L’Algérie profonde / Ouest

Secteur de l’éducation à Mascara

Un constat amer

Siège de la directi on de l’éduc ation de la wilaya de Masca ra. © D. R.

Classes surchargées, manque de chauffage, transport scolaire non assuré, cantines scolaires fermées, tels sont entre autres les indices qui mettent en exergue la situation peu reluisante qui prévaut dans ce secteur.

En dépit des réalisations périodiques de nouveaux groupes scolaires tous paliers confondus, plus 20% des établissements dans le primaire fonctionnent avec des classes surchargées, ce que n’apprécient ni les enseignants ni les élèves, encore moins les parents qui condamnent de telles pratiques. Dans le même registre, force est de constater l’absence de chauffage à l’intérieur de certaines classes, à l’exemple des écoles implantées dans les communes de , Bouhenni, et , pour ne citer que celles-ci, ce qui déstabilise les élèves et retarde leur réceptivité, notamment en hiver.

Les chefs de ces établissements scolaires pointent le doigt vers les présidents d’APC à qui incombe la responsabilité de l’entretien des établissements scolaires. De leur côté, les maires avancent l’absence de crédits pour l’achat du fuel destiné aux chauffages, au moment où des sommes énormes sont dépensées pour l’achat du carburant pour les véhicules de service réservés le plus souvent pour usage personnel par les fonctionnaires et les élus.

A contrario, dans certaines classes équipées de chauffage et où le fuel est disponible, ce sont les enseignants qui hésitent à les allumer, comme le confirment Slimane et Fatima-Zohra, enseignants à Mascara ville : “Nous restons prudents quant à l’usage de ces chauffages, lesquels faute d’entretien sont à même de dégager du monoxyde de carbone, susceptible de mettre en danger la vie des élèves.

Nous préférons le froid naturel au risque d’inhalation du monoxyde de carbone. Sinon, nous prenons le soin d’aérer les classes en ouvrant les portes ou les fenêtres.” Le tableau est davantage noirci, sachant que presque toutes les cantines scolaires dans le primaire ne fonctionnent plus, et qu’en guise de repas les enfants n’ont droit qu’à un bout de pain et une pomme, une orange ou un morceau de fromage, ce qui pénalise les élèves qui résident loin des établissements qu’ils fréquentent, lesquels, faute de temps, ne peuvent rentrer chez eux à midi.

Dans le même contexte, le manque de transport scolaire est manifeste dans une grande partie des communes de la wilaya. À Mascara, Oued El-Abtal, , , Taria, Guethna et la liste est longue, des enfants sont exposés aux multiples dangers qui se traduisent souvent pas le refus des parents de laisser leurs enfants prendre de tels risques, préférant mettre un terme à leur scolarité. La situation est différente à Aïn Farès, El- Bordj et , puisque ces daïras ont passé des conventions avec des transporteurs privés afin d’assurer le ramassage scolaire dans les communes sous leur coupe.

“Si le service est bon gré mal gré assuré le matin, ce n’est pas le cas le soir. Les transporteurs brillent par leur absence, laissant les enfants abandonnés à leur triste sort et contraints d’effectuer le trajet retour à pied”, a déclaré le responsable de l’association des parents d’élèves de Sig. Les enseignants sont également accusés d’adopter des attitudes négatives envers leurs élèves. Certains, très exigeants, insistent pour que ces élèves fassent pression sur leurs parents pour leur payer des études supplémentaires en s’engageant à les aider à améliorer leurs notes scolaires.

Certains parents, dans l’incapacité de payer ces études à leurs enfants, à l’instar de ceux aux revenus modestes comme les femmes divorcées, les sans-emploi et les sans ressources, ont dénoncé le comportement irrespectueux de ces enseignants, mais leurs requêtes sont demeurées lettre morte, puisque aucun enseignant n’a été inquiété. “J’ai deux enfants, l’une dans le moyen et l’autre dans le secondaire. Je n’arrive pas à joindre les deux bouts avec mon maigre salaire, en plus on me demande de payer les études” (heureusement facultatives), s’est lamenté un quadragénaire, ouvrier de son état.

A. B.