Abbé Marcel RIVARD Membre de la Société Archéologique du Vendômois

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Préface de M. le professeur de Gaudart d'Allaines Membre de l'Académie des Sciences

Ôes (Églises, ses C!IIJâtcanx Ses Seigneurs, ses Pvcuots Il a été tiré de cet ouvrage 40 exemplaires sur papier Vélin Lafuma numérotés de 1 à 40

Nihil Obstat , 25 novembre 1957 J. GALLERAND, censor députatus Imprimatur : Die 12 Aprilis A. D. 1958 t LOUIS, Evêque de Blois.

Tous droits de reproduction réservés HISTOIRE DE SUÈVRES

Etudes historiques sur Suèvres par M. l'Abbé Rivard, membre de la Société Archéologique du Vendômois, d'après "Les documents de la Prévôté ", les archives et des notes de l'Abbé Morin.

« Tous les âges de notre Histoire y sont « représentés. A côté de la pierre drudique, on « y rencontre de nombreux débris Gallo-Romains, « de vieux murs d'enceinte, de vieilles Eglises « Romanes et Gothiques, enfin quelques châteaux « et maisons du Moyen-Age ». « DUCHALAIS ». BIBLIOGRAPHIE

Archives de l'Evêché. Archives du presbytère de ISuèvres. Archives départementales (manuscrits, documents, journaux). Abbé Gallerand : Les Cultes sous la terreur en Loir-et-, 1929. Abbé Garreau : Cour-sur -Loire. Abbé Morin : Archives : Le Loir-et-Cher (Article). Abbé Pilté : Petit Répertoire Archéologique des édifices Reli- gieux du diocèse de Blois. Adrien Thibault : « Les Forges ». Congrès Archéologique de . Session tenue à Blois en 1925, de Marcel Aubert, Dr Lesueur et l'abbé Plat. Société Archéologique et Historique de l'Orléanais. Antiquités de Suèvres. Mémoire I (Bulletin) Duchalais. Constructions Romaines à Suèvres. Mémoire I (Bulletin), Lau- rand.

Migne : Patrologie (à la Bibliothèque du Grand Séminaire). De Pétigny : Histoire de Vendôme. Regnault de Beaucaron : Les Chatelliers et Le Gué Mulon, en Loir-et-Cher, 1915. Semaines Religieuses du diocèse de Blois : 1886, 1887, 1905. Jacques Soyer : Les Voies Antiques de l'Orléanais. TABLE DES MATIÈRES

PREFACE de M. le Professeur de Gaudart d'Allaines, membre de l'Institut 7

AVANT-PROPOS 11

CHAPITRE I : Suèvres aux époques Celtique et Gaïlo- romciine. Origine de Suèvres. Temps préhistoriques. Les premiers habitants de Suèvres. Epoque gauloi- se : voies gauloises, souterrains gaulois. L'autel druidique de Suèvres. Epoque gallo-romaine : Les pierres du Temple Romain dédié à Apollon 15

CHAPITRE II : Origines Chrétiennes de Suèvres. Clovis et saint Dyé au VIe siècle, l'apostolat de saint Dyé ; au VIIe, l'abbaye mérovingienne de Suèvres. Un très ancien manuscrit, sa traduction. Les fortifications de Sodobrium et l'invasion des Normands au IX" siècle 49

CHAPITRE III : Les Eglises de Suèvres. Leur Architec- ture. 1) L'église Saint-Christophe. 2) L'église Saint- Lubin. Liste des curés de Suèvres du XIII" au XX" siècle . 75

CHAPITRE IV : La Prévôté de Suèvres. Au IX" siècle : ses origines, son administration. Notes sur le Cha- pître de Saint-Martin de et ses 15 Pré- vôtés. Les dignitaires du Chapître. Les dépendances de la Prévôté de Suèvres 99

CHAPITRE V : La Prévôté aux X" et XI0 siècles. La Pré- vôté au XI siècle : échanges entre le Prévôt et l'abbé de Suèvres. La Prévôté au XIe siècle : l'an 1.000. Sa Justice. Le régime féodal et l'organisme admi- nistratif de la Prévôté. Les dîmes. Les droits du Prévôt. Les Mairies. Le Traitier et le Grangier .... 121

CHAPITRE VI : La Prévôté au XII, siècle. Quand on fouettait les enfants de chœur. Démêlés entre le Prévôt et les seigneurs de Suèvres. Suèvres et les Croisades 157

CHAPITRE VII : L'Apogée de la Prévôté : Le XIII" siè- cle. Chronique du début du siècle. Le cardinal Jean Colonna, un illustre Prévôt. Saint-Louis à Suèvres. L'Abbaye de Gastines et la Prévôté. L'espace vital d'un Prévôt. Nominations des curés de Suèvres. Ré- flexions rétrospectives sur le XIIIe siècle 171

CHAPITRE VIH : La Prévôté au XIVe siècle, Les prisons de Suèvres. A propos d'un mariage. Les questions de justice de la Prévôté. Les revenus de la Mairie de t Suèvres au XIVe siècle. Le Foui} à Ban de Suèvres 189

CHAPITRE IX : Le XVe siècle et la Prévôté. Le passage de Jeanne d'Arc à Suèvres. Disputes entre Prévôts voisins : celui de Mer et celui de Suèvres. Démêlés entre le Chapître et un « bastard » : Jehan de la Boissière. Le manoir d'Agnès Sorel, la favorite de Charles VII, à Suèvres. Le guet du château de Blois et les habitants de Suèvres 203

CHAPITRE X : Les 52 Prévôts de Suèvres. Noms et bio- graphie des Prévôts connus depuis la Fondation de la Prévôté, jusqu'à sa disparition, à la veille de la Révolution 223

CHAPITRE XI : Le Château de Diziers et Les Chatelliers. Au XVIIe siècle, le Seigneur de Di- ziers : Agrippa d'Aubigné. Madame Guyon, la quié- tiste, et son séjour à Diziers. Les différents proprié- taires des Chatelliers 259

CHAPITRE XII : Suèvres, sous la Révolution, de 1789 à 1796. Une belle figure de Prêtre Réfractaire : Bar- thélémy Salomé, dernier curé de Saint-Lubin .... 2 7

CHAPITRE XIII : Le château des Forges et ses Sei- gneurs. Ire Famille : les Lebordiér, de 1460 à 1556. 2° Famille : les du Pré, de 1556 à 1650. 31 Seigneur : Pierre Leblond, de 1650 à 1660. 41 Famille : les de Vernesson et les d'Allaines, 300 ans, de 1660 à 19... 315

CHAPITRE XIX : Un curé de Suèvres au XIXe siècle : L'Abbé Gabriel Morin 339

C'HAPITRE XV : Suèvres de nos jours. De la belle époque à la grande guerre. Ceux qui sont tombés au champ d'honneur. L'après-guerre. Le crime Boutet-Petit en 1934. Au siècle de l'automobile, pèlerinage à Saint-Christophe. La guerre 1939-45 et les années d'occupation. L'abbé E. Beaujouan, Un Président du Conseil à Suèvres ...... 349 PRÉFACE

de M. le Professeur

François de Gaudart d'Allaines Membre de l'Institut

Lorsque je veux poser ma pensée sur quelque agréable sujet, loin des troubles et des soucis de l'époque actuelle, je me souviens des vacances de mon enfance. Nous les pas- sions dans un paisible village des bords de la Loire, dans une gentilhommière que ma famille possède depuis quelque trois cents ans. On l'appelle « Les Forges » parce qu'autrefois, grâce à la proximité d'une source, il y était forgé des armes. Nous nous amusions beaucoup dans cette vieille maison pleine de mystérieux recoins ; nous explorions surtout le souterrain, qui allant jusqu'aux Chatelliers (châteaux liés) nous con- duisait vers d'autres non moins mystérieux et taillés dans le tuf. Notre vieille demeure est protégée par l'église Saint- Lubin qui en fait partie à présent, mais qui, autrefois, était une des trois paroisses de Suèvres, véritable petite ville en- tourée de murs et de fossés. L'église Saint-Lubin, de style Roman très pur, remonte au Xe siècle et a été construite sur l'emplacement d'un tem- ple romain dédié à Apollon, la divinité des sources. De cela, on est Absolument sûr, car deux pierres ont été trouvées dans les soubassements de l'église, sur lesquelles se trouve l'inscription latine, disant que « Cosmis Père et Cosmis Fils ont dédié ce temple à Apollon. » Ces pierres sont mainte- nant placées dans le mur intérieur de la sacristie. L'autre paroisse, Saint-Christophe, est très ancienne éga- lement et le pignon ouest de l'église, datant de l'époque mé- rovingienne, en fait le plus ancien et curieux monument re- ligieux du Loir-et-Cher. La troisième église, en ruines, sert actuellement de gran- ge. C'était la paroisse de « Saint-Martin de la Neutrance ». D'autres monuments découverts au siècle dernier par l'abbé Morin. consacrent l'ancienneté de Suèvres, par exem- ple, cette pierre de l'époque druidique qui a la forme des pierres de sacrifices, et cette autre, qui sert actuellement de margelle de puits, et sur laquelle deux poissons gravés font supposer qu'il s'agit de « Fonts Baptismaux » des premiers âges chrétiens. Dans ma famille, on parlait beaucoup d'une époque plus récente, mais héroïque, qui est l'époque de J ehanne d'Arc. Mon oncle, Monseigneur d'Allaines, qui était tant attaché à notre demeure ancestrale, s'était beaucoup préoccupé, avec le cardinal Touché, de la canonisation de la Sainte, et nous contait ses exploits dans les plus passionnants détails. Nous suivions ses traces sur les bords de notre Loire paisi- ble, à , à Orléans... et son passage à Suèvres. Non loin des Forges est le château de Diziers : les deux propriétés ont toujours eu des rapports d'excellente amitié. Il nous y a été donné d'y feuilleter les archives de Diziers et d'y lire les,, vieux manuscrits qui relatent le séjour de Mme Guyon. Elle habita Diziers pendant plusieurs années, lors de son éloignement forcé de Paris et la maîtresse de maison ac- tuelle occupe la chambre de Mme Guyon, chambre « boi- sée » de façon adorable, et qui a un petit escalier, caché derrière l'alcôve, conduisant à une chambre « de demi-éta- ge » où couchait la femme de chambre. Suèvres a tenu une grande place durant tout le Moyen- Age, au point de vue administratif, comme Prévôté relevant de la juridiction du glorieux chapitre 'de Saint Martin de Tours. Mais sur ce « chapitre » j'avoue mon ignorance, et je m'efface devant M. l'abbé Rivard, qui en fait l'historique détaillé, avec érudition, dans son remarquable ouvrage, dont j'ai lu le manuscrit avec le plus grand intérêt. Je remercie bien vivement M. l'abbé Rivard, de m'avoir demandé de « préfacer » son livre ; nul mieux que lui — qui est comme moi, un enfant de Suèvres, ne pouvait parler de cette « Vieille Cité » si intéressante et si riche en sou- venirs : « L'Antique SODOBRIUM «. Je le félicite de tout ce qu'il a su trouver, pour le trans- mettre à la postérité, et de la façon vivante et intelligente dont il l'a présenté.

Les Forges — 25 Août 1957.

AVANT-PROPOS

« Suèvres » est le berceau de ma naissance et ma famille y repose ou y réside ; c'est donc en tant qu' « enfant du Pays », né près de la Porte de Gastines, dans une habita- tion qui servait de sacristie et de presbytère, — lorsque l'église Saint-Martin dressait encore la silhouette de son clocher dans le ciel, — que je me suis intéressé depuis près de quinze années, à recueillir les uns après les autres, tous les éléments qui ont finalement formé l'armature et le con- tenu de ce livre. Cette notice « d'Archéologie et d'Histoire locale », dont mieux que personne je me rends compte des lacunes, et que selon le mot bien connu de Pascal, je regrette de n'avoir pas eu la possibilité de faire plus courte, paraîtra digne d'intérêt, j'en suis convaincu, à ceux de mes compatriotes qui sont attachés aux traditions et à leur histoire locale. Au début du siècle, Regnault de Beaucaron, ne faisait-il pas justement remarquer dans ses notes sur « Les Chatel- liers et Le Gué-Mulon » que les Sodobriens étaient encore, « il y a vingt-cinq ans, assez soucieux de leur histoire lo- cale, et qu'ils s'y intéressaient plus que les habitants de l'autre côté de la Loire » ( 1 ). N'en est-il pas de même de nos jours, où des enfants ■— selon leurs moyens, mais avec au cœur l'amour de leur pe- tite patrie, — entreprennent des fouilles, parce que leur curé a parlé de « l'Antique Sodobrium: ». C'est ce qui m'a été rapporté voici quelques semaines. Pour ma part, ce travail de recherches, long et patient, en vue de la composition de ces pages, a suscité le plus grand intérêt pour mon esprit curieux des vieilles choses d'un pas- sé si riche en événements trop ignorés, aussi bien pré- occupé de m'adapter aux conditions modernes de notre époque, vivant dans un monde en constante évolution (ceci dit spécialement pour tout ce qui a trait aux multiples ini- tiatives de mon ministère sacerdotal) qu'attentif à l'agence- ment harmonieux et à l'ordonnance des parterres de fleurs du jardin de mon presbytère. Entrepris déjà et principalement lors de mes années de Professorat au Petit Séminaire vers 1942 et 1944, continué, je dirais « à temps perdu » lors de mon séjour à Corme- non, où il m'a été donné, à maintes fois, de consulter à Ven- dôme l'éminent archéologue qu'était l'abbé Plat, je dois dire que ce travail de recherches n'a nui en rien aux di- verses activités de ma tâche pastorale ; au contraire, d'un certain point de vue, il y a apporté une profitable contribu- tion, et comme un « supplément d'âme » en ne me laissant jamais oisif, mais toujours « occupé et actif », ce qui est le plus grand bienfait de toute vie ; je dois dire aussi et sur- tout qu'il m'a apporté une joie et une détente des plus sa- lutaires, un enrichissement spirituel que ne peut apprécier un profane pour qui les feuilletons ou les romans à quatre sous, font l'effet de miroir aux Alouettes ; je le soulignerais avec « un certain sourire », si ce n'était déplorable. J'y ai trouvé la satisfaction de faire « œuvre utile » et de

(1) Les Chatelliers et Le Gué-Mulon, en Loir-et-Cher ; 1915." Régnault de Beaucaron, p. 31. contribuer à la « culture » de mes semblables, sur un point particulier, la connaissance du passé et de l'histoire de no- tre cité, pour la mieux aimer. Une plus grande connaissance ne fait-elle pas mieux ap- précier et finalement davantage Aimer.

Cette incursion que j'ai faite dans le domaine du passé, sans la moindre prétention personnelle d'ailleurs, sinon je le précise à nouveau, celle de faire « œuvre utile », j'y ai été poussé par les circonstances, sollicité par de bons et fidè- les amis, et outre le désir de faire plaisir à mes compatrio- tes, animé par l'amour du pays qui m'a donné le jour. Ce modeste travail où sont classés par ordre chronologi- que les événements qui constituent le Riche Passé de Suè- vres, ne se présente pas au lecteur comme une « Histoire », car le sujet est loin d'être épuisé ; pour atteindre une telle prétention, il m'aurait encore fallu de plus longues investi- gations, et des recherches plus minutieuses ; le temps ne me l'a pas permis. Le lecteur me le pardonnera, je l'espère.

Plaise à Dieu que ces pages mettent à la portée du com- mun des mortels les détails des faits principaux qui se sont déroulés depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, en cette petite patrie, paisible village des bords de la Loire, coin aimé de notre « doulce France » doublement chère à mon cœur.

Elles seront autant de curiosités pour ceux qui les igno- rent.

Je remercie vivement M. le Chanoine Gallerand, ar- chiviste de l'Evêché, M. Martin-Demezil, archiviste dépar- temental, M. le Chanoine Gaulandeau, président de notre active Société littéraire et archéologique du Vendômois, pour les conseils judicieux, appropriés, et les encourage- ments qu'ils m'ont donnés. A titre spécial, également et avec combien d'émotion, qu'il me soit permis de préciser ici, avec quelle délicate bonté M. André Bouton, vice-pré- sident de la Société Historique et Archéologique du Maine, a daigné s'intéresser à la publication de ces notes. J'y suis doublement sensible, en souvenir de l'extrême affection qui m'attachait à son frère regretté, le Chanoine Jacques - ton, qui fut Archiprêtre de Saint-Calais, en compagnie du- quel il m'a été donné de faire les pèlerinages de Saint-Jac- ques de Compostelle et de FATIMA. Je dédie ces notes, avec une profonde et très respectueu- se gratitude à M. le Comte François de Gaudart d'Allai- nes, membre de l'Académie des Sciences, qui m'a fait le grand honneur de préfacer cet ouvrage, et qui perpétue, à Suè