CHRISTIANo DU PASSAGE Membre de la Société des Antiquaires de Picardie.

CHÂTEAUX DISPARUS DANS LA ou histoire de 75 châteaux picards détruits, illustrée par 114 documents originaux & accompagnée de généalogies inédites de plusieurs familles picardes. Château de Lincheux (L. Duthoit del. - Herson del. Lith : de Thierry frères) Gravure de la couverture extraite de l'ouvrage de : J. TAYLOR, CH. NODIER et ALPH. DE CAILLEUX VOYAGES PITTORESQUES ET ROMANTIQUES DANS L'ANCIENNE M DCCC XXXV

ISBN 2-8661 5-008-2 Dépôt légal - 1 ère édition : septembre 1987 C.R.D.P. d', 1987 45, rue Saint-Leu - 80000 AMIENS INTRODUCTION

La vocation première de cet ouvrage est historique : il vise à permettre la redécouverte d'une partie des richesses que comportait autrefois le département de la Somme, essentiellement à partir de cette mine de renseignements récemment remise en valeur que représente pour l'histoire locale la carte postale ancienne. Il y tend au moyen d'un inventaire de ses anciens châteaux qui n'avait pu être réalisé jusqu'à pré- sent, faute de pouvoir réunir une documentation suffisamment complète. Cet inventaire nous permit de dénombrer pas moins de 75 propriétés sur lesquelles des documents et des renseignements nous semblaient dignes d'être publiés. Ce nombre montre, s'il en était besoin, l'intérêt de notre entreprise. Un bref rappel historique et archéologique expliquera ici l'importance de ce nombre ainsi que l'épo- que des châteaux qu'il s'est présenté à nous d'étudier. Situé dans le haut moyen-âge aux confins du Domaine Royal, le territoire couvert de nos jours par le département de la Somme fut par la suite l'enjeu de luttes incessantes entre le Roi de France et ses adversai- res. Annexé à la couronne par Philippe-Auguste et ses successeurs, il leur fut ensuite disputé par les Anglais et les Bourguignons durant la guerre de cent ans. Annexé de nouveau à la couronne à la fin du XVe siècle, il connaîtra dès lors une période de prospérité qui ne sera troublée qu'après la signature de la Sainte Ligue à Péronne en 1577. Les guerres de religion occasionneront alors de nouveaux troubles que les Espagnols prolongeront jusqu'à la paix des Pyrénées en 1659. Après une longue période de calme relatif, sa situation fit à nouveau de la Picardie un théâtre de combats militaires au XXe siècle. Les combats de la première guerre mondiale ravagèrent en effet la plus grande partie du départe- ment située à l'Est d'Amiens et y laissèrent subsister très peu de monuments aussi bien civils et militaires que religieux. Citons les châteaux de Laboissière en Santerre, Suzanne, , , Davenes- court, sans oublier les manoirs de , Marquivilliers et . La seconde guerre mondiale occasionnera de nouvelles destructions au printemps 1940 et durant l'occupation allemande. Les matériaux employés pour la construction du château picard, la brique et la pierre calcaire, sont d'autre part peu résistants aux outrages du temps, ce que l'agrément procuré par leur effet esthétique rend particulièrement regrettable. Cela explique qu'il ne reste pratiquement plus de traces aujourd'hui de pro- priétés détruites il y a quelques décennies et non remplacées depuis. Le plan suivi pour cet ouvrage est géographique et administratif. Nous avons voulu en le choisissant suivre la voie tracée par les auteurs de la «Picardie Historique et Monumentale» et par ceux du «Diction- naire Historique et Archéologique de la Picardie». Dans un souci de simplification eu égard aux fréquents redécoupages cantonaux, nous avons utilisé le classement en vigueur lors de la rédaction de ces ouvrages de référence. En définitive, la raison d'être que nous voudrions donner à la publication de cet ouvrage tourné vers le passé se résume en plusieurs souhaits tournés vers le présent et l'avenir : . Améliorer la connaissance de ce qui existe par celle de ce qui a existé ; . Attirer l'attention sur la nécessité de préserver ce qui existe encore afin de contribuer à permettre que certains monuments picards menacés demain ou aujourd'hui — par exemple les châteaux de Beaucamps-le-jeune, , du Plouy à -au-Val — ne deviennent à leur tour des «Châ- teaux disparus».

TABLE

ARRONDISSEMENT D' Cantons Pages Abbeville (Nord) Vauchelles les Quesnoy 1 1 Ailly le Haut clocher 12 Ault 13 Crécy en Ponthieu 14 Moyenneville Moyenneville 15 Rue Wacourt (commune de ) 1 6 Saint Vatery Boismont 17

ARRONDISSEMENT D'AMIENS Cantons Amiens (Nord-Est) 21 (Sud-Est) Cagny 23 Boves 25 26 29 Hornoy 30 Lincheux 32 Molliens-Vidame 33 34 36 37 38 Bourdon 39 Condé-Folie 40 L'Etoile 41 Ville le Marclet 42 Poix 43

ARRONDISSEMENT DE MONTDIDIER Tous ces châteaux, sauf ceux de , Flers sur Noye et Mailly-Raineval ont été détruits pendant la première guerre mondiale Cantons Ailly sur Noye Flers sur Noye 47 48 Mailly-Raineval 49 Villers-Tournelle 51 Montdidier Bouillancourt 52 Hargicourt 53 Le Forestel (commune de ) 54 Moreuil 56 Cayeux en Santerre 59 Filescamps (commune de ) 61 62 Villers aux Erables 63 Rosières Beaufort 64 66 6 7 Roye Billancourt 68 Champien 69 Damery 71 73 Herly 74 Liancourt-Fosse 75 77 Verpillières 79

ARRONDISSEMENT DE PERONNE Châteaux détruits pendant la première guerre mondiale. Cantons Albert 83 Bécourt 84 Mesnil 85 86 Bray sur Somme 88 Chaulnes 89 Belloy en Santerre 93 Deniécourt (commune d'Estrées-Deniécourt) 94 Fontaine les Cappy 97 Foucaucourt en Santerre 98 Framerville 99 Fresnes-Mazancourt 101 Manancourt 102 Maricourt 103 Sailly-Saillisel 104 Ham 105 Devise 106 108 Estouilly 109 1 1 0 Nesle 111 Robécourt (commune de Grécourt) 1 1 2 Péronne Buire 1 13 Happlaincourt (commune de Villers-Carbonnel) 1 1 4 Boucly (commune de Tincourt-Boucly) 1 16 Fins 1 17 Le 1 1 8 Templeux la Fosse 1 20 ARRONDISSEMENT D'ABBE VILLE

Canton d'Abbeville (Nord)

VAUCHELLES LES QUESNOY Le château de Vauchelles les Quesnoy se trouvait en face de l'église du village. Construit en pierre à panneaux de brique dans des proportions harmonieuses, il était orienté Nord-Est Sud-Ouest. La seigneurie appartenait depuis le XVIIe siècle à la famille de Cacheleu (1 ) quand le château fut cons- truit en 1 741 (2), vraisemblablement à l'instigation de Louis-Nicolas de Cacheleu (1 701-1 773) qui était alors seigneur de Vauchelles et (3). Vauchelles passa après lui à sa fille Françoise-Marguerite (1742-1801) qui avait épousé en 1769 Marie-Joseph Leclerc de Bussy, et ensuite à leur deuxième fils François-Joseph Leclerc de Bussy, Comte de Vauchelles (1772-1 834) (3). Son fils aîné François-Joseph Leclerc de Bussy (1 800-1 852) vendit le château de Vauchelles en 1 844 à M. du Blaisel (4). Ce château fut ensuite habité par Lucie-Joséphine Le Boucher d'Ailly de Richemont(5) (1 799- 1872), morte sans alliance (6), puis par la Baronne Charles du Blaisel (1808-1888), par son fils Alfred du Blaisel (7) (1 842-1 91 5), de qui il passa en 1893 à Armand de Rocquigny (8). Après la mort de sa veuve, en 1 929, il fut vendu à M. Lepers, propriétaire en 1 940 (9). Il a été incendié par les allemands en 1 944 no). Une motte se voit encore à son emplacement, devant lequel un pavillon a été construit de nos jours.

Vauchelles les Quesnoy façade sur parc (Sud-Ouest) Canton d'Ailly Le Haut Clocher

DOMQUEUR Le château de Domqueur était construit parallèlement et au bord de la chaussée Brunehaut sur laquelle une de ses façades donnait directement (1). L'autre façade était précédée d'une cour à laquelle on accédait par une grille (1). Il consistait en un corps de logis de plan rectangulaire (2), construit sur deux niveaux en pierre à assises alternées de brique. La seigneurie de Domqueur appartint aux Caulaincourt de 1 571 à 1 700, date de sa vente à Jean Maurice (3) (1674-1752) (4), doyen des conseillers au présidial d'Abbeville (3), qui la vendit avant sa mort (4). Elle appartenait en 1748 à Claude Marié de Toulle (5), d'Amiens, seigneur de Maison-Roland (6), dont la fille Marie-Elisabeth épousa en 1 749 (5) Jean-Louis de Bernage (7) «Che- valier, Conseiller du Roi en ses conseils, Maître des requêtes ordinaire de son hôtel, Intendant de jus- tice, police et finances de la généralité de Moulins (5). Devenue veuve, elle possédait la seigneurie en 1789 (3). Un château existait en 1 749 (5). C'est sans doute le même qui appartenait vers 1 830 à Louis Racine (8), mort à Domqueur en 1 832. Il passa à sa deuxième fille Henriette-Adèle-Louise (1 808-1 87 ), épouse en 1 836 de Gus- tave Wignier de Beaupré (1 800-1 875), puis à leur fille Henriette-Adèle-Virginie Wignier de Beaupré (1 840-1 889) (9), épouse de Gaston de Butler (10) (1 832-1 909), mort sans postérité. Le château de Domqueur échut alors à une arrière-petite-fille de Louis Racine (11), Jeanne de Morgan de Maricourt, épouse d'Enguerrand Ethis de Corny (12). Il était inhabité en 1914, avant son occupation par des troupes anglaises pendant la première guerre mondiale (1). Vendu pendant l'entre deux guerres, il ne fut pas restauré par la suite et dut, de ce fait, être presque entièrement détruit en 1967 (1). Il n'en reste actuellement qu'un pavillon.

Domqueur façade sur cour (Est Nord-Est) Canton d'Ault OCHANCOURT Le manoir d'Ochancourt se trouvait derrière l'église (1) et paraissait dater du XVIIe siècle (2). La seigneurie était divisée en trois fiefs (3). L'un d'entre eux fut acheté au début du XVIIIe siècle (3) par Antoine Rolland, receveur de l'abbaye de Saint-Valery (4), dont les descendants habitèrent le manoir jusque vers 1 840 (5). Vendu, il connut alors diverses vicissitudes, avant d'être incendié il y a une quinzaine d'années et a depuis complètement disparu (1).

Ochancourt Canton de Crécy en Ponthieu YVRENCH Situé devant l'église du village et orienté Est Ouest, l'ancien château d'Yvrench était construit en pierre à panneaux de brique. Côté parc, l'avant-corps central comportait une décoration sculptée. On y retrouvait «quatre pilastres lisses monumentaux à chapiteaux ioniques» (1), comme au château voisin de Brailly- Cornehotte, encore existant de nos jours. L'ancien château d'Yvrench datait du XVIIIe siècle. La seigneurie appartenait depuis le siècle précédent aux Buissy et l'ancien château fut proba- blement construit par le plus notable représentant de cette branche de la famille : François-Joseph de Buissy, Premier Président au Présidial d'Abbeville, Lieutenant-Général du Sénéchal de Ponthieu, maieur d'Abbeville et pair d'Yvrench (1 705-1 782) (2). Son petit-fils Paul-François-Joseph de Buissy eut trois filles (2). Yvrench échut à la seconde, Victorine (1 806-1 872), épouse de Gustave Douville, puis à leur fille Fanny Douville (1832-1 893), devenue en 1 857 la Comtesse Alfred de Hautecloque (3). Ils habitaient le château d' (4) et laissèrent Yvrench à leur fille Thérèse de Haute- cloque (1 862-1 904) (5), épouse en 1 890 de René de Romanet de Beaune (1862-1 927). Ces der- niers moururent sans postérité (3) et l'ancien château d'Yvrench passa après eux à leur nièce (6) madame Hubert du Joncheray, propriétaire en 1 940 (7). Saccagé par les troupes d'occupation durant la seconde guerre mondiale, il a été détruit en 1958, avant d'être remplacé par la construction actuelle (7).

Yvrench façade sur parc (Ouest) La vocation première de cet ouvrage est historique : il vise à permettre la redé- couverte d'une partie des richesses que comportait autrefois le département de la Somme, essentiellement à partir de cette mine de renseignements récemment remise en valeur que représente pour l'histoire locale la carte postale ancienne. Il y tend au moyen d'un inventaire de ses anciens châteaux qui n'avait pu être réalisé jusqu'à présent, faute de pouvoir réunir une documentation suffisamment com- plète. Cet inventaire nous permit de dénombrer pas moins de 75 propriétés sur lesquel- les des documents et des renseignements nous semblaient dignes d'être publiés. Ce nombre montre, s'il en était besoin, l'intérêt de notre entreprise. Un bref rappel historique et archéologique expliquera ici l'importance de ce nombre ainsi que l'époque des châteaux qu'il s'est présenté à nous d'étudier. Le plan suivi pour cet ouvrage est géographique et administratif. Nous avons voulu en le choisissant suivre la voie tracée par les auteurs de la «Picardie Historique et Monumentale» et par ceux du «Dictionnaire Historique et Archéologique de la Picar- die». En définitive, la raison d'être que nous voudrions donner à la publication de cet ouvrage tourné vers le passé se résume en plusieurs souhaits tournés vers le présent et l'avenir : . Améliorer la connaissance de ce qui existe par celle de ce qui a existé ; . Attirer l'attention sur la nécéssité de préserver ce qui existe encore afin de con- tribuer à permettre que certains monuments Picards menacés demain ou aujourd'hui — par exemple les châteaux de Beaucamps-le-Jeune, Miannay, du Plouy à Vismes-au- Val — ne deviennent à leur tour des «Châteaux détruits».

ISBN 2-86615-008-2 800B4590 Prix : 80,00 F

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