7 de laplacenatureàParis Situation etperspectives mai e atelier– 2011 Les parcsetjardins publics

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7e Atelier « La nature à » Les parcs et jardins publics 8 novembre 2010

Ordre du Jour 14 h 00 : Introduction. Les Parcs et jardins à Paris, Christiane Blancot, APUR Pratiques et usages dans les parcs et jardins parisiens, Barbara Chabbal, APUR 14 h 20 : Entretien, gestion et projets La gestion différenciée : méthodes et résultats, Barbara Lefort, DEVE. Les jardins partagés, acteurs de la biodiversité. Retours d’expérience, Gilles Roux, Association Ville mains jardin. Évolution de la conception des jardins, Michel Péna, paysagiste. 14 h 50 : Présentation des travaux scientifiques sur les parcs et jardins Impact de la gestion différenciée sur la biodiversité, Philippe Jacob, DEVE. Pourquoi conserver la biodiversité dans les parcs et jardins à Paris ? Romain Julliard, Assaf Shwartz, MNHN. Quels insectes de la surface du sol sont présents dans les parcs et jardins parisiens ? Premiers résultats et comparaison euro- péenne, Alan Vergnes, MNHN, 10 minutes. 15 h 45 : Pause 16 h 00 : Débats et échanges 17 h 00 : Conclusions

Questions en débat Quelles fonctions remplissent les parcs et jardins publics dans Paris ? Quel rôle écologique ont-ils ? Comment les habitants s’approprient-ils ces espaces et quels usages en font-ils ? Quels changements peut-on constater dans la conception et la gestion de ces espaces ? Ces changements sont-ils en mesure d’infléchir les comportements, d’introduire un nouveau rapport collectif à la nature et de générer de nouveaux usages favorables à la biodiversité ?

Participants Direction de la Ville de Paris Philippe Jacob, DEVE, Agence de l’Écologie Urbaine, Responsable du pôle biodiversité Barbara Lefort, DEVE, Mission technique du service Exploitation des jardins Laurence Lejeune, DEVE, Service du Paysage et de l’Aménagement Adelaïde Dupré de Pomarede, Service du Paysage et de l’Aménagement Sophie Terzolo, Direction de la Propreté et de l’Eau Florence Bussetti, Direction de la Propreté et de l’Eau David Benazeraf, Direction de l’Urbanisme, SDER Cédissia De Chastenet, Direction de l’Urbanisme Organismes concepteurs ou gestionnaires Michel Péna, Péna&Péna Paysagistes DPLG Gilles Roux, association Ville mains jardins et Graine de Jardins, réseau parisien et Ile-de- des jardins partagés Françoise Pitras, association Ville mains jardins Laboratoires de recherche et universitaires Nathalie Blanc, Ladyss, Université Paris 7 Alan Vergnes, MNHN Romain Julliard, MNHN Assaf Shwartz, MNHN Alexandre Jaillon, MNHN Apur Frédéric Bertrand, architecte-urbaniste ; Christiane Blancot, architecte-urbaniste ; Barbara Chabbal, urbaniste ; Maria Dragoni, ingénieur- cartographe; Sandrine Gueymard, géographe-urbaniste ; Juliette Perez, paysagiste ; Anne-Marie Villot, géographe-urbaniste.

1 Nature en ville et l’espace public - Espaces verts par taille Espaces verts ouverts au public bois parc urbain de plus de 20 ha parc urbain de 5 à 20 ha parc urbain de 1 à 5 ha jardin de 250m2 à 1 ha promenade, mail planté esplanade, pelouse jardinet de moins de 250 m2 jardin associatif (hors jardins) Espaces verts non accéssibles loisirs de plein air jardin de plus de 1 ha jardin non accessible

données au 01/01/2010 © Apur ©

Nature en ville et l’espace public - Espaces verts à travers les ages Espaces verts et cimetières avant 1700 de 1701 à 1850 de 1851 à 1918 de 1919 à 1955 de 1956 à 1980 après 1980 sans date Autres périmètres équipements terrains de sport talus du Boulevard périphérique

données au 01/01/2010 © Apur ©

2 Après une première série d’ateliers Avant 1700, les jardins sont de grands consacrés aux grands espaces linéaires jardins aristocratiques, clos de hauts qui pourraient servir de corridor éco- murs, fermés au public, tels que le logique (la Seine, les canaux, les Petite Jardin des Tuileries ou le Jardin du Ceinture ferroviaire, la ceinture verte), Luxembourg. On y trouve des plantes une deuxième série, inaugurée avec médicinales et des plantes plus indi- les bois, a pour objet d’investiguer les gènes, des grands mails d’arbres. espaces sources et refuges pour la bio- diversité. Centré sur les parcs et jardins Jardins des Tuileries publics considérés comme les lieux pri- vilégiés de la nature en ville, cet ate- lier a pour objectif de faire le point sur l’évolution de leur conception, de leur mode de gestion et sur le rôle social et culturel qu’ils jouent dans la ville dense. Il s’agit surtout, au-delà de ces approches classiques, de comprendre leur rôle écologique et de dégager des pistes pour renforcer ce rôle au moment où la demande sociale de plus de nature, de plus de pratiques et de rencontres avec la nature « naturelle » s’accentue. © Doc Apur © Doc État des lieux Perelle, Vue des Tuillerie et du jardin comme il est à présent, 1680, musée Carnavalet et évolution de la conception des parcs et jardins parisiens

Paris compte plus de 600 parcs et jar- dins dont 5 parcs urbains qui occupent plus de 10 hectares (hors des bois), 12 parcs et jardins qui occupent entre 5 à © Doc Apur © Doc 10 hectares, 53 entre 1 et 5 hectares et 1728 (Delagrive) 193 de 2 500 m² à 1 hectare. La majorité des jardins parisiens, près de 345, occu- pent moins de 2 500 m². L’importance des petits ou très petits jardins traduit le morcellement des espaces plantés sur le territoire parisien et la nécessité, si l’on veut créer des continuités éco- logiques à travers la ville, de les ratta- cher à d’autres types d’espaces, voies plantées, Seine et canaux, petite cein- Apur © Doc 1836 (Jacoubet) ture ferroviaire… capables de les relier.

Les parcs et jardins présentent des spé- cificités liées à leur époque de concep- tion. La période haussmannienne et la 3e république (1850-1914) puis la fin du XXe siècle constituent les deux grandes périodes de création des jar- dins. Entre les deux, les nouveaux jar- dins sont essentiellement situés sur la © Apur © ceinture verte. Actuellement

3 Le jardin des Plantes marque un tour- parisiens, le parc des Buttes-Chaumont, La répartition des jardins sur le terri- nant dans l’histoire des jardins avec le parc Montsouris… la récupération toire parisien est motivée par l’idée qu’il la création du jardin botanique qui, d’un certain nombre d’éléments anté- doit y avoir un jardin par quartier. Le d’abord conçu comme un jardin médi- rieurs, comme le jardin devient un lieu de proximité et cinal deviendra un laboratoire pour la agrandi. La politique de création d’un un équipement public à part entière. conservation des espèces. Ce rôle sera réseau des parcs et jardins relié entre renforcé par la construction des serres eux par des « promenades » consti- L’entre-deux-guerres est marqué essen- qui symbolisent l’arrivée des plantes tuées des nouveaux boulevards et ave- tiellement par la mise en œuvre du pro- exotiques, leur acclimatation et leur nues plantés d’arbres d’alignement est jet de ceinture verte sur les terrains conservation dans des lieux artificiels. systématique. Elle est menée par un des anciennes fortifications arasées. service des travaux de Paris, qui déve- Sa création s’amorce par l’installa- La révolution française apporte dès le loppe une nouvelle conception du jar- tion de quelques grands jardins sur début du XIXe siècle par l’ouverture des din, « à l’Anglaise ». Cette période est cette ancienne zone militaire. C’est jardins aristocratiques à la population. aussi celle d’une homogénéisation de un nouveau type de jardin qui appa- la façon d’aménager les jardins, des sys- raît, dans lequel les pratiques spor- L’époque haussmannienne correspon- tèmes hydrauliques pour entretenir cas- tives et récréatives sont intégrées. Elle dra à l’une des principales périodes cades, lacs et bassins ainsi que des serres est bien illustrée par le parc Kellerman de création des grands parcs qui for- pour les plantes exotiques et la prépara- dans le 13e arrondissement et par le meront la trame des jardins publics tion des végétaux avant leur plantation. parc du Chapeau Rouge dans le 19e © Doc Apur © Doc Serres aux Palmiers et aux Camélias, coupe sur le calorifère, A. Alphand, 1889 © Doc Apur © Doc Les promenades de Paris, A. Alphand, 1867 : Buttes-Chaumont © Doc Apur © Doc Le jardin des Plantes, Atlas Général de la Ville de Paris, des faubourgs et des monuments, Th. Jacoubet, 1836 © Doc Apur © Doc Les promenades de Paris, A. Alphand, 1867 :

4 arrondissement, qui s’ouvre sur le grand culturelles. Ce sera tout d’abord le Parc paysage de la banlieue Est. Dans le de la Villette, dans lequel se concentrent square René Le Gall, créé à l’empla- plusieurs grands équipements culturels. cement de la Bièvre, l’esthétique du Un autre exemple est le jardin se transforme. Il est plus géomé- dans lequel est développée l’idée que trique et plus structuré avec des grandes le jardin doit intégrer l’histoire du lieu aires sablées qui permettent des jeux sur lequel il s’implante, les plantations et toutes sortes de pratiques sportives et les sols antérieurs (ici les arbres, les

© Ph. [email protected] et récréatives. pavés et les rails). Enfin le parc Citroën, Le parc Kellerman premier parc où est intervenu Gilles Après la deuxième guerre mondiale et Clément au moment où il développait jusqu’aux années quatre-vingt s’ouvre ses idées sur le jardin en mouvement, une période où les créations de jardins développe un rapport à la Seine nouveau sont rares. Les changements des modes en passant sur ou sous les infrastruc- d’urbanisation, l’arrivée du mouvement tures routières et ferroviaires pour des- moderne, les grands secteurs de réno- cendre jusqu’au fleuve. Ce rapport du vation, ne conduisent plus à créer des parc au fleuve n’existait ni aux Tuileries, jardins publics, au sens traditionnel du ni dans le parc de Bercy qui surplom- © Apur © Le parc Chapeau rouge et vue vers l’est parisien terme, mais plutôt des espaces verts, bent le fleuve et s’en détachent par des mêlés aux ensembles d’habitation. Une terrasses hautes. des rares créations de cette époque est le parc Suzanne Lenglen en limite du Plus récemment, deux jardins marquent 15e arrondissement, le premier et le un renouveau dans la conception des seul grand parc sportif de Paris. jardins et instaurent un nouveau rap- port à la nature : le jardin sauvage et le À partir du Plan d’Occupation des Sols jardin naturel. Ces deux jardins entéri- de 1977 qui marque le retour à une poli- nent le retour à une nature spontanée tique urbaine qui intègre les différents et s’éloignent de la nature domestiquée © Apur © Square René Le Gall éléments de la ville existante s’ouvre et travaillée. Ce nouveau rapport à la une nouvelle période de création de nature se retrouve aussi dans le jardin parcs et de jardins. On est à nouveau d’Eole, qui intègre dans sa conception dans l’idée d’un grand espace de nature le facteur temps : on ne livre pas un jar- fabriquée dans lequel s’inscrivent des din qui a déjà poussé mais le jardin avec équipements et des pratiques sociales et une nature qui n’est pas encore en place. © Ph. [email protected] Le parc Suzanne Lenglen © Ph. [email protected] Apur © © Ph. [email protected] Le parc de la Villette Le parc de Bercy Le parc André Citroën © Apur © © Apur © Apur-Abron © Le jardin naturel Le jardin sauvage Le jardin d’Eole

5 Pratiques sociales Rôle de la taille la desserte de ces équipements par et usages d’un jardin dans son les transports en commun et surtout attractivité, leur accessibilité semble déterminer des espaces verts fortement leur fréquentation. Toutes sa fréquentation parisiens choses égales par ailleurs, l’attracti- et la nature des usages vité d’un parc ou d’un jardin est d’au- Les études sur les parcs et jardins pari- qui sont observés tant plus forte que le temps de trajet siens commandées par la DEVE entre pour s’y rendre est réduit, notamment 2002 et 20081, permettent d’aborder Tous les parcs et jardins parisiens, qu’ils si celui-ci est accessible à pied. Une la pratique et les usages des jardins à soient grands ou petits sont d’abord meilleure desserte permet donc d’ac- travers trois axes de questionnement : considérés comme des espaces publics croître la fréquentation. Dans le cas 1. Quel est le rôle de la taille d’un jardin de proximité. Au-delà de ce constat du parc Montsouris, les études mon- dans son attractivité, sa fréquenta- général, quatre catégories dominantes trent qu’avec l’arrivée du tramway, la tion et la nature des usages qui sont d’usages y sont représentées partout : le fréquentation a non seulement aug- observés ? repos et la détente, la promenade, la menté, mais le profil des usagers s’est 2. Quel est l’impact de la temporalité traversée et les activités (jeux, culture, aussi transformé, avec une plus forte et de l’environnement sociodémo- sports, loisirs). représentation des habitants du 13e et graphique sur les pratiques ? Si la taille ne semble avoir que peu d’in- du 15e arrondissement qui viennent au 3. La sensibilisation croissante des cita- fluence sur les pratiques, en revanche parc en tramway. dins envers les questions écologiques et d’environnement implique-t-elle l’apparition de nouvelles pratiques ?

Accès à 5 min aux jardins de surface inférieure à 5000m2 de Paris (300m)

jardin inférieur à 5000m2 desserte piéton à 5 min (300m)

Sources : Apur 2010

0 1 km © Apur © 1 - Une vingtaine d’études monographiques ou enquêtes ont été commandées sur cette période. La majorité d’entre elles a été confiée à l’Institut d’Urbanisme de Paris (IUP).

6 Accès à 5 min aux jardins de surface supérieure à 5000m2 de Paris (300m)

jardin supérieur à 5000m2 desserte piéton à 5 min (300m)

Sources : Apur 2010

0 1 km © Apur ©

Localisation des jardins et densité de l’offre de transport en commun de surface Type de jardin bois, fôret promenade, mail planté, pelouse jardin associatif jardin de moins de 2500m2 square et jardin de 2500m2 à 1 ha square et jardin de 1 à 5 ha parc urbain de plus de 5 ha Nombre de passages de bus pour chaque tronçon de voie 10 50 100 250 500 1000

Sources : Apur, RATP (lignes : décembre 2007 - arrêts de bus : août 2008)

0 1 km © Apur ©

7 L’attrait culturel et patrimonial du site la dominante du quartier (affaire, tou- Le développement de nouvelles ou le degré de centralité urbaine sont ristique, résidentiel), les usages ne sont pratiques récréatives également des critères importants pas non plus les mêmes et varient en influençant la fréquentation. Ainsi à intensité entraînant parfois des conflits dimension comparable, on distingue d’usage ayant trait à la sécurité, la pro- des parcs et jardins d’une attractivité preté et la sur-fréquentation. très locale comme le parc de Choisy et La prise en compte de l’environnement d’autres, à rayonnement plus impor- sociodémographique dans la concep- tant, attirant un public à la fois touris- tion ou la rénovation des jardins fait tique, métropolitain et international, l’objet d’une prise de conscience de comme le jardin des Halles. Certains la part des aménageurs. L’exemple le jardins cumulent tous ces critères plus emblématique est le jardin d’Eole © DPEJV comme le jardin des Tuileries, le jardin conçu et pensé avec l’aide d’un socio- Parc de Bercy du Luxembourg, le jardin des plantes logue afin de tenir compte des attentes ou le . et des besoins des habitants. Cela a donné lieu à des aménagements spéci- fiques : l’esplanade ouverte en perma- nence avec des bancs et des fontaines, des aires de jeux, des buvettes et un jardin associatif.

Sensibilisation croissante

© Apur © des citadins envers Jardin des Tuileries les questions écologiques © DPEJV et d’environnement Parc de Bercy et apparition de nouvelles pratiques De nouvelles pratiques au sein des parcs et jardins voient le jour en lien avec une sensibilisation croissante de

© Apur © la population aux questions environ- Jardin du Luxembourg nementales et écologiques. La mise en place de la gestion différenciée, de Impact de la temporalité la charte d’accueil des usagers et les et de l’environnement nouveaux règlements des parcs et jar- sociodémographique dins y participent. Les habitants sont Apur © de plus en plus nombreux à s’impli- Jardin de Reuilly sur les pratiques quer au sein des conseils de quartier La fréquentation et les usages sont et associations au sujet de la rénova- également influencés par les tempo- tion ou la création de nouveaux jar- ralités et l’environnement sociodémo- dins. Le jardin n’est plus seulement un graphique du quartier dans lequel le objet à voir, à contempler mais devient parc s’insère. Il est évident que tous les un espace à vivre rendant plus fré- usages ne se retrouvent pas au même quentes certaines pratiques comme moment, à la fois dans la journée, à dif- l’occupation des pelouses pour des férentes heures, mais aussi selon les pique-niques, la sieste, le repos, la jours de la semaine (semaine et week- détente ; le développement d’activi- end) ou encore selon la période de l’an- tés sportives, récréatives, ludiques, © Apur © née (saisons, vacances scolaires). Selon ou encore le jardinage. Parc de Bercy

8 Les jardins partagés, Bien que petit, le jardin est aujourd’hui La mise en place un espace très fréquenté. 300 à 400 de nouveaux personnes traversent le jardin les de nouveaux vecteurs après-midis de beau temps au prin- modes de gestion de sensibilisation temps et en été. Le samedi après- et d’entretien : la midi, l’effectif peut monter jusqu’à à la nature 1 000 personnes. Les visiteurs sont en gestion différenciée L’exemple du jardin grande majorité des personnes favo- rables à la présence du jardin. D’après La direction des espaces verts et de l’en- Villemin les sondages réalisés, seuls 3 % des vironnement (DEVE) de la Ville de Paris personnes qui le traversent y seraient a mis en place une gestion des jardins Le retour du jardin potager dans la ville défavorables. Un des moyens d’inter- précautionneuse de l’environnement constitue une nouveauté dans Paris et peller les habitants et les visiteurs est dénommée « gestion différenciée », participe de nouveaux rapports entre les la présence de légumes. Cela permet qui favorise la diversité du paysage, des Parisiens et les questions de nature, de d’attirer le regard des passants qui usages et de la palette végétale. jardinage, de rapport à la terre… ne connaissent pas le jardin partagé La philosophie de la gestion différen- Le jardin Villemin, initié en 2001, est et d’engager une discussion avec eux ciée (d’autres la nomment « gestion un jardin partagé ouvert à la fréquen- sur la nature et la biodiversité urbaine. harmonique ») consiste à adapter l’en- tation du public et l’un des premiers à De la même manière, les papillons, tretien au site et à son usage (cf. page Paris à être inséré dans un jardin public les abeilles et les bourdons consti- suivante). La Ville de Paris s’est par déjà existant. L’association Ville Mains tuent des bons moyens d’interpella- ailleurs efforcée de généraliser des pra- Jardins en charge de la gestion de cet tion des passants et des habitants du tiques d’entretien plus écologiques en espace, a fait le choix dès la création de quartier. Pouvoir montrer ces insectes réduisant les interventions mécaniques favoriser la biodiversité : gestion tota- en train de butiner les fleurs, permet et chimiques, héritées de l’ère postin- lement écologique, sans aucun pro- ensuite d’engager plus facilement une dustrielle et sources de pollution. Il duit chimique, sans engrais, compost, conversation. s’est agi au sein de la DEVE de prendre etc. L’objectif de l’association était dès Actuellement la création de jardins du recul sur les méthodes de travail le départ la sensibilisation des habi- partagés à Paris s’est ralentie en raison employées pour tenter de limiter et de tants du quartier à l’environnement et du manque d’opportunités foncières. réduire l’ensemble des impacts néga- l’éducation à la nature et à la biodiver- De nouvelles solutions de jardins de tifs de ces méthodes sur la faune et la sité urbaine. type « ecobox », isolés du sol lorsque flore des jardins (production de déchets, Situé sur une parcelle de 700 m² com- ceux-ci sont pollués ou minéraux, consommation d’énergie non renouve- posée de gravas à la suite de démolitions pourraient être explorées, en lien avec lable, bruit et pollution, consomma- d’immeubles, le jardin possédait à l’ori- les associations d’habitants. tion d’eau, produits phytosanitaires…). gine une certaine biodiversité. Les tra- vaux et le chantier ont induit une perte nette très forte de cette biodiversité, avec un apport de terre brute en provenance du chantier du TGV Est. Toutefois, dès la première année, certains résultats en termes de biodiversité ont pu apparaître. La nature qui s’y trouve laisse beaucoup de place à la nature sauvage, bien qu’elle soit très pilotée. La plupart des jolies fleurs sauvages y ont été introduites. Le jardin compte en permanence environ 300 espèces végétales. Cette diversité a généré une forte venue de biodiversité animale et en particulier de beaucoup d’insectes. Près de 300 espèces d’in- sectes ont été identifiées et photogra- phiées dans le jardin, dont beaucoup de © Apur © pollinisateurs et de papillons. Le jardin Villemin

9 Méthode de la gestion mares écologiques ou les bassins ; et la faune et de la flore d’Ile-de-France et qui différenciée strate minérale. Les milieux favorables sont destinées à l’observation. Aucun à la biodiversité dans chaque strate sont espace n’est exclu de la démarche de ges- La gestion différenciée décompose ensuite intégrés dans un référentiel de tion différenciée. L’histoire du jardin, chaque jardin en différentes compo- gestion différenciée qui donne lieu à une son tracé, son esthétique sont pris en santes appelées strates, qui sont quali- cartographie par catégories. compte mais l’objectif du zéro chimique fiées par rapport au fonctionnement de Ce référentiel permet d’appliquer un concerne tous les espaces. la biodiversité dans chaque strate. Cela entretien particulier par catégorie dans permet de repérer dans tout Paris les chaque strate en fonction de ce que La gestion différenciée a amené la créa- milieux identiques qui peuvent fonc- l’on veut favoriser : l’usage, la biodiver- tion du label « gestion écologique des tionner en réseau d’un espace vert à sité, l’esthétique… Par exemple, la strate espaces verts » qui permet aujourd’hui l’autre et favoriser la circulation des herbacée peut être déclinée en gazon de reconnaître les espaces verts où une espèces. Ce découpage est très adapté que l’on regarde, en pelouse ouverte au gestion durable est mise en place. Cette au morcellement des espaces verts. public qui va être entretenue pour résis- labellisation repose sur différents cri- Ces strates sont qualifiées. On trouve : la ter au piétinement avec des rotations tères d’évaluation : les soins végétaux strate arborée qui comprend les arbres, d’ouverture et de fermeture, jusqu’à (zéro pesticide), la gestion de l’eau, la les arbustes et tout ce qui est florifère ; des milieux plutôt naturels que sont les gestion des déchets, la biodiversité, la strate herbacée avec pelouse, gazon prairies, les friches, que l’on va entre- l’accueil du public, la gestion des sols, ou prairie ; la strate aquatique avec les tenir en faveur de la biodiversité de la l’énergie, la formation des agents. La

Le référentiel de la gestion différenciée Gazon Pelouse 2

Favoriser le patrimoine Favoriser les usages © Barbara Lefort, DEVE © Barbara © Barbara Lefort, DEVE © Barbara

10 ville s’inscrit dans un principe d’amé- contribuent à une meilleure connais- Cette gestion constitue également un lioration continue qui évolue en per- sance de la faune et de la flore dans avantage pour le jardinier et pour les manence en fonction des techniques les jardins. L’observation est essen- usagers : l’abandon de tous ces pro- et du savoir-faire accumulé. tielle pour prévenir et éviter des pro- duits chimiques permet de préserver blèmes de santé publique (ex : plantes la santé de tous. Enfin, c’est une valo- Cette gestion génère une modifica- toxiques). Elle constitue une connais- risation du patrimoine et des métiers. tion de l’aspect des espaces verts. Ces sance supplémentaire pour les jardi- Avec la gestion différenciée, il y a vrai- derniers deviennent des milieux plus niers et engendre des découvertes ment une prise de conscience que les naturels et moins standardisés. Les intéressantes pour l’Agence de l’éco- jardiniers sont des acteurs incontour- observations réalisées à la suite de la logie urbaine. En plus de son intérêt nables qui permettent de favoriser des mise en place de ces nouvelles pra- pédagogique et cognitif, la gestion dif- espaces verts plus sains et plus riches tiques d’entretien confirment qu’il férenciée contribue à la diversité du en biodiversité. existe un gain à la fois pour le jardin paysage à l’échelle des jardins, mais et les usagers. Des espaces sauvages aussi du territoire. Les jardins sont La gestion différenciée commence remarquables y sont observées, des en meilleur état sanitaire car dans aujourd’hui à se développer en dehors espèces invasives y sont repérées et un meilleur équilibre entre les rava- des espaces verts gérés par la DEVE. enlevées. Laisser la flore et la faune geurs et les auxiliaires qui, auparavant, Celle-ci est en passe d’être générali- spontanées s’installer, ne veut pas dire étaient détruits par les traitements sée à tous les services de la mairie de ne rien faire. Ces nouvelles pratiques sanitaires chimiques systématiques. Paris. L’enjeu est aujourd’hui de réus- sir à la développer dans l’ensemble des espaces publics et privés étant donné que les jardins parisiens ne constituent Prairie 2 pas la plus grande part des espaces de nature à Paris.

Cette nouvelle gestion suppose égale- ment de mettre en place une commu- nication envers les différents usagers. Si auparavant les jardins étaient entrete- nus dans une notion de « propre et net », largement admise par les Parisiens, la présence d’une nature spontanée se heurte à quelques difficultés d’accepta- tion. L’enjeu est de réussir à faire com- prendre qu’il ne s’agit pas d’un abandon de l’entretien.

Favoriser la biodiversité Lefort, DEVE © Barbara Les composantes d’un jardin © Barbara Lefort, DEVE © Barbara

11 Les grands thèmes naturel et à inventer/réinventer cette qui permet aux arbres de se dévelop- nature acceptable, cette biodiversité per jusqu’à 25 m de haut. Le concept en débat relative. En ville, la biodiversité donne de continuité pédologique permet de se une image d’une ville plus tolérante, poser la question de la continuité des L’intégration de plus elle a aussi un rôle symbolique impor- sols naturels. Ceci est aussi vrai pour de biodiversité dans les tant, fondateur car pédagogique. Elle les arbres des rues qui sont aujourd’hui jardins change-t-elle leur permet de se battre pour qu’il y ait des enserrés dans des chaussures en béton jardiniers et non la mécanisation. et pour lesquels il faut retrouver une conception ? Paris est un lieu où l’on peut travailler continuité pédologique (cf. l’essai à Le point de vue de Michel sur la qualité de la biodiversité. Mais il Montargis) ». Péna, paysagiste. faut aussi se battre pour une quantité L’enjeu du XXIe siècle, pour les paysa- plus importante. Si l’on regarde dans gistes est à la fois d’accroître la biodi- Pour le paysagiste, dès lors que l’on l’histoire, Claude Nicolas Forestier s’est versité et de permettre plus d’usages. aborde l’aménagement des jardins, la battu entre les deux guerres pour garder Les usages se sont complexifiés et question de la nature se pose : de quelle la ceinture verte de Paris. Aujourd’hui diversifiés et le rapport à la nature est nature et de quelle biodiversité s’agit-il ? l’enjeu sur cette ceinture verte est de différent de ce qu’il était au XIXe siècle. Créer de la biodiversité, que l’on appel- retrouver la communication entre les Il doit être plus que sensible, sensuel. lerait volontiers « nature », demande espaces, c’est le premier geste pour la L’enjeu est de créer des liens entre une beaucoup de travail et pose immédia- biodiversité. Dans Paris, mettre en rela- société et son environnement naturel. tement la question de la limite sociale- tion les espaces morcelés, refaire des Cela passe par le rapport à la végéta- ment acceptable à la présence de cette connexions est le plus important car tion, au biotope, au milieu vivant. Les nature dans l’espace urbain. lorsque la surface d’un milieu est multi- formes de nature plus diverses sont À l’heure d’une prise de conscience col- pliée par deux, sa richesse biologique est acceptées. Les friches, les pelouses lective quant à la nécessité de préserver démultipliée. Le défi est alors de réus- échevelées sont aujourd’hui préférées la nature, certaines réticences et bar- sir à s’émanciper de l’haussmannisme aux pelouses tirées à quatre épingles. rières subsistent dans les représenta- qui a cloisonné les espaces en créant Les usagers veulent pouvoir y mar- tions sur ce qui constitue une bonne et des îlots fermés avec des constructions cher dessus, s’installer dedans, s’y cou- une mauvaise nature. Aussi est-il pos- continues. Interrompre ces alignements cher, y pique niquer… À Paris, cette sible de parler de biodiversité relative, est le seul moyen de « laisser passer », problématique est exacerbée : il faut ou encore de troisième nature2, selon les de décloisonner. réserver des espaces à plus de biodi- termes employés par Michel Péna, pour La question du sol est à cet égard pri- versité, mais en contrepartie, compte désigner cette nature et biodiversité mordiale : « Il faut se battre pour conser- tenu de la forte fréquentation, avoir acceptable, en partie artificielle mais ver le sol. Un mur végétal n’a de sens que des espaces très équipés. La concep- en tout état de cause, à inventer dans s’il est ancré dans le sol. Lorsque le sol est tion des espaces passe par l’organi- le respect des exigences que la société étanche, il faut le recréer. Par exemple, sation des usages afin de concilier peut avoir en la matière. Le travail du pour le jardin Atlantique (sur dalle au- biodiversité et forte fréquentation. paysagiste consiste, en jouant le rôle dessus de la gare ) nous Aujourd’hui, la conception des jardins de médiateur entre le réel et ces repré- avons inventé la nappe pédologique qui pousse la qualification des espaces aux sentations sociales, à créer des liens fait 200 m de long et 40 cm de haut, qui extrêmes dans un même parc, d’une entre une société et son environnement représente donc un volume important part des espaces très résistants avec © Péna&Péna Paysagistes DPLG Paysagistes © Péna&Péna DPLG Paysagistes © Péna&Péna Parc des Guilands, Bagnolet Parc des Guilands, Bagnolet

2 - Péna Christine et Péna Michel (2010), Pour une troisième nature, ICI Interface, 136 p.

12 des gazons qui admettent les piéti- La biodiversité suppose également en entre les différents services techniques. nements les plus forts, et d’autre part amont un travail d’expérimentation. L’exemple du projet de la place Souham, des espaces de nature très protégés. Cela a été le cas pour la plate-forme du dans le 13e, qui a été pensé conjoin- Quelques exemples récents permet- tramway. Une quarantaine de plantes tement par la DEVE et la DVD, et en tent d’en témoigner. Dans le parc des différentes ont été testées avec des spé- concertation avec les habitants en est Guilands à Bagnolet une partie du parc, cialistes pour essayer de végétaliser la un bon exemple. d’où l’usager est exclu, est laissée en plate-forme du tramway pour avoir des Le rapport du maître d’ouvrage au pay- lieu sauvage pour la nidification des plantes qui soient plus riches, qui fas- sagiste ainsi que la commande doivent oiseaux et, à l’inverse, là où le paysage sent des fleurs, qui consomment beau- également évoluer. Le mode de rému- s’ouvre en belvédère sur la ville, un très coup moins d’eau, et qui ne demandent nération des paysagistes ne peut plus large espace (600 mètres de long sur 40 pas de tonte. Inventer de nouvelles être un pourcentage de montants de tra- mètres de large), en gazon très renforcé, esthétiques à partir de nouveaux modes vaux de génie civil mais doit favoriser est réservé aux usages les plus brutaux de végétalisation plus riches et plus le travail sur le processus de naturali- et les plus denses (jeux, foot…). Dans complexes demande ainsi de la science, sation. Le facteur temps doit être inté- le nouveau parc Martin Luther King, de la connaissance, de la créativité et gré à la mission du paysagiste pour que les gens contemplent la pièce d’eau et pour cela, de l’expérimentation. l’intervention ne soit plus uniquement dans le jardin Serge Gainsbourg, sur La réussite des projets dépend égale- ponctuelle, dans la livraison d’un jardin dalle, il y a une petite mare. Dans le ment fortement à la fois de la concer- « fini », mais qu’elle accompagne l’en- jardin d’Eole, des espaces plus prati- tation réalisée avec les habitants et semble du processus de mise en place cables ont été créés. de la qualité du dialogue qui se crée et de gestion du jardin. © Péna&Péna Paysagistes DPLG Paysagistes © Péna&Péna DPLG Paysagistes © Péna&Péna Parc Martin Luther King Jardin Serge Gainsbourg © Péna&Péna Paysagistes DPLG Paysagistes © Péna&Péna Travail d’expérimentation pour la plate-forme du tramway

13 Quel rôle écologique développent dans les jardins, il faut mares est également essentielle à la bio- ont les jardins et parcs avoir la patience d’attendre que le ter- diversité. Dans le parc Suzanne Lenglen publics ? Vers davantage rain s’équilibre. On estime à 10 ans le (15e), bien que le bassin ait été asséché pas de temps nécessaire pour que la durant de nombreuses années, la gre- de biodiversité ? biodiversité indigène s’installe et recrée nouille rousse, le crapaud commun, Laquelle ? un véritable milieu vivant. Cela peut étaient restés sur le site et ont recoloni- aller jusqu’à 25 ou 30 ans pour cer- sés la mare dès sa création. La question Impact de la gestion tains arbres. Mais veut-on réellement des continuités écologiques est primor- différenciée sur la biodiversité, à Paris une nature constituée des bio- diale. Ainsi le toit végétalisé du gymnase le point de vue de l’agence de topes naturels parisiens ? Nous savons Alice Milliat dans le 14e fait la jonc- l’écologie urbaine que la biodiversité à Paris n’est pas la tion entre le parc Montsouris, l’avenue Aujourd’hui la gestion différenciée est même sur l’ensemble du territoire pari- René Coty, des talus et le cimetière du associée à un label qui affiche claire- sien. Elle est différente sur la petite cein- Montparnasse. Ces petits espaces ont un ment le zéro pesticide, l’économie de ture dans le 15e arrondissement laissée impact non négligeable pour le maillage la ressource en eau, l’étude des plantes, en évolution naturelle depuis de lon- écologique d’un réseau d’espaces mor- l’association des jardiniers aux inven- gues années et gérée par une association celés et donc pour un équilibre. taires de biodiversité, l’association des et sur les pelouses du square de la butte Les impacts de la gestion écologique et citoyens et des habitants par la signa- du chapeau rouge dans le 19e en ges- des interventions d’aménagement en létique et des animations,… De ce fait, tion différenciée encadrée par la DEVE. faveur de la biodiversité, sont également elle devient très intéressante et vient Dans les nouveaux jardins souvent révélés par le retour de certaines espèces répondre aux objectifs et aux enjeux de situés à proximité d’espaces qui per- symboliques. Les orchidées à Paris en la biodiversité urbaine dont on entend mettent des continuités écologiques sont un bon exemple. L’attention que parler aujourd’hui dans le Grenelle de (voies de chemins de fer ou cours d’eau), portent les militaires aux orchidées qui l’environnement ou à Nagoya (Japon) l’évolution de la biodiversité est alors poussent dans les fossés de l’école mili- lors de la dernière Convention pour la très rapide. Des hérissons sont apparus taire témoigne de leur bienveillance à Diversité Biologique (octobre 2010) qui dès les premières années dans le jardin l’égard des préoccupations de la DEVE a clôturé l’année internationale pour la Martin Luther-King (18e). Dans le jar- en matière de biodiversité et du rôle des biodiversité 2010. din naturel, sont apparus très vite des espèces emblématiques comme média- Les jardins en ville, en pleine terre, ont papillons, dont certains protégées en teurs. De nombreux inventaires sont toujours été un support de biodiversité. Ile-de-France car en voie de dispari- La gestion doit aussi porter Même le traditionnel jardin à la fran- tion (argus bleu), de nombreux insectes sur des micro-milieux çaise avec une végétation très bota- pollinisateurs, des animaux qui ne sont nique et horticole peuvent jouer un pas courants en milieu ordinaire et, rôle sensible en matière de biodiver- au bout de quinze ans, on trouve une sité. Toutefois, avec l’utilisation mas- grande diversité de plantes, d’insectes sive de pesticides dans les années 1960, ainsi que d’autres animaux. Un cer- la biodiversité surtout animale a forte- tain nombre d’animaux reviennent en ment régressé jusqu’aux années 1990- effet dans les jardins : l’orvet, le martin- 2000. À partir de ce moment là, avec la pêcheur, l’épervier…et progressivement création des nouvelles générations de il est possible d’espérer voir réapparaître jardins, la création de prairies, la végé- certains animaux plus spécifiques, plus talisation des interstices par la flore sensibles aux pollutions. sauvage ou même plantées, Paris a vu Mais si la gestion écologique est bien réapparaitre un certain nombre d’ani- sûr très favorable à la biodiversité ani- maux qui font que la ville peut redeve- male, il faut aussi créer les jardins de nir, petit à petit, un milieu, certes un façon différenciée. Les petits espaces, peu spécifique, mais plus varié, plus tels que les vieux murs ou des tas de

équilibré et pas seulement constitué pierres ont aussi leur rôle à jouer. Ils DEVE Jacob, © Philippe d’espèces de nature ordinaire. abritent par exemple des araignées, La gestion écologique, en matière de animaux pas très sympathiques pour flore ou de faune, donne tout de suite le commun des mortels, mais ont un des résultats. Gérer des espaces ouverts rôle écologique non négligeable. Il est plantés de simples arbustes, laisser ainsi possible de favoriser la biodiver- pousser une pelouse, faucher une prai- sité en créant des nichoirs, des tas de rie une ou deux fois par an permet de bois, en laissant les arbres dépérissant faire progresser rapidement la biodi- ou les troncs sur place. C’est ce qui va versité végétale. Mais si l’on veut que être fait dans le futur jardin du passage e des espèces un peu plus naturelles se Stendhal (20 ). La présence d’eau et de DEVE Jacob, © Philippe

14 au bien-être des citadins, directement continuent à fonctionner avec le milieu lié à la présence de nature et de biodi- non urbain et à échanger des individus versité. Cela constitue également un avec lui (le moineau par exemple) et moyen de combler une certaine iné- celles qui au contraire se spécialisent à galité entre ruraux et citadins. On peut la ville et qui développent soit par des toutefois se demander s’il y a une réelle comportements ou par une sélection demande de biodiversité au-delà de ces naturelle, un écotype urbain (le merle espaces verts de la part des citadins. notamment semble être dans ce cas). La troisième raison concerne tout ce qui a trait aux autres services écolo- Quelle interaction y a-t-il donc entre © Philippe Jacob, DEVE Jacob, © Philippe Orchis pyramidal giques : la production, la régulation du biodiversité et citadins ? climat, l’auto-entretien, etc. Se posent Après un premier travail d’analyse des actuellement mis en place pour assurer toutefois les questions suivantes : est- articles parus dans les revues scienti- une veille et un suivi des évolutions et ce que ces services sont rendus vrai- fiques (515 articles étudiés), montrant de l’impact de la gestion différenciée. ment par la biodiversité ou par ce qui est que la contribution à la conservation Compte tenu du temps que nécessitent vert, en particulier en ville ? Les arbres de la biodiversité est la raison de l’in- réellement les inventaires de la biodi- d’alignement produisent aussi bien teraction entre biodiversité et citadins versité, les observations et relevés mis cette régulation du climat si c’est tou- la plus souvent mentionnée (dans 70 % en place par les jardiniers permettent jours la même espèce. La diversité des des articles3), Assaf Shwartz interroge, déjà de sensibiliser le public. À terme, espèces d’arbres rend-elle des services ? dans son travail de thèse4, ces interac- les indicateurs, élaborés avec les scien- Enfin, la dernière raison est l’éduca- tions et plus particulièrement dans les tifiques permettront de comparer Paris tion à l’environnement. Cette nature va petits jardins et petits parcs parisiens. à d’autres villes de la petite couronne permettre aux urbains de se reconnec- Tout d’abord, un travail d’identification car la biodiversité est au minimum un ter à la nature et d’être sensibilisés aux de la biodiversité (plantes spontanées, enjeu métropolitain. enjeux de conservation. Cela s’appuie oiseaux, papillons, pollinisateurs) dans sur la réflexion de scientifiques, notam- 36 petits jardins de 0.5 à 2 hectares a Apport des travaux ment anglo-saxons, sur l’extinction de été réalisé ainsi qu’un inventaire des fac- de recherche en cours l’expérience de nature, en particulier teurs locaux et du paysage qui peuvent Différentes recherches sont actuelle- chez les enfants et sur la nécessité de influencer la biodiversité. Un question- ment menées au sein du MNHN sur préserver ce rapport notamment quand naire sur la gestion et sur la perception le rapport entre la biodiversité et la on est jeune. de cette gestion sur la conservation de société et sur la biodiversité qui se la biodiversité a été ensuite adressé aux développe dans les parcs et jardins Une autre classification utile pour ana- chefs d’atelier. Les premiers résultats publics parisiens. lyser la biodiversité en ville est une clas- permettent de mettre en évidence une sification inspirée parce que peuvent assez grande biodiversité dans les petits Classifications utiles pour travailler percevoir les habitants. Les espèces sont jardins : 30 espèces d’oiseaux (entre 7 sur la biodiversité urbaine classées en 3 catégories : les espèces et 20 espèces par jardin), 11 espèces Romain Julliard, écologue au MNHN domestiques, qui correspondent aux de papillons (entre 2 et 9 espèces par a réalisé, en collaboration avec Assaf espèces qui ont été sélectionnées pour jardin), 75 morpho-espèces de pollini- Shwartz une classification des princi- vivre autour de nous ; les espèces mar- sateurs, 218 espèces de plantes sponta- pales raisons de conservation de la bio- ronnes, qui correspondent aux espèces nées (entre 9 et 67 espèces par jardin, diversité en ville. Le premier élément domestiques anciennes retournées à dont 20 % exotiques) y ont été identi- de réponse, du point de vue du natu- l’état de spontanéité ; et les espèces sau- fiées. Il ressort également que ce sont raliste ou de l’écologue, est : pour elle- vages, qui sont toutes les autres espèces. les facteurs locaux et de gestion qui même. C’est la contribution directe que Chaque catégorie d’espèces joue un rôle expliquent la majorité de la variance la ville peut apporter, par ses espaces, plus ou moins important selon que l’on de la richesse spécifique (mais pas les à la conservation globale d’espèces, s’intéresse à la qualité de la vie, à l’éduc- facteurs du paysage). À titre d’exemple, notamment menacées. L’angélique des tion à l’environnement… mais l’inte- pour les oiseaux, l’aire, la proportion de estuaires dans la ville de Nantes ou le raction entre ces différentes catégories couvert arborescent et arbustif, la pro- blongios nain en Seine-Saint-Denis, d’espèces joue un rôle fondamental pour portion de gymnospermes, l’absence de qui peuvent être conservées dans une favoriser la biodiversité. désherbant chimique sont corrélés posi- certaine mesure, dans des milieux très tivement avec la richesse des oiseaux. urbanisés et qui ont une valeur symbo- Une autre classification s’intéresse Inversement, la hauteur de tonte fait lique en constituent des exemples. La aux origines de la biodiversité sauvage apparaître une corrélation négative. deuxième raison de conserver la biodi- en ville. Elle différencie au sein des Les facteurs locaux et les formes de ges- versité en ville, a trait au cadre de vie, espèces ayant colonisé la ville, celles qui tion peuvent toutefois avoir des effets

3 - Contre 35 % pour la contribution au bien-être des citadins, 24 % pour les services écosystémiques et 14 % pour l’éducation à la conservation de la biodiversité. 4 - Assaf Shwartz, L’interaction entre la biodiversité et les citadins en Ile-de-France, thèse en cours sous la direction de Laurent Simon et Romain Julliard, MNHN.

15 opposés selon les espèces et il existe des résultats conflictuels. Cela soulève donc la question suivante : quel groupe d’espèces veut-on protéger ? Il est alors important de revenir à la question prin- cipale : pourquoi protéger ? S’il s’agit de conserver la biodiversité, il faudra alors favoriser les espèces plus rares. En revanche, si l’enjeu est la qualité de vie ou encore l’éducation à la conservation, la réponse peut-être différente.

La deuxième étape de la recherche est actuellement en cours d’analyse. L’objectif est de déterminer les attentes en matière de biodiversité des usagers des jardins publics et les facteurs influen- çant ces attentes. Un logiciel 3D vient d’être développé, permettant aux gens de créer virtuellement leur jardin préféré, Assaf© Shwartz afin de comprendre ce qu’ils privilégient. Enfin, un dernier objectif de la recherche a été d’étudier l’influence d’une progres- sion de la biodiversité sur le bien-être des usagers et d’analyser si la partici- pation au projet influençait la sensibi- lisation des individus à la conservation de la biodiversité locale. Une enquête par questionnaires a été réalisée dans 6 jardins auprès de 150 personnes. Cette étape est également en cours d’analyse.

Que nous montre l’étude des colé- optères sur le mode de gestion des parcs et jardins ? La thèse d’Alan Vergnes5 analyse les fac- teurs locaux (gestion du parc, type de végétation…) et les facteurs du paysage qui influencent la présence et l’abon- dance de deux familles de coléoptères

(les carabes et les staphylins) dans les Vergnes Alan © jardins et espaces verts parisiens. Ces groupes mal connus du grand public Les analyses réalisées sur les espaces sensibles au type de paysage (densité du représentent pourtant une part très verts dans Paris intra-muros et sa bâti) autour des sites mais pas au mode importante des espèces en lien avec le sol proche banlieue montrent que les de gestion. Les espaces verts étudiés (respectivement 1 000 et 2 000 espèces espaces verts parisiens n’abritent actuel- sont plus abondants et riches en staphy- en France métropolitaine). Situés à un lement qu’un nombre très faible d’es- lins (10 espèces par site en moyenne). niveau intermédiaire dans les chaînes pèces de carabes et essentiellement Ils ont des capacités de déplacements alimentaires (prédateur des organismes ubiquistes (en moyenne 3 par site) en plus importantes et sont plus sensibles plus petits, proie pour les oiseaux…) ces comparaison avec des zones plus natu- aux variables locales (végétation, ges- organismes ont un rôle majeur dans le relles d’Ile-de-France (massifs fores- tion…). Le nombre d’espèce est quand fonctionnement des écosystèmes. Enfin tiers, cultures) ou d’autres grandes même moins important que dans les ils sont connus pour être particulière- villes européennes. Le bâti parisien, habitats naturels. ment sensibles aux modifications de très dense et ancien pourrait expliquer Ces résultats illustrent la façon dont le l’habitat et du paysage et sont utilisés ces résultats. En effet, le nombre d’es- paysage urbain, très dense, agit comme comme outil de diagnostic. pèce et l’abondance des carabes sont une barrière aux déplacements de

5 - Alan Vergnes, Effet des corridors sur les communautés d’invertébrés de la surface du sol en paysage urbain, thèse en cours sous la direction de Philippe Clergeau, MNHN.

16 Des pistes Comment améliorer la biodiversité en milieu urbain dense ? Sol L’importance de la qualité du sol, la bonne santé du sol vivant pour développer la biodiversité est sou- lignée par plusieurs intervenants. L’augmentation des surfaces de sols perméables, la déconstruction des sols en béton et des sols imperméables de toutes sortes dans les jardins sont des actions fondamentales que les inven- taires scientifiques confirment. Si l’on critique l’époque haussmannienne, à

© Alan Vergnes Alan © cette époque et jusqu’aux années 50, les sols pavés étaient poreux ainsi que nombreux animaux qui ne parvien- désirables, que les citadins n’ont pas les stabilisés et un réseau d’eau non drait pas à atteindre les parcs. Cette envie de côtoyer. potable alimentait les pieds d’arbres. étude montre aussi l’importance de L’enjeu pour le service du paysage et de Le sol urbain actuel est inconnu et il ne pas se contenter d’une gestion éco- l’aménagement est de définir dans les est complètement sec. Il n’y a pas de logique à l’échelle du parc mais d’inté- conceptions et les aménagements quel carte pédologique en ville. Il y a là grer une réflexion et une gestion des est l’objectif de biodiversité à prendre tout un champ d’étude très impor- espaces verts à l’échelle de la ville tout en compte. Si la demande en matière tant à explorer. Il est également très entière. Intégrer les parcs et jardins de biodiversité commence aujourd’hui important de lutter contre le morcel- dans des réseaux écologiques cohé- à être exprimée au niveau politique, elle lement des espaces qui est la caracté- rents (trames vertes) permettrait de n’est pas encore exprimée de manière ristique principale des espaces verts favoriser l’installation de nombreuses très claire, par les riverains aux réu- parisiens et de jouer de tout ce qui espèces animales dans Paris. Un autre nions de concertation. C’est telle ou peut recréer des connectivités, des enjeu, lui aussi majeur, serait de s’inté- telle nature qui est abordée, sans que escales, des refuges, des haltes tels resser davantage à la qualité des terres ce cela soit précisément explicité. Les que le compost, les abris à insectes… urbaines, base du fonctionnement de questions qui se posent aux politiques Il y a à reconsidérer et à reconquérir très nombreux écosystèmes. sont en effet complexes : l’objectif est-il un monde vivant dans le sol urbain. d’avoir le plus de nature possible, d’avoir Eau De quoi parle-t-on pour une réponse avec les habitants qui soit le plus juste possible par rapport à une Pourrait-on utiliser les eaux de voirie les jardins, de nature pression anthropique et par rapport à et les eaux pluviales pour les jardins ? ou de biodiversité ? un besoin de nature plutôt qu’un besoin Des expériences de stockage existent Si les chercheurs, gestionnaires et de biodiversité ? La réponse n’est pas déjà mais elles ne permettent pas de concepteurs pensent qu’il faut favo- forcément évidente à donner pour les disposer de quantités suffisantes pour riser la biodiversité, le citadin, lui, concepteurs et les aménageurs, qui doi- arroser plus de quelques jours après la a besoin de nature et ce n’est pas la vent intégrer des éléments de biodi- pluie. Sur cette question, Paris possé- même chose. Il peut même y avoir versité. Malgré un bilan sur la faune et dant un double réseau d’eau depuis le un paradoxe entre les deux. Derrière la flore de l’état initial du jardin, que XIXe siècle, l’utilisation de ce réseau la nature, il y a une représentation conserver ? Que garde-t-on par rapport d’eau non potable pourrait constituer paradisiaque, positive et hédoniste, à un état des lieux ? Certaines opérations une solution qui combinerait eau plu- associant la nature au bien-être et à de réaménagement dans les jardins viale et eau non potable du réseau pour la qualité de vie. Derrière la biodiver- appellent ce même type de question- approvisionner des réservoirs de récu- sité, il y a les espèces et la façon dont nement : quelle biodiversité veut-on ? pération des eaux de pluie en période de elles colonisent et se déplacent. On Jusqu’à quel niveau de richesse veut-on pénurie. Aujourd’hui ce réseau est para- peut parler d’espèces qui ne sont pas aller dans Paris ? doxalement plus utilisé par les jardins

17 de l’état, Luxembourg, Tuileries, Jardin dans ces petits espaces de quelques cen- La gestion des jardins des plantes, exception faite du parc des taines de m² ne sont pas évidentes et historiques peut-elle être Buttes Chaumont et des deux bois. La souvent peu satisfaisantes. compatible avec seule condition pour pouvoir utiliser La première difficulté qui se pose au l’eau non potable est d’arroser lorsque le concepteur d’un jardin est la place que la gestion différenciée ? public n’est pas là, donc la nuit, lorsque l’on peut accorder à la biodiversité sur- Quelques projets, comme le projet le jardin est fermé. Un intervenant tout lorsque le jardin fait moins d’un de revégétalisation des aires stabili- fait remarquer que la construction de hectare, comme c’est souvent le cas. sées mené aux jardins des Tuileries par citernes pour stocker l’eau de pluie est Dans ces petits jardins, créer des espaces Pascal Cribier nous font penser que extrêmement coûteuse et comporte dédiés à l’observation où l’homme ne des évolutions sont en cours même un très mauvais bilan carbone. Il n’y a pourra pas aller, est un vrai défi. Pour lorsqu’il s’agit de l’esthétique et de donc pas d’évidence à dépenser autant autant, cette partie réservée est impor- la gestion des jardins historiques et d’argent alors que l’on peut se brancher tante, parce qu’elle accompagne la qu’il est possible de se poser la ques- sur le réseau d’eau potable. pédagogie, la prise de conscience de tion de la transformation du jardin en la nature. Ce questionnement sur la sortant de la vision purement patri- Connectivité, continuité répartition des usages est permanent moniale. Pour certains intervenants, Favoriser la biodiversité dans les jar- sur tous les projets y compris dans un une surface réduite (moins de 5 % de dins suppose de renforcer les conti- jardin naturel comme le jardin Saint- la surface globale des jardins) suffit à nuités, de favoriser les connectivités Vincent où une extension est envisa- maintenir un niveau de biodiversité écologiques entre espaces. Cette idée gée et où les avis divergents sur la façon satisfaisant. Il ne peut donc y avoir est contradictoire avec les représenta- de garder la biodiversité : l’ouvrir au contradiction entre l’esthétique des tions de l’espace urbain du IXe siècle, public pour faire plus de visites et plus jardins historiques et les actions qui qui est un espace social et artificiel de pédagogie ou, au contraire, le réser- favorisent la biodiversité. dont nous avons hérité et dans lequel ver pour que la biodiversité puisse se nous sommes toujours même si cette développer ? Faut-il mettre une ruche, Est-ce que Paris a besoin représentation est en train d’évoluer élément phare, symbolique de retour de plus de biodiversité, avec une sensibilité écologique. La de la biodiversité, mais qui a un cer- connectivité est une question qui se tain nombre de contraintes à prendre compte tenu de sa pose à toutes les échelles. Il s’agit à la en compte pour que le public puisse y richesse ou plutôt de fois de dépasser l’échelle locale pour accéder ? Jusqu’à quel niveau s’engager plus de nature compte essayer de reconnecter les espaces vers l’écologie dans les jardins publics ? tenu de la pression verts intramuros aux espaces plus loin- Où placer le curseur lorsque l’on recrée tains pour améliorer le déplacement un espace naturel avec des arguments anthropique ? des espèces, mais également de per- écologiques mais avec des bilans de réa- Il faut faire attention, ce n’est pas parce mettre l’installation dans les zones lisation pas tout à fait satisfaisants sur que l’on dit que la biodiversité en ville urbaines denses d’une nature plus le plan écologique ? est riche par rapport à des lieux de la riche, même si ce sont des espèces Il est répondu à cette dernière interro- campagne qui sont très dégradés (il y que l’on ne voit pas facilement. Cette gation que le curseur pourrait être mis a plus d’espèces dans le 93 que dans la richesse est un thermomètre de la au point où il serait possible de créer Beauce) que la situation est satisfaisante bonne santé d’un parc. un espace autosuffisant, c’est-à-dire un en ville. La ville est un filtre drastique espace qui, compte tenu de sa fréquen- pour énormément d’espèces. Comment créer tation par le public pourrait vivre avec Le débat est le même que pour les jar- une moindre gestion, un espace dans dins historiques. Si l’on pense qu’il suf- des jardins publics lequel pourraient cohabiter le public et fit d’un pourcentage infime du jardin ouverts au public la biodiversité dans un certain équilibre. pour avoir une biodiversité satisfai- qui favorisent sante dans un espace, alors il n’y a pas la biodiversité ? de contradiction entre nature et biodi- versité dans la conception et la gestion La réponse n’est pas évidente notam- des jardins mais complémentarité. La ment lorsqu’il s’agit de petits espaces de ville est très dense et il faut défendre friches que l’on transforme en jardins cette densité contre l’étalement urbain publics car dans ce cas tous travaux est mais, même ainsi il y a énormément destructeur de la biodiversité existante. d’espaces à récupérer. Si on se place à Au mieux on aura à l’arrivée un aspect l’échelle du grand Paris, ces espaces certes écologique de la parcelle mais vacants sont innombrables. d’une façon très artificielle, par recréa- © Apur © tion de milieux. Les pratiques sociales Jardin du Luxembourg, rucher école

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