Promenades dans le Passé

Tome 12

La Ferfé-Gaucher et ses environs

à la Belle Époque Justification du tirage : Il a été tiré de cet ouvrage : 400 exemplaires sur couché Royal 150 g pleine reliure, décorée d'une vignette constituant l'édition originale et numérotés de 1 à 400, réservés aux souscripteurs 1600 exemplaires, couverture brochée

Exemplaire n° 'UITIONS AMATTEIS

Du même auteur, aux éditions Amattéis : - La vie rurale en Seine-et- (1982, réédition 1992), 14e mille, - Histoire de Seine-et-Marne, vie paysanne (1987), 12e mille, (épuisé) - Moulins et Meuniers d'autrefois, bande dessinée (1983), - La Seine-et-Marne 1939-1945 : tome 1 : De l'avant-guerre à l'occupation allemande (1984), (épuisé) tome 2 : La vie quotidienne sous l'occupation (1985), tome 3 : De la résistance à la victoire (1985), tome 4 : L 'été de la liberté ( 1987), - Promenades dans le Passé : tome 2: La Ferté-sous- et ses environs ( 1986), (épuisé) tome 3: Lagny, Chelles et leurs environs (1987), (épuisé) tome 4: et ses environs (1988), (épuisé) tome 5: et ses environs ( 1988), (épuisé) tome 6: Crécy-en- et ses environs (1989), tome 7: Lizy-sur-Ourcq et ses environs (1990), tome 8: et ses environs (1992), tome 10 : à la Belle Époque ( 1992), tome 11 : Brie-Comte-Robert et le Val d'Yerres à la Belle Époque (1993). - Au sud-Aveyron : La vie quotidienne au pays de l'enfant sauvage, (1989) - Un régiment seine-et-marnais : le 2ge Dragons, (1989), (épuisé) - Le chemin de fer en Seine-et-Marne tome I : De /a vapeur au T.G.V., (1991) tome II : Tramways, tacots et tortillards, (1991), - Il était une fois le Cirque Lamy (1992).

Illustration de couverture : La rue de Paris à La Ferté-Gaucher vers 1903 - montage de Samuel Prazelin

©1993 Lys Éditions Presse - Éditions Amattéis ©ISBN 2 86849 136 7 René-Charles PLANCKE Promenades dans le Passé collection dirigée par l'auteur Tome 12

La Ferté-Gaueher et ses environs

à la Belle Époque

Préface de Michel VINCENT

Lys Éditions Presse Editions Amattéis 77350 Le Mée-sur-Seine 1.- Souvenir de La Ferté-Gaucher, avant 1906. Que ces gracieux volatiles, colombes et hirondelles, vous entraînent dans notre promenade dans le passé . Préface

a commanderie de avait été achetée par Jean-François Berthélemy, avocat parisien et, depuis 1770, garde des archives que l'Ordre de Malte conservait au Temple, à Paris. Le grand bailli de l'ordre l'avait autorisé à transformer en habitation la petite tour accolée au donjon. Berthélemy en fut expulsé lorsque le roi Louis XVI et sa famille y furent assignés à résidence en 1792. L'archiviste dut se réfugier dans l'église désaffectée du Temple. Lorsque les propriétés de l'Ordre de Malte furent vendues comme biens nationaux, Berthélemy acheta l'ancienne commanderie de Chevru dont son ami, le chevalier Louis Augustin Godeheu, avait été le commandeur depuis 1786. Berthélemy meubla sa nouvelle maison de campagne avec le mobilier qu'il put récupérer de son ancien logis. C'est ainsi que le peintre et archéologue Anatole Dauvergne, transmettant des renseignements sur Chevru aux comités historiques en 1854, signala l'existence des meubles provenant de l'appartement occupé par la famille royale au Temple et des livres annotés par le roi. Le gendre et les petits-fils de Berthélemy, par la suite, tous avocats à la Cour, furent maire de Chevru, maire et conseiller général de jusqu'au début du siècle. Ce détail peu connu de l'histoire locale et une foule d'autres, figurent dans le présent volume qui forme le 12e tome de l'important ouvrage entrepris par René-Charles Plancke et intitulé Promenades dans le passé. R.-C. Plancke a mené son enquête sur place, moissonnant une grande quantité de documents et de témoignages. Rien n'échappe à sa vigilance. On apprend, par exemple, que la ville de La Ferté-Gaucher, qui a toujours été réputée pour la qualité de son commerce, était particulièrement riche en établissements gastronomiques et surtout viniques : un pâtissier restaurateur, quatre hôteliers, sept limonadiers, huit aubergistes et débitants de boissons ! R.-C. Plancke n'ignore rien des diverses activités de La Ferté et des communes du canton. Il aborde tous les domaines. Il a notamment rassemblé une impressionnante collection de cartes postales qui permet de reconstituer avec exactitude le paysage urbain de la ville de La Ferté-Gaucher et de tous les villages du canton, tels que les ont connus les grands-parents et arrière-grands-parents des habitants actuels. Chaque village fait l'objet d'un chapitre très documenté. Et les Briards de souche pourront retrouver, non sans émotion, les noms de leurs ancêtres. Quant aux nouveaux habitants, ils s'y découvriront des racines. Ce sera le cas pour tous les collaborateurs du Pays Briard qui s'est appelé Le Démocrate jusqu'en 1944 et qui est né à La Ferté-Gaucher en 1886. Michel VINCENT à Martine, avec un bisou

2.- La Ferté-Gaucher - Le grand bassin à la Belle Époque. (Encre de chine de Ghislaine Daugeron, 1993) Introduction

« J'aime bien innover, écrivais-je dans l'introduction du tome 11 de cette série. Dans mon travail c'est une nécessité absolue, car la routine serait préjudiciable, non seulement à la rédaction, mais surtout à la lecture des Promenades dans le Passé. « Nemours et sa région se présentait sous la forme d'un journal apocryphe, Melun à la Belle Époque affectait la forme de reportages ou de comptes rendus journalistiques ». Brie-Comte-Robert et le Val d'Yerres à la Belle Époque avait pris la forme d'un guide touristique « rétro » offrant quatre véritables promenades. Avec La Ferté-Gaucher et ses environs à la Belle Époque, je suis revenu à une présentation plus classique, m'étant volontairement limité à une simple évocation d'une région rurale entre 1900 et 1914, pour que la plupart des illustrations puissent être choisies dans ce qu'on a si justement appelé « l'âge d'or de la carte postale ». En vérité, pour certaines localités, il a fallu suppléer à un manque cruel de cartes postales, même récentes, par des clichés pris spécialement pour l'occasion qui, avec quelques photogra- phies extraites d'albums familiaux, devraient former un tout harmonieux. Cependant, un chapitre entraînera le lecteur plus loin dans le passé, avec une brève relation de la « petite Vendée briarde », l'un des rares faits marquants de l'histoire de la contrée étudiée ici, même si ce ne fut qu'une péripétie bien mince de la période révolutionnaire nationale. Certes, cette nouvelle promenade dans le passé n'est pas une fresque, mais plutôt une esquisse exécutée à petites touches, comme un tableau impressionniste. Dans son introduction à son Histoire de Saint-Rémy-la- Vanne parue en 1974, Yan Loth écrivait : « Ce n'est pas à la suite d'une gageure qu'on a voulu écrire l'histoire d'une petite commune rurale... qui n'a pas d'histoire, au sens où on l'entend communément : aucun fait "historique ", aucun personnage important n 'ayant, à aucun moment, illustré Saint-Rémy-la- Vanne ». Sans vouloir faire de peine à personne, j'ajouterai que cette constatation faite à propos de Saint-Rémy-la-Vanne, peut s'appliquer à toutes les communes traitées dans cette promenade, eu égard surtout à la période choisie, mais n'a-t-on pas dit que, tout comme les hommes, les villages heureux n'ont pas d'histoire ? En effet, concernant cette région, la biographie est fort mince, les annuaires ou almanachs quasiment muets, et les guides touristiques, qu'ils soient d'avant-hier(l), d'hier ou d'au- jourd'hui, sont des plus discrets. Cette malheureuse contrée est même ignorée des fées et des lutins, sur la carte de mythologie figurant dans la Toponymie en Seine-et-Marne de Paul Bailly... Au point de vue commercial, c'était aussi la région seine-et-marnaise qui comptait le moins de foires et de marchés. Un fait symptomatique est à signaler : la région paraissait si démunie de monuments et de sites pittoresques que les éditeurs locaux de cartes postales n'hésitaient pas, avant 1914, à annexer à La Ferté-Gaucher, non seulement des vues de La Chapelle-Véronge, de , de Saint-Barthélemy ou de Saint-Martin-des-Champs, mais encore des châteaux, des demeures ou des paysages du département de la Marne ! Pire encore, et contrairement à leur confrère de Jouy-sur-Morin, les éditeurs fertois man- quaient d'imagination ou de présence d'esprit ; par exemple, et sauf erreur de ma part, il y a peu de cartes postales du marché, il n'y en a pas des foires (si elles existaient autrement qu'en théorie), des cérémonies (sauf une), ni des fêtes (sauf une également)... L'« histoire » que vous allez vivre, a pris ses distances avec la géographie puisque la région de La Ferté-Gaucher dont il sera question au fil de ces pages, n'est pas limitée à son actuel canton, bien au contraire. Deux de ses communes, et , ont déjà été traitées par mon ami Yves Richard dans Coulommiers et ses environsC2) ; en revanche, j'y ai ajouté le village de , cette île du canton de Rebais, complètement isolée de son chef-lieu, puisqu'elle est entourée par le département de l', le canton de La Ferté-Gaucher et le département de la Marne, ainsi que le village de Vieux-Maisons, arraché au canton de Villiers-Saint-Georges il y a presque vingt ans pour être associé à Saint-Mars-en-Brie. Toutefois, cette promenade dans le Passé de la Ferté-Gaucher et de ses environs n'a d'autre but que de vous faire découvrir les mœurs toutes simples de cette partie de la « Brie profonde », à la veille de la Grande Guerre avec laquelle nous terminerons cette évocation. J'ai d'ailleurs été surpris de constater combien le souvenir de 1914 était resté vif chez des personnes non contemporaines des événements, mais qui en tenaient le récit de leurs grands- parents ou arrière-grands-parents. Enfin, les lecteurs trouveront deux chapitres : « Comment voyageait-on à la Belle Époque ? » et « En marge de la Belle Époque », généralités qui les plongeront au cœur de la vie quotidienne d'autrefois. Il convient, avant d'entrer dans le vif du sujet, de signaler avec beaucoup de plaisir, l'aide apportée à l'illustration de ce livre à la suite d'un appel paru dans Le Pays Briard et Notre Département : la Seine-et-Marne. Jamais, au cours de l'élaboration des livres de cette collec- tion, je n'avais rencontré une telle collaboration désintéressée. J'ai rencontré ici et là, des gens fort attachés à leur petite patrie, s'affirmant même « Briards et fiers de l'être » ! Des « enquêtes sur le terrain » ont été de véritables pèlerinages, tellement elles furent émouvantes, comme la visite de la mairie-école de Saint-Barthélemy identique à la description qu'en fit Henri Villin en 1906, ou celle de La Mazure où le propriétaire fut assassiné par la soldatesque venue d'outre-Rhin ; le hasard a voulu qu'elle se fasse 79 ans jour pour jour après ce forfait ! J'aimerai, pour finir, apporter une ultime précision : tous les renseignements donnés dans ce livre sont ceux de la « Belle Époque » ; quant aux descriptions administratives, économiques, professionnelles et associatives, elles ont été faites d'après l' Annuaire commercial, adminis- tratif, agricole et industriel du département de Seine-et-Marne pour 1901, première année du xxe siècle. Puis-je vous donner rendez-vous, sans doute au printemps prochain, pour une nouvelle promenade ? cette fois-ci plus au sud, car il s'agira de et de ses environs. Le Mée-sur-Seine, le 30 octobre 1993 R.-C. P.

N.-B. De nombreux commentaires d'illustrations ont été faits d'après des diapositives (3,6 x 2,4 cm) faites à partir de cartes postales et non d'après des originaux, d'où le risque d'erreurs ou de mauvaise interprétation.

Notes 1.- Le Guide pittoresque du voyageur en , publié en 1835, consacrait cinq fois moins de place à La Ferté-Gaucher qu'à (à cause de La Grange-Bléneau et de La Fayette) et autant qu'à (six lignes), contre quatre lignes à Jouy-sur-Morin, seules communes du canton retenues par cette publication. 2.- Tome 9 des Promenades dans le Passé, éditions Amattéis, 1992. Chapitre 1 Comment voyageait-on à la Belle Époque ?

LES TRANSPORTS publics ROUTiERS

À la Belle Époque, à en croire Y Annuaire commercial de Seine-et-Marne, il n'y avait pas (ou plus), dans le canton de La Ferté-Gaucher, ce que l'on appelait encore des « diligences ». Un service de pataches joignait encore Coulommiers à Meaux (départ à 7 h du matin seulement), à La Ferté-sous-Jouarre (départ à 8 h du matin entreprise Jacquet et à 4 h 30 du soir entreprise Touret) et à Beton-Bazoches (départ à 4 h du soir entreprise Brouiller). avait droit au même avantage, mais seulement le mercredi. Seul, selon cette publication, le village d'Amillis bénéficiait d'une « correspondance pour le chemin de fer, faisant le courrier » : tous les jours une voiture partait du village à 8 h du matin et repartait de Coulommiers à 4 h du soir, sans oublier ces services réguliers : - départ d'Amillis à 11 h du matin, arrivée à Coulommiers, par Chailly, à midi 15 (train de Sézanne à Paris) ; - départ de Coulommiers à midi 50 (après l'arrivée du train de Paris) ; - départ d'Amillis à 6 h du soir pour Coulommiers, par Beautheil, Saints, Mauperthuis ; - départ de Coulommiers après le dernier train. Il restait donc l'opportunité de louer un cheval et une voiture chez Berthelot ou chez Collet, à La Ferté-Gaucher, les seuls du canton à se livrer à cette activité. Pourtant, bien qu'ignorées par l' Annuaire commercial de Seine-et-Marne, il existait à La Ferté-Gaucher, des voitures publiques pour Provins les mardi, jeudi et dimanche, et pour Villeneuve-sur-Bellot, les jeudi et dimanche, ainsi qu'un service « Rebais - gare de Saint-Si- méon » : un omnibus partait « deux fois par jour de la gare pour la ville et de la ville pour la gare ». Le prix de ce trajet était de 75 centimes et sa durée de 30 minutes. L'automobile n'était pas encore très répandue, et il faudra attendre 1907 pour que la Société générale des Messageries départementales par automobiles pour voyageurs mette en service ses autobus ou plutôt ses « services rapides par camions automobiles » entre Coulommiers, Melun, Meaux, La Ferté-sous-Jouarre et . Les heureux propriétaires d'une bicyclette n'avaient pas trop de problèmes. Quant aux autres, ils avaient l'habitude d'utiliser ce moyen ancestral qu'est « la haquenée des cordeliers », c'est-à-dire la marche à pied.

Mais pour aller loin ? Fort heureusement, il y avait le train. LE CHEMiN dE FER

1.- La « grande ligne » La Compagnie de l'Est avait mis 26 ans pour construire la ligne secondaire Gretz - Sézanne, dont la désignation officielle était « embranchement de Gretz à Vitry-le-François ». En effet, la ligne fut ouverte par tronçons : - Gretz - : juillet 1859 ; - Mortcerf - Coulommiers : 2 juillet 1863 ; - Coulommiers - La Ferté-Gaucher : 14 août 1881. - La Ferté-Gaucher - Sézanne : 5 novembre 1885.

3.- La Ferté-Gaucher - la gare vers 1905. Cette vue embrasse toutes les installations ferroviaires fertoises : le réservoir (qui alimente la grue hydraulique pour l'alimentation en eau des locomotives), le « chalet de nécessité » (hommes d'un côté, dames de l'autre, séparés par un cagibi à outils), la gare voyageurs (avec son bureau, ses salles d'attente et le logement du chef de gare), et enfin les voies de garage et la halle des marchandises.

Les Fertois durent se contenter, pendant encore dix-huit longues années, d'utiliser les voitures publiques. Ils s'impatientèrent tant qu'on leur proposa, paraît-il, un « chemin de fer américain », c'est-à-dire à traction hippomobile ! Il faut bien avouer que la Compagnie ne savait pas trop par où prolonger sa ligne après Coulommiers. Jusqu'à La Ferté-Gaucher ? La faire rejoindre le tracé Crécy - ? Et même, comme l'embranchement de Gretz à Coulommiers n'était pas assez rémunérateur, elle se demandait si elle n'allait pas en rester là ! Quand la décision fut prise de la prolonger jusqu'à La Ferté-Gaucher, ce fut une levée de boucliers à Rebais, dont le conseiller général, Eugène Blavot préconisa un tracé plus simple, plus facile à construire, donc moins cher, tracé qui passait par Rebais ! Pendant ce temps, le conseil municipal de La Ferté-Gaucher s'indignait avec véhémence : sa commune était « la plus grande ville du département qui soit privée du chemin de fer » ; il n'en était « aucune autre, même en dehors de Seine-et-Marne aussi éloignée de tout chemin de fer dans un rayon de huit myriamètres de Paris ». Enfin, en ce dimanche 14 août 1881, c'était l'arrivée tant attendue du chemin de fer et « l'inauguration de la dernière section du chemin de fer de Paris à La Ferté-Gaucher ». Le programme des festivités comprenait : - le samedi soir, une retraite aux flambeaux ; - le dimanche à 1 heure du soir, réception du train officiel par les autorités civiles et militaires (ces dernières vraisemblablement représentées par les gendarmes et les pompiers et peut-être par un détachement du 76e régiment d'infanterie venu de Coulommiers) concert, banquet de 500 couverts, grand feu d'artifice et bal public. - le lundi, bal d'enfants, gonflement et enlèvement d'un ballon, monté en nacelle par Mlle Al- bertine qui devait lancer des parachutes chargés de jouets aux enfants, concert et tombola au profit des pauvres.

4.- La Ferté-Gaucher- la gare avant 1905. La locomotive est une 120 construite entre 1855 et 1857. Au premier plan, la grue hydraulique permettant de faire le plein d'eau des motrices.

Malheureusement il y avait du vent, le ballon s'écrasa sur des murets de jardins et deux personnes furent blessées. À l'époque et dans la région qui nous intéressent ici, cette ligne dessert Saint-Siméon (station), Saint-Rémy (arrêt), Jouy-sur-Morin (station), La Ferté-Gaucher (station)(1\ Saint- Martin-des-Champs (arrêt), Lescherolles (station), La Chapelle-Véronge (arrêt) et Meille- ray, dernière station seine-et-marnaise. À vrai dire, la ligne traverse une contrée rurale pas très peuplée : en 1901, l'arrondissement de Coulommiers (77 communes) n'a que 51 049 habitants, dont 11 542 dans le canton de La Ferté-Gaucher (19 communes). 5.- Jouy-sur-Morin - la gare vers 1903. La ligne est-elle réellement rentable ? Nous voyons un voyageur pour quatre employés de la compagnie de l'Est. La locomotive 92 est une 120 de 1853 ; il fut construit 68 machines de ce type entre 1853 et 1863. En 1913 il en restera 10 et le dernière circulera entre 1923 et 1924.

Elle n'a donc qu'un rôle très secondaire(2) : « Peu de train de voyageurs (deux omnibus dans chaque sens entre Paris et Esternay), témoigne Marc Villin, mais tous les soirs un convoi spécial de wagons-citernes récoltait les produits de notre Brie laitière entreposés de nuit en gare de Pantin où se ravitaillaient en produits frais les crémiers parisiens ».

Quoi qu'il en soit, nous vous proposons^ id'emprunter cette ligne, grâce au Manuel du 9Voyageur (le nord-est de la France de Karl Baedeker, édité en 1903, conjointement par l'auteur à Leipzig et par Paul Ollendorff à Paris.

Ce guide était remarquablement documenté, y compris pour le nombre d'habitants (recen- sement de 1901) ou pour les voies étroites, et l'on peut comprendre pourquoi, parfois, on l'accusait d'être plus destiné à des espions d'outre-Rhin, qu'à d'innocents touristes ! « - 39 km : Gretz-Armainvilliers (buffet), station à droite de laquelle est le château d'Armain- villiers, également magnifique, avec un grand étang. * — 41 km ; Tournan, bourg à droite, dans un joli site. « - 50 km : Maries, où aboutit un embranchement venant de Verneuil- L'Étang et d'où part une ligne à voie étroite desservant Jouy-le-Châtel par Fontenay-Trésigny et Rozoy-en- Brie. « - 52 km : La Houssaye, à gauche de la voie, a un château du XVIe s., avec un beau parc. « - 56 km : Mortcerf, où aboutit la ligne (à voie étroite) de Lagny. On arrive ensuite dans la vallée du Grand-Morin que l'on va remonter jusque près de Sézanne. Vue à gauche. * - 62 km : Guérard, village qui a un beau château, à 1/4 d'heure à gauche. La voie passe du même côté près de La Celle, où sont les ruines d'une abbaye. « - 65 km : -. * — 69 km : , 1616 habitants. « — 72 km : Coulommiers (hôtel de l'Ours, dans la grand'rue), à gauche vieille ville de 6 505 habitant et chef-lieu d'arrondissement de Seine-et-Marne, sur le Grand-Morin. Fromages renommés... « En dehors de la ville de ce côté, des hauteurs d'où l'on a une belle vue et où se trouvent une ancienne commanderie de l'Hôpital (à gauche) et un château. « Le chemin de fer continue de remonter la vallée, où il y a d'importantes papeteries ». Le trajet de Coulommiers à La Ferté-Gaucher - nous apprend le Guide Diamant de P. Jouanne, édité par Hachette en 1883, - durait environ 50 minutes (soit une moyenne de 24 km/h !) et coûtait alors 2,85 F en lre, 2,15 F en 2e et 1,65 F en 3e. «- - 75 km : Buisson-de-Chailly (halte sur le territoire de Chailly). « - 79 km : Chailly-Boissy (en réalité, la station est à La Bretonnière, sur le territoire de Chailly). « - 81 km : (halte). * — 83 km : Saint-Siméon, d'où une ligne en construction doit desservir Rebais (6 km, 1 277 habitants).

6.- Saint-Siméon - la gare, vers 1903. Une vingtaine de voyageurs, endimanchés pour la plupart, attendent le train. Le chef de gare, depuis près d'une quinzaine d'années, est M. Benoist. 7.- Jouy-sur-Morin - télescopage en gare, février 1905. Cette locomotive 230 du dépôt de Noisy-le-Sec n'y est pas allée de main morte et un demi-fourgon est resté juché sur ses superstructures.

« - 87 km : Saint-Rémy. ~ 89 km . Jouy-sur-Morin-les Marais (1 626 habitants), centre des papeteries dites du Marais. « - 92 km : La Ferté-Gaucher (hôtel du Sauvage, au centre), à gauche, jolie petite ville de 2 244 habitants ».

8.- Meilleray la gare avant 1914. Ouverte à la circulation en 1885, cette sympathique petite gare fleurie et ombragée, est la dernière station seine-et-marnaise de la ligne. Dans ses Étapes d'un touriste en France, publiées en 1900, Alexis Martin indiquait le prix d'un billet Paris - La Ferté-Gaucher : 10,50 F en lre, 6,95 F en 2e et 4,55 F en 3e. La durée moyenne du trajet était de 2 h 40, soit à une vitesse de 34,5 km/h. « - 94 km : Saint-Marin-des-Champs. « - 95 km : Lescherolles. « - 99 km : La Chapelle-Véronges. « - 102 km : Meilleray ». En 1900, toujours selon Alexis Martin, le prix d'un billet Paris - Meilleray était de 11,40 F en lre, 7,70 F en 2e et 5,05 F en 3e. La durée moyenne du trajet était de 3 h 15, soit à une vitesse de 31,38 km/h ; il est vrai que, depuis Coulommiers, ce train faisait littéralement du porte à porte, avec des arrêts tous les deux ou trois kilomètres !

9.- Saint-Siméon - vue d'ensemble et pont du Tramway, avant 1911. En effet, dans le fond à gauche, le pont métallique par lequel le « tacot » traverse les rails du grand frère.

2.- Les Chemins de fer économiques Le département de Seine-et-Marne avait confié à la Société des Chemins de fer économiques l'établissement d'une ligne de tramway à vapeur allant de Bray-sur-Seine à Sablonnières, ouverte dans sa totalité début décembre 1904. Le choix du tracé ne se fit pas sans heurts ni sans querelles de clocher qui ont été contés ailleurs(3).

Nous ne nous intéresserons donc qu'à l'arrivée de ce nouveau mode de locomotion dans la région évoquée ici : cette ligne, si désirée, desservait depuis le 23 mars 1903, les villages de Chevru, de Choisy-en-Brie, et de Saint-Siméon, où avait lieu la correspondance avec la Compagnie de l'Est, en dépit des difficultés faites par cette dernière pour accepter l'implanta- tion du tramway dans sa gare.

L'arrivée du petit train dans ces communes donna naturellement lieu à des festivités : « Le 3 mai 1903 - pouvait-on lire dans une publication du temps - c'est l'inauguration du tron- çon Saint-Siméon - Nangis du tramway départemental de Bray-sur-Seine à Sablonnières. Par 10.- Choisy-en-Brie, été 1902. Des ouvriers de l'entreprise Dequeker frères procèdent à la pose de la voie. un beau temps, exceptionnel dans cette année pluvieuse, à 10 h, se trouvaient réunies à Saint-Siméon, toutes les personnalités qui avaient tenu à rehausser cette cérémonie : le préfet et le sous-préfet, les ingénieurs, députés, conseillers généraux, maires, etc. À toutes les gares, ce ne fut que discours, bouquets, accolades et vivats. Le banquet traditionnel se déroula à Jouy-le-Châtel. En résumé, satisfaction sur toute la ligne ! Disons que dans tout le département, ces tramways donnent, en trafic, des résultats inespérés ». L'inauguration de ce tronçon avait eu lieu 42 jours après sa mise en service. À Choisy-en-Brie, le 30 avril précédent, le programme de ce véritable jour de fête avait été arrêté par le conseil municipal, réuni en session extraordinaire. Le maire, accompagné du conseil municipal, escorté du garde champêtre et de la subdivision des sapeurs-pompiers, avec tambours et clairons, suivi des enfants des écoles, sous la conduite de leurs maîtres, s'était rendu à la gare, à dix heures et demie pour saluer le passage du cortège officiel. La gare avait été pavoisée « dans la mesure des ressources en matériel de la commune ». Après la remise d'un bouquet au préfet et au président du conseil général, un vin d'honneur avait été offert à tous les passagers du train inaugural. Pour fêter comme il se doit cet événement considérable, six bouteilles de avaient été offertes aux pompiers tandis que chaque enfant avait reçu une brioche à 0,10 F. Le tronçon de Saint-Siméon à Sablonnières (correspondance avec la ligne La Ferté-sous- Jouarre - Montmirail, plus connue sous le nom de « Tacot du Petit-Morin », exploitée par les Chemins de fer départementaux) fut inauguré le dimanche 22 novembre 1903 par un temps splendide, un véritable été de la Saint-Martin. À Saint-Siméon, les autorités ayant à leur tête M. Bœgner, préfet de Seine-et-Marne, arrivèrent en gare à 10 heures. Elles passèrent en revue les sapeurs-pompiers commandés par le sous-lieutenant Bailly, avant d'être haranguées par M. Martin, maire : 11.- Choisy-en-Brie - la gare, avant 1910. Un train de voyageurs entre en gare ! Il est réduit à sa plus simple expression : la locomotive, une voiture et le fourgon ! A la mauvaise saison, les élégantes ne doivent pas craindre de souiller de boue leurs bottines et le bas de leur jupe !

« L'ouverture du tramway de Saint-Siméon à Sablonnières nous mettant en communication avec la région nord du département, ne pourra qu 'ajouter aux heureux résultats déjà obtenus sur la ligne de Saint-Siméon à Nangis... » Le préfet et M. Delbet, président du conseil général, remerciaient et félicitaient le maire, le conseil municipal et toute la population, quand un charmant groupe de trois écoliers vint, au nom de leurs camarades qui formaient une haie, souhaiter la bienvenue aux invités. Encadré de Fernande Duval et de Gabrielle Roger, Gaston Simon s'exprima avec assurance : « Nous tous, petits garçons et petites filles, sommes heureux M. le Préfet, M. le Président et Messieurs, de vous présenter l'expression de notre plus vive gratitude pour les sacrifices faits par le gouvernement de la République et le département de Seine-et-Marne, et vous assurer que nous nous efforcerons, par notre conduite et notre application, de nous en rendre dignes... » MM. Bœgner et Delbet reçurent les jolis bouquets que leur tendaient, d'un geste charmant, les deux aimables fillettes et leur donnèrent un baiser paternel. Puis, M. Maillard, garçon laitier, qui comptait 43 ans de service dans la maison Arnould, reçut la médaille du Travail. Aux félicitations du préfet, le brave ouvrier répondit que le mérite de cette distinction n'était pas pour lui, mais qu'il en revenait une large part à son patron, dont il fit l'éloge. Mais déjà la locomotive Sablonnières qui devait remorquer le convoi officiel, lançait quelques coups de sifflets stridents. En hâte, les invités dégustèrent une flûte d'excellent champagne servi devant la façade pavoisée de la gare avant de gagner les voitures. Le train s'ébranla vers Rebais, précédé d'un train supplémentaire réservé aux voyageurs\ non officiels. Est-il utile de rappeler le tracé du « bricolo » comme il sera dédaigneusement appelé par la suite ? 12.- Choisy-en-Brie - arrivée du tramway en gare, avant 1907. Quand on observe le tracé de la voie qui serpente au milieu des frondaisons, on comprend pourquoi les Briards de ce temps-là avaient baptisé « tortillard » ce brave tramway. Le garde champêtre Ledan surveille le travail d'un cantonnier qui étale des pierres sur le passage à niveau.

Après Beton-Bazoches (P.K. 60,4), il entrait dans notre canton un peu avant l'arrêt condi- tionnel de Faujus (P.K. 64,3), puis atteignait la station de Chevru (P.K. 65,8), la halte de Coffery (P.K. 67,6), la station de Choisy-en-Brie (P.K. 68,9), l'arrêt conditionnel de la Boullois (P.K. 70,6) ; il traversait ensuite la N 34 à niveau, avant de franchir la ligne de l'Est (Gretz - Sézanne) sur un pont métallique. Après la gare de Saint-Siméon-Est (P.K. 74,6), il passait à l'arrêt conditionnel des Saules (P.K. 77.3) et à la halte de Bois Fermé (P.K. 78.5) et pénétrait dans le canton de Rebais. Soyez francs : une question vous brûle les lèvres : ce moyen de transport était-il vraiment pratique ? Dès sa mise en service, la ligne fut desservie par trois aller-retour quotidiens, mais elle avait une particularité : les convois tous mixtes (voyageurs et marchandises) étaient limités à un trafic de sections, avec changement de locomotives : Bray - Nangis, Nangis - Saint-Siméon et Saint-Siméon - Sablonnières, sans correspondance entre eux, mais établis en fonctions des horaires et des arrêts des trains du réseau Est aux gares de jonction. C'est ainsi qu'un voyageur, sûrement un original, voulant se rendre de Bray-sur-Seine à Sablonnières (selon l'horaire du 1 er mai 1914), partait à 6 h 50 par le train 41 et arrivait à Nangis à 8 h 57. Il attendait 9 h 35 pour monter dans le train 23, et après un arrêt de quatorze minutes à Jouy-le-Châtel, arrivait à Saint-Siméon à 11 h 58 ! Là, il n'avait plus qu'à patienter pendant presque quatre heures et demie. Et quatre heures et demie d'attente à Saint-Siméon quand on n'avait rien à y faire, c'était diablement long ! Le village (700 habitants au recensement de 1911) possédait bien six auberges - dont un hôtel des deux Gares - mais était-ce bien raisonnable de s'y ruiner la santé en ingurgitant des boissons fortes et variées dans l'attente du train qui ne partait qu'à 16 h 26 et arrivait à Sablonnières à 17 h 09 ? ce qui représentait une moyenne de 8,50 km à l'heure (arrêts compris). La marche des trains avait d'ailleurs été réglée sur une vitesse moyenne de 20 km à l'heure pour les trains mixtes et de 14 km à l'heure pour les convois de marchandises et de service. De plus, les heures de départ et d'arrivée n'étaient pas garanties ! D'ailleurs, dès le 23 novembre 1903, le conseil municipal de Choisy-en-Brie s'était « plaint des retards pris sur l'horaire par le tramway ». Pour le retour du lendemain, le départ était à 7 h 50 et l'arrivée à Bray à 17 h 02, avec une attente d'une heure un quart à Saint-Siméon et une autre de presque trois heures (2 h 54 exac- tement) à Nangis. Si les voyages forment la jeunesse, ceux entrepris sur cette petite ligne apprenaient la patience et la résignation ! En revanche, les usagers pouvaient réclamer des convois supplémentaires puisque le 28 mai 1903, la municipalité de Choisy-en-Brie avait demandé un train spécial pour le lende- main de sa fête patronale, quittant la gare vers 7 h 30 du soir. La commune avait garanti à la Société générale des chemins de fer économiques le minimum de recettes prévues par le tarif, soit 25 F !

13.- Chevru - vue de la gare, avant 1904. L'homme en uniforme et aux fortes moustaches n'est pas le chef de gare, mais le contrôleur du train ; en effet, Mme Baudeux est responsable du service de la gare et des colis postaux. 14.- Accident en gare de Saint-Siméon, avant 1906. Après cette collision due à une erreur d'aiguillage, la locomotive 3708 Jouy, mise en service en janvier 1903 semble en bien fâcheuse posture ! Ce qui ne l'empêchera pas de circuler jusqu'au printemps 1950, pour reprendre du service en 1958, avant d'être ferraillée en 1965. Pendant ses dernières année de fonctionnement, elle servait au transport de betteraves pour la sucrerie de Nangis.

Notes 1.- Terminus « tarif banlieue » en 1936, terminus « voyageurs » en 1972, terminus tout court de nos jours. 2.- La ligne Gretz - Vitry-le-François ne joua un rôle important que pendant la Grande Guerre. Marc Villin, alors enfant, se souvient d'y avoir vu passer d'innombrables convois militaires. 3.- Lire, à ce sujet, du même auteur : Histoire du Chemin de fer, tome II, « Tacots, Tramways et Tortillards », éditions Amattéis, 1991. Chapitre 2 La Ferté-Gaucher

Canton de La Ferté-Gaucher Arrondissement de Coulommiers(1) Superficie : 1 717 ha Altitude : 116 mètres Population en 1901 : 2 244 habitants dont 649 électeurs. Marché : le jeudi

15.- La Ferté-Gaucher - rue de Paris, vers 1905. C'est le marché, et les campagnards ont pris possession des trottoirs avec leurs paniers remplis de volailles. A gauche, la boule dorée d'où pend une touffe de crins est l'enseigne du coiffeur Croisy ; ensuite nous trouvons la fabrique de vannerie Delétain. Est-elle fermée définitivement ? Les panonceaux en forme de plat à barbe qui suivent, n'indiquent pas un autre « merlan », mais un officier ministériel.

Ancienneté : La première mention écrite connue de la localité remonte à 1112 : Firmitas Galcherii.

Toponymie : Firmitas, firmitatis en latin, signifie solidité, fermeté, au sens propre et au sens figuré ; d'ailleurs, en français ce mot de fermeté remplaça ferté, limitée aux noms de ville. Quant à Gaucher, ce n'était pas l'homme gauche, le maladroit, mais plutôt une personne d'origine germanique, du francisque walh, l'étranger. 16.- La Ferté-Gaucher - la gare, avant 1911. Devant la station, à gauche, c'est peut-être la voiture qui apporte le courrier, avec un facteur assis près du cocher. À droite, un camion chargé de tonneaux (il y a six marchands de vins en gros en ville) et l'omnibus de l'hôtel du Sauvage.

Renseignements utiles aux touristes : chef-lieu de canton, à 16 km de Coulommiers, à 61 km de Melun et à 92 km de Paris. Moyens de transport : chemin de fer de l'Est (embranchement de Gretz), durée moyenne du trajet : 2 h 40.

17.- La Ferté-Gaucher - la gare, avant 1911. La ligne est-elle rentable ? On peut en douter : un train entre en gare et sur les quais il y a des cheminots, mais pas l'ombre d'un voyageur ! 18.- La Ferté-Gaucher - rue de Paris, avant 1914. À droite, l'hôtel du Sauvage, téléphone 19. Cet établissement a été tenu par E. Thomas (avant 1884) également loueur de chevaux, par Mme Vve Thomas (avant 1900), puis par E. Blot-Debussy (avant 1913). Ce dernier n'était que gérant, puisque Mme Thomas réapparaîtra à la tête du Sauvage, avant 1920. Quoi qu'il en soit, E. Blot assurait un service d'omnibus à tous les trains. De l'autre côté du porche, l'épicerie Blaise (gros et détail).

Hôtel : Sauvage (Touring-Club, sans réduction sur le prix). Libraires : Goyon, Rousseau. Voitures publiques pour Provins, mardi, jeudi et dimanche ; pour Villeneuve-sur-Bellot, jeudi et dimanche. Poste et télégraphe.

LE bOURG À lA BEllE ÉPOQUE

L'utilisation de l'expression « bourg » est d'ailleurs impropre puisque, très officiellement et dans l'arrondissement, « sont réputées villes, Coulommiers et ses faubourgs, La Ferté-Gau- cher et ses faubourgs, Rebais, Rozoy, Farmoutiers, Fontenay-Trésigny ». Plus de 85 % de la population vit à La Ferté-Gaucher même ; le reste est disséminé dans une quinzaine d'écarts, dont les plus importants sont les hameaux du Buisson, de La Frévilard, d'Idalie, de la Maison-Blanche, de Montblin, de Montigny et des Olivots. La Ferté-Gaucher se situe à 18 km de Coulommiers et à 61 km de Melun. La ville, puisque ville il y a, est desservie par la route nationale de 3e classe n° 34, de Paris à Vitry-le-François, l'ex-« nouvelle route d'Allemagne par Coulommiers », dont les travaux, ici, se terminèrent en 1789. Malgré l'offre d'une subvention municipale, subordonnée à la traversée de la ville, les ingénieurs royaux avaient préféré le tracé par les vergers, dits les Ruelles, dans le but d'éviter les inondations du Grand-Morin. 19.- La Ferté-Gaucher - croisement de la route nationale et de la route de Jouy-sur-Morin, le calvaire, avant 1913. Nous nous trouvons à l'intersection de la RN 34 à gauche) et du CGC 66 (à droite). Au centre, la croix de Jouy.

Elle est même un nœud routier, puisqu'en plus de la nationale, y passent les routes départementales n° 4 (de Pont-sur-Yonne à La Ferté-sous-Jouarre), n° 15 (de Melun, prononcez « M'lun », à Montmirail, prononcez « Montmirèle »), et en partent les chemins de grande

20.- La Ferté-Gaucher - rue de Strasbourg, vers 1907. À gauche la graineterie Herbette, anciennement Angenost (en 1890) qui ne sera plus répertoriée en 1913. À droite, l'ancienne auberge Bonneau qui loge à pied et à cheval reprise par Dreuilly (?) après 1903, elle aura changé une nouvelle fois de propriétaire avant 1912. 21.- La Ferté-Gaucher - montée des Grosses-Pierres, avant 1912. L'ancienne auberge Bonneau est maintenant tenue par Baroux ; ici « on sert à la portion, bouillon et bœuf ». On peut y jouer au billard et danser au son d'un piano mécanique.

communication n° 14 (de La Ferté-Gaucher au Vézier (Marne) : 10,7 km), n° 46 (de La Ferté-Gaucher à Bellot : 9,1 km), n° 60 (de La Ferté-Gaucher à Villenauxe-la-Grande : 26,1 km), n° 66 (de La Ferté-Gaucher à Coulommiers : 17,2 km), n° 112 (de La Ferté-Gaucher à Rozoy : 19,4 km), n° 113 (de La Ferté-Gaucher à Dormans (Marne) : 7,8 km), n° 119 (de La Ferté-Gaucher à Saint-Bon (Marne) : 9,5 km).

22.- La Ferté-Gaucher - route de Sézanne, avant 1907. Au second plan, le camion (hippomobile) passe devant l'étude d'un officier ministériel. 23.- La Ferté-Gaucher - rue des Promenades, avant 1912. À droite, l'échoppe du bourrelier Pinguet, l'un des quatre de La Ferté (les autres sont Vinot, Girard, et Guignier). Un peu plus loin, à gauche, la charonnerie Gomy, l'une des trois de la ville (les autres sont tenues par Lemaire et Cordellier). Les Promenades ont été créées à l'emplacement des fossés ceinturant la ville.

Venant d'Esternay, l'infatigable voyageur qu'est Alexis Martin, visita La Ferté-Gaucher en 1900. Dans ses Etapes d'un touriste en France, « Promenades et excursions dans les environs de Paris, région de l'Est » (deuxième fascicule), il en traça ce court portrait :

24.- La Ferté-Gaucher - l'entrée du prieuré, avant 1903. Entouré de constructions parasites, le prieuré n'a pas gardé grand chose de sa splendeur passée. « Tout comme Esternay, ce chef-lieu de canton fut autrefois une ville forte, mais nous fouillerions ses annales sans y trouver un fait d'armes dont elle ait été le théâtre ou un assaut qu 'elle ait subi. « Sa fondation est attribuée à Gaucher de Châtillon, qui vivait au xie siècle, et dont la femme, une pieuse personne nommée Élisabeth, abandonna une demeure qu 'elle possédait dans le voisinage du château pour qu 'on la transformât en une église, quifut placée sous l'invocation de saint Martin. « La population s'augmentant, deux autres églises furent construites l'une était dédiée à saint Romain ; l'autre, placée sous l'invocation de saint Martin des Champs, fut plus tard réunie à celle qu'Élisabeth avait fondée et placée entre les mains des chanoines réguliers de Saint-Jean-des- Vignes, de Soissons. « En 1252, Mathieu de Montmirail créa à la Maison-Dieu, petit hameau tout voisin de La Ferté, une maison de refuge pour les pauvres.

25.- La Ferté-Gaucher - route de la Maison-Dieu, avant 1907. À gauche, l'auberge Pachot. À droite, un apprenti-maréchal. Quant au jeune cavalier du centre, en 1914, il aura à peine le temps de fêter « la classe » pour reprendre l'uniforme au 8e hussards à Meaux ou au 29e dragons à Provins !

26.- Plaque de voiture à cheval de la maison Pachot - Lemaire, avant 1914. 27.- 10.- La Ferté-sous-Jouarre - la maison Pachot, avant 1914. Située à l'angle de deux rues, la maison Pachot avait deux activités : l'auberge du côté de la grande route, l'épicerie sur la rue de Sézanne.

« Au XVIIe siècle, deux dames de Meaux, Barbe et Louise Drouin,fondèrent une communauté de chanoinesses régulières, mais dès que Barbe eut rendu le dernier soupir, M. de Belleau, évêque de Meaux, défendit aux religieuses de procéder à une nouvelle élection et voulut leur substituer des visitandines.

28.- La Ferté-Gaucher - bureau d'enregistrement et vue sur le Morin avant 1914. Dans le fond, la belle demeure du XVIIIe siècle avec son élégant fronton semi-circulaire, est l'ancienne maison des prieurs. C'est maintenant le bureau de l'enregistrement, M. Blanchet est receveur en 1913. « Le 16 mai 1635, il en amena même quatre à La Ferté-Gaucher. Les premières occupantes protestèrent avec énergie, voulurent s'enfermer dans leur couvent ; il ne fallut rien moins que des gens d'armes pour les réduire. Dans la bagarre, Louise Drouin, qui s'obstinait à clore les portes, fut enlevée avec quatre de ses compagnes. Le Parlement, à qui l'expulsée en appela, lui donna gain de cause ».

Interrompons un instant Alexis Martin pour nous informer auprès de Mgr Auguste Allou (1797-1884), évêque de Meaux depuis 1839, qui écrivait en 1875 : « M. de Belleau (103e évêque de Meaux, de 1623 à 1637) avait approuvé en 1626, la fondation faite par Françoise de Longuejoue, veuve du marquis de Monglat, d'une communauté de chanoinesses régulières de Saint-Augustin à La Ferté-Gaucher. « Il voulut, quelques années après (1634), introduire dans cette maison, des religieuses de la Visitation, mais ses efforts furent inutiles. « Louise Drouin, la plus ancienne des chanoinesses, lui intenta procès au Parlement. Le prélat mourut avant que l'affaire fût terminée, et la mère de Chantal, passant par La Ferté- Gaucher en 1636, engagea elle-même ses filles à se retirer». Notre docte évêque ajoutait : « Le monastère de chanoinesses régulières de Saint-Augustin, fondé en 1626... sous le titre de Sainte-Monique, fut réuni à l'abbaye de Notre-Dame de Meaux en 1775 ».

Redonnons maintenant la parole à Alexis Martin : « La petite ville, aujourd'hui, chef lieu de canton, est peuplée d'environ 2 200 habitants. Toute apparence de château et de forteresse est disparue depuis longtemps, c'est un pays d'avenant aspect, qui se développe en longueur au-delà de belles plaines, de vergers en plein rapport et de jardins fleuris.

29.- La Ferté-Gaucher-vue générale, avant 1914. « On voit sa longue suite de façades blanches, couvertes de toits roux et gris, qui seraient plus agréables à l'œil si la ligne qu'ils forment se brisait de temps à autre ». Heureusement, l'ensemble est taché de vert joyeux par des groupes d'arbres ; au fond à droite, la tour carrée de l'église clôt l'horizon. « En quittant la gare, avant d'arriver aux premières maisons, on voit sa longue suite de façades blanches, couvertes de toits roux et gris, qui seraient plus agréables à l'œil si la ligne qu 'ils forment se brisait de temps à autre. « Heureusement, l'ensemble est taché de vert joyeux par des groupes d'arbres ; au fond à droite, la tour carrée de l'église clôt l'horizon. « Dans la ville, les rues sont larges et propres, l'air circule sain et pur au-dessus de constructions sans caractère, et ce qu 'elle a de curieux est rapidement vu. « L'hospice, que dirigent des sœurs de la Présentation de la sainte Vierge, possède une chapelle assez attrayante quand on se dirige vers elle, mais fort banale en dedans.

30.- La Ferté-Gaucher - l'hospice, vue intérieure, avant 1907. L'hôpital-hospice a 50 lits, contre 18 en 1900. Son économe est M. Léglise qui est aussi secrétaire de mairie, ce qui doit ravir les cinq religieuses qui tiennent l'établissement, dont les revenus annuels sont de 9 000 F.

« La fondation de cet établissement doit être à peu près contemporaine de celle du pays ; il compte parmi ses bienfaiteurs : « - Mathieu de Montmirail en 1252 ; * - Pierre Leroy, marchand à La Ferté-Gaucher et Louise Perche, sa femme, en 1692 ; « - Marie Griffault, veuve Colinet, en 1888 ; « - Louise Beaujean, veuve de Louis Verdier, en 1889. « Vous le voyez, de tout temps, la maison a eu ses protecteurs. « Les hospitalisés, au nombre d'une dizaine, y sont reçus sans distinction d'origine. « L'hôtel de ville est sur la plus belle place du pays, mais ne se recommande par aucune valeur architecturale. « L'église Saint-Martin, construction lourde d'ensemble, appartient auxXVe etXVIe siècles ; le chœur, d'assez grande allure, est éclairé par cinq fenêtres ogivales garnies de vitraux modernes. 31.- La Ferté-Gaucher - l'hôtel de ville, en 1914. C'est en 1857 que l'ancienne propriété de Louis-Jacques Baillon et de Pierre Garnot devint hôtel de ville. Devant le porche, on peut voir, à côté du libraire Rousseau, le panonceau d'un théâtre forain annonçant « gendre et belle-mère » pour « ce soir 18 heures » (la France n'a adopté la division du jour en 24 heures que le 9 mars 1914 ; avant on aurait dit 6 heures du soir). Ensuite la quincaillerie Notté, le Familistère, la matelasserie Crabbe et un magasin de machines à coudre et de cycles Peugeot.

32.- La Ferté-Gaucher - l'église, avant 1903. L'édifice semble écrasé par la lourdeur du clocher. Au-dessus du porche, un émouvant Christ aux liens. La devise de la République a été peinte entre les deux fenêtres latérales. A droite, le presbytère construit en 1892 ; à gauche, au fronton de la maison bourgeoise, on peut lire « École libre et pensionnat Saint-Romain », établissement tenu par les sœurs de la Charité de la Providence de Rouillé-sur-Loir. Sa fermeture ayant été prononcée par le ministre de l'Intérieur et des Cultes le 1er mars 1903, il fut remplacé par une « école laïque libre avec pensionnat » et une « école maternelle libre » tenues par Mlle Pajot. « La Ferté-Gaucher a ses faubourgs. Un faubourg en province est toujours une rue donnant tout à la fois un avant-goût de la campagne qui l'avoisine et un arrière-goût de la ville qu 'il continue. « La Ferté ne manque pas à cette règle. Dans ses faubourgs, à la fois feuillus et construits, vous rencontrez bon nombre de maisons de commerce et plusieurs grands centres industriels ; tout cela environné de maisons de campagne confortables et de cottages souriants.

33.- La Ferté-Gaucher - villa des Roches, vers 1907. Cette maison modern'style est celle de M. Monin, directeur des laiteries de Meilleray et de La Ferté-Gaucher, cette dernière n'étant pas encore répertoriée en 1903. En 1913, ces deux laiteries, comme celle de Saint-Siméon, appartiendront aux Fermiers réunis.

« Si les camions, que chargent les marchands de vins en gros et les fabricants de cordages, ébranlent les pavés, si les fouets des charretiers claquent aigrement dans l'air, celui est saturé de la bonne odeur de jolis jardins ; quant à la vue, elle est égayée par de fréquentes échappées sur la campagne ».

On notera, avec un certain amusement, que le touriste Alexis Martin est passé si vite à La Ferté-Gaucher qu'il s'est trompé sur le titulaire de l'église paroissiale qui n'est pas saint Martin, mais saint Romain ! On notera, avec le même sourire ironique, la récente description de l'édifice faite par Maurice Pignard-Péguet (1910) qui sur les vingt lignes qu'il lui accorde, en consacre quatre à la chapelle du collatéral sud qui vient d'être « consacrée à l'héroïne d'Orléans. Celle-ci tient le drapeau. Ses armes, d'azur aux fleurs de lys et l'épée traversant en chef la couronne surmontent cette inscription : DOMREMY 1412. À JEANNE D'ARC, BEATIFICATION 1909 ».

Il est vrai, à la décharge d'Alexis Martin et de Maurice Pignard-Péguet que La Ferté-Gaucher et ses environs représentent un véritable drame pour les auteurs(2) : il y a si peu à dire, si peu à voir, si peu à raconter... LES MONUMENTS fERTOiS

♦ L'église Saint-Romain Cet édifice ne paie pas de mine au premier abord ; en effet, la dernière restauration extérieure lui a fait perdre beaucoup de son cachet. En revanche, l'intérieur, situé en contrebas est plus intéressant : il se divise en trois nefs, avec une partie ancienne des xne, xme siècles ; les piliers du transept soutiennent le clocher, dont la flèche fut malheureusement abattue par la foudre en 1734. On remarquera particulière- ment les motifs symboliques qui décorent certains chapiteaux : chimères, palmiers, etc.

34.- La Ferté-Gaucher - l'église Saint-Romain (vue exté- rieure), après 1909. L'édifice a été restauré en 1909. Une croix a été ajoutée au-dessus de la petite porte, la devise de la République a disparu avec le crépi du côté nord. Quant aux tuiles de rives et aux ornements du faîtage, identiques à ceux posés sur les villas que les bourgeois enrichis se font construire, on ne peut dire qu'ils soient du plus gracieux effet ! L'église a été desservie par le curé- doyen Seroin (mort curé-doyen de Notre-Dame de Me- lun, le 6 avril 1900) jusqu'en 1883, le curé-doyen Leroy (en 1883) auquel succéda le curé-doyen Marion (avant 1900) qui sera encore en fonction en 1923.

L'église fut reconstruite au XVIe siècle, après un incendie qui a laissé quelques traces sur les fûts où l'on peut encore voir des éclatements de pierre occasionnés par la chaleur. Des traces de peintures sur les colonnes et des restants de fresques des xve et xvie siècles, permettent au visiteur pourvu d'un minimum d'imagination, de rêver à la décoration brillante de cette époque. Le chevet, également restauré à une époque récente, comporte des vitraux du siècle dernier. Le touriste avisé ne manquera pas d'admirer le Christ aux outrages et le Christ de bois polychrome, tous deux du XVIe siècle ainsi que la statue de saint Romain du XVIIIe siècle.

.. Le prieuré de l'Île Malheureusement converti à un usage profane, on ne peut le visiter. On en aura un bon aperçu extérieur en franchissant le pont du moulin. Cette chapelle à trois nefs, était éclairée par de hautes fenêtres placées au-dessus des voûtes des deux bas-côtés, encore séparés de la nef par trois piliers délimitant quatre arcades. Quelques-unes de ces baies sont encore visibles ainsi que des contreforts entourant l'ancien portail. 35.- La Ferté-Gaucher - la chapelle du prieuré, en 1899. L'ancien lieu saint est en fort piteux état.

♦ La ville On se demande pourquoi un érudit local a pu se laisser aller à écrire que « les deux bassins, l'un sur la Grand-place, l'autre en face de l'église, nous rappellent que notre cité fut envahie et occupée par les Anglais aux XVe et XVIe siècles », alors que le « grand bassin » est de 1769 et que depuis 1453 (sauf à Calais qui ne sera « libéré » qu'en 1558) on ne vit pas beaucoup de « Godons » guerroyer en terre de France !

LES ÉlUS lOCAUX

En 1901, le canton de La Ferté-Gaucher comprend 19 communes qui s'étendent sur 24 646 ha ; il est peuplé de 11 542 habitants dont 3 542 électeurs. Par électeur, il faut entendre tous les hommes âgés de 21 ans et plus. Son conseiller général est le docteur Delbet, député-maire de La Ferté-Gaucher. Ses conseillers d'arrondissement sont MM. Poupart, négociant, et M. Leduc, propriétaire, tous deux domiciliés à La Ferté-Gaucher. Il faut donc noter la « mainmise » des notables de La Ferté-Gaucher sur l'ensemble du canton, puisqu'ils occupent tous les sièges. Au 1er janvier 1900, la commune de La Ferté-Gaucher est administrée par le docteur Delbet, maire, et par M. Ernest Prieur (bonnetier en gros), adjoint, à la tête d'un conseil municipal de quatorze membres élus en 1896 : MM. Notté (quincaillier), Philippon (distillateur, épicier et marchand de vins en gros) Guyot (limonadier, café du Globe), Mentel, Delattre, Leblanc, Poupart (négociant), François, Leduc (propriétaire, c'est-à-dire rentier), Plier, Louis Larieux (maréchal-ferrant), Corbedanne (vétérinaire), Bétoux (notaire), Léon Larieux (taillandier). Les élections de mai 1900 n'apporteront pas de changement notable : MM. Mentel, Delattre, Leduc et Plier seront remplacés par MM. Henry, Berthelot (loueur de chevaux et voitures), Pron (bonnetier) et Jossé. M. Bureau est secrétaire de mairie et économe de l'hospice. 36.- La Ferté-Gaucher- l'hôtel de ville et le grand bassin, vers 1912. De gauche à droite, nous pouvons voir : la maison Garnier-Blutel (épicerie, débit de tabac, armurerie), la maison Crabbe-Ponsard (nouveautés, draperie, spécialité de literie et de couvre-pieds, plumes et duvets, laines et crins), une boutique de décoration, couleurs et vernis (peut-être tenue par Vattier ?) et qui va bientôt être remplacée par la succursale 466 du Familistère, la maison Notté-Nottin (fers et quincaillerie), puis l'hôtel de ville où œuvrèrent à la Belle Époque :

LES SERViCES publics Les services publics de La Ferté-Gaucher sont ceux que l'on trouve dans tous les chefs-lieux de canton. Tout d'abord, le capitaine Émond, dans le civil patron du Café Français, à la tête de la subdivision des sapeurs-pompiers, veille à la protection des personnes et des biens, tandis que le curé-doyen Marion a la rude tâche, à une époque plutôt anticléricale, d'administrer la paroisse. Cette rivalité entre républicains laïcs et conservateurs cléricaux, existe également dans l'enseignement, car on trouve une école de garçons (M. Manceau, instituteur, MM. Rémy et Roger, instituteurs-adjoints), une école de filles (Mlle Leroy, institutrice, Mlle Blondel, institu- triceadjointe) ; une école maternelle (Mme Brisset, directrice, Mme Bruneau, adjointe) et l'ins- titution Saint-Augustin, école libre tenue par les sœurs de la Providence. 37.- La Ferté-Gaucher - école des garçons, en 1899. Cette école a été édifiée en 1856, à l'emplacement de l'ancien cimetière, au milieu du « faubourg d'en haut ». Parmi ses enseignants, à la Belle Époque, il v eut :

Retraité, M. Lamirault se fixa à La Ferté où il devint conseiller municipal.

38.- La Ferté-Gaucher - école des garçons, avant 1908. C'est en 1903 que fut inaugurée la nouvelle école de garçons, construite devant l'ancienne, au détriment de... quatre arbres du champ de foire ! Le nouvel établissement, plus vaste, est pourvu d'un préau où les maîtres peuvent donner des leçons de gymnastique. 39.- La Ferté-Gaucher - école des garçons, avant 1914. Dans le fond, l'ancienne école, devenue en 1903 la maison du directeur, (en langage administratif l'instituteur, les autres « maîtres d'école » n'étant qu'instituteurs-adjoints). Ils furent :

40.- La Ferté-Gaucher - école des filles, vers 1905. Cette école a été édifiée en 1883, en « moellons smillés de Lescherolles ». Parmi ses institutrices, on peut noter :

Mlle Leroy sera encore en fonction en 1923. 41.- La Ferté-Gaucher - billets d'honneur de l'institution Saint-Augustin, 1894.

Les autres services de l'État sont la poste (Mme Ponceau, receveuse), la perception (M. Phi- lippe, percepteur), la justice de paix (M. Bussière, juge de paix, MM. E. Prieur et Michelon, suppléants, M. Verdier, greffier), l'enregistrement (M. Lhermitte, receveur) et les contributions indirectes (M. Poirson, receveur). Mais où classer M. Quéroix, le receveur-buraliste ? La sécurité publique est assurée par la brigade à cheval de gendarmerie, commandée par le maréchal des logis Voinchet, et accessoirement par le commissaire de police Courtot, un ancien gendarme décoré de la médaille militaire, et par le garde champêtre Del. C'est le tambour-afficheur Th. Guyot qui est chargé de la communication et de la publication des arrêtés municipaux ; c'est sans doute lui qui, en cas d'incendie, alerte les pompiers en battant la générale. Comme la municipalité veille sur le confort de ses habitants, les bains publics et l'usine à gaz sont exploités en régie municipale.