LEON MAUJEAN (1863 - 1943) Secrétaire de l'Académie Nationale de de 1913 à 1943 par MM. André MICHEL et J.-Marie ROUILLARD, membres titulaires

L'article 13 de nos statuts stipule que l'éloge funèbre de chaque membre titulaire doit être prononcé en séance académique. Du fait des tourmentes qui se sont abattues sur le pays messin et sur notre compagnie, cette obligation n'a pu être toujours respectée.

Mais est-il trop tard lorsqu'il s'agit d'évoquer des confrères disparus dont le souvenir mérite d'être rappelé, surtout lorsque l'Académie a vis-à- vis d'eux un devoir particulier de gratitude ?

Ainsi en 1969, soit 82 ans après la disparition en 1887 du médecin princi­ pal Eugène Grellois, medecin-chef des ambulances civiles et militaires de Metz en 1870, le médecin-général Raymond Bolzinger devait ici même rappeler l'œuvre de celui qui fut son prédécesseur dans le service de Santé et à la prési­ dence de l'Académie. Les funestes conséquences de 1870 n'avaient pas permis que fussent évoquées en son temps en séance académique la vie et l'œuvre de l'actif et dernier président de l'Académie impériale de Metz. Le général Bolzinger devait tardivement, mais magistralement, réparer cette omission.

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Il nous a paru que la même démarche devait être tentée en faveur de Léon Maujean, secrétaire de notre Académie pendant plus d'un quart de siècle, qui fut un témoin actif de son histoire et de celle de la cité. Cette exceptionnelle longévité dans ce poste - la plus longue dans l'histoire de l'Académie - prouve la confiance que lui ont témoignée nos confrères en le reconduisant systématiquement dans ses fonctions. Elle confirme aussi sa disponibilité et son dévouement ; nous savons tous apprécier l'œuvre de ceux qui ont accepté une tâche aussi lourde et peut-être est-ce l'occasion de les assurer de notre reconnaissance.

Pendant la durée de ce long mandat, c'est Léon Maujean qui assura la pérennité de la tradition au cours des diverses présidences et à travers les épreuves de la Grande Guerre. Elu secrétaire en 1913, il a exercé ses fonctions à une période particulièrement douloureuse ; il a subi en 1914 l'interdiction de l'académie, considérée - ajuste titre d'ailleurs - par les Allemands comme une institution francophile, adversaire du Reich.

Mais en 1919 il fut aussi un des restaurateurs de notre compagnie et il eut la joie de voir celle-ci afficher à nouveau sa dignité d'Académie Nationale(1).

Le destin lui fut moins favorable lors du dernier conflit car après avoir vécu pour la deuxième fois la disparition de son académie, il devait décéder en 1943 en Lorraine annexée de fait. Peut-être eut-il au cœur la consolation de sentir que la victoire était enfin en train de changer de camp.

Les dernières années de sa vie durent être pénibles pour cet homme si sociable. Il les passa seul dans sa maison de Montigny(2), se rendant parfois à où il séjournait dans la famille de sa femme. Il avait connu une alerte sérieuse au début de l'occupation, quand il reçu la visite d'un fonctionnaire allemand chargé d'enquêter sur l'académie et sur son patri­ moine. Il lui fit une réponse dilatoire, et l'affaire semble en être restée là(3).

Quelques lettres échangées à cette époque avec les rares amis restés en nous le montrent partageant son temps entre la fréquentation de la bibliothèque municipale de Metz - réouverte au public le 5 décembre 1942 - et la pratique du jardinage.

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Nous avons des scrupules à rédiger cette communication car, privilè­ ge de l'âge, nous n'avons pas connu Léon Maujean, alors que le doyen Jean-Schneider, admis en 1938 dans notre Compagnie, y avait siégé avec lui(4).

Interrogé à ce sujet, le doyen Schneider nous a écrit que, "bizuth" à l'académie, il n'a ni souvenirs ni anecdotes sur Maujean, qui l'avait précé­ dé 30 ans plus tôt. Son impression est qu'il tenait plus des solides qualités des laboureurs du plateau lorrain que de la pétulance des vignerons des côtes de Moselle. Il ajoutait : "Excellente idée que de faire l'éloge de Léon Maujean, qui a été un académicien des plus laborieux..."

L'approbation de notre maître nous a confortés dans notre propos et nous avons poursuivi notre quête d'informations. Léon Maujean n'a pas eu d'enfants, et il était donc impossible de recueillir des renseignements émanant d'héritiers directs. Mais l'amitié de ses petites nièces Marcelle et Colette nous a permis de combler certaines lacunes. Il n'empêche que du fait de la guerre et de l'occupation, la bibliothèque et les archives de notre secrétaire ont été dispersées(5).

Nous devrons donc surtout nous référer aux renseignements puisés dans notre fonds académique ou obtenus grâce à l'inspection d'Académie(6) et aux archives municipales et départementales(7), tout en sachant que l'interruption de nos activités due à la guerre favorise les lacunes, et que les documents officiels sont d'une concision toute adminitrative (mais guère plus que nos propres archives).

Dans le compte rendu de la réunion du bureau du 1er septembre 1945, le président Rebourset fait laconiquement part du décès de notre confrère, survenu en 1943.

En 1951, lors de la reprise de nos séances solennelles, le secrétaire adjoint Jean Rigault énumère les noms des confrères disparus pendant la tourmente et signale le décès de Léon Maujean et d'Alexis Weber, "morts au pays natal retombé au pouvoir de l'Allemand".

II faut attendre 1992 et le mémoire de maîtrise de Sabine Girard pour que la personnalité de Léon Maujean soit jaugée à sa juste valeur(8). Ce travail consacré à l'histoire de Facadémie de Metz entre 1918 et 1970, a été patronné par Yves Le Moigne et Gérard Michaux. Sabine Girard rappelle que Léon Maujean fut un véritable pilier de notre société, et elle LÉON MAUJEAN insiste sur le dévouement et le travail de celui qui, pendant 26 années, exerça les fonctions de secrétaire, établissant un véritable record de bons et loyaux services. Elle souligne aussi le fait que Léon Maujean fut pendant ce quart de siècle le porte parole de la société, sans négliger pour autant sa participation aux travaux scientifiques.

Cette belle évocation figure dans un travail universitaire qui par sa nature, reste quelque peu confidentiel. Il nous appartenait, devant ses confrères, et aussi dans nos Mémoires, destiné à un plus large public, de tirer de l'oubli cet académicien de Metz, qui produisit une œuvre person­ nelle considérable, tout en participant pleinement aux activités de notre compagnie.

La municipalité de Metz a mis quelques temps pour manifester sa considération envers Léon Maujean. Elle l'a pourtant fait en 1963, en lui dédiant une modeste rue de Metz-Borny, à l'occasion du centième anniversaire de sa naissance(9).

Dans son dossier personnel, retrouvé dans nos archives par Mme Wagner, figure une courte notice manuscrite de M. Wendling, profes­ seur de faculté à Metz. Sans doute intéressé par la personnalité de notre ancien secrétaire, M. Wendling a rassemblé et complété des éléments biographiques provenant de divers documents. Nous les avons utilisés pour reconstituer le curriculum vitae de notre personnage.

Marie-Joseph-Antoine-Léon Maujean est né à Destry, canton de , le 10 mai 1863. Né Français sous le second Empire, il avait 8 ans le jour de l'annexion. Fils de Jules Maujean, cultivateur, et d'Elisabeth Leclerc, il avait trois frères. Il épousa le 21 septembre 1885 Marie Peltier, née à Rombas le 19 avril 1864, et décédée à Montigny-lès- Metz en 1937. C'est à Rombas qu'il devait décéder, le 28 septembre 1943. Il fut enterré dans le caveau familial(10).

Elève de l'école communale de Destry, puis de l'école secondaire de Saint-Avold, il se destina à l'enseignement et intégra l'Ecole normale de Metz, alors située rue Marchant00. Il en sortit en 1883 et fut nommé insti­ tuteur à Montois-la-Montagne, puis à Vallières où il exerça jusqu'en 1919. Il fut alors muté à l'école moyenne de garçons de la rue Taison à Metz : c'était l'ancienne "Mittelschule" allemande, qui deviendra l'école primai­ re en octobre 1920. Il termina sa carrière en 1929, à l'école préparatoire de la rue Chambière.

Il avait donné son adhésion, dès 1918, à l'association des instituteurs de Lorraine, fondée au lendemain de l'armistice, et au sein de laquelle il prit une part importante dans les actions corporatistes menées en faveur des membres de l'enseignement. De 1919 à 1939, il fut le rédacteur de la

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revue "L'Ecole lorraine", pour laquelle il écrivit de nombreux articles, consacrés aussi bien à des études d'histoire locale qu'à des questions pédagogiques ou professionnelles. Il y défendait avec vigueur les intérêts des maîtres qui avaient commencé leur carrière sous le régime allemand, face aux positions souvent divergentes d'une association concurrente, l'Amicale des instituteurs et institutrices publics de la Moselle, qui regroupait surtout des enseignants venus de "l'intérieur". Il évita cepen­ dant de s'engager trop avant dans les polémiques, parfois fort vives, qui mirent aux prises pendant deux décennies ces associations rivales. Pour la majorité de ses collègues, Léon Maujean apparaissait comme un homme intègre et impartial : en 1924, il fut élu au conseil départemental de l'Ins­ truction Publique, comme représentant du personnel, avec 75 % des suffrages.

Ses activités professionnelles et para-professionnelles lui valurent la distinction d'officier d'Académie - dans la première promotion violette du 14 juillet 1919 - puis, en 1929, celle d'officier de l'Instruction publique.

L'Académie l'accueillit parmi ses membres à la suite de la publica­ tion de ses premiers travaux d'histoire locale. En 1903, sur le rapport du secrétaire en exercice Victor Prével, une médaille de bronze (petit module) est décernée à Léon Maujean, instituteur à Vallières, pour son "Histoire de Rombas jusqu'à la Révolution française". Curieusement, c'est pour un travail portant le même titre - probablement l'étude précé­ dente revue et complétée - qu'il obtient en 1908, après un rapport élogieux du chanoine Collin, une médaille d'argent grand module avec diplôme.

L'année suivante, le 18 mars 1909, sur proposition de Messieurs Aubert et Colson et des commissaires Léonard et Frentz, Léon Maujean, "lauréat de l'Académie très connu par ses recherches consciencieuses sur le pays messin" est élu à l'unanimité membre correspondant ; dans la même séance, l'impression de son ouvrage sur Rombas est décidée(12).

Peu de temps après (18 novembre 1909), le chanoine Collin et Victor Lametz, assistés des commissaires Lerond et Samain, proposent Maujean

83 LÉON MAUJEAN comme membre titulaire. Sur le rapport de l'abbé Barthélémy, la titulari­ sation lui est également acquise à l'unanimité des 13 membres présents (16 décembre 1909).

Cette unanimité et le très court temps de probation, sans stage préli­ minaire comme associé libre, laissent à penser que nos confrères d'alors avaient hâte de réparer un choix un peux tardif. Dans la même promotion figurait le maître de forges Charles de Wendel.

Le 17 avril 1913, Eugène Colson, secrétaire en exercice, demande à rentrer dans le rang car, dit-il, "il est temps de céder la place à un plus jeune". Les voix de nos confrères se portent sur Léon Maujean, qui est élu secrétaire sous la présidence du chanoine Collin. Il devait conserver sa charge jusqu'à sa mort en 1943, bien que dans l'impossibilité d'en assurer l'exercice depuis juin 1940.

Léon Maujean fut aussi membre de la Société d'histoire et d'archéo­ logie de la Lorraine (1902), membre associé de l'Académie de Stanislas (1920), membre associé correspondant de la société des antiquaires de (1926), membre titulaire de la société d'histoire naturelle de la Moselle (1931), membre honoraire de l'Institut Grand-Ducal de Luxem­ bourg (1933).

En 1913, la Société d'encouragement au bien lui avait décerné conjointement avec son épouse, sa médaille d'or, pour avoir depuis 1890 entretenu les tombes de 72 officiers et soldats français inhumés en 1870 sur le ban de Vallières. Il avait également reçu en 1925 la médaille d'argent des instituteurs, et en 1931 la plaquette des pupilles de la nation.

Le 18 juin 1937, le conseil d'administration de l'Académie nationale de Metz, alors présidée par Félix Peupion, maire de Montigny, adressait un rapport très élogieux à son président d'honneur, le préfet Marc Chevalier, et lui demandait d'appuyer la candidature de Léon Maujean au titre de chevalier de la Légion d'honneur. Ce rapport précisait que leur confrère avait consacré 48 années à l'enseignement public, qu'il était depuis 26 ans, sans discontinuité, le secrétaire de leur société savante. C'est en cette qualité qu'il avait aussi, avant 1918, en dépit des difficultés et même des dangers à courir, donné à l'action de l'Académie une orientation telle qu'il a rendu à la cause française de grands et éminents services (souligné dans le rapport) en aidant au développement de la langue et de l'influence françaises. Depuis 1919, conclut le rapport, l'intéressé a poursuivi cette action et il a rendu des services non moins éminents à l'Académie Natio­ nale de Metz.

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Il semble que ces démarches n'aient pas encore abouti quand survint la déclaration de guerre puis la débâcle.

Venons-en maintenant aux travaux et publications qui ont justifié et consacré la présence de Léon Maujean dans le cénacle académique messin.

De par ses fonctions de secrétaire, Léon Maujean apparaît bien entendu très souvent dans nos Mémoires où il rédige les rapports annuels de 1913 à 1927, date à laquelle la modification des statuts confie cette tâche au secrétaire adjoint, fonction nouvellement créée et occupée alors par Henri Carrez.

En 1887, les autorités allemandes avaient fait l'obligation à l'Acadé­ mie, pour l'impression de ses Mémoires, d'employer l'allemand concu- remment à la langue française. On dut s'exécuter, mais seul le rapport moral fut traduit dans la langue de Goethe, et pour bien marquer les distances, le texte allemand fut paginé en chiffres romains, alors que des chiffres arabes étaient utilisés pour les pages du texte français. Le premier rapport de Maujean, celui de l'année 1913-1914, était rédigé en français ; il ne fut publié qu'après l'armistice.

La guerre interrompt les séances et les publications de l'Académie, qui ne reprennent qu'en 1919. C'est en effet le 12 juin 1919 qu'eurent lieu à Metz les fêtes du centenaire de notre académie. En réalité, la société est plus ancienne, et cet anniversaire marquait opportunément la résurrection de la société des Lettres, Sciences et Arts en 1819, après les tourmentes de la Révolution. Grâce à ce subterfuge, un prétexte était trouvé pour rassem­ bler à Metz d'éminentes personnalités civiles et militaires et pour célébrer, avec le retour à la France, la Renaissance de 1' Académie(13).

Léon Maujean eut la satisfaction de présenter, devant les immortels en habit vert délégués par l'Institut de France, le rapport réglementaire, tâche alors dévolue au secrétaire. Il en profite pour passer en revue les quatre années de guerre. Cette période n'avait pas été favorable aux travaux et publications puisque la compagnie avait été dissoute, certains de ses membres arrêtés, éloignés ou surveillés, et toute publication interdite. Maujean dénonce les persécutions que subit pendant ces tristes temps la langue française et ceux qui s'obstinaient à la pratiquer. Il évoque le canon

85 LÉON MAUJEAN de Pont-à-Mousson qui, "roulant son tonnerre entre les collines de la Moselle, répondait : Me voilà !.. [et qui] fut notre consolation dans ces heures douloureuses(14)".

Dans ce même rapport, Léon Maujean se félicite de constater que l'Académie, dès la reprise de ses séances, a pu nommer titulaires ses membres correspondants résidant en vieille France, comme le baron de la Chaise et le Général de Maud'Huy, et qu'elle a pu renouer ses liens avec Nancy, en élisant le recteur Adam comme associé libre non résident, et avec l'armée en élisant membres honoraires les maréchaux Foch et Pétain. Il conclut : "Une guerre victorieuse pour l'Allemagne eût été pour l'Aca­ démie un arrêt de mort. Après avoir été pendant un demi-siècle un sanctuaire muet où reposaient les traditions d'un passé de grandeur et de gloire, (elle) va reprendre, toutes voiles dehors, et un bon vent de France en poupe, son rôle si bienfaisant et éminent éducateur".

Complétant les autres interventions développées au cours de cette séance solennelle, le rapport de Maujean est un témoignage précieux sur la situation de Metz annexée pendant la guerre de 1914-1918. Nul doute qu'il apporta bien des éclaircissements aux nombreux hôtes conviés à ces festivités ; il peut encore en apporter aux historiens qui étudieront cette époque.

Dans son compte rendu annuel pour l'exercice 1919-1920, le secré­ taire analyse cette fois la situation de Metz prise entre deux universités réputées, celles de Nancy et de Strasbourg, et ne pouvant espérer la création d'une université d'Etat.

Léon Maujean insiste donc sur les démarches entreprises pour satis­ faire les besoins intellectuels particulier à notre cité. C'est ainsi qu'ont été créés les cours d'enseignement supérieur, assurés à l'origine tous les jours, sauf le jeudi par les professeurs du lycée. Ils étaient destinés aux jeunes gens et jeunes filles des classes supérieures des grandes écoles, et au public lettré qui, après un demi-siècle de séparation de la mère patrie, aspirait à reprendre contact avec la pensée française.

Ces conférences étaient complétées par celles qui étaient organisées par le groupe messin de conférences et par l'Union catholique de Paris, qui portaient également sur la littérature, la philosophie, l'histoire, le droit, les sciences, et d'une façon générale, sur les idées et les grands événements de la civilisation française.

Avant 1914 déjà, de nombreux conférenciers étaient venus apporter aux Messins un "vent de liberté de notre chère France". Léon Maujean

86 LÉON MAUJEAN n'omet pas d'adresser aussi un souvenir reconnaissant à ceux qui travaillè­ rent à la conservation de la pensée française et qui ne connurent pas les joies du triomphe.

Etait-ce un pressentiment ?

Il ne se passe pas actuellement une année sans que paraissent des ouvrages consacrés à des travaux d'histoire locale. C'est un phénomène nouveau par son ampleur, mais qui a eu ses précurseurs. A une époque où la mode n'était pas encore lancée, Maujean fut un des précieux historiens du terroir(15) dont les travaux, en apparence si humbles, éclairent cependant très souvent la grande histoire, surtout dans nos pays frontières où toutes les péripéties de l'histoire nationale ont une répercussion dans chaque famille.

En 1909 paraît sous la signature de Léon Maujean, à l'Imprimerie lorraine, une plaquette sur les Vieilles enseignes messines, somme incom­ parable de renseignements sur les corporations messines et l'origine des noms de nos rues.

La même année, chez le même imprimeur, est publiée son Histoire de Rombas ; c'était le pays natal de sa femme, qui était aussi devenu le sien et où il repose.

Ce n'est qu'en 1913 que sortira toujours à l'Imprimerie lorraine, VHistoire de Destry et du pays saulnois. Léon Maujean a rédigé cet important ouvrage non seulement par amour du pays natal, mais aussi parce qu'il tenait à rappeler que Destry fut pendant deux siècles le siège d'un grand territoire, le comitatus destrachium, auquel va s'ajouter ; aux environs de l'an mil, le pagus salinensis(l6).

Enfin de 1924 à 1930 paraissent les trois parties de son Histoire des seigneurs et de la ville de Morhange, la première étant consacrée à la maison de Salm, la deuxième aux Rhingraves, la troisième à la famille de Helmstroff, à la révolution et à la période moderne.

Il n'est pas possible d'analyser ici ces travaux très documentés que les chercheurs continuent à utiliser et à citer.

Nous n'avons pas la prétention d'avoir fait état de toutes les activités de Léon Maujean qui apparaissent dans nos archives - notre président, qui derrière notre dos consulte son chronomètre, ne nous y autoriserait pas. Malgré de trop larges lacunes, nous avons voulu témoigner du souvenir reconnaissant que l'Académie doit à son ancien secrétaire. Il fut un mainteneur dans les jours sombres, un continuateur après la délivrance de 1918, avec une régularité et une efficacité qui méritaient d'être souli-

87 LÉON MAUJEAN gnées. Nous avons une pensée spéciale pour celui qui eut la joie < connaître la renaissance de la compagnie en 1918. Disparu trop tôt, n'eut pas celle de participer, après la libération au nouveau départ d'u société qui, comme le phénix, renaît toujours de ses cendres.

Léon Maujean eut la consolation d'avoir préservé une partie de not patrimoine, dans l'attente de jours meilleurs. Peut-être qu'une plaque s sa tombe rappellerait au passant qu'il a rendu de grands services à l'Ac demie de Metz, et que celle-ci ne l'a pas oublié.

BIBLIOGRAPHIE

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Vieilles enseignes messines. M.A.M., 1908-1909 (1910), pp. 5 101(tiré à part, Metz, Imprimerie Lorraine, 1909, 45 p).

La Holmée, coutume du Pays-Haut.- M.A.M., 1910-1911 (19K pp. 225-233

A propos d'un testament de paysan au 17e siècle.- Bulletin S.A.I Nancy, 1912, p. 223-224.

Rapport sur le concours des prix de vertu de l'année 191 7977.-M.A.M., 1910-1911 (1912), pp. 67-95.

Histoire de Destry et du pays saulnois.-M.A.M., 1911-1912 (191: pp. 231-532 (tiré à part, Metz, Imprimerie Lorraine, 1913, 328 j 300 exemplaires.)

Rapport sur les années académiques 1914-1919.- M.A.M., 19 (1920), pp. 66-79 (Cérémonies du Centenaire).

Compte redu des travaux de l'Académie de Metz pendant l'ann 1913-1914 par M. Maujean, secrétaire.-M.A.M., 1913-1914 (1921), pp. 19.

Ferdinand Hiller. Souvenir de l'école préparatoire de Saint-Avold L'Ecole Lorraine, 1921.

Notice sur Eugène Colon (1848-1914).- M.A.M., 1920-1921 (192 pp. 53-88.

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L'emploi des premières armes à feu dans la cité de Metz.-M.A.M., 1923 (1924), pp. 139-151.

Histoire des seigneurs et de la ville de Morhange : A.S.H.A.L. 1924, pp. 1-147, Impartie A.S.H.A.L. 1926, pp. 417-477, 2e partie A.S.H.A.L. 1929, pp. 151-257, 2e partie (suite) A.S.H.A.L. 1930, pp. 395-472, 3e partie (tirés à part : en 3 parties distinctes et en un volume).

Le cadran solaire de Montois-la-Montagne - Les cahiers lorrains, 1925, p.31.

Notice sur Maizières-lès-Metz.- Metz, Le Messin, s.d., 36 p.

Notice sur Montigny-lès-Metz.- Metz, Le Messin, 1934, 80 p.

Origine des livrées.- Les Cahiers lorrains, 1934, pp. 150-151.

Le château de Grimont.- Metz, Le Messin, 1935, 78 p.

Histoire de Rombas.- Metz, Le Messin, 1935, 78 p.

Les voies romaines à Metz- Bulletin S.H.N. de la Moselle, 1935, pp. 366-367.

Nos amis les pinsons - Le Jardin des Bêtes, juillet-août 1935, pp. 16-17.

L'église paroissiale de Saint-Gorgon.- A.S.H.A.L., 1937, pp. 109- 123 (tiré à part, Metz, Even, 1937, 15 p.)

NOTES

1. Les cachets et tampons de l'Académie traduisent les vicissitudes de son histoire. En 1870, notre Minerve est surmontée de l'inscription "Académie Impériale de Metz". Après 1870, le cachet reste inchangé mais l'objectif "impérial" disparaît, laissant un blanc provocateur : "Académie de Metz". En 1919, l'espace est comblé par le qualificatif "Nationale" comme en 1848 (auparavant, l'Académie était "Royale"). 2. Son frère Edmond, instituteur retraité, qui habitait la même maison, 187 rue de Pont-à-Mousson, mourut en 1939. 3. Archives départementales de la Moselle, 19 J 742.

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4. Martial Griveaud, dans le rapport d'admission où il propose comme membre titulaire le jeune professeur du lycée, indique avec une grande prescience que "Monsieur Jean Schneider, professeur agrégé d'histoire au lycée de Metz, est un médiéviste plein d'avenir..." 5. Il semble que le Docteur Menger de Morhange ait pu racheter certains ouvrages de sa bibliothèque. 6. Nous remercions Monsieur Philippe Grégoire, Chef de service à l'inspection de l'Académie, qui s'est mis aimablement et efficacement à notre disposition. 7. A.D.M. série 19 J numéros 732-742. 8. L'académie nationale de Metz, 1918-1970, université de Metz, 228 pages. 9. Rue Léon Maujean : impasse articulée sur la rue du Général Metman, à l'est du groupe scolaire Les Bordes, entre Vallières et Borny. 10. A ses obsèques, le 30 septembre, une allocution fut prononcée par M. Bayer, un de ses anciens collègues. 11. En 1881, l'Ecole normale - devenue Lehrerseminar - fut transférée dans les locaux de l'ancien collège Saint-Clément, au Pontiffroy. 12. Il paraîtra dans les Mémoires de l'année 1907-1908, publiés en 1910. 13. Sur ce point, on lira l'étude très complète d'Yves Le Moigne : La renaissance de VAcadémie de Metz (1819-1828), Les Cahiers lorrains, 1969, pages 99-126. 14. Ce canon de Pont-à-Mousson, nos parents nous en parlaient souvent ; selon que le vent en portait le son plus ou moins bien à leurs oreilles, il les comblait d'un fol espoir, ou les plongeait dans une désepérance tout aussi illusoire. 15. Léon Maujean fut le rédacteur, souvent anonyme, de la rubrique "La Lorraine historique", qui parut dans le journal Le Messin de 1929 à 1939. Il écrivit pendant ces dix années plus d'une centaine de monographies de communes mosellanes. 16. Jusqu'à ses derniers jours (lettre du 23 février 1943), il accumula des notes pour une étude sur les pagi du diocèse de Metz, qu'il ne put mener à terme. 17. On trouvera en annexe une liste des principales publications de Léon Maujean.

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