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Le château (Béduer)

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Le château de Béduer était au Moyen Age le siège d’une des plus importantes baronnies du , tenue par la famille de Barasc. Il occupe une position stratégique au dessus de la vallée du Célé. Son donjon du 13e siècle, connu pour sa fenêtre à trois baies et colonnettes, domine une vaste demeure disposée autour d’une cour intérieure. Le château : vue générale depuis la vallée du Célé Le château de Béduer conserve de l'époque romane un puissant donjon carré, surplombant encore un imposant logis composé de quatre corps de bâtiment. La forteresse médiévale a cependant été maintes fois restaurée et remaniée aux 15e et 16e siècles, puis au 17e siècle, au fil des guerres et des différentes familles seigneuriales qui s'y succédèrent.

Ce château-fort a été édifié par la famille de Barasc, dont le premier représentant connu, Dieudonné de Barasc, est mentionné dès la fin du 11e siècle en possession du fief de Béduer. Ces seigneurs atteignirent le summum de leur puissance au début du 13e siècle, lorsqu'ils participèrent à la défense de Toulouse lors du siège conduit en 1219 par Simon de Montfort pendant la croisade contre les Albigeois.

Au 14e siècle, les Etats généraux du Quercy se sont tenus à trois reprises dans la grande salle du château qui porte aujourd’hui en souvenir le nom de salle des Etats. Epargné par la guerre de Cent Ans, le château tomba un temps, pendant les guerres de Religion, aux mains des protestants. A la fin du 16e siècle, le dernier Barasc mort sans héritier, le château a été acquis par un seigneur local puis passa de main en main, chaque propriétaire ajoutant sa pierre à l'édifice.

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Quelques notes d'histoire

Le nom de Béduer apparaît pour la première fois dans le récit des miracles de saint Vivien, rédigé au milieu du 11e siècle : le saint aurait permis la guérison miraculeuse d'une paralytique nommé Raineldis, originaire du "castrum bedorium" (littéralement le "château de Béduer").

L'existence d'une puissante forteresse en ce lieu est ensuite maintes fois attestée par les textes, désignée sous les termes castrum ou castellum. Elle appartenait à la famille de Barasc, modestes seigneurs locaux ayant tiré parti de la révolution féodale des 10e et 11e siècles pour imposer leur force, proposer leur protection aux abbayes voisines et parfois même outrepasser leurs droits. Ainsi, en 1085, Dieudonné de Barasc était contraint de restituer l'abbé de Marcilhac-sur-Célé, dont il était le chevalier-avoué (ou protecteur), les églises de et Caniac-du-Causse dont ses neveux s'étaient emparés en toute illégalité.

En 1214, Dieudonné Barasc rendait hommage à Simon de Montfort et prêtait allégeance au roi de . Il se retrouvait pourtant quelques années plus tard du côté du comte de Toulouse, lors du siège de la ville par l'armée des croisés (1219). A la fin du 13e siècle, alors que le domaine seigneurial commence à être scindé entre les différentes branches familiales, le baron Arnaud de Barasc ne possédait pas moins de onze châteaux répartis dans la partie orientale de la province de Quercy. Ils étendait leur pouvoir sur un grand nombre de paroisses du causse et de la vallée du Célé, telles que Lissac, , Gréalou, , , Montbrun, , , ...

Le dernier Barasc seigneur de Béduer, mourut en 1552 lors d'un combat qui l'opposait aux protestants. Le château fut quant à lui pris en 1562 par les hommes du capitaine huguenot Charles de Cornély, puis récupéré par les catholiques en 1577. La seigneurie a été acquise en 1594 par Jean de Narbonnès, seigneur de Puylaunès et , puis tomba en 1608 dans l'héritage du marquis Louis-François de Lostanges, dont le descendant au moment de la Révolution fut le dernier gouverneur et sénéchal du Quercy. En 1874, les Lostanges vendirent la forteresse aux sœurs de la Sainte-Famille qui le cédèrent à leur tour aux Colrat de Montrozier. Une jeune femme du nom de Jean Voilier, écrivain et amie de Paul Valéry, acheta la demeure en 1939.

Le château au Moyen Age

Malgré les multiples restaurations et réaménagements, la lecture du plan permet de distinguer aisément l'emprise de la forteresse médiévale, de forme approximativement rectangulaire.

La donjon était à la fois la résidence des Barasc et le symbole de leur pouvoir féodal. L'actuel donjon peut-être daté du début du 13e siècle, mais il est fort possible qu'il fut précédé par une simple tour en bois.

Néanmoins, le château n'était pas uniquement constitué d'une tour : quelques bâtiments annexes étaient alors enclos de hauts murs. Les textes du 15e siècle désignent cet ensemble fortifié sous le terme d' "hospicium", rappelant sans doute qu'il pouvait servir encore d'ultime lieu de refuge pour les villageois en cas de danger.

Le tronçon d’une courtine du 12e siècle, conservée sur le côté nord du donjon, témoigne ainsi de cette fortification primitive, antérieure à l’édification de la demeure que l'on a aujourd'hui sous les yeux.

Au 13e siècle, le donjon fut érigé dans l'angle sud-ouest de la plate-forme dominant le Célé. Il a été complété au nord par un premier bâtiment servant de logis et accueillant une chapelle, édifié au dessus de la courtine ; une deuxième tour carrée venait compléter la forteresse dans l'angle sud-est.

Au-delà de la forteresse, se développait la basse cour (désignée "bassa cort" dans les textes) et le village castral. Les habitants y avaient construit leurs maisons à l'ombre et sous la protection du château.

Le donjon roman du début du 13e siècle

Plantée sur un léger éperon surplombant le village et la vallée, la tour est bâtie dans un bel appareil de moellons de calcaire roux.

De plan carré, elle se compose de trois étages signalés à l’extérieur par des bandeaux en pierres de calcaire blanc. Comme les tours du fort de , de Montcuq et du château de Castelnau- , qui sont approximativement contemporaines, le donjon des Barasc n’est pas cantonné de contreforts aux angles.

Les trois niveaux s’élèvent au-dessus d’une pièce en soubassement, utilisée au Moyen Age comme lieu de stockage, parfois de prison, puis convertie en citerne. Ainsi, au milieu du 15e siècle, les consuls de s'étaient violemment opposés à Jean de Péret, procureur du roi, accusé d'attenter à leurs privilèges. Ils le firent arrêter pour trahison et conduire au château de Dorde Barasc, son ennemi personnel qu'il avait poursuivi pour le meurtre d'un agent royal. Il fut enfermé pendant sept semaines dans le plus bas étage de la tour, "sans voir goutte".

Le premier étage du donjon, voûté d’un berceau brisé, possède un placard mural et une archère dont la fente étroite est inscrite, comme à , dans une grande niche intérieure facilitant l’accès des tireurs. De là, débute un escalier dont les deux volées droites sont maçonnées dans l’épaisseur même des murs est et nord. Sur la face extérieure nord, la deuxième volée de l'escalier est signalée par des jours d’éclairage.

L’étage suivant est simplement plafonné. Une archère permettait la défense du côté sud. Au Nord, une porte en arc brisé aux