Plan d’Hygiène et d‘Assainissement de la Commune de BOPA

Rapport provisoire de diagnostic

Programme Eau Potable et Assainissement (PEP)

La Deutsche Gesellschaftfür Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH est une d’entreprise d’utilité publique dont la totalité des parts est détenue par la République fédérale d’Allemagne. La GIZ apporte son soutien au gouvernement allemand pour concrétiser ses objectifs de coopération internationale pour le développement durable.

Le présent document a été réalisé par le Bureau d’Etudes IGIP pour le compte du Programme Eau Potable et Assainissement (PEP) de la GIZ au bénéfice de la commune de Bopa au Bénin. Publié par la: Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH Programme Eau Potable et Assainissement (PEP) 08 B.P. 1132 Tri Postal Cotonou / Bénin T + 229 ‐ 21 31 03 95 F + 229 ‐ 21 31 13 35 E‐mail :giz‐[email protected]

Responsables :

Roufaï DJIBRIL BAKARI, Ingénieur Sanitaire, Chef mission E-mail : [email protected] GSM +229 97 60 72 75 / 95 13 11 83

Godefroy Clément HOUNTOHOTEGBE-G., Socio-anthropologue spécialisé en AEPHA, Membre E-mail : [email protected] GSM +229 97 76 69 47 / 23 14 16 23

Texte et rédaction :

COLTER Ingénierie-Conseils, Email : [email protected] Bureau du Bénin : 01 BP 5835 COTONOU 01,

Date et lieu de publication: Février 2013 à Bopa

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SIGLES ET ACRONYMES

ABE Agence Béninoise pour l’Environnement

AEPHA Approvisionnement en Eau Potable, Hygiène et Assainissement

AJED Association des Jeunes Elèves pour le Développement

BDI Base de données informatiques

CA Chef d’ Arrondissement

CeCPA, Centre Communal de Promotion Agricole

C/CS Chef Circonscription Scolaire

CP Comité de Pilotage

CPS Centre de Promotion Sociale

CS Centre de Santé

CSA Centre de Santé d’Arrondissement

C/SHAB Chef Service Hygiène et Assainissement de Base

C/ST Chef Service Technique

CV Chef de Village

DBM Déchets Bio- Médicaux

DDEPN Direction Départementale de l’Environnement et de la Protection de l’Environnement

DSM Déchets Solides Ménagers

EDSB Enquête Démographique et de Santé du Bénin

EMICOV Enquête Modulaire Intégrée sur les Conditions de Vie des ménages

FFOM Forces Faiblesses Opportunités et Menaces

FPM Forage à Pompe Manuelle

GF Groupement des Femme

GIZ Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (ex- GTZ

INSAE Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique

JMES Journées Mensuelles pour un Environnement Sain

MDGLAAT Ministère de la Décentralisation de la Gouvernance Locales, de l’Administration et de l’Aménagement du Territoire

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MERPMEDER Ministre de l’Energie, des Recherches Pétrolières et Minières, de l’Eau et du Développement des Energies Renouvelables

MEHU Ministère de l’Environnement de l’Habitat et de l’Urbanisme

MS Ministère de la Santé

OMD Objectifs du Millénaire pour le Développement

OMS Organisation Mondiale de la Santé

ONG Organisation Non Gouvernementale

PADEAR Programme d’Assistance au Développement du secteur Eau potable et Assainissement en milieu Rural

PADSEA Programme d’appui au Développement du Secteur de l’Eau et de l’Assainissement

PEA Poste d’Eau Autonome

PDC Plan de Développement Communal

PEP Programme Eau Potable

PHA Promotion de l’Hygiène et de l’Assainissement

PHAC Plan d’Hygiène et d’Assainissement Communal

PNHAB Programme National de l’Hygiène et de l’Assainissement du Bénin

PPEA Programme Pluriannuel d’appui au secteur de l’Eau et de l’Assainissement

PTF Partenaire Technique et Financier

RGPH Recensement Général de la Population et de l’Habitat

SDAC Schéma Directeur d’Aménagement Communal

SG Secrétaire Général

SDLP Service Développement Local et Planification

SADE Service Affaires Domaniales et Environnementales

SAF Service Affaires Financières

SBEE Société Béninoise de l’Energie Electrique

SONEB Société Nationale des Eaux du Bénin

TdR Termes de Références

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TABLE DES MATIERES

I- INTRODUCTION GENERALE ...... 13 1) Contexte et justification du PHAC ...... 13 2) Définition du PHAC ...... 14 3) Objectif de l’analyse diagnostique ...... 15 II- DEMARCHE METHODOLOGIQUE...... 15 1) Première étape : La Phase préparatoire ...... 15 1.1- Formation de remise à niveau organisée par la GIZ dans les locaux du Ministère de la Santé ...... 15 1.2- Installation et équipement des experts dans le chef-lieu de la commune ...... 16 1.3- Atelier d’information et de lancement officiel du processus d’élaboration du PHAC 16 1.4- Réunions de cadrage avec la Mairie ...... 16 1.5- Revue documentaire ...... 16 1.6- Elaboration et validation des outils de collecte de données ...... 16 2) Deuxième étape : La Phase de diagnostic ...... 16 2.1- Collecte des données ...... 17 2.2- Dépouillement des fiches d’enquêtes ...... 18 2.3- Traitement et analyse des données ...... 18 2.4- Restitution au niveau arrondissement ...... 18 III-Cadre legal, reglementaire et institutionnel...... 18 1) Cadre légal et réglementaire ...... 18 1.1- Niveau national ...... 18 1.2- Niveau local ...... 20 2) Cadre institutionnel ...... 20 3) Documents de référence au niveau national ...... 21 3.1- Politique Nationale de l’Assainissement ...... 21 3.2- RGPH II et III (INSAE) ...... 22 3.3- EMICOV ...... 22 3.4- EDSB III (INSAE) ...... 22 IV- Breve presentation de la commune de bopa...... 22 1) Localisation ...... 22 2) Présentation physique ...... 24

3) Situation politico-administrative ...... 24

4) Caractéristiques physiques et géographiques ...... 24

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4.1- Relief et climat ...... 24 4.2- Sols ...... 25

5) Réseau hydrographique ...... 25

6) Economie locale ...... 25

7) Infrastructures communautaires ...... 26 I.Gestion des eaux usees et excreta...... 28 1) dans les menages ...... 28 1.1- Accès aux ouvrages d’évacuation des excréta par les ménages ...... 29 1.2- Accès aux ouvrages d’évacuation des eaux usées par les ménages ...... 31 2) ouvrages d’evacuation des eaux usees et excreta au niveau des places publiques, bars restaurants et auberges ...... 32 3) ouvrages d’evacuation des eaux usees et excreta au niveau des institutions ...... 33 3.1- Au niveau des établissements scolaires ...... 33 3.2- Au niveau des formations sanitaires ...... 38 II.Gestion des boues de vidange...... 40 III.Gestion des dechets solides...... 40 1) Existence et Organisation d’une filière de gestion sur le territoire communal ...... 43 2) analyse des modes d’evacuation des dechets solides ...... 44 2.1- Dans les ménages ...... 44 2.2- Dans les établissements scolaires ...... 45 2.3- Dans les marchés, gares routières et autres lieux publics...... 45 2.4- Dans les formations sanitaires...... 46 IV. Pratiques d’hygiene ...... 48 1) Hygiène dans les ménages ...... 49 2) Hygiène dans les établissements scolaires ...... 51 3) Hygiène dans formations sanitaires ...... 51 4) Hygiène dans les marchés ...... 52 5) Hygiène des lieux et places publics ...... 52 6) Hygiène dans les lieux de restauration ...... 53 7) Hygiène dans les lieux de cultes...... 53 V. Gestion des eaux pluviales ...... 54 1) Situation des ouvrages de maîtrise d’eau pluviale ...... 54 2) Entretien des ouvrages de collecte des eaux de pluies ...... 54 VI. Analyse des facteurs d’influence de l’hygiene et de l’assainissement ...... 54

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1) Déterminants liés à la latrinisation des ménages ...... 54 Vii. Impacts des pratiques et comportements a risques sur la sante ...... 55 viii. Analyse des efforts de realisations dans le secteur de l’hygiene et de l’assainissement dans la commune de bopa ...... 57 ix.synthese des problemes du sous secteur hygiene et assainissement dans la commune .. 62

1) gestion des eaux usees ...... 62

2) gestion des excreta ...... 62

3) gestion des dechets solides ...... 62

4) eaux pluviales et inondation ...... 62

5) dechets biomedicaux ...... 62

6) pratiques d’hygiène ...... 63 x. Analyse des forces, faiblesses, opportunites et menaces...... 63

CONCLUSION ...... 67

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LISTE DES TABLEAUX

2.1.1‐ COLLECTE DE DONNEES POUR L’ACTUALISATION DE LA BASE DE DONNEES INFORMATIQUES (BDI) EXISTANTE...... 17

TABLEAU 1 : POINT DES LATRINES ET PUITS PERDUS PAR ARRONDISSEMENT .... 28

TABLEAU 2 : TAUX (%) DE COUVERTURE ET D’ACCES DES MENAGES AUX LATRINES ...... 29

TABLEAU 3: COUVERTURE ET ACCES AUX OUVRAGES DE GESTION DES EAUX USEES ...... 31

TABLEAU 4 : NOMBRE DE PLACES PUBLIQUES, AUBERGES ET BAR‐RESTAURANTS PAR ARRONDISSEMENT ...... 32

TABLEAU 5 : NOMBRE D’ECOLES MATERNELLES ET DE LATRINES SCOLAIRES PAR ARRONDISSEMENT ...... 34

TABLEAU 6: NOMBRE D’ECOLES PRIMAIRES ET DE LATRINES SCOLAIRES PAR ARRONDISSEMENT ...... 35

TABLEAU 7 : TAUX DE COUVERTURE EN OUVRAGES D’ASSAINISSEMENT DES ETABLISSEMENTS SECONDAIRES ...... 36

TABLEAU 9 : NOMBRE DE FORMATIONS SANITAIRES ET LEURS OUVRAGES DE GESTION DES EAUX USEES ET EXCRETA ...... 39

TABLEAU 10: NOMBRE DES EQUIPEMENTS DE GESTION DES DECHETS BIOMEDICAUX DANS LES CENTRES DE SANTE D’ARRONDISSEMENT ...... 48

TABLEAU 11: POINT DES ACTIONS MENEES DANS LE DOMAINE DE L’ASSAINISSEMENT ...... 57

TABLEAU12 : PARTS DES BUDGETS PRIMITIFS ANNUELS RESERVEES A L’HYGIENE ET L’ASSAINISSEMENT ...... 59

TABLEAU 13 : PROGRAMMES DE DEVELOPPEMENT RELATIFS AU SECTEUR D’HYGIENE ET D’ASSAINISSEMENT RETENUS PAR LA COMMUNE DE 2011 A 2015 ...... 60

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LISTE DES FIGURES ET PHOTOS

Figure 1:Diagrammes comparés des taux de couverture et d’accès aux latrines...... 30

Figure 2 : Proportion de latrines défectueuse dans la commune de Bopa…………………...31

Figure 3 : Proportion de cabines de latrines hors d’usage par établissement et par arrondissement...... 38

Figure 4 : Modes d’évacuation des ordures ménagères pratiqués par les ménages……….44

Figure 5 : Les principales affections ayant fait objet de consultation médicale dans la commune de Bopa entre 2010 et 2011………………………………………………………….56

Photo n°1 : Une cabine de latrine scolaire à deux trous de défécation ...... 40

Photo n°2 : dépotoir sauvage d’ordures dans un coin de rue à Bopa ...... 43

Photo 3 : groupe d’élèves déversant les ordures dans un dépotoir derrière l’école...... 45

Photo 4 : Poubelle de déchets généraux au centre de santé de Possotomè...... 46

Photo 5 : Incinérateur type montfort fonctionnel du CSA de Bopa...... 47

Photo 6 : Tronc d’arbre posé au sol et servant de latrine à ...... 49

Photo 7 : latrine sale d’une école primaire...... 56

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RÉSUMÉ Le présent document de diagnostic est élaboré dans le cadre de la préparation du Plan d’Hygiène et d’Assainissement Communal (PHAC) de Bopa. Ce dernier doit être considéré comme un précieux outil stratégique de planification sectorielle d’actions coordonnées, de communication et de plaidoyer au profit des collectivités locales qui en assurent toutes les fonctions et prérogatives liées à la maitrise d’ouvrages dans le domaine de l’Hygiène et de l’Assainissement conformément aux différents textes règlementaires et lois en vigueur en République du Bénin. C’est un document de planification dont l’échéance porte sur une durée de cinq ans (2013- 2017) qui prend naturellement en compte les besoins et préoccupations actuels et futurs dans le domaine d’Hygiène et d’Assainissement. Le présent document fait une analyse diagnostique approfondie à partir de l’état des lieux de la situation d’Hygiène et d’Assainissement de la Commune de Bopa. Cette analyse a été réalisée par le bureau d’études COLTER IC en collaboration avec l’administration communale de Bopa sous financement du Programme Eau Potable et assainissement (PEP/GIZ). Son élaboration a connu un processus participatif et s’est appuyée sur tous les niveaux de compétences dévolues aux communes dans le domaine de l’hygiène et de l’assainissement. Concrètement, l’analyse diagnostique a permis d’examiner en profondeur les problèmes/préoccupations, les dysfonctionnements et les besoins qui sont exprimés en termes de défis de développement à relever par la Commune dans le domaine de l’hygiène et de l’assainissement. Cette analyse a été possible grâce aux résultats issus des enquêtes (inventaire, sondage et visites des ouvrages d’assainissement de base) réalisées à la fois par l’équipe de consultants, et la commune de Bopa en étroite collaboration avec le PEP/GIZ. Ainsi, de l’analyse diagnostique, il découle l’état des lieux présenté ici par un certain nombre d’aspects et traits selon les axes tels que mentionnés ci-dessous:

GESTION DES EAUX USEES ET EXCRETAS Au niveau des ménages

 Insuffisance de latrines avec un taux de couverture de 9,29 % et un taux d’accès de 17,24 % ;  Puits perdus presque inexistant avec un faible taux de couverture d’environ 1,48 % et un taux d’accès de 2,08 %  Existence par endroits des ouvrages sales, mal entretenus dégageant des odeurs nauséabondes parfois insupportables

Au niveau Institutionnel et lieux publics  Nombre suffisant de cabines de latrines dans les écoles maternelles avec des taux de couverture et de satisfaction en latrines respectivement de 100% et 100% ;  Insuffisance de cabines de latrines dans les écoles avec des taux de couverture et d‘accès aux latrines respectivement de 84,59% et 60,41% pour les écoles primaires ; et de 37,24% et 22,05% pour les établissements secondaires ;  Présence de latrines en ruine au niveau des centres de santé, marchés et places publiques ; 10

 Existence au niveau des lieux publics des ouvrages institutionnels sales, mal entretenus dégageant des odeurs nauséabondes parfois insupportables.  Absence d’urinoirs au niveau des places publiques, marchés et certains établissements scolaires de la place.

GESTION DES BOUES DE VIDANGE  Absence de structures de vidange de boues des fosses septiques au niveau de la commune  Gestion de boues de vidange non confrontée actuellement à un problème fondamental.

GESTION DES DECHETS SOLIDES MENAGERS  Absence d’une filière organisée de gestion des ordures à l’échelle communale  Mauvaise gestion des déchets au niveau des ménages et des lieux publics: - Incinération sauvage des déchets par des ménages enquêtés - Enfouissement sauvage des déchets par des ménages - Abandons en tas d’ordures des déchets par 88,20% des ménages - Présence de tas d’immondices qui cohabitent avec les étalages des vendeuses dans les marchés - Enfouissement et/ou incinération des déchets ménagers dans les centres de santé - Déversement des déchets dans les caniveaux d’eau pluviale  Gestion des déchets solides ménagers non considérée comme une priorité par les autorités communales - Absence de décharge finale aménagée dans la commune avec pour conséquence la prolifération des dépotoirs sauvages - Absence de poubelles et de bacs à ordures au niveau des marchés, des gares routières, des places publiques et centres de santé - Prise en charge insuffisante des préoccupations liées à l’hygiène et à l’assainissement en général dans les programmations de la commune - Ressources disponible particulièrement insignifiantes - Inexistence de convention de partenariat entre les opérateurs privés (02 ONG de pré- collecte) opérationnels dans le secteur et la commune.

GESTION DES DECHETS HOSPITALIERS  Déchets assimilables aux ordures ménagères évacués et incinérés sur place ou jetés dans la nature  Pas de tri à la production des déchets biomédicaux  Insuffisance des fosses à déchets liquides  Mauvaise utilisation des incinérateurs

GESTION DES EAUX PLUVIALES  Drainage sauvage des eaux pluviales engendrant l’érosion pluviale des pistes, des champs et même des maisons  Obstruction des exutoires naturels d’eau par l’occupation des zones inondables par les populations  Insuffisance des opérations de curage des caniveaux avant et pendant les saisons de pluies

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HYGIÈNE DE L’EAU  Insuffisance de point d’eau potable  Prolifération des PEA privé à caractère commercial avec une eau de qualité douteuse, notamment à ;  Insalubrité notoire au niveau de certains points d’eau existants ;  Utilisation de source d’eau alternative de qualité douteuse sans précautions de potabilisation pour divers besoins ;  Récipients de stockage d’eau de consommation non couverts et d’accès facile aux animaux domestiques.

HYGIÈNE EN GENERAL  Inobservance du lavage des mains à l’eau et au savon avant et après les repas et après les toilettes;  Négligence dans la protection des denrées alimentaires contre les mouches dans les marchés ;  Cohabitation des populations avec les bêtes et les ordures ménagères ;  Banalisation des bonnes pratiques d’hygiène alimentaire ;  Banalisation de l’assainissement du cadre de vie (eaux de vaisselle versées dans la cour, sur les tas d’ordures parfois à proximité des foyers…) ;  Défécation dans la nature dans la plupart des villages ;  Evacuation des eaux usées dans les cours et aux alentours des habitations (plus de 95 % de la population). Pour anticiper sur la détermination des options stratégiques envisageables dans le cadre du processus de planification, le présent document présentant l’état des lieux de la situation de l’hygiène et d’assainissement s’est achevé par une analyse SWOT mettant en relief les Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces. .

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I- INTRODUCTION GENERALE

1) CONTEXTE ET JUSTIFICATION DU PHAC En République du Bénin, depuis l’avènement du processus de la décentralisation avec toute la panoplie de lois d’orientation et de stratégies qui l’accompagne, les communes sont vu transférer par l’Etat central un certain nombre de prérogatives, grâce surtout à la loi N°97- 029 du 15 Janvier 1999 portant organisation des communes en République du Bénin. Parmi leurs nouvelles fonctions figure l’élaboration de leur plan de développement économique et social (art. 84) qu’elles sont sensées mettre en œuvre en s’alignant derrière les orientations et les stratégies de développement tant au niveau national que sectoriel, afin d’assurer les meilleures conditions de vie à l’ensemble de leur population. Cette nouvelle responsabilité est effective depuis 2003, année d’installation des premiers conseils communaux et semble être assimilée par l’ensemble des collectivités territoriales. C’est ce qui explique l’effort que la majorité des communes a dû consentir pour faire ébaucher des Plans de Développement Communaux (PDC) de première (2003 – 2008) et de deuxième génération pour certaines communes à partir ou au-delà de l’an 2008. En dépit de l’importance que revêtent ces PDC pour un développement local harmonieux et cohérent, on constate généralement dans leur articulation que les aspects liés à l’hygiène et assainissement sont négligés ou insuffisamment pris en compte. Par conséquent, les actions de développement planifiées au travers desdits outils de planification sont largement en deçà des normes recommandées pour le sous-secteur de l’hygiène et de l’assainissement dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) pour lesquels notre pays a pris des engagements auprès de la communauté internationale. Or, depuis plusieurs décennies, l’initiative des actions de développement concernant l’assainissement de base dans les communes ordinaires comme à statut particulier provient généralement des partenaires techniques et financiers au niveau national et local (ONGs, bailleurs de fonds, coopération décentralisée, coopération technique, etc.) en lieu et place des administrations communales. S’il est indéniable que des progrès sont constatés en ce qui concerne l’amélioration de la desserte en eau potable1 des populations, le secteur de l’assainissement demeure par contre à la traine, toute comparaison faite au regard du taux d’accès. Dans les différents programmes mis en œuvre dans le secteur de l’eau et de l’assainissement, une priorité accrue était toujours accordée à l’eau car considère-t-on que l’eau est source de vie. On peut citer à titre d’exemples, le programme PHA qui fait la promotion des ouvrages d’assainissement dans des localités disposant de points d’eau ainsi que d’autres programmes tels que le programme eau potable et assainissement (PEP) avec la coopération allemande ; le PADSEA (arrivé à terme en 2009) avec l’appui technique et financier de la coopération danoise et aujourd’hui le Programme Pluriannuel de l’Eau et de l’Assainissement (PPEA) avec la coopération hollandais. S’il y a lieu de faire un bilan sommaire fut-il pour le secteur de l’assainissement, on constate aisément que nombreux sont ceux qui n’ont toujours pas accès à des services adéquats d’assainissement de base. Les statistiques au niveau national en sont une illustration. Ainsi d’après les résultats de l’EDSBII, 67% de la population béninoise n’ont pas accès aux installations sanitaires améliorées et à peine 4% des ménages se lavent réellement les mains à l’eau et au savon. L’eau est source de vie certes, mais quand son approvisionnement ou son usage se fait dans des conditions hygiéniques douteuses à risques, elle constitue un danger au bien-être

1 Le secteur de l’eau potable est entièrement transféré aux communes depuis 2010. 13

des populations dans la mesure où elle peut être la source de plusieurs maladies capables d’entrainer la mort. Un approvisionnement suffisant en eau salubre et des installations d’assainissement appropriées constituent un facteur rationnel du progrès en matière de santé communautaire. Cependant, les avantages escomptés sur ce plan ne peuvent se concrétiser entièrement que si les installations de distribution d’eau et d’assainissement sont acceptables conformément aux normes de qualité et quantité. Au regard de tous ces aspects ci-dessus évoqués et de la nécessité de préserver le bien- être de nos laborieuses populations, il est de plus en plus question de les soutenir à améliorer leur situation en matière d’approvisionnement en eau mais surtout leurs installations d’assainissement. C’est cela la compréhension pertinente de l’Etat Béninois et de la GIZ qui depuis quelques années, appuie à travers son Programme Eau Potable et Assainissement (PEP), des communes à se doter d’un outil stratégique de développement du secteur de l’hygiène et de l’assainissement. Il s’agit du « Plan d’Hygiène et d’Assainissement Communal-PHAC». Cette initiative vient accompagner le gouvernement béninois dans ses engagements pris pour l’atteinte des OMD, notamment en son septième axe qui s’intitule « Assurer un environnement durable » et sa cible 18 qui est de réduire de moitié, d’ici à 2015, le pourcentage de la population qui n’a pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau potable et aux services adéquats d’assainissement de base. Le processus d’élaboration des PHAC permettra aux communes et aux populations de mieux cerner les spécificités et contraintes relatives à la problématique de hygiène et assainissement qui se pose à elles afin d’en exprimer les besoins pertinents pour la planification des actions de développement. Les communes pourront également tenir grandement compte de ce volet dans d’autres documents de planification (PDC, PAI, budgets primitifs ou collectifs budgétaires etc.). Plusieurs communes ont déjà bénéficié de l’appui du PEP/GIZ pour élaborer leur PHAC. Pour l’instant, c’est l’élaboration des PHAC des communes d’Adjarra, d’Apro-Missérété, de Bopa et de Comé qui est programmée avec le soutien du même partenaire technique et financier. En ce qui concerne la facilitation du processus d’élaboration du PHAC de la commune de Bopa, c’est le bureau d’études COLTER IC qui a été recruté à la suite d’une consultation restreinte.

2) DÉFINITION DU PHAC Le « Plan d’Hygiène et d’Assainissement Communal (PHAC) », est un document de planification sectoriel précis sur une durée déterminée (en général avec une échéance de cinq ans pour ce qui concerne les expériences des communes au Bénin). Ce document résulte de la vision et de la stratégie de gestion du secteur telles que voulues par la commune concernée. Il est élaboré à la suite d’un long processus participatif et itératif à travers lequel plusieurs séances de consultation et de concertation sont menées avec les différents acteurs et parties prenantes concernés, notamment avec les autorités communales, les autorités locales des arrondissements, les organisations de base et les autres acteurs de développement intervenant dans la commune (ONGs, Associations et Groupements à base communautaire, secteur privé, etc.). Il couvre tous les niveaux de compétences dévolues aux communes dans le domaine de l’hygiène et de l’assainissement. C’est un cadre précieux de coordination des interventions présentes et futures des différents intervenants dans le développement de la commune en matière d’hygiène et

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d’assainissement. C’est un document qui facilite la recherche de financement des actions programmées.

3) OBJECTIF DE L’ANALYSE DIAGNOSTIQUE

L’analyse diagnostique vise à établir la problématique de la commune à partir de l’analyse du contexte, des forces, des faiblesses, des opportunités et des menaces liés au secteur de l’hygiène et de l’assainissement. Il consiste à évaluer à partir d’un état des lieux, la situation actuelle ou de référence de la commune de Bopa pour l’élaboration de son PHAC, dans le domaine de la gestion des eaux usées et excréta, des déchets solides ménagers, des déchets biomédicaux, des eaux pluviales, et des pratiques d’hygiène afin de dégager une stratégie permettant de passer de la situation constatée à une situation meilleure désirée par la commune. Concrètement, il s’est agit d’exécuter les tâches et objectifs spécifiques suivants :  Recenser les latrines, les puits perdus, puisards et les lave-mains dans les ménages, les écoles, les centres de santé, les marchés, les lieux confessionnels et communautaires et les gares routières ;  Apprécier l’état de ces dispositifs d’assainissement ;  Identifier les différents modes de gestion des déchets dans les ménages, les écoles, les centres de santé, les marchés, les lieux confessionnels et communautaires et les gares routières ;  Relever les pratiques et les comportements qui entravent la bonne gestion du secteur de l’hygiène et de l’assainissement ;  Analyser le système de gestion des eaux pluviales et des inondations ;  Appréhender les perceptions et les contraintes socioculturelles en relation avec les questions de l’environnement.

II- DEMARCHE METHODOLOGIQUE

L’état des lieux de la situation de l’hygiène et d’assainissement ainsi que l’analyse diagnostique qui en est découlée ont été réalisés sur la base d’une approche méthodologique participative organisée autour de deux étapes subdivisées chacune en séquences à savoir :

1) PREMIÈRE ÉTAPE : LA PHASE PRÉPARATOIRE Cette phase a été meublée par des activités qui rentrent dans la préparation des outils et de l’analyse diagnostique. Sont concernées par cette phase préparatoire, les activités suivantes :

1.1- Formation de remise à niveau organisée par la GIZ dans les locaux du Ministère de la Santé L’objectif de cette formation consiste à outiller l’ensemble des consultants fournis par des bureaux d’études adjudicataires retenus pour réaliser les différents PHAC programmés pendant cette édition. 15

1.2- Installation et équipement des experts dans le chef-lieu de la commune Il s’est agit là du déploiement de l’équipe d’experts et d’enquêteurs sur le terrain. Pour la commune de Bopa, les experts en charge de l’accompagnement du processus d’élaboration du PHAC ont été présentés et installés officiellement le 17 octobre 2012. C’est aussi l’occasion du lancement officiel du processus par l’équipe dépêchée par le PEP/GIZ qui finance la réalisation du diagnostic et du PHAC.

1.3- Atelier d’information et de lancement officiel du processus d’élaboration du PHAC Après l’installation des experts, la séance s’est poursuivie sous la forme d’un atelier d’information auquel ont participé les acteurs ci-haut évoqués et une délégation du partenaire technique et financier (PEP/GIZ) qui y a joué un rôle de facilitateur. L’objectif de cette étape est de faciliter et de créer l’adhésion des différents acteurs autour du processus de planification, de permettre aux élus locaux de comprendre et d’accompagner activement le processus d’élaboration du PHAC. Elle a aussi permis de mettre l’accent sur la nécessité de mettre en place un cadre officiel et opérationnel de suivi des travaux rentrant dans l’élaboration du PHAC (comité de pilotage ou une commission ad’hoc).

1.4- Réunions de cadrage avec la Mairie Deux réunions de cadrage se sont tenues avec le comité ad’hoc chargé du suivi de l’ensemble de processus d’élaboration du PHAC, le 23 octobre et l’autre le 14 novembre 2012. La dernière fut une initiative du point focal qui réclamait que soit visualisée la BDI afin que le Comité ad’hoc du suivi évalue ensemble avec les Expert ladite Base.

1.5- Revue documentaire Les documents qu’on a pu mobiliser sont passés en revue, analysés et exploités judicieusement en fonction des objectifs assignés à la mission. Il s’agit notamment d’un ensemble de documents de politique, de stratégie et autres documents trouvés sur place et ailleurs : INSAE, DNSP, internet….

1.6- Elaboration et validation des outils de collecte de données Des d’outils élaborés par le bureau d’études dans le cadre de réalisation d’autres PHAC ont été actualisés et validés pour servir à la collecte de données lors des enquêtes, notamment pendant des entretiens individuels et collectifs. Le tableau présentant les structures identifiées pour les enquêtes et les outils de collectes utilisés est présenté en annexe 3.

2) DEUXIÈME ÉTAPE : LA PHASE DE DIAGNOSTIC Au lendemain de la formation des agents-enquêteurs, tenue le 30 octobre 2012, elle a débuté avec l’organisation des consultations (enquêtes et des entretiens) suivies des visites pour observer l’état et la fonctionnalité des ouvrages d’assainissement sur le terrain.

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2.1- Collecte des données Deux catégories de données ont été collectées à savoir :  -(i)- les données complémentaires nécessaires pour actualiser la BDI existante;

 -(ii)- les informations et données relatives au sondage d’opinion, données qui relèvent des fondements et raisons profondes qui justifieraient mieux la situation que présente l’état des lieux du système d’hygiène et d’assainissement de la commune de Bopa.

2.1.1- Collecte de données pour l’actualisation de la base de données informatiques (BDI) existante. Comme ci-dessus indiqué, les premiers travaux de recensement organisés par la commune de Bopa ont aboutit à la mise en place d’une BDI encore perfectible. Pour corriger cette base, les experts ont identifié trois pistes de réflexion qu’ils ont soumis aux membres du Comité ad’hoc chargé du suivi. Ainsi, des trois possibilités identifiées pour actualiser laBDI , une combinaison des deuxième et troisième possibilités qui est définitivement retenue. (voir encadré ci-dessous).

Encadré 1: liste des diverses possibilités d’actualisation de la BDI existante.

1ère possibilité : Reprendre de façon systématique tout l’inventaire exhaustif par les enquêteurs

2nde possibilité : Evaluer d’abord la base des données de fond en comble avec le comité de pilotage pour identifier les informations complémentaires à rechercher par les enquêteurs.

3ème possibilité : Procéder à un échantillonnage de villages et de localités par arrondissement au niveau desquels un recensement exhaustifs des ouvrages d’assainissement de base des lieux publics que l’on confronte avec la base de données.

En effet, 15 enquêteurs ont été recrutés, formés et déployés sur le terrain. Ils ont été supervisés par les experts. Une opératrice de saisie a été recrutée pour la saisie des fiches et des données.

2.1.2- Enquête sondage La collecte des données par sondage prenant en compte tous les acteurs, a effectivement touché environ 1000 personnes dont 840 chefs ménages sur les 16102 que compte la commune en 2012, soit un taux de couverture communal des chefs de ménages de 5,21%. Ce taux peut paraître faible dans la mesure où il ne représente que la moitié du seuil des 10% acceptables en sciences sociales. Mais vu les moyens mis à disposition, le délai assez court des enquêtes et le volume de travail que nécessite la réalisation à la fois du recensement et du sondage, les experts soucieux de concilier l’insuffisance des ressources et l’efficacité dans l’action n’ont pas eu d’autre choix que de recourir à cette taille d’échantillon pour le sondage .

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En effet, dans la pratique du sondage, les villages ont été répartis entre équipes (experts et enquêteurs) et une journée entière est chaque fois consacrée à cinq villages sur les soixante que compte la commune. Ainsi, la collecte des données a duré au moins 12 jours. Dans chaque village, 14 ménages dont celui du chef village repartis dans l’ensemble des localités du village ont été soumis à l’enquête. Dans chaque localité visitée, des ménages quelle que soit leur habitation, sont choisis de manière aléatoire. Lorsqu’on a fini de faire le tour des ménages, l’on s’est intéressé aux autres acteurs se trouvant dans les villages et aux ouvrages d’assainissement des lieux publics. A la fin des enquêtes individuelles et des visites des installations existantes dans les villages, il est organisé par moment des focus groupes ou causeries autour des thèmes majeurs liés à l’hygiène et à l’assainissement. Les outils de collecte de données sont en annexe 3.

2.2- Dépouillement des fiches d’enquêtes Les données issus des enquêtes sur la base d’entretiens (entretien individuel, focus group, réunion, rencontres), des visites d’observation du cadre de vie des populations, notamment des équipements d’hygiène et d’assainissement de base, ont été dépouillées au fur et à mesure que les fiches d’enquêtes sont remplies et disponibles. Elles ont fait l’objet d’un apurement et d’une centralisation après cumul pour devenir à la fin des données sous forme d’agrégats au niveau communal.

2.3- Traitement et analyse des données Cette opération s’est faite à l’aide du logiciel Excel. Les fréquences liées à chaque variable sont restituées sous forme de tableaux ou figures. Les données qualitatives ont fait l’objet d’analyse croisée selon différents paliers en profondeur.

2.4- Restitution au niveau arrondissement Les premiers résultats issus des consultations et des visites des ouvrages ont été restitués dans les arrondissements pour prendre en compte les préoccupations des uns et des autres.

III- CADRE LEGAL, REGLEMENTAIRE ET INSTITUTIONNEL

1) CADRE LÉGAL ET RÉGLEMENTAIRE Les différentes analyses du secteur de l’hygiène et de l’assainissement réalisées dans le cadre de la présente étude ont été faites sur la base de documents de référence qui définissent les normes et règles régissant les pratiques dans le secteur de l’hygiène et de l’assainissement en République du Bénin. Ces documents d’orientation générale et d’envergure nationale ont été complétés au niveau local par des arrêtés communaux et dispositions pratiques réglementaires. Les principaux éléments exploités sont compilés comme suit :

1.1- Niveau national Loi n°2010-4 du 24 novembre 2010 gestion de l’eau en République du Bénin : II y a quelque mois que ses décrets d’application ont été élaborés. On se rend aisément compte que cette loi n’a pas occulté les préoccupations relatives à l’hygiène de l’eau. A ce propos, cette loi en son article 60 du dixième chapitre préconise les dispositions 18

suivantes : « L’eau livrée à la consommation des populations doit être potable. Quel que soit le mode de gestion du service public d’approvisionnement en eau potable, la personne publique compétente veille, sous l’autorité des ministres en charge respectivement de l’eau et de la santé, et conformément aux dispositions du code de l’hygiène publique, à la qualité de l’eau distribuée et au respect des normes… ». On y note par ailleurs des dispositions particulières relatives à la protection de l’eau comme c’est le cas avec les ressources naturelles à préserver. Loi n°097-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes : Cette loi a été exploitée, en sa section 3 et aux articles 93 et 95, pour analyser le niveau de prise en charge des responsabilités de la commune au regard des compétences qui lui sont dévolues en matière d’environnement, d’hygiène et de salubrité ; notamment en ce qui concerne la collecte et le traitement des déchets liquides et solides ; la lutte contre les vecteurs des maladies transmissibles, l’assainissement individuel (latrines, fosses septiques, puisards) et toutes les mesures de nature à favoriser leur promotion. De plus, elle a permis de circonscrire les responsabilités de la commune en matière de construction, d'équipement et des réparations des établissements publics de l'enseignement primaire et maternel. Loi n°98-030 du 12 février 1999, portant loi cadre sur l’environnement en République du Bénin : Cette loi a été exploitée pour apprécier les conditions d’intervention de la commune en rapport avec l’environnement en vue de sa protection. Elle prévoit la protection du sol, du sous sol et de ses richesses contre toute forme de dégradation et de contamination (art. 19 et 20). Elle recommande le dépôt des ordures dans un lieu approprié et autorisé (art. 68) en vue de son traitement (art. 67). D’une façon générale, elle explicite les mesures de protection et de mise en valeur des milieux naturels et de l’environnement humain; les mesures de la limitation de la pollution et des nuisances ; de la nécessité de la réalisation d’études spécifiques (impact et audit environnemental), des plans d’urgence et des mesures d’incitation avant la mise en œuvre de tout projet important. Loi n°87-015 du 21 septembre 1987 portant code d’hygiène publique : Cette loi a permis l’appréciation de l’application des règles d’hygiène publique, l’hygiène dans les habitations, l’hygiène des denrées alimentaires, l’hygiène dans les établissements à caractère commercial, dans les places publiques et les plages ; l’hygiène de l’eau pour toutes ses utilisations et l’hygiène relative aux contrôles sanitaires aux frontières ; etc. Décret n°2002-484 du 15 novembre 2002 portant gestion rationnelle des déchets biomédicaux en République du Bénin : Ce décret définit et classifie les types de déchets biomédicaux, établit les règles de la collecte, du stockage, du transport et du traitement des déchets biomédicaux. Elle a permis d’apprécier la situation dans les formations sanitaires de la commune de Bopa. Décret n°2001-094 du 20 février 2001 fixant les normes de qualité des eaux : Il sert de référence pour l’appréciation des dispositions prises par la commune pour le traitement de toute matière de vidange avant le rejet dans le milieu naturel (art.18), les normes de rejet (art. 23 et 24) et la nécessité pour les exploitants de station d’épuration de procéder régulièrement à un échantillonnage de ses eaux pour vérifier la conformité avec les dispositions du présent décret (art 27). Il donne aussi du contenu aux conditions d’installation, d’exploitation et de vidange des ouvrages d’assainissement individuels (art. 29, 34, 35, 36, 38).

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Décret n° 2003-332 du 27 août 2003 portant Gestion des déchets solides en République du Bénin : ce décret constitue une référence pour la définition des normes et exigences liées à la gestion de ces déchets. Arrêté interministériel n°069/MISAT/MEHU/MS/DC/DE/DATC/DHAB du 04 avril 1995 : cet arrêté définit la réglementation des activités de collecte, d’évacuation, de traitement et d’élimination des matières de vidange en République du Bénin. Par cet arrêté, les conditions d’exercice de l’activité de collecte, d’évacuation et de traitement des boues de vidange dans la commune ont été appréciées. Il s’agit entre autres de l’appréciation du respect des éléments essentiels qu’on doit retrouver sur un site de traitement (art 19). Le respect des conditions de fixation du prix de la vidange des ouvrages et du taux de redevance à payer à une structure de traitement pour le dépotage (art 22 et 34).

1.2- Niveau local Il s’agit de : - Arrêté communal n°92/001/CB/SG de l’an 2010 portant Organisation, attribution et fonctionnement des services de la mairie de Bopa; - Arrêté communal n°92/037/CB/SG/SAG de l’an 2008 portant Création, composition et attributions de la Brigade d’Hygiène et d’assainissement dans la commune de Bopa ;

2) CADRE INSTITUTIONNEL Le secteur de l’hygiène et de l’assainissement est géré par plusieurs acteurs institutionnels. On peut citer les communes, le Ministère de la Décentralisation, de la Gouvernance Locale, de l’Administration et de l’Aménagement du Territoire (MDGLAAT), le Ministère de l’Environnement, de l’Habitat et de l’Urbanisme, le Ministère de la Santé, le Ministre de l’Energie, des Recherches Pétrolières et Minières, de l’Eau et du Développement des Energies Renouvelables (MERPMEDER), les Organisations de la Société Civile.  Les communes : L’engagement du Bénin dans le processus de la décentralisation consacre le principe de la libre administration des collectivités territoriales par des conseils élus. La loi confère désormais aux collectivités territoriales décentralisées des prérogatives relatives à l’administration et à l’aménagement du territoire, au développement économique social, sanitaire, culturel et scientifique ainsi qu’à la protection de l’environnement et à l’amélioration du cadre de vie. En effet, la collecte, le transport et le traitement des déchets solides, liquides autres que les déchets industriels constituent désormais la charge du conseil communal qui doit veiller à la préservation des conditions d’hygiène et de salubrité publique sur son ressort territorial.  Le département ministériel chargé de la Décentralisation des Collectivités Locales et de l’Aménagement du Territoire (MDGLAAT) assure la tutelle des administrations communales. Ces dernières sont chargées, de par certaines des compétences à elles transférées, de l’observation permanente et de la satisfaction des besoins de la population en matière d’hygiène et d’assainissement. En tant qu’autorité de tutelle, le ministère, à travers le Préfet qui le représente au niveau départemental, a un droit de regard sur la mise en œuvre des politiques en cours dans le secteur au niveau de l’Etat et des communes.  Le département ministériel en charge de la Santé est très actif, par le biais de la Direction Nationale de la Santé Publique (DNSP), dans les travaux de l’assainissement de base, du contrôle de la qualité de l’eau, du contrôle de la salubrité (visite intra 20

domiciliaire), de la lutte anti-vectorielle et de l’éducation à l’hygiène ainsi que la promotion des technologies d’assainissement. La DNSP veille également, avec ses services déconcentrés sous l’autorité du Préfet de Département, à l’application de la loi portant code d’hygiène publique. Elle dispose d’agents d’hygiène et d’agents de la police sanitaire dans les communes pour l’exécution de sa mission. Aussi, la Direction Nationale de la Protection Sanitaire (DNPS) assure la promotion de l’hygiène dans les formations sanitaires pour le bien-être des usagers.  Le Ministère de l’Environnement, de l’Habitat et de l’Urbanisme (MEHU) est chargé à travers la Direction Générale de l’Environnement (DGE) de la définition et de la mise en œuvre de la politique de l’Etat en matière de l’environnement; de la promotion d’un meilleur cadre de vie, tant en milieu urbain que rural et de la définition des mesures d’assainissement. Il organise et planifie le secteur de l’assainissement. L’Agence Béninoise pour l’Environnement (ABE), sous la tutelle du MEHU, intervient dans l’élaboration des normes de qualité en matière d’évaluation environnementale des projets susceptibles de porter atteinte aux principes environnementaux et dans la réalisation des Etudes d’Impact Environnementales (EIE). La Direction chargée de l’Urbanisme et de l’Assainissement (DUA) du MEHU est chargée de la réalisation des travaux de voiries et de collecte des eaux pluviales notamment en milieu urbain.  , Le Ministre de l’Energie, des Recherches Pétrolières et Minières, de l’Eau et du Développement des Energies Renouvelables (MERPMEDER)a, entre autres, comme responsabilité, la définition des orientations stratégiques nationales en matière d’assainissement des eaux usées en milieu urbain et de veiller à sa mise en œuvre (et ce, à travers la Société Nationale des Eaux du Bénin – SONEB). La Direction Générale de l’Eau (DG Eau) a en charge l’approvisionnement en eau potable en milieu rural

3) DOCUMENTS DE RÉFÉRENCE AU NIVEAU NATIONAL

3.1- Politique Nationale de l’Assainissement Le document de Politique Nationale d’Hygiène et d’Assainissement du Bénin (PNHAB) et le plan d’actions détaillées de mise en œuvre de la Politique Nationale d’Hygiène et d’Assainissement du Bénin décrivent la politique du gouvernement béninois en matière d’assainissement. La PNHAB a pour perspectives d’apporter des solutions durables aux problèmes environnementaux en général et à ceux liés à l’assainissement en particulier. Il convient de souligner que dans le domaine de l’assainissement et de l’hygiène de base, la stratégie nationale du Bénin s’appuie sur cinq principes fondamentaux à savoir :  la mise en place de structures institutionnelles durables et efficaces pour la gestion des services ;  la promotion de programmes d’assainissement élaborés à partir de la demande exprimée par les communautés ;  la participation des communautés au financement des ouvrages, à leur exploitation et à leur entretien ;  le développement des compétences des entrepreneurs et des artisans locaux ;  la promotion de technologies appropriées correspondant aux capacités financières et de gestion de l’état, des municipalités et des bénéficiaires.

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3.2- RGPH II et III (INSAE) Les résultats du deuxième et du troisième Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH II et III) ont été utilisés pour déterminer les taux d’accroissement intercensitaire des populations et pour faire des estimations pour l’année 2011 et l’année 2016 (horizon de l’étude). Ces données ont été d’une grande utilité pour le calcul des différents taux et des besoins en infrastructures. Le nombre de ménage projeté en 2016 est en annexe 4.

3.3- EMICOV Les résultats de l’Enquête Modulaire Intégrée sur les Conditions de Vie des ménages (EMICOV) édités en 2007 et de l’enquête Suivi-EMICOV en 2009 par l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique (INSAE) ont permis de ressortir les tendances à l’échelle départementale concernant le niveau de vie et par rapport aux secteurs de l’approvisionnement en eau potable et de l’assainissement.

3.4- EDSB III (INSAE) Les résultats de la troisième Enquête Démographique et de Santé du Bénin (EDSB 3) réalisé par l’INSAE en 2002 ont été exploités pour apprécier les références nationales sociodémographiques et de santé, notamment les caractéristiques de l’habitat et les biens possédés par les ménages.

IV- BREVE PRESENTATION DE LA COMMUNE DE BOPA

1) LOCALISATION La commune de Bopa est localisée dans la région méridionale de la République du Bénin (Afrique de l’Ouest), plus précisément au nord-est du département de Mono comme indiqué sur la carte ci-dessous.

Carte 1 : Localisation de la commune de Bopa

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Source : PLAN DE DEVELOPPEMENT COMMUNAL (2011 – 2015), Mars 2011

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2) PRÉSENTATION PHYSIQUE Située au nord-est du département du Mono, la Commune de Bopa est limitée au nord par les communes de Dogbo et de Lalo, au sud par la commune de Comè, à l’est par les communes d’Allada et de Kpomassè dans le département de l’Atlantique et à l’ouest par les communes de Houéyogbé et de . Sa superficie est estimée à environ 365 km2 soit 22,74% de la superficie du Mono et environs 0,32% de la superficie totale du pays. Elle présente une forme spatiale allongée vers le sud.

3) SITUATION POLITICO‐ADMINISTRATIVE Conformément au découpage territorial actuellement en vigueur en République du Bénin, la commune de Bopa, abrite sous sa tutelle sept (7) arrondissements et soixante (60) villages et quartiers de ville à savoir : (7villages), Badazouin (9 villages), Bopa (13 quartiers de ville), Gbakpodji (6 villages), Lobogo (11 villages), Possotomè (7 villages) et Yègodoé (7 villages). A la faveur des dernières élections municipales tenues en 2008, cette commune du nord-est du département du Mono dispose d’une administration communale à la tête de laquelle se trouve un Conseil communal de dix sept (17) élus y compris l’actuel maire. Le chef- lieu de la Commune est Bopa.

4) CARACTÉRISTIQUES PHYSIQUES ET GÉOGRAPHIQUES La commune de Bopa présente un cadre physique caractérisé par les données ci-dessous.

4.1- Relief et climat Le relief qui caractérise la commune de Bopa est plus ou moins accidenté. Vu ou photographié en altitude (1000 mètres environ en hauteur), on constate aisément que ce relief présente un ensemble d’ondulations tectoniques constituées de plateaux, de dépressions et de bassins versants. Comme la plupart des communes se trouvant dans cette partie du Sud-Bénin, la commune de Bopa bénéficie d’un climat subéquatorial de type Guinéen caractérisé par quatre (04) saisons à savoir : - une grande saison sèche de mi-novembre à mi-mars ; - une grande saison de pluies de mi-mars à mi-juillet ; - une petite saison sèche de mi-juillet à mi-septembre ; et, - une petite saison de pluies de mi-septembre à mi-novembre. Les précipitations sont observées pendant toute l’année, en l’occurrence, entre mars et juillet avec un maximum en juin. Celles-ci se répartissent en moyenne sur 80 à 120 jours. Les hauteurs moyennes annuelles enregistrées sont habituellement de l'ordre de 800 à 1000 mm. L’apparition de l’harmattan coïncide presque toujours avec la période allant de décembre à mars. Il est important de faire remarquer qu’en raison des changements climatiques qu’on observe depuis quelques années, son apparition devient de plus en plus aléatoire.

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4.2- Sols Dans la Commune de Bopa, on distingue une diversité de sols qu’on peut catégoriser en trois (3) grands ensembles à savoir : - les vertisols hydromorphes ou terres noires encore appelés en langue locale «OKÔ». Il s’agit des sols à texture argilo-limoneuse, très riches qui retiennent beaucoup d’eau. Ces terres représentent les 3/5 de la superficie totale de la commune et couvrent les arrondissements de Badazouin, de Yêgodoé, de Gbakpodji, de Agbodji et une partie de Lobogo ; ‐ les sols ferralitiques ou terres de barre sur sédiment meuble. On les retrouve dans les arrondissements de Possotomè, Bopa et la zone sud de Lobogo. ‐ les sols hydromorphes constitués d’un ensemble de bas-fonds (vallées et bassins). Ce sont des terres à texture sablo-argileuse. qui couvrent une partie des arrondissements de Bopa et Agbodji.

5) RÉSEAU HYDROGRAPHIQUE La situation hydrographique de la commune de Bopa est caractérisée par un complexe fluvio-lacustre dominé par le lac Ahémé de par son étendue. Il existe d’autres cours d’eau d’une importance non négligeable qui drainent les espaces culturaux .Ce sont entre autres : - le ‘’hasso’’ à Tanvè dans Lobogo ; - le kpatoè à Mèdétogbo dans Agbodji. A toutes ces eaux de surface s’ajoutent des plans d’eau saisonniers (sodou, houantoè, etc.). Par ailleurs, on y trouve les bas-fonds humides ou collecteurs naturels d’eau de Sèhougbato, de Houègbo, de Hassonou, de Agbô, de Agbodji, de Bolimey, de Kpindji (Bopa) et de Tohonou. L’existence des cours d’eau offre de grandes richesses halieutiques et des possibilités d’aménagement pour des fins piscicoles et maraîchères.

6) ECONOMIE LOCALE La commune de Bopa dispose d’une économie locale qui repose fondamentalement sur l’agriculture. On y pratique : - les spéculations en production végétale (maïs, arachide, manioc, patate douce, niébé, cultures maraîchères, palmier à huile etc.) ; - les spéculations en production animales (cuniculture, aviculture traditionnelle, aulacoculture, ovins, caprins, bovins, pisciculture) ; - les produits agro-alimentaires transformés de manière artisanale (huile rouge, huile palmiste, gari, tapioca, sodabi, etc.). En dehors des produits agricoles, le secteur de l’artisanat (vannerie, tresse de nattes, chapeaux, couffins, etc.) alimente également l’économie locale. Les divers produits sont écoulés sur les marchés locaux ou environnants. On distingue ici deux types de marché à savoir : - les grands marchés : ils sont au nombre de quatre. il s’agit des marchés de Lobogo, Gnidhonou (arrondissement de Badazoui, Kowého (arrondissement d’agbodji) et de Yénawa ou Wanokpodji (arrondissement de Possotomè) ; 25

- les petits ou micro marchés : on en compte une démi douzaine parmi lesquels, figurent les marché de Sèhou (arrondissement de Bopa), Sèhomi (arrondissement de Possotomè, Agboh,Djidjozoun (arrondissement d’Agbodji, Hègo (arrondissement de Lobogo et de Tohouéta (arrondissement de Yègodoé).

7) INFRASTRUCTURES COMMUNAUTAIRES La commune de Bopa dispose des infrastructures sociocommunautaires au nombre desquels on peut entre autres citer les établissements scolaires (environ 150), les centres de santé (6 CSA + 1CSC), des ouvrages hydrauliques (AEV, PEA, FPM, deux réseaux SONEB desservant les grandes agglomérations de Bopa et de Lobogo), des latrines (familiales, communautaires, publiques ou institutionnelles), des marché (exactement 10), des centres des jeunes et de loisirs (Bopa et Lobogo), un réseau routier quasi-impraticable donnant accès aux arrondissements et villages. Si d’un côté, on observe en général une inégale répartition de certains équipements ; de l’autre on note l’insuffisance au niveau de certaines infrastructures pourtant indispensables au bien-être des populations. C’est par exemple, le cas des latrines toutes catégories confondues.

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SITUATION DE L’HYGIENE ET DE L’ASSAINISSEMENT

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I. GESTION DES EAUX USÉES ET EXCRÉTA Dans un contexte de mauvaise gestion, les eaux usées et excréta peuvent constituer une source de nuisances et de maladies pour les humains. Ces sous produits des activités et fonctions biologiques des humains nécessitent pour leurs gestions adéquates, la mise en place aussi bien au niveau des ménages qu’au niveau villageois/communal, d’un certain nombre d’équipements de manière individuel ou collective (latrines, égouts, puisards puits perdus, stations d’épurations…) et ce, suivant les normes environnementales en matière d’hygiène et d’assainissement.

1) DANS LES MENAGES La problématique de gestion des eaux usées et excréta dans les ménages de la commune de Bopa se pose dans un contexte où très peu de ménages dispose d’ouvrages adéquats. Les dispositifs tels que les fosses septiques, les latrines à siphon hydraulique et les latrines simples ou les latrines améliorées à fosses ventilées sont considérés comme appropriés, à condition qu’ils ne soient pas publics/communautaires. Aux termes des activités de recensement exhaustif de ces dispositifs et du sondage d’opinion, organisés dans la commune de Bopa, le point des ouvrages familiaux au niveau des arrondissements se présente comme ci-après. Tableau 1 : Point des latrines et puits perdus par arrondissement

2 Arrondissements Nombre total de ménages estimé en 2012 Nombre de cabines de latrines construites Nombre de cabines de latrines utilisées Nombre de cabines de latrines hors services Nombre de ménages utilisant les latrines Nombre de puits Perdus et autres Nombre de ménages puits les utilisant perdus Nombre de ménages puits disposant de perdus Nombre de ménages latrines disposant de AGBODJI 2062 7 7 0 25 7 4 2 2 BADAZOUI 2496 0 0 0 0 0 0 0 0 BOPA 2307 660 601 59 1026 381 116 151 78 GBAKPODJI 1261 0 0 0 0 0 0 0 0 LOBOGO 4405 628 567 61 1008 371 53 84 39 POSSOTOME 1570 350 319 31 712 209 66 98 48 YEGODOE 1983 2 2 0 5 1 0 0 0 COMMUNE 16102 1647 1496 151 2776 969 239 335 167 Source : recensement de diagnostic, 2012. Une analyse des données de ce tableau permet de ressortir principalement trois faits majeurs à savoir :

2 Puisard et fosse de latrine 28

Les populations de la commune de Bopa vivent dans une solidarité partagée en ce qui concerne l’utilisation des ouvrages d’assainissement pour leurs besoins de défécation et de bain corporel : en effet, 2776 ménages utilisent les latrines alors que seulement 969 ménages en disposent, soit 1807 ménages qui partagent sans problème, 1496 cabines de latrines avec leurs propriétaires. de ces latrines et 168 autres ménages utilisent sans difficultés, des douches munies de puits perdus appartenant à d’autres ménages. Les ménages de la commune manquent d’engouement pour la réhabilitation des latrines en décrépitudes : dans la commune de Bopa, on a dénombré 151 latrines familiales en ruines. Certaines populations de la commune de Bopa vivent en absence de tous dispositif d’évacuation adéquat des eaux usées et excréta : deux arrondissements entiers de Bopa, où vivent 3757 ménages sont sans latrines ni puits perdus. Selon les estimations de population en 2002, rapport de l’INSAE, RGPH III, la commune de Bopa compterait en 2012, 16102 ménages. D’après les résultats de recensement des ouvrages d’assainissement effectué dans la commune, dans le cadre du diagnostic PHAC, seulement 969 ménages disposent d’au moins une cabine de latrine familiale. Les taux d’accès et de couverture des ménages de la commune de Bopa aux ouvrages d’assainissement se présentent comme suit : (confère 1.1.1, tableaux 3 et 4)

1.1- Accès aux ouvrages d’évacuation des excréta par les ménages La proportion de la population ayant accès à un système d’assainissement amélioré (zones urbaines et rurales) se réfère au pourcentage de la population ayant accès aux installations qui dans des conditions hygiéniques empêchent l’homme, l’animal ou l’insecte d’entrer en contact avec des excréta humains. Sur la base des résultats du recensement exhaustif des ouvrages, effectué dans toute la commune de Bopa, cette proportion ou taux d’accès aux ouvrages d’évacuation des excréta a été calculée au niveau ménage ; les résultats se présentent comme ci-après : Tableau 2 : Taux (%) de couverture et d’accès des ménages aux latrines

Arrondissements Taux de couverture des Taux d’accès des ménages aux latrines ménages en latrines AGBODJI 0,34 % 1,21 % BADAZOUI 0 % 0 % BOPA 26,05 % 44,47 % GBAKPODJI 0 % 0 % LOBOGO 12,87 % 22,88 % POSSOTOME 20,32 % 45,35 % YEGODOE 0,10 % 0,25 % COMMUNE 9,29 % 17,24 %

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Le taux de couverture en latrine familiale de la commune de Bopa est de 9,29%. Comparé à ce taux communal et aux taux des autres arrondissements, Bopa centre se présente comme étant l’arrondissement le mieux équipé en latrines familiale, avec un taux de couverture de 26,05%. Il est suivi respectivement des arrondissements de Possotomè (20,32%), de Lobogo (12,87%), d’Agbodji (0,34%) et de Yégodoé (0,10%) pour ce qui concerne les arrondissements qui disposent de latrines. Les arrondissements de Gbakpodji et de Badazoui sont par contre, dépourvus de latrines familiales. Pour ce qui est de l’utilisation de ces latrines, certains ménages, quoique dépourvus de latrines, ne se font pas prier pour en utiliser une. En effet, dans la commune de Bopa, 11,22% des ménages ne disposant pas de latrines sollicitent avec succès l’autorisation d’utiliser les latrines des ménages voisins. Ainsi, au niveau communal, le taux d’accès aux latrines familiales a presque doublé celui de la couverture. L’arrondissement de Possotomè a le plus élevé des taux d’accès (45,35%) tandis que celui de Yégodoé a le plus faible (0,25%). En d’autres termes, il est plus aisé de faire remarquer par ces taux d’accès aux latrines que, dans la commune de Bopa, 90,71% des ménages n’ont pas accès à une latrine améliorée et ainsi, utilisent la brousse et les tas d’ordures pour déféquer dans la nature. Cette proportion de ménages (90,71%) représente environ 73 031 personnes de la commune de Bopa. Une comparaison en diagramme des différents taux d’accès et de couverture (communal et arrondissements) en latrines familiales se présente comme ci-après (confère figure 1)

Figure 1 : Diagrammes comparés des taux de couverture (TC) et d’accès (TA) aux latrines . De l’analyse de ce graphique, il ressort que l’arrondissement de Bopa détient le taux de couverture en latrines familiales le plus élevé. Mais c’est l’arrondissement de Possotomè qui compte plus d’accès aux latrines que les autres. Dans toute la commune de Bopa, on estime à environ une personne sur six, le nombre d’individu ayant accès à une latrine pour y déféquer. Aux dires des populations et suite aux travaux de terrains effectués lors du diagnostic communal, les faibles taux de couvertures et d’accès peuvent se justifier en partie par : - La nature du sol (sol limono-argileuse) très difficile à travailler rencontrée dans les arrondissements de Badazouin, Gbakpodji, Yégodoé et Agbodji. - La faible capacité de financement des populations pour la réalisation des latrines… 30

Il faut notifier tout de même que la proportion des visiteurs des latrines familiales pouvait être améliorée, si les populations de Bopa avaient de l’engouement, ne serait ce que pour la réfection des ouvrages en décrépitudes dans la commune. En effet, environ 151 latrines familiales sont hors service dans la commune au beau plaisir de la défécation à l’air libre. Par arrondissement et au niveau communal, les proportions de ces latrines s’apprécient de la manière suivante (voir figure ci-dessous).

Figure 2 : Proportion de latrines défectueuse dans la commune de Bopa

1.2- Accès aux ouvrages d’évacuation des eaux usées par les ménages Dans cet environnement de manque criard d’ouvrages d’évacuation des excréta (les latrines), vient s’ajouter celui des eaux usées domestiques. En effet, dans la commune de Bopa, les puits perdus et les puisards qui constituent les ouvrages d’évacuation adéquate des eaux usées domestiques, ne constituent pas aux yeux de bon nombre des populations, des objets/équipements de moindre valeur économique et de haute valeur sanitaire pour qu’elles en disposent un. C’est dire que malgré que ces ouvrages soient d’une grande importance dans la lutte contre les gites des larves de moustiques et autres vecteurs de maladies, les populations de Bopa peinent à les réaliser. Pour preuve, suite aux opérations de recensement exhaustif des ouvrages d’assainissement organisé dans la commune, les résultats relatifs aux ouvrages d’évacuation des eaux usées domestiques se présentent comme ci-après : Tableau 3: Couverture et accès aux ouvrages de gestion des eaux usées

Arrondissements Taux de couverture des Taux d’accès des ménages aux ménages en puits perdus puits perdus AGBODJI 0,19 % 0,10 % BADAZOUI 0 % 0 % BOPA 5,03 % 6,55 % GBAKPODJI 0 % 0 % LOBOGO 1,20 % 1,91 % POSSOTOME 4,20 % 6,24 % YEGODOE 0 % 0 % COMMUNE 1,48 % 2,08 % Source : Enquêtes de terrain 2012

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Une analyse des valeurs de ce tableau permet de constater que l’évacuation adéquate des eaux usées domestiques ne constitue pas une préoccupation des populations de la commune. En témoignent le taux d’accès communal aux ouvrages (1,48%). Ainsi, il est claire que le déversement direct dans la nature des eaux usées constitue le mode prépondérant d’évacuation des eaux usées pratiqué par les populations et ce, malgré son incidence certaine sur la prévalence du paludisme dans le milieu. En effet, au cours des cinq dernières années, le paludisme a été la première des causes de consultations dans la commune de Bopa. Il faut faire remarquer que dans la commune de Bopa, la possession et l’utilisation par les ménages des ouvrages d’évacuation des eaux usées domestiques suivent dans la globalité, celles des latrines. Ainsi, on peut constater d’une part, que l’arrondissement de Bopa détient le taux de couverture en puits perdus le plus élevé (5,03 %) suivi de l’arrondissement de Possotomè (4,20%) et d’autre part, que les arrondissements de Badazoui et de Gbakpodji sont dépourvus d’ouvrages d’évacuation des eaux usées.

2) OUVRAGES D’EVACUATION DES EAUX USEES ET EXCRETA AU NIVEAU DES PLACES PUBLIQUES, BARS RESTAURANTS ET AUBERGES Les marchés, auberges/hôtels, gare-routières, bar-restaurants et maisons des jeunes, dans leurs fonctions de lieux de distraction, d’échanges commerciaux et de repos pour toute personne qui en éprouve le besoin, peuvent poser des problèmes d’évacuation des eaux usées et excréta. Tout comme dans les ménages, l’évacuation adéquate de ces eaux usées et excréta doit être opérée par les gestionnaires de ces lieux. Dans la commune de Bopa, le point de ces lieux et leurs équipements en ouvrages d’assainissement est présenté dans le tableau suivant : Tableau 4 : Nombre de places publiques, auberges et bar-restaurants par arrondissement

Latrines Maquis/Bar et Maisons des Marchés communautaire hôtels jeunes Arrondissement Nbr. Nbr. Nbr. Nbr. Nbr. cabine cabine Noms Hangar Boutique Nbr. Cabines cabines

Agboh 2 0 0

0 0 0 0 0 AGBODJI Djidjozoun 1 0 0

Kowého 2 0 0

0 0 0 0 0 BADAZOUIN Gnidhonou 6 0 0

21 1 0 1 0 BOPA Sèhou 4 0 0

Hègo 4 0 0 60 1 0 1 4 LOBOGO Lobogo 36 0 4

Sèhomi - 0 0 0 2 9 0 0 POSSOTOME Yénawa 7 0 1*

0 0 0 0 0 YEGODOE Tohouéta 1 0 0

81 4 9 2 4 COMMUNE 10 63 0 5 Source : Recensement PHAC 2012 (1* = latrine défectueuse)

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De par leur nature et/ou fonction, les lieux ci-dessus identifiés comme lieu public dans la commune de Bopa sont au nombre de 16 à travers tous les arrondissements. Certains de ces lieux tels que la maison des jeunes de Lobogo, les hôtels et certains marchés disposent de latrines qui sont mises à disposition des visiteurs. Dans la commune, d’autres endroits sont identifiés dans les arrondissements, notamment dans les arrondissements de Bopa et de Lobogo, pour accueillir des latrines publiques ou communautaires. En effet, une analyse des données d’enquête relatives aux latrines publiques a permis de constater que 81 cabines de latrines sont construites à titre de latrines communautaires dans les arrondissements de Bopa et de Lobogo. Ces latrines à usage libre et gratuit végètent dans une insalubrité totale. Par contre, au niveau des auberges/hôtels, les latrines sont propres et bien entretenues. Il est ainsi clairement établi que les latrines publiques, différenciées ici de celles familiales à cause de leur accès à tout usager des lieux où elles sont implantées sont des ouvrages à entretien difficile car de tout temps utilisés par les usagers multiples et à comportements divers. Ces latrines qui sont normalement réalisées pour soulager la peine des populations sont devenues des ouvrages répugnants rejetés par bon nombre des populations au profit de la défécation à l’air libre et ce, malgré l’accès libre et gratuit aux latrines. La principale raison à cette situation d’insalubrité est sans doute cette gratuité d’accès aux latrines. En effet, en absence d’une motivation financière pour l’entretien et la gestion des latrines communautaires, les cabines de ces latrines manquent d’hygiène et de confort. Pour rendre beaucoup plus utiles ces latrines, l’exemple de gestion des latrines de la gare routière de Lobogo devrait servir d’école. A la gare routière de Lobogo, l’accès aux latrines est subordonné à un payement de 25 F ; cette redevance avant l’utilisation des latrines publiques de la gare routière est également pensée au niveau des latrines de la maison des jeunes de l’arrondissement de Lobogo. Il faut noter que la propreté des latrines de ces deux lieux (gare routière et maison des jeunes) est redevable au mode de gestion qui est faite d’elles.

3) OUVRAGES D’EVACUATION DES EAUX USEES ET EXCRETA AU NIVEAU DES INSTITUTIONS Les latrines institutionnelles regroupent ici, les latrines scolaires, les latrines au niveau des formations sanitaires et au niveau des autres services publiques ; une analyse par catégorie de ces types de latrines a été faite cours du diagnostic communal et les informations qui en découlent se présentent comme suit :

3.1- Au niveau des établissements scolaires Les problèmes d’assainissement en milieu scolaire vont au delà de l’érection d’une simple cabine de latrine équipée de dispositif de lavage des mains : encore faut-il que ces latrines soient appropriées, correctement utilisées et entretenues, ce qui n’est manifestement pas le cas dans bon nombre de nos écoles de la maternelle jusqu’au secondaire en passant par le primaire. L’école est considérée depuis longtemps comme un tremplin vers une acceptation des bonnes pratiques notamment d’hygiène par les enfants et leurs familles. Nombre de projets comportent un volet « latrines scolaires », dans l’espoir qu’un enfant familiarisé à l’utilisation des latrines contribuera à inciter sa famille à s’équiper ou s’équipera lui-même en latrine, une fois devenu adulte. Quand bien même que des efforts dans ce sens sont constamment fournis, il y a encore pas mal d’établissements scolaires qui manquent de latrines. 33

Dans la commune de Bopa par exemple, certes plusieurs dizaines d’écoles sont équipées en latrines scolaires mais de toute évidence, la satisfaction des élèves par rapport à ces ouvrages est à rechercher et il ne serait pas absurde de dire que des efforts de construction de latrines scolaires dans la commune de Bopa sont plus qu’attendus. Nous pouvons nous en rendre compte par les différents taux de couvertures et d’accès aux latrines dans les différentes catégories d’établissements scolaires de la commune. a) dans les écoles maternelles Au nombre de 14 au niveau communal, les écoles maternelles ne sont pas toutes équipées en latrines et urinoirs. La situation par arrondissement est présentée comme ci-dessous. Tableau 5 : Nombre d’écoles maternelles et de latrines scolaires par arrondissement

de

(%)

élèves

cabines utilisées

latrines

(%)

total d’écoles de des couverture

de

de d’accès

latrine latrines

Arrondissement Nombre maternelles Nombre cabines Nombre de Effectifs Taux en Taux AGBODJI 0 ‐ ‐ ‐ ‐ ‐ BADAZOUI 0 ‐ ‐ ‐ ‐ ‐ BOPA 3 13 9 218 100% 100% GBAKPODJI 0 ‐ ‐ ‐ ‐ ‐ LOBOGO 5 12 9 315 100% 100% POSSOTOME 6 16 8 313 100% 100% YEGODOE 0 ‐ ‐ ‐ ‐ ‐ COMMUNE 14 41 26 846 100% 100% Source : enquêtes de terrain En analysant les données du tableau ci-dessus, on se rend compte que le taux de couverture en latrines des écoles maternelles est de 100% dans tous les arrondissements. Ce taux très appréciable est accompagné d’un taux d’accès également de 100% dans toutes les écoles. Cette situation pourra être d’un grand support dans l’éducation des tous petits que sont ces écoliers si une attention particulière venait à être accorder à l’hygiène dans les cabines de latrines. En effet, environ 40% de ces latrines sont insalubres. b) dans les écoles primaires Contrairement aux écoles maternelles, les écoles primaires ne disposent pas toutes des latrines ; le recensement des latrines mené dans les 112 écoles primaires publiques et privées de la commune de Bopa a permis de présenter la situation suivante.

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Tableau 6: Nombre d’écoles primaires et de latrines scolaires par arrondissement

de

(%)

élèves

cabines utilisées latrines

(%)

total d’écoles de des couverture de

de d’accès

latrine latrines

Arrondissement Nombre primaires Nombre cabines Nombre de Effectifs Taux en Taux AGBODJI 12 58 17 2269 100,0% 37,46% BADAZOUI 15 29 18 2649 54,74% 33,98% BOPA 16 63 44 2767 100,0% 79,51% GBAKPODJI 6 16 11 1209 66,17% 45,49% LOBOGO 36 175 122 9545 91,67% 63,91% POSSOTOME 11 63 40 2042 100,0% 97,94% YEGODOE 16 32 26 2012 79,52% 64,61% COMMUNE 112 436 278 22493 84,59% 60,41% Source : enquêtes de terrain

A Bopa, dans les écoles primaires, le taux de couverture en latrines est partout supérieur aux taux d’accès (cf. données tableau 9) ; ce qui contraire au niveau des ménages. Au niveau communal, le taux d’accès aux latrines scolaires est de 60,41% alors que celui de la couverture est de 84,59%. Cette situation peut s’expliquer par le fait que d’une part, un petit nombre d’enseignants utilise exclusivement plus de cabines de latrines que ne leur accordent les normes en assainissement. En effet, dans les arrondissements de Bopa, d’Agbodji et de Lobogo par exemple, les taux d’accès aux latrines des enseignants excèdent largement les 200%. C’est-à-dire dans ces arrondissements, moins de cinq (5) enseignants utilisent une cabine de latrine, alors que la norme prévoit dix (10) enseignants par cabine de latrine. D’autre part, dans ces arrondissements et même dans tous les arrondissements de la commune, il existe beaucoup de latrines scolaires qui sont hors service (dans la commune, on compte environ 54 cabines de latrines scolaires hors services au primaire). Une analyse du taux d’accès des élèves aux latrines permet de constater qu’au niveau communal, 2 élèves sur 3 ont réellement accès aux latrines scolaires. Si cette situation est plus meilleure dans quatre arrondissements de la commune (Bopa, Possotomè, Lobogo et Yégodoé), elle est par contre pire dans les trois autres arrondissements restants – Agbodji, badazoui et Gbakpodji. Il faut signaler que dans ces trois derniers arrondissements, la structure du sol ne favorise pas la réalisation de latrines. Aussi, il noter que la pression d’accès exercée par les élèves sur les latrines corroborée par le manque d’entretien des cabines de latrines créent une insalubrité notoire qui parfois repoussent certains élèves (surtout les filles) qui préfèrent aller déféquer dans la nature. Au vu de ces situations observées à Bopa, on est en droit de se demander si le message hygiéniste peut dépasser le strict cadre scolaire et s’il atteint même tout simplement sa

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première cible que sont les écoliers. En effet, bien que les principes de base (déféquer dans une latrine par exemple) soient connus, ils ne sont manifestement pas toujours appliqués certainement par manque d’équipement. L’impact direct et indirect des latrines scolaires serait donc finalement bien faible. A cause du plus grand nombre des élèves qui utilisent le peu d’équipement disponible, la question de l’entretien est cruciale. Partant de ce constat, la construction de nouvelles latrines est urgente afin de favoriser une meilleure éducation des enfants du Bénin et particulièrement ceux de Bopa. c) dans les écoles secondaires Au nombre de dix (10) visités, les établissements d’enseignement secondaire de la commune de Bopa disposent tous de latrines. Ces latrines, même si leur présence en ces lieux répond au nom d’un effort de la part des décideurs, cet effort s’avère insuffisant. Dans aucun des établissements secondaires, le taux d’accès aux latrines n’est de 100% ce qui confirme que le nombre de latrines dans ces écoles est vraiment insuffisant. Le tableau ci-dessous fait le point des écoles et de leurs équipements en latrines. Tableau 7 : Taux de couverture en ouvrages d’assainissement des établissements secondaires

Etablissements Latrines scolaires Arrondissement Nombre d’écoles Effectif total Des élèves Nombre total de cabines Nombre de cabines utilisées par les élèves Taux de couverture Taux d’accès des élèves

AGBODJI 2 535 6 3 56,07% 28,04% BADAZOUI 0 0 0 0 0 0 BOPA 1 1337 3 1 14,96% 11,22% GBAKPODJI 0 0 0 0 0 0 LOBOGO 5 3360 18 10 26,79% 14,88% POSSOTOME 2 1467 15 10 51,12% 34,08% YEGODOE 0 0 0 0 0 0 COMMUNE 10 6699 42 25 37,24% 22,05%

Source : sondage et recensement pour PHAC 2012

Dans la commune de Bopa, tous les arrondissements ne sont pas pourvus en CEG. En effet, 4 sur les 7 arrondissements de la commune sont dotés de collèges. L’analyse de l’accès aux latrines dans ces collèges laisse entrevoir que:  Au niveau communal, 37,24% des écoles disposent de latrines et 22,05% des élèves y accèdent ;  Environ une école sur deux des arrondissements de Possotomè et d’Agbodji dispose de latrines et dans ces arrondissement, respectivement 34,08% et 28,04% des élèves accèdent aux latrines ; 36

 Dans les arrondissements de Bopa et de Lobogo, moins d’une école sur quatre dispose de latrines et seulement un sur six des élèves arrive à utiliser ces latrines. On peut également remarquer que ces différents taux d’accès des élèves aux latrines scolaires sont partout inférieurs aux taux de couverture en latrines des établissements. Ainsi donc, pour une nouvelle fois encore, le problème de nombre d’élèves par cabine de latrines disponibles se pose tout comme dans les établissements primaires de la commune. De tout ce qui précède, on peut remarquer que dans la commune de Bopa, les principaux handicapes à l’accès facile des élèves aux latrines scolaires sont : Insuffisance de latrines dans les écoles en rapport avec le nombre d’élèves de plus en plus croissant; La confiscation d’un plus grand nombre de cabines de latrines par les enseignants qui parfois amène des situations où, moins de cinq enseignants utilisent une cabine de latrine au lieu de dix enseignants par cabine et 150 élèves utilisent une cabine de latrine au lieu de 50 élèves par cabine. La détérioration des latrines à cause de la structure du sol : dans quatre arrondissements de la commune, la structure du sol (sol hydromorphe et instable) ne permet pas la construction des latrines surtout à faible coût, ou ne favorise pas leur pérennité. Le tableau ci-dessous dresse le nombre de latrines utilisées par les élèves et les enseignants par catégorie d’établissement et par arrondissement dans la commune de Bopa.

Tableau 8: Points des latrines et leurs utilisateurs par types d’établissements scolaires. Collèges Primaires Maternelles Arrondissements cabines totale cabines totale par les cabines utilisées élèves par les cabines utilisées enseignants d'usage cabines hors cabines totale par les cabines utilisées élèves par les cabines utilisées enseignants d'usage cabines hors cabines totale par les cabines utilisées élèves par les cabines utilisées enseignants d'usage cabines hors AGBODJI 6 3 3 0 58 17 9 32 0 0 0 0 BADAZOUI 0 0 0 0 29 18 8 5 0 0 0 0 BOPA 4 3 1 0 63 44 13 6 13 9 4 0 GBAKPODJI 0 0 0 0 16 11 5 0 0 0 0 0 LOBOGO 18 10 8 0 175 122 50 3 13 9 3 1 POSSOTOME 15 10 5 0 63 40 15 8 16 8 5 3 YEGODOE 0 0 0 0 32 26 8 0 0 0 0 0 COMMUNE 43 26 17 0 436 278 108 54 42 26 12 4 Source : enquêtes de terrain 37

L’analyse des données du tableau permet de ressortir que dans les écoles (maternelles, primaires et secondaires) de la commune de Bopa, environ 60% des latrines construites sont utilisés par les élèves et 40% le sont par les enseignants qui ne représentent que 3,35% de l’effectif total des élèves. Les données de ce tableau permettent également de comprendre que 58 cabines de latrines sont hors services dans les écoles primaires et maternelles ; au niveau des collèges, aucune latrine n’est défectueuse. La figure 3 ci-dessous donne par arrondissement et par catégorie d’école, le nombre de latrines hors d’usage.

Figure 3 : Proportion de cabines de latrines hors d’usage par établissement et par arrondissement

Une analyse de cette figure permet de savoir que dans cinq des sept arrondissements de la commune de Bopa, on a enregistré des latrines scolaires hors service au niveau des écoles primaires. C’est dans l’arrondissement d’Agbodji qu’on a le plus fort taux de latrines hors d’usage (59,20%) suivi respectivement des arrondissements de Possotomè, de Bopa et de Badazoui. Par contre, dans les autres catégories d’établissement d’enseignement, si aucune latrine en mauvais état n’a été enregistrée au niveau des collèges de toute la commune, cela n’est pas le cas au niveau des écoles maternelles. En effet, dans les arrondissements de Possotomè et de Lobogo, il existe des latrines hors service.

3.2- Au niveau des formations sanitaires Le territoire communal de Bopa compte environ sept formations sanitaires au rang de centres de santé d’arrondissements. Dès leur conception et à leur réalisation, ces édifices sanitaires ont été dotées des ouvrages d’assainissement dont notamment les latrines et les systèmes de gestion des eaux usées. En effet, les sept formations sanitaires recensées sur le territoire communal, disposent toutes des ouvrages d’évacuation adéquate des eaux usées et excréta. Le nombre de ces ouvrages par centre de santé est recensé dans le tableau ci-après.

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Tableau 9 : Nombre de formations sanitaires et leurs ouvrages de gestion des eaux usées et excréta Arrondissements Formations Nombre de lits d’observation Nombre de cabines de latrine Nombre de lave main fonctionnelle Nombre de douches Taux de couverture en douches munies de puits Taux de couvertures en lave mains Taux de latrinisation en rapport avec les lits d’observation

AGBODJI CSA 6 2 0 2 100 % 0 100 % BADAZOUI CSA 8 2 0 2 100 % 0 100 % BOPA CSA 26 4 0 3 100 % 0 100 % GBAKPODJI CSA 5 2 0 2 100 % 0 100 % LOBOGO CSA 16 4 0 2 100 % 0 100 % POSSOTOME CSA 12 2 0 2 100 % 0 100 % YEGODOE CSA 8 2 0 2 100 % 0 100 % COMMUNE 7 81 18 0 15 100 % 0 100 % Source : enquête de terrain 2012

L’analyse des données du tableau montre que toutes les formations sanitaires de la commune sont équipées en latrines et en douches munies de puits perdus. Au niveau des blocs de latrines de ces centres de santé, aucun dispositif de lavage des mains n’existe et ce, malgré la disponibilité de point d’eau dans les centres. Une analyse des proportions des patients pouvant être mis en observation et du nombre de cabines de latrines disponibles et fonctionnelles, permet de conclure que 100% des centres de santé existants dans la commune ont satisfait leurs besoins en latrines satisfaits. Ainsi, au niveau de ces édifices sanitaires, le problème d’évacuation des excréta et des eaux usées ne se posent plus concernant les la présence physique des ouvrages. Mais dans la pratique, la gestion ou l’usage de certains de ces ouvrages est mal fait et on peut remarquer à l’intérieur des cabines de latrines, la présence des restes de papiers ayant servi au nettoyage anal. Il faut également signaler que certaines populations forcent les portes de ces latrines qu’ils vandalisent et utilisent à leur convenance. Dans le domaine de la gestion des eaux de toilettes, toutes les formations sanitaires de la commune sont équipées en douches munies de puits perdus ou de puisards. Une inspection de ces douches a permis de constater qu’elles sont dans un état de propreté plus acceptable que celui des latrines ; preuve de ce que les douches sont plus entretenues que les latrines au niveau de ces formations sanitaire.

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II. GESTION DES BOUES DE VIDANGE Dans la commune de Bopa, certes pour l’instant, le problème de gestion des boues de vidange ne se pose vraiment pas avec acuité ; mais il est d’une réalité qu’aucune structure de gestion de ces boues n’existe. Au niveau de certains ménages et établissements scolaires où les fosses des latrines sont remplies, on procède à la fermeture systématique des trous de défécation et à l’ouverture d’un autre (cas des établissements scolaires où les latrines sont munies de deux fosses de défécation) ou carrément à la réalisation d’une nouvelle latrine si les moyens financiers le permettent (cas des ménages).

Photo n°1 : Une cabine de latrine scolaire à deux trous de défécation A côté de ces pratiques, dans d’autres ménages, c’est la vidange manuelle des fosses qui pratiquée, mais assurément dans une très faible proportion. Bien que les statistiques en cette pratique de vidange manuelle ne soient vraiment pas disponibles dans la commune de Bopa : par faute de renseignements sincères de la part des ménages qui s’adonnent à cela, des informations reçues auprès des populations, il ressort que le fait est bien réel et mérite d’être dénoncé car comporte beaucoup de risques de maladies d’origines fécales pour la population.

III. GESTION DES DÉCHETS SOLIDES La quantité et le type de déchets solides générés par une communauté dépendent des habitudes de vie, et donc du statut économique de ses membres. Les communautés plus riches produisent en général une plus grande quantité de déchets solides diversifiés mais de poids plus légers tandis que celles les plus pauvres font le contraire. Les déchets solides favorisent le développement de vecteurs de maladies tels que les mouches et les rongeurs, ils ont un impact visuel négatif et suscitent des odeurs déplaisantes. Ils peuvent aussi s’avérer dangereux pour l’environnement en obstruant les systèmes de drainage naturels ou construits d’eau et accroître ainsi les risques d’inondations. Ces situations que peuvent créer les déchets mal gérés, se rencontrent facilement dans la commune de Bopa nonobstant les efforts de pré- collecte fournis par GIESDA-ONG et MORIDJA-ONG dans certains villages et quartiers de la commune.

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Dans la commune de Bopa, il n’est pas rare de rencontrer à tout coin de rues, et même à l’intérieur de certaines concessions, des tas d’immondices qui servent en même temps de lieux de défécation pour les jeunes enfants. De ce fait, il est indéniable que la gestion des déchets ménagers dans la commune de Bopa est dans un état de léthargie totale. Ainsi, il est clair que ce secteur manque véritablement de visibilité quand bien même que certaines ONG s’affairent dans la pré-collecte des ordures dans les arrondissements de Bopa, de Lobogo et de Possotomè ; en témoigne – l’absence de filière formelle de gestion des déchets solides, conduisant à la création d’une décharge finale aménagée. Sur le plan caractéristique, les déchets produits dans la commune de Bopa sont essentiellement composés de sachets plastiques, de matières biodégradables et d’autres inclassables. Leur gestion sur le plan communal se fait pour l’instant à la volée.

Photo n°2 : dépotoir sauvage d’ordures dans un coin de rue à Bopa

1) EXISTENCE ET ORGANISATION D’UNE FILIÈRE DE GESTION SUR LE TERRITOIRE COMMUNAL Du fait des activités commerciales dans un milieu, la quantité de déchets produits par une population augmente et se diversifie. Face à cette réalité et pour garantir un environnement sain à cette population, la mise en place d’une filière de gestion des ordures s’avère nécessaire voire indispensable. Avec comme population estimée à 80510 habitants en 2012, la commune de Bopa, fort de son potentiel agricole est ouverte à un flux élevé d’échanges commerciales, surtout dans les arrondissements de Lobogo, de Possotomè, de Badazoui et d’Agbodji ; quatre arrondissements possédants de véritables grands marchés de la commune. Dans ces arrondissements et dans bien d’autres de la commune, la production des déchets solides ménagers va en grandissant. La gestion de ces déchets a préoccupé le Groupement Intercommunal du Mono (GI-Mono) qui s’est proposé d’appuyer techniquement deux ONG (GIESDA-ONG et MORIDJA-ONG) qui mènent des activités de pré collecte dans certains villages et quartiers des arrondissements de Bopa, de Possotomè et de Lobogo. Quoique salutaire, les actions de ces ONG manquent de visibilité sur le terrain, par faute d’organisation de la filière de gestion des déchets d’une part et par manque de moyens techniques et financiers des ONG qui du fait, ne couvrent pour leurs activités que 9 quartiers et villages sur 43

60 que compte la commune. En effet, en parlant d’organisation de la filière, il faut remarquer qu’il n’existe pas dans la commune, un site de décharge finale aménagée pour le dépôt des ordures. Mieux encore, le seul point de regroupement existant dans la commune est depuis un certain temps fermé et d’accès interdit aux ONG de pré-collecte. De ce fait, d’immenses dépotoirs sauvages jonchent les rues et les espaces libres de la commune au bon vouloir de certaines populations qui y profitent pour déféquer. Sur le plan technique et financier, il faut dire que les ONG de pré-collecte manquent de ressources ; car le peu des ménages abonnés à la pré-collecte (environ 135 concessions/ménages pour l’ensemble des trois arrondissements couverts par la pré-collecte) ne paye toujours pas à 100% les redevances contractuelles qui s’élèvent à 500 FCFA par concession et par mois.

2) ANALYSE DES MODES D’EVACUATION DES DECHETS SOLIDES

2.1- Dans les ménages Les sondages d’opinion ménés lors des travaux d’enquête et de recensement des ouvrages ont permis d’identifier quatre modes d’évacuation des déchets des ménages de la commune de Bopa ; il s’agit notamment de (i) l’enfouissement direct dans les concessions, (ii) l’incinération des déchets en tas d’ordures, (iii) la mise en décharge directe par les populations et souvent derrière les concessions et (iv) l’enlèvement des déchets par les structures de pré- collecte. Statistiquement, sur un échantillon de 840 ménages enquêtés et repartis dans les sept arrondissements de la commune, 115 ménages soit 13,69% affirment incinérer directement leurs déchets non loin des concessions ; 657 soit 78,20% disent les envoyer eux- mêmes à la décharge sauvage, 51 soit 6,07% les enfouissent et 17 ménages soit 2,02% sont

Figure 4 : Modes d’évacuation des ordures ménagères pratiqués par les ménages

Ainsi donc, dans la commune de Bopa, le mode prépondérant d’évacuation des ordures ménagères est celui du rejet à la volée dans la nature (78,20% des cas). Ce mode d’évacuation des déchets qui est pratiqué par plus des trois quart des ménages enquêtés dans la commune a entraîné la prolifération des dépotoirs sauvages d’ordures à l’intérieur de toute la commune. Ainsi on peut constater la présences des déchets aussi bien dans les champs, derrière les concessions, aux abords de certaines rues qu’aux bords du lac Ahémé. 44

En réalité, les opérations de pré-collecte auxquelles les 2,02% des ménages enquêtés se sont abonnés ne font que déplacer les déchets des concessions vers les parcelles vides ou les champs. En effet, en absence des autres maillons de la chaine de la filière de gestion adéquate des déchets solides ménagers (collecte, tri, mise en décharge contrôlée), les charretiers des ONG de pré-collecte déversent les chargements au niveau des dépotoirs sauvages qui jonchent les espaces libres ou dans les champs un peu plus loin des concessions. Il faut signaler au passage que MORIDJA‐ONG de pré-collecte a acquis à SEHOUGBATO dans l’arrondissement de Bopa, un site pour la réalisation d’un centre de tri des déchets. Pour bien valoriser ces acquis et surtout la gestion des déchets solides ménagers, il s’avère indispensable que la mairie identifie dans un bref délai, un site de décharge finale des ordures.

2.2- Dans les établissements scolaires Dans les établissements scolaires des trois niveaux d’enseignement, les ordures produites sont celles de balayage de la cour de l’école et des classes. Ces ordures composées essentiellement de feuilles de papiers, des sachets plastiques et de quelques débris végétaux sont jetées dans des trous creusés par les élèves puis brûlées par la suite. Dans les écoles où les trous n’existent pas, les abords de l’école ou les décharges sauvages de proximité sont utilisés pour jeter les ordures. Dans toutes les écoles, la salubrité s’observe sous le contrôle des enseignants ou des membres du comité chargé de l’environnement.

Photo 3 : groupe d’élèves déversant les ordures dans un dépotoir derrière l’école

2.3- Dans les marchés, gares routières et autres lieux publics. La salubrité dans les marchés est assurée par les vendeurs et vendeuses eux-mêmes. Les ordures (balayures) sont regroupées en tas dans le marché ou ramassées et jetées à la décharge sauvage de proximité. Dans certains marchés, il arrive que certains petits tas d’ordures ne soient pas ramassés immédiatement et elles cohabitent ainsi avec les étalages. On note une absence totale de bacs à ordures au niveau de tous les marchés de la commune, même dans les marchés, de Lobogo et de Possotomè deux arrondissements dans lesquels se 45

mènent des activités de pré-collecte. Ceci confirme l’inexistence de filière organisée de gestion des déchets dans la commune. En réalité, malgré ces efforts de balayage des places marchandes, la majorité des marchés de la commune végètent dans une grande insalubrité. Au niveau des autres lieux publics comme par exemple les auberges, restaurants et hôtels de la commune, la gestion des déchets se fait comme dans les ménages ; c’est-à-dire, une fois collectés dans des poubelles, les déchets sont jetés à la décharge sauvage de proximité.

2.4- Dans les formations sanitaires. Au niveau des formations sanitaires, plusieurs types de déchets solides sont produits, notamment les déchets généraux (ordures ménagères, paperasses et cartons d’emballages) et les déchets biomédicaux (DBM). La gestion de ces déchets ne se fait pas de la même manière. En effet, si règlementairement les déchets généraux doivent être envoyés à la décharge communale si elle existe, les déchets biomédicaux quant à eux, doivent normalement être traités à l’intérieur des formations sanitaires par un personnel qualifié. Ainsi, dans les formations sanitaires de la commune de Bopa, les agents chargés de la gestion des déchets respectent les formules de collectes des différents types de déchets produits dans ces édifices sanitaires. Les déchets généraux sont collectés soit dans des poubelles autres que celles des déchets biomédicaux et gérés surplace, ou soit déversés directement dans la brousse d’à côté en l’absence de toute structure active de pré-collecte et de décharge communale aménagée. Ces ordures sont régulièrement brûlées par la suite.

Photo 4 : Poubelle de déchets généraux au centre de santé de Possotomè

Quant aux déchets biomédicaux qui sont des déchets d’origine biologique ou non, résultant des activités médicales ou paramédicales, leur gestion concerne la collecte séparative des différents types de déchets biomédicaux (anatomiques, non anatomiques infectieux et les tranchants et piquants) dans des récipients adaptés à chaque catégorie et leur destruction impérative et sécurisée. Pour éviter le mélange entre les différentes catégories de DBM, le décret portant Gestion Rationnelle des déchets biomédicaux en République du Bénin a prévu en son article 18 une

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identification des poubelles par leur couleur ou par leur étiquette visible selon le code de l’OMS. Lors des enquêtes, la plupart des agents chargés de gérer ces types de déchets au niveau des centres de santé de la commune de Bopa ont reconnu sans hésitation que les déchets biomédicaux, tels que gérés dans les centres de santé, ne respectent aucune norme. En absence de poubelles en nombre suffisant, la collecte séparative est quasi-absente dans trois des sept centres de santé. Ainsi, dans la majorité des poubelles rencontrées dans ces centres, c’est la gestion mixte des déchets biomédicaux qui est observée. Les objets non putrescibles et les piquants (aiguilles et seringues) devraient être éliminés ensemble dans un incinérateur de type MontFort. Mais malheureusement, les petites verreries, les ampoules buvables destinées aux fosses à cassants se retrouvent parfois dans les incinérateurs. La majorité des incinérateurs de la commune sont nouvellement construits et donc fonctionnels. Si tous les centres de santé de la commune sont équipés en incinérateurs fonctionnels, la disponibilité des boites de sécurité par exemple pour le conditionnement des aiguilles avant incinération pose souvent problème. De même, insuffisance des poubelles qui fait que le tri à la base n’est toujours pas observé peut handicaper à la longue, le fonctionnement normal des incinérateurs.

Photo 5 : Incinérateur type MontFort fonctionnel du CSA de Bopa

Sur le plan de la gestion des déchets liquides hospitaliers, 86% des centres de santé de la commune de Bopa ne disposent pas de fosses réalisées pour ce type de déchets. Mais dans ces centres de santé, une pratique est monnaie courante : le déversement de ces déchets liquides dans les fosses de latrines. Cette situation pose une fois encore, dans la commune de Bopa, le problème d’équipement des formations sanitaires en ouvrages de gestion des déchets en général et des déchets biomédicaux en particulier. Le tableau suivant fait le point des équipements de gestion des déchets biomédicaux dans les différentes formations sanitaires de la commune de Bopa.

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Tableau 10: Nombre des équipements de gestion des déchets biomédicaux dans les centres de santé d’arrondissement

Centre de Santé Nombre Tri des déchets à la d’arrondissement base de Incinérateurs Fosse à liquide Poubelles anatomique AGBODJI 1 0 3 Non BADAZOUI 1 0 3 Non BOPA 2 0 4 Oui GBAKPODJI 1 0 2 Non LOBOGO 1 1 2 Oui POSSOTOME 1 1 2 Oui YEGODOE 1 0 3 Oui COMMUNE 8 2 19 Source, enquête de sondage d’opinion, 2012

Une analyse des données du tableau nous permet de constater que tous les centres de santé de la commune sont dotés d’incinérateurs fonctionnels. Mais par contre, les poubelles sont en manque et ne favorise toujours pas le tri des déchets à la base. Or, en raison de la présence d’objets dangereux tels que des aiguilles de seringues et de la verrerie, le risque sanitaire associé aux déchets biomédicaux est élevé. En plus du danger physique que représentent les aiguilles et la verrerie, elles protègent les virus de l’action des désinfectants chimiques et de l’environnement extérieur. Une seringue jetée et mêlée à des déchets solides peut donc aisément contaminer une personne qui se fait piquer par cette aiguille. C’est ainsi qu’avant l’incinération des aiguilles, elles doivent être conditionnées dans des boites spécifiques (boites de sécurité) et traitées à part. Les visites et les observations de terrain effectuées dans les formations sanitaires de la commune de Bopa ont permis également de constater que les boites de sécurité n’existent pas dans toutes les formations sanitaires visitées ; où s’il en existe, le conditionnement des seringues dans ces boites n’est toujours pas effectif avant leur incinération .

IV. PRATIQUES D’HYGIÈNE L’analyse diagnostique s’est également intéressée aux comportements et attitudes qu’adoptent les populations locales vis-à-vis de l’hygiène sans occulter les motivations profondes qui sous-tendent les pratiques (bonnes et/ou mauvaises) qu’on a pu noter dans la commune de Bopa. Toutefois, puisqu’il s’agit d’une planification s’inscrivant dans une logique de corriger autant que possible les insuffisances constatées dans le domaine de l’hygiène et assainissement, l’accent a été mis beaucoup plus sur des pratiques à risques auxquelles

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s’adonnent consciemment ou inconsciemment, collectivement ou individuellement les différentes composantes de la commune.

1) HYGIÈNE DANS LES MÉNAGES Les diverses consultations et observations intra domiciliaires réalisées lors des enquêtes de sondage ont permis de se faire une opinion et une idée précise des termes dans lesquels se pose la problématique relative à l’hygiène en général au sein des ménages. Les constats effectués sont ceux ci-dessous énumérés ou décrits. Ils ne sont pas exhaustifs.  Dans les arrondissements de Agbodji, Bopa, Lobogo et Possomè où certains rares ménages disposent de latrines, on constate aisément que ceux-ci dans leur immense majorité ne les entretiennent pas correctement. La plupart des latrines communautaires érigées un peu partout sur leur territoire respectif connait presque exactement le même sort.

 Certains ménages ou communautés ne prennent pas suffisamment soins de leur cadre de vie. C’est ainsi qu’ils ne procèdent pas de façon scrupuleuse au désherbage systématique de la cour et des abords immédiats des habitations si bien que leurs habitats sont souvent pris d’assauts par des herbes quelques fois touffues. De la même façon, ils n’observent pas la destruction des gîtes larvaires, contribuant ainsi à la prolifération et au développement des moustiques, vecteurs de la maladie de paludisme  De nombreuses personnes continuent de déféquer à l’air libre dans la nature sur l’ensemble du territoire de la commune, notamment aux abords du lac Ahémé, des sentiers et pistes rurales, de certaines habitations et établissements scolaires, dans la brousse, au niveau des cultures et plantations et même parfois dans la cour des habitations (les petits enfants). La défécation à l’air est beaucoup plus visible voire notoire dans les arrondissements d’Agbodji, Badazouin, Gbakpodji et de Yègodoé où presqu’aucun ménage ne dispose de latrine ; il y a non plus des latrines communautaires. La défécation à l’air libre est organisée par certains communautés ou ménages dans certains villages et localités de la commune de Bopa. Pour éviter de disperser les fèces humaines un peu partout, une des méthodes de défécation consiste à rechercher un tronc d’arbre plus ou moins long qu’ils déposent au sol dans un endroit discret à proximité des habitations et qui les sert de support pour déféquer parterre.

Photo 6 : Tronc d’arbre posé au sol et servant de latrine à Gbakpodji

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 Après le balayage, dès que les ordures sont regroupées, elles sont, soit aussitôt ramassées et jetées sans être triées, soit brûlées.

 Certaines populations cohabitent avec les animaux. Cette cohabitation des populations avec les bêtes et parfois avec des ordures ménagères s’observe dans toutes les contrées de la commune sans exception. Pour diverses raisons (faute de moyens et d’organisation, incivisme etc.), la plupart des ménages gère mal les déchets solides ménagers et les rejette un peu partout sans pour autant procéder au tri initial. D’autres ménages négligent carrément le balayage et le nettoyage de leur cadre de vie. Dans certaines concessions, l’homme et l’animal se partagent parfois le même logis; dans d’autres les cuisines et les tas d’ordures sont parfois contigus.

 Les récipients de stockage de l’eau ne sont pas toujours protégés par des couvercles si bien que parfois, les animaux accèdent à l’eau de consommation humaine.

 Les populations n’observent pas toujours le lavage systématique des mains à l’eau et au savon avant et après la prise des repas et après les selles et la manipulation des fèces des enfants. En effet, au sein des communautés, il existe encore des personnes (adultes, jeunes, adolescentes) qui continuent de manger sans se laver les mains avant et après les repas ou quand elles reviennent des toilettes (selles).

 .En général, quand les populations décident d’observer le lavage des mains à l’eau et au savon, elles ne respectent pas toutes les règles et étapes. La tendance la plus répandue (plus de 85% des ménages) est que le lavage des mains se fait uniquement à l’eau, donc sans savon. Ce qui est contraire aux normes recommandées par la Direction Nationale de la Santé Publique qui prônent ‘’le lavage des mains à l’eau et au savon’’. Certaines personnes pour diverses raisons ne se consacrent pas régulièrement et suffisamment à l’hygiène corporelle, dentaire et même vestimentaire. En dépit des rares séances d’IEC et de PHA réalisées en direction de certaines couches des populations, le changement de comportement attendu des bénéficiaires n’est pas encore effectif. Dans la commune de Bopa, il y a également un paradoxe, l’agent d’hygiène en poste vaque à ses activités pratiquement sans moyens.

 Pour leurs besoins en eau, des ménages, notamment certains usagers d’eau s’approvisionnent au niveau des sources d’eau non fiables et de qualité douteuse (pluies, puits privés, PEA privés, eaux de surface etc.). Lorsqu’ils leur arrivent à s’approvisionner au niveau des sources fiables, l’hygiène de l’eau n’est pas toujours respectée au cours de son puisage, son transport, son utilisation et sa consommation. Au niveau des PEA privés, l’entretien des équipements n’est pas toujours assuré : le lavage régulier et périodique des châteaux n’est pas encore entré dans les habitudes, ni le traitement de l’eau pour la rendre potable et propre à la consommation. Ces PEA privés ne pullulent pas encore puisque le phénomène pour le moment s’observe seulement à Lobogo où des opérateurs privés mènent une concurrence déloyale par rapport aux sources d’eau fiables (FPM, AEV, réseaux de la SONEB, BF, BP etc). Il n’y a pas de pratiques d’hygiène sans eau de bonne qualité. Sur ce plan, on constate qu’un effort d’investissement est consenti et a permis de réaliser dans la commune au profit des populations d’innombrables ouvrages et équipements hydrauliques, mais toujours

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insuffisants pour satisfaire la totalité des besoins en eaux des populations. Par conséquent, le défi à relever dans le sous-secteur de l’eau reste encore grand et entier.

 Les ménages évacuent fréquemment les eaux usées sur la cour des concessions ou à leurs abords entraînant de facto une humidité quasi-permanente du sol qui n’est pas sans conséquences néfastes sur leur état de santé et bien-être. Dans certaines concessions où se développe l’élevage des animaux, notamment des porcins, des flaques d’eau artificielles sont créées pour permettre aux animaux de satisfaire leurs besoins de soif, de fraîcheur et de loisir.

 Certaines personnes crachent de façon désordonnée sans se soucier de ses semblables se trouvant dans ses voisinages immédiats. Ce comportement peut être à l’origine de la transmission de certaines maladies.

 Les populations de Bopa continuent de garder et d’inhumer des cadavres humains à domicile dans des conditions hygiéniques douteuses avec des risques de prolifération ou de contamination des germes microbiennes.

2) HYGIÈNE DANS LES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES Elle est presque identique à celle qui est observée au sein des ménages. Les seules différences qu’on a pu noter sont le fait que des écoles qui sont des centres de savoirs et d’éducation disposent pour la plupart d’au moins une latrine et qu’il y a un effort d’assimiler en ces lieux aux apprenants des bonnes pratiques en matière d’hygiène (nettoyage, balayage, sarclage, lavages des mains à l’eau et au savon avant et après les repas). Ce qui contraste presque avec la situation ambiante .qui caractérise les pratiques sociales des ménages. Et pourtant, la cour des écoles est souvent envahie par les herbes, les latrines ne sont pas bien entretenues et gérées ; les usagers et les communautés scolaires n’assurent pas toujours le balayage et le nettoyage systématiques des lieux d’instructions malgré qu’ils soient parfois dotés de comité de santé.qui devrait veiller sur ces aspects de la propreté et de l’hygiène en général. Des que les ordures sont regroupées, elles sont, soit aussitôt ramassées et jetées sans tri sur un dépotoir sauvage ou dans un trou situé aux abords de la cour de l’école, soit brûlées.

3) HYGIÈNE DANS FORMATIONS SANITAIRES L’hygiène dans les différentes formations sanitaires ne présente pas le même tableau car ces centres de santé ne sont pas tous logés à la même enseigne en ce qui concerne leur équipement. Si on admet qu’il n’existe pas d’hygiène sans l’eau potable, curieusement certaines formations sanitaires en manquent cruellement. C’est par exemple le cas du CSA de Lobogo qui est déconnecté du réseau d’AEV qui le desservait. La plupart des centres de santé sont dotés de douches pour l’hygiène corporelle des patients, de leurs accompagnateurs et du personnel soignant. Les visites d’observations effectuées dans ces centres ont permis de constater que toutes les douches (déjà en nombre insuffisant) ne sont pas propres, ni bien entretenues. C’est exactement le même sort que connaissent certaines latrines implantées à l’intérieur des formations sanitaires. Presqu’au niveau de tous les centres de santé, les lave-mains font défaut, ce qui amène les usagers et personnel à recourir aux lavabos en lieu et place des lave-mains.

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Le plus souvent à l’intérieur de chaque service destiné aux soins, un lavabo avec des accessoires (savons et serviettes individuelles etc.) est prévu. Quant au niveau des blocs d’opération, on utilise le liquide hydroalcoolisé pour désinfecter ou procéder au lavage chirurgical. Bien que la quasi-totalité des formations sanitaire dispose d’un minimum d’équipements (poubelle pour les déchets généraux, poubelle pour les cotons usagers, boîtes de sécurité pour les aiguilles et seringues, boîtes pour les flacons, boîtes pour les ampoules fosses septiques ou à liquides anatomiques, incinérateur etc.), elles n’arrivent pas à se conformer aux normes de l’hygiène telles que recommandées par leur ministère de tutelle via la DNSP. C’est ainsi qu’au niveau de certains centres de formation, les ordures générées sont très mal gérées. Le tri préalable ne se fait pas du tout. Si on conçoit que les formations sanitaires de la commune de Bopa sont insuffisamment équipées ; on ne devrait pas prétexter de cela pour fouler au pied les bonnes pratiques d’hygiène. La propreté, l’entretien et la gestion des questions liées à l’hygiène méritent être améliorés pour le bien-être des usagers.

4) HYGIÈNE DANS LES MARCHÉS En général l‘hygiène dans les marché n’est du tout pas l’une des plus reluisantes et laisse beaucoup à désirer. En effet, des tas d’immondices occupent presque toujours des endroits parfois névralgiques de certains marchés, notamment des plus grands et modestes que constituent ceux de Lobogo, Yénawa (Possotomè), Gnidhonou (Badazouin) et de Kowého (Agbodji). En plus de cet aspect, la vétusté et le mauvais entretien de certains hangars et appâtâmes en matériaux provisoire le plus souvent trop vieux ou recyclés confèrent aux marchés des traits physiques donnant ainsi l’image de taudis caractérisés par une insalubrité relative. C’est à croire que les tas d’ordures se discutent des places avec des usagers et marchands puis même souvent avec des animaux qui viennent y déambuler. Pire, tous les marchés à l’exception de celui de Lobogo, ne disposent pas du tout de latrines, ce qui amène les usagers à déféquer à l’air libre dans la nature, notamment aux abords des marchés ou dans les sachets plastiques jetés sur des dépotoirs sauvages des marchés ou ailleurs. Le seul bloc de latrines qu’on retrouve à Lobogo est très mal entretenu. C’est également au niveau de ce marché que les femmes se sont constituées en groupement de femmes balayeuses de marché pour rendre périodiquement propre ce lieu destiné pour des opérations de transactions commerciales. Des tas d’immondice identifiés dans les marchés ne sont pas si grands. Mais, quelques soient leurs dimensions et volumes, ils sont toujours nuisibles à la santé des usagers. Certains commerçants et même les bonnes dames qui vendent de la nourriture déposent sans vergogne leurs marchandises à même le sol non loin des ordures. Les nourritures vendues sont à peine couvertes et directement servies à la main. L’eau de lavage des mains n’est pas toujours disponible. Quand elle existe, elle est souvent sale. Les assiettes ne sont toujours pas systématiquement bien lavées à l’eau et au savon. Certaines vendeuses les rincent juste après usage. D’autres les nettoient avec du chiffon. Les denrées alimentaires surtout les viandes, les poissons et autres sont exposées aux mouches.

5) HYGIÈNE DES LIEUX ET PLACES PUBLICS Sur les lieux et places publics, on observe un manque criard des bonnes pratiques en matière de l’hygiène. Cet état de fait est généralement dû à leur statut de patrimoine communautaire, à leur caractère public et à leur usage collectifs qui ne permettent pas de situer des responsabilités quand un problème se pose. Dans les consciences collectives et individuelles, 52

on estime que c’est le patrimoine de l’Etat ou de la communauté et quand il y des problèmes (mêmes les plus banals et élémentaires) à régler, les bénéficiaires de ces équipements attendent tout du sommet. Au plan de la salubrité, les places et lieux publics ne sont pas régulièrement sarclés et balayés. Si certains lieux jouent réellement leur rôle de place publique en accueillant les populations, d’autres ne sont pas fréquentés et sont dans un état d’abandon. Quant au lavage des mains après la visite des latrines au niveau de ces places publiques, ce geste n’est pas toujours observé comme il se doit.

6) HYGIÈNE DANS LES LIEUX DE RESTAURATION Les bars et maquis sont quasi inexistants. Les rares qu’on en trouve sont relativement propres. Ils sont balayés au moins une fois par jour. Les tables à manger et les chaises qui équipent ces lieux sont entretenus. Elles sont lavées à l’eau et au savon au besoin. Quelques bons comportements en matière d’hygiène et d’assainissement sont observés dans ces lieux. Par exemple, les verres et les gobelets sont lavés avant le service aux clients et après leur départ. Seulement, le rinçage des ustensiles ne se fait pas toujours avec tous les soins requis. Presque le même comportement s’observe autour du lavage des assiettes où l’eau destinée pour les vaisselles est utilisée pour une période plus ou moins longue. Cette eau de rinçage des assiettes n’est pas souvent renouvelée, ce qui fait qu’elle est très sale car longtemps utilisée. Les dispositifs de lavage des mains au niveau de ces maquis sont des dispositifs mobiles composés d’un bocal contenant de l’eau et à côté du quel se dépose quelques rares fois du savon (solide ou liquide).Toutes les tables à manger ne sont équipées de ce dispositif, mais quand un client reste exigeant par rapport à ce dispositif, on le satisfait aussitôt. La gestion des ordures au niveau des bars et maquis n’est pas différente de celle observée dans les ménages (abandon au niveau des dépotoirs sauvage, incinération à domicile derrière les concessions, enfouissement, certains sont abonnés au service de pré-collecte de GI- Mono). Ces pratiques en ces lieux ne sont pas très étonnantes car les maquis et les restaurants font souvent corps avec les unités d’habitation. Les eaux usées quant à elles sont évacuées sur les routes ou simplement sur les cours intérieures ou extérieures des maquis.

7) HYGIÈNE DANS LES LIEUX DE CULTES La commune de Bopa, en raison de sa diversité socio-religieuse, abrite d’innombrables lieux de cultes (églises, mosquées, couvents traditionnels, forêts sacrées etc.) provenant de toutes les croyances religieuses qu’on y rencontre. L’accessibilité au niveau de certains lieux de cultes n’est pas admise aux non initiés et aux non-fidèles. Cependant, certains lieux de cultes ont pu être visités au cours de nos enquêtes (au nombre de 15 : 9 églises 3 mosquées et 3 couvents de Zangbéto). Le constat est que ces différents lieux ne sont pas logés à la même enseigne en matière d’hygiène quand-bien-même ils présentent une situation d’assainissement presque identique: la plupart est en matériaux provisoires, sans clôture, ni d’urinoirs. Quelques uns seulement disposent de latrines propres, notamment les églises catholiques bâties en matériaux définitifs. Ces rares ouvrages identifiés sont gérés par les fidèles et adeptes. Il est important de souligner qu’au niveau des mosquées, les eaux usées issues des ablutions font l’objet d’une très mauvaise gestion. Sans gêne, les fidèles laissent simplement l’eau couler dans la cours des mosquées ou dans les rues. Les lieux les plus répugnants sont les rares urinoirs de

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certains lieux de culte, qui sont malpropres et sans puisards. Les déchets solides au niveau des lieux de cultes sont rarement pré-collectés. Ils sont simplement, soit jetés sur des tas d’ordures à proximité des bâtiments et clôtures des églises, soit brûlés.

V. GESTION DES EAUX PLUVIALES

1) SITUATION DES OUVRAGES DE MAÎTRISE D’EAU PLUVIALE Pour l’instant, la commune de Bopa ne compte que quelques 100 mètres linéaire de caniveaux (à certains endroits longeant la voie bitumée) et de caniveaux (Bopa et Possotomè) dont les capacités sont si insignifiante pour maîtriser l’ensemble des eaux pluviales auquel fait face la commune. C’est dire que les ouvrages de canalisation des eaux pluviales sont quasi- inexistants dans la commune et les seuls caniveaux qui existent sont dimensionnés et implantés exclusivement pour l’assainissement routier. L’absence de caniveaux dans les arrondissements favorise d’une part la dégradation des voies de communication comme c’est le cas de la majorité des voies qui relient le chef-lieu des arrondissements à celui de la commune. On y observe régulièrement des épisodes d’inondations ça et là occasionnés par la topographie de certains arrondissements riverains et contigus à la berge du lac Ahémé. Il s’agit des zones de faibles côtes à bas-fonds couplée au manque d’ouvrages d’assainissement pluvial. En plus, faisons remarquer que dans ces arrondissements, certaines populations se sont installées carrément dans des exutoires naturels d’eaux pluviales. La réalisation de caniveaux nécessite assez d’investissements qui ne sont souvent pas à la portée des communes. Les budgets des communes sont très faibles pour cela. Il n’y a que l’Etat qui dote les communes de ces ouvrages ; soit sur budget national soit par l’aide des partenaires techniques et financiers. Par conséquent, l’Etat doit augmenter ses aides financières aux communes par ses ressources propres ou par le biais des partenaires.

2) ENTRETIEN DES OUVRAGES DE COLLECTE DES EAUX DE PLUIES Les caniveaux implantés dans la commune de Bopa qui sont normalement destinés à drainer les eaux de pluies, reçoivent malencontreusement des eaux usées domestiques et même des déchets ménagers. Pire encore, ces caniveaux ne sont pas régulièrement curés. Toute pratique qui ne favorise pas un bon drainage des eaux pluviales et une bonne salubrité du cadre de vie.

VI. ANALYSE DES FACTEURS D’INFLUENCE DE L’HYGIENE ET DE L’ASSAINISSEMENT

1) DÉTERMINANTS LIÉS À LA LATRINISATION DES MÉNAGES De l’analyse des données et des informations issues de sondage, il ressort que les raisons majeures qui amènent certains ménages à construire des latrines sont, entre autres : - la volonté d’assainir leur milieu de vie ; - la conviction que la défécation à l’air libre constitue une pollution de l’environnement ; - la pression de l’urbanisation et l’ouverture à la modernité ;

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Par contre, dans les milieux où s’observe encore la défécation dans la nature, plusieurs raisons sociales expliquent cette pratique. Il s’agit entre autres de: - certaines considérations ou prescriptions culturelles et/ou religieuses. Dans certaines communautés religieuses, il est proscrit de « déféquer dans le même trou qu’un autre » ; - la pauvreté ambiante et la faible capacité financière des ménages à financer la construction d’une latrine ; - la morphologie et la texture des ‘’sols noirs’’ caractérisant les arrondissements enclavés tels que Agbodji, Badazouin, Gbakpodji et Yègodoé, présentent des risques permanents d’éboulement quand on y creuse des trous. Dès lors, pour réaliser une latrine ordinaire il faut beaucoup plus de moyens que ce qu’il faut pour ériger un ouvrage identique dans les autres arrondissements à savoir : Bopa, Lobogo et Possotomè ; - Le positionnement de certaines latrines communautaires qui ne garantit pas aux usagers la discrétion et l’intimité nécessaires à leur besoin ;

Si les résultats du sondage d’opinion font état d’une certaine prise de conscience de la portée hygiénique des latrines familiales, il faut tout-de-même faire remarquer que loin d’être une norme sociale, la défécation dans la brousse dans certaines localités de la commune de Bopa répond plutôt à une demande sociale qui n’exprime pas forcément les aspirations des ménages en matière d’hygiène et d’assainissement. En raison du faible pouvoir économique et financier qui caractérise généralement les familles, les ménages et autres acteurs sociaux attendent plutôt de la commune de Bopa qu’elle leur vienne en appui (don en nature, appui financier, recherche de partenaires, etc.) pour une dotation en latrines familiales.

2) DÉTERMINANTS LIÉS AUX PRATIQUES DE GESTION DES ORDURES MÉNAGÈRES ET D’HYGIÈNE Selon les résultats du sondage, plus 98% des ménages affirment qu’une mauvaise gestion des ordures ménagères peut être source de maladies. C’est dire qu’il y a une certaine conscientisation au niveau des populations, de la logique selon laquelle ‘’un milieu sain est un facteur probant de bien-être des ménages’’. Cependant, les résultats indiquent que les ménages s’adonnent à une mauvaise gestion des ordures ménagères et à une observation non rigoureuse des règles d’hygiène. Sur ce dernier point, le manque par endroits des sources d’eau potable renforce cette mauvaise pratique. Ainsi, pour inverser cette tendance afin de permettre aux populations, aux communautés et aux ménages de faire preuve de comportements beaucoup plus responsables en matière d’hygiène et d’assainissement, il serait souhaitable d’intensifier des activités de communication pour un changement de comportement et de recourir à un système de contrôle formel pour contraindre et sanctionner les ménages et personnes indélicats.

VII. IMPACTS DES PRATIQUES ET COMPORTEMENTS A RISQUES SUR LA SANTE Les maladies liées au manque d’hygiène et d’assainissement que sont entre autres, le paludisme, les affections gastro-entériques et les infections respiratoires aiguës ont été les 55

principales causes d’hospitalisation des populations de la commune de Bopa en 2010 et 2011 voire 2012. En effet, suite aux entretiens avec les responsables des centres de santé de la commune, il ressort qu’au cours de ces deux années, la moyenne des consultations pour ces affections a varié de 0 à 78,60% en 2010 et de 8 à 86,11% en 2011.

Figure 5 : Les principales affections ayant fait objet de consultation médicale dans la commune de Bopa entre 2010 et 2011.

L’analyse du graphique de la figure ci-dessus nous permet de constater que le paludisme est la première affection ayant rapport avec l’hygiène et l’assainissement pour laquelle les populations de Bopa ont été en consultation au cours de ces dernières années; dans la même période, les autres affections dont celles diarrhéiques ont été les autres causes. Ces types de maladies d’origine environnementale ont certainement leurs sources au niveau des pratiques et comportements à risques auxquels s’adonnent les populations dans les domaines d’hygiène et d’assainissement. D’ailleurs, rien qu’en observant l’intérieur de certaines latrines communautaires et institutionnelles (établissements scolaires, centres de santé, administratifs), on se rend compte aisément que ces lieux d’aisance sont très mal entretenus.

Photo 7 : latrine sale d’une école primaire 56

VIII. ANALYSE DES EFFORTS DE RÉALISATIONS DANS LE SECTEUR DE L’HYGIENE ET DE L’ASSAINISSEMENT DANS LA COMMUNE DE BOPA

1) LES ACTIONS MENÉES PAR L’ENSEMBLE DES ACTEURS INTERVENANT DANS LA COMMUNE : En matière de réalisation des ouvrages d’hygiène et d’assainissement, on a pu identifier un certain nombre de d’actions qui ont été exécutées dans la commune par le biais de divers projets et organismes. Tableau 11: Point des actions menées dans le domaine de l’assainissement

Projets/ Nombre Année de Localités Structures de financement Observation Réalisations réalisation bénéficiaires

Institution de la - - Citoyens de la Formation de maçons - brigade sanitaire commune de de la commune Bopa

Désinfection des - 2006 à 2012 Populations et Municipalité et l’ex DHAB il s’agit des opérations réseaux d’eau et ménages de la annuelles traitements commune annuels des puits traditionnels

Blocs de latrines 9 2009. -SIEGE Projet pilote de construction de Un appel d’offre pour ARR.LOBOGO blocs de latrines réaliser « une étude sur + l’identification des -SIEGE ARR. publiques initié par dans le cadre Lave-main BOPA de coopération décentralisée modes de gestion des -SIEGE ARR. blocs de latrines publiques entre le GI-Mono et le AGBODJI construits par le GI-Mono Département des -SIEGE ARR. dans les six communes du Yvelines en France, soutenu par POSSOTOME département » a été Union Européenne -SIEGE ARR. récemment lancé sous BADAZOUIN n°DCN°015/GI-ONO/2012

-SIEGE ARR. GBAKPODJI

-SIEGE ARR. YEGODO

-ENCEINTE MAIRIE

-CLAC

Latrines 25 2009 à 2011 - Etablissements Projets HAADI et PAGIREL initiés = institutionnelles par PROTOS scolaires ( EM, et EcoSan EPP, CEG) et communautés

Latrines 125 De 2006 à établissements -Etat institutionnelles et 2012 publics et privé, (DHAB/PADSEA/DANIDA/PPA) latrines privée communautaires -UEMOA

-Protos

-Borfonden

-USAID/MCDI

-Opérateurs privés

Latrines 30 - communautés -Protos Les arrondissements communautaires riveraines d’Agbodji, de Badazouin, -Borfonden Gbakpodji et de Yègodoé -Personnalités politiques natives n’en disposent du tout en 57

Projets/ Nombre Année de Localités Structures de financement Observation Réalisations réalisation bénéficiaires

du milieu raison de la morphologie de leur sols,

Don de paquets - - Ménages -GIZ de ciments

Incinérateurs 11 - Centre de santé -UNICEF publics -(DHAB/PADSEA/DANIDA/PPA)

Formation de 10 - PAZS (actuel PARZS) maçons

Formation des 14 - - PADEAR/PHA relais et marketing social

Source : Service du Développement Local et de la Planification de la mairie et service déconcentré de l’hygiène du Centre communal de Santé de Bopa, Novembre 2012

L’analyse du tableau 11 révèle qu’en dehors des latrines réalisées par la commune pour l’usage exclusif de son personnel au siège de la mairie et dans quelques arrondissements, il n’existe presque pas d’ouvrages d’assainissement de base qui soient réalisés avec les financements propres au profit des communautés et des lieux publics. L’initiative des réalisations provient généralement des structures gouvernementales via les services déconcentrés et surtout des Partenaires Techniques et Financiers. Il arrive que certains projets de construction d’ouvrages d’assainissement soient exécutés même à l’insu de la commune et, donc échappent à son contrôle régalien et à sa base de données. D’ailleurs, il est constaté pendant le sondage que les services techniques de l’administration communale ne disposent pas de véritable base de données par rapport au volet hygiène et assainissement. Ce qui est une défaillance qui ne leur permet pas d’assurer une meilleure coordination de l’action communale et celles de ses partenaires par rapport à ce secteur. . Aussi, remarque t-on l’absence d’un cadre de concertation regroupant les principaux acteurs de la commune en matière d’investissement dans le domaine d’hygiène et d’assainissement. Ce qui constitue une potentielle source de problèmes de communication entre la mairie, les services déconcentrés et même les Partenaires Techniques et Financiers.

2) LES EFFORTS DE L’ADMINISTRATION COMMUNALE La commune de Bopa tout comme les autres communes du Bénin est compétente pour assurer les prérogatives de maitrise d’ouvrage dans le sous-secteur de l’hygiène et de l’assainissement. La loi lui en donne tous les moyens juridiques et réglementaires. En dehors de certains arrêtés (entre autres, celui créant la brigade d’hygiène et d’assainissement) pris dans ce sens et qui ne sont pas suffisamment vulgarisés, on a l’impression que la cette municipalité n‘a véritablement pas des ressources (humaines, matérielles et financières) pour faire face aux investissements que sollicite ce sous secteur. Malgré les rares ressources affectées à la commune, par exemple la somme de Quinze millions (15 000 000) mises à disposition de la commune dans le cadre du PPEA, l’administration peine toujours pour satisfaire les besoins réels. Pour le moment, on estime au niveau de l’administration communale que cette contre- performance s’expliquerait par le fait que les ressources à la disposition de la commune sont 58

très limitées en raison du non-transfert de l’intégralité des compétences et des ressources à la commune par l’Etat-central. Toujours pour compléter nos analyses sur le plan financier, une analyse des différents budgets primitifs au cours des cinq dernières années révèlent les résultats synthétisés dans le tableau ci-dessous.

Tableau12 : Parts des budgets primitifs annuels réservées à l’hygiène et l’assainissement a 2008 2009 2010 2011 2012

Montant des Budgets primitifs 344 281 939 6 994 268 765 819 888 959 834 935 771 x

Parts consacrées à l'hygiène et assainissement

Construction de latrine au profit de l'AEV Houegbo 0 15 000 000 8 000 000 0 x

Acquisition de Bac à ordure 0 1 000 000 0 0 x construction des latrines au CLAC, mairie et 7 arrondissement 0 3 000 000 0 0 x

Aménagement gare routière de Bopa 0 0 9 477 000 1 312 500 x

Réalisation latrine institutionnelle école 0 0 14 000 000 14 000 000 x

TOTAL 0 19 000 000 31 477 000 15 312 500 x

Proportions (%) 0 0,27 3,84 1,83 X

Source : Service des Affaires Financières de l’administration communale (Budgets primitifs annuels), Novembre 2012

De l’analyse du tableau on constate très aisément que la commune n’affecte pas de ressources à une ligne de crédits exclusivement dédiée à l’hygiène et à l’assainissement qui est tout-de-même, une des dimensions essentielles du développement car on ne saurait se développer en vivant dans un environnement malsain et pollué. Autrement dit, nulle part, on ne peut entrevoir développer une localité ou un territoire communal sans aménagement, ni assainissement. Autant toute action de développement vise l’Homme, autant elle est portée par cet Être. En conséquence, aucun développement ne peut être envisagé avec des personnes malades du fait qu’elles n’observent pas des règles d’hygiène. C’est dire que l’hygiène et l’assainissement constituent des aspects transversaux très importants de développement que les collectivités locales tendent, consciemment ou inconsciemment, à occulter ou négliger dans leur politique de développement communal. On comprend ainsi pourquoi les questions liées à l’hygiène et à l’assainissement n’ont pas été suffisamment prises en compte dans les PDC première génération. Actuellement, la commune de Bopa dispose d’un PDC (version 2011-2015) dans lequel on a tenté quel que peu de remédier à ces lacunes comme on le constate au niveau du tableau ci-dessous.

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Tableau 13 : Programmes de développement relatifs au secteur d’hygiène et d’assainissement retenus par la commune de 2011 à 2015 Résultats attendus Activités Coûts R1 : Les déchets A1 : Accélérer la mise en œuvre du projet de Stratégie - solides ménagés de intercommunale de Gestion des Déchets solides Ménagés la commune sont (SIGDSM). bien gérés. A2 : Répertorier les structures de pré collecte des déchets - ménagers par arrondissement A3 : Acquérir des barques de transit de regroupement des 2 500 000 déchets solides ménagers dans les grandes agglomérations A4 : Acquérir et aménager un site de décharge finale des 10 000 000 déchets solides ménagés A5: Sensibiliser les populations sur les bonnes pratiques 5 000 000 d’hygiène et d’assainissement pour un meilleur conditionnement des déchets solides ménagés R2 : Les opérations A1 : Poursuivre l’élaboration du Schéma Directeur - de lotissement d’Aménagement de la Commune (SDAC). réalisées. A2 : Faire élaborer les différents plans de détail pour 20 000 000 l’aménagement urbain et les opérations  Latrines A1 : Construire 10 latrines dans les EPP des terres noires 15 000 000 A2 : Construire 2 latrines dans la gare routière de Lobogo 5 000 000 A3 : Construire 2 latrines dans le marché de Lobogo 5 000 000  Accès à l’eau potable R3 : Couverture des A1: Actualiser les besoins en eau potable des villages et 100 000 infrastructures quartiers de ville de la commune. sociocommunautaires améliorée. A2 : Elaborer et mettre en œuvre la programmation communale 10 000 000 dans le secteur de l’eau A3 : Plaider pour l’extension du réseau d’adduction d’eau de la 600 000 SONEB A4 : Elaborer et mettre en œuvre un plan d’hygiène et 15 000 000 d’assainissement communal A6 : Appuyer la désinfection ou le traitement périodique des 6 000 000 puits et citernes d’eau de la commune A4 : Créer 04 centres d’animation pour la promotion sociale 10 000 000 dans les arrondissements des terres noires A1 : Elaborer et mettre en œuvre un plan de communication. 25 000 000 Source : Extrait du PDC de la commune de Bopa (version 2011-2015), Novembre 2012

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Au regard du tableau précédent, bien d’actions de développement du secteur de l’hygiène et d’assainissement sont, non seulement annoncées, mais aussi programmées dans un document de planification, notamment le PDC qui est d’une importance capitale pour la commune. Ce qu’on peut maintenant rechercher, c’est de savoir si ces actions programmées connaissent-elles un début d’exécution. L’examen des budgets primitifs, notamment, celui relatif aux cinq dernières années nous ont permis d’avoir les précisions. En effet, de toute évidence, ce secteur fait malheureusement l’objet d’une négligence lors des prévisions financières, notamment à l’occasion des programmations budgétaires. Les rares fois que la commune décide d’affecter des crédits à l’hygiène et à l’assainissement, on se rend bien compte que les crédits accordés sont insignifiants et sont plus destinées aux dépenses de fonctionnement qu’à celles d’investissement. Par conséquent la commune consacre des parts très faibles de ses budgets primitifs annuels à l’hygiène et l’assainissement. Le PHAC en tant qu’outil de communication par excellence permettra assurément aux autorités politiques et aux cadres techniques de la commune de prendre conscience de cet état de fait et de trouver ensemble les moyens d’anticiper ou de corriger ces insuffisances dans les futurs documents de planification et de programmation budgétaire. Sur le plan institutionnel interne la commune ne dispose pas actuellement de services exclusivement dédiés à l’hygiène et de l’assainissement, même si un effort a été consenti en 2008 pour créer une brigade d’hygiène et d’assainissement.qui est confrontée à des difficultés de fonctionnement. Pour le moment, le Service du Développement Local et de la Planification et le Service Technique avec l’appui des autres services essayent tant bien que mal de gérer ce secteur. Il y a également un service très important dont la mission pourrait, si elle est bien menée, contribuer au renforcement de l’assainissement de la commune. Il s’agit du Service des Affaires domaniales et environnementales qui n’est pas véritablement associé à la gestion des questions liées à l’hygiène et à l’assainissement. D’autres acteurs comme les services déconcentrés et les organisations de la société civile, sont très actifs dans le secteur, mais ils sont sérieusement limités du fait de l’inexistence d’un cadre de concertation régulièrement fonctionnel entre eux et la commune. Tout cela ne favorise guère une gestion optimale du secteur. Sur le plan des ressources humaines, il est nécessaire de faire remarquer qu’au sein du personnel commis à cette tâche, ne figure pas un spécialiste des questions d’hygiène et d’assainissement. Les ressources humaines s’occupant de la gestion de ce volet sont qualitativement et quantitativement limitées. Ce personnel ne comprend que deux agents (C/ST et C/SDLP) qui sont chacun directement appuyés dans le cadre de leur mission par un stagiaire ou assistant. De plus l’administration communale est sous équipée, notamment par rapport au matériel qu’il faut pour prétendre booster ce secteur d’hygiène et d’assainissement en améliorant de façon significative la situation qu’il présente actuellement. Au niveau du personnel, il y a des besoins de renforcement de capacités en termes de planification, de gestion, de coordination, de suivi et d’évaluation des projets d’hygiène et d’assainissement.

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IX. SYNTHESE DES PROBLEMES DU SOUS SECTEUR HYGIENE ET ASSAINISSEMENT DANS LA COMMUNE Au regard des constats faits sur le terrain et des analyses qui s’en sont suivies dans le sous secteur de l’hygiène et de l’assainissement, il se dégage les problèmes suivants :

1) GESTION DES EAUX USEES  Faible taux de couverture en ouvrages d’évacuation adéquate;  Rejet des eaux usées ménagères dans la nature;  Existence de trous non couverts pour le stockage des eaux usées de douches.

2) GESTION DES EXCRETA  Faible taux de couverture en latrines familiales;  Insuffisance de latrines publiques dans les marchés, gare-routières et autres ;  Insuffisance de latrines en milieu scolaire ;  Abandon des fosses de latrines en cours de construction;  Forte proportion des ménages qui utilisent des latrines des voisins ;  Vidange manuelle des boues séchées des latrines ;  Défécation à l’air libre par les populations;  Vandalisme des latrines institutionnelles par les populations dans le but de s’en servir ;

3) GESTION DES DECHETS SOLIDES  Insuffisance des actions des ONG de pré-collecte des déchets solides ;  Prolifération des sachets plastiques ;  Prolifération des tas d’immondices dans toute la commune;  Absence d’une filière de gestion des déchets solides ;  Absence de site de décharge des déchets solides ;  Absence des poubelles dans les écoles, marchés et gare routière  Manque d’initiative de transformation des déchets ménagers en compost.

4) EAUX PLUVIALES ET INONDATION  Faible couverture de la Commune en mètre linéaire de caniveaux ;  Inondation annoncée dans certains villages de la commune ;

5) DECHETS BIOMEDICAUX  Insuffisance des opérations de tri des déchets biomédicaux;  Insuffisances des trois couleurs de poubelles pour la gestion des déchets biomédicaux ;  Insuffisance de personnel qualifié pour la gestion des déchets biomédicaux ;

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 Insuffisance des fosses à déchets liquides et à cassant ;

6) PRATIQUES D’HYGIÈNE  insuffisance d’effort d’entretien des ouvrages d’assainissement de base;  cohabitation des hommes et des animaux dans les concessions ;  vidange manuelle des boues séchées des latrines ;  insalubrité autours des points d’eau potable ;  ouvrages de stockage d’eau potable pas toujours couverts ;  manque de dispositif de lavage des mains à proximité des latrines ;  Manque de campagne de salubrité dans les villages ou quartiers de ville ;  Etc.

X. ANALYSE DES FORCES, FAIBLESSES, OPPORTUNITÉS ET MENACES (FFOM) Une analyse approfondie des différents résultats du diagnostic a permis d’identifier les facteurs d’influence de la situation d’assainissement de la commune de Bopa. Ces facteurs d’influence sont de deux (2) catégories : les facteurs internes dont les déterminants sont intrinsèques à la commune. Il s’agit des forces (éléments positifs) et des faiblesses (éléments négatifs). Les facteurs externes constituent la deuxième catégorie dont les déterminants bien que ne dépendant pas directement de la commune, ces facteurs influencent le niveau d’assainissement de la commune. Il s’agit des opportunités et menaces (éléments externes à la commune). Ces différents facteurs d’influence ont été examinés suivant les différentes thématiques de l’assainissement dans la commune

Gestion des eaux usées, des excrétas et des boues de vidanges

 Forte proportion de ménages qui utilisent les latrines des voisins  Bonne couverture des établissements scolaires en ouvrages d’assainissement (latrines)  Existence des agents d’ImS qui participent à la promotion des ouvrages d’assainissement Forces  Existence d’agent d’hygiène et de brigadiers sanitaires dans la commune  Existence de relais communautaires formés sur la PHA  Prise en compte de l’assainissement dans les documents stratégiques de planification  Existence de radios communautaires  Faible taux de couverture en ouvrages d’assainissement familiale (latrines et puits perdus)

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 Insuffisance de latrines publiques  Drainage des eaux de douche dans la nature  Faible motivation des maçons formés Faiblesses  Faible priorité accordée à l’assainissement par les ménages  Faible sensibilisation des ménages sur l’importance des latrines  L’assainissement n’apparait pas dans les priorités communales  Présence des PTF et ONGs Internationales dans la commune (GIZ, UNICEF, Pays-Bas, guichet FADEC, PROTOS, BORNFONDEN, USAID, GI-Mono…) Opportunités Menaces 

Gestion des eaux pluviales

 Loi d’orientation sur la décentralisation  Existence d’entreprises de BTP

Forces  Erosion des plusieurs voies par les eaux de ruissellement Inexistence d’initiatives de la part des autorités communales

Faiblesses  Existence du Ministère de l’Environnement et de l’Urbanisme et de ses services déconcentrés à Lokossa pour l’assistance-conseils

Opportunités  FADEC affectés  Projets de l’Etat Menaces  Changement climatique,  Grandes inondations cycliques

Gestion des déchets solides

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Existence de quelques matériels d’assainissement (tricycles, charrettes) -Disponibilité des ménages à s’abonner à la collecte des déchets -Existence d’ONG de pré collecte -Elaboration du PHAC -Prise de conscience de la population sur la pollution de l’eau causée par les déchets solides Forces -Existence de radios communautaires -Existence de crieurs publics -Existence de troupes de théâtres -Existence d’un service technique en charge de la question -Manque d’ouvriers dans les ONG de pré collecte des ordures - Insuffisance de matériel par endroit de pré collecte et de protection - Pré collecte irrégulière - Retard dans le payement des redevances par les ménages - Difficulté d’accès des zones de pré collecte pendant la saison pluvieuse - Prolifération des emballages plastiques

- Existence des dépotoirs sauvages

- Absence de point de regroupement des ordures pré collectées

-Inexistence de site de décharge finale aménagée

-Insuffisance de poubelles dans les ménages Faiblesses -Absence de poubelles au niveau des marchés et places publiques -Absence de trous à ordure dans les écoles (cas des déchets inertes) - Coût de prestation un peu contraignant pour les ménages - Inexistence d’un mécanisme de gestion des ordures ménagère -Absence de cadre de concertation des acteurs opérationnels dans le domaine -Faible taux de couverture des ménages en pré collecte - Absence de Budget affecté à l’assainissement -Absence de tri à la source -Absence d’une filière de gestion complète de déchets dans la commune

-Existence de partenaires (MEHU, ABE, UNICEF, PROTOS, GIZ) Opportunités -Coopération décentralisée -intercommunalité avec d’autres communes

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-Diaspora

Menaces -Pollution de la nappe phréatique -Risque d’épidémie de maladies hydriques

Gestion des déchets bio médicaux - Existence des différentes poubelles réglementaire (Jaune, rouge, noir et boites de sécurité)

-Existence des incinérateurs

-Existence d’un agent qualifié pour la gestion des déchets bio médicaux (L’agent Forces d’hygiène) -Programme de formation à l’endroit des agents d’entretien pour la gestion des déchets bio médicaux - Pas de tri des déchets bio médicaux à la source de production -Mauvaise utilisation des incinérateurs fonctionnels dans les formations sanitaires (remplissage complet et non enlèvement de la cendre de la chambre de combustion) -Absence de formation pour le personnel qualifié à la gestion des incinérateurs -Absence de fosses aménagées pour la gestion des déchets liquides (déchets Faiblesses issus de la maternité) -Absence de fosse à cassant -Absence d’un budget spécifique pour l’entretien des incinérateurs -Absence d’un comité d’un comité de suivi de la gestion des déchets bio médicaux -Gestion inadéquate des déchets bio médicaux par les cliniques privées

Opportunités Appui des partenaires (UNICEF, Ministère de la santé/DNSP)

Menaces -

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CONCLUSION

Le PHAC de Bopa est un outil de programmation qui doit apporter des solutions aux nombreux problèmes d’hygiène et d’assainissement identifiés lors du diagnostic communal. Cela participera aux meilleures conditions de vie des populations de Bopa. Les mauvaises conditions d’hygiène et l’environnement malsain exposent les populations à une prolifération de maladies telles que le paludisme, les affections gastro-entériques… Néanmoins cela n’est pas la raison qui les détermine à adopter la construction des latrines. Bien évidemment, l’assainissement, élargi à la notion d’hygiène et assainissement, ne peut pas se réduire à la seule construction de latrines, mais ignorance des populations domine le symbole de la dignité à avoir une latrine. En effet, les enquêtes ont montré que le lien entre la santé et la construction de latrines ne constitue pas trop un des facteurs motivant la construction d’un dispositif par les ménages. Les raisons principales sont la commodité, la proximité, la sécurité, l’intimité. Ces motivations ne sont pas en lien direct avec la connaissance sanitaire, la transmission des maladies, etc. mais il convient de ne pas négliger ces motivations : d’une part, elles peuvent constituer un puissant réservoir de messages à combiner avec les messages sanitaires, pour amener les ménages vers une démarche d’assainissement ; il s’agit là de messages positifs, basés sur la promotion et la dignité de la personne ; d’autre part, parce que les messages sanitaires ne seront jamais totalement acquis, et qu’ils nécessiteront un accompagnement pédagogique et participatif sur le très long terme, bien au‐delà des équipements. Et cela est vrai pour toute société humaine engagée dans une démarche d’assainissement et de santé publique. Dans la commune de Bopa, tout laisse à penser que le domaine de l’assainissement, malgré qu’il soit l’une des compétences transférée à la commune, a peu de visibilité dans la commune ; en témoigne la prolifération des tas d’immondices dans tous les arrondissements et l’incivisme répété des populations vis-à-vis des infrastructures publiques d’assainissement. Néanmoins, des points encourageants peuvent être relevés au niveau des écoles et des centres de santé où les taux d’équipement et d’accès aux ouvrages d’assainissements sont très appréciables. La commune de Bopa doit repenser sérieusement la question de la gestion de son cadre de vie, qui doit être plus une « gestion à l’échelle communale » qu’une « gestion communale ». Tous les acteurs à l’échelle du territoire communal énumérés dans ce document ont certes des perceptions différentes des problèmes d’assainissement mais font tous preuve d’une prise de conscience collective que l’administration communale doit saisir pour la réussite de ses actions futures.

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