"Quand on aime la vie, on aime le passé parce que c'est le présent tel qu'il a survécu dans la mémoire humaine".

"Les yeux ouverts"

"Mais ce qui fait à mes yeux la substance et la continuité d'une histoire, ce ne sont pas les hauts faits de héros isolés ni les promesses de quelques uns, mais le travail des hommes, l'obscur entêtement de vivre et de survivre en dépit des difficultés : j'entends de vivre ou de survivre là même où on est né".

ERRATUM

La photo qui se trouve par erreur page 75 est à placer page 78.

La photo page 78 est à placer page 75 où se trouve sa légende.

La photo du Monument aux Morts de 1870-1871 de Chéu page 79 est à placer page 91 à la place de la photo de l'Eglise de Bouilly et inversement.

A nos Anciens du Canton et à Albert.

Au début du siècle, au chant du coq, commançait la vie. Presque chaque personne n'oubliait pas de bénir l'apparition du jour ; chaque jour apporte ses nouveautés et chaque année apporte un renouveau de la nature qui nous garde jeune. Mais la terre ne nous donne pas notre liberté, elle est exigeante, elle nous deman- de de nous courber pour l'entretenir et nous en oublions le ciel au dessus de nous et le monde qui nous entourre. L'homme paysan aura toujours comme maîtresse la terre. Pour un couple d'agricul- teurs : l'homme est le bras de la terre et la femme est le coeur de la terre ; elle maintient le courage de l'homme et surtout de nos jours, elle ouvre l'exploitation vers l'extérieur. C'est cette image que j'ai tant observée à Vergigny ; il reste comme autre- fois non pas des "femmes d'intérieur", mais des "femmes d'extérieur", qui travaillent au champ, non pas par obligation, mais parce que c'est une passion. Telles ces trois dames de Vergigny : Alice, Aliette et Marie qui me disaient "tant pis si j'ai de la poussière sur mes meubles, je préfère travailler dans les champs". Autrefois les dames le voyaient ainsi! C'est d'avoir "baigné dans ce monde" depuis de nombreuses années grâce à des personnes qui par leurs discussions, leurs évènements vécus m'ont informé de leur vie quotidienne, qui m'a donné le goût de réaliser ce document. J'étais émerveillé lorsque j'avais douze ans par les récits que je notais de Thérèse COLLET, Germaine ROYER, Fernande GUERBET et Aliette DELAGNEAU. J'ai beaucoup de reconnaissance pour ces personnes du début du siècle et surtout pour ces 43 anciens que j'ai rencontré et qui se sont fait une joie de me parler de leur vie locale. Je n'ai rencontré aucun refus à coopérer, mais au contraire une réelle collaboration, avec d'intarissables dialogues sans trou de mémoire lorsque l'on remontait dans le passé ; par contre, les souvenirs de ces années dernières étaient oubliés. Il est certain que je n'ai pas tous les éléments, que certains sont oubliés, ce n'est jamais terminé... J'ai écrit ce document pour que la vie de tous les jours, au début du siècle, dans notre canton soit un peu connue...

SAINT-FLORENTIN

Le canton de Saint-Florentin est un des plus petits cantons de l', tant au point de vue de la superficie que de la population. Son étendue est de 11 822 hectares, et sa population était de "5543 habitants en 1905 ". Il est composé des communes de Saint-Florentin, Avrolles, Bouilly, Chéu, Germigny, et Vergigny. D'autres cantons sont beaucoup plus étendus, par exemple ses voisins : Brienon et Flogny. Mais il se présente des anomalies inexplicables. Exemple : est plus près de Saint-Florentin que de Brienon, et cependant est du canton de Brienon ; de même Neuvy-Sautour, à 7 kilomètres de Saint-Florentin, fait partie du canton de Flogny qui est à 17 kilomètres. C'est à croire que ceux qui ont travaillé au découpage des cantons ne connaissaient ni les distances, ni les commodités. Serait-ce un reste de l'ancienne administration française... celle qui précéda la révolution? A cette époque, le baillage de Saint-Florentin s'étendait au nord, jusqu'aux environs d'Auxon (Aube); au sud, jusqu'à Aigremont (Yonne). Mais par contre Avrolles faisait partie du baillage de Chaumont (Haute-Marne), et Vergigny du baillage de Villeneuve-le-Roi. Cependant, ces deux localités ne sont éloignées du chef-lieu que de quatre et cinq kilomètres. Le canton de Saint-Florentin est traversé du nord au sud par la route nationale n°77 de Sedan à Nevers, et de l'ouest à l'est par la route nationale n°5 de Paris à Genève. Quand on arrive de Paris par la route, soit par la route nationale n°5 ou n°5 bis, on arrive au pont du Créanton et au village d'Avrolles. Je conseille au touriste de s'arrêter là et de monter au pied du mont Avrollot. C'est une éminence qui s'élève à environ 180 mètres. Il faut prendre à gauche et suivre la vieille voie romaine qui conduit à un climat nommé Barcena (nous en reparlerons par la suite). Cette vieille route est bordée de haies, de pommiers et de vignes (nous reparlerons des pommiers et des vignes d'Avrolles), conduit à un plateau crayeux large d'environ 600 mètres et long d'environ 3 kilomètres. A l'extrémité de ce plateau se dresse un monticule fait de main d'homme. Nous en reparlerons plus loin. Grimpez sur ce monticule : la vue est splendide, elle s'étend bien au-delà du canton de Saint-Florentin, dans un rayon qui peut aller jusqu'à vingt-cinq ou trente kilomètres. Au nord, c'est la forêt d'Othe (Ulta Silva), avec les coteaux du Montelard, , . Au sud, c'est d'abord le village d'Avrolles, avec sa belle église séparée de son clocher, la route nationale, les hauteurs de Duchy et de Frévaux (ici encore nous sommes dans la préhistoire). C'est le canal de bourgogne, la rivière d'Armançon, dont on a dit autrefois qu'elle était une rivière capricieuse et volage parce qu'elle changeait de lit. C'est la voie ferrée Paris-Lyon-Marseille, récemment électrifiée. C'est le pont du chemin de fer par lequel la route nationale n°77 franchit la voie ferrée pour continuer sur . Ce sont les villages de Vergigny, Rebourseaux et Bouilly, blottis dans l'ancienne vallée de l'Armançon. Plus loin, toujours au sud, c'est Lordonnois, Ligny-le-Châtel, Pontigny entouré de sa forêt, le Mont-Saint-Sulpice, Héry, etc... Tournons nous vers l'est. C'est Saint-Florentin avec sa belle église perchée sur un monticule appelé le Tertre, et à la toiture tellement élancée qu'elle semble vouloir prendre son vol vers le ciel et y entraîner toutes les maisons de la ville. A main gauche, bien exposés au sud, se trouvent des vignobles. Dans un repli de terrain, on devine , sa belle église et ses hameaux. La belle église de Neuvy- Sautour s'avance en direction de l'est comme une proue de navire qui semble vouloir entraîner le reste du pays. Elle fait vis-à-vis à l'église du Mont-Saint-Sulpice. Ni l'une ni l'autre sont de chez nous ; mais elles ressemblent toutes les deux à deux sentinelles placées en vis-à-vis pour garder avec vigilance la vallée de l'Armançon et ses habitants. Au sud-est, au delà de l'Armançon et du chemin de fer, on distingue les villages de Chéu et de Jaulges, perdus au milieu de leur champs d'haricots. En remontant vers le nord, après avoir traversé le chemin de fer, la rivière et le canal, on se retrouve sur la route nationale n°5 à Germigny, qui lui aussi possède une église remarquable. Nous sommes toujours au mont Avrollot. Regardons du côté de l'ouest. C'est d'abord une gentille petite rivière : le Créanton. Formée de deux ruisseaux : celui de Vigny et de , le Créanton donne son mouvement à un moulin à vent et fournit de l'électricité à Champlost. Il longe le mont Avrollot et va se jeter dans l'Armançon à Brienon. Disons tout de suite que son ancien nom était l'Ouèvre : le nom de Créanton lui a été donné par un marchand de bois de Brienon qui, au XVIème siècle, avait acheté la rivière. Puis voici Brienon, avec la cheminée de sa sucrerie. On suit le cours de l'Armançon, puis de l'Yonne après Laroche . Le regard se perd dans les lointains. La La voie d'Agrippa est la grande route romaine de Lyon à Boulogne-sur-Mer par Autun, et Troyes. Elle passe à Avrolles et existait en tant qu'important passage à l'époque gauloise. Les Romains ont cherché, en créant leurs routes, à utiliser les vieux chemins gaulois. Avant d'entrer dans notre canton, elle passe à Héry et franchit le Serein sur un pont aujourd'hui disparu. Dans cette région, on a découvert une quantité d'objets remontant à l'époque romaine, des cercueils de pierre datant du 1er siècle. On retrouve la voie romaine sur le territoire de Vergigny. A la limite de cette commune et de celle du Mont-Saint-Sulpice s'élèvent de grosses bornes auprès desquelles elle passe. Certains prétendent qu'autrefois un menhir était debout dans cette région. Puis la voie, moins apparente, passe entre Bouilly et Rebourseaux. Elle gagne le moulin de Frécambault qui n'existe plus depuis longtemps ; franchit l'Armançon sur un pont également disparu depuis longtemps, qu'on appelait le pont de Nazelles ou pont de Natiaux. Nous la retrou- vons sur le territoire d'Avrolles, entre les climats de la Grosse Borne et des Gravons. Arrivée au chemin d'Avrolles à Duchy, elle se voit dans toute sa largeur. Elle gagne ensuite le mont Avrollot. Le mont Avrollot, il n'y a pas bien des années, était protégé du côté nord par un fossé aujourd'hui comblé. J'ai vu sur un dessin de 1845, une description du mont Avrollot, où le fossé figure. A l'angle nord du camp, les vestiges de la voie apparaissent de nouveau ; elle est désignée alors, dans une pièce du XIIème siècle, sous le nom de "via publica de Barcena" (arch. de l'Yonne, liasse 85). Le mot "publica" indique que cette voie desservait une ville qui ne peut être qu'Eburobriga, aujourd'hui Avrolles. La voie disparait ensuite. Nous la retrouvons à Neuvy-Sautour, désignée sous le nom de chemin des Romains.

Cette voie est beaucoup moins importante que la voie d'Agrippa et cependant elle est peut-être aussi ancienne. Là encore, nous nous trouvons en présence d'un chemin gaulois. N'oublions pas que et Alésia étaient d'importantes villes gauloises. Elle passe entre les hameaux de Champlost : Chatton et Vaudupuits. Un climat - où elle passe - s'appelle climat de la Reine Gilles. Pourquoi? Mystère. Elle arrive à Avrolles au climat de la Maison rouge. Ensuite, sa trace se perd. Nous la retrouvons à Vergigny, puis près de Chéu où on l'appelle le Chemin-Ferré. Elle apparaît très nettement dans le parcours de Chéuà Tonnerre. Ajoutez à ces deux voies principales un grand nombre de chemins vicinaux datant eux de l'époque gauloise, et vous aurez une idée à peu près complète des moyens de c o mmunications d'alors. Les Romains étaient de grands constructeurs de routes. Ils en avaient besoin pour leur commerce et le déplacement de leurs armées. Ils savaient les entretenir. Aussi, ces voies romaines ont servi pendant près de quinze siècles de moyens de communication dans notre pays. Ce ne sont pas seulement les soldats ou les marchandises qui les ont utilisées, mais les missionnaires de l'Evangile les ont également parcourues dans tous les sens, pour le porter aux populations soumises à l'idolâ- trerie ou à la superstition. Saint-Martin est passé plusieurs fois dans nos régions. Puis ce sont les grandes inva- sions barbares, les immenses migrations de peuples ; plus tard, les croisades, etc... Devant ces vieux chemins aujourd'hui abandonnés, ou encore défoncés et labourés par des paysans qu'attirait l'ap- pât du gain de quelques mètres de terrain, on ne peut s'empê- cher de rêver à ce passé prodi- gieux de nos vieilles routes romaines. D'un autre côté, la ville de affirmait avoir besoin du port de Laroche pour embar- quer ses bois et ses vins. Brienon se disait lésé par rap- port à Champlost. "Eh, quoi ! faire passer la route par un simple village, tandis que nous, la ville ! ". Pour contenter tout le monde, on construisit les deux routes. Mais cela n'alla pas tout seul. En 1812, la route par était complètement abandonnée. Ce n'est qu'en 1828 qu'une ordonnance royale décida enfin l'achèvement de la route de Sens à Saint-Florentin par Cerisiers. Cette route a son charme ; ceux qui aiment les sous-bois y trouveront leur compte. Mais l'autre route est plus belle et plus pittoresque, surtout lors- qu'elle longe la vallée de l'Yonne entre Laroche et Sens. Quand à la route n°77, son éta- blissement fut également très long. Le décret de construction date de 1811. Mais dans notre région, elle ne fut construite qu'en 1847. Elle dessert Montigny-la-Resle et Pontigny. Mais au XVIIème siècle, elles étaient en si mauvais état que Colbert songeait à la création de nouvelles routes. Ce n'est qu'en 1 780 que la route nationale n°5 actuelle fut cons- truite ; la route n°77 ne le sera qu'en 1847. L'histoire de la route nationale n°5 et n°5 bis, voici : le projet primitif comportait simplement ceci: suivre la route romaine par Cerisiers et Arces. Mais à Theil, il fallut changer la direc- tion pour ne pas entamer le parc de M. de Cérilly. A Cham- plost, au contraire, M. de Champlost voulu la faire passer devant la façade de son château. Cette prétention ne plut pas au gens de Champlost ni d'Avrol- les, qui s'insurgèrent contre les prétentions du Seigneur. Le portail Nord, commencé en 1611 et terminé en 1613, est précédé d'un grand escalier de pierre, autrefois d'aspect très pittoresque, et au bas duquel étaient deux lions ; l'un tenant l'écu de ; l'autre, les armes des Pheylypeaux de la Vrillière, seigneurs de Saint-Florentin. En haut, d'un côté, Moïse avec les tables de la loi ; de l'autre, Aaron avec l'encensoir.

Les Lions ont été reinstallés sur les pilliers au printemps 1985. Saint-Florentin, ville-place forte, forteresse redoutable des ducs de Bourgogne du Moyen-Age, s'est toujours distinguée par son indépendance, son esprit légèrement frondeur. De nombreuses péripéties au moment de la célèbre Ligue ont fortement secoué la ville. Ainsi, venu s'installer à Saint-Florentin, le commandant de la Ligue, le fougueux La Mothe, avait préféré les rives de l'Armançon à celles de Pont-sur-Seine pour y élever une forteresse qui dominerait la région. Il fallut toute l'assurance du gouverneur pour que la Mothe s'en allât avec son armée et se campât à Venizy. Lors de la guerre de Cent Ans, les Anglais ravagèrent la région alors que, plus tard, Armagnacs et Bourguignons s'y affontèrent en luttes fratricides. Du fait de sa situation géographique, les Gaulois et les Romains s'y sont installés, marquant fortement leur passage en laissant des noms de lieux aux racines indiscutables de véracité. Poste militaire du nom de Castrodonum, la ville perchée sur sa colline, au pied de laquelle serpente l'Armançon, allait voir au fil des siècles de très nombreux combats se déroulés sous ses murailles. Retenons les luttes sanglantes qui opposèrent au VIème siècle Brunehaut et Frédégonde, celles qui, au IXème siècle, verront les Florentinois s'opposer à l'invasion normande.

Sur la place Dilo, chaque année, le cirque Pinder s'installait devant la sortie de l'atelier de menuiserie de M. FOURNIER. Celui-ci posait quelques difficultés au cirque en sortant son véhicule (actuellement Ets Cocelec). De de L'année 1231 sera à jamais célèbre à Saint-Florentin. C'est en effet cette année-là que le célèbre Thibault VI, surnommé le "Postume" et le "Faiseur de chansons", comte de Champagne et de Brie, octroyait une charte d'affranchissement autorisant la constitution d'une commune. A cette époque, Saint-Florentin faisait partie de la province de la Champagne et était gouvernée par les comtes ou leurs délégués. Dans ses écrits, le vicomte de Tryon-Montalembert nous dit qu'à l'avènement d'Hugues Capet, c'est-à-dire pendant neuf siècles, la ville faisait corps avec le Sénonais dont Sens était la capitale. Les fils d'Hugues Capet : Robert le Pieux et Henri 1er s'étant successivement emparé de cette province, le premier en 1015 et le second en 1035, elle fut définitivement réunie au royaume à la mort de Rainard ou Renaud II, dernier comte de ce pays. Le vicomté de Saint-Florentin, dont l'origine remonte plus haut que celles de Tonnerre et de Joigny, s'est constamment tenue en dehors de l'administration civile et politique des deux comtés auxquels elle servait de limites. Elle avait son baillage particulier, son élection, son grenier à sel et s'intitulait membre du comté de Champa- gne. Dans les archives de la ville, on peut retrouver des lettres-patentes du roi Louis XV en date du 29 juillet 1768 données à Mgr Louis Phelypeaux, ministre et secrétaire d'Etat, alors comte de Saint-Florentin.

Souvent, des réceptions entre comtés avaient lieu, telle celle du 9 octobre 1769 offerte par M. le Comte de Saint-Florentin, ministre et secrétaire d'Etat, seigneur du comté de Saint-Florentin et de la baronnie d'Ervy. C'était l'occasion de réjouissances populaires où l'on dansait et où l'on buvait ferme. Il est vrai que les caves, dont certaines existent encore de nos jours, gardaient frais et longtemps les vins que produisaient alors les coteaux. La maladie a presque complètement fait disparaître les vignes dont seuls quelques arpents subsistent encore. Déjà, en 1650, aux temps même les plus éloignés, Saint-Florentin se distinguait par ses marchés, ses foires où l'on venait à pied, à cheval, en voiture des quatre coins du canton. Si l'on arrivait avec l'intention bien arrêtée d'y faire des affaires, l'on était certain de s'y amuser également pendant ces trois jours dont il ne reste plus... que le lundi matin. Le premier historien de la ville, Moreau des Plantes, qui vivait en 1650, écrivait qu'à cette époque il y avait à Saint-Florentin deux halles. L'une, le grand marché, qui se trouvait dans la Grande Rue, et l'autre, le petit marché, près de la place des Fontaines. Ces deux halles étaient construites, chose assez curieuse, sur des piliers. On y vendait toutes sortes de denrées : blé, orge, avoine, pois, verres, toiles et fils de chanvre et de lin, sans oublier les célèbres fromages accompagnés des excellents vins et du gibier varié en toute saison.

: A Saint-Florentin existent les fameux souterrains creusés au coeur de la ville alors que, place forte, elle était, nous dit le vicomte de Tryon-Montalembert dans ses écrits conservés aux archives départementales (1855), au Moyen-Age, une forteresse redoutable, sentinelle avancée des comtes de Champagne en lutte contre les ducs de Bourgogne. Détruite semble-t-il vers le règne de Louis XIV, la forteresse vit ses pierres récu- pérées par les habitants sur autorisation du roi, pour reconstruire une partie de l'église. Si l'on connaît avec bonheur l'histoire de Saint-Florentin, les documents concernant les souterrains sont beaucoup plus rares. On a pour se référer que les écrits d'Hermelin, de Salomon, de Charles Moiset, écrits qui parfois se contredisent. Avant de nous plonger dans ces vieux livres aux auteurs-chercheurs fort illustres, essayons, à notre époque, de voir, de découvrir en un mot ce qu'il reste de ces fameux passages secrets utilisés par nos aïeux.

Une chose est certaine et irréfutable : Saint-Florentin, ville de guerre dont l'exis- tence peut être retrouvée jusqu'en l'époque gallo-romaine, est construite sur une véritable taupinière truffée de boyaux parfois se superposant, s'entre coupant d'une façon très méthodique. Les habitants de la place de Castrodonum, puis ceux de Château-Florentin et même ceux de Saint-Florentin, à l'époque des conquérants, des guerres civiles, alors qu'arcs, flèches, bombarbes ou autres attirails nécessitaient fossés et murailles, ces habitants s'étaient entourés de fossés et de murailles flanqués de tours. Une seule subsiste rue du Collège, que tout le monde appelle d'ailleurs : Tour Brunehaut appelée ainsi "à tord" en souvenir des luttes farouches que se livrèrent Brunehaut et Frédégonde, ici, à Saint- Florentin, par l'intermédiaire de Landry, favori de Frédégonde, en 587.