1. Le Retour des Cendres

A NE PAS MANQUER

- La riche iconographie empreinte de recueillement et de solennité autour de l’ultime voyage de Napoléon (tableaux officiels, gravures populaires) - La réplique du masque mortuaire de Napoléon Ier réalisée au début du XXe siècle à une époque où le mythe est encore particulièrement vivace. - Le modèle de La Belle Poule, frégate qui a ramené les cendres de Napoléon Ier - Les « Aigles », symboles de l’Empire.

POUR UNE VISITE PLUS RICHE

- La visite du tombeau de Napoléon au musée de l’Armée (www.invalides.org) - Les sites de la Fondation Napoléon (www..org) ou de l’Histoire par l’image (www.histoire-image.org) : analyses commentées de quelques portraits et événements célèbres

TEXTES & DOCUMENTS

François René de Chateaubriand, à propos du mythe napoléonien

« Bonaparte n’est plus le vrai Bonaparte, c’est une figure légendaire composée de lubies du poète, des devis du soldat et des contes du peuple : c’est le et l’Alexandre des épopées du Moyen-Age que nous voyons aujourd’hui. Ce héros fantastique restera le personnage réel, les autres disparaîtront. »

Victor Hugo, à propos du Retour des Cendres de Napoléon en 1840

« C’est la fête d’un cercueil exilé qui revient en triomphe » , à propos de la ferveur populaire dans les campagnes

« Le premier enthousiasme politique dont je me souviens me frappa dans une cour de village attenante à la cour de notre maison. Elle appartenait à un jeune homme nommé Janin, un peu plus instruit que ses voisins et qui enseignait à lire aux enfants de la paroisse. Un jour, il sortit d’une masure qui lui servait d’école, au son d’une clarinette et d’un tambour et, ayant rassemblé autour de lui les garçons et les filles de Milly, il leur montra les images de ces grands hommes que vendait le colporteur à côté de lui. « Voilà, leur disait-il, la bataille des Pyramides. En Egypte, gagnée par le général Bonaparte. C’est ce petit homme maigre et noir, qui caracole avec son long sabre à la main devant ce tas de pierres taillées qu’on appelle les pyramides » ; le colporteur passa la matinée à vendre cette gloire nationale et Janin à l’expliquer aux vignerons. Son enthousiasme se communiquait à tout le pays. C’est ainsi que j’eus les premières sensations de la gloire. Un cheval, un plumet, un grand sabre étaient toujours symboliques. Ce peuple était un soldat pour longtemps, peut-être pour toujours. On parla pendant toutes les soirées d’hiver, dans les écuries, de la vente de ce colporteur et Janin était sans cesse rappelé pour déchiffrer les textes de ces belles et véridiques images. » 2. Les voyages

A NE PAS MANQUER - Le portrait de Napoléon peint à bord de L’Orient lors de la traversée pour l’Egypte - Le modèle du navire La Muiron qui orna son cabinet de travail au château de Malmaison - Les représentations de Napoléon à la conquête de l’Orient : embarquement à et débarquement de nuit à Alexandrie POUR UNE VISITE PLUS RICHE - Le musée national du château de la Malmaison : résidence de campagne de Joséphine et Napoléon au début de son règne. - Le musée de l’Armée : présentation de souvenirs personnels de Napoléon TEXTES & DOCUMENTS

Inquiétudes de l’amiral Brueys concernant le chargement des navires lors de l’expédition d’Egypte, 1er mai 1798

« Nos vaisseaux sont encombrés au point que tout le faux-pont est plein de manière à ne pouvoir recevoir un blessé, la cale bondée, la soute aux poudres engorgée, et sur l’ordre que j’avais donné aux capitaines d’embarquer tout ce qui leur était destiné, plusieurs effets sont dans les batteries, quoique tout ne soit pas encore à bord. Je te prie de considérer cet article comme officiel afin d’en faire part à la commission et lui demander si l’intention du gouvernement est que l’escadre parte de manière à ne pas pouvoir livrer un combat, ou du moins de l’entreprendre avec un tel désavantage que le succès serait très incertain. Une escadre est armée pour protéger les bâtiments e transport, mais si on convertit les vaisseaux de guerre en bâtiment de cette espèce, leur protection devient nulle […] Il me paraît peu raisonnable de faire partir des vaisseaux de guerre dans cet état, lorsqu’ils peuvent rencontrer d’un moment à l’autre un ennemi supérieur. »

Le départ en Orient et la prise de Malte par Francois-René de CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe (1850)

« Napoléon s'embarque : on dirait d'Homère ou du héros qui enfermait les chants du Méonide dans une cassette d'or. Cet homme ne chemine pas tout doucement : à peine a-t-il mis l'Italie sous ses pieds, qu'il paraît en Égypte ; épisode romanesque dont il agrandit sa vie réelle. Comme Charlemagne, il attache une épopée à son histoire. Dans la bibliothèque qu'il emporta se trouvaient Ossian, Werther, La Nouvelle Héloïse et Le Vieux Testament : indication du chaos de la tête de Napoléon. Il mêlait les idées positives et les sentiments romanesques, les systèmes et les chimères, les études sérieuses et les emportements de l'imagination, la sagesse et la folie. De ces productions incohérentes du siècle, il tira l'Empire ; songe immense, mais rapide comme la nuit désordonnée qui l'avait enfanté. Entré dans Toulon le 9 mai 1798, Napoléon descend à l'hôtel de la Marine ; dix jours après il monte sur le vaisseau amiral l'Orient ; le 19 mai il met à la voile ; il part de la borne où pour la première fois il avait répandu le sang, et un sang français : les massacres de Toulon l'avaient préparé aux massacres de Jaffa. Il menait avec lui les généraux premiers-nés de sa gloire: Berthier, Caffarelli, Kléber, Desaix, Lannes, Murat, Menou. Treize vaisseaux de ligne, quatorze frégates, quatre cents bâtiments de transport l'accompagnent. Nelson le laissa échapper du port et le manqua sur les flots, bien qu'une fois nos navires ne fussent qu'à six lieues de distance des vaisseaux anglais; De la mer de Sicile, Napoléon aperçut le sommet des Apennins ; il dit : "Je ne puis voir sans émotion la terre d'Italie ; voilà l'Orient : j'y vais." A l'aspect de l'Ida, explosion d'admiration sur Minos et la sagesse antique. Dans la traversée, Bonaparte se plaisait à réunir les savants et provoquait leurs disputes ; il se rangeait ordinairement à l'avis du plus absurde ou du plus audacieux ; il s'enquérait si les planètes étaient habitées, quand elles seraient détruites par l'eau ou par le feu, comme s'il eût été chargé de l'inspection de l'armée céleste. Il aborde Malte, déniche la vieille chevalerie retirée dans le trou d'un rocher marin ; puis il descend parmi les ruines de la cité d'Alexandre. Il voit à la pointe du jour cette colonne de Pompée que j'apercevais du bord de mon vaisseau en m'éloignant de la Libye. Du pied du monument, immortalisé d'un grand et triste nom, il s'élance ; il escalade les murailles derrière lesquelles se trouvait jadis le Dépôt des remèdes de l'âme, et les Aiguilles de Cléopâtre, maintenant couchées à terre parmi des chiens maigres. La porte de Rosette est forcée ; nos troupes se ruent dans les deux havres et dans le phare. Égorgement effroyable ! »

En mer, lettre du naturaliste Geoffroy Saint-Hilaire au naturaliste Cuvier (les deux hommes étaient sur des vaisseaux différents)

« Voici comment je passe mon temps. A mon réveil, je vais sur le pont m’informer de ce qui s’est passé durant la nuit et m’instruire des manœuvres en mer et de toutes les parties du vaisseau. Nous déjeunons puis vient le moment du recueillement. Je travaille et je lis. Nous dînons à quatre heures ; après le dîner, je jouis de la plus aimable conversation. Quand le jour a cessé, je fais une partie de reversis avec le général de division Reynier, le général d’artillerie Manscourt et l’épouse du commissionnaire des guerres. Tous mes moments sont de cette manière si bien employés que je n’éprouve aucun ennui. A la vérité, je jouis de toutes les douceurs de la vie. »

Quelques jours avant le débarquement à Alexandrie, Bonaparte s’adresse aux équipages et révèle enfin le but de l’expédition, 22 juin 1798.

« Soldats ! vous allez entreprendre une conquête dont les effets sur la civilisation et le commerce sont incalculables […] Les peuples avec lesquels nous allons vivre sont mahométans […] Ayez pour les cérémonies que prescrit l’Alcoran, pour les mosquées la même tolérance que vous avez eue pour les couvents, pour les synagogues, pour la religion de Moïse et de Jésus-Christ. Les légions romaines protégeaient toutes les religions. Vous trouverez ici des usages différents de ceux de l’Europe, il faut vous y accoutumer […] La première ville que nous allons rencontrer a été bâtie par Alexandre. Nous trouverons à chaque pas des souvenirs dignes d’exciter l’émulation des Français. 3. Le duel avec L’Angleterre

A NE PAS MANQUER - La reconstitution, taille réelle du Nautilus de Fulton permet de se pencher sur les innovations techniques du début du XIXe siècle. - Le voyage aux Terres Australes [Australie] de Nicolas Baudin qui s’inscrit dans la grande lignée des voyages d’exploration scientifique du XVIIIe siècle. - Les caricatures et gravures satiriques : discours véhiculé par l’image de part et d’autre de la Manche, travail sur la lecture d’images. - La peinture de Louis Garneray autour des pontons anglais ainsi que les émouvants objets réalisés par les marins prisonniers

POUR UNE VISITE PLUS RICHE - Les explorations scientifiques au musée national de la Marine (www.musee-marine.fr) : la visite cette section permet de suivre les expéditions de deux grands navigateurs, Lapérouse et Dumont d'Urville. - L’exposition virtuelle « Napoléon et la mer » (www.musee-marine.fr) : un dossier tout en images sur Fulton et le Nautilus. - Le musée des Arts et Métiers (www.arts-et-metiers.net) visite autour des innovations techniques du début du XIXe siècle - Le museum national d’histoire naturelle (www.mnhn.fr) : collections zoologiques et botaniques du début du XIXe siècle - Le site Internet de la Fondation Napoléon (www.napoleon.org ) : une exposition virtuelle intitulée « L’anti napoléon » présente de nombreuses caricatures anglaises, allemandes et françaises ainsi que des ressources complémentaires ...

TEXTES & DOCUMENTS

Bertrand Barère, rapport à la Convention du 7 prairial an II (26 mai 1794) à propos de sa haine des anglais

« Oui, spéculateurs britanniques, marchands de trahisons et d'esclaves, banquiers de crimes et de contre-révolutionnaires, nous vous abhorrons. La haine de Rome contre Carthage revit dans les âmes françaises comme la foi punique revit dans les cœurs anglais »

Louis Garneray, peintre, à propos des pontons (prisons flottantes anglaises) où il a séjourné

« Que l'on se figure une génération de morts sortant un moment de leurs tombes, les yeux caves, le teint hâve et terreux, le dos voûté, la barbe inculte, à peine recouverts de haillons jaunes en lambeaux, le corps d'une maigreur effrayante. [...] Les harengs saurs étaient ordinairement d'une si détestable qualité que nous ne pouvions, quoique tombant d'inanition, nous décider à les manger ; nous les vendions à raison de deux sous aux fournisseurs qui les gardaient pour nous les représenter la semaine suivante. Je suis persuadé que certains harengs furent servis pendant plus de dix ans de suite. »

Nicolas Baudin, commandant de l’expédition aux terres australes (1800-1803), dans son journal de bord

« Des administrateurs aussi éclairés que vous concevront aisément que le gouvernement n’a pas fait entreprendre dans les circonstances actuelles une expédition de la nature de celle que je vais faire sans avoir un but d’une utilité plus solide que le simple rassemblement d’objets de curiosité ». Que l’on m’amène un seul individu ignorant sur cette île les visées impérialistes de l’Angleterre et les défaites qu’elle infligea à notre marine. Le plus inculte des paysans disserterait avec autant de fougue qu’un ministre sur l’antipathie naturelle qui oppose nos deux nations ! Il ne me semblait donc pas avoir trahi les desseins secrets du Premier Consul, pas même avoir avoué une chose extraordinaire. Tous les chefs d’expédition avant moi ont reçu le même ordre d’examiner les établissements anglais dans le monde. La Pérouse ne devait-il pas aborder dans les îles et dans les ports de l’océan Pacifique occupés par les Européens pour s’enquérir avec précaution de leur influence ? Malgré son amour indéniable de la science, voulût-on que Napoléon commanditât notre navigation uniquement pour le muséum ? Voulût-on qu’il nous recommandât de n’observer que la fourrure des éléphants marins mais pas le commerce que l’on en fait, les acrobaties des baleines mais pas la quantité d’huile qu’elles fournissent, les insectes du Port Jackson mais surtout pas la disposition de sa rade ? Et que croit-on des Anglais ? Qu’ils herborisent sans autre prétention que d’agrandir les collections de monsieur Banks ? Pourquoi, si acharnées dans leurs conquêtes coloniales, la Grande-Bretagne et la auraient-elles soudainement renoncé, l’une à envoyer sur les mers ses tout-puissants vaisseaux, l’autre à regagner un peu de son expansion grâce à son nouveau souverain qui, au début de 1800, n’avait aucune raison de limiter ses ambitions à l’Europe ? » 4. Les marins de Napoléon

A NE PAS MANQUER - La galerie de portraits : lecture d’un portrait officiel (Laurent Forfait) - La reconstitution de l’entrepont d’un navire permettant une compréhension des conditions de vie à bord des navires de guerre - Les rares témoignages de la vie quotidienne à bord des navires (tabatières, vaisselle trouvée sur l’épave du Golymin) POUR UNE VISITE PLUS RICHE - L’exposition virtuelle « Napoléon et la mer » (www.musee-marine.fr) : dossier tout en image sur la vie à bord - Les peintures de Joseph Vernet au musée national de la Marine (www.musee-marine.fr) : Le tableau consacré à l’embarquement des vivres dans le port de Toulon. Une présentation interactive de ce tableau ainsi que nombreuses autres ressources sont également proposées dans l’exposition virtuelle Joseph Vernet du site du musée national de la Marine. - Le film « Master and commander » de Peter Weir : très bonne illustration de la vie de l’équipage à bord d’un vaisseau anglais à l’époque napoléonienne. TEXTES & DOCUMENTS Un jeune marin qui accueille mal la réforme des équipages

« La nouvelle organisation du corps m'a complètement dégoûté de la marine. Nous sommes payés comme des militaires, on nous fait des retenues pour linge, chaussures, qui emportent nos derniers appointements. Nous ne faisons plus rien que militairement, au point que nous oublierons maintenant que nous sommes marins. En voulant restaurer sa marine, notre Empereur lui a porté le dernier coup, car en voulant faire des marins et des soldats, il ne parviendra ni à l'un ni à l'autre. » Lettre de Napoléon à son ministre de la Marine Décrès à propos de la formation des marins

« Dites aux amiraux qui les commandent que nos soldats sont capables de tout, il faut apprendre aux plus lestes à monter sur les mâts, et, pour les encourager, donner une récompense à celui qui montera le plus haut. » Réponse du ministre de la Marine Décrès au précédent courrier de Napoléon

« Ce que des novices apprennent dans des canots ou des péniches n’est rien. Le marin ne se forme que dans les tempêtes. Il est facile de manier un aviron, il ne faut pour cela qu’un exercice facile et une main calleuse ; mais pour serrer une voile dans un coup de vent, pour prendre un ris dans la même circonstance, il faut savoir courir sur les vergues qui bondissent en quelque sorte avec les flots, il faut connaître la corde à saisir, s’y attacher fortement et cependant conserver son agilité et sa force. Il faut surtout avoir l’estomac et la tête libre de l’effet de la mer [ …]. Tout cela, Sire, ce ne sont pas les règlements qui peuvent le donner, c’est l’usage seul de la mer et son usage le plus habituel ”. Lecomte, officier de Marine, à propos de l'indépendance des officiers Les officiers, tous de provenance différente, s'aimaient peu entre eux ; il n'y avait pas d'esprit de corps. A compter des plus ignorants jusqu'aux plus instruits, il régnait une sorte de fatuité, de présomption et d'orgueil qui était plus que ridicule. La subordination était plus que compromise, chacun, quelque infime que fut son grade, se croyait plus habile, non pas seulement que son chef plus immédiat, mais même que l'officier le plus élevé en grade... C'était, je pense, avec raison que l'on attribuait en général à cet esprit d'insubordination le défaut d'unité qui avait manqué aux combats de nos escadres et qui avait principalement causé nos désastres maritimes. […] La mode régnait dans la marine, et chacun s'habilla selon le goût donné par quelques-uns ; aussi, l'aspect qu'offrait une réunion d'officiers était-il bizarre. Les uns se coiffaient d'un énorme claque, les autres d'un chapeau d'uniforme porté indifféremment soit en pointe, soit en bataille... Les uns portaient des culottes, les autres des pantalons ; on portait des bottes selon son goût ou selon sa jambe, soit avec des revers jaunes, ou bien avec la botte russe qui était la plus élégante. Il y en avait même qui avaient adopté la botte à l'écuyère ! Nous détestions les Anglais et nous voulions faire de l'anglomanie !

Napoléon dans le « Mémorial de Sainte-Hélène », à propos du ministre de la Marine, Decrès

« Dans la Marine, la stérilité était réelle et Decrès était peut-être encore le meilleur. Il avait du commandement, son administration était rigoureuse et pure. Il avait de l'esprit, et beaucoup, mais seulement pour la conversation, il ne créait rien, exécutait mesquinement, marchait et ne voulait pas courir. Il eût dû passer la moitié de son temps dans les ports et sur les flottes d'exercice ; je lui en eusse tenu compte ; mais, en courtisan, il craignait de s'éloigner de son portefeuille, il me connaissait mal ; il eût été bien mieux défendu là que dans ma cour ; son éloignement eût été son meilleur avocat. » Napoléon dans le « Mémorial de Sainte-Hélène » « J'ai passé tout mon temps à chercher l'homme de la marine sans avoir jamais pu le rencontrer. Il y a dans ce métier une technicité qui arrêtait toute mes conceptions. […] Sous mon règne, il n'a jamais pu s'élever dans la marine quelqu'un qui s'écartât de la routine et qui sût créer. […] j'estimais les marins, j'admirais leur courage, mais je n'ai jamais pu trouver entre eux et moi d'intermédiaire qui sût les faire agir. Pourquoi Suffren n'a-t-il pas vécu jusqu'à moi ! Les affaires eussent pris une autre tournure. […] » 5. Le Grand Dessein

A NE PAS MANQUER - Le plan du camp de Boulogne et maquettes des bateaux plats devant servir au plan d’envahissement de l’Angleterre - Les tableaux officiels français et caricatures anglaises

POUR UNE VISITE PLUS RICHE - La construction navale en bois au musée national de la Marine (www.musee-marine.fr) : la section consacrée à la construction navale en bois retrace toutes les étapes de la construction d’un navire. - La colonne de la Grande Armée à Boulogne sur Mer (www.ville-boulogne-sur-mer.fr) - Le site Internet de la Fondation Napoléon (www.napoleon.org ) : une exposition virtuelle intitulée « L’anti napoléon » présente de nombreuses caricatures anglaises, allemandes et françaises ainsi que des ressources complémentaires ... TEXTES & DOCUMENTS Constant, valet de chambre de Napoléon à propos de la visite officielle du camp de Boulogne, en juillet 1804

« Le 20 juillet au matin, en montant à cheval, l’Empereur annonça qu’il passerait en revue l’armée navale en pleine mer. Il partit avec Roustuan pour sa promenade habituelle, et témoigna son désir que tout fût prêt pour son retour, dont il désigna l’heure. Tout le monde savait que le désir de l’Empereur était sa volonté ; on alla, pendant son absence, le transmettre à l’amiral Bruix, qui répondit avec un imperturbable sang-froid qu’il était bien fâché, mais que la revue n’aurait pas lieu ce jour-là. En conséquence, aucun bâtiment ne bougea. De retour de sa promenade, l’Empereur demanda si tout était prêt ; on lui dit ce que l’amiral avait répondu. Il se fit répéter deux fois cette réponse, au ton de laquelle il n’était point habitué, et, frappant du pied avec violence, il envoya chercher l’amiral. L’Empereur, au gré duquel l’amiral ne venait point assez vite, le rencontra à moitié chemin de sa baraque. L’état-major suivait Sa Majesté, et se rangea silencieusement autour d’elle. Ses yeux lançait des éclairs. « Monsieur l’amiral, dit l’Empereur d’une voix altérée, pourquoi n’avez-vous pas fait exécuté mes ordres ? – Sire, répondit avec une fermeté respectueuse l’amiral Bruix, une horrible tempête se prépare. Votre Majesté peut le voir comme moi. Veut-elle exposer inutilement la vie de tant de braves gens ? » En effet, la pesanteur de l’atmosphère et le grondement sourd qui se faisait entendre au loin ne justifiant que trop les craintes de l’amiral. « Monsieur, répond l’Empereur de plus en plus irrité, j’ai donné des ordres ; encore une fois, pourquoi ne les avez-vous pas exécutés ? Les conséquences me regardent seul. Obéissez ! » - Sire, je n’obéirai pas. – Monsieur, vous êtes un insolent ! » Et l’Empereur, qui tenait encore sa cravache à la main, s’avança vers l’amiral en faisant un geste menaçant. L’amiral Bruix recula d’un pas, et mettant la main sur la garde de son épée : « Sire, dit-il en pâlissant, prenez garde ! » Tous les assistants étaient glacés d’effroi. L’Empereur, quelque temps immobile, la main levée, attachait ses yeux sur l’amiral qui, de son côté, conservait une terrible attitude. Enfin, l’Empereur jeta sa cravache à terre. M. Bruix lâcha le pommeau de son épée, et, la tête découverte, il attendit le résultat de cette horrible scène. M. le contre-amiral Magon fit faire à la flotte le mouvement fatal ordonné par l’Empereur. » Napoléon relatant à Joséphine la tempête de la veille qui fit plus de deux cents morts (voir extrait précédent).

« Le vent ayant beaucoup fraîchi cette nuit, une de nos canonnières qui était en rade a chassé et s’est engagé sur des rochers à une lieue de Boulogne. ; j’ai tout cru perdu, corps et biens ; mais nous sommes parvenus à tout sauver. Ce spectacle était grand ; des coups de canon d’alarme, le rivage couvert de feux, la mer en fureur et mugissante, toute la nuit dans l’anxiété de sauver ou de voir périr ces malheureux ! L’âme était entre l’éternité, l’océan et la nuit. A cinq heures du matin, tout s’est éclairci, tout a été sauvé, et je me suis couché avec la sensation d’un rêve romanesque et épique ; situation qui eût pu me faire penser que j’étais tout seul, si la fatigue et le corps trempé m’avaient laissé d’autres besoins que de dormir.

Napoléon lors d’une visite dans les nouveaux ports d’Ambleteuse et Wimereux, à propos de l’état de la marine française en 1804

« J’ai été visiter aujourd’hui dans le plus grand détail tous les ateliers de marine ; cela est aussi pitoyable qu’il est possible de l’imaginer. Je viens de transformer une caserne en arsenal de la marine. Il faut que j’ordonne tout dans le plus petit détail. J’ai passé plusieurs heures à inspecter les troupes homme à homme. [ …] J’ai passé une portion de la nuit dernière à faire faire aux troupes des évolutions de nuit, manœuvres que les troupes instruites et bien disciplinées peuvent quelquefois faire avec avantage contre les levées de masse. Tout commence à prendre un aspect redoutable. »

Madame de Staël à propos du camp de Boulogne «Ce fut pendant l’été 1803 que commença la Grande Farce de la Descente : des bateaux plats furent ordonnés d’un bout de la France à l’autre ; on en construisit dans les forêts, sur les bords des grands chemins. Les Français, qui ont, en toutes choses, une assez grande ardeur imitative, taillaient planche sur planche, faisaient phrase sur phrase : les uns, en Picardie, élevaient un sur lequel était écrit : Route de Londres ; d’autres écrivaient : « A Bonaparte le Grand : nous vous prions de nous admettre sur le vaisseau, qui vous portera en Angleterre et avec vous les destinées et les vengeances du peuple français ». Ce vaisseau que Bonaparte devait monter, a eu le temps de s’user dans le port. D’autres mettaient pour devise à leurs pavillons dans la rade : « Un bon vent et trente heures ». Enfin toute la France retentissait de gasconnades, dont Bonaparte seul savait très bien le secret. » 6. La guerre navale

A NE PAS MANQUER

- Les batailles d’Aboukir et de Trafalgar représentées dans la peinture anglaise (Pocok, Arnald) et française (Crépin) - La reconstitution du pont d’un navire après la bataille qui permet d’aborder la dimension humaine des combats - Le film documentaire qui permet de comprendre les règles du combat en mer - La vitrine des armes - Le célèbre portrait de l’Amiral Nelson de Lemuel Abbott POUR UNE VISITE PLUS RICHE

- L’exposition virtuelle « Napoléon et la mer » (www.musee-marine.fr) : un dossier tout en images sur la guerre navale. A ne pas manquer le récit animé de bataille de Trafalgar - La galerie de peinture du musée national de la Marine (www.musee-marine.fr) où sont de nombreuses scènes de combats navals : combats de ligne (peintures de Rossel de Cercy) ou abordages (Le combat de la Bayonnaise par Crépin) - Le film « Master and commander » de Peter Weir : course effrénée de deux navires (français et anglais) à l’époque napoléonienne et superbes scènes de combat. TEXTES & DOCUMENTS Pour commémorer la bataille d'Aboukir (1er août 1798), Alfred de Vigny compose un long poème dédié à la frégate la Sérieuse.

« Ainsi près d'Aboukir reposait ma Frégate ; Trois vaisseaux de haut bord - combattre une frégate ! A l'ancre dans la rade, en avant des vaisseaux, Est-ce l'art d'un marin ? le trait d'un amiral ? On voyait de bien loin son corset d'écarlate Un écumeur de mer, un forban, un pirate, Se mirer dans les eaux. N'eût pas agi si mal !

[…] N'importe ! elle bondit, dans son repos troublée, Elle tourna trois fois jetant vingt-quatre éclaires, Nous étions tous marins. Plus de soldats timides Et rendit tous les coups dont elle était criblée, Qui chancellent à bord ainsi que des enfants ; Feux pour feux, fers pour fers. Ils marchaient sur leur sol, prenant des Pyramides, Montant des éléphants. Ses boulets enchaînés fauchaient des mâts énormes, Faisaient voler le sang, la poudre et le goudron, Il faisait beau. - La mer, de sable environnée, S'enfonçaient dans le bois, comme au cœur des grands ormes Brillait comme un bassin d'argent entouré d'or ; Le coin du bûcheron. Un vaste soleil rouge annonça la journée du Quinze Thermidor. Un brouillard de fumée où la flamme étincelle L'entourait ; mais le corps brûlé, noir, écharpé, […] Elle tournait, roulait, et se tordait sous elle, comme un serpent coupé. J'avais une lunette exercée aux étoiles ; Je la pris, et la tins ferme sur l'horizon. Le soleil s'éclipsa dans l'air plein de bitume. - Une, deux, trois - je vis treize et quatorze voiles : ce jour entier passa dans le feu, dans le bruit ; Enfin, c'était Nelson. Et lorsque la nuit vint, sous cette ardente brume On ne vit pas la nuit… » Il courait contre nous en avant de la brise ; La Sérieuse à l'ancre, immobile s'offrant, Reçut le rude abord sans en être surprise, Comme un roc un torrent.

Tous passèrent près d'elle en lâchant leur bordée ; Fière, elle répondit aussi quatorze fois, Et par tous les vaisseaux elle fut débordée, Mais il en resta trois. 7. La grandeur impériale

A NE PAS MANQUER

- Les peintures officielles qui permettent de comprendre l’atmosphère d’une visite impériale (à Cherbourg, Anvers…) - Les précieux cadeaux reçus par l’Empereur et l’Impératrice au cours de leurs visites comme le modèle en ivoire La Ville de Dieppe. - Les plans des arsenaux de Cherbourg et d’Anvers POUR UNE VISITE PLUS RICHE

- Le canot impérial de Napoléon Ier au musée national de la Marine (www.musee-marine.fr) : c’est la seule embarcation de ce type que la France a su conserver dans son intégrité. - L’Arc de Triomphe (www.monum.fr ) : monument, édifié par ordre de Napoléon 1er dès 1806 et achevé trente ans plus tard sous le règne de Louis Philippe. A ne pas manquer les bas reliefs « Le Triomphe de Napoléon » par Cortot, l'extraordinaire « Départ des Volontaires de 1792 » de Rude ou encore « La Bataille d'Aboukir » - La construction navale en bois au musée national de la Marine (www.musee-marine.fr) : la section retrace toutes les étapes de la construction d’un navire. - Le chantier de l’Hermione à Rochefort (www.hermione.com ) : la visite permet d’avoir une vision privilégiée des différentes parties du navire en construction. TEXTES & DOCUMENTS A propos de la visite du couple impérial à Cherbourg, le 30 mai 1811 - D’après Verusmor, Histoire de la ville de Cherbourg

« Le 30 (mai), Napoléon, suivi de ses ministres et des principaux officiers de la marine et du génie, se rendit vers 5 heures (du matin) au Port-Militaire, s’embarqua, fit la visite des bâtiments de guerre mouillés sur la rade, et passa en revue les conscrits du quinzième équipage de flottille. Il se disposait à retourner au port, lorsqu’à 7 heures un vent frais du nord-est s’étant élevé, le contre-amiral Troude fit à sa division le signal d’appareiller. L’empereur envoya un canot au-devant de l’impératrice, et s’approcha du vaisseau amiral pour observer ses manœuvres et voir filer ses câbles. La division était sous voile à 8 heures, cinglant vers la passe de l’ouest. Napoléon et Marie-Louise, chacun dans leur canot, la suivirent jusqu’au-delà de la Digue ; puis ils débarquèrent sur ce môle, d’où ils jouirent du spectacle que présentaient les évolutions des vaisseaux qui rentrèrent en rade par la passe de l’est, et firent une seconde fois le tour de la Digue, en longeant ses flancs le plus près possible. Pendant ce temps, l’empereur faisait faire l’essai de deux mortiers, et passait en revue la petite garnison de la Digue, commandée par le capitaine Brunel, du deuxième régiment d’artillerie de marine. Le monarque déjeuna sur le môle. Les soldats lui offrirent de leur soupe : ils la servirent sur sa table, à lui, aux dames et à ses officiers. » Le canot impérial de Napoléon Ier

Le canot de Napoléon 1er est la seule embarcation de ce type que la France a su conserver dans son intégrité. Sa construction a été décidée dans le plus grand secret au printemps 1810, lorsque l'Empereur proposa de se rendre à Anvers pour visiter l’arsenal, dont il avait ordonné la création quelques années plus tôt. L’ingénieur Guillemard fournit les plans du canot, tandis que le maître Théau, originaire de Granville, en supervise la construction. Les sculptures décoratives sont confiées à un artiste anversois, Van Petersen. En 21 jours seulement l’embarcation est prête. Elle mesure plus de 18 mètres de long : le tiers arrière est dominé par un rouf richement décoré, tandis que les rameurs occupent tout le reste de l'espace, jusqu'à la majestueuse figure de Neptune. Le 30 avril 1810, le canot d’apparat fait une entrée remarquée dans Anvers : Napoléon et la jeune impératrice Marie-Louise sont à bord, accompagnés du maréchal Berthier, du ministre de la Marine Decrès et de l’amiral Missiessy, commandant l’escadre de l’Escaut ; un véritable cortège naval les entoure. Pendant plusieurs jours le canot assure les déplacements de l’Empereur qui visite le vaisseau amiral le Charlemagne, assiste au lancement spectaculaire du Friedland et inspecte l’ensemble de sa flotte. En 1814 le canot est expédié à Brest où son ornementation est complétée . Elle est mise au goût du jour en 1858 pour accueillir Napoléon III et l’Impératrice Eugénie. C’est de cette époque que datent les éléments sculptés actuels, notamment la figure de proue, le groupe arrière avec les armes impériales et, surmontant le rouf, une grande couronne soutenue par quatre angelots. Même les rames sont ornées de somptueux motifs peints. Destiné à l’oubli, le canot de l’empereur aurait pu finir sous les bombes qui anéantirent Brest à la fin du deuxième conflit mondial. Le miracle veut que le musée de la Marine soit alors en cours de constitution au palais de Chaillot ; l’espace n’y est pas compté : l’embarcation impériale peut en être le fleuron. Sous la protection des autorités allemandes, le canot quitte Brest le 9 mai 1943. La traversée de en camion est un vrai spectacle pour les badauds. Toute l’opération est contrôlée, mesurée, minutée, mais à Chaillot rien n'est prévu pour permettre au canot d’entrer dans le musée : les portes sont trop étroites ! Plus de deux années de négociations vont être nécessaires pour trouver une solution. Enfin, en août 1945, une énorme brèche est pratiquée dans le mur du palais de Chaillot et, tout doucement, le canot impérial entre dans le sépulcre dont il ne sortira sans doute jamais. La restauration complète du Canot vient d’être effectuée avec le soutien de la Fondation Napoléon. 8. L’exil

A NE PAS MANQUER

- Les images de la légende et de l’anti-légende : naissance du mythe napoléonien - Les étapes du voyage de Rochefort à Sainte-Hélène

POUR UNE VISITE PLUS RICHE

- Un voyage scolaire à Sainte-Hélène pour vivre pleinement l’ambiance de l’exil et de la captivité (prévoir un mois de navigation aller-retour)

TEXTES & DOCUMENTS

Napoléon à Las Cases sur le bateau qui fait route vers Sainte-Hélène

« Que pourrons-nous faire dans ce lieu perdu ?" -"Sire, nous vivrons du passé. »

Napoléon, à propos de son incarcération à Sainte-Hélène, octobre 1815

« A quel infâme traitement ils nous ont réservés ! Ce sont les angloisses de la mort ! A l’injustice, à la violence, ils joignent l’outrage, les supplices prolongés ! Si je leur étais si nuisible, que ne se défaisaient-ils de moi ? Quelques balles dans le cœur ou dans la tête eussent suffi ; il y eut du moins quelque énergie dans ce crime ! »

« J'en appelle à l'Histoire. Elle dira qu'un ennemi qui fit vingt ans la guerre au peuple anglais, vint librement dans son infortune chercher un asile sous ses lois. Quelle preuve plus éclatante pouvait-il donner de son estime et de sa confiance ? Mais comment répondit-on en Angleterre à une telle magnanimité ? On feignit de tendre une main hospitalière et, quand il se fut livré de bonne foi, on l'immola. »

Napoléon à Sainte Hélène, 1er janvier 1816

« Dans cette île maudite, on ne voit ni soleil ni lune pendant la plus grande partie de l’année. Toujours de la pluie ou du brouillard. On n’y peut faire un mille à cheval sans être trempé ; et les Anglais eux-mêmes s’en plaignent, tout accoutumés qu’ils sont à l’humidité. Jean-Paul Kauffmann, La chambre noire de Longwood, 1997 :

« Sur le pont avant, je guette l'instant où l'aube va éclairer l'île. J'ai beau y être préparé, la vision de la monumentale citadelle qui surgit de la mer est terrifiante. "Un catafalque de rochers." Chateaubriand, qui n'y a jamais mis les pieds, a eu le mot juste. Un air menaçant, funèbre se dégage des noires falaises hautes de trois cents mètres qui dégringolent à pic dans l'océan. Impression d'une forteresse ravagée. Sainte-Hélène ne triche pas avec la légende. Elle annonce sans ambages, brutalement, sa nature de prison maritime. [...] Le roc désolé m'apparaît trop conforme à sa réputation et, pourtant, je n'en crois pas mes yeux. Le rivage et les sommets sont hérissés de pièces d'artillerie. Des murailles et des meurtrières partout, comme si on voulait signifier que rien n'a changé depuis le 14 octobre 1815. Ce jour-là, le Northumberland, à bord duquel se trouvait l'Empereur déchu, jeta l'ancre dans la baie de Jamestown après soixante-dix jours de mer. "Pas une ride de cette façade stérile à laquelle ne fut suspendu un canon : on semblait avoir voulu recevoir le captif selon son génie", note encore Chateaubriand. »