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- / ^G Dame Aubry, feuls & uniques héritiers de Jean-Martin Aubry, la totalité des fonds immeubles, du mobilier & des fruits que ces deux fortes de biens ont produits, avec les intérêts de ces fruits du jour de la demande

& tous les titres de propriété ; c'efi: ce qu'ils demandent à la Cour & ce qu'ils attendent de fa juftice, avec dépens. •U'.'

M DE VERTIERES, Conjellkr- Rapporteur,

• t M' VIEL, Avocat

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Au Port-au-Prince, de l'Imprimerie de MozARD, 1788;]

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M E I

POUR le Sieur Caradeux aîné, les Dames Latoison deRocHEBLANCHE, de Cha- TEAUBLOND, & des MoRNAis, Habitans au Cul-de-Sac ;

SERVANT de nponfe à celui imprimé pour les Sieur & Dame Aubry , demeurants à ^

du Sieur Grand-Homme de EN PRÉSENCE du Sieur Caradeux de la Cave ,

GiZEVX , & .de la veuve Hudin.

décifions des -LfE premier devoir de ceux qiil font chargés de préparer les Tribunaux fouvent la est incontestablement de leur préfenter la vérité ; fouvent & trop cependant

dans les ténèbres ,. des mauvaife foi l'enveloppe & cherche à la déguifer. Des faits paffés conçus, des rapports trompeurs, des combinai fons préparées artificeufement , des actes mal pofitive des affertions des circonstances produites par le hafard & attribuées à une caufe , ,

conféquences hardies, répandent quelquefois fur une vérité précieufe un nuage impénétra- l'innocence fuccombei ble. La justice qu'il falloit instruire, & non pas féduire, est égarée^-

l'erreur ou le crime triomphent.

exemple, que fur- tout dans un procès de la nature" Mais il est rare & peut-être fans prefqu'entièrement & de l'importance de celui qui nous occupe en ce moment, qui réfide dont une partie a eu pour témoins dans des faits qui fe font fuccédés depuis plus d'un fiécle , par les actes les plus une multitude de peifonnes encore existantes , dont l'a.tre est fixée points d'une m.anièi-e auffi contradictoire que authentiques , on foit divlfé fur tous les &

aous le fommes avec nos adverfaires. la peine de parcourir le nôtre Celui qui aura lu leur Mémoire &. qui prendra , (era préfenté avec la même affurance les deux faits fans doute indigné de ce qu'on lui aura abfolument contraires; de ce que l'un lui affirmera par exemple, qu'un homme vivoit encore mort dès tandis qu'il existe vraiment en 1723, lorfque l'autre a affirmé qu'il étoit 1703, preuve est rapportée tandis qu'il fuffit de une preuve légale de ce fait , tandis que cette ,

favoir & vouloir lire pour s'en convaincre.

il fera pas embarrafle fur le choix Mais l'étonnement du Lecteur ceffera , ne même quelques preuves de la légèreté incroyable des deux verfions, lorfque nous lui aurons fourni tout annonçant qu'elle étoit peut- avec laquelle on s'est permis d'écrire dans cette affaire, en objet dont la Cour jamais occupée. être la plus intcreffante par la valeur de fort fe fût

Fidèles à nos principes & à nos devoirs, nous ne nous laifferons pas ainfi entraîner par n'y ajou- dans les actes, ce qui n'y fut jamais; nous ; le defir de trouver dans les faits & nous n'avancerons que des vérités, nous terons rien; nous n'altérerons pas ce qui y est ; & vraies. Loin de nous le triste méprifable avantage n'en tirerons que des conféquences &

d'en avoir impofé pendant quelques instans ; il est verfatile comme le menfonge qui l'obtient.

- - Février 3. Il laiflbit Le Sieur Jean- Martin Aubry mounit au Cu! de Sac , le 27 176 appofés plufieurs habitations dans ce quartier & dans celui de Léogane. Les fcellés y furent Roi informé du décès du le même jour ij Février , à la diligence du Procureur du , de Salntard Confeiller au Confeil-Supérieur du Port-au-Prince. Sieur Aubry , par M.

ignoroit les Le testament du Sieur Aubry n'étoit pas encore connu , du-moins on en du Sieur Caradeux difpofitions ; mais ce qui étoit notoire dès-lors , c'est que les enfans

étoit dévolue fi. le Sieur étoient fes héritiers préfomptifs , & que cette fucceffion leur , étoit auffi connu que k Aubry ne les en avoir pas exclus par fes dernières volontés. Il

les preuves journalières famille Caradeux ne devoit pas craindre cette exclufion , d'après

quelle avoir reçues de l'attachement du Sieur Aubry.

arrivé en l'effet Il avoit recueilli parle décès d'Urfule Roh'meau, fa femme, 1761 , de mariage. La famille de la donation réciproque qu'ils s'étoient faite par leur contrat déchu fes héritiers de leurs la Toifon étoit héritière de la Dame Aubry : fa mort avoit jouiflbient. Mais prétentions à la fortune confidérable dont les Sieur & Dame Aubry

leur oncle par alliance les Sieurs la Toifon efpéroient encore que lé Sieur Aubry , , avoit pas appelés au ne les auroit pas entièrement oubliés dans fon testament , s'il ne les d'ailleurs avoir partage de fes biens avec fes propres héritiers. Les Sieurs la Toifon pouvoient Sieur des répétitions à former du chef de la Dame Aubry, leur tante, fur la fuccefEon du

, fi pas été univerfelle. Aubry , par exemple , la donation n'eût

AufTi volt - on affister à l'appofition des fcellés du tj Février 1763 M. 3é

\ '. ^ 'f •*#:..» fes beaux - la la Toifon : lôg Sieurs la Toifon , frères , Saintard , comme mari de Dame

Caradeux père , es noms qualités , & pour la con- au nombre de quatre , & le Sieur & les Juccsjfwns des Sieur Jervation des droits qu'un chacun d'eux peut amender dans feu & Dame Aubry.

Sieurs la Toifon Le testament du Sieur Aubry édaircit bientôt ces doutes. Les fe trou- Caradeux père, la jouiffance vèrent abfolument déchœ. Le Sieur Aubry affuroit au Sieur de Saintard étoient léga- pendant fa vie, d'une terre dont il jouiffoit déjà. M. & Madame

que le Sieur Aubry vouloit leur être délivrées aujfitô: taires particuliers de 60, 000 livres ,

jiprès fa mort.

Le Sieur Aubry donnoit 10, 000 livres à la Dame Saintard, fa filleule.

Maillet filleule. Il léguoit fix mille livres à la Demoifelle , fa

Ces deux derniers legs font remarquables. Nous en parlerons ailleurs.

demeurante chez lui. Il donnoit 15,000 livres à la Demoifelle Goifin ,

le Sieur Aubry déclaroît Après plufieurs autres difpofitions étrangères au procès actuel , proches parens héritiers du pour le lâjfer le furplus de fes biens à fis plus & fang , instituant cet pour fes tout être partagé entr'eux par égales portions ; les nommant & à effet

véritables & légitimes héritiers , & légataires unlverfels

Enfin, M. de Saintard étoit nommé exécuteur-testamentaire.

Les dernières volontés du Sieur Autry ne fatisfirent pas les Sieurs la Toifon. La Dame mais pour une fomme modique de Saintard, leur fœur, paiticipoit à fes libéralités, & fi le Sieur Aubry l'avoit appelée infiniment au-deffous de la portion qu'elle pouvoit efpérer

au nombre de fes héritiers.

Demoifelle Caradeux; elle étoit du nombre Le Sieur de Rocheblanche avoit époufé une fon mari étoit indemnifé, par là, de la priva- des héritiers défignés par le testament; &

tion qu'il éprouvoit perfonnellement.

Boule , des Varreux , dévoient voir avec peine Màs les Sieurs la Toifon aîné , la & Caradeux peut-on fe perfuader que fi cette cette fucceffion opulente paffer à la famille ; & on ofe le foutenir les Sieurs la Toifon famille eût été étrangère au Sieur Aubry , comme , „ pour la confervation de leurs droits,, eux qui s'étoient piéfintés à lappofition desfcellés, impunément Il faut bien pea con- euflent fouffert que la famille Caradeux s'en emparât ? celui dont fefpoir est auffi cruellement noître les pour ne pas appercevoir que en recueillir l'objet. Si l'intérêt déçu, ne voit pas fans humeur ceux qui fe préfentent pour puiflant que l'envie la jabufie ? avoit btfoin d'un véhicule , en est-il de plus & • r

r^»—"TTîaK^RS" ÎIC'rrfCi^flC^^T^f-K'yTïV^ [4] _

Sieur étoient fi Mais les volontés du Aubry claires , fi pofitlves , la parenté & le

Jegré de parenté qui l'uniffoit à la famille Caradeux , étoient fi constants , fi certains (on

le verra bientôt) que cette famille n'éprouva & ne pouvoir éprouver aucune contradiction.

La délivrance des legs particuliers du Sieur Aubry fut ordonnée par une Sentence du 1 Mars 1763. Le 4, l'inventaire fut commencé à la requête de M. de Sdintard

- il fut fait par le Sénéchal - - ex'xuteur teflamentaïre ; du Port au Prince , en préfence du

le - Procureur du Roi , & contradictoirement avec Sieur Jean Jacques Caradeux , comme

- Laureru Caradeux tuteur dts Sieurs Jean Baptljle & , fes fils mineurs , svtc Me. Tarien.

- - Curateur de Marie , Marie Louife & Louife Amable Caradeux, mineures emmancwîes ,

& enfin avec le Sieur de Rocheblanche., comme mari de Danoifclle Urjule Caradeux , tousjïx

héritiers chacun pour un fixième du Sieur Aubry.

Dans le cours de cet inventaire , M. de Saintard requit que les deniers trouvés dans la

fucceffion lui fufient délivrés jufqu'à concurrence des legs particuliers , que le Sieur de Roche-

blanche restât perfonnellemant dépofitaire de 15,000 livres, pour exécuter les marchés faits

par le Sieur Aubry pour FÉglife de la Croix -des- Bouquets, & de pai-eille fomme pour

fournir aux frais funéraires & de justice.

Tout cela fut exécuté d'autorité de justice Finventairc _; fiit continué à la requête de M.

de Saintard , mais l'exécution testamentaire étant remplie par la remife de femmes fulEfantes (,- il : pour accomplir toutes les difpofitions du testament , les héritiers , la famille Caradeux furent

mis en poffeffion de la maffe de la fucceffion , du confentement de M. de Saintard , & fans prjudicier aux droits de pcrfonne.

la de A\'ant fin cet inventaire , on y vit paroître un Sieur Moijfct, gérant les biens du

Sieur Grand-Homme de Gi[eux. Il étoit difoit-il informé, , que le Sieur de Gii^eux avoit droit

de prétendre une portion de l'hérédité du Sieur Aubry. Il fe préfentoit pour ajjijler en fon nem l'inventaire à & autres opérations , pour conferver fes droits.

Les Sieurs Caradeux & de Rocheblanche, réfistèrent à la prétention du Sieur Moifiet. La

procuration qu'il exhiboit n'étoit pas en règle. Elle n'étoit pas donnée même au Sieur Moifiet.

\ . m Elle ne pouvoir s'appliquer à la fucceffion du Sieur Aubry. Enfin, ils foutinrent que le Sieur

de Gizeux , fût-il préfent lui-même , ne pouvoit être admis qu'en prouvant fon habileté à

fuccéder qualité, difoient-ils qui jujquici reconnue 6" c: incontcjlablcrncnt ; , nefl , , que dans

les perfonnes des Sieurs Caradeux & de Rocheblanche. Ils conclurent, en conféquence, à ce

que le Sieur Moijfet eût à fe retirer.

M. de Saintard dit que fon office étant d'avertir les héritiers & de les faire jouir dt!

bénéfice du testament , il fe croiroit autorifé à appuyer Ijs prétentions réclamées par le

Sieur MoiiTet le , pour Sieur de Giz:ux, s'il venoit armé de preuves d'une qualité fuffifante,

de la filiation & du Sieur de Gizeux ; mais que fur le vu de la procuration , 6i attendu

'T?!^

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_>a& PCii-.^:^ ^.. mm [ 5 ] n'avoiî aucune conhoilTance cju'il par t'um des qualités du Sïeur de Gizeux en ladite Tuccel^

fion , // déclarait s'en rapporter à Jujïice. • , . - -

Le Juge, attendu l'infufEfance de la procuration du Sieur MoifTet, le déclara fans quaUté, ordonna qu'il retirerait & fe , Jans néanmoins préjudlchr aux droits & qualités que pourrait avoir Sieur de en ladite k dieux Jucccffion , le/quels lui demeuraient en tant que bcfoin réfervés.

Les prétentions du Sieur de Gizeux reparurent bientôt d'une manière plus régulière & plus

utile. Dès le ji Février il 1764, Ibmma les Sieurs & DemoifJles Caradeux de lui remettre

le feptième, lui afférant à dans la fucceffion Aubry, comme coufin-germaîn & héritier du fang.

Le 11 Mars fuivant, le Sieur de Gizeux forma fa demande. Elle avoit pour objet

d'être reconnu co - héritier avec les Sieurs Caradeux , pour un feptième _, étant tous parens au.

quatrième degré. Il produifoit les titres furlefquels il s'appuyoit.

\3-a& fentence du 5 Avril affujettit le Sieur de Gizeux à en rapporter d'autres. Il en appela. Les Sieurs & Dames Caradeux furent contraints de fe rendre à l'évidence du

droit du Sieur de Gizeux, & aux titres qu'il rapporta fur l'appel. Ils renoncèrent au béné-

fice de la fentence. Elle fut infirmée par Arrêt du 19 Mai 1754, & le Sieur de Gizeux

envoyé du confent^ment des Sieurs & Demoifelles Caradeux en poffeffion du feptième

de l'iiérédité du Sieur Aub; y.

Mais avant même que la réclamation du Sieur de Gizeux eût été formée , il s'en prépa- roit une autre qui ne tarda pas à éclore. C'étoit celle de la Dame Hudin , de la Rochelle.

Dès le mois de Septembre 1764, elle avoit demandé, devant le Juge du Port-au-Prince, ia délivrance du legs univerfcl porté au testament du Sieur Aubry.

Ce procès , dont nous ferons ailleurs le détail, fut jugé définitivement par un Arrêt rendu far productions, le 3 Juin 1767 ; il. adjugea à la Dame Hudin un huitième de la fuccefilon Aubry , dont elle réclamoit la totalité. Elle fe prétendoit feule héritière à l'exclufion de la famille Caradeux & du Sieur de Gizeux ; mais elle fut feulement admile à partager avec eux.

Cet Arrêt fut attaqué de toutes les manières , & la veuve Hudin en pourfuivit l'exécu- tion, fans avoir pu l'obtenir définitivement jufqu'en 1769; les débats ne cefsèrent qu'à cette époque, & les Sieurs & Dames Caradeux jouiffoient paifiblement depuis 1769, lors qu'au mois de Mai 1786 , les Sieur & Dame François Laurent & Pertine Aubry, lèsent traduits en la Sénéchduilée du Port-au-Prince.

Ils ont demanc-é que les Sieurs & Dames Caradeux euffent à juflifier des titres en vertu defquels ils jouijfent de '-a fuccejjîon de Jean • Martin Aubry, & aies communiquer,

i

•jgg^-j4^:)fg;p.^Ja)!»a»ww»«*i'»«w^ ,

[ 6 ] ^ Qm faute de ce faire, ils fufTent condamnés à rendre compte & fÈilre remife de tous

les biens & des fruits.

Qu'eux Sieur & Dame Aubry fuflent même autorifés à s'en mettre en pofleffion.

La Dame de Saintard & fon fils ont été afllgnés aufli pour affister dans l'instance &

voir prendre contr'eux telles conclufions que de droit.

Une première fentence a renvoyé les Sieur & Dame de Saintard hors d'affignation, i: avec dépens, Une autre a appointé en droit fur les demandes contre les Sieurs & Dames Caradeux.

Appel de cette dernière , avant que les nouvelles Ordonnances euflent privé les Habitans

de la Colonie de l'avantage d'être témoins eux-mêmes de la difcuffion de leurs intérêts , &

du plaifir d'en recueillir la décifion de la bouche même des Magistrats.

Les Sieur & Dame Aubry, après avoir faifi la Cour de cet appel , ont ralenti burs poxu--

fuites pendant près de deux ans. Ils fembloient s'être rendus justice eux-mêmes , ou redou-

ter celle qu'ils avoient à efpérer , lorfqu'au mois de Juillet dernier , on a pour eux formé une

tierce - oppofition aux Arrêts rendus pour le Sieur de Gizeux 6c la Dame Hudin , les dix-

neuf Mai 1764 & trois Juin 1767.

Bientôt après l'on a répandu avec profufion ce qu'on appdle un Mémoire , ce qui n'est

qu'un libelle indifcret, où on fe permet, ainfl que dans les nouvelles conclufions prifès à

la même époque , de changer contre la teneur même des procurations que l'on produit

[t cependant , le plan & l'objet des prétentions annoncées d'abord par les Sieur & Dame

Aubry, dans le premier Tribunal.

On ne demande plus aux Sieurs & Dames Caradeux les titres en vertu defquels Ils

jouijfmt. Ce n'est plus faute de communiquer ces titres qu'on veut les faire condamner à

remettre tous les biens de la fucceflion Aubry. Ce n'est plus l'intention & la volonté des

.parties elles-mêmes que l'on confulte, quoiqu'elles aient par leur procuration formellement

déclaré à leur repréfentant qu'il ne devoit pas s'en écarter. Pour s'y conformer , il falloit

attendre que les Sieurs & Dames Caradeux produififfent leurs titres , ou les forcer à reconnoître qu'ils n'en avoient aucuns. Cette marche étoit trop fage & trop lente pour la

paffion qui dirige aujourd'hui les Sieur & Dame Aubry. Elle n'eût pas laiffé l'occafîon de

faire un libelle. On n'auroit pas pu fe permettre de contester l'état même des auteurs des

Sieurs & Dames Caradeux, fi on eût attendu les preuves qu'ils vont en donner^ on

a préféré d'affirmer qu'ils n'en avoient aucunes.

On conclut donc aujourd'hui pour les Sieurs & Dame François - Laurent Sa Pertine Auiry

contre la c&-hérie Caradeux, le Sieur de Gizeux & la veuve Hudin» m

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^.. ;.» ::-'X^c -:-i- "~^ë:'°?^"^^il- <«; ,,

[7] foît I®, A ce qti'en adhérant à l'appel de la Sentence dappointement , elle Infirmée , 6c le principal évoqué.

a**. A ce que les Sieur & Dame Aubry foient reçus tiers - oppofans aux Arrêts de 1764

& de 1 767 , & que ces Arrêts foient rapportés comme furprls.

3°. A ce que les Sieur & Dame Aubry foient déclarés feuls & uniques héritiers & l^a- tiùres du Sieur Jean-Martin Aubry , & envoyés en pofleffion de la fucceffion.

4**. A ce que les Sieurs & Dames Caradeux , de Gizeux & Hudin , & tous autres ditenteurs , foient condamnés, même par corps ^ à la leur délivrer, à leur rendre compte des

fruits & à les restituer, avec intérêts du jour de la demande.

5°, Enfin, à ce que les Sieurs & Dames Caradeux, de Gizeux & Hudin , foient

déboutés de toutes leurs demandes & prétentioni , avec dépens.

Ainfi , la réclamation actuelle nous impofe la néceffité d'examiner les droits de ceux qui

ont été admis au partage de la fucceffion Aubry, & de ceux qui en demandent aujour-

d'hui l'univerfalité.

La principale tâche à remplir dans une difcuffion de cette nature, est de la préfenter

avec clarté. Pour y parvenir , nous ne pouvons adopter l'ordre & le plan des adverfaires

nous l'euffions defiré pouvoir les fuivre pas à pas. Voici celui qui nous femble comme , pour

le plus propre à obtenir des réfîiltats clairs & précis.

iîl.i' Les prétentions des Sieurs Caradeux & de Gizeux n'ont rien qui fe choque. Les titres

fur lefquels leurs droits ont été reconnus & repofent font même en partie , du-moins f i communs aux uns & à l'autre. Ils peuvent donc être réunis, & en les préfentant en même-temps, nous épargnerons des répétitions qui ne font fouvent qu'obfcurcir, qui tou-

jours au moins allongent & fatiguent fans utilité.

La réclamation de la Dame Hudin & celle des Sieurs & "Dame Aubry ne peuvent

pas exister en même -temps. Si l'une étoit juste & fondée, l'autre ne peut pas l'être; il

faut donc les apprécier, les juger l'une par l'autre. On peut donc difcuter leurs titres, les

examiner en les comparant , & les réunir fous le même point de vue.

Voilà notre plan. L'inexactitude de nos adverfaires en rendra l'exécution, non pas plus

leurs erreurs jugera fi elles ont difficile , mais plus longue. Il faudra bien relever toutes ; on

pu être toujours involontaires. ,

KBCSqJSR

[8]

. er

FUlatLOTi & titres - des Sieurs & Dames Caradeux & de Gireiix.

Je^n Dubois époufa. en 16^5 Anne Galop veuve Papion. Ils demeuroient l'un & l'autre à Bordeaux, ParoiiTe Saint-Michel.

Ils eurent filles, deux Marie Dubois, baptifée le 25 Mai 1656, & Simone Dubois, le 29 Septembre 1671.

Vers la fin du dernier fiécle, Marie & Simone Dubois . étoknt dans la Colonie, & dans

le quartier du Port-de-Paix.

Marie Dubvis époufa Murtin- Aubry. Ils restèrent au Port-de-Paix jufqu'en 169c. Ils

eurent deux enfans; l'un, Jean-Martin Aubry ; c'est celui de la fuccefilon duquel il s'agit,'

J'autre, Marie-Magdeleirie Aubry : c'est l'aïcule des Sieurs & Dames Caradeux..,

En 1695 les ennemis de l'État s'emparèrent du Port-de-Paix, & l'incendièrent. Les

Habitans lieu de ce chjrchèrent leur falut dans la fuite , & perdirent tout ce qu'ils MJ ^, poflédoient.

Martin Aubry, Marie Dubois & leurs enfans, Jean - Martin'- èc Màiie- Magdeleine

vinrent chercher un afile dans le quartier de Léogane. Ils y étoient naturellement attirés par Simone Dubois , mariée elle-même dans ce quartier , comme on va le voir.

Martin Aubry êcMarie Dubois eurent deux autres enfans dans le quartierde Léogane. Jean,

baptifé le, 4 Septembre: 1696, & AijrtV, le 2 Février 1698.

Ces deux derniers enfans , Jean & Marie Aubry , font morts fans postérité. Il n'est resté du mariage de Mania Aubry :&L de Marte Dubois, que Jean -Martin & Marie-Magdeleine.

Jean-.Maûin AixhxY èp6^(^, le 30 Janvier i'jza,,.Ur[ule Robineau. C'est celui qui est

mort en 1763, & dont. la fucceffion donne. lieà au procès.

Marie - Magdeleine Avihi-y , Çcexw de Jean - Martin , £ut mariée à Léogane, d'abord le 2^

Juin Sieiir 1709, au Jacques Pageot, enCaite le 2,4 Octobre 1 714,, au Sieur Earthelemi Simon, & en troifièm^s' noces , au Sieur Monot-Renajd.

1^^ Mar.e-Map'elelne Aubry & Ban/iclemi ^^Simon ,_ eurent pour fille Louife- Amabk Simon, baptifée à la Petite- Rivière de l'Artibonite , le douze Mars 171 9.

Louife - Aniable Simon {at mariée le 7 Avril 1739, à Jean - Jacques Caradeux,; & de ee

XI ,

[9]

iflus le ce mariage font Sieur Caradeux aîné , les Dames de Rocheblanclie , des Mornais

Chateaublond & le Sieur Caradeux la Caye.

Il est donc évident que les Sieurs & Demoif;.I]es Caradeux avoient pour aïeule, Mar'ie-

Magdcklne Aubry Sii. qu'ils , font petits-neveux àe Jean-Martin Aubry , frère de leur aïeule.

Il nous femble entendre nos adverfaires , forcés de reconnoître ces conféquences de ce que

nous venons d'avancer s'écrier qu'il est facile , d'annoncer une généalogie , mais qu'il faut en administrer les preuves , & que nous n'en avons encore donné aucunes. Nous y arrir vons^ qu'ils nous fuivent, & qu'ils rougilTent d'avoir affirmé que Marle-Magdeleïne Aubry avoit ufurpé des noms , une naijfance une famille L'giiime & ( page 21), qu'on ne rapporte aucune preuve de la Hghlmiti de Loulfe- Amable Simon (page 23) ,que la propre naij- fance des Sieurs Caradeux eux-mêmes n'est pas mieux éclalrcle (ibid). Certes il étoit

impoffible de rien dire de plus abfurde , de plus hardi.

Nous rapportons les extraits, en bonne forme, des baptêmes des Sieurs Caradeux & de leurs fœurs. Ils font tous iffus du même mariage de Jean-Jacques Caradeux & de Loulfe- Amable Simon.

Nous rapportons auflî l'acte de célébration du mariage de Jean-Jacques Caradeux & de Louife-Amable Simon. Que faut-il de plus pour établir la naiffance des Sieurs & Dames

Caradeux ?

L'acte baptiftaire de Louife-Amable Simon leur mère est fous nos yeux. Il est extrait des registres de la Paroiffe - de Saint-Jérôme de la Petite Rivière , Juridiction de Saint-

Marc , dijment légaL'fé.

Louife-Amable Simon est baptisée le 12 Mars I719, née du légitime mariage du Sieur BartheleTtù Simon & de Alarlt-Magdelelne Aulry , fes père & mère.

Nous lifons enfuite l'acte de célébration du mariage de Bcnhehmi Simon & de Marie- Magdelelne Aubry leur contrat mariage/ , & de l'un & l'autre font du 24 Octobre Ï714. Ils attestent que Barthelemi Simon a époufé Marie-Magdelelne Aubry, veuve Pageot, native du Port -de- Paix naturelle , fille & légitime du Sieur Martin Aubry & de Dame Marie

Dubois y fes pire G> mère.

II est donc prouvé que Marle-Magdelelne Aubry étoit la mère légitime de Lauifs - Ama-^ hk Simon , & que Loulje-Amable Simon est la mère légitime des Sieurs Caradeux.

Reste maintenant à prouver que Marle-Magdelelne Aubry étoit fœur légitime de Jean- Martin nous ^ & aurons pleinement justifié la defcendance légitime des Sieurs Caradeux leur parenté avec Jean-Martin Aubry ; car s'ils font petits-fils de Mzne-Magdelclne Aubry. comme nous venons de le démontrer , & fi Marle-Magdelelne Aubry étoit fœur légitime da. B ^

[ 10] incontestable que Jtan-Mamn ié nous allons- le prouver, il est J-an-Manm Aubry , comnm Magdeklne Aubry par Simon, fille de Mirle- , & AuLry étoit l'oncle de Louîfi-Amabk - A.ttuihk Slmn petiti- Sieurs Caradeus, enfans de Uuijc , & conféquent le grand oncle des enfansde Marie- Magiele'me Aubry.

préclfe du Mariage de Martin Aubry & de Mark ' Nous ne pouvons pas indiquer l'époque que cet acte, a.nfi a été célébré au Port-de-Paix , & Dubois. Nous favons feulement qu'il de Jean-Martin Aubry & de MarU-Magddane Aubry, que ceux qui constatoient la naiffance Port-de-Paix en lors de l'invafion du , 1695. ont été la proie des flammes, Les adver- Port-de-Paix n'est pas & ne peut pas être contesté. Le fait de l'incendie du de certificat de M. le Marquis de Larnage, ares eux-mêmes produifent l'expédition d'un fans exciter larecon- ne peut être pronpncé dans la Colonie ce Gooiverneur dont le nom prouvé que la Colons; le certificat de M. de Larna^ noifiance & la vénération des Port-de-Pabc furent Incendiés en lôçs- repflres de la Paroljft du

mais nous ne croyons pas pouvoir nous Ce témoignage n'a pas befoin d'être fortifié ; papiers inventoriés, par cela feul quQ a fait partie des difpenfer d'en produire un autre, qui, ayant été Curé Aubry. W est émané d'un Miffionnaire après le décès de Jean-Marùn pendant plus de douze ans, certifie qu'il a une connoljancc de la Paroiffe du Port-de-Paix que ceux qui ont été de baptême, mariage & enterrement , certaine qu'il n'y a aucun reglfre absolument temps-là; tous re^tftres antérieurs ayant commencés en ,6ç,6, & continués depuis ce perdus pendant la guerre qui précéda ladite année.. dlfparu, & ayant fans doute été

Avril de la Celui de M. de Larnage est du 17 Ce certificat est du 23 Mars 1742. plufieurs autres actes qui nous indiquent même année. Nous voyons à la même époque

quel en étoit l'objet.

une charge de Secrétaire du Roi. Il favoit que Le Sieur Aubry avoit le projet d'acheter obliga- preuve de catholicité. Hors d'état de remplir cette pour y être reçu U falloir faire baptistaire il s'occupa d'y fuppléer. tion par la repréfentation de fon extrait ,

l'incendie des régis- ne fe bornoit-il pas au fait de Auffi le certificat de M. de Larnage Aubry, qui, en même-temps que le Sieur Jean-Martin très du Port-de-Paix : a contenoit Port-de-Paix e«« baptlfe dans ladite Paroljfe (du ), avant ce fiége (de 1695) étoit ni & audit quartier & de DemolfelU Marie Dubois, Habltans fils légitime du Sieur Martin Aubry profeffion de h que ledit Jean-Martin Aubry , leur fils , du Pon-de-Palx , & falfant , ainfi Romaine. II' Religion Catholique, Apoflollque & M. de Larnage certifioît en Ainfi, en attestant la cathoHcité de Jean-Martin. Aubry ,

" même-temps fa légitimité. • C--''

de catholicité par le Curé de la Le Sieur Aulsry fe fit encore délivrer un certificat

'NS^.^- ,

'-I [ ] rendu à Paris en Ju:n foivant A en pr.t ParoiiTe du CuI-d.-Sac, le 29 Mars î74^ , & ^\. de Saint -Roch, fur laquelle il demeuroit. un autre du Curé de la Paroiffe

différens certificats' lui euffent la charge de Secrétaire du Roi. Ces Il traita effectivement de la précaution de fe munir d'une pour être admis ; mais il avoit eu fuffi fans doute , Larnage pas plus de foi que les témoignages de M. de & .pièce qui , fi elle ne méritoit c'étoit un acte de notoriété forme plus authentique : des trois Curés, étoit au moins d'une par forme d'enquête.

de Léogane. Il leur expofa que les regis- Le Sieur Aubry préfenta fa requête au5? Juges qu'il étoit effenriel pour lui de constater fon tre? du Port-de-Palx avoient été brûlés , & plus nota- Il demanda permiffion d'affigner les état d'une manière pofitive & authentique. Cul-de-Sac pour déclarer, fous la foi du ferment, ce bles des anciens du quartier du ,

qu'ils favoient de fa naijfince.

Mallet de Volumbrun Notaire. Le Juge de Léogane commit à cet effet Me. , Beaugé-Robiniere & Fougeu , Fontelaye, Six témoins, les Sieurs Duvlvler, la Toifon, Cette enquête ne laiflb rien à defirer fur l'incen- Mathieu, déposèrent le 12 Avril 1742. né. Plufieurs fur le fait que le Sieur Aubry étoit die des registres du Port-de-Paix , & y mère du Sieur Aubry, fa tante Simone Dubois; des témoins dépofent auffi avoir connu la qui nous occupe en ce moment. Il est mais écartons tout ce qui est étranger au fait Caradeux étoit fœwr Aubry, aïeule des Sieurs , question de prouver ^que Marie-Mugdeieln,

du Sieur Jean - Martin Aubry.

il déclare avoir connu le Toifon, fécond témoin : Or, voici ce qu'en dit le Sieur la veuve Aubry -mhe du Sieur Aubry, la Dame Sieur Dubois oncle du Slmr Aubry, la père du Sieur de Gizeux & il ajoute i Simone Dubois époufe du Sieur Grand-Homme

le est du Sienr Aubry , dor.t nom Dame a Qu'il connoît de plus une four germaine noces du Sieur François Monot-Regnault » Mane-Magdekine Aubry, veuve en dernières » Habitante en cette Paroiffe w.

dépofe « qu'il connôît la Dame Marie - M.igdckin^ Le Sieur Mathieu , fixième témoin , Habitante en cette Paroiffe /œ«r » Aubry, veuve du Sieur François Monot-Regnault , ,

» dudit Sieur Aubry ».

Sieur Jean-Martin Auhry Marie- Peut-pn douter maintenant du lien qui imiffoît le & poffible qu'il ne fût pas mention Mjgdekine Aubry aï-ule des Sieurs Caradeux ? Il eût été de constater parce qu'elle n'avoit abfolument d'autre objet que d'elL dans cette enquête , Aubry, qu'on aurait bien pu ne pas s'y occuper de ceux l'état & la na-.lTance du Sieur & enquête, Si elle prouve en même-temps l'état da de fa fœm-; mais enfin elle existe cette

- •^KasSi^^j»'-*"*'''*"''™^'" jgfe«

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frère & celui de la fœur. Elle dépofe formellement du fair que nons avions à prouver.

Elle fuffiroit f^ule pour le justifier. :^\ £t que l'on juge en paflant la de mauvaife foi infigne , de la perfidie atroce qu'on à mife

dans cette partie de la défenfe des adverfaires ! A les entendre élever des doutes fur la parenté de Marie- Mjgdehlne Aiéry zyec Jean-Martin Aubry , on croiroit fans doute qu'ils n'avoient

pas même l'idée de l'existence de cette enquête. Eh bien , on fe tromperoit étrangement.

Les adverfaires produifent eux-mêmes une expédition de l'Arrêt du Juin 3 1767 , rendu en faveur de la Dame Hudin. L'enquête de est vifée dans 1742 cet Arrêt , & de manière à être facilement apperçue. L'article , a U'--' qui y trait occupe plus d'une demi - page. On a épluché le des vià pièces fur lefquelles cet Arrêt a été rendu. Les marges font chargées de fignes de remarque. On n'a donc pas ne pas pu voir ces pièces indiquées par le vu même, comme contenant des notions fur la naljjhnce du Sieur Aubry.

Ces pièces itoient intéreflantes à confulter pour les adverfaires , puifqu'elles avoient trait

à la naiffance de celui-là ils fe même dont prétendent les coufins- germains; elles n'étoient cas difficiles à trouver. Le vij de l'Arrêt indique en même-temps & la date de l'acte de notoriété, le nom de Me. & Volumbrun, Notaire, qui y a procédé. Ses minutes font au Greffe du Port - au - Prince.

Mais il a mieux les procurations y , des adverfaires n'ont pas la forme & l'étendue ordinaires à cette efpèce d'actes. Elles font volumineufes , & contiennent des instructions dont le détail n'est pas toujours intéreiTant ; mais nous ne nous fommes pas pour cela difpcnfés de les lire. Et que voyons-nous dans celle du 15 Septembre 1781 ?

Que les Sieurs Dame & Aubry étoient eux-mêmes bien informés dès-lors, de l'existence de l'acte de notoriété de 1742.

Les Sieurs Caradeux , difent-ils , doivent néceflairement rapporter deux pièces. La première, l'extrait de baptême de Magdeleine Aubry.

La deuxième « qui doit mention de cette fam Magdek'me Auhry ,c'efl l'oËe de notorïàé pajfé 5) devant Me. Volumbrun, Notaire au Port-au-Prince , des ,1 & ,2 Avril ly^a. Cet acte qui » conjlate l'état de Jean - Martin Aubry , na pu garder le filence fur celui de Magdeleine, en » fuppofant qu'elle fût fa fœur légitime ».

Ainfi les adverfaires avoient eux-mêmes défigné à ceux qui dévoient les défendre dans ia Colonie les pièces qu'ils , avoient à confulter , avant de fe permettre de contester la parenté de l'aieule des Sieurs Catadeux avec Jean-Martin Aubry. Ces pièces étoient fous leur main. EBes étoient vifées dans un Arrêt qu'on attaque, & on a ofé affirmer qu'il n existoit aucune preuve de la légitimité de Mark - MagdeUlne Aubry. On affirme qu'elle n'avoit pas îavmtage d'une fcmblablc nalffance.

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S '« , r

Si l'acte de notoriété de a été consulté 1742 avant de îiafarder cette affertion , c'est la

le plus hardi qui ait jamais menfonge été fait. Si on a négligé de con(ult-=r cet acte de notoriété c'est l'inconféquence la légèreté , , la plus honteuiè. Elle auroit été pouffée d'au-

tant plus loin que , dans un autre endroit de la procuration de 1781 , les adverfaires fem- blent encore vouloir prémunir leurs confeils contre cette allégation téméraire & indécente.

Ds fuppofent que les Sieurs Caradeux prouveront rétat légitime de Magdeleine Aubry , qu\on ne critique ici ajoute , la procuration , que fur des rapports qui ont été faits.

Il falloit donc vérifier ces rapports avant de donner pour Vrai, pour pofitif, ce qui

rédilter - devoit en , que Marie MagdsUine Aubry n'étoit pas légitime , qu'elle n'étoit pas fœur de Jean-Martin Aubry. Est-ce ainfi qu'on fe donc permet d'en impofer aux Tribunaux ? Sur quels principes d'après , quelks règles leur préfente-t-on comme dignes de leur confiance comme devant fervir de bafe leur à décifion , des faits qui ne font pas feulement dénués de preuves , mais qui font démentis par des actes authentiques , par des actes indiqués par

ceux-là même au nom defquels on écrit } Peut-on s'applaudir de l'opinion qu'on lurprend par de tels moyens? Ignore-t-on que l'indignation & le mépris lui fuccèdent lorfqu'on

>' lî'; K fe voit abufé auffi indécemment ? Ce ne fera pourtant pas le feul reproche de ce genre que nous aurons à faire au Mémoire des Sieur & Dame Aubry.

Il est acquis, donc d'après l'enquête de 1742, que Marie-Magdeleine Aubry, aïeule des Sieurs Caradeux , éio\t fœur àl. fœur germaine de Jean-Martin Aubry. Cette enquête, provo- quée par Jean-Martin Aubry lui-même , faiioit encore partie des pièces inventoriées après 0,-li?- fon décès. Elle est l'abri à de la critique des adverfaires , & ils le garderont bien de la repouffer puifque réfultat , fon est commun à Jean-Martin & à fa fœur Marie-Magdekine Aubry,

Nous pourrions donc nous en tenir à cette preuve authentique & fuffifante ,• mais nous voulons aller beaucoup plus loin. Nous voulons couvrir de honte & de confufion l'être aflez déraifonnable pour douter encore de la légitimité de Marie-Magdeleine Aubry ^ de fa naijfance au Port-de-Paix , de fa parenté avec Jean-Martin Aubry. Nous voulons prouver que

Jean-Martin • & Marie Magdeleine Aubry étoient nés l'un & l'autre de Martin Aubry & de Marie Dubois que Jean-Martin étoit l'aîné ; de Marie-Magdeleine; qu'ainfi , Jean -Martin étant légitime, Marie-Magdeleine , née après lui du même mariage , l'étoit néceflairement auffi.

Et nous ne puiferons pas toutes ces preuves dans nos aflertions , dans des actes informe»

& fufpects; nous ne citerons que des témoignages auffi refpectables par leur ancienneté j, que par leur nature & leur authenticité.

Marie-Magdeleine Aubry fut mariée pour la première fois le 5 Juin 1709, avec le Sieur Jacques Pageot. Nous rapportons l'acte de célébration de ce mariage en bonne forme.

'!!>' Elle y est défsgnée Marie-Magdeleine Aubry , native du Port-de-Paix, .,

[m] civils de ce matiage voici de quelle Nous avons aiiiTi le contrat qui régla k-s effets ; &

manière la futm-e y est défignée.

• de le S'icur Aubry vivant « Et Demoifelle Marle-Magdsk'me Aiihry , fille feu Man'm , de Mark Dubois fes père mère, mtlvt >j Habitant audit quartier de l'Ester, 6i Dame , &

Port-de-Paix , dans cette côte pour elle Se en fon nom }} Je la Paroijfe de Notre-Dame du ,

mère, l'effet des préfentes »?. » d'autre part, & aiuorifJe de ladite Dame Dubois fa à

Remarquons qu'il n'est pas question dans ces actes de Jean-Martin Aubry. Il étoit en

France à cette époque.

Mais le Sieur Pageot meurt, & Marîe-Magdelcme Aubry, fa veuve , fe remarie le 24 >- Octobre 1714, à Barthelcmi Simon. Nous rapportons &le contrat de ce fécond mariage,

& l'acte de fa célébration.

dit Marie-Magdeleine Aubry est défignée dans l'un & dans l'autre , nous l'avons déjà , veuve de Marie du Sieur Jacques Pageot , native du Port-de-Paix , filie du Sieur Martin Aubry & Dame

mère. Ceci prouve fa naiflance mais on défigne au contrat les parens Dubois , fes père & ;

parens ? . . qui y ont afilsté de la part de Marie-Magdeleine Aubry ; & quels font-ils ces .

» Et de la part de ladite Dame fiiture époufe , de ladite Dame Dubois fa mère, DU

i, SIEUR JEAN-MARTIN AUBRY SON FRÈRE ....

Jean-Martin Aubry a figné le contrat où il est établi frère de Marie - Magdelelne

Aubry , & l'acte de célébration de ce mariage.

Et il n'existe pas de preuve de la parenté de Marie-Magdeleine & de Jean-Martin Aubiy ! Mais pouffuivons.

Le Sieur Simon & Marie-Magdeleine Aubry ont une fille nommée Louife-Amable Simon.

Elle a été baptifée dans la Paroifle de la Petite- Rivière de l'Artibonite , le 12 Mars 1719.

Louife-Amable Simon époufe Jean-Jacques Caradeux le 7 Avrl 1739. Nous rappor-

tons & l'acte de célébration & le contrat du 17 Mars précédent. Voici les termes du contrat de mariage.

» Et Dame Mirie-Mûgdeleine Aubry , veuve en dernières noces de feu Sieur François

» Monot-Regnault , Habitarfte , demeurante en cette Paroiffe ( du Cul-de-Sac ) , Jlipulant

- » pour Demoifelle Lcuife Amable Simon , fa fille mineure , & de Sieur Barthelemi Simon

3) fon père , vivant demeurant au quartier de l'Artibonite. ».

L'acte de célébration portî aufTi , u & Demoifelle Louife-Amable Simon, native de

Si cette ParoilL - , filk en IJgitime mariage du Sieur Barthelemi Simon & Marie Magdelsm

s> Auiry , veuve en dernières noces du feu Sieur François Monct - Renaud , HnOwitr)»

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t5 I ]

l'état oes Sieurs Caradeux, ccnfirnrent Ces deax actes prouvent incontestabkmeiit & le contrat, n'y Marie-Magdeleine Aubry ; mais en confultant leur defcendaiice directe de delà parenté de Mme-Ma^ddeme Aubry-, éi trouverons-nous pas auffi une nouvelle preuve petits-enfans avec Jean- des Sieurs Uradcu^c leurs enfans & , Louïfi Amable Simon fa filk,

Martin Aubry ?

parens qui ont affisté? Sans doute on les N'aura-t-on pas dans ce contrat défigné les y

a défignés, & voici ce que nous y liions.

époufe {Lomfe-Amable Stmon) ,à^^ Sieur Jean- « Et de la part de ladite Dame future demeurans en cette Roblneau époufe, Habltans , „ Martin Aubry & Dame Urfule , fin de ladite future époufe ». » Paroiffe^ ONCLE MATERNEL étante Magdekke lecture de ce contrat ; & après que Marie- Ce n'est pas tout , nous continuons la trouvons. Simon fille , nous Aubry, veuve Renaud, a doté Louife-Amable fa y

Sieur Sieur & Dame Auhy autorifée dudit « En faveur duquel futur mariage, lefdhs tare- de dot, ladite Dame future , ont fait don auffi à à ^ Ion époux, oncle & tante fusdits audit Sieur futur époux, le dix mille Hvres qu'il compteront „ époufe de lafomme de , époufe prédécède fon futur dans le cas que la future „ jour L époufailles, laquelle, au paiement de laàt* reverûble aux donateurs; obligeant „ époux fans laiffer d'enfans, fera tous un chacun foHdairement un feul pour les deux, & „ fomme de dix mille livres, immeubles, préfens & à venir ». » leurs biens, meubles &

Magdeleme Aubry. Il , au contrat de Mark A- r r »r V Aubry^„Arv allisteartiste en 1714I7I4. » Ainfi, Jean-Mamn , • „„ j^ iv^fant 'm J «ê"'' » avoi. a

fueceffionl On laffi.me. O, Ai;yl Ils on. 0!^ fa it fon. éTanger, à /.«,-JVto» & Mag„„,s,pou, .n,.,nne où cela es. conf.gné.a» LtL. On ;éfen.e le Mémoire

'-''"-°" """" " pateur, Vo" « P« «°P * *P°* '' promis l'impunité-î nous venons de préfenter : fe bornent à ce que - nos preuves Et que l'on n'imagine pas que multiplier fous notre plume. elles femblent fe comme /?^. de MaA. Aubry ^^Krsth au mariage de 17M Si d'un côté Jean-Martin onele maternel de celui de -me ~^ à ,739 4i^: 14, Martut au^^J^^manage de /... Aubry afT^ter- à fou tour ^L on voit Marie -msdelâne en 1724- Aubry avec Urjule Robinsau,

(llS!l!i!Ji»]^B«fay>i%»t4«;'r.»-4r/;5K«>^*w»«^i».-. [i6]

est du Le contrat 19 Janvier; on y voit au nombre des païens du Sieur Jean-Mm'tn 'Aubry .... Demoijelle Marie- Magdele'me Aubry fa feur, femme du Sieur BanheUmï Simon,

Elle a figné le contrat & l'acte de célébration , Aubry Simon,

Dans ces deux actes, Jean-Martin Aubry est défîgné (comme Marie-Magdeleine Anbry fafœur lavoit été lors de fes deux mariages, en 1709 & 1714), natif du Port -de-

Paix , fils de défunt Sieur Martin > & de dcfunte Dame Marie Dubois , fs père & mère.

Il est donc mi évident déjà que Jean-Martin Aubry étoh frère de Marie-Magdeleine Aubry, oncle de Louife - Amable Simon il ne pouvoit & ; donc pas être étranger aux Sieurs Cura- deux, enfans de Louife - Amable Simon petits , enfans de Marie-Magdeleine Aubry>

Veut - on encore de nouvelles preuves de cette dernière vérité , du lien qui uniflbit direc- tement le Sieur Aubry aux enfans Caradeux?

Le premier de ces enfans , ManV Caradeux, a été baptifé le 25 Avril 1749 ; elle a eu pour parain le Sieur Georges Simon, fon aï;ul maternel, & pour maraine, Dame Anne Villeroy , fon aïeule paternelle.

Le f.cond est Jean-Baptiste Caradeux, (Te Sieur Caradeux aîné). Par qui a-t-U été pré- fenté au baptême h Mai Par , 30 1742? Antoine Caradeux fon oncle, par Dame £/r/«& Robineau , époufe du Sieur Aubry riï , Habitante à Bellevue , fa grande tante.

Le troifième est Urfule Caradeux (la Dame de Rocheblanche ) : elle a été baptlfée le 25 Octobre Quel est fon 1744. parain ? Quelle est fa maraine? Jean-Martin Aubry, Écuyer, Confeiller Secrétaire du Roi...... Dame Marie - MagdeUine Aubry, veuve Renaud , Habitante,

Ainfi le frère la fœur fe réunifTent encore & une fois dans un de ces actes pubr.cs, effen- ' 'fi tieUement destinés conferver tranfmettre à & les liens des familles. Ils avoient réciproquement affisté à leurs mariages. La nature avoit refufé au Sieur Aubry cette jouiffance fi douce da fevoir renaître dans fes enfans. Ceux de fa fœur méritent tout fon attachement. Il concourt avec elle au mariage de fa fille. Il la dote comme elle. Il s'afTocie la Dame Urfule Robi- neau fon époufe, dans cet acte qui fatisfait fon cœur. Il appartient aux aïeux de préfenter àl'Éghfe las premiers re;;tons de leurs enfans; c'est une loi de famille dont on ne peut s'écarter fans leur faire une efpèce d'xnjure. On l'obferve pour le premier enfant Caradeux; mais la Dame Aubry est maraine du fécond. Mais le Sieur Aubry grand oncle, & fa feur aiede maternelle, nomment le troifième. On ajoute ainfi le lien fpirituel à celui de îa^ parenté on a ofé , & dire qu'il n'en existoit aucun entre ces deux familles ! Qu'il est dégoûtant d'avoir à combattre de pareilles abfurdités ! Hâtons-nous d'achever un détail qu'on eut bien dû nous épargner. Nous touchons à fa fin,

la

;i: t'\:

^ foeur du Sieur La Aubry , Marie-Magddcine , mourut le 4 Mars ij'^ï. Son extrait mor-

tuaire est rapporté. Et où mourut-elle ? yâr l'hahltation de M. Auliy? Où fut-elle enterrée ?

dans rÉgKfe, fous U banc de M. Aubry. Comment est - elle défignée? Marie - Magdeleine Aubry, veuve dernières en noces de M. Monot-Renaud , native de la ParoiJJ'e du Pon-

de-Paix , âgée d'environ 58 ans. Tout cela est écrit dans l'acte de fépulture.

Pays l'air les Dans un où & infectes femblent travailler à i'envi à la destruction de ces

dépôts fi effentiels pour l'état la fortune des & Citoyens , comme l'ignorance & le climat

fe réuniflent trop fouvent pour celle des hommes eux-mêmes; dans un pays où la décom-

pofition est fi prompte qu'un œil attentif , peut en appercevoir les progrès, où l'on entend

pour ainfi dire le continuel , mouvement de ces reptiles dévorans , comme on femble

fentir le vent de la faulx qui moiffonne les il individus; est difficile, il faut l'avouer, il feroit rare de pouvoir fuivre l'existence de plufieurs êtres pendant autant d'années oue nous

de le faire pour celle - - venons de Jean Martin , de Mark Magdeleine Aubry & de leur

famille. Il feroit peut-être impoflîble de réunir autant d'actes pour le complément de la preuve

faire qu'on auroit à , & de les trouver dans l'état où il faut les offrir à la Justice pour qu'ils

obtiennent fâ confiance.

Il nous en reste encore quelques-uns qui n'ajouteront rien à la conviction déjà acquiie; mais qui la continuent jufqu'aux instans voifins du décès du Sieur Aubry.

La Demoifelle Urfule Caradeux époufa le la Sieur Toifon de Rocheblanche , en 1761; Leur contrat de mariage fut pafTé le 29 Octobre. II y est dit que les parens ont contracté avis du cpnfell , & confemement de M. Jean-Martin Aubry , Écuyer , Confêiller Secrétaire

du Roi , Malfon, Couronne de & de fes Finances , demeurant fur fon habitation

du Cul-de-Sac , oncle commun des parties , & PARRAIN de la future époufe .....

Sieur étoit effectivement l'oncle Le Aubry du Sieur de Rocheblanche , mais par alliance

feulement. La fœur de la Aubry , Laurence Dame Robineau , avoit époufé le Sieur Henry

la Toifon. L'acte de célébration de ce mariage est du a8 Janvier 1709. Nous le rapportons.

mariage des Sieur de Lors du & Dame Rocheblanche, le Sieur Caradeux aîné étoit

Il avoit en France. y été envoyé par le Sieur Aubry. C'étoit le Sieur Aubry qui faifoit lui-même les frais de fon éducation. Nous en trouvons la preuve dans l'inventaire fait après le décès du Sieur Aubry, en 1763. Il y est dit :« une lettre du Sieur Charret,

» Négociant, au Sieur Aubry, du 9 Décembre 1760^ concernant l'éducation du Sieur Cara.- .'•

» deux fils & la fixation de fa pcnfion )?.

Le Sieur mourut Aubry le i.j Février 1763 , âgé d'environ 80 ans. Les fcellés furent appofés le ' jour même de fa mort , & nous remarquons que cette opération fut commen- cée en préfence du Sieur Caradeux père , mais qu'il ne put figner le procès verbal , parce G

f iM.,!intmiisims!^^ .^'.^^igff,- f'M [i8]

cru'î! setoit retiré pour accompagner le corps du défiint. Ce foin n*e5t pas ordinairement confié à un étranger.

Pourra-t-on déformais élerer des doutes & des foupçons injurieux fur la parenté des Sieurs

Caradeux avec le Sieur Aubry ? Il arrive quelquefois qu'une fucceiîlcn est dévolue à de*

parens très-éloignés , dans des familles où les alliances fe font multipliées en fe croifant

même, où la multiplicité de noms & furnoms uniformes, où l'inexactitude dans la décla-

ration de ces noms & furnoms préfentent des idées difficiles à concilier : que cette confufion

fafle naître l'incertitude & les procès qui la fjivent , cela n'est pas bien étonnant ; les

concurrens peuvent être tous de foi qu'ils même bonne , parce font abufés par des actes qui

femblent favorifer également les prétentions de chacun , & flatter leur ambition.

Mais que dans la fuccefîion du Sieur Aubry, qui n'ayant point dj postérité directe,

n'avoir qu'une fœur qui n'avoit elle-même qu'une fille , dans une famille compofée unique-

ment de trois individus aufîl distincts par leur nom que par leur état & leur fexe, dans

une fucceffion ouverte pour des petits-neveux , on ait eu la témérité de nier l'état de la

fœur la nièce des , de & petits-neveux , auffi clairement prouvé , auffi constamment & tant de fois reconnu & constaté par des actes publics, communs & même réciproques, voilà

ce qui n'est pas croyable. Il faut que la paffion & l'aveuglement qu'elle pioduit fe foient

réunis, pour mettre en pro blême des vérités auffi palpables.

Il est prouvé ou rien ne le fera jamais - , , que Jean Martin Aubry & Mar'ie-Magdek'me Aubry étoient nh au Port-ie-PtùXy du mar'uge de Martln-Aubry & de Ahrie Dubois.

Il est prouvé que Jean - Martin Aubry étoit l'aîné de Marie - Magdclclne fa fœur. Elle

mourut en 1751 ^ âgée d'environ ^8 ans. Le Siiur Aubry mourut en I763 , âgé d'environ

Sa ans.

Ainfi il n'y a pas de doute poffible fur la légitimité de Marie-Magdelelne Aubry, née

après fon frère, du même mariage, qu'il n'y en ait auffi fur celle de Jean-Martin.

11 est prouvé qus Jean-Martin S>c Ahrie-AîagdeLine Aubry fe font constamment reconnus '.-. V pour frère & fœur.

- Que Jean-Martin a également reconnu pour yâ tûèce Loulfe Amable Simon , fille légiti- ma elle-même de Marle-M.igdeleine Aubry.

Qu'il n'a pas moins reconnu pour fes net eux les Sieurs Caradeux,•,..,,, enfans de Lomfe-Amabh Simon, petlts-enfans de Marie- Magdelelne Aubry.

Que cette reccnnoiflance a toujours été réciproque pour Jean-Martin Aubry , de la part

àe:Marle-Magdeléine fi faUr, dé Loulfe^ Amable Sirtion fa nkce-, des'Sîéùrs & Dames Cara^

'>fi ''i -•:: ' y'^ 1 1^:"" '' ^^^-fs r^o^ deux fes petits - neveux. ' •;;:: t^::^^-?-" ^'-'"r

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Il est prouvé que jamais II n'y a eu dans cette famijle aucun figne , aucuiie trace , nous ne dirons pas de doute , d'équivoque fur les liens qui en uniiToient tous les membres mais de cet même éloignement , de cette indifférence trop ordinaires, qui, s'ils ne peuvent pas détruire les nœuds que la nature Scia loi ont ferrés, en affoibliffent les preuves, en dimi- nuent le nombre , parce qu'ils en éloignent les occafions.

Nous avons au contraire l'avantage de réunir aux actes constitutifs & probatifs de la parenté des Sieurs Caradeux avec le Sieur Aubry , tels que la loi les prefcrit , une fuite non interrompue de preuves de la liaifon étroite qui existoit entr'eux, de cette liaifon cons-, tante & fuivie qui peut bien fe rencontrer entre deux familles étrangères, mais qui, le plus

ordinairement, '* ' •:'-'''' -'î'? ' ' naît , comme ici , delà parenté ou de'l'alliance. ?

Reprenons maintenant la partie du Mémoire des adverfaires qu'on a employée à l'examen des titres des Sieurs Caradeux, de la page 2.1 à la page 28. - ,'"..-.«.,,..,,,,

Ils davoient, dit-on « , justifier la légitimité de trois degrés de génération, la leur »• celle de lèui^-mère & celle de leur aïeule; il n'est pas feul & un de ces trois degrés 'fur'

'''' ''"''î '' ' lequel ils '' ' » aient répandu le moindre jour par leurs prétendus titrés!'"»

On vient de voir s'il est permis d'en douter encore. Nous n'avons rien laiffé à .defirer fur ces trois degrés. Nous craignons même le reproche d'avoir inutilement accumulé preuves^ fur .preuves, de les avoir peut-être minutieufement détaillées. Mais iorfqu'on a des adverfaires:

qui, nient l'évidence même,, qui, altèrent tout ce qu'ils ' touchent ^, ri^^st-on pas excufable de s'appefantir fur des ponts qui pafferoient d'accord avec un, contradicteur loyal &; de: bonne • foi ? Pouvions-nous d'ailleurs négliger le moindre adminicule fur une question qui n'attaque > pas feulement la fortune des familles nombreufes que nous défendons , qui touche encore à-. leur état ? Nous voulions convaincre les Magistrats auxquels nous devons la vérité dans- ; tout fon jour la portion , & du Public que le Mémoire des adverfaires a pu tromper.

Nous ne répondrons pas en détail à' la difçi^fllon de cette partie du Mémoire. Nous ne:. prendrons pas la peine de justifier de nouveau la naiflance de Marie-Ma^dcUîm Aubry , & î fa parenté avec fon frère, parce qu'on fe permet de douter que la femme qui époufa le Sieur Pageot en fut bien véritablement 1709, Mane-Magdelelne Aubry, Ce doute ridicule disparoît devant les actes les preuves & que nous rapportons. . , \,.\, ,.,• ,-,.,,.;(

Mais pafTerons-nous fous fiJençe c:tte maxime atroce donnée hardiment pour un principe incontestable , a que la déclaration de la nouvelle époufe de Jacques Pageot ne faffit pas -v n fiukmenl pour faire pr fumer qu elle s'appelaityirhahUment MarU-Magdclàne Aubry , au etk » était vraiment n'e au Pon-de-Pdx , loin duquel elle fe mariait, & que fa naijfance avait

» été l'effet d'une union légitime ? On ne peut pas ainfi dit-on - , , fe créer à foi même une s> patrie, des parans,- une famille, tous les & liens de la nature, du fang & de la loi par

.i^^*JWr,WÏ>TO- . .3ffe,^^jj£^^jgjt^ija^iSiéS**gW^ ,

le » un fimple difcours, que l'iiitérà, l'ambition, menfonge peuvent li'ggérer atijii bien «-;«e

» la vérité ".

Ainfi renonciation qui fe trouve dans un acte fait en 1709 , n'ëst pas même une pré-

fompiion aujourd'hui. Ainfi de ce que l'intérêt, l'ambition & le menfonge ont pu fuggérer

à celle qui épûufoit Pageot en 1709, de prendre les noms & qualités qui lui font donnés

par fon contrat , il faut conclure qu'elle a véiitablement ufurpé ces noms & ces qualités.

pas infignifiante. La mention qui s'en trouve dans cet acte , ne peut être abfolument Si

elle ne peut pas feulement faire préfumer que ces noms & ces qualités appartenoient à celle

le contraire. qui les a pris , elle feroit donc préfumer

quel livre , à quelle fource a-t-on puifé de pareils principes ? Un acte , s'il est authen- ''J Et dans tique fur-tout , fait une preuve de ce qu'il contient , tant que l'acte n'est pas attaqué , tant

qu'il n'est pas anéanti , & on ne veut pas l'admettre pour une préfomptîon ! Son ancienneté

rend fon témoignage plus puiflant encore. Ce fentiment est dans la nature. Les Jurifconful-

tes l'ont confacré par un adage: in aniiqiùs eminciativa probant. Et le contrat de 1709

ne vaudroit pas une préfomption! La fraude, le crime en général ne fe préfument pas. Le faux particulièrement doit être prouvé îndkUs luce çlanoritus. Et on veut, fans preuve,

fans le moindre indice même, faire préfumer que les noms & qualités pris par celle qui

contractoit en 1709 étoient autant de fauffetés! On veut qu'elle les ait pris par intérêt,

que pour rendre hommage à la vérité parce qu'ils lui appartenoient 1 par ambition , plutôt ,

Et quel feroit donc cet intérêt, quel feroit donc l'objet de cette ambition? Veut-on encore

elle que cette femme ait prévu en 1 709 , que le Sieur Aubry , dont auroit ufurpé le nom

feroit fuppofée la , cette , dont elle fe fœur , qui à époque n'avoit pas plus de fortune

n'étoit pas marié mourroit un jour fans enfans , laiflant qu'elle , qui encore, une fortune

- confidérable , & qu'elle ait dès-lors médité pour fes petits enfans le projet de leur faire

paffer cette fortune!

Ah ! qu'on nous prive plutôt de la faculté de raifonner , fi nous pouvons jamais en

abufer à ce point , fi nous pouvons jamais avancer de» principes auflî abfurdes , aufli révol'.

tans , auffi destructeurs de la tranquillité publique. Eh ! oîi en ferions-nous fi nos actes de

famille , fi les contrats de mariage ne valoient pas même des préfomptions fur l'état des

perfonnes .-' On a vu , au furplus , fi nous fommes réduits à des préfomptions fur l'état de

Marle-Magdekine Aubry , fur fon nom , fur fa parenté avec le Sieur Aubry.

Les adverfaires paffent enfiiite à l'acte baptista're de Marie Aubry. Il est , difènt-ils , plus

contraire qu'avantageux à ceux qui If produifoient. Il prouve que la feule fille dont Martin

Aubry ait été père fe nommoit Marie Aubry & non Marie-Magdekine , & qu'elle étoit née à Léogane & non au Port-de-Paix.

Que ce raifonnement appartient bien à Fauteur du précédent ! Gjmme fa teinte d'abfi»-»

5^ >4iiii ,

dite fe fourient ! L'acte du baptême de Maria Aubry proure que Martin Aubry a eu au fLirt'ur de Léopane, ims filld nommée Marie ; mais il ne peut pas prouver que Marie ait

été la feule fille de Martin Aubry qu'il n'en ait pas eu une autre nà au Port-de-Pmx, & , nommée Miirk'-Ma^delelne, La naiflance de Marie - Magdekine au Port-de-Paix est prouvée jufques à l'évidence,

concerner perfonnellement Marie-Magdeleine Aubry, jufques dans fon extrait mortuaire.

La naiflance des Sieurs Caradeux eux-mêmes n'échappe pas à la critique de leurs adver-

faires. Leur père , dit-on , s'appeloit Jean , & le troifième de leurs titres est un acte de célébration du mariage de Jean-Jacques Caradeux. Jean & Jean-Jacques étoient deux indivi-

dus, La preuve de leur identité ne feroit pas fuffifante. Il faudroit encore établir que c'est

il Sieurs Caradeux font enfans ,• cela n'est justifié. Il du Caradeux dora s'agit , que les pas est tout naturel de penfèr qu'ils avoient pris pour père Jean Caradeux & non Jean-Jacques y

qui s'est marié en 1739 , & que leur père avoit époufé une femme qiû n'étoit pas moins

étrangère que lui au Sieur Jean-Martin Aubry ...... Ils ne prouvent ni qu'ils foient enfans

de Jean Caradeux &c de Louife-Amable Simon , ni que celle-ci ait été fille légitime de

Marie - Magdeleine Aubry , ni que Marie - Magdeleine Aubry , dont il est parlé dans les

actes de 170^ & de 1739 , ait été fœur légitime de Jean-Martin Aubry.

La clarté de ces vices de leur prétention , est trop grande pour qu'il puifle rester là-deflus

quelque doute . . , , . . . ( Page 3,4 ).

Quel galimathias ! Quel langage ! Quelqu'un a-t-il jamais apperçu la grande clarté des vices d'une prétention ? Mab paflbns fur les mots.

Que fignifie donc cette confiifion affectée de Jean & de Jean-Jacques Caradeux ? Que les

Sieurs Caradeux fuflent iflus de l'un ou de l'autre , rien ne feroit plus indifférent. Ce n'est

pas par leur père , mais bien par leur mère qu'ils appartenoient à Jean-Martin Aubry. Ainfi

ils ont prouvé tout ce qu'ils avoient à prouver, s'ils justifient qu'ils font enfans légitimes

de Louife-Amable Simon , fille légitime elle-même de Marie-Magdeleine Aubry , fœur de

Jean-Martin. Peu importeroit que leur père s'appelât Jean, ou Jeav.-Jacques Caradeux,

Mais il n'y a pas plus d'incertitude fur le nom de leur père que fur la filiation de leur

mère. Le contrat de mariage & l'acte de célébration de 1739 prouvent que Louife-Amable

Simon fut mariée à Jean-Jacques Caradeux. Les extraits de baptême des Sieurs Caradeux

& de leurs fceurs, difent aufll qu'ils font enfans légitimes de Jean-Jacques Caradeux & de

I^uife-Amable Simon. Il n'y a donc pas même de prétexte à l'équivoque qu'on a voulu

père. faire fur le nom du Sieur Caradeux : i".- .

t^Jjg^(g^jgg|;gi;ç>fc5*5S*âï»iMfi^»|f^^ ,

[ " 1 abufer Peut-être a-t-on voulu de ce que le testament du Sieur Aubry ne le défignolt

que par 1; nom de Jean mais cette erreur cette ; , omi/lïon d'un des noms de baptême dii

Sieur Caradeux père dans un acte qui n'est ni de fon fait , " ni de celui de fes enfans peu- t , vent-elles empêcher qu'ils ne foient enfans légitimes de Louifi-Amahle Simon, nièce de Jean-

Martin Aubry ? Il s'enfuivroit tout au plus que s'il eût existé à la même époque un Jean

auquel toutes les Caradeux autres défignation . de cet , article du testament du Sieur Aubry fe fuflent adaptées ce Caradeux pu difputer , Jean eût au père des Sieurs Caradeux l'applica-

tion du legs qu'il contenoit en fa faveur. Mais rien n'est certainernent plus étranger à la filia-

tion des Sieurs Caradeux , à leur parenté avec le Sieur Aubry ; ce n'est pas parce qu'ils

font fils du Sieur Caradeux , défigné par le testament du Sieur Aubry , qu'ils ont été appelés la de celui-ci mais à fùcceffion ; parce qu'ils étoient iffus légitimement de Louife-ylmable Simon.

Voici une autre objection tranchante décifive fans , , réplique , fuivant les adverfaires. Et

d'où la tirent -ils? Du testament du Sieur Aubry? De la lettre de ce testament? De ce

testament? De fes expreffions ? De ce qui s'y trouve? Pomt du tout. De fon fUence

de ce qui ne s'y trouve pas exprimé. Cela promet du f)ofitif , de l'énergique,

Sieur léguoit au Sieur . Le Aubry Caradeux père, la joiùjfance, fa vie durant,' d'une

terre à Belkvue , dont il jouijfoit déjà , appartenante au Sieur Aubry , pour être réunie après la mort du Sieur Caradeux à tous les autres biens du Sieur Aubry.

Il a enfuite institué fes légataires uiiiverfels & légitimes héritiers , fes plus proches parens

& héritiers du fang, MiOq •j\,w.-';. cvu v

Il n'a -défigné le Sieur Caradeux père que parla qualité d'Habitant à Belkvue. Il n'a pas

dit que les enfans du Sieur ' Caradeux fuflent fes plus proches parens & héritiers du fang.

Voilà, voilà, s'écrie-t-on, des preuves évidentes du défaut de la parenté que les Sieurs

Caradeux s'attribuent. Si elle existoit, le Sieur Aubry ne l'auroit pas ignoré. S'il l'avoit recon-

nue, feroit-il poffible qu'il eût conçu fon premier legs & fa dernière difpofition dans /e^-- termes qui les forment}

Le Sieur Caradeux auroit été le gendre de la fœur du Sieur Aubry, l'ancien mari de

nièce, neveu, le fa kn père de fes petits-neveux, & au moins d'une partie de fes héritiers;

le SleUr Aubry auroit il écarter pu toutes ces qualités, tous ces liens, & ne le défigner que

par fon nom feul de Jean fa feule Caradeux & qualité d'Habitant à Bellevue ? Ce nom cette qualité donnent du Sieur Caradeux l'idée d'un homme étranger au testateur.

Il en est de même continue-t-on , , du legs-univerfèl. Le Sieur Aubry aurôit-il pu ne pas les défigner nominativement, ' s'il les eût comptés au nombre de fes héritiers? Il les

avoit vu naître. Il étoit ^ au milieu d'eux. Ils euflent été les derniers rejetons apparens dé la famille. Ils euffent réuni fon propre nom à celui de Caradeux. Ils fuffent nés fous fes yeiù:.'**

fr*s.x*î!»rfRi?" t^3] Suivant l'ufage général des familles, // eût dû enfin en avoir prifenti luï-mme quelque -um à l'Autel.

Tout démontre donc , difent les adveifaires Iîs , que famillas Caradeiis & Aubry n'ont jamais été unies l'une à l'autre; les titres de la première ne prouvent pas l'union. Le testa- ment du Sieur Aubry atteste quelle n'exista jamais.

Est-ce aflez d'inconféquMces ? Est-ce aflez de fophifmes? Nous pourrions fans doute nous borner à répondre : La parenté des Sieurs Caradiux avec le Sieur Aubry est démon- trée. Elle l'est par une foule d'actes émanés du Sieur Aubry lui-même, & communs aux deux familles. Son testament est du lo Août 1762. A la^fin de l'année précédente, il avoit

affiité au mariage de la Demoifelle Caradeux avec le Sieur de Rocheblanche , & il y avoit pris la qualité d'oncle commun. 11 etot donc impoffible qu'il ignorât, qu'il méconnût en. lors de 1762, fon testament, ce qu'il avoit reconnu toute fa vie., ce qu'il avoit fait constater légalement en 1742, après l'avoir déjà figné dans le contrat de Marie-Magde-

Seine Aubry en le 1714 , dans fien propre en 1725 , dans celui de Louife - Amable Simon en 1739; ^- ^' <î"2 'e Sieur Aubry, en parlant du Sieur Caradeux père,

n'auroit pas ajouté qu'il étoit fon neveu ou l'ancien mari d; fa nièce j de ce qu'en parlant

fes de plus proches parens & héritiers du fang , il n'auroit pas dit que ces parens , ces

héritiers étoient les enfans du Sieur Caradeux, ou que du-moins ils étoient de ce nombre

pourroit-il jamais en réfulter que le Sieur Caradeux père n'eût pas réelhment époufé Louifê-

Amable Simon qu'elle > , ne fût pas la nièce du Sieur Aubry Il femble qu'il feroit plus

naturel d'en conclure que le Sieur Aubry n'a pas penfé qu'il eût bcfoin d'exprimer ce qui étoit notoire avéré tous & pour ceux qui l'environnoient , pour le Public comme pour lui-

même. Il n'a pas pu prévoir qu'on mît jamais en question qu'il fût allié du Sieur Cara-

deux dont il avoit doté la femme comme fa nièce, qu'd fût le grand-oncle des enfans de Loulfe-Amable des Simon, petits-enfans de Marie-Magddeine Aubry fa fœur , dont il avoit fait constater l'état & la naiffance en même-temps que les fiens en 1742, au mariage de laquelle il avoit aflisté en 1714, qui avoit afîîsté au fîen en 1724, avec laquelle il avoit pafTé toute fa vie , qui étoit morte chez lui.

Mais au moins le legs fait au Sieur Caradeux père par le Sieur Aubry fuppofe-t-il - quelque haifon entr'eux. Il lui lègue l'ufafruit. d'une terre dont il jouijfoit igi,du vivant du

Sieur Aubry. C'est par cette difpofition que commence le testament; & quel pouvoit être •

îe motif de cette difpofition particulière & perfônnelle au Sieur Caradeux père? 11 fe pré- fente naturellem.nt à celui que la prévention n'aveugle pas.

Le Sieur Caradeux n'étoit pas parent du Sieur Aubry. Il n'étoit que fon allié; Il ne lui fuccédoit pas. palToit aux La fucçeffion enfans Caradeux , dont la mère ( Louifo 7 Amable .

Simon) étoit morte en 1754. le Sieur Aubry veut affurer au Sieur Caradêiix père la çontk:n >

[ M ] nuatïon paifibk de la jouiflance qu'il avoir déjà commencée d'une terre qui appartenoit au

Sieur Aubry. Voilà le motif du legs , & il étoit bien inutile pour fa validité , pour fes

effets pour l'exécution de cette volonté du Sieur qu'il , Aubry , y exprimât ce qui étoit

ceux les l'un l'autre connu de tous qui connoiflbient & , que le Sieur Caradeux avoit époufé

i'i qu'il étoit nièce , le père de fes petits-neveux.

Pour ce qui est du legs univerfel & de la manière dont il est conçu , il est incontesta-

ble qu'il n'a rien changé à l'ordre établi par la loi elle-même. Si le Sieur Aubry fût mort

fans tester fa fucceffion été , eût dévolue à Ces plus proches parens & héritiers du fang. II

a adopté par fon testament la difpofition de la Loi. Il n'a fait que la répéter

Si cette partie du testament avoit pu être fufceptible d'interprétation , elle eût même été

toute entière à l'avantage des Sieurs Caradeux. Ils font iflus de la fœur germaine du Sieur (fi. Aubry. Ils font donc plus exactement, plus littéralement héritiers de fon fang que tout

autre héritier pofTible qui auroit appartenu au Sieur Aubry par fes afcendans; mais notre

Droit n'admet point ces distinctions & ces nuances. Il a d'ailJeuîs été jugé avec le Sieur Caradeux que les autres parens du Sieur Aubry dévoient venir concurremment avec eux à

cette fucceffion , s'ils étoient parens au même degré.

Ainfi , pour être admis à recueillir la fucceffion du Sieur Aubry , pour en être faifis

comme ils l'ont été, il fuffifoit que les Sieurs Caradeux fuflent fes plus proches parens

ils étoient les petits-fils de fa fœur unique ; , & dans la foule des concurrens dont la fortune

du Sieur Aubry a excité l'ambition , il ne s'en est pas encore préfenté ni annoncé un feu!

qui ait prétendu être fon parent à un degré plus proche que celui où les Sieurs Caradeux

font placés. Les adverfaires eux-mêmes, nous le verrons ailleurs, ne demanderoient qu'à être admis concurremment , quoiqu'on ait le front de réclamer en leur nom l'univerfàlité.

Or nous avons démontré , à ce point d'évidence qu'on ne peut pas toujours atteindre

fur les filiations - , que les Sieurs Caradeux étoient tes petits neveux du Sieur Aubry. Et

par quelle fatalité étant fes petits - neveux , n'existant pas de parens plus proches , fe trou-

veroient - ils donc exclus par le filence du testament qui appelle cependant les plus proches

parens , comme la Loi les auroit indiqués elle-même ?

Parce que , dit-on , le Sieur Aubry auroit les défigner pu nominativement , parce qu'il n'est pas vraifemblable qu'il ne l'eût pas fait , s'il eût reconnu effectivement les Sieurs

Caradeux pour fe« petits-neveux pour fes plus , proches parens , pour fès héritiers.

Il est bien question de ce que le Sieur Aubry auroit pu faire. Il s'agit bien ici de vrai-

femblance ,- de conjeûures , de préfompt'ions. Qu'ont donc fait en ce moment nos adverfaires de leurs grands principes fur la néeeffité Réprouver fa parenté, pour être admis à recueillir " une fucceffion? u

y. j^^^^ ,

[ M ]

Le testament &: la Loi défèrent celle du Sieur Aubry à fes plus proches parens , à fes

héritiers du fang. Les Sieurs Caradeux font constamment fes petits-neveux ; il n'existe pas

de parens plus proches. Ils dévoient donc recueillir cette fucceffion ?

Si le testament n'existoit pas , les Sieurs Caradeux ne feroient pas défignés nom'maùvemeiit

par la Loi. En feroient-ils moins héritiers }

La difpofition du testament n'est autre chofe que la répétition de celle de la Loi, la volonté

du Sieur Aubry exprimée par lui-même , qu'il vouloit que fa fucceffion fût recueillie par

ceux que la Loi y appeloit. Ils ne font pas plus défignés nominativement par le testament qu'ils l'eufFent été par la Loi. Comment donc ofe-t-on dire & écrire que ceux qui font

appelés par la Loi & par le testament , fous la défignation générique de plus proches parens,

d'héritiers du fang, font exclus parce qu'on ne les a pas défignés nominativement? Pro- * pola-t-on jamais de paradoxe plus révoltant ?

L'expreffion de la volonté du Sieur Aubry fur le legs univerfel n'a certainement rien

d'étonnant ; rien n'est au contraire plus familier , plus ordinaire que cette difpofition. Après

avoir fait des legs particuliers , après avoir manifesté toutes fes volontés dernières , le

testateur qui n'a pas difpofé de tout qui ne veut pas en difpofer qui veut que le reste , , , X la naturelle de fa fortune fuive destination de la Loi & civile , qui en refpecte le vœu

déclare laiffer le farplus de fes biens à fes plus proches parens , à fes héritiers naturels. Cette

difpofition n'a jamais donné lieu à des difficultés, à des doutes. Jamais il n'est venu

dans l'idée de perfonne de difputer ces biens aux plus proches parens , parce que leurs noms

s'y trouvoient parce qu'ils auroient pu être parce qu'il n'étoit pas ne pas , y , à préfumer

que le testament ne les eût pas exprimés. Il étoit réfervé aux adverfaires des Sieurs Cara-

deux de trouver leur exclufion dans l'acte qui n'ajoute rien au droit que la nature & la Loi

leur donnoient , mais qui ne peut pas l'affoiblir en le confirmant»

Veut-on , au furplus , appercevoir toute l'abfurdité du raifonnement tiré du iîlence du

testament fur la défignation nominative des plus proches parens du Sieur Aubry ? Les adver-

saires invoquent eux-mêmes ce testament & renonciation qu'il contient. Ils difent eux-

« la difpofition de l'homme celle de la Loi fe réunifient même ( page 6 ) , & donc pour. » affurer la fortune du testament à fes plus proches parens & héritiers du fang v.

De ce que le testament ne défigne pas les Sieurs Caradeux pour être fes plus proches parens , ils induifent enfuite qu'ils ne l'étoient pas ; ils foutiennent au contraire que c'est

à eux, Sieur & Dame Aubry qu'il faut appliquer cette intention, cette volonté du

Sieur Aubry, parce qu'ils prouvent qu'ils étoient fes plus proches parens, quoiqu'ils n'y

foient pas plus défignés nominativement que les Sieurs Caradeux.

Mais qui peut donc autorifer deux conféquences aulTi diamétralement oppofées de la même D ,

{ .6 ]

dirporition ? Quoi ! la parenté des Sieurs Caradeux est prouvée. II est démontré qu'ils étoient

les plus proches parcns du Sieur Aubry. Il est incontestable que la fucceffion appartient aux

plus proches parens , & les Siem-s Caradeux leroient écartés parce qu'ils ne feroient pas

défignés nominativement !

Rien ne prouve, & nous l'établirons, la prétendue parenté des adverfaires. Ils ne feroient degré que Sieurs d'après eux-mêmes , parens qu'au même ks Caradeux. Le testament ne les

défigne pas plus que les Sieurs Caradeux, & ils leroient appelés comme étant ks plus

proches pjrcns que le Sieur Aubry auroit défignés par Ton testament pour lui fuccéder ! Il

faut être patient pour difcuter férieufement ce qui ne mériteroit que le mépris & la dérifion.

Nous donnons à ces expreflîons générales du testament du Sieur Aubry un tout autre

fens , une toute autre valeur que ceux que les adverfaires s'efforcent de leur prêter.

La lecture de ces mots a fiifR d'abord pour nous convaincre que la fucceffion du Sieur

Aubry devoir néceïïairement pafler à fcs plus proches parens , puiiqu'il le vouloit avec la

Loi. Il feroit quelquefois dangereux & même injuste de s'attacher fervilement à la lettre

des actes. Il vaut mieux fouvent en confulter l'efprit & redreffet par une interprétation faine

& raifonnable une expreffion dont celui qui faura employée n'aura pas fenti la valeur & la

il est auffi fi fi force. Mais des difpofitions claires , des actes précis , que toute l'habileté

d'un interprète échoueroit contre la lettre qui les exprime. Le testament du Sieur Aubry est,

il faut l'ax'ouer , de cette dernière efpèce. On s'épuilêroit envain pour en contourner, pour

contraindre pour défigurer le lens. raifon la justice toujours. en , en La & y ramèneront

Il demeurera toujours constant qu'il a voulu ce que la Loi auroit voulu pour lui, que fes

plus proches parens fujfent fes héritiers. Et fut-il jamais de difpofition qui méritât mieux

d'être , il fut s'écarter celle la fois le refpectée dont moins permis de , que qui exprime à

vœu de la nature , la difpofition de la Loi & la volonté de celui à qui la nature & la

Loi permettoient de ne pas fuivre leur voix , mais qui n'a écouté & voulu fuivre qu'elle.

Réiervons cette faculté de restreindre ou étendre la valeur & l'effet des actes pour ceux où

îa foibleffe & la paffion , la violence & la fraude auront gêné les mouvemens libres qui

doivent les diriger, pour ceux qui s'écartent des Loix naturelles & civiles fur lefquelles ils

doivent être mefurés : la raifon & la justice le permettent. Elles le veulent. Mais faire plier,

fous une interprétation fubtlle & forcée des volontés claires, certaines autant que justes &

fages, ce feroit abufer criminellement d'un droit qu'il faudroit plutôt s'interdire que de le

profaner. Ce feroit mettre le mal & fes pernicieux effets à la place du remède falutaire

que les Loix ont permis aux Juges d'y appliquer.

fouffrir Si la volonté du Sieur Aubry est trop claire , trop exprefle pour permettre , pour

d'inquifition est finterprétarion , pourquoi vouloir pénétrer fon intention ? Cette efpèce

inutile à l'exécution de fon testament. Mais au moins n'est-il pas défendu de prefl'entir la

caufe qui qui diriger fon a pu le déterminer , & on va voir combien les motifs ont dû

M

n<^.^ (-7 1 testament ëtoient oppofés à ceux que les adveifaires lui ruppofent. Nous ne voulons poiîr h prouver les que oppofer à eux-mêmes & comparer les difpofitions du testament.

Le Sieur Caradeux père étolt étranger , dit-on , au Sieur Aubry , puifqu'il l'a déflgné par fon nom feul fa qualité & d'Habitant , fans y ajouter aucune expreffion qui défignât leur parenté ou alliance.

Les enfans du Sieur Caradeux auroient été nommés dans le testament fi le Sieur Aubry les eût reconnus pour fes parens. Comment eût-il négligé de défigner nominativement

ceux qui aaroient été les derniers rejetons de fa famille, qui euffent réuni fon nom à celui de Caradeux qui fuffent nés qui euffent , , été élevés fous fes yeux , dont il eût reçu les

carefles dès le berceau, dont quelque-uns euffent dû être préfentés par lui-même à l'Autel?

Lorfque les adverfaires s'exprimoient ainfi , ils penfoient faire l'énumération de tout ce qui manquoit aux Sieurs Caradeux pour prouver leur parenté avec le Sieur aubry. Ils ne font pas heureux, les adverfaires des Sieurs Caradeux! Ceux-ci cumulent toutes les preu- ves dont on les croyoit dépourvus , du-moins toutes celles qui étoient poffibles. P- Ils ne réuniffent pas le nom d'Aubry au leur parce que leur , mère s'appeloit Simon &

non pas Jubry mais ils font les j derniers rejetons de la famille du Sieur u4ubry. Il est mort fans postérité directe. Les Sieurs Caradeux font les petiti-enfans de fa fœur unique.

Ils font nés , ils ont été élevés fous les yeux du Sieur Aubry , & plufieurs dans Cà maifon. Il a donc pu recevoir leurs careffes dès le berceau. Il a prJfenté à l'Autel l'un des enfans Caradeux la , Dame de Rocheblanche ; & avec qui a-t-il concouru à cette cérémonie: religieufe ? dwc Marie-Magdelàm Aubry fa faur, aïeule de l'enfant que l'on baptifoit.

Son attac'nement pour ces enfans ne s'est pas borné à leurs premières années. Ee Sieu? Caradeux aîné fon petit-neveu , , comme tous les frères & fœurs, étoit le filleul de la. Dame

Aubry. Le Sieur Aubry fa femme lui & avoient voué une affection particulière. Ils l'avoient envoyé en France. Us faifoient les frais de fon éducation. Cétoit le Sieur Charret. corref- pondant du Sieur Aubry qui fourniffoit. , y Et dans quel temps le Sieur Caradeux aîné recevoit-il du Sieur Aubry ces marques de tendreffe & d'intérêt vraiment paternels .> En

1762 , precifément à l'époque où le Sieur Aubry faifoit fon testament. Enfin , dix mois avant fon t:stameni: le Sieur , Aubry avoit concouru au mariage de la Demoifelle Cara- deux, il l'avoit encore défigné par le & double lien qui les uniffoit. Il y étoit établi oncles èc parrain de la future.

Maintenant qu'il est avéré que la famille Caradeux réuniffoit toutes les preuves de fa

parenté avec le Sieur Aubry de la liaifon la , plus intime , de l'affection , de l'attachement le plus tendi-e, toutes ces preuves que l'on croyoit leur manquer; maintenant qu'il est ^montré que le Sieur Aubry n'a ceffé de reconnoître Mam-Magddelne Aubry pour fs.

,fcSS«àM»»»*>i«l«>Wiiï**M' . ,

mam^Him

{ 28 ] fcur, Lou'tfe-Amablc Simon pour fa nièce, les enfans du Sieur Caradeux pour Tes perits-

qu'il lui en tenoit lieu précifément à l'époque neveux ; qu'il a fervi de père à l'un d'eux , de fon testament; nous le demandons à celui que la prévention ou la paffion ne maitrilènt pas, l'argument des adverfaires ne fe rétorque-t-il pas avec bien de l'avantage contr'eiu?

On vouloit que le Sieur Aubry n'eiàt jamais reconnu les Sieurs Caradeux, parce qu'ils n'étoient pas nommés dans fon testament. Il est prouvé qu'il n a ceffé de les reconnoître

pour fes parens , eux -, leur mère , leur aïeule. Il est prouvé qu'il ne pouvoit pas ne pas les reconnoître. Il est prouvé qu'il les a affectionnés, chéris , fo ignés toute fa vie , comme le père le plus tendre. Il n'est donc ni vraifemblable , ni même poffible qu'il les ait oubliés dans for\ testament qu'il les ait écartés de fon cœur & de fon efprit dans l'instant où il distribuoit , fa fortune à ceux dont l'attachement avoit mérité le flen , où il donnoit à chacun d'eux une preuve de fa tendreffe, où il s'occupoit de mefurer fes libéralités fur fon affection ^ de laifTer après lui les preuves des fentimens qu'il avoit déjà & tant de fois manifestés de fon vivant.

Quoi! fes plus proches parens, les feuls qu'il eût autour de lui, une famille nombreufe

èc fans fortune , celui qu'il avoit accoutumé à le regarder comme ion père , celle qu'il venoit d'appeler/; nlcce filleule , les enfans de celle qu'il avoit mariée & dotée comme fa , fi nièce, les pjtits-enfans de fa fœur unique, euffent été les feuls omis dans le testament du

Sieur Aubry ! Il les eût mis dans l'oubli le plus parfait , lorfque ceux qui ne lui tenoient

alliances par liens fpirituels l'amitié que par des , des , par celui de , recevoient tous des marques de fa fenfibilité , de fa libéralité !

léguoit livres Il 60, 000 à M. & à Madame de Saintard , qui n'étoient pas lès parens mais feulement ceux de la Dame Aubry, morte dès 1761 ; 10,000 livres à leur fîUe, qui s'éloignoit encore plus de lui , mais qui étoit fa filleule.

Il léguoit 6, 000 livres à la Demoifelle Maillet, qui lui étoit abfolument étrangère, qui étoit

fa Il livres la feulement filleule. léguoit 1 5, 000 à Demoifelle Goiflin , qui ne lui tenoit par aucun lien.

£t il ne vouloit rien laifTer aux enfans Caradeux fes plus proches parens ! Et il ne léguoit rien à la • Dame de Rocheblanche , qui étoit en même temps fa petite-nièce & fa filleule ! Et

îl ne donnoit rien au Sieur Caradeux aîné qu'il avoit envoyé en France, qu'il y faifoit

élever, à fon frère, à fes fœurs qui l'environnoient , dont plufieurs demeuroient chez lui.

Il auroit totalement oublié la famille Caradeux , dont , fuivant les adverfaires eux-mêmes

11 avoit été le bienfaiteur perpétuel. ( page 27 ).

Il faifoit un legs pardculier au Sieur Caradeux père, qui n'étoit que fon allié, qui avoît epoufé fa nièce , dont la femme étoit morte , & il n'auroit pas penfé aux enfans du Sieur Caradeux, aux enfans dafa nièce! A qui pourroit-on le perfuader ? [ ^9 ] _

Non , le testament du Sieur Aubry ne recéloit point un abandon auiîî bizarre , anOî

inconcevable , auffi injuste d'une famille au milieu de laquelle il vivoit , & qu'il n'avoit

cefle d'afFectionner. Le Sieur Aubry favoit bien que les enfans Caradeux étoient fes plus

proches parens. 11 instituoit fes plus proches parens fes légataires univerfels. ÏI n'oublioit donc

pas les enfans Caradeux. Il leur laiflbit ce que la Loi elle-même leur auroit aflliré fans le

testament ; mais il répétoit avec latisfaction cette difpofition de la Loi pour la famillp

qui lui toujours chère. Caradeux , avoit été

Cette explication paroîtra, nous l'efpérons, plus naturelle j plus vraie que le fens perfide

& abfurde que les adverfaires ont travaillé à donner au testament du Sieur Aubry. Elle est

qu'il qu'il prife dans les fentimens devoit avoir , avoit néceffairement. Elle s'accorde avec la vérité démontrée que les Sieurs Caradeux étoient les parens , les plus proches parens du

Sieur Aubry. Celle des adverfaires renverfe, au contraire, cette harmonie qui les choque

fans doute , cet accord parfait des preuves que nous rapportons de celles que le Sieur

Aubry n'a cefTé de donner de fon attachement, pour les enfans Caradeux, de celles que fon t.stament devoit en oifrir & en contient effectivement.

Enfin , nous dira-t-on peut-être encore , pourquoi le Sieur Aubry n'a-t-il donc pas nom- mé les enfans Caradeux ? Nous pourrions bien nous difpenfer de répondre à cette question inutile. Nous pourrions bien ignorer les motifs qui ont pu porter le Sieur Aubry à s'expri- mer comme il l'a fait, & il n'en réfulteroit rien de contraire aux Sieurs Caradeux. L^ testament appelle fes plus proches parens. Les Sieurs Caradeux font ces plus proches parens.

Cela leur fuffit. Ils le prouvent. On ne peut rien exiger de plus.

Mais nous voulons bien encore fatisfaire fur ce point la curiofité plutôt que l'intérêt des adverfaires. Le Sieur Aubry étoit environné, obfédé peut-être par plufieurs familles qui , fans avoir le droit de prétendre à fa fucceffion , fe croyoient au moins celui d'efpérer qu'ils auroient part à fes largeffes.

La fortune du Sieur Aubry provenoit en majeure partie de celle de fa femme. La Dame

Aubry étoit tante des Sieurs la Toifon. En mourant avant fon mari , celui-ci avoit , par l'effit de la donation contractuelle , réuni toute la fortune dans fa main. La famille la Toi- fon avoit été par là déchue de fes efpérances. Le Sieur de Rocheblanche avoit fait renaître les flennes par (on mariage avec l'une des héritières du Sieur Aubry, Urfule Caradeux.

Mais les frères & fœurs du Sieur de Rocheblanche, la Dame de Saintard, n'avoient plus, de reffources & d'efpoir que dans la tendrefle & l'afffection du Sieur Aubry.

Le Sieur de Gizeux de fon côté, héritier en partie du Sieur Aubry, afpiroit cependant à recu;:llkr toute fa fucceffion. Il avoit toujours entretenu une liaifon étroite avec lui. Le grand

ne lui permettoient guères âge du Sieur Aubry, les foibleffes , les infirmités qui le fuivent i de furveiller l'administration des biens du Sieur de Gizeux, dans la Colonie, Les revenir.

iîîessi^rii^iîAîsmiSSSS^: ,

[ 30 ]

t!u Sieur de Gizera fouffroient fingulièremcnt de l'inertie de cette gestion, mais il craîgnoit

de déplaire au Sieur Aubry en lui retirant fa procuration , & il efpéroit que les dernières

volontés Sieur le du Aubry dédommageroient après fa mort du facriâce qu'il auroit fait

pour lui laiiïer fa confiance & le foin de fes intérêts.

Enfin, la famille Caradeux fondoit fes efpérances fur fa parenté & fur la tendreffe que

le Sieur Aubry n'avoit ceffé de lui témoigner.

Le Sieur Aubry de fon côté , favoit bien que fes parens paternels existoient à la Rochelle

& il ne vouloit pas plus les oublier que ceux qu'il avoit dans la Colonie.

Il est vraifemblable que le Sieur Aubry , en voulant affurer fes difpofitions d'une manière bien certaine, bien pofirive, craignoit cependant de les manifester avec cette évidence que le

nom des légataires univerfels eût ajoutée à fa dernière volonté. Il redouta peut-être l'explofion

le trouble que la défignaticn nominative de fes légataires sAis & eût pu occafioner entre tous ceux qui fe herçoienr de l'efpoir que le choix tomberoit fur eux. Mais il favoit bien quels étoient plus proches parens quels feroient fes , ceux qui recueilliroient fa fucceffion en la laiflant à

fes plus proches parens , & cela fuffifoit à fon cœur.

Le dirons-nous, enfin, le Sieur Aubry n'étoit peut-être pas exempt des foiblefles qui

accompagnent fi fouvent l'homme dans les progrès de fa fortune & de fon élévation. La nature avoit trop d'empire fur fon cœur pour lui permettre d'exclure de fa fucceffion les parens qu'il avoit en France , & dont il avoit autrefois reçu des fecours,- mais elle n'en avoit peut-être pas affez pour le déterminer à nommer des parens que leur état, leur

fortune laiflbient loin de lui. Quel est l'homme exempt de foiblefle , & fi le Sieur Aubry en eut une, ne fut-elle pas rachetée par toutes les vertus qui le distinguoient } 11 est donc poffible que ne voulant pas défigner f>_s parens paternels en France, ne voulant pas cepen- dant les exclure ne pouvant , pas nommer ceux qu'il laifibit dans la Colonie fins défigner

en même-temps ceux de France il at pris , le parti de les réunir fous la défignation géné- rique d'/urhicrs du fang, de plus proches parens , bien certain qu'elle fuffiroit pour les faire reconnoître après fa mort.

Ainfi nous avons fait pour les Sieurs Caradeux plus que nous ne devions. Établir leur

filiation celle de leur mère celle , , de leur aï;ule , prouver la parenté des ces trois généra-

tions avec le Sieur Aubry, voilà tout ce que nous devions, tout ce qu'on avoit le droit de leur demander pour justifier celui qu'ils avoient à fa fuccefiîon. Ces preuves font acquifes. Elles font incontestables. Nous en avons comblé la mefîire.

Marie-IVIagdcleine Aubry éîoit fœur du Sieur Aubry & mère de Louîfe-Amable Simon / celle-ci étoit par conféquent la nièce du Sieur Aubry , & elle étoit mère des Sieurs Cara- deux. Us étoient donc petits- neveux du Sieur Aubry. De tous les afpirans à fa fucceffion, aucun n'a prétendu encore être parent à un degré plus proche que celui des Sieurs Caradeux. a "iH [3O La Loi &: le testament du Sieur qui Aubry n'en a été que l'écho, appeloient donc le* Sieurs Caradeux à recueillir les biens du Sieur Aubry.

l'injtant où il est mort l'instant où fon A , à testamenr ftit connu , les Sieurs Caradeux leurs fœurs fe font préfentés & comme habibs à fuccéder au Sieur Aubry leur oncle. Qu'on fe reporte cet instant à de fermentation où le mécontentement de ceux qui étoient exclus qui fe voyoient frustrés de tout efpoir, a dû néceffairement éclater. Croit-on que -les Sieurs la Toifon qui s'étoient préfentés aux fcellés , auxquels le testament ne permit plus de paroître l'inventaire fuffent bien à , difpofés à fouffrir qu'une famille étrangère au Sieur Aubry ufurpât

la fois cette fuccefîlon à fur laquelle ils avoient compté, & la parenté qui feule pouvoit

l'y faire admettre? Le Sieur Caradeux & fes enfans furent cependant mis en poffeffion

fans difficulté, fans la moindre réfistance. Ce filence forcé des Sieurs la Toifon, l'aveu de M. de Saintard mari lui-même , de la Demoifelle la Toifon , exécuteur-testamentaire du

Sieur Aubry obligé en cette qualité il , , comme le dit lui-même dans l'inventaire à l'occa- Con du Sieur de Gizeux, d'avenir les héritiers, de les faire jouir, la remife qu'il fait de la fucceffion du Sieur Aubry à la famille Caradeux, pourroient encore être invoqués comme les preuves les plus fortes du droit & de la qualité des Sieurs Caradeux, fi nous n'en avions déjà beaucoup au-delà de ce qu'on peut exiger d'eux.

Nous n'avons plus à répondre qu'à une réflexion des adverfaires fur les titres que les Sieurs Caradeux devroient, félon eux, rapporter pour prouver leur parenté. Ils demandent pourquoi nous ne produifons pas des lettres du Sieur Aubry , & celles de la famille Cara- » deux au Sieur qui ont dû fe trouver dans la fucceffion Aubry , du Sieur Aubry. On s'étend

fur la la beaucoup force & valeur de ces lettres , dont chacune doit être , en quelque Jorte , un titre contradictoire fur le fait de pojfejfion du prétendu état de parcns des Sieurs Caradeux ,

eu un aEie qui les déclare & les retienne éloignés de la famille. On reproche aux Sieiii-s

Caradeux ôit fupprimer eux-mêmes un des canaux les plus importans , d'où les preuves de leur

état pourroient jaillir très-abondamment.

Retenons bien ceci pour y revenir. Rendons grâce aux adverfaires d'avoir laifle échapper

au moins une vérité dont ils voudroient abufer ici , dont nous ferons ailleurs une applica-

tion plus juste.

Sans doute une correfpondance non fufpecte peut & doit être confultée. Ces papiers

domestiques font même fouvent des témoignages plus fûrs que des actes dont tout le mérite

est quelquefois dans la forme extérieure,- aucun membre de la famille n'y a fouvent coopéré,

ou il n'y a participé que paffi\^ement. Les lettres appartiennent au moins à leurs auteurs.

Elles font leur ouvrage. On ne les écrit , on ne les figne pas machinalement & fur la foi d'un aatre qui , le plus fouvent , ne met pas plus d'intérêt & d'attention à la portion qui est.de fon ministère, qu'il n'apporte de foin à faire perfectionner l'enfemble par ceux qœ îa Loi veut y voir concourir avec lui. ,

[ 3^ / Mais lorfqu'une filiation est prouvée par des actes irréprochables , lorrqu'elle l'est fur-tout

par ces contrats auxquels deux familles réunies exprès pour l'accomplir travaillent réciproque-

réflexion qu'est-il befoin de chercher encore d'autres preuves que la raifon ment & avec , & la Loi n'adoptent que lorfque les autres manquent, ou lorfqu'tlles ont befoin d'être

fortifiées ?

Les preuves de la filiation des Sieurs Caradeux n'ont befoin d'aucun autre appui ^ on a

pu en juger. Tous les membres de cette famille étoient auprès du Sieur Aulsry ; on n'a pas fouvent l'occafion d'écrire à ceux avec lefquels on est tous les jours. Le Sieur Aubiy

mort à 80 ans, n'a pas pafTé les dernières années de fa vie à écrire^ à peine pouvoit-

feu! il figner. Le Sieur Caradeux aîné feroit le qui eût pu , pendant fon voya'ge en France

recevoir des lettres du Sieur Aubry. Mais un jeune homme conferve-t-il précieufement la

correfpondance de fa famille ?

L'inventaire du Sieur Aubry indique bien au furplus qu'il y flit trouvé quelques lettres qui n'avoîent rien d''tru:reffant. Mais elles ne furent pas inventoriées avec plus de détail. On fe borna à cette énonciation fuivant l'ufage. Ces lettres, comme prefque tous les papiers du Sieur Aubry , comme ceux qu'il étoit le plus intéreflant de conferver , des titres de propriété ont été !a pâture des vers ; & fi nous produifions aujourd'hui , comme preuves de la parenté des Sieurs Caradeux , des lettres écrites par eux au Sieur Aubry , on ne man- queroit pas de nous dire qu'elles ont été fabriquées exprès pour nous faire des titres , mais qu'elles ne fignifient rien : avec des adverfaires comme ks nôtres , il est impofîible de ne pas

ne produlfez lettres qu'elles être en défaut. Vous pas de , parce dépoferoient contre vous. Si vous en préfentiez, elles feroient fauffes. Encore vaut-il mieux n'être pas taxé de faux, de fabrication , & fur-tout avoir des titres qui ne laiffent rien à defirer.

C'est bien là certainement la pofitlon des Sieurs & Dames Caradeux , & fi leurs adver- faires avoient montré moins d'inconféquence , moins d'éloignement pour toute efpèce de vérité , fi on pouvoit les foupçonner capables de fe réconcilier une fois avec l'évidence & la raifon, après toutes les injures qu'ils leur ont faites, on pourroit fe flatter de les avoir convaincus que les Sieurs Caradeux étoient véritablement les plus proches parens du Sieur

Aubry. M.di\s qu'importe, fi hs adverfaires font incurables, au moins aurons-nous perfuadé ceux qui veulent qu'on les instruife, & non pas qu'on les trompe.

Il nous reste pour compléter cette partie de la défenfe des Sieurs Caradeux, à établir la filiation du Sieur de Gizeux , & à justifier par là le confentement de la famille Cara- deux, d'après lequel le Sieur de Gizeux a été admis pour un £'ptième par l'Arrêt de 1764. Nous répondrons en même-temps à la portion du Mémoire des adverfaires qui y a rapport, de la page 28 à la 32. Cet [ 33 ] _

Cit Arrct de 1764, dit-on d'abord , est le fruit du cor.cort le moins équivoque entrs"

les Sijiirs Caradeux & de Gizeux.

Oh, pour cette fois nous ne ferons pas divifés, nous en convenons. La famille Cara-

deux prévint l'Arrêt ; elle y confentit. C'est de fon confentement que le Sieur de Gizeux

fut envoyé en pofltffion du feptième de l'hérédité du Sieur Aubry.

Mais est-ce donc un crime punilTable , comme on femble l'annoncer, que cet hommage

rendu aux droits du Sieur de Gizeux , à leur évidence ? La famille Caradeux n'admettoit-

elle ce testament que pour couvrir elle-même fon invafion iliégirime du reste de la fuccef-

fion Aubry ? C'étoit-Ià une conféquence des premières affertions de nos advcrfaires. Ils

venoient dj foutenir que la famille Caradeux étoit étrangère au Sieur Aubry , il falloit bien

donner un prétexte à leur complaifance pour le Sieur de Gizcux.

Sjroit-ce donc un fort inévitable pour nos adverfaires de préparer des argumens qui

duflent fe tourner contre eux-mêmes ? C'est affez du moins le caiactère de ce qui doit foii

existence à l'inconféquence & à l'erreur.

Les droits & la parenté des Sieurs Caradeux étoient constans & prouvés de manière

^ à ne pas en redouter l'examen. Sieur fe préfente, Le de Gizeux non pour les exclure ^ mais pour réclamer une portion égale à elle de chacun d'eux.

La demande du Sieur de Gizeux contenot donc , d'abord, un aveu formel de fa part

que \:s Sieurs Caradeux étoient héritiers du Sieur Aubry. Il prétendoit feulement l'être auffi.

& au même degré qu'eux. Ils avoient fur lui l'avantage de la pofleffion. Jamais pofition ne

fut pljs favorable pour contester & examiner févèrement le droit & la qualité du Sieur ce Gizeux.

La parenté des Sieurs Caradeux & celle du Sieur de Gizeux n'avoient pas la même

O'-igine. Ceux ià pouvoient bijn être parens & celui-ci ne pas l'être. Les Sieurs Caradeux

d^fcendoient directement de la lœur du Sieur Aubry ; le Sieur de Gizeux prétendoit deicen-

dre de la mère du Situr Aubry. Les preuves de l'une & de l'autre filiation pouvoient

avoir quelque chofe de commun , mais la portion de celle du Sieur de Gizeux qui rem.on- , 11. toit au-delà de J an-Mai tin Aubry, pouvoir être viciiufe. Les Sieurs Caradeux pouvoient là

critiquer impunément. On croira donc bien plutôt qu'ils ont reconnu le Sieur de Gizeux

qu'ils parce qu'il avoit des droits , qu'on n'imaginera pas l'ont admis quoiqu'il n'en eût

aucun. Mais c'est à cette dernière idée que les adverfaires ont donné la préférence & fe

fon complaifamm:nt arrêtés. C.la devoit être , d'après leur penchant irréfistible pour foup-

conner de fraude, de menfonge , d'imposture, ce qui paroîtroit à tout autre fimple, juste

la & -vrai. Eux qui ont l'audace de réclamer toute fucceffion fans aucuns titres , contre

l'évidence de ceux des trois branches qui en jouiffent, comment croiroimt-i!s qu'on a pu [ 34 1

_ ; une portion fur des titres légitimes ? Les ennemis {e décider à abandonner volontairement point croire, lis n'en ont pas la faculté. de la justice , de la vérité ne doivent y

Caradeux Jugeons plus fainement. Apprécions le confentement de la famille à l'Arrêt de calomnions pas les intentions avant de connoître 1764, par les motifs qui l'ont dirigé. Ne

£ elles étoient justes.

plus compliquée celle La filiation du Sieur de Gizeux n'est ni plus longue , ni que des plus équivoques, pas authen- Sieur Caradeux ; les titres qui l'établiflent ne font pas moins

tiques que les leurs.

celui au profit duquel l'Arrêt de Le Sieur René-S'tmon Grand-Homme de G'iieux , 1764 Gnmd-Homme. a été rendu , étoit fils de Simone Dubois & de René

- Simone Dubois étoit fœur de Marie Dubois , mère de Jean Martin Aubry.

enfans Le Sieur de Gizeux & le Sieur Aubry étoient donc des deux fœurs , coufins- ermains maternels. C'est en cette qualité que le Sieur de Gizeux a réclamé un feptième

il au degré que les Sieurs de la fuccefion du Sieur Aubry , dont fe trouvoit parent même

Caradeux. C'est à ce titre que ce feptième lui a été adjugé par l'Airêt du 19 mai 1764.

Voyons maintenant fi cette parenté du Sieur de Gizeux étoit prouvée. On doit d'abord

parce que les Sieurs Caradeux n'avoient d'autre motif de reconnoître le Sieur le préfumer ,

celui fe rendre à l'évidence. Cette préfomption est fingulièrement forti- de Gizeux , que de

fiée par l'Arrêt de 1767. Le Sieur de Giz;ux y étoit partie. Ses titres y font relatés. La

Dame Hudin les a critiqués. Elle avoit formé tierce-oppofition à l'Arrêt du 19 Mai 1764^-

cette tierce-oppofition a été admife. La parenté du Sieur de Gizeux , avouée par les Sieurs

Caradeux, en 1764, a donc été jugée & reconnue contradictoirement avec la Dame

collufion entr'eux. Hudin , en 1 767 ; mais vous verrez que ce fera encore une Cette

nuance a échappé aux adverfaires. Donnez-leur h temps de la faifir , ils ne manqueront

pas d'affocier la Dame Hudm au concert qu'ils ont fuppofé entre les Sieurs Caradeux & de

Gizeux, en 1764, & le Sieur de Gizeux à la connivence des Sieurs Caradeux &: de

la Dame Hudin pour amener l'An et de 1767. Tant qu'il ne faudra que nier &

affirmer , vous ne les verrez jamais embarrafTés. Notre fureur à nous est de ne prélenter

cjue des vérités , d'en chercher les preuves ; & voici celles que nous appercevons de la

parenté du Sieur de Gizeux, •

Jean Dubois & Anne Galop, veuve Papion , fe marièrent à Bordeaux en 1655. Ils

demeuroient l'un l'autre pas de Micbin & fur la Paroiffe de Saint-Miehel , ( & non , comme

le difent les adverfaires, page 16 & 17 ).

Leur contrat de mariage est rapporté. Il est du 24 Juillet 1655. La perte des registres dé

la ParoilTe de Saint-Michel jufques compris est constatée pour les années 1655 , & 1659 j

M [ 35 ]

Juillet par le Cure de Saint-M'ichcl & par uni attestation authentiquî donnée le 20 1764, de Guyenne le Gr.ffier en chef du SiJgc Royal

font rendus fur ce point à l'évi- Cs mariage n'est pas contesté par les adverfaires.'lls fe

par le Sieur de Gizeux prouvoient le mariage der.--e. Us avouent que les pièces produites

de Jean Dubois & Anne Gabp, (page 29 & 31)-

baptistaires font rapportés. Simone & Marie Dubois font iffues de ce mariage. Leurs actes

défignée Marie, L'giùme de Celui de Marie Dubois est du 25 Mai 1656. Elle y est fille

Jean Dubois & d'Anne Galop.

est appelée Simone, légltinu Celui de Simone est du 29 Septembre 1671. Elle y fille

de Jean Dubois & d'Anne Galop.

Dubois étoient fœurs germaines. Il est donc évident que Marie & Simone m: au Simone Dubois (at mariée, d'abord en 1693, au Sieur Jean le Sergent, Habitant L'acte de célébration périt dans quartier de Léogane. Ce mariage fut fait au Port-de-Paix. Sergent avoit pris une expédition du contrat l'incendie de 1695 ; mais le Sieur Jean le Léogane comme dans celui du Port-de- dont l'infinuation devoit être faite au Greffe de ,

il est du Novembre Paix. Ce contrat a donc été confervé par ce moyen ; 7 1693.

avec Demoifelle Simone Dubois demeurante On y voit que le Sieur Sergent contracte , Jean Dubois Bourgeois Mar- au Port-de-Paix, native de Bordeaux fille de défunt , & chand, .... & Anne Galop [es père & mère.

ont affisté ce contrat nous Nous parcourons enfuite les noms des parens qui à , & .... Martin Aubry Enfeigne de Milices trouvons de la pan de la Demoifelle Simone Dubois ,

Marie Dubois fœur de la Dame future époufe , femme & Habitant de ce quartier ; Demoifelle ,

audit Sieur Aubry .....

l'expédition. Les fignatures Martin Aubry & Marie Dubois , font rapportées fur

fa veuve fe remaria en au Sieur Le Sieur le Sergent mourut, & Simone Dubois 1699,

. • - Grand-Homme. , René ,

mariage font rapportés. Le contrat est Le contrat & l'acte de célébration de ce fécond

de l'île de la. du 4 Novembre 1699, paffé devant un Notaire reçu au Confeil Souverain Léogane. Tortue & côte Saint-Domingue , réfidant à

natif du Lude en Anjou contracta Le Sieur René Grand-Homme, Habitant de Léogane , , Jean le Sergent, vivant Habitant, du' avec Demoifelle Simone Dubois , veuve de feu Sieur de Sieur Jean Dubois vivant même lieu de Léogane, icelle fille naturelle & légitime défunt , ... Marchand, Bourgeois de la ville de Bordeaux, & d'Anne Galop fes père &mère.

'jt ,

mem

[ 36] ^ célébré Di ce mariaje , à Léogaiie , I^ 25 du même mois di Novembre 1699, ttoit

iffu le Sieur René-Simon Grand - Homme , rurnonimé enf'uite de Cireux. Il fut baptifé h

premier Décembre 1705. Reni-Slmon Grand-Homme , ni le 21 Juin dernier, procrée en l'ùti-

me mar'uge de M. René Grand-Homme , & de Dcmoijelle Simone Dubois.

Il n'en faudroit pas d'avantage aflurément pour justifier les droits & la parenté du Sieur

de Gizeux avec le Sieur Aubry, pour prouver qu'ils étoient coufins-germains : ne futfit-il

pas de prouver qu'ils étoient enfans des deux fceurs ? Et peut-on contester que Marie 'i'- Dubois, mère de Jean- Martin Aubry, & Simone Dubois, mère du Sieur de Gizeux, fulTent

fceurs germaines ? Mais en voudroit-on d'autres preuves encore ?

Dans le contrat de mariage de Mirie - Magdelcine Aubry & Jacques Pageot , du ^ Juin

1709, on retrouve le S'uur René Grand-Homme, père du Sieur Gizeux. Il y affiste comme

oncle du côté maternel de Marie - Magdeleine Aubry, & il l'a figné. 11 affista auffi à la.

célébration & en figna l'acte.

Lorfque Marie-Magdekine Aubry veuve Pageot fe remaria en 171 4 avec Barthelemi

Simon, le Sieur René Grand-Homme étoit aufli préfent , & fa femme Simone Dubois s'y

trouva elle-même. Voici ce qu'on lit dans le contrat du 14 Octobre iji^a & de la part

)) la future époufe , de ladite Dubois Marie mère , de Dame Dame ( ) fa du Sieur Jean-

- s) Martin Aubry fon frère , de M. René Grand Homme , Habitant au quartier de la

j) Grande-rivière de Léogane, de Dame Simone Dubois fon époufe , tante maternelle de ladite

u future époufe ( Marie-Magdeleine Aubry » ).

Enfin ne voit-on pas dans l'enquête faite en 1742 , à la requête du Sieur Aubry lui-

Sieur Grand-Homme, père du Sieur de mênie , que Simone Dubois, époufe du Gizeux

avait toujours reconnu Jean-Martin Aubry pour fon neveu }

''. Il est donc prouvé , & prouvé fans réplique j 1 que Marie & Simone Dubois étoieni

fœurs germaines.

i*. Que Marie Dubois étoir mère de Jean-Martin Aubry.

3°. Que Simone Dubois étoit mère du Sieur de Gizeux , tante de Marie - Magdeleine

Aubry, Jœur germaine de Jean-Martin Aubry, & p^r conléquent tante de Jean- Martin

Aubry lui-même.

4°. étoit - germain Que le Sieur de Gizeux , fils de Simone Dubois, confia de Jean -Martin

Aubry , fils de Marie Dubois.

C'est pourtan' cette vérité qu'on ne pardonne pas aux Sieurs Caradeux d'avoir reconnu en

confentant à l'Arrêt de 1764 ; c'est l'aveu de cette vérité qu'on foutient hardiment être ,

d'un ' Vcffit concert dont les Siiiirs Caradjux avoient bcfoin pour couvrir leur ufLîfpation

pour prcv^enir un éclat dont ils dévoient redouter les fuites.

Malheur à celui qui a tant d'averfion pour la vérité qu'il , ne peut pas mcme fe perfua-

doit toujours receler un motif honteux qui altère l'éclat , en & le mérite ! La perverfité de fon cœur est à fon comble.

' ' Et û pour )ustiS.'r l'accueil que les Sieurs Caradeux ont fait aux prétentions du Sieur

de Gizeux ce n'étoit pas affez que le , concours de tant de preuves légales & authentiques

ne pourrions-nous pas ajouter qu'il est des vérités tellement notoires qu'elles ne peuvent être contestées mifes en problême? Il n'y en eut & jamais qui , à l'authenticité des titres joignît ce figne de notoriété plus que la réclamation , du Sieur de Gizeux. Il n'en est

point qui dût être plus refpectée aujourd'I'iui.

Ses droits ont été reconnus par les Sieurs Caradeux, & fixés par un Arrêt en 1764.

Agités de nouveau en ils ont éprouvé 1767, la contradiction la plus férieufe, la plus vive; ÔC ce fécond Arrêt les a confacrés lolemnellement. Voudra-t-on admettre deux Arrêts comme

un préjugé au moins de la vérité qu'ils ont décidée ?

Mais cette vérité, que le Sieur de Gizeux étoit parent du Sieur Aubry, fon cou/în-germain^

cette vérité qui diffipe facilement aujourd'hui les nuages dont les adverfaires s'efforcent de la

couvrir , ne devoir elle pas avoir à l'époque de la mort du Sieur Aubry , en 1 76 < en

I j6j , un tout autre caractère encore d'évidence & de certitude ?

Quoi donc ! on pouvoit douter de la parenté de deux coufins-germains , nés l'un & l'autre dans la Colonie , de pères & mères qui avoient été mariés qui y , y avoient tous vécu qui, s'ils avoient d'abord habité des quartiers éloignés, , s'étoient réunis dans le même avoient & y été attirés par le lien qui les uniffoit, qui avoient réciproquement affisté à mariages, leurs & à ceux de leurs defcendans! Cette parenté devoir être d'autant plus alors cjue l'on auroit notoire , fac.lement compté les familles , les individus même qui habi- toient un quartier.

Et cette évidence, cette notoriété ne font-elles pas effet en attestées parce qu'on lit dans l'inventaire des biens du Sieur Aubry? .C'est-là que nous trouvons la première trace de la réclamation du Sieur de Gizeux. Son Gérant, le Sieur Mo'JJet, fe préfente à cet inventaire.

!|,« Il n'étoit pas infpiré par h Sieur de Gizeux qui étoit en France. Il n'avoir pas même de pouvoir de lui, mais il n'igaoroit pas ce que tous ceux du quartier favoient , que le Sieur de Gizeux éto:t le parent & le proche parent du Sieur Aubry. Il veut afTister aux opéra- tions pour confervcr les droits- du Sieur de Gizeux.

Que lui répondent les Sieurs Caradeux ? Que le Sieur de Gizeux étoit étranger au Sieur

n<..i...^K.--..r«&.ijau-^/r:^i^jggCTm;r:iîig7yT!g.^^ ,

't^mtm

3S L ] .

ne pouvoit avoir aucun droit à fa fucceflîon ; qu'il avoit de Aubry ; qu'il n'avoit & y l'extrava'ancj de la part du Sieur Moiiïet à le prétendre Rien de cela.

règle qu'elle ne lui est pas donnée à On lui répond que fa procuration n'est pas en ,

- que le Sieur de Glzeux , fût-il préient , ne pourroit être admis qu'en prouvam lui même ,

[on hah'deté à fuccédcr.

allié, Comment s'expri^-ie M. de Saintard , exécuteur-testamentaire du Sieur Aubry, fon

Il dit qu'il appiu'eroit lui qui devoit au moins connoître les parens du Si^ur Aubry ?

s'il venoit armé de preuves de les prétentions du Sieur MoilLt pour le Sieur de Gizeux , la attendu qu'il fa filiation; mais qu'il s'en rapporte à Justice fur le vu de procuration, &

n'avoit aucune connoijfance PAR TITRES des qualités du Sieur de Gl{eux.

de la procuration prèjudlàcr aux Le Sieur MoifTtt est renvoyé , attendu l'in/uffifance , fans

qui lui demeurent rfervés. droits du Slcur de Gl^eiix ,

dans la démarche Quel est l'homme clairvoyant & de bonne foi qui n'appercevra pas

dans les du Sieur Moiffet la preuve que la parenté du Sieur de Gizeux étoit notoire ; qu'elle ne vouloit pas éponfes de la famille Caradeux qu'elle n'en doutoit pas , mais opérations admettre le Sieur Moiiïet, un étranger fans qualité & fans pouvoir à des de

famille; dans les réflexions de M. de Saintard, la conviction intime & perfonntUe d.s

ne connoître par titres mais que droits du Sieur de Gizeux ^ qu'il difoit feulement pas ,

' enfin le réfultat la tradition ne lui permettoit pas d'ignorer ; dans l'Ordonnance du Juge ,

les des réflexions refpectives dont il venoit d'être le témoin , des aveux qui durent accom-

principe qui vouloit pas que le Sieur Moiffet pagner , mais l'application exacte du , ne

affistât à l'inventaire fans qualité & fans million exprefle du Sieur de Gizeux ?

Ainfi les Sieurs Caradeux n'ont fait en 1764 que ce qu'ils ne pouvoient fe difpenfer de

ce qui étoit prouvé , ce qui étoit incontesta- faire ; ils ont reconnu ce qui étoit notoire ,,

ble, que le Sieur de Gizeux étoit coufin-germain du Sieur Aubry, qu'il devoit partager fa

fucceiïîon concurremment avec eux. Ils ont abrégé le procès , ils fe font fournis à la con-

damnation qu'il leur étoit impoffible d'éviter.

Faudro!t-il répondre encore à la difcuffion des adverfaires fur la filiation du Sieur d»

ils Gizeux .^ Us conviennent du mariage de Jean Dubois & Anne Galop; avouent que de ce mariage étoient nés Marie & Simone Dubois. Us reconnoiiïient que Simone Dubois s'est

mariée deux fois dans la Colonie, d'abord avec Jean le Sergent, enfuite avec le Sieur

de Gizeux.

Mais ils ne veulent pas qu'il foit prouvé que ti Marie Dubois , femme Aubry , fût née des

u mêmes père & mère que Simone Dubois que Marie Dubois foit venue dans la Colonie ,

» que ce foit la fceur de Simone Dubois qui ait époufé Martin Aubry ; que Jean Du- Saint-Domingue qu'ils aient amené Marie » bois & Anne Galop foit venus s'établir à , y domicile M Dubois ; on doit préfumer que Jean Dubois & Anne Galop ont confervé leur

auprès d'eux le paflage » en France ; il faut pmfer qu'ils y confervèrent Marie Dubois ; n d; Simone Dubois dans la Colonie paroit certain; mais c'est un événement JIngulier , & fa » plus le motif de fon voyage est extraordinaire , moins il faut croire que fœur ait

fes parens fe n partagé \ts fingular'ités de fa vie, & les dangers de fu navigation, & que

» foient vus ravir par le même coup du fon, les deux feuls enfans qui compofoient toute

» leur famille n.

père de Jean Martin parait avoir eu pour femme une I! avouent que « Martin Aubry , , patrie, parens de » Mark Dubois ; mais ils prétendent que l'origine, la naiffance, la les ni ne prouvent qu'elle étoiî »> cette Marie Dubois font ignorés, que fes noms ne forment Marie Dubois pouvait être »> fœur de Simone Dubois & tante du Sieur de Gizeux , que la moindre apparence » fille de Jean Dubois & d'Anne Galop ; mais quon ne trouve pas ;";• V que telle fût fa naiffance. {Vz^ii 31 & 32.)- '

inintelligible ! N'aurons-nous donc que des abfur- Quel fatras ! Quelle rapfodie ridicule &

dités ou des erreurs à relever?

paffage de Simone Marie Vraiment il s'agit bien de favoir quel fut le motif du &

fi Févéne- Dubois dans la Colonie ; fi elles y vinrent feules ou avec leurs père & mère ; du qui ment fut finguUcr ; fi Jean Dubois & Anne Galop eurent à gémir du coup fort

leur ravit leurs deux enfans !

Marie & Simone Dubois étoient fœiirs. Marie fut femme de Martin Jubry & mère de Jean Martin.

Simne époufa René Grand-Homme & donna le jour a« Sieur'de dieux. Voilà ce qu'il

falloit prouver & ce que nous avons démontré. •'";::;. -:• . i -i-K;.-;

qui ravit Marie Simone Mais la tendre inquiétude des adverfaires fur le coup du fort &

fur les larmes que leur paOage dans la Dubois à leurs père & mère , leur attendriffement

il a un Tiède nous touche Colonie dut coijter à Jean Dubois & Anne Galop , morts y , & contrat de mariage du Novembre nous intéreffe. Nous pouvons les confoler d'un mot. Le 7 apprend encore que Marie '1693, de Simone Dubois avec Jean le Sergent , nous & l'affirment fans le favoir page /« Simone Dubois n'étoient pas comme les adverfaires , ( 31) Galop. Elles avoient au moins un frère. On deux feuls enfans de Jean Dubois & Anne

Sieur Jean Dubois fan frère , Jide-Majar voit au 'nombre des parens de Simone Dubois, dans la Colonie, l'état qu'il au quaràer du Port-de-Paix. L'établiffement de ce frère y Simone Dubois à Saint-Domingue. Elles tenoit explique allez le motif du paffage de Mark &

dans la fuite attirées par lui. Leurs père & mère, y pafsèrent avec leur frère , ou y furent

:vo>:::)

'<

y :i:; [ 40 ] morts peut-être même avant cet événement, n'eurent donc point à gémir fur le coup du

fort qui leur ravh leurs filles.

On voit avec quelle complaifance nous éclaircifibns les doutes de nos adveifaires, même fur des points allez indifférens , & combien ils font malheureux dans leurs épifodes.

Nous avons donc rempli notre tâche fur cette première partie de la déf.nf.- de la famills

Caradcux. Sa parenté avec le Sieur Aubry ne fera plus doutaife. Elle ne pourra plus être raifonnabkment contestée. Il n'a pas laifTé d'héritiers plus proches que les Si.urs Caradaix.

La Loi le testament , du Sieur Aubry les appeloit donc à recueillir fa fucc.ffion.

Ils ont ils pu , ont dû admettre le Sieur de Gizeux puifqu'il y , étoit parent au même degré qu'eux.

Ces deux vérités, notoires en 1763 , font accjuifes aujourd'hui. Voyons maintena-t fi

ceux qui nous ont forcé de les établir , de les publier ont jamais eu le droit de nous en demander la preuve.

Examen des prétendons des Auh;y , de Tours , & des dires de la Dame Hudui.

La famille Caradeux eût pu, avant que de justifier f;s droits , avant que de faire connoitre

fes titres, examiner fi eux qui la provoquoient à cette difcuffion avci.r.t qualité peur F.xiger d'elle, fi fur-tout Lur attaque- étoit rcgullèrL ment dirigée. Les- foimcs & la marche que les Loix prcfcrivent pour les affaires les plus légères, ne fauroient être violées & méprifées impunément pour celle dont l'importance & l'objet Lmblent mériter qu'on s'y conforme

encore plus fcrupuleuf.mint., t

Nouseuffions dû peut-être commencer, fuvant l'ufage, par jetter les yeux fur la procé-

dure des adverfaires, éclairer la route qu'ils & ont ^enue. Mais pour avoir voulu fatisiaire l'empreffement des Sieurs Caradeux, & notre impatience 'de "{^ire difparoîire pc^ir jamais les doutes injurieux élevés fur leur état,; & la légitimité dé kur polTeffion , nous' n'avons pas renoncé à faire remarquer que l'ignorance la plus profonde a, guidé les pas de leurs adverfaires, comme la mauvaife foi & la calomnie ont préfidé aux moyens qu'ils ont employés.

Le 24 Mai 1786, on a demandé aux Sieurs Caradeux la justification de leurs titres.Sc la remife de la fucc-ffion faute d'en justifier. - , ^,:, jfonsî

Cette demande a été formée au nom de François, Laurent &i Perrine Aiiry.'Ce "font

encore

*-\

'f^^-v'^^'' ^W

^ iéte Ji.^- .

[ 41 I ^ encore les adverfaires que nous femblons avoir en tête/ on les fuppofoit, en 1786 ,repréfeii-

tés par le Sieur Bacqué , demeurant aux , Cayes fondé de procuration , par fubstitution du

Sieur François- Paul Chenantms de l'Offerïere, Receveur des Domaines de S. M. à Amboife.

Les procurations de François , Laurent & Perrine Aubry au Sieur Chenantais , étoient'

des 16, 18 Août & 6 Septembre 1781. Celle du Sieur Chenantais au Sieur Bacqué est

du 1 5 Septembre 1 78 1

On ne nous dit pas pourquoi on a mis cinq années à réfléchir avant d'en faire ufage.

Mais ce que nous voyons, c'est une nouvelle procuration du Sieur Chenantais au Sieur

Bacqué , du 1 3 Septembre 1 786 , & un cahier énorme de nouvelles pièces qui l'accompagne.

Cette féconde procuration nous apprend que des trois individus au nom defquels on a

formé la demande en Mai 1786, deux étoient morts depuis long-temps.

François Auhry étoit mort & enterré à l'Hôpital général de la Charité de Tours , le g. Décembre ijS^.

Laurent Aubry étoit mort à Nantes , k 2 Novembre 1784,

Le troiflème, Perrine Aubry, a cédé droits au Sieur Chenantais, par acte du fes 7 Août 1786. eii.

Auffi la procuration de 1786 n'est-elle plus donnée par le Sieur Chenantais au Sieur Bacqué, par fubstimtion des pouvoirs que le premier avoit reçus de François ^ Laurent & Perrine Aubry, comme celle de 1781.

Le Sieur Chenantais paroît dans la dernière, d'abord en fin nom, à caufe d'une Demol- felle Aubry, fin époufe , & comme cejjlommre de Perrine Aubry ; enfuite comme ayant les pouvoirs d'une foule d'autres héritiers auxquels il prétend que les droits fur la fucceiîion du Sieur Aubry , ouverts d'abord en faveur de François , Laurent & Perrine Aubry , ont pafTi par la mort de François & Laurent , en fe fubdivifant pour ainfi dire à l'infini par cinquième^ , tiers de cinquième, &c. &c.

Au nombre des pièces jointes à cette procuration de 1786, nous ti-ouvons les deux actes mortuaires de François ^ Laurent Aubry, de 1^83 & 1784, & cette procuration de

1786 elle même est une preuve bien authentique, bien pofitive de leur mort, puifqu'elle si-ij

est donnée par leurs héritiers. ,

Le Sieur Ch ;nantais charge même le Sieur Bacqué de déclarer dans l'instance déjà pen- dante au Port-au-Prince , L-s décès de Laurent & François Aubry , d'y intervenir au nom

lui de Sieur Chenantais , & d :$ autres co-intéreiTés qu'il s'aflbcie pour exercer les droits qui leur échus par le fini dccès defiits Sieurs Laurent & François Aubry , dans la fucceffion de Jean-Martin Aubry.-

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/T'- yiÈ ,

[ 40

Ainfi , non-feulement François & Laurent Auhry étoient morts plufieurs années avant la

demande formée en leur nom en 1786; mais encore cette procédure est devenue également vicieulè pour Perrlne Aubry , lorfqu'ayant cédé fes droits au Sieur Chenantais, le 7 Août 1786, elle a dès-lors cefle d'avoir intérêt & qualité au procès; on n'en a cependant pas

moins continué les pourfuites en fon nom.

C'est fur-tout la tierce-oppofition aux Arrêts de 1764 & de 1767 qui est curieufe. Elle est formée au mois de Juillet 1788; elle l'est comme tous les actes qui l'ont accompagné au

nom de François Laurent Pernne Auhry les deux , & , premiers morts depuis quatre & cinq ans, l'autre ayant cédé fes droits depuis 1786 ; elle l'est en vertu d'une procuration donnée

par les héritiers des deux premiers par le cejfwnna'ire des , droits de l'autre. On produit en

même-temps ks actes mortuaires de François &• Laurent Auhry, les pouvoirs de leurs héritiers pour intervenir, ceux cejjionruilre du de Perrlne Auhry , & on n'en forme pas moins la tierce-

oppofition au nom des deux morts & de Perrine Aubry qui auroit , cefle d'avoir qualité

depuis 1786, fi elle en avoit jamais eu aucune.

Les affignations pour procéder fur la tierce-oppofition font données , d'un autre côté , au Sieur de Gizeux, la & à Dame Hudin. La Dame Hudin étoit morte dès 1778. Le Sieur de Gizeux l'étoit dix ans auparavant. Cela est prouvé fans réplique.

L'Ordonnance de au titre article i a 1667, 26, , & 3, veut que le jugement du procès qui fera en état de juger, ne foit différé pas par la mort des parties ; mais elle veut aufli qu; /7 le procès n'est en état, les procédures faites & les jugemens intervenus depuis le décès de l'une des paities foient nuls s'il , n'y a reprife. Elle veut encore que le Procureur qui faura le décès de fa partie yo/V tenu de le faire /lénifier à l'autre. Elle ajoute feulement à cet égard les que pourfuites feront valables jufques au jour de la fignification du décès.

Mais où est la Loi qui permet de commencer un procès au nom de perfonnes mortes depuis plufieurs années, en vertu d'une procuration dont les effets finiflent avec la vie de ceux qui Font donnée ! Où est la Loi qui , lors même que le procès auroit été commencé du vivant de François Laurent Aubry , & auroit aiitorifé à en continuer l'instruction & les pourfuites fous leur nom , en même - temps qu'on rapporte , qu'on produit les actes qui constatent leur mort la , & procuration de leurs héritiers pour déclarer leur décès pour intervenir au de ces héritiers nom ? Où est la Loi qui permet de continuer les pour- fuites au nom du cédant, lorfque le ceffionnaire fe préfente &. donne fes pouvoirs pour fe mettre la place à de celui dont il a acquis les droits ? Où est enfin la Loi qui difpenfe celui qui veut diriger une action auflî férieufe fur-tout qu'une tierce-oppofition à deux Arrêts, du foin de s'affurer de l'existence de ceux qu'il doit afligner,qui lui permette d'ajour- ner deux individus morts depuis plufieurs années }

Ce feroit bien là les adverfalres qui conviendrolent aux nôtres ; mais ont-ils pu efpére-f [ 43 ] d'enfreindre impunément d'une & manière auffi indécente que ridicule , les premières rèsles

de la procédure dans un procès de la , nature de celui-ci ? Cette marche abufive & fans exemple recéleroit-elle un piège ? Auroit-on voulu fe préparer de loin un moyen d'attaquer

la décifion qui auroit été affife fur des bafes auffi vicleufes ? La rufe ftroit trop groffière. i"- N'est-elle que l'effet naturel de l'ignorance, ou de l'inconféquence , de la légèreté ? Jamais filles ne furent poufTées plus loin.

Tout est donc nul tout est , irrégulier dans la procédure des adverfaires. Examinons au

furplus leurs prétentions les titres dont ils les appuient , , comme fi la difcullion nous eq étoit préfentée régulièrement & par ceim au nom defquels il font annoncés.

Le fystême des adverfaires est de prétendre que Martin Aubry , père de Jean-Martin mort Saint-Domingue à en 1763, étoit né à Tours, le 20 Novembre 1658, du mariage de Jacques Aubry & Marie Fillette.

Que François , Laurent & Perrine Aubry étoient enfans de Jean-Pierre Aubry , égale- ment ilTu de Jacques Aubry Marie Villette qu'ainfi & ; François , Laurent & Perriùe Aubry étoient coufins-germains de Jean-Martin Aubry. - h

produit, pour justifier On cette généalogie, une multitude d'extraits de baptême, de mariage,

de fépulture^ un acte de notoriété, des certificats, des lettres enfin de M. le Maré-

chal de Castries ancien Ministre la , de Marine , & de MM, les Administrateurs de la Colonie, dont les Aubry de Tours ont fait folliciter la protection en 1786.

On réclame aujourd'hui au de François nom , Laurent & Perrine Aubry l'univerfalité de il la fucceffion de Jean-Martin, cé qui femble faire naître deux questions. La première, de

favoir fi le père de Jean-Martin Aubry, mort en 1763, à Saint-Domingue, étoit véri-

tablement iffii de Jacques ,• la Aubry & de Marie Villette féconde , fi en fuppofant cette origine Martin père à Aubry de Jean-Martin , François , Laurent & Perrine Aubry

feroient véritablement appelés la à fucceflion de Jean-Martm Aubry , comme étant feula de leur famille fès plus proches parens.

Cette féconde question exigera un examen détaillé de tous les actes rapportés par les

adverfaires il faudra les tirer du chaos la ; , de confufion avec laquelle on affecte de les

préfenter, en vérifier la forme, les claffer relativement à chacun des individus de cette

famille auquel ils appartiennent en confidérer , les rapports. La mort de François & Laurent Aubry néceffitera la même opération une féconde fois ; en fuppofant que Fran- çois & Laurent Aubry fuffent, comme on le prétend, coufins-germains de Jean-Martin

Aubry il faudroit encore s'affurer , fi ceux qui prétendent pourfuivre aujourd'hui leurs droits les auroient effectivement recueillis.

Nous ne nous occuperons pas ici cette de question fecondaîre. Elle entraîneroit une difcuf-

.'isM»!^fmm!^ii>^-

yJ^?'»" ,

[44]

iion trop étendue , & nous regrettons déjà beaucoup de ne pouvoir refferrer d'avantage celle des points principaux qui nous paroît indiipenfable. On nous en difpenferoit d'ailleurs

nous n'en doutons pas , lorfque nous nous ferons expliqués fur la première. Après avoir

démontré qu'il n'exista jamais de parenté entre les adverfaires & Jean-Martin Aubry,

pourrions - nous avoir encore à leur difputer les degrés & les nuances de cette parenté

qu'ils fuppofent ?

On peut remarquer & faifir dès à préfent l'avantage que les Sieurs Caradeux ont toujours eu & ne cefieront d'avoir fur toutes les famil'es qui fe font préfentées & pourroient fe préfenter encore à la fucceffion de Jean-Martin Aubry.

La parenté des Sieurs Caradeux avec le Sieur Aubry remonte au Sieur Aubry lui - même, frère de l'aïeule des Sieurs Caradeux. Les preuves qu'ils en rapportent font directes comme la

fource même de cette parenté. Elles réfident dans des actes émanés du Sieur Aubry lui-même

il avoit leur où il a reconnu les Sieurs Caradeux pour fes petits-neveux , comme reconnu mère pour fa nièce , & leur aïeule pour fa fœur; dans des actes communs au Sieur Aubry & aux

, réciproques entr'eux n'admettent pas plus de doute fur auteurs des Sieurs Caradeux , qui l'identité des perfonnes que fur leur parenté. Ces actes font paiïes dans la Colonie, entre des perfonnes qui y demeuroient.

Les adverfaires partent d'un point plus éloigné. Il faut qu'ils remontent jufques aux aïeux de Jean-Martin Aubry. C'est en fuppofant qu'eux & lui font fortis de cette fouche com- mune qu'ils prétendent parvenir à établir leur parenté : leurs preuves font donc d'abord néceflairement indirectes. C'est en fe m;ttant vis-à-vis de Jean-Martin fur les lignes parallèles

qu'ils qu'ils tirent de ce point fuppofé commun , parviennent à fuppofer encore des rapports entr'eux.

Mais le point capital & difficile est de justifier cette origine commune : ^oc opus , hie lahor est. On pourroit justement comparer les efforts des adverfaires à ceux qu'on fait

pour détourner le cours d'une fource bienfaifante & la conduire fur une terre que la nature a placée trop au-delTus de fon cours pour partager la fertilité quelle réptnd. Les riverains la reçoivent fans peine , fans travaux , comme un bienfait de la nature. Celui qui veut l'ob- tenir, en lui préparant un nouveau lit à force d'art & de foins, fe berce d'une illufion qui , en s'évanouiffant , ajoute à fa privation. Si la Loi de la nature femble quelquefois fe

p.ir le l'artifice plus fouvent elle punit la main téméraire qui veut laifler vaincre génie & , l'enfreindre & la violer.

Ce n'est pas en 1786 que la famille Aubry, de Tours, a manifesté pour la première fois

fes prétentions à la fucceffion de Jean-Martin Aubry. Nous en trouvons la première trace

dans procuration Sifox Renc-Jean-Giâllaume Aubry ,'iié^odint une donnée en i-j6j , ^zr un [45] pour Magddeîne-Mjne-Françolfe-Ja^uime-Jnne & Renie- à , tant pour lui que filles majeures. Ma§deléne-Jmal>k-JdélaïJe-Fktoire Aubry , fes fœurs ,

Sieur Chmantds, Receveur des Domaînes LaHernière est devenue depuis la femme du

on le verra, à cette alliance du Sieur Chenantâis de Sa Majesté, à Amboife. C'est, comme existence. que le procès actuel doit Ton

Sieur Guenette Géomètre. On le chargeoit Cette procuration de 1767 étoit donnée au du Sieur Aubry, la partager, tranfiger, de venir à Saint-Domingue recueillir la fucceflion ce qui donne une dont on étayoit ces prétentions , & &c. &c. On lui remettoit les titres les Sieur Demoifelles Aubry de leur ten- juste idée de l'efpoir que concevoient eux-mêmes &

au Sieur Guenette le cinquième de tous les biens , fonds & effets tative , ils abandonncient

que tous les frais de voyage, pwccdures & autres feraient à de ladite fucceffion , à condition leur revenoit rien au moins ils n'euffent : de manière que s'il ne , fa charge & à fes rifques rien à débourfer.

Avril il dépofa chez Me. Contant Le Sieur Guenette paffa dans la Colonie le 30 1767; procuration les titres que le Sieur Aubry de Castelin, Notaire alors au Port-au-Prince , fa & y avoit joints.

vivement la famille Caradeux. On étolt Cétoit alors que la Dame Hudin pourfuivoit Le Sieur Guenette n'ignora pas fans doute à la veille du jugement. Il est du 3 Juin 1767. qu'il venoit réclamer. Il devoit qui avoit précifément pour objet la fucceffion ce procès , concilioient avec l'existence du Sieur Aubry, vérifier d'abord fi les titres de lès constituans fe valeur de ces titres, fur le fuccès qu'il mort à Saint-Domingue. Il dut aulTi confulter fur la

pouvoit en efpérer.

réfultat de fes recherches de l'infuffifance Le Sieur Guenette instruifit fes constituans du ,

pièces , en jufqu'au mois de Mai 1786, de leurs titres ;& depuis le dépôt de ces 1767, prétentions des Aubry de Tours restèrent dans époque de la demande des adverfaires , les

l'affoupiflement & dans l'oubli.

devenue pour les adverfaires le pré- Se perfuadera-t-on facilement que cette inaction foit atroce contre la famille Caradeux contre texte de la diatribe la plus infultante, la plus & pas nommer ? le Sieur Guenette, qu'ils n'ofent cependant

les Sieurs Dame Aubry , « il avoit long-temps que & On lit à la page 12, du libelle y établir; ils avoient même déjà dans „ connoiffoient leurs droits & étoient en état de les Mais une fource de richeffes fe répandit fi » la Colonie un repréfentant pour cet effet. titres, que le dépofitaire de leur confiance & de leurs ., abondammemÔC ^i fecrètement hr la caufe en ait été bien -à-coup très - confidérable , fans que V fa fortune fe trouva tout nouveaux biens il oublia l'accompliffe- » connue. Il fe plongea dans les jouiffances de fes ,&

ii^.i P!:s^iïT:ivy^i:;sa5:ï«£SSiï. i-r.tS^^ [46] » m.nt de fes obligations les intérêts de ùs constituans & , à tel point qu'il n'a feukment pzs encore « fongé jufqu'à pnjmt à Li restitution des pièces qui lui avaient etè confiées r..

<4 Ce n'est qu'en 1786 que les héritiers Aubry fe font retrouvés en état de former & V de foutenir leurs réclamations par une nouvelle , réunion & un nouvel envoi de toutes leurs pièces, fur- tout , » & par le choix d'un fécond mandataire qui ne dût pas être auffi n heureux que le premier n.

.1/- ( L'ombre du crime pourfuit le méchant : par - tout il l'apper^oit ou le fuppofe. Qud fera donc le terme de l'acharnement des adverfaires contre les Sieurs Caradeux ! Eh m quoi 1 ce ne feroit point aiTez pour leur haine, pour leur paffion, de les dépouiller comme ils l'annoncent, de l'état, de la fortune qu'ils ont ufurpés ! On voudroit encore les faire foupçonner de manœuvres honteufes déshonorantes! & Comme ce conte ridicule est ineé-

nieufement arrangé !

On a fans doute remarqué déjà ce moyen employé pour enrichir le Sieur Guenette fecrètement, / que cependant les adverfaires le connoiffent afTez pour le donner comme avéré.

Et pourquoi le Sieur Guenette auroit-il été ainfi abondamment enrichi ? Pour trahir les mtéréts des Aubry de Tours, pour abufer de leur confiance, pour facrifier leurs droit* par un défistement abfolu par , un pacte perfide, ou enfin par la fuppreffion de leurs t-tres? Pomt du tout. Pour fuJpendre feulement l'ufage d'une procurarion qui pouvoit être révoquée le lendemain; pour ne pas actionner les Sieurs Caradeux qu'on pouvoit attaouer a tout instant en donnant à un autre , les pouvoirs confiés au Sieur Guenette.

Jufque-là on ne voit que de l'inconféquence dans cette fuppofition injurieufe; mais voilà 1 atrocité & la calomnie.

Le Sieur Guenette n'a feulement pas encore fongé jufqu'à préfent à la restitution des pièces qui lui avaient été confiées.

£t ces pièces ont été dépofées eatz un Notaire du Port-au-Prince , par le Sieur Guenette lui-même, le Avril l'instant 30 1767, à de fon arrivée dans la Colonie : & les adver- fa.res,^en fe plaignant de ce que ces pièces ne leur ont pas été restituées, produifent eux-meme une expédition de toute» ces pièces, qui leur a été délivrée par le Greffier du Port-au-Prince.

Ce n'est pas tout: dans la procuration de le 1781 , Sieur Chenantais parle des infor- mations prifes fur les lieux par U Sieur Guenette, & de leur rcfultat. Il n'avoit donc pas oublie les intérêts de fes constituans.

Dans la nouvelle procuration de 1786 , le Sieur ChenantdskmW bien élever des doutes lur le ide l'ardeur du & Sieur Guenette. Il dit que /. moindre obstacle l'a rebuté, ou cjue ,

d'autres motifs lu! ont faît garder le filence. Mais il dit aufll qu'alors (en 1767) on n'dvoitpas remis au Sieur Gumette des pièces fiiffifantes ; car ce n'est que depuis peu de temps que le Sieur comparant le Sieur Chenantais a ( ) découvert les plus intércjfantes que le Sieur Chenantais ayant trouvé des nnfelgncmens de cette fuccejjïon , a projette d'éclaWir fes droits en établljfant une filiation ajfe^ pour les foUde récLimer ; en conféquence , les Sieurs Fran- çois Laurent , Auhry & la Dame veuve Marldoh Perrine , ( Aubry ) les feuls ayant droit à la fuccejjion de JeanrMartln Aubry l'ont chargé de leurs pouvoirs . . . &c. &c.

Il est donc avoué par les adverfaires eux-mêmes que les pièces remlfes en fj6y au Sieur Guenette n étalent pas que ce n'est que fuffifantes , depuis peu que le Sieur Chenantais a décou-

vert Us plus Intérejfimtes. Il est donc avoué que ceux qui avoient chargé le Sieur Guenette en n'avoient aucuns 1767, droits, puifque les feuls qui en eujpnt (félon les adverfaires) étalent François Laurent Perrine , & Aubry , & qu'aucun de ceux-là n'avoit paru dans la procuration de 1767.

Cette dernière vérité est incontestable dans le fystême actuel de nos adverfaires eux-

même. Car ceux qui avoient chargé le Sieur Guenette de réclamer pour eux en 1767, font placés dans la généalogie qui est l'ouvrage du Sieur Chenantais , à un degré au-deffous de celui qu'il affigne à François, Laurent & Perrine. Les prétendans en _, 1767, les consti- tuans du Sieur Guenette n'auroient donc pas été les plus proches parens. Il n'auroient donc été appelés ni par le testament ni , par la Loi. Les Sieurs Caradeux auroient donc eu la certitude de faire rejeter cette réclamation , en admettant même toute la filiation fur laquelle on la fondoit alors.

Il eût donc été de l'intérêt des Sieurs Caradeux de faire hâter cette action , au lieu de chercher l'éloigner. à Certains qu'elle feroit profcrite , par & l'infuffifance des titres , & par l'éloignement du degré de parenté , Ci on fuppofe qu'ils fe foient rapprochés du Sieur Guenette ce ne feroit , pas fon filence , mais plutôt fon activité qu'ils auroient dû payer. Leurs facrifices auroient au moins produit un effet plus réel , des conféquences plus fûres que cette inaction stérile & infructueufe d'un mandataire dont ils auroient pu, dans cette hypothèfe

diriger tous les mouvemens & régler les efforts.

Ceux que font aujourd'hui les adverfaires pour convaincre le Sieur Guenette & les Sieurs Caradeux d'une corruption aviliffante , fuffifent donc pour les justifier en , pour démontrer qu'elle n'a pas même été pofTible. Les adverfaires n'en recueilliront que l'honneur d'une invention révoltante , où on apperçoit peut-être encore plus d'abfurdité que de noirceur.

N'a-t-on pas obfervé , au furplus , que le Sieur Chenantais a lui-même donné une pre-

mière procuration f/2 , que la première 17^; & diligence n'a cependant été iûtç qu'en 1786 ; il le nouveau mandataire n'a pas été auji heureux que le premier , s'il n'a pas été corrompu foudoyé & par les Sieurs Caradeux, quel a donc été le motif de ce nouveau filence ds m [48] voir dans la procuration de 1786. Le Sieur Che- eînq ans? Il est écrit, on vîent de le réunir toutes les chimères qu'il a raffemblées nantais n'étoit pas encore parvenu en lySl à par mettre à la place des titres qui lui manquent. Comment & depuis , & qu'il prétend Sieur Bucqué, rendroit-il l'inaction du Sieui- quelle fatalité ce qui justifie la lenteur du

Guenette criminelle ?

par le Sieur Chenantaîs, Voyons donc enfin quels (ont ces titres nouvellement réunis en étoit né à Tours, iffu de pour prouver que le père du Sieur Aubiy , mort 1763, i.y i 'il''.! la famille de ceux qui réclament Jacques Aubry & de Marie Villette , & appartenoit à

aujourd'hui,

Nantes, le 28 1°. L'acte du mariage de Jacques Aubry & Marie Villette, fait à

Janvier 1648.

Iflus mariage parmi lefquels fe trouve, 2». Plufieurs actes de baptême des enfans de ce ,

dit-on, celui d'un Martin Jubry , né en 1658. i-'. iC

que les adverfaires ont trouvé dans les Archives 3°. Le certificat de M. de Larnage , Paris. de la Compagnie des Secrétaires du Roi , à

4°. L'acte mortuaire de Martin Aubry, mort à Léogane en 1698.

50. Un acte de notoriété fait à Tours, le 15 Avril 1786.

inutile ici. Nous ne nous occu- Le détail des autres titres produits par les adverfaires est

Jean-Martin Aubry : nous pons pas de vérifier les degrés auxquels ils feroient parens de étoit de leur famille ; examinons feulement s'ils prouvent que le père de Jean-Martin Aubry

plus d'intérêt à leur contester qu'ils feroient les & s'ils ne le prouvent pas , nous n'avons étoit leur oncle. coufins-germains de Jean-Martin , s'ils euffent prouvé que fon père

quelles réfulte-t-il des pièces que nous venons d'énumérer , en admettant même Or , que plufieurs ne font rapportées foient authentiques & vraies ? cela n'est pas bien certain, pufque nous garantit que qu'en expéditions collationnées fur d'autres expéditions, & que rien ne d'Officiers publics, les premières foient exactes, fans altération, & véritablement émanées . \

dignes de la confiance qu'on veut leur faire accorder.

Marie En fuppofant ces pièces vraies & fidelles, il en réfulteroit que Jacques Aubry & au quartier de_ Villette eurent, en lé'cS, un fils nommé Martin ; qu'il est mort en 1698,

Léogane , un Mardn Aubry.

il en réfulteroit encore, En abufant , comme on l'a fait , de l'acte de notoriété de 1786, ans que fi on veut, que Martin Aubry, né à Tours ^ s'en est abfenté à 17 ou 18 , & qui) que ce ceux qui ont figné cet acte de notoriété ont éiitendu dire, (on vciTa par Martin'

% [ 49 ]

Martin Aubiy avoit quitté la maifon paternells ; qu'il n'avoit jamais donné de nouvelles

de l'on existence, & qu'il avoit formé un établiflement dans l'ile Saint-Domingue, fans

favoir dans quelle Partie de cette île.

feroit Mais toutes ces fuppofitions feroient admifes , on en des vérités incontestables , qu'il

n'en réfu'teroit jamais la preuve de ce que les adverfaires ont à établir. Nous allons les

en convaincre d'après des faits qui leur lont échappés , & des principes incontestables qu'ils ont invoqués eux-mêmes.

Les Sieurs Caradeux n'ont pas intérêt de contester à leurs adverfaires qu'il foit né on

Martin Aubry à Tours, & dans leur famille même. Mais ils foutiennent que c'est à ces

adverfaires à prouver que le Martin Aubry né à Tours étoit le même que celui qui époufa

Marie Dubois au Port-de-Paix , le même que celui qui mourut à Léogane en 1698, Ô£

qui fut le père de Jean-Martin Aubry, mort en 1763.

ici Sieur Et que difent les Sieurs Caradeux , que le Chenantais , l'ame de ce Procès , ne

fe foit dit à lui-même , tant la vérité est quelquefois impérieufe & puifTante ?

Dans la procuration de 1781 , en parlant du Martin Aubry né à Tours de Jacques

Aubry & de Marie Villette , le Sieur Chenantais fe demande : Efl-ce le même qui s'efl

marié à Marie Dubois , dont ejl ijfu Jean-Martin Aubry , de la fuccejjion duquel il s'agit ?

Qui des trois branches prouvera le contraire} Est-ce la veuve Hudin . . . . &c. Ces derniers,

les Aubry de Tours doivent être reconnus pour les héritiers les plus apparens , & doivent l ( )

exclure les autres.

Le Sieur Chenantais erroit fur les principes & les conféquences , mais il étoit au moins

de bonne foi fur les faits. Combien n'étoit-jl pas loin, lui cependant partie intérefTée, du

ton décifif & affirmadf qu'on a fiibstitué dans le Mémoire à celui du doute & de l'in-

certitude qu'on la ? Il raettoit en question fi le remarque dans procuration Martin Aubry 5

né à Tours , étoit le même que celui mort à Léogane. Il fentoit bien que c'étoit-là le

nœud plus facile à éluder qu'à réfoudre , le point de la difficulté fur lequel il devoit nécef-

fairement échouer. Il reconnoiflbit l'impoffibilité où il «toit de justifier l'identité de ces

deux êtres , fans laquelle cependant les Aubry de Tours ne pouvoient être admis à la

fucceffion de Jean-Martin.

Lorfqu'il demandoit enfuite qui prouverait le contraire , lorfqu'il croyoit avoir établi que

le contraire ni par la Hudin ni ne pouvoit être prouvé , Dame , par les Sieurs Caradeux ^

qu'en concluoit-il encore.' Que la preuve de l'identité étoit acquife pour les Aubry de

Tours. Non , il ne s'abufoit pas encore à ce point i il vouloit feulement que les Aubry

de Tours fuffent reconnus pour les héritiers les plus apparens & pufltnt exclure les autres.

- Mais c'étoit là de h part du Sieur Cliepantais une erreur groflîère en principes , une

conféquence faulTe. G itt I^SÊam (50]

Ce ne feroit ni aux Sieurs Caradeux , ni à la Damo Kudin à prouver que le Martin

Aubry de Tours n'étoit pas le même que le Martin Aubry , père de Jean-Martin. Ils le

feront cependant : mais il est de principe, nous pardonnons au Sieur Chenantais de l'igno-

alTujetti à la preuve d'un fait négatif, parceque cette preuve rer , que l'on ne peut être

est prefque toujours impoffible ; que c'est à celui qui annonce un fait à prouver, & non

pas à ceux à qui on l'cppofe à prouver le fait contraire; El qui dïc'u incumbk onus probandi.

Il est de principe encore qu'on ne peut être reconnu héritier fur des apparences , & qu'on

peut encore moins fur des titres appanns dépouiller ceux quij à une longue & paifible

joignent des titres aufTi certains que ceux des Sieurs Caradeux pour en justifier pofleffion ,

la légitimité.

L'erreur du Sieur Chenantais lur les principes & la faufle conféqiience qu'il en tiroit ainfi

rectifiée , restoit le doute qu'il fe faifoit fur l'identué des deux Martin Aubry , & fon

obligation indifpenfable de prouver cette identité.

Pouvons-nous craindre que les principes auxquels nous rappelons les adverfaires , cette

néceffité pour eux de justifier l'identité du Martin Aubry, né à Tours, avec celui dont

Jean-Martin est ifTu dans la Colonie , foient contestés ?

La raifon feule les prefcrivoit. Nous les avons adoptés , nos livres en font remplis. Mais que nous rapporter que pouvons-nous faii-e de mieux pour nos adverfaires , en à eux-

mêmes, & adopter leur propre doctrine, toutefois fans tirer à conféquence ?

A la page 23, lorfqu'ils jouoient fi agréablement fur les noms du père des Sieurs Cara-

deux , il leur est échappé de dire que Jean & Jacques Caradeux étoient incontestablement deux

individus distincts & différens l'un de l'autre ; ce qui n'est pas vrai , car on pourroit avoir

Jean-Jacques , tantôt celui de donné au même individu , par erreur , tantôt le nom de

feul Jean , & il ne cefTeroit pas pour cela d'être un & même.

qu'il faudroit encore établir Ils ont ajouté que la preuve de l'identité ne ferait pas fufîfante ,

que c'est du Caradeux dont il s'agit, que les Sieurs Caradeux font enfans.

Page 30 , lorfqu'ils vouloient contester l'identité de Marie Dubois, mère de Jean-Martin

Aubry, avec Mûrie Dubois, fœur de Simone , mère du Sieur de Gizeux , ils difoient :

» la justice qui ne peut décider que fur des preuves , ne pouvoir pas en trouver une

» déterminante relativement à Marie Dubois, dans une fimple particularité de la vie de Simone

» Dubois fa fœur ».

Page 32. «Marie Dubois, femme de Martin Aubry pouvait être fille de Jean Dubois

cette poffibilité, puifqu'on » & d'Anne Galop , de Bordeaux. On ne peut pas méconnoître

j> ne connoît aucune circonstance de fon origine ; mais on ne trouve pas la moindre

S) apparence que telle fût fa naiilance. Elle pouyoit aufiî être née dans un autre lieu que ,,

r 5H ^

)) Bordeaux , & d'autres païens .... Ce n'étoit pas à la première de ces deux polîlttilités

» que les règles & la raifon permettoient de donner la préférence dans l'incertitude , parce-

» que les principes du Droit prefcrlvem à celui qui forme une réclamation de la justifier

» complètement ».

Répétons donc avec les adverfaires. S'il étoit pojjîbk que Martin Aubry, né à Tours, fût le même que le père de Jean-Martin , il feroit pojfible auflî qu'il ne fût pas le même ; la pojjibllité que ces deux êtres euiTent été dlfthiËs & dlffirens l'un de l'autre , fuffiroit aux Sieurs

Caradeux pour arrêter leurs adverfaires la qu'ils ne fuflent ; poJfibUlté qu'un feul & même y

•feroit , contraire , infuffifante les adverfaires au pour , parcequ'ils ne peuvent être admis fur

c'est des pojjibllltis , fur des apparences , parceque à celui qui forme une réclamation à là justifier parcequ'il faut des preuves l'Identité c'est adverfaires complètement , de , parceque aux

à tout prouver fur cette identité ; parcequ'enfin les Sieurs Caradeux réunifient la pofiTeflion' aux titres, & n'ont maintenant qu'à critiquer & contredire, non pas \es preuves, mais les apparences que leurs adverfaires voudroient y fubstituer. m La refil'emblance des noms Martin & Aubry & l'analogie pour l'âge des deux individus

dont l'un né à Tours , l'autre enterré à Léo^ne , voilà les preuves d'identité fur lefquelles on s'étend avec complaifance. w

On affure que la Loi & fes Ministres ne peuvent en exiger , en defirer d'avantage pu"A , que c'est aux deux termes de la y\s que les hommes doivent être infcrits & remarqués dans les monumens publics, pour afilirer leur état & celui de leur postérité.

On avoue cependant que le mariage est une troifième circonstance , dans laquelle la même formalité doit être remplie pour les mêmes fins , & que Martin Aubry s'étoit marié.

Mais, ajoute-t-on, la perte de l'acte du mariage est certaine. Il faut donc s'en tenir, dit-on,

la à ces deux actes du commencement & de la fin de vie , puifqu'il est certain même dans l'ordre établi par la Loi, qu'on ne pourrait jamais s'en procurer d^avantage.

On en conclut que l'identité de Martin Aubry , né à Tours , mort à Léogane , doit paroître auffi précifémen:: & auffi parfaitement certaine que fi tous les faits de fa naiffance de fa vie & de fa mort s'étoient paffés lous nos propres yeux.

Il ne manquoit aux adverfaires que d'offrir leur aiîîrmation fur cette identité. Ils eufiene dû le faire ; ils le feront peut-être. Ce ne feroit pas plus ridicule aflurément que la con- viction qu'ils affectent pour tâcher de la faire panager.

Nous remarquons d'abord fur ce point , comme fur tous les autres , la foupleffe incroyable des adverfaires , la facilité avec laquelle ils accommodent leurs principes aux circonstances.

Veulent-ils écarter les Sieuis Caradeux ? Ils leurs reprochent de ne pas rapporter une ,

' 1." 5^ . ]

foule d'actes de tamille qui devroient dépofer de leur parent6 , de ne pas repréfenter leur

correfpondance avec le Sieur Aubry , celle du Sieur Aubry avec eux , de fupprimer ce canal

les preuves de leur état , de la pojj'ejfion de leur état pourraient jaillir très ahon- fi imponant d'où preuve delà parenté doit fe faire par titres, comme damment ; (page 28 du Mémoire). La

partages, licitaions, aEles de tutelle^ oMes de célébration ou certificats de mariage, (Ce font

les propres termes delà procuratioi» de 178-6).

Est-il question des adverfaires & de la preuve de leurs droits? Ils n'ont b.foin de puifjr

à arfcune de ces fources ? Un acte de baptême, un acte de mort, cela fuffit , s'écrient-ils ,>

parce que le mariage est perdu.

L'acte de baptême prouve qu'un enfant né à Tours, a été baptifé en 1658, que cet

Jacques Aubry de Marie Viilette qu'on l'a appelé Martin. Mais w^: enfant étoit celui de & , qu'il ait très-certainement il ne prouve pas que cet enfant foit venu à Saint-Domingue , y

époufé Marie Dubois, qu'il y foit devenu le père de Jean-Martin Aubry, mort en 1763.

L'acte de mort prouve qu'un homme connu à Léogaa;, fous le nom de Martin Aubry, y a été enterré en 1698; cet acte ne prouveroit même pas que cet homme fCit le père de

Jean-Martin, s'il n'existoit une foule d'autres preuves de l'analogie de ces individus entr'eux,

s'il étoit permis de leurs rapports commnns avec Marie Dubois & Marie-Magdeleine Aubry ,

les papiers inven- d'en douter lorfqu on retrouve après la mort de Jean-Martin Aubry , parmi

toriés après fon décès en 1763, cet acte qui atteste la mort de Martin Aubry, en 1698, & celui qui constate celle de Marie Dubois, Ce font les deux premières pièces

de l'inventaire.

Nous préfente-t-on rien de femblaWe pour constater l'idendité de l'individu né à Tours

poflibllité, fi l'on veut, & de celui mort à Léogane ? La conformité de nom'. Ce fera une Dubois. une apparence, comme on le difoit pour les adverfaires, à l'égard de Marie La 11^ l'individu e»nvenance de l'âge exprimé par l'acte mortuaire , avec celui qu'auroit eu alors

né à Tours, en 1658, feroit-elle plus probante? Ne connoît - on pas la valeur de ces

Il énonciations dans les actes de mort? Celui de 1698, n'est figné d'aucun parent. est chef l'âge de Touvrage du Prêtre feul qui l'a écrit. Il aura , félon l'ufage , apprécié de fon

celui qu'il venoit d'enterrer. Peut-on compter fur l'exactitude d'une pareille mention ? Peut-

on l'offrir comme une preuve irréfistible de l'identité de celui qui venoit de mourir à Léogane, !:•«' avec celui qui étoit né à Tours ?

> I Nous raifonnons toujours dans l'hypothèfe où la véritable origine du père de Jean • Martin

Aubry ne feroit pas connus, quoiqu'elle le foit parfaitement. Mais nous voulons détruire

l'efpoir des adverfaires fous tous les points de vue poffibles.

Suppofons que l'acte de mort de 1698 eût donné à Martin Aubry 30 ou JO

, "îl^:, "•*V,i •vtjÎBBg7--îc>i3iîBDa-- V1|;

'' t i'u [53] preuves (fîJcnt'té, ans , au lieu de lui en fuppofer 40. Si les Aubry de Tours offraient des Lfquels &. fur-tout de pojfeffion d'état, des actes , des papiers dom.stiques r.ulcni.;nt par leur Martin Aubry, le père de Jean-Marti.» , les eût reconnus pour fes parens , & où, de côté

cette contra- ils l'euffent avoué pour ttl ; que répondroient-ils à c^lui qui leur oppoferoit riété entre les actes de baptême & de mort de Martin Aubry, fur la durée de fa viet être Ils diroient avec raifon: cette différence, ou plutôt cette erreur, ne peut pas nous

celui qui nous a oppofée ; elle ne peut pas empêcher que nous ne foyons les parens de regardé toujours comme constamment reconnus pour les fiens , que nous avons de même le nôtre.

Et fi dans ce cas la contradiction qui k trouveroit entre les actes de baptême & de mort de Martin fur fon âge , ne pouvoir pas exclure de fa fucceffion ceux qui rapporte-

fi cette roient , d'ailleurs , des preuves certaines de leur parenté réciproquement reconnue ; contradiction apparente ne pouvoit pas détruire toutes les autres preuves de l'identité de l'individu qui feroit réclamé par fa famille ; comment & pourquoi cet accord fur l'âge de

Martin Aubry, entre l'acte de baptême produit par les adverfaires, & l'acte mortuaire de

1698, ce rapport qui fe rencontre entre ces deux pièces pourroit-il tenir lieu aux adverfaires indifférente. de toutes les preuves d'identité ? La contradiction la plus Forte fur ce point feroit

On ne s'y arrêteroit pas. Elle feroit regardée comme le fruit de l'erreur. L'accord fur le même point doit donc être vu indifféremment auffi. Il est aufii l'effet de l'erreur ou da des preuves qu'il faut en justice. hafard. Il ne prouve pas l'identité de l'individu , & ce font conjectures des apparences. Ce font des preuves complètes , & non pat des ,

Combien de fois la justice n'a-t-elle pas été féduite, égarée par des vraWemblances , des fignes apparens & même phyfiques, par une réunion de faits, de circonstances fi pofiti-

ves qu'il étoit prefque impoffible de ne pas s'y rendre comme à l'évidence même ? Des

événemens ultérieurs ont enfuite diOîpé le prestige trompeur, Tillufion perfide qui avoit

pris la place de la vérité. Elle a repris fes droits, & l'innocence facrifiée, la Justice violée, ont préparé aux Juges 6c à l'humanité des regrets éternels, des larmes infructueufes.

Les Loix ont été faites pour prévenir l'arbitraire. Il est l'ennemi le plus cruel de la Justice.

la Loi, au moins trouve-t-il dans fon cœur & le Magistrat peut être trompé en obéiflant à fa propre confolation. Mais s'il fe permet d'éluder la Loi qu'il devoir fuivre , s'il la fait

le hafard qui les réunit, s'il fléchir devant les circonstances trompeufes & fauffes comme

s'il opinion preffentiment veut prendre le vraifemblable pour la vérité , préfère une , un

, ce preffentiment l'égareront fouvent parce- aux preuves que la Loi exige , cette opinion ,

l'injustice que la vraifemblance est près de qu'ils font auffi voifins de la prévention & de ,

l'erreur & du menfonge.

les- apparences Lss Sieurs Caradeux ne doivent donc pas craindge que les poflibiljtés & iiilBITiiiinTinir HL

[ 54 J

présentées par leurs adverfaires , foient adoptées comme des preuves de l'identité des deux

Martin Aubry, dont l'un étoit né à Tours & l'autre fut enterré à Léogane.

Les nouveaux efforts qu'on fait pour accréditer les conféquences qu'on a tirées du rapport

de ces deux actes, peur ajouter de nouvelles probabilités à celles qu'on en fait réfulter,

prouvent allez que les adverfaires eux-mêmes n'ont pas dans les premières toute la con-

fiance qu'ils feignent d'y mettre. Tout en difant que leurs preuves de cette identité qu'ils

cherchent font complètes, ils en fentent le vide & la foibleffe. Ils appellent à leur fecours

un acte de notoriété fait ert 1786. Ils n'en préfentent qu'une portion, & ils s'extafieiu

enftiite fur le degré d'éclat & d'évidence que cet acte ajoute à ce qu'ils appellent leurs preuves.

Nous allons faire pour les adverfaires plus qu'ils n'ont fait eux-mêmes. Cet acte de noto-

nété , ce vernis éclatant de leurs preuves , cette pièce victorieufe & triomphante pourquoi! , - l'ont ils donc fmcopé ? Pourquoi nous ont-ils fait grâce de la majeure partie ? Pourquoi

îi'en ont-ils extrait que les derniers mots en le mutilant? Si le reste a pam inutile aux

adverfaires , au moins est-ils affaz curieux pour le montrer 'i ?

1°. Sept perfonnes de Tours certifient : avoir connu le Sieur Aubry de la Fontaine, Bour-

geois de cette ville lequel étoit fils , du Sieur Jacques Aubry & de Marie Villette , ejl né

a été baptlfé en Parolffe de Saim-Plerre le & L PuelUer , le ij Mars i6yi, a époufé Demol- felle Marie-Marthe Archambault en , la Paroljfe de Salnt- Venant , le 2/ Janvier lyoo , est

décédé en celle de Saint-Saturnin II , oh a été inhumé le iç Juin iy^6 ; ledit Sieur Aubry à laiffé pour feule fille & unique héritière Demoifelle Aubry , préfentement veuve de Me,

Jean Maridois, Procureur au Bureau des Finances de cette ville. t

a°. Qu'ils ont connu le Sieur Jean-Pierre , Aubry Marchand à Tours , fils dudit Sieur

Jacques Aubry de la Dame Marie Villette lequel , & , a été baptlfé en la Paroiffe de Saint-

Venant , le jo Août i6yç a - , époufé. Demoifelle Marie Jeanne le Sage , en la Paroljfe de Notre-Dame , le 26 Août i6ç8 , est décédé, & a été Inhumé en la Paroljfe de Saint-

Venant , le premier Novembre lyzô ledit Jean-Pierre Aubry a laiffé ; pour feuls enfans , Fran- çois Laurent Aubry Marie-Jeanne & , & Catherine , époufé du Sieur Galloche , tous quatre dénommés en l'acte de notoriété devant fait Me. Thenon , ancien Notaire à Tours, le 24 Juillet lyôy.

3°. Quelefdits Sieurs Pierre & Jean - Pierre Aubry avoient d'autres frères & fœurs, & notamment le Sieur Martin Aubry en , baptlfé la Paroljfe de Saint-Saturnin , le 20 Novembre i6y8; lequ-1 Sieur Martin Aubry ils n'ont point connu , parcequ'il s'est abfenté de cette ville à l'âge de ou 17 18 ans; qu'ils ont entendu dire auxdhs Sieurs Pierre & Jean-Pleire Aubry a leurs parens , , à leurs voifins & contemporains que ledit Martin Aubry avoit quitté la maifon paternelle à l'âge de 17 ou 18 ans; qu'il n'avolt jamais donné de nou- velles^ de fin existence^ qu'il & avolt^formé un établljfcment dans l'Ile de Sdm-Domlngue^ fans favoir dans quelle partie de cette île.

^^StÊIBi mmitfiBmBmsimr

'^\^- mm. m Nous nous défendrions en vain de ces fentlmens de vénération & de déférence quHnfpire

riaturellemînt tout ce qui fort de la bouche des vieillards, ne plalfe A Dieu , qu'empruntant

le langag; du doute offenfant, de la dérifion infultante, nous cherchions à ridiculifer le

témoignage de ces fept fiècles vivans pour ainfi dire. L'état de quelques-uns d'entr'eux doit

même ajouter encore au refpect dû à leur- âge.

Mais nous avons fans doute le droit d'examiner les pièces qu'on nous oppofe; & ne

pouvons-nous difcuter le témoignage , fans bleffer ce qui est dû aux témoins .''

Nous allons d'abord examiner la forme de l'acte ; nous verrons enfuite ce qu'on doit

penfer de ce qu'il contient.

Cet acte qu'on appelle de notoriété femble d'abord n'avoir été requis par qui que ce

foit. Il paroît être fait du pur mouvement de ceux qu'on y a fait parler. On n'ofera

pourtant pas contester qu'il ait été provoqué par les adverfaires & pour eux. Cette affecta-

tion de diffimuler la caufe & le moteur de cet acte n'est-elle pas d'abord ce que nous

appelons , nimîa prcecautio ?

Un acte de notoriété ne mérite la confiance de la Justice que lorfqu'il a été ordonné

par elle; celui dont il s'agit ne l'a point été. -

Les déclarations qui ne font pas fcellées par le ferment ne méritent aucune foi. Elles ne font regardées dans les Tribunaux que comme des certificats que la complaifance & la foibleffe ont accordés à l'importunité & à la follicitation. Ceux à qui on a arraché ces attesta- tions équivoques font même exclus du nombre des témoins , fi la justice permet enfuite

d'en faire entendre fur le même fait , 6c il n'est pas question de ferment dans l'acte dont

' il s'agit.

Un acte de notoriété fuppofe, ou la déclaration que fait chacun de ceux qui y font appelée de la connoiffance particulière qu'il peut avoir d'une partie des faits qu'on cherche à cons- tater , ou leur attestation unanime fur un feul & même fait également connu de tous ceux qui fe réunifTent pour le certifier, & de chacun d'eux.

Dans le premier cas , l'acte est compofé de déclarations détachées & données à part. La notoriété ne réfulte enfuite que du concours & de l'uniformité de plufieurs fur le même point.

Le fécond fuppofe que tous ceux qui y participent fe font réunis effectivement , & que c'est pour ainfi dire à liur acclamation que le fait a été recueilli.

Celui dont on cherche à tirer avantage ici est de cette dernière efpèce. Il prouve cepen- dant que les fept perfonnes qu'on y fait parler ne fe font pas même vues, qu'elles n'ont par conféquent pu fe concilier & concerter la déclaration uaanime qu'ils femblent néanmoins avoir faite fur une foule de faits. ,

rT-imnm [56] tnwfon défaites parties ; c'est-k- l'acte a été fait & paff: audit Tours , I! y est dit que au lien de les chacun des fept témoins, dans fa maifon, dire que l'acte a été porté à l'uniformité littérale laqudle au tnoins l'unanimité , à réunir dans une feule pour avouer

tout<:S Icurs déclarations. on a fi étrangement foumis

lecture de ce qu'on leur que les témoins priffent ou entendiffent Enfin , feUoit-U au moir*s formalité. craignoit s'est encore affranchi de cette On faifoit adopter, & il paroît qu'on quelques réflexions qui auroient pu déranger cette fans doute que la lecture leur fuggérât admirable harmonie.

accord miraculeux, nous ne craignons pas de le Qui pcurra croire, au furplus , à cet quelle des exemples d'une mémoire fi extraordinaire dire? On voit fans doute quelquefois qu'elle rapporte. Mais fe permet de douter de ce paroît prodigieufe , fi étonnante qu'on fept dans les , on veut qu'il s'en foit trouvé ces prodiges font rares , infiniment rares & notoriété de 1786. fept perfonnes choifies pour l'acte de

unanimement qu'ils fe rappeloient de l'année, du On n'a pas rougi de leur faire certifier l'enterrement de Pierre Jean-Pierre Aubry jour même du baptême, du mariage, de & faits des nonu mariages ces enterremens avoient été , & des Paroljfes où ces baptêmes , ces ,

de baptême de chacun.

naiffances celle de Martin Aubry qii On n'a pas eu honte de leur faire attester ces & , des témoins eux-mêmes des & même 60 ans avant la naîffance , remontent à 40 , 50 jour, des morts arrivées 40 60 ans avant mariages faits auffi avant qu'ils euffent reçu le &

^ l'époque de l'acte où ijs dépofeHt.

vieilleffe trop crédule trop facile ? Le N'est-il donc pas évident qu'on a abufé de leur &

il énerve décompofe les orga- temps affoiblit & dégrade les facultés de l'ame , comme & caducité des fept témoins qui ont concouru à nes du corps ; & on femble avoir attendu la Pourquoi a- pour en obtenir alors ce qu'ils n'aurolent pas accordé plutôt. l'acte de 1786 , qu'on pouvoit également faire en t-on attendu la fin de 1786 pour un acte de notoriété de Tours, ou du moins en 1781 lors de 1767, lors de la première tentative des Aubry C'est qu'on ne s'étoit pas encore affuré de la première procuration du Sieur Chenantais?

qui feule pouvoit confentir. la foiblefle complaifante , y

notoriété choqueroit tous ceux On a bien preffenti que cette première partie de l'acte de fufpicion de mé- qu'il naiffoit néceffairement un fentiment de & qui l'appercevroient , en foin de n'en montrer que fiance pour tout le reste ; voilà le motif pour lequel on a eu

les dernières lignes.

quand on réfisteroit à l'impreffion qui Et quand on les détacheroit de ce qui précède ,

la les conditions rejaillit de la première partie fur l'autre, quand cet acte réuniroit forme &

.:;â=^é--^i.is^i" - M tAXTCa

t Ï7] quî pom'oient ajouter à Ton authenticité, à fa foi tout ce qui y manque, en réfulteroit-il la preuve de l'identité du Martin né à Tours, de celui & enterré à Léogane ? 11 s'enfui- vroit feulement que les témoins ont entendu dire que Martin Aubry , né à Tours, avoit formé un établiffement à Saint-Domingue, fans /avoir dans quelle partie de cette ÎU.

Un oui-dire, fur-tout lorfqu'il ne peut plus être vérifié, en appelant ceux auxquels on prétend avoir entendu dire , fut-il jamais une preuve ? En admettant la vérité exacte de cet oùi-d:ire, feroit-il prouvé, d'ailfcurs, que l'individu mort à Léogane en 1698, fût celui qui, né Tours, s'en à étoit abfenté à 17 ou 18 ans, avoit paffé à Saint-Domingue, & y avoit formé un établiflement ?

Mais qu'il est loin de la vérité cet oui-dire \ Qu'il est loin même de la vraifembîance ! est vifible U que l'acte de notoriété n'est pas l'ouvrage des témoins dans fa première partie. Il est palpable qu'elle a été arrangée par le Sieur Chenantais lui-même. II étoit auffi facile pour lui qui avoit déjà ramafle les actes de baptême, de mariage & de mort de Pierre Jean-Pierre Martin & Aubry, d'indiquer, comme il l'a fait, la date par année, par jour' les noms de baptême, ceux des Paroiffes que cela , eût été impoflible pour les témoins. Cela est démontré.

Cette première partie, qui ne peut pas être l'ouvrage de ceux auxquels ^ on l'attribue, nk été amf, préparée que pour amener le reste, ce qui est relatif à l'émigration de Mlrtin Aubry. Nous avons prouvé que la féconde partie n'étoit pas non plus l'ouvrage des témoins auxquels on l'attribue en commun, puifqu'ils ne fe font pas même affemblés , puifqu'on, ne s'est pas afTuré même qu'ils l'adoptoient en l^ur en faifant la lecture. Qu.l autre que 1^ Sieur Chenantais a pu en être l'auteur ? Qu:l autre que lui avoit intérêt à fuppofer que ces vieil- lards avoient entendu dire que Martin Aubry, né ans 40, 50, & 60 avant eux, étoit parti de Tours ou ans, à 17 18 & venu à Saint-Domingue .? Comment fuppofera-t-on que des faits auffi éloignés, auffi étrangers, auffi indifférens aux fept perfonnes par lefquelles on Vs fait attester aient , fait fur chacune d'elles une égale impreffion , qu'elles en aient tout^ confervé un fouvenir affez exact, alT^z fur pour fe permettre de les cenifier de la même manière avec la même précifion , , dans les mêmes nuances l

Eh quoi Hnterrogez fept témoins du même fait, dans l'instant oî, il arrive, fans qu'au- cun d'eux ait y un intérêt direct, les rapports qu'ils vous en feront varieront, & même fouvent fur des points eflentiels. Interpdlez-les de nom^eau quelques mois après, plufieurS l'auront oublié. Ceux qui auront ' conf.rvé le fouvenir du fait en lui-même , en changeront les circonstances, ils ne feront pas d'accord entr'eux, chacun d'eux ne le fera pas même avec fon premier récit.

Et on veut nous faire croire que fept perfonnes , dont la moins âgée avoit 70 ans ont pu certifier, avec vérité, fe rappeler toutes également des oui-d^re des mêmes faits 2 H [58] fait de cette mer- Mais ce qui en dilTipe la magie, ce qui Cette utilformltdest impoffible. cette uniformité très-naturelle, très-facile à expliquer; c'est que veille nne chofe très-fimple , qu'il avoit la ren- Sieur Chenantais. Il l'a calquée fur l'intérêt à est l'ouvrage d'un feul , du a de perfuader ce que cet ouvrage lui a coûté de plus, été contrer. Il l'a fuppofée , & qu'elles pouvoient les donner fans il a obtenu les fignatures , enfate auxfept perfonnnes dont bien gardé de leur laiffer entrevoir qu'il vouloit compromettre leur délicateffe. H fe fera La vieilleffe est bonne aura préfenté comme un acte indifférent. & en abufer; il le leur utile- Il est fi facile pas le mal. Elle aime à paroître encore confiante. Elle ne foupçonne de l'abufer l

manoeuvre beaucoup au furplns , dans cette petite Le Sieur Chenantais auroit pu mettre, plus fouvent déconcertée par fes propres inconféquences , plus d'art & d'adreffe. La fraude est la vérité. de fe cacher, que par la force de par les foins qu'elle prend

de fa fuite qu'ils ont entindu parler de Martin Aubry , Par qui fait-on dire aux témoins paffage à Saint-Domingue ? de Tours , de fon

étoient les frères de ce Martin Aubry, D'abord, par Pierre & Jean-Pierre Aubry, ([m voifms contemporains de Pierre & Jean-Pierre Aubry, ou enfuite par 'les parens, les & n'importe, nous donnerons le choix. est équivoque à cet égard, mais des témoins : l'acte

premier Novem- Juin ,74

On a vu ce qu'il falloit en penfer.

plus facile à concevoir, parce Quant aux voifms, parens & contemporains, cela feroit de Martin l'époque à laquelle on les avoit entendu parler qu'on a eu foin de ne pas fixer démarches des Aubry que depuis 1767, époque des premières Aubry II feroit très-poffible qu'un de leurs Auteurs nommé pris foin de répéter & faire répéter de Tours , ils euffent paternelle pafTé à Saint-Domingue. Martin Aubry avoit quitté la maifon , &

feroit dire comme beaucoup d'autres, & ce Les témoins euffent pu le leur entendre ont elle-même ces propos dont leurs pétent.ons enfuite les propos de la famille Aubry , en un acte de noto- l'occafion qui fe trouveroient transformés dû néceffairement devenir , prétentions. riété pour jusufier ces mêmes

gré de l'invention. Sieur Chenantais a dû fe favoir bon Cela n'est pas mal imaginé. Le qui ont engagé les trouve en même-temps une des raifons Il a dû s'en féliciter; on y pendant ao ans. Il /alloit laifTer munr le Aubry de Tours à fufpendre leur réclamation en le précipitant. projet plutôt que de s'expofer à le faire avorter ,

1 59] de avec Ce qu'on a dit & Mais au moîns Molt-îl concilier l'acte de notoriété 1786, annoncé dans la procuration de 1786.

lettre écrite le Mars 1764, par lô On parle, dans cette procuration de 1786, d'une 19 Maridois (Perrine Aubry, l'une des adverfaires). père Juhry, Minme, à la veuve ,

Me. le Gendre, Notaire à On ne rapporte pas cette lettre, quoique dépofée chez

le réfultat dans la procuration. Et que Mais on en a inféré r'!i Amboife, le 6 Août 1786. S.;!; i dire oncle pin de certifioit , dit-on , avoir oui. à [on , difoit cette Lettre ? Ce Religieux y enten- qu'il s'en était allé ,& n'en avaient jamais laDamc Mandais, qu'ils avaient eu un frère ,

du parler.

a quitté furti- Aubry , on difoit : « 11 Quelques lignes au-defllis , en parlant de Martin ans, s'est réfugié dans un coin de » vement la maifon paternelle à l'âge de 17 à 18 & toute famille. C'est à l'appui de cette affeition n l'île de Saint-Domingue, à l'infçu de fa

» qu'on cite la lettre du Père Aubry , Minime.

' Père Aubry étoit né en 1702 Cette lettre mérite toute l'attention des Magistrats. Le Martin Aubry. Le Père Aubry étoit dans un temps voifm de la prétendue difparition de Le père Aubry étoit de la contemporain de ceux qui ont concouru à l'acte de notoriété. étrangers de ce moins autant de connoiffance que des , famille ; 11 devoit donc avoir au fon oncle enfin il parle d'après le père de qui avoir trait à l'existence de Martin Aubry ; quel étoit le père de la Dame Maridois? Cétoit la Dame Maridois, auffi fon oncle. Et

qui l'acte de notoriété fait dire que Martin Aubry Pierre Aubry, le même que celui à Saint-Domingue. avait formé un établiffement dans Vile de

Minime, qu'il Aubry a dit à fon neveu, au Père Aubry, Eh bien ! ce même Pi&rre avait jamais entendu parler. avoit eu un frère qui s'en étoit allé , & qu'ils n'en

' que Martin Aubry avait dans l'acte de notoriété , Pour favoir , comme on le fuppofe que Pierre Aubry eiit entendu parler de formé un étubVJfement à Saint-Domingue , il falloit

de la maifon paternelle , le Père Aubry a Martin Aubry fon frère , depuis fa fuite & fuite de Martin Aubry il n'en avaient entendu dire à Pierre Aubry que depuis la ,

jamais entendu parler.

Martin procuration donnée par les adverfaires eux-mêmes : On le répète encore dans la

l'ile Saint-Domingue , A l'insçu de toute sa famille. Aubry s' étoit réfugié dans un coin de

de cette famille. Ils ignoroient donc l'étabHf- Pierre & Jean-Pierre Aubry faifoient partie n'avoient jamais entendu parier de lui. S'ils fement de Martin Aubry à Saint-Domingue. Ils

ils n'ont donc pas pu en parier. S'ils ignoroient fon établilTemînt à Saint-Domingue ,

l'acte de notoriété n'ont donc pas pu le leur n'ont pu en parler, ceux à qui on a furpris

tntendre dire'. [60] C'est aiiifi que l'intérêt aveugle s'éloigne du but fon de ambition, précifément par les

moyens qu'il choifit pour arriver. On ne pouvoit fe y diffîmuler l'infuffirance de l'acte de baptême justifier pour l'identité , Se que tout le fystême étoit renverie , fi cette identité n'étoit prouvée. Le befoin de la prouver, l'impuiffance de le faire par des titres ont fait imaginer de s'en créer un dans l'acte de notoriété. Mais on ne s'est occupé qu'à le concevoir dans les termes qui pouvoient le plus affurer l'effet qu'on en attendoit. On n'a pas apperçu qu'il en produiroit un tout oppofé , s'il ne s'accordoit dans toutes fes combinaifons , fous tous fes rapports avec les faits qu'on avoit déjà avancés, avec les autres témoignages qu'on in- voquoit en même-temps.

Voilà cependant ces titres lumineux, ces titres annoncés avec tant d'emphafe & d'audace. Non feulement ils ne prouvent pas l'identité du Mamn Aubry né à Tours , & de celui moft à Léogane mais ils prouvent que les adverfaires qui , , connoiffent l'obligation indifpenfable pour eux de justifier cette identité font dans l'impuiffance , abfolue de la remplir; qu'ils ont voulu tromper la justice par des apparences menfbngères, par des certificats infidèles , qui,> en les admettant encore, ne prouveroient jamais l'analogie & l'identité, s'ils pouvoient les Il faire préfumer.

juger Veut-on bien fainement des prétendus titres des Aubry de Tours , veut-on les apprécier leur à juste valeur ? Qu'on les compare avec ceux qu'on demandoit à la famille Caradeux pour justifier fes droits à la fucceflion Aubry, avec ceux que la famille Caradeux rapporte.

Qu'après en avoir fait le parallèle, on s'interroge fans partialité. Est-il pofflbie de douter de la parenté des Sieurs Caradeux , avec Jean-Martin Aubry } N'est-il pas prouvé jufques à l'évidence que Jean-Martin Aubry étoit frère de Marie-Magdeleine Aubry , & que celle-ci étoit l'aïeule des Sieurs Caradeux ? N'est-il pas évident que les Sieurs Caradeux étoient les petits-neveux du Sieur Aubry, & fes parens au même degré que les Aubry de Tours iii prétendent l'être ?

Qui pourroit, au contraire, fe permettre d'affurer , d'après les pièces que nous venons de difcuter, que les Aubry de Tours, font parens de Jean-Martin Aubry , que Martin Aubry, né à Tours en 1658, foit le même qui a époufé Marie Dubois dans la Colonie, qui futlê père de Jean-Martin, qui mourut à Léogane en i6<)^> fi & on ne peut l'afTurer , comment la Justice, qui ne doit prononcer que fur ce qui est clairement prouvé , pourroit-elle adopter conlacrer rwi & ce que l'homme le plus hardi ne pourroit affurer, s'il ne vouloit ceflèr d'être juste & raifonnable .?

Nous nous fommes jufques ici prêtés à l'illufion des adverfaires fur la prétendue fiiitede leur Martin Aubry fur l'éclipfe de , cet individu du fein de fa famille. Mais l'abfence de C2 Martin Aiibry n'a été imagijiée fans doute, que pour fervir le projet de revendiquer le

^ ,

.vit» M., àm-.

L 6i J Mactni Ai.bry mort à Léogaae pour ceiui né , à Tours., Elle étolt nécefTalre pour colorer la réclamation des adverfaircs , ils l'ont fuppofée. Cette abfence du Martin Aubry, né à n'est Tours, pas constatée. Rien ne la justifie puifque nous venons de détruire la m'ention qui s'en trouve dans l'acte de notoriété, puifque la lettre du père Auhry , Minime, qui la fuppofe auffi, n'est pas rapportée, puifque, fût-elle rapportée, cette lettre écrite à l'une des adverfaires par un des leurs, à une époque postérieure au décès de Jean-Martin Aub.y fufpecte par conféquent , ne pourroit rien prouver en leur faveur ; puifqu'enfin & l'acte d> nororiété la lettre ne parlent que & à'ouï-dire , auxquels on ne peut s'arrêter.

On pourroit foutenir , & nous devons préfumer que ce , Martin Aubry, né à Tours , a continué d'y exister, ou dans tout autre endroit bien connu de fa famille, & qu'eUe est parfaitement instruite du terme de fon existence , du lieu oti elh a fini. Nous devons pré- fumer, que cet individu ne s'est point expatrié, qu'il a vécu dans le fein de fa famille. C'est aux adverfaires à prouver fa fuite fon paffage & dans la Colonie, comme ils faifoient eux-même aux Sieurs Caradeux une obligation de prouver le paffage de Marie Dubois dan«. la Colonie, fon identité & avec celle qui étoit née à Bordeaux, fœur de Simone Dubois mère du Sieur de Gizeux.

Tant que les adverfaires ne rapporteront pas des preuves légales & certaines de la difparitloii de leur Martin Aubry , nous foutiendrons qu'ils ne font que détourner & diffimuler les preuves de fon existence de fa mort & en France, pour fuppofer qu'il setoit enfui de Ir maifon paternelle.

Et ces preuves de l'abfence de Martin Aubry de Tours feroicnt -elles impoffiblas , devroiint- elles même être difficiles pour les adverfaires , fi cette abfence n'étoit pas fuppofée, f, eUe navoit pas été imaginée pour en faire la bafe & le prétexte de leur réclamation', pour leur donner au moins l'occafion de venir chercher en 1786, dans l'mdividu mort à

Léogane en 1^98 , celui qu'ils difent leur manquer depuis plus d'un fiècle ?

Selon la fable des adverfaires, leur Martin Aubry, né en ^ 1658, auroit fui de Tours à l'âge de 17 ou 18 ans, par conféquent en 1675 ou 1676. Son père & fa mère ne font morts que long-temps après, l'un en 1695, l'autre en 1699. Où font tous les actes le famille, où font les inventaires, les partages, les contrats de mariage, les testamens , qui ont pu dû être faits dans cette famille & depuis l'instant où on fait fuir c; Martin Aubry Il ? a dû y être question de lui. On a dû parler de fon abfence y , y pourvoir. >es frères fœurs & ont dû fe faire envoyer en poffeffion de fa portion. On auroit pu , à^ :ette époque, négliger ces formalités dans la Colonie, où l'administration de la Justice étoit aicore dans fon berceau. Mais on ne les auroit pas oubliées en France.

Pourquoi les adverfaires ne repréfentent-ils aucun de ces actes de leur famille ? Pourquoi reulent-ils lubstitusr àss ouï-dire , de* certificats mendiés y & furpris ? Pourquoi? & œla

aÉ^C ' ;<

[ 62 ] fuppofent parcequ'iU démentiroient ce que Us adverfaîres , n'est-il pas claîr? Parceque ces actes

de l'aLf-nce prétendue de leur Martin Aubry , nî contiennent aucune preuve , aucune indication preuve de fa mort, ou de fon existence en parcequ'on y voit peut-être au contraire la fa folte celle OÙ nous en postérieures à celle qu'on donne à , à France , à des époques Colonie. rapportons de l'existence du nôtre dans la

font muets fur le compte de ce Martin Aubry, Si au contraire tous ces actes de famille

fi fa famille s'est dé- de fon existence ou de fa fuite , s'ils ne renferment aucune indication abfolument aban- elle, s'ils fe font refpectivement & tachée de lui, comme il renonçoit à point fuivi ce Martin Aubry dans fa fuite, fi toute fa donnés, fi la follicitude paternelle n'a de ce Mardn Aubry, comment famille a vécu depuis plus d'un fiècle dans l'oubli total dont le fentiment n'a été ré- admettre aujourd'hui cette famille à faire revivre une parenté

fucceffion opulente ? Comment l'accueillir, lorfqu'abufant veillé dans fon fein que par l'appât d'une qu'elle a répudié depuis plus d'un fiècle, avec lequel de la reiïemblance du nom de l'être rapport, elle auffi long temps , aucune forte deliaifon, ni de elle n'a confervé .pendant un uniquement le prétexte d'une réclamation prétendroit faire revivre cette parenté pour en faire

' ambitieufe ?

qui n'ait été déjà preffenti par eux. Ils l'ont . Nous n'oppofons rien ici aux adverfaires force de cette objection, prévu dans la procuration de 1781. Ils n'ont pu fe diffimuler la

ils font bornés à dire qu'on pouvoit faire la même & dans l'impuiffance de la repouffer , fe

objection à la veuve Hudin. Ce n'est pas y répondre.

prouvent bien que celui qui Ignore-t-on que les actes publics qui constatent la naiflance frère de celm telle perfonne , fera néceffairement le a été baptifé , étant fils de telle & père mère mais que pour favoir qui aura été baptifé comme lui , & fera iffu des mêmes & ; un pareil acte est bien réellement l'individu qui enfuie fi celui qui fe préfente avec

puifient fe reconnoître pour frères, l'éducation, \zpopJfion y est défigné, pour que l'un &. l'autre

? C'est de la cohabitation d'une éducation d'état est la feule preuve poffible & admiffible , réciproque, continuée par les commune, de la reconnoiffance commencée par l'aveu intimes, que peut doit habitudes journalières, ou du moins par les liaifons & les relations &

réfulter cette pojfejjlon d'état.

cette reconnoiffance, de ce rapport entre la famille Aubry Or , exlste-t-il le moindre trait de

--^ ? En existe-t-il le moindre figne entre 1 de Tours & l'individu mort à Léogane en 1698

cette famille & Jean-Martin Aubry, mort en 1763 ?

la valeur de cette Écoutons encore nos adverfaires fur ce point. Ils connoiffent le prix &

il est impoffible de prouver la poffeffion d'état, de cette reconnoiffance, fans lefquelles 1, Atf Caradeux une obligation étroite de la parenté , de la justifier. Ils ont fait à la famille ,

la remplir leur tour. prouver entre elle &. J^.an-Martlii Aubry. Les adveifairesont même à à ':^^

\ n [63 ]

d'état, ils ont toujours été forcés de Mais loin de rapporter autune preuve de poirefTion aujourd'hui, qu'il navoit convenir d'abord à l'égard du Martin Aiibry qu'ils revendiquent que depuis fa fuite de la maifon paternelle, donné aucune nouvelle à [es parens de France, lui avoir à l'infçu de toute fa famille , fans il vivoit réfugié dans un coin de Saint-Domingue, JAMAIS donné fgne de vie.

étoit le même que celui mort à Léogane ; Ainfi , en foutenant que leur Martin Aubry

Saint-Domingue, il n'y auixjit eu entr'eux les adverfaires avouent que depuis fon paffage à aucune relation.

prouver qu'il' A l'égard de Jean-Martin Aubry, les adverfaires, prefles par leur intérêt à luppofer. avoir reconnu leur famille pour la fienne , ont commencé par le

iMt

, des obfcrvations fommaïres imprimées en France, Dans la procuration de 1 78 1 dans , Jean-Martin Aubry s'arrêta, pour la famille Aubry de Tours, on prétend qu'en 1742, qu'il ne put rencontrer parcequ'iLs à Tours quelques jours pour y découvrir fes parens , , ancien patrimoine de la famille. derneuroieru alors à leur terre de la Fojfe, en Anjou ,

préfenta chez la veuve Aubry, » Qu'il revint à Tours en 1756 ou 1757 ; qu'il fe Dame que la veuve du Sieur Jacques n qui étoit alors en campagne ; que le malheur voulut Dame les autres dans » Aubry ne s'y trouvât pas, & que fes enfans, les uns en penfion &

étoient difperfés chacun de leur côté , enforte que j) les Cloîtres & dans le Commerce ,

6» Aubergijles che^ qui le Sieur » ces deux anecdotes n'ont été fçues que par des voifins les

» Aubry avoit défendu.

avérés qu'on affure que c'est pour cela que le Sieur tellement ; On donne ces faits pour , plus de publicité fon décès Aubry a cru la voie du testament la plus fûre pour donner à aux Aubry de Tours, contre toute efpèce quand il arriveroit , & par ce moyen confrver que pour eux. d'ufurpation , les biens qu'il navoit confervés

pas contes N'est-ce pas un fonge que nous venons de tranfcrire ? N'est-ce un de ces

leurs enfans au fommeil ? ridicules que les nourrices appellent à leur fecours pour rendre

plufieurs voyages en France. Il s'est Le Sieur Aubry a vécu près d'un fiècle. Il a fait parens. Mais le malheur a voulu qu'aux arrêté deux fois à Tours pour y découvrir fes abfente ne pût çonfommer cette re- deux époques cette famille nombreufe fe trouvât , & connoifTance précieufe.

aufli que Jean-Martin Aubry ne fçftt pas écrire, ou ne . Le malheur a voulu fans doute de réparer voulût pas écrire. Car c'étoit un moyen fi fimple de remplir fes intentions , & ^'m l'inconvénient de l'abfence de toute la famille.

que eux. 11 étoit cependant très attaché à cette famille, puifqu'il n'a confervéfes biens pour éBB&i

[ 64 ] peut Youloir Mais on reconnoître une familk pour la fienne , on peut vouloir l'enrichir ne & cependant pas vouloir fe donner la peine de l'en prévenir par une lettre. :.»*

On va à Tours , on s'y arrête plufieurs jours exprès pour déccuvrlr fis parens , mais k malheur veut qu'ils folent leurs terres. à On fe préfente che[ la Dame Aubry , mais le malheur veut encore qu'elle ne s trouve y pas y & que fes enfans fo'ient en penfion , dans les cloîtres

le commerce les dans s obstacles animent quelquefois, les difficultés irritent celui qui a une intention un projet remplir. , à Mais le malheur veut que le Sieur Aubry ne tienne point au fien. Il renonce à fes defirs de découvrir fes parens , mais il ne renonce pas à leur lai/fër des biens qu'il n'a confervés que pour eux.

Pour leur affurer les effets de fon attachement , il fait un testament , mais fon premier foin est de ne laiffer rien échapper qui puiffe feulement les défigner , & les faire reconnoître.

Il ne faudroit nous le , ofons dire, il ne faudroit cjue cette fable rifible pour prouver tout à la fois combien les Aubry de Tours ont fenti la nécefTité de fuppofer que le Sieur

Aubry les avoit reconnus ils , & combien font restés loin de ce but qu'ils vouloient atteindre.

Mais ils ont mis encore le comble à leur abfurdité , à leur mauvaife foi , en difant enfuite

le contraire de tout ce qu'ils avoient d'abord avancé de la prétendue reconnoiflance de leur famille par Jean-Martin Aubry.

Dans la procuration du 13 Septembre 1786, le Sieur Chenantais dit que: » Le père de

r, Jean-Martin Aubry étant décédé en ce 1698 , & fils n'ayant alors que 4 à ^ ans , & n'ayant » aucun papier de famille ignorait , ahfolument la province de France dont fon père était n originaire qu'on fait par tradition qu'il n'avoit aucune connoiffance de fes aïeux ; qu'il » ne connoijfoit que Manin Aubry , fon pè-e , & qu'il ignorait fi ce père n'avait point eu des

» frères & fœurs qui ayant des enfans , étoient , à coup-lùr fes coufms-germains , & avoient

» droit à fa fucceffion. i>

On conviendra peut-être qu'il ne peut être vrai en même-temps que Jean-Martin Aubry n'ait eu aucune connoiffance de l'origine de fon père , de fes aïeux , de fon pays , & qu'il fe foit arrêté deux fois à Tours, pour y voir la famille Aubry, qu'il reconnoiffoit fi bien pour la fienne qu'il n'a confervé fes biens que pour elle.

doit auffi On remarquer que l'on a fuppofé la prétendue reconnoiffance des Aubry de

Tours, le par Sieur Jean-Martin Aubry , avant qu'on eîit obtenu l'acte de notoriété du 15 Avril L'histoire 1786. des vifites du Sieur Aubry à Tours paroiffoit néceffaire alors pour établir quelques rapports de l'ideritité après laquelle on foupiroit.

Lorfqu'on a penfé que ces rapports pourroîent être fuppléés par l'acte de notoriété , on s'est facilement déterminé à abandonner le conte merveilleux des démarches du Sieur Aubry, pour

^;a. i'-

[65] pour reconnoître ceux de Tours en 17^2 ou & 1756 1757. On a avoué fans peine qu'il n'avoit connu ni les parens , ni le pays de fon père.

Mais les fa^ts peuvent-ils donc varier ainfi au gré, fuivant l'intérêt ou la pof.tion des adverfaires > Qu'ils sachent que celui qui varie fur des points auffi effentiels en impcfe né- ceflairement au moins une fois, & qu'il est, à bon droit, foupçonné d'en impofer par l'une l'autre & des deux verfions contradictoires qu'il préfente.

Mais foyons généreux indulgens. Laiflbns encore & aux adverfaires le choix de leurs deux fystèmes ; lailTons-les perfister dans leur affertion que Jean-Martin Aubry ne connut pmais ni le pays ni la , famill a de fon père , ou revenir à leur première fable qu'il connoiffcit leur famille pour la fienne, qu'il s'est arrêté deux fois à Tours, pour renouer les liens ufés parl'abfen:e dijjiper & les nuages dont fon pire s était couvert dans le long cours de fes erreurs &de Jes aventures. ( Ce font encore les termes de la procuration de 1786. )

Dans le dernier cas le , filence du testament du Sieur Aubry fera terrible pour les. ^ adverfaires. Si le Sieur Aubry avoit voulu recOnnoître leur famille pour la fienne, s'rl n'en avoit été empêché que par U malheur qui voulut que deux fols toute cette famille nom'- breufe/e trouvât abfente, s'il avoit cependant perfévéré dans fon attachement pour cette famille, au point de ne conferver biens que f.s pour elle, nos adverfaires nous diront pour- quoi le Sieur Aubry ne les mvo\ti^isàéÇi2,néi nominativement dans fon testament, pourquoi il n'auroit pas au moins indiqué la ville de Tours où il auroit fçu que cette famille vivoit. Il auroit bien fçu que cette famHle qu'il avoit , voulu reconnoître , mais qu'il n'avoit pas reconnue , avec laquelle il n'avoit eu aucune relation, qui n'en avoit jamais eu aucune avec lui, 'avoit befoin d'être déngnée part;culièrement. Les adverfaires nous diront le motif du fiience du Sieur Aubry fjr leur compte, eux qui concluoient que les Sieurs Caradeux n'étoient ni parens, ni héritiers du Sieur Aubry, de ce que le Sieur Aubry ne les avoit pas nommés. Autant cette défignation nominative étoit inutile fjperflue & pour la famille Caracleii-î notoirement parente, autant elle eût été néceffaire, indilpeufable p-nir cette famille que rien ne rapprochoit du S:eur Aubry, qui n'avoit Jamais eu aucune liaifon avec lui, à laqu Fe il étoit impoffible de donner le pl^s léger indice de cette ;-q^#,/2 J'./^/ que les Sieurs Carad.UK réuniffoient à leurs titres.

Dans le premier cas , fi Jean-Martin Aubry ne connut jamais ni le pays , ni les parons de fon père, il fera d'abord fa-ix & très-faux qu'il ait reconnu la famille de Tours pôut la fienne, qu'il n'ait confervé fes biens que pour elle, qu'il ait entendu parler d'elle dans fon testament en laiffant fes biens à fes plus proches parens & héritiers du fang. I! Pra vrai au contraire, & très-vrai qu'il n'a jamais existé aucun rapport, aucane liaifon entre Jes Aubry de Tours & Martin & Jean-Martin Aubry, morts à Saint-Domingue. Il f-ra vrai très-vrai que les & adveifaires n'auront plus ni preuves de poM^'^ d'état , ni Indices da

l'identité qu'ils fuppofem. - ,-.,;.,, 1 SOÊÊÊ

[65] des ùtrcs prcf.nté. pr à ajoute, fur rinfuffifance Nous n'avons plus qu'une réflexiou Sieur Aubry, mort en X763. Ma. pour prouver leur parenté avec le les Aubry de Tours tranchante décifive. cette réflemon est & Saint-Domingue eût été to par Jean-Martin AuVy à SuppofoPS quel, fortune lalffée Jean-Martin Aubry exc.te par lamWn Tours , & .que enFrance par un- des Aubry de fut delareffembiance de nom comme les adverfajres, fe commelesadverfaires, abufant Tours, ou pour la partager à la famUle, Aubry de pour difouter, cette fucceihon préfenté ' Ibccès ne 'rauroit-on pas ..poufle ? avantage , avec quel •Lee elle; avec W

repréfentation de l'acte mortuaire du Marti« fermé la bouche par la On lui eût peut-être montrer qu'on en a eût eu alors autant d'mtérèt à le -Aubry né à Tours, parcequ'on connoiffance. aujourd'hui à en dérober la

' en Mardn Aubry, né à Tours, eût réellemem difparu, Mais en admettant même que ce Aubry de Tours nauro:ent- ,.ort n'eût pu être repréfenté , les admettant que fon extra, de être de notre famJle être fils ! vous prétendez & Aubry : Quoi ils pas dit à Jean-Martin foyiez fils de Marun Aubry nou. en 1658 l' Que vous du Mardn Aubry né à Tours vous ,u.t>fi.z cependant de votre acte de baptême , raccordons. Si vous ne pouvez repréfenter dont vous êtes fils fut cclu. preuve que le Martin Aubry , , votre naiffance. Mais où est la dans to-^ La reffemblance du nom! Elle est infigmfiant. né dans notre famille en 1658! peut-être pas de Province en.^rance plus dans celui-ci , car il n'est les ca. Elle l'est encore nous être oppofee. L'analogie de l'âge! elle ne peut pas où h nom Jub^ ne fe retrouve. ^de il ne peut en réfulter nen Elle est l'effet du hafard, & Elle n'est pas de notre fait. vous ne pouvez 'être aucune pret.ve de l'identité fans laquelle certain. Vous ne rapportez foupçonner VotB ne rapportez rien qui pulffe fa.e ndmls au droit que vous réclamez. fi rien ne^vous rapproche de originaire de notre province. Ma. •feulement que votre père fût de 1 intérêt qur vous appelle, ne voulez vous enter qu'à raifon notre famille fur laquelle vous a plus dun pour refufer de vot« admettre ? 11 y combien n'avons-nous pas de motifs y fa famille comme a fon pays. à Tours, auroit renoncé à fiècle que Mardn Aubry, né abandonna & aucune relation entre lui & nous. Sd Depuis fon évafion,-il n'exista jamais mort fans revemr en attachemem pour lui. Votre père est farniUe, elle ne conferva aucun fo>s.- Vous Aubry, vous :y •êtes venu plus d'une y France. .Mais vous, vous Jean-Martin une charge. Vous avez alors fait Vous avez acquis ^ evez perfectionné votre éducation. y de notre famille Vous n avez pafTé à To.rs , au mUieu constater votre origine. Vous avez hen de notre par une reconnoiiTance .refpecnve le pas même fongé alors àfaire revivre &- des foupçons fur cette manifesté - des doute.. prétendue parenté. Vous n'avez -pas mêrn3 pour vous. Mars feroit .infructuetrfe •& .inutile parenté, tant que vous' avez pu penfer ..qu'elle &cceffion opulente vous démontrée.,, lorfque l'appit c;'u;,e elb vous paraît constame .& vous re.oun^xtre pour la vôtre. Elle ne.peut déte'rmine àchclilr, à adopter notre famille

.'^r'"

S /: • :(: ',» ?

fi vous ne prouvez F dentité des deux êtres dont l'un est né à Tours , <5c l'autre est mcft

à Saint-Domingue. Elle vous repoufle de fon fein avec indignation & mépris. Elle vous rend l'abandon & l'éloignoment où vous & votre père avez vécu pour elle. Si vous & lui avez pu oublier un père, des aïeux, û vous ne demandez à rentrer dans notre fein que parceque l'intérêt vous y invite , vous ne méritez pas que nous nous rendions moins difficiles furies preuves dont vous avez befoin. Vous n'en avez aucune de la pojfejjîon de l'état que vous réclamez. C'est vous, c'est votre père, c'est votre long abandon qu'il faudroir en accufer , & il fuffit pour autorifer notre réfistance.

Il eût été impoffible à Jean-Martin Aubry de la vaincre, & on voudrok que les adver- faires tiiomphaffent de celle de la famille Caradeux ? Qu'on foutienne donc auffi que l'effet de la parenté ne doit pas être réciproque , & que la famille Aubry de Tours a la faculté, le privilège de revendiquer un individu , dont le fils n'eût jamais pu fe faire reconnôître par elle.

L'infiiffifance des titres préfentés par les adverfaires est donc démontrée. Rien ne peut y fuppléer à ce défaut abfolu de preuves de pofTeïïîon d'état , fans lefquiUes celle de l'identité des individus est elle-même impolTible. C'est aux adverfaires à tout prouver, & ils ne prouvent rien. C'en feroit aflez pour les écarter j mais nous voulons aller plus loin encore. Nous voulons prouver que l'identité que les adverfaires avoient à justifier n'a pas pu existe!-, puifque le père de Jean-Martin Aubry étoit iffu d'une famille abfolument étrangère à celle des adverfaires.

Celui qu'un adverfaire courageux pourfuit & charge vigoureufement , métiage & rappelle fes forces en raifon des efforts de fon ennemi. C'est ainfi que les adverfaires ont redoublé les leurs pour diffimuler les preuves accablantes qui nous restent à leur oppofer. Mais ces efforts

, l'infidélité qui fe défefpèrent. font ceux de la mauvalfe foi de ,

Pour fe rendre plus facile la. difcuffion des titres de la Dame Hudin, pour affoiblirles.

leur conféquences qui en réfultent, ils ont commencé par hs prcfenter à gré , par tronquer, les actes, par fuppofer que tout ce qui a été fait entre la Dame Hudin & la famille Caradeux, est le fruit du concert qui a régné entr'eux ; que c'est à ce concert que l'Arrêt du 3 Juin 1767, doit fon existence.

Il falloit bien imaginer un moyen de perfuader au Lecteur étonné que la Dame Hudin

partage la fucceffion ' eût pu parvenir à fe faire admettre au de Aubry , fans cependant y avoir aucun droit, fans l'avoir établi par aucuns titres. £h bien, fuppcfons, a-t-on dit, que

l'Arrêt qui a adopté cette réclamation a été préparé par un concert réciproque , comme

celui rendu en 1764, pour le Sieur de Gizeux. Cette analogie a paru heureufement inventée, & on a efpéré que ce qui étoit vrai pour l'Arrêt de 1764, pourroit bien le paroître pour

l'insta.it de ce celui de 1767. On s'est débarraffé , au moins pour , fardeau pefant d'un

-s-i-.. '---^ -. , préjugé folemndi :

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Infenfés ! Avoz-vous donc pu vous promettre le fuccès d'une illufion aufîi facile à détruire?

N'avez-vous donc pu prévoir quel avantage vous nous prépariez fur vous-mêmes , lorfqu'à

faufle la place de votre fiction menfongère & comme l'imagination qui l'a conçue , nous

auiions rétabli la vérité que vous avez fi cruellement & fciemment offenfée ?

L'Arrêt de 1767 a été rendu fans aucune contradiction ! Il est le fiuit du concert, de

la Hudin la l'intelligence qui régnoie;» entre Dame & famille Caradeux ! Qu'on nous fidve un instant, & qu'on juge du mérite de ce début,

fur les L'Arrêt de 1 767 est rendu productions refpectives de la Dame Hudin , du Sieur

la famille Caradeux fur les conclufions de Gizeux , de , & de M, le Procureur-Général. Le volume de cet Arrêt annonce celui des trois productions qui y ont été vifées. Les adver-

faires produifent cet Arrêt de 1767, & celui de 1764. Il ne faut que les comparer pour

convaincu que fi les Sieurs Caradeux ont demeurer , admis volontairement le Sieur de Gizeux ils ont au contraire repouffé autant qu'il étoit en eux les prétentions de la Dame Hudin.

est fur une feuille. Celui de Celui de 1764 , 1767 , comprend trente-neuf rôles de minute. Celui

est rendu du confentanent des Sieurs de 1764, Caradeux. Ce confiiuemmt y est exprimé littéralement. Celui de 1767 n'offre rien de pareil.

n'est-il donc pas d'autres fignes auxquels il Mais est facile de reconnoître fi l'Arrêt de 1767 a été rendu de concert?

La première demande de la Dame Hudin est de Septembre 1764. L'Arrêt est du 3 Juin 1767. Le procès a donc duré près de trois ans.

le Décembre une première Sentence du Dès 3 1764, Port-au-Prince avoit , fur les

des Sieurs Caradeux, afiTujetti défenfes la Dame Hudin à rapporter d'autres titres que ceux qu'elle préfentoit.

Mai la préfenta En 1765 , Dame Hudin de nouveaux titres, & reprit fes pourfuites. Les Sieurs Caradeux les difcutèrent, & le procès ftit appointé le 15 Juillet, instruit de part & d'autre, jugé fur productions refpectives, le Février & 26 1766: la Dame Hudin fiit déboutée de fes demandes.

Elle cette appela de Sentence , & forma oppofition aux partages que la famille Caradeux fe difpofoit à faire de la fucceflion Aubry.

L'Appel fut instniit. Chacune des parties fit imprimer fa défenfe. Nous avons fous les yeux un Mémoire & confultation imprimés au Cap, pour la veuve Hudin j- le Mémoire fut l'ouvrage de Me. Bourgeois , Doyen des Avocats du Cap. La confultation fut délibérée au Cap, le i Mars 1767, par dix autres Avocats du Confeil du Cap.

Peu de jours avant l'Arrêt, le 23 Mai 1767,1a Dame Hudin fit fignifier une nouvelle

;:~^^Bp ,

fin

[-^9 1

Roquêta , où elle demandoit qui les héritiers Caradeiix fuffent tenus d;; repréfenter les tîtres en vertu defquels ils ie prétendoleiit parens du Siiiir Aubry , & notamment l'extrait baptistaire de Marie-Magdeleine Aubry , leur grand-mère ; fmon elle protestait de faire faire les recherches fuffifantes pour prouver & justifier de la bâtardife des Sieurs CaraJeux , & de les faire exelure du partage de la fuccejpon.

Ls même jour, 23 Mai 1767, requête des Sieurs Caradeux par laquelle ils demandent que la veirve Hudin foit déclarée non recevable dans fes concluions, & acte de leurs n^V réferves de fe pourvoir pour caufe de l'outrage fuit à la Mémoire de leur aieulc , & de ce qui en rejaillit fur eux.

Le 2 Juin, veille de l'Arrêt, autre requête de la Dame Hudin. Elle y demandoit acte en cas de difficulté de la Cour à lui adjuger ies conclufions, de ce qu'elle offrait de justifier plus amplement plus clairement qu'elle était cou/îne-germaine dudit & feu Jean-Martin Aubry y

& qu'elle a par lui toujours été reconnue pour telle, ce que' fes parties adverfes ( les Sieurs d'avouer Caradeux & de Gizeux ) feraient tenus ou contester.

' Enfin le 3 Juin , le jour même de l'Arrêt , autre Requête de la Dame Hudin. Elle y révoque la reconnoijfance qu'elle pouvait avoir faite dans fes écrits de la légitimité de Marie-

ALigdeleine Auhy , aieulc des Sieurs Caradeux ; & attendu la preuve qui réfultoit des différentes pièces recouvrées par la Dame Hudin , difoit-on , & notamment de l'extrait de baptême du 2 Février 1698, que Jean-Martin Aubry n'avoit point à cette époque de fœur nommée

Mane-Magdekine Aubry , mais bien une qui s'appeloit Marie Aubry , on demandoit quî hs Sieurs Caradeux fufTent déclarés inhabiles à hériter à ladite fucceffion, & fiiialement

les débourfés que la qu'attendu confidérables , veuve Hudin avoit faits pendant la pourfuite- du prdcès , & dans le cas où la Cour croiroit devoir ordonner un interlocutoire, û lui fût

' adjugé une provifion de vingt mille livres. ,,

Toutes ces conclufions font répétées mot-à-mot dans le vu de l'Arrêt de 1767. Cet

Arrêt étoit fous les yeux des adverfaires , lorfqu'on leur a fait dire qu'il étoit le fruit du concert, qu'il avoit été rendu fans aucune contradiction.

d'une Que pouvoit-on efpérer imposture auflî avérée ? Elle a révolté tous ceux qui ont été témoins des efforts de la Dame Hudin, & de ceux des Sieurs Caradeux pour lui réfister • elle a révolté fur-tout ceux qui favent que ce procès a failli coûter au Sieur Caradeux aîné beaucoup plus cher que fa portion dans la fucceffion Aubry.

qu'on ne penfe pas que ces débats aient fini avec Mais l'Arrêt du 3 Juin 1767. Il

les Sieurs condamnolt Caradeux & de Gizeux à remettre à la Dame Hudin , le huitième de la fucceffion des Sieurs Aubry, dont elle étoit reconnue héritière par '""' égales portions ^ "•' '"'-^- -'''- cUi-î :^.^iu,i^t z '..:' avec eux. / [7-0]

de cet Arrêt. Dès le 2.0 Juin elle en La Dame Kudiii s*a«ipreffa dé fuivre l'exécution huitième que l'Arrêt du qui ordonna qu'elle feroit mife en pofliffion du obtint un autre , un Commiffaire de la Cour, pour procéder à cette mife 3 Juin lui adjogeoit, iSc nomma sn pctTeffiùn.

parvenir à la nomination des Experts, qui doivent cofl- Le 19. Ordonnance pour y

courir.

contre les Sicws Ca<-adeux qui de leur côté Lî 22. Nomination d'Experts par défaut , les fîrent notifier à la veuve Hudin , 17, ^0 déclarèrent au Greffe du Port-au-Prince , & rendoient en France dans le feul unique objet di Juillet qua deux d'entr'eux fe , & Juin & 4 , de l'Arrêt rendu le 3 Juin en faveur de la Dame Hudin. fe pourvoir m caj[athn

aux Gonfeils inconfidérés des Sieurs Caradeux Cette 'démarche iiYéguiiëré àppatteiloit plus prouve-t-eUe qu'ils n'avoient pas confenti à l'Arrêt du •qu'à eux-mêmes ; mais au moins

' 3 Juin i^^J-

fufpendit pas les pourfuites de la Dame Hudin. Elle Elle ne devoir pas arrêter , & ne l'acharnement là Vigueur que la réfistdnce de fes adverfaires les continiia' même a^ec &

"devoit lui infpirer.

la en pofTeflion furent commencées^, on Le 6 Juillet 1767,^5 opérations de mife & y protestations de la fanlill^ Caradeux qui, fans s'oppofér à retrouve encpre les réferves & ,

la foumiffion qui lui étoit due , fe défend de tout l'exécution de l'Arrêt , fans s'écarter de

tous droits actions , moyens & exceptions. acquiefcemcnt volontaire , & rcferve Ces ,

Septembre La Dame Hudin étoit " 'Cette mlfé en pofTeflloh s'est continuée jufqu'en 1767. encore à toucher la moindre portion du toU'ôUrs en fôuffrance , & n avoit pu parvenir

huitième qui lui étoit adjugé.

livres. Arrêt du Septembre 1767,101 - Elle -demanda alors une provifion de 300,000 Un 5

Sieur Rochebknche le 21 Septembre. . adji^eâ 30,000 livres, & elle fit /^i^r - Ê««:ttrcr, le

Caradeux formèrent oppofition à l'Arrêt qui accordoit à la Damé De leui- côté , les Sieurs

Hudin cette provifion de 30,000 livres.

exécutoire de dépens contre la famille Le 13 Juillet 1768, la Dame Hiïdi'n obtint un deniers. Lz famille Caradeux CâraiSteux: Ces dépens furent taxés à 8,978 livres, 1 fous 3

- appela de cet exécutoire. '

Sieur de Rocheblanche de la Lé 4 Août 1768, la Dame Hudin demanda compte au ,

gestion qu'il avoit eue des biens de la fucccfiîon Aubry.

Hudiri contre les Sieurs Le 2 Septembre 1768, autre exécutoire obtenu par la Dame , Caradeux.

'T>?«cr;w'w-:) M [71 1 coti- Janvier dimandedela Damî Hudin , en L-'S îo Décembre 1768, & 23 1769,

la redditlou de compte. . héritiers Caradeux pour ^ da;niiation par corps contre les ,

pourvus ,3U Confeil d'État, contre l'Ariêt du Cejxendant les Rieurs- Garadeux s'étpk'Ht 3 dJhutis de leur demande 2,1 Mars , ils avoient été J-ain 1767, & par Ariêt du J768

en caffathn ^ çondamriés en l'amende.^ , ,

procuré une expédition, La Dame Hudin avoit été informée de cet Arrêt Elle s'en était de la famille Caradeux, Janvier à Me. Faure , alors Avocat & elle le fit fignifi^r le 7 1769, demandant communication de différentes piècis, pour & des S'ieur& ^Damc de Brancas , en lui

fuivre l'exécution de l'Arrêt du 3 Juin 1767.

renoncé Sieur Dame de Brancas, n'avoient pas encore Mais la famrjj Caradeuj:, & les & anéantu" au ConfeU d'État, ils tentèrent de s'attaquer cet Arrêt. Ils n'avoient pu le faire qui l'avoit rendu. -• îî'f^Ê-^s-.-' le faire rétracter par le Tribunal

ils vinrent demander des .Lettres de laps de temps , & Ils obtinrent au grand Sceau Confcl du Port-au-Prince. Us „en pourfuivoient le J'eçtérinement de leur Requête civile au Majesté a impofé filence epleva aux Sieurs Jugement, lorfque l'événement „ fur lequel Sa" , livrés la l'obtenir pendant long-temps. Ils fe .virent à Ca'iadeux la faculté & refpoir de ^pourfbites que l'Arrêt du /"'" ^7h , à la merci des .3 dilbfétion delaveu^ce ^udin &

eux. • rautonfoit à multiplier contre ; ...,''.

Brancas,, famille Caradeux & la Dame de :lm&m:M Ce fut alors feuhment que la huitième qui ,lui étoit adj.gé réglèrent avec la Dame Hudin le Sieur de G^eux, fon père , moyennant,5.io,ooo livres Dame Kùdin leur céda fes droits » par l'Arrêt du 3 Juin 1767. La termes ont été payés aux hMtlcrs de ja.Danig -payables dans pluficurs années. Les derniers ' '' -Hudin. _

iliivit rArrêt plus férieuf. que celle qui précéda & Fut-il i^mais contradiction'yus'vive, n'en avoient oppofe a-t-on ofé dire, que les Sieurs Caradeux du 3 Juin 1767 ? Comment après l'Arrêt,^u ans avant:lV^rrêt,,.près4e d^ux.aus aucune ' Un procès qui aduré prèsde trois ufitées^d^slesTrihunaux, où on-a eureçours à 1 auM ona épuifé touteslesyoiespoffibles & d.fcut, les oîi,.par,-la nature on n'a.pas, feulement ïuprême de Sa Majesté. elle-même, un procès, , leur ét,t celm de, kurs critiqué avec fel.& amertume & droits des concurrens ,.oii on a encore ,où^p|ufieurs defenf^rs procédure .forme ^yolume ,#ayant, .ï^ux où une portion de la m a été fait de concert î fuivant nos adverfaires ! Tout , n'est point férieux , y fe" font fuccédés il, est. te .fruit delà connivence, des délibérations des Magistrats ! i^Arrêtn'e-t point -le réfùltat rapproçhe^-vous répugnance pour la vérité est invincible, tîel'intellic'ei.ce des parties ! Sivotre perfuaf.on q*e .v.oùs recla^nez. ou ceffez de-prétendre à la au moins^de ce qui lui reffemble,

concert $c Hmelligencs n'étoit pas .^z.^ur^ ks .adverfauçs #J-PBQÊr > : .Mais ce BBK

contradiction la plus cliaude oii la , le choc le plus violent ont régné. Il falloit bien encore créer les motifs de ce concert.

Les Sieurs Caradeux avoient", dit-on , befoln de l'indulgence de la veuve Hudin , comme celle-ci comptdk fur la kur. Elle repréf jntoit fur-totit une Lettre, où Rîarie Dubois veuvî

Aubry parloit de fillt. Citta énonciation étoit précieufe , fa pour les Sieurs C^aradcux. liî en réclamoient le témoignage, pour justifier leur état & celui de leur aïeule... .. » Ces pièces

3) étoient donc également aJmifes re:onmss , & invoquées de part & d'autre. La connivence » qui les avoit produites en avoir fait des preuves refpectivcs que l'on réclamoit -avec une

des deux côtés: il falloit » force éfde donc, de toute néaiikté ,qa'e.]les daermlna/fent 1 ^^'' l'Jrréi- n qui a été rendu. »

Cette nouvelle affertion étoit une fuite naturelle de ce qu'on s'est permis fur l'état des Sieurs Caradeux, fur celui de Marie- Magdekine Auhry leur a'ùule, fur l'impuifTance où on les avoit fuppofés de justifier qu'elle fut fceur & fœur légitime de Jean-Martin Aubry. Mais maintenant qu'il est démontré que les Sieurs Caradeux n'ont jamais pu craindre un instant que l'état de leur aïeule fût contesté nous , [pouvons donc dire & avec plus de raifon que les adverfaires: Les Sieurs Caradeux n'avoient pas b.foin de l'indulgence de ta Dame Hudin. Ils étoient loin d'invoquer la lettre qu'elle produifoit pour en induire que la menton qu'y faifoit Marie Dubois de yi/Z/e devoit s'appliquer leur à aïeule. Ils avoient des titres in- contestables. Ils pouvoient donc critiquer févèrement ceux de la Dame Hudin ; ils le dévoient même car la Dame Hudin ne fe bornoit , pas à réclamer une ponion de la fuccefllon elle la demandoit toute' entière. Elle contestoit l'état des Sieurs Caradeux. File a foutenu jufqu'au de l'Arrêt qu'ils moment , étoi;nt inhabiles à fuccéder. Elle prétendoit même , qu'en admettant que -leur aïeule fût fœur de Jean-Martin Aubry , les Sieurs Caradeux n'étant que petits neveux, feroient exclus par elle, veuve Hudin, qui étoit coufme-germaine. Ainfi fous tous les points de vue poflibles les Sieurs Caradeux , dévoient faire les plus grands efforts pour écarter la Dame Hudin bien loin la , de ménager, & de paroître feulement la contredire-

Et les Sieurs Caradeux ont-ils fait ce que leur intérêt leur prefcrivoit avec tant d'empire ? Ônt-îls repoûffé la Dame Hudin de toutes leurs forces , ou ne lui ont-ils offert que cette réfistance foible & complaifante , qui enhardit plutôt qu'elle ne décourage , qui est un pré- fàge certain de la défaite de celui qui paroît l'oppofer qui femble , n'avoir d'autre objet que d'ajouter au triomphe & au plaifir de celui qui attaque ? r;yriro : :J,) liti, a^u j». y; jucT î i:-?^:^b^nf;•^(.

Rien n'a été plus férieux, rien n'a été plus vif que !a défenfe des Sieurs Caradeux. Ils

font juger d'abord les titres de la Dame Hudin infuffifans. Hle y fupplée par d'autres, que lés Sieurs Caradeux parviennent à faire rejeter encore. La Dame Hudin appelle. Les Sieurs

Caradeux fe ralentiffent-ils Ils font ? reparoître leur défenfe avec plus d'énergie. Ils y donnent la publicité de l'ixîipreffion. Celle de la Dame Hudin paroit fous la même forme. Elle

l'appuie

'^-.^^^ [73 ] l'apiMiie du ruffrage unanime du Barreau du Cap , & les derniers instans de nmtnrction voient éclcre de fa. part l'imputation la plus outrageante pour la famille Caradeux.

Scnt-ce là les fignes auxquels les adverfaires ont reconnu le coriccn & la connivence qui ont préparé & dctemkc l'Arrêt ? Si ce concert eût existé , fi on ne fe fût défendu que pour paroître fe défendre, l'Arrêt une fois rendu, il eût été inutile de continuer cette comédie fi mal-adroitement imaginée, plus mal-adroitement encore exécutée par ks adver- faires. Les Sieurs Caradeux eufFent au moins laillé exécuter cet Arrêt qu'on fuppofe préparé , d.firé dicté par eux pour ainfi , , dire. Mais on l'a : vu ils font au contraire finipcffiblè pour éloigner fon exécution. Deux d'entre-eux font exprès le voyage de France pour fe pourvoir. Les autres uf.nt dans la Colonie de toutes les reffourcesde kurs Conftils , pour éluder, au moins jufqu'à , fiffue de la requête en cafïîition.

Cette requête est imprimée en France. On ne craignoit pas , comme on l'a prétendu dans la procuration de 178 1, ck mettre trop à découvert. La caifation fe ne réuffit pas , on a recours à la requête civile, fur quel motif & est-elle fondée? Sur le dol de la vJuve Hudin, précifément dans Tuf-^ge qu'elle avoit fait des lettres qu'on prétend avoir été complaifamment accueillies , invoquées même par les Sieurs Caïadeux.

De fon côté la Dame Hudin marquoit tous , ks jours par de nouvelles pourfuites. Elle prenoit des exéci^to'ires demandoit , , obtenoit des provlfwns , faifoit des ftljies , pourfuivoit un compte des revenus , follicitoit des contraintes par corps , forçoit enfin la famille Caradeux dans les derniers rctranchemens que les formes judiciaires leur avoient ouverts.

C'est donc une abfurdité inconcevable, une imposture révoltante que cette fuppofition de concert, de connivence entre la Dame Hudin la & famille Caradeux. L'Arrêt de 1767 a donc été rendu fur la contradxtion la plus forte. L'Arrêt du Confeil d'État ,qui a profcrit la cafFation demandée du premier, n'a pas été non plus un jeu fans doute. Cet Arrêt, que les adverfaires n'ont pas attaqué, celui de 1767 qu'ils attaquent , donnent donc une jus.e idée des titres de k Dame Hudin. De même que la collufion qui eût préparé ces .décifions,leseût rendu fufpect-s, commï ks adverfaires ont cherché à le faire croire, de même on doit préfumer qu'ils étoient iégidmes & furTxfans puifqu'ils , ont été adoptés par un Arrêt bien contradictoire puifque tous ks efi^orts des , Sieurs Caradeux , avant & après l'Arrêt , ont été impuiffans. Res judicata pro ver'itate habetur.

Mais ks adverfaires veulent remettre en question aujourd'hui cette vérité reconnue en par l'Arrêt du 1767, Port-au-Prince, confirmée par celui du Confeil d'État en 1768,- ne devons-nous pas faire remarquer d'abord qu'ils ont laifTé paffer plus de vingt années avant d'avoir ofé la contester? Ils ont eu connoiffance de l'Arrêt de 1767, dans le temps où il a même été rendu, & c'est en 1788, qu'ils viennent former oppofition à cet Arrêt & à celui de 1764. Ils avoient cependant conçu leurs prétentions, même avant K ,

l 74 1 des dro.ts reconnus de leur part n'est-il pas un aveu ,767 chaque jour de ce long iSence hommage rendu par eux à la vérité qui y «t fixée, pL œt Arrêt de 1767, - "ouvel que la famille Aubry de ? A qui perfuadera.t-on comme au jugement qui l'a confacrée une réclamation auffi mteref- eût abandonné pendant zo ans Tours eût négl.gé fi long-temps, connoifl-ance pleine conno.ffance de droits auffi précieux , fi ayant & f^nte pour ell^, des concurrens pour fe les partager ouverture, des efforts de plufieurs r'ivénement qui y donnoit l'inconféquenc. «^^ ^es Pre- intimement pénétrée de la légèreté, de elle n'eût été pénétrée, de la force de la de l'infuffifance de Tes titres, comme & t.,vions comme du vice & dans cet agiotage honteux concurrens? Ne trouvons-nous pas va'eur de ceux des autres dans ces précautions que la cra.nte de leurs prétendus droits, & fait entre les adverfaires a nouvelle preuve de cette vente Cdm qm leur ont infpirées , une la méfiance de ce droit mandataire, condition que les ab.ndonne-t-il le ^..r, à un à des millions à prétendre, en h la mandataire, s'il n'a aucune praenuon feront à la charge du , frais de la réclamation fon tour abandonne-t-il a un autre réuffit pas ? Ce mandataire , à , tentative qu'il va rifqner ne lui-même des rifques e levene- condition que le fécond fe chargera lesdeu. L du ,uan. à pas Ne font- répétition, fi l'entrepnfe ne reufi^it ? chargé des frais , fans „,.nt & restera feul par les loix, de ces effais lit.gnu. plus distinctifs des trafics réprouvés c^^pa's là les caractères les ce font cependant bien Ltterale- excitent le mépns univerf.l? & troublent la fociété , & c^i du avec le Sieur Chenantais des prétendus héritiers Aubry & Int l^s conventions est même un problême. Quon y Sieur Bacqué , dont l'existence Sieur Chenantais avec le par P.rrln. Aulry^uvc Chenantais s'est fait faire enfuite ;oignela ceffion que le Sieur quil produife,& pas montrer, qu'il faut bien cependant mndo\s,c.... cefilon qu'il n'ofe hommes ambmeux, pour le complot de ces deux onl pourra s'empêcher de concevoir Loi elle-même l'a firappe. k répugnance & l'indignation dont la

la Dame Hudin, d'après au contraire la réclamation de Quelle faveur ne méritoit pa, dont elle les a préfentés ? fes titres & la manière fa première la Dame Hudin forma au mois de Septembre, que Ce fut en 1764, Aubry. demande en remife de la fucceffion

étoit né TaiUebourg en Aubry père de Jean-Martin à Sonfystême étoit que Martin , avo.t eu deux frères,, Efn,t,d que Marfin Aubry XaintonJe de Jean Auhry & Françéf. ; i.ue la Dame à Renée Neau ,_ d'oh étoit ^rirt'fans posténté,'^Sc Guy Au.ry .^^ Aubry. coufim-^cnnaiM de Jcan-NUrun Hudin; qu'elle étoit conféquemment prétendoit être la plus proche ,• ' j r ;„. laIn DameUame Hud'nnua.ii p En cette qualité de coufine-germame, Caradeux, qui étoient puhs-neveux. parente, & exclure les enfans

La Dame Hudin produlfit d'abord : Auhry par Marie Aubry afin frire Guy , 1696 , ,°. Une lettre écrite , le 16 Décembre

Marchand à la Rochille,

î >- ^ [ 75 ]

z"*. Uiia Isttre écrite par Marie Dubois, veuve de Martin Aubry, au même Guy Aubry.

3°. Une autre lettre écrite par la mêma Marie Dubois, au mîme Guy Aubry , [un beau- frère, \i 1er. Mars 1708.

lui-même , écrite Paris à 4^. Um lettre de J.:tn-M.irt'n Aub-y de fort onde Guy Aub y , Marchand à la Rochelh, datée du 26 Janvier 1708.

5**. Une reconnoiflance de Jean-Martin Aubry , au profit de Guy Aubry fort onde, qui l'avoir cautionné pour un coffre de chirurgie, en date du 19 Octobre 1709.

6°. billet du au profit du , de la de livres Un même même fomme 46 , pour argent prêté.

A ces premières pièces la Dame Hudin joigaoit :

i^. L'acte de célébration de mariage de Guy Aubry & Renie Ncau >du 3 Février i688.

2°. L'extrait baptistaire de M;rie, fille de Guy Aubry & de Renée Neau, du 14 Février

1694. ( C'étoit la Dame Hudin. )

j*'. L'acte de mort de Guy Aubry, du 3 Juin 172.3.

4*^. Celui de MagdiUlne Aubry, autre fille de Guy Aubry & de Renée Neau, du 1 Décembre 1705.

^''. Celui de Pierre Aubry , du ^ Février 1740.

6P Celui de Renée Aubry, autre fille de Guy & de Renée Neau, du 2 Mai

»745-

7.° \Jn acte de notoriété, du 22 Septembre 1763, qui constatoit que depuis long-

temps la Dame Hudin n'avoit ni frères ni foeurs.

8.° L'extrait mortuaire de Martin Aubry, mort à Léogane le 9 Janvier 1698.

ç.** L'acte de notoriété , fait à la requête du Sieur Aubry , en 1 742,

10.'' Enfin le testament du Sieur Aubry, en 1762.

En 1765, la Dame Hudin rapporta d'autres titres encore.

i.° L'acte de baptême de Jean Aubry , fils de Jean & Françoife Efnaud, du 22

Juillet 1663,

0.." Celui de Guy Aubry, fils de Jean & de Françoife Efnaud, du 13 Février 1668.

3.° \!n procès verbal du 28 Janvier 1765, de l'état des registres de la paroiff* d« Taillébourg. ,

iSt

l7^]

4* Un fécond procès-verbal du zy Jui'let 1765 , ayant aufli pour objet de consta-

ter le mauvais état des mêmes registres.

C etoient là tous les titres produits par la veuve Hudin , devant le Juge du Port-au-

Prince. La Sentence qui rejeta fes prétentions est du 26 Février 1766.

Mais fur l'appel qu'elle en fit au Confeil, elle produifit encore de nouvelles pièces.

I .° Elle rapporta un troifième procès-verbal du mauvais état des registres de Taillebourg,

fait les 12 & 13 Mai 1766.

2.° Un Certificat du Greffier de la Sénéchauffée de Saint-Jean d'Angely, cjui attîstoit

que les registres de Taillebourg n'étoient dépofés dans ce Greffe que depuis 1737.

3.° Une obligation de 258 liv. tournois confentie, le 2 Juin 1666, devant Patin,

le Sieur Chaudeau de la Clochetiere , l'ordre de Notaire de l'Isle de la Tortue , par à

le par f^ René Aubry ; une procuration donnée 28 Mai 1673 , René Aubry à Jean Aubry

fon frère , devant Tanevot , Notaire & Juge de la côte de Saint-Domingue pour tou- ,

J' l cher le montant de cette obliganon ; la Sentence de condamnation rendue à Xaintes,le

26 Octobre 1686 , & l'exploit de fignification de cette Sentence du 2 Janvier 1687.

4.° Enfin un extrait de la copie du rôle d'équipage du navire le Fleuron , de Nantes

le 1 il Capitaine Monneron , arrivé à Léogane 8 Janvier 1 742 , par lequel paroiflbit que

k Sieur Aubry , HMtant au Cul-de-Sac , avoit paffé en France fur ce navire.

Voilà les titres fur lefquels fut rendu l'Arrêt du 3 Juin 1767. La prétention de la veuve Hudin y fut réduite à fa juste valeur. Elle étoit cousine-germaine du Sieur Aubry.

Elle ne pouvoit pas exclure les enfans Caradeux , petits-neveux , ni le Sieur de Gizeux cou-

fm-germain , comme elle. Mais ils dévoient partager tous par égales portions , & c'est là

ce qui fut ordonné. La Dame Hudin obtint un huitième.

étoient de deux Elle justifioit Les titres de la Dame Hudin efpèces. bien , par actes pu-

blics qu'elle étoit iiïue de Guy Aubry , & que celui-ci étoit fils de Jean Aubry & de ,

elle le l'acte Françoife Efnaud. Mais ne prouvoit pas , par rapport de baptistaire de Mar-

qu'il , elle le foutenoit , le frère tin Aubry , fût comme de Guy Aubry.

Elle prétendoit fuppléer à cet acte , d'abord en justifiant le mauvais état des registres

fur lefquels il avoit dû être porté , ensuite par les papiers domestiques & de famille qu'elle

par les billets présemoit , les lettres sur-tout & de Martin Aubry , de Marie Dubois , de Jean-Martin Aubry lui-même à Guy Aubry.

On falfoit soutenir au contraire par la famille Caradeux que le mauvais état des régis- f 77 J

très clii Ta'illeboiTg n'éroit p;is rufFifammcnt consmté, peur difijanfer la Dams Hudîn de

rapporter Factt; de baptêras de 'Martin Aubry, & que les lettres & bllLts qu'elle attribuolt Martin à Aubry , à Marie Dubois , à Jean-Martin Aubry lui-même étoiciit apocryphes &

ïnfuffifms.

Les adverfaires prétendent prouver aujourd'hui ce que les Sieurs Caradeux ont foutenu /l.:-'

infructueufement en 1767. Ils vont même plus loin. Ils prétendent que ces lettres, ces *,!

billets produits par la Dame Hudin étoient l'ouvrage de la fourberie & de l'imposture la

plus hardie & la plus ridicule. Leur fausseté étoit fi palpable , félon eux qu'ils en concluent ,

qu'il n'y avoit que l'intérêt des Sieurs Caradeux eux-mêmes à admettre de pareilles pièces,

qui pût leur donner quelque valeur.

On a vu fi cette collufion entre les Sieurs Caradeux & la Dame Hudin étoit même fï poflible. Nous n'y reviendrons pas. Nous ajouterons feulement qu'un des confeils de la

famille Caradeux, fur la requête civile, est lui-même témoin de cette imprudente alléga-

tion. C'est Me. de Ronceray , Sénéchal du Port-au-Prince. Il pourroit dire fi c'étoit pour

féconder les vues de la Dame Hudin que les Sieurs Caradeux l'avoient chargé d'établir le

dol qu'ils lui imputoient.

Voyons au furplus comment les adverfaires prouvent que tous les titres de la Dame

Hudin étoient ou faux ou ridicules. Pour se rendre la chofe plus facile , ils commencent

par les mutiler à leur gré & fuivant leur ufage.

Ils fuppofent que la Dame Hudin ne justifioit le mauvais état des registres de Taille-

bourg que par un feul & unique procès-verbal , celui du 28 Janvier 1765. C'est le feul

du moins qu'ils mettent au rang des titres de la Dame Hudin , lorfqu'ils en font l'énumé-

ration , page 18.

A la page 52, ils n'ofent pas affirmer que ce foit le feul. Ils Y>^T\ent de phijîeurs prods~

: mais il faut difent-ils en ici entr verbaux , , préfenter un autres , & en partie feulement , afin de faire voir plus exactement ce qu'ils contiennent. ïndocti difcant & ament meminiffe pcriti.

Vous qui avez penfé jufqu'ici que pour faire connaître plus exactement ce que contiennent plujîeurs pièces , il falloit les préfenter toutes , ou du moins en offrir l'enfemble , vous avez

fmgulièrement erré , vous avez été bien abfurdes ! Pour les connoître plus exactement défor-

mais , vous n'en verrez quK/zc feule ; vous ne l'examinerez pas même en entier. Vous n'en

confulterez qu'une partie feulement.

Si le paradoxe est quelquefois féduifant & dangereux , il est auffi quelquefois fi abfurdéj

fi révoltant, qu'il n'excite que la dérlfion & le mépris.

Nous qui rampons avec les principes familiers , nous qui les préférons à cette fublimi'

X-^fo^f:jsnî.-4ua*^xsfiitiSiifsr^ ^ ! [78]

qui polir mieux cônnoître un tout , ne veut en voir qu'une ftante , confultons té délicieufe , =»A & rapportons les clifférens procès-verbaux de l'état des registres de Ta:ilebourg, parceque nous voulons connoître plus exactement le véritable état de ces registres.

1/^,- Commençons par rétablir celui du 28 Janvier 1765. On va voir avec quelle indécence abufer. il a été mutilé par les adverfaires , à quel point ik ont voulu en

la de Taillebourg Ce procès-verbal est l'ouvrage du Doyen de Collégiale , en même-temps chapitre. Cuié de la paroifle , & d'un autre Chanoine du même

Ces deux prêtres attestent, en préfence d'un Notaire & de deux témoins, qu'à la réqui-

le repréfenté fition d'un Notaire & Procureur chargé d'ordre de la Dame Hudln , Curé a père les registres pour en extraire les actes de baptême de Mûrtln & Guy Aubiy, onde &

de la Dame veuve Hudln, enfans de Jean Aubry & de Françoife Esnaud, & les actes

de fépultnre defdlts Jean Aubry & Françoife Esnaud, conjoints, depuis & cornpris 1640,

jufques & compris 1680.

flir lefdits (( Qu'aj'ant cherclié enfomble lefdits actes de baptême & de fépulture registres, du Février » il n'y ont trouvé que les actes de baptême dudit Guy Aubry, en date 13

» 1668, & celui de Jean Aubry Mais que pour ce qui est de l'acte de baptê- Esnaud » rne dudit Martin Aubry & des actes mortuaires de Jean-Aiibry & Françoife ,

» fes père & mère , ils ne fe font point trouvés fur lefdits registres , tjue lefdits Sieurs corn-

V parans ont reconnu être d.ins un tRÈs-mauvais ORDRF, ÉTANT GATES PARLES VERS, Y

)) EN AYANT BEAUCOUP DONT LA MAJEURE PARTIEDES FEUILLETS SONT EMPORTES ET DE-

11 CHIRÉS, s'y en TROUVANT AUSSI OU IL Y A DES FEUILLETS RÉPANDUS DANS DES REGIS-

» TRES QUI NE SONT PAS DE LA MEME ANNÉE, QUI SONT AUSSI GATES PAR LES VERS ....

Voilà ce qui a paru inutile aux adverfaires pour faire connoître plus exactement l'état

des registres, ce qu'ils ont jugé convenable & honnête de fuppiimer. Voici maintenant

ce qu'ils ont affecté d'imprimer en gros caractères , page 52.

« Dans le nombre defquels registra ci-deffus il s'en trouve quatre qui font perdus , favoir :

V les années 1669, 1670, 1671 & 1672, fauf cependant le registre qui contient les an- » nées depuis 1640, jusqu'en 1658, & celui depuis cette dernière jufqu'en 1666, qui font

de cinq travers de » dans un <2^{ bon ordre , y ayant fulancnt plufuurs lacunes à fix

•>> doiff. >i.

Ici les adverfaires fe font arrêtés_; mais voici ce qui fuit immédiatement.

«1 Ce qui donne lieu de p-nf;r aux Sieurs comparans que cest la caufe pour laquelle

ils » n'ont point trouvé ledit acte de baptême dudit Martin Aubry , & les actes de fépulture » dudit Jean qui Aubry & de kiite Françoife Esnaud fa femme , vraifemblablement fest

?i [79] puifquils avoient leur domicile en „ décèdes dans ladite Pafoiffe de Taillebourg, y

» 1668 '».

avec laquelle on s'est -permis Trouveroit-on un autre exemple de l'Infidélité fcandaleufe qu'on a que nous vendus de rapporter, le Fragment de choifir, dans le procès-Verbal ri'fH r' avec laqueUe on en conclut enfuite(pag. 52 imprimé? En trouveroit-on , de l'impudente de étoit en aje^ procès-verbal prouve précifément que le registre 16^8 & 53) que ce année que Martin Aubry devoit être né, bon ordre; que c'étoit indubkabkmcm à2.ns cette s'étant pas ans; qu'ainfi fon acte de baptême ne puifqu'il est mort en 1698, .^gé de 40 pas né des parent de la Dame Hudm, il n'étoit trouvé fur ce r^istre, U n'étoit pas /. procès-verbal établit irréfistiblement ? que c'est là ce que ce aïeux de la veuve Hudin ,

Martin Aubry étoit ce que l'acte de 1698 pbrtoit que Nous avons prouvé que, de ''ii''i::|V fau- nécefl'airement qu'il fût né en 1658 ; qu'il il ne réfultoit pas mort à 1 âge de 40 ans, incontestable cette déf.gnation de l'âge dans un droit pour cela admettre comme certaine & ces fortes de mentions. l'est moins au contraire que acte de fépulture , & que rien ne

tris-bon ordre, 2ih- que le registre de 1658 étoit en Ainfi le procès-verbal auroit constaté Aubry ne fût qu'il ne s'enfulvroit pas que Martin folument intact & en bonne forme, pas été porté for l'un des re- l'acte de fon baptême n'eût pas né à Taniebourg , & que qui fe années antérieures ou postérieures à 1658, & gistres de la même paroiffe pour les les feuillets étolent en majeure gâtés par les vers, dont , trouvoient .;: trh-mauvaïs ordre, pas. des années auxquelles Us n'appartenoient partie, emportés, déchirés, répandus dans

comme ils l'ont adverfalres ne prouve pas même , Mais le procès-verbal mutilé par les trouve au contraire en bon ordre; cette année fo fuppofé, que le registre de 1658 fût afx étoient en afe^ bon ordre. C'étoient celui exceptée du nombre de celles dont les registres dernière année jufqu'en 1666. de lô^ojufqu'en ,6^8, & celui depuis cette

alors que les est pas compris? Car on eût dit N'est-il pas vifible que celui de i6>;8 n'y de bon ordre. Cette divifion de 1640 à 1658 , re^stres de 1640 à 1666 étoient en affez de l'année 1658, ou du moins une dis- 1658 à r666, annonce au contraire l'exception autres années pour l'anné. 1658, & ceux des i'F'H tinction qu'on a voulu faire entre le registre

intermédiaires de 1640 à 1666.

naiiTance de Martin Aubry, devolt être néceffairement celle de la Enfin fi l'année 1658 trouvés dans un bon ordre, année étoit du nombre de ceux aj^i fi le registre de cette de doigt; il s lacunes de clnj X fix travers & ob 11 avoit plufieur il étoit auffi de ceux y de trouver l'acte quelle enlever à la Dame Hudin la faculté n'en falloit qu'une feule pour rapporter pour moins lui faire une nécaffité de le , cherchoit, pour qu'on ne pût pas au baptême de Martin Aubry n'eût jamais existé for qu'on ne pût pas affirmer que l'acte de

ces registres.

^^S^^^Ês^^^^^i^^^S^^^^^^^^^ï^^^àeif^^âiS^-itiiK-^

^rJj2SÇir ,

MBOMl ^M

[80] Pourquoi donc affecter au furplns de ne 1 apporter, de ne confulter que le procès ver- bal du 28 Janvier 1765? On va voir le motif _ de cette prédikction répréh^nfible , de cette réticence coupable. C'est toujours la même touche , toujours le même but.

Le focond procès-verbal rapporté par la Dame Hudin. ^.foit ^ du 27 Jui!l;t 1765. Ij s'expliquo.t fur la caufe qui empéchoit de trouver l'acte d. célébration du mariage' de Jean Juhry & rranço-fc Efraud. Il répétoit, ce que contenoit le premier fur ks r.^i.tres de 1640 à 1658, & de 1658 à 1666, qu'ils étoient dans un cj}',^ bon onlrc, jauf p'u- feurs lacunes de cinq â fix travers de doigt dans un gund ncmùre de fcuUUts dcfdlts registres. m

Il en naifloit donc les . mêmes conféquences que celles que nous venons de tirer dupro- ees-verbal du 28 Janvier 1765.

Mais la Dame Hudin rapportoit encore le certificat du Greffier de Saint-Jean d'Angely Il prouvoit que ces registres en mauvais état à Taillebourg ne fe trouvo.ent dans aucun autre dépôt. Il justifioit que la Dame Hudin n'avoit rien négligé pour fe procurer les actes que le mauvais état des registres de Taillebourg ne lui permettoit pas d'y trouver ,& pour- quoi le di/Timuler ?

Elle rapportoit encore un autre procès-verbal des 12 & 13 Mai 1766. Il étoit d'au- tanc plus auriientique qu'il avoit été fait d'autorité de Justice.

Le Curé repréfenta fes registres au Juge en préfence de pluf.eurs perfonnes. On constata leur état feuillet par feuillet, en obfervant les défectuofités & leurs caufes. Nous n'avons pas ce procès-verbal fous les yeux, la copie n'en a pas été confervée; mais il fut produit lors oe Arrêt 1 de il est 1767, y vifé, & nous voyons le dans mémoire imprimé pour la Dame Hudm en 1767, a que ce procès -verbal demandait â être lu en ./.r/Vr ,& qu'il » renfermoit des fingularités qui faifoient plus que faire naître des foupçons , entre -autres au » fujet du premier registre, qui commençoit lr à l'année 1636 & alloit jufqu'au 7 Janvier » 1658 mclufivemsnt, où il fe trouvoit , outre nombre de lacunes, des feuillets arrachés, =. adhtr.s déchires & en partie; ayant même, à y la date du 20 Janvier 1658, la lar~ » geur de quatre doigts de papier qui a été covpÉe ET ENLEVÉE AVEC LES SIGNATURES » VES VEUX ENREGISTREHKNS , au bas de chaque côté du premier folio.

Nous le demandons maintenant, est-il po/Tible de conclure, comme on le dit, tMement irréfis- Au bon état des registres de Taillebourg que fi l'acte , de baptême de Marrin Au- biyne sy trouvoit pas, c'étoit qu'il n'y avoit jamais été porté .^ Qu'un registre public quoiquentierement délabré , faffe foi pour les actes qui y font confervés qui ont échappé au temps , & bravé la négligence des dépof.taires , cela doit être. Les derniers débris de ces registres précieux le font ' encore ' eux-mêmes pour ceux qu'ils intéreffent. '

Mais

, "/à,f<^y-:-- ÉÊÊÊÊÊSàM., ,

[8i ]

Mais dès qu'un registre est altéré, lorfqu'il s'y trouve des Lames, lorfque les feuilles ont été déchirées en , arrachées, lorfque celles qui restent font déjà la proie dts vers', lorf- qu'on voit des altérations aufil fenfibles y que celle remarquée à la date du 20 Janvier 1658, des fignatures coupées, enlevées, lorfqu'il est certain qu'une partie des actes qu'il ren- fermoit a été livrée à des mains téméraires au moins , fi elles n'ont été criminelles , com- ment prouver que tel ou tel acte n'a pas été porté fur ce livre, qu'il n'étoit pas 'un de

ceux que l'intérêt ou la négligence ont facrifiés ?

L'obfervation des adverfaires, que la naiffance de Martin Aubry devoit fe trouver fur le registre de 1658, fe tourneroit encore contre eux-mêmes, fi nous voulions adopter leur inconféquence. On voit que l'altération la plus forte peut-être fe trouve précifément fur- '-Iri-r ie registre de 1658. Nous ne pouvons même diffimuler que la veuve Hudin ne vo.loit pas qu'elle fût l'effet du hafard. Elle cherchoit à rapprocher l'enlèvement de cette portion du registre de 1658^ des circonstances que le beau-frère d'un des héritiers Caradeux étoit réfi- dant alors à la Rochelle, qu'il avoit été informé avant elle-même du décès du Sieur Au- bry, que connoiffant les droits de la Dame Hudin à cette fuccelTion, il avoit ardemment follicité obtenu fa procuration & , & qu'elle avoit enfuite été obligée de la révoquer , par- cequ'elle avoit eu de justes raifons de craindre qu'il n'en abusât.

Ces conjectures injurieufes étoient fausses fans doute. Mais au moins le mauvais état des registres leur , mutilation étoient-ils avérés , & dès-lors la veuve Hudin devoit être admife à fuppléer par les papiers domestiques. Elle eût y pu l'être même à une preuve par témoins. C'est la difpofition de l'art. 14 du titre ao de l'Ordonnance de 1667,

Cette preuve par le rapport de papiers domestiques fut portée par la Dame Hudin au dernier degré d'évidence. Elle réfultoit d'une lettre écrite par Martin Aubry , père du Sieur Aubry, mort en de deux lettres de 1763 , Marie Dubois fa mère, d'une autre lettre du Sieur Aubry lui-même de deux , & billets enfin foufcrits par le Sieur Aubry. Toutes ces pièces appartenoient à Guy Aubry, ùhre de Martin & père de la Dame Hudin. Elles font fi déterminantes, que nous ne croyons pas pouvoir nous difpenfer de les tranfcrire ici mot pour mot. Il n'y en a pour ainfi dire , , pas un feul qui foit inutUe & indifférent.

De la pethc-Rlvlère « , Côte Saint-Domingue quartier de , Léogane , le 16 Décembre 1606 t ^ .. Martin « Monfieur & cher frère Aubry.

« Je vous écris celle-ci pour vous affurer de mes très-humbles refpects & vous faire ' »> favoir l'état de ma fanté qui est fort bonne, grâces , à Dieu. Toute rm petite famille fe » porte bien. Ma femme vous embraffe & vous fait fes complimens. Je vous dirai que » les AniJols les Efpagnols nous & ont entièrement détruits, & nous ont réduit à la menai. V dicltJ. Nous avons été contraints d'abandonner le Port-de-Palx, & nous fommes venus

» demzurer à Léogane , où nous avons aflez peine à gagner notre vie; ainfi , fi vous nois.

i aSBttB ai [S.] mettrez récrire pour nous faire favoir de vos nouvelles , vous n faites la grâce de nous , vous m'avez marqué que » l'adrefTe â la peùu-Rïvure. J'ai reçu votre lettre, par laquelle

paire de fouliers ,• je ne les ai pas reçus ; »> vous m'envoyez un chapeau de castor & une

fi je les avois reçus; fi la perfonne à qui j» je vous en ai autant d'obligation comme &

pourrez vous le faire rendre raifon. Je » vous les avez mis en main est encore en h pays , vous

» vous prie de me faire favoir des nouvelles de mon frère. Je ne fais s'il est mort ou vif. Il y

» a lono- temps que je n'ai eu de fes nouvelles. Si vous fouhaitez que j'aie l'honneur de

n vous récrire , ayez la bonté de m'envoyer l'adreffe où je les ferai rendre à la Rochelle,

V car j'ai perdu entièrement tous mes papiers. Moi & ma fenvne vous faluons, toute votre

!> honorable famille, & nous demeurons avec refpect,

« Monfieur & frère , votre très-humble & obéiflaut ferviteur & frère , Martin Aubry.

« Je vous ai envoyé pluficurs fois des perroquets & oranges de la Chine. Je ne fais

» fi vous les avez reçus. Je n'ai pas reçu de nouvelles depuis ce temps-là de vous. »

: <( la petite-Rive, £t fur l'adrefle A Monfieur, Monfieur Guy Aubry , Marchand , fur

T> â la Rochelle, n

Première Lettre u Monfieur & très-cher frère, DE Marie Du- bois. « Je vous fais ces lignes, la larme à l'œil, pour vous apprendre les tri'^tes nouvelles de

»> mon infortune. Vous faurez donc par celle-ci, que le pauvre M. Aubry est décédé

après une longue maladie il a déjà » , & y quelque temps. Je m'aurois donné l'honneur

» de vous le iaire favoir plutôt, mais toutes les fois que j'ai eu le defiein de vous apprendre cette méchante nouvelle douleurs » , mes & mes peines fe redoubloient. Je crois que vous » n'en douterez pas, d'autant mieux que nous édons les deux perfonnes que le ciel ait

i> jamais mieux unies qui vivoient le plus , & d'intelligence. Il m'a laiffée avec trois enfans

y un qui était mort huit jours lui de & avant , forte qu'il ne irien refait en tout que trois n & depuis fa mort, U en ejl encore mort un. Il m'en reste donc encore deux, qui font

» un garçon & une file , & c'est tous les biens qui me restent de notre mariage , car pour » le peu de bien que nous avoir, pouvions nous l'avons confommé dans fa maladie » d'autant qu'elle a été fort longue. Voilà, cher mon frère, tout ce que j'ai à vous dire

» pour le préfent, finon je prie que vous de ne pas oublier une pauvre famille qui] m'a laiffée moi qui ferai toujours, » j & Monfieur & très-cherfrère , votre très-humble fervante, » Marie Dubois.

« J'embraffe de tout mon cœur ma fœur votre époufe , & toute votre famille. »

Et fur l'adreffe i<. : A Monfieur , Monfieur Aubry, Marchand de la Rochelle, à la Ro- chelle. »

mÊmsmm^Êmi [^3] u le Mars 1708, A Uo^am, m. ^^^-^y^^^^-^^ let- tre DS ViAfai; » Mon hgaU'frin, Dubois.

très-humbles refpects. Je vous dîrai que j'en- u Celle-ci e$t pour vous afliirer de mes w métier de chirurgie, qu'il a appris chei 'J. 1,1 n voie mon fils en France pour fe perfectionner de fin recommandé fitôt fon arrivée à la Ro- n les Pères de la. Charité en ce pays. Je lui ai , fur- il ne manquera pas. Je fuis fort n chelle, de vous aller rendre fes devoirs, à quoi depuis la mort de mon défunt mari » prife de ce que je n'ai eu aucune de vos nouvelles neveu Jubry que lui rendrez » votre frère. J'efpère quW«ç de la joie de voir votre , &

auffi de m'écrire par la première occafion. » fervice. C'est ce que je vous prie , comme cœur, fes civilités, moi qui fuis de tout mon » Ma fille votre nièce vous affure de & Dvsois veuve » mon heau-frère, votre très-humble & très-obeifTante fervante, Marie , H Auhry.

mes civilités. » Je vous prie d'affurer ma belle-fœur & toute votre aimable famille de

» Ma fille en fait autant. »

Marchand, à la Rochelle. » Et fur l'adrefle : « A Monfieur, Monfieur Aubry,

« A Paris, ce 26 Janvier 1708. Lettre de Jean- Martîn AubrYo

i> Mon cher oncle & ma tante,

heureufe année toute forte de n Celle-ci est pour vous fouhaiter une bonne & , & famille, pour en même-temps vous faire excufe >. profpérités à vous & à votre chère & en a été la caufe c'a été une fâcheufe ma- »> fur ce que j'ai tant attendu. Mais ce qui , Novembre, de la petite-vérole, ai » ladie que j'ai eue. Je fuis tombé malade le 20 & pas encore entièrement guéri, ce qui m'em- » été à la dernière extrémité, & n'en fuis

je fouhaiterois bien quoique je ne pourrois vous I, pêche de vous demander ce que , aucune nouvelle de ma « mander que de la misère. Vous favez que je n'ai pas reçu me trouvant délaiffé de tout, hors de vous. C'est sj mère, ce qui m'a chagriné beaucoup, nouvelles ce grâce de me faire favoir de vos , » pourquoi je vous prie de me faire la

tante , votre très-foumis ferviteur neveu^ » que j'efpère de vous , mon cher oncle & ma &

S> AVBRY.

s» )j J'embraffe mon cher coufin & ma chère coufine. ,

Rochelle, n Monfieur Aubry , Marchand , â la ;ç £t fur l'adrefTe : n A Monfieur,

Aubry mon oncle n'est nullement engagé au Premier bllkt dé » Je fouffigné Martin Aubry , que Me. Jean-MarunAubry» d'un cofre de chirurgie, fourni à moi par le Sieur î, cauticnnage" qu'il a fait pour moi

montant à la fomme de cinq cent dix-fept livres dk fols, 55 Goujaud , Me. Apothicaire , SÊÊm

[84]

ï) d'autant que ce n'est que pour m'obliger qu'il l'a fait. A la R.ocheIIe, le 19 Octobre

»» 1709. AvBRY. n

Deuxième bitlet « Je promets payer à Me. Aubry , Maître de barque de de la Rochelle , la fotnme de Jean-Martin Aubry. „ liv. qu'il m'a prêtée en befoin. 46 mon A la Rochelle , ce 19 Octobre 170^. JI'ury.h

Toutes ces pièces, leur enfemble fur-tout, préfentent, il faut l'avouer, ce c;iractère de

vérité d'ingénuité de franchife il , , , auquel est impoflîble de ne pas k rendre. Les adver- faires après les avoir tranfcrites s'écrient , , cependant qu'elles ont été foèr^uêes par l'ImpoC-

ture, mais que le menteur le plus habile médite en vain la reffemblance de fes /a/yo/fwnx avec la vérité; qu'aufTi la fourberie fe manifeste au moindre examen dans ces lettres fie ces billets,- que Xîmpoflure fe renverfe au premier choc de la vérité.

< Et comment jusrifie-t-on toutes ces aflertions que la , grofilèreté , la perfidie & l'abfur- ]'- dité femblent fe difputer?

D'abord on ne conçoit pas que ces papiers fe foient * it- confervés pendant 70 ans dans la chaumière d'un pêcheur de Taillebourg.

Si les adverfaires ne conçoivent pas ce que tout le monde conçoit, ce n'est pas notre,

faute, aflurément. Mais ils feront les feuls étonnés de ce que ces papiers aient été confer*- rés jufqu'en dans la maifon 1764, de Guy Aubry, qui n'étoit pas /7fc^

On ne conçoit pas que ces papiers , découvrant la fource de la grande fortune de Jean- Martin Aubry, par l'acquifition d'un coffre de chirurgie, & par un prêt de 46 livres, ils euffent été Ifolés dans les mains de la veuve Hudin; ils eulTent accufé Jean-Martin Aubry d'oubli, d'ingratitude, lui dont l'efprit étoit fi fage, le cœur fi droit, les fentimens fi purs.

Que fignifîe tout ce galimathlas ? quoi A tout cela mène-t-il ? De ce que ces pièces inculperoient Jean-Martin Aubry d'ingratitude, il s'enfuivroit que ces pièces font fauffesl Les fentimens que le Sieur Aubry auroit manifestés pendant h reste de fa vie, prouve- roient qu'il n'a pu écrire & foufcrire ces deux billets en 1709! Mais pourquoi ne pas foupçonner plutôt que la première . I reconnoilTance est devenue inutile & fans effet parce- , que le Sieur Aubry avoir payé exactement le prix du coffre de chirurgie, pour lequel Guy Aubry fon oncle l'avoit feulement cautionné? Pourquoi ne pas penfer que le Sieur Aubry a également fait rembourfer à fon oncle les livres qu'il 46 lui avoit prêtées , & que ce billet est resté dans fes mains comme un effet fans objet & fans valeur? Cette féconde réflexion ne fait pas plus d'honneur que la première à l'inteUigence des adver- \ i1 faires. C'est encore une abfurdité. En voici une autre.

ne On conçoit pas encore que le Sieur Autry eût o-blié pendant fa vie , & manqué d'apfoler àfafucceffion des parens qui auroient bk ud^uts fes foutlens en France, les fondateurs de fa

.-'.% .^B l ^5 J fortune, les premiers & artlfans de fes lorrgucs pro/pJrltcs , Pvis

'1 'iii. ; Quelle logique ' admiiable! Comme cette conféquence est heureufement i: X I amenée I II est poffible, fans i 1 doute, que l'état de chirurgien f ( 1 eût commencé la fortune du Sieur Aubry: mais le de coffre chirurgie, pour lequel fon oncle lavoit cautionné à la Rochelle, n'en au- ro,t pas été pour cela le fondement. Il en eût été certainement un acceffoire bien minca bien toible. & La vraie bafe de la grande fortune du Sieur Aubry est fon mariage en 1724, avec une veuve opulente, & la donation univerfelle dont U a recueilli les efFets en lurvivant à fa femme.

Nous ne pouvons, au furplus, nous lafTer de remarquer cette înconféquence ridicule des adverfaires. Ils veulent oppofer à la Dame Hudin, comme aux enfans Caradeux , le f.lence du testament fur la déf.gnation des héritiers paternels du Sieur Aubry. Le Sieur Aubry n'a pas reconnu la Dame Hudin , fes parens de la Rochelle, parcequ'il ne les a pas nommés «i^dehgnes. Le filence de fon testament les écarte, mais il appelle les Aubry de Tours quon prétend qu'il a toujours reconnus, qu'on fuppofe qu'il a toujours recherchés dans fel pafTages a Tours, pour kfquels fiuls il a confcrvé [es biens. Qu'il est pénible d'avoir fans €efl& reJever à des contradictions auffi choquantes!

On conclud cependant de ces trois réflexions, qu'.'&i feules ne Lûjfent aucun doute far la caufe crïmimlle des écrits repréfentés par la Dame Hudin. Mais cène font, ajoute-t-on. que les moindres des circonstances qui confondent les trop industrieux agents de la veuve Hu- din. Le domicile de Guy Aubry à Taillebourg, les dates & l'état des lettres & biUas découvrent bien plus parfaitemtnt l'imposture.

« Guy Aubry, père de la veuve Hudin, étoit, dit-on, né & domicilié à Taillebourg, » près de Xaintes, plufieurs à lieues de la Rochelle, il étoit & mort le 3 Juin,703; mail la vem-e Hudin » demeuroit fans doute à la Rochelle fur la petite rive. Le Fauffaire corn- » pofaeur, prenant fa maifon pour celle de tous fes aïeux, & ne fongeant pas à l'époque de la » mort de fon père,/^/; vivre ce père à U RocMle fix ans après \fa mort, & lui » fàt recevoir en ,708 en des lettres, ^ & 170c un billet & une recmnoiffance de Jean-Martin Aubry, qui » n'aurait 'jamais pu le voir ni le connaître en France , puifque , fuivant ces ht- très mêmes, » Jean-Martin Aubry n'y étoit pajfé pour la première fois qu'en ,707 ou en,708 ' * » plus de quatre ans après la mort de Guy Aubry. n

Ainfi les lettres & billets rapportés par la veuve pudin font faux , parcequ'ils font faits adreifés à Guy Aubry, à la Rochelle, tandis & qu'il demeuroit À TailLbourg, par- «qu'ils font faits & adreffés à Guy Aubry en ,708 & ,709 , tandis qu'il étoit mort en 1703, & qu'il n'a pu connoître Jean-Martin Aubry , paffépour la première fols en France tn 1707 ou 1708. [86]

elle nous a paru forte elle nous On a dû être frappé fans doute de cette obfervation; ;

nous femmes demandés alors : Ces obfervations au- a fait une vive imprcffion. Nous la famille Caradeux, en 1767/* roient-elles pu échapper à ceux qui défendoient 1764 &

n'ont elles pas triomphé glorieufement des prétentions de Si elles ont été faites , comment a-t-il pu adopter des pièces démontrées fauffes la Dame Hudin ? Comment l'Arrêt de 1767

l'acte mortuaire de Guy Aubry ? par des titres authentiques , par

notre indignation, lorfque Mais qu'on fe peigne, s'il est poffibie, notre étonnement &

la fourberie l'imposture reprochés par les nous avons reconnu que le faux & le mmfonge , & chez ces adverfaires eux- adverfaires à la Dame Hudin & à fes titres , n'existoient que mêmes & dans Lur propre défenfe!

de l'acte de mort de Guy Aubry est Nous avons confulté , d'abord, l'Arrêt 1767,011 [cet qui ont été fignifiées en vifé. Nous avons vérifié fa date dans les copies de Arrêt demande de la veuve 1767 à plufieurs des enfans Caradeux, dans celle de la première Hadin. Nous ne pouvions en croire nos yeux. Cet extrait mortuaire de Guy Aubry est enregistré tout au long , au Greffe de la Sénéchaulfée du Port-au-Prince. Nous avons - lu vérifier nous-mêmes cet enregistrement , & qu'avons-nous apperçu par-tout ? Par-tout VINGT-TROIS, non cet acte de mort de Guy Aubry , est dati du 3 /win MIL SEPT CENT & pas de /yoj.

Nous avons repris alors le libelle des adverfaires, nous avons lu & relu les pages 44 date a ofé dater cet acte de , où on a affecté même de mettre cette & 45 , où on 1703

la pour faire reffortir d'avantage fon en caractères italiques pour faire mieux remarquer , oppofition avec celles des l:ttres & des billits de 1708 & 1709, & nous avons conçu déform.ais partager avec nous. pour cet excès d'infidélité , le mépris que le Public va

est-il plus vrai Il est donc faux, avons-nous dit, que Guy Aubry fût mort en 7703 ,

enterré la de qu'il fût domicilié à Tailkbourg & non à la Rochelle} 11 a été dans pawijfe

Saint-Sauveur de la Rochelle. Il est donc mon à la Rochelle. Il y écoit donc domicilié.

Cela est préfumable , du moins.

lettres billets Mais fi les faits fur lefquels on avoir établi la prétendue faufleté des & de Jean-Martin Aubry & de fa mère à Guy Aubry, font eux-mêmes démontrés faux , le n'est donc ni la menteur, k faujfaire compoÇueur , l'aitlfan de l'imposture , de la fourberie

veuve Hudin , ni fon agint trop industrieux.

Ces Lettres, ces billets ont donc pu être adreffés & faits par Jean-Mardn Aubry, pafle

qui n'y est qu'en à la Rochelle en 1708 , à Guy Aubry qui y demeuroit, & mort MIL SEPT CENT VINGT-TROIS.

Les adverfaires , toujours fouplrant après les faux, en apperçoivent encore un dans les

.•^5V -i*-fiii-JlV

aÉii«Éi ,

IS7J

datiîs de la bttre de Marie Dubois, du premier Mars 1708, & de celle écrite par Jean-

Martin Aubry j de Paris, le i6 Janvier 1708.

écrit, dit-on, de Saint-Domingue, le premier Marie Dubois Mars i-jo8 , qu'elle envoie fon fils en France , qu'il ira rendre fes devoirs à Guy Aubry en arrivant à la Rochelle

fon fils Jean-Martin Aubry , écrit de Paris à Guy Aubry , le 26 Janvier ijo8 qu'il & , y est tombé malade le 20 Novembre précédent. rf'll

Une de ces deux lettres est nécejjairement & très-évidemmentfaujje , s'écrie-t-on. Il faudroit

donc en rejeter au moins une. Mais comment en conferver aucune , s'il est indubitable qu'une

feule porte avec elle le de l'imposture ? 1; poifon [p ,i

1 I- i

La lettre écrite par Marie Dubois, le premier Mars n'est pas fauffe 1708, , par-

ceque fon fils aura daté la fienne de Paris , le 26 Janvier 1708. Mais II fera arrivé à

Jean-Martin Aubry ce qui arrive prefque toujours : écrivant dans les premiers jours de l'année 1709, & accoutumé à dater de l'année 17Q8 , qui venoit de finir, il aura daté du 26 Janvier 1708, quoiqu'il écrivît vraiment le 26 Janvier 1709.

Cette erreur fiit bien relevée par les Sieurs Caradeux en 1764. Ils firent remarquer

cette oppofition entre les dates de ces deux lettres , & ce qu'elles contenoient fur l'époque

du départ de Jean-Martin Aubry , annoncé par fa mère.

La Dame Hudin y répondit par l'explication bien fimple que nous n'avons fait que ré- péter d'après elle.

Mais les adverfaires vont plus loin que les Sieurs Caradeux. Ceux-ci vouloient feulement induire de cette contrariété entre les dates des lettres & ce qu'elles contenoient , que ces titres

étoient fufpects. Les adverfaires affirment qu'une de ces deux lettres est néce£airement fauffe.

Il y a loin fans doute d'une erreur à un faux. Rien n'est plus vraifemblable que Terreur que nous appercevons dans la date de la lettre de Jean-Martin Aubry. Rien ne le feroit moins qu'un faux aufii mal-adroit , auflî grofiler , aufiî palpable que celui qui paroît dé- montré aux adverfaires.

Dans l'incertitude, la Justice croiroit plutôt à une erreur qu'elle ne fuppofèroit un 'faux

l'erreur est dans la nature parceque le crime ne fe préfume parceque , pas , parcequ'on n'y croit que lorfqu'il est prouvé.

Mais nous pouvons aller plus loin. Cette contradicrion entre la date des deux lettres , &

'• les faits qu'elles expriment est de nature à écarter même tout foupçon du faux nécsjfaire & très-évident que les adverfaires y voient.

li.

faudroit au moins accorder quelque intelligence ÎI , quelque combinaifon à celui qu'on fup- arrangé poferoit avoir le fystême de la Dame Hudin , & fabriqué toutes les pièces qu'elle

a produites pour le foutenir.

Or , comment admettre que ce fauffalre adroit , ce menteur hah'iU n'eût pas apperçu une

maille fi grofle, & que falfant deux lettres, dont tout l'objet eût été de fe prêter un mutuel

appui, de confirmer fortifier les inductions qu'il fe feroit & propofé d'en tirer, il y eût

laiffé fubfister une oppoution telle qu'elle dût frapper l'œil le moins clairvoyant , & détruire

toute la magie de fon invention ?

Si les lettres euffent été fabriquées en 1763 ,pour s'en faire des titres, pour justifier la

réclamation de la Dame Hudin, elles l'euflent été avec réflexion , avec des combinaifons

qui ne permettent pas de croire qu'il s'y fût gliifé une contrariété auffi destructive. Mais

lorfque Jean-Martin Aubry écrivoit de Paris en 1709, il ne cherclioit à établir aucun rap-

port entre fa lettre & celle écrite par fa mère le premier Mars 1708. Il n'a point apporté

à la date de fa lettre le foin l'attention qu'un , fauffaire habile y eût certainement donné a' en 1763.

Ainfi l'oppofition des dates & des faits de ces deux lettres, loin d'en prouver le faux , démontre au contraire que ce n'a faux jamais existé ; elle justifie la franchlfe & la bonne foi

que la Hudin a les Dame mifes à repréfenter telles qu'elles fe trouvoient dans fes mains, fans

chercher même à les concilier d'avantage ; elle a refpecté l'erreur même qui pouvoir', qui devoir apperçue être , mais qui ne pouvoit ni ne devoit la faire accufer de faux , qui pouvoir devoit moins encore & porter atteinte aux preuves réfultantes de ces lettres.

Si les faux remarqués par hs adverfaires leur paroiflbient auffi avérés qu'ils feignent

d'en être perfuadés, il feroit bien inutile de fe livrer , comme ils le font , à d'autres con- jectures pour infpirer encore de la méfiance , & du foupçon fur les lettres & les billets. Mais qu'on ne s'y trompe pas; ces reproches de faux font une perfidie infigne de leur part. Ils favoient bien qu'il feroit facile d'en diffiper jufques au prétexte & à l'apparence. Ils fe ont voulu ménager d'autres voies pour en alFoiblir le réfultat.

« Guy Aubry, père delà veuve Hudin, étant mort le 3 Juin 1703, (dit-on page 45) » Marie Aubry, cette veuve, étant & née en 1694, elle ne pouvoit être ni majeure ni » émancipée, lorfqu'elle perdit fon père. Son tuteur fut obligé de faire faire un inventaire.

»> Si les lettres de 1695 & ^^ 1701 avoient existé dans les papiers, & qu'elles euffent » été regardées comma des titres de famille dignes d'être confervés , elles auroient été com- » prifes dans cet inventaire. Elles auroient été paraphées. Si au contraire elles avoient paru

») indignes de ce foin & de cette formalité, elles auroient péri néceflairement dans cette » circonstance.

« Il est impoffible de defirer rien de plus convaincant de Ia/j«/f« de ces pièces, » &c.

Quoi 1

'A

t 1' ï

[ % ] Quoi! De ce que ces pièces n'auroîent pas été paraphées dans un inventaire qu'on fup^

pole avoir pu ou dû être fait, il s'enfuivroit qu'elles font /^^/^-^ , ou, qu'elles aiu-oient péri » En vérité c'est pouffer trop loin l'inconféquence.

Et fi le Tuteur, dont on fuppofe que la veuve Hudin a dû être pourvue f« lyo^ , n'a-

voit pas été fi nommé ! & ce Tuteur nommé avoit négligé de faire faire un inventaire ! & fi cet inventaire avoit été tait qu'on n'y & eut cependant ni compris ni paraphé les lettres, il faudroit en conclure qu'elles {ont faujfcsl quoufque ahuure patïamâ nostrâ?

Ce raifonnement fuppofe , comme on le voit , que la veuve Hudin a eu befoin d'un tuteur, à la mort de Guy Aiibry fort père, en 170j , parceque,née en 1694, elle n'étoit en 1703 ni majeure, rû émancipée. Mais on a vu que Guy Aubry étoit mort en 1723, & non en ,703. La veuve Hudin, née en étoit 1694, donc majeure le 3 Juin ,723 /elle avoit ans. On n'a donc pas dû 29 lui nommer un tuteur. Ce tuteur n'a donc pas dû faire faire inventaire. Les lettres n'ont donc pas dû être paraphées, ni périr alors. Que de- vient donc cet argument qui ne laiffe rien à defirer de plus convaincant de la fauffeté de ces pièces Il n'en ? reste que la honte & la confufion de l'avoir imaginé.

Après en avoir auffi indécemment impofé fur des faits , après en avoir tiré des confé- quences auffi fauffes qu'injurieufes , les adverfaires s'érigent en législateurs. Les écritures par- ticulières, difent-ils, les fignatures des lettres & billets rapportés par la veuve Hudin, ne foffent-elles pas démontrées fauffes , ne mériteroient encore aucune foi. u Jufqu'à ce qu'ime » vérification régulière par une comparaifon d'écritures authentiques, eût porté dans les » efprits la conviction la certitude & de la preuve entière , il faudrait qu'une "défiante fa- » geffe n'attribuât ces fignatures à perfonne, & les réduisît au rang & dans la claffe des » écrits Incertains ^ai ne pouvant , être avoués fans indifcrétion & fans danger, ne peuvent » jamais non plus être les fondemens d'un Arrêt. »

Le vœu des adverfaires est diamétralement oppofé à la Loi. La vérification des écritures privées n'est néceffaire que lorfque celui à qui on les oppofe en dénie la vérité, & la dénie par écrit. C'est la difpofition de l'ait. 3 de l'Édit de Décembre 1684.

La raifon avoit enfeigné avant la Loi qu'il n'est néceffaire de vérifier que ce qui est nie; que ce qui est avoué n'a pas befoin de preuves & de comparaifon pour en affurer la vérité.

Mais conçoit-on bien toute l'infamie de ce pyrrhonifme infultant pour l'humanité, pour tous les membres de la iociété Celui ? qui préfenteroit en Justice un titre privé feroit donc

justement légalement foupçonné, par cela feul & qu'il demanderoit une chofe due & légiti-

me ? La honte inféparable de cette fufpicion offenfante repofcroit fur fon front, jufqu'à ce qu'il s'en fût lavé par une vérification judiciaire de la vérité, de la légitimité de fon titre Quelle méfiance outrageante ! Qu'il est à plaindre celui qui a feulement pu en concevoir M ,,

rnssÊoms

[ 90 ]

ofé l'appeler pour le bien de la fociété. Son vœu est atroce awtant l'utilité , qui a que con-

traire à la Loi.

'-Il

Non , la perverfité n'est pas encore à cet excès qui néceffiteroit de pareils préfervatifs.

Non, un titre privé ne fera pas fufpect jufqu'à ce qu'il ait été vérifié ; il continuera de

mériter la foi de la Justice, & celle des hommes, jufqu'à ce que, devenu fufpect par un déni

formel dî celui contre lequel on invoque fon témoignage, il ait befoin de cette épreuve

m judiciaire qui lui rende toute fa force , ou ne lui laifle aucune valeur , en provoquant même

la févérité de la Justice contre le coupable auteur de fa fabrication.

Ces maximes odieufes n'ont été fuggérées aux adverfaires que par le vil intérêt qui les

par la Hudin n'ont conduit. Les lettres & billets rapportés Dame pas été vérifies en 1 767

parcequ'ils n'ont pas été déniés par les Sieurs Caradeux. Ces lettres & billets ont donc dià

véritablement de Martin , être regardés alors comme émanés Aubry de Marie Dubois ,

de Jean-Martin Aubry lui-même ; & dès-lors pouvoit-on balancer à reconnoître la Dame

Hudin pour coufme-germainc de Jean-Martin Aubry ?

fauffeté que les Sieurs Mais il est faux , de toute , Caradeux aient Invoqué eux-mêmes

ces lettres , ces billets ; il est faux qu'il fe foient réunis à la Dame Hudin pour fupplier

les Magistrats de donner à ces titres, par leur jugement, la fanction & l'authenticité que leur

nature ne leur affuroit pas , Sc les effets qu'ils ne pouvoient pas produire , fi on fe fût

feulement borné à ne pas les avouer.

Les Sieurs Caradeux ont réfisté , autant qu'il a été en eux , & aux titres de la Dame Hudin,

& aux conféquences qu'elle en tiroit pour fes prétentions. Mais ils n'ont pas dénié la vérité

de ces titres ; ils ne l'ont pas déniée, parceque l'examen qui en fut fait par leurs confeils leur

fit appercevoir plus de danger que d'utilité à les dénier , parcequ'en les déniant la vérification

s'en faifoit, & que le réfultat de cette vérification , qui étoit elle-même celui du déni, eût

prouvé la vérité de ces titres ; parceque ce réfultat une fois acquis à la Dame Hudin , il

falloit néceflairement la reconnoître & l'admettre. -S

On leur a fait foutenir que ces titres étoient équivoques , apocryphes &• infufffans. Croit-

on que fi les écritures , les fignatures de ces lettres , de ces billets n'eull'ent pas été reconnues

par les confeils des Sieurs Caradeux pour être véritablement celles de Martin Aubry, de

Marie Dubois , de Jean-Martin Aubry , on ne fe fût pas empreffé de les dénier ? Peut-on fe

perfuader qu'on eût renoncé pour eux à un moyen auiîi tranchant d'écarter fans retour la

Dame Hudin ? Qu'on en juge par l'acharnement réciproque qui a régné dans ce procès

par cet acharnement dont la Dame Hudin donna une preuve éclatante à l'instant même

de l'Arrêt , par cet acharnement que les Sieurs Caradeux , le Sieur de Gizeux , les héritiers,

ont eux-mêmes montré avant & après cet Arrêt.

En veut-on des preuves plus directes encore ? Les roici. On difoit pour les Sieurs Caradeux: [9'] Hudin font infiiiTifans pour justifier fa parenté n Les lettres, les bilbts rapportés par la Dame ni les aujourd'hui.» n avec le Sieur Aubry;on ne peut ni ks reconnoitre , vérifier

Qns rcpondoit la veuve Hudin ? n Si l'on penfe ces titres fabriqués par l'imposture pour

il tout fimple » enlever une fucceffion qui ne regarde point celle qui la réclame , est &

» même facile de couvrir de confufion quiconque veut s'en fervir, puifqu'il ne faut que n fournir des pièces de comparaijon pourfoudroyer le faujfaire quel qu'il foit , la fauffeté perçant n toujows de part ou d'autre, n

qui aux parties adverfes n La voie feule ( difoit encore la veuve Hudin ) compète

, c'est de voir que m. la lettre qui a précédé »> pour les anéantir ( les lettres & billets ) faire

l'écriture des Mets ne de la main de M. n ces reconnoiffances , écrite de Paris , ni font feu

quoi tous leurs raifonnemens blanchiront contre des pièces au£î n Jean-Martin Auhry , [ans n peu fufpectes. n

n'ofoient pas leur faire dénier les Ainfi , d'un côté , les confeils des Sieurs Caradeux

fois parcequ'on ne pouvoir parcequ'il falloit fe rendre fi elles étoient une reconnues , écritures , pas efpérer qu'elles ne le fufTent pas , d'après la comparaifon qu'ils en avoient fans doute faite eux-mêmes.

la vérification ces écritures loin De l'autre côté , la Dame Hudin , loin de réfister à de , de s'en défendre, loin d'en redouter l'événement , la provoquoit elle-même. Elle ne négligeoit

rien pour y engager les Sieurs Caradeux. Elle leur afluroit que c'étoit pour eux le ieul

moyen poffible d'écarter le témoignage déterminant qui naiflbit de ces pièces , de leur analogie, de leur concours.

Et pourquoi n'en conviendrions-nous pas aujourd'hui? C'étoit fe refufer à l'évidence, que de contester la force & la valeur des preuves multipliées qu'apportok la Dame

Hudin de fa parenté avec le Sieur Aubry. Les lettres , les billets qu'elle produifoit étoient

autant de reconnoiffances dont une feule auroit fuffi. Martin Aubry & Marie Dubois avoient

leur fucceffivement reconnu Guy Aubry, père de la Dame Hudin , pour frère & beau-frère.

Jean-Martin Aubry favoit reconnu pour fon oncle. Il en avoit reçu des fervices en cette

de Marie Dubois fa mère. Comment réfister à ce faifceaa qualité , & à la recommandation

de lumière, de vérité qui naiiToit de ces lettres, de ces billets, de chaque ligne , de chaque

mot qu'on y lifoit ?

Sans doute ks Sieurs Caradeux euffent mieux fait de s'y rendre volontairement, que de fe laifTer contraindre par un & plufieurs i^rrêts à reconnoitre cette vérité. Duffent-ils éprouver aujourd'hui

[es repioches d'indulgence & de connivence qu'on leur adreffe, quoiqu'ils les aient û peu

mérités, fi leurs adverfaires leur faifoient un crime d'avoir rendu hommage à une vérité

, la confcience des .Sieurs Caïadeux ne impérieufe , le fuffrage du reste des hommes propre

3es vengeroient-iis pas affez de cette injustice ? [ 9H Mais poui-ra-t-on retenir fon indignation , lorfquon faura que les adverfaires , au nom defquels on fe permet de foutenir que ces lettres, ces billets font faux & fabriqua ont reconnu eux-mêmes bien , & formellement, la vérité de ces mêmes titres ; lorfqu'on les verra écrire eux-mêmes, que Martin Aubry a avoué Us Jiuhry de la Rochelle pour fes panm. Voici ce que nous lifons dans la procuration donnée par les adverfaires en 1781.

Si de » MM. Caradeuxvouloient, ils éclairciroient bientôt les faits, & ils feroient peut- être bien. Il n'est pas qu'ils » n'aient trouvé dans les papiers du défunt des titres & ren- » feignemens plus que fuffifans pour les Aubry de Tours. Mais fi l'on venoit à leur dire quelque moment, quel » à âge Martin Aubry est forti de la Touraine, pour quelle raifon » il est forti, quel état il tenoit, quelles rayons tont dhœniné à Je fare des cor^nolffarices a la Rochelle pour « paffer à Saint-Domingue, pour s'y fixer & s'y établir; quels motifs » l'ont d 'terminé a 4noPTER les Aubry de h Rochelle pour ses parées et » POUR SERVIR UE CORRESPONVANS ET VE PATRONS A SON FILS; quelle raifon enfn lui a garder » fut le plus grandfzlence fur fon existence, vis-à-vis de fon père & de frères de Tours, " fis MM. des CaradeiDc pourroient revenir de leur erreur ,& regretteroient peut-être très-férieufement » de n'en avoir pas prévenu les évenemens plutôt. ,.

Ces menaces terribles de la part des adverfaires n'ont pas encore été effectuées Le. Sieurs Caradeux en attendent l'événement & l'IlTue fans trouble & fans inquiétude Mais n les adverfaires n'ont point encore révélé les motifs qui déterminèrent Martin Aubrv a adopter les Aubry de la Rochelle pour ^ fes parens, 6- pour firvîr de correfpondans & I patrons a fon l'aveu de fils, cette adoption, de cette reconnoidance leur est au moins échappe. Ils pourroient bien le regretter: mais il existe. Il a été fait avec réfle-don en pleine connoiffance de caufe. Il est au nombre des instructions données par les adverflires eux-mêmes leur à repréfentant à l'instant oi, , ils le chargeoient de leur réclamation.

Mais où font les preuves que Martin Aubry eût reconnu les Aubry de la Rochelle la farndledelaDame Hudln pour fes parens, portr les , co'rrefpondarzs , les patrons de Jean-Martm 1? P''""" "'''"'"" '^'"" ^"'" ^'' ^"' ^^ ''^ ^-^''' ^"^'7, ^'^ns celles d.T7/-^Z'T.'MaruDubots, dans celle de Jean-Martin Aubry lui-même , toutes adreffées à Guy Aubry de la Rochelle, père de la Dame Hudln, qui est àèÇ.^nè y frère de Martin Aubry, beau-frère de Mrrte Dubois, oncle de Jean-Martin Aubry, dans les deux bilkts de celui-ci au profit du même Guy Aubry. ^

Les adverfaires ont donc avoué la vérité de ce qui est prouvé par ces lettres & ces b.ll ts. Ils lont avouée formellement dans la procuration de 1781. Ils ont voulu la diffi- dans leur J^uler Mémoire. Mais cette venté est fi puiffante qu'eUe a -> y paru encorec uwigiemalgré leur j i eloignement pour elle.

On voit page ( 49 & jo que les adverfaires ) ne difputent plus que fur le compUmem

^ Wf^ ^ MM nm^m [93] di la preuve de parenté la de Dame Hudin. Les lettres , dit-on , établlroient feulement la volonté de reconnaître cette famille ( les Aubry de la Rochelle ) & de l'adopter. Il man- queroit li connollfancc la preuve du & motif de la reconnoijfance & de l'adoption. Perfonne ne pourroit fe dire que cette reconnoijfance & cette adoption étoient légitimes & fondées fur une parenté faite par la nature, par & confluent II ferait encore Impcjfible de juger que Martin Aubry & la veuve Hudln étalent vraiment parens.

Nous reviendrons dans l'instant au motif de Martin Aubry ; mais déjà il est donc acquis avoué répété les , , par adverfaires que Martin Aubry reconnolffolt les Aubry de U Rochelle pour fes parens que Marie Dubois les , a reconnus également, que Jean-Martin Aubry,

leur fils , les a aulîl reconnus.

Cette triple reconnoiffance des Aubry de la Rochelle pour les parens du Sieur Aubry, n'est prouvée que par les lettres & les billets rapportés par la Dame Hudin. Ces témoins ne font donc pas faux puifqus la vérité , de ce qu'ils attestent est avouée.

Comment fe fait-il donc qu'on maintienne auffi hardiment toutes ces pièces faufes, fabriquées, au nom de ceux-là même qui avouent que rien n'est plus vrai que ce qu'elles prouvent, qui annoncent qu'ils pourroient donner les motfs delà vérité qu'elles contiennent? Ifi ^ii

Comment cela fe fait-il ? Comment .? Oh , c'est tout fimple. C'est que d'abord l'aveu des vérités prouvées par ces pièces, & l'aveu de la vérité de ces pièces , qui est forcé après le premier, ont été faits en France par un homme ambitieux, mais qui n'a pas eu le courac^e de nier l'évidence tandis que c'est loin de , lui, & fans fa participation directe qu'a été compofé le libeUe qui taxe les mêmes pièces de faux, d'Imposture, de menfinge , defourberie.

C'est qu'on compte pour rien la déference & la foumiffion même que les procurations

de 1781 de 1786 prefcrivent pour les instructions & qu'elles contiennent; c'est que celui qui fait demander aux adverfaires la totaUté d'une fucceffion dont ils ne voudroiem qu2 partie, celui qui ofe attaquer l'état des Sieurs Caradeux , celin de leur mère, celui de leur aïeule, lorfqu'on ne l'a chargé que de vérifier les rapports qu'on en avoit faits, & d'en demander la justification / celui qui les maintient bâtards & ufurpateurs , lorfqu'on l'a chargé de leur demander le rapport de leurs titres de filiation & de pofTeffion ; celui qui atteste que Guy Aubry est mort en lorfqu'il vivoit 1703 , encore en 1723, celui qui fait de cette fuppofiîion la bafe la fource & d'une foule d'autres, celui qui donne pour incontestables les conféquences qu'il tire enfuite de fa première fuppofition , & de toutes celles qu'il en

' a fait dériver, peut bien fe permettre encore de mer ce qui a été avoué par ceux dont il a tant de fois déjà égaré la confiance & changé les intentions.

Quant aux motifs qui ont déterminé cette reconnoiffance des Aubry de la Rochdle , par Martin Aubry, par Marie Dubois, par Jean-Martin Aubry, ce n'est pas fans doute aux Sieurs Caradeux à les indiquer. C'est aux adverfaires à nous les dévoiler. Ils les connoifTent. Ils ont menacé de les mettre au grand jour. Mais jufquà ce qu'ils aient appris pourquoi

aoçc ,,

m^ÊÊÊ

r 94 ] Marôn Aubry auroit renoncé à fa famille pour en adopter tne qui lui auroit été étrangère

le croira avec nous que Martin Aubry , Marie Dubois nous eroirons , & tout le monde ,

les Aubry de la Rochelle pour leurs fa femme, Jean-Martin Aubry fon fils, ont reconnu

r^r«n^,parcequ'ils l'étoient réellement. On n'abdique pas les liens qui unifient à un père, fœurs on ne leur fubstitue pas des étrangers fans de fortes à une mère , à des frères , à des ; rapprochent des autres; on doit d'autant moins & puifiantes raifons qui éloignent des uns &

la reconnoifl'ance des Aubry de la Rochelle auroit été commencée par le fuppofer ici , que confirmée par Jean-Marrin Aubry que Martin Aubry , continuée par Marie Dubois , , &

motifs de vivre ignoré de fa famille, ils euffent fans : fi Martin Aubry avoit eu quelques détrefie,imploroientles fecours de la famille doute fini avec lui. Sa veuve & fon fils dans la

la préférence aux Aubry de la Rochelle fur les de leur père , de leur mari. Euflent-ils donné époques l'euflent au contraire Aubry de Tours ? La fortune & l'état de ceux-ci , aux mêmes ,

méritée.

parenté il n'eût pas fuffi Et fi cette reconnoifl'ance n'eût été fondée fur une véritable ,

auffi le» que Martin Aubry eiJt voulu adopier les Aubry de la Rochelle , il eût fallu que eu > Aubry de la Rochelle euflent voulu l'avouer également. Et quel motif en euflent-ils Martin Aubry, Marie Dubois & Jean-Martin Aubry étoient alors dans l'indigence. S'ils

enflent eu intérêt de reconnoltre cette famille pour en obtenir des fecours, cette famille

r'auroit-elle pas été intéreflée à repoufler des étrangers dont l'adoption ne pouvoit que lui

être onéreufe.

Rochelle ont été Il est donc certain, & les adverfaires l'avouent, que les Aubry delà

reconnus par Mantn Aubry, mort à Léogane en 1698, par fa f.mme Mark Dubois, par que leur fils Jian-Martin Aubry lui-même. Il est donc certain & avoué par les adverfairts

ces papiers àc famille, rapportés par la Dame Hudin , ces l-ttrLS,ces billets renfermoient

ni les preuves de cette reconnoiiTance ,• ces kttres, ces bill.ts n'étoi.-nt donc ni faux, fabriqués.

plus loin nous C'en f;roit bi:n aflez , fa.is doute; ma's nous pouvons alhr beaucoup ;

pouvons démontrer qu'il étoit même impcfilble que ces lettres &. ces billets fuflent faux.

Rochelle, Quelle apparence d'abord que la Dame Hudin , veuve d'un marchand de la

/a: ;7/i;^a âgée en 1763 de 69 ans, ait conçu le projet de fabriquer ou de faire fabriquer ouverte de les attribuer à trois perfonnes difléi-entes, pour s'en faire des titres à une fucceffion

fe décide cependant à altérer ou à 2000 lieues d'elle ! Le fauflaire le plus intrépide ne

fes crimes ne feront point apperçus; il faut au moins qui puifle imiter , que dans l'efpoir que celui qu'il fe promtttre que la pièce qu'il fabrique pourra pafler pour être l'ouvrage de en

fuppofe l'auteur.

Il n'est peut-être jamais venu dans l'idée de l'être le plus audacieux, d'entreprendre d'imiter obtenir à la fois l'écriture & la fignature de trois perfonnes , fur-tout lorfqu'il pourroit le»

Sr C 95 1

mêmes efFet5 de l'imitation d'une fêiilî ; & n'auroit-il pas fuffi à la Dame Hudin de rapporter

des reconnoiflances bien précifes & bien directes de la part de Jean-Martin Aubry i

Si elle eût ofé en faire fabriquer pourquoi auroit-elle , en arrêté le cours en 1709 ? Pourquoi

n'en eût-el!.e pas fuppofé de plus récentes ? *;,';

Celui qui travaille à contrefaire une ou plufieurs écritures, ne cherche pas à étendre inutilement les pièces qu'il fabrique. Il n'y fuppofe que ce qui est néceffaire pour remplir fon objet. Chaque ligne , chaque mot augmente fa crainte d'être découvert , de fournir , par

des diffemblances, de nouvelles preuves de fon forfait. Il abrège autant qu'il est en lui. Il est

trop occupé de ce qu'il cherche à fixer, pour avoir feulement l'idée de tout autre objt. Il poids brûle de fe dégager du du crime qui prefle le coupable , fur-tout dans l'instant où il

le confomme.

On a vu les lettres rapportées par la Dame Hudin. Elles n'ont pas ce laconifme du fauffaire. Elles contiennent des détails indifférens , étrangers à l'objet qu'auroit eu celui qui ne les auroit fabriquées que pour en faire des preuves de reconnoiflance & de parenté.

Enfin , admettra-t-on que la Dame Hudin , ou celui qu'elle auroit employé à la fabrication

des lettres & billets , aient ofé venir les préfenter à Saint-Domingue, dans le domicile du Sieur

Aubry , à fa famille maternelle, à des adverfaires qui dévoient les critiquer & les examiner févére- ment fi les écritures les fignatures de lettres , & ces , de ces billets , n'euffent au moins relTemblé à celles de Martin Aubry de Marie , Dubois , de Jean-Martin Aubry.' Admettra-t-on que la Dame Hudin & fes repréfentans fuffent venus s'expofer à l'ignominie , à la honte , à la puniaon des fauflaires s'il n'eût fallu pour les convaincre, la , , que repréL-ntation de pièces vraiment émanées de ces trois individus, leur comparaifon celles & avec dont la Dame Hudin auroit voulu abufer ?

Et fi l'on est forcé de croire que la Dame Hudin n'eût hafardé de faire ufage de ces pièces, que dans l'efpoir au moins de pouvoir faire illufion par la reiïèmblance & l'imitation exacte des écritures, des fignatures, quel auroit donc été le type fur lequel cette reffemblance cette imitation euffent été calquées & obtenues ? Les lettres & les billets étoient les fcules pièces au pouvoir de la Dame Hudin qui fuflent écrites & fignées par Martin Aubry, Marie Dubois & Jean-Martin Aubry.

Une main adroitement infidèle , dirigée par un œil perçant , peut bien imiter fon modèle.

Cet art fi féduifant fi & beau, lorfque l'ufage en est légitime, lorfqu'il fert même ce penchant que la nature femble justifier en donnant les moyens de le fatibfaire , mais fi funeste à celui qui en abufe, fi dangereux pour la fociété , iorfqu'on emploie contre elle ce qui nedevroit fervir qu'à fesplaifirs, ïh à fes jouifiances , obtient même quelquefois des reffemblances fi parfaites , que l'œil le plus exercé pourroit s'y méprendre.

Mais point de reffemblance point , d'imitation poffible, où il n'existe point de modèle, La Dame Hudm n'en avoit pas des trois écritures qu'on veut fuppofér qu'elle avok imitées

MK ,,

[96]

ou fait imiter. Les lettres & billets reflemblolent cependant à celles de Martin Aubry , de

Marie Dubois , de Jean-Martin Aubry , au point que les Confeils des Sieurs Caradeux

n'osèrent pas leur en faire dénier la vérité, quoique de fon côté la Dame Fludin ne ceilât

provoquer quoiqu'elle appelât fur fa tête la confufion qui de les y , devoit rejaillir de la

comparaifon, fi cette reffemblance n'étoit pas exacte.

Cette reflemblance ne pouvoit pas être l'effet de l'imitation, puifqu'il n'existoit pas de

modèle. Les écritures , les fignatures des lettres, des billets ne reffembloient donc à celles de

Martin Aubry, de Marie Dubois, de Jean-Martin Aubry que parcequ'elles étoient , effective- ment leur ouvrage.

Allons plus loin encore :

Rappelons-nous d'abord que ces lettres , cette correfpondance de Jean-Martin Aubry

de fon père , de fa mère, feront oppofées aux adverfaires avec un fuccès particulier _; rappelons-

qu'ils difoient nous ce eux-mêmes , page 28 : La correfpondance est un des canaux les plus

importans , d'où les preuves de l'état pourraient jaillir très-abondamment chaque lettre doit

être un titre contradictoire fur le fait de pojjejjîon d'état.

Ces lettres, ces billets étoient des écrits privés, mais ils ont acquis une date certaine.

Ils ont été enregistrés au Greffe du Port-au-Prince le 2p Avril \y6^ ; mais ils l'avoient déjà été au de t Greffe Amirauté de la Rochelle , en vertu d'Ordonnance du Lieutenant de et

Siège , fur la requête de la Dame Hudln.

Cet enregistrement au Greffe de l'Amirauté de la Rochelle, est du 27 Septembre lyâp i.J> ' première La procuration donnée par la Dame Hudin aux Sieurs Goujaud & Delastre, est du ip Septembre 176^,

Le Sieur Aubry étoit mort à Saint-Domingue le 27 Février \-j6j. Si fon inventaire ne

fut fini que le ^1 Alars fiiivant.

les lettres Or , préfentées par la Dame Hudin ne font pas feulement précieufis par les

qualifications de frère , beau-frère oncle tante , , , confine , qui y font données à Guy Aubry

fa la à femme, à Dame Hudin elle-même , leur fille par , Martin & Jean-Martin Aubry j par Marie Dubois.

Ces lettres contiennent des faits qui ne pouvoient être connus que par ceux qu'ils inté-

reffbient, des détails de famille que tout autre que le père, la mère & le fils dévoient ignorer.

Ces détails ces faits , n'étoient pas connus des Sieurs Caradeux , ni de leurs confeils en Le dirons-nous, 1767. les Sieurs Caradeux les ignoroient encore à l'instant où nous avons entrepris leur défenfe.

Or,

• a^F^^fcgjBrr.v^f-^aasry^ - ..

lÊÊÊÊfÊm îÊÈl^aÊÊr^ -r: *-^'*- r - - -

r 97 ]

Or , n tous Ijs faits contenus dans css lettres font exactifnent conformes à l'état de cette

famille alors, à fa fituation , au nombre de fes enfans , à leur naiffance, à leur fexe, à

leur état, à leur mort, à tous les événemens que cette famille a éprouvés, il faudroit

donc ou qu'ils euflent été révélés à la Hudin , que par Dame ou , une magie à laquelle on

nous difpenfera bi;n de croire, elle eût deviné à la Rochelle en 1763, tout ce qui setoit paiïé Saint-Domingue à dans Fmtérieur delà famille de Maitin Aubry, de 1695 à 1709.

Raffemblons quelques-uns des faits principaux confignés dans ces lettres.

Le Pon-de-Paix attaqué £> détruit par les Anglais & les Efpagnols, en lâp^,

AîartJn Aubry abandonnant ce quartier , pour venir demeurer à Liogane.

La perte de tous [es papurs.

L'existence de fa fanme & de fa petite famille en 16ç6,

La mort de Martin Aubry.

Il a eu quatre enfans. Deux morts & deux vivants encore: , à l'époque où cette lettre étoit écrit.'

Des deux vivants , l'un garçon , l'autre file.

Le fis envoyé en Francs pour perfEdonner de m'.iier chirurgie , fe fou de , qu'il avoit appris chei È

les pères de Li charité, et Lcogane. ; DeuxiÈmeLettre DE Marie DuBOis, L'existence de la file à cette époque.

Son féjour à Paris , à l'époque où il écrit.

Sa maladie. Le genre de cette maladie.

L'existence de fa mère.

Sa détref/e, qiù confirme celle dont fon père & fa mère s'étoient déjà plaints.

11 étoit impofflble que dans le court intervalle de quelques mois qui s'étoient écoulés de la mort du Sieur Aubry , à l'époque où l'on voit la Dame Hudin faire enregistrer à la

Rochelle les titres qu'elle a produits elle , eût acquis cette connoiffance détaillée de l'état

des événemens de la & famille de Martin Aubry, de ces événemens lar-tout des naifi'ances & des morts du père & des enfans, de leurs époques, de l'apprentiffage du Sieur Aubry chez les pères de la charité à Léogane , de l'émigration de Martin Aubry du Port-de-Paix

de fon nouvel établiffement la à petite rivière de Léogane , de la perte de fes papiers &c. &c.

Si on eût fabriqué ces lettres on les eût , compofées de ces faits généraux , de ces énonciations vagues qui peuvent convenir à tous les êtres , fans appartenir plutôt à l'un qu'à l'aiure ; on

fût donné de garde d'y mféi-er des faits ^ particuliers , des traits caractéristiques & fin£;uliers

' ' N ,

fZZjSs^ia ,

[ 98 ]

excliififs de tout autre individu que de celai qu'ils pouvoient concerner feu!, des faits dont

l'inexactitude fur un feul point eût changé l'enfemble du tableau, & préparé le moyen fur m d'en détruire l'effet & l'aitifice. Tous les faits dont ces lettres contiennent le détail démontrent donc, s'ils font exacts &

qu'elles vrais , non feulement que les lettres font vraies elJes-mèmes , mais encore ne pouvoient

pas être fauffes.

les actes que nous produifons. W/il Or ces faits font tous prouvés, démontrés vrais par Leur parfaits. Il est prouvé que Martin Aubry quitta le Pon-de-Paix cii analot^ie , leur accord font deux enfans Jean-Martin M.ine-Magdeleine ^uiry ,gnf ; qu'il avoit à cette époque , & ; qu'il qu'il vint demeurer au quartier de la puite rivière de Lwgane ; avoit perdu tous fes autres enfans dans ce dernier quartier; qu'il mourut peu de papiers ; qu'il eut encore deux y

fes enfans moururent auffi , à peu près dans le même temps temps après ; que deux de ; l'autre Marie- ne qu'il n'en resta que deux, dont l'un garçon ( Jean-Martin ) fille, Magddei ;

que le premier apprit l'état de chirurgien che^ les pères de la charité il est reconnu & notoire par mère en France pour s'y perfectionner que /cuar wVo« à Lio^ane ; qu'il ait envoyé fa. ; yâ

alors.

les renferment émanoient C:s faits n'ont été ni révélés, ni devinés. Les lettres qui donc

néceiiairement des individus auxquels la Dame Hudin les attribuoit , & qui pouvoient feuls

connaître toutes ces particularités. La nature de ces Lettres, leur détail en prouvoient reffemblance la plus exacte des écritures encore plus, s'il étoit poffible , la vérité, que la &

pouvoient donc pas l'être. des fionatures. Ces lettres n'étoient donc pas fauffes. Elles ne

tranchantes eulTent échappé à tout le barreau Il feroit étonnant que des réflexions auffi du Cap affemblé pour éclairer la Dame Hudin en lyôyjfices Juiifconfultes ne fefuffent

billets n'étant pas déniée par les adver- arrêtés à ce principe vrai , c[ue l'écriture des lettres & douter de leur vérité. faires de la Dame Hudin , il étoit impoffible de

Hudin Mais ce qui fut judicieufement remarqué dans le Mémoire imprimé pour la Dame Avocat au Cap difoit qu'il page & fuivantes ) c'est que Mi. Bourgeois , , y en 1767 , ( 54 de la parenté de la Dame Hudm étoit bien incroyable qu'on fe permît feulement de douter

parent de la Dame Hudin avoit été Bourgeois -, , avec le Sieur Aubry ; que lui-même Me.

feroit état de le prouver qu'en reconnu par le Sieur Jean-Martin Aubry ; » qu'il en , & 175 1

rencontrèrent dans fa maifon , ou qui vinrent 5j le Sieur Aubry le préfenta à tous ceux qui fe y Bourgeois che^ lui; que M. Saintard étoit du » pendant un féjour de 4 à s jours que Me. fit Saint-Louis la Toifon, M. Beudet , M. Olivier ,Chevalier de j> nombre ; qu'un de MefTieurs de Demoifelle Goislin tous les blancs « & ancien officier des troupes détachées de la Marine , la , cette habitation feroient même )j raffineurs ou autres qui réfidoient en ces temps là fur , à

» de l'attester.

r^r-ry .-*.î*;^*s3 H

' n Qiu \z Sieur Âubi-y mena Uii jour Me. i>oiirgeo!s à la meffe à la croix des bouquîts ;

» qu'il y éfoit dans isur banc avec défunte Madame Aubry.

» Que le Curé qu'ils allèrent voir & diverfes perfonnes eurent connoilTance que M. ^ubry

5» regardait Me, Bourgeois comme fin parent, & i]u'il en pariait à tout le monde fur ce ton,

>» d-> manière qu3 ce voyage intrgua beauccuv Madame Aiihy & fes neveux ; que Me. Bourgeois

» en rioit, voyant qu'on lui donnoit des vues auxquelles il n'avoit jamais fongé ; qu'oit

)» fouftVoit rarement que le bon-homme £c lui fufTent fculs cnfemble ; qu'on cpioit leurs actions,

» qu'on écoutoit leurs difcours ; que ce manège dura autant que le féjour de Me. Bourgeois.

il étoit » Que M, Aubry paroiffoit quelquefois gêné & fatigué de la contrainte où réduit 5

» fans doute par déféience pour fa femme ^ ce qui ne l'empêcha pourtant point de s'informer ^

» même devant fan époufe , SI LA Dame veuve Hudik, qu'il appeloît sa cousine,

» àoit à fon aife ,& fi fa famllk ctoit nombreuf ; Qu'il ajouta plufisurs fois qu'il lui feroit du

» bien, fi le ciel lui en Liiffoit la liberté.

n Que ces dernières paroles furprirent d'abord Me. Bourgeois , n'en ayant point la clef;

n mais qu'il apprit enfuite que le contrat de mariage des Sieur & Dame Aubry portoit une » donation en faveur du dernier vivant.

» Que le Sieur Aubry aimoit beaucoup fa femme ; qu'elle avoit pris un très-grand

» afcendant fur fon efprit. Que c'étoit la caufe de ce qu'il ne voulcit rien faire qui pût

» lui déplaire, comblant fes neveux & nièces de bienfaits , de même que M. de Gizeux , dont ils

» fe trouvaient honorés, & laiffant la pauvre famille des Aubry fans le plus léger Acouis ;

il s'étoit libre. » que ceci éclairciffoit ce qu'il avoit fait pour elle , quand vu

qu'il avoit eu » Que cependant le Sieur Aubry dit audit Me. Bougeois , deffcin de retenir

» auprès de lui un enfant de la veuve Hudin ,qui étoit venu le vifiter,dans un voyage qu'il

Rochelle mais que l'ayant , il avoit n fit en cualîté de Pilotin fur un navire delà ; refufé V traité

» d'imbécille & Pavoit renvoyé avec quelque argent ; que cet enfant étoit mort.

» Que le Sieur Aubry prefla & follicita Me. Bourgeois de fe fixer dans la partie du

» Port-au-Prince, qu'il lui rendroit fervice & l'aideroit ; mais que tes offres obligcantîi,

» qui n'étoient dues qu'à fon alliance avec Marie Aubry veuve Hudin , ne pouvoient être

» acceptées, Me. Bourgeois ayant des affaires d'intérêt férieufos & décifives pour fa fortune,

») qui le contraignoient de repafler abfolument dans la partie du Nord.

» Quil étoit allé pour cet effet auprès des Généraux , afin d'en obtenir quelque grâce ; j> qu'il logea le Sieur qui lui prêta une voiture pour faire ce voyage du cliez Trutié , Lamentin

» au Cul de Sac ; que feu M. Aubry lui en donna une autre pour aller rendre vifue à fvl.

» le Marquis de Vaudreuil ,qui le félicita _/âr fon alliance avec ledit Sieur Aubry , le croyant

» dans le cas d'en être héritier, mais que lui, Me. Bourgeois, ne comptoit rien moins que

n fur cette bonne fortune , n'étant pas homme à fe flatter.

mK ( 100 I » Qu'il avoît feulement oin-clire au Sieur Efcoubet fon grancl-père, que ce M, Aulry

« était venu le voir au. commencement du fïlcls , (S- quil l'avoit reçu comme furent de la veuve

n Hudin , che[ le père duquel il logeait alors ; que ce (ut ce refTouvenir qui infpira à Mj.

j> Bourgeois la penfée d'aller vifiter ce bon-homme, qui fe fouvint parfaitement du nom

Vi i n de l'aïeul de Me. Bourgeois , & qui ajouta même qu'il lui avoit des obligations , fans les

» fpécifier :

>» Qu'il étoit constant que tous ces faits étoient vrais ; qu'il les affirmait fous la. foi 5» u la religion du ferment, comme fur tout ce qu'il y a de plus facré parmi les hcmmes.

» Qu'il n'ignoroit pas que cette déclaration ûule & ifolée, venant même d'un allié de

» la Dame Hudin, ne fauroit être d'un grand poids dans la rigueur du Droit ; mais qu'il

» étoit obligé de ne point fe taire fur ce qu'il favoit, lorfquon ne minageoit rien pour

» exclure Marie Auhry , veuve Hudin, & que l'on s'cmportoit contre elle jufqu'à la traiter

») ii"aventurière . ....

j) Que quiconque connoîtroit paticulièrement Me. Bourgeois, feroit convaincu Intérieure-

» ment de la droiture d; fes intentions," qu'il ne cherchoit point à en impofer, & que Is

n pur défintérefTernent , auffi bien qu'une œuvre de charité , étoient les motifs uniques qui lui

V avoient fait prendre la plume , afin de défendre une femme aiïlz fimple pour ne lui avoir

•>> ili<

Les adverfaires pourront bien encore traiter ce récit de Me. Bourgeois de fiction &

d'imposture ; mais à qui perfuaderont-ils que cet Avocat eût ofé imaginer , (uppof:r tous ces

faits , lur lefqu.Is il interpelloit & réclamoit le témoignage d'une foule de perfonnes vivantes

alors, & dont quelques-unes vivent encore aujourd'hui.'' A qui feront-ils croire que, fi ces

faits n'eufTent été avérés & notoires, les Sieurs Caradeux, au nom dcfquels on s'étoit permis

de traiter la Dame Hudin d'i^vewfaritTi, eulTent héfité à confondre c.lui qui auroit créé un

conte aufll abfurde, pour justifier fes prétentions ? Il leur eirt été fi facile de faire entendre

les témoins que Me. Bourgeois indiquoit lui-même !

. \ Enfin on voit encore dans le Mémoire de la Dame Hudin ( page 58 ) que les Sieurs

> .1 : la de la Toifon frères , neveux de la Dame Aubiy , avoient eu une parfaite connoiffance que

veuve Hudin c'toit la pjrcnte de M. Aubry : que celui qui étoit décédé, le Sieur la Toifon

du Frefne , avoit pajfe à la Rochelle, étoit allé voir cette femme , avoit mangé chez elle, lu

les papiers domestiques qu'elle rappariait , & que fi l'on en voulcit convenir dans la famille,

il foutenoit à fon retour affirmativement qu'elle àcit l'héritière du défunt.

Ce n'étoit encore là qu'une affertion de Me. Bourgeois. Mais ce qui la fuit immédiatement

est prouvé; c'est que le Sieur Delastre , beau-frère du Sieur de Rocheblanche ,ceSvmT "Déasuz

de la mort du Si>-ur Aubry réfîdant à la Rochelle tn 1753 , avoit été le premier informé ;

que ce Sieur Delastre avoit fait jouer toute forte de reflbrts, avoit employé même le

lïlu

f^ liii r '•

lOI [ ] . eonfeffenr de la Dame Hudin pour obtenir d'elle fa procuration ; qu'elle donna effectivetn.'nt

réclamer les droits qui lui étoient au Sieur Ddastre fes premiers pouvoirs , pour ouverts par le décès du Sieur Aubry ; mais qu'avertie de l'abus qu'on vouloit faire de cette procuiation , ;,((•, ïi

Ces derniers faits font prouvés & par la procuration donnée aux Sieurs Ddastre & Goujaud,

donna enfuite Sieurs le 13 S-'ptembre 1763 , & par celle que la veuve Hudin aux Goujmd

& Charles le 23 Juin 1764, en révoquant le Sieur Delastre. Nous les rapportons l'une

& l'autre.

Or cette obfefîîon du Sieur Ddastre , ce defir ardent d'avoir fa procuration , la circons- tance d^'Aétoit beau-frire du Sieur de Rocheblanche, l'activité qu'on avoit mife à l'instruirf: de la mort du Sieur Aubry, celle qu'il mit lui-même dans fes démarches auprès de la veuve

Hudin , tout cela ne prouve-t-il pas que la veuve Hudin étoit réellement reconnue pom- la parente du Sieur Aubry, avant la mort du Sieur Aubry, comme elle a demandé à l'être après fa mort? Et fi les Sieurs Caradeux n'eufient été abufés par l'infujjifance que leurs confeils croyoient appercevoir dans les titres de la Dame Hudin, qu'euilent-ils fait que rendre hommage à la vérité , en admettant la veuve Hudia comme coufme-germaine ?

Nous euffions trouvé plus de fatisfaction à justifier cet acte de justice & de raifon de iear part, que nous n'en éprouvons en ce moment à prouver que les Arrêts qui les y ont forcés n'ont profcrit qu'une réfistance injaste & déplacée. Elle ne leur a pas même fauve le reproche d'avoir concerté avec la Dame Hudin le fuccès qu'on lui envie, qu'on critique fi indécemment: & eût-ce dont été un crime, un tort pour eux, d'avoir conçu des droits

le jugement que las Magistrats eux-mêmes en ont porté & de la qualité de la Dame Hudin, ., malgré la contradiaion que ces droits & cette qualité ont éprouvée !

Devons-nous maintenant nous arrêter à ce que les adverfaires ont dit des autres pièces produites par la Dame Hudin, de cette obligation de 258 livres tournois confemie en lôôiS

la Clochetière au profit de à Saint-Domingue par le Sieur Chaudeau de , René Aubry , procuration & des pourfuites faites fur cette obligation , en vertu d'une de René Aubry à

Jean Aubry ?

Il paroît qu'à cet égard les confeils de la Dame Hudin avoient été induits en erreiir par l'incorrection d'une expédition de l'enquête faite en 1742 fur l'état du Sieur AulDsy. Ils avoient cru trouver dans une dépofition de cette enquête une analogie entre un oncle du ,

Sieur Aubry dont le témoin parloit , & ce René Aubry , créancier du Sieur Chaudeau,

Cétoit une erreur.

Ces pièces, & leur existence dans les mains de la veuve Hudin, prouvent feulement que la famille des Aubry de la Rochelle René Aubry , dont il y étoit parlé , étoit auffi de ; frère de Martin. La Hudin grétendoit mais il n'en réfultoit pas que René Aubry fût Dame feulement que René étoit oncle de Martin.

;:^%.niL' ^.M. [ 10^ ] De ce que Jian Aubry auroit obtenu en i686 une Sentence où il k fiioit dit héritier 1 »-•• d'antre Jean Aubry fon père, où il auroit fbppofé que ce Jean Aubry Ton père étu-t

fcul h.ntkr de René, il ne s'enfuivroit pas, comme on le dit, que Jean Aubry , fécond du nom n'eût , point eu un frère nommé Martin. On pourroit leulement en conclure que

Jean Aubry, premier du nom , étoit feul hérUier de René.

La Sentence étoit rendue en faveur de Jean-Aubry fih , hérhîer de Jean-Aubry fon père, & icelui comme ayant recueilli la fiicccflîon de feu René Aubry , fon oncle , feul héri- tier d'iceluï.

Les mots héritier, , feul appartiennent à Jean Aubry père , relativement à René , & non pas à Jean Aubry fils, relativement à Jean Aubry père.

La différence est même frappante. dit k-iW: On que Jean Aubry père étoit feul héritier de René en , & parlant de Jean Aubry fils , on dit feulement qu'il est fils héritier ( & non pas feul héritier ) de Jean Aubry , fon père.

Au lieu d'en conclure que Jean fils Aubry n'avoir point de frère, il en réfulteroit plu-

tôt le contraire, puifqu'il ne difoit fe pas feul héritier dHon père, quoiqu'il eût foin dédire que fon père avoit été fui héritier de fon oncle.

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Mais on a la fureur d'altérer tout : & pouvoit-on efpérer que le fens d'un acte feroit refpecté par ceux qui ont nié & mutilé la lettre même de tant d'autres ?

Ces dernières pièces prouvent donc que la veuve Hudin avoit eu un autre parent à

Saint-Domingue que fi l'ancienneté , & des temps ne lui a pas permis de rapporter des preuves plus précifes de fon existence , & du degré de parenté qui l'uniffoit à ce René h Aubry on trouve au moins , y le motif apparent qui conduifit xMartin Aubry lui-même

\ > 1 à Saint-Domingue on trouve au moins la ; y preuve que Martin Aubry ne fut pas le premier & le feul des Aubry de la Rochelle qui pafTa à Saint-Domingue. 'fi

Il n'y fut pas non plus abandonné par fa famille entière , comme l'eût été le Martin Aubry de Tours dans la fiction des , adverfaires. Martin Aubry conferva jufqu'à fa mort le fouvenir, l'attachement d'un frère pour Guy Aubry père , de la Dame Hudin. Il lui en

donna des preuves. Il en reçut de lui. Marie Dubois , fa veuve, annonça à Guy Aubry la mort de Martin Aubry fon frère , réclamant & fon affection pour fes enfans , elle lui adrelTa fon fils en 1708; fes premiers pas en France furent vers fon oncle Guy Aubry, il fut reçu chez lui , dans fa famille : bientôt forcé de renoncer au féjour de Paris , il re- vient à la Rochelle. Il y reçoit encore de nouvelles preuves de la tendrefTe de fon oncle. IHui prête une fomme modique, mais proportionnée aux befoins du neveu , & aux i .u facultés de l'oncle, fon à état du moins. Il ne peut lui fournir un objet plus important

mais il -le cautionne pour fa valeur. des petits Un enfans de Guy Aubry , le fîls de la >o3 I ] Le Sieur Aubry le re<,oit aftectueufeiuênt. Il veut l'y veuve Huditi , vient à Saint-Domingue. des marques de fa tendrefTl'. Un parent retenir, ik cet enfant y rcfiste, mais il emporte

préfente, il est accueilli par le Sieur Aubry, il de la Dame Hudin , Me. Bourgeois, fe intérêt de la Dame Hudin &. de cherche encore à le fixer près de lui , il s'informe avec

l'état de (a fortune.

Sieur appartenoit à la Et qui ne s'écriera avec nous ? Il est auffi évident que le Aubry ' qu'il est clair qu'il étoit abfolument étranger aux Il i'i, Dame Hudin, aux Aubry de la Roch^e ,

fa mère lui avoient appris à regarder Aubry de Tours 1 Sa famille étoit celle que fon père &

fienne : les Aubry comme la fienne, celle qu'il a constamment, perpétuellement reconnue pour la ::tfc

fi fortes preuves, qu'un fystême une fiction faufle de Tours n'ont, pour balancer tant & de , "1. les consé- comme les raifonnemens dont ils l'étayent , comme les faits dont ils l'ornent, comme m}

quences qu'ils en tirent, comme les contradictions qu'ils oppofent aux titres de la Dame Hudin,

qu'ils fuffent, au-lieu de en les tronquant, en les défigurant , en les fuppofant tels qu'ils voudroient

hs préfentar tels qu'ils font. Les Aubry de Tours abufent d'une reffemblance de nom dont ils

reconnoilTent eux-mêmes la futilité, lorfqu'ils la retrouvent dans la veuve Hudin. Ils abufent de

la durée la la mention de l'âge dans un acte dont l'objet ne fut jamais de vérifier, de constater de

mention qui tantôt fe trouve dans ces fortes d'actes, & tantôt ne s'y vie des hommes, d'une ,

trouve pas, d'une mention qui n'est due qu'au caprice de celui à qui il plaît de la faire, qui n'a

d'autre bafe, d'autre mefure que des rapports inexacts, ou une appréciation plus inexacte encore; déterminante, lorfqu'il s'agit mais ils n'ont ni preuves, ni adminicules de cette Identhi préckiik & rien d'établir une filiation; ils n'ont ni preuves, ni adminicules de pojfeffîon d'état, , abfolument après l'avoir abandonné pendant rien qui les lie & les rapproche de l'individu qu'ils revendiquent, plus fiècle, toute fa vie, après s'être, félon eux-mêmes, entièrement détachés pendant d'un & de

cet individu, & de celui qu'ils choififfent parmi eux pour en faire fon père.

11 leur a fallu plus de 20 ans pour compofer, arranger, combiner ce plan merveilleux, pour

furprendre à la foibleffe de quelques vieillards des relations incohérentes & infidèles, comme les

leur âge pour leur faire déclarer, fans le faire affurer même par un fer- idées & la mémoire de ,

ment, qu'ils avoient entendu dire ce qui étoit ignoré de ceux par lefquels on le fait dire, ou ce

qu'on avoir pris foin de leur crier la veille. Ils ont eu pleine connoiffance des débats de la famille

Caradeux avec la Dame Hudin; ils avoient un repréfentant dans la Colonie, long-temps avant

qu'ils fiaffent terminés, mais ils n'ont pas ofé fe préfenter alors. Le complot n'étoit pas mûr en-

core. L'acte de notoriété n'étoit encore ni fait, ni conçu.

Çom-bien la marche de h Dame Hudin a été différente ! C'est à l'instant même de la mort du

Sieur Aubry qu'elle fe préfente. Il ne lui falloit ni réflexions, ni préparatifs, ni combinaifons

pour dlfpoferle système d'une parenté qu'elle connoiffoit depuis fon enfance, dont elle avoit des

preuves aufli certaines. Ses foins , fes efibrts fe bornent à en affurer l'existence par un enregistre-

ront à la Rochelle, & à renouveler au Port-au-Prince cette précaution fage. Elle les livre enfoit:*, * N 4 r 704 J

avec la confiance qui naît de la vérité,à la critiqiie.à la cenfure defes adverfaîres. On n'en conteste pas ouvertement & précifément lavérité, mais on manifeste des doutes, on la met en problème. La Dame Hudin va au-devant de ce qui peut & doit l'affurer, ou la détruire. Confondez mon imposture, s'écl-i€-^eIIe, par une vérification, par une comparaifon. Six pièces, de trois mains différentes, offrent des moyens fi faciles d'en prouver la fabrication! Mais l'aggreffion paroît trop dangereufe fes adverfaires, à & on leur fait foutenir que ces titres font douteux & infuffi- fans, pai cequ'ils étoient évidemment vrais : ils dévoient donc produire l'effet que l'Arrêt de 1767 leur a donné. Cet Arrêt n'est pas lefruit du con«rt de la & connivence. Il est le réfultat du juge- ment le plus réfléchi, le plus fage, préparé par une contradiction bien vive, déterminé par des titres & des preuves incontestables. Cet Arrêt est un nouveau titre pour la Dame Hudin, une autre barrière infurmontable pour les adverfaires. Il a toute la force la de chofe jugée , d'une vérité reconnue; il feroit, s'il en avoit befoin fortifié , par la longue exécution qu'il a reçue, fous les yeux des adverfaires & de leur aveu. Ils l'ont connu en 1767, ils l'cnt attaqué en 1788. Les adverfaires n'euffent pas pu foutenir le parallèle avec la Dame Hudin, en 1767. Il est bien plus désavantageux pour eux aujourd'hui. Chaque jour de leur fdence a ajouté une nouveUe valeur à les droits.

Ceux de la famille Caradeux & du Sieur de Gizeux ont le même avantage. Ils ont été refpectes par les adverfaires jufqu'en 1786. Mais leur évidence, l'authenticité de leurs titres mulripliés la foide de prcuves de toute efpècç de kur pa,^«té arec le $ieur Aubry , celles de la reconnoiffance réciproque de cette parenté, n'avoient pas befoin d'être confirmées par îe temps & Mage qu'ils en ont fait. On a eu la témérité, l'imprudence de les contester avant de les connoître, d'affirmer qu'ils n'existoient pas; aura-t-on le courage de les nier encore en les voyant, en les touchant ' en '• < .tl lesliiânt?

' Si l'intérêt I & l'ambition pouvoient aveugler ce à point le repréfemant des adverfaires, au moins devons-nous efpérer que leur défenf.w Prendra à l'évidence. Il regrettera fans doute de s'être hiffé abufer par des Mémoires inexacts, d'avoir trop légèrement adopté & publié des inculpa- \ / tions injurieufes pour la famille que nous déftwions &. ^pour fes auteurs.

Nous avons établi les droits des Sieurs& Dames Caradeux fur la fucceïïîon du Sieur Aubry. Nous les avons justifiés par des titres incontestables.

Nous avons prouvé que le Sie«r de Gizeux devok y être adrtiîs concurremment avec eux & que la reconnoiffance de fes droits par la famille Caradeux étoit tm acte de justice & de raifon. Nous avons démontré que ceux de laDameHudin n'auroient pas dû être contestés , mais qu'ils ont du néceffairement triompher de la langue & vive réfistance q.on leur a oppofée; que les: Arrêts qui les ont confacrés. font justes, & <^û.y^m e«;de la dérmfon àprétendre pluslom^., temps réfister à leur exécution. , . :..'f

Cette dernière vérité en fourni, une autr^'i- laquelle il est impcffible de fe refo^ir : c'est que la

H -^- I^ï [ 1

prétention des adverfaires est ndicule inadmifllble piiifcjue le & , Sieur Aubry ne peut pas arcir

eu deux familles paternelles en même-temps. Il appartenoit aux Aubry de IaR.ochelle; il ne pouvoit donc pas être des Aubry de Tours ; auffi n'ont-ils aucune preuve de leur prétendue pa- renté, de l'identité du xMartin Aubry qu'ils difent être né dans leur famille , avec le père du Sieur Aubry. Nous avons écarté fans retour les pièces informes & infuffifantes, les inductions fauffés

q-j'ils voudroient faire paffer pour les preuves qui leur manquent, & qu'ils ne peuvent pas avoir, paifque le Sieur Aubry leur est étranger.

Pourquoi l'intérêt de la famille Caradeux ne nous permet-il pas de terminer là notre difcuffion?

Pourquoi l'inexactitude fur les faits fur les dates & même de pièces authentiques nous a-t-elle con- traints de nous élever avec force contre des infidélités ou des erreurs cruelles par leurs effets?

J'Ji Les droits des Sieur DamesCaradeux étoient & affez certains, leurs titres affez clairs, pour qu'ils puf-

fent voir d'un il II œil indifférent la tentative extravagante j de leurs adverfaires. Mais on ne s'est pas borné vouloir leur à arracher leur fortune : on les a accufés de l'avoir ufurpée par des voies illicites & criminelles on les a préfentés ; comme coupables de fubornation, comme complices de la fauffeté

des titres de la Dame Hudin. s'est permis de On contester leur état, celui de leur mère, celui de leur aïeule, lorfque le Sieur Chenantais lui-même a placé la famille Caradeux dans la généalogie qu'il a arrangée à fon gré pour les Aubry de Tours. On a affirmé, dans un Écrit imprimé & ré- pandu avec une profufion affectée, que l'aïeule & la mère des Sieurs Caradeux parolfent avoir contrat des mariages Icgiûmes, quoique ni l'une ni l'autre neûteul'avantaged'utiefemblahle ndjfance. Comment a-t-on pu fe permettre tous ces outrages? Comment a-t-on pu calomnier auffi gratuite- ment la mémoire de ces deux auteurs d'une famille qui en forme aujourd'hui une foule d'autres refpectables & justement confidérées? Il faut avoir la preuve, & la preuve fans réplique, de faits auffi offenfans, avant que de les publier, ils font tous & controuvés. On a donc fait fervir à la. paffion la plus blâmable les moyens réfervés à la défenfe légitime & néceffaire. Cet abus est im- pardonnable. Les Sieur Dames Caradeux en & demandent justice. Il est de la fageffe des Ma- gistrats de le réprimer.

S;^«, Caradeux; Caradeux, veuve Chateaublond ; BoîssonniereDesuré, Fondé de procuration de la Dame Boiffonniere des Mornais ; Trublet Duguet, Fondé des pouvoirs des Sieur & Dame de Rocheblanche.

Monfuur P R C E U H R E S S E D E VERT 1ERE S, ConfcilUr-Rapportcur.

Me. D U B U I S S O N, Avocat.

X^-- aaîJJâSr Au Port-au-Prince, de l'Imprimerie de Mozasd, Mars 1789,,

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&^ feu» Veuve. :jfJi:xrjDxw.

A^Eux qui écrivent pour inftruire les Tribunaux, n'ont pas en effet de devoir plus important à remplir, que de leur préfenter la vérité. Ils en

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