale : tout le 2° - Le Maire de Lento, frère du ture de P. Quelques esprits simples clergé en général, mais les desser- candidat M. l’abbé S… a menacé ont cru la chose et ils ont voté con- vants de Lento et de Canavaggia en lui-même plusieurs électeurs de sa tre M. P. particulier, ont fait une propagande Commune, mais il a surtout fait agir effrénée et scandaleuse en faveur ses gardes-champêtres. Comme Pour tous ces motifs, les soussignés de leur confrère M. I’abbé S… con- dans ces villages il y a beaucoup de font appel à la haute équité du tre la candidature de son concur- bergers et de bétail, les Conseil d’État, pour qu’il lui plaise rent M. P… avocat, ancien gardes-champêtres de Lento sont d’annuler les élections électorales Sous-Préfet. Du haut de l’autel, ils allés chez tous les bergers de Lento qui ont eu lieu à Campitello, le 28 ont menacé d’excommunication et et de Canavaggia et leur ont décla- mai dernier et permettre ainsi aux des tourments éternels de l’enfer ré nettement que s’ils ne votaient électeurs du Canton de voter libre- tous ceux qui voteraient en faveur par pour S… ils pouvaient vendre ment, selon leur conscience, sans de M. P. leurs bestiaux, car ils seraient per- avoir à craindre ni les menaces, ni Dans la commune de Canavaggia, sécutés à outrance et ruinés à bref les promesses. délai. On a vu des électeurs, qui ne ces mêmes desservants en compa- En attendant, ils sont avec respect, voulaient pas voter pour S… se gnie de leur candidat M. I’abbé S… M. le Président et MM. les memb- cacher dans les villages environ- traversaient les rues du village en res, vos très humbles et dévoués nants par crainte du Maire de insultant les dames qu’ils savaient serviteurs. hostiles, et en criant de toutes leurs Lento. Signé : P. et R. forces « à bas la République, à bas 3° - Le premier juge suppléant, offi- les francs-maçons, à bas les cier du ministère public, avec le voleurs ». greffier de la justice de paix, ont Non contents de troubler les cons- accompagné l’abbé S… dans toutes Cette lettre avec date et identités des ciences des hommes et des femmes, les communes du Canton et maison personnes se trouve aux archives ces mêmes abbés offraient de l’ar- par maison, faisant entendre haute- départementales de Haute-Corse.

40 RRecherche en Corse : le Laboratoire de recherche sur le développement de l’élevage (Inra-Lrde)

Pierre Santucci Inra-Sad, Lrde, Corte

1. Présentation de tion organisée qui renvoie à consi- Le support principal de recherche dérer différentes catégories d’objets. sont les activités d’élevage. Une attention particulière est accordée l’Unité : Mission, L’ouverture thématique par la prise à l’élevage en « milieux difficiles ». en compte de l’action publique objectifs scientifiques L’élevage est une activité humaine – principalement les politiques (l’acte d’élever) et pas seulement et dispositifs agri-environnementales (PAE) à tra- une production animale. Elle vers la mise en œuvre des disposi- concerne les animaux, mais plus Le LRDE a été créé en 1979 avec tifs d’action et les réactions qu’elle largement les ressources naturelles pour mission d’élaborer des suscitent en termes de projets, de mobilisées et les transformations en connaissances sur la question du stratégies et de capacités d’action – produits alimentaires, autant d’acti- développement des activités d’éle- constitue une évolution majeure de vités qui modèlent l’activité d’éle- vage dans des régions marquées l’Unité. par elles : fonctionnement des trou- vage et sont modelées par elle. Le projet scientifique du LRDE, trai- peaux, occupation de l’espace, Le champ d’élaboration des te de la question du développe- gestion des ressources (animales et connaissances concerne les objets ment agricole et rural dans les fourragères), protection des pro- et les situations de l’organisation zones à fortes contraintes. Le déve- duits, formes d’organisation des traitée dans ses dimensions de la loppement, entendu comme un acteurs. production, de la valorisation des processus de différenciation du sys- produits et de la gestion des res- Le choix de l’objet scientifique tème agraire régional, est appré- sources renouvelables. porte sur le changement technique hendé sous l’angle du rôle du chan- dans un contexte évolutif où les gement technique dans les dyna- Les travaux sont menés en relations dimensions des cadres politique miques de l’action organisée. En directes avec différentes catégories (nouvelles directives) et social quoi concevoir et promouvoir des d’acteurs et dispositifs : (nouvelles exigences), d’une part, innovations et des modèles tech- • les éleveurs sur leurs exploita- les rapports entre acteurs et les niques concourt-il à induire des tions agricoles ou dans le cadre conditions agro-techniques d’exer- formes d’organisation nouvelles de structures associatives ou pro- cice du métier d’agriculteur d’autre qui dépassent les réflexes commu- fessionnelles ; part, connaissent une profonde nautaires, et ainsi à faire émerger mutation. de nouvelles solidarités ? L’objectif • les élus professionnels et les représentants des administrations L’intitulé de l’Unité circonscrit les de l’Unité est la production de connaissances (références, outils, (DRAF, DDA, INAO, Offices, travaux de recherche centrés sur les etc.) ; activités d’élevage méditerranéen, modèles, méthodes) sur cette ques- • les techniciens de différents orga- de valorisation des produits, et tra- tion centrale qui dépasse, évidem- nismes (CDA, UPRA, DSV, versées par la thématique de l’ac- ment, le cadre de la Corse.

41 Offices, etc.) au sein de groupes de leur environnement, ils contri- ductives ainsi que la mise en place de travail ou de réseaux consti- buent, dans le cadre de réseaux d’un processus d’élaboration d’un tués ; socio-techniques, à définir des cadre de régulation. • l’ensemble de ceux ci dans la règles communes d’action. Ces cadre d ‘actions plus englobantes dernières peuvent concerner des 3. TERRITORIALISATION DES POLITIQUES (CTE par ex.). éléments ponctuels mais jugés AGRI-ENVIRONNEMENTALES EN ZONE DE essentiels car au cœur même des MONTAGNES MÉDITERRANÉENNES processus de production (spécifica- L’objectif est de mettre en évidence Ils sont également conduits au sein tions techniques, calendriers, les interactions entre les trajectoires de réseaux de chercheurs et dispo- modalités des cahiers des charges). des exploitants agricoles et la mise sitifs extérieurs à la Corse avec en œuvre des politiques rurales notamment des programmes ciblés 2. DÉFINITION DES FROMAGES ET CONS- décentralisées : comment les agri- sur des opérations de collabora- TRUCTION DE LEUR TERRITOIRE DE PRO- culteurs sont influencés par les tions locales (Viet Nam, Sardaigne, DUCTION politiques rurales appliquées, com- Toscane, Espagne). L’objectif est la construction de la ment influent-ils sur la conception, typicité de petites productions fro- la relecture locale de ces poli- magères localisées où coexistent tiques. 2. Organisation des des productions fermière, artisana- On s’intéresse : activités de recherche le et industrielle. • aux dynamiques technico-écono- Les enjeux sont la gestion de la miques et spatiales des exploita- La programmation scientifique réputation de ces produits, et par tions agricoles avec deux actuelle (2001-2005) repose sur 4 conséquence les modalités de leur entrées : leurs dynamiques tech- programmes. définition et leur ancrage au terri- niques et spatiales et la diversifi- toire tout particulièrement par les cation des sources de revenus 1. QUALIFIER LES RACES ANIMALES laits et par la connexion entre les des exploitants agricoles ; LOCALES ET LES PRODUITS RÉGIONAUX : usages de consommation et la cul- ENJEUX ET CONDITIONS DES RECONNAIS- ture technique fromagère. • à la « territorialisation » des poli- tiques agricoles en termes de pro- SANCES OFFICIELLES L’objet de recherche porte sur les L’objectif est d’approcher les jets territoriaux dans le cadre de itinéraires de qualification des fro- la mesure CTE. conditions à réunir pour passer mages dans des situations de quali- d’une multitude d’objets personna- fication où se confrontent deux 4. CONCEPTION ET MÉDIATION DANS lisés à quelques objets convention- mondes : celui des usagers et celui LES PROCESSUS D’ORGANISATION nels supports de gestion collective des producteurs. et de valeur ajoutée partageable. L’objectif est d’éclairer les méca- La description sensorielle des pro- nismes d’apprentissage, de concep- Sont considérés différents niveaux duits au sein de groupes réunissant tion et de médiation qui s’opèrent d’organisation, depuis celui de des producteurs et des usagers est dans les projets collectifs d’éle- l’exploitation agricole vue comme privilégiée. veurs. L’objet de recherche porte un système piloté sous contraintes, sur les artefacts cognitifs et les Les itinéraires de qualification des jusqu’aux instances réglementaires représentations médiatrices mis en fromages sont appréhendés par la ou de coordination à un niveau œuvre aux différents niveaux d’or- confrontation des usages et pra- englobant. C’est entre ces deux ganisation dans les programmes tiques. Lors de cette confrontation niveaux que se joue la capacité des précités autour de : éleveurs et de leurs organisations sont révélés les liens entre diffé- d’être acteurs de la qualification rents objets techniques : fromage, • la formalisation des savoirs et des des ressources animales qu’ils affinage, caillé, lait, par exemple. pratiques ; mobilisent ainsi que des produits Ces itinéraires de qualification sont • la dynamique des connaissances issus de leurs activités. également considérés à travers le dans l’action collective (conseil, mise aux normes) ; En effet, les éleveurs deviennent rapport à leur territoire de produc- acteurs à part entière dans les pro- tion. Les objectifs opérationnels • la régulation de gestion de res- cessus de qualification des ressour- sont la production de référentiels sources locales (conception et ces et des produits. Au-delà de l’in- sur les descriptifs sensoriels des fro- négociation de règles de gestion tégration continue des demandes mages et sur leurs pratiques pro- collective).

42 QQuelques aspects de l’évolution de l’élevage pastoral corse

Pierre Santucci, Elisabeth Bernard, Christophe Le Garignon Inra-Sad, Lrde, Corte

Introduction économique (bassin laitier), appré- 1. Fonctionnement hendé à la fois sous l’angle d’espa- ce support (au sens d’occupation des systèmes tech- En Corse, la sédentarisation de l’é- spatiale par l’ensemble des TP) et levage pastoral, récente en zone de d’espace produit (création et évolu- niques des élevages piémont, tend à s’accentuer ces tion de l’ensemble prairial). dernières années. Elle se traduit par pastoraux un processus « d’intensification Cette construction permet de consi- fourragère » d’une portion du terri- dérer à la fois les pratiques et tech- Le système technique (STK) : est vu toire pastoral (TP). Ainsi, pour un niques, liées à l’action de l’éleveur, comme une représentation des élevage donné, le TP (ensemble de en les situant à différentes échelles, actes techniques mis en œuvre par parcelles cadastrées soumises à des le propre territoire pastoral de l’éle- l’éleveur au service d’un projet en modes de faire-valoir variés) se pré- veur (le pilote et son système) et réponse à un environnement multi- sente sous la forme de deux l’espace plus englobant (vallée, par forme (Osty et al., 1996). entités : une cellule de base fourra- ex.) avec prise en compte des effets Il s’agit de comprendre les logiques gère (CBF), principalement consti- et des interactions de l’ensemble d’actions (fondements des compro- tuée de prairies (elles mêmes plus des actions des éleveurs. mis) qui président à l’évolution/ ou moins contiguës), et un seul Cette note vise à présenter succinc- sédentarisation des STK pastoraux bloc, occupé par une végétation tement les principaux enseigne- afin d’éclairer les options possibles arbustive dominante et composite ments (données, outils, réflexion) en matière de choix techniques et que nous appellerons parcours (P). obtenus dans le cadre d’un pro- d’orientations stratégiques (bases Un premier niveau d’observation gramme de recherche conduit sur techniques à ces compromis) à des place les enjeux scientifiques sur les mutations du pastoralisme en fins de gestion de l’espace par un l’articulation fonctionnelle, entre Corse. Ils proviennent essentielle- élevage qui est censé intégrer d’au- cette cellule de base fourragère ment du Cortenais (vallée du cent- tres fonctions de l’agriculture. (CBF) en constante évolution re-est de la Corse) où l’activité d’é- (superficie, parcellaire, couverts levage d’ovins et de caprins laitiers fourragers, modes d’utilisation) et le est dominante. 1.1 Gestion stratégique reste du TP, le parcours (P) évoluant du système d’alimenta- sous effets non contrôlés (dyna- tion : Périodes fonction- mique de la végétation, libre pâtu- rage du troupeau, incendies, etc.). nelles et objectifs straté- Un second niveau d’observation giques est un espace plus englobant ayant L’identification de trois périodes une entité physique (vallée) ou alimentaires (quantifiées et quali-

43 de lactation » est lié aux céréales à pâturer. Le mode de gestion parcellaire per- met de discriminer plus finement le lien entre certains rôles et les cou- verts. Ainsi, le rôle « assurer la mise-bas des précoces » est lié soit à la prairie naturelle soit à la luzer- ne, selon les modes de gestion du champ. Le rôle attribué au champ et le savoir-faire de l’éleveur expliquent l’itinéraire technique d’installation des couverts annuels.

1.3 Typologie des STK Pour ordonner la variabilité de fonctionnement des STK, nous fiées) au cours de la campagne lai- et l’enchaînement de la réalisation avons créé un indicateur synthé- tière 1 et l’examen des pratiques au de ces objectifs qui permettent de tique permettant d’apprécier le cours de celles-ci, ont permis de comprendre la gestion des champs degré de culture technique agrono- définir des objectifs stratégiques et l’évolution des STK. mique de l’éleveur. « Le seuil tech- concernant l’alimentation et la nique » est obtenu selon une clé de conduite des animaux productifs : présence/absence d’espèces fourra- 1.2 Gestion tactique à gères au sein du TP (fig.1). Croisé • constituer une ration de base à l’échelle du champ avec la variable, pourcentage de la moindre coût ; CBF du TP, il renseigne sur : • assurer les mises-bas en début de L’atteinte de ces objectifs se traduit campagne (MB1) : surveillance et par l’affectation de fonctions 2 aux • le degré et la logique d’intensifi- 3 sécurité fourragère ; champs (parcelle agronomique). cation lié à la sédentarisation ; • le lien potentiel entre le degré • réussir l’allaitement et le début Nous identifions dix fonctions se d’intensification et le mode d’in- de lactation : enrichissement de déclinant en treize rôles. Ces rôles sertion dans la filière ; la ration ; s’enchaînent sur un même champ • maintenir la courbe de lactation selon un mode de gestion, séquen- • les trajectoires de chaque exploi- d’hiver 1 : complément pâturé ce ordonnée de rôle. tation agricole (EA) par simple enquête et suivi. pour maintien d’un seuil minimal Les fonctions alimentaires cor- de lait ; respondent à l’affectation d’un • maintenir la courbe de lactation objectif stratégique à un champ. Ces résultats montrent que la d’hiver 2 : report de ressources sédentarisation génère l’apparition Le choix des couverts fourragers est fourragères par fanage. de nouvelles stratégies alimentaires déterminé par le rôle attribué au conçues à partir de la CBF. La champ ; ainsi, « Constituer une situation contrastée (schématisée ration de base à moindre coût » est Le déroulement de la campagne est dans la figure 1) permet, en effet, lié statistiquement au parcours, interprété comme la combinaison de saisir l’évolution des STK. « Réussir l’allaitement et le début 1 Trois périodes (P) d’utilisation du TP marquent le découpage de l’année. La période 4 est constituée par les mois d’estive. - P1 : de la mise-bas (octobre) à la mise à la traite : stratégique pour l’éleveur : il constitue le lot des précoces (70% en moyenne des femel- les mettent bas en MB1), il veille au bon déroulement des mises-bas (MB) et à l’allaitement des agneaux. La durée moyenne de P1 est de 40 jours. Les périodes suivantes sont davantage marquées par la saison climatique : - P2 : du début de la traite (mi-novembre) à fin mars (130 jours). - P3 : du début avril à la fin juin : l’éleveur regroupe le lot des tardives avec celui des précoces (durée : 90 jours). 2 Au sens de Guérin et Bellon (1989). 3 Les exploitations agricoles (EA) suivent globalement une trajectoire identique qui consiste à acquérir des droits d’exploitation sur le fon- cier (mettre en culture de nouvelles parcelles) à investir dans du matériel de culture et dans les bâtiments. La mise en valeur des terrains se traduit par l’installation de cultures ou de prairies dont la variété des espèces est importante au regard de la superficie des terrains amélio- rés. L’adoption d’espèces fourragères nouvelles n’est pas aléatoire. La séquence d’adoption suivante a été mise en évidence : prairie natu- relle / céréales à pâturer en vert / luzerne / Graminées pluriannuelles.

44 Il est connu que les systèmes pasto- 2. Recomposition de la distribution du parcellaire dans raux reposent sur le principe des l’espace ; « ajustements » permanents, de la l’espace pastoral • intensification : Prairies/TP part de l’éleveur, entre contraintes (PR/TP) : renseigne sur la disponi- d’organisation et contraintes de La question connexe à la compré- bilité fourragère, la conduite ali- gestion du complexe troupeau/ter- hension de l’évolution des STK est mentaire du troupeau ; ritoire. L’existence d’une CBF sem- celle de la traduction spatiale des • technicité : Prairies cultivées / ble révéler également des « tiraille- mutations que celle-ci engendre, à Prairies (PC/PR) : renseigne sur le ments » pour la gestion des deux l’échelle de l’EA et d’un espace degré d’investissements, la ensembles (parcours et prairies) et plus englobant. L’objectif est de conduite du troupeau ; au sein même des prairies. En effet, produire une méthode d’analyse et • fonctionnel : types de cultures / des décalages entre la conduite du de compréhension de la gestion prairies cultivées(TC/PC) : rensei- troupeau et la conduite des parcel- globale d’une vallée. les cultivées sont identifiés dans gne sur la conduite du troupeau certaines EA. Ce décalage se traduit (lots) et la gestion des stocks four- la plupart du temps par une 2.1- Représentation du ragers. conduite du pâturage non optimi- territoire pastoral (TP) sée (mise en réserve de parcelles Cette représentation constitue une prêtes à être pâturées, surpâtura- en élevage petits rumi- aide à la décision en termes de : ge…) entraînant souvent des nants laitiers : résultats « retours en arrière » (abandon de finalisés (fig.2) • conception des innovations four- certaines cultures, retour aux ragères et trame de gestion (par- céréales d’hiver, accès libre de À la différence des autres élevages cours/prairies) ; l’ensemble des parcelles au prin- pastoraux (bovins, porcins), les éle- • production d’indicateurs synthé- temps, etc.). Ce phénomène peut vages laitiers (ovin-caprin) sont tiques (PR/P ; PC/PR) pour une être interprété comme une phase basés sur un territoire pastoral (TP) maîtrise de la conduite du systè- de transition et d’apprentissage identifiable (ensemble de parcelles me d’élevage. dans la gestion de la CBF pour cadastrées). Une représentation de laquelle l’assistance technique, sur sa configuration permet à la fois de l’ensemble du système, fait défaut renseigner sur : 2.2- Modèle d’organisa- (manque de références, d’outils et • la logique de production : éle- tion de l’espace d’une de conseil). veur fermier et éleveur exploitation agricole apporteur ; Globalement, il ressort que si le L’installation/confortation de cette parcours est encore très utilisé, il • le type de conduite : pastoral et CBF sur le TP génère de nouvelles n’est aucunement objet de gestion « herbager ». stratégies alimentaires. L’analyse à part entière dans le développe- du discours des éleveurs fait ressor- ment de ces nouvelles stratégies. tir que la valeur d’usage de l’espa- Des indicateurs sont proposés : ce décroît en fonction de l’éloigne- • compacité du TP : renseigne sur ment des parcelles à la bergerie.

45 Cette décroissance induit une est différente (E. Bernard, 1999). noyaux de sédentarisation, cor- structuration du territoire pastoral On distingue des fonctions respondant aux zones basses de (couverts fourragers, utilisation, (conduite du troupeau selon le chaque commune. appropriation) de type centre-péri- stade physiologique des femelles phérie (fig.3). par ex.) décroissantes selon l’éloi- 2.4 Dynamique de mar- Nous avons construit un modèle gnement pour les couverts cultivés gravitaire en auréoles centré sur la et croissantes pour le parcours. ginalisation : pôles et bergerie (thèse Le Garignon, marges 2001) : l’espace est découpé en Les écarts au découpage en poly- couches concentriques représen- 2.3 Partage de l’espace gones de Thiessen et la distribution tant chacune 10% de la distance de la vallée non aléatoire des types d’élevage séparant la bergerie du point le L’étude de l’agrégation des TP au au sein d’une vallée font donc pen- plus éloigné du territoire pastoral. sein d’une vallée montre que le ser à des inégalités de développe- À chacune des couches, une pro- pavage de l’espace correspond à ment analysable en termes de babilité d’occurrence d’un couvert un découpage en polygones de marge et de pôle. On constate en fourrager donné est calculée. À titre Thiessen centrés sur les bergeries effet qu’au centre de la vallée, sur d’exemples, la probabilité de ren- (fig.4). Cependant, il existe des les terrains les plus mécanisables, contrer des céréales à pâturer est écarts, principalement au centre de les exploitations prennent une de 0,32 dans la couche 3 (relative- la vallée. avance, et qu’elles tendent à ment proche de la bergerie), alors repousser (sortir de leur polygone) qu’elle n’est que de 0,18 dans la Entre chaque bergerie, la médiatri- sur les versants les exploitations couche 10 (la plus éloignée). Pour ce est tracée, le polygone ainsi créé moins développés. En retour, cel- le parcours (ressources arbustives), est supposé représenter le territoire les-ci cherchent à accéder au fon- cette probabilité est de 0,16 dans pastoral de la bergerie considérée. cier en bas de vallée. cette couche 3 alors qu’elle est de On obtient de cette manière un 0,76 dans la couche 10. pavage de l’espace pastoral où L’espace de la vallée est donc chaque unité figurée représente le structuré en : Les couverts fourragers, destinés à territoire pastoral d’une exploita- l’alimentation des troupeaux, se • centres, actifs et dynamiques, tion. répartissent différemment dans les correspondant aux noyaux de auréoles. Selon le mode d’insertion Les bergeries sont réparties dans sédentarisation, caractérisés par à la filière (fromagers fermiers et l’espace en groupes de proximité une avance technique et qui opè- apporteurs), la configuration des TP que nous interprétons comme des rent à de nombreuses mises en

46 nécessaire au développement et aux mutations de l’élevage pasto- ral, il n’en reste pas moins qu’elle exclut l’espace le plus utilisé par cet élevage : le parcours.

3.2 Avec ou sans par- cours ? Il s’agit alors de s’interroger sur la contribution du parcours – au statut foncier précaire, aux ressources fourragères fluctuantes, cumulant de fait les handicaps – face à une logique de mise en valeur d’autres portions d’espace. Le risque étant valeur ; (gagnées sur le maquis par la tech- de voir ces zones « abandonnées » • fronts d’expansion de ces cent- nique du girobroyage) remplissent du fait du peu d’intérêt fourrager res, zones de ces défrichements une partie de cette fonction mais car l’essentiel serait produit sur des nouveaux ; elles s’avèrent insuffisantes en raison prairies ou des zones enherbées de l’arrêt végétatif en hiver. La mise d’où la végétation arbustive a été • marges, où évoluent les agricul- en place des céréales d’hiver à pâtu- supprimée. Les conséquences en teurs moins avancés mais qui rer permet de pallier temporairement seraient un abandon progressif du peuvent développer des solutions le déficit fourrager. L’apparition de parcours et donc un sous-pâturage alternatives (production fermière). cultures « nouvelles » en remplace- qui favoriserait à moyen terme la ment des céréales, et surtout le mode densification de la végétation 3. Discussion de gestion qui s’ensuit (pâturage arbustive. Ainsi, un impact plus fai- tournant même au printemps), révè- ble du pâturage sur ces zones de Le territoire pastoral renferme deux lent le franchissement d’un seuil parcours risquerait d’aller à l’en- ensembles. Une assise foncière dans l’innovation technique avec un contre des efforts visant une poli- permet l’installation et le pilotage renforcement de l’intensification tique de prévention des incendies d’un couvert fourrager. fourragère. misant sur la création exclusive de prairies. Ce choix conduirait à L’exclusivité de l’usage individuel, La figure 1, tentative d’interpréta- considérer que les zones actuelles les formes d’investissements et la tion de cette mutation, situe les éle- de parcours ne seront plus inté- sécurité qu’elle procure font que vages en fonction de leurs surfaces grées dans les systèmes d’élevage, cet espace peut être qualifié de en herbe et de la nature de celles- ou bien elles ne le seront qu’à domestique comparativement à un ci (prairies naturelles, céréales, condition, et seulement là où c’est espace de cueillette, plus éloigné, luzernes, ray-grass, dactyle). Les possible, d’être parcellisées et pâturé librement par le troupeau et données d’enquêtes sur la trajectoi- « débarrassées » de leur strate qui peut s’élargir hors du TP, à des re technique des EA permettent de arbustive. zones pâturées éventuellement en saisir les tendances respectives : commun. La tendance actuelle, en augmentation de la proportion des Au-delà du caractère réducteur termes de changements tech- surfaces en herbe et installation (raisons géographiques principale- niques, concentre tous les efforts progressive de cultures nouvelles. ment) de cette possibilité, se pose sur le premier et par contrecoup, On constate que les élevages évo- la question de la spirale des chan- renforce le comportement de luent rapidement mais que cette gements techniques à partir de cer- cueillette sur le second. évolution concerne davantage l’a- tains seuils d’investissements. doption de cultures nouvelles qu’u- Par conséquent, il apparaît utile de ne augmentation de la surface en 3.1 - Mutations en cours raisonner la place du parcours en herbe : les éleveurs ne créent plus termes de statut fourrager mais En petits ruminants laitiers, la de nouvelles parcelles de prairies aussi en termes de signe du terroir, conduite de la reproduction à con- mais remplacent les céréales et les pour les élevages engagés dans une tre-saison commande une sécurité prairies naturelles par du ray-grass, révolution fourragère. En zone de fourragère en automne et en hiver voire du trèfle, du dactyle ou de la piémont, et montagne, le couple qui ne peut être assurée, sans aléa, luzerne. parcours/prairies doit être appro- par le parcours. Ainsi l’éleveur est ché dans sa complexité pour cons- amené à créer des parcelles fourra- La « révolution » fourragère est en tituer la base de l’élevage pastoral gères. Les prairies naturelles marche et, bien qu’elle semble être

47 des petits ruminants. Reste à en Conclusion non mécanisable, ne peut faire préciser les différentes modalités en l’objet, dans son intégralité, de fonction de paramètres physiques mise en culture. De ce fait le TP (relief), zootechniques (logique de Les innovations fourragères et les gardera une large part de parcours production), économiques (lai- effets qu’elles engendrent sur le qui devra conserver son rôle impor- tiers/fromagers) et structurels (pro- pilotage d’un système d’élevage tant dans la chaîne fourragère : il pres à chaque élevage). pastoral sont des questions de semble difficile voire impossible recherche à part entière. que l’élevage puisse se passer de Si des investissements sont néces- ces ressources spontanées. saires pour assurer une certaine L’objectif de ces innovations ne Cependant, la tendance constatée à garantie fourragère (donc écono- s’inscrit plus dans une logique de la mise en place de structures de mique) et diminuer la pénibilité de palliatif comme dans le passé production de type herbager risque certaines tâches telles que la sur- récent (faire de l’herbe pour passer de générer des modes de conduites veillance, il n’en demeure pas l’hiver) mais dans une logique de plus intensifs. Cela peut appeler à moins que les innovations production d’unités fourragères en un changement de génotype (très devraient être conçues en référence quantité et en qualité afin de nour- fréquent en plaine avec la brebis à l’existence du parcours. En effet, rir le troupeau (pâturage, et éven- sarde ou la chèvre alpine), et s’éloi- celui-ci pourrait être utilisé pour le tuellement réserves de foin) en gner ainsi de la démarche de certi- pâturage au cours de l’année (four- fonction de l’évolution de ses fication de l’originalité et de la qua- nitures d’unités fourragères) grâce à besoins alimentaires. lification des produits de terroir des interventions techniques régu- Si cette base prairiale s’avère (races locales, produits typés, pra- lières (girobroyage, brûlage dirigé, indispensable pour réussir les tiques fermières, etc.) ; le parcours etc.) visant à contrôler la dyna- mutations de l’élevage pastoral, il doit être considéré comme un fac- mique de la végétation. n’en demeure pas moins que le teur à mobiliser dans ce type de principe de son intégration dans le démarches, et comme un objet TP mérite d’être raisonné. En effet, d’intérêt environnemental (biodi- celui-ci, à dominante arbustive et versité, aménités paysagères, etc.).

Bibliographie Bernard Elisabeth (1999). Validation d’un modèle d’occupation du sol par l’élevage pastoral au moyen d’un SGI. DESS SIG et gestion de l’espace, Université St Etienne 30 p+annexes. INRA-SAD LRDE. Guérin G. Bellon S. (1989). BTI Ovin et Caprin, 27 : 52-63. Le Garignon C. (à paraître, 2001). Activités pastorales et paysages agraires méditerranéens. Méthodologie d’étude des liens entre facteurs humains et organisation de l’espace dans une petite vallée de la corse : le Curtinese. Thèse de Doctorat Université de Nanterre. INRA-SAD LRDE. Osty P.L., De Sainte Marie C., Lardon S., Lasseur J. (1996). « Les systèmes techniques de production : réactions et adapta- tions à de nouveaux contextes ». In Nouvelles fonctions de l’Agriculture et de l’espace rural. Actes Coll. final AIP, 17/18 déc. 96. Ed. G Allaire, B. Hubert, A. Langlet, pp 187-199.

48 ÉÉlevage porcin et systèmes sylvopastoraux en Corse Mettre en dynamique la tradition

François Casabianca et Oscar Maestrini Inra-Sad, Lrde, Corte

tratifs de soutien aux activités d’é- levage en zone à handicaps natu- rels permettra d’identifier les pra- tiques actuelles et la nécessité de les faire évoluer pour les rendre pérennes, dans le contexte actuel de forte demande sociale aussi bien de produits de terroir que de maî- trise de l’impact environnemental des activités d’élevage.

1. Des systèmes extensifs où le porc est au pâturage

Tout voyageur en Corse, ou obser- négligeable de son patrimoine. L’élevage porcin en Corse comp- vateur de l’élevage corse peut l’af- D’autant plus que cet élevage por- rend traditionnellement deux réali- firmer : il subsiste en Corse, dans cin constitue une originalité dis- tés fort différentes : les zones de l’intérieur monta- tinctive de la Corse parmi les • l’élevage en basse-cour d’un ani- gneux, un élevage pastoral de régions pastorales françaises. mal destiné à l’auto-consomma- porcs en liberté. C’est pour cette Notre brève communication débu- tion familiale et dont la ration est raison que nous avons pensé utile tera par une présentation synthé- principalement constituée des de présenter à l’Association tique de l’élevage porcin corse. déchets de l’alimentation humai- Française de Pastoralisme les traits Puis, nous focaliserons notre atten- ne. C’est « u mannarinu », ache- caractéristiques de cet élevage. Il tion sur la période de finition des té en porcelet au mois de mars va de soi que le pastoralisme animaux d’abattage, période de (« u marzulinu ») et abattu à Noël concerne la plupart du temps les pacage sous forêt de chênes et de vers l’âge d’un an ; ruminants, avec une prédilection châtaigniers. Ensuite, nous évoque- pour les petits ruminants. Pourtant, • l’élevage en liberté, dans les rons l’estive des porcs, une tradi- réaliser les journées annuelles de villages de montagne, de trou- tion encore vivace dans certaines l’AFP en Corse sans évoquer les peaux entiers destinés à la trans- zones de la montagne corse. Enfin, porcins aurait consisté à amputer le formation en produits de charcu- la question d’une intégration de cet pastoralisme corse d’une partie non terie puis à la vente ou à l’échan- élevage dans des cadres adminis- ge contre des denrées de zones

49 Si tous les élevages privilégient la mise-bas des mois de juin et juillet, certains d’entre eux pratiquant une complémentation alimentaire de leurs reproductrices adoptent éga- lement la mise-bas de décembre ou janvier. Ainsi, on doit distinguer deux situations selon le mois de naissance : • les naissances d’été constituent la grande majorité des animaux d’engraissement. Les porcelets naissent en cabane (en général) et sont allaités sous la mère durant environ deux mois. Puis, pour ceux qui sont à proximité de la montagne, ils vont consommer des faines dans les hêtraies voisi- nes (ce fruit est déconseillé aux Figure 1. Évolution des quantités des différents tissus de la carcasse au porcs d’abattage car il confère, cours de la finition des porcs corses en châtaigneraie selon les éleveurs, des problèmes re atypique et peu de conservation aux gras déposés contrôlable. En effet, durant cette période). Ensuite, les les pratiques sont très truies et leurs porcelets sont atti- extensives, l’animal rés par les châtaigneraies souvent étant souvent livré à non clôturées où ils peuvent gla- lui-même, le porcher ner les fruits tombés au sol. En veillant seulement à plein cœur de l’hiver, les lots maintenir sous un sont parfois alimentés de façon à contrôle lâche les lots bien repérer leurs déplacements d’animaux (« a gregh- et à surveiller leur état sanitaire. ja » ou « a réfica ») Le printemps est caractérisé par constitués autour des une liberté de mouvements dans truies-mères, de leurs les parcours sous forêt et dans le filles et des porcelets maquis. Puis vient le moment de et jeunes porcs de l’estive et, dès le mois de mai, les l’année. truies partent spontanément vers les zones d’altitude où le lot va Cet élevage pastoral séjourner jusqu’à la fin du mois conduit à l’abattage d’août (avec des compléments Figure 2. Composition du gain de poids de la de porcs âgés d’au pour le mois d’août). Les ani- carcasse de porcs corses au cours de la finition moins 14 mois et pou- maux redescendent sur les par- en châtaigneraie vant avoir jusqu’à 36 cours de printemps qui, au mois mois au moment de de septembre, ne leur offrent pas leur sacrifice. En effet, grand chose, ce qui motive les de plaine. Ce sont « i porchi di ces animaux sont de génotypes éleveurs à les nourrir pour les furesta » ou « di banda » dont le variables mais comprenant tou- remettre en état satisfaisant avant cycle de production est beau- jours une forte proportion de la la période suivante. Arrive enfin coup plus long puisqu’il n’est pas race locale, un porc à croissance la finition aux châtaignes et/ou rare de constater des âges d’abat- lente dont la rusticité est appréciée aux glands à partir du mois d’oc- tage de plus de 24 mois. par les éleveurs extensifs. Ces tobre jusqu’en décembre. Les cycles de production, beaucoup animaux ont atteint leur âge (18 Si le premier type a progressive- plus longs que ceux des élevages mois) et leur poids vif (en général ment disparu (comme dans les intensifs (plus du double), condui- entre 110 et 140 kg) ; ils sont autres économies rurales semi- sent à des carcasses à forte adiposi- prêts à l’abattage (« a tumbera ») autarciques des régions continenta- té et montrant une viande mûre qui débute traditionnellement le les), le second s’est maintenu jus- particulièrement apte à la transfor- 13 décembre, jour de la Ste qu’à nos jours, malgré son caractè- mation en produits secs. Lucie ;

50 Tableau 1. Évolution des teneurs en lipides totaux, triglycérides et phospholipides du Longissimus lumborum au cours de la période d’engraissement des porcs en châtaigneraie (en g/100 g de muscle frais)

• les naissances d’hiver sont plus exploitées par ses animaux, par- tion et s’achève à l’abattage. D’une rares et le cycle de production est fois même avec excès puisqu’on part, les paramètres zootechniques nettement plus court. En effet, si peut constater du surpâturage sur classiques nous ont permis d’établir les porcs nés en été sont abattus certaines zones fragiles. Ses inter- la composition du gain de poids en début de période (décembre ventions sont dictées par l’état et intervenant durant cette période de et janvier), ceux nés en hiver le la succession de ces ressources finition. Les résultats rapportés dans seront en fin de période (février) à ainsi que par les besoins de ses les figures 1 et 2 montrent que le un âge (12 à 14 mois) et un poids animaux ; tissu adipeux constitue bien le dépôt vif (80 à 110 kg) plus réduits. Ces • les comportements alimentaires prioritaire, ce qui est conforme aux animaux sont souvent des croisés et spatiaux des lots. Le porcher connaissances acquises sur l’espèce (autorisant un cycle plus court) et est attentif aux apprentissages porcine. En revanche, le dépôt de reçoivent un soutien alimentaire confiés à la truie-mère. Cette der- muscle n’est pas négligeable et plus marqué. Après leurs deux nière enseigne à ses filles et aux contribue à limiter les déséquilibres mois d’allaitement, les porcelets jeunes porcs qu’elle mène, les de découpe des carcasses. sont maintenus à proximité de circuits à emprunter, les points D’autre part, des prélèvements par l’exploitation de façon à assurer d’abreuvement, les zones de cou- biopsie dans le Longissimus Dorsi une surveillance rapprochée. Ils chage. Le porcher efficace est (pour les deux premiers contrôles) ne sont pas envoyés en estive car celui qui sait le mieux tenir puis par prélèvement direct sur car- considérés comme trop jeunes. compte de ces comportements casse (pour le dernier) permettent Ils ne connaissent qu’une saison pour réaliser ses interventions. d’analyser l’évolution de la compo- de passage en zone de finition et sition des tissus musculaires et adi- les critères pour les abattre sont peux. Seuls, les résultats concer- plus lâches : l’éleveur peut avoir 2. La période de nant le muscle seront commentés intérêt à abattre un animal enco- finition ici. Les tableaux 1 et 2 indiquent de re insuffisamment développé plu- façon claire que : tôt que de lui faire emprunter un Au vu des cycles de production, la • l’accroissement des lipides intra- nouveau cycle qui le conduirait à finition en forêt de chênes ou en musculaires est dû exclusivement un âge d’abattage de plus de 24 verger de châtaigniers est le au dépôt de triglycérides (lipides mois (ce cas est toutefois consta- moment-clé du système d’élevage. de réserve) alors que les té dans des exploitations très C’est pour cette raison que nous phospholipides (lipides membra- extensives). nous sommes attachés à objectiver naires) demeurent inchangés ; l’effet de cette période sur les • la composition de ces lipides caractéristiques des viandes et des Ces systèmes pastoraux reposent intra-musculaires connaît des gras issus des carcasses d’animaux largement sur deux caractéristiques changements profonds durant la abattus après finition. majeures : période de finition, avec un • les ressources à forte variation Les porcs d’abattage font l’objet dépôt concernant préférentielle- saisonnière. Le porcher veille à d’un suivi qui débute juste avant la ment l’acide oléique (C 18 : 1) et chute des premières châtaignes, se ce que ces ressources soient la classe des mono-insaturés. poursuit par un contrôle à mi-fini-

51 Ces modifications vont dans le faut se rappeler que l’acide té mais elle a considérablement sens : oléique est le principal consti- diminué ces dernières décennies, tuant de l’huile d’olive, connue pour n’intéresser qu’une fraction • d’un « marquage » des tissus par pour ses qualités diététiques. réduite de animaux (environ un les rations déséquilibrées que se tiers). constituent les porcs en finition. L’alimentation presque exclusi- Ainsi, la période de finition du porc Il convient de distinguer plusieurs vement amylacée conduit à une en Corse montre des effets du même phases successives au cours de la activité métabolique directement type que ceux constatés par nos col- transhumance : orientée vers la bio-synthèse des lègues espagnols dans le cas du • du mois de mai (le début est acides gras ; porc ibérique fini au gland de variable et dépend des conditions • d’une aptitude de ces tissus à la chêne. Cette convergence n’est pas climatiques, dernière neige ou transformation en produits secs. le fruit du hasard, puisque, avec premières chaleurs) à la fin du En effet, la faible proportion de la l’Alentejo au Portugal, la Sardaigne mois de juin. Les porcs sont alors classe des poly-insaturés autorise et la Sicile, ce sont les derniers cas les seuls occupants des estives une faible oxydation des gras et d’élevage porcin de type sylvopasto- avec les bovins qui montent plus donc une bonne conservation ; ral. progressivement (une « remue » • sans toutefois renforcer la classe en mai pour une arrivée en altitu- des acides gras saturés, ce qui est de en juin). Leur poids vif est en classiquement le cas des porcs à 3. L’estive des porcs général toujours en croissance, croissance rapide au même âge. bien que ralentie ; Une autre originalité forte réside Et cela apporte un intérêt nutri- • le mois de juillet pose déjà dans la transhumance estivale tionnel majeur puisque ce sont quelques problèmes. En effet, les d’une partie des troupeaux de précisément les gras saturés qui brebis et chèvres sont présentes porcs. Cette pratique concernait la sont tenus pour responsables de et, même si la plupart sont taries, problèmes cardio-vasculaires. Il quasi-totalité des élevages en liber-

52 les ressources disponibles rupture des cycles parasitaires et Notre travail de production de réfé- deviennent limitantes. Les porcs assainit les parcours autour de rences à partir des réalités locales a parviennent, sur les zones humi- l’exploitation. Enfin, la première pu contribuer à conférer aux pra- des et en déterrant des racines de phase et, dans une moindre tiques les mieux en relation avec fougères, à se constituer une mesure la deuxième, permettent nos résultats, un statut nouveau et à ration d’entretien. Leur poids vif de diminuer les achats d’ali- doter les quelques techniciens se maintient ; ments ; d’encadrement technique d’élé- • le mois d’août devient assez • des dimensions négatives telles ments de conseil plus pertinent. inhospitalier pour des porcs qui que la dégradation des pelouses Ces efforts conduisent désormais à ne trouvent plus de ressource suf- en zone humide. De plus, des réfléchir à des formes de compen- fisante sur leur parcours. Il n’est risques sanitaires apparaissent sation de handicaps naturels, du alors pas rare de les voir se préci- avec le contact entre des trou- type ICHN pour le porc extensif, ou piter sur les randonneurs de pas- peaux de statut sanitaire inconnu. encore des mesures spécifiques sage. C’est une phase où l’éle- pour les Contrats Territoriaux veur vient les visiter plus fré- L’estive des porcs peut être consi- d’Exploitation (CTE). Les réflexions quemment et leur apporter de dérée comme « la tradition dans la portent en particulier sur : quoi manger (maïs, orge), afin de tradition » et elle engendre des savoir où ils se trouvent, s’ils se • les bases de calcul des indemni- débats passionnés entre partisans et sont mélangés à d’autres trou- tés. Si cette base ne peut être que détracteurs. Sa permanence jusqu’à peaux, s’il n’y a pas eu de dispa- la surface, le problème est, bien nos jours montre une certaine rition, voire de vols. Les quelques souvent, les porchers n’ont que logique ; on peut toutefois penser données de suivi que nous avons peu de terrains en propriété et ne qu’il s’agit d’une pratique pastorale collectées montrent une perte de parviennent que difficilement à en voie de disparition. poids avec fonte adipeuse et par- obtenir des baux. Les parcours ne fois musculaire. sont pas clôturés, ce qui entrave les notions de calculs de charge 4. Mettre en dyna- animale. Enfin, les zones de fini- Il est clair que l’intérêt de l’estive mique la tradition tion devraient être considérées est variable selon les phases, mais a comme des surfaces stratégiques tendance à diminuer au fur et à pastorale dédiées à l’engraissement des mesure que la saison avance pour porcs d’abattage, et leur coeffi- disparaître en août. Naturellement Les élevages porcins pastoraux sont cient porté à des valeurs élevées ce découpage temporel fluctue restés jusqu’à récemment sans dès lors que les vergers de châtai- selon les années mais la tendance aucune référence technique utilisa- gniers ou les forêts de chênes reste la même. Une évaluation syn- ble. Les porchers les plus enracinés sont entretenues, clôturées et que thétique fait apparaître : dans la tradition considéraient que la charge animale fait l’objet d’un le progrès technique n’était pas fait contrôle strict ; • des dimensions positives telles pour eux. Alors que ceux qui vou- que le confort thermique lors de laient évoluer ne disposaient pour • le respect de bonnes pratiques. la saison chaude. On a toutefois ce faire que de modèles extérieurs Tout d’abord, l’identification sys- pu voir des porcs blancs atteints basés sur les races sélectionnées et tématique des animaux permet- de véritables insolations durant une artificialisation de la conduite : trait la tenue de registres d’éleva- l’estive. D’autre part, le déplace- se moderniser signifiait abandon- ge avec relevé des mises-bas et ment des animaux induit une ner les pratiques pastorales. déclarations de naissance.

53 Ensuite, le maintien des animaux • une croissance accélérée dans le châtaignes) et une valorisation en en parcs fermés durant les pério- jeune âge, moment où le porc produits typiques. Un réseau euro- des hors finition et estive contri- dispose du maximum de capacité méditerranéen s’est constitué buerait à restaurer une acceptabi- de dépôt de tissu maigre ; depuis plus d’une décennie pour lité sociale que les porchers per- • une croissance ralentie durant la échanger entre chercheurs de ces dent tendanciellement depuis période intermédiaire, où le porc différentes régions. une décennie (trop d’animaux va finir d’acquérir son format Maintenir le porc au pâturage « en divagation » qui détruisent sans dépôt adipeux prématuré, durant la période de finition lui jardins et murettes). De plus, la avec une période de préparation permet d’acquérir des caractéris- maîtrise des effluents autoriserait à la finition ; tiques de tissu qui le rendent origi- un meilleur respect des cours • et le rôle irremplaçable de la nal et non imitable par les produc- d’eau et des fontaines. Enfin, croissance compensatrice en fini- tions classiques hors-sol. Il s’agit là pour prévenir le fouissage exces- tion, répondant au souci d’obte- d’un véritable lien entre le produit sif des animaux dans les zones nir les tissus adipeux et musculai- et son terroir qui, pour l’instant, n’a les plus fragiles (zones humides, res correspondant à l’objectif de été reconnu en Appellation terrains en pente), le port de l’an- produits de haute qualité et typi- d’Origine Contrôlée que dans les neau dans le groin semble devoir cité. cas espagnols et portugais, les s’imposer, ce qui n’est pas du autres situations (dont la Corse) goût de nombreux éleveurs pour montrant pour l’instant des faibles- qui leurs porcs doivent pouvoir Conclusion ses dans l’organisation profession- se « débrouiller » tout seuls. nelle et la capacité de porter des Ce rapide tour d’horizon montre dossiers de ce type. bien que l’élevage porcin sylvopas- À l’analyse des données expéri- Cet élevage est donc au cœur d’im- mentales établies et des pratiques toral corse a sa place dans le pasto- ralisme corse. Il appartient à une portants enjeux de développement observées, et en gardant toujours à local, d’autant plus considérables l’esprit que cet élevage pastoral ne famille de systèmes d’élevage pré- sents en Espagne du sud-ouest que ces activités intéressent essen- trouve ses raisons d’être que dans tiellement les zones de montagne l’optique des produits de charcute- (Extremadure, Andalousie), au les plus soumises aux processus de rie qui vont être élaborés, nous Portugal (Alentejo), en Sardaigne désertification. De ce fait, l’élevage avons proposé une conduite sché- (, Barbaggia), et en Sicile porcin est une des seules activités matisée dans la figure 3. (Nebrodi, Madonie). L’équation de base est partout la même : une rémunératrices réalisables dans ces L’objectif est de redéfinir une cour- population porcine locale (plus ou zones et une des plus fixatrices be de croissance du porc qui intèg- moins fixée ou gérée), des ressour- d’actifs engagés dans l’aménage- re le potentiel du porc corse, le ces forestières en finition (glands, ment durable de ces territoires. développement tissulaire avec : Bibliographie Casabianca F., Coutron C., 1998. Relations entre caractérisation et définition d’un produit typique non industrialisé : « le prisuttu » ou jambon sec corse. Flamant J.C. ; Gabina D. ; Espejo Diaz, M., Basis of the quality of typical mediterra- nean animal products. vol. 90 : 359-364. Coutron C., 1996. Bases scientifiques pour l’élaboration d’un jambon sec corse de haut de gamme. Thèse de doctorat, Université Pascal Paoli de Corte. Coutron-Gambotti C., Gademer G., Casabianca F., 1998. Effects of substituting a concentrated diet for chestnuts on the lipid traits of muscle and adipose tissues in Corsican and Corsican x Large White pigs reared in a sylvo-pastoral system in . Meat Science (GBR) vol. 50 no. 2 : 163-174. Coutron-Gambotti C., Casabianca F., de Sainte Marie C., Gandemer G., 1999. Références pour définir un produit typique : le jambon sec Corse. Cahiers d’Études et de Recherches Francophones Agricultures (FRA), no. 8 : 363-371. de Sainte Marie C., Casabianca F., Poggi M., 1998. Les activités d’élevage porcin en Corse. Des difficultés de la transition entre économie souterraine et économie formelle. Averzano V. ; Universita degli Studi ; Salerno (ITA) ; Corsica. Isola problema tra Europea e Mediterraneo, vol. 52 : 263-286. Secondi F., Gandemer G., Luciani A., Santucci P.M., Casabianca F., 1992. Évolution chez le porc corse des lipides des tis- sus adipeux et musculaires au cours de la période d’engraissement traditionnelle sous châtaigneraie. Journées Rech. Porcine en France, 24 : 77-84. Secondi F., Gandemer G., Bonneau M., Santucci P.M., Casabianca F., 1995. Influence d’une supplémentation avant l’en- graissement traditionnel en châtaigneraie sur la composition corporelle et la composition lipidique des tissus musculai- res et adipeux chez le porc corse. Journées Rech. Porcine en France, 27 : 307-314. Secondi F., 1999. Croissance et développement tissulaire et composition lipidique des tissus musculaires et adipeux chez le porc corse. Amélioration de la conduite alimentaire des porcs en élevage extensif méditerranéen. Thèse de doctorat, Université de Clermont, 144 p.

54 RRecherche-développement : l’Odarc 1

Extrait d’une plaquette de présentation Contact : Jean-Baptiste Casanova, tél. 04 95 48 85 45

En 1982, dans le cadre de la poli- 1. Nature juridique Agricole, la Fédération Régionale tique de décentralisation, la Corse des Coopératives Agricoles, est dotée de nouvelles institutions. et fonctionnement la Mutualité Sociale Agricole (MSA), sont associées aux travaux Les lois du 2 mars 1982 et du 30 du conseil à titre consultatif. juillet 1982 portant statut particu- L’Odarc est créé sous la forme d’un lier de l’île, reconnaissent en effet établissement public à caractère le caractère spécifique de la Région industriel et commercial (Epic), 2. Missions et créent les instruments nouveaux doté de la personnalité civile et de du développement économique, l’autonomie financière sur lequel la Elles sont définies par l’article 65 social et culturel de la Corse, char- Collectivité Territoriale de Corse de la loi du 13 mai 1991 : « […] gés d’assister les élus régionaux exerce son pouvoir de tutelle. L’Office du Développement dans l’exercice de leurs nouveaux L’organisation et le fonctionnement Agricole et Rural de Corse est char- pouvoirs. C’est ainsi que naissent de l’Office du Développement gé, dans le cadre des orientations les « Offices agricoles ». Agricole et Rural de Corse sont pré- définies par la Collectivité • Office d’Équipement vus par Ia délibération de Territoriale de Corse, de la mise en Hydraulique de la Corse (OEHC) l’Assemblée de Corse du 26 juin œuvre d’actions tendant au • Office de Développement 1992, modifiée par délibération du développement de l’agriculture et à Agricole et Rural de Corse 25 juin 1998. l’équipement du milieu rural […] » (Odarc) L’Office est présidé par un « […] II exerce les compétences conseiller exécutif désigné par le dévolues par les articles 188.1 à La loi du 13 mai 1991 portant sta- président du Conseil Exécutif. Il est 188.10 du code rural à la commis- tut de la Collectivité Territoriale de administré par un conseil composé sion départementale des structures Corse stipule qu’elle détermine les de 35 membres. Y sont pour la mise en œuvre du contrôle grandes orientations du développe- représentés : l’Assemblée de des structures agricoles et celles ment agricole et rural de l’île. À Corse ; les chambres d’Agriculture ; dévolues au Centre national pour cette fin, elle dispose de deux éta- les organisations représentatives l’aménagement des structures des blissements publics dont l’Office des chefs d’exploitations agricoles ; exploitations agricoles par l’article du Développement Agricole et les salariés des exploitations agri- 59 de la loi de finances pour 1966 Rural de Corse, sur lesquels elle coles ; la Safer ; l’Office d’Équipe- […] » exerce son pouvoir de tutelle. ment Hydraulique de la Corse ; le Centre Régional de la Propriété « […] il participe en liaison avec Le 26 juin 1992, l’Assemblée de Forestière de Corse (CRPF, créé en l’Office d’Équipement Hydraulique Corse approuve les statuts du nou- 1999 pour la Corse). de la Corse aux actions d’accompa- vel Office du Développement gnement liées à la mise en valeur Agricole et Rural de Corse. La Caisse Régionale du Crédit des terres irriguées […] »

55 3. Activités de 32. Expérimentation et par produit. Il intervient notam- ment sur des actions « Filières de l’Office études agronomiques production », et sur des actions L’Office gère deux stations d’expé- spécifiques d’orientation à caractè- Elles découlent des missions qui rimentation agricole et réalise des re national ou régional. Il est char- sont dévolues à l’Office par les tex- essais chez les agriculteurs. gé de la représentativité en Corse tes officiels. de ces Offices. Station d’irrigation de Les actions sont coordonnées par 31. Opérations à carac- Migliacciaro l’Odarc lorsqu’elles sont réalisées par des maîtres d’œuvre extérieurs. tère agricole et rural • comportement de nouvelles Elles peuvent être aussi réalisées variétés (céréales, oléoprotéagi- Il s’agit de tous les travaux par l’Office lui-même. neux, oliviers, amandiers) en sec d’équipement et de modernisation et/ou en irrigué ; Au cours des exercices écoulés, ces réalisés à la demande des profes- • expérimentation de diverses actions ont notamment concerné sionnels dans le cadre d’interven- techniques culturales (désher- les filières oléicole, oléoprotéagi- tions individuelles ou collectives. bage, fertilisation, dates et densi- neux, agrumicole, castanéicole, Elles peuvent être réalisées, sous té des semis…) ; porc-châtaigne, fruits et légumes, réserve de conditions techniques et • expérimentation sur l’irrigation : production fourragère, viticole, éle- administratives, au bénéfice d’agri- suivi des effets de l’irrigation au vage bovin, ovin et caprin, et api- culteurs, de coopératives agricoles niveau du sol et de la plante sur cole. et de Cuma (coopératives d’utilisa- agrumes, oliviers, kiwis… Les actions ont porté essentielle- tion de matériel aglicole), de col- ment sur la recherche, lectivités locales ou d’associations Station d’élevage d’Altiani I’expérimentation et les transferts syndicales. • expérimentation sur le troupeau de technologie, le développement, ovin laitier ; l’appui technique aux agriculteurs • expérimentation sur cultures ou aux structures coopératives, Elles prennent en compte les fourragères. l’action sanitaire, l’amélioration de investissements suivants : la qualité des produits, la lutte con- HORS STATION • travaux de mise en valeur et tre les ennemis des cultures… Études désherbage ; implantation d’amélioration foncière ; des cultures avec/sans travail de • travaux de construction ou sol ; essais fertilisation ; suivi de d’équipement de hangars d’ex- 34. Le service forestier collections fourragères. ploitation et de bâtiments d’éle- régional vage ; ÉTUDES AU PROFIT DES AGRICULTEURS La création du service forestier • travaux d’équipement à l’irriga- Analyse des sols (choix des cultu- régional au sein de l’Odarc consti- tion hors des périmètres gérés par res, engrais…) ; contrats de fertili- tue pour l’Office une action nou- l’Office d’Équipement sation et conseils par analyses velle voulue par la Collectivité Hydraulique de la Corse ; foliaires (surtout vigne, agrumes, Territoriale de Corse. Elle est issue • acquisition de machines à traire ; kiwis…) ; conseils divers (utilisa- de la nécessité de sortir la forêt pri- • acquisition de serres et autres tion des cartes de sols, vulgarisa- vée (70% du domaine forestier équipements horticoles ; tion) ; étude du bilan climatique insulaire, soit environ 130 000 ha) • travaux pour la reconversion du (ETP, besoins en eau) vulgarisée de son sous-développement endé- vignoble ; dans la presse de façon hebdoma- mique. Le service forestier régional • travaux de diversification de daire ; établissement de cartes rattaché à l’Odarc fait ainsi le l’arboriculture fruitière et de pédologiques de différentes régions 2 plantation de clémentiniers ; ONIFLHOR: Office national interprofes- pour la mise en valeur. sionnel des fruits, des légumes et de l’horti- • création et équipement d’unités culture. de traitement des produits agrico- ONILAIT : Office national interprofessionnel les à la ferme : bâtiments de stoc- 33. Développement des du lait et des produits laitiers. kage, de traitement, de transfor- OFIVAL : Office national intelprofessionnel filières de production des viandes, de l’élevage et de l’aviculture. mation et de conditionnement ; ONlC : Office national interprofessionnel • aides pour la restructuration du L’Office est le représentant en des céréales. vignoble ; Corse des Offices d’intervention du ONIVINS : Office national interprofession- • équipement des Cuma en maté- secteur agricole 2. Il exerce les nel des vins. ONlPPAM : Office national interprofession- riels agricoles et matériels de compétences qui lui sont confiées à nel des plantes à parfums aromatiques et débroussaillement. ce titre par le biais de conventions médicinales. passées entre l’Odarc et ces Offices SIDO : Société interprofessionnelle des oléa- gineux, protéagineux et cultures textiles.

56 contrepoids, pour la forêt privée, ces de développement de l’Office, male des ressources fourragères. d’organismes techniques perfor- pour l’organisation de la filière bois Le service rassemble les informa- mants (ONF, DDAF), qui assurent dans le domaine de l’exploitation, tions et les données concernant les la gestion et le suivi en forêt soumi- de la transformation et de la com- incendies (banques de données), se. Son action s’étend à l’ensemble mercialisation. participe à leur analyse et à leur de la filière privée (production, À la demande conjointe de l’État et diffusion. exploitation et commercialisation). de la Région et conformément aux Outre une mission de conseil pour dispositions du contrat de plan, la Collectivité Territoriale de Corse, l’Office est chargé de la mise en 35. Les missions Odasea le service forestier de l’Odarc s’o- œuvre d’un programme régional de L’Office exerce les compétences riente vers : travaux d’amélioration pastorale dévolues au Cnasea, en tant qu’or- dans le cadre de la prévention con- ganisme départemental pour • la valorisation économique des tre les incendies : création de pâtu- I’aménagement des structures des sites existants, potentiellement rages pare-feu au bénéfice d’agri- exploitations agricoles, qui sont productifs (bois d’œuvre, bois de culteurs, de collectivités locales ou plus précisément liées à l’installa- chauffage, parquets…) ; d’associations syndicales. tion, la modernisation et le déve- • la protection de la forêt contre les loppement, ainsi qu’à l’amé- incendies, par la participation à Les missions du service s’articulent nagement et la gestion de l’espace la mise en place des dispositifs de autour de quatre grands axes : rural. lutte. Pidaf (Plan intercommunal • aménagement de l’espace rural de débroussaillement et d’amé- Il est habilité à être un organisme et valorisation des ressources nagement forestier), et Licagif agréé par l’administration pour naturelles ; (Ligne de combat aménagé pour l’instruction des dossiers d’installa- • développement d’un pastoralis- les grands incendies de forêts) ; tion des jeunes agriculteurs. me respectueux de l’environne- • les actions agro-sylvopastorales, ment dans un but économique, Il instruit les plans d’amélioration par l’ouverture de nouveaux écologique et paysager ; matérielle des exploitations agrico- espaces utilisables par les éle- • mobilisation du foncier ; les en coordination avec les princi- veurs. • aide aux éleveurs pour la mise en paux outils insulaires de soutien à œuvre de systèmes de gestion l’agriculture (centres de gestion, Le service collabore avec les servi- permettant une valorisation opti- crédit agricole, DDAF).

57 OOdarc : la station expérimentale d’Altiani Projet d’expérimentation pour la période 1999-2004

Jean-Baptiste Casanova et Norma Choisis Odarc, Station d’Altiani

Mise au point de systèmes de pâtu- céréales pour le pâturage : compa- définissent l’ébauche de chaînes rage conciliant : raison orge-Ray-Grass, Odarc ; d’affouragement. Elles conjuguent Vincentelli B., à paraître, compa- les capacités de production élevées • des fonctions de production raison avoine-Ray-Grass, Odarc) du matériel végétal testé adapté (troupeau exigeant en matière de ont montré que ce système fourra- aux conditions pédoclimatiques niveau de nutrition) ger ne répondait que très imparfai- locales, avec une amélioration • de respect et d’entretien du tement aux problèmes rencontrés. significative des performances zoo- milieu En effet ces céréales ont certes une techniques, notamment de la pro- vitesse d’implantation rapide mais duction laitière, sous l’effet d’une Introduction leur qualité nutritionnelle ainsi que conduite raisonnée du pâturage. leur appétence chutent rapide- Elles visent, in fine, l’amélioration L’élevage de la brebis laitière basé ment. D’autre part, leur production des ressources économiques de sur le pâturage constitue, encore de n’est pas continue dans l’année et l’exploitation. nos jours, l’activité d’élevage la la biomasse totale obtenue est très Fort des premiers résultats enregis- plus importante dans l’île. fortement dépendante de la date de trés, brièvement résumés ci-dessus, semis, elle-même tributaire de la Le pâturage, principale ressource il est aujourd’hui nécessaire de précocité des pluies d’automne. En alimentaire pour l’élevage ovin poursuivre l’expérimentation vers outre, dans un certain nombre de méditerranéen, est caractérisé par la mise au point de systèmes four- situations (terrains pentus labourés une mauvaise distribution de la ragers pour l’élevage ovin permet- tous les ans), ce type de cultures production de biomasse durant tant de réduire les intrants et la peut s’avérer néfaste pour la préser- I’année. Très largement excéden- complémentation, tout en garantis- vation de l’environnement (déve- taire au printemps, notamment sant aux animaux des fourrages en loppement d’une érosion différen- dans le cas de prairies naturelles, la quantité suffisante et de bonne qua- tielle le long des pentes). C’est production d’herbe est en revanche lité pour obtenir des performances pourquoi le programme d’expéri- déficitaire durant l’hiver. zootechniques élevées. Ces systè- mentation conduit à la SEE durant mes fourragers qui associeront aux Pour compenser les carences de la la période 1996-1999 et qui visait à prairies naturelles des prairies per- production fourragère liées au ryth- comparer deux systèmes de pro- manentes avec des espèces péren- me de croissance des herbages duction – un conduit en sec, l’aut- nes (type dactyle et Medicago) naturels, on a très souvent recours re en irrigué – excluait la culture ou/et qui s’auto-resèment (Lolium – dans le système traditionnel – à la des céréales. rigidum, Trifolium subterraneum, culture de céréales (orge et avoine). Les résultats de cette expérimenta- Medicago polymorpha…), contri- Des études récentes (Casanova J.B., tion (cf. Résultats expérimentaux buent à entretenir l’espace agricole 1996, Contribution à la recherche 1996-1997 et 1997-1998, et à préserver de façon durable d’une alternative à l’utilisation des Casanova J.B., Choisis N., Odarc) l’environnement. Nous proposons

58 • date de la fenaison (nombre de jours depuis la mise en défens) et production de foin ; • suivi de l’indice de valeur pasto- rale sur les prairies naturelles ; • production fourragère totale des deux systèmes PFT 2.

2. Les animaux Les paramètres mesurés concer- nent : • les productions zootechniques (production journalière de lait, croissance des agneaux à 10 et 35 jours) complétées par des mesures de composition du lait une fois par mois (MG, MP, cel- de conduire durant cinq années Les superficies respectives de cha- lules) ; consécutives cette nouvelle expéri- cun des deux systèmes ainsi que la • l’évolution de l’état corporel et mentation à la SEE. part relative des différentes cultures du poids des brebis à des (tabl.1) pourront évoluer au cours moments clés ; de l’expérimentation, seul le char- • la consommation foin-concentrés. Objectifs gement devra être respecté pendant la durée de l’expérimentation. 3. Les paramètres écono- Les systèmes fourragers recherchés Celui-ci pourrait éventuellement miques devront essayer de répondre aux être adapté en fonction des pre- Concernant le volet économique, objectifs suivants : miers résultats obtenus ou/et de l’é- pour chacun des systèmes retenus, volution du foncier de la station. • garantir une bonne les paramètres suivants seront pris disponibilité d’herbe verte durant en considération : le maximum de temps ; Paramètres étudiés • le produit ovin 3/ effectif moyen • maintenir une bonne qualité présent (EMP) ; d’herbe offerte durant tout le • les charges opérationnelles : cycle végétatif ; 1. Les fourrages - alimentation : concentrés pour • diminuer ou supprimer le déficit les adultes et les agneaux, fourrager hivernal ; Sur les cultures les plus représenta- céréales, fourrages achetés ; • maximiser les performances zoo- tives et présentes dans chacun des techniques ; systèmes seront relevés les paramé- - frais liés à la surface fourragè- • limiter les frais liés à la complé- tres suivants : re productive (engrais, semen- mentation en favorisant ces, désherbant…) ; • date du premier pâturage (nom- I’utilisation optimale des produc- bre de jours depuis le semis ou, - frais liés à l’irrigation ; tions fourragères : recherche dans le cas de cultures pérennes, d’une plus grande autonomie - frais vétérinaires ; nombre de jours depuis les pre- fourragère ; mières pluies agronomiquement - frais d’élevage (location des • limiter les coûts de production en significatives) ; pâturages…). limitant les intrants ; • disponibilité fourragère de • éviter une trop forte concentra- chaque rotation et calcul des tion des travaux agricoles durant refus à la sortie des animaux ; Les indicateurs économiques sui- de courts laps de temps. • périodes de pâturage (nombre de vants seront calculés : journées ovines/ha/an) ; • marge brute/EMP = (Produit ovin Matériels et méthodes • chargement instantané moyen - Charges opérationnelles) / annuel pour chaque unité de EMP ; Ce protocole est basé sur la com- pâturage 1 ; paraison de deux systèmes de pro- 1 chargement instantané moyen = (somme des effectifs * durée de chaque séquence) / duction (sec versus irrigué). (somme des durées de chaque séquence * surface) 2 Cette proposition se base sur les PFT : somme des productions parcellaires estimées par 4 coupes par an ou sous cages de mise en défens terrains actuellement disponibles. 3 produit ovin = produit lait + produit viande + primes (PCO, ISM, PMR)

59 • marge sur coût alimentaire/EMP nière ; la valeur nutritionnelle des 2. Les animaux = (Produit lait - charges d’alimen- espèces ; la production de foin. Les protocoles en cours concer- tation) / EMP ; Étude de la croissance des nent : • autonomie fourragère = Graminées en fonction de l’indice (Production nette 4/ production Le contrôle laitier qualitatif indivi- héliothermique. Il s’agit de déter- brute) x 100. duel (MG, MP, cellules somatiques) miner les paramètres de la relation demandé par l’Upra dans la per- linéaire Y=b(x.a). Autres thèmes spective de son développement au Suivi des hauteurs et étude de la niveau des élevages du schéma de d’expérimentation relation hauteur-production de sélection. matière sèche, pour tenter de défi- L’estimation de la consommation nir, même pour nos climats, des Parallèlement au thème central de au pâturage des brebis corses à des équations qui permettront d’esti- recherche seront poursuivies et moments clés de I’année. En effet, mer la quantité d’herbe disponible développées diverses expérimenta- optimiser la part de l’herbe pâturée sans avoir recours aux méthodes tions initiées tant sur les fourrages dans l’alimentation des animaux destructrices. que sur les animaux. nécessite de mieux connaître les Étude sur les possibilités de valori- quantités d’herbe qu’ils ingérent. ser les engrais de la ferme. 1. Les fourrages La croissance des agnelles et la L’utilisation du fumier doit permet- mise à la reproduction. Étude de comportement d’espèces tre, tout en garantissant une pro- et de variétés fourragères méditer- duction fourragère soutenue, de D’autres protocoles pourront être ranéennes. Un effort particulier diminuer l’importance de la fertili- mis en œuvre en fonction des sera entrepris vis-à-vis des espèces sation chimique. L’étude détermi- demandes qui émaneront des orga- qui s’auto-resèment telles que les nera la durée de « l’effet fumier » nismes professionnels (à I’exemple Ray-Grass raides, les trèfles souter- sur la production fourragère ainsi des protocoles engagés par le passé rains et les luzernes annuelles. On que son influence sur le pH du sol, à la demande de l’Upra). s’efforcera d’apprécier les critères sur les matières organiques (carbo- agronomiques suivants : la pérenni- ne et azote), ainsi que sur le té ; la production totale et saison- phosphore, la potasse et les oligo- éléments. 4 production nette = produit ovin – alimen- tation achetée (concentré, céréales, foin)

60 FForêt, incendies… PRMF et pastoralisme

Communiqué par : ONF, Cellule DFCI Corse

1. Le contexte corse grands feux (plus de 100 ha) : 0,6% 2. Définition et pré- des feux ont brûlés 83% de la superficie totale parcourue. sentation de la En région méditerranéenne, toute couverture végétale est combusti- La mise en œuvre sur le terrain des démarche Protection ble à des degrés divers. Les résul- mesures et infrastructures préconi- Rapprochée de Massif tats du dernier inventaire forestier sées, par la politique départemen- Forestier (PRMF) font apparaître que les formations tale 2A de prévention et d’aide à la végétales couvrent plus de 80% du lutte, débouche sur une démarche La PRMF est une méthode d’aména- territoire de la Corse. Ces chiffres d’aménagement du territoire. gement prévue dans le plan départe- traduisent une continuité quasi uni- Cette démarche se traduit par un mental de prévention et de lutte forme de la couverture combusti- maillage de l’espace (la maille rete- contre les incendies de Corse-du- ble. De ce fait, la Corse est globa- nue étant de 400 ha maximum), Sud, concernant des massifs à forts lement fortement sensible à l’éclo- dont l’objectif est de limiter les enjeux patrimoniaux (intérêt paysa- sion et à la propagation des incen- superficies brûlées en cas de grand ger, écologique ou économique). dies. feu. Afin d’essayer de protéger ces sites, L’analyse du phénomène feu de Le plan intercommunal de il serait souhaitable, dans le cadre forêt, qui s’appuie sur les rensei- débroussaillement et d’aménage- d’une gestion préventive, de gnements contenus dans la base de ment forestier (Pidaf) est un docu- débroussailler, d’entretenir réguliè- données Prométhée, a permis de ment de planification des infras- rement et d’équiper ces massifs. mettre en évidence (données du tructures DFCI (défense des forêts Cela passe par un maillage d’amé- département de Corse-du-Sud, la contre les incendies), de prépara- nagement beaucoup plus dense Haute-Corse a les mêmes ordres de tion du terrain à la lutte (Licagif, que celui retenu dans les PIDAF. grandeurs) les constats suivants : lignes de combat préparées à l’a- Le caractère remarquable de ces • 98% des feux sont maîtrisés vance contre les grands incendies massifs entraîne une fréquentation avant qu’ils ne dégénèrent et par- de forêt = coupures de combustible croissante de ce milieu. Dès lors, courent plus de 10 hectares ; aménagées, points d’eau, pistes). Il les enjeux environnementaux sont • un très petit nombre de feux ne représente qu’une partie de la doublés d’enjeux non moins engendre l’essentiel des surfaces solution au problème des incen- importants de protection des vies brûlées : 2% du nombre total des dies ; en particulier il ne traite pas humaines et de sécurité civile. feux ayant parcouru 92% de la la protection des zones urbanisées Nous proposerons donc également superficie. ou la protection rapprochée des massifs forestiers. des mesures réglementaires et la création d’ouvrages orientés vers la On en déduira plus particulière- protection du public fréquentant le ment l’importance du phénomène massif.

61 Conception et caractéristiques techniques Un principe de concertation et d’association permanente entre les utilisateurs, les services de gestion et les financeurs doit impérative- ment étre instauré. Dans certains cas où les Licagif sont prévues, dans un cadre paysager remarqua- ble, on pourra adapter les normes selon les règles suivantes : • conservation d’un couvert fermé (pinède ou vieille yeuseraie) ; • élagage en relevé de couvert à 4-6 m et non à 2 m ; • accroissement significatif de la largeur de l’ouvrage (de 100 m à 300 m) ; • réduction de la litière. 3. Les infrastructures • renforcer leur qualité opération- nelle ; LE RÉSEAU DE PISTES de terrain • mettre à profit tous les atouts du Dans le cas de la protection rap- terrain ; prochée, toute portion de forêt pré- • du fait du caractère paysager et servée est un succès. Pour arriver à La défense des forêts écologique exceptionnel de ces ce résultat, toute voie de circula- contre les incendies massifs, les infrastructures envisa- tion peut être mise à profit pour gées doivent êtres réalisées sans rapprocher le plus possible le per- LES COUPURES DE COMBUSTIBLES atteintes fondamentales à leur sonnel, le matériel et l’eau de l’en- Aménager et gérer sont deux objec- spécificité, ni handicaper à terme nemi à maîtriser. leur mise en valeur éventuelle tifs de la protection de massifs e forestiers. Aménager des espaces par un tourisme doux de décou- On créera alors un réseau de 2 forestiers remarquables dans des verte et de randonnée ; catégorie avec les pistes en cul-de- conditions topographiques diffici- • dans certains cas, le nettoyage du sac, à condition que celui-ci soit les, en tendant vers un objectif de sous-bois permet de conserver signalé à l’entrée, qu’il soit doté réduction des surfaces parcourues. tout ou partie du patrimoine d’une aire de retournement, qu’il Imaginer les modes de gestion de arboré, il s’agit de la mise en soit peu éloigné d’un point d’eau et ces mêmes espaces permettant de autoprotection des peuplements. débroussaillé latéralement sur une minimiser les dommages subis par Pour la réussite de cette autodé- profondeur d’au moins 5 m. les peuplements en cas de sinistre. fense, il s’agit de rompre : Faire de la protection rapprochée, - la dynamique verticale du feu La défense des person- c’est donc mettre le prix pour une pour que celui-ci ne passe pas meilleure sécurité. C’est en particu- des strates inférieures aux nes contre les incendies lier : cimes ; Dès lors que les enjeux environne- - sa dynamique horizontale en mentaux sont doublés d’enjeux très • renforcer ou doubler, voir tripler créant les ruptures nécessaires les sécurités que sont les lignes importants de protection des vies dans la chaîne du combus- humaines et de sécurité civile, il d’arrêt ou les points d’eau ; tible ; • accroître la densité du maillage sera proposé la création d’ouvrage - sa puissance pour que la tempé- des ouvrages pour réduire au pour la protection des personnes rature n’atteigne pas le seuil maximum l’ampleur et l’impact présentes dans le massif. Ces mesu- mortel pour les végétaux (65°C d’un sinistre ; res intègrent la notion de défense sous écorce).

62 des personnes contre les incendies (DPCI), et sont les suivantes : • création de zone de poser pour hélicoptère (DZ), pour l’évacua- tion des personnes menacées ou d’acheminement de matériels ou de personnels de lutte ; • sécurisation des zones de regrou- pement du public par la création de larges zones débroussaillées spécifiques, en vue d’un confine- ment ou du regroupement de la population menacée, sous les directives du personnel habilité (forestiers, pompiers, gendar- mes…) ; • sécurisation des sentiers par un balisage approprié ; • proposition de régulation du flux touristique dans le massif, par réfléchie avec les diverses parties techniques et entreprise générale) limitation ou interdiction d’accès prenantes, tant dans le secteur agri- de 1979 à 1984, seules quelques selon les conditions météorolo- cole que dans le secteur forestier. taches de zones cultivables appa- giques du jour ; raissent. Cette carte, établie en vue • organisation des zones de par- L’aboutissement du dossier de la PRMF passe par une mise en syner- d’un zonage agro-sylvopastoral king, par réglementation ou mise renseigne sur les aptitudes simples en place d’infrastructures d’ac- gie des compétences de chacun ; de ce fait un partenariat interservi- ou multiples des terrains, en fonc- cueil. ces élargi aux socioprofessionnels tion de leurs potentialités, estimées est indispensable. à partir de l’état au moment de l’é- 4. Le pastoralisme en tude de la végétation et du milieu Les principaux interlocuteurs ainsi que des principales contrain- milieu forestier seront : la DDAF ; l’ODARC ; la chambre d’Agriculture ; la fédéra- tes de la mise en valeur (pente prin- Cet outil est inclus dans les facteurs tion des estives A Muntagnera ; cipalement). Fondée sur la stimula- de la protection rapprochée, car la l’ONF ; etc. tion des bonnes espèces pastorales prise en compte de la dynamique souvent présentes à l’état de pastorale est un des éléments semenciers dans la végétation essentiels dans la réussite de la pro- L’exemple du massif actuelle, cette technique implique tection de domaines forestiers. forestier de l’Ospédale une gestion rationnelle du pâturage obtenue par alternance de temps Le bétail participe à casser la struc- Les sols de faible profondeur sont de pâturage brefs et de temps de ture du combustible et à « dégrais- de qualité médiocre dans la zone repos relativement longs. Cette ges- ser » le milieu. Il consomme le d’étude. Néanmoins un relevé phy- tion est, dans la plupart des cas, combustible cellulosique, herbes et tosociologique fait apparaître la facilitée par : jeunes rameaux, défonce le sous- présence significative du brachypo- bois, piétine les arbrisseaux et les de rameux, à l’appétence plutôt fai- • un cloisonnement du pâturage bois morts, laboure la litière et crée ble pour le bétail. La phytomasse par des clôtures fixes ou une multitude de sentiers. de la strate herbacée est de l’ordre mobiles ; Une des principales préoccupa- de 0,4 t/ha. • une fertilisation raisonnée ; • si nécessaire, le broyage de la tions de l’étude PRMF est de Selon les cartes du zonage agro-syl- végétation ligneuse indésirable et recréer cette dynamique pastorale vopastoral de la Corse, réalisé par son dépôt sur place. en milieu forestier, organisée et la SODETEG (Société d’études

63 Le découpage en espace pastoral Morta, et sous le Diamante), sont re, appelée « unité pastorale ». Il améliorable prend en compte les localisées des taches de « petits s’agit d’une unité géographique ou critères suivants : maquis et pelouses plus ou moins spatiale sur laquelle se réalise une dégradées » dont le potentiel varie exploitation pastorale de façon • une faible pierrosité de surface et de 0,5 à 2 UOC/ha/an. relativement régulière. une pente <50%, permettant une éventuelle mécanisation ; Les surfaces disponibles actuelle- Les enquêtes réalisées de 1971 à • une végétation ligneuse haute, ment sur le massif se répartissent 1983 montrent que la taille moyen- claire ou nulle. ainsi : ne d’une unité pastorale reste incomparablement plus grande en • 76 ha sur la coupure le long de la Corse que dans les massifs conti- Les potentialités pastorales sont RD268 du barrage au col nentaux. Il s’agit là d’une caracté- appréciées sur le terrain par la d’Illarata ; ristique originale du domaine pas- charge en Unité ovine corse (UOC) • 7 ha sur le débroussaillement de toral Corse, qui s’explique pour au par ha et par an attendue sur sécurisation du sentier menant à moins deux raisons, d’une part la chaque zone au bout de 3 ans d’a- la cascade de Piscia di Gallo ; faible productivité fourragère à mélioration pastorale sans labour. • 10 ha aux alentours de la maison l’hectare qui conduit à rechercher À titre d’information 1 UGB (Unité forestière de Marghese. de plus grandes surfaces, d’autre bovine) = 6,6 UOC. part les traditions communautaires Le seul bémol à cette étude est Les surfaces prévues au titre des qui conduisent à accepter l’imbri- qu’elle ne prend pas en compte les aménagements DFCI du massif : cation sur une même unité spatiale espaces forestiers en tant que zones environ 200 ha supplémentaires. de plusieurs exploitations. pastorales améliorables. Un simple Soit un total à terme de 300 ha de L’Ospédale est le domaine de descriptif sommaire du type de pâturages exploitables, et aména- transhumance traditionnel des éle- peuplement et des essences arbo- gés pour faciliter le développement veurs des plaines de l’extrême sud, rées dominantes y est opéré. de la transhumance du bétail. entre Figari et Porto-Vecchio. C’est Néanmoins à partir des quelques une des rares régions de Corse, taches au potentiel avéré, dissémi- En moyenne on peut estimer entre avec celles de l’extrême nord, où la nées dans le massif, et considérant 0,5 à 2 UOC la charge animale pratique de la transhumance ne que les graines de semences sont actuelle sur les massifs forestiers en concerne plus qu’une minorité d’é- toujours présentes dans le sol ou sachant que celles-ci sont aisément leveurs. que quelques pieds de semenciers améliorables par divers procédés. subsistent encore, nous pouvons Sur ce massif la déprise est la plus Cette charge animale potentielle extrapoler à l’ensemble du massif forte en termes de nombre d’utilisa- moyenne envisageable sur les ter- ces potentialités en respectant l’ho- teurs. rains de l’espace pastoral améliora- mogénéité des sites. ble, ne signifie pas que l’on pourra L’enquête de terrain de 1994 a faire pâturer X brebis tout au long de monté l’existence d’une population SUR LE SITE D’ÉTUDE. PRMF DE l’année sur un même ha de terrain d’éleveurs particulièrement moti- L’OSPÉDALE amélioré (forte variabilité saisonniè- vés, souvent jeunes et passionnés, Autour des hameaux et de la mai- re de l’offre fourragère), mais que et tout à fait intéressés à l’idée son forestière de Marghese, l’on peut espérer obtenir une pro- d’une perspective d’aménagement quelques zones de parcours à amé- duction fourragère équivalente aux et de remise en valeur du domaine nager en pré-bois au couvert arbo- besoins annuels de ces animaux, pastoral corse. La principale ques- ré clair apparaissent, avec un par ha, si l’on applique les tech- tion qui se pose est celle de la pos- niveau de potentialités allant de niques d’amélioration pastorale. sibilité pour ces utilisateurs de 5-6 à 7-8 UOC/ha/an. Ce potentiel maintenir une présence permanen- représente de 2000 à 2800 ÉTUDE PRÉLIMINAIRE POUR LA REMISE EN te et d’obtenir une valorisation éco- UF/ha/an, en sachant que 1 UOC VALEUR DES ESTIVES DE CORSE (ICALPE) nomique intéressante de leur pro- consomme 360 UF/ha/an. Les enquêtes pastorales sont basées duction sur place. Au niveau des cols (Illarata, Vacca sur une unité statistique particuliè-

64 LES CONTRAINTES L’AMÉLIORATION DES POTENTIALITÉS cheptel avec l’aide de nos partenai- Selon le document d’objectifs FOURRAGÈRES res (chambre d’Agriculture, Natura 2000 du massif de Les sites forestiers à couvert arboré ODARC, A Muntagnera…). Il s’agi- l’Ospédale, l’activité pastorale peut sont bien moins productifs que les ra ensuite d’obtenir des concessions être maintenue, voire développée, prairies naturelles (de 5 à 80 fois de pâturage pluriannuelles avec à l’exception des caprins, mais il moins). Pour améliorer les poten- l’ONF afin de pérenniser l’activité. convient de proscrire l’installation tialités fourragères de ces zones Il sera nécessaire d’envisager en et le développement du cheptel de peu ou pas mécanisables, nous parallèle les points énoncés dans le porcs coureurs afin d’éviter la pré- pouvons intervenir de façon artifi- précédent paragraphe des contrain- dation des larves d’amphibiens cielle notamment par la mise en tes, à savoir, les clôtures, les points protégées. œuvre d’un sursemis. d’eau et les abris, mais également De façon à éviter les dégâts notam- Le sursemis doit être réalisé après les améliorations du rendement ment sur les plantations, il sera le broyage de la strate arbustive (si fourrager. Nous devrons donc pré- prescrit un parcage du bétail par inférieur à 2 mètres et plus idéale- voir en amont à qui la charge clôtures électriques qui, d’une part ment à 1 mètre), sans nécessaire- incombera, en termes d’investisse- est indispensable le long du réseau ment un travail du sol. Les espèces ment de ces divers travaux, ou bien routier pour des raisons de sécurité, pastorales pouvant être ainsi sur quels crédits ils seront affectés. et qui en outre assurera une semées sont le dactyle (Graminée) L’ONF, en tant que maître d’ouvra- meilleure maîtrise des prélève- ou bien encore le trèfle souterrain ge de l’opération, serait davantage ments. (Légumineuse). On pourrait même favorable à une mise à disposition tenter, si l’altitude le permet, d’aut- d’une zone de pâturage « clef en res espèces plus montagnardes. mains » moyennant une location. L’introduction de cheptels avec La mise en œuvre du sursemis sur C’est-à-dire, la ou les parcelle(s) zones de parcage sur une coupure, une zone déterminée doit être envi- avec la fourniture de l’ensemble que ce soit en milieu forestier ou sagée dès la fin du démaquisage ou des structures ou aménagements non, nécessite un certain nombre du brûlage, avant le développe- spécifiques à l’activité pastorale. Le d’aménagements spécifiques : ment de la flore spontanée, pour un choix de ces divers investisse- • l’éventuelle mise à disposition problème de concurrence interspé- ments, tant quantitatif que qualita- d’abris pour le bétail, la nuit et en cifique. tif, fera l’objet de discussions avec cas d’intempéries, uniquement les interlocuteurs spécialisés de Grâce à cette méthode, nous pour- pour les ovins ; l’ODARC, de la chambre rons améliorer les coupures de • la mise en place d’un réseau de d’Agriculture et les professionnels. montagne en favorisant le dévelop- point d’eau fixes ou mobiles, ou pement d’une flore pastorale pro- Cette option aura l’avantage d’ho- de zones d’abreuvage ; ductive. L’ODARC possède des mogénéiser les aménagements sur • la mise en place de clôtures élec- références sur cette technique, qui l’ensemble des massifs concernés triques avec leurs batteries (réf. nous seront utiles en termes de par ce type d’activité. Elle permet- fiche technique ODARC) ; coût d’installation et sur les résul- tra l’établissement et le respect • en fonction des saisons de pâtu- tats agronomiques. d’une charte de qualité, valorisant rage, l’aménagement d’un espace d’une part, l’image de l’activité syl- destiné à la traite : enclos de LA MISE EN ŒUVRE vopastorale vers le grand public, contention, hangar équipé d’une La première étape est de trouver un mais également ménageant l’im- trayeuse mécanique mobile… potentiel suffisant en termes de pact sur le milieu naturel.

RÉSEAU COUPURES DE COMBUSTIBLE, CONTACTS : Éric Rigolot, Inra Avignon, 04 90 13 59 35 Michel Étienne, Inra Avignon, 04 32 72 25 77 ONF Direction régionale Corse, 04 95 20 14 27

BIBLIOGRAPHIE Collection Réseau Coupures de combustible (éds Cardère) : n°1 (rééd. juillet 2001). Méthodes de suivi des coupures de combustible (63 p.) n°2 (oct. 1999). Analyse après incendie de six coupures de combustible (81 p.) n°3 (jan. 2000). Coupures de combustible. Le coût des aménagements (58 p.) n°4 (déc. 2000). Conception des coupures de combustible (154 p.)

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Les contrats territoriaux d’exploitation

LLes présentations

Il ne s’agit pas ici d’entrer dans le 1. Alpes du Nord Un groupe de travail de la CDOA a détail de la complexité des mesures (Yves Raffin, Fédération des été formé avec la chambre CTE, mais d’introduire un débat à d’Agriculture, l’Adasea, la DDAF. partir de présentations générales et alpages de l’Isère) La FAI a été chargée de bâtir, avec d’illustrations de mises en place de les responsables d’alpages, une CTE dans différents massifs. Le département de l’Isère, c’est mesure CTE collectifs, sous certai- 80 000 ha d’alpages, 120 commu- nes contraintes : la PMSEE s’arrête Il y a une première distinction à nes concernées, 250 unités pasto- en 2002 ; il fallait donc que les CTE faire entre les CTE collectifs et les rales recensées, 12 000 bovins, soient prêts à être signés en 2003 CTE d’exploitations individuelles. 100 000 ovins. pour assurer le relais de la prime à Une confusion est possible entre l’herbe. Cela représente une centai- l’approche territoriale au niveau Sa particularité, c’est la taille des ne de groupements pastoraux. d’un ensemble d’éleveurs indivi- unités pastorales ; elles sont très duels et ce qu’on appelle CTE col- grandes et leur mise en valeur pas- Nous avons proposé la méthode lectif, qui fait appel à des pâturages torale est la règle. On a de très suivante : vu l’urgence et le nomb- collectifs dont l’usage et la gestion nombreux cas de mise en commun re de cas à traiter, il était souhaita- sont assurés par des groupements de troupeaux. ble de contractualiser la mesure pastoraux. Sur 100 000 ovins, les ¾ viennent 19.3, la mieux adaptée à la situa- tion. Puis on reviendrait sur des Il serait intéressant d’approcher la du Midi. Cette grande transhuman- mesures plus précises dans les notion de CTE individuel au niveau ce de quelque 400 km représente années suivantes. d’exploitations à caractère pastoral la mobilisation de 50% des unités méditerranéen. Derrière les CTE, il pastorales de l’Isère, qui fonction- Nous avons eu également des diffi- n’y a pas que les CTE collectifs nent de façon collective (groupe- cultés par rapport au volet socio- d’altitude, il y a aussi des CTE indi- ments pastoraux). économique. Le fait de privilégier viduels à caractère pastoral. En juillet 2000, le catalogue PDRN l’augmentation du nombre d’em- est redescendu du comité Star. Tout plois de bergers fait partie des le monde a cogité sur ce catalogue objectifs économiques des CTE, de mesures proposé par la région. même si c’est un peu philoso- Ça a été très difficile de s’y retro- phique et pas très précis. uver car la mesure est très orientée Traditionnellement, nous avons des vers la signature de CTE indivi- financements des collectivités terri- duels, ce qui du reste est normal toriales pour faire les travaux. car ceux-ci représentent peut-être Celles-ci ne voulaient pas se dépar- 98% des CTE signés et à signer. tir de ce levier politique, de la poli- Mais il fallait qu’on réponde à nos tique pastorale de la montagne, en éleveurs…

69 laissant les CTE gérer tous les équi- concerne l’alpage du Sénépi, le boration. Le groupe de travail qui pements. Donc nous faisons figurer plus important du département, présentait les dossiers en CDOA dans le volet économique les pro- avec 900 bovins, plus de 1 000 ha, avait des difficultés à présenter nos grammes d’amélioration pastorale plus de 100 éleveurs. On a privilé- CTE. Il a donc été décidé de créer financés par la région et le conseil gié le volet emploi : le CTE a per- un comité technique avant la général sans que financièrement ça mis de faire passer l’embauche CDOA. Finalement, la CDOA n’a n’apparaissent dans le CTE. dans le groupement pastoral de 5 à plus qu’à regarder rapidement les 14 mois de salarié. CTE-GP. On peut dire qu’au bout Aujourd’hui, les difficultés relation- d’un an et demi de travail, les cho- nelles et techniques sont aplanies. Une vingtaine d’autres dossiers ses s’enclenchent bien. Un premier CTE est signé ; il sont en cours de signature ou d’éla-

70 2. Alpes du Sud Carte des secteurs et quartiers de pâturage

21 CTE en PACA (Rémi Dureau, Cerpam 13) En région PACA, 730 000 ha (le quart du territoire régional) sont exploités et représentent 3000 uni- tés pastorales réparties dans six départements. Les espaces de haute et moyenne montagne, concernant trois départements des Alpes du Sud (04, 05, 06), totalisent 380 000 ha et 920 unités pastora- les. Les unités pastorales sont en général de grande taille (500 ha en montagne, plus réduites en altitude moyenne). Le cheptel totalise 550 000 ovins, soit 1100 ovins par alpage, et 24 000 bovins (35 par alpage). La transhumance vers les Alpes du Nord concerne 120 000 brebis. Le gardiennage permanent est une donnée importante du pastoralisme régional : les 2/3 des UP sont gar- dées (mais 80% en ovins). Le mode d’exploitation collectif (groupe- ments pastoraux) représente ¼ des surfaces, 40% des surfaces sont uti- lisées individuellement et 37% cor- respondent à des utilisations col- lectives mais non formalisées en GP. La maîtrise foncière est assez bonne, 20% seulement des UP (15% des surfaces) sont en location annuelle. À ce jour, 70 CTE collectifs sont engagés, à différents stades d’avan- cement. Nous abordons ici les CTE davantage sur le côté agri-environ- nemental que sur la partie investis- sement. Le quart des unités pasto- rales étaient déjà engagées dans des mesures agri-environnementa- les. Nous avons principalement décliné deux mesures, 19.2 et 19.3. C’est de cette dernière dont je vais vous parler. Elle concerne les surfaces en herbe des estives. Nous avons décliné dif- férentes situations en fonction non pas d’un engagement de résultat, mais d’un engagement de pratiques (tabl.1). Ces engagements de pra-

71 Carte des milieux et des modes de gestion appliqués tiques sont contractualisés sur des secteurs localisés de l’alpage (19.3.1 à 19.3.5). La dernière mesure (19.3.6) peut s’appliquer à l’ensemble des surfa- ces qui ne sont pas dans des contrats particuliers. Elle vise à respecter un équilibre global sur l’exploitation de la montagne. Nous souhaitions que les engage- ments restent d’ordre général et puissent être adaptables aux pelou- ses, du bord de mer jusqu’en altitu- de, ce qui explique les fourchettes de rétribution. La détermination du montant se fait grâce à une grille d’appréciation de contraintes qui s’appuie sur six critères : éloigne- ment, pente, configuration du relief et des surfaces, structures de végé- tation, perte de ressource pastorale, multiusage. Chacune de ces contraintes fait l’objet d’une notation de 0 à 3 points ; les six notes sont addition- nées pour calculer un coefficient de contrainte du montant de l’aide (0 à 1). Ce coefficient est appliqué à l’écart de la fourchette, le mon- tant de l’aide est alors égal au mon- tant plancher augmenté d’un « bonus contraintes ». Exemple : fourchette 500-700 F ; coefficient de contrainte 0,5 (9 points sur 18) ; montant du bonus = 200 * 0,5 = 100 ; montant de l’aide = 500 + 100 = 600 F/ha/an.

72 22 Exemple : massif du prioritaire pour le Parc et très Pour faire face à ces problèmes, contraignante pour le berger. nous avons défini un ensemble de Mercantour (Rémi mesures se répartissant dans quatre Le plan global de gestion est le plus niveaux d’impact croissant : Dureau, Cerpam 13) important en surface (180 ha). Il Un exemple concret peut illustrer correspond au respect d’un calen- • ralentissement de la dynamique notre démarche. drier de pâturage, mis au point pro- d’embroussaillement (19.2.1). gressivement par l’éleveur. Lorsque le niveau de raclage est L’alpage se situe dans la zone cen- important (niveaux 3-4), le pâtu- trale d’un parc national. Il compte En termes financiers, la gestion glo- rage peut avoir un bon impact sur 260 ha sur lesquels pâturent 1 200 bale représente la moitié de l’aide, la strate arbustive, en particulier brebis. L’exploitation est déjà enga- dont le montant annuel est assez sur la dynamique des espèces gée dans des mesures agri-environ- élevé, compte tenu des contraintes appétentes. La fourchette d’aide nementales qui viennent à échéan- de garde sur cet alpage (tabl.4). est de 300-750 FF/ha/an ; ce. • stabilisation du niveau d’em- Le dénivelé est faible, et les quar- 3. Massifs côtiers broussaillement (19.2.2). On tiers précoces sont très dominants. demande un impact un peu plus La ressource est grossière, envahie (Bénédicte Beylier, Cerpam 84) fort dans un délai de cinq ans. Ce par la fétuque châtain (Festuca spa- maintien d’un niveau de recou- dicea). La mesure 19.2 concerne la dyna- vrement peut faire intervenir des travaux complémentaires. On La première chose réalisée avec l’é- mique d’embroussaillement, c’est- recherche ici des paysages en leveur a été de détailler le calen- à-dire les milieux de basse altitude. mosaïque où les troupeaux peu- drier d’utilisation (voir carte 1 et En PACA, nous sommes concernés, vent passer un peu partout. La tabl.2). La mise en place du CTE parce que nous avons des groupe- fourchette d’aide est de 450- consistait également à faire le bilan ments qui pratiquent la transhu- 1050 FF/ha/an ; de cinq années de MAE. mance dans ces milieux, et des groupements qui utilisent les par- • régression progressive de la végé- On est en zone de parc national, cours d’intersaison (printemps, tation arbustive (19.2.3). C’est la donc on a affaire à un interlocuteur hiver). reconquête, on est dans des pro- environnemental qui a des deman- cédures de réouverture progressi- des précises sur la gestion de la Les milieux pastoraux méditerra- ve de la végétation. On demande flore et de la faune. néens subissent une évolution une régression de 20% de la stra- spontanée qui se traduit par : un te arbustive. Il y a souvent inter- Le territoire a été cartographié pour envahissement progressif par les vention de moyens mécaniques caractériser les milieux et appliquer ligneux bas de différentes espèces ; plus lourds. La fourchette d’aide à chacun un mode de gestion un risque de banalisation de la est de 900-1400 FF/ha/an ; répondant à différentes variations flore herbacée. Cette évolution : • maintien du phytovolume arbus- de la mesure 19.3 du CTE (voir tif sous un seuil critique (19.2.4). carte 2 et tabl.3). • est gênante de par la fermeture des milieux ; Concerne les zones de grande La mise en œuvre n’a pas posé de • entraîne un appauvrissement de coupure DFCI. Un seuil de phy- problèmes particuliers : les mesures la biodiversité, et concerne donc tovolume arbustif à ne pas dépas- 3 étaient déjà appliquées par l’éle- nos partenaires environnemen- ser a été fixé à 2500 m /ha par les veur. Quand l’intérêt de l’éleveur et taux qui souhaitent le maintien et gestionnaires. Les éleveurs font l’intérêt agri-environnemental vont la reconquête des milieux ouverts appel à des entreprises, ou sont dans le même sens, c’est assez faci- (pelouses sèches) ; obligés de broyer eux-mêmes. La le, ça marche bien. Ce n’est pas le • provoque une augmentation des fourchette d’aide est de 600- cas de toutes les situations. La ges- risques d’incendie, et concerne 1800 FF/ha/an ; on peut monter tion de la station de reine des Alpes donc toute la problématique DFCI. jusqu’à 2800 s’il y a des travaux a seule posé des problèmes, car d’amélioration (sursemis, fertili- sation).

L’impact du pâturage sur la pelouse est évalué grâce à une grille établie au Cerpam par Laurent Garde (voir Cerpam, 1996, Guide pastoral, p.40). De même que pour les pâturages d’altitude, une grille des contrain- tes a été mise au point pour appor- ter plus de justice dans l’attribution

73 de l’aide et préciser le montant de ces ouverts, afin de : concernées, et l’ensemble des l’aide. Six critères ont été définis : contraintes écologiques ou externes. • préserver, mettre en valeur et offre pastorale, embroussaillement améliorer les qualités du paysa- Les contraintes suivantes ont été initial, dynamique d’embroussaille- ge ; prises en compte : ment, conditions d’abreuvement, • lutter contre les incendies ; accès, multiusage. Deux critères • région écologique ou conditions • préserver les espaces naturels et supplémentaires interviennent dans géomorphologiques ; les biotopes. le calcul du coefficient de contrain- • dynamique de la végétation, te : le raclage de l’herbe (19.2.3), le notamment arbustive ; raclage à une saison précise 413 La diversité des paysa- • accès et éloignement du siège (19.2/1.2.3). ges et des végétations d’exploitation ou problèmes L’ensemble des espaces pastoraux d’accessibilité ; méditerranéens recouvre une très • pressions d’usages sur les parcel- 4. Pyrénées grande diversité de végétations et les (chasse, randonnée…) ; (Isabelle Hourcadette, asso- de situations écologiques, depuis • niveaux d’impact ou d’entretien ciation des AFP-GP 66 ; les pelouses de type alpin (monta- recherchés par les gestionnaires Marc Dimanche, Sime) gnes des Pyrénées catalanes, massif (parcs naturels, forestiers, sché- de l’Aigoual) aux pelouses substep- mas DFCI, collectivités) ou les Avant l’élaboration des cahiers des piques de causses, en passant par partenaires naturalistes… charges agri-environnementales tous les types de garrigue ou de des CTE concernant les parcours maquis (matorrals calcaires ou sili- Les cahiers des charges ont été méditerranéens, il y a eu une ceux), les formations boisées médi- déclinés au sein des mesures 19, concertation entre le Cerpam et le terranéennes pâturées, ou encore 20 de l’annexe 4 des CTE : Sime, pour avoir une approche les roselières et prés salés méditer- similaire dans les deux régions ranéens. • la mesure 19 (« Réutiliser les PACA et Languedoc-Roussillon. milieux en dynamique de dépri- On va donc retrouver en LR se ») ; quelque chose de semblable à ce 414 Les types de milieux • la mesure 20 (« Gestion extensive qui vient d’être exposé par le concernés des surfaces en herbe »). Cerpam. • pelouses sèches sur milieux cal- caires ou cristallins ; Les cahiers des charges sont propo- • pelouses substeppiques ; sés à partir de trois niveaux de 41 Proposition du • pelouses et landes d’altitude (par- résultat sur la base des références Sime : gestion pastorale cours d’estives) ; établies régionalement, du point de agri-environnementale • prairies naturelles ; vue pastoral (Référentiel pastoral • friches ; régional) et en fonction des objec- Principes généraux des cahiers des • landes, matorrals sur sols calcai- tifs recherchés de gestion des charges élaborés pour les quatre res (garrigues) ou cristallins milieux (intégrant également les départements littoraux de la région (maquis) ; références locales en matière d’iti- Languedoc Roussillon. Proposi- • espaces boisés pâturés (forêts de néraires techniques et de coûts de tions d’actions élaborées à partir chêne-liège, de chêne vert ou de l’aménagement et de la réhabilita- des expériences des opérations chêne pubescent, bois et taillis tion des milieux) (tabl.5). locales engagées depuis 1989 dans de châtaignier, pineraies d’altitu- la région, par le Sime en collabora- de à pin à crochets, pinèdes à pin 416 Justification des options tion avec les services des chambres d’Alep…) ; d’Agriculture des départements de • zones humides littorales (prés Des options particulières cumula- l’Aude, du Gard, de l’Hérault, des salés, marais, formations halophi- bles aux trois niveaux des cahiers Pyrénées-Orientales. les) ; des charges de base sont proposées • zones de matorrals aménagés en pour tenir compte de fortes contraintes spécifiques : 411 Les enjeux couverts coupures de combustible. • à certains systèmes de fonction- Biodiversité, risques naturels, paysa- 415 Les principes d’application nement d’exploitations ; ge et patrimoine naturel et culturel. Les niveaux de primes ont été défi- • aux types d’animaux présents ou nis en croisant les objectifs de ges- aux systèmes de conduite ; 412 Les objectifs d’application tion agri-environnementale avec les • à l’éloignement des parcelles contractualisées, aux difficultés Il s’agit de réouvrir des milieux différents types de végétation, la d’accès et au morcellement dus à pastoraux embroussaillés ou d’en- situation géographique et géo- la topographie accidentée de cer- tretenir par le pâturage des espa- morphologique des parcelles tains territoires et aux obstacles

74 naturels ; humides, landes et bois à intérêt que des travaux supplémentaires • aux dynamiques végétales plus patrimonial), n’autorisent pas une de maîtrise des broussailles. À la fortes des terrains cristallins ; ouverture initiale trop forte telle lumière de l’expérience des cahiers • aux stratégies d’aménagement qu’elle est proposée dans les des charges DFCI élaborés dans le DFCI dans les zones aménagées cahiers des charges 19.1. Sur ces cadre antérieur des opérations en coupures de combustible. milieux, une régression progressive locales agri-environnementales, des ligneux ou plantes envahissan- cette option est proposée en com- OPTION 1 tes est plutôt recherchée : maîtrise plément des cahiers des charges de Option complémentaire pour de la progression de la végétation base 19.1, 19.3, 20.3 sur les par- dynamique végétale arbustive plus buissonnante par une intervention celles situées sur une coupure de forte sur les substrats cristallins (sili- sur la végétation tous les trois ans combustible recensée par le zona- ceux). Les cahiers des charges de ou des interventions manuelles ou ge DFCI départemental ou local, ou base ont été définis pour satisfaire des petits brûlages pastoraux locali- faisant l’objet d’une demande d’en- les objectifs de gestion des ressour- sés « à la matte » (bouquets de buis- tretien DFCI par les services ces herbacées ou de la végétation sons) alternés aux réalisés annuelle- concernés. ligneuse pour les milieux situés en ment, assortis d’une conduite du région calcaire (par exemple : pâturage plus exigeante. OPTION 4 zones de garrigue, causses, massifs Option pour obligation de condui- calcaires). Sur les substrats cristal- OPTION 3 te en gardiennage des troupeaux lins ou siliceux (par exemple : Option complémentaire pour ovins et/ou caprins. Les contraintes zones de maquis, Cévennes, raclage de la strate herbacée avant de gestion ou de confrontation Montagne Noire et Haut- la période de risque d’incendie. Les entre les différents partenaires sur Languedoc, montagnes catalanes), stratégies d’aménagement DFCI et certains territoires (multi-usage, la dynamique plus active de la de prévention des feux de forêt faune sauvage, paysage…) inté- végétation et notamment la vigueur dans les zones sensibles aména- grant la présence de troupeaux ou de l’embroussaillement engendrent gées en coupures de combustible et nécessitant leur réintroduction, un niveau de contraintes supplé- les zones « rouges » exigent un peuvent ne pas autoriser la condui- mentaires nécessitant des pratiques impact conséquent (« raclage ») sur te des troupeaux en parcs et néces- de gestion plus fortes (pâturage plus la végétation herbacée des sites de siter une conduite en gardiennage. appuyé, travaux de maîtrise des coupures avant la période à risque L’option proposée est destinée à broussailles). (à partir de fin juin). Cet objectif de compenser sur les cahiers des char- résultat demande un effort impor- ges de base cette contrainte supplé- OPTION 2 tant des éleveurs en termes de mentaire engendrant une surcharge Option complémentaire pour conduite des troupeaux sur les par- de travail des éleveurs par rapport à régression progressive des ligneux celles concernées (en particulier un la conduite en parcs. L’extension ou plantes envahissantes. Les pré- pâturage tardif au printemps ou en aux troupes caprines est nécessaire conisations de gestion définies dans début d’été pouvant aller jusqu’à pour pouvoir faire contractualiser certaines zones sensibles du point retarder la montée en estive), ainsi ou autoriser la conduite en gar- de vue environnemental (zones

75 diennage des troupeaux caprins, cement des troupeaux et des diffi- certain : Avec 3 grands sites clas- pratique particulièrement fréquente cultés du travail mécanisé. sés (Carlit, Camporells, Canigou), et utile dans les territoires de par- 30 sites naturels importants, 8 cours méditerranéens. OPTION 8 réserves naturelles (Eyne, Option complémentaire pour les Nohèdes, Jujols, Conat, Py, OPTION 5 troupeaux équins et/ou asins en Mantet, Prats De Mollo, La Option complémentaire pour la arrière saison. Cette option cor- Massane) et de nombreux sites transhumance estivale traditionnel- respond à une nécessité de mise en inscrits, les estives abritent le des troupeaux ovins extensifs en œuvre d’un pâturage complémen- 33 000 ha de forêts et de milieux zone de plaine. L’option est propo- taire en arrière saison (octobre à rupestres protégés ; sée sur l’ensemble des parcelles de janvier) par des chevaux et/ou • le support majeur des activités l’exploitation contractualisées au ânes, permettant d’assurer une touristiques de l’arrière-pays : 19.1, 19.3, 20.1 et 20.3 pour : bonne gestion des refus au pâtura- Avec neuf stations de ski, elles ge des troupeaux bovins et/ou contiennent des kilomètres de • compenser le coût de la transhu- ovins, principaux utilisateurs des pistes de randonnées, de nomb- mance (temps passé, transhu- parcs ou unités de pâturage. reux lacs et cours d’eau ; ces mance à pied, transport, coûts espaces offrent ainsi de multiples sanitaires…) pour les élevages Il est proposé de rendre cette possibilités ludiques (ski, pêche, ovins extensifs situés en zone de option éligible aux mesures 19.1, chasse, etc.). plaine et pour lesquels la trans- 19.2, 19.3. humance permet de garantir une UN PROCESSUS DE DÉGRADATION À bonne gestion de l’ensemble du STOPPER territoire de base de l’exploitation 2 Les mesures socio-éco- Cependant, au cours des dernières (diminution globale du charge- nomiques et agri-environ- décennies, l’accélération de l’a- ment et de la pression de pâtura- nementales applicables daptation des productions d’éleva- ge, notamment permettant la ge à l’économie de marché a mise en place d’un plan de pâtu- aux estives des Pyrénées- entraîné une modification des usa- rage raisonné) ; Orientales, dans le cadre ges et des pratiques compromettant • conserver une activité tradition- à terme le devenir même du domai- nelle et patrimoniale pour les éle- des CTE-Estive ne pastoral d’altitude. L’analyse des vages qui pratiquent encore la données des enquêtes pastorales grande transhumance ovine à 421 Le contexte successives de 1962, 1972, 1988 pied des zones de garrigue de souligne : plaine vers les zones de monta- LES ESTIVES DES PYRÉNÉES-ORIENTALES • une spécialisation des estives par gne du Massif Central ou des • 23% de la surface totale du une régression fulgurante de la Pyrénées. département : 97 000 ha sur les présence des troupeaux ovins (- 420 000 ha que compte le dépar- OPTION 6 60% en 10 ans, au profit des tement des PO, appartiennent au Option complémentaire pour obli- bovins et des équins) ; domaine pastoral d’altitude gation de transhumance hivernale • une spécialisation qui génère à (> 1 200 m), lui-même réparti sur sur des terrains en proximité hors son tour l’accélération de l’aban- 8 cantons et 50 communes ; zone humide littorale. L’option don de la « garde » ; • une pièce essentielle des systè- proposée est de compenser le coût • une fusion des unités pastorales mes fourragers des éleveurs : Les de la transhumance inverse hiver- en domaine de plus en plus estives représentent pour les 500 nale (temps passé, transport, coûts vaste : en moins de 20 ans, la sur- familles d’éleveurs, leur domaine sanitaires…) permettant aux éleva- face moyenne est passée de 600 pastoral d’altitude. Cinquante ges dont le territoire de pâturage est ha à plus de 1 600 ha ; groupements pastoraux envoient situé en zones humides sur lesquel- • un fléchissement des effectifs sur ces domaines plus de les il est nécessaire d’enlever les ovins. 11 000 UGB de juin à novembre. troupeaux en hiver, de satisfaire les Les estives participent donc objectifs de gestion préconisant directement ou indirectement à La garde étant remplacée par la une mise en défens hivernale. l’approvisionnement des filières clôture périmétrale, les troupeaux viande de qualité « Agneaux de livrés à eux-mêmes recherchent en OPTION 7 Perpignan », « Rosée des permanence l’herbe tendre et jeune Option complémentaire pour accès Pyrénées », « Vedell », « Veaux des combes à neige, et des crou- difficile et relief accidenté. Cette de boucherie Cerdagne-Capcir » pes. Cette prédilection des ani- option correspond à la prise en et, in fine, à l’image de marque maux pour les meilleures zones compte des contraintes d’accès et « naturel » du département ; herbagères de l’estive (20% du ter- de relief accidenté entraînant des • un intérêt paysager et écologique ritoire couvrent ainsi 50% des difficultés de conduite et de dépla-

76 besoins) entraîne une visite réduite • l’obtention des crédits d’investis- ploi d’un berger et le respect des sur les zones les plus vastes, car les sement avec le soutien de la nouvelles règles de gestion de l’es- plus pauvres. DDAF pour la réalisation sur les tive (le règlement de pâturage, l’en- estives de clôtures périmétrales, tretien du milieu et le maintien du La disparition des pâtres amène de parcs de contention. caractère semi-ouvert des landes, une rupture physique et mentale la gestion de l’environnement et sur le milieu : les interventions l’accueil du public). manuelles sur le milieu ne sont Au terme de cette période de struc- plus réalisées : débroussaillement, turation, l’élevage est prêt à réflé- brûlis, élagages, nettoyage des chir sur la mise en œuvre de plans 422 Objectifs du CTE estive points d’eau, entretien des chemins de gestion et d’aménagement. Il s’agit de poursuivre et d’élargir de transhumance, des cabanes et l’action entreprise dans le cadre de abris. L’estive se dégrade donc pro- MISE EN PLACE DES MESURES AGRI-ENVI- la MAE Estive depuis 5 ans en inté- gressivement et sa capacité d’ac- RONNEMENTALES ESTIVE DÈS 1995 grant les aspects socio-écono- cueil décroît inexorablement jus- Face à ce constat, conscients de miques. qu’au seuil d’abandon (processus perdre à terme une partie de leur sur 20 à 50 ans). outil de travail et de leur image, les OBJECTIF POURSUIVIS professionnels de l’élevage ont mis En corollaire, l’impossibilité de Sur le plan de la filière de qualité : en place, dès 1995, une mesure mettre en défens des parcelles crée optimiser la gestion pastorale pour agri-environnementale sur les terri- un déficit chronique en fourrage de satisfaire les besoins des filières de toires d’estive. qualité pour les animaux reproduc- qualité. Il s’agit d’encourager des pratiques teurs en forts besoins ou en crois- Sur le plan de l’emploi : dévelop- susceptibles de favoriser : sance à la fin de l’été. Ce qui, per le gardiennage salarié sur les compte tenu des nouvelles orienta- • la gestion des ressources pastora- estives. À ce jour, une quarantaine tions de l’élevage départemental les aptes à satisfaire les besoins de postes a été créée dans le cadre découlant de la réforme de la PAC, des filières de prodution de qua- des MAE. peut rendre vains tous les efforts de lité car la qualité des produits des commercialisation des filières de Sur le plan de l’environnement : montagnes catalanes est le résul- qualité. participer à l’entretien des espaces tat d’une croissance naturelle des sensibles et du petit patrimoine bâti animaux, assurée par l’herbe des À ce lent processus de dégradation (orrhys, chemins, terrasses). En col- pâturages d’altitude ; s’ajoute une perte de crédibilité des laboration avec les structures • la juxtaposition des formations éleveurs (les équipements pasto- concernées (CRPF, service fores- végétales : bois de résineux, raux sont peu entretenus, les trou- tier, réserves naturelles, projet pelouses sèches, landes à genêts peaux sont livrés à eux-mêmes), PNR, CAUE…), il s’agira de déve- ou à rhododendrons, mouillères, qui offre aux autres usagers de cet lopper des actions sylvopastorales etc. espace (randonneurs, chasseurs, sur les zones basses des estives, des En effet, le renouvellement de cette etc.) l’occasion d’une condamna- travaux de lutte contre la déprise, mosaïque participe à la fragmenta- tion sans appel. le maintien des habitats, des tion des incendies qui ravagent épi- En d’autres termes, c’est l’image de actions contre les risques naturels sodiquement les massifs forestiers marque même de l’élevage qui est (incendie, érosion,…). d’altitude, assure le maintien de la remis en cause. biodiversité floristique et faunis- TERRITOIRE CONCERNÉ À partir des années soixante, les tique, assure le développement des Les estives collectives des PO (ges- éleveurs ont souhaité prendre en activités touristiques (ski, randon- tion assurée par des GP ou des charge leur devenir, une dyna- née, chasse, pêche, découverte). AFP), soit environ 100 000 ha dont mique départementale est lancée : À ce jour, 39 groupements pasto- 70% sont en contrat MAE. un important effort de structuration raux ont contractualisé une mesure des organisations économiques, agri-environnementale estive pour syndicales et de développement est 423 Bénéficiaires une surface totale de 64 000 ha. réalisé : création de la Société d’É- Les groupements pastoraux et les levage, de la CCVB en 1973, des Le plan intègre les composantes associations foncières pastorales. CUMA, des CDA sur chaque petite pastorales, les risques naturels, la région. préservation des biotopes sensi- • 27 contrats MAE arrivent à leur bles, le maintien de la richesse fau- terme en 2000 et 2001. Il s’agira Parallèlement, l’organisation pasto- nistique et floristique, les aspects de les renouveler auprès des GP, rale se met en place : paysagers et d’accueil du public et dès cette année, dans le cadre • une structuration foncière par la des activités touristiques. des CTE. création des AFP et GP à partir • 12 contrats MAE arrivent à leur Sa mise en œuvre implique l’em- des années quatre-vingts ; terme en 2004.

77 • 14 estives collectives n’ont pas herbacée par une combinaison de CONTRÔLE bénéficié de contrat MAE et sont techniques appropriées sur la Le contrôle s’effectue sur le terrain, susceptibles de contracter un CTE végétation (pâturage, intervention et par l’examen du carnet de pâtu- estive. mécanique ou manuelle de rage et des factures de travaux et Au total, la mesure estive pourrait débroussaillement ou d’éclaircie, fiches de salaire du berger/vacher. intervenir auprès d’une cinquantai- brûlage dirigé…). ne de groupements pastoraux. Gestion des habitats naturels 43 Exemple : le CTE- mesure 18.6 Estive du Caillau 424 Présentation du CTE type Relative à la gestion de tourbières, seule mesure à caractère environ- VOLET SOCIO-ÉCONOMIQUE 431 La zone d’estive Il concerne des investissements nemental proposée, dans l’attente Située dans le massif des Madrès, matériels ou immatériels suivants : de propositions par les comités scientifiques de nouveaux cahiers en versant ouest, dans la petite • diagnostic du territoire (coût : des charges. région agricole de Conflent- 20 000 à 50 000 FF ; Fenouillèdes, la zone d’estive 3. Entretien et réhabilitation des • aménagement de refuge pastoral concerne les communes de Mosset éléments fixes du paysage et petits équipements ayant pour et Urbanya. objectif d’améliorer les condi- (mesures cumulables avec les L’estive, de grande taille (1640 ha), tions du travail du vacher ou ber- mesures 19 et 18). offre la particularité de présenter un ger ; - mesures 6.3.01, 6.3.02, 6.12 : espace pastoral au sens strict fort • équipement ou suivi technique fossés, rigoles, canaux restreint (les pelouses représentent en faveur des filières de qualité - mesures 6.4, 6.2 : berges et ripi- moins de 17% de sa surface totale), (bascule, bétaillère,…) ; sylves aux marges d’un immense espace • équipement ou suivi en faveur forestier (45% de la surface totale) d’actions sanitaires. - mesures 6.5, 6.17, 6.7 : murets, ou de landes (30% de la surface). habitats vernaculaires, chemin. Ces dernières soulignent la ferme- Le montant de l’aide est de 40%, ture rapide du milieu et le risque majoré de 10% s’il y a création ou 425 Obligations du contrac- d’abandon de l’estive d’ici confortation d’un poste de vacher- tant, conditions de mise en quelques décades, si une politique berger. œuvre, contrôle volontariste de réouverture n’est pas entreprise. Les investissements lourds conti- nueront à être pris en charge dans OBLIGATION DU CONTRACTANT D’un point de vue foncier, les ¾ du le cadre des programmes d’inves- Le contractant s’engage à élaborer, territoire sont privés, 20% sont du tissements fonciers et pastoraux suite à un diagnostic territorial, un communal, et 5% du domanial. Le classiques. plan de gestion et d’aménagement tout est loué à un groupement pas- de l’estive, en concertation avec les toral de neuf éleveurs, créé il y a VOLET AGRI-ENVIRONNEMENTAL autres partenaires et gestionnaires vingt ans, totalisant 320 UGB Sur ce volet, le contrat s’appuie sur du territoire concerné (PNR, RN, (0,2 UGB/ha). La période d’estive les mesures de l’annexe 4 des CTE, AFP, ONF, communes…). couvre cinq mois (juin à octobre). il se décline en 3 niveaux : CONDITIONS DE MISE EN ŒUVRE La plupart des éleveurs sont adhé- 1. Maintien de l’ouverture des L’usage du sol est garanti pendant 5 rents à la Coopérative Catalane de parcours par le pâturage extensif ans : droit de propriété, fermage, Viande et Bétail et la moitié d’entre mesures 19.3 Estive, 19.3.BD convention pluriannuelle de pâtu- eux est engagée dans une démar- Objectif : garantir une bonne ges- rage ou tout autre type de contrat che certifiée de viande de qualité tion de la ressource herbacée et de mise à disposition pluriannuelle (avec un cahier des charges) « La un ralentissement de la dynamique ou accord avec le propriétaire fon- Rosée des Pyrénées » (134 UGB d’embroussaillement. cier ou gestionnaire. concernées). 2. Restauration de l’ouverture des La déclaration de contractualisa- Enfin, l’estive du Caillau appartient parcours tion est formalisée par : des cartes dans son intégralité au site Natura mesures 19.1.01, 19.1.02, topographiques au 1/25 000 ; des 2000 Madrès Coronat, un des 37 19.1.03, 19.1.BD cartes sur lesquelles sont définies, sites pilotes retenus par le ministère Objectif : restaurer l’ouverture des quartier par quartier, les surfaces de l’Environnement pour y expéri- espaces pastoraux en faisant dimi- réellement pâturées et le mode de menter la mise en œuvre de la nuer le niveau de recouvrement conduite pastorale. directive habitats faune-flore. de la végétation arbustive ou buis- Le contractant s’engage à tenir un L’objectif prioritaire est la protec- sonnante au profit de la ressource carnet de pâturage. tion des habitats, en particulier par

78 le maintien des pelouses et prairies financières des investissements ral qu’il serait bon d’obtenir dans ainsi que par la réouverture des lourds auprès des financeurs un délai de 5-6 ans. 112 ha landes d’altitude. publics (FNADT, PDR, conseil impliquent des travaux lourds de régional), a fortement entravé la réhabilitation avant de pouvoir Le groupement pastoral avait signé réouverture des landes (108 ha être intégrés dans le CTE, sous en 1996 un MAE Estive qui est arri- étaient prévus). Cet objectif non forme d’avenants (19.1.GEN 03). vé à échéance cette année. atteint restera donc l’objectif priori- Le reste (180 ha) pourrait faire taire des prochains CTE, d’autant l’objet d’avenant au contrat CTE plus que les besoins actuels de la au titre de la restauration des troupe ne sont pas satisfaits pour pelouses (actions 19.1.GEN.01), 432 Le MAE Estive, 1996- atteindre les performances zoo- de la réhabilitation pastorale 2000 techniques nécessaires à l’approvi- (19.1.GEN.02, 19.1.BD), ou sionnement des filières de qualité. encore d’actions d’entretien par OBJECTIFS GÉNÉRAUX des brûlages en taches (19.3.BD). • rééquilibrer l’offre et la demande pastorale par une meilleure utili- 433 Les objectifs des pro- Le montant total des aides du sation des zones boisées (gestion chains CTE (volet agri-envi- contrat pastoral s’élève à en neuf grands quartiers) et une ronnemental) 216 000 FF/an, dont 70% en mesu- affectation judicieuse des sec- re 19.3 Estive, 14% en mesure teurs de piémont ; Trois objectifs sont poursuivis : 6.12, et 16% sous forme de prime • réouverture du milieu pour aug- 1. Poursuite de la gestion pastorale Natura 2000. menter le potentiel de l’estive : par quartier initiée au cours de la 100 ha environ ; MAE Estive. C’est le contrat pasto- • stabiliser les effectifs de 297 têtes ral de base agri-environnemental. 434 Le contrat de base en 1994 à 320 en fin de contrat. 2. Poursuite de la politique d’équi- socio-économique ÉVALUATION DE LA MAE ESTIVE pement de l’estive, essentielle- Il comporte quatre objectifs : Sur cette estive, de grande taille, ment en clôtures (pour affiner 1. Qualification et organisation du fortement boisée, où les landes ont cette même gestion pastorale) travail : amélioration des condi- atteint un haut niveau de fermeture, grâce aux crédits d’amélioration tions de logement du pâtre (créa- les ressources pastorales encore pastorale et à l’autofinancement tion d’une pièce d’eau, WC, disponibles sont très disséminées et du GP. Entrent également dans douche, lavabo…) ; équipement peu propices à une gestion pastora- cet objectif l’entretien des parcs en téléphone mobile. le serrée en petits quartiers ou de contention, du captage et des petits parcs. Ainsi, le contrat MAE points d’eau, ainsi que l’amélio- 2. Diversification agricole : organi- Estive (1996 à 2000) a permis : ration du confort d’une cabane sation de balades en estive ; pastorale, ensemble de travaux signalétique (achat de pan- • d’embaucher un vacher pour réalisés dans le cadre du MAE. neaux). faire respecter le règlement de 3. Mise en branle du processus de 3. Amélioration de la qualité : amé- pacage prévu ; récupération des jas et de réou- nagement d’un point d’eau à la • d’asseoir une gestion pastorale verture des landes pour accroître Soulane ; création d’un parc par grands quartiers, aptes à valo- l’offre fourragère et satisfaire les pour les Rosées au Caillau. riser la totalité des ressources besoins à venir du troupeau 4. Préparation du projet : temps offertes, y compris dans les (développement de la filière de passé par le GP à l’élaboration milieux boisés ; qualité) grâce aux crédits d’amé- du projet ; montage du dossier. • d’entreprendre la remise en état lioration pastorale, du FGMN de la plus grande partie des clô- (Natura 2000), des avenants au tures mises en place au début des contrat de base du CTE et à l’au- L’ensemble de ces mesures fait années quatre-vingts. tofinancement du GP. On estime l’objet d’un contrat qui atteint Toutefois, au cours du contrat, la entre 180 et 300 ha l’accroisse- 170 000 FF d’aide pour cinq ans. difficulté des programmations ment possible du territoire pasto-

79 LLes débats

Michel Dubost. Les MAE sont représente ici le Syndicat des éle- cette mesure 19.3. inconnues en Corse, pour des rai- veurs caprins ; Marie-Paule Cesari, Marc Dimanche. En Languedoc- sons historiques : mis à part son homologue au niveau des pro- Roussillon, les CTE sont arrivés à la quelques exceptions en Corse-du- ducteurs de fromages fermiers ; suite de plus de dix ans de pratique Sud, l’importance des feux pasto- Frédéric Vorti, de l’interchambre agri-environnementale (article 19, raux est sans doute partout la d’Agriculture ; Roger Maupertuis, MAE). Du coup, l’élaboration des contrainte majeure au refus d’une représentant les chasseurs organi- CTE est l’occasion de remettre en aide environnementale pour des sés de Haute-Corse. cohérence l’ensemble des cahiers engagements de pratiques vouées à Mme Bigard (DDAF). D’abord une des charges des opérations locales. l’échec. La Corse n’a donc pas précision : les CTE ne se comptent Il faut dire que dans la première connu l’époque des MAE, et le CTE pas sur les doigts de la main ! mouture (MAE), c’est plutôt les apparaît ainsi comme une méca- J’aimerais que vous précisiez le organisations agricoles qui ont été nique d’autant plus complexe pour degré d’implication des agricul- les forces proposantes. Et dans la être comprise au premier abord. teurs dans la mise en place des deuxième mouture (CTE), c’est Les présentations qui viennent d’ê- CTE. Y a-t-il un gros effort d’anima- encore eux. La mobilisation des tre exposées nous apportent un pre- tion ? Comment ça s’est passé ? agriculteurs n’a pas été difficile à mier élément de compréhension. obtenir, au contraire. Les différentes mesures (19.2, Yves Raffin. Je vais répondre pour 19.3…), les critères d’évaluation l’Isère, qui compte 80 000 ha Bénédicte Beylier. En PACA, les (taux de raclage…) sont pour nous d’espaces pastoraux, où le collectif agriculteurs ont participé au bilan du chinois… merci de nous est roi, où nous mettons donc en des MAE. Sur la mesure 19.2, par apprendre une langue nouvelle ! place des CTE collectifs. Nous exemple, ils ont demandé d’intro- Dans ces débats, nous accueillons avons choisi de travailler sur la duire un élément de souplesse dans notamment : François Rille, du mesure 19.3. C’est une mesure qui l’obligation de raclage : on passe PNR de Corse, ex-agent pastoral en ne se négocie pas. Elle « tombe de 100% à 80% de la surface à charge des problématiques de ges- d’en haut », je cite : « maintien de racler pour tenir compte des varia- tion de l’espace, notamment des l’ouverture des espaces à gestion tions interannuelles ou des impos- dossiers CTE et Natura 2000 ; extensive (espaces naturels jamais sibilités de l’éleveur. Également, les Denis Guérin, qui essaye de mettre retournés : alpages, parcours, lan- gros débroussaillements ou les en place le premier CTE collectif en des, sous-bois) ». Alors, on peut équipements lourds ont été sortis Corse, dans le Cap, sachant que les tirer cette mesure légale vers des des MAE. Ils seront financés par la CTE individuels sont réduits à demandes particulières, lui ajouter région ou autre. En revanche, il y a quelques exemplaires ; Denis des options, etc. Ça n’a pas été tout un tas de petits travaux com- Damiani, de l’Odarc, qui réfléchit à notre politique en Isère. Le messa- plémentaires d’intervention qu’on toutes les mesures de CTE indivi- ge n’a pas été facile à faire passer, voudrait intégrer dans le volet duels ; Francette Laurenti, qui mais nous nous en sommes tenus à socio-économique des CTE.

80 Jean-François Rummens. Sur le de contrats-types pour nos sites l’accent a été mis sur les surfaces fond, il y a quelque chose d’édi- Natura 2000. D’autant que les CTE fourragères de plaine ou de pié- fiant : sur les différents massifs, on seront privilégiés au niveau de ces mont ; les estives sont un peu pas- voit fleurir tout un tas de cahiers sites, et qu’il y aurait même un sées à côté. Autre chose, l’absence des charges différents. Ça veut dire bonus de 20% alloué à ces CTE. De d’organisation en Corse : pas de qu’on accepte que les éleveurs façon générale, dans la gestion groupements pastoraux, A soient traités différemment selon le conservatoire, on a toujours du mal Muntagnera vient seulement d’être massif. On a une même préoccu- à mettre une somme sur un service créée, des espaces non gérés ou pation sur tous les massifs, c’est la rendu. D’autant qu’en Corse, ces gérés de façon anarchique, etc. En gestion collective des espaces pas- sommes ne sont pas assez incitati- Corse, on a un peu oublié le « T » toraux d’altitude. Il est aberrant ves pour permettre d’infléchir la de CTE, ce qui gênait certains par- qu’on n’ait pas ce souci d’harmoni- courbe de la déprise agricole. tenaires, chambre d’Agriculture de sation nationale, alors qu’aujourd’- Haute-Corse, Inra. On a voulu Marie-Paule Cesari. En tant qu’éle- hui, on a du mal, en Ariège, à faire engager, à partir d’études de préfi- veur, tout cela me paraît un rêve. valider le cahier des charges régio- guration de l’Inra, deux démarches Nous avons une vie difficile, en nal. Pourquoi ? parce que la mesu- territoriales : une dans le Cap, tour- ovins comme en caprins, en parti- re 19.3 est tout simplement absen- née vers l’élevage ruminant et la culier en zone de piémont ou de te du cahier des charges régional, problématique incendies ; une montagne. Il y a des choses que elle n’a pas été intégrée par les autre en Castigniccia, tournée vers nous faisons tous les jours, que administrations régionales. Or, la gestion de la châtaigneraie et l’é- nous sommes obligés de faire, tout c’est cette 19.3 de base qui pourra levage porcin. Dans le Cap, on a simplement pour que nos bêtes nous permettre de faire un CTE col- travaillé en direct, avec l’Odarc, à mangent ; et ces choses correspon- lectif global sur les estives, lequel l’élaboration de mesures avec les draient à ce pourquoi vous deman- demain prendra le relais des éleveurs. On a réfléchi aux grands dez une aide. Nous le faisons sans contrats de gestion de l’espace qui enjeux, aux objectifs. On a aussi financement… Non seulement sans s’appelaient article 19 en 1989-90 réuni les élus pour leur demander financement, mais en plus avec des et mesures locales (OLAE) en 1994- quelle agriculture ils voulaient dans contraintes qui se surajoutent (arrê- 95. C’est là-dessus qu’il faut qu’on le Cap, pour conforter un peu nos tés préfectoraux concernant les se batte, sur cette harmonisation points de vue. À partir de là, on a incendies…). Les éleveurs ont du nationale. élaboré des mesures, par secteurs mal à tenir, certains abandonnent, (éleveurs, viticulteurs, oléiculteurs), Francette Laurenti. Nous n’avons, alors que parallèlement nos pro- en fonction des contraintes territo- contrairement à l’Ariège, aucune duits sont de plus en plus deman- riales. C’est un travail en cours. Au mesure en place, ni 19.2, ni 19.3. Ce dés. Pour nous ces aides sont dans niveau élevage, des propositions serait bien que l’exemple du l’imaginaire, or les CTE collectifs concernant trois grands types de Mercantour puisse se réaliser ici sur seraient vraiment importants. Par milieux exploités ont été transmises un territoire ancestralement pastoral. ailleurs, pour nous, producteurs de à la DDAF et sont remontées à fromages en montagne, il y a des François Rille. Pourquoi s’intéres- l’Union européenne en juillet cette perspectives qui s’ouvrent. Ce qui se-t-on au CTE ? parce que les pro- année. On attend les retours. Ce est important, c’est de les mettre en blématiques de gestion de ces sont des mesures 19 et 20, avec des œuvre, ça peut être le travail des espaces sont des problématiques adaptations des cahiers des char- techniciens d’élevage. Notre pro- essentiellement pastorales, et nous ges : types de végétation souhaités, blème, c’est que personne ne veut intervenons sur ce site Natura 2000 seuils d’embroussaillement, nous financer, contrairement à ce essentiellement par rapport à des moyens d’entretien, etc. qui se passe sur le continent ; mal- problématiques environnementa- gré nos produits identitaires, nous Jean-Paul Chassany. Comment les. Lors de l’élaboration du docu- ne sommes pas aidés par nos intégrez-vous les autres acteurs, ment d’objectifs, ce qui nous a été élus… puisque c’est une démarche territo- présenté, c’est que le CTE serait riale ? l’outil privilégié au niveau des sites Denis Guérin. Comme l’a dit Natura 2000 pour la mise en place Michel Dubost, nous manquons de Denis Guérin. Il existe quelques d’actions qui soient à l’interface recul puisque les MAE n’ont jamais associations, mais qui n’ont pas été entre l’environnement et l’agricul- été validées par l’Union européen- partie prenante à la discussion. Il y ture. En Corse, on manque de cul- ne pour la Corse. Quand le CTE est avait beaucoup à faire avec les ture agri-environnementale, Michel arrivé, il y avait tout un travail d’é- élus, les éleveurs. C’est vrai qu’on a Dubost vous l’a déjà dit. Les CTE laboration de ces MAE qui était du mal à sortir du domaine agrico- ne peuvent pas être mis en œuvre devant nous. Nous avons fait des le. Mais c’est une étape ultérieure. pour l’instant car les contrats-types choix, opéré des priorités. Il y a en Marc Dimanche. Est-ce que les ne sont pas encore validés. C’est un Corse de l’arboriculture, du maraî- MAE ont été analysées, discutées, vrai problème : nous n’avons pas chage, et concernant l’élevage,

81 localement avec les partenaires de 2000 pour la France. Il faut agir raux quand ils ne sont pas en CTE, l’environnement, préalablement à pour que les politiques s’engagent mais ça peut être aussi les associa- votre démarche ? Parce que ce sur des mesures générales favora- tions, les PNR, les communes, etc. qu’on constate, et pour quoi il faut bles au pastoralisme prenant en Marie-Paule Cesari. Pourquoi la rester très vigilant, c’est un glisse- compte l’environnement et deman- Corse n’est-elle pas concernée ? ment de la vocation du CTE. Il ne dant des changements institution- faut effectivement pas perdre de nels mais surtout plutôt pratiques Agnès Desoindre. En Corse, il n’y a vue l’aspect territorial et la voca- pour un meilleur développement que quatre mesures du PDRN qui tion environnementale du CTE. Ça de la filière. s’appliquent, mais pas la mesure se pose notamment sur les « J ». Dans votre programme de Roger Maupertuis. On assiste au contraintes DFCI. De grosses opé- sortie d’objectif 1, il y a peut-être système anarchique qui dirige rations locales agri-environnemen- des moyens d’obtenir des finance- notre île dans tous les domaines, y tales DFCI ont été menées dans ments. compris la chasse. C’est amplifié tous les départements méditerra- par un individualisme forcené. Un Michel Dubost. Il y a des possibili- néens. La pratique de discussion aspect me tient à cœur, celui de la tés, bien sûr, mais on se heurte à mise en œuvre avec les services préservation des sites, de la faune une grande méfiance – justifiée – forestiers et les agriculteurs en et de la flore. Si Natura 2000 a été de la part des éleveurs. Depuis matière de MAE a perdu un peu de gelé, c’est qu’il n’y a pas eu de vingt ans, des éleveurs reçoivent ici sa netteté dans le dispositif actuel concertation. Ça s’est fait trop vite. des aides de la part de l’Odarc, per- des CTE. La Corse est belle, elle est mer- mettant d’améliorer la gestion de Rémi Gindre. Par rapport au risque veilleuse, elle a des intérêts scienti- l’espace, en faisant des clôtures, d’oubli de cet aspect territorial, est- fiques et environnementaux cer- etc. Ça s’appelle « contrat d’exploi- ce que la mesure des PDD, à voca- tains. Mais s’il est une espèce tation »… Quand on parle de CTE tion typiquement territoriale, a eu menacée ici, c’est bien l’homme aujourd’hui à un éleveur, il répond une importance dans l’évolution rural. On ne peut pas entreprendre qu’il connaît déjà et qu’il n’en veut que vous avez eue dans les Alpes un rééquilibrage de l’environne- pas. Par ailleurs, les éleveurs qui du Nord, les Alpes du Sud et les ment alors que l’homme n’y est peuvent entrer dans les CTE, c’est Pyrénées ? pas. Le « tout protection » sans ceux qui font du lait et essayent l’homme me semble bien artificiel : d’entretenir l’espace. Ils démaqui- X. En PACA, ils ont été menés par on ne met pas la nature sous clo- sent souvent eux-mêmes, installent les chambres, mais dans des zones che. des prairies permanentes, etc., cho- non pastorales. ses qui ne sont pas prises en comp- Agnès Desoindre. Le ministre de Marie-Line Barjou. En Lozère, il y a te dans la discussion CTE. l’Agriculture a lancé un groupe de eu une expérience PDD, qui avait Effectivement, nous sommes en réflexion sur le pastoralisme, qui l’ambition de suivre des trajectoires objectif 1, donc nous devrions être s’est divisé en trois sous-groupes d’exploitations qui faisaient le lien favorisés ; or, au niveau de notre dont l’un d’eux tient réunion entre produits de qualité et gestion contrat de plan, il n’y a aucune demain à Bastia. C’est une occa- d’un territoire. mesure pour les estives… On a vu sion de faire remonter des interro- beaucoup d’argent venir en Corse Marc Maillet. Il me semble qu’un gations. L’objet de ce groupe de et puis repartir vers Paris… On a front sur le pastoralisme est possi- travail, qui doit rendre ses conclu- réussi à faire une enquête pastorale ble et souhaitable, dans la mesure sions au ministre fin 2001, est de ici, après deux refus du FNADT. où il est négocié sur des bases mettre en forme propositions et Quand l’enquête pastorale a été tenant compte des autres législa- suggestions, de pointer du doigt des acceptée, le contrat de plan était tions, notamment de Natura 2000. impasses réglementaires, financiè- bouclé… Aujourd’hui, on deman- La France ne pourra pas rester éter- res, qui font que la pratique pasto- de au minimum 1,5 MF par an pour nellement en suspens de mesures rale se trouve dans certains pouvoir faire de l’équipement sur allant dans le sens de l’application endroits, certains massifs, un peu les 135 000 ha d’estives corses. Ce des directives européennes en coincée. Et puis, concernant les que nous visons à travers le CTE, matière de protection de l’habitat, CTE, qui sont des démarches indi- c’est deux choses : un signal, une de la faune et de la flore. C’est un viduelles même si on a des groupe- aide aux éleveurs, tout simplement handicap au départ de ne pas pou- ments pastoraux, je vous signale la parce qu’ils vont en estive (avec voir mobiliser tous les acteurs qui, mesure « J » du PDRN, mesure différents niveaux de contraintes, politiquement, n’ont pas levé un nationale (uniquement continenta- de cotation, etc.) ; et puis la certain nombre de questions à ce le) permettant de mettre en place (re)construction de bergeries pour sujet. Actuellement, les sites Natura des financements avec une contre- faire du fromage en montagne. 2000 ont été rejetés du fait de cer- partie européenne, au bénéfice de tains recours, donc il n’y a pas porteurs de projets collectifs. Ça Jean-François Rummens. Pour reconnaissance des sites Natura peut être les groupements pasto- régler ces problèmes de finance-

82 ment, je le répète, il faut une har- expérience sur le continent. faire ensemble pour que cette monisation nationale, harmonisa- mesure ne soit pas injuste ? Marc Dimanche. Harmonisation tion des dispositifs en maintenant nationale, je ne suis pas d’accord. Mme Bigard (DDAF). L’interdiction les spécificités locales (adapta- Qu’il y ait un fonctionnement de pacage n’est pas nouvelle sur les tions). réseau, avec des échanges d’idées, zones incendiées. Ça fait partie de Gérard L’Homme. Il y a un problè- d’expériences, qui se font entre une la loi. Mais il est possible de lever me de crédits, bien sûr. Mais il me région et une autre, des transferts et cette interdiction s’il y a remise en semble très important que les des adaptations, c’est une très état. Ça fera l’objet d’une discus- acteurs de base, éleveurs, agricul- bonne chose. Mais une seule mesu- sion avec les groupements d’éle- teurs, puissent venir eux-mêmes sur re applicable à l’ensemble du terri- veurs s’ils sont prêts à discuter avec le continent pour rencontrer des toire, ce n’est absolument pas ce les services de la DDAF. gens, voir comment ça marche, qu’on veut. Marie-Paule Cesari. Ce que je vou- être conseillés, discuter… Michel Dubost. Il ne s’agit évidem- lais faire ressortir ici, c’est que si on Cécile Maître. Il existe bien un ment pas de ça, mais que tout le ne maîtrise pas le foncier, on peut catalogue national des CTE. Mais monde puisse accéder à une mesu- encore moins parler de CTE. La dis- pour prendre en compte les spécifi- re nationale, avec des adaptations cussion concerne les éleveurs et la cités locales, les mesures ont été locales. DDAF, mais aussi les propriétaires, déclinées par des catalogues régio- les élus, etc. Marie-Paule Cesari. Le problème naux. ici, notre problème, c’est la maîtri- Mme Bigard (DDAF). C’est vrai Bénédicte Beylier. L’objectif sous- se du foncier. On vient d’être pré- que le CTE est signé par l’agricul- jacent, finalement, c’est de pouvoir venus par les médias qu’une inter- teur, et le propriétaire n’est pas payer des gens, de maintenir une diction de pacage vient d’être déci- encouragé à établir des baux. Donc présence dans les massifs. Est-ce dée par le Préfet sur les zones c’est un réel problème. On aurait que c’est en passant par des mon- incendiées. La DDAF a également bien voulu poursuivre la discussion tants à l’hectare qu’on y arrivera ? Il pris connaissance de cette mesure avec les partenaires. La Fédération faudrait aussi penser à renforcer par les journaux, et ne sait pas des estives est de création récente, des mesures connexes qui aident comment appliquer la loi. La ques- et tout est ouvert. Le CTE est aussi directement l’emploi. Je pense aux tion que je leur ai posée, c’est com- fait pour ça, pour réfléchir ensem- groupements d’employeurs notam- ment vous comptez appliquer la ble, établir des propositions et les ment, dont nous avons une bonne loi ? et qu’est-ce qu’on pourrait concrétiser.

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Association : l’assemblée générale

CCompte-rendu d’assemblée générale

Conseil d’administration Rapport 2000-2001 dont le nom de domaine est : www.pastoralisme.org Le conseil d’administration de l’AFP • la prise en charge « au pied comporte actuellement 18 membres. Bilan moral et activités Les statuts prévoient un nombre d’élus levé » de l’organisation des 11es compris entre 6 et 20. Au regard des différentes produc- rencontres du sous-réseau FAO tions de l’association, de sa recon- « pâturages de montagne » à Luz- Quatre membres sont renouvelables : naissance par les instances ministé- Jean-Pierre LEGEARD ; Bernard TOU- St-Sauveur dans les Pyrénées. rielles, du succès de ses journées TAIN ; André BORNARD ; Bruno Cette réunion a reçu l’aide finan- CARAGUEL ; Alain BOURBOUZE annuelles, des activités qui rendent cière du ministère de dynamique ce réseau de profes- Ils se représentent tous sauf Alain l’Agriculture, de la Datar sionnels, et des résultats de sa tré- (Commissariat à l’aménagement BOURBOUZE, qui souhaite laisser la sorerie, on peut dire que l’AFP est place à un nouveau membre. des Pyrénées), du département en bonne santé… des Hautes-Pyrénées et de la Se présentent : Gérard GUERIN ; Jean- Paul CHASSANY ; Jean DEBAYLE. L’année 2000 est marquée par trois région Midi-Pyrénées. Malgré événements : l’absence inattendue d’implica- Les sept candidats sont élus à l’unani- tion de la FAO, l’AFP a pu mener • la publication d’un ouvrage col- mité. Le conseil d’administration se à bien l’opération financièrement compose désormais de vingt lectif de référence sur le pastora- et techniquement… membres : lisme, « Pastoralisme en France à BESOMBES Marcel ; BORNARD l’aube des années 2000 », coor- André ; BUFFIERE Didier ; CARAGUEL donné par André Bornard et Sans en être l’initiatrice, l’AFP par- Bruno ; CHASSANY Jean-Paul ; Catherine Brau-Nogué et édité ticipe largement à diverses mani- DAGET Philippe ; DAVAL Jacques ; par la Cardère. Caractéristiques : festations : Festival international du DEBAYLE Jean ; DIMANCHE Marc ; 252 pages, 50 auteurs, 40 contri- film pastoraliste et 4es rencontres GIBON Annick ; GROSJEAN Pascal ; butions… L’opération a pu être internationales de pastoralisme GUERIN Gérard ; HOURCADETTE réalisée grâce à un financement (juin 2000) ; Rencontres internatio- Isabelle ; L’HOMME Gérard ; de la Derf, et une contribution LEGEARD Jean-Pierre ; PIOLET Sylvie ; nales de l’agropastoralisme de RAFFIN Yves ; SOULAS Claude ; notoire de différents membres montagne (juin 2000) ; Carrefour TEUMA Martine ; TOUTAIN Bernard moraux de l’AFP. Un partenariat des bergers dans le cadre des jour- avec l’éditeur permet de com- nées des métiers de la montagne mercialiser cet ouvrage. Les (novembre 2000), avec la création Le renouvellement du bureau recettes de la vente sont parta- d’une association des bergers (L’Homme, Toutain, Grosjean, Teuma, gées entre l’AFP et l’éditeur. savoyards (SEA 73 et 74) ; Caraguel) aura lieu lors du prochain • l’élaboration et la mise en ligne Deuxième rencontre internationale conseil d’administration. d’un site internet, centre de res- des bergers (mai 2001)… sources virtuel de l’association,

87 En 2001 se met en place, sous l’é- ainsi équilibrés (environ 23 KF), le ainsi y voir plus clair ; la situation gide de la Depse (ministère de bilan de l’année 2000 montrant un d’un dossier particulier peut être l’Agriculture), un groupe de travail déficit de 633 F. établie à n’importe quel moment, interministériel sur le pastoralisme, même sur plusieurs années ; il est Prévisions 2001 : En 2001, les dans lequel l’AFP est fortement possible d’anticiper une négocia- dépenses s’élèveraient à 413 KF, et impliquée. Ce groupe de travail se tion avec le banquier en cas de les recettes à 458 KF, ce qui laisse- divise en trois volets : Entités col- problème de trésorerie (d’une part, rait un bénéfice 1 en fin d’année de lectives et évolutions ; Produits et ce n’est pas encore arrivé, et d’aut- 44 KF environ. L’activité de l’asso- territoires ; Formation et emploi. Il re part c’est maintenant rendu pos- ciation continue donc de s’ampli- rendra en fin d’année un ensemble sible par l’abandon du CCP et l’ou- fier. Cinq dossiers importants mar- de propositions, suggestions, analy- verture de deux comptes à la quent l’année : Colloque FAO ses réglementaires et financières, Société Générale du lieu de travail (recettes/dépenses : 101 KF/97 KF) ; etc., dont la synthèse sera transmi- du trésorier). Centre de ressources (60/48) ; se au Premier Ministre par la Journées annuelles en Corse Adhésions, cotisations 2002 et pas- Depse. (121/92) ; Groupe de travail inter- sage à l’euro : L’association comp- Les activités de l’AFP sont donc ministériel (100/97) ; Édition te 123 adhérents (dont 18 person- globalement en expansion, et la (40/32). Les différents dossiers per- nes morales), 24 abonnements à question d’une permanence se mettent de dégager une marge uti- Pastum sans adhésion, et 14 pose plus que jamais. Un dossier lisée pour l’animation de l’associa- « abonnements gratuits » à titre de demande de financement péren- tion (43 KF), la prospective, les d’échange avec d’autres revues. La nisé est en cours de constitution, nouvelles actions, la revue Pastum. relative stabilité de ces chiffres ne mais on se heurte toujours à la fai- permet pas de prévoir un accroisse- Fonctionnement : Le traitement de blesse des « fonds propres » qui ment notable des fonds propres de masses financières de plus en plus doivent « servir d’appel » à un l’association (fig.2). importantes (voir fig.1) a entraîné financement public. une organisation de la gestion de la À noter que près de 20% des mem- Le pastoralisme est aujourd’hui trésorerie et la mise en place d’ou- bres traînent toujours pour payer relativement bien pris en compte tils de suivi. La gestion de l’associa- leur cotisation, malgré un appel dans toutes ses dimensions écono- tion est traitée « en duo », à distan- systématique en janvier et deux mique, sociale et environnementa- ce, entre le « permanent » et le tré- rappels, en juin et en fin d’année… le. Sans vouloir faire de l’auto- sorier, depuis 1997. Pour 2002, le conseil d’administra- congratulation, on peut dire que Depuis trois ans, un tableau de tion propose le passage à l’euro des l’AFP n’y est pas étrangère. Son bord informatisé, mis à jour men- cotisations selon les modalités sui- action doit se poursuivre toujours suellement, permet d’anticiper les vantes : dans le sens de la promotion et de écarts éventuels de trésorerie et reconnaissance du pastoralisme, en • adhésion personne physique et d’ajuster les prévisions ; il est cou- insistant peut-être davantage abonnement : 40 euros (soit plé avec les livres classiques de aujourd’hui sur la vulgarisation et 262F) (demi-tarif pour les étu- recettes et de dépenses (informati- la communication, relayée à diffé- er diants) rents niveaux, en particulier au plus sés depuis le 1 janvier 2001), ainsi • adhésion personne morale : 80 proche du terrain. qu’avec une feuille de bilans (sol- euros (soit 525F) des généraux des comptes et soldes par dossiers). Compte rendu financier La proposition est votée à l’unani- Également depuis cette année, l’ac- mité par l’assemblée générale. Trésorerie : En 2000, le total des croissement des « gros dossiers » dépenses égale celui des recettes : s’étalant sur plus de douze mois et 257 KF. Les dépenses concernent à mobilisant de l’argent public dont Autres questions 95% les trois gros dossiers de l’an- on connaît les échéances de paie- Pastum : Le numéro 60 (juin 2001) née (Centre de ressources, colloque ment…, amène à établir une comp- est quasiment bouclé. Le numéro FAO et édition du Pastum hors- tabilité analytique. Le trésorier peut « spécial corse » pourrait constituer série, « Pastoralisme en 2000 »), les un numéro double (septembre et 5% restants sont consacrés à la vie 1 Il s’agit d’un terme strictement comptable, décembre 2001), ce qui permettrait de l’association (animation, jour- l’AFP ayant le statut d’association loi de faire souffler la rédaction (tou- nées annuelles, divers). Côté recet- 1901… Un déficit ou un bénéfice en fin jours bénévole…) à Clermont- tes, les trois gros dossiers ne d’exercice, en particulier lorsqu’il est important (comme ici, en 2001), s’explique Ferrand. En projet : un numéro concernent que 80% du chiffre, le par le fait qu’une ou plusieurs actions de commun avec la revue « rattrapage » se faisant sur les coti- l’association s’étale, au moins financière- « L’acacia » ; un financement sations et abonnements. Les soldes ment, sur plusieurs exercices. C’est la raison demandé à la DGER est en voie de début et de fin d’année sont de la mise en place d’une comptabilité ana- lytique (indépendante de l’année civile). d’être acquis.

88 Journées 2002 : Dans le cadre de l’année internationale de la monta- gne, il serait concevable d’organi- ser une journée spécifique d’enver- gure afin de toucher un large public et faire connaître l’AFP. On se heurte ici au problème d’un coût important, et à la mobilisation d’é- nergies qui n’est pas toujours possi- ble… Autre proposition dans le même cadre : la labellisation de projets (à voir avec les comités de massifs), sur différents thèmes possibles : développement durable, améliora- tion du cadre de vie, revenu, bien- être, populations de montagne en relation avec l’urbain, etc. La SEA de Haute-Savoie (Pierre Lachenal) se charge d’élaborer des proposi- tions. Enfin, il est proposé de jumeler les journées annuelles d’étude de l’AFP avec les Rencontres interna- tionales de pastoralisme, dans le cadre du Festival du film de l’asso- ciation Pastoralisme et Grands Espaces, qui aura lieu dans la région grenobloise pendant la pre- mière quinzaine d’octobre 2002. Reste à trouver un thème commun, et à construire un partenariat soli- de. La FAI (Yves Raffin) se charge du montage du dossier.

89 CCentre de ressources de l’AFP : http://www.pastoralisme.org

Bruno Msika Bureau d’étude ASTER&D, Morières

DESCRIPTIF GÉNÉRAL DU SITE archivées réseau de personnes-ressource, On retiendra les chiffres suivants • Formation : une interface d’inter- « acteurs.htm », donne le mode (période du 3 octobre 2000 au 22 rogation + une page de résultats d’emploi de l’interface d’interroga- juin 2001) : • Productions écrites : une page tion. Elle permet également de sous-menu + quatre pages charger un formulaire d’inscription • 30 600 accès (3 400 sessions), • Adresses utiles : une page de sur la base de données. soit 116 accès (13 sessions) par liens jour ; L’interrogation se fait au moyen de • Mentions légales : une page • 12 000 pages imprimées ; la page « mask1.htm », qui permet (mentions concernant le site et • visiteurs étrangers 44%, visiteurs de rechercher directement les coor- l’AFP) français 28% ; données d’une personne dont on • fiabilité du site : 3,5% d’échec. SERVICES PASTORAUX connaît le nom, ou bien de réaliser http://www.pastoralisme.org/ sur la base de données un tri croisé services/animation/servpasto1.htm par région pastorale, activité À partir de la page d’accueil, on (recherche, enseignement, gestion, accède à une page de définition du La page « servpasto1.htm » est une etc.), milieu écologique (montagne, pastoralisme. présentation des services pastoraux région méditerranéenne…), thème français. Elle présente un lien au Nous avons souhaité individualiser technique (correspond aux acteurs document de référence un sous-menu correspondant aux de terrain) et disciplines (corres- « Organisation des services pasto- activités de l’Association française pond à l’enseignement et à la raux en France », rédigé en décem- de pastoralisme : rôle, adhérents, recherche). bre 1999 en vue de sa publication fonctionnement, conseil d’adminis- dans l’ouvrage « Pastoralisme en La page de résultats de cette tration, contacts, journées annuel- France à l’aube des années 2000 ». recherche fournit les coordonnées les d’étude, adhésions, groupes de postales, téléphoniques et électro- travail, etc. On accède ensuite à une page de niques des personnes recherchées. contacts des services pastoraux, Les autres pages ou sous-menus « servpasto2.htm », classés par L’ensemble de la procédure respec- (détaillés ci-dessous), accessibles régions géographiques. Des liens te la loi « informatique et liberté ». également à partir de la page d’ac- internet permettent d’envoyer cueil, sont les suivants : Actuellement, le centre de ressour- directement un message au service ces regroupe 182 personnes. • Services pastoraux : 2 pages pastoral, au d’accéder à son site. • Personnes-ressources : une page ACTUALITÉS + une interface d’interrogation + PERSONNES-RESSOURCES http://www.pastoralisme.org/ une page de résultats http://www.pastoralisme.org/ info-pasto/actu.htm • Actualités : une page (agenda + services/ressources/acteurs.htm brèves) + une page de brèves La page d’actualités présente deux Une page de présentation du

90 parties : une partie agenda et une etc., les informations transmises au interface avec une page donnant partie brèves (informations). site par les participants concernent des pistes mieux structurées de for- (par ordre d’importance) : mations. Cette amélioration bénéfi- Les brèves sont archivées dans la ciera des travaux en cours du grou- page « archives_breves.htm », • des annonces de rencontres et pe national pastoralisme. En outre, mois par mois. manifestations ; nous suivons de près un travail de • des offres d’emploi ; Les sources d’information sont mul- recensement et de structuration des • des informations sur actions et tiples : lettres d’information et formations de berger d’alpage, expériences locales ; réseaux internet (Web agricole, engagé par différents pastoralistes • des annonces de publications ; Mountain Forum, Cirval, Echoalp, et des associations de bergers. • des comptes rendus ou rapports ; APCE, etc.), annonces directes des • des présentations de réseaux ; participants au centre de ressources PUBLICATIONS • des annonces de formation. ou à d’autres réseaux, plus rare- http://www.pastoralisme.org/ ment les quotidiens et les journaux publications/publications.htm spécialisés. À noter que le site permet de Le sous-menu publications permet contacter directement les person- Les pages de brèves sont mises à d’accéder à quatre pages : nes concernées, grâce aux liens jour régulièrement ou non. Une mail. Cela pour ne pas surcharger • les parutions pastoralistes : cata- information est envoyée systémati- le travail du gestionnaire du site. logue des publications éditées, et quement par mail aux personnes- moyens de les commander ; ressource. FORMATION • les publications collectives de Certaines demandes urgentes ou http://www.pastoralisme.org/ l’AFP : divers documents et informations rapidement caduques formation/formation.asp périodiques, édités ou non, résul- sont directement envoyées à la liste tants d’un travail collectif ; Dans l’état actuel, l’interface d’in- des participants au centre, sans être • les comptes rendus de rencont- terrogation permet de saisir des intégrées au site. res : téléchargeables sur le site ; mots clés ou parties de mots clés • la liste des centres de documen- Les demandes d’information parve- concernant les formations tech- tation des organismes partici- nant au site concernent (par ordre niques dispensées par les person- pants au centre de ressources, d’importance) : nes-ressource. Le résultat de la avec un lien vers leur site, lors- recherche apparaît sur le même • des renseignements sur l’AFP et qu’il est possible, et qu’une inter- page, sous la forme d’un titre com- d’autres réseaux ou institutions ; face d’interrogation existe. plet de la (des) formation(s), suivies • des renseignements scientifiques des coordonnées complètes de la LIENS AVEC D’AUTRES RÉSEAUX ou techniques ; personne concernée. Par exemple, http://www.pastoralisme.org/ • des publications pastoralistes ; le mot « pasto » renvoie 34 répon- services/liens_ext.htm • des demandes de stages ; ses (34 contacts) ; le mot « chien » • des renseignements concernant Une page de liens présente renvoie 2 réponses. la formation. quelques adresses utiles de réseaux Cette interface est, de l’avis des et d’institutions dans les domaines participants, trop sèche. du pastoralisme, de l’agriculture, Outre les lettres d’information et les L’utilisateur est un peu désarmé… des forêts, de l’environnement et la commentaires sur le site, inscrip- Nous travaillons à compléter cette montagne. tions, modifications de coordonnées,

91 PProspective

Bruno Msika Bureau d’étude ASTER&D, Morières

Quand l’Association française de « biais » que prend ce type de grou- Depuis 1996, l’AFP renforce sa Pastoralisme est créée en 1984, son pements. position d’interface, entre les diffé- objet est de « promouvoir l’appro- rents aspects du pastoralisme bien À la suite du congrès de che scientifique et technique du sûr (recherche, enseignement, for- Montpellier, l’association connaît, pastoralisme, dans ses aspects liés à mation, services techniques pasto- jusqu’en 1995-96, un repli, une la recherche et au phase de rétraction dont les causes raux, éleveurs et bergers…), mais développement ». Elle prévoit sont diverses. L’organisation du 4e aussi et surtout entre le monde du comme moyens pour y parvenir, CITP a un peu épuisé les énergies, pastoralisme et la société civile. « réunions, colloques, séminaires et l’association a peut-être besoin Cela se traduit par : de formation, actions concertées de souffler un peu. Le « point » des « sollicitations en tant que avec d’autres groupements à but réalisé sur les connaissances était réseau d’experts », de la part des similaire (français ou étrangers), une étape qui se poursuit (travail pouvoirs publics : étude sur les publications ou diffusions de tra- collectif débouchant en 1995 sur la modalités d’attribution des primes, vaux ou d’analyses sur le pastoralis- publication d’un ouvrage de réfé- structuration de la formation, grou- me, etc. » rence en pastoralisme), mais avec pe de travail interministériel sur le Pendant six ans environ, l’associa- moins d’urgence probablement pastoralisme, publications collecti- tion met en place des « ponts » qu’au moment de la création de ves… entre les aspects scientifiques et l’AFP. Les initiateurs de l’associa- une communication ouverte sur un techniques, entre les structures tion s’en dégagent pour différentes public de plus en plus large, qui d’enseignement, les labos de raisons (départs en retraite, baisse de l’intérêt après une tâche accom- découle de ces sollicitations : cent- recherche et le terrain. Elle est for- plie, débat d’idées, etc.) dont ils re de ressources, manifestations tement marquée par un besoin de restent seuls juges. visant à mieux faire connaître tous capitalisation des références acqui- les enjeux du pastoralisme (paysa- ses en labo comme sur le terrain. C’est une phase de réflexion, de ge, environnement, problèmes des Cette « mise à plat des connaissan- maturation, d’observation aussi de prédateurs, qualité des produits, e « phénomènes montants » qui ces » touche son apogée avec le 4 problèmes fonciers…) ; Congrès international des terres de transforment peu à peu le pastora- parcours (CITP), que l’AFP organise lisme : prise de conscience envi- la poursuite de la capitalisation et à Montpellier en 1991, et qui ras- ronnementale, développement du de la diffusion des connaissances semble plus de 600 spécialistes du multi-usage de l’espace rural, mise (publications collectives, groupes en place des mesures d’aide monde entier. L’association forma- de travail et de réflexion) ; publique, contestation du rôle de lise alors son rôle fédérateur des production de l’activité pastorale l’ouverture vers d’autres réseaux : différents aspects du pastoralisme, notamment par les lois du marché, forêt, environnement, montagne… se démarquant ainsi d’une « socié- menaces diverses sur les éleveurs et té savante » qui est parfois le bergers, etc.

92 En termes d’effectif, l’AFP a rassem- siennes propres (réseau). Les prélèvements n’est pas toujours blé dès sa création, à peu de choses moyens propres de l’association facile à faire passer auprès des près, l’ensemble du réseau français (18-20 000 F pendant dix ans, contrôles financiers publics… Il des professionnels du pastoralisme 40 000 F aujourd’hui) ne permet- devient nécessaire de trouver des (fig.2). Ce n’est donc pas une asso- tent que d’assurer la publication moyens propres qui puissent être ciation en progression en termes (bénévole) d’une revue d’informa- affectés au fonctionnement de l’as- d’effectif. Par une action renforcée tion de portée strictement interne. sociation, la doter de moyens de de communication et d’ouverture En revanche, l’accroissement des communication qui soient à l’ima- vers d’autres réseaux, il est encore actions de type public (fig.1) néces- ge de ses activités et des sollicita- possible d’accroître le nombre site des moyens de fonctionnement tions de plus en plus nombreuses d’adhérents. Mais cela reste de fait qui n’ont plus rien à voir avec ceux qui lui sont faites. un objectif secondaire. Le réseau d’une petite association. Autrement dit, s’il est aujourd’hui existe, il fonctionne très bien, il est Depuis trois ans environ, ces bien admis que la mobilisation rapidement mobilisable. besoins concernant la gestion et d’un réseau d’experts fasse l’objet Aujourd’hui, il doit servir, le plus l’animation de l’association et de d’un financement, celle d’un possible, on le lui demande. ses activités, sa promotion, devien- réseau d’information et de commu- Comme toute association, l’AFP se nent importants, et peuvent être nication demande des moyens qui heurte alors au manque de moyens, en partie assurés par des prélève- permettent à ce réseau d’experts pour répondre aux sollicitations ments effectués sur les finance- d’exister, de fonctionner, et de des pouvoirs publics (expert), à cel- ments des différents dossiers. En continuer à être mobilisable. Reste les de la société (média), et aux partie, car la justification de ces à trouver ces moyens…

93

Annexes ÉÉléments bibliographiques et sources d’information

Dubost M., Cornet F. (1996). Étude préliminaire pour la Quelques sites internet : remise en valeur des estives de Corse. Icalpe, 71 p. Association française de pastoralisme : Agreste Corse n°1, mai 2000. Bulletin 4 pages. Série http://www.pastoralisme.org Statistiques du ministère de l’Agriculture et de la Pêche. Bornard A., Brau-Nogué C. (coord.), (2000). Le pastoralis- Icalpe : http://perso.club-internet.fr/icalpe me en France à l’aube des années 2000. Asso fr. Pastoralisme, Pastum hors-série 252 p. Eds Cardère. A Muntagnera : http://perso.club-internet.fr/icalpe/amuntagnera Cerpam (1996). Guide pastoral des espaces naturels du Sud-Est de la France. Cerpam-Méthodes et Office de l’environnement de la Corse : Commucation, 254 p. http://www.oec.fr Collection Réseau Coupures de combustible (éds Cardère) : Cirval : http://www.cirval.asso.fr n°1 (rééd. juillet 2001). Méthodes de suivi des coupures de combustible (63 p.) Élevage et agriculture en Corse : n°2 (oct. 1999). Analyse après incendie de six coupures de http://www.multimania.com/corseagriculture combustible (81 p.) Odarc : http://www.multimania.com/ n°3 (jan. 2000). Coupures de combustible. Le coût des corseagriculture/odarc.html aménagements (58 p.) n°4 (déc. 2000). Conception des coupures de combustible Inra-Lrde : http://www.corse.inra.fr/lrde/lrde0.htm (154 p.)

96 LListe des sigles utilisés

AFP Association française de pastoralisme FGMN Fonds de gestion des milieux naturels ? AFP Association foncière pastorale FNADT Fonds national d’aménagement et de déve- loppement du territoire CAUE Conseils d’architecture, d’urbanisme et d’en- vironnement GP Groupement pastoral CCVB Coopérative Catalane de Viande et Bétail MAE Mesures agri-environnementales CDA Chambre départementale d’Agriculture ONF Office national des forêts CDOA Commission départementale d’orientation PDR Plan de développement rural agricole PDRN Programme de développement rural national CERPAMCentre d’études et de réalisations pastorales PMSEE Prime au maintien des systèmes d’élevage Alpes Méditerranée extensifs CRPF Centre régional de la propriété forestière PNR Parc naturel régional CTE Contrat territorial d’exploitation RN Réserve naturelle CUMA Coopérative d’utilisation de matériel agricole SEE Station d’élevage expérimentale DDAF Direction départementale de l’agriculture et SIME Service interdépartemental montagne élevage de la forêt UOC Unité ovine corse DFCI Défense des forêts contre l’incendie UP Unité pastorale FAI Fédération des alpages de l’Isère

97 RRevue de presse Corse Matin, 17/09/01

98 99 Corse Matin, 25/09/01

100 LListe des participants

BACHA Salim [email protected] OREAM Manosque 04100 MANOSQUE BARJOU Marie-Line [email protected] Chambre d’Agriculture de Lozère 48000 MENDE BESOMBES Marcel 04 71 48 11 62 COPTASA 15000 AURILLAC BEYLIER Bénédicte [email protected] CERPAM 84400 APT Mme BIGARD, DDAF Haute-Corse BORDEL Véronique [email protected] Fédération des alpages de l’Isère 38190 Les Adrets BOURBOUZE Alain [email protected] CIHEAM / IAM.M 34093 MONTPELLIER CEDEX 5 BRAU-NOGUE Catherine, Bruno et Juan [email protected] Consultante pastoralisme-environnement 65710 CAMPAN BUFFIERE Didier [email protected] DDAF 65 65017 TARBES cedex 9 BUTIN Lionel [email protected] Antenne Chambre d’Agriculture 01200 BELLEGARDE CARAGUEL Bruno [email protected] Fédération des alpages de l’Isère 38190 Les Adrets CASABIANCA François, 04 95 45 15 15, INRA, 20250 CORTE CASANOVA Jean-Baptiste, 04 95 48 85 45, ODARC, 20270 ALTIANI CESARI Marie-Paule, 04 95 25 65 74, Casgiu Casanu CHAMOUX Hélène [email protected] Vétérinaire 26150 DIE CHASSANY Jean-Paul [email protected] INRA/ESR 34060 MONTPELLIER CEDEX 2 CHIESI Jean-Paul, éleveur, 20270 ALTIANI DAMIANI Denis, 04 95 48 85 45, ODARC, 20270 ALTIANI DAVOINE Jean-Marie [email protected] Fédération des alpages de l’Isère 38190 Les Adrets DEBAYLE Jean [email protected] CERPAM 04100 MANOSQUE DESOINDRE Agnès [email protected] Ministère Agriculture / DERF 75732 PARIS cedex 15 DIMANCHE Marc [email protected] SIME 34970 Lattes DUBOST Michel [email protected] ICALPE 20250 RIVENTOSA DUREAU Rémi [email protected] CERPAM 13626 AIX EN PROVENCE CEDEX DUVAL Françoise, A Muntagnera, 20250 RIVENTOSA GINDRE Rémi [email protected] DRAF Rhône-Alpes LYON GONON Yves [email protected] SIME 34970 Lattes GROSJEAN Pascal [email protected] DDAF Savoie 73018 CHAMBERY CEDEX GUELPA Pierre [email protected] Société d’économie alpestre de Savoie 73018 CHAMBERY

101 GUERIN Denis, 04 95 32 84 40, Chambre d’Agriculture de la Haute Corse, 20200 BASTIA GUERIN Gérard [email protected] Institut de l’Elevage 34397 MONTPELLIER CEDEX 5 HERMANN Agathe [email protected] Fédération des alpages de l’Isère 38190 Les Adrets HOURCADETTE Isabelle 04 68 96 11 59 Association des AFP et GP des PO 66500 PRADES LABBENS Dominique, 04 95 46 00 46, chargé de mission Restonica, 20250 CORTE LACHENAL Pierre [email protected] DDAF - Bureau 725 74040 ANNECY Cedex LAURENTI Francette, Capra Corsa, 20122 QUENZA LECCIA Dominique et LECCIA Jean-Pierre, 04 95 39 01 09, Commune d’Oletta LE GARIGNON Christophe, 04 95 45 15 15, INRA, 20250 CORTE L’HOMME Gérard et Annie [email protected] ENITAC/Agricultures et Espace 63370 LEMPDES LIAGRE Fabien [email protected] Consultant agro-foresterie 34000 MONTPELLIER LOUISON Emmanuelle [email protected] A Muntagnera 20250 RIVENTOSA LOUP Gérard [email protected] éleveur caprin 04700 PUYMICHEL MAILLET Marc [email protected] FNE 66000 PERPIGNAN MAITRE Cécile [email protected] Ministère Agriculture & Pêche / DEPSE/BMP 75349 PARIS 07 SP MALLEN Marc [email protected] Ethnopastoraliste 05000 PELLEAUTIER MAUPERTUIS Roger, 04 95 32 25 99, Fédération des chasseurs Haute-Corse, 20600 BASTIA MORELLI Dominique, 04 95 27 40 23, Commune de Bocagnano MOULIN Christophe [email protected] Fédération des alpages de l’Isère 38190 Les Adrets MSIKA Bruno [email protected] Editions de la Cardère 84310 MORIERES NARELLI Charles, 04 95 38 71 65, Commune de Lento NAUDON Didier [email protected] Parc Interrégional du Marais Poitevin 79510 COULON ORSINI Antoine, 04 95 45 23 00, Commune de Corte PETIAU Jean-Marie [email protected] ECOSYS 66570 SAINT-NAZAIRE PITTE André et Elisabeth POISSON [email protected] Drailles 26150 DIE PROUTHEAU Marie-Noëlle [email protected] Ministère de l’Agriculture PARIS RAFFIN Yves [email protected] Fédération des alpages de l’Isère 38190 Les Adrets REYMOND Elodie [email protected] Fédération des alpages de l’Isère 38190 Les Adrets RIBET Nadine [email protected] Sociologue 63000 CLERMONT-FERRAND RILLE François, 04 95 51 79 10, PNR de Corse, 20000 AJACCIO RUMMENS Jean-François [email protected] Fédération pastorale de l’Ariège 09000 FOIX SANTUCCI Pierre, 04 95 45 15 15, INRA, 20250 CORTE TEINTURIER Philippe, 04 95 57 10 91, UPRA Brebis Corse, 20270 ALERIA TEUMA Martine et Jean-Bernard [email protected] Parc des Volcans d’Auvergne 63000 CLER- MONT-FERRAND TRAMIER René 04 90 92 16 94 Eleveur 13210 St RÉMY DE PROVENCE TOURNIER Claude [email protected] Société d’Economie Montagnarde de l’Ain 01200 BELLEGARDE VORON François 04 74 87 71 14 42410 PELUSSIN VORTI Frédéric, Inter-chambre d’Agriculture de Corse

102

Achevé d'imprimer par l’Imprimerie NetPrint à St-Martin d’Hères (38) en décembre 2001

dépôt légal décembre 2001

ISBN : 2-914053-07-X ISSN : 1154-4449 Association française de pastoralisme

Depuis 1985, l’Association française de Pastoralisme rassem- ble des représentants d’organisations professionnelles et de développement du pastoralisme, des enseignants, des cher- cheurs, des agents des services d’État de l’agriculture et du Numéro spécial génie rural, des personnels de parcs naturels, des praticiens et des bureaux d’études privés. Les rencontres annuelles de l’Association française de Pastoralisme sont une des occasions d’échange entre ses mem- bres, dispersés dans toutes les régions de France et souvent isolés. Une opportunité de découverte d’autres lieux, d’autres territoires, d’autres paysages, d’autres systèmes techniques… Jusqu’à présent, la Corse n’avait pas encore été choisie pour ce rassemblement annuel, pour des raisons d’organisation Estives essentiellement. La création d’une Fédération des estives de Corse (A Muntagnera) en juillet 2000, a été l’occasion d’ac- crocher la Corse à la « planète pastoraliste », de faire connaî- tre un domaine pastoral si particulier par ses aspects fonciers, territoriaux, environnementaux, climatiques ou touristiques, et d’aborder comme il se doit les aspects techniques et scienti- fiques des élevages extensifs de l’île, avec les actions et les contraintes du développement moderne d’une solide tradition pastorale qu’ils comportent. Ces journées ont été l’occasion d’engager un échange entre pastoralistes et environnementalistes, entre Corses et Continentaux, plus particulièrement à propos de la mise en place des contrats territoriaux d’exploitation. Le caractère le plus souvent collectif des CTE pastoraux pose de nombreux et territoires problèmes contractuels à la définition d’une gestion pastorale agri-environnementale. spécial « Estives et territoires de Corse » de Corse pastum

ISSN 1154-4449 ISBN 2-914053-07-X 15 euros ISSN 1154-4449

AFP 2001 16° année - numéro double 61-62 - décembre 2001 ISBN 2-914053-07-X