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Gne : Sortie du mardi 2 avril au jeudi 4 avril 2019. Mardi 11 décembre 2018 3

Jeudi 4 avril 2019.

Carantec

Karanteg

Carte IGN au 1/25 000e : 0615 ET Canton de . Intercommunalité : Morlaix communauté. 3 149 Carantecoises et Carantecois. 902 hectares.

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Autrefois, n’était qu’une trève de Taulé, ainsi qu’. L’assemblée constituante créé les communes par un décret du 14 décembre 1789. Ainsi Taulé garde le village de Penzé et perd Carantec et Henvic. Je ne connais pas la date exacte de la création de ces communes, mais un maire est attesté à Carantec en 1790, en la personne de Joseph du DRESNAY, et que la commune est érigée en paroisse en 1802. Compte tenu que ces trois communes ont partagé une même histoire depuis… jusqu’à 1790, je ne ferai pas de distinguo jusque là, ce n’est qu’après que je décrirai l’histoire particulière de Carantec.

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Etymologie : Pour une fois tout le monde est d’accord : Carantec viendrait de Saint-Karadeg, nom d’origine celtique Kar qui voudrait dire ami, ou en breton aimable. Saint-Karadeg, ou Carantec ou encore Carantocus. Est un ermite du Ve s. vivant près de Vannes pour les uns, qui dirigeait un monastère dans le pays de Galles pour les autres. Mais il peut bien avoir été les deux. Karadeg est l’ami des animaux. Il sauve la vie d’une pauvre biche traquée par les chiens du roi Hoël (Roi légendaire). A-t-il rencontré Saint-Patrick (~389-461) comme le prétend la tradition ? Karadeg est très vénéré en Bretagne où plusieurs localités se réclament de son patronage : Caradec, Carantec… Tenenan(1) aurait été son disciple. C’est ce dernier qui, par dévotion, aurait construit en ce lieu une église qu’il lui aurait dédiée. (1) Saint-Tenenan : Gallois, Tenenan vient en Armorique au VIe s. il évangélise le Léon, devient évêque et meurt en 635. On trouve l’appellation Quaranteuc (1404), Karantec (1434), Carantec (1446), Caranteuc (1481).

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Armoiries : D’azur au rocher de trois coupeaux, issant d’une mer ondée d’argent, au chef de contre-hermine.

Déposé en préfecture, le 28 août 1981.

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Contexte Géographique : La Baie de Morlaix est une vaste échancrure du nord du Finistère qui sépare le Trégor du Léon. Elle peut être interprétée comme un fossé tectonique caractérisé par la mise en place de granits hercyniens. On peut dire qu’elle s’ouvre sur la Manche entre la Pointe de Primel à l’est () et la Pointe de Bloscon (), Enez Pigued et l’île Saozon , dans le prolongement de la pointe de Bloscon, à l’est de l’île de Batz. Elle est bordée par les communes suivantes, d’est en Ouest : Plougasnou, Plouezoc’h, Morlaix, Saint-Martin des Champs, Taulé, Locquénolé, Carantec, Henvic, Plouenan, Saint-Pol-de-Léon, Roscoff. Elle est parsemée de nombreux îles : Taureau, l’île Louet, Stérec, l’île Noire, l’île Callot (qui tient une place particulière) et de nombreux îlots rocheux, l’île de Sable, l’île des Dames, l’île Ricard, l’Enfer et le Paradis… Elle comporte deux sous ensembles : La rade de Morlaix à l’est et l’aber de la Penzé à l’Ouest, séparés l’un et l’autre par la péninsule de Carantec, prolongée de l’île Callot. Carantec est située sur un massif granitique hercynien, présentant un faciès rose et fin, avec des filons quartzeux. Cette situation péninsulaire à contribué à l’isolement de Carantec, car la route le la corniche (Par Locquénolé) en direction de Morlaix n’a été inaugurée que le 27 août 1922, et ce n’est qu’en 1927 que le Pont de la Corde, sur la D58, a été construit en remplacement du bac qui permettait la liaison en direction de Saint-Pol-de-Léon. L’aber de la Penzé(1) s’étire sur un peu plus de onze km. Son gradient de salinité diminue à mesure qu’il s’enfonce dans la terre. Il reçoit les eaux de pluie de six vallons qui se terminent en anses et forment à marée haute autant de diverticules (dans le sens géographique). (1) La Penzé est un fleuve côtier de 39,7 km qui prend sa source à Plounéour-Menez dans les Monts d’Arrée. Elle mesure à peine cinq m de large au bourg de Penzé, ou elle rencontre la mer et où elle est franchie par le Pont de la Corde. §§§§§

Histoire : Ce que j’ai trouvé est très parcellaire, décousu et anecdotique… On fait avec ce que l’on a !

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Préhistoire, protohistoire, antiquité : Un dolmen et un menhir disparus à Lingoz (Henvic) ainsi que des tumuli à Goarem-ar-Justis et Kerichard (Henvic) attestent d’un peuplement préhistorique. Une fortification, constituant un éperon barré, protohistorique de l’âge du fer se trouve à Castel-en-Trebez (Taulé), il servait de refuge aux populations tribales jusqu’aux populations du Moyen-âge. Une cinquantaine de pièces osismiennes (Oisisme : Peuplade mal connue, dont il est question dès le Ve s. avant J-C, qui peuplait le Finistère) et un électrum (Alliage d’or et d’argent), ont été trouvé en 1910, dans un vase en terre sur la côte ouest de l’île Callot (Carantec). Un poignard ayant quatre gros rivets à sa base et autres vestiges trouvés au manoir de Lingoz (Henvic) sont exposés aujourd’hui, au musée d’archéologie de Saint-Germain-en-Laye. Les romains auraient implanté un poste militaire d’observation à Langroas (Henvic) le point le plus élevé, pour surveiller la mer. On a également trouvé des tuiles gallo-romaines à Penzé (Taulé).

Moyen-âge : Les vikings ont vraisemblablement débarqué à Carantec, au lieu dit ‘’La Motte’’. A Kerdanet (Carantec), se trouve le seul témoin d’une construction féodale du haut-Moyen-âge. Dès le IXe s. l’évêque de Saint-Malo est propriétaire d’un domaine de Saint-Carantec. La seigneurie de Penzé (Taulé) est issue du partage en deux de la châtellenie de Daoudour, l’une des quatre châtellenies existant dans le Léon au XIIe s. Sa juridiction s’étend sur la paroisse de Taulé et ses trèves. Paroisse bretonne primitive, Taulé englobe les territoires de Locquénolé, et les trèves d’Henvic et Carantec. Le centre bourg de trouvait initialement à Henvic avant d’être transféré à son emplacement actuel prenant le nom de ‘’Guictaulé’’ (Gwik signifiant bourg). Au XIIe s. les vicomtes de Léon édifient sur un éperon rocheux la forteresse de Castel- an-Trébez, conquise en 1166 par Henri II Plantagenet (1133-1189) avant d’être repris temporairement par Guyomarch IV de Léon ( ?-1179), la forteresse est démantelée 1172. Le port de Penzé (A cheval sur les communes de Taulé et de Plouénan) est longtemps le site d’un commerce important. On recense, au XVe s., les nobles habitants de Carantec : La famille de KERGALLIC, seigneur du lieu, la famille OMNES, seigneurs de Keromnès, fondue par la suite dans la famille Le BOUTEILLER… En 1421, la principale seigneurie d’Henvic, disposant des droits de basse, moyenne et haute justice, est celle de Lezireur, possédée par Yves KERIGOU, maître d’hôtel de la duchesse Jeanne de (1391-1433, duchesse de 1399 à 1433), qui passe en 1460 aux mains des GUICAZNOU. Les fourches patibulaires étant dressées sur le tumulus de Goarem-ar-Justis (Henvic), le chemin y menant étant dénommé stéat-an-anaon (Chemin des trépassés). Le seigneur de Lezireur, MERIADEC de GUIZCANOU, capitaine du château de Morlaix, obtient du roi Louis XII le droit de tenir à Henvic une foire annuelle et détenait aussi les droits de passage pour le franchissement de l’estuaire de la Penzé, à la «Corde ». Du manoir de Lézireur, il ne reste presque rien. Au début du XVIe s. Henvic possède plusieurs maisons nobles, des auberges et hostelleries.

De la Renaissance à la Révolution : Par un acte du 11 octobre 1520, le sieur KERAMPOVOST, cède ses droits de tombe et de prééminence en la chapelle Notre-Dame de Penzé, au sieur de KERGOZ. Lors de l’attaque de Morlaix, le 22 juillet 1522, par les Anglais, le château de Lezireur et le bourg d’Henvic sont brûlés. Par mariage, le château de Lézireur passe à la famille GOURIO en 1557. Pendant les Guerres de religions, le château est à nouveau incendié en 1594. Alain GOURIO, en 1639, rattache à Lézireur, les seigneuries de Penzé et de l’île Callot. Le mariage de sa fille, à Nantes, le 14 décembre 1663, avec Eustache-Charles de LYS, fait de ce dernier, aussi seigneur de Beaucé, en 1660, sénéchal et président du présidial de Rennes et conseiller au Parlement de Bretagne. Au XVIIe s., la seigneurie de Penhoët, sise en Saint-Thégonnec, s’étendait alors sur huit paroisses : Saint- Thégonnec, Taulé, , , Guisclan, Pleyber-Christ, Pounéour-Menez, . En 1694, VAUBAN, craignant un débarquement anglais à Carantec fait fortifier la ville et créer les relais de guet entre Carantec et Brest, transmis de clocher en clocher par des signaux optiques et acoustiques. Le premier de ceux çi, à partir de Carantec est le vieux clocher de Taulé. La Croix de Langroas (Henvic), surnommé la ‘’Croix du loup’’, est érigée en souvenir d’une enfant tuée par un loup, le 18 juillet 1698.

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Carantec : Île Louet, Château du Taureau.

Le 13 avril 1749, le sire Thomas Charles de MORANT, comte de Penzé, maître du camp de Marie LESZCYNSKA (1703-1768), reine de France d’origine polonaise, offre à la paroisse de Taulé, un étendard en forme de gonfanon, portant les armes de la Pologne et de la France. En 1759, une ordonnance du roi Louis XV (1710-1774) ordonne à la paroisse de Taulé de fournir 86 hommes et de payer 564 livres pour la dépense annuelle de la garde-côte de Bretagne. A la fin du XVIIIe s. on peut appliquer ce texte aux Carantecois : « … Battus par les vents et les orages, ils sont vêtus de toile au milieu des hivers ; leurs cheveux noirs flottants sur leurs épaules, tombent sur le front et couvrent leurs yeux ; une barbe épaisse ombrage leur menton ; des sillons à trente ans vieillissent leur figure ; ils vivent de quelques panais, de quelques choux ; leur demeure est un trou formé par des rochers que le goémon couve à peine ; la nourriture insuffisante de leurs efforts arrachent à la terre nait sur des lieux que le sable couvroît… »

Révolution : Lors de la rédaction des cahiers de doléances de la sénéchaussée de , le 1er avril 1798 les deux députés de la paroisse Hervé JACQUES et François CALVEZ, sont chargés de porter la doléance suivante : «… Que toutes les terres incultes soient défrichées dans un délai fixe, faute de quoi il serait permis aux riverains et autres personnes de bonne volonté d’en profiter irrévocablement, à la charge d’une redevance annuelle de cinq sous par journal de quatre vingt cordes, suivant la coutume, observant ce qui est prescrit en pareil cas… ». ELIEN, curé constitutionnel de Henvic, et ancien moine des Récollets du monastère de Saint-François de Cuburien réclame l’éloignement des prêtres non jureurs d’Henvic. Le 20 avril 1792, cent vingt gardes nationaux, cent vingt volontaires, une brigade de gendarmerie avec une compagnie d’artillerie munie de deux canons, arrive à Henvic et Taulé pour fermer les églises, descendre les cloches (Destinées à être fondues). Taulé fut concerné par les troubles liés à l’insurrection du Léon contre le gouvernement révolutionnaire en 1793. HERVET, prêtre réfractaire de Taulé, s’exile en Espagne pendant la Terreur. En 1799, dans le canton de Taulé, il n’y a pas d’école primaire, car « l’esprit public… ne veut point des principes républicains ».

Du XIXe s. au début du XXe s. : Carantec était une commune rurale avant qu’elle ne devienne une station balnéaire appréciée. Les statistiques (NDRL : jusqu’où ça va se nicher ! Et quand on aime… on compte ! Je n’irai pas jusqu’à compter combien ça fait de choux et de carottes par personne, mais on peut apprécier la diversité tout en restant dans les produits vivriers du quotidien.) publiées en 1849, Page 5 sur 11 d’après en étude réalisée sur la période de 1836 à 1846, donnent une idée précise de la répartition des terres et de l’élevage : Pour une superficie communale de 902 ha, on compte 1 290 habitants, dont 1250 agriculteurs (96.9 %), on compte 523 ha de terres arables, 262 ha de landes et de bruyères, 32 ha de bois, taillis et plantations, 18 ha de prairies naturelles, moins d’1/2 ha de marais et d’étangs ; Carantec possède 6 moulins en activité. Les paysans de Carantec cultives : 105 ha d’avoine, 105 ha de froment, 78 ha d’orge, 13 ha de seigle, 43 ha de sarrasin, 249 ha d’ajoncs d’Europe, 9 ha de lin, 2 ha de chanvre, 11 ha de navets, 5 ha de choux et carottes, 78 ha de trèfle, 26 ha de pommes de terre, 37 ha restant en jachère. Ils élèvent et entretiennent : 207 chevaux dont 52 chevaux mâles et 118 juments, et 37 poulains et pouliches, 1 âne, 652 bovins, dont 400 vaches, 300 porcs, 58 ovins, 3 caprins, 221 poules, 89 coqs, 28 canards, 7 oies et possèdent 40 ruches (NDRL : On ne nous parle pas de lapins, porteraient-ils malheur aussi sur terre ?). La même étude existe pour les communes environnantes, mais ce n’est pas le lieu ici d’effectuer des comparaisons.

Carantec

Un conflit (initié par l’éclatement de Taulé) qui oppose Carantec à ses voisines, Taulé et Henvic, à propos de la collecte du goémon est tranché, par délibération du conseil d’état, le 14 décembre 1857. Pour résumer, Carantec voulait interdire aux Taulésiens et aux Henvicois de ramasser le goémon que les Carantécois souhaitaient garder pour eux. Mais cette décision donne tort à ces derniers en précisant que la récolte du goémon doit se faire sous la surveillance et l’autorité de l’administration et que c’est à elle de régler, conformément aux usages, l’exercice de l’abandon fait aux habitants des communes riveraines. Le 23 juillet 1879, est déclarée d’utilité publique la ligne de chemin de fer de Morlaix à Roscoff (sur laquelle je reviendrai avec Roscoff). Dès le 23 septembre 1879, une demande de création de 2 arrêts supplémentaires est formulée, ce n’est que le 1er juillet 1910 qu’ouvre la halte de Ker Richard dite d’« Henvic-Carantec ». Sur 286 communes que compte le Finistère en 1899, Carantec fait partie des 18 seules communes du département à posséder une société d’assurances mutuelle, forte de quatre vingt adhérents, contre la mortalité des animaux de ferme, assurant chevaux et bêtes à cornes. En 1900, le journal Ouest-Eclair (Aujourd’hui Ouest-France) fait paraître un article sur l’alcoolisme à Carantec, voici le droit de réponse de M. le Maire, François de KERGRIS (1824-1908, mandat de 1858 à 1896) : « Ici, comme partout, il est vrai, le nombre de cafés est trop considérable. Il a plus que doublé depuis que la malheureuse loi du 18 juillet 1880 (A priori du 17-7, loi permettant la multiplication des débits de boisson, en faveur des bouilleurs de cru) à donné une entière liberté au commerce de détail des boissons. Carantec compte 13 cabarets. La population étant de 1800 âmes, c’est un cabaret pour 140 habitants(1). La quantité consommée est très exactement constante par la recette de l’octroi. En prenant la moyenne des trois dernières années, on trouve que celle du vin s’est élevée à 18 269 litres, celle de l’alcool à 6 645 litres et celle de cidre à 4 089 litres, ce qui donne par habitant 10 litres de vin et 3.69 litres d’alcool pur équivalent à 6.645 litres d’alcool à 45°. Je vous accorde bien volontiers que 8.20 litres d’eau de vie par habitant, c’est beaucoup… Encore faut-il faire deux observations : Les quelques centaines d’étranger à la commune qui fréquentent Carantec pendant la saison des bains de mer consomment une certaine quantité d’alcool… La plus grande partie de ce total est consommé dans les douze ou quinze noces qui ont lieu chaque année, qui durent deux ou trois jours, et surtout les dimanches et fêtes. Cela réduit à une quantité très faible la consommation habituelle et journalière… » (1) Je vois d’ici les fâcheux « Encore ses statistiques !!! », mais que voulez-vous je n’y suis pour rien, elles viennent à moi toutes seules, sauvages et méfiantes… C’est vrai que si elles viennent, c’est parce que je les nourri.

A Carantec, il n’existait qu’une école publique pour garçons, pour réparer cette anomalie, une école publique de fille ouvre en 1901. Elle n’a que 5 élèves la première année, les autres étant à l’école privée catholique. Avant que les Page 6 sur 11 biens des églises ne soit inventorié en 1905 (Voir l’article sur l’Île de Batz), époque où le recteur refusait l’absolution aux parents qui mettaient leurs enfants à l’école publique, les sœurs enseignantes de la congrégation des Filles du Saint-Esprit à Carantec, se voient contraintes, manu militari, le 12 août 1902 à 6h, à l’expulsion de leur établissement. Elles se réfugient, sous les acclamations, dans l’église et chez les habitants. La poste est construite en 1903. En tout début des années 1900, les garennes et champs de la ‘’Chaise du curé’’, propriété de la commune, sont lotis en 66 parcelles mises en vente. La fin du XIXe s. et le début du XXe s. voient Carantec se transformer en une station balnéaire cotée. Dès la décennie1920, Carantec organise un championnat de tennis, devenu par la suite Tournoi International de Tennis. Le plus bel hôtel de Carantec, le Grand-Hôtel, brûle totalement le 27 mai 1904.

Carantec : Clocher d’Henvic

Les activités maritimes à cheval sur deux siècles : En 1890, 9 bateaux sont construits à Carantec. Les chantiers fonctionnant toute la période ont continué la tradition orientés désormais sur la plaisance. Le chantier , existant depuis 1789, est orienté vers les constructions neuves exclusivement des pilotines et vedettes de sauvetage. Dans la nuit du 21 au 22 février 1893, six marins de Carantec périssent dans une tempête. En 1899 et en 1921-1922, des invasions de pieuvres provoquent la ruine temporaire des pêcheurs de la région « En 1899, les pieuvres ravagèrent tout, pis à la suite d’une violente tempête, elles vinrent en telle quantité à la côte qu’elles y crevèrent et qu’il fallut les enfouir... C’est à cette époque que sombra le dundee dunkerquois ‘’Saint-Pierre-de- Calais’’ ; l’équipage put être sauvé, mais le capitaine enlacé par les pieuvres, fut littéralement dévoré… ». L’invasion de 1921-1922 ne cède en rien à celle de 1899, avec la seule différence qu’il n’y a pas eu de victime. La récolte du goémon a toujours été importante : En 1925, le ramassage est d’un bon rapport et toujours à la disposition des riverains en abondance. A Carantec, c’est l’activité de 38 goémoniers, la tonne revient à 180 f. La même Page 7 sur 11 année, Ouest-Eclair annonce que les ormeaux, les moules, les bigorneaux sont récoltés en abondance à et Carantec. En décembre 1933, cinq cadavres de cachalots s’échouent à Carantec, dont deux mesurent plus de 10 m. Le 6 décembre 1936, le goémonier Marie-Louise qui transportait des touristes partis de Carantec s’échoue sur les rochers de Saint-Samson, deux morts.

Les deux conflits mondiaux : 72 Carantecois sont décédés au cours de la guerre de 1914-1918, soit 3.73 % de la population de la commune. 35 l’ont été au cours de la seconde guerre mondiale, soit 1.58 % de la population de la commune. Parmi ces derniers, Armand OLLIVIER, quartier-maître canonnier, fait partie des 119 victimes de l’aviso Vauquois coulé par l’explosion d’une mine devant , le 18 juin 1940. Comme déjà évoqué dans l’article sur Morlaix, les Carantecois ne sont pas restés inactifs et se sont engagé dans la Résistance. Grâce au réseau Sibiril, 15 bateaux et 152 personnes se sont évadées par mer au départ de Carantec. Le 6 mars 1943, neuf personnes dont Marcel JASSAUD, embarquent clandestinement de Penzé pour l’Angleterre. Malgré les difficultés, ils arrivent à Plymouth. Alfred JASSAUD, frère du précédent, est arrêté à Paris le 19 septembre 1943. Il est emprisonné, torturé et exécuté le 21 août 1944 à Heilbronn en Allemagne (Bade-Wurtemberg). Dans la nuit du 7 juin 1943, une vingtaine de jeune gens embarquent sur le ‘’Saint-Yves’’, un sablier de 11 m. Repérés par un convoi de la marine allemande, ils font vœu en cas d’heureuse issue d’offrir une statue de Saint-Yves à Notre-Dame-de-Callot. Ils arrivent à Fowey en Angleterre (Cornouailles). Le 31 mars 1944, un avion allié tombe dans un champ de mines dans la presqu’île Pen-ar-Lann en Carantec, l’appareil explose. §§§§§

Démographie :

1793 1851 1876 1911 1921 1936 1946 1975 1999 2015 999 1 305 1 354 1 833 1 925 2 210 2 548 2 527 2 724 3 149

La population de Carantec, a été multipliée par environ 3,5 en deux siècles et l’augmentation a été quasi continue ; la population de la commune a presque doublé au cours du XIXe s. atteignant un premier maximum en 1896 avec 1 794 habitants (+ 845 habitants entre 1800 et 1896, soit + 89 % en 96 ans) A quelques minimes dents de scie près, elle a presque constamment augmenté au cours de XXe s., gagnant 930 habitants entre 1896 et 1999 (+51.8 % en 103 ans), Quelques fléchissements pouvant être remarqués pour certaine périodes, par exemple entre 1968 et 1975. Le rythme s’est même accéléré dans les premières années du XXIe s. ; alors qu’il était de + 10 personnes par an les deux siècles précédents, il a été de plus 52 personnes par an entre 1999 et 2006, pour attendre 110 personnes par an en 2006-2008. Cette augmentation est due, ces dernières années à une migration, car Carantec est une station balnéaire attractive pour les retraités. . §§§§§

Ile Callot : L’île Callot, virgule séparante de la rade de Morlaix et de l’Aber de la Penzé, en prolongement de la presqu’île de Carantec est accessible depuis le continent par une chaussée submersible qui permet de franchir la « Passe aux moutons » (environ 600 m). Elle devait faire partie intégrale du continent lorsque l’Île de Batz n’était qu’une presqu’île. Elle s’étend sur plus de 2.1 km de long et mesure de 150 à 300 m de large.

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Carantec, Île Callot

L’île Callot est constituée de deux îlots de granit reliés par un cordon dunaire. Le granit de l’île est réputé pour sa qualité et sa quantité. Il a servi pour la construction de nombreux monuments de la région, dont le château du Taureau, la Manufacture des tabacs de Morlaix, les églises d’Henvic, Taulé, , Plouézoc’h et des traces des anciennes carrières sont encore visibles. Depuis des temps immémoriaux, l’île Callot à servi de refuge aux populations menacées, comme en témoigne l’éperon barré situé dans le nord de l’île. Cette fortification protohistorique de l’âge du fer est constituée par une double ligne de remparts en terre et de deux fossés. L’île Callot possède à son point culminant (22 m) une chapelle, « Notre-Dame de Callot », construite au tout début du VIe s. (Une inscription intérieure donne la date de 502, mais elle serait plus tardive d’après les historiens), en mémoire de la victoire obtenue à cet endroit par le prince Rivallon (ou Riwall) sur le Danois Korsold qui y avait placé sa tente et s’était retranché dans l’île, après avoir pillé le pays. Mais des doutes subsistent, on parle aussi de Hoël. Depuis cette époque lointaine, la chapelle a toujours fait l’objet d’une grande dévotion. Des indulgences furent accordées trois fois par an au moment où le protestantisme sévissait dans la région. La chapelle à été reconstruite plusieurs fois. Elle doit à une rénovation du XVIIe s. sa forme actuelle en croix, alors qu’elle était rectangulaire à l’origine. Le pape Grégoire VI (Règne de 1831 à 1846) accorde en 1840, une indulgence plénière aux fidèles qui se confessent et communient dans la chapelle Notre-Dame-de-Callot, selon une inscription en breton située dans la chapelle. De nombreux ex-voto, y compris des modèles réduits de navires, illustrent cette dévotion, en particulier par les marins. Le pardon à lieu traditionnellement le dimanche qui suit le 15 août. La récolte et le brûlage du goémon était une activité importante pour les habitants de l’île Callot. Ayant été développée dans l’article concernant l’Île de Batz, je m’en tiendrai là. Vers 1890, l’île Callot compte une centaine d’habitants (Pour 13 ou 14 aujourd’hui). La majorité des insulaires était alors des paysans-pêcheurs-goémoniers vivant sur 3 ha, parfois la moitié. L’île a eu une école primaire de 1937 à 1975. §§§§§

Le château du Taureau : L’île faisant partie de la commune de Plouézoc’h, mais visible de Carantec, je me dois de la citer. Comme nous l’avons vu dans l’article sur Morlaix, sa construction est la conséquence de l’intrusion anglaise dans Morlaix en 1522. Il est commencé en 1532 et casematé par Vauban en 1689. Il sert de prison pendant la Révolution, Trois prisonniers célèbres s’y seraient donné la mort pour ne pas être guillotinés : Gilbert ROMME (1750-1795) il se poignarde ; Page 9 sur 11

Pierre SOUBRANY (1752-1795) Il se frappe d’un coup de couteau, meurt sur la route de la guillotine, il est guillotiné quand même ; Pierre BOURBOTTE (1763-1795) Il se poignarde, mais il survit à sa blessure et il est guillotiné. Le révolutionnaire Louis-Auguste BLANQUI (1805-1881) déjà condamné à mort par contumace, n’a pu participer à la Commune de Paris, puisqu’il était arrêté le 17 mars 1871, jugé le 15 février 1872, condamné à la déportation (peine commuée à la prison à vie, mais libéré le 10 juin 1879) , y aurait aussi séjourné. Puis le château du Taureau devient une résidence secondaire, propriété de Berthe Marie Mélanie de GAUFRIDY de DORTAN (1876-1937), dite plus communément Mélanie de VILMORIN, par son mariage, en 1900, avec Philippe LEVÊQUE de VILMORIN, dont elle aura 6 enfants. Elle y donne des réceptions fastueuses dans les années folles. Dans les années 1960, c’est une école de voile renommé qui s’y installe, avant de fermer ses portes en 1980 par manque d’entretien. Restauré par la Chambre de commerce et d’industrie de Morlaix et 9 communes avoisinantes, le château se visite actuellement, au départ de Carantec. §§§§§

Patrimoine : Patrimoine naturel et patrimoine civil de Carantec :

Ilot de Roc’h-Gored : Le site de Roc’h-Gored se situe près de la Pointe du Cosmeur. Il fournit les moellons qui servirent à la construction du viaduc de chemin de fer de Morlaix. Gored (Barrage à poissons) indique qu’une pêcherie était installée entre le continent et l’ilot. Ardoisière de Roc’h glas : Carantec possède une ardoisière à ciel ouvert sur le site de Roc’h Glas (Roche bleue). Les extractions avaient lieu sur l’estran et un peu en retrait. Tout le rivage est parsemé de débris de taille, polis par la mer et déplacés au gré des marées. Talus à Ty-Guen : Les blocs quartzeux des talus limitant les parcelles signalent un filon de quartz en sous-sol. Ty-Guen (Maison blanche) s’expliquerait par un bâtiment, aujourd’hui disparu, qui aurait été construit avec ce matériau. Puits à Cosquer-Ven : Ce puits est construit avec divers matériaux : Granit rose de l’ile Callot pour les pierres de taille, granit beige pour les moellons, quartz blanc et schiste bleu pour le reste. Ferme à Prad-Lichi : Cette ancienne ferme se caractérise par l’absence d’étage. La porte cintrée est en granit rose de Callot et en granit blanc de Ploujean. Les murs de moellons de schiste, gneiss et quartz de provenance locale. Ancienne mairie-école : (1875) Le 15 mai 1875, une convention est signée entre le maire et M. LE CORRE, entrepreneur, qui s’engage à tailler et à transporter le l’île de Batz, jusqu’à la grève de la Croix à Carantec, les pierres nécessaires à l’encadrement des ouvertures, le bandeau central, les chevronnières et les modillons. Monument aux morts de la guerre 1914-1918 : (Années 1920, diorite, enclos paroissial de l’église Saint- Carantec) Il est constitué d’un large socle ménageant des parterres, surmonté d’un acrotère massif privé de statue. Construit avec de la diorite de Plounevez-Lochrist et de la kersantite de la rade de Brest. Monument aux morts de la guerre 1939-1945 : (Années 1950, granit, enclos paroissial de l’église Saint- Carantec) Composé de deux granits différents ; Granit blanc-gris clair du pour l’entourage, granit bleu sombre de Lanhélin (35) pour les tables nominatives. Villas à la Grève blanche : (XIXe et XXe s.) Avec l’essor du tourisme balnéaire, le bord de mer est vite colonisé par des villas aux styles architecturaux variés. Château de Keromnès : (Fin du XIXe s., Schiste bleu pour les moellons et granit de Cléder pour les pierres de taille) Cette vaste demeure succède à un édifice refait au XVIIIe s. Ce domaine appartient initialement à la famille OMNES. Il abrite une chapelle domestique dédiée à Notre-Dame et à Saint-Sébastien, datant du XVIe s. Le domaine est doté d’un colombier (Fin du XVe –début du XVIe s. Schiste bleu et granit) qui serait une des plus anciennes constructions de Carantec. Piler-lan de Keromnès : (Granit monolithique de Callot) Le piler-lan servait à piler les ajoncs destinés aux litières des chevaux.

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Patrimoine maritime de Carantec : Phare de La Lande : (Granit) Il est mis en service le 1er décembre 1845. La tour à section carrée de 3,80 m à la base, culmine à 18,70 m. Phare de l’île Louet : (Granit) Il est mis en service en 1860. L’ensemble monumental, composé du phare proprement dit, d’une maison et de deux dépendances, se dresse à l’extrémité d’un îlot rocheux escarpé, appelé Îlot du Jardin, sans doute en raison d’une parcelle de terre cultivable l’île doit son nouveau nom à Charles CORNIC (1731-1809), corsaire (Voir article Morlaix), en l’honneur d’un des ses amis. Sa tour de section carrée, porte le foyer lumineux à 16 m au dessus des plus grandes marées d’équinoxe. Automatisé, la maison est un gîte géré par l’office de tourisme de Carantec.

Carantec : L’île Louet

Balises, Pointe du Cosmeur : (Granit) La baie de Morlaix est hérissée de hauts fonds et de récifs couronnés de balises portant le nom de l’écueil sur lequel est sont ancrées : Le Grand Cochon, le Corbeau, le Taureau… Amer du Stum : (Maçonnerie blanche) Erigé près de la Grande Grève. En alignement avec la tourelle de Roc’h Piguet, il donne la direction du chenal de la Penzé. Cale du port : (Granit, gneiss et béton, 1935-1936) Un rapport de 1935 remarque que le mouillage de Castel- Bihan est fréquenté toute l’année par une douzaine de bateaux de pêche, et en été par une quarantaine de bateaux de plaisance, alors qu’il n’existe aucune infrastructure portuaire. On construit une cale de 100 m de long, scindée en 2 tronçons faisant un angle de 140°. Depuis son achèvement la cale a connu divers travaux visant à l’agrandir en hauteur et en longueur.

Patrimoine Religieux de Carantec : Eglise Saint-Carantec : (Granit de Callot, Cléder, l’Île Grande, ) La nef de l’ancienne église du XVIIe s. s’étant écroulée lors d’une violente tempête en 1863, une reconstruction s’impose. L’église d’inspiration gothique, présente une nef à quatre travées avec bas côté, un transept et un chœur polygonal accosté de deux chapelles. Le maire, François de KERGRIST qui joue un rôle prépondérant dans la construction de l’église, s’est inspiré, dans le conception de l’édifice, de Notre-Dame de Paris, de la Sainte-Chapelle, de Saint-Ursin de Troyes. Le manque de ressources empêche l’élévation du clocher en même temps que la construction de la nef, qui ne sera construit que vingt ans après. Page 11 sur 11

L’enclos paroissial ouvre le placître par un portail monumental du XVIIe s. (Granit de l’île Callot), à double entrée dissymétrique, transféré en 1937 du manoir de Kerangoaguet à Carantec. Un calvaire est érigé dans l’enclos, sculpté dans le granit par Yves HERNOT (1830-1890). Calvaire : (Granit monolithique) Erigé en 1965 sur un affleurement rocheux. Cette croix est la reproduction par M. KERGUIDUFF, sculpteur à Taulé, d’une croix aperçue dans les Côtes d’Armor par l’abbé BOSSON (1893-1974), recteur de Carantec de 1950 à 1968. §§§§§

Patrimoine de l’Île Callot : Chapelle Notre-Dame de Callot : (XVIe et XIXe s.) La chapelle actuelle construite sur les ruines d’une chapelle primitive est transformée en poste militaire à la révolution. Le 13 vendémiaire, an III de la République (4 octobre 1794), le commissaire délégué écrit au district de Morlaix « Nous venons de tout chiffonner dans la ci-devant chapelle de Callot. Mettez en réquisition un maçon pour y construire une cheminée ; le maître autel fournira les pierres principales… ». Vestige de fort : (Granit) Le système défensif de Morlaix était principalement constitué par le château du Taureau d’une part et par le fort de Bloscon à Roscoff, par l’îlot Sainte-Anne à Saint-Pol-de-Léon, par le fort de Callot qui figure sur certaines cartes d’état major anciennes. Les vestiges de ce fort révèlent une structure de granit. Il semble que les pierres aient resservi dans les constructions de l’île. Blocs de granit rose : Pendant des siècles, le granit rose à gros grain de l’île est exploité sur les grèves. Les blocs, souvent énormes sont débités grâce à la méthode des coins implantés dans une succession de trous régulièrement alignés. Dans les blocs non fendus les trous s’agrandissent peu à peu par érosion naturelle. Tourelle Mazarin : (Granit) L’amer Mazarin, en moellons blanchis, se dresse non loin de l’extrémité septentrionale de l’île sur un énorme affleurement granitique. Il est constitué d’une tourelle accolée à un puissant contrefort. Transformateur électrique : (années 1950) Ce transformateur, situé près de l’accès à l’île, présente l’originalité, par sa conception rustique, de s’intégrer parfaitement à l’environnement de l’île.

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M’Fanch, La Chapelle sur Erdre, mercredi 20 février 2019

Carantec, le 27-11-2018