De la tradition à la modernité, au XIX° siècle.

Marie-Paule DUCROT - PHILIPPART

Nous tenterons de définir la physionomie I) Rethondes, au premier XIX° siècle une commune de de Rethondes et de bucherons, pauvres et malaisés suivre son évolution au cœur du XIXème En 1800, an VIII de décomptées par Graves, salé ; l'usage habituel siècle, dans sa popula- la République, sous le possèdaient un toit de la viande de bouche- tion et ses «autorités», régime du Consulat de incombustible, couvert rie n'existait guère que mais aussi à travers Bonaparte, le préfet d'ardoises ou de tuiles ; dans le bourg d'Attichy. cette fabuleuse épopée Cambry constate : les chaumières étaient que fut la révolution "presque tous les habi- généralement bâties en Rethondes comptait industrielle et son tants de Rethondes sont calcaire, les plus alors 629 habitants (528 corollaire de transfor- bûcherons, pauvres et anciennes en pierre en 1806). En excluant mations sociales, malaisés et s'inquiète sèche, parfois même les enfants, jusque 15 les femmes quand le phénomène : "on assure qu'ils se encore en torchis. En ans, et toucha même les cam- battent volontiers à 1831, 27 maisons sur mariées au foyer, la profondes de 158 avaient population active (à pagnes ... coups couteau .. une couver- Fondée avant tout sur De fait, les bois ture solide ; le progrès compter jusqu'au décès l'exploitation des dominaient largement, était lent et tenait aux ?) aurait été de 294 registres de délibéra- couvrant 523 des nouvelles constructions, hommes. tions du conseil muni- quelque 949 ha de la peut-être du fait de Il s'agissait d'abord cipal conservés dans commune (55,11 %). Le nouveaux arrivants plus et avant tout de « bûche- la commune, cette travail forestier occu- aisés. rons», un terme géné- étude ne saurait être pait la majorité des La nourriture consis- rique désignant les bar- exhaustive, mais vou- habitants, qui jouis- tait en "pain mêlé", deurs, bocquillons, bot- drait apporter, par les saient de droits d'usage accompagné de teurs..., mais aussi des faits et les textes, un en forêt de Laigue. quelques fruits et petits cultivateurs, en aperçu vivant de cette Pauvres, ils l'étaient légumes (les jardins particulier de chanvre, période charnière de pour la plupart : en étaient nombreux et la culture pauvre par notre histoire. 1806, seulement Il propriété morcelée), et excellence. La proprié- maisons sur les 124 certains jours, de porc té la plus importante était la ferme de La habitudes d'ordre et mois de mai à Trosly, construction d'une mai- lois Pierrefonds, Rethondes, d'école, malgré la Belle Assise, située au d'obéissance aux - son nord-ouest du village à moins que Rethondes Attichy, Bitry, Saint- demande du prefet non loin de la Rue des n'aît fait exception dans Crépin, communes les impulsée par la loi Bois. Les seuls pres- le canton d'Attichy. Il plus touchées (elle Guizot sous la soirs étaient à l'usage remarque aussi des emporta 3 Rethondois Monarchie de Juillet, et de propriétaires. Il n'y habitudes d'économie, et 22 Rethondoises). bien que "la méthode avait apparemment ni d'amour du travail, de d'enseignement mutuel vigne, ni arbres frui- respect de la propriété, Rethondes était donc soit un grand bien pour tiers, et il n'existait toutes qualités dévelop- une commune pauvre, l'instruction des qu'un seul moulin à pées suite à la division n'ayant alors d'autre enfants" (1833). eau, sur le Fourchon. des grands domaines propriété que quelques Les ressources de la Selon Graves, la com- après la Révolution de parcelles de pâture au commune étaient insuf- mune n'avait pas non 1789. bord de l'Aisne, très fisantes, au titre de la plus de bonneterie, de Le pays restait enco- peu de biens commu- recette de contribution confection de toîles, re sujet, en ce début du naux, pas de propriété foncière et mobilière "à (cependant, en 1831, XIXème siècle, à des bâtie, ni maison com- raison de 2 centimes et Louis Bergeron, fièvres intermittentes, mune, ni presbytère. demi par franc", les conseiller municipal, affectant les villages Le conseil municipal subventions départe- est déclaré «tisse- entourés de bois, au déclara ne pas pouvoir mentales trop maigres rand» chanvre ?) choléra, qui désola faire face à la les dépenses munici- ... en par- construc- et ni de filatures de tissus, ticulièrement le nord de tion d'un bac sur pales bien lourdes : de tuileries (mais on la en 1832 : cette l'Aisne au Francport en salaires du desservant mentionne le «port à maladie sévit à Cuise le l'an XII (1804), aux de l'église, de l'institu- carreaux»), de four à 11 avril, 4 jours après réquisitions causées par teur (1816), du garde chaux, ou de carrières. son apparition à les campagnes napoléo- champêtre (300 francs La population était Compiègne, reparut au niennes de 1814, ni à la par an pour ce dernier). réputée «fortement atta- chée à ses coutumes» : on avait en effet conser- vé l'habitude de vénérer certaines fontaines pré- servant des maladies, de pratiquer le charivari, vieille tradition médié- vale, à l'occasion de mariages mal assortis ou de scandales... Les violences et les rixes entre bûcherons men- tionnées par le préfet Cambry, justifiaient sans doute un arrêté du Conseil municipal, en 1808, interdisant de jouer et de boire au cabaret, après 9 heures en hiver, 10 heures en été ( l'adjoint et le garde champêtre étaient res- ponsables de son exécu- tion). Il semble néanmoins que les bûcherons se soient ensuite assagis, car Graves observe, en 1836, dans toute l'éten- due du pays, des mœurs plus "uniformes", des 2) La Municipalité de Rethondes, «REPUBLIQUE Sous la Restauration, délibérations à histoire FRANCAISE, Liberté, les se de la petite la grande Egalité, Fraternité», le limitaient souvent au Maire et les conseillers, changement Les changements Le 27 avril 1815, avec beaucoup d'en- d'hommes, à la nomina- politiques pendant les Cent Jours, thousiasme, avaient fait tion d'un garde cham- le retour de Napoléon afficher en plusieurs pêtre, à l'attribution de L'on sait combien le 1er de l'île d'Elbe pro- endroits de la commune la Légion d'Honneur à XIXème siècle vit se voqua la fuite de Louis "que le peuple de Paris Pierre François Fillion, succéder de régimes, XVIII, qu'accompagna avait proclamé la sous-lieutenant en du coup d'Etat de celle du Maire Jean le République, qu 'il y retraite, ou à la Bonaparte des 18-19 Caron de Mazencourt avait un gouvernement construction, en 1816, Brumaire an VIII, met- (qui avait été nommé en provisoire d'établi, que du mur du cimetière, tant fin à la Révolution, 1813, conformément à l'ordre et la tranquillité face à l'église. La fai- à l'Empire de Napoléon la commission du régnaient". blesse des projets s'ex- 1er en 1804, puis à la Préfet). Son adjoint Le dimanche 5 pliquait également par Restauration des Charles Rémi Cabois et décembre 1852, 3 jours de petits budgets, mais Bourbon, définitive les conseillers munici- après le coup d'Etat du surtout par les ponc- après les Cent jours de paux, prêtèrent donc, en Prince-Président Louis- tions financières des 1815. Les révolutions son absence, «le ser- Napoléon Bonaparte, la guerres parisiennes de 1830 et ment de fidélité à la proclamation du Second de 1848 modifièrent à constitution de l'Empire Empire fut accueillie nouveau la donne, la et à l'Empereur». sur la place publique, Sur la route des première installant Avec la Révolution face à l'Eglise, en pré- invasions Louis Philippe 1er, Roi de Juillet 1830, Le sence des membres du des Français, chassé par Caron de Mazencourt, conseil municipal, du Touchée par les la seconde, qui instaura redevenu maire en curé et de l'instituteur guerres napoléoniennes, la Ilde République en 1821, après le retour de "par les cris unanimes en particulier, la cam- février. Puis ce fut Louis XVIII sur le de vive l'Empereur, vive pagne de France de Napoléon III et le trône, quitta à nouveau Napoléon" (la légende 1814, le pays fut Second Empire, la 111° son poste, alors qu'il napoléonienne avait envahi à son tour et République, proclamée avait, le 24 octobre aussi touché Rethondes). soumis à l'occupation par les députés à Paris, 1830, ceint de l'écharpe Chacun des conseillers étrangère. le 4 septembre 1870. tricolore, proclamé en se leva pour déclarer Il fallut répondre aux Les serments prê- face de l'Eglise, en pré- son adhésion (sincère réquisitions des troupes tés par les conseils sence de la Garde ou non) à l'Empire, par alliées, participer à la municipaux et les Nationale et des habi- "Je le jure". levée en masse de 1814, mobilisa 10 maires se succèdèrent tants du village : "nous En revanche, en qui en conséquence, les avons publié à haute et 1870, on ne note aucune hommes de la Garde équipes municipales intelligible voix, la nou- proclamation de la III0 Nationale de restant d'ailleurs sou- velle charte constitu- République, ni annonce Rethondes. Du 18 août vent en place, au prix de tionnelle de "Liberté, Egalité, au 24 octobre 1814, ce des quelques changements Le prétexte de sa Fraternité» : la fut le passage de têtes démission était le défaut République restait troupes, assorti d'inter- ... Le 13 vendémiaire an de résidence, alors encore trop incertaine, minables réquisitions IX de la République (5 qu'en 1813, il avait et le retour à la de l'intendant prussien. octobre 1800) le déclaré être domicilié Monarchie possible. La commune exsangue, - la rembourser calendrier révolution- dans la commune : la De 1800 à 1870, devait aux naire avait été conservé vraie raison ne tenait- gestion municipale habitants, une vache, par Bonaparte pour elle pas plutôt au refus n'était pas aisée, avec une brebis, du vin,, du "les de la Monarchie de conseil municipal seigle, du blé, de l'avoi- donner le change - un notables soussignés de Juillet de la part de ce perdant souvent sa ne, nourrir un corps de la commune ont prêté notable légitimiste ? "tête" ; les procédures troupe prussien, de pas- serment d'être fidèles à François Lebel, déjà élu de nomination du maire sage le 18 août, compo- la Constitution de l'an en 1815, devait lui suc- et des conseillers rem- sé de 188 soldats, 36 VIII" (signature du cèder. placèrent souvent les hommes, Etat major et maire, François Lebel élections, comme en domestiques, 40 che- et des conseillers muni- Le 12 mars 1848, 1813,1820, 1821, 1822, vaux. cipaux). sous la bannière 1826. Ces ponctions furent retiers, bardeurs, char- 81), qui devait assurer défense leur est faite de quasi-quotidiennes jus- rons, le facteur des mes- la traversée de servir des boissons dans qu'en octobre 1814, sageries, les marchands Rethondes. Mais aucu- des bouteilles ou autres occupant 5 pages du de peaux de lapin, de ne de ces décisions ne vases qu'ils n'ont été registre de délibérations bois, les voituriers. fut prise sans de mul- préalablement mesu- municipales. Mais la Le maire et le conseil tiples atermoiements, rés" ; le pain, en 1853, solidarité jouait entre s'appliquaient à les problèmes d'expropria- devait avoir le "degré les habitants. De géné- dénombrer et les nom- tion, tranchés par le tri- de cuisson convenable» reux donateurs permi- mer, à les entretenir. bunal de 1ère instance ; il fallait aussi, «faire rent ainsi de vendre des Une délibération de de Compiègne. La ques- placer en avant des pièces de vin le jour de 1858 définit le chemin tion du tracé fut discu- roues, côté gauche de la Noël 1815, au profit de de Rethondes à tée âprement avec l'ad- voiture une plaque la commune. Berneuil comme le n°1, ministration, qui préfé- métallique de 5 mm de celui de Rethondes à rait un passage extérieur hauteur avec nom et La guerre de 1870 Saint-Crépin n°2. Il par la Rue des Bois, la prénom». En 1857, devait reproduire mal- s'agissait d'élaguer les voirie Mangin et le parc l'entrepreneur du pres- heureusement à peu arbres de toutes espèces de Sainte-Claire, mais bytère fut mis en près les mêmes sché- et les haies vives, de le conseil municipal tint demeure de se confor- mas. manière qu'aucune bon en faveur d'un tracé mer au choix préalable Napoléon III ayant branche ou partie intérieur, en traverse des bois, avec «refus déclaré la guerre à la d'arbre ne dépasse la dans la commune, au des bois aux nœuds Prusse en juillet 1870, ligne d'aplomb corres- prix d'un trajet de 150 vicieux». l'ennemi envahit rapi- pondant au bord exté- mètres plus long et On note en même dement le territoire et rieur du chemin ou du d'un entretien plus coû- temps une volonté de qui force Rethondes fut soumis fossé ; la haie vive était teux, mais desservant transparence, aux innombrables réduite à 2 mètres, toute effectivement la com- notre admiration pour réquisitions allemandes, faute sanctionnée par mune. Quant aux sinuo- des hommes, dont cer- dont le tableau récapitu- l'agent voyer commu- sités de ce chemin, «la tains ne savaient pas latif occupe 4 pages nal. Il fallait également traverse de Rethondes signer leur nom, et qui, recto-verso du registre définir la largeur des serait encore de beau- pour la plupart préférable à celle n'avaient qu'une municipal en 1872 : chemins, leur revête- coup reçu avoine, fourrages, char- ment, fixer leur tracé. de Choisy au Bac». instruction primaire, bon, bois, eau de vie, L'élargissement était C'est ainsi que le che- mais étaient tous portés tabac, fromages, voitu- souhaité pour l'agricul- min de la "Queue des par leur tâche. riers, le tout constituant ture, le passage des voi- Bois" redevint un che- On observe de véri- 1850, le voi- min de tables dynasties fami- par ailleurs une source tures : en campagne et précieuse sur l'évolu- turier Obin demanda qu'un calvaire monu- liales de conseillers tion des métiers à l'alignement des che- mental fut élevé, Rue municipaux, les Cabois, Rethondes. mins vicinaux à 7,33 des Bois, sur proposi- Lebel, Simbozel..., des mètres. tion du curé de maires retrouvant sou- Rethondes, R. Marielle. vent leur fauteuil, mal- Le souci du patri- En 1833, la loi Le hameau se rapprocha gré les aléas de moine communal et Guizot, sous l'impuil- du bourg-centre, auquel l'Histoire. des habitants sion du Ministre des il fut davantage intégré. Travaux Publics et du La démission du Une des grandes pré- préfet, stimula la On ne peut rendre maire Jean Clet Béjot, occupations du conseil réflexion, différenciant compte de l'intégralité marchand de bois, le 14 municipal au XIXème chemin vicinal et rural, des délibérations muni- mai 1871, tint-elle à la siècle concerna les che- classant la voirie en cipales, mais souligner répression de la mins vicinaux, vec- moyenne ou grande leur grande rigueur, l' Commune de Paris ? teurs du transport des communication, exigence des conseillers Des maires disparurent, personnes, des mar- moyenne ou grande vis à vis de leurs conci- après être restés des chandises, au moment vicinalité. Ainsi, en toyens. Ainsi, en 1840, decennies en fonctions, où se multipliaient les 1862, fut tracé le che- "il est défendu aux des hommes et des voitures, portant min de «moyenne com- cabaretiers de ne se ser- administrateurs sans plaques, éclairage, munication» de vir d'autres mesures doute exceptionnels, tirées par 4, 8, voire 12 à Vic-sur-Aisne, numé- que de mesures qui reçurent un hom- chevaux. Ils étaient roté 81 (aujourd'hui métriques et poinçon- mage bien mérité de empruntés par les char- route départementale nées, en conséquence, leurs concitoyens. élus dans les délibéra- vier 1813 !) ; François 3) Au second XIXème siècle, tions, on pouvait comp- Joseph Hautrive assura les prémices de la société moderne ter aussi le Duc de la fonction le plus long- Coigny, le Marquis du temps, entre 1871 et Des poches de tradi- Le Marquis de Lau, le Marquis de 1879. Beaucoup de per- tion, des vestiges du l'Aigle, figure très Kezals de Bourjaux. sonnes avaient une passé représentative de l'aris- En 1867, le legs du vache et peu de terres, tocratie terrienne, dont Comte Arthur de Lupel, le pâtre, possédait éven- L'ancienne aristocra- le pouvoir économique décédé en son château tuellement un taureau tie conserva longtemps était fondé sur la terre, d'Autriche, fut annoncé dont il tarifait les pres- une présence et un rôle racheta une partie de en conseil municipal et tations. local à Rethondes, avec celles du Baron et s'ef- fit l'objet de multiples la famille de Le Caron força de leur donner une séances : il y avait en de Mazencourt, maire belle homogénéité, par- effet un legs de 100 «Un village tas» en 1821, dont la fille, fois contrariée par les francs pour récompen- Jeanne, héritière de la chemins communaux : ser la personne qui Hormis le hameau de ferme du Prieuré, aurait il multiplia donc les ferait preuve du La Rue des Bois, le vil- sans doute aimé prendre offres d'achat à la meilleur cœur en soi- lage était serré autour la succession politique municipalité («chemin gnant et en conduisant l'église et du cimetière, de son père, obligé de des Meuniers, «du Pont les chevaux, mais aussi, d'ailleurs divisé en démissionner sous la terrestre»... Son influen- 2000 francs de rente deux parties séparées Monarchie de Juillet, ce était telle qu'il obtint perpétuelle aux com- par le chemin de officiellement pour souvent gain de cause, munes, pour les blessés, Rethondes à Saint cause de non résidence même si, le 16 août estropiés, invalides, Crépin, comme l'atteste dans la commune. 1864, à propos des indigents et incendiés une délibération à pro- Mais une femme indemnités à verser aux sans assurance. pos du don d'une croix n'était alors ni électrice, personnes expropriées de fer à placer dans le le ni a fortiori éligible : sur tracé du chemin Les biens commu- cimetière, dont le elle choisit donc de se 81 (en traverse de naux, le bassier conseil municipal tint à distinguer par ses nom- Rethondes), le conseil d'Héran, le pré de l'Isle, "conserver un monu- breux dons et legs à la municipal demanda des le Platport, furent peu à ment élevé par ses commune. En 1850, elle comptes à l'administra- peu vendus ou échan- pères", soit une pyrami- offrit un terrain au lieu tion centrale et lui gés, mais les droits de en pierre surmontée dit Le Calvaire (dans la reprocha sa pingrerie : d'usage en forêt de d'une croix de fer : il cour actuelle de la mai- "Cette rigueur s 'impose Laigue étaient défendus accepta la croix dans "la rie ?), pour la construc- aujourd'hui à cause de pied à pied : ainsi, en partie la plus rappro- tion d'une maison la facilité avec laquelle 1842, des avoués furent chée de l'église", aux d'école, destinée à l'ins- l'administration a payés par la commune frais du donateur. truction primaire et au accordé il y a deux ans pour la représenter en logement du maître au Marquis de l'Aigle justice. Le pâtre com- d'école. En 1853, ce fut une somme de 1000 munal était nommé par Acteurs et vecteurs une pompe à incendie, francs pour 90 centiares le conseil municipal. du changement remplaçant un puits, d'un terrain qui ne peut Pendant une bonne par- alors situé derrière l'ac- être comparable à celui tie du XIXème siècle, le tuelle boulangerie et qui de Rethondes". prix mensuel pour Il s'agit d'abord de gênait la circulation. chaque bête restait l'école publique. L'année suivante, elle La chasse à courre débattu entre le pâtre et Sous la Seconde échangea 14 ares 52 au était par ailleurs l'acti- le propriétaire : "le République, au tournant lieu dit "Clos de l'Alun" vité maîtresse de cet temps est proche où l'on du siècle, les enfants de pour servir d'emplace- aristocrate propriétaire doitfaire paître les bes- Rethondes (il n'est pas ment au presbytère et au terrien ; il y faisait parti- tiaux en forêt, le pâtre spécifié filles ou gar- jardin de l'école, contre ciper toute la famille : annonce son départ le çons) pouvaient se 36 ares 30 centiares, «c'est plus qu'un plai- matin". En 1838, il rendre à l'école - nous pris dans le bassier sur sir, c 'est une religion». s'agissait de Charlet avons déjà évoqué plus les terrains commu- Sous le Second Hubert Antoine, «de haut le don fait par naux. Empire, parmi les plus réputation et de condi- Jeanne de Le Caron de Son projet fut confir- forts imposés de la tion irréprochables» ; Mazencourt. Certains mé par son héritier, le commune accompa- en 1870, de Duponcelle en semblaient "dispen- Baron de Seroux. gnant les conseillers Napoléon (né le 31 jan- sés", contribuant sans doute au travail du l'hypothèse de 13 L'instituteur pouvait cipales, du traitement de 12 considéré l'instituteur, bel bien bois ou des champs ; enfants payant franc, être comme et pour les autres, les de 18 enfants payant 8 un des archétypes des devenu un fonctionnaire parents devaient payer francs, soit une trentai- classes moyennes, qui de l'Etat. une rétribution scolaire, ne d'élèves dont les s'affirmèrent avec l'en- selon 3 catégories, en parents étaient appré- richissement du pays au Le conseil municipal de la seconde de Rethondes semble fonction de l'âge : en ciés comme ayant une cœur souci plus 1855, 1 franc par mois certaine «position», Révolution industrielle. avoir eu le au dessus de 8 ans, 0,60 mais pour combien de La fonction de ce «hus- ou moins suscité par ? sard noir de la l'instituteur selon les franc en dessous ; en gratuits et 1861, 1,5 franc Cette école commu- République», apparais- capacités financières de condi- à 7 ans 1 franc en deça. nale semble avoir été sait comme un instru- la commune, des La formule, moderne de "laïque" avant l'heure, ment de promotion tions de vie de celui qui l'abonnement intervint puisqu'en 1860, une sociale, pour les parents représentait une de ses en 1865 et permit aux institutrice religieuse et l'opinion publique, premières notabilités, à autorités de fidéliser la demanda à établir à de futur citoyen et côté du maire et du curé fréquentation scolaire, Rethondes une école soldat pour l'Etat du village. En 1864, il en particulier pour les libre qui fut autorisée et Républicain. s'agit de faire construire plus petits. Le prix de où l'enseignement de la Il fut d'abord rétribué "un logement conve- l'écolage était alors de couture fut dispensé aux par la commune, qui nable pour l'instituteur" budgétiser le la maison était 12 francs par an, pour filles. devait en : tou- les 7 ans et plus, 8 pour (Ce n'est qu'en 1898, traitement par les jours située au Calvaire, moins de 7 ans. bien après les lois Ferry recettes provenant de à 50 cms de l'ancienne, C'est en 1867, sous (1881-1882), que le l'imposition des 3 cen- couverte en tuiles, com- le Second Empire, que conseil municipal insis- times additionnels, au plétée en 1889 par une le Préfet fit la proposi- te sur le caractère mixte principal des 4 contri- buanderie et un bûcher. tion d'une école gratuite de l'école, les butions directes, puis Mais on se souciait pour tous. La réponse conseillers semblant fit appel au départe- aussi des élèves de la du conseil municipal est déplorer, un peu tardi- ment, voire à l'Etat. République, par l'achat Hormis le traitement de modèles de dessins, riche d'enseignements : vement, que la présence d'une part, "le nombre de l'école libre, école de fixe, le supplément per- d'équerres pour l'ensei- des élèves admis gratui- couture, ait détourné les mettait à la commune, gnement de la classe tement est suffisamment filles depuis 38 ans de la les années de vache communale (1872), le élevé", ce qui laissait maison d'école !) maigre ou de moins renouvellement du présager une certaine bonne entente avec matériel scolaire "plus solidarité sociale, L'instituteur recevait l'instituteur, de faire conforme à l'hygiène", manière à édu- d'autre part «les parents un traitement de la com- quelques économies : de 950 francs, de jeunes citoyens des élèves payants sont mune, s'élevant à 730 en 1863 : quer tous dans une position francs en 1851, com- contre 850 en 1864, cet exempts de «tares phy- qui leur permet d'ac- portant un fixe 200 exemple reflétant bien siques» (1893), selon quitter sans gêne le prix francs, un supplément les effets de la décentra- les exigences d'une de l'écdlage». de traitement de 400 lisation. future «revanche», La population s'élè- francs et une somme après la défaite de 1870. vait alors à 437 habi- allouée à la location du Avec les lois Jules Dès 1882, une com- tants (le village aurait logement de l'institu- Ferry, la subvention de mission scolaire fut accusé une perte de 192 teur (avant la construc- l'Etat intervint essen- d'ailleurs élue par le était de conseil municipal, habitants depuis 1831, tion programmée au tiellement : elle pour dont la cause première Calvaire). 1098 francs en 1886, surveiller et encourager pourrait être l'exode Sur une longue pério- sur un traitement de la fréquentation "des" rural, provoqué d'abord de, l'évolution du traite- 1300 francs, réduisant écoles, dotées d'une par l'insuffisance des ment du maître fut sen- sensiblement la contri- caisse scolaire en 1902. 30% bution de la ressources sur sible : + entre commune, Rethondes au début du 1851 et 1865 ; + 52% et sans aide du départe- Rapprochons-nous siècle, puis par la révo- de 1865 à 1881, mais la ment, au nom de la cen- d'Arthur Béjot, né le 6 lution industrielle, qui somme devait alors tralisation. décembre 1882, entré à offrait des emplois en permettre de payer De fait, à la fin du l'école le 1er août 1887, il ville), la rétribution sco- l'instituteur avec l'ad- XIXème siècle, il n'est à moins 5 ans ; est au laire étant de 300 joint et la maîtresse de plus fait mention dans cours moyen pendant francs, on peut emettre couture. les délibérations muni- l'année 1894-1895, peu avant le Certificat Cette adjudication D'autres entrepre- En 1872, on invoqua d'Etudes Primaires (à concernait la construc- neurs intervinrent sur la "les importants dépôts l'âge de 13 ans, à l'is- tion d'un pont suspendu commune. En 1853, de bois sur les rives sue du Cours sur l'Aisne, moyennant Narcisse Darrier reçut droite et gauche de Supérieur). Nous pré- la concession d'un l'adjudication pour l'Aisne", et la nécessité sentons un extrait de péage pendant 59 ans et l'entretien et l'exten- de construire la ligne son cahier mensuel : la 10 mois, d'après le tarif sion des chemins vici- «dans les plus brefs langue française (dic- fixé par ordonnance du naux : des travaux délais». tée), l'écriture, l'arith- 14 février 1847, autori- d'extraction eurent lieu Une station devait métique, l'histoire, la sant l'entreprise : la au "Bois fleuri", appar- être établie au port à géographie, le dessin, perception devait com- tenant au Duc de bois de la Joyette (du étaient son quotidien. mencer le 16 juillet Coigny, à la carrière du nom de Notre-Dame de On note, bien sûr, la 1848 et finir le 19 mai Mont des Singes. En la Joyette), «le plus fort qualité du travail (était- 1908. 1867, la commune du pays pour l'approvi- il dans les premiers de P.A. Chabert, lié à la s'adressa à l'entrepre- sionnement de Paris». sa classe ?), mais aussi, banque, symbolisait neur François Alfred En 1887, la commune à travers des exercices sans doute la révolution Richard pour le curage accepta la proposition de dictée et d'écriture industrielle, celle des des fossés. Autant de de la Compagnie du l'art de faire passer la transports et le libéralis- services qui étaient Nord et paya 875 francs citation d'un grand me à Rethondes, où une assurés auparavant par pour l'établissement homme ou le fonction- page se tourna : le bail le cantonnier municipal d'une halte près du pont nement d'une lampe à de péage d'eau, bénéfi- ou à la faveur de presta- de Rethondes. gaz. Les recommanda- ciant au Sieur Lefèvre tions en nature des habi- tions faites à l'élève depuis le 7 novembre tants, remplaçant des Il y avait eu un autre étaient explicitées, en 1840, cessa le 15 juillet impositions en espèces. projet, en 1869, de même temps qu'elles le 1848. Ce passage d'attribu- caractère national, voire situaient dans son his- La modernité était là tions était en tout cas la international, puisqu'il toire, dans ses progrès, mais l'Eglise restait démonstration de l'ou- il s'agissait, ni plus ni sans esprit de compéti- présente et, le 16 juillet verture d'une commune moins, pour Rethondes tion, en valorisant l'ins- 1848, le curé de Saint rurale aux services exté- d'être sur le tracé d'un truction et l'effort. La Crépin et Rethondes, rieurs ; l'importance des chemin de fer de Calais citoyenneté y était défi- Joseph Lesueur, bénit le entrepreneurs illustrait à la Méditerranée, par nie, la famille et la nouvel ouvrage, devant aussi le développement Amiens et Dijon voire , patrie exaltées, aux- les habitants du village économique des socié- de Londres à Marseille ! quelles le jeune garçon rassemblés, en présence tés. Le premier avantage était redevable. du maire Jean Clet était (déjà) d'éviter Béjot, et du concession- Paris, de gagner du naire P.A. Chabert. Le chemin de fer temps et empêcher de Le pont sus- Trois représentants de la "subir les retards forcés pendu sur l'Aisne. famille Béjot, autant de Ce fut un autre vec- à cause de l'encombre- la famille Simbozel, teur majeur de la ment des voies exis- Sous la Monarchie de mais aussi Pierre modernité. Dès 1852, tantes". Mais c'était Juillet, en 1847, une Bonnay, y avaient on formula un projet de mais aussi pour les adjudication avait été contribué. prolongement du che- conseillers municipaux passée et approuvée par En 1892, en pleine min de fer de de Rethondes, «préser- le Ministre de l'inté- Illème République, la Compiègne vers , ver notre influence rieur au profit du concession du pont sus- en passant par Soissons nationale» ; les produits citoyen Pierre André pendu fut rachetée par (on invoquait l'l'immen- agricoles du canton Chabert, entrepreneur la commune, l'enrichis- se commerce de d'Attichy parvien- de travaux publics à sement du village étant céréales" vers Reims). draient dans les centres Paris. Elle fut effective alors probant, et le Le conseil municipal de de consommation, du le 14 juillet 1848, sous péage dénoncé comme Rethondes décida d'at- nord, du midi, de la Seconde République. "très onéreux pour- tendre, puis en 1861, l'Angleterre ! Une péti- Indépendamment des tous,... à notre époque sollicité de nouveau par tion de 6000 signatures régimes, les entrepre- comme le vestige d'un le Baron D'Offemont, sur le canton appuya le neurs furent des acteurs autre âge". chevalier de la Légion projet. Rethondes, essentiels du change- Une autre page était d'honneur, conseiller s'inscrivait avant l'heu- ment. ainsi tournée. Général du Canton re dans la " mondialisa- d'Attichy, y adhèra. tion ", la Méditerranée serait toute proche, l 'alimentation hommes, qui recevaient la fois en raison des pro- ouverte sur l'Orient et publique", et il n'y avait 112 francs de presta- grès généraux de la l'Afrique. La délibéra- pas alors de station tions. période, mais aussi par tion du conseil munici- d'épuration. la volonté politique pal mentionnait le per- En 1854, un vote du A mesure que le affirmée de ses édiles, cement du canal de conseil avait accordé à patrimoine de la com- surtout à partir du Suez, la proximité de Joseph Béjot, l'ouver- mune se constituait, le Second Empire. Londres (un traité de ture d'un routoir pour conseil municipal fit Il fallut néanmoins libre échange venait le chanvre (on isolait les appel à la couverture attendre la fin de la vient d'être signé avec fibres de la plante en des assurances, auprès Première Guerre mon- matière dès l'Angleterre par le éliminant la de la Cie l'Urbaine : diale pour que Second Empire). ligneuse qui les lie, à 1854, contre l'incendie Rethondes connût, en proximité de l'étang de la maison raison de l'armistice de , au commune, On note d'autres lieu dit "le Pré aux mobilier et archives ; en 1918, la notoriété natio- expressions significa- Moines") ; cet établis- 1862 pour l'église, son nale et même internatio- tives de la modernité, sement devait être placé clocher, le presbytère. nale qui est aujourd'hui toujours dans les trans- à 1100 mètres au moins Le mobilier de la classe la sienne. ports, comme les de la première maison et de la mairie ne furent bateaux à vapeur navi- de la commune, et à 225 pas oubliés et le tout gant sur l'Aisne bien mètres du chemin vici- représentait une somme sûr, dont il est fait men- nal de Rethondes à de 37.000 francs. A la tion dans une délibéra- Saint-Crépin. Mais fin du siècle, les per- tion du conseil munici- d'autres maisons sonnes pouvant être pal de 1863 : des s'étaient construites à assurées, la commune enfants placés sous le proximité depuis les adhèra en 1898, à la Sources : pont de Rethondes ou années 1850, et l'in- Mutualité intercommu- dans des barques atta- quiétude des autorités, nale, adaptée au service * Registres de déli- chées à la rive "ont jeté née de l'épidémie de de l'assistance médicale bérations du conseil des pierres sur les choléra, qui sévissait gratuite. municipal de bateaux à leur passage, dans les départements Le village en 1874 Rethondes : si ce fait devait se environnants, imposa bénéficia d'un courrier, 1 1, 1792-1837 renouveler, procès ver- l'interdiction de rouir à du nom de Desmarest, - D 2 1, 1837-1864 bal serait dressé contre moins de 500 mètres desservant Compiégne, - D maisons. 3 1, 1864-1883 les enfants». des Choisy, Le Francport, - D 1, 1884-1904 En 1894, Mr Fresnel, Rethondes, Berneuil, - 4 D ingénieur civil, exposa Attichy. En 1898 on devant les conseillers Les services comptait deux distribu- * Registre des arrê- municipaux sans doute tions, une par le bureau tés du maire de ébahis, le projet d'une Le XIXème siècle de Cuise, dont Rethondes : ligne de tramways de révèla à Rethondes des Rethondes dépendait, et 1 D Chartres à Ribécourt, hommes nouveaux en une autre par un agent - 2, 1838 - 1907 dont un des embranche- même temps que de communal spécial. (En mairie) ments devait desservir nouveaux services. Un Rethondes refusa (déjà) Rethondes. corps de sapeurs pom- le rattachement propo- Bibliographie : piers fut formé, alors sé, comme aujourd'hui, La santé publique qu'une pompe à eau, au bureau de poste de - Louis GRAVES, était aussi au cœur de la don de Melle Lecaron Choisy-au-Bac. Précis statistique du modernité. En 1866, le de Mazencourt, était canton d'Attichy, rouissage du chanvre, installée en 1856 au , 1834. fort ancienne activité à nord de l'Eglise. Cet Conclusion Rethondes, fut remis en équipement, rendu question, du moins à nécessaire par la pré- Le XIXème siècle proximité des maison : sence de nombreuses témoigne donc, à "rouir du chanvre sur chaumières, côutait à la Rethondes comme un étang de la commune commune 1277 francs ailleurs, d'un début de dégage des odeurs nau- en 1877. Rethondes décollage économique séabondes ", " le rouis- possèdait alors une sub- et de transformation sage du chanvre cor- division de Sapeurs sociale en une commu- rompt les eaux servant à Pompiers de 16 ne rurale «profonde», à Les maires et adjoints de Rethondes au XIXème siècle :

1800 : François LEBEL, propriétaire Charles Rémi CABOIS, propriétaire

1804 : LEBEL CABOIS

1813 : Jean LE CARON DE MAZENCOURT CABOIS propriétaire (par commission du Préfet),

1814 : CABOIS administre la commune en l'absence du maire, émigré.

1815 : LEBEL, marchand de bois Pierre François FILLION, officier en retraite 1821: LE CARON DE MAZENCOURT, FILLION nommé par le Préfet

1826 : LE CARON DE MAZENCOURT FILLION nommé par le Préfet , 1831: François LEBEL, FILLION nommé par le préfet 1834: LEBEL FILLION

1837 : LEBEL FILLION

1840 : Pierre Gabriel CABOIS Jean Baptiste Augustin BUREAUX

1843 : Jean Clet BEJOT, marchand de bois BUREAUX

1846 : BEJOT BUREAUX

1848 : BEJOT Jean Baptiste Gabriel SIMBOZEL, rentier 1851: BEJOT François Casimir HOCHEDEZ, cultivateur

1855 : BEJOT HOCHEDEZ 1860 BEJOT Jean Charles SIMBOZEL, charron

1865 : BEJOT SIMBOZEL

1871 : BEJOT, élu le 7 mai, démissionne, le 14. VIMEUX (21 ans) élu, refuse Joseph MANGIN, entrepreneur Charles Rémi DUCHEMIN, élection annulée, le 26 mai débiteur de boissons Edouard CHAUVAUX DUCHEMIN

1874 : CHAUVAUX, DUCHEMIN nommé par le Préfet

1875 : BEJOT DUCHEMIN

1881 : BEJOT DUCHEMIN 1884: BEJOT Pierre François BOULAND, rentier décède en fonction, 1886

1886 : BOULAND Gédéon FERTE BERTIN 1888: BOULAND FERTE BERTIN décède en fonction, 1894

1896 : FERTE BERTIN Fernand Alfred LEFEVRE

1900 : FERTE BERTIN LEFEVRE