Corso di Laurea Magistrale in Lingue e letterature europee, americane e postcoloniali

Tesi di Laurea

« La plus sublime de toutes les poésies » La République de Février dans l’éloquence quarante-huitarde d’

Relatore Ch. Prof. Olivier Serge Bivort

Correlatrice Ch.ma Prof.ssa Marie Christine Jamet

Laureanda Elisa Puntarello Matricola 872080

Anno Accademico 2018 / 2019

Ai miei genitori

Table des matières

Introduction 7

Chapitre 1. Littérature et politique à l’époque romantique 11

Chapitre 2. La poésie de Lamartine du lyrisme des Méditations à la mission sociale 23

Chapitre 3. République et poésie dans la réflexion théorique de Lamartine 37

Chapitre 4. L’éloquence de Lamartine 51

4.1 Étudier l’éloquence politique 51 4.2 Rhétorique et éloquence dans les premières années du XIXe siècle 55 4.3 Lamartine à la tribune sous la monarchie de Juillet 61 4.4 La révolution de Février et l’éloquence quarante-huitarde de Lamartine 72

Chapitre 5. La République idéale de Février 83

5.1 La République rationnelle 83 5.2 Le spectacle de la République 88 5.3 Le mot « république » 94 5.4 Lamartine, poète et mandataire du peuple 101 5.5 Le peuple de Février 104

Chapitre 6. L’éloquence de Lamartine au lendemain de la révolution 113

Conclusion 131

Bibliographie 135

Documents audiovisuels 142

Sitographie 142

Introduction

– Je préfère, dit Gauvin, la république de l’idéal. Il s’interrompit, puis continua : – Ô mon maître, dans tout ce que vous venez de dire, où placez-vous le dévouement, le sacrifice, l’abnégation, l’entrelacement magnanime des bienveillances, l’amour ? Mettre tout en équilibre, c’est bien ; mettre tout en harmonie, c’est mieux. Au-dessus de la balance il y a la lyre. Votre république dose, mesure et règle l’homme ; la mienne l’emporte en plein azur ; c’est la différence qu’il y a entre un théorème et un aigle. […] Le sourire sévère de Cimourdain s’arrêta sur Gauvin comme pour tenir cette âme en arrêt. – Poésie. Défie-toi des poëtes. – Oui, je connais ce mot. Défie-toi des souffles, défie-toi des rayons, défie-toi des parfums, défie-toi des fleurs, défie-toi des constellations. – Rien de tout cela ne donne à manger. – Qu’en savez-vous ? l’idée aussi est nourriture. Penser, c’est manger1.

Deux cents ans après la publication des Méditations poétiques, ce recueil fondateur du romantisme français demeure l’œuvre la plus célèbre et la plus étudiée d’Alphonse de Lamartine. Et pourtant, la poésie lyrique n’est qu’une partie de la production littéraire d’un écrivain qui se consacra aussi à l’épopée, au théâtre, au récit de voyage, au roman et à l’historiographie. Lamartine fut

également l’un des plus grands orateurs du XIXe siècle, mais son éloquence est peu connue en dehors des cercles des spécialistes. Le 4 mars 1848, Lamartine, en sa qualité de porte-parole du gouvernement provisoire institué au lendemain de la révolution de Février, répond à une délégation d’étudiants qui le remercient d’avoir défendu le drapeau tricolore et il s’exclame : « Que faisons-nous donc, Messieurs, que fait aujourd’hui notre pays, si ce n’est la plus sublime de toutes les poésies2 ! ». Il ne s’agit pas d’une simple formule à effet : la République de Février est, aux yeux de Lamartine, une forme de poésie qui se réalise dans l’histoire. C’est pourquoi, après avoir dressé le cadre du rapport entre littérature et politique à l’époque romantique, nous nous pencherons sur la production poétique de Lamartine. Nous montrerons comment il met progressivement sa poésie au service d’un idéal politique et social. Ensuite, nous proposerons une lecture critique de deux textes théoriques des années 1830, Sur la pol