Il Peut Changer Votre Vie

ULTRAFONDUS MAGAZINE OCT 11 10 RUE DU GENERAL LECLERC Mensuel 27000 EVREUX

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IL PEUT CHANGER VOTRE VIE

Participer à une épreuve d'ultra-endurance, ce n'est pas anodin. Que l'on parte pour 50, IOU, ou 160 km, on sait pertinemment qu'il faudra à un moment ou un autre se« sortir les tripes » pour atteindre notre objectif. Inévitablement, ça laisse des traces ; parfois positives, car l'on peut se rendre compte que l'on dispose de ressources jusqu'alors insoupçonnées ; parfois né- gatives, car l'on peut aussi trop puiser et créer un déséquilibre. Le The North Face* Ultra- Trail du Mont-Blanc', de par sa dimension désormais planétaire, rend bien compte de l'ampleur du phénomène, puisqu'il impacte chaque année la vie de près de IQ 000 personnes, des plus anonymes - spectateurs, restaurateurs, coureurs - aux plus connus - organisateurs, athlètes de l'élite. Sébastien Chaigneau, le premier coureur d'ultra professionnel en France, nous dévoile sa vision de la discipline, lui qui était déjà de la première édition en 2003 ; nous revivrons ensuite l'édition 2011 aux côtés de Gaël Obein, l'occasion de découvrir pour ceux qui n'y étaient pas l'UTMB le plus long de l'histoire ; enfin nous nous attarderons sur les conséquences, des plus anodines aux plus structurantes, de l'UTMB sur la vie d'une demi-douzaine de personnes d'horizons très divers.

NORTH Eléments de recherche : THE NORTH FACE ou NORTH FACE : marque de vêtements et matériel de montagne, toutes citations 9070979200504/GJD/OTO/2 ULTRAFONDUS MAGAZINE OCT 11 10 RUE DU GENERAL LECLERC Mensuel 27000 EVREUX

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«Ça peut sembler paradoxal, PORTRAIT I SEBASTIEN CHAIGNEAU suis découvert des capacites en ski de quand j'avais rando, avec des possibilités de grimper a 20-21 ans, 2600 m/h. » À la sortie des Chasseurs « Le résultat Alpins, Sébastien se met à l'escalade, on ne me faisait pas une activité ou il s'épanouit. faire 45 mn n'est qu'une Le paradoxe, c'est que Seb a débute sa de footing, ce n 'était vie dans la Vienne, du côté de Poitiers, une zone pas vraiment montagneuse. pas possible, conséquence » C'est à l'occasion de ses etudes qu'il c'était contre ma PROPOS RECUEILLIS PAR EMMANUEL LAMARLE PHOTOS STEPHANE MARCHAND, JEAN JOYEUX, OLIVIER BEAUFAYS s'est implanté du côté de Cannes, où il religion ! » a découvert l'arrière-pays niçois et can- Sébastien Chaigneau est sans doute le cou- nois • « Je suis aile y habiter pendant reur français dont la vie a été la plus impac- six-sept am, au pied d'une grande falaise qui t'appelle tée par révolution de la course à pied longue Samt-Jeannet C'est une falaise absolument incroya- distance en nature ces dernières années, et ble, qui fait 350 rn de haut » S'éranr mis à la en particulier par la montée en puissance du grimpe, Seb participe à l'ouverture d'une école d'es- The North Face® Ultra-Trail du Mont-Blanc® calade. Il pratique pendant cinq ans, et atteint un lUTMB*). « Global Athlète » pour la marque niveau très correct : « Je faisais du 7b+ à vue, ce qui The North Face, Seb est le seul coureur d'ul- me permettait d'arriver sur une falaise, de trouver une tra professionnel français. À ce titre, il dis- belle ligne, un bel enchaînement, el de pouvoir le réa- pose d'un énorme recul sur notre pratique. liser sans regarder le topo, la cotation. » Bientôt, chaque vendredi soir, avec ses potes, Seb donne lendez-vous sur un secteur de ressauts en marge de la grande falaise. Ils définissent un itiné- ON VISAGE est barré d'un grand sourire ; raire mixte course à pied escalade pour atteindre le il slalome au milieu des barrières pour taper sommet et redescendent par des éboulis après avoir dans les mains des spectateurs de chaque côté traversé le plateau sommital . « On avait une pizze- S de cette ultime ligne droite ; enfin il levc ria au village où on notait nos chronos Hy avait dans les bras au ciel en lançant un cri libérateur, et il fran- les 4 km et 500 rn de dénivelé, au départ on mettait chit la ligne d'arrivée. Troisième en 20 h 55 mn 41s, dans les 50 mn J'ai réussi à descendre le chrono à derrière les Espagnols Kihan Jornet et Iker Karrera. 20 mn 04 s. Ça nous donnait la caisse ! » Encouragé Sébastien Chaigneau, reconnaissable entre tous avec par ses excellentes sensations, en 2001 Seb s'inscrit son sourire franc, ses yeux pétillants, sa barbe nais- à une etape de la Coupe de France de Course de sante et son anneau à I oreille gauche, inscrit une Montagne , il termine sixième. nouvelle fois son nom dans les annales de notre sport. Il est heureux, comblé même, et nous aussi, car l'homme se révèle éminemment sympathique. BIO EXPRESS UNE PROGRESSION TOUTE UNE HISTOIRE TOUT EN LOGIQUE ? « Le tro.il Je suis tombé dedans par pur accident » C'est 1972 Naissance U DANS LA MONTEE amusant, maîs c'est la vérité. Bio-technologkte de for- 1977 Débuts en cyclisme SUR LES ALPA3ES DE BOVINES mation, Sébastien a suivi six ans de spécialisation en 1980 Débuts en athlé SEBASTIEN EST EN ROUTE VERS UNE DEUXIEME PLACE 1992 Arrêt de I athletisme par saturation microbiologie alimentaire, en physiologie humaine, SUR LUTHS 2009 1995; Fm des etudes de biotechnologie en biochimie, et en génie génétique Après ses études, 1996 Armée chez les Chasseurs Alpins il est parti à l'armée, comme tout le monde à 1997i Débuts en escalade l'époque, dans une section de renseignements dans les 2000: Défis « esca-trail » Chasseurs Alpins — déjà moins comme tout le monde 2001 ; Débuts en trait 2003: Premier contact avec I UTMB C'est là qu'il a découvert la course en montagne Pen- 2005: Premiere Diagonale des Fous dant son incorporation, il enchaîne les sommets, ap- 2007: Entree chez The North Face prend la navigation en parapente, sort en ski de rando 2009: Global Athlète The North Face quotidiennement, avec une bonne surprise : « Je me 2010: Passage en professionnel

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L'ENGRENAGE INFERNAL PALMARES , „ Kncore une fois, ce serait presque amusant de voir DEJA BIEN ETOFFI Sébastien au depart aujourd'hui d'épreuves dc 160 km de course à pied, surtout si on l'a connu il y 2003: Chamonix - Courmayeur 2' a une vingtaine d'années : « Ça peut sembler para- 2004: Ultra du Verdon 1" Grande Traversée des Alpes 1er doxal, quand j'avais 20-21 ans, on ne me faisait pas 2005: Grand Raid du Mercantour 4* faire 45 mn de footing, ce n'était pai possible, c'était Grand Raid de La Réunion 3" contre ma religion ! » Sébastien a commencé l'athlé 2006: Sainte Victoire 2" tout jeune, avant ses 10 ans, par le cross, ll a fait une Abandon à I'UTMB Raid Montpellier-Valencia 2' dizaine d'années de compétition, principalement du 2007: Libyan Challenge 1" 800, du I 500 et du 3 000 rn stccplc, avec un peu dc Grand Raid du Mercantaur 1" saut à la perche « pour faire autre chose ». Il obtient de Abandon à I'UTMB bons résultats : « J'avais une bonne vitesse, 83/84 de 2008: Libyan Challenge 1" Trail des Atlobroges 1" VO2Max. Quand fe faisais un test sur piste derrière un Annecime 2' vélo, ] 'approchais 24 km/h. Comme je faisais du UTMB 20' 3000 rn steeple, je faisais des séries de 400 rn avec les 2009: Libyan Challenge 1er barrières et la rivière en I '04", ou des 500 rn en I '20" Grand Raid du Mercantour 1" UTMB 2* avec 45 s de récup, en finissant par une fois 1000 en Olympus Marathon 3e 2'30>>». » Mais voilà, ces résultats ne s'obtiennent pas 2010: The North Face Endurance Challenge Chili î sans travail, et à 21 ans, Seb n'en peut plus morale- Ultra-Trail du Sancy 2e ment de ses deux entraînements quotidiens, ll rac- Olympus Marathon 1" The North Face Endurance Challenge croche les baskets. Argentine 3" Viennent alors les études, l'armée, « l'alpi-trail », et 2011 TransGranCanana 3" cet essai transformé en course de montagne. Il n'en Lavaredo Ultra-Trail 1" fallait pas plus à Sébastien pour y prendre goût : il en- UTMB 3' chaîne les trails de 15 à 25 km pendant la période allant de 2002 à 2004, avec une incursion annuelle vers les 50 km. D'ailleurs en 2003, il entend parler d'un truc de dingue : « J'étais parmi les fous qui ont pris le départ du premier UTMB en 2003, tout en sa- chant très bien que je n 'irais qu 'à Courmayeur » (il était possible de s'arrêter à Courmayeur ou à Champex et d'être classe sur cette première édition, Ndlr). Ht encore une fois, ça ne se passe pas trop mal, puisque Sébastien termine deuxième à Courmayeur. En 2004, séduit par le long, Sébastien s'inscrit au Verdon en trois jours : il gagne. Fin août, il enchaîne sur la première Grande Traversée des Alpes organisée par Philippe Delachenal. Il gagne les 14 étapes avec le Suisse Philippe Rosset : « Pour moi, c'était fabuleux. Sa première année dc longue distance lui réus- sir donc particulièrement, avec 13 victoires, deux places de deuxième et une place de troisième sur 16 courses. Carton plein : « C'était mon truc. » À la suite de 2004, un sponsor lui annonce qu'en 2005 il va à La Réunion pour la Diagonale des Fous : « Ce n'était pas la même musique. La Rèunion c'était 147 km à cette époque, je pensais ne jamais aller au bout ! » II programme alors le Mercantour : 100 km et 7000 m D+ : «A 15 km de l'arrivée, j'étais vraiment pas bien, je n 'avais jamais ressenti ça. On termine troi- sième avec Pascal Blanc, 20 mn derrière Christophe Ja- querod, c'était pas mal. » À La Réunion, les deux- coureurs, qui ont débute l'ultra en même temps, re- forment leur association. Ils passent à Cilaos avec deux heures de retard sur la tête de course, puis commencent à remonter du monde. Pascal, dans le dur, laisse partir Sébastien, qui finira troisième, à trois minutes du Réunionnais Wilfrid Ouledi : « Après ça, on rn 'a dit 't'esfait pour ça ';j 'ai dit une fois de temps en temps pourquoi pas, maîs ilfautdu temps pour s'en remettre. »

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Q C'EST PEUT-ÊTRE ROME NE S'EST PAS FAITE EN UN JOUR PARFOIS UN PEU DUR, On le lit souvent, on l'entend souvent, mais MAIS CE N'EST JAMAIS « TROP » DUR POUR SEB IL TIENT on ne l'applique pas toujours ; chez Sébas- A NE PAS ALLER TROP LOIN. tien, le principe de progressivité est essen- ET PENSE À LONG TERME. tiel, et on le retrouve à absolument tous les niveaux : dans une course, un entraîne- Q LUCIDE. SEB SAIT PARFAITEMENT DE QUOI ment, une saison, dans sa vie. À l'inverse, IL EST CAPABLE, il s'étonne de certains propos : « Hy en a qui ET C EST L'UNE DES CLÉS me sortent des aberrations : ils commencent la DE SA REUSSITE - TOUJOURS EVOLUER À SA MAIN course à pied et ils prévoient le Tordes Géants l'année suivante. Ceux qui veulent faire du trait, il faut qu'ils passent par des étapes. » On Ta vu précédemment, des étapes, Sé- bastien en a franchies un certain nombre : il a un fort passif en athlétisme, puis une énorme couche de montagnard, pour enfin appliquer par dessus un vernis de trailer, et enfin d'ultra-trailer. Seb poursuit : « Beaucoup de jeunes me contactent. Ils rn 'ont découvert au travers des magazines, d'Internet. Je leur dis de prendre le temps de progresser. Il faut des évolutions au niveau physiologique. » C'est d'ailleurs sa première activité, chaque matin : répondre aux nombreux courriers qu'il reçoit chaque jour : «Je me lève tôt, vers 5 h, et j'essaie de commencer par ça., répondre aux gens. J'essuie de faire de mon mieux. » Et inlassablement, Sébastien donne ses conseils : laisser le temps au temps, ne pas se précipiter. Pour lui, on peut progresser jusqu'à 45 ans ; rien ne sert de se presser. Le risque d'après lui, c'est la rupture, à la fois phy- COMMENT DEVIENT-ON Sl FORT ? sique et mentale : « Les gens ne voient pas le revers de « Je pense qu 'après toutes ces annèes, je sais ce que je la médaille. C'est sûr que dans les magazines, le trail dois faire, j'ai trouvé ce qui fonctionne pour moi. e 'est tout beau, sur papier glacé ça donne vachement Dix ans de tâtonnements et des rencontres qui rn 'ont envie. Mais il ne faut pas griller les étapes. Le corps sature. ouvert les yeux. » Sebastien a acquis étant jeune le Rupture des ligaments croisés, une cheville qui lâche en goût de l'entraînement, même s'il a fini par saturer rando, le dégout de la à l'adolescence. II a égale- course... On ne peut pas tout ment acquis tout un ensem- avoir tout de suite, mais c'est ble dc connaissances, à la la vie actuelle qui veut ça... » «Je pense qu'après fois sur le sport, la physio- Seb serait presque fataliste toutes ces années, logie, son corps, et ses capa- quand il aborde cet aspect cités propres. Il a essayé des de l'ultra, ce « toujours je sais ce q ue je dois faire, choses, qui ne lui ont pas plus » qui est souvent atta- j'ai trouvé ce qui fonctionne forcément convenu : «J'ai que, ct parfois à juste titre : pour moi. Dix ans essayé de faire du volume : « II faut garder la notion de jusqu 'à 300 km par semaine plaisir, ne pas se laisser avoir de tâtonnements et 20000 rn D+. Je suis ar- par les grosses courses qui et des rencontres qui m'ont rive au départ de l'UTMB en vous font de l'œil ; si vous ouvert les yeux. » 2007, je n 'avaisplus envie de perdez la nation déplaisir et courir. A Courmayeur, j'étais que vous courez dans l'obli- remonté à la 7'place, j'étais gation, à ce moment-là vous très bien physiquement, mais êtes addict et vous réagissez comme un drogué, avec j'avais juste une envie : mon lit. j'ai arrêté. » l'obligation d'y aller, et vous grillez les étapes car vous Aujourd'hui, il a trouvé un bon équilibre : entre 70 voulez faire toujours plus. Aujourd'hui quand t'as fait et 80 km par semaine avec des pics à 150, et surtout le Ter des Géants, qu 'est-ce que tu fais après ? Ces deux apports de taille depuis 2009 : du renforcement courses ont le mérite d'exister, Hy a des gens qui sont musculaire et une preparation mentale : « Mon pré- faite pour, mais j'en connais aussi qui les ont faites, qui parateur mental e 'est Dominique Simoncini sur Cha- ont bien terminé, et qui n'arrivent pas it s'en remettre. » monix, qui prépare des skieurs de fond en équipe de

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France, des gens qui font des coupes du monde dans di- cache pas : « Ce qui est intéressant avec The North Face, verses activités, des cyclistes.. Lut a dé]afa.it la TDS, la e 'est qu 'lh ne me demandent rien, ils ne rn 'imposent rien. CGC, l'UTMB... C'est un ancien vétetistepro qui s'est mis Si je veux aller faire une course en Argentine, j'y vais, lh au service d'autres sportifs. » me paient l'avion et voila. » II faut dire que les retom- Quant au renforcement musculaire, Seb préfère pren- bées médiatiques sont à la hauteur de « l'investisse- dre des gants lorsqu'il en parle : « II faut vraiment étre ment » : finalement, le contrat est gagnant/gagnant encadré pour faire ça D'abord parce qu 'on peut facile- Contrairement à d'autres coureurs qui papillonnent ment se blesser, ensuite parce qu'il faut dèvelopper les mus- un peu, Seb reste attaché à ses sponsors depuis ses cles intéressants dans notre débuts : « Quand je com- pratique, el enfin parce que ce mence avec une marque, je n 'est pas le tout de prendre du reste avec tant qu'elle peut, muscle, il faut encore savoir l'uti- «Ce qui est tant qu 'elle veut j'essaie d'évi- liser dans notre sport » Seb intéressant avec ter de papillonner, ça décrédi considère qu'il faut en effet près bdise, du genre cette annee c'est de six mois pour digérer ce tra- The North Face, ça qu'est bon, l'année d'après vail de preparation physique c'est qu'ils ne me c'est autre chose, et ce que tu i' Si on ne respecte pets le temps demandent n'en, défendais celle d'avant est de- d'assimilation, c'est l'enfer!» venu moins bien. » Il s'agit alors de transférer cette Us ne m'imposent rien. L'une des choses impor- puissance nouvellement ac- Si je veux alter faire tantes pour Sébastien c'est quise dans son activité, et en- une course en Argentine, de ne pas avoir d'obligation core une fois de prendre son de résultat, maîs juste une mal en patience : « J'ai pris j'y vais, ils me paient l'avion obligation — morale — dc 6 kg pendant l'hiver, et ça a été et voilà. » faire les choses au mieux : long à transformer dans mon ac- « Pour moi, le résultat ce n 'est tivité. Les épreuves de début de qu 'une conséquence. Line saison, ]e les prends un peu plus tranquille Tu sens conséquence d'une préparation correcte, une bonne que tu ai de la puissance, maîs t'es plus vite cramé. » stratégie, une canne qui se déroule bien . Le plus com- En parallèle de son renforcement musculaire, en pliqué, apres avoir réussi a avoir un dossard, c'est hiver, Sébastien privilégie l'entraînement croisé, en d'être en forme sur la ligne de départ. » profitant de son environnement, puisqu'il habite au Reste que si Sébastien vit désormais de sa passion, on pied des Aravis, près d'Annecy : « Pour faire du vo- ne risque pas de le trouver dans le Top 50 des spor- lume jc pars de la maison, fe monte a la station de ski tifs les mieux payés en France « On gagne de quoi en courant, environ I h 30 avec de la neige. A hi station vivre et ça s'airéte là C'est a l'image du 'prize money'

je prends mon matériel et je fais 30/40 km de ski de dans lf s courses La plus grosse prime que j'ai vue, c'est Q LA NEUVIEME VICTOIRE fond, et je rentre en courant » sur la dernière manche du The North Pace Internatio- DE SÉBASTIEN CHAIGNEAU nal Challenge a San Francisco l'année derniere, il y SUR UN ULTRA DEPUIS SA PARTICIPATION A LUTMB 2003 LE SEUL PRO DU CIRCUIT avait $10 DOO a la clé Miguel Heros s'est arrêté de tra- LE LAVAREDO ULTRA TRAIL En avril 2010, Sébastien Chaigneau quitte son em- vailler pour un an apres avoir gagné » ploi en magasin de montagne pour vivre à plein temps de son activité sportive, grâce essentiellement L'UTMB A-T-IL CHANGÉ TA VIE ? à ses sponsors : « Au départ je n 'arrivais pas à accepter Lorsqu'on lui pose cette question, Sébastien hésite. de devoir vivre de ça Initialement pour moi c'est un Bien entendu, l'UTMB a directement influé sa vie, no- loisir ht apres je me suis dit que ça me donnait un plein tamment par le biais de The North Face, sponsor acces a ce que j'avais envie, et puis de toute façon ce principal de l'événement et du coureur. Sans le succès n'était plus possible . d'avril a juin 2010, j ai fait ll pays différents, entre les ouvertures de magasins, les RÉFÉRENCES photos, les tournages, les courses. » II vient en effet UN ÉVIDENT PASSE DE PI5TARD d entrer dans l'équipe internationale de The North Face, son sponsor principal, qui est également spon- • Taille, poids : 1,7*4 rn pour 62 kg sor principal dc l'UTMB. • Vit en couple, près d Annecy, deux enfants Paradoxalement, Seb dispose aujourd'hui de moins • VMA : entre 21 et 22 km/h • FC repos : moins de 40 de temps pour s'entraîner qu'avant de passer profes- • FCMax: 195 sionnel du trail : « Avant, je me levais a 5 h, j'allais • Record 800 rn : 1 mn 58 s m'entraîner de 6 a S, a 9 h j'étais au magasin jusqu'à • Record 1 500 rn : 3 mn 56 s 20 h Je ne voyais pas mes gamins par contre. Au- • Record 3 DOO rn steeple : 9 mn 15 s • Record 10 km : 32 mn 50 s jourd'hui, ]e ne peux plus rn 'organiser comme ça » Par • Pas de record sur semi ni marathon contre, Seb dispose d'énormes avantages qu'il ne

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L ULTfw TRAIL

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planetaire de la course, on peur douter de I ampleur LES GOUTS ET LES COULEURS de l'engagement de la marque, et du passage en pro- On remarque facilement le point commun des fessionnel de coureurs d'ultra comme Sebastien épreuves préférées de Seb longues, variées, pen- En 2009, Seb fait deuxième sur l'UTMB , toutefois il tues, plutôt techniques A l'inverse, quand on lui ne pense pas que ça ait change sa carrière « ]e pense parle dc route, de 24 heures, dc Trans America, que j'aurais le même statut u je n'avais f as fait 2 Par il grimace un peu « Sur un 10 km route, je m'en- contre f ai ete pris un peu plus du sérieux, par rapport nuie a partir du cinquieme kilometre Un 24 aux marques que je représente et par rapport aux gens heures Physiquement, peut-être que jy arriverais, en general Jt ne rn 'en suis pas rendu compte, et je n 'at maîs dans la tète Quand jc puise le plus dans mes pas spécialement cherche a en jouer » reserves mentales, cest quand je fais un Libyan Aujourd'hui, l'UTMB c'est un peu le championnat Challenge par exemple Et encore, le desert dans le- du monde de ttail c'est une course reference ou quel ça se passe est diversifie il y a des falaises, des quasiment tous les meilleurs traders viennent se me- forêts d'arbres pétrifies, des peintures rupestres, de la surer Maîs c'est aussi un énorme lassemblement po rocaille, des dunes II y a une part de jeu qui est pulairc, qui provoque une ferveur médite dans le vraiment importante » monde sportif nulle part ailleurs le poireau ne co- Alors que souhaiter à Sebastien pour l'avenir ' Une habite avec I elite, el ne réalise la même epreuve dans belle place à La Reunion, moins de 20 heures au les mêmes conditions Dans l'esprit de Sebastien, prochain UTMB - « Cette annee j ai passe un cap im- I UTMB est unique, maîs il v a tant d'autres couses portant , s'il ny avait pas eu le détour par Martigny a « C'est une tres belle course, une reference, un parcours l'UTMB, cetait moins de 20 heures, c'est sûr » —, un equilibre, la montagne, les conditions climatiques mage au sort gagnant pour la Hardrock, et encore Man il y a tellement de courses ' J'aimerais avoir la cinq ans de progression — « On peut progresser chance de courir la Hardrock, j'aimerais faire une jusqua 45 am ' » — pour aller lécher les runnings bonne plaie sur la Diagonale cette annee » d'un certain coureur catalan '

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VECU I ULTRA-TRAIL DU MONT-BLANC Gaël Obein, c'est une valeur sûre : lorsqu'il prend le départ d'un ultra, il y a peu de chance qu'on ne le retrouve pas à l'arrivée. Il est Vous prendrez d'ailleurs le seul à avoir terminé toutes les éditions de l'Origole, c'est pour dire. bien un petit L'UTMB', il y a déjà participé deux fois, en 2007 et 2008, et a terminé les deux fois, en 40 puis 35 heures. Le voici de nouveau en 2011 Martigny ? sur la ligne de départ de la « Grande Bou- TEXTE GAEL OBEIN PHOTOS STEPHANE MARCHAND, JEAN JOYEUX, OLIVIER BEAUFAYS cle ». Le suivre dans son aventure nous permet de revivre ces conditions particulières qui ont pour la deuxième année consécutive perturbé le bon déroulement de l'épreuve, avec notamment un passage « surprise » par la ville suisse de Martigny.

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EN BREF THE NORTH FACE ULTRA-TRAIL DU MONT-BLANC

• Edition 9'editon • Depart vendredi 26 aout a 23 h 30 a Chamoninonix __J • Distance 170km • Dénivelé positif 9714m • Temps limite • 46 heures J • Remarque depart repousse parcours mo[jfjïïfP»^' ^ entre Champex et Trient (passage par Mart gny) et entre Vatlorcme et Chamonix [fond de vallee) • Participants 2360 partants 1133 f nishers (48 % fmishers) • Podium hommes Kilian Jornet Burgada (20 36 43) Iker Karrera Aranburu (20 45 30l Sebastien Chaigneau (20 55 411 • Podium femmes Elisabeth Hawker (25 02 00) «UTMB: Mere Mart nez Urruzola (27 55 34) perturbation Darcy Piceu Afr ca (28 30 28) orageuse fais la queue derrière Geoff Roes en personne et je importante + froid, peux apprécier sa decontiaction ' De son Lote I or pluie ou neige. gamsation est remarquable d efficacité et de gentil I esse et il me faut seulement 40 mn pour ressortir du Départ utmb retardé gvmna.se avec mon precieux dossard A la sortie je à 23 h 30. »• retrouve mes potes Benoit et Arnaud qui viennent pour la premiere fois s essayer sur le grand tour apres avoir boucle la CGC (lire I encadre) il y a deux ans On lepart ensemble s installer au camping La nuit ne sera pas tres bonne Terrain en pente ? Stress du depait ? Je n ai pas trou\e la réponse maîs j ai peu dormi A 7 h je me leve et file chercher le pam Je croise des coureurs qui rentrent dc la TDS (lire I encadre) Ils sont beaux comme les finishers qu ils sont sales laides épuises maîs ils dégagent cet eclat de vainqueur qui force le respect et qui fait que I on s écarte pour les laisser passer La tension monte d un cran dans ma tete C est bientôt a moi de rentrer dans la danse Vivement mon tour '

ARRlVt a rhamonrx le jeudi en fin d apres PERTURBATIONS ORAGEUSES midi ct je savoure immédiatement I am Vers 10 h 30 je reçois le SMS qui va mettre en émoi biance particulière de cette ville qui devient le camping UTMB perturbation orageuse impor la capitale mondiale du trail le temps d un tante + froid pluie ou neige Depart UTMD retarde a week end Ma derniere participation re 23 h 30 Parcours inchange sauf Vallorcme Chamonix Jmonte a 2008 ct j avais un peu oublie I ampleur de par fond de vallee Jc regarde le ciel grand soleil I evenement AI epoque le salon des exposants se te Je refais instantanément tous les calculs et rien ne va naît dans le g) mnase de I ENSA (Ecole Nationale de plus Je me retrome a grimper Bovines en pleine Ski et d Alpinisme) Aujourd hai e est un village en nuit a passer deux nuits blanches pour arriver vers aer avec des dizaines de chalets en bois tous dédies 9 h dimanche mann Moi qui suis en déficit de som Q IL FAIT NUIT POUR a notre sport Je suis comme un enfant qui entre dans meil ce n est pas le mieux qui pouvait rn arriver LE DEPART DE LUTMB ' un magasin de jouets en période de Noel Malheu Lapres midi j essaie une sieste maîs le soleil donne et NORMAL LE DEPART A ETE D DECALE OE 5 HEURES IL PLEUT reusement j ai peu de temps devant moi Je file cher il lait 36 C dans la tente Je reste 2 li 30 allonge maîs MAIS LE GROS DES ORAGES cher mon dossard Au fond de moi je suis un peu je ne rn endors pas Et puis les nuages arrivent et il se EST PASSE GO GO GO ' stiesse J ai peur d avoir oublie quelque chose Je met a pleuvoir de plus en plus fort De toute evi

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O km 10km 20km 10km 40 km 50km SO km 70km SO km

EN BREF THE NORTH FACE COURMAYEUR CHAMPEX CHAMONIX

• Edition • 6' edition • Départ : vendredi 26 août a 10 h a Courmayeur (Italie! • Distance : 92 km • Dénivelé positif : 5096 m • Temps limite : 26 heures • Remarque : montee directe a Bertone depuis Courmayeur, Vallorcme a Chamonix par le tond de vallee • Participants : 1 906 partants, 1 591 (metiers (83 % fimshers] • Podium hommes : Emmanuel Gault [10 10 251 Adam Campbell liu 29 33] NikotaosKalofyrisdO 50 17) • Podium femmes . Virginie Govignon 1 1 2 47 1 1 1 Claire Price (13 08 41) - Catherine Dubois 113 30 38]

dente, nos tentes vont prendre l'eau avant l'heure du IL PLEUT, IL MOUILLE, départ Nous décidons de nous équiper et de filer à C'EST LA FÊTE À LA GRENOUILLE Chamonix pour nous abriter dans le réfectoire de Mon premier objectif est de ne pas prendre un coup I'ENSA où a lieu la pasta party. On arrive là-bas trem- de bâton avant Samt-Gervais. Objectif pas forcement pés maîs au moins, on est au chaud et on peut même évident car à 12 km/h, sur chemin, de nuit, sous la voir passer les premiers de la CGC À 23 h, nous res- pluie, dans un peloton très compact, les coups par- sortons pour prendre place sur la ligne de départ tent vite Ma vigilance paie et c'est intact que j arrive II pleut. Nous nous plaçons à mi-peloton aux Houches Je ne m'arrête pas Je n'ai qu'à me lé- À 23 h 30, c'est le départ Après un dernier échange cher les joues si je veux trouver de l'eau. dc regards avec mes deux compères, nous partons La montée de la Charme se fait sur un rythme ef- chacun vers nos courses respec fréné. Nous montons régulière- tives Beaucoup de spectateurs ment à plus de 950 rn à l'heure sont venus malgré l'horaire tardif Ma vigilance paie (m/h) Ça ravine un peu de par- et la météo. C'est touchant II tout maîs globalement, le che- nous faut bien 5 mn poui sortir et c'est intact min tient bien le coup. Je passe de la rue Paccard qui forme un que j'arrive au Délevret au milieu du pa- délicieux goulet d'étranglement aux Mouches. quet, la tête dans le guidon au milieu de la ferveur des spec- Je ne m'arrête pas. Des qu'on bascule sur le versant tateurs Jc savoure ce dernier répit de Saint-Gcrvais, jc me dis que et puis, la foule disparaît, la route Je n'ai qu'à me Lécher ça ne va pas le faire II pleut de- s'élargit et nous commençons à les joues si je veux puis plusieurs heures et plus de courir J'allume la frontale, je me trouver de l'eau. 400 coureurs m'onr devancé concentre sur mon allure, c'est Soit l'herbe est couchée, soit parti pour l'UTMB 2011 les amis c'est un toboggan de boue. Je Maintenant on v esr J'ai toutes les cartes en mains II n'y prends le temps de sortir les bâtons parce que ça a plus qu'à faire une belle course. Trouver le merveilleux sent plus la descente de ski que de course à pied compromis entre engagement et économie, entre vitesse L'option est gagnante. Je suis témoin de quèlques et précipitation, entre recupération et perte de temps, belles valdingues Mes bâtons me permettent dc entre apport énergétiques et suralimentation, entre dou bien contrôler les glissades leur et souffrance Bref, trouver le bon dosage sur tous N'ayant aucune possibilité de faire du dénivelé ces registres poui optimiser l'effort. N'est-ce pas toute la dans l'année, je n'arrive pas à développer une en- beauté de notre sport, tout en retenue, en équilibres in- durance en descente Je sais que c'est mon point stables, en petites pichenettes de corrections ' J'adore faible. Le seul moyen que j'ai trouvé pour retarder ça, et là, sous cette pluie battante, alors que je passe de- la mise en bière des mes quadriceps en travail excen vant le rocher des Gaillands, j'y suis enfin ! trique, c'est de ralentir ma vitesse. Je prends donc mon

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et je devrais monter plus haut. Je n'aime pas trop ça. J'ai l'impression que mon corps s'est endormi avant le départ et qu'il ne s'est pas réveillé depuis. Il risque d'avoir une sale surprise quand il émergera à 2 500 rn d'altitude, alors qu'il se croit encore au camping. La partie plate qui suit le ravitaillement des Conta- mines est vite pliée. Nous passons devant la très belle église baroque de Notre Dame de la Gorge illuminée d'une belle lumière blanche et devancée par deux en- ceintes qui diffusent « Tostaky » de Noir Désir... Je suis étonné par ce grand écart culturel mais j'apprécie... Si l'Isoard commence à Brunissart, l'UTMB commence à Notre dame de la Gorge. Nous laissons les lumières de la vallée derrière nous. Le chemin s'élève sèche- ment dans l'obscurité. C'est parti pour la longue montée au col du Bonhomme. Mon champ de vision est doublement emprisonné par la capuche du coupe- vent et le halo de la frontale. Mes oreilles n'entendent que Ic bruit dc la pluie. Dans ce contexte, jc m'isole facilement ct me concentre sur mon geste. J'arrive rapidement au ravitaillement de La Balme où un grand feu de joie remplace le soleil absent et repousse la pluie. Je prends un bol de soupe qui me procure un frisson de chaleur. Qu'existe-t-il de plus savoureux qu'un bol de soupe dans ce contexte ? Rien je crois ! Je repars après avoir recharge les bidons. Q PASSAGE BIEN TARDIF mal en patience et laisse débouler pas mal de monde. Tiens ! La pluie s'est arrêtée. J'enlève la capuche et je EN RAISON DU DEPART L'arrivée à Saint-Gervais est fantastique. On aurait vois des étoiles dans le ciel. Quel changement de DECALE DEVANT NOTRE DAME DE LA GORGE C EST PARTI pu croire qu'à 2 h 20 du matin, sous la pluie, tout le météo radical. La fraicheur tombe. À mesure que POUR LASCENSION DU COL monde allait être au lit. C'est mal connaître les spec- nous montons, l'ambiance devient exclusivement mi- DU BONHOMME tateurs de l'uTMB. Ce sont de sacres acharnés ces nérale. Jc me sens bien. Je me retourne fréquemment gens-là. On se croirait en plein jour. Clarines par- pour apprécier la magnifique guirlande lumineuse tout, applaudissements, hurlement d'encourage- des frontales qui me relie à la Balme. ments. Un vrai bonheur. Je savoure la liesse, me place en fin de ravitaillement pour recharger les bi- QU'EST-CE QUE TU FAIS LÀ dons à l'abri des bousculades en discutant avec un PAR CE BEAU TEMPS ? bénévole. Je repars rapidement et déjà c'est un peu Et puis soudainement, la neige apparaît sous mes pas. moins dense autour de moi. Oh la bonne surprise. Pour moi qui étais encore il y Niveau équipement, je suis couvert comme prévu. a 48 heures dans les rues de Paris, il faut reconnaître J'ai bien sûr enfilé en plus le coupe-vent. Je relance que fouler la neige au mois d'août a quelque chose de systématiquement sur les portions plates qui sont fré- jubilatoire. Laube me touche alors que je passe le col quentes sur ce tronçon entre Saint-Gervais et Les du Bonhomme. Parcourir le petit chemin escarpé qui Contamines. Le chemin est souvent barré par de fait la jonction avec la Croix du Bonhomme sous la grandes flaques d'eau. Par miracle, j'ai encore les lumière du jour est facile. Cependant, à mesure que pieds plutôt secs et du coup, jc fais l'effort de les la lumière augmente, le spectacle devient grandiose. contourner. Autant retarder le plus possible le mo- Le ciel cst bleu. De par la température négative, l'air ment où ils seront mouillés car tout ce que j'ai pour est limpide et lorsque le soleil nous touche enfin, tout eux, c'est une paire de chaussettes à Cournayeur... scintille autour de nous alors que la chaleur nous en- Je me retrouve finalement derrière un bon petit veloppe. Un instant, la course s'arrête. Nous nous re- groupe qui évolue comme je veux et donc je me laisse gardons, émerveillés de ce spectacle aussi beau traîner jusqu'aux Contamines. qu'éphémère. Un « bienvenue au refuge du Bon- On arrive là-bas à 3 h 50. Ça fait 4 h 20 qu'on pa- homme » me ramène à la réalité. Si en plus les gens tauge sous une pluie battante. Punaise ! Ça part bien parlent, c'est sûrement que je ne rêve pas. cette édition 2011. Dans la tente, on nous annonce La descente sur Les Chapieux, que l'on aurait pu re- que Goeff Roes et Seb Chaigneau sont passés pre- douter de nuit, est une formalité de jour. Eu bas, la miers à La Balme ! Niveau musculaire, je vais bien. soupe est toujours aussi bonne, l'accueil toujours aussi Mes jambes courent toutes seules. Par contre, niveau chaleureux. À la sortie du gîte, je me soumets au cardiaque, ce n'est pas trop ça. Je ne monte pas en contrôle de matériel, où l'organisation vérifie si nous fréquence. J'évolue quasiment 20 pulsations en des- sommes en possession d'un téléphone et du sac de sous de d'habitude. Moi je veux bien mais faut pas course étiqueté à l'occasion de la remise des dossards. non plus exagérer. On engage un peu quand même Je repars à petites foulées en direction de La Ville des

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On avait un UTMB sans montée à la Tête aux Vents, soit 9 100 rn D+, je retire Bovine, reste 8300 rn D+ et je rajoute Martigny pour un total de 9700 le suis incrédule.

Glaciers. Bon sang qu'elle est pénible cette route qui repensant à mon casse-tête d'avant course, quand je monte juste un tantinet trop raide pour qu'on ne cherchais à faire rentrer le matériel obligatoire dans puisse la courir. Je marche donc a contrecœur les 4 km mon sac car finalement, mon sac est presque vide. de bitume et accède enfin au pied du col de la Seigiie. Hormis la microfibre et le pantalon étanche, j'ai tout Le chemin grimpe régulièrement en décrivant de sur moi. grands lacets à flanc de colline. Lorsque je lève la tête, Juste avant que ça ne devienne trop long, le col de la je vois les coureurs qui me précèdent. Avec un peu Seigne arrive. Malgré ces conditions hivernales, des de rythme, on grimpe tous là-haut en une heure. Fi- bénévoles sont présents pour valider notre passage. nalement, j'arrive à me réjouir de ce départ tardif car Ils ont froid mais gardent leur bonne humeur. Notre je découvre cette portion de jour et la vue sur l'Ai- empathie réciproque rend nos échanges chaleureux. guille des Glaciers est magnifique. À l'approche du Celui qui mc bipe le dossard mc dit : « Bravo ! At- col, le vent se lève et la neige réapparaît. La tempéra- tention, e 'est un peu glissant sur le haut de la descente ». ture ressentie doit passer sous les -10°C. Nous sor- Ah ? Glissant ? En fait, les cent premiers mètres sont tons tous les bonnets et les gros gants. Je souris en complètement glacés et je bénis mes bâtons qui

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m'apportent les deux appuis supplémentaires qui me du Géant qui lui succède. Quelle belle paroi ! stabilisent. Par contre, les quelques copains qui n'en Le temps passe à toute vitesse et je relance sans arrêt. ont pas ne sont pas trop à la fête. Mais rapidement Une dernière montée un peu plus raide et j'arrive au tout rentre dans l'ordre et le chemin redevient juste ravitaillement du refuge Bonatti, merveilleux chalet détrempé. Le berger du coin est venu placer son trou- qui fait race aux grandes Jorasses et qui rend hom- peau sur le parcours et nous observe entouré de ses mage à ce prodigieux alpiniste italien*. C'est superbe. deux chiens. L'image est jolie et j'en profite pour ad- Il fait beau et même chaud. Je repars rapidement sur mirer les belles vaches laitières italiennes. Quelques ce sentier toujours aussi agréable. La couleur des gla- foulées plus loin, c'est le lac Combal et juste après, ciers change avec la position du soleil. En bas de la la montée très sèche sur l'Arête Mont Favre. descente, cinquante spectateurs déchaînés accueillent À mesure que nous nous élevons, la noire de Peute- par leur prénom chaque coureur avant l'entrée au ra- rey et le Mont-Blanc de Courmayeur nous apparais- vitaillement d'Arnuva. Ali comme c'est bon ! senr dans toute leur verticalité sur notre gauche. Mais dans la tente, j'essuie un premier gros coup de On peut en un seul regard revisiter toute la théorie barre. Je m'assois un peu et discute avec deux béné- des montagnes : le rocher, le glacier, la moraine, le voles. Il me faut bien 15 mn pour retrouver un peu de motivation et repartir. Je me suis bien refroidi. »»' torrent, l'alpage. Un régal pour mes yeux auxquels les rafales de vent glacial arrachent régulièrement Dehors le vent s'est à nouveau levé et me glace le quelques larmes. Juste avant le col, c'est à nouveau de sang. )e me couvre et m'engage dans l'interminable la neige qui tombe mais le soleil brille simultané- montée du grand col Ferret. ment ! Ce n'est pourtant pas encore l'heure des hallucinations. Et finalement, au bout d'un peu moins VAS-Y COURS, C'EST D'LA BONNE... de 12 h d'efïort, j'arrive à l'arête Mont Favre. Les bé- Ce qu'il y a de bien avec le grand col Ferret, c'est névoles se sont repliés derrière la crête pour être un que lorsque l'on est en bas, on voit quasiment les co- peu moins exposés. Celui qui s'avance vers moi me pains qui sont déjà en haut. C'est juste qu'ils ne sont dit : « Alors Gael, qu'est-ce que tu fais ici par ce beau pas plus grands que des fourmis... Je m'engage donc temps ? » On rigole un peu et je file dans la descente. avec patience dans les grands lacets de l'ascension. En m'enfonçant dans la vallée, le vent et la pluie ces- A mesure que je m'élève, le soleil descend derrière sent et la température remonte. Je quitte pour la les montagnes et l'ombre remonte de la vallée. Je me première fois le coupe-vent au col Chécrouit. La des- dépêche et finalement arrive au col quand le soleil cente très raide sur Courmayeur sonne le glas de mes disparaît. Je jette un œil à gauche sur le mont Do- quadriceps. Déjà ? Oui déjà... Il va falloir composer lent, dont le sommet est commun aux trois pays que avec cette donnée pour la suite du parcours. À Cour- nous foulons, puis bascule dans la descente. Quelle mayeur, il ferait presque chaud. Je récupère le sac purée de pois de ce côté ! On n'y voit pas à 15 m. Le d'allégement et file dans le gymnase. J'ai depuis le vent est violent, la température chute d'un coup et départ de sérieux ennuis digestifs. J'ai sûrement eu du givre apparaît sur mes gants. Punaise, y'a de l'am- froid au ventre en début de nuit. Je mange quelques biance chez nos amis helvètes. Heureusement, il n'y bouchées par devoir, change de chaussettes, me re- a qu'un chemin, je ne peux pas me perdre. Rapide- pose 10 mn et repars sous un soleil de plomb. ment, nous repassons sous les nuages et le temps

VOUS AVEZ UN MESSAGE !

Mon téléphone vibre. Je lis le SMS de l'organisation : 2500m « Info L'TMR : changement de parcours après Champex. ÎQOOm Bovine inaccessible suite dégâts intempéries. Parcours dévié far Marttgny Parcours total = 170km, 9700 m D+. » Je mets ma calculette en route. On avait un UTMB sans montée à la Tête aux Vents, II DEBUT DE DESCENTE soit 9 100 m D+, je retire Bovine, reste 8 300 m D+ EN BREF DUCOLCHECROUITPOUR et je rajoute Martigny pour un total de 9700... THE NORTH FACE® SUR LES LE HONGROIS NEMETH CSABA. OUI TERMINERA QUATRIEME Je suis incrédule. Elle ne fait quand même pas TRACES DES DUCS DE SAVOIE A CHAMONIX, SON MEILLEUR I 400 m D+ cette boucle ! S'il y a bien un truc que CLASSEMENT ET SON je n'aime pas, c'est qu'on m'ajoute du dénivelé en • Édition : 2'édition (annulée en 20101 TROISIEME TOP 10 • Départ : jeudi 25 août à 9 h à Courmayeur [Italie] cours de course. On peut m'en retirer autant qu'on • Distance: 110km veut, mais alors m'en rajouter, non ! Je n'aime pas. • Dénivelé positif : 7100 m À l'allure à laquelle fonctionnent maintenant mes • Temps limite : 31 heures neurones, cette petite gamberge m'occupe jusqu'à • Participants : 1180 partants, 781 fmishers 166 % fimshersl Bertone que je rejoins sous un magnifique soleil. Les • Podium hommes : Franck Bussiere (15 51 37] heures qui suivent sont un très bon moment. Le sen- LionelTnvel(16 12 321 -Sébastien Talotti 116 2054] tier est large et facile ; il permet de lever un peu les • Podium femmes : Jolanda Linschooten (20 57 32) yeux et sur la gauche, les glaciers et leurs teintes bleu Francesca Canepa (20 57-40] Nathalie le Planchée (21 38281 ciel brillent. Je dépasse le Mont-Blanc et c'est la Dent

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s'ipaise Au niveau dè H Peule trois enfants nous at fais de mon mieux pour ne pis me laisser aller maîs tendent et I un d eux agite une danne qui est qui ne vaut pas grand chose J encaisse avec difficulté presque aussi grosse que lui en y mettant toutes ses le raidillon de 450 rn D+ apres Praz de Fort et me forces II a une vraie bouille de petit berger Adora presente a Champcx un peu apres minuit Je suis ble I obscurité me cueille au niveau du village de l'ombre de moi-même Rien ne se passe comme je Ferret Apres une derniere montee dans le versant veux J ai sommeil, j'ai une douleur a la cheville d en face, j arrive enfin a la Fouly droite qui s amplifie depuis Arnuva j ai mal au ven Oulala, petite ambiance a la Fouly Moi qui comp- tre depuis Ic depart, je veux rentrer a la maison tais sur l'effervescence du lav itaillement pour me ra Maîs i ai de la marge sur la barriere horaire et ce ma gaillardir un peu, je me rends vite compte qu il va telas douillet, c'est mon atout Sans panique je falloir me débrouiller seul II règne sous le barmim rn installe a Champex et me restaure longuement un parfum d abandon collectif pas pique des vers J ecoute les conversations On parle d une edition (e peux sans difficulté identifier les causes dc tout difficile, d un taux d abandon tres eleve J'arrive petit cela meteo difficile + depart tardif + boucle supple a petit a me convaincre que s il faut en finir une, c'est mentaire = la coupe est pleine celle la Je passe ensuite a la tente de soins montier Pour ma part je ne fais pas Ic malin non plus et mc ma cheville aux kmcs qui mc posent de belles bandes laisserais bien tenter par un retour en bus Maîs apres bleues qui soulagent mi douleur (et s avéreront par- quèlques minutes de pause et un repas avec entree faitement assorties a ma veste de fimsher) Je glane (soupe), plat (une tranche de saucisson comcce entre quèlques infos sur ce nouveau tronçon a venir et me deux Tues) fromage (Conte), dessert (1/4 de tarte voila dehors apres une heuie de pause ' lette à la confiture) et cafe, je me requinque et décide de repartir au moins jusqu'à Champex PETIT DÉTOUR TOURISTIQUE Dehors, je me retrouve seul sur ce chemin ficile en PAR MARTIGNY legere descente qui relie la Fouly a Praz de Fort Maîs Ce parcours de repli entre Champex et Trient ne me seul je ne vais pas le rester bien longtemps Nous évo- dit rien qui vaille Je I ai estime à 1400 rn D+ maîs q luons en foret avec un toi i eut qui gronde a mam Champex, on parlait plutôt de I DOO m (il s avérera droite Je commence a hallucmer en permanence qu'il fait bien I 400) D ailleurs, je ne vais pas pou- Chique souche d arbre est une personne qui attend voir vous en dire beaucoup plus tant il est flou dms au bord du chemin chaque rachel dev leiu un film en ma memoire Je me revois pas PVC blanc qui recouvre partiellement des objets plus ser a cote d une grosse croix il- ou moins colores que j ai des difficultés à identifier luminée, puis descendre le (maîs j y parviens néanmoins a chaque fois), et der long d une grande route de J'aimerais bien nere les arbres je vois des tentes de camping Qu est- serre, puis en couper les lacets descendre ee qu'on rigole ' Bon je le confesse, j aime bien cela par des pentes herbeuses et ça me passe le temps A ma decharge, ll faut dire que glissantes qui me tétanisent les car depuis Martigny je suis éveille depuis 39 heures cuisses Dans le bas, les lu- jusqu'au col, on vient Entre éveil et sommeil, ma vitesse a chute sans que je mieres de la ville brillent et quand même de rn en rende compte Je relance souvent avec une pe grossissent puis j'entre dans ute foulée un peu cramoisie qui me convainc que je ces lumieres Je suis les balises s'envoyer 1 800 m D+ au milieu de cette ville fan quasiment tôme dans I univers orange des d'un trait. lampes urbaines On m envoie vers le versant d en face, sur une route en lacets qui monte faiblement Je longe des vignes ? J ai sommeil Je vois vaguement sur le bord du chemin des gars ivres qui m interpellent et me proposent de la biere Puis des coureuis qui doiment sur ce iiiême chemin Puis je suis EN BREF à nouveau seul dans la forêt Je pensais remonter vers THE NORTH FACE9 LA PETITE Trient maîs voila que le chemin redescend franchement TROTTE À LÉON et termine dans une tente Je demande ou je suis On me repond < Vous êtes a Martigny'» Rencaisse en • Édition 4* edition silence grignote trois lues et repars iapidement • Départ : lundi 22 août a 22 h a Chamomx • Distance 300 km AVANCE (ET TAIS-TOI) • Dénivelé positif 25 DOO rn • Temps limite : 138 heures Le chemin devient limpide C'est tout droit et ça • Remarque • epreuve non compétitive grimpe plutôt rude sur 1200 rn D+ ' Complètement sans classement par equipe de 2 ou 3 coureurs seul, je commence a divaguer sérieusement Je ne suis • Participants . 64 equipes au depart 5 ont réussi a faire le parcours complet plus un feu de joie aminé par l'ardeur du coureur af fûte. Non, je suis devenu une petite bougie qui va-

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rer de cette montee et j'aimerais bien descendre car depuis Martigny jusquau col, on vient quand même de s em oyei I 800 in D+ quasiment d'un trait A ce stade de I epreuve, ça use son coureur Je passe le temps en jouant avec mes hallucinations Je deviens expert en la ma- tiere Même en plein jour, j arrive a creer ce que je veux sur Ic sol avec trois feuilles et deux cailloux La montee se fait au soleil maîs quand }t bascule à I ombre sur Catogne il gelé a nou veau Pointage express dans h bonne humeur ou je re trou\e des bénévoles qui étaient li veille a l'arête bavre On se congratule Ça sent la quille les amis La descente me semble longue

Q LA STRATEGIE D EQUIPE cille a chaque fois que le \ent souffle et qui be redresse maîs personne ne me double Elle doit être longue CHEZ SALOMON N A PAS des que ci se calme Je grimpe du mieux que je peux pour tout le monde A Vulorcme, un cimerimin COMPLETEMENT MARCHE SEBASTIEN CHAIGNEAU TEINTE Je lepece ce petit geste de neil du tout cette foulée attend le chaland et je lui passe une interview qui LE PODIUM DE BLEU DERRIERE élémentaire qui me fait progresser de un metre a I in montrera probablement qu un coureur éveille depuis LE BLANC OE KILIAN ET IKER fmi Je I ai tellement travaillée J ai passe des milliers plus de 50 heures n i pis grand chose a dire maîs d'heures a repeter ce geste pour qu il devienne aussi regarde tres bien dans le vide nature] que de respirer Et j avance Je n ai plus gout Contre route attente j'arrive a relancer sur le che- a rien sauf a exécuter cette oscillation binaire Un pas, min qui mené au col des Montets II commence à un autre, un pas Je suis revenu a cette entité sim faire chaud Les spectateurs sont de plus en plus pie, ce petit animal qui n a d'autre but que d aller la nombreux sur le bord du chemin et leurs encoura- ou il a prévu d aller Dépouille de mes vicissitudes gements me font un bien fou Le fond de \allee le d'être humain tourmente par son intelligence, je me soleil la route, les spectateurs, tout fait penser sens plus proche de la montagne Je I entends craquer qu on est a I entree de Chamomx Pourtant il leste bruisser, chanter et je trouve ça simple bon douze bornes et 200 rn D+ soit deux bonnes Et puis le jour se lève pour la deuxieme fois Le ciel de heures pour un coureur dans mon etat Jc prends vient orange, I air est vide Les montagnes reprennent mon mal en patience C est long Pourquoi est ce leur place sur la ligne d horuon On se dit au revoir toujours long la fin d un ultra •* G était bien cette nuit a discuter Maintenant e est juste Une derniere descente et me voila dans la ville pour magnifique J'émerge fl y i des maisons autour de de bon II est 13 h 30 I heure idéale pour arriver l£s moi et aussi des couleurs qui me doublent Je leui em rues sont pleines et j ai droit a un petit bain de foule boîte Ic pas On arrive au col de la Forclaz puis a Trient Je remercie je salue Dernier virage a droite et voila I arche que j ai hissée il y a bien longremps C'était la UN DERNIER COL ET ON SE RENTRE ? nuit Non pas celle la celle d avant et il pleuvait A Tuent tous les bénévoles sont au taquet Ils it des cordes ' Je passe h ligne sous un grand soleil qui tendent juste les coureurs qui tardent a arriver «yonne dehors et dans moi Une grande joie men jusqu a eux Autant dire que je suis reçu comme un vihit Mon corps et mon esprit tombent I un dans roi, voire un heros Une ame comprehensive rn as I autre comme deux complices et mon petit monde siste en permanence Ça n a I air de rien mus chivire autour de moi Je suis venu i bout de cet qu'est-ce que ça fait du bien ces petits gestes atten UTMB particulièrement retord 170 km, 9 800 rn de tiennes comme remplir mon bidon, ou rn aider a dénivelé Une folie pour randonneurs gourmands, un renfiler mon sac Je recharge les accus juste ce qu il magnifique parcours dont je ne me lasse pas faut pour pouvou ni em over le final sans encom

bre et mc voila dehors, dans la montee des Tseppes, * Lalpin src ralien Walter Sonata est décède le 13 septembre dernier a I agc que je découvre pour la premiere fois de jour et qui de 81 ans il a ete I un des p us grands alp n itcs s gnant quèlques unes dcs ascensions les plus audac euses et eon plexes des annee. 50 et 60 Ila donne son nom au reitige s avcrc tres jolie Néanmoins je commence a satu ue o u dcb couleurs de UTMR de la cee e du Ic des Gean s

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TEMOIGNAGES I L IMPACT DE L UTMB etabli Corinne Peirano diététicienne nutritionniste et consultante poui Ultiafondus est de ceux ci Cours comme Est ce que I UTMB a change ma me Sans doute oui J (tl ete marquée par cette course depuis ma premiere participation Cest grace a I UTMB en 2006 qui j ai si ta vie en découvert la montagne Auparai ant j étais plutôt mer et cote sport je venais du milieu route Je n avais aucune dépendait idée alors des exigences des trails spécificité du terrain PROPOS REÇUE LL b PAR EMMANUEL LAMARLE duree dénivelé effets de I altitude pratique des bâtons PHOTOS STÉPHANE MARCHAND OLIVIER BEAUFAYS port du sac a dos etc Ce fut une decouverte en toute innocence Jai tire de cette premiere initiation une pro Corinne, Olivier, Catherine, Franck, Isabelle fonde joie et une grande passion Une initiation qui et tant d'autres ont vécu l'effervescence de tourne court puisque Corinne ne parviendra pas i l'UTMB® en tant que coureur - finisher ou faire le tour complet Maîs ce gout d inachevé n est non -, spectateur, accompagnateur, béné- pis amer chez elle au conrraire il devienr moreur vole, journaliste.. Comme des dizaines de Cette course cst terriblement pedagogique chaque milliers d'autres personnes, le rassemble- participation demande de puiser au plus profond de soi ment de fin août a modifié quelque chose des capacites insoupçonnées auparavant Les editions se dans leur vie, parfois infime, parfois crucial. sun eut et ne se ressemblent pas Elles exigent a chaque Morceaux choisis. participation de nouvelles qualites d adaptation de ras sembler toutes les expériences anciennes et récentes et dc mettre le maximum denergie pout pan entr a cette LS ÉTAIENT un peu plus de 300 la premiere forme de réalisation dc soi — il en existe d autres heu annee puis pres de I 500 la deuxieme de reusement — que représente I arrivée Malgre tout 2 DOO la troisième Le succes n a pas tarde a vouloir les choses ne suffit pas toujours a les obtenir I venir le The North Face" Ultra Trail du et les aléas de course font que I on n arrive pas lou Mont Blanc" a tres \ ite rencontre son public ou plu jours à rallier I arrivée Ce n est pas un problème pour tôt il s est ciee son propre public comme si des mil Corinne ht si un echec se presente pour x raisons liers dc personnes n attendaient que lui pour franchir j ai appris qu il n était pas synonyme de dévalorisation le pas Ou plutôt les pas cal il en faut un peu plus de soi Etre confrontée aux elements naturels et courir en d un fur il de geint pour réaliser le tour du massif montagne génèrent une grande force au final et stimu du Mont Blanc en moins dc deux iours lent I envie daller plus avant ou de tenter autre chose dans un autre environnement Pour moi cela se traduit UNE HISTOIRE DE PASSION par une continuité qui est celle de courir dans un milieu Catherine Poletti co directrice de course de I UTMB naturel différent le desert et a I origine dc cette folie humaine a I échelle dcs Q L UTMB EXERCE UN montagnes avec son epoux coureur Michel a\oue PAS DE HASARD POUVOIR D ATTRACTION SUR LES SPORTIFS DU MONDE ENTIER avoir mis toute son energie dans ce projet Mon Ainsi I UTMB ouvrirait des portes elargirair les bon LES JAPONAIS ICITSUYOSHI moteur d action est lit passion Em 2002 j ai découvert zons ' C est certain Olivier s est mis au sport parce KABURAKI ETAIENT 55 cette passion et depuis je my suis plongee a ISO % mal qu il i vu un reporttge sur I UTMB i li Télévision de A LARRIVEE SOIT 5 % DES FINISHERS gré ie fait que je ne sou pas tntileuse et même pas spe puis ll a perdu trente kilos et considère que I activ ite

étalement sportive ' Pour autant jaime ce milieu carli physique fait partie de la vie lu même titre que le [Q NICK CLARK A PEUT ETRE est riche en relations humaines et cest la que je trouve sommeil et la nourriture Un autre Olivier lui deji VU UN FANTOME CELUI DE les sources a ma passion » Bien évidemment pour Ca sportif i découvert -i travers I UTMB une nouvelle LABANDON 3 A LA WESTERN STATES ET A LA HARDROCK therme et Michel qui restent apres neuf editions aux pratique de la montagne depuis il s est mis au rrail IL ABANDONNE SUR LUTMB commandes de cette machine devenue énorme h vie er le prarique en plus de ses actu ites hibiruelles que PEU AVANT TRIENT a bien change « Quest ct que i,a a change ?Jc nal plus sont la landonnee le ski I alpinisme et le canyomng jamais le temps de mennuyer jai eu I occasion de de Certes 11 TMB n esr pas le premier rrail et ce n est Q] UNE DEMONSTRATION DE CONCENTRATION A LETAT couvrir des tonnes de choses de gens de tous bords den pas foi cément le plus beau le plus fort le plus gen PUR POUR KILIAN JORNET droits de metiers tres différents des problématiques tii le plus I UTMB esr juste apparu au bon mo QUI S ACHEMINE VERS diverses a resoudre Et maintenant nous avons des ment et lassemble toutes les qualites faisant de lui SA TROISIEME VICTOIRE SUR CETTE EPREUVE QUI amis dans le monde entier et aussi juste a cote de chez une vitrine idéale du trail en monngne et ceci a LA REVELE AUX COUREURS nous Et on a aussi découvert que des gens ne nous ai I échelle de la planete un parcours dc reve un lieu ment pas maîs cest normal et finalement mieux que sjmbohque une equipe d>namique et compétente de laisser indiffèrent ' tout ceci ayant amené les partenaires adéquats et la médiatisation allant avec Fr puis I UTMB e est aussi LA MONTAGNE, CA VOUS GAGNE un choc dans I esprit des gens Car courir plus de Que les organisateurs d une telle manifestation aient 150 km en montagne en 2003 a paît la Diagonale vu leur vie changer par le portage du projet neton des Fous dont le nom veut tour dire pour le ciro}en nera personne maîs il est également des coureurs lambda et qui se déroule bien lom de nos pénates me pour qui cette epreuve sportive a bouleverse I ordre tiopolitames personne ne le pioposait ce que re

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faire dans la vie de tous les jours, il a persévéré : « L'u'iMtt c'est aussi et surtout, pour moi, un parcours initiatique personnel. Je le résume habituellement en six participations, dont les quatre premières vaincu par KO avant le temps réglementaire, et les deux dernières avec enfin le goùt du succès. Chaque kilomètre par- couru m'a apporté son lot de consolation, son lot d'ex- périmentations, d'expériences, départages, de douleurs et de gloires petites et grandioses. J'ai vécu à l'UTMB mes premières hallucinations, avec ces saucissons qui jon-

«L'UTMB c'est aussi et surtout, pour moi, un parcours initiatique personnel. » [PHILIPPE BILLARD]

chaienl le sol dans la montée vers Champel. J'ai vu les frontales se mélanger aux étoiles en montant vers le Col de la Seigne. J'ai souffert pendant plus de 15 heures après un fabuleux début de course, les pieds exploses, pour arriver enfin à passer la ligne. » Passer la ligne... Une obsession pour certains, qui n'ont peut-être pas toujours les moyens dc leurs am- bitions (voir la première partie de ce dossier avec l'avis de Sébastien Chaigneau sur ce sujet). Isabelle Collin a ainsi appris grâce à l'uTMB ce qu'elle appelle l'acceptation : «J'ai tenté l'UTMB en 2009 mais un médecin m'a arrêtée aux Contamines ! Ce fut pour moi le cauchemar, un tsunami, la fin du monde, de mon monde ; ma famille était là effort heureusement car j'étais vraiment très mal. tt m'a fallu beaucoup de surae Philippe Billard, directeur de la publication temps pour comprendre et surtout accepter ce verdict. d'Ullrafondus : « L'Ultra- Trail du Mont-Blanc ri 'est Je lui en ai voulu très longtemps : mais quèlques se- fas arrive par hasard au beau milieu dè ht planète ultra, maines après, j'ai enfin compris qu 'il était dans le vrai et ce n'est pas non plus par hasard que la planète ultra et que je lui devais beaucoup. » Depuis, Isabelle a l'a si bien accueilli. » bouclé deux fois la CGC. Non il n'y a pas de hasard, juste des résonances qui Reste que ses capacités, on peut les développer, et si se produisent - ou pas —, ct celle-ci est de forte am- on le fait intelligemment, on peut finir par décro- pleur dans le monde sportif amateur. Olivier Beau- cher sa victoire et vivre des moments uniques, fays, journaliste sportif belge, en témoigne : « [Avec comme Philippe, en 2007 cette fois, lors de sa der- l'uTMB], j ai découvert une discipline que je ne connais-

sais pas et que j'ai du mal à faire connaître ici en Bel- PARTICIPANTS ET F I N I S H E R 5

gique. J'ai assisté au départ, j'en ai eu les larmes aux DE L'UTMB

yeux. Je me sentais tellement petit par rapport à tous ces ANNEE PARTANTS FINISH ERS gars-là. Alors, je me suis mis en tête de le courir pour 2003 317 é? mes 40 ans. J'en suis encore lom mali c'est vraiment un 2004 1381 420 phare pour moi qui n 'ai men d'un coureur à pied. J'ai d'ailleurs toujours la fameuse chanson de Vangehs dans 2005 1922 773 la tète. Quand j'ai besoin d'un remontant, je me la mets 2006 2535 1152 dans les oreilles. T'as pas idée comme je l'ai déjà vécue 2007 2315 1437 cette foutue arrivée... » 2008 2377 1269 2009 2286 1383

RÉVÉLATEUR DE SENTIMENTS 2010 1264* 1130

Comme Corinne, Philippe a longtemps été frustré 2011 2360 1133 de « sa » victoire, mais comme elle il n'a pas lâché TOTAL 16757 sia prise ; au lieu de baisser les bras et de se tourner vers * En 2010, 1 UTMB a ete stoppe a Samt-Gervais a cause des intempéries, autre chose, comme on pourrait avoir tendance à le puis un nouveau depart a ete donne le lendemain de Courmayeur

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mere participation « J'ai vécu 60 km de Pac Man avec l'un de mes meilleurs amis, retrouve décalque tout comme moi a Arnuva et avec qui f ai termine le par cours dans une impression dc facilite desarmante enfin pas toujours ht cest en haut du grand col ferret qu'un jour f iii compris pourquoi je courais des ultras, simplement parce que chaque pas méfait avance! vers quelque chose de meilleur »

UN MOTEUR SURPUISSANT Jean-Philippe Lefîef, journaliste chez Reuters en jour- nee et trailer qui hante les escaliers de tour d'immeu ORGANISATION DESABUSE FRANCOIS bles dans le XIIIe arrondissement parisien pendant DES CHIFFRES GIGANTESQUES D HAENE "> PEUT ETRE midi, avoue lui aussi sans peine que l'UTMB occupe CAR LUTMB SE REFUSE une place assez centrale dans sa vie « Finir en une POUR LA DEUX EME ANNEE L'UTMB 2011 el tes courses associées, e était.. CONSECUTIVE A LUI ARRET trentaine d'heures est devenu l'objectif, et cest vrai tous les 1700 bénévoles OE LA COURSE EN 2010 ans depuis 2005 Je ne saurais fas expliquer précisément 33 ravitaillements ET ABANDON EN 2011 pourquoi, dj a beaucoup de facteurs Lhamomx est un 5500 sacs a gerer lieu éminemment important pour moi depuis tres long- 48 points de controle 30 medecins temps , cette course est u reference, celle qui permet de 70 infirmières jauger un coureur d'ultra , l'ambiance, malgre tout ce 150 postes de secouristes qu'on peut en dire, reste incomparable, a la. fois a cause 13000 personnes transportées du cadre, du nombre et de la difficulté Et puis il y a sû- 48000 Tues 20000 barres de céréales rement un autre facteur prépondérant cest celui de la 7500 bananes reconnaissance lepreuve est maintenant tres connue y 400 kg de saucissons compris dis non pratiquants, et mes chers confrères de la 2600 kg de fromages telé, toujours tres mesuni en ont fait sobrement 'la course 85001 de soupes 100001 de coca la plus difficile du mona*. Je le dis avec ironie, maîs jy 4800 cannettes de biere,. suis sûrement tres sensible Je le regrette et] en ai honte maîs c'est sans doute une partie de ce que je cherche dans lultra > Sebastien Chaigneau le disait dans la pre « Finir en une trentaine d'heures miere partie de ce dossier, la reconnais- est devenu l'objectif, et c'est vrai tous les ans depuis 2005 » sance est l'un des moteurs les plus [JEAN-PHILIPPE LEFIEF] puissants qui nous animent Et effective- ment, s'il y a quèlques annees, ll était de bon ton d'afficher au-dessus de son bureau son di- comme Jean-Philippe qui y pense à longueur d'an- plôme du marathon de New-York, aujourd'hui, le di- née . « Malgre la crainte du ridicule, je peux dire que plôme de l'uTMB a tendance a le remplacer. Aux yeux c'est une petite flamme allumée en permanence dans un du sportif (tres) amateur et du non-sportif, passer pres com de mon esprit Si j'osais, je parlerais presque de raide deux jours en montagne à courir et marcher repré- son d etre Hy a quèlques annees quand on me deman- sente un exploit en regard d'un « simple » marathon dait pourquoi JL faisais ce genre de truc je répondais en tut il couru en moins de 2 h 30 Car malheureuse plaisantant parce qui ma vie en dépens C était un clin ment, les distances occultent le reste, et la perfor- dœil a ceux qui nous prennent, sûrement a juste titre, mance n'est plus que dans I acte de finir l'on vous pour des jobards, maîs il y avait du vrai » admirera bien plus si vous terminez l'UTMB en qua- Vous aussi, entrez dans la danse préparez-vous soi- rante heures que si vous courez le 10 km en 32 mn gneusement, puis courez comme si votre vie en dé- L'UTMB peut donc devenir une fixation pour certains pendait qui sait c'est peut-être le cas ? ISS

MICHEL POLETTI. CO-DIRECTEUR DE COURSE 'noue de solides amitiés dans et de promouvoir des valeurs « L'UTMB A BOULEVERSE NOTRE VIE » toutes les communes du tour aussi belles et fortes que I equite du Mont Blanc en France la solidarite et te respect en Suisse, en Italie nous partageons Maîs ce qui rn émeut le plus Ultra-Traildu Mont Blanc entier Depuis la f n 2002 tout cela avec nos amis des Traders e est de me rendre compte annee n a pas change quelque chose nous sommes totalement du Mont-Blanc et au sem même apres annee de la chance incroyable dans notre vie iii a totalement immerges dans cet evenement de notre famille nous avons qui nous est offerte d an mer bouleversée i Lorsqu avec au prix d un immense travail I opportunite rare de participer un evenement qui apporte autant nos amis nous avons lance cette maîs pour notre plus grand au developpement economique de reves et de bonheur a tant course en 2003 nous ne pouvions bonheur ' Nous avons la chance de toute une region et au develop de gens différents qui représente évidemment pas imaginer qu elle de partager notre passion avec pement d une nouvelle discipline un episode tellement mportant deviendrait un evenement aussi des milliers de coureurs sportive Et tout cela en essayant de leur vie quand il ne la important et connu dans le monde et de bénévoles nous avons de notre mieux de respecter transforme pas complètement

NORTH Eléments de recherche : THE NORTH FACE ou NORTH FACE : marque de vêtements et matériel de montagne, toutes citations 9070979200504/GJD/OTO/2