Evénement

2003 Baudouin Prot (à droite) prend les commandes de BNP . Michel Pébereau reste président.

Une décennie

de surdité Ludovic/Réa

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

2002 MAI 2005 JANVIER 2006 Début des Dans une note, ABN Amro est transactions jugées le cabinet Cleary condamnée à payer illicites par la justice Gottlieb estime 40 millions de dollars américaine. que la banque pour violation des ne court aucun embargos sur l’Iran et risque avec la Libye. BNP Paribas la réglementation lance un audit interne Ofac, dès lors qui met en avant des qu’elle opère hors risques juridiques C. Ena/AP/Sipa

M. Bertrand pour Challenges du sol américain. « intrinsèques élevés ».

BNP PARIBAS Photononstop/AFP Chronique d’une amende annoncée Longtemps, la banque a ignoré les alertes sur les risques que prenait sa filiale suisse en commerçant avec des pays sous embargo américain. La facture extravagante vient de tomber : 9 milliards de dollars.

e 30 juin, à Washing- à six reprises les mots « dissimu- d’exemple : « C’est la première fois ton, le ministre de la ler » et « falsifier ». La sanction qu’une banque de taille mondiale Justice a sorti le ba- vient au paragraphe suivant : accepte de reconnaître sa culpabi- zooka : « BNP Paribas BNP Paribas, la première banque de lité pour des violations de grande Ls’est donné beaucoup de mal pour la zone euro, est condamnée à ampleur, poursuit le communiqué. dissimuler des transactions inter- 8,97 milliards de dollars d’amende, Désormais, ceux qui violent les dites, en effacer les traces et trom- la plus lourde peine jamais infligée sanctions américaines y réfléchi- per les autorités américaines. » à une banque étrangère. Clouée ront à deux fois. » Telle est la première phrase du com- au pilori, touchée au portefeuille, L’accord signé entre la banque et les muniqué d’Eric Holder, qui reprend elle est aussi utilisée pour servir autorités américaines vient clore un

14  CHALLENGES N°396 - 3 JUILLET 2014 profits de la banque de marchés de BNP Paribas. Pourtant, déjà, les premières mises en garde sont arrivées. Dans une note publiée le 24 janvier 2005, le Quai d’Orsay avertit : « Les entre- prises françaises qui ont des filiales ou des fournisseurs américains et

B. Guay/AFP qui envisagent de commercer avec 12 JUIN 2014. des pays sous embargo américain D. Allard/Réa La banque annonce le départ 1ER DÉCEMBRE 2011. Départ de Michel Pébereau, de Georges Chodron de Courcel, devront […] recourir aux services remplacé par Baudouin Prot. Jean-Laurent Bonnafé directeur général délégué, d’un avocat américain spécialisé (à gauche) devient le patron exécutif. qui préside la filiale suisse. pour identifier les restrictions Ludovic/Réa éventuellement applicables. » BNP Paribas s’exécute en mandatant le 2009 2010 2011 2012 2013 2014 cabinet Cleary Gottlieb. Verdict, li­ vré en mai 2005 et révélé par Le Monde : « En tant que banque non américaine, BNP Paribas elle- SEPTEMBRE PRINTEMPS 2013 Le rapport MARS 2014 même n’est pas assujettie aux lois 2006 annuel de BNP Paribas Suisse La banque passe sur les sanctions de l’OFAC. » Un représentant signale discrètement un risque une provision Jusqu’ici, tout va bien… de la justice judiciaire aux Etats-Unis. d’1,1 milliard de américaine, dollars pour faire Stuart Levey, face aux litiges. La jurisprudence ABN Amro se rend au siège Le vrai tournant a lieu en 2006. Le de BNP Paribas pour mettre 3 janvier, Washington condamne la en garde les DÉCEMBRE 2013 banque néerlandaise ABN Amro à C. Ena/AP/Sipa dirigeants sur Une quinzaine une amende de 40 millions de dol­ leurs relations de personnes de lars pour violation des embargos avec l’Iran. BNP Paribas Suisse sont licenciées. américains sur l’Iran et la Libye.

De Noyelle/Photononstop/AFP Les administrateurs Pour la première fois, des opéra­ sont alertés. tions effectuées hors des Etats-Unis sont incriminées. La seule utilisa­

Photononstop/AFP véritable thriller, avec à l’affiche une trouve une filiale, Paribas Suisse, tion du dollar dans les transactions galerie d’acteurs : des patrons sur le qui, au moment de la nationalisation permet de poursuivre les établisse­ gril, des juges inflexibles, une classe du secteur bancaire en 1982, a hérité ments. Cette nouvelle jurisprudence politique française maladroite et si­ de nombreux actifs et de banquiers inquiète suffisamment l’état-major dérée, une presse américaine dé­ audacieux. Spécialisée dans le né­ de BNP Paribas pour mobiliser, dès chaînée. Au cours de ces deux mois goce de matières premières, et pro­ le 16 janvier, ses fins limiers de l’Ins­ de suspense, les spéculations sur fitant du rôle de plaque tournante de pection générale. Ceux-ci mènent l’amende avaient grimpé jusqu’à « Désor- Genève sur ces métiers, Paribas a pendant trois mois un audit du dé­ 16 milliards de dollars… Le montant mais, régné en maître sur ce marché très partement ECEP (Energy, Commo­ sera finalement calé à un niveau ceux qui lucratif dans les années 1990. Ses dities, Export et Project). Dirigé par supportable – une année de profits principaux clients, les grands cour­ Dominique Rémy, il inclut les activi­ effacée qui passera sous forme de violent les tiers en matières premières, s’ap­ tés suisses. Leurs conclusions, révé­ charge exceptionnelle au deuxième sanctions pellent Trafigura, Vitol, Mercuria, lées par L’Express, pointent « un trimestre 2014. améri- Glencore, sans oublier le sulfureux risque opérationnel intrinsèque » Condamnée, stigmatisée, la banque Marc Rich… Des géants opaques, pour la banque, lié à un « défaut de est au moins libérée de l’incertitude. caines y qui acheminent dans le monde en­ surveillance » sur les opérations en Et l’interdiction de faire des paie­ réfléchiront tier métaux, céréales, pétrole et gaz. dollars avec les pays sous embargo. ments en dollars est limitée au fi­ à deux Après le 11 septembre 2001, les af­ Limpide. Mais pas encore suffisant nancement de matières premières, faires se compliquent. Les Etats- pour convaincre la banque de re­ dans certaines implantations. La fi­ fois. » Unis renforcent leur programme de plier les voiles. liale de Genève, notamment, celle Eric Holder, sanctions piloté par l’OFAC, l’auto­ BNP Paribas veut doubler cette ana­ par qui le scandale est arrivé… ministre rité chargée du contrôle des embar­ lyse interne d’un décryptage juri­ L’histoire se venge. Pour compren­ de la Justice. gos. La filiale suisse fait la sourde dique circonstancié de la décision dre cette affaire, il faut remonter au oreille, utilisant des codes pour ABN Amro. Elle mandate trois cabi­ rachat en 2000 de la banque d’af­ maquiller l’origine des transactions nets d’avocats anglo-saxons : Cleary faires Paribas par BNP. Le fait avec des pays sous embargo comme Gottlieb, Clifford Chance et Skad­ d’armes de Michel Pébereau, qui l’Iran et le Soudan, car celles-ci font den, Arps, Slate, Meagher & Flom. orchestre magistralement la fusion. sa fortune : en 2006, les matières Le 23 juin, Cleary agite cette fois le Or dans la corbeille de la mariée se premières assurent jusqu’à 20 % des drapeau rouge, suivi le EEE

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EEE 28 août de Clifford. Pour eux, le doute n’est plus permis : BNP Pa- LE DÉBAT ribas pourrait tomber à son tour sous le coup d’une décision extra- L’affaire américaine impacte-t-elle territoriale. Panique rue d’Antin ? L’épaisse moquette y amortit visi- le business de BNP Paribas ? blement ces mises en garde. « La direction générale n’a pas alors OUI. THOMAS ROCAFULL, NON. CHRISTOPHER DEMBIK, considéré le sujet comme une af­ directeur services analyste faire grave, personne ne pouvant financiers du cabinet à Saxo Banque SIA Partners imaginer le niveau extravagant des « BNP Paribas devrait sanctions », plaide aujourd’hui un « La décision américaine très largement résister membre du conseil d’administra- va naturellement avoir à l’amende infligée tion. Un autre, très formaliste, com- un impact sur la banque. par les autorités plète : « Aucune notification d’un Pas tant en termes de américaines qui, organisme de contrôle français ou solvabilité : BNP Paribas en comparaison est solide, après être parvenue à traverser avec les actifs gérés par la banque, européen n’avait été délivrée. » En la crise. Mais la condamnation va rendre ne représente qu’un montant très faible. réalité, dans un compartiment de la difficiles certaines transactions : la banque Il ne faut pas oublier que BNP Paribas banque habitué aux choix opportu- va désormais y regarder à deux fois possède environ 6 milliards d’euros nistes, le sentiment dominant était avant d’accompagner des entreprises d’excédents de liquidités. Pour faire face que « tout ça se plaide », comme le en Iran, par exemple. à l’amende, la solution la plus probable résume un membre du comité exé- Aux Etats-Unis, la direction va devoir faire sera celle d’au moins une année blanche des efforts importants pour remobiliser pour les actionnaires, qui ne recevront pas cutif du groupe. Un consultant ses troupes ébranlées et retrouver de dividendes. En termes de réputation, proche de la direction de la banque une dynamique interne. De manière l’impact devrait être lui aussi assez n’est pas étonné par cette prise de plus générale, les banques internationales limité, car d’autres banques européennes risque : « BNP Paribas est incapable savent désormais, sans ambiguïté, devraient suivre. Les investisseurs d’avoir un dialogue d’égal à égal qu’elles évoluent sous le regard attentif réagissent bien, comme le montre le cours avec les conseils qu’elle embauche. » de la justice américaine. Ce sont bien de l’action, qui est remonté. Au final, les Etats-Unis qui font la loi dans la finance la conséquence la plus sérieuse est mondiale. L’Union européenne est la crise de confiance en interne. L’émissaire de Washington totalement inexistante sur ce terrain. » Les employés ont été très déstabilisés. »

Le sommet de l’aveuglement est at- Photos : Sia - Saxo teint en septembre 2006. L’avertisse- ment vient cette fois des autorités américaines elles-mêmes. Le sous- de dollars d’opérations frauduleuses port avec les profits qu’elles ont pu secrétaire au Trésor américain de avec l’Iran ont été conduites… Pire, générer – probablement cent fois l’époque, Stuart Levey, chargé du les transactions avec Cuba se pour- moins importants. contrôle financier et de la lutte suivent jusqu’en 2010, et même 2012 Ce niveau très élevé de sanction contre le terrorisme, se rend au pour l’Iran. vient sans doute d’une nouvelle er- siège de la banque à , comme à Les consignes n’auraient donc pas reur d’appréciation. En 2013, quand celui de 40 autres établissements été respectées, expliquant la quin- la justice américaine se fait plus européens. Avec le soutien explicite zaine de licenciements opérés à pressante, la banque de la rue d’An- de la secrétaire d’Etat Condoleezza « On ne Genève fin 2013 ? Ou le risque tin « a choisi de ne pas coopérer Rice, cet avocat diplômé de Harvard joue pas d’amende aurait-il été si mal appré- pleinement », selon les termes du demande aux banques de participer cié que la banque a pu imaginer que ministère de la Justice. Une attitude à l’étouffement méthodique de l’éco- au plus fin le jeu en valait la chandelle ? Sur ce inverse de celle adoptée par HSBC nomie iranienne. « Levey’s War », avec un dernier point, le raisonnement était et Standard Chartered, coupables, titre alors le New York Times. « Les juge d’ins- de toute façon erroné. La justice elles aussi, d’avoir contourné les banquiers s’agacent de cette mé­ américaine ne fonctionne pas sur un sanctions. Dès la première alerte, thode, se souvient un diplomate eu- truction principe de proportionnalité. ces établissements ont joué la ropéen. Ils se plaignent de pres­ américain. » « Contrairement au droit français, ­coopération totale. Faute avouée à sions américaines. Mais, à la fin, qui applique strictement le prin­ moitié pardonnée. Ainsi s’explique ils cèdent. » Ceux de BNP Paribas Georges Ugeux, cipe de réparation, le système judi­ la relative clémence dont elles ont banquier comme les autres ? Michel Pébe- d’affaires. ciaire américain peut imposer des bénéficié : 1,9 milliard de dollars reau, alors président de la banque, et dommages et intérêts punitifs, d’amende pour HBSC, 667 millions nommé administrateur de la filiale sans rapport avec la faute subie », pour Standard Chartered. « Les di­ suisse en remplacement de Michel souligne Edouard Treppoz, profes- rigeants de BNP Paribas ont pro­ François-Poncet, assure qu’il a ap- seur visiteur à la Columbia Law bablement sous-estimé les risques pris le même jour de 2007 l’existence School. Cela explique les mauvaises de ne pas jouer cartes sur table, d’opérations avec le Soudan, et leur surprises d’aujourd’hui : les 8,9 mil- souligne ainsi le banquier d’affaires cessation. Pourtant, depuis les mises liards de dollars d’amende corres- Georges Ugeux. On ne joue pas au en garde de 2006, il s’est passé plus pondent peu ou prou à la totalité des plus fin avec un juge d’instruction d’un an… durant lequel 6,4 milliards transactions frauduleuses, sans rap- américain. » EEE

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EEE Ultime erreur, lorsque l’affaire éclate au grand jour avec les révéla- tions du New York Times, fin mai, la stratégie de défense de la banque – qui a interdiction de s’exprimer directement – se révèle désastreuse. D’abord, le gouverneur de la Banque de invite les autorités américaines à préserver « le bon fonctionnement du système financier international ». Une forme de chantage que les juges américains ont dû modérément goû- ter. Puis les politiques s’en mêlent. L’affaire s’invite même – lourde- ment – au dîner réunissant François Hollande et Barack Obama sur les Succursale de Bank of the West à San Francisco. En négociant avec la justice américaine, plages du Débarquement. Le pré- BNP Paribas a sauvé l’activité de cette filiale, cinquième banque de détail en Californie. sident américain lui oppose une fin de non-recevoir très sèche. Normal. Aux Etats-Unis, tenter d’infléchir le Les autres sanctions restent modérées cours de la justice est pire qu’une faute, un sacrilège. Ces pressions uf ! En plaidant Seule restriction parmi craint Eric Delannoy, ont été jugées par la presse améri- coupable, ces opérations vice-président du cabinet caine « dignes d’une République O BNP Paribas a gardé de « clearing », la banque Weave. bananière », décode Laurence Nar- sa licence bancaire va se voir imposer, à partir A moyen terme, les lois don, chercheuse et responsable du aux Etats-Unis, et protège du 1er janvier 2015 d’extraterritorialité donc son activité et pendant un an, américaines qui s’expriment programme Etats-Unis à l’Institut américaine, et notamment une suspension de celles dans la sanction contre français des relations internatio- sa filiale de banque qui touchent les activités BNP Paribas vont toutefois nales (Ifri). Le mea culpa – attitude de détail Bank of the West, de négoce de pétrole et faire souffrir les groupes qui aurait protégé la banque – vient le cinquième réseau de gaz. Pour les majors, pétroliers : « Le message donc trop tard. Le 27 juin, à trois de Californie. Elle les conséquences seront est désormais clair, estime jours de l’annonce des sanctions, continuera également limitées : « Nous travaillons Denis Florin du cabinet de servir ses clients avec 34 établissements Lavoisier Conseil. C’est Jean-Laurent Bonnafé, le directeur internationaux qui utilisent financiers et BNP Paribas Washington qui donne général, reconnaît enfin dans une sa branche américaine n’est pas notre banque le “la”. Et ça risque d’être note aux salariés que « des dysfonc- pour la compensation dollars », dit un porte-parole très problématique dans les tionnements sont intervenus et des en dollars, comme de Total. En revanche, pour prochains mois, quand vont erreurs ont été commises. Nous se- la Caisse des dépôts, BNP Paribas, l’impact sera s’ouvrir les négociations rons lourdement condamnés ». un moment inquiète pour fort : « Interdire de négoce la pour des champs pétroliers ses futures transactions banque pendant un an, cela et gaziers en Iran en monnaie américaine. conduit à fermer l’activité », et au Sud Soudan ». N. S. Un shérif à New York A la décharge de BNP Paribas, les Crédit photo circonstances ont joué aussi contre elle. En 2013, à l’approche des de la justice américaine. Michel rétorque un autre. Mais pourquoi ne ­élections de mi-mandat, l’opinion ­Pébereau, président de la banque au l’a-t-il plus évoqué ? « Parce que les ­publique américaine s’est exaspérée moment des faits reprochés, le rap- risques étaient alors estimés à contre les banques, toujours impu- pelle volontiers pour préciser qu’il Les quelques dizaines de millions de nies. Dans ce contexte, un shérif ne se sent pas concerné. Baudouin pressions dollars. Autrement dit, un petit veut lyncher les banquiers : Benja- Prot, qui avait alors la direction opé- risque… », poursuit notre défen- min Lawsky, le patron des services rationnelle de la banque, peut-il en politiques seur du management en place. financiers de l’Etat de New York. Il dire autant ? côté Maintenant que le compteur améri- réclame des têtes. Tout dépend du contenu du rapport français cain s’est arrêté à 8,9 milliards de Au sommet de la banque française, interne commandé en 2006 à l’Ins- dollars, le président de BNP Paribas la première à rouler sera celle de pection de BNP Paribas, qu’il n’a pas ont été pourra-t-il faire face ? S’il devait Georges Chodron de Courcel, le pu ignorer : « Dans le système BNP, très mal ­partir, des chasseurs de têtes pa- 12 juin. Directeur général délégué les rapports d’inspection par- perçues rient déjà sur un nouveau tandem ; de BNP Paribas, président de Pari- viennent systématiquement à la et attendent l’arrivée, au côté de bas Suisse, âgé de 64 ans – quand on direction générale », précise un ad- outre- Jean-Laurent Bonnafé, de François prend généralement sa retraite à ministrateur, marri d’avoir été insuf- Atlantique. Villeroy de Galhau, 55 ans, celui-là 60 ans rue d’Antin –, il est le fusible fisamment informé. « Baudouin même qui a refusé, il y a quelques idéal. Il est aussi le seul à être impli- Prot en a parlé au conseil quand mois, la direction du Trésor. citement mentionné dans le rapport l’enquête interne a été lancée », lui Delphine Déchaux et Grégoire Pinson

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