UNIVERSITÉ DE

FACULTÉ DE DROIT, DES SCIENCES ÉCONOMIQUES, DE GESTION

ET DE MATHÉMATIQUES, INFORMATIQUE ET APPLICATIONS

DÉPARTEMENT ÉCONOMIE

MÉMOIRE EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLÔME DE MAITRISE ES-SCIENCES ÉCONOMIQUES

ANALYSE DES IMPACTS ET VALORISATION DE

L’EDUCATION DES FILLES DANS LA CISCONSCRIPTION DE SOANIERANA-IVONGO

Présenté et soutenu par : Arlette Rabivanjafy MILASOA

PROMOTION 2012-2013

Encadreur Enseignant Encadreur Professionnel Césaire MBIMA Enseigna nt – Ghislaine Jocelyne IMBOULE Chercheur Université de Toamasina Adjointe pédagogique CISCO

1 Novembre 2016

UNIVERSITÉ DE TOAMASINA

FACULTÉ DE DROIT, DES SCIENCES ÉCONOMIQUES, DE GESTION

ET DE MATHÉMATIQUES, INFORMATIQUE ET APPLICATIONS

DÉPARTEMENT ÉCONOMIE

MÉMOIRE EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLÔME DE MAITRISE ES-SCIENCES ÉCONOMIQUES

ANALYSE DES IMPACTS ET VALORISATION DE

L’ÉDUCATION DES FILLES DANS LA CIRCONSCRIPTION DE SOANIERANA -IVONGO

Présenté et soutenu par :

Arlette Rabivanjafy MILASOA

Encadreur Enseignant Encadreur Professionnel Césaire MBIMA Enseignant – Ghislaine Jocelyne IMBOULE Chercheur Université de Toamasina Adjointe pédagogique CISCO Soanierana Ivongo

2 Novembre 2016

SOMMAIRE SOMMAIRE ...... I REMERCIEMENTS ...... II LISTE DES ABRÉVIATIONS DES SIGLES ET DES ACRONYMES ...... III INTRODUCTION ...... 1 PREMIÈRE PARTIE : ...... 4 CADRE GÉNÉRAL DE L’ÉTUDE ...... 4 CHAPITRE I : GENERALITES SUR LE LIEU D’ETUDE ET L’EDUCATION ...... 6 SECTION I : MONOGRAPHIE DE SOANIERANA IVONGO ...... 6 SECTION II : APPROCHES THÉORIQUES SUR L’ÉDUCATION ...... 16 CHAPITRE II : LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET L’ÉDUCATION ...... 32 SECTION I : DÉPENDANCE ENTRE L’ÉDUCATION ET LE DÉVELOPPEMENT ...... 32 SECTION II : ENSEIGNEMENT ET SES ACTEURS ...... 38 DEUXIÈME PARTIE : ...... 47 CHAPITRE I : IMPACTS DE L’ÉDUCATION SUR LA VIE SOCIALE ET L’ÉCONOMIE ...... 49 SECTION I : CONTRIBUTION DE L’ÉDUCATION SUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIO- ÉCONOMIQUE DE SOANIERANA IVONGO ...... 49 SECTION II : PERFORMANCE DE L’ÉDUCATION : S’AGIT-IL LA D’UN MOYEN POUR LUTTER CONTRE LA PAUVRETE ?...... 55 CHAPITRE II : PROBLÈMES CONSTATÉS ET SOLUTIONS POUR LES RESOUDRE ...... 69 SECTION I : PROBLÈMES CONSTATÉS AU NIVEAU DE L’ÉDUCATION ET EN PARTICULIER CELLE DES FILLES ...... 69 SECTION II : PERSPECTIVE D’AMÉLIORATION ...... 83 CONCLUSION ...... 92 BIBLIOGRAPHIE ...... 94 ANNEXES ...... 96 LISTE DES ILLUSTRATIONS ...... 99

I

REMERCIEMENTS La réalisation de cet ouvrage est le couronnement de notre cursus universitaire. Le présent mémoire n’aurait pu aboutir à sa forme actuelle sans l’aide et la contribution des nombreuses personnes que nous citons ci-après : D’abord, nous exprimons notre gratitude à l’endroit de Monsieur Césaire MBIMA, à la fois notre enseignant et encadreur, et qui malgré ses occupations, a pu assumer sa responsabilité en qualité d’encadreur. Sa contribution et ses connaissances nous ont été d’une précieuse. Ensuite, nos sincères remerciements s’adressent également à Madame Ghislaine Jocelyne IMBOULE, Adjointe pédagogique de la CISCO de Soanierana Ivongo, notre encadreur professionnel pour le temps qu’elle nous a consenti en prodiguant ses vifs accompagnements durant la mise en œuvre du projet d’éducation des filles et à l‘élaboration de cet ouvrage. - Nos profonds remerciements s’adressent aussi au personnel de DREN plus particulièrement à l’équipe de la CISCO de Soanierana Ivongo. Malgré leurs préoccupations, il nous a prodigué des informations indispensables. - Nos reconnaissances vont à l’endroit de toute l’équipe de l’association Aide et Action, grâce à elle, nous avons pu effectuer nos cursus professionnels et mener en même temps notre recherche bien que notre contrat soit déjà terminé. - Nous témoignons notre profonde reconnaissance à tous les enseignants(es) de la Faculté de Droit, des Sciences Économiques et de Gestion de l’Université de Toamasina en particulier à ceux du département Économies pour toutes les connaissances qu’ils nous ont prodiguées durant notre cursus universitaire ; - Nous sommes également très reconnaissantes à nos parents, frères et sœurs et à toute la famille pour leur soutien moral, financier et matériel durant nos années universitaires. - Enfin, nous tenons à remercier tous les proches et amis (es) qui, de près ou de loin, ont contribué à la réalisation de ce travail.

II

LISTE DES ABRÉVIATIONS DES SIGLES ET DES ACRONYMES

APE : Association des Parents des Élèves BEPC : Brevet d’Études du Premier Cycle de l’Enseignement Secondaire CEG : Collège d’Enseignement Général CEPE : Certificat d’Études Primaires Élémentaires CISCO : Circonscription Scolaire DREN : Direction Régionale de l’Éducation Nationale DUDH : Déclaration Universelle des Droits de l’Homme EF : Éducation Fondamentale ENF : Enseignants Non Fonctionnaires EPP : École Primaire Publique EPM : Enquête Périodique auprès des Ménages EPT : Éducation Pour Tous EVA : Education à la Vie à l’Amour FID : Fonds d’Intervention pour le Développement FRAM: Fikambanan’ny Ray Amandrenin’nyMpianatra IDH : Indicateur de Développement Humain INSTAT : Institut National de la Statistique IST : Infection Sexuellement Transmissible MEN : Ministère de l’Éducation Nationale MENRS: Ministère de l’Éducation Nationale et de la Recherche Scientifique OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Économiques OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement ONG : Organisme Non Gouvernementale ONU : Organisation des Nations Unies OTIV : Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola PED : Pays en développement PPN : Produit de Première Nécessité PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement RN5 : Route National n°5 SADC : Southern African Development Community SDSP :Service du District de Santé Publique TBS : Taux Brut de Scolarisation

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TNS : Taux Net de Scolarisation UNESCO : Organisation des Nation Unies pour l’éducation, la science et la culture UNICEF: United Nations Institution for Children and Educational Found

IV

GLOSSAIRE

Capital Humain aptitude de l’individu à travailler en supposant qu’il soit en bonne santé et qu’il ait acquis un niveau de connaissances fondamentales. L’investissement en capital humain désigne les dépenses en éducation et santé destinées à accroître la productivité du travail. Endogénéisation (du développement) : développement favorisé par les facteurs internes en soi (infrastructures, cadre politique, éducation-formation, etc.)… « Jiromena » c’est une soirée dansante et ambiante, elle constitue la distraction plus courante des jeunes en milieu rural. « Penja » végétaux abondant dans les milieux marécageux, matériaux les plus courants pour la fabrication de natte et de panier, de la même famille que le jonc. « Rary » activité essentiellement féminine, consiste à fabriquer des nattes ou de paniers à l’aide des fibres végétaux

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VI

INTRODUCTION Depuis ces dernières décennies, les théoriciens de l’économie admettent l’éducation comme étant une arme indispensable pour parvenir à un développement durable. Dans ABENATNA INFO du 09 décembre 2013, Mandela avait compris que la discrimination relative à l'éducation est un blocage majeur pour le développement. En effet, il a souligné que l'éducation est la plus puissante arme avec laquelle nous pouvons changer le monde. De son côté, Kofi Annan, l’ex-Secrétaire général des Nations Unies a également noté: « Il n'existe aucun instrument de développement plus efficace que l'éducation des filles. Si nous voulons que nos efforts aboutissent à la construction d'un monde en meilleure santé, plus pacifique et équitable, les classes du monde doivent être remplies de filles aussi bien que de garçons. » A partir de la fin des années 1950, l’économie de l’éducation semble être devenue une branche à part entière du domaine économique selon Théodore Schultz et Gary Becker qui ont fondé la théorie du capital humain. A partir de cette théorie, les compétences acquises dans le système d'enseignement pourront augmenter la productivité des individus et accroissent les revenus qu'ils tirent de leurs fonctions. L’activité économique se conçoit alors en termes immatériels. Il s’agissait d’aller au-delà des trois facteurs de production traditionnelle (travail, capital, terre) considérés comme homogènes et d’intégrer des facteurs endogènes tels que l’éducation. On parle alors d’endogénéisation du développement par la valorisation des facteurs internes d’un pays donné. Le facteur humain constitue en effet un des éléments primordiaux de l’activité économique. Beaucoup de pays développés ont fondé leur développement économique sur les ressources humaines. Il est indéniable que l’intelligence du peuple apparaît comme un moteur du décollage économique et comme un ferment de l’épanouissement individuel et social. Et comme nous le savons, seule l’éducation rend l’individu intelligent, raisonnable, rationnel dans ses choix et son jugement. Par la formation qu’il reçoit, celui-ci pourrait, à partir de son savoir-faire, obtenir des connaissances qui vont lui permettre, de varier ses qualifications et de renforcer ses compétences ; ce qui serait indispensable pour une amélioration de la productivité. Et cette dernière se traduit, dans la plupart des cas, par une augmentation des revenus et une amélioration du niveau de vie, par le pouvoir d’achat qui en découle. L’éducation a ainsi un rôle moteur ou tout au moins demeure indispensable par rapport à l’activité économique et elle est aussi un canal de revenus pour les agents économiques.

1

L’éducation des filles est reconnue comme étant un moyen nécessaire pour réduire la pauvreté. Une fille sur cinq dans le monde reste privée d’école. Toutefois, éduquer une fille pendant 9 ans lui pourrait permettre de changer son avenir et celui de son pays. Chaque année passée sur les bancs de l’école accrois son prochain revenu de 10 à 20 %, ce qui participe directement à l’amélioration de la croissance économique de son pays. Envoyer une fille à l’école, c’est lui donner la possibilité d’acquérir des connaissances qui lui permettront d’obtenir un métier et de construire son propre avenir. Actuellement, les filles représentent plus de la moitié des enfants n’ayant pas accès à l’enseignement primaire1. Tant qu’il existe des inégalités entre filles et garçons, notamment en matière d’accès à une éducation de qualité, il est difficile d’observer les changements et les croissances offerts par l’éducation des filles et des femmes2. L’éducation des filles ne fait pas seulement profiter à la personne concernée mais à leur famille voire le pays même. Les filles éduquées peuvent améliorer leur santé et le niveau de vie de la génération suivante, donc améliorer le bien-être économique et social du pays3. En effet, nous avons pu constater que les filles dans le district de Soanierana Ivongo connaissent une déperdition scolaire plus importante que les garçons surtout au niveau post- primaire. Ainsi, nous avons choisi comme thème : « ANALYSE DES IMPACTS ET VALORISATION DE L’ÉDUCATION DES FILLES DANS LA CISCO DE SOANIERNANA IVONGO ». Ce thème a été donc traité afin de renforcer de plus aux efforts déjà déployés concernant la sensibilisation de la promotion de l’éducation plus particulièrement celle des filles de la région. Après avoir participé à la mise en œuvre des projets d’amélioration de l’éducation dans ladite CISCO, la présente étude a été réalisée afin de décrire les différentes théories concernant l’éducation et le développement, notamment celle des filles, de présenter la performance éducative, et de déterminer la relation entre éducation des filles et développement. D’où la question : l’éducation des filles contribue-t-elle au développement économique ?

1TSHIBILONDI NGOYI A., « Enjeux de l’éducation de la femme en Afrique : cas des femmes congolaises du Kasaï », éd. Harmattan, 2005 2MIGEON F. et BUCHERT L., UNESCO, « Éducation des filles et des femmes »,2006 3ROSE P., UNESCO, Rapport mondial de suivi sur l'école pour tous, «L'éducation des filles est un moteur du changement mondial», 2013 2

Comme méthodologie d’approche, nous avons participé à la mise en œuvre des projets d’éducation qui se sont déroulés dans ladite CISCO. Nous avons ainsi effectué une série de descentes sur terrain et des revues bibliographiques (bibliothèque universitaire, DREN Analanjirofo,…). Nous avons également consulté les différents sites web disponibles relatifs au sujet à traiter. Afin de mieux structurer notre travail, nous allons scinder celui-ci en deux parties. « Cadre général de l’étude», constituera la première partie de notre mémoire. La deuxième partie sera consacrée à «l’analyse et valorisation de l’éducation des filles dans la Cisco de Soanierana Ivongo ».

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PREMIÈRE PARTIE :

CADRE GÉNÉRAL DE L’ÉTUDE

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Le développement humain est le but ultime de toutes les activités économiques. Il est une fin dont la croissance économique est le moyen, selon le rapport mondial sur le développement humain de 1996, publié par le PNUD. Ainsi, nous allons voir successivement dans cette première partie deux (02) chapitres bien distincts dont : le premier chapitre s’intitule « généralités sur le lieu d’étude et l’éducation », et le deuxième chapitre « développement économique et éducation ».

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CHAPITRE I : GENERALITES SUR LE LIEU D’ETUDE ET L’EDUCATION Ce chapitre va nous permettre de voir d’une part, la monographie de Soanierana Ivongo, d’autre part, les approches théoriques concernant l’éducation. SECTION I : MONOGRAPHIE DE SOANIERANA IVONGO Dans cette section, nous décrirons et présenterons les aspects géographiques, la structure administrative et la population, ainsi que les infrastructures et activités socio- économiques. 1. Aspect géographique et administratif 1.1. Localisation géographique Le district de Soanierana Ivongo se situe dans la partie Nord Orientale au bord de l’Océan-indien. Il se trouve à 162 km du chef-lieu de la province de Toamasina et 61 km de Fénérive-Est (chef-lieu de la région Analanjirofo). La route nationale n°05, route littorale est l’unique à desservir la région. Elle constitue l’artère principale du système de communication du district la relie avec ses périphéries entre autres et au Sud vers le chef-lieu de la Province de Toamasina en passant par le District de Fénérive-Est. L’embarcadère pour aller à l’Ile touristique Sainte Marie se situe en plein centre-ville dudit district. Elle est comprise entre le 15ème et le 18ème degré de la latitude Sud et entre le 48èmeet 50ème parallèle et est limitée :  au nord par la fleuve Anove qui la sépare du district de Mananara Nord ;  au Sud par le fleuve Manantsatrana qui le délimite avec le district de Fénérive-Est ;  à l’Ouest, le district d’Andilamena ;  à l’Est par l’océan Indien qui le sépare à 47 km de l’ile de Sainte Marie. 1.2. Hydrographie, Climat et végétation a. Hydrographie Il s’agit d’un district disposant d’une potentielle hydrographique assez dense. Des fleuves sillonnent la région dont les plus importants sont : le , le SIMIANONA, l’ANOVE et le FANDRARAZANA. Ils sont partiellement navigables mais d’une nécessité capitale pour la population d’autant plus qu’elle leur permet de transporter les produits locaux. De même, les chutes d’eau très intéressantes s’éparpillent dans presque toutes les communes. Malgré tout, certaines localités demeurent inaccessibles particulièrement pendant la période de pluie et durant les passages cycloniques.

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b. Climat La région est marquée par deux types de climat bien distinct : - le climat tropical et - le climat tropical humide. De même, deux saisons se distinguent nettement : - la saison humide, de septembre jusqu’au mois d’avril, caractérisée par des pluies violentes, des orages et parfois des cyclones. Pendant cette période, les élèves ne vont guère à l’école et parfois sont forcés de rester à la maison en raison de la difficulté d’accessibilité. - la saison sèche et fraiche, de mai au mois d’août, dominée par la fréquence des pluies fines et des brouillards particulièrement dans les zones à hautes attitude et forestières. c. Végétation Du point de vue de la végétation, le Sud-ouest de la région constitue un lieu marqué par la prédominance d’une zone forestière. Et la partie ouest est caractérisée par des forets assez denses. Quant au Nord et au centre, ce sont des lieux caractérisés par des forets secondaires et d’une végétation typiquement de la région dénommée « savoka ». Et à noter aussi que de la diversité climatique et géographique de la région, on peut voir aussi sur la zone littorale les lambeaux forestiers. En général, une mosaïque de cultures de plantations de girofliers (et litchis) contourne la région. Il est important en effet de souligner que la récolte de celle-ci aura très souvent une influence très remarquable par rapport à l’éducation en général et particulièrement dans la région qui constitue notre zone de travail. 1.3 Situation administrative et population a. Division administrative Situé dans la région d’Analanjirofo dont le chef-lieu de la préfecture est Fénérive-Est, le district de Soanierana Ivongo s’étend sur une superficie de 5.206 km2. Il est composé de neuf (09) communes rurales et 105 fokontany.

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Tableau n° I: Répartition des fokontany par commune et distance par rapport au chef- lieu de district

DISTANCE % CHEF-LIEU DE COMMUNE Nb de FKT DISTRICT (km)

SOANIERANA IVONGO 18 00

AMBINANISAKANA 06 18

ANTANIFOTSY 12 10

MANOMPANA 07 40

FOTSIALANANA 09 18

ANDAPAFITO 16 38

AMBODIAMPANA 05 15

AMBAHOABE 19 30

ANTENINA 13 150

TOTAL 105

Source : Bureau du district de Soanierana Ivongo, 2015 b. Services administratifs Le district de Soanierana Ivongo, malgré sa superficie qui est assez grande, est très dérisoire en matière d’infrastructures, les communes périphériques ne sont pas encore dotées des infrastructures classiques. Pour résoudre les problèmes administratifs et sanitaires, la population vivant dans les communes respectives doit donc se rendre vers le chef-lieu du district. En effet, à partir de ce système de la concentration des services administratifs dans le chef-lieu du district : l’administration territoriale, le Service de District de Santé Public (SDSP), la circonscription scolaire (CISCO), le bureau de la police et de la gendarmerie qui se trouvent tous au centre-ville de Soanierana Ivongo, les gens en subissent des conséquences. Il s’agit là d’un système politique très commun dans l’ensemble du territoire malgache : système concentrationnaire du pouvoir. Et même les institutions financières comme l’OTIV, Caisse d’Épargne et le bureau du poste sont également rattachées à la ville. Parmi les communes du district, seule dispose le bureau du microfinance « OTIV ». Ainsi, on enregistre alors des absences régulières et fréquentes des fonctionnaires y compris les enseignants. Ils doivent s’absenter pour percevoir leurs salaires mensuels et assister à des diverses réunions.

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c. Population1 Le District de Soanierana Ivongo compte 195 470 habitants. Plus de la moitié de la population sont des femmes. Cette statistique pourrait avoir une influence remarquable sur l’éducation des enfants qui sera développée dans la partie ultérieure de notre analyse. Le tableau suivant nous relate l’effectif de la population par commune Tableau n°II : effectif de population par commune

COMMUNE POPULATION

SOANIERANA IVONGO 29 059

AMBINANISAKANA 7 923

ANTANIFOTSY 28 558

MANOMPANA 20 822

FOTSIALANANA 17 859

ANDAPAFITO 28 434

AMBODIAMPANA 14 213

AMBAHOABE 26 647

ANTENINA 21 955

TOTAL 195 470

SOURCE: Bureau du district de Soanierana Ivongo, 2015

1Source : auteur 2015 9

Graphique n° 1: Effectif de population par commune

population

SOANIERANA IVONGO 11% 15% 4% AMBINANISAKANA 14% ANTANIFOTSY 15% MANOMPANA 7% FOTSIALANANA

14% 11% ANDAPAFITO 9% AMBODIAMPANA AMBAHOABE ANTENINA

Source : Auteur, 2015 A partir de ce graphique, on constate que les communes rurales d’Antanifotsy, de Soanierana Ivongo, d’Andapafito et puis d’Ambahoabe sont les plus marquées par une population assez dense. Les deux dernières communes font partie des celles connaissant de difficulté d’accès voire même isolées particulièrement pendant la période cyclonique.

2. Situation socio-économique 2.1. Infrastructures socioculturelles a. Domaine de santé Notre première constatation est que la région souffre énormément d’une inégalité de répartition des infrastructures socioculturelles, les domaines sanitaires publics connaissent une insuffisance remarquable en nombre du personnel. Les services de Santé de District comptent 21 infrastructures sanitaires publiques : - 1 CHD1 au niveau du chef-lieu de District ; - 13 CSB 1 ; - 7 CSB2. Il n’y existe pas des cabinets médicaux et des cabinets dentaires. L’offre des soins relative au domaine bucco-dentaire est très souvent assurée par ces centres sanitaires. De même on n’y trouve non plus une pharmacie. Cependant 4 dépôts de médicaments assurent le ravitaillement de la population en matière de médicaments.

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1. Le personnel soignant On dénombre 35 personnels soignants dans l’ensemble du district de Soanierana Ivongo. Et parmi ces 35 personnels soignants, on dénombre 09 médecins généralistes, 01 chirurgien-dentiste, 06 sage-femmes, 6 infirmiers et 13 aide-sanitaires. 2. Maladies endémiques Les maladies chroniques dont les gens en souffrent sont en particulier le paludisme, les infections respiratoires (ex : tuberculose, asthme), les diarrhées et les affections bucco- dentaires. Les conditions naturelles de la zone, avec un climat tropical et humide, favorisent le développement et la propagation du paludisme. L’absence d’eau potable, est la cause fréquente de diarrhées et ensuite la consommation abondante des fruits exotiques comme les litchis et le produit de tubercule. La région connaît aussi des cas d’insuffisance nutritionnelle infectant la Santé des élèves et leur apprentissage. b. L’éducation En matière de l’éducation, tout d’abord, le district de Soanierana Ivongo dispose 194 écoles primaires dont 186 écoles publiques et 8 écoles privées, 38 collèges d’enseignement secondaire dont 15 publics, 8 communautaires et 13 privés. Ces nombres relatifs aux cadres infrastructures scolaires présentent l’intérêt que les parents témoignent par rapport à la scolarisation des enfants. Il faudra souligner en passant que 27% de ces écoles primaires du district sont entièrement financées par les communautés respectives. Elles étaient ouvertes à partir de l'initiative des communautés. Les parents qui sont conscients de l’importance de l’éducation décident de s’y investir pour assurer un avenir plus brillant aux enfants. En effet, dans la plupart des cas, les écoles communautaires sont créées localement c’est-à-dire pour la population locale. La création de celles-ci permet aux parents d’éviter les déplacements fréquents de leurs enfants qui doivent parfois emprunter un trajet pas moins de 5 km pour parvenir à l’école. Les bâtiments, les mobiliers et le personnel enseignant sont à la charge de la communauté. Le tableau ci-après récapitule les nombres des écoles fonctionnelles dans le district de Soanierana Ivongo durant ces 5 dernières années scolaires

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Tableau n° III: Nombre des établissements pour préscolaire, école primaires et collèges dans la CISCO de Soanierana Ivongo

NIVEAU 2010-11 2011-12 2012-13 2013-14 2014-15 PRESCOLAIRE PUBLIQUE 36 36 36 37 37 PRESCOLAIRE PRIVEE 7 7 7 7 8 PRESCOLAIRE COMMUNAUTAIRE 0 0 0 0 0 PRESCOLAIRE 43 43 43 44 45 ECOLE PRIMAIRE PUBLIQUE 136 136 136 137 137 ECOLE PRIMAIRE PRIVEE 9 9 19 10 13 ECOLE PRIMAIRE COMMUNAUTAIRE 48 48 49 51 65 PRIMAIRE 193 193 194 198 215 COLLEGE PUBLIQUE 15 15 15 15 15 COLLEGE PRIVE 5 5 5 8 13 COLLEGE COMMUNAUTAIRE 10 10 10 10 10 COLLEGE 30 30 30 33 38 Source : DREN Analanjirofo, 2015 Les 105 fokontany du district disposent chacun des EPP dont 63% sont composés de préscolaire et les 12 communes ont des collèges. Concernant les infrastructures, la CISCO de Soanierana Ivongo comprend 697 salles de classe dont 60 (8,61%) sont des locaux qui sont provisoirement utilisés par manque de salle. Plus de 70% des salles de classes sont construites à partir des matériaux locaux. Toutefois, pour certaines d'entre elles, les toitures sont en tôle et les planchers en dallage, généralement financés à partir de la subvention de la CISCO ou d'aide des organismes de développement. Tel suivant le tableau qui montre la répartition des infrastructures scolaires par commune à travers l’ensemble du district de Soanierana Ivongo lors de l’année scolaire 2012- 2013.

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Tableau IV : répartition des écoles par commune

Ecole ZAP EPP Ecole privée TOTAL communautaire Soanierana Ivongo I 1 10 5 16 Antanifotsy 1 13 0 14 Manompana 3 16 0 19 Ambodiampana 0 5 0 5 Ambahoabe Nord 3 12 0 15 Ambahoabe Sud 6 15 0 21 Antenina I 6 12 0 18 Antenina II 15 9 0 24 Andapafito Nord 5 8 2 15 Andapafito Sud 7 12 0 19 Fotsialanana 2 12 1 15 TOTAL 50 136 8 194 Pourcentage % 26 70 4 100 Source: Bureau CISCO Soanierana Ivongo 2013

40% des écoles communautaires se situent dans la commune d’Antenina qui est à 150km du chef-lieu de district. D'après la statistique élaborée par la CISCO, l'effectif des enseignants de primaire et de collège de Soanierana Ivongo est de 1175 dont 709 sont des hommes et 466 des femmes (39,66%). Par ailleurs, sur les 1175 enseignants, 56% sont des enseignants non fonctionnaires (ENF). Cet effectif s’est beaucoup amélioré comparé à la situation de 2011. En effet, pendant cette période les ENF représentaient le 65% de l’effectif total des enseignants au niveau primaire. Pour l’année scolaire 2014-2015, La répartition par sexe est représentée par le graphique suivant.

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Graphique II: Effectif des enseignants au niveau primaire et collège dans la CISCO de Soanierana Ivongo

800

700

600

500

400 Homme Femme 300

200

100

0 2010-11 2011-12 2012-13 2013-14 2014-15

Source : CISCO Soanierana Ivongo, 2015

c. Voies de communication et moyens de déplacement La plupart des Communes sont reliées au chef-lieu de district par la RN5 et par des pistes difficilement accessibles particulièrement pendant la saison cyclonique. Certains fokontany/villages à l'intérieur ne sont pas accessibles par véhicule tout terrain ou même par moto faute de piste. Ils sont reliés à la RN5 ou aux pistes secondaires par des sentiers. Pour les villages/communes situés sur l'axe RN5, des taxi-brousses assurent leur liaison avec le chef-lieu de district. Trois bacs assurent la traversée des grands fleuves au niveau de Soanierana Ivongo, Andrangazaha et Fandrarazana pour arriver à Manompana. Par ailleurs, pour les fleuves navigables, les pirogues ou canots métalliques constituent les moyens de déplacement entre villages/Fokontany/Commune au Chef-lieu de District/Commune. Il est à noter que les voies fluviales sont parmi les moyens de transport les plus pratiques de la région. Elles permettent de transporter les produits locaux et PPN de la zone. Elles sont également utiles pour de nombreux écoliers.

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Photo 1: Types de Transport utilisés dans la RN5

Source : Auteur, 2015 Nous voyons dans cette photo les types de transports utilisés dans la région de RN5 reliant le district de Soanierana Ivongo et Mananara Nord. 2.2. Les activités économiques a. L’agriculture L'agriculture est la principale source de l'économie de la région. Les principales cultures sont : - Pour la culture vivrière : le riz irrigué et le riz sur tanety, le manioc, le maïs et la patate ; - Pour la culture de rente : le girofle, le litchi, le bananier, le café, la vanille et la canne à sucre. Mais la production rizicole est d’un rendement souvent faible en raison de méthodes utilisées par les paysans d'équipements agricoles très rudimentaires, rareté des vendeurs d'engrais, faible revenu… Le manioc constitue le produit de substitution du riz lors de la période de soudure du mois d'octobre à décembre. La technique utilisée reste traditionnelle et ne fournit que de faible rendement. Mais la région d’Analanjirofo est également connue à partir de la production de girofle. Toutefois, on a enregistré une faible production des clous de girofles par rapport à celle de l’essence, une filière très prisée par les opérateurs économiques. Les paysans essaient déjà de relancer la plantation de girofle. À cet effet, des associations ont été créés afin de promouvoir la production de cette plantation. Les APE (Association des parents d’élèves) ont bénéficié aussi cette formation.

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Il faut souligner que le prix des clous du girofle s’est beaucoup amélioré. Mais les paysans se sont particulièrement intéressés à la production d’essence en raison de la présence locale des opérateurs. A noter que pendant la période de récolte, les élèves deviennent moins assidus. b. L’élevage Du point de vue économique, l'élevage n'est pas assez développé dans la zone. Mais il reste parmi les sources de revenu familial de la région. On peut remarquer en effet plusieurs formes d’élevages : élevage des volailles (poulet, oie, canard…), élevage des porcs, élevage de zébu qui est surtout utilisé pour les travaux de champs (piétinage). L'élevage des volailles et l'élevage porcin sont confrontés à des problèmes sanitaires : selon les expériences des éleveurs, les vaccins utilisés par le service vétérinaire ne garantissent pas à cent pour cent la protection des animaux contre les maladies courantes (peste aviaire, peste porcine…). La vente ambulante des volailles est très remarquable particulièrement durant la période de la rentrée scolaire. Cela permet aux parents de payer les frais scolaires de leurs enfants. c. La pêche La pêche, tant maritime que fluviale, tient une place importante par rapport à l'économie des villages/communes situés sur le littoral. Les produits sont collectés par les mareyeurs pour être vendus dans les grandes localités comme Soanierana Ivongo, Manompana. Cependant, les pêcheurs traditionnels sont confrontés aux problèmes d'approvisionnement en matériels de pêche (il faut aller dans les grandes localités pour s'en approvisionner Soanierana Ivongo, Fenoarivo , Toamasina). Le conflit entre les chalutiers industriels qui détruisent les engins des pêcheurs traditionnels lors de leur passage décourage les pêcheurs car les plaintes adressées aux responsables étatiques ou de la société n'ont jamais abouti. Notons également que l’artisanat constitue une source de revenu pour ce district, grâce surtout au « Penja » matière première utilisée. On constate des groupes d’élèves pratiquant le « rary » durant les vacances et aussi pendant les périodes de classe voire chaque weekend.

SECTION II : APPROCHES THÉORIQUES SUR L’ÉDUCATION L’éducation constitue un droit humain fondamental. Elle concourt à la lutte contre la pauvreté. Avant de voir l’importance de l’éducation des filles par rapport au développement d’un pays, nous allons voir maintenant les généralités sur l’éducation.

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1. Définitions et formes de l’éducation 1.1. Qu’est-ce que l’éducation L’éducation est une notion qui pourrait être difficile à définir avec une possibilité de confusion entre sa définition et ses finalités. Elle peut être un objet mais aussi un moyen. L’éducation est définie comme « une communication organisée et suivie qui vise à susciter l’apprentissage »1. Elle peut être considérée comme un capital, pouvant être évaluée et associée à des avantages et des coûts. Elle consiste à toute formation attribuée surtout aux enfants et aux adolescents. Elle permet également d’augmenter l’habileté et l’aptitude de l’individu, que ce soit intellectuelles ou manuelles. L’éducation est un bien économique et public. Les demandeurs de celle-ci sont diversifiés, ils peuvent être soit l’individu, soit l’État, soit les collectivités en fonction de leur moyen, revenu et préférence. Elle peut être un investissement et peut être semblable au processus de production. Les étudiants ayant terminé un cycle sont les produits finis, les redoublants et ceux qui abandonnent sont les produits semi-finis. En économie, l’éducation constitue « les connaissances, qualifications, compétences et autres qualités personnelles possédées par un individu intéressant l’activité économique »2. Elle est considérée comme un bien du fait qu’elle peut répondre à des besoins, donc elle permet de satisfaire des besoins humains. Elle contient des composantes de consommation. L’éducation procure des satisfactions immédiates pour l’individu puisqu’elle captive et comble sa curiosité intellectuelle. De plus, son statut d’étudiant peut lui faire plaisir. L’éducation est un bien de consommation courante et aussi un bien de consommation durable. Chaque individu peut donc connaître les avantages qu’il peut tirer de l’éducation. D’après Sherith Johnson, « l'éducation, c’est comme un acte ou un processus de transmission et d'acquisition de connaissances générales, d'élaboration de procédés de raisonnement et de jugement, et plus généralement un acte de préparation intellectuelle de soi‐ même ou d'autres, à la vie d’adulte »3. Donc, l’éducation consiste à transmettre des connaissances et des compétences. Dans un sens plus large, elle représente les actions ayant des effets sur l’habileté de l’individu et son caractère4. Techniquement, elle est un processus transféré volontairement d’une génération à une autre à travers les institutions, les connaissances et les compétences. Elle représente un moyen

1HAMADACHE A., UNESCO, « Articulation de l’éducation formelle et non formelle », 1993. 2ORGANISATION DE COOPERATION ET DE DEVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES (OCDE), « L’investissement dans le capital humain, une comparaison internationale », 1998. 3http://www.théorie sur l’éducation.com, du 15 Janvier 2015, vers 15h 4 Idem 17

pour atteindre le développement humain et est mise en œuvre par tous les pays quel que soit leur niveau de développement. 1.2. Éducation selon certains auteurs A l’instar d’Adam Smith, bon nombre de grands économistes se sont intéressés à l’éducation. Une lecture de leurs ouvrages permet d’entrevoir un développement de la pensée économique sur l’éducation. a. Selon Adam Smith Adam Smith est le premier qui s’interroge sur la notion de capital humain, il était de même que le terme de capital humain lui semble étranger, et c’est pour cela qu’il est considéré comme le fondateur de l’économie de l’éducation. C’est dans la richesse de la nation que Smith va adopter cette vision de capital humain et considérée que les qualifications possédées par les individus constituent un élément déterminant sur le progrès économique. Ces qualifications ont été acquises par l’individu à travers l’éducation, les études, les formations, et les apprentissages. Comme le capital est composé de capital fixe et de capital variable, ces qualifications doivent donc être introduites en tant que déterminant du capital fixe de l’économie. Elles auront par conséquent un coût, et sont constituées un élément capital de leur dotation et de leur richesse. Comme il le dit : « la dextérité améliorée par l’éducation du travailleur peut dès lors être considérée de la même façon qu’une machine qui facilite et abrège le travail et qui, bien qu’entraînant une certaine dépense, compense cette dernière par un profit »1. Ensuite, Smith poursuit par « on peut s’attendre à ce que le métier que l’homme qualifié apprend, lui rapporte un salaire supérieur à celui du travail non qualifié et rembourse sa dépense totale d’éducation majorée au minimum du profit habituellement rapporté par un capital d’égal montant »2.Cela nous montre qu’il existe une corrélation étroite entre la qualification et le revenu. En revanche, Malthus n’évoque l’éducation que dans la perspective démographique. En fait, la hausse du niveau d’éducation et l’amélioration du statut social des femmes pourrait conduire les individus à des comportements plus conscients au nombre de leurs enfants et donc à une limitation des naissances et également à une baisse de fécondité. Il fallait donc, selon une formule frappante malthusienne : « accroître la fertilité des sols et diminuer la fertilité des humains ». Il estime aussi que l’éducation est nécessaire pour assurer la « liberté civile ». Selon lui, « des causes qui tendent à engendrer des habitudes de prudence, la plus

1P. Gravot, « Économie de l’éducation ». 2John VAIZEY, « Économie de l’éducation ». 18

essentielle est la liberté civile ; et pour le maintien de la liberté civile, la liberté politique est généralement nécessaire… mais sous un mauvais gouvernement, elle ne pourra faire que peu, alors que sous un bon elle pourra faire beaucoup ». En aucun cas, l’éducation n’est donc considérée comme étant un facteur de production ou une richesse. Toutefois, bien avant Smith, Petty s’est déjà interrogé sur la valeur de l’être humain, et il propose de l’évaluer en établissant un lien entre l’homme et son travail. Le travail est considéré comme une ressource homogène par rapport au développement économique, comme une quantité de pouvoir humain disponible pour produire des biens et des services. En fait, la productivité ou la qualité de ce travail varient énormément suivant les faits et en fonction de plusieurs facteurs. Un de ces facteurs, la compétence acquise par l’individu influent sur la productivité du travail. Par exemple, travailler efficacement dans une usine de construction automobile a besoin d’un savoir-faire. Ainsi, la productivité du travail subit l’incidence de l’état sanitaire et nutritif de l’individu. Les gens doivent posséder l’endurance physique et mentale nécessaire, d’abord pour s’initier à des techniques économiquement utiles, ensuite pour les appliquer sur le lieu de travail. Il ne faut pas se contenter des aspects quantitatifs du facteur humain, mais il faut relever les aspects qualitatifs. Donc qui dit homme dit capital humain et donc évidemment richesse. Outre les profits apportés par l’éducation au niveau de rémunération c'est-à-dire les avantages financiers associés à l’investissement humain, Smith estime aussi qu’il existe des bénéfices directs et indirects qui y sont associés. L’éducation évite en particulier la corruption et la dégénérescence. Cette idée se rapproche de celle de liberté civile de Malthus. Il importe alors d’enseigner les gens afin que la corruption diminue, car le niveau d’étude élevé rende la population à changer son comportement, ainsi, la lutte contre la corruption nécessite un changement radical du comportement. Il est utile par conséquent que l’État se préoccupe de l’enseignement, pas seulement le renforcement du système éducatif public, mais aussi aider financièrement les écoles privées. De plus, Smith préfère bien la concurrence entre les institutions scolaires1. Dans les institutions publiques, la rémunération des enseignants est payée par l’État, mais elle n’est pas fonction de leur compétence pédagogique ; quel que soit leur motivation, ils seront toujours payés. Ce qui n’est pas le cas de l’enseignement privé puisque la rémunération des enseignants dépend principalement, et parfois totalement, des frais de scolarités versés par les

1John Vaizey, « Économie de l’éducation ». 19

étudiants. Cette dernière encourage alors la concurrence car elle participe à l’élévation du niveau d’éducation ainsi qu’à une meilleure efficacité du système. Dans bien de pays, l’allure du progrès dépend de l’industrialisation (avec une technologie de production liée à l’éducation) et, par conséquent, la création d’une main d’œuvre industrielle a priorité sur tout le reste. Ainsi, les besoins de l’agriculture requièrent en premier lieu qu’on apprenne à lire et à écrire ; Évidemment, pour aider l’économie à « décoller » il faudra tenter de former la population à des modes de pensée rationnels et à une attitude empirique et objective envers la nature et la société (J. Vaizey). Adam Smith plaça donc l’éducation au centre de sa pensée. b. Théodore Schultz L’idée de Schultz ne s’éloigne pas trop de celle de Smith. De son côté, il a mis l’accent sur la capacité humaine par laquelle une hausse de la productivité favorable à la croissance sera déterminée. Il soulignait que l’on devait voir, dans toute activité, un processus d’accumulation d’un capital dans lequel il serait possible par la suite de puiser pour accroître la productivité et le revenu d’un travailleur. Il appelait ce phénomène « investissement dans le capital humain »1. Pour Schultz, cette forme de placement est tout aussi importante que l’investissement dans le capital réel. Il y a peu de doute que l’investissement qui améliore les capacités des gens crée des différences dans la croissance économique et dans la satisfaction vis-à-vis de la consommation. Et c’est l’oubli du capital humain qui biaise l’analyse de la croissance économique. L’économie de l’éducation lui doit des découvertes essentielles dont le champ d’application se veut universel comme l’impact de l’éducation et de la formation sur l’innovation et la productivité. Selon lui donc, la connaissance est analysée comme une valeur économique très particulière. Une énorme dépense dans le domaine de l’éducation peut accroître la qualité des ressources humaines. Ainsi, orientée prioritairement vers les défavorisés, par leur affectation à des programmes d’enseignement primaire des communautés rurales, cette dépense devient un instrument de lutte contre la pauvreté, en élevant la productivité des démunis. Cependant, selon John Vaizey2, « l’investissement en capital humain » conduit à un« chômage intellectuel ». Dans certains nombres de pays, existe le phénomène du « chômage intellectuel» ; le diplômé d’université affamé, peut tout au plus devenir employé, avec un salaire faible et une condition modeste. Par conséquent, il faut en conclure que dans ce cas-là, l’éducation n’est pas un facteur qui amène à une durabilité de la croissance économique. Et il

1Les contemporains, « Histoire des pensées économiques » p.328. 2John Vaizey, « Économie de l’éducation ». 20

n’est pas vrai qu’une éducation restreinte largement répandue soit plus efficace qu’une éducation restreinte donnée intensément à peu de gens. Le Japon (dans les années 60) par exemple, pratiquait une éducation de masse et était en croissance économique ; mais, jusqu’à une époque récente, la croissance économique était menacée par un énorme problème de population. c. Timbergen Timbergen, un théoricien de la planification appliquée au développement des années 1950, insiste qu’on devrait planifier l’éducation pour se développer1. Il accorde une grande importance au développement équilibré. Pour lui, la matière grise est la principale force productive. La démarche qu’il suggère pour la planification de l’enseignement dans un cadre économique donné est basée sur le besoin en travailleurs qualifiés pour une production dans une branche quelconque. Selon lui, chaque branche dans une économie donnée pour chaque période possède un tel volume de production qui est lié à la technique de production optimale. Cela signifie que pour chaque qualification, on considère le nombre de travailleurs qualifiés nécessaire. On suppose en outre le nombre de la population active qui disparaît parce qu’ils ont atteint la limite d’âge qu’ils sont devenus invalides ou qu’ils sont morts. À partir de cela, on peut alors calculer pour chacune des années de la période considérée, le besoin additionnel de travailleurs qualifiés nécessaire dans chaque catégorie. Donc pour pouvoir maintenir l’expansion de la production en fonction de l’arrivée à maturité des investissements, mais aussi pour que la production soit égale à la consommation plus l’accroissement nécessaire des stocks, on a besoin de planifier l’enseignement et la formation dans chaque branche de production. Et dans chaque secteur de l’enseignement, il sera formé chaque année exactement autant d’élèves qu’il y a d’emplois disponibles à l’issue de leur formation, et ces emplois coïncideront avec l’expansion des effectifs des différentes industries exigées par l’expansion de la production. Et comme l’enseignement exige un temps considérable, il semble qu’il vaille la peine de planifier sur de très longues périodes, d’une vingtaine d’année par exemple. Timbergen précise qu’il y a un optimum sur la liaison formation emploi. Il faudrait donc concevoir un plan d’éducation qui s’intègre dans un programme économique général pour élever le niveau économique d’une communauté ; à la fois parce que l’enseignement doit justifier ses prétentions à participer aux ressources nationales et à l’investissement en capital physique en concurrence avec les autres services sociaux comme

1Les contemporains, « Histoire des pensées économiques » p.273. 21

la santé, et parce que l’expérience a montré qu’une croissance économique équilibrée exige une intégration de tous les aspects de la vie économique et sociale si l’on désire que les plans et projets individuels arrivent à se réaliser pleinement. A partir de cette planification, Vaizey affirme : « …produire le personnel diplômé exigé pour le développement, tel que des chefs d’entreprise, des administrateurs, des directeurs, des chercheurs, des ingénieurs et autres techniciens ; procurer les travailleurs nécessaires, ayant les qualifications au moment voulu et au lieu qu’il faut pour les étapes successives du développement ; empêcher la perte de qualification, d’expérience et d’éducation ; et développer les moyens de canaliser la main d’œuvre en excédent vers un travail utile »1. On attribue généralement alors, trois rôles à l’éducation :  fournir une main d’œuvre qualifiée et des techniciens sans lesquels le capital physique sera gaspillé.  créer « un climat d’expansion » en donnant aux masses, la possibilité de penser plus loin que leurs besoins et leurs difficultés immédiates.  apprendre aux cultivateurs de techniques agricoles simples et élémentaires qui apporteront un léger surcroît de bien de consommation en plus de ceux nécessaires à la subsistance et qui peuvent être la base d’une accumulation physique.

d. Gary Becker Une filiation théorique est clairement établie entre Gary Becker et Théodore Schultz qui a ouvert la voie « il n’est de richesse que des hommes »2. Il met en évidence que l’individu n’est pas un simple consommateur final mais un véritable producteur qui, par l’éducation et la formation notamment, pratiquent un investissement en capital humain. Selon lui, l’individu est une véritable firme qui utilise des ressources rares (le travail salarié et domestique des membres de la famille) et qui produit des satisfactions par un travail et avec une organisation qui nécessitent des investissements et des calculs prenant en compte les prix relatifs, le coût du temps, etc. Et à partir de cette analyse, on peut étudier l’offre de travail, le comportement à l’égard de l’éducation et les écarts de salaire qui en résultent. Des nombreuses formes que peuvent revêtir cet investissement en capital humain incluent : l’éducation scolaire, la formation professionnelle, les soins médicaux. Le déterminant individuel principal des sommes investies en capital humain est le profit que l’on

1John Vaizey, « Économie de l’éducation ». 2John Vaizey, « Économie de l’éducation ». 22

attend ou son taux de rendement. Les rémunérations dépendent des sommes investies, et ces dernières sont déterminées par une comparaison entre les coûts et les bénéfices. Un individu qui a donc investi une somme importante dans ses études et de sa formation, c'est-à-dire la qualité et la durée de l’éducation sont élevées, il aura par conséquent un travail qualifiant bien rémunéré, et pourra améliorer son bien-être. L’investissement en capital humain explique alors les inégalités de salaires, et évidemment du niveau de vie. Ainsi, les chiffres des travailleurs ne suffisent pas pour déterminer le volume de travail obtenu et son rôle dans le développement. Il faut les mesurer par une élévation qualitative des ressources humaines qui amènent les travailleurs à une plus grande productivité. Cette idée est confirmée par VINER selon laquelle « les premières conditions d’une production élevée…sont que les masses populaires soient alphabétisées, en bonne santé et suffisamment bien nourries »1. e. J.S.Mill Comme Smith, il retient les qualifications de la force de travail dans sa définition de la richesse. Pourtant, il se trouve en désaccord avec Smith quand il fait remarquer que, dans le domaine de l’éducation, les mécanismes de marché ne fonctionnent pas efficacement. Plus précisément, il estime que le demandeur d’éducation sur le marché ne sait pas également classer la qualité des institutions telles qu’elles sont. Pour sa part, il exprime que chacun doit être obligé d’étudier dans les écoles privées et le gouvernement doit aider financièrement les enfants des pauvres afin qu’ils puissent s’y intégrer, apporter une assistance financière aux institutions d’enseignement elles-mêmes. Cependant, selon Vaizey, dans un système d’éducation financé par l’État, les pauvres sont taxés pour instruire les riches qui, à leur tour, ne sont pas disposés à instruire les pauvres. De plus, il existe un véritable problème du financement de l’éducation. Une plus grande partie de l’éducation va aux plus aisés. S’ils devaient payer l’éducation reçue, les finances dont on dispose pour étendre le service de l’éducation seraient plus importantes. Les arguments en faveur du paiement des frais de scolarité sont très solides. L’éducation est rare et devrait être soigneusement économisée. Dès lors qu’elle est gratuite, les gens, sans aucun doute, la « gaspillent » : la présence scolaire est irrégulière et les étudiants ne travaillent pas beaucoup. Les étudiants qui ont réussi disposent souvent de traitements élevés, de sorte que l’éducation est financée pour eux par l’État, leur procure des revenus individuels élevés. Pour des raisons

1http://www.les économies contemporainnes.com, 15 Février 2015, vers 15h 23

sociales donc, le fait de faire payer des frais de scolarité est convainquant dans bien des pays pauvres. Cependant, par « principe », elle doit être donnée gratuitement. Mill estime alors que l’efficacité du système d’éducation exige de l’État une surveillance et un contrôle très minutieux. Un des traits caractéristiques de la vie des pays sous- développés est la pénurie complète de capacités administratives et de contrôle ; le pays étant sous-développé, elles sont inefficaces et vice versa. f. Alfred Marshall Alfred Marshall est un économiste britannique dans la première moitié du 20éme siècle. Dans son analyse économique, Marshall s’accorde avec l’idée de Smith d’une part pour la notion smithienne du capital humain. Ce capital humain appelé aussi richesse personnelle est constitué des « énergies et facultés qui contribuent directement à rendre les individus industriellement efficient ». Ainsi, le profit est fonction de la somme investie en ce capital humain comme celui de l’investissement matériel. Conformément à ce qu’a dit Smith, l’éducation apporte des bénéfices directs et indirects. Elle rend l’individu plus sociable, plus conscient, plus intelligent et plus loyal au niveau de la société ainsi qu’au milieu de son travail. De plus, il se met d’accord à l’intervention étatique sur le système éducatif, dans la mesure où tout ce qui est dépensé pendant des années pour permettre aux masses d’accéder à l’éducation a des chances d’être récupéré par la mise en valeur intellectuelle d’un génie. Cependant, l’investissement en éducation n’a pas pour but de trouver un profit dans le fait par exemple que les parents investissent dans l’éducation de leurs enfants, ce n’est pas pour réaliser un profit. Ces parents n’obtiendront qu’une petite partie des sommes investies. Pour cela, l’éducation n’est considérée comme capital que pour l’individu lui-même. Il appelle ce phénomène : « L’investissement du capital par les parents dans les enfants »1. Nous constatons cette contradiction de Marshall sur la notion de profit. Ensuite, qu’il n’existe pas de marché du capital humain dans les sociétés non esclavagistes, c'est-à-dire un marché où l’on pourrait échanger des droits garantissant un revenu futur, ou sur lequel la promesse de revenus futurs pourrait être utilisée comme caution en cas d’emprunt pour financer l’éducation. Dans la réalité, l’individu est restreint par les ressources de ses parents et la bienveillance incertaine des institutions charitables. Selon les citations suivantes : « les enfants des foyers du travailleurs non manuels peuvent s’attendre bien plus que les enfants de foyers de travailleurs manuels à une longue vie scolaire »2. Dès lors, le capital humain n’est pas parfaitement assimilable à un bien capital. En fait, comme le

1John Vaizey, « Économie de l’éducation », p.22. 2http://www.les économies contemporainnes.com, 15 Février 2015, vers 15h 24

fait remarquer Blaug (1970), cette absence de marché suggère simplement que la formation du capital ne sera pas conduite jusqu’au point où la valeur escomptée des revenus futurs égalisera les coûts engagés, mais ne doit pas conduire à l’abandon de la notion de capital. Ainsi, il fait l’éducation comme « investissement national » et il a écrit : « il y a peu de problèmes pratique intéressant plus directement l’économiste que ceux relatifs aux principes sur lesquels on devrait baser la répartition des dépenses de l’éducation des enfants entre l’État et les parents. Mais nous devons considérer les conditions qui ont déterminé chez les parents la possibilité et la volonté de porter leur part de dépense, quelle qu’elle puise être ». De plus, si l’on veut que l’éducation s’étende rapidement, il faut que l’État propose aux enseignants des salaires équivalents ou décents; mais si les salaires restent extrêmement bas, l’enseignement devient une profession d’un rang social si modeste que les gens préfèrent rester sans travail plutôt que de s’y intégrer. g. Karl MARX Pour ce grand économiste allemand, dans une société capitaliste évoluée, l’éducation est indispensable et il ne suffit pas d’être compétent dans un seul domaine mais il faut disposer de large connaissance et savoir-faire. Les besoins de l’industrie étant divers et évolutifs, la machine industrielle ne cessant de progresser, les connaissances et les aptitudes de la main d’œuvre doivent suivre ce rythme. Autrement dit, l’habileté de la main d’œuvre se développe avec la machine qu’elle utilise1. 1.3. Les différentes formes de l’éducation Il existe trois formes d’éducations : l’éducation formelle, l’éducation non formelle et l’éducation informelle. a. Éducation formelle L’éducation formelle rassemble les enseignements donnés dans les écoles, les lycées, les universités et dans d’autres établissements suivant des échelles et des étapes en temps complet. Elle se situe dans des établissements qui ont été conçus spécialement pour cela. Ces établissements suivent des structures déjà élaborées. L’éducation formelle sera proposée aux enfants d’âge moyen de 5 ans et se termine entre 20 et 25ans. Elle consiste en une activité de formation qui permet un développement intellectuel et augmente la connaissance générale ou spécialisée. L’apprenant est sanctionné par un diplôme2.

1MARX K., « Le Capital », Éditions sociales, Paris. 2MAULINI O. et MONTANDON C., « Introduction, Les formes de l’éducation : quelles inflexions ? », Université de Genève, 2005. 25

b. Éducation non formelle L’éducation non formelle regroupe les activités qui ne sont pas programmées dans la structure de l’éducation formelle cherchant à apprendre certains enseignements spécifiques pour les enfants, les jeunes ou les adultes. Elle consiste par exemple à un système éducatif servant à alphabétiser des adultes, et à permettre aux enfants non scolarisés d’acquérir l’éducation de base, de transférer des connaissances, des compétences professionnelles ou des cultures générales, éducation dans l’école maternelle. Il existe aussi une structure dans cette éducation non formelle, mais plus souple au niveau du lieu et des méthodes d’enseignements que celle de l’éducation formelle1. c. Éducation informelle L’éducation informelle est une connaissance obtenue autrement que les connaissances acquises dans l’éducation formelle, et rassemble les formations modifiant les comportements, les attitudes et les connaissances. Dans ce type d’éducation, il n’existe pas de structure. L’apprentissage n’est pas organisé et se fait souvent de manière presque involontaire. L’éducation informelle ne se situe pas toujours dans un établissement d’enseignement. Elle ne suit pas nécessairement une échelle et sa durée peut varier et n’est pas en temps complet. Un certificat n’est pas forcément attribué à la fin de l’apprentissage mais ses conséquences sont durables. Elle ne concerne pas un âge déterminé, tous les individus peuvent bénéficier de l’éducation informelle, c’est-à-dire, elle vise les adultes de tout âge et les enfants de moins de 5 ans. Bref, l’éducation informelle s’oppose à l’éducation formelle. Elle a été créée non pas pour changer la définition de l’éducation formelle mais pour montrer qu’il existe d’autres formes d’éducation et qu’il faut les prendre en compte. L’éducation informelle se différencie des autres formes d’éducation : elle ne suit pas un contexte ni une période mais possède son propre rythme et moyen tout au long de la vie de chaque individu2. 2. Signification économique de l’éducation et le développement 2.1. Signification économique de l’éducation Les activités éducationnelles ont préoccupé l’analyse économique depuis des lustres. Mais l’économie de l’éducation n’est devenue une branche à part entière de la science économique qu’à partir des années 60. La caractérisation de l’éducation en tant que bien économique a fait l’objet de vive controverse. Le débat porte notamment sur sa catégorisation

1MAULINI O. et MONTANDON C., « Introduction, Les formes de l’éducation : quelles inflexions ? »,Université de Genève, 2005. 2http://www.éducation et système.com, 15 janvier 2015, vers 15h 26

en tant que bien de consommation ou d’investissement d’une part et bien privé ou public d’autre part. a. Éducation : bien de consommation ou d’investissement Les biens et services peuvent être divisés en deux catégories, il y a ceux qui procurent un profit immédiat pour les consommateurs, qu’on appelle bien de consommation, et ceux qui permettent de produire à une longue échéance, appelés bien d’investissement ou bien de production. Ce fut Arthur LEWIS qui ait proposé d’appliquer cette distinction économique à l’éducation. Cette distinction est fondée sur la nature des biens eux-mêmes, et aussi sur l’usage que l’on en fait. Ainsi, l’éducation a-t-elle pour fin de permettre la consommation ou de réaliser un investissement ? Dans tout acte économique, il y a une intention matérialisée par les dépenses et un résultat attendu représenté par un revenu, revenu psychologique ou satisfaction lorsqu’il s’agit d’une consommation et revenu monétaire s’il s’agit d’un investissement. L’éducation est un bien de consommation pour chacun d’entre nous qui lui attribue une valeur et dépense de l’argent à cet effet, en vue d’une satisfaction psychologique. Certainement, l’individu dépense dans l’éducation afin d’accumuler des connaissances, d’augmenter ses aptitudes et d’améliorer ses attitudes. Par-là, il acquiert une culture personnifiée par ses centres d’intérêt, reflétant le savoir dont il a bénéficié. Ainsi, un homme instruit s’intéressera aux œuvres d’arts, aux découvertes scientifiques, à des sujets qui mobiliseront son intelligence, pour se procurer le meilleur du bien-être, sans tenir compte des revenus futurs susceptibles d’être gagnés. Considérer l’éducation comme un bien d’investissement suppose qu’elle est conçue dans le but d’acquérir des compétences pour un emploi ou groupe d’emplois donnés grâce auxquels on espère un revenu plus élevé. Comme le souligne Pierre Massé (Le Choix des Investissements, Dunod, 1964), « la définition la plus grande que l’on puisse proposer à l’acte d’investir est qu’il constitue l’échange d’une satisfaction immédiate et certaine à laquelle on renonce contre une espérance que l’on acquiert et dont le bien investi est le support ». Et il précise que ce terme d’espérance « illustre bien le double contenu de la décision d’investir : celui d’un arbitrage dans le temps puisque l’espérance concerne le futur et celui d’un pari puisque espérer n’est pas tenir ». Investir dans l’éducation, c’est donc espérer un revenu futur. Ces propos dégagent sensiblement le caractère aléatoire de l’investissement. En effet, en dehors du doute de ne pas trouver des débouchés rémunérateurs, les étudiants font face constamment aux incertitudes de réussir dans les études. À part cela, le temps qu’un individu consacre à ses études représente un coût d’opportunité qui n’est pas à négliger face aux

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avantages qu’il pourrait avoir s’il dédiait son temps à d’autres activités comme les loisirs ou le travail. L’aléa qui pourrait affecter les équipements matériels qu’il s’est procuré menace également cet investissement (accident, perte, conjoncture, obsolescence à cause de la nouvelle technologie…). L’éducation est donc considérée comme une consommation ou un investissement selon l’intention et le résultat attendu. Cette catégorisation en tant que bien de consommation ou d’investissement amène à se demander si l’éducation serait un bien privé ou un bien public. b. Éducation : bien privé ou bien public ? Ce débat portant sur les personnes ou entités responsables de l’éducation, doit-elle être prise en charge par les individus eux-mêmes ou par l’État ? Selon les éventualités, quelle partie du financement est délégué à l’État ? De grands économistes tels que Milton Friedman ont proposé des solutions à cette interrogation. Il a d’abord distingué l’éducation générale qui est un bien de consommation, de l’éducation technique et professionnelle qui est un bien d’investissement. La première vise plutôt au développement des aptitudes intellectuelles et à l’apprentissage des moyens de s’en servir (langue, expression graphique…), poursuit l’acquisition de connaissances de base non directement liées à une activité déterminée, et met l’accent sur le « pourquoi » des choses. Tandis que l’éducation technique et professionnelle tente de faire acquérir des connaissances et des compétences donnant à l’individu les aptitudes nécessaires à l’exercice d’un emploi ou d’un groupe d’emploi ; elle met l’accent sur le « comment » des choses. Ainsi, pour M. Friedman1, l’éducation est un choix que chaque individu est en devoir de faire. Basant son analyse sur la doctrine libérale, prônant le laisser faire, tout individu étant considéré comme rationnel, faisant des choix rationnels dans l’allocation de ses ressources, sous contrainte que celles–ci sont limitées, l’homo oeconomicus poursuit son intérêt personnel. Connaissant parfaitement ce qui serait mieux pour lui, il en décide de l’affectation de ses ressources. L’homme raisonnable sait alors si son intérêt se trouve dans l’éducation générale ou dans l’éducation technique. L’individu doit être maitre de ses décisions en matière d’éducation selon que la fin poursuivie soit la consommation directe des facultés intellectuelles acquises grâce à l’éducation, ou la production et le développement de ces facultés même en vue d’un résultat futur. Par conséquent, pour les libéraux, l’éducation est un bien privé, à la charge de chaque individu qui voudrait bénéficier de ses vertus. Mais si telle

1FRIEDMAN M., « The role of government in education », New Jersey Reprinted, 1955. 28

est l’analyse des libéraux, des débats se dégagent concernant le rôle de l’État dans l’éducation, plus précisément, dans son financement. Ce qui laisserait à voir l’éducation comme un bien public. D’autres auteurs défendent en effet que, l’éducation devrait être gratuite pour tous, que tout le monde sans exception doit y avoir accès, car elle est plus que nécessaire. Le système d’enseignement serait ainsi classé parmi les services publics. Dans cette optique, l’éducation serait un investissement dont l’État est chargé d’en prendre les responsabilités. Le budget national contiendrait ainsi une partie destinée à l’éducation. Et comme tout bien public, l’éducation renferme des économies externes qui justifieraient la rentabilité de l’investissement. J. Vaizey1 lui-même a affirmé que l’éducation rapportait tout comme l’investissement physique et même plus. Tous les grands économistes traditionnels ou contemporains admettent les vertus de l’éducation pour l’économie et la société. Certains ont parlé de moyen de se doter d’une intelligence et rationalité, d’établir l’harmonie sociale et de concourir à l’épanouissement individuel, d’autres la considèrent comme un moyen d’élever le niveau de vie social des individus par l’intermédiaire des revenus et le niveau économique d’un pays par l’intermédiaire de la production. Mais quel lien existe-t-il donc entre éducation et développement ? 2.2. Lien entre éducation et développement Comme il a été démontré par un certain nombre d’économistes, il existe bel et bien un lien entre éducation et développement. Ce lien est créé grâce aux différents objectifs assignés à l’éducation et grâce à l’aspect même que prend le développement. a. Les objectifs de l’éducation Les caractéristiques d’un système d’enseignement déterminent les aspects d’un milieu socioculturel. Il reflète les valeurs, les tendances et les règles de vie caractéristique de ce milieu. En d’autres termes, « l’éducation est l’agent de transmission d’une culture »2. Mais à côté de cela, l’éducation permet aussi à l’individu d’intégrer la société dans laquelle il vit et c’est dans ce sens-là que l’éducation participe au développement des activités économiques d’un pays. 1. Objectif culturel Le patrimoine culturel « inclut les connaissances, les croyances, les arts, la morale, la loi, la coutume et toutes les aptitudes et habitudes acquises par l’homme en tant que membre

1VAIZEY J., « économie de l’éducation », Économie et civilisation, Les éditions ouvrières, Paris 1964 2http://www.éducation pour tous.com, 15 janvier 2015, vers 15h 29

de la société »1. C’est ce patrimoine culturel que le système d’enseignement se veut de transmettre de génération en génération car il « ouvre l’avenir à l’enfant en le dotant du passé »2 selon les propos de J. Lacroix. S. Mill définit clairement la finalité de l’éducation en ce sens que la base de l’éducation est « la culture que chaque génération transmet délibérément à celles qui lui succéderont, dans le but de les rendre capables à tout le moins de conserver et si possible d’augmenter le niveau d’amélioration qui a été atteint ». D’ailleurs, on ne peut nier que les facteurs socioculturels sont susceptibles de jouer, à l’égard du développement, un rôle de frein ou de moteur. C’est dans cette perspective que le système d’enseignement définit son but qui est de créer et de développer chez l’enfant et l’adolescent les connaissances et les aptitudes de l’homme cultivé tel que le reconnait le milieu socioculturel existant. Cet objectif général de « conservatisme culturel » fait de l’éducation un facteur de changement. Elle oriente l’homme vers les activités favorables au développement, permet à celui-ci de dépasser les croyances et les traditions qui l’empêchent de s’ouvrir vers le monde de la vie active. C’est aussi dans cette optique qu’A. Smith avait accordé une importance considérable à l’éducation. Le système d’enseignement est donc un agent favorable au développement. 2. Objectif social L’éducation, avec le système d’enseignement qui l’intègre, constituent une instance de socialisation en ce qu’ils font participer l’individu aux connaissances et aux valeurs du groupe. L’éducation est un agent de transformation sociale. Elle vise à l’épanouissement et l’intégration de l’individu dans la société. Au XVIIème siècle, J.-J. Rousseau écrivait dans l’Emile que « le pauvre n’a pas besoin d’éducation », et un siècle plus tard, il a été admis que l’école était un luxe. Puis à la fin de la deuxième Guerre Mondiale, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) a insisté sur cette finalité de l’éducation en stipulant dans l’article 26 alinéa I que « tout homme a droit à l’éducation » et que l’enseignement de base doit être gratuit et obligatoire pour tous ainsi que l’accès aux autres niveaux d’enseignement doit être ouvert à tous selon leur mérite. Cette inaccessibilité à l’instruction explique en partie les inégalités sociales observées entre les pays développés et les PED. La DUDH rajoute dans le second alinéa que « l’éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales».

1http://www.éducation pour tous.com, 15 janvier 2015, vers 15h 2 Jean Lacroix, Cahier de l’INSEA, n°126, Juin 1962 30

Seulement, ce but est négligé en faveur des objectifs plus utilitaires tels que la croissance économique. 3. Objectif économique C’est devenu la base de l’économie de l’éducation depuis quelques décennies. En effet, il se trouve que l’éducation joue un rôle moteur ou tout au moins permissif de l’activité économique. Le système d’enseignement a pour objectif de préparer l’individu au milieu et à la vie professionnelle, d’adapter la formation des individus aux besoins de l’économie, bref de «donner au facteur travail la possibilité ultérieure d’être plus productif»1. Cette théorie est basée sur l’analyse du facteur humain, devenu crucial et très exigé avec l’évolution de l’économie dans le monde. Il doit répondre aux besoins de main d’œuvre qualifiée pour améliorer de manière permanente la productivité, de même que la machine productive avec les techniques de production. Cette fonction est à l’éducation, et c’est dans ce sens où elle améliore les compétences du facteur humain qu’elle constitue un facteur de développement.

En se focalisant sur ces trois finalités, le système éducatif joue un rôle important dans le développement économique d’un pays, passant par la culture des valeurs qui façonnent l’individu en un être meilleur, prenant part au développement de la société. Néanmoins, l’éducation peut poursuivre plusieurs fins ayant ou pas de relations avec le développement économique. Mais puisque c’est l’ultime objectif que l’éducation cherche à réaliser, voyons comment pourrait-elle y parvenir et en quoi exactement contribue-t-elle dans le développement économique.

1PAGE A., Op.cit., p .26 31

CHAPITRE II : LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET L’ÉDUCATION Ce chapitre va nous permettre de voir la relation entre l’éducation et particulièrement l’éducation à et le développement. SECTION I : DÉPENDANCE ENTRE L’ÉDUCATION ET LE DÉVELOPPEMENT Cette section sera consacrée à l’analyse de la relation entre éducation et développement. 1. Le développement économique et éducation 1.1. Définition Le développement est un ensemble de transformations sociales, économiques, technologiques, se traduisant par une amélioration du niveau de vie et du bien-être d’une population donnée1. Dans le langage courant, on assimile souvent la croissance d’un pays par le développement lui-même, pourtant la croissance n’est qu’un moyen pour arriver au développement. Ce dernier recouvre différents aspects, on parle de multi dimensionnalité du développement. 1.2. Rôle de l’éducation dans la croissance économique Dire que l’éducation joue un rôle dans la croissance économique, c’est admettre que celle-ci influe sur la production et sur les revenus par la suite. En effet, la croissance économique se traduit par une augmentation de la production sur le long terme ainsi que des revenus qui en découlent. Comment cette influence de l’éducation sur la production s’est-elle manifestée ? La théorie économique a toujours été considérée comme étant les deux facteurs de production principaux : capital et travail, jusqu’au moment où Robert Solow a intégré dans la combinaison productive le progrès technique. Avant cela, la croissance de la production a été considérée comme purement quantitative, c'est-à-dire résultant de l’accroissement des quantités de capital utilisé ou du nombre de travailleurs participant à la production. C’est pour autant que les économistes ont accordé beaucoup d’importance à l’accumulation du capital. Puis les études ont montré une baisse du rapport capital-produit alors que la production évoluait. C’est ainsi que des interrogations se sont posées sur la nature du progrès technique et

1Noro RANDRIANANDRAINA, Cours de Comptabilité Nationale, 2ème année Economie, Université de Toamasina, 2003 32

sur les facteurs d’amélioration de la productivité. C’est Odd Aukrust1 qui a initié l’étude de la mesure de la contribution de l’éducation dans la croissance économique, partant de l’analyse de la fonction Cobb Douglas. L’éducation intervient dans la croissance par l’intermédiaire du facteur humain. Et selon lui, ce facteur humain (ou capital humain), représenté par l’organisation, joue un rôle aussi important que le capital physique dans la production. Les analyses empiriques faites aux États-Unis montrent l’apport considérable de ce troisième facteur par rapport au capital physique. a. Investissement dans l’éducation (ou dans le capital humain) Après le constat de cette contribution du facteur humain dans la production, il a été décidé d’investir en l’homme par le biais de l’éducation qui lui fournit les connaissances et compétences nécessaires à l’amélioration de sa productivité. Il s’agit là d’assimiler l’éducation à un capital qu’est le « capital intellectuel ». C’est une caractérisation des résultats de l’investissement en la personne humaine qui se rapporte à la connaissance et au raisonnement. En effet, le capital intellectuel est le capital qui se rapporte à l’homme. Et comme tout capital, le capital humain est comparé à un facteur de production contribuant ainsi à la production de biens matériels. C’est par l’intermédiaire de l’éducation ou des formations que ce capital se forme. D’où, l’attention portée à l’égard de l’éducation considérée comme un investissement qui rapporte beaucoup. A. Page traite deux types d’investissement dans l’éducation : l’investissement directement productif identifiant l’éducation à un capital qui accroit l’efficacité de l’homme au travail, et l’investissement en infrastructure ce qui laisse à apprécier l’éducation comme une condition au développement. Ce point de vue nécessite la prise en compte des couts liés à l’éducation. Effectivement, que ce soit l’une ou l’autre forme d’investissements des coûts sont engagés dans la construction de bâtiments, l’acquisition des matériels et équipements, la formation et le recrutement des ressources humaines qualifiées. Les dépenses dans l’éducation doivent aussi bien comprendre celles faites par les familles et les élèves incorporant les différents frais de scolarité que celles faites par les autorités publiques. Mais l’évaluation des dépenses totales vont au-delà des coûts tangibles car il y a aussi les coûts réels subis par les étudiants. T. Schultz2, dans son ouvrage « Capital Formation by Education » a développé le concept de « revenu abandonné » désignant le coût d’opportunité subi par les étudiants

1 AUKRUST O., Investissement et croissance économique, Revue de la mesure de la productivité, n°16, OCDE, Paris, 1959 2SCHULTZ T., « Capital formation by education », A.E.R., document 5 807, février 1960. 33

supporté par les étudiants lorsqu’ils doivent choisir entre l’alternative étudier et travailler car le temps passé dans les établissements scolaires pourrait leur servir dans un emploi rémunérateur. Face à ces dépenses, les ressources doivent être allouées efficacement afin d’éviter le gaspillage, ce qui conduirait à définir une structure de scolarisation (niveaux et types d’études) correspondant à une structure professionnelle adaptée selon le niveau de développement souhaité. J. Vaizey parle de « plan de main d’œuvre » indiquant ainsi le plan d’enseignement à suivre afin de répondre ou de définir les besoins en main d’œuvre dans le pays. Cela requiert de prévisions à court et à long terme dans l’analyse du travail, concourant à un objectif précis qui est d’avoir des mains d’œuvre qualifiées satisfaisant la demande du marché du travail. b. Rentabilité de l’éducation (ou du capital humain) Il s’agit là de démontrer qu’il y a vraiment une relation positive entre éducation et production, ce qui justifierait les dépenses engagées. Ces démonstrations ont été les œuvres de T. Schultz et de G. Becker. Selon eux, la contribution de l’éducation au bien-être économique peut se mesurer de deux façons : d’après ses avantages directs et d’après ses avantages indirects.

1. Avantages indirects liés à l’éducation Ceux-ci peuvent être appréhendés à travers les « économies externes », plus concrètement le développement du savoir et des aptitudes reconnues comme des externalités issues du système éducatif. Grace à cette accumulation de connaissances, l’éducation est directement lié au progrès technique, qui au point de vue de l’activité économique apparaît essentiellement comme « la création de connaissances nouvelles et leur mise en œuvre dans des activités productives »1, indispensable dans la vie économique. Les aptitudes innées et les connaissances scientifiques acquises par un certain nombre d’individus leur conduisent à l’invention dans le processus économique et la mise en pratique de cette invention se matérialise par l’innovation, phénomène qui relate encore les bienfaits de l’éducation grâce à leur retombée sur l’économie. Nul ne peut nier le rôle joué par le progrès technique dans le processus économique. S. Kuznets parle à ce sujet d’ « accumulation de connaissances contrôlées » comme facteur fondamental de la croissance économique. Par ailleurs, l’éducation forge l’individu à avoir un comportement rationnel développé grâce à ses capacités d’analyse et de conception. Ce caractère importe beaucoup sur le plan économique car il influe sur les décisions prises par les agents notamment en matière

1Définition d’André PAGE, 34

d’investissement. L’éducation aurait donc une influence permissive du point de vue de la fonction d’épargne des individus et des ménages, déterminant crucial des politiques économiques, et permettrait également aux agents économiques de mettre en œuvre des projets basés sur des choix et des analyses rationnels. 2. Avantages directement liés à l’éducation Le rapport direct de l’éducation dans l’économie est évalué à partir des revenus des individus. Dans la pratique, les salaires des hommes diffèrent les uns des autres selon leur niveau d’éducation. Deux constats ressortent de cette thèse : d’un côté, l’éducation est un facteur d’inégalité de revenus et inversement peut être aussi « une grande force égalisant non seulement d’un point de vue social mais aussi d’un point de vue économique » (J. Vaizey) ; et d’un autre côté, l’éducation apparait comme un investissement dans les personnes et que cet investissement rapporte, i.e. le temps et l’argent y sont consacrés sont « payants ». Pigou soutenait même, dans l’article Wealth and Wealfare, Londres 1912, que « le produit net des ressources intelligemment investies dans les personnes est plus élevé que celui des ressources intelligemment investies dans le capital humain ». En d’autres termes, un enseignement rapporte tout comme un investissement en capital physique. Toutefois, G. Becker1 avait souligné que, ce n’est pas l’éducation en elle seule qui est source de revenu, mais en réalité, l’éducation sert de canal aux divers facteurs professionnels (qualités, productivité,…du travail), qui grâce aux aptitudes et connaissances issues de l’éducation, établit un lien direct entre celle-ci et les revenus. Ces théories montrent qu’il est possible de concevoir l’activité économique autrement qu’en termes matériels. L’économie n’a pas uniquement besoin d’accumuler du capital physique pour assurer son développement, mais surtout d’un système éducatif efficace pour constituer le capital humain. Cela revient à s’engager dans une voie de développement où la priorité est accordée à l’éducation, qui s’avère mener vers une issue prometteuse. 2. Éducation et développement humain Si la plupart des théories sur l’éducation ont mis l’accent sur le lien entre éducation et croissance économique, l’approche de l’éducation se rapportant la dimension individuelle mérite également d’être approfondie.

2.1. Notion de « développement humain » Les économistes ont déjà bien remarqué à quel point le développement socio- économique a un lien étroit avec la croissance économique. Ils sont convaincus que seule la

1BECKER G.,” Human Capital”, National Bureau of Economic Research, Colombia University Press, 1964 35

croissance économique permet d’assurer un développent d’un pays. Ce fut A. Sen1 qui a mis en relief la conception du développement économique par le biais du développement humain. Car selon lui, la richesse n’a de signification que si elle permet d’obtenir ce qu’on veut. Et il définit le développement, dans son ouvrage intitulé «Développement as Freedom», comme étant «le processus par lequel les libertés réelles des personnes s’accroissent ». Ces libertés réelles ne sont autres que la : - liberté sociale : celle d’être en bonne santé, de vivre dans le confort, d’avoir accès à l’éducation et à tout ce qui permettrait l’épanouissement de l’individu. - liberté politique : celle de pouvoir parler, publier, participé à toutes les activités sociales et politiques… - liberté économique : celle de pouvoir entreprendre librement, d’avoir le niveau de revenu souhaité. Dépassant ainsi la conception économique limitée du développement, A. Sen parle du développement multidimensionnel. Pour lui, la croissance économique ne saurait être considérée comme une fin en soi, mais simplement comme un moyen permettant aux individus réaliser leurs projets, de vivre comme ils le souhaitent, et que tout processus de développement devrait prendre en compte ces aspects sociaux comme principaux objectifs. Comme A. Sen l’a démontré dans ses différents articles sur le développement humain, pour un certain nombre de pays, le développement économique est entravée par la lenteur, voire l’absence de création de possibilités de développement social, ce dernier étant matérialisé par l’importance donnée à l’éducation élémentaire et aux soins de santé de base, à une large participation économique de la population. L’élargissement de ces possibilités de développement social pour d’autres a facilité un développement économique. Dans cette approche multidimensionnelle du développement, A. Sen reconnait que la misère est un état global dont les composants sont bien plus complexes que l’insuffisance de revenu. Par ailleurs, lutter contre la pauvreté, selon lui, c’est considérer un par un les composantes de celles-ci : accès à la formation, à l’éducation, à la santé, restauration des capacités, des droits, en plus d’un meilleur revenu. Enfin, il insiste sur le fait que les hommes sont des « agents et non les patients » du développement, i.e. que le développement doit s’entreprendre par l’action individuelle, d’où l’élargissement des capacités en vue de cet objectif.

1SEN A., Development as freedom, Oxford University Press, 1999. 36

2.2. Rôle de l’éducation dans le développement humain Si telle était la définition attribuée au développement, quelle sera la contribution de l’éducation dans le développement de l’individu ? La mesure du développement humain tourne autour de trois aspects définis par l’IDH, Indicateur de Développement Humain élaboré par le PNUD : longévité et santé, instruction et accès au savoir, possibilité de disposer d’un niveau de vie décente. Dans le Rapport des Nations Unies en 2003, ayant comme thème « Population, éducation et développement », un lien évident est établi entre éducation, santé et mortalité. En effet, les variations du taux de mortalité dans les PED et les pays développés s’expliquent par le niveau d’instruction des populations de ces pays. Si dans les premiers, le taux de mortalité, notamment celui relatif aux enfants, est sensiblement plus élevé du fait du manque d’éducation et donc de connaissance des parents, négligeant ainsi la santé de leurs enfants, dans les pays développés, outre le fait que les parents savent ce qu’ils doivent faire dans de telle ou telle situation, ne prennent pas le risque de mettre au second plan la santé. Par ailleurs, il y a également un lien entre éducation et entrée dans la vie procréative, et éducation et fécondité. Ainsi, les femmes plus instruites se marient tardivement, ont moins d’enfants et accouchent dans des conditions plus aisées évitant ainsi les complications voire la mort. Or, celles qui n’ont pas eu une certaine éducation portent leur premier enfant très jeune encore, et certaines ne se marient jamais mais finissent mères célibataires. À part cette maternité précoce, les grossesses non désirées sont aussi des situations assez fréquentes au niveau des populations défavorisées. L’éducation sexuelle des adolescents ne se faisant que dans les établissements scolaires, la plupart de ces jeunes n’ont pas les moyens d’y accéder ou exercent précocement l’activité sexuelle. À cela s’ajoute encore le nombre élevé des enfants. Paradoxalement, plus une femme est pauvre, plus elle a beaucoup d’enfants, et plus une femme est riche ou plus elle a atteint un certain niveau d’études, plus elle limite les naissances. La taille de la famille et la fécondité élevée sont généralement liées au manque d’instruction de la population (homme et femme). A. Marshall soutenait l’idée de sir Francis Galton comme quoi l’éducation dans une société humaine, comme le talent, est un héritage qui se transmet de génération en génération, et ce dans des conditions particulières : les musiciens avaient des enfants musiciens, des criminels avaient des enfants criminels et même l’adage malgache le confirme : « Izay adala no toa an-drainy », traduit par « Insensé celui qui ne fait pas mieux que son père ». Et il fut aussi le constat que le génie n’était pas seulement une race très rare et en voie de dégénérescence, mais aussi qu’il était un facteur prépondérant du développement social. Tout

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cela mène à dire que, le niveau d’instruction de chaque individu n’est pas uniquement un déterminant du développement humain mais contribue aussi à atteindre l’objectif « instruction et accès au savoir » de la population. Enfin, vivre dans le confort et dans la décence nécessite un certain niveau de revenu monétaire, permettant à l’individu et aux ménages d’acquérir certains biens et services pour cette fin. On l’a démontré plus haut, de quelle manière l’éducation constituerait une source de revenus pour ses bénéficiaires. Ainsi, l’éducation a des influences positives à la fois sur la société et sur l’économie d’un pays. Elle joue un grand rôle dans la croissance économique, par le biais du capital humain, et dans le développement social par le biais des connaissances et savoirs nécessaires à l’épanouissement de l’individu. Choisir l’éducation comme voie menant vers le développement, c’est seulement considérer celui-ci dans tous ses aspects possibles tel qu’il a été défini par le PNUD et par A. Sen. Madagascar est un pays sous développé qui poursuit après la croissance et le développement depuis de longues années. Si l’éducation, comme on l’a dit, jouait un rôle primordial dans l’atteinte de cet objectif, celle-ci devrait être considérée comme une priorité nationale. SECTION II : ENSEIGNEMENT ET SES ACTEURS Il importe de connaitre le système éducatif à Madagascar, afin de mieux comprendre l’éducation au niveau régional. 1. Politique nationale et système éducatif à Madagascar A. Politique nationale Depuis quelques années, plus précisément depuis la troisième république, l’Etat Malagasy a beaucoup axé sa politique dans l’amélioration et la vulgarisation de l’enseignement et de la santé publique à Madagascar : les fameux slogans en sont : « Education pour tous » et « Santé pour tous »… C’est ainsi que l’école s’est rapprochée un peu plus de la population surtout dans les milieux ruraux : presque tous les Fokontany sont actuellement dotés d’au moins un EPP. L’objectif en est que chaque enfant du monde rural puisse arriver au moins en CM2 et obtenir ainsi le premier diplôme qui pourra lui servir dans un quelconque usage de sa vie future, à défaut de pouvoir poursuivre les autres étapes de ses études faute de moyens et de possibilités. N’empêche que beaucoup de ces enfants, pour diverses raisons, abandonnent en chemin ces formations scolaires du niveau primaire. Ainsi le ministère de tutelle, c’est-à-dire le Ministère de l’Education Nationale est structuré de manière

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à pouvoir se rapprocher davantage de la population surtout celle du milieu rural dans sa politique et son objectif. 1.2. Législations en matière d’enseignement La loi qui régit l’enseignement à Madagascar surtout pour les EPP et qui reste encore en vigueur est la loi n°78-040 du 26 juillet 2004 qui stipule qu’un EPP est dirigée par un directeur d’école et qu’il doit avoir des instituteurs ou institutrices adjoints pour faire fonctionner son établissement. Il reçoit directement ses instructions, émanant de la CISCO, du chef ZAP (Chef de Zone d’Animation Pédagogique) sur le plan Sport scolaire, il est aussi assisté d’un animateur de la FOSEP (Fédération OmniSport dans les Ecoles Primaires) quoique cette dernière structure soit plus ou moins peu remarquable, faute de personnel formé dans ce sens. Les horaires de fonctionnement d’un EPP sont de trois types, selon toujours cette législation : - Ecole à plein temps : les mêmes groupes d’élèves qui reviennent deux fois la même journée (matin et après-midi). - Ecole à horaire continu : les mêmes groupes qui étudient de 7h30 à 13h30, et ne reviennent plus le même jour. - L’horaire appliquée par les établissements qui ont beaucoup d’effectifs : la demi- journée jusqu’à 12h30 pour un groupe et un autre groupe jusqu’à 17h30. a. La coopérative scolaire Comme nous le savons, l’enseignement dans ces écoles publiques est gratuit mais il existe une cotisation annuelle par élève appelée coopérative scolaire dont le taux varie par établissement mais est fixé par la réunion de parents d’élèves (l’APE ou le FRAM d’aujourd’hui) dans le but de pourvoir acquérir de certains matériels consommables pédagogiques : craies, cahiers, nappes de table, etc…. b. Le Jardin scolaire et la cantine scolaire Certains établissements, surtout ceux du milieu rural s’organisent pour avoir leurs propres jardins scolaires et dont les produits agricoles sont souvent destinés à approvisionner leur cantine scolaire dans le cas de l’existence de cette dernière ou le cas échéant, à la vente pour renforcer la caisse de la coopérative scolaire. Toutefois l’intervention du projet AIM- Tafitasoa (Tantsoroka ho an’ny fianaran’ny ankizy Analanjirofo) a appuyé les acteurs éducatifs à faire fonctionner les cantines scolaires durant l’année scolaire 2012-2013. .2. Principaux acteurs concernés Sont concernés pour le bon fonctionnement d’un établissement post-primaire public ; - La Circonscription Scolaire ou CISCO ;

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- La ZAP ; - Le Directeur de l’école et ses adjoints ; - Les élèves ; - Les Autorités locales, notamment le Chef du Fokontany; - La FRAM ; Les ONG (Dans quelques rares cas) qui optent pour venir en aide à certaines écoles 2.1. Ecoliers et enseignants Les enfants Ils sont scolarisables, toujours d’après la législation en vigueur, à partir de six (06) ans et en principe, un élève reste environ dans une école primaire publique pendant environ six ans dans le cas de non redoublement à chaque niveau. Aujourd’hui, le triplement n’est plus admissible particulièrement dans un établissement public. Il se soumet automatiquement aux disciplines scolaires dès son inscription dans le registre de son école, à savoir le respect des horaires, la propreté corporelle et vestimentaire ainsi que celle des effets scolaires, la participation à toutes les activités scolaires et parascolaires, etc.... Son renvoi n’est autorisé par la législation qu’après une faute grave sur la discipline et qui est déjà passée devant le conseil de discipline de l’établissement et dont un compte rendu aurait reçu l’aval du Chef de la CISCO. Dans les EPP de la zone d’étude, la FRAM s’occupe du paiement du salaire de certains enseignants non-fonctionnaires. Les enseignants dans une école publique sont de trois types :  Les enseignants fonctionnaires ;  Les enseignants semi-fonctionnaires appelés aussi « contractuels » qui deviendront des fonctionnaires au terme de leur contrat ;  Les enseignants payés par la FRAM dénommés enseignants non fonctionnaires ou ENF (subventionnés et non subventionnés).

Ils sont malgré tous censés avoir reçu la formation pédagogique adéquate. Néanmoins, ils bénéficient encore d’une assistance pédagogique continue de la part de la CISCO et de la ZAP. Selon la loi 78-040, ils sont dans l’obligation d’effectuer 27heures hebdomadaires de travail dans l’établissement où ils exercent, mais c’est encore variable suivant la situation de chaque établissement. Ils sont aussi redevables de participer aux différentes activités sportives et parascolaires de l’établissement : sports scolaires, jardin scolaire, cantine scolaire (cette dernière s’effectue en collaboration avec les membres de la FRAM).

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Les ENF sont payés par la FRAM avec des montants variables selon les possibilités des parents d’élèves : 50 000 à 70 000 Ar/mois avec du riz pour les non-subventionnés (10 gobelets/parents/an). Pour contribuer à l’amélioration de qualité de l’enseignement et en partenariat avec l’Unicef, Aide et Action a décidé d’octroyer des séances de formation à tous les enseignants pendant les grandes vacances et durant 15 jours. Les Maires et deux jeunes paires éducateurs ont assisté aussi à l’atelier pour faciliter l’ancrage au niveau communautaire.

2.2. FRAM et parents L’APE ou la FRAM est l'association des parents d’élèves. Elle travaille en étroite collaboration avec le directeur d’école ainsi qu’avec les autorités locales. Elle gère les différentes sources de budget de fonctionnement pour l’appui aux besoins matériels, surtout en mobiliers scolaires. Sa caisse est appuyée par la cotisation annuelle de chaque parent d’élève et quelques fois aussi par la subvention allouée aux établissements publiques et privés par la CISCO. Selon la législation, c’est la FRAM qui est responsable de la dotation et de la maintenance en mobiliers scolaires ; tandis que la nouvelle construction et la maintenance scolaires sont du domaine des attributions du Fokontany. D’une manière générale, les membres du bureau de la FRAM dans la zone d’études comprennent :  01Président,  01Vice-président,  02 Secrétaires,  02 Trésoriers,  07Conseillers. 2.3. Circonscription scolaire (CISCO) La CISCO représente le Ministère de l'Éducation National (MEN) au niveau de chaque district. Elle est aussi en relation avec les autorités administratives au niveau du district. Elle est dirigée par un chef qui a sous ses ordres des différents services :  L’Adjoint administratif ;  L’Adjoint pédagogique  Les conseillers pédagogiques ;  Le Service de la scolarité qui s’occupe des examens officiels ;

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 Le Service du personnel ;  Le Service des Écoles (publiques et privées) ;  Le Service financier qui s’occupe de tout ce qui est de la finance (Bon de Caisse, indemnités, avancements, etc…). Les enseignants doivent quant à eux être toujours en relation avec la CISCO, organe officielle dont ils dépendent entièrement. En dehors de leurs obligations quotidiennes, ils sont donc en contact permanent avec la CISCO, soit pour des formations, soit pour d’autres avantages personnels… La CISCO est donc le soutien officiel au niveau du district des établissements scolaires, surtout publiques. En dehors de son assistance (ou de ses sanctions) au personnel enseignant, elle dote aussi ces établissements en matériaux et mobiliers scolaires : tôles, ciments, peintures, table-bancs… Pour les sanctions, la CISCO les attribue au personnel récalcitrant dans l’accomplissement de leur fonction : abandon de poste ; absences fréquentes, manquements aux attributions pédagogiques comme les fiches de préparation… Pour le district de Soanierana Ivongo, la CISCO a à sa disposition une voiture 4X4 et un chauffeur. Elle est localisée dans un local de bureau en tôle. Cette condition de travail est très dure dans cette région chaude surtout en période de grande chaleur. Les mobiliers de bureau sont en mauvais états malgré les appuis déployés par les ONG. Les chefs ZAP sont dotés d’une moto. C’est la CISCO qui coordonne les activités pédagogiques de la ZAP et le Chef de cette dernière travaille à son tour étroitement avec les Chefs d’établissement publiques et /ou privés, primaires et secondaires confondus. L’équipe pédagogique comprenant les Conseillers Pédagogiques (02) et les Chefs ZAP assurent ainsi le suivi des activités dans l’ensemble du district. 2.4. Acteurs indirects a. Les autorités locales et traditionnelles En général, la tradition locale sur l’empêchement des enfants d’aller à l’école n’existe pratiquement pas. Malgré tout, le taux de fréquentation scolaire se réduit progressivement en cours d’année scolaire particulièrement chez les filles. Cette réduction est très souvent due aux problèmes familiaux : difficultés financières, causes matrimoniales… En effet, à 13 ans, beaucoup de filles abandonnent l’école soit pour aller se marier, soit tout simplement en étant enceintes. En ce qui concerne les enseignants, , ils font aussi l’objet d’un suivi discret de la part des autorités locales car ce sont souvent elles, en collaboration

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avec la FRAM, qui jugent l’efficacité ou non d’un enseignant. Elles se mettent donc en rapport soit avec la ZAP ou directement avec la CISCO. b. Les ONG et projets œuvrant dans le district de Soanierana Ivongo Plusieurs organismes interviennent dans le district de Soanierana Ivongo dont certaines œuvrent directement ou indirectement dans le domaine de l’enseignement. Le tableau ci-dessous montre les informations sur ces ONG et projets.

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Tableau n°V: ONG et projets intervenant dans le district et touchant le domaine de l’éducation

Nom du projet Période de Domaine d’intervention Observations et Organisme de mises-en mise en œuvre œuvre

Réhabilitation de piste, AGR de Intervention femmes célibataires, urgences, terminée Toilette au niveau des EPP, Care 2005-2011 réhabilitation de bâtiments scolaires, Adduction d’eau potable, latrines

Construction de bâtiments FID scolaires

Amélioration de l’éducation des filles La participation à travers des appuis spécifiques des féminine a été filles vulnérables très remarquée Aide et Action 2009- 2013 Construction des infrastructures lors de la mise en scolaires (latrines séparé et terrain de œuvre de ce basket, campus vehivavy) projet Appuis de promotion de l’éducation La formation des pour tous en particulier les filles FRAM sur la vie (Appui des AGR des FRAM/ cantine associative joue scolaire/ cours de répétition pour les de rôle 7ème…) prépondérante AIM Tafitasoa 2011-2013 sur le fonctionnement de l’association et surtout de l’établissement Approvisionnement en matériel didactique et en matériel pour les jardins scolaires, construction de UNICEF En continu bâtiments scolaires réhabilitation du bureau de la CiSCO en vue par passoba SAINT Adduction d’eau potable 2012-2013 GABRIEL Education inclusive Point insisté de plus sur l’insertion des Handicap 2012-2015 enfants avec International En cours déficience et aussi les enfants vulnérables Source : CISCO de Soanierna Ivongo, 2015

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Ce tableau nous montre les différents ONG et projets qui ont pour objectif d’améliorer et de promouvoir le développement de l’éducation dans la région.

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Cette première partie nous a permis d’obtenir des informations concernant la monographie du lieu d’étude, les généralités sur les concepts de l’éducation, en nous nous interrogeant sur ses définitions, formes, etc. En effet, ces différents éléments nous ont permis de voir l’importance de l’éducation par rapport au développement socioéconomique. De plus, cette partie a également été une occasion pour nous de connaître le politique de l’enseignement à Madagascar en général et dans la région d’Analanjirofo en particulier.

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DEUXIÈME PARTIE : ANALYSE ET VALORISATION DE L’ÉDUCATION DES FILLES ESSAI D’APPROCHE ECONOMIQUE

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A l’instar de la première partie de notre travail, cette deuxième sera également divisée en deux chapitres. « Impacts de l’éducation sur la vie sociale et économique » constituera le premier chapitre. Et le deuxième portera sur les « problèmes constatés et propositions de l’amélioration ».

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CHAPITRE I : IMPACTS DE L’ÉDUCATION SUR LA VIE SOCIALE ET L’ÉCONOMIE Ce chapitre va nous permettre de voir d’abord, la contribution de l’éducation sur le développement socio-économique de Soanierana Ivongo et ensuite la valorisation de l’éducation des filles, enfin, l’éducation dans la lutte contre la pauvreté et le système éducatif malgache. SECTION I : CONTRIBUTION DE L’ÉDUCATION SUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIO-ÉCONOMIQUE DE SOANIERANA IVONGO Cette section va nous permettre de voir la contribution de l’éducation par rapport au développement socio-économique de Soanierana Ivongo. 1. Effet qualitatif et quantitatif de l’éducation 1.1. Effet de l’éducation sur les motivations et les comportements Les effets qu’apportent l’éducation sur les motivations et les comportements varient et changent suivant le type même d’éducation que chaque individu reçoit .Ces effets sont surtout remarquables à partir de la possibilité de faire une épargne, d’innovation, de nutrition, d’hygiène, de fécondité. En outre l’éducation contribue pleinement à l’amélioration de sécurité alimentaire et la nutrition. En effet, il est à constater que très souvent des personnes instruites peuvent veiller dans une large mesure à ce que l’eau de boisson soit salubre et que les aliments soient bien cuits et préparés de manière adéquate par rapport aux consommateurs qui n’ont reçu aucune éducation. . De même, à partir de l’éducation, il est possible d’améliorer les instruments qualitatifs du développement comme : les valeurs, les motivations, l’attitude, le comportement et la conduite. On va expliquer successivement ces différents termes qui sont les effets positifs obtenus par le biais de l’éducation. a. Les valeurs Les valeurs représentent l’ensemble des préférences fondamentales d’une société. Dans le langage courant, la valeur est appelée « Le hen ». Il peut aussi définir la nature du développement du coté culturel différenciée, en fonction du quel peut être définies des modalités de développement. L’éducation peut améliorer ces valeurs qui sont des référentielles au niveau de vie d’un ménage car un chef de famille bien éduqué doit être conscient de l’importance de ces

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valeurs. Il pourrait faire des efforts pour parvenir à augmenter son niveau de vie familiale car l’homme instruit aurait largement des moyens lui permettant d’améliorer ses conditions de vie. b. Les motivations Les motivations qui reflètent le système de valeurs sont ce qui mène les individus ou les poussent à agir. Le mot connote à la fois mobile et motif, ce qui fait le peuple à participer aux développements locaux dans la région car la motivation est une force qui aide l’individu à finir ou à réaliser son projet. C’est pour cela qu’un économiste dit « Un homme instruit a une motivation de réussir dans sa vie ». Pour illustrer ce propos, il suffit de voir au niveau de fokontany, les femmes qui ont passé le banc de l’école se démarquent toujours et n’hésitent pas de prendre de responsabilité au sein de la société. c. Les attitudes Les attitudes désignent la façon dont une personne se situe par rapport aux objets de valeurs (Staetzel 1963). L’attitude consiste en une position d’un agent (individuel ou collectif) envers un objet (personne, groupe, situation, secteur). L’attitude peut s’exprimer plus ou moins ouvertement à travers de symptômes ou indicateurs (paroles, ton, actes, choix). Il ne s’agit donc pas de rechercher la cause des actes. Nous avons constaté que les deux concepts se situent l’un et l’autre entre les valeurs et les conduites et ce n’est que l’homme éduqué pouvant régler cette attitude et cela c’est un atout. Car l’homme instruit s’adapte facilement quel que soit le contexte. A Soanierana Ivongo, les attitudes envers l’éducation varient suivant la zone géographique. Dans les communes enclavées, avec peu de personnes avec des diplômes et bien placées pour servir de modèle, le sort après l’étude est peu représenté et c’est encore très empiré par l’acquisition facile des grosses sommes d’argent au moment des périodes de récolte. d. Les comportements La notion de comportement a un sens courant, la matière d’agir telle qu’on peut l’observer. Mais en psychologie, il désigne plus précisément une réaction observable des événements. Le comportement d’un homme éduqué est très souvent différent de celui qui ne l’est pas. L’éducation est une arme redoutable contre la criminalité et l’insécurité. 1.1.1. L’éducation améliore l’origine sociale des enfants Jusqu’ici il n’y a pas encore d’étude statistique montrant l’origine sociale des enfants, mais par simple analyse théorique, nous constatons que les enfants qui ont une mère éduquée

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sont très souvent plus favorisées sur le plan de l’éducation. L’amélioration de l’origine sociale des enfants nécessite beaucoup de préparations. Cela commence dès que la femme est enceinte. Les femmes éduquées sont mieux informées en ce qui concerne le processus de développement de l’enfant que celles qui ne le sont pas. Les enfants issus de familles pauvres sont souvent mal nourris et sous- alimentés. Ces problèmes de malnutrition et de sous-alimentation ont des effets sur l’avenir de ces enfants. Souvent quand ces enfants entrent dans leurs vies active, ils sont doublement handicapés par leur moindre intelligence et par leur moindre scolarisation, par voie de conséquence, ils gagnent des salaires moindres. Les conséquences économiques de ces effets sont donc faciles à concevoir mais difficile à mesurer. Pour assurer un avenir meilleur d’un enfant, il faut s’en occuper dès sa naissance, c’est pour cela Jean Jacques Rousseau (dans l’Emile 1762) a stipulé : « Donner à l’enfant le désir d’apprendre et toute méthode sera bonne ». L’origine sociale des enfants est typiquement qualitative pour qu’on ne soit pas capable de le mesurer. 1.1.2. L’éducation améliore la qualité de l’individu La qualité de l’individu est un phénomène individuel. Cette qualité dont on parle concerne surtout l’intégrité et l’honnêteté d’un individu. a. L’intégrité D’une manière générale, l’intégrité c’est la qualité d’une personne. En économie, la notion d’intégration indique le regroupement, l’unification ou l’articulation et la coordination d’éléments entièrement séparés en vue de constituer un ensemble cohérent. Mais en sociologie, la notion d’intégration c’est le degré de conformité des comportements individuels et de groupes partiels qu’attend la collectivité ou le corps social global. b. L’honnêteté La notion d’honnêteté désigne la qualité morale d’une personne. Être honnête, c’est être conforme ou se conformer aux règles de la morale et de la loyauté. Quand on cherche un emploi, l’employeur n’exige pas seulement notre expérience professionnelle mais il peut exiger aussi notre qualité concernant l’intégrité et l’honnêteté. Par le biais de l’éducation, on peut améliorer ces qualités. Néanmoins il y a des gens éduqués mais qui n’ont pas de bonne qualité en matière d’intégrité et d’honnêteté. 1.3. Effet de l’éducation sur la répartition des revenus Bien que très lentement et même nécessairement échelonné sur une longue durée, qui correspond à la vie active, l’éducation ait bien un effet sur la répartition des revenus. Et cela pourrait se présenter sous deux formes : d’une part, les effets de mobilité ou de changement

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dans la répartition entre génération, d’autre part, les effets dits de redistribution à l’intérieur d’une génération. Ainsi pour ce premier type d’effets, reconnaissant que l’éducation est un facteur déterminant pour l’augmentation des revenus, sa diffusion est bien un facteur de mobilité sociale. En effet, l’accès de tous les enfants de toute catégorie, y compris ceux des plus pauvres, à l’éducation bien qu’il reste pour diverse raisons, est relativement inferieurs à celui des catégories riches. Mais portant sur des effectifs plus relativement nombreux, permet d’accroitre la mobilité. En ce qui concerne ce deuxième type d’effets, on peut expliquer d’une façon simple à partir de l’écart existant entre la rémunération du travail qualifié, qui n’a pas besoin d’être intellectuel, mais d’être physiquement fort. On peut prendre le cas général des médecins et des tireurs de pousse-pousse à Tamatave, les batlagistes au stationnement à Soanierana- Ivongo. 1.3. Effet de l’éducation sur d’autres types de la structure sociale. L’éducation, de par ses formes traditionnelles et plus encore extra-scolaires peut modifier les aspirations et aussi peut être source de d’illusion. D’ailleurs, lors de la conférence de Rio de Janeiro (1992) sur l’environnement et le développement, il a été dit qu’ « en effet, l’éducation, de type scolaire ou non est indispensable pour modifier les attitudes de façon que les populations aient la capacité d’évaluer les problèmes de développement durable et de s’y attaquer ». L’éducation est aussi susceptible de provoquer ou de favoriser selon des modalités et dans des directions variées, des changements sociaux et politiques. Dans ce sens, il n’est pas sans importance de signaler en passage que chaque changement ou alternance survenant sur le plan politique que ce soit d’une manière pacifique ou non. Et au niveau de chaque pays souverain du monde est en général initié ou mis en œuvre par des gens d’une certaine mondiale sur les droits de l’homme et l’information du public. Tout cela était indispensable pour promouvoir les relations harmonieuses entre les communautés et encourager la compréhension mutuelles, la tolérance et la paix. Par conséquent, l’éducation peut être aussi bien un facteur d’intégration et de construction nationale qu’un facteur de rupture de l’ordre établi. 2. Effet quantitatif de l’éducation dans le développement économique et sociale L’analyse quantitative des effets de l’éducation dans le développement économique et sociale nous montre les différents paramètres qu’on peut déterminer à l’aide des chiffres. Le programme d’amélioration de l’éducation et de la formation nous indique que l’éducation est

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une des clés ou levier du développement économique et social, parce qu’il peut modifier et améliorer les aspects suivants de la vie : . Amélioration du niveau de PIB, . Par les biais de l’éducation, on peut (réduire) maitriser : - Le nombre de natalité ; une femme instruite est conscient de nombre d’enfant qu’elle veut avoir selon sa capacité d’y faire - Le taux de mortalité infantile : plus une femme a passé plus de temps à l’école, plus elle est consciente et peut prendre de mesure adéquate concernant la grossesse à risque et connaît les conditions préalables pour avoir de bébé en bonne santé. - Le taux d’abandon scolaire : en outre des facteurs extérieurs liés à l’éducation, la qualité de service offerte en matière de l’enseignement sans oublier le passage à l’éducation préscolaire tiennent une place importante dans l’achèvement de cycle primaire. . On peut aussi améliorer: - Le taux de réussite par classe ; elle dépend surtout de la qualité de service de l’enseignement offert. - Le taux d’accès à (l’eau potable, latrine) …. ; 15% des établissements scolaires de la CISCO sont pourvus de point d’eau potable. 99% ont des latrines qui ont été construites grâce à l’effort propre de la communauté et l’appui des ONG. - Le taux d’achèvement des cycles primaires, secondaires ; au niveau primaire, et le taux d’achèvement scolaire pour le garçon a passé de 73% à 70% de 2011 à 2015 contre 81% à 75% pour les filles. - Le taux d’achèvement scolaire des cycles secondaires est plus faible, pour les garçons de 22% à 43% contre 21% à 46% pour les filles lors de la période de 2011 à 2015 . Le revenu réel par tète peut bien aussi être assuré grâce à l’éducation. Une femme éduquée aurait largement de chance de trouver des moyens pour améliorer son avenir. Elle pourrait être en bonne communication et en entente parfaite avec le mari. 2.1. L’éducation agit sur « l’offre biologique de l’enfant » L’offre biologique de l’enfant s’accroit dans la mesure où le couple est en bonne santé et éduqué. Pour les femmes, l’éducation peut favoriser le retard de la procréation. Pour modifier les attitudes envers la contraception qui est un moyen efficace pour la régulation des naissances, on doit connaitre ses modes d’utilisation. Une étude des effets qualitatifs de l’éducation dans le développement oblige à expliquer les analyses sur la croissance démographique. Étant donné que l’éducation peut

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contribuer à assurer à la baisse de la fécondité et au ralentissement de la croissance démographique, l’explosion démographique galopante en économie sous développé et ses implications obligent alors à mettre l’accent sur la politique de la population. 2.2. Effet de l’éducation sur la croissance démographique L’effet de l’éducation sur la croissance démographique est important, mais relativement difficile à préciser de telle sorte que les variables démographiques ont rarement été rendues endogènes pour le développement d’un pays ou d’une région. a. Effet de l’éducation sur la natalité La différence entre les facteurs médicaux et les facteurs socio-économiques est difficile à démontrer. Il faut également tenir compte de la mentalité de chacun. La politique de limitation de naissance est basée sur le facteur socio-économique. Dans la théorie de la croissance économique et de conséquence en 1955 Arthur Lewis indiquait que la baisse de la natalité était la conséquence directe de la croissance économique et rappelait qu’en Europe, elle avait précédé la découverte des moyens modernes de contraception (préservatif et pilule). L’utilisation des condoms rapporte beaucoup d’avantage. Outre l’absence de la fécondation, son usage permet d’éviter également la contraction des maladies sexuellement transmissibles comme la syphilis, SIDA, blennorragie. Selon notre point de vue, la diminution du nombre de naissance de 2011 dans l’ensemble du district montre que les femmes ou les ménages sont prêtent et capables de s’adapter à la stratégie liée à la réduction de naissance qui se présente comme suit : - L’accroissement du niveau d’éducation des femmes ; - L’accroissement du niveau de revenu de la famille ; - La volonté du couple pour limiter le nombre de leurs enfants. Enfin, on peut dire que quel que soit nos objectifs pour améliorer notre condition de vie, l’éducation est inévitablement nécessaire pour faciliter tout ce que l’on veut (exemple recherche d’emploi au salaire décent…). b. Effet de l’éducation sur la mortalité Du point de vue historique, l’influence de l’évolution économique sur la mortalité parait être remarquable. Au XIXème siècle, le développement économique était considéré comme le motif de la diminution de la mortalité. D’abord, l’accroissement de la production agricole et la bonne distribution des produits sont dus à l’amélioration des moyens de communication.

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Cette amélioration des moyens de transport et de communication qui a été remarquable particulièrement dans les zones rurales a pu contribuer à la réduction du taux de mortalité. Grace au progrès technique actuel, beaucoup de familles de région respective ont pu résoudre de nombreux problèmes sociaux. Ensuite, il faudra également souligner que les découvertes médicales ont également contribué à la réduction du taux de mortalité aussi bien dans les pays développés que dans les pays en voie du développement comme Madagascar. Suivant l’information qu’on a recueillie en 20121, on a enregistré une diminution du taux de mortalité de 5% de 2010 à 2011 particulièrement dans le district de Soanierana Ivongo. Graphique n° III: Taux de mortalité à Soanierana Ivongo de 2010-2011

Taux de mortalité 56%

55%

54%

53%

52%

51% Taux de mortalité

50%

49%

48%

47% 2010 2011

Source : INSTAT 2013

Comme nous l’avons déjà dit plus haut, cette réduction de 5% est due essentiellement à l’effet positif de l’éducation qui résulte des facteurs médicaux ou technique (vaccination, insecticides, antibiotiques). SECTION II : PERFORMANCE DE L’ÉDUCATION : S’AGIT-IL LA D’UN MOYEN POUR LUTTER CONTRE LA PAUVRETE ? Nous allons voir dans cette section, la contribution de l’éducation par rapport à la réduction de la pauvreté et à la performance de celle-ci.

1http://www.INSTAT.gov.mg, 15 janvier 2014, vers 15h 55

1. Contribution de l’éducation dans la lutte contre la pauvreté Un enfant né d’une famille alphabétisée : - a plus de chance de survivre en bas âge et acquiert les bases de l’apprentissage, - tend à se marier tardivement et avoir moins d’enfants, - est en meilleure santé, - a plus de chance d’aller à l’école et d’être encouragé par ses parents à y rester, - trouver plus facilement un emploi qualifié, - participe plus volontiers au respect de l’environnement. 1.1. Amélioration de l’emploi et le revenu des ménages Le premier impact de l’éducation sur un individu est l’obtention de l’emploi. En effet, une personne ayant reçu une éducation, quel que soit le niveau atteint, a plus de chance de trouver du travail comparé à un illettré. a. L’éducation et le chômage L’éducation peut contribuer à la diminution de nombre de chômeurs et à l’augmentation de revenus dans un ménage car elle permet en premier lieu de lutter contre la pauvreté permettant aux individus de trouver du travail et en second lieu d’augmenter la productivité du travail des pauvres. Il est prouvé qu’un travailleur ayant reçu un niveau minimum d’éducation produit beaucoup plus qu’un autre qui n’en jamais reçu. Une fois que le travailleur est capable de produire davantage, ses revenus augmentent, et il pourra faire face à ses besoins primaires. 1. Amélioration du revenu et secteur fréquenté D’après l’UNESCO, chaque année de scolarité permet aux hommes comme aux femmes d’augmenter leurs revenus de 10% en moyenne. Chaque année d’étude permet, en effet, à chaque individu d’améliorer son niveau de revenu .Plus long est le niveau d’études plus meilleur sera le niveau de revenu. Plus l’individu a poursuit des études plus il a de chance de trouver un emploi. De plus, la représentativité des femmes occupant des postes importants dans le milieu professionnel tient aussi sa place à la tache d’huile vis-à-vis des jeunes filles. Dans la CISCO de Soanierana Ivongo, les institutrices représentent le 35% des corps enseignants. 2. Amélioration de la production À Madagascar, on sait que plus de 70% de la population vivent dans les milieux ruraux et que plus de 50%1 de la population malgache sont touchées par la pauvreté. On sait

1http://www.éducation et pauvreté.mg, 15 janvier 2015, vers 15h 56

également que la scolarisation y est faible que ce soit pour les filles ou pour les garçons et que la population rurale est en retard en matière d’éducation par rapport au reste de la population. Plus de 50% de la population malgache ne savent ni lire ni écrire à l’heure actuelle et que la pauvreté touche davantage la population rurale que la population urbaine. Les pays en développement sont pour la plupart à vocation agricole. Les gens vivent principalement de la terre. L’agriculture fait partie de leurs sources de revenu pour la majorité de la population. Or, les techniques, et les méthodes utilisées dans les cultures demeurent sont traditionnelles. Ce qui fait que les rendements agricoles y sont très faibles. Comme la majorité de la population rurale est analphabète, elle ne peut pas profiter des dernières innovations en matière agricole. 1.2. Réduction des dépenses en matière de santé L’éducation peut contribuer à la santé de toute la famille. Si les parents sont instruits, le risque d’avoir un membre de famille malade se réduit. Ainsi, le ménage pourrait engager ses dépenses dans d’autres domaines que la santé. En effet, un individu malade pourrait couter cher et risque de ronger une grande partie du revenu. De plus, quand un des parents tombe malade, il ne peut pas aller travailler. Ce qui constitue un manque à gagner en termes de revenu. La famille se trouve donc en difficulté et cela par conséquent pourrait conduire à la pauvreté. Par le biais de l’éducation, on peut éviter ce genre de problème car depuis son jeune âge on enseignerait aux élèves, comment reconnaitre les maladies et les moyens de prévention. a. Effet de l’éducation et l’espérance de vie L’espérance de vie des individus dépend à la fois de l’existence des infrastructures sanitaire et du niveau d’instruction de chaque individu. Un individu qui meurt précocement pourrait laisser toute une famille derrière lui et entrainer ainsi la pauvreté. L’homme ou femme instruit peut avoir des connaissances sur les règles d’hygiène à respecter et les divers moyens d’éviter les maladies. Un homme instruit, qui tombe malade n’hésitera pas d’aller voir un docteur. Une initiative qui pourra le guérir très vite. b. Lutte contre l’IST et le SIDA On sait que le SIDA fait partie des fléaux du temps moderne. L’éducation permet de freiner cette maladie en sensibilisant la population dans les villes et dans les campagnes de prendre plus de précaution. Savoir lire permet à un individu de lutter contre cette maladie. Il peut directement s’informer dans les revues et les magazines sur les modes de contamination et les modes de prévention.

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1.3. Impacts de l’éducation sur la vie de la femme. L’éducation a permis l’épanouissement de la femme dans tous les domaines. Elle a contribué à modifier ce préjudice selon lequel les femmes sont destinées à procréer. Leurs rôles dans la société sont devenus de plus en plus grands au cours des années. Elles contribuent également à l’augmentation de revenus dans le ménage quand elles travaillent. Si on regarde les ménages pauvres, on constate que dans la plupart des cas, les femmes n’y travaillent pas. Désormais, quand les femmes sont instruites, elles peuvent travailler et aider les hommes à développer la famille du point de vue financier. On constate aussi que plus les femmes ne sont instruites, plus les mariages précoces se font rares. Ce constat se vérifie facilement dans les pays de l’Asie et de l’Amérique Latine mais moins en Afrique. Grace à l’éducation, les femmes se préoccupent de moins en moins de mariage. Elles se marient plus tardivement et le nombre de celles qui travaillent augmentent de plus en plus au fur du temps car elles dépensent beaucoup du temps pendant leurs études pour le bien de ces enfants. Elles se préoccupent davantage de leur avenir en tant que citoyen et actrice du développement de leur pays. En ce qui concerne la fécondité, une mère instruite également peut maitriser le nombre de ses enfants car elle a une tendance à avoir moins d’enfants que les autre parce qu’elle pense à l’avenir de ses enfants. Car si elle a beaucoup d’enfants, elle ne pourra pas financier leurs études et leurs nutritions. Et aussi pour qu’elle puisse concentrer sur son travail, elle doit avoir moins d’enfants. On sait très bien que la pauvreté surtout dans les pays sous-développés comme Madagascar touche particulièrement les ménages ayant les nombres d’enfants assez élevés. Avoir moins d’enfants constitue un pas en avant en faveur de la lutte contre la pauvreté. Par le biais de l’éducation on peut aussi éviter la mortalité infantile et infanto-juvénile et la mortalité maternelle comme ce qu’on a vu auparavant. Ce qui n’est pas encore le cas dans le district de Soanierana Ivongo, où les filles quittent très tôt le banc de l’école pour devenir mère et dans la plupart des cas des filles qui sont devenues ensuite des mères célibataires. B. Limites de l’éducation En générale, l’éducation n’a aucune limite pour assurer notre développement économique et social pour nous dans les pays sous-développés. Mais en tant qu’« être humain » qui la pratique, on trouve quand même leurs limites à savoir :  L’exode rural et fuite de cerveau,

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 La surexploitation de la connaissance,  Les problèmes des femmes au travail.  Le problème conjugal engendré des femmes au travail et le contraire Nous parlons alors de la limite de l’éducation, si l’effet de celle-ci ne rapporte rien à un pays ou à une région ou même à une famille. A présent, nous allons voir successivement les quarts aspects de la limite de l’éducation par rapport au développement. a. L’exode rural et fuite de cerveau 1. L’exode rural L’exode rural, c’est le mouvement de la population qui vient de la campagne (rural) pour rejoindre une ville (ou urbain). À vrai dire, c’est quitter le secteur du travail agricole pour un secteur industriel en ville. D’après une analyse empirique et non statistique au niveau de la population du milieu rurale, les causes générales de l’exode rural sont les suivants :  Faiblesse de productivité marginale de travaux agricoles pourtant c’est fatiguant car les techniques sont traditionnelles.  Les travaux en ville sont considérés plus rentables car il touche de salaire par mois et ils peuvent voir les actualités comme les modes, (habillement, coiffeur). Cette analyse nous montre que la classe d’âge des gens concernés par ce phénomène de l’exode rurale est de 12 à 25 ans1. Ce sont des jeunes qui manquent souvent de qualification, mais il ne faut pas oublier que la probabilité de trouver un emploi en ville varie selon le niveau de qualification et la durée de résidence passée en ville. Plus on reste longtemps en ville, plus on a de la chance de trouver un emploi. Dans ce cas, l’exode rural a des effets négatifs sur le développement. D’une part, les échecs des migrations vers les villes en tant que contribution au développement se présentent comme suit : croissance du chômage urbain, arrêt de développement dans la zone de départ, car il y a la pénurie de main d’œuvre, diminution des forces de travail du monde rural, d’où la faible productivité agricole, diminution des jeunes surtout les filles à continuer leurs études. On constate souvent que la majorité des filles qui vont en ville reviennent avec une grossesse imprévue en retournant dans leurs villages d’origine et deviennent une charge lourde pour les parents pauvres .L’exode rural ne contribue pas au développement du milieu d’origine.

1Gabriel ANDRIAMAHEFA, Cours de Démographie, 2ème année Économie, Université de Toamasina 59

Bref, l’exode rural n’exige pas de qualification, c’est un phénomène différent de fuite du cerveau, car cette dernière touche des gens qualifiés qui fuient leurs pays d’origine pour aller dans d’autres pays. Soanierana Ivongo n’est pas épargné de ce phénomène surtout pendant la période dite « période soudure » et de vacances scolaires qui sont parfois source des abandons scolaires chez les filles. 2. L’exode de cerveau (Brain-drain) ou fuite de cerveau Ici nous allons parler uniquement des intellectuels. On parle de fuite du cerveau lorsque les diplômés d’un pays décident de partir dans les pays européens en vue d’obtenir une meilleure condition de travail. Cette expression s’applique également aux étudiants qui ont obtenu des bourses extérieures et refusent de se rendre dans leurs pays d’origine vers la fin de leurs cursus. Très souvent, beaucoup d’intellectuels ne veulent pas retourner dans leurs pays à l’issue de leur cursus universitaire.

Les causes du non-retour des intellectuelles dans leurs pays d’origine se présentent souvent comme suit :  Dans les pays développés, l’indemnité de chômage (SMIG ou SMIC) est supérieure au salaire d’un fonctionnaire dans les pays pauvre  À l’étranger, les reçoivent des salaires d’existence et non des salaires de subsistance.  À l’étranger, la qualification d’un employé compte beaucoup, mais chez nous c’est la couleur politique qui prime presque dans tous les secteurs d’activité,  À l’étranger, ils obtiennent tous leurs droits et leurs salaires à temps. C’est le contraire chez nous, leurs droits sont souvent bafoués et leurs salaires ne sont pas payés régulièrement. On peut dire que le phénomène de la « fuite de cerveau » n’est pas du tout un phénomène qu’on peut éradiquer totalement mais il faut plutôt conscientiser les jeunes en leurs expliquant que leurs pays attendent beaucoup d’eux pour leur développement. L’effet négatif de l’éducation ne se limite pas seulement au niveau de l’oubli de l’origine mais peuvent aussi transformer la nature par curiosité.

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b. La surexploitation de la connaissance et le travail des femmes 1. La surexploitation de la connaissance L’obtention du diplôme nous permettra d’avoir une condition de vie plus digne et décente. C’est ce qu’on appelle la « liberté ». Dans ce cas, les intellectuels ne sont pas satisfaits de leur condition. Il est important de souligner qu’à partir de nos connaissances, nous avons des objectifs qui consistent à améliorer nos conditions de vie. On des matériaux sophistiqués pour faciliter la vie : la voiture, l’avion, l’ordinateur, téléphone portable. On a par exemple construit les équipements ménagers afin de résoudre les problèmes culinaires : robot, machine à laver, feu à gaz. Cependant, à partir de ces constructions, on oublie parfois les conséquences qu’elles peuvent engendrer. Par exemple utiliser un ordinateur peu semble- t-elle provoquer une maladie des yeux, utilisation des voitures favorisant de l’accident. La création des condoms pourrait favoriser l’adultère. Les savants découvrent des choses nouvelles mais souvent ils ne maitrisent pas les effets de ces recherches. Ce qui provoque maintenant de grands accidents en espace et sur terre dans les océans et ces accidents ou événements laissé toujours de trace sur l’avenir de la génération future. La limite de l’éducation ne s’arrête pas seulement au niveau de la transformation de la nature mais elle se propage presqu’à l’intronisation des femmes dans le secteur du travail. 2. Les problèmes des femmes au travail Grâce à l’éducation, les femmes acquièrent une qualification exigée dans le secteur du travail public ou privé. Il est tout à fait normal qu’elles cherchent un poste correspondant à leurs qualifications. Si une femme veut avoir un enfant, il faudra qu’elle soit prête pour s’en occuper. Mais comme elle travaille tous les jours, elle est obligée de chercher quelqu’un pour le faire à sa place. Le problème est que le mari pense que la femme est la première responsable des enfants, mais comme elle travaille, elle ne partage pas l’avis de son mari. Le mari pense également qu’un enfant confié à une tierce personne n’est pas bien soigné et que la maman ne peut pas appliquer des mesures fermes à l’enfant ou pour lui donner des éducations. Nous conseillons aux femmes éduquées ou de concilier la recherche de l’argent et la préparation de l’avenir de son enfant car ce n’est pas seulement à l’enfant le problème il y a aussi à l’époux. Les femmes qui travaillent a un problème pour son mari car elles n’ont pas assez de temps pour s’occuper de ses époux ; comme leurs vêtement, leur soin, les câlins, etc., ce qui peuvent approfondir leur amour de ses vie de couple. Cela conduit à un divorce quand ils auront l’âge de 38 à 50 ans plus souvent. Pour avoir l’estime de la société, il faut qu’elle soit capable de bien diriger son foyer.

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De nos jours, pour une qualification identique, les femmes éduquées ont la chance d’être embauchée beaucoup plus vite que les hommes, surtout lorsqu’il s’agit d’un poste administratif. Dans les zones rurales de Soanierana Ivongo, les femmes au foyer participant à tous les travaux ménagers et aident aux travaux de champs sont parfois considérées non porteuses de revenu au sein de foyer. Qui est une perception méritant encore d’être changée à travers des sensibilisations à tous les niveaux. 2. Système éducatif et sa performance 1.1. Structure et organisation du système éducatif national L’école est apparue à Madagascar au début du XIVème siècle pendant la période coloniale afin de garantir l’ouverture du pays au commerce. Après la loi d’annexion du 6 août 1896, l’école a été structurée pour devenir une forme de domination coloniale. Après l’indépendance, en 1960, la politique scolaire était alors tirée du programme français. Mais cette politique a été remise en cause en 1972. L’entrée de la démocratie en 1991 a mis en place un système éducatif plus performant, il y avait essor des établissements scolaires, provoquant ainsi le développement de l’éducation de base et secondaire. Actuellement, l’éducation constitue une priorité nationale1. Depuis le début de l’éducation formelle en 1820, les filles avaient l’occasion de fréquenter l’école. Mais pendant de nombreuses années, l’éducation qui leur était dispensée est caractérisée principalement par des cours ménagers. Alors que les jeunes filles avaient été tenues à l’écart des écoles durant la colonisation, au moment de l’indépendance, l’éducation était gratuite mais aussi obligatoire. L’accès des filles dans l’enseignement secondaire s’est amplifié. Et depuis les années 1990, il existe une réelle volonté de l’État d’offrir un accès à la scolarisation de manière égalitaire pour les filles et les garçons. La loi de 1995 a été abrogée par la loi 2004-004 du 26 juillet 2004 modifiée par la loi n°2008-011 du 17 juillet 2008 portant orientation générale du système d’éducation, d’enseignement et de formation à Madagascar. L’article 41 de la loi 17 juillet 2008 (temporairement suspendu le mois de mars 2009) envisageait une nouvelle structure du système éducatif (7+3+2 : l’Éducation Fondamentale (EF) qui dure dix ans : EF1 s’étalant sur 7 ans et l’EF2 sur 3 ans et l’enseignement secondaire qui dure 2 ans) qui devait se substituer progressivement à l’ancienne (5+4+3). Selon la loi 2004-004 du 26 juillet 2004, le système éducatif formel à Madagascar est composé de 4 niveaux : L’EF à 2 niveaux, s’étalant sur 9 ans : l’EF niveau 1 équivaut à

1RANAIVO V., « Le système éducatif de Madagascar », Revue internationale d’éducation de Sèvres, décembre2007. 62

l’enseignement primaire et dure 5 ans et est sanctionné par le Certificat d’Études Primaires et Élémentaires (CEPE), il est obligatoire à l’âge de 6 ans ; l’EF niveau 2 correspondant à un enseignement collégial dure 4 ans et est sanctionné par le Brevet d’Études du Premier Cycle de l’enseignement secondaire (BEPC), l’âge légal au collège se situe entre 11 et 14 ans. - Un enseignement secondaire de 3 ans sanctionné par le baccalauréat. - Un enseignement supérieur et la formation universitaire : la durée des études dans les établissements supérieurs est de 3ans (licence), 5ans (master) et 7ans (doctorat). Une personne qui est entrée à l’école à 6ans et qui n’a jamais redoublé entrera à l’université si la situation lui permet à 18ans avec son baccalauréat. Le partenariat public-privé s’avère être important dans la réalisation de la politique de l’État. L’enseignement privé occupe une place importante à Madagascar depuis les années 80 surtout en milieu urbain : 19% des élèves en primaire, 41% des élèves en secondaire et 52% des élèves au lycée étudient dans les établissements privés1. Cette augmentation des élèves fréquentant l’enseignement privé s’explique par la dégradation de la qualité de l’enseignement public.

Graphique n° IV: Place de l’enseignement privé dans les années 80 (%)

Enseignement Privé 60%

50%

40%

30% Enseignement Privé

20%

10%

0% élèves primaires élèves sécondaires élèves au Lycée

Source : Auteur, 2015 Nous remarquons surement tous que l’enseignement privé tient de plus en plus une grande place, du fait de l’augmentation du nombre de l’école privée à Madagascar. Selon, le

1Ministère de l’Éducation et de la Recherche Scientifique (MENRS), année scolaire 2008 63

document stratégique publié par l’UNICEF en 2013, environ 66% des élèves avant le BEPC entre dans le Lycée Privé en 2011 à Madagascar.

Graphique N°V : Evolution des effectifs des élèves du primaire pendant 5 années scolaires

30 000

25 000

20 000

15 000

10 000

5 000

0 2010-11 2011-12 2012-13 2013-14 2014-15

Public Privé Communautaire

Source : DREN Analanjirofo 2015 2.2. Performance du système éducatif C’est seulement 20 ans après la convention des Nations-Unis sur la suppression de toutes les formes de discrimination faites aux femmes que l’exception connue par Madagascar en matière d’égalité des genres par rapport aux autres pays de l’Afrique a été découverte. Après l’adhésion de Madagascar dans la Southern African Development Community (SADC), l’organisation a promulgué l’état d’avancement du Protocole genre et développement. La SADC attribue une note de 98 sur 100 en matière d’égalité dans le secteur éducation, tandis que pour la participation des femmes dans la gouvernance, le pays possède une note de 23 sur 1001. Ce protocole genre et développement constitue le seul moyen international de promotion de l’égalité des genres. Madagascar fait partie et participe à tous les sujets concernant la réalité du pouvoir des femmes dont la gouvernance et l’éducation. Des disparités alors apparaissent, par exemple, les taux de scolarisation des garçons et des filles et la proportion des enseignantes qui sont souvent médiocres à Madagascar. Depuis 2003, après le lancement de l’EPT, des progrès ont été constatés en matière d’éducation à Madagascar. De 2003 à 2008, l’évolution de l’éducation est caractérisée par

1RABENORO M., « Le mythe des femmes au pouvoir, arme de l’antiféminisme à Madagascar », Cahiers du Genre, n° 52, 2012. 64

l’accroissement continu des effectifs scolaires avec une croissance moyenne annuelle de 4%. En 2012, au niveau de l’enseignement primaire, le taux de d’abandon est passé de 18,7% en 2011 à 19,3% en 2012. De même, le taux de redoublement est passé de 19,3% à 20,5%. Le taux d’achèvement est de 74,3% en 2011 et 71,8% en 20121. La qualité de l’enseignement a régressé et les connaissances acquises à la fin du primaire deviennent insuffisantes. Cette détérioration du système éducatif malgache pourrait être attribuée à la crise socioéconomique qui a frappé Madagascar en 2009. Pour comparaison, les données relatées dans le graphique suivant ont été relevées pour voir l’effet du projet mis en œuvre au niveau de tous les collèges durant les trois premières années scolaires.

Graphique n° VI: Evolution de Taux d'achèvement par niveau d'enseignement

80% 77% 76% 73% 72% 72%

70% 62%

60% 53% 51% 50% 50% 45%

40%

30%

20%

10% 11% 10% 3% 3% 4%

0% 2010-11 2011-12 2012-13 2013-14 2014-15

Préscolaire Primaire Collège

Source : Donnée CISCO Soanierana Ivongo, 2015 Le taux d’achèvement au niveau collège a connu une amélioration de 17% durant les 5 années d’études. Les trois premières années correspondent à la période de mise en œuvre du

1VICE-PRIMATURE CHARGÉE DE L’ECONOMIE ET DE L’INDUSTRIE (VPEI), « Rapport de mise en œuvre des Programmes », 2012. 65

projet et que la sensibilisation et les différents appuis spécifiques étaient réalisés de façon impérative. Bien que l’éducation soit importante pour garantir un meilleur avenir à individu et pour former un citoyen, beaucoup d’enfants malgaches n’ont pas l’opportunité d’étudier dans des bonnes conditions et sont dépourvus d’enseignement de qualité. Les élèves de la zone d’étude ne sont pas épargnés de cette situation. La famille devrait renoncer à certaines activités afin de laisser ses enfants fréquenter l’école. L’investissement des parents dans l’éducation de leurs filles garantit une réponse aux demandes sociales et économiques et une espérance d’appui financier futur. Ce qui explique une forte scolarisation des filles à Madagascar par rapport aux autres PED. Néanmoins, il existe encore 55 000 filles de moins que les garçons fréquentant l’école1. Mais au niveau secondaire, dans de nombreuses CISCO, la différence entre le taux de scolarisation des filles et des garçons est considérable ; les garçons sont beaucoup plus nombreux que les filles. Dans les régions d’Atsimo Atsinanana et de Sofia, certaines CISCO enregistrent même des données mentionnant deux fois plus de garçons que de filles dans le secondaire2. Cependant, il faudra noter la principale cause de ce problème réside sur la localité des établissements scolaires qui sont très souvent assez lointaine. L’absence des instituteurs et des institutrices constituent aussi parmi les obstacles qui freinent la scolarisation des enfants. Selon le genre, la proportion des femmes n’ayant pas fréquenté l’école est plus importante que celle des hommes. De plus, la proportion des femmes ayant achevé les cycles que ce soit primaire ou secondaire reste toujours faible. L’insuffisance de connaissance et de compétence pourrait contribuer au ralentissement du développement. Le graphique ci-après nous montre le taux de scolarisation par âge pour l’année scolaire 2014-2015.

1RAVAOZANANY N. et col. UNICEF Madagascar, « Genre et éducation à Madagascar. Étude de cas des 6 CISCOS», 2011. 2 Idem 66

Graphique n° VII: Taux de scolarisation par âge (2014-2015)

99% 100% 97% 96% 96% 96% 90% 90% 87% 86%

80% 76%

70%

60% 54%

50%

40% 29% 31% 30% 24%

20% 13% 8% 10%

0%

3 3 ans 4 ans 5 ans 6 ans 7 ans 8 ans 9 ans

11 11 ans 12 ans 13 ans 14 ans 15 ans 16 ans 17 ans 10 10 ans Source : bureau de la CISCO Soanierana Ivongo 2016 L’âge de l’enfant joue un rôle important à la réussite scolaire. Plus un enfant entre tard à l’école, plus il y a la probabilité de doubler en classe. En ce qui concerne le taux de redoublement, celui-ci indique la performance scolaire. Madagascar fait partie des pays possédant un taux de redoublement le plus élevé dans le monde. De 1997 à 2002, Madagascar enregistre un taux de redoublement de 35,3% dans le primaire, soit 3 enfants sur 10 redoublent, alors que le taux moyen en Afrique Subsaharienne est de 18% et dans le monde 5%1. Entre 2003 et 2007, ce taux est passé à 20% et en 2010, ce taux a diminué de 14,9%2. Durant l’année scolaire 2011-2012, le taux de redoublement a légèrement diminué, ce qui est assez normal puisque celui de la scolarisation de ces dernières années a aussi légèrement diminué. Entre les années scolaires 2010-2011, 2011-2012, 17,3% des élèves ont redoublé la classe primaire3. Ce redoublement s’accroît avec le taux de pauvreté et le niveau d’instruction du chef de famille. Seule la région d’ possède des taux de réussite élevés. Le taux de redoublement pour l’ensemble de la CISCO de

1INSTAT Madagascar, ENSOMD, « Assurer l’éducation primaire pour tous », 2012-2013, p.21. 2RAJEMISON H., INSTAT Madagascar, « Éducation », EPM, 2010. 3INSTAT Madagascar, ENSOMD, « Assurer l’éducation primaire pour tous », 2012-2013, p.21. 67

Soanierana au niveau de l’enseignement primaire allait de 14% en 2011 à 16% en 2015. Il y avait de pic en 2012-2013 et l’une des causes est la hausse de production de girofle accompagné de hausse du prix et en ce moment l’absence était très massives et l’acquisition des biens de luxe tels que velo, lecteur carte… ont été en vogue. La concentration des élèves, en classe s’est diminuée. Les élèves ne sont guère motivés d’autant plus qu’ils sont fascinés par cette vie de luxe. Certains enfants possèdent l’opportunité de continuer leurs études dans les établissements secondaires, puis dans les universités. Au début du cycle primaire, les filles connaissent un taux de redoublement et d’abandon élevé. Cela s’explique par les difficultés des filles de s’adapter dans le milieu scolaire. Ce taux de redoublement des filles diminue au fur et à mesure qu’elles sont admises dans des classes ultérieures. Quand elles ont réussi la première année du primaire, elles deviennent plus performantes que les garçons. La situation dans le secondaire est la même que celle du primaire. Les filles redoublent plus dans la première et la dernière année du collège. Dans la dernière année du 1er cycle du niveau secondaire, le taux d’abandon des filles est très élevé, supérieur à celui des garçons. Tandis que le taux de redoublement des garçons et des filles était sensiblement égal dans les trois premières années du secondaire. Le poids de la tradition devient un obstacle pour la continuation des études des filles. En milieu rural, il existe un taux d’échec élevé et un fort taux d’abandon scolaire dès le primaire. Cela restreint la volonté des parents à scolariser leurs filles et parfois prioriser les garçons tout en pensant que les filles sont destinées à être à la charge de leur maris et de s’occuper des tâches ménagères.

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CHAPITRE II : PROBLÈMES CONSTATÉS ET SOLUTIONS POUR LES RESOUDRE Ce chapitre va nous permettre de voir les problèmes constatés au niveau de l’éducation, en particulier celle des filles et les solutions pour les résoudre. SECTION I : PROBLÈMES CONSTATÉS AU NIVEAU DE L’ÉDUCATION ET EN PARTICULIER CELLE DES FILLES Le district de Soanierana Ivongo se distingue des autres communes grâce à ses paysages paradisiaques. L’aspect éducatif est un sujet assez complexe dans cette partie de Madagascar. Les plus marginalisées en matière d’enseignement sont les jeunes filles en âge de puberté. C’est un âge très critique et comme l’on sait le passage à l’état adulte n’est pas dut tout facile à franchir. Ces filles du milieu rural littoral sont, si l’on peut se permettre de le dire, des filles quasi-privées de toute évolution du monde. Elles se plient encore dans un système de vie sociale traditionnelle. Or, le savoir que l’on les transmet suit le rythme de l’évolution. En conséquence, ces jeunes filles ne savent plus gérer la vie sociale traditionnelle et la vie sociale évolutive. Elles essaient de les combiner mais cela reste en vain. Leur enseignement en subit les conséquences. Nous allons voir dans cette section, les lacunes liées à l’éducation et plus particulièrement celle des filles. 1. Contraintes liées à l’éducation des filles à Soanierana Ivongo 1.1. Retard dans l’accès à l’éducation L’âge d’accès à l’EPP se situe entre 6 à sept (7) ans. Les préscolaires ne sont pas encore généralisés au niveau de toutes les écoles publiques. 63% des fokontany disposent des écoles préscolaires. Dans l’ensemble, il se trouve que la première imprégnation à l’enseignement des enfants commence à partir du niveau primaire. Or, ces enfants ne parviennent pas comprendre les programmes scolaires. Ce qui explique que de nombreux sont ceux qui redoublent leurs classes. Pourtant, ce système de redoublement pourrait freiner l’accès d’un élève au collège L’éloignement du lieu d’habitation par rapport à l’école fait également partie de cause qui freine l’accès à l’école dans le district de Soanierana Ivongo. Dans l’ensemble, 22% des collégiens usent leurs chaussures d’une distance de plus de 5km à parcourir. Il y a ceux qui doivent traverser des fleuves, franchir seul ou en groupe des montagnes. Et en raison de ces obstacles, beaucoup de parents refusent d’envoyer leurs enfants encore à bas âge à l’école. Au cas où ils devraient envoyer ceux-ci à l’école, ils doivent être accompagnés de leurs aînés. Ce cas est parfois l’une des causes de décrochage

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scolaire si l’enseignant n’arrive pas à comprendre la situation de l’élève. Une réalité qui pourrait être considérées comme l’origine de la dégradation du niveau intellectuel d’un enfant. La stratégie de la réforme et le 0% redoublement ont laissé sa trace au niveau de l’élève selon l’avis du personnel de ladite CISCO. Ainsi, les élèves n’auront plus goût à l’éducation, ils vont la considérer comme une « corvée » qu’il faut juste s’acquitter pour ressembler aux autres. John Dewey confirme : « C’est pourquoi l’étude est devenue synonyme de corvée, et les leçons ont pris l’aspect d’une tâche »1. C’est aussi la raison pour laquelle les enfants ne sont pas très attentionnés à l’enseignement et se laissent facilement influencer par les souffles qu’apporte la société. Ils ne trouvent pas l’intérêt à l’éducation et l’esprit de continuer ou d’approfondir plus loin ne figure guère dans ses projets d’avenir. En fait, quand les élèves n’arrivent pas à suivre le programme, quand ils sont bloqués sur un certain point, ils n’ont plus la conviction de poursuivre leurs cursus scolaire. D’où l’abandon En revanche, toujours sur cet angle du retard à l’accès à l’enseignement. Si l’on considère principalement les filles en âge de puberté, arrivées à un âge où tout commence à se transformer, elles ont pareillement d’autres priorités. Ayant un physique déjà mûr, elles fascinent les« prédateurs »2. Ces derniers se trouvent partout et ces jeunes filles ne s’imaginent pas à quel point ils sont très dangereux. Ils sont spécifiquement des jeunes garçons de même classe qu’elles, ou des hommes habitant dans le même Fonkotany, c'est-à- dire des voisins ou des connaissances, ou encore des étrangers soient des vacanciers ou des « Vazaha », ou même les enseignants. Ces êtres nuisibles vont canaliser l’attention des filles et vont les détourner pour travers propre intérêt. Les adolescentes naïves et en situation marginalisée psychiquement, succombent à leurs avances et souvent négligent de plus en plus l’école. La majorité des victimes vont abandonner l’enseignement pour un espoir vain d’un avenir prétendu plus élogieux. Ce retard provoque cependant un certain dérèglement au niveau de l’organisation scolaire. Si au commencement cela était une stratégie pour assurer un taux de scolarisation élevé, actuellement le résultat prouve le contraire. Du point de vue statique (c'est-à-dire si l’on considère uniquement l’aspect superficiel et sans précédent), nous pouvons affirmer que c’est une bonne démarche. Le taux de redoublement est de 0% qui est une bonne image de l’enseignement malgache. Par contre, du

1John Dewey « l’école et l’enfant », ED CLAPAREDE, 7ème édition, DELECHAUX ET NIESTLE, - NEUCHATEL/SUISSE, p 96 2 Expriment tout être de sexe masculin qui peut attirer l’attention des jeunes filles en âges de puberté. 70

point de vue dynamique, et surtout en creusant en profondeur, c’est un piège dans le domaine de l’éducation. Du côté des élèves, ils se réjouissent de leur passage de classe, mais les enseignants devront faire face à une difficulté qui n’est pas facile à remédier. Ces instituteurs sont obligés de se résigner avec des résultats non satisfaisants à la fin de l’année scolaire. Selon Montaigne : « Cela n’est pas merveille s’il ne sut rien tirer qui vaille »1, c'est-à-dire que, transmettre un savoir comme si l’on lance une pierre au fond d’un puits n’en vaut pas la peine. Au moins, il faut avoir un but dans l’exercice du métier d’enseignant, c’est que même si l’enfant n’est pas doué, il fait preuve d’attention à l’éducation. 1.2. Maternité précoce Les jeunes filles se laissent facilement séduire par « les prédateurs ». Par leur vulnérabilité, beaucoup d’hommes et de jeunes garçons profitent de la situation pour assouvir leur besoins et désirs. Elles seront leurs principales cibles et les plus affectées également. Nous entendons ici par « désirs » et « besoins » toutes les attitudes et gestes qui se réfèrent à la réalisation de ce que « le moi »2 du sexe opposé exige. Ce phénomène de « jiromena » existe même dans les zones rurales les plus reculée. En effet, la maternité précoce est un fait très répandu à Soanierana Ivongo. La plupart des causes de déperdition des élèves- filles n’est autre que la maternité précoce. Les adolescentes tombent couramment enceintes par leur naïveté et en raison de leur initiation trop précoce à la sexualité. Surtout lorsqu’elles sont « séduisantes ». Ces derniers leurs promettent une belle vie à l’instar d’un mariage, d’un avenir bonifié, de l’argent et des vêtements, des vacances dans les grandes villes, etc… dans le but d’assouvir leur besoin acharné. Ce qui explique que de nombreuses sont devenues des « jeunes mamans » qui ne retrouvent plus le père de leur enfant. Après les soirées, quelques hommes séjournent chez ces élèves. Elles les hébergent et jouent déjà le rôle de maîtresse de maison tandis que ces hommes leur donnent des faux espoirs mais visent de passer un très agréable moment dans la région. Or elles vont être déçues, car elles vont être trompées par ces hommes de passage. Il faut dire que ce ne sont pas uniquement les étrangers et les vacanciers qui sont les prédateurs mais les hommes membres de la même collectivité également, plus précisément les hommes du village et les jeunes garçons de leur génération. Les hommes influents, lorsqu’ils se lassent de leur conjointe, ils vont chercher ailleurs et espèrent revivre leurs bons moments de jeunesse en usant de leur pouvoir pour abuser des jeunes et attirantes élèves des CEG. Ils

1Montaigne « ESSAIS », Extraits I L’HOMME, Librairie Larousse –Paris VIè, 13 à 21, rue Montparnasse, et 2En psychologie, c’est le côté bestial de l’être humain 71

témoignent une certaine gratitude envers ces filles par rapport à la situation où elles se trouvent et c’est ainsi qu’ils gagnent la confiance des adolescentes. En conséquence, avec cette confiance, les barrières se brisent très facilement. John Stuart Mill réplique : « Le compliment qu'on fait aux femmes en vantant leur bonté morale peut aller de pair avec le reproche de céder facilement à l'inclination de leur cœur. On dit que les femmes ne sont pas capables de résister à leur partialité personnelle ; que, dans les graves affaires, leurs sympathies et leurs antipathies faussent leur jugement »1. Lorsqu’elles sont enceintes de ce genre d’individu, elles n’osent pas déclarer la paternité de leur enfant, elles préfèrent mentir aux parents pour préserver le prestige de ces personnages zélés de la communauté. Mais aussi, elles risquent les incontestables menaces proférées par ses derniers et choisissent de ne rien révéler pour ne pas devenir l’ennemi social. Il y a aussi ces garçons du même âge, c'est-à-dire des jeunes adolescents, qui les harcèlent sexuellement. Par exemple, à la sortie des cours à 18 heures, ces garçons insistent pour accompagner ces filles chez elles, s’agit là d’un cas très fréquent. Durant le parcours jusqu’à la destination ils parviendront à détourner leur attention vers un but qui n’est pas très bénéfique pour les filles. Une fois enceintes, elles ne peuvent plus continuer ses activités scolaires. En outre, honte vis-à-vis de leur semblable et de leurs enseignants, certaines disparaissent et quittent à jamais le lieu. Mais, nous avons remarqué aussi que la propagation des films érotique et pornographiques pourrait aussi être à l’origine de cette libido observée chez les jeunes garçons. Ils veulent reproduire ce qu’ils ont vu dans des films. À ce sujet, ces garçons traversent le même sort que les filles en matière de transformation à l’âge de puberté. Ainsi ils sont façonnés par tout ce qui peut atteindre leur« ego »2. De même, ces jeunes filles qui sont fascinées par la mode vestimentaire pratiquent la sexualité afin de combler leurs besoins, car pauvres les parents sont financièrement limités. A cet effet, beaucoup sont alors victimes. Ce qui explique l’effectif important de déperdition scolaire. Aussi, les enfants adolescentes âgées entre 13 à 15 ans sont les plus touchées si l’on considère la déperdition au passage en 6ème. 1.3. Recherche d’aisance matérielle La plupart des élèves des établissements CEG du centre-ville viennent des Fonkotany situés aux périphéries des communes composant le district de Soanierana Ivongo.

1John Stuart Mill « Assujettissement des femmes » (1869) 2En psychologie, c’est l’instinct animal endormi chez l’homme 72

Avant 2008, il n’y avait pas encore des EPP dans de nombreux fokontany. Par conséquent, les élèves sont alors obligés de rejoindre les communes s’ils veulent continuer leurs enseignements. Or, les fokontany sont situés à des kilomètres des CEG. Ces enfants devront quitter leur foyer et s’installer à proximité des communes où sont implantés ces collèges. Une fois installés, les élèves qui sont psychologiquement marginalisées, commenceront une nouvelle vie loin de leurs parents. Ils devront habiter seuls ou parfois avec des amis vivant dans la même situation. Parfois ils vivent avec leurs cadets ou cadettes qui doivent être sous leurs responsabilités. Ils seront libres et maîtres de leur propre sort. e Ces enfants n’auront plus d’encadrement des adultes. Sans cadrage, les élèves-mineurs feront alors tout ce qui leur plaira. Ces enfants décident de tout dans leur nouvelle vie. Les parents les prennent à peine en charge par faute de moyens financiers. Ils deviennent les responsables de leurs propres destins : - du loyer; de nourritures, les approvisionnements hebdomadaires. Ils doivent se débrouiller pour pouvoir tenir jusqu’à la fin de la semaine. Certains élèves n’y arrivent plus et sont obligés de rentrer au village et manquer les cours ; - de l’éclairage. Puisque les Communes sont dépourvues d’électricité, il faut opter pour les lampes à pétrole ou les bougies pour réviser (à condition que l’éclairage soit suffisant pour toute une semaine, mais dans le cas contraire, il n’est pas possible de revoir les leçons) ; - de leur éducation également. Les filles sont alors obligées de chercher de ce qu’on appelle « sponsors » (c’est ainsi que la population locale nomme les hommes riches, ou les hommes intéressants capables de subvenir à leurs besoins) pour combler les lacunes dans leur vie d’adolescente esseulée. Plus elles sont loin des parents, plus elles profitent pleinement de leur vie de jeune fille. Étant donné qu’elles habitent dans des maisons faites de « ravinala », leur sécurité n’est pas très assurée. On peut remarquer par exemple des hommes sans qui frappent à leurs portes pour y passer la nuit, et si elles refusent, ces êtres immoraux vont défoncer la porte et y pénètrent très facilement. Le jour levé, ils partent comme si de rien n’était et l’enfant subira la conséquence de ses actes. Elles seront enceintes, et leur enfant sera né sans père bien évidemment.

Mais parfois, il y a des filles qui veulent vivre dans des conforts, une aisance matérielle. Elles exigent beaucoup plus que ce qu’elles ont déjà à disposition. C’est pour

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autant qu’elles créent l’impossible pour satisfaire leurs caprices d’adolescente. Elles mettent de côté l’aspect enseignement mais cherchent d’autres choses plus intéressantes et plus attractives. Comme Dewey le prévoit : « La vie d’un enfant est égoïste, impulsive, elle se prend pour le centre de tout. […]Son expérience est confuse, vague, incertaine, à la merci des caprices momentanés et des circonstances ? »1. Ainsi, l’enfant se trouve alors marginalisé à un certain âge. Mais tôt ou tard, l’enfant se rend compte de sa situation. Il commence à juger la vie sous un angle plus rationnel. Cela se présente généralement au passage de l’âge adulte « l’enfant, c’est l’être qui doit être amené à maturité, l’être superficiel auquel il faut donner de la profondeur et dont il faut élargir l’étroite expérience »2. Les élèves viennent s’installer dans les communes en raison principalement l’absence de CEG dans les Fonkotany. Par contre, certains enfants viennent des communes voisines, malgré l’existence de CEG au sein de ces communes. Le problème se pose sur le fait que ces centres n’arrivent plus à s’en occuper par manque de place, par le manque d’infrastructure, ces collèges ne peuvent pas se permettent d’accorder toutes les demandes. C’est aussi dans le but de ne pas compromettre leur travail. Déjà, il y a un problème de sureffectif dans les CEG de leur Commune, les enfants non-inscrits doivent chercher ailleurs, s’ils tiennent à poursuivre leurs études. Considérons par exemple le CEG et le lycée de Soanierana Ivongo, situés en milieu urbain littoral. Les élèves qui y étudient viennent des communes suivantes : (nous présentons également la distance entre le CEG et les communes ou fokontany où les élèves s’approvisionnent par semaine. Certains d’entre eux y vont à pied et d’autres à bicyclette :  Commune Ambodiampana : 14 km  Commune Antanifotsy : 8 km  Commune Ambahoabe : 30 km  Commune Antenina : 150 km  Commune Manompana : 60 km  Commune Andapafito : 60 km  Commune Fotsialanana : 17 km  Commune : 25 km  Fokontany Tsirarafana : 25 km  Fokontany Andratambe : 26 km

1John Dewey, idem, p.94 2John Dewey, idem, p.95 74

 Fokontany Ambinanisakana : 23 km  Fokontany Ankobalava : 15 km  Fokontany Ampasimbola : 18 km  Fokontany Anjahamarina : 10 km  Fokontany Andilankely: 8 km  Fokontany Vohilava: 5 km  Fokontany TanambaoMatsokely : 3 km  Fokontany Commune Anamborano : 7 km  Fokontany : 8 km  Fokontany Andavaniobe : 8 km  Fokontany Sahaka : 10 km  Fokontany Manankinany : 16 km  Fokontany Antsaribe : 12 km Après avoir mené des enquêtes auprès des parents, nous avons remarqué qu’ils préfèrent envoyer leurs enfants aux CEG situés en villes plutôt que ceux des campagnes afin de donner une éducation de qualité à ceux-ci. Les parents prétendent que dans les CEG situés en milieu rural, le taux de réussite ainsi que le niveau des enfants laissent à désirer. Alors, ils préfèrent inscrire leurs enfants dans les CEG localisés en zones les plus fréquentées. Or, ces derniers se laissent domestiquer très facilement par le dynamisme non coutumier des villes. Ce qui explique qu’ils vont suivre le rythme de vie de la société soit disant « évolué » par rapport à la société d’où ils venaient. Ils prendront tout de travers parce qu’ils ne comprennent pas les vrais tenants des faits. Durkheim Confirme : « L’individu ne les recherche que quand la société l’y invite, et il les recherche de la façon qu’elle lui prescrit »1. C'est-à-dire que les enfants de nature naïfs et dociles venant de la brousse commencent à s’incliner devant les opportunités nouvelles que le violeur offre dans le monde urbain. 1.4. Discrimination des filles face à l’enseignement Les femmes sont des êtres fragiles mais peuvent être considérées comme moteur de fonctionnement d’une vie sociale bien fondée et sensée. Elles sont l’âme de la communauté. Auguste Comte valorise la femme : « L’efficacité morale de la vie domestique consiste à former la seule transition naturelle qui puisse habituellement nous dégager de la pure

1Emile Durkheim « Éducation et Sociologie » (1922) 75

personnalité pour nous élever graduellement jusqu’à la pure sociabilité. »1. Il insiste sur le fait que la société est un piège sans la potentialité naturelle de la femme et elle est la clé de toute évolution morale réfléchie. Malgré cet atout, les femmes sont les habituelles victimes de toute injustice se présentant sous différentes formes au sein de la société. Mais nous allons nous concentrer particulièrement sur la discrimination des femmes face à l’enseignement. En effet, au cours de notre investigation menée dans l’ensemble du district de Soanierana Ivongo, nous avons remarqué une tendance selon laquelle les filles fréquentes moins l’école que les garçons, qu’il soit dans les EPP ou dans les CEG. Cette remarque a également été observée par par le PNUD. Il montre que pour 2 307 000 enfants inscrits dans le primaire durant l’année scolaire 2000/2001, 1 131 370 sont des filles et 1 173 130 sont des garçons. Les conditions d’accéder à l’enseignement de tout sexe sont les mêmes, cette équivoque reste fondée jusqu’à ce jour. Or la disparité de sexe au niveau éducatif est encore très considérable aujourd’hui. Par rapport aux us et coutume de la région, les considérations des filles et garçons se diffèrent au niveau de la collectivité. Les garçons sont ceux qui vont fonder une famille, qui vont travailler dur pour subvenir aux besoins de leur foyer. Bref, ils sont les plus appuyés et encouragés par les parents afin d’avoir le maximum de connaissances pour faire face aux devoirs et responsabilités qui les attendent ultérieurement. Par contre, les filles sont celles qui vont être demandées pour épouse, donner des descendants. Elles n’ont pas besoin d’aller loin en termes d’éducation, vu qu’elles seront la « propriété » des autres plus tard. C’est dans cet angle que les habitants pressentent la valeur et la dignité des filles. Dans le cas où une famille possède six (6) enfants dont quatre (4) sont garçons et deux (2) filles, et qu’ils sont tous en âge d’être scolarisé, les filles restent à la maison pour aider les parents aux diverses tâches ménagères et les garçons obtiendront tout le nécessaire pour pouvoir continuer une étude plus avancée. Selon Comte, « Mère, épouse et fille sont les trois « patronnes personnelles » de l’homme, « anges gardiens » ou « déesses domestiques »2. C’est que la femme est empesée d’un rôle dévolu qui n’est pas près de changer dans les temps à venir.

1Auguste Comte « La sociologie d’Auguste Compte », Initiation Philosophique, Presse Universitaire deFrance, 108, Boulevard Saint – Germain, Paris (1956), p.85 2Auguste Comte, idem, p.86 76

Des parents n’ont pas vraiment foi à l’éducation avancée de leurs filles. Ils pensent que les dépenses pour leur scolarisation seront vaines arrivant dans les zones plus fréquentées (sur l’axe de la route nationale) étant donné qu’elles auront un risque très élevée de grossesses qui vont les emmener à abandonner leurs cursus scolaire. Par contre, il est indispensable de considérer la différenciation du niveau de vie. Si les parents ont les possibilités financières, ils iront envoyer tous leurs enfants sans tenir compte des mépris sociaux destinées aux filles. Comme Raymond Boudon l’affirme : « Le coût et le bénéfice anticipés diffèrent selon la position sociale, de sorte que l'utilité d'une alternative varie selon la position sociale et selon le risque encouru par le fait que la réussite scolaire de l'enfant est plus ou moins grande »1. 1.5. Dissuasion des filles à l’enseignement L’éducation est une capitale pour l’épanouissement de l’être humain puisque « (Par) la voie de l’éducation, édifie ainsi en chacun de nous, représente ce qu’il y a de meilleur en nous, ce qu’il y a eu nous de proprement humain »2. L’homme est un être doté d’esprit, d’âme, et de corps. L’éducation arrive à nourrir ces trois éléments constitutifs. Si l’un des trois n’est pas satisfait, c’est que l’épanouissement de l’homme n’est pas complet également. Or, dans les zones littorales, ces questions sont encore assez floues par rapport au fonctionnement de leur vie sociale. Les filles se découragent facilement en matière d’enseignement par rapport aux garçons. La raison n’est autre qu’elles se fassent divertir facilement et étant si marginalisées, elles se font facilement abuser par des différentes situations. Les facteurs sociaux et l’attitude des filles sont responsables de ce désintéressement vis-à-vis de l’éducation. En effet, les jeunes filles ont toujours ce sentiment d’insécurité dans leur parcours social. À l’école, elles se font abuser par ses camarades masculins et quelques fois par ses enseignants. On peut observer aussi des réalités qui sont très fréquentes qu’on retrouve à l’intérieur de l’établissement. Les garçons les provoquent tant en plein cours qu’à la sortie de classe. Ils vont user de leur charme pour gagner l’attention des jeunes filles. Ils osent dire ouvertement leur aspiration par rapport aux filles. En revanche concernant l’enseignant, si l’élève l’intéresse, il invite l’innocente à un cours privé chez lui. Le rattrapage ne consiste pas à étudier mais à la prendre au piège. Par la confiance et le respect qu’a l’enfant envers ce dernier, il en profite pour nuire la vie de l’élève. Comme Durkheim disait : « L’autorité morale est la qualité maîtresse de l’éducateur. Car c’est l’autorité qui est en lui que le devoir

1Raymond Boudon « L’inégalité des chances », Paris, Librairie Hachette, Pluriel, 1979,(1ère édition 1973) 2Emile Durkheim « Éducation et Sociologie » (1922) 77

est le devoir »1. Ce qui explique cette attitude de l’enseignant contre carré l’éthique de l’éducateur. Selon la logique, ils sont les références des élèves. Ils sont pour autant l’image d’une bonne conduite dans le domaine de l’enseignement. Mais ils se laissent commander par leur côté agressif. Or, leur prestige se doit d’être conservé pour bien exercer leur travail. Ainsi, dans le cas où la fille tombe enceinte, les enseignants se détournent de leurs responsabilités envers l’élève. L’enfant doit supporter tout seul l’immoralité de son éducateur. La fille ne peut ni dévoiler la vérité à ses parents ni aux corps enseignants. Elle préfère garder l’anonymat du père de son enfant. Ensuite, concernant la question d’approvisionnement par semaine, les filles doivent se débrouiller toutes seules d’autant plus qu’elles vivent loin de leurs parents. Si l’on considère leur emploi du temps, il faut être assez fort pour pouvoir réaliser leurs tâches quotidiennes. Or, leur alimentation est très déséquilibrée. Leur alimentation est d’une mauvaise qualité. Les enfants devront parcourir des kilomètres à pied par semaine pour s’approvisionner de la semaine à venir. Ils partent très tôt le samedi et reviennent soit le dimanche après-midi (si le chemin du retour est assez loin) soit très tôt le lundi. C’est une des raisons pour laquelle les élèves -filles sont enclins à la déperdition scolaire. Le système éducatif de la région ne répond pas aux attentes de la réalité sociale. Les connaissances transmises ne s’adaptent pas au contexte et attentes des élèves. Par exemple le programme insiste sur le fait que les élèves, dans le milieu rural littoral, connaissent l’histoire de la révolution française et les diverses guerres dans le monde. Or elles ne savent même pas la chronologie de leur propre histoire, si l’on ne parle qu’au niveau de sa collectivité uniquement. Elles n’arrivent pas à déterminer leur origine et les raisons des divers règlements de sa communauté. Elles ne pourront pas évoluer de ce que les éducateurs leur font part. John Dewey propose« Nous devons donc, littéralement, partir de l’enfant, le prendre comme guide. C’est lui seul qui détermine la qualité et la quantité des matériaux que l’éducateur lui présente »2. L’enseignement doit être conforme à la réalité (dans toutes les dimensions) d’existence de l’enfant. Ainsi l’enfant sera plus attentif à l’éducation. Il s’agit par conséquent de trouver les instruments qui permettent aux élèves de s’exercer et de conceptualiser par eux même les tenants de l’enseignement.

1Emile Durkheim, idem 2John Dewey, idem, p 96 78

2. Contraintes liées à l’éducation à Madagascar Les problèmes scolaires que nous avons évoqués par rapport au cas de la CISCO de Soanierana-Ivongo sont presque identiques à ceux de nombreuses régions de Madagascar. Madagascar s’est engagé dans la réalisation des OMD et a signé les déclarations du millénaire en 2000, d’où l’adoption des politiques d’amélioration du système éducatif en se basant sur la mise en œuvre de l’EPT. Cependant certains responsables politiques et techniques pensent que Madagascar n’est concerné que par quelques OMD : l’éradication de l’extrême pauvreté et de la famine, et l’atteinte de l’éducation primaire universelle. Et que certains objectifs comme promouvoir l’égalité des genres s’applique à d’autres pays mais ne concernent pas Madagascar puisque la question d’inégalité n’est trop remarquable dans le pays. La politique nationale de l’éducation tendait déjà vers la scolarisation universelle. Le pays met en œuvre des plans visant à atteindre l’EPT. L’État malgache, en 1960, annonce le droit à l’éducation pour tous les enfants, la gratuité de l’éducation dans les établissements publics et l’obligation scolaire. La politique nationale suivie par Didier Ratsiraka jusqu’en 2001 ne s’en écarta pas. Depuis 1999, le gouvernement malgache a fait des efforts pour assurer l’EPT, touchant tant les filles que les garçons. Le pays possède des établissements publics gratuits et accessibles à tous. Malgré cela, la scolarisation universelle visant l’éducation pour tous à Madagascar n’est toujours pas réalisée. Les facteurs sociaux handicapent l’accès des filles à l’école notamment dans les régions où la qualification de l’offre scolaire est encore médiocre, dispersée et incomplète. 2.1. Insuffisance de revenus des ménages L’accès à l’école n’est pas gratuit. Ceci est la principale cause du non atteint de la scolarisation universelle. Même s’il n’existe pas de frais de scolarité dans les établissements publics, d’autres frais informels doivent être payés par les familles. Une organisation a été mise en place pour collecter des fonds provenant des parents d’élèves pour pouvoir compléter la rémunération des enseignants non fonctionnaires : « les Fikambanan’ny Ray Aman- drenin’ny Mpianatra » (FRAM). Comme les dépenses sont liées à ces fréquentations scolaires, cela engendre une contrainte pour certains ménages. Très souvent on peut voir des parents de ménages défavorisés qui peuvent pas s’investir dans l’éducation de leurs. En moyenne, un ménage devrait dépenser 66 000Ar par an pour chaque enfant fréquentant l’école quel que soit son

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niveau d’étude1. Il existe cependant des différences entre les dépenses pour chaque cycle, entre les types d’établissements (privés et publics) et selon le milieu. Les dépenses en milieu urbain sont plus élevées. Les coûts des manuels pédagogiques élevés constituent aussi un des problèmes rencontrés par l’éducation malgache. De nombreux élèves ne possèdent pas assez de manuels. Les appuis fournis par l’État ne suffisent pas pour répondre aux besoins des plus démunis. Dans les établissements privés, les parents dépensent en moyenne 152 000Ariary par an pour chaque enfant scolarisé contre 27 000 Ar dans les établissements publics2. La plupart des enfants issus des ménages défavorisés ne peuvent pas fréquenter l’école. Les situations socio-économiques des parents déterminent la scolarisation de ses enfants. De plus, les enfants issus de ces familles souffrent souvent de malnutrition. Cette déficience en matière de nutrition entraine une faible faculté d’apprentissage de l’élève. 2.2. Niveau d’apprentissage Des différences entre les niveaux scolaires dans les établissements publics et privés sont constatées que ce soit dans l’école primaire, secondaire et lycée : 90% des établissements scolaires sont des établissements privés. Comme la plupart des établissements privés sont rassemblés dans les grandes villes, une grande différence de niveau scolaire entre les régions est observée3. Comme plus de la moitié des enseignant(e)s dans les établissements primaires sont des FRAM, la plupart d’entre eux n’ayant pas suivi des formations spécifiques et sont souvent insuffisants surtout dans les zones rurales. Ce qui nuit à la qualité de l’éducation dispensée dans les écoles publiques. Ils ne peuvent pas transmettre correctement les connaissances qui devraient être acquises par les élèves. 2.3. Inégalités géographiques genre et traditions Comme d’autres pays en Afrique, il existe une disparité dans les écoles. La non scolarisation et la déscolarisation des filles ne permet pas d’atteindre la scolarisation universelle selon laquelle tous les enfants ont le droit d’accès à l’éducation. L’inégalité de genre à Madagascar est favorisée par des grandes inégalités géographiques. En milieu rural, les TNS et TBS au niveau primaire sont faibles par rapport à ceux dans le milieu urbain : 66,1% et 105,7% contre 85,6% et 125,6%4. Le ratio filles/garçons (rapport entre TBS des filles et TBS des garçons) en milieu urbain est de 0,96 et en milieu

1INSTAT Madagascar, ENSOMD, « Assurer l’éducation primaire pour tous », 2012-2013, p. 12 2INSTAT Madagascar, ENSOMD, « Assurer l’éducation primaire pour tous », 2012-2013, p. 31 3 RAZAFINDRAVAO T.E., « L’éducation à Madagascar. Repenser le système éducatif pour un meilleur devenir», novembre 2012. 4RAJEMISON H., INSTAT Madagascar, « Éducation », EPM 2010. 80

rural, il est de 1,061. Il existe donc une inégalité de genre en milieu urbain. Le milieu de résidence où vit l’enfant est déterminant. Les personnes sans instruction constituent 38% de la population en milieu rural, tandis qu’en milieu urbain, le pourcentage des personnes sans instruction n’est que de 10%2. Dans plusieurs communautés rurales, les filles sont encore soumises à des rôles traditionnels : les coutumes n’accordent qu’un second rôle aux filles. Cela influence l’accès des filles à l’école. Les filles dans les zones rurales sont soumises à des travaux domestiques qui leur sont attribués traditionnellement. Les parents pensent que les garçons ne doivent pas forcément poursuivre de longues études, grâce à leur force physique, ils peuvent s’occuper du patrimoine familial3. Dès fois à l’école, les filles et les garçons sont perçus de différentes manières et ne sont pas considérés de la même manière. À Madagascar, il existe encore plusieurs raisons qui mettent en évidence l’inégalité de chance d’accès à l’école entre les filles et les garçons. Par exemple, certaines personnes pensent que le mariage doit passer avant les études et les chances pour les filles de continuer leurs études se trouvent minces. Actuellement, selon des pratiques coutumières à Madagascar, les filles doivent se marier tôt ; le mariage est perçu par certaines personnes comme une stratégie de survie de la famille et de protection des mineurs parce que les familles craignent les grossesses non désirées. Plus d’un tiers des jeunes filles entre 15 et 19 ans dans la grande île sont déjà mariées. Cela multiplie les risques de grossesse précoce. De plus, ces filles sont considérées comme moins bonnes à l’école que les garçons. Mais les enseignants ont un préjugé différent. Pour eux, les filles sont disciplinées et sages, tandis que les garçons sont turbulents mais intelligents4. Ils possèdent bien plus d’opportunité sur l’exercice de leadership et sont sollicités dans les matières scientifiques. Par contre, les filles sont encouragées dans les matières littéraires et n’ont pas beaucoup d’occasion pour développer leur leadership. L’orientation des garçons et filles est aussi différente. Les enseignants orientent les garçons pour être médecin par exemple ou professeur d’université. Tandis que les filles sont orientées à être sage-femme ou secrétaire. Si l’éducation représente un coût élevé, les parents préfèrent envoyer les garçons à l’école plutôt

1 Opecit 2INSTAT Madagascar, ENSOMD, « Assurer l’éducation primaire pour tous », 2012-2013, p.9. 3 Bulletin d’Information sur la Population de Madagascar, «Scolarisation des filles en milieu rural malgache. Un espoir pour les parents », n° 45, janvier 2009. 4 114RAVAOZANANY N. et col. UNICEF Madagascar, « genre et éducation à Madagascar. Étude de cas des 6CISCOS», 2011. 81

que les filles1.La scolarisation tardive reste aussi un des problèmes rencontré par l’éducation dans le pays. 2.4. Ignorance des avantages procurés par l’éducation De nombreuses personnes n’ont pas conscience des avantages et des rôles de l’éducation2. Ce qui empêche la politique de l’État d’être efficace. De plus, un manque de sensibilisation de la part des communautés sur la nécessité de l’école et de l’éducation favorise également la dégradation de l’éducation surtout dans des zones rurales. Alors les communautés n’auront pas conscience de l’importance de l’éducation si l’État ne parvient pas à les persuader qu’elle constitue un moyen pour la réduction de la pauvreté, pour la prévention au frein du développement humain et durable, pour l’autonomisation de l’individu, etc. 2.5. Crise sociopolitique Le système éducatif malgache a toujours été touché par des situations de crise sans faille et de la pauvreté. Le budget de l’État en termes d’investissement a été réduit. Les dépenses publiques constituent environ 14% du PIB depuis 2009 contre 18,6% en 2008 à cause de la politique d’austérité budgétaire3. Selon notre point de vue, la pauvreté constitue le principal facteur empêchant les enfants d’accéder à l’école et de terminer correctement leurs études. Il est indéniable que le taux de scolarisation dépend du niveau de vie des ménages. Le pourcentage de ceux qui atteignent la dernière année du primaire est de 52% pour les ménages les plus riches contre 26% seulement pour les ménages les plus pauvres4. La proportion des enfants fréquentant le niveau primaire dépend du niveau d’étude du chef de famille : plus il est instruit, plus cette proportion est élevée. Dans plusieurs régions de Madagascar, il n’existe pas de concurrence entre travail des filles et des garçons et la scolarisation. La contribution des enfants de 6 à 9 ans dans les zones rurales, où se situent 75% de la population, aux tâches ménagères et aux activités agricoles reste faible. Ce n’est que vers 10 ans que les enfants sont appelés à s’occuper des activités domestiques. Selon l’Enquête Périodique auprès des Ménages (EPM), de nombreux élèves sont contraints à fréquenter le marché du travail dès leur jeune âge principalement à la campagne :

1 GASTINEAU B. et RAVAOZANANY N., « Genre et scolarisation à Madagascar », Questions vives, vol 8, °15, 2011 2 Bulletin d’Information pour la Population, « Scolarisation des filles en milieu rural malgache, un espoir pour les parents », n°45, janvier 2009. 3 INSTAT Madagascar, ENSOMD, « Assurer l’éducation primaire pour tous », 2012-2013, p.1. 4 Idem p.15 82

1 enfant sur 10 de 5 à 10 ans et 3 enfants sur 10 de 10 à 14 ans participent à la vie économique. La plupart de ces enfants travaillent surtout pour aider leur famille. Généralement, les garçons et les enfants non scolarisés sont plus concernés par les travaux des enfants. Dans trois régions de Madagascar, certains enfants travaillent et en même temps fréquentent l’école. Dans de nombreuses régions de la grande île, les orphelins sont toujours les victimes par rapport aux autres. SECTION II : PERSPECTIVE D’AMÉLIORATION Si on veut que la fille devienne une bonne mère, une bonne épouse qui pourra participer à l’activité économique et soit une citoyenne dynamique, des conditions propices à sa réussite devraient être mises en place, en particulier par l’intermédiaire de l’éducation. Promouvoir l’éducation des filles est un des moyens favorables qui pourraient permettre de faire sortir Madagascar de la pauvreté. 1. Proposition d’amélioration de l’éducation 1.1. Valoriser l’apprentissage et les enseignants Une éducation de grande qualité est impossible sans des enseignants de grande qualité. Nous pouvons définir, et évaluer, la qualité de l’éducation de différentes façons1, et le débat se poursuit sur les différentes approches de l’évaluation qui reflètent véritablement ce qu’elles tentent d’illustrer, et l’impact de ces approches sur la qualité qu’elles tentent d’évaluer2. Mais ce qui est incontestable est l’absolue nécessité des enseignants pour une éducation de grande qualité, quelle que soit la façon de la définir et de l’évaluer. En effet, les enseignants sont indispensables quand il s’agit du développement des capacités à lire, à écrire et compter, ou d’acquérir un ensemble des compétences analytiques, sociales et émotionnelles complexes. Il est très important d’avoir suffisamment d’enseignants, aux niveaux pré-primaire, primaire et secondaire, pour que chaque enfant puisse aller à l’école, dans une classe de taille adaptée pour qu’il puisse apprendre. Des études influentes ont clairement révélé3 que des classes surpeuplées nuisent aux élèves, et qu’un système d’éducation qui confie 40, 50, 60 ou même 100 élèves à un enseignant ne garantira pas l’apprentissage de ces élèves au mieux de leur capacité. Bien évidemment, la qualité de l’éducation qu’elle soit définie précisément en termes de résultats aux tests des élèves, ou de façon plus large, a un lien avec la compétence des enseignants.

1http://éducation.com, 15 janvier 2015, vers 15h 2http://éducation.com, 15 janvier 2015, vers 15h 3http://UNICEF.com, 15 janvier 2015, vers 15h 83

Ainsi, il est important dans ce cas d’augmenter le revenu des enseignants afin qu’ils puissent offrir des produits de meilleure qualité. 1.2 Organisation du système éducatif En matière d’organisation, nous trouvons qu’il est plutôt rentable de garder le système politique et éducatif actuel (primaire 5 ans). Après cinq ans de scolarisation, l’enfant aura déjà son premier diplôme, qui peut l’encourager à poursuivre ses études ultérieures. A noter que depuis ce dernier temps, le nombre d’enfants entrant à l’école ne cesse d’augmenter, il y a lieu d’améliorer les conditions d’étude : augmenter les capacités d’accueil des écoles, effectuer les entretiens des établissements scolaires, les équiper pour diminuer le taux d’abandon, construire des établissements scolaires à proximité des villages et respecter les normes dans la construction des infrastructures scolaires. Améliorer les compétences des responsables et des enseignants par le biais des formations : ils doivent disposer d’un diplôme et de compétences appropriées afin de pouvoir transmettre aux enfants les connaissances correspondants à chaque niveau. Comme nous le savons et suivant le point de vue des économistes, 91% de la population vivent au-dessous du seuil de pauvreté (moins de 2 dollars par jour) et ne peuvent pas subvenir à d’autres éventuelles dépenses liées à l’éducation. Dans ce cas, l’État devrait assurer la qualité de l’enseignement et favoriser les groupes les plus vulnérable de bénéficier une éducation de qualité. Il devrait s’engager au paiement des rémunérations de tous les enseignants et à l’amélioration de leur condition de travail (logement,...). En tenant compte du principe d’inclusivité, renforcer la collaboration avec les bailleurs, partenaires financiers et techniques pour la subvention du secteur éducatif. Pour améliorer l’éducation de base, alléger les charges des parents et inciter l’accès à l’école des filles, il est question de doter aux écoliers des instruments d’étude essentiels (Kit scolaire, uniforme,…). 1.3. Faire face aux facteurs de blocage Les autorités locales et la communauté devraient sensibiliser les parents concernant les droits des enfants, y compris le droit à la scolarisation, et contrôler le travail des enfants. Augmenter les moyens financiers ne suffit pas pour améliorer le bien-être de la famille. Donc, l’EPT précise aussi qu’outre l’alphabétisation qui est primordiale, il est aussi important de promouvoir les formations professionnelles, les éducations formelles ou encore la santé, la vie de population, et d’autres problèmes sociaux pour sauver la génération future.

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2.. Proposition d’amélioration de l’éducation des filles Pour garantir un avenir brillant à une jeune fille, avec l’aide de ses parents, elle doit être capable de mener à termes ses cursus scolaire voire universitaire

Faire participer ces jeunes filles dans leur communauté, par des partages de leur savoir pourrait également contribuer au développement de la vie sociale de celles-ci. De plus, des projets comme la dotation des bicyclettes pour les collégiennes, des bourses d’études permettraient de favoriser l’éducation des filles. La promotion de réinsertion scolaire des filles déscolarisées y compris les filles mères mais la conviction des communautés scolaires jouent de rôles très importants au fait d’accepter de leur donner de seconde chance pour leur avenir ainsi qu’à sa famille dans la vie future. 2.1. Favoriser l’éducation informelle En outre, l’éducation formelle pourrait également être utilisée pour développer l’éducation d’une fille : faire régner une vie familiale affective à chaque fillette afin de les sécuriser. L’environnement familial pèse aussi sur la non scolarisation de l’enfant. Le niveau d’éducation des parents, en particulier celui de la mère, joue un rôle clé dans le cadre de l’éducation d’un enfant. En effet, les parents qui ont reçu des éducations scolaires élevés ont souvent tendance à prendre compte l’éducation de leurs enfants. Par ailleurs, une grande pauvreté associée à la désintégration de la cellule familiale et notamment la défaillance des parents dans leur rôle de soutien moral, favorise de mauvais choix chez les plus jeunes. Ainsi, il faut : - Eduquer les parents sur l’importance des prérequis des enfants avant l’apprentissage scolaire - Informer les parents sur l’importance de l’éducation sexuelle au sein de la famille - inciter les jeunes filles à continuer leurs études, - encourager les parents à inscrire leurs enfants à l’éducation préscolaire avant l’âge règlementaire pour finir à temps les études supérieures, au cas où il y a échec, - sensibiliser les parents d’alléger les charges domestiques de leurs fillettes, - investir dans la qualité : la qualité se mesure aux connaissances, compétences et comportement qu’acquièrent les élèves par rapport à ce qui est énoncé dans le programme national. Elle s’évalue en fonction des résultats cognitifs, affectifs, et sociaux, étant entendue que l’on s’attend à obtenir des résultats positifs. La vie familiale, affective et sociale, influe largement sur cette qualité de l’éducation. «

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Puisque seulement 2/3 des élèves entrant à l’école primaire achèvent ce cycle d’enseignement, il est indispensable, pour parvenir à l’éducation pour tous, de radicalement améliorer la qualité de l’enseignement. Certains pays ont prouvé qu’il était possible d’obtenir des résultats nettement supérieurs sans encourir de hausses importantes de coûts »1. 2.2. Promotion des actions de l’insertion, rétention et réinsertion des jeunes filles au niveau scolaire - Appuyer le développement des activités génératrices de revenus des associations de parents d’élèves, - Etablir un plan de sensibilisation en partenariat avec les ONG et associations spécialisées en direction des parents et des jeunes filles, - Plaidoyer auprès des collectivités locales et du secteur privé pour soutenir le programme de qualification et d’insertion des jeunes filles déscolarisées, en particulier par la mise en place de mesures incitatives à la création de centres formels ou non formels, d’information et de formation, - Renforcer/introduire les programmes EVA au niveau de ces structures, - Créer de groupes d’épargne et d’activités génératrices de revenus pour aider les familles à augmenter leurs revenus et pouvoir subvenir aux frais de scolarité de leurs enfants et en particulier des filles. - mettre en place les foyers sociaux et centres de promotion socio-économique - former des travailleurs sociaux en insertion des jeunes filles déscolarisées, - organiser des services de consultation périodique avec les travailleurs sociaux pour l’orientation et le conseil des jeunes filles dans les foyers sociaux et dans les centres de formation socio-économiques.

2.3. Continuité des diverses donations en faveur des filles Face à la situation catastrophique que vivent les filles dans la région Analanjirofo, plus précisément du district de Soanierana Ivongo ; le projet AEF de donner a octroyé des bicyclettes et bourses d’étude aux filles issues de familles vulnérables afin de faciliter leurs éducations. En effet, ces dons ont été réalisés grâce à l’UNICEF par le biais d’Aide et Action dans la mise en œuvre du projet d’amélioration de l’éducation des filles. Les vélos sont

1http://www.éudcation pour tous.mg, 15 Janvier 2015, vers 15h 86

devenus des biens du collège. De commission au niveau de chaque collège décident les noms des bénéficiaires selon le degré de leurs vulnérabilités à l’aide de résultat d’enquête. Photo n°2 : Elèves filles bénéficiaires des vélo

Source : Auteur, 2012

Ces photons nous montrent les filles bénéficiaires des Vélo dans une commune rurale du district de Soanierana Ivongo. Un tel projet pourrait immédiatement résoudre le problème lié à l’éloignement entre le lieu de résidence des jeunes filles et l’établissement scolaire par les dons de bicyclette. Il faut également promouvoir le fonctionnement de campus « zazavavy », activité déjà initiée par le projet avec l’UNICEF pour faire face au problème des filles qui devraient vivre seule durant leurs études en ville. La CISCO de Soanierana Ivongo a bénéficié 4 campus « zazavavy » qui sont tous encore fonctionnels deux ans après la fin du projet. On doit également mettre en place les infrastructures visant à développer le loisir des enfants et aussi des jeunes pour remplacer le « jiromena » On doit aussi faire face au renforcement de la sécurité à l’école et sur le chemin de l’école en construisant des toilettes séparées pour les filles, en formant les enseignantes à l’égalité fille-garçon et à leurs droits, et en informant les filles de leurs droits. Mis en relation des structures déjà mis en place sur l’accompagnement des filles à leurs éducations avec les services déconcentrés (coalition des marraines / CISCO/DREN)

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Tableau n° IIII: Résultat fin d'année scolaire 2010 - 2011

Ensemble des filles collégiennes de la CISCO Boursières Bénéficiaires des vélo Effectif Effectif des Nombre total des Nombre bénéficiaires de CISCO filles au Nombre Nombre de Taux Effectif Nombre de Nombre Nombre Taux Nombre Nombre total des ayant bénéficiai Taux de début d'abando filles de des boursières d'aband de filles de d'abando de filles redoublan effectivement res réussite de n admise réussite boursières redoublantes on admise réussite n admise tes Fille utilisé leur redoubla l'année vélo ntes scolaire Soanierana Ivongo 3302 751 224 2327 70,5% 550 155 6 389 70,7% 26 3 0 23 88,5% Source : CISCOSoanierana Ivongo, 2012

Ce tableau nous montre que les filles bénéficiaires des appuis du projet (filles issues des familles vulnérables) arrivent à avoir de niveau considérable dans l’ensemble des filles de la CISCO. Elles peuvent avoir de meilleurs résultats si nous arrivons à bien détecter de quels problèmes elles souffrent, comme ici le résultat de bénéficiaires de vélo dépassent largement celui de l’ensemble dans la CISCO.

Ainsi, on sollicite énormément les dons venant des organismes internationaux, nationaux, des sociétés privées et l‘Etat afin de favoriser l’éducation des filles.

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D. Autres propositions - Valorisation et application de décret règlementant le « Jiromena » car notons que beaucoup de jeunes filles sont victimes de cette festivité. Les parents prouvent de difficulté à surveiller leurs enfants. Les opérateurs sont parfois des gens détenteurs de pouvoir dans le village. - Organisation des concours artistiques inter-établissement, spécialement pour les filles. Adaptation du calendrier du concours selon la disponibilité des élèves, enseignants et les relais locaux de transmission des messages, et organisation du concours pendant le week-End, l’étalement du concours permettent de mettre dans la bonne direction les filles qui sont occupées dans d’autre chose que l’éducation. En effet, mise en place des équipes féminines nous permettent également de valoriser l’éducation féminine afin qu’elles ne passent guère leur temps libre à faire d’autres choses et aussi à les éduquer physiquement. - Prendre en compte non seulement au niveau national pourquoi pas au niveau des communes, la célébration officielle de la journée internationale des filles - La sensibilisation des parents et des communautés à l’importance de l’éducation des filles. - L’amélioration de l’accessibilité des enfants à l’école en participant à la construction d’écoles dans les zones reculées. - La facilitation de l’enregistrement des naissances pour permettre à tous les enfants, et plus particulièrement aux filles, d’obtenir un acte de naissance prouvant leur identité et d’accéder ainsi à leurs droits, dont le droit à l’éducation. - La lutte contre les grossesses précoces.

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Photo n° 1: Equipe des filles

Source : Auteur, 2012 Ce photo nous montre l’équipe des filles ayant participé à la festivité de « zazaviavy mafoaka » organisée dans les communes du district de Soanierana Ivongo, dans le cadre du projet UNICEF-Aide et Action International.

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Cette deuxième partie nous donne des renseignements sur l’importance de l’éducation des filles dans le district de Soanierana Ivongo. Nous avons, en effet, vu que l’éducation tient une place très importante au niveau sociale, économique comme l’augmentation de la productivité, diminution du taux de mortalité et autres encore. Toutefois, des problèmes ont été constatés et des solutions ont été également proposées afin de favoriser ce type d’éducation.

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CONCLUSION En somme, l’éducation est un sujet qui touche le monde entier. C’est plutôt dans le continent africain qu’elle est le plus marginalisée, particulièrement chez la population féminine. L’éducation des enfants est une stratégie pertinente visant à dévier l’enfant à toute sorte de délinquance. Comme on dit : « Pour une école qui s’ouvre, une prison se ferme ». L'éducation des enfants contribue à réduire la pauvreté et à promouvoir l'égalité entre les deux sexes. Elle aide à faire baisser le taux de mortalité infantile (puisqu’une mère éduquée se préoccupera davantage de la santé ainsi que du bien-être de son enfant. Elle prend toujours en compte des préventions nécessaires afin de protéger son enfant de toute sorte de maladie capable de l’amener à la mort) et joue en faveur du respect de l'environnement. L'éducation universelle requiert par définition l'égalité entre les garçons et les filles. L’équilibre dans l'éducation n'aura cependant qu'une valeur limitée si peu d'enfants des deux sexes y ont accès. Le district de Soanierana-Ivongo soumise à un climat chaud et humide, est une région à vocation agricole. L’agriculture est la principale activité économique de la population. En effet, la région possède des potentialités économiques mais elle souffre de l’insuffisance des infrastructures sociales telles que les hôpitaux et les établissements scolaires. Les feux de brousse, l’insuffisance nutritionnelle et la dégradation des routes, l’enclavement des grandes partie de la région sont les principaux problèmes de ce district, nuisant ainsi son développement social et économique. Nous avons constaté que le développement de Madagascar est basé essentiellement sur le développement du secteur éducatif ; quoi qu’on face, faute d’éducation, l’amélioration de notre avenir sera difficile ; le développement du pays, de la région ou du district comme Soanierana Ivongo sera aussi difficile. L’étude de l’éducation de base dans ce district nous a permis de savoir que le rendement interne est faible car on constate que le taux de rétention des filles (en 3èm) est à 63% contre 73% pour les garçons. Cette situation provient notamment de la mauvaise qualité de l’offre éducative. En effet, non seulement, les infrastructures sont insuffisants (salle de classe, tables bancs, manuels,…), mais l’effectif du personnel enseignant ne coïncide pas au besoin de la circonscription scolaire, tant en quantité qu’en qualité. Par ailleurs, elle résulte des difficultés des parents à soutenir moralement et financièrement la scolarité de leurs enfants face au coût de scolarisation, à leur mentalité traditionnelle, l’enclavement de leur

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domicile, mais, surtout à leur pauvreté. Il faut aussi souligner que l’absentéisme fréquent des enfants, pendant la période de soudure et la saison de collecte des produits locaux dans la région sont la cause majeure du redoublement et il en est de même, concernant la grossesse involontaire précoce des filles pour les abandons. Les filles de cette localité ne sont pas épargnées des risques de décrochage scolaire dont la situation géographique et la prolifération du « jiromena en sont les principales facteurs. Ainsi les efforts déjà déployés avec l’appui des différents projets qui y déjà intervenu ne sont pas négligeables vus les résultats escomptés durant la phase de leurs mis en œuvre telles que l’amélioration de résultats scolaires des filles ayant obtenu des appuis spécifiques et aussi continuité de fonctionnement de campus « zazavavy » Enfin, des suggestions ont été apportées compte tenu de ces divers problèmes analysés afin d’améliorer l’éducation des filles et de la valoriser. A Madagascar, notre système éducatif devra être un système qui prend en compte l’inclusion permettant de répondre aux besoins spécifiques des filles au niveau scolaire.

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BIBLIOGRAPHIE I. OUVRAGES GENERAUX

AUGUSTE (A). La Sociologie, 108 Boulevard Saint-Germain, Paris, Presse Universitaire de France, 1956, 114p. BEKER, Human Capital; a Theorical and Empirical analysis, Third Edition, Chicago 1993. GUILLAUMONT Patrick ; Economie du développement : Dynamique interne du développement ; Edition PUF, Paris Septembre 1985. ROUSSEAU (J.J). Julie ou La Nouvelle Héloïse Tome II, Paris, Editions Garnier Frères, 1952,414p. MONTAIGNE. Essais (EXTRAITS I L’HOMME), Paris VIème, Librairie LAROUSSE, 1580-1588-1595,103p. STUART MILL (J), L’assujettissement des femmes, Paris, Éditions Avatar, 1992, 206 p. T.W.Schultz : Investissement humain et qualité de la population, Tendances actuelles, 2èmeEdition, Février 1983.

II.SUPPORTS PEDAGOGIQUES

ANDRIAMAHEFA Gabriel, Cours de Démographie, 2ème année Économie, Université de Toamasina MBIMA Césaire, Cours de croissance économique et fluctuation, 3ème année économie, université de Toamasina RANDRIANANDRAINA Noro, Cours de Comptabilité Nationale, 2ème année Economie, Université de Toamasina, 2003

III.DOCUMENTS PERIODIQUES Droit de la femme : consolidation et extension des activités d’éducation à la vie familiale et appui à l’auto emploi, avril 1998. Document de travail : « Education Pour tous » atteindre l’objectif, édition 16-19 juin1996. INSTAT Madagascar, ENSOMD, 2012- 2013. INSTAT Madagascar, « Rapport sur le développement humain », 2010.

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Document de Projet « Amélioration de l’éducation des filles dans les zones vulnérables de l’Analanjirofo » financé par Unicef- En partenariat avec AIDE ET ACTION – Antananarivo, octobre 2009 IV.SITOGRAPHIE http://www.théorie sur l’éducation.com, du 15 Janvier 2015, vers 15h http://www.théorie sur l’éducation.com, du 15 Janvier 2015, vers 15h http://www.toutes-à-l’écoles.org du 20 Octobre 2015 https://ries.revues.org/778 Novembre 2016

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ANNEXES

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ANNEXE I : CARTE de la CISCO de Soanierana Ivongo

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ANNEXEI I : LISTE DES ETABLISSEMENTS D’INTERVENTION DU PROJET D’EDUCATION DES FILLES, MENE AVEC AIDE ET ACTION DANS LA CISCO DE SOANIERANA IVONGO

ZAP CEG Ambahoabe nord 1- Ambatolalaka 2- Annexe Ambahoabe

Ambahoabe sud 3- Ambahoabe 4- Ambahinkarabo 5- Ambavala

6- Vatomora

Ambodiampana 7- Ambodiampana Andapafito nord 8- Ambatobe I 9- Andapafito Andapafito sud 10- Andrantabe 11- Antara 12- Antanifotsy Antanifotsy 13- Andrangazaha Antenina I 14- Antenina Centre 15- Kiaraby Antenina II 16- Antevialabe Fotsialanana 17- Antsirabeniseva 18- Fotsialanana 19- TanambaoFotsialanana Manompana 20- Manompana Soanierana Ivongo I 21- Manakatafana 22- Soanierana Ivongo 23- Tsirarafana Soanierana Ivongo II 24- Ambinanisakana 25- Ampasimbola Source : Aide et Action 2012

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LISTE DES ILLUSTRATIONS LISTE DES GRAPHIQUES Graphique n° I: Effectif de population par commune ...... ………10 Graphique III: Effectif des enseignants au niveau primaire et collège dans la CISCO deSoaniarano Ivongo………………………………………………………………………….14 Graphique n° III: Taux de mortalité à Soanierana Ivongo de 2010-2011……………………54 Graphique n° IV: Place de l’enseignement privé dans les années 80 (%)……………………62 Graphique N°V : Evolution des effectifs des élèves du primaire pendant 5 années……...... 63 Graphique n° VI: Evolution de Taux d'achèvement par niveau d'enseignement…………….64 Graphique n° VII: Taux de scolarisation par âge (2014-2015)……………………………....66 LISTE DES TABLEAUX Tableau n° IV: Répartition des fokontany par commune et distance par rapport au chef-lieu de district ……………………………………………………………………………….…………8 Tableau n°II : effectif de population par commune …………………………………………..9 Tableau n° VI: Nombre des établissements pour préscolaire, école primaires et collèges dans la CISCO de Soanierana Ivongo……………………………………………………….……..12 Tableau IV : répartition des écoles par commune Soanierana Ivongo………….……………13 Tableau n°V: ONG et projets intervenant dans le district et touchant le domaine de l’éducation scolaires………………………………………………………………………….44 Tableau n° VI: Résultat fin d'année scolaire 2010 - 2011……………………………………87 LISTE PHOTOS Photo n° 2: Types de Transport utilisés dans la RN5………………………………………...15 Photo n°2 : Elèves filles bénéficiaires des vélo………………………..…………………….86 Photo n° 3: Equipe des filles……………………………………..…………………………..89

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TABLE DES MATIÈRES

SOMMAIRE ...... I REMERCIEMENTS ...... II LISTE DES ABRÉVIATIONS DES SIGLES ET DES ACRONYMES ...... III INTRODUCTION ...... 1 PREMIÈRE PARTIE : ...... 4 CADRE GÉNÉRAL DE L’ÉTUDE ...... 4 CHAPITRE I : GENERALITES SUR LE LIEU D’ETUDE ET L’EDUCATION ...... 6 SECTION I : MONOGRAPHIE DE SOANIERANA IVONGO ...... 6 1. Aspect géographique et administratif ...... 6 1.1. Localisation géographique ...... 6 1.2. Hydrographie, Climat et végétation ...... 6 a. Hydrographie ...... 6 b. Climat ...... 7 c. Végétation ...... 7 1.3 Situation administrative et population ...... 7 a. Division administrative ...... 7 b. Services administratifs ...... 8 c. Population ...... 9 2. Situation socio-économique ...... 10 2.1. Infrastructures socioculturelles ...... 10 a. Domaine de santé ...... 10 1. Le personnel soignant ...... 11 2. Maladies endémiques ...... 11 b. L’éducation ...... 11 c. Voies de communication et moyens de déplacement ...... 14 2.2. Les activités économiques ...... 15 a. L’agriculture ...... 15 b. L’élevage ...... 16 c. La pêche ...... 16 SECTION II : APPROCHES THÉORIQUES SUR L’ÉDUCATION ...... 16 1. Définitions et formes de l’éducation ...... 17 1.1. Qu’est-ce que l’éducation ...... 17 1.2. Éducation selon certains auteurs ...... 18

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a. Selon Adam Smith ...... 18 b. Théodore Schultz ...... 20 c. Timbergen ...... 21 d. Gary Becker ...... 22 e. J.S.Mill ...... 23 f. Alfred Marshall ...... 24 g. Karl MARX ...... 25 1.3 . Les différentes formes de l’éducation ...... 25 a. Éducation formelle ...... 25 b. Éducation non formelle ...... 26 c. Éducation informelle ...... 26 2. Signification économique de l’éducation et le développement ...... 26 2.1. Signification économique de l’éducation ...... 26 a. Éducation : bien de consommation ou d’investissement ...... 27 b. Éducation : bien privé ou bien public ? ...... 28 2.2. Lien entre éducation et développement ...... 29 a. Les objectifs de l’éducation ...... 29 1. Objectif culturel ...... 29 2. Objectif social ...... 30 3. Objectif économique ...... 31 CHAPITRE II : LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET L’ÉDUCATION ...... 32 SECTION I : DÉPENDANCE ENTRE L’ÉDUCATION ET LE DÉVELOPPEMENT ...... 32 1. Le développement économique et éducation ...... 32 1.1. Définition ...... 32 1.2. Rôle de l’éducation dans la croissance économique...... 32 a. Investissement dans l’éducation (ou dans le capital humain) ...... 33 b. Rentabilité de l’éducation (ou du capital humain) ...... 34 1. Avantages indirects liés à l’éducation ...... 34 2. Avantages directement liés à l’éducation ...... 35 2. Éducation et développement humain ...... 35 2.1. Notion de « développement humain » ...... 35 2.2. Rôle de l’éducation dans le développement humain ...... 37 SECTION II : ENSEIGNEMENT ET SES ACTEURS ...... 38 1. Politique nationale et système éducatif à Madagascar ...... 38

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A. Politique nationale ...... 38 1.2. Législations en matière d’enseignement ...... 39 a. La coopérative scolaire ...... 39 b. Le Jardin scolaire et la cantine scolaire ...... 39 .2. Principaux acteurs concernés ...... 39 2.1. Ecoliers et enseignants ...... 40 2.2. FRAM et parents ...... 41 2.3. Circonscription scolaire (CISCO) ...... 41 2.4. Acteurs indirects ...... 42 a. Les autorités locales et traditionnelles ...... 42 b. Les ONG et projets œuvrant dans le district de Soanierana Ivongo ...... 43 CHAPITRE I : IMPACTS DE L’ÉDUCATION SUR LA VIE SOCIALE ET L’ÉCONOMIE ...... 49 SECTION I : CONTRIBUTION DE L’ÉDUCATION SUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIO- ÉCONOMIQUE DE SOANIERANA IVONGO ...... 49 1. Effet qualitatif et quantitatif de l’éducation ...... 49 1.1. Effet de l’éducation sur les motivations et les comportements...... 49 a. Les valeurs ...... 49 b. Les motivations ...... 50 c. Les attitudes ...... 50 d. Les comportements ...... 50 1.1.1. L’éducation améliore l’origine sociale des enfants ...... 50 1.1.2. L’éducation améliore la qualité de l’individu ...... 51 a. L’intégrité ...... 51 b. L’honnêteté ...... 51 1.3. Effet de l’éducation sur la répartition des revenus ...... 51 1.3. Effet de l’éducation sur d’autres types de la structure sociale...... 52 2. Effet quantitatif de l’éducation dans le développement économique et sociale ...... 52 2.1. L’éducation agit sur « l’offre biologique de l’enfant » ...... 53 2.2. Effet de l’éducation sur la croissance démographique ...... 54 a. Effet de l’éducation sur la natalité ...... 54 b. Effet de l’éducation sur la mortalité ...... 54 SECTION II : PERFORMANCE DE L’ÉDUCATION : S’AGIT-IL LA D’UN MOYEN POUR LUTTER CONTRE LA PAUVRETE ?...... 55 1. Contribution de l’éducation dans la lutte contre la pauvreté ...... 56 1.1. Amélioration de l’emploi et le revenu des ménages ...... 56

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a. L’éducation et le chômage...... 56 1. Amélioration du revenu et secteur fréquenté ...... 56 2. Amélioration de la production ...... 56 1.2. Réduction des dépenses en matière de santé ...... 57 a. Effet de l’éducation et l’espérance de vie ...... 57 b. Lutte contre l’IST et le SIDA ...... 57 1.3. Impacts de l’éducation sur la vie de la femme...... 58 B. Limites de l’éducation ...... 58 a. L’exode rural et fuite de cerveau ...... 59 1. L’exode rural ...... 59 2. L’exode de cerveau (Brain-drain) ou fuite de cerveau ...... 60 b. La surexploitation de la connaissance et le travail des femmes ...... 61 1. La surexploitation de la connaissance ...... 61 2. Les problèmes des femmes au travail ...... 61 2. Système éducatif et sa performance ...... 62 1.1. Structure et organisation du système éducatif national ...... 62 2.2. Performance du système éducatif ...... 64 CHAPITRE II : PROBLÈMES CONSTATÉS ET SOLUTIONS POUR LES RESOUDRE ...... 69 SECTION I : PROBLÈMES CONSTATÉS AU NIVEAU DE L’ÉDUCATION ET EN PARTICULIER CELLE DES FILLES ...... 69 1. Contraintes liées à l’éducation des filles à Soanierana Ivongo ...... 69 1.2. Maternité précoce ...... 71 1.3. Recherche d’aisance matérielle ...... 72 1.4. Discrimination des filles face à l’enseignement ...... 75 1.5. Dissuasion des filles à l’enseignement ...... 77 2. Contraintes liées à l’éducation à Madagascar ...... 79 2.1. Insuffisance de revenus des ménages ...... 79 2.2. Niveau d’apprentissage ...... 80 2.3. Inégalités géographiques genre et traditions ...... 80 2.4. Ignorance des avantages procurés par l’éducation ...... 82 2.5. Crise sociopolitique ...... 82 SECTION II : PERSPECTIVE D’AMÉLIORATION ...... 83 1. Proposition d’amélioration de l’éducation ...... 83 1.1. Valoriser l’apprentissage et les enseignants ...... 83

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1.2 Organisation du système éducatif...... 84 1.3. Faire face aux facteurs de blocage ...... 84 2.. Proposition d’amélioration de l’éducation des filles ...... 85 2.1. Favoriser l’éducation informelle ...... 85 2.2. Promotion des actions de l’insertion, rétention et réinsertion des jeunes filles au niveau scolaire ...... 86 2.3. Continuité des diverses donations en faveur des filles ...... 86 D. Autres propositions ...... 89 CONCLUSION ...... 92 BIBLIOGRAPHIE...... 94 ANNEXES ...... 96 LISTE DES ILLUSTRATIONS ...... 99 TABLE DES MATIÈRES ...... 100

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