ENQUETE PUBLIQUE DE ROCKWOOL A ET PLOISY Observations et propositions

12/11/2020

Sommaire Introduction ...... 3 Observations ...... 4 Impact en amont ...... 4 Impact pendant la fabrication ...... 5 Impact de l’usine sur l’environnement (énergie et déchets) ...... 5 La qualité de l’air ...... 9 La qualité de l’eau ...... 18 Impact de l’usine Rockwool sur la santé...... 19 La pollution par les particules fines ...... 19 Les oxydes de nitrogène et de souffre ...... 19 Le formaldéhyde ...... 20 L'ozone ...... 20 Le phénol ...... 20 Impact paysager ...... 22 Impact de ses produits ...... 25 Bilan écologique de la laine de roche ...... 25 Impact de la laine de roche sur la santé ...... 27 Impact en aval ...... 32 Retombées locales, économiques et sociales ...... 32 Propositions ...... 34 Une démarche d’écologie industrielle et territoriale ...... 36 Conclusion ...... 41 ANNEXE ...... 41

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Introduction

Globe21 (Groupement Local du Bâtiment Ecologique du 21e siècle), basé à Château-Thierry a été créé il y a bientôt 15 ans sur initiative de l’Union des Communautés de Communes avec la mission de créer le pôle d’excellence du bâtiment durable et de l’habitat sain dans le Sud de l’. L’association sensibilise depuis le public et les professionnels à l’éco-construction. Elle fait partie du réseau bâtiment durable (définition « bâtiment durable » p.33) au même titre que le centre de ressource des Hauts-de-, cd2e.

Le cœur de métier de cette structure est donc d’évaluer l’impact de l’architecture et des matériaux de construction sur l’environnement et la santé humaine.

Voici dans une première partie notre analyse concernant l’impact de l’installation d’usine de fabrication de laine de roche dans le Soissonnais

 en amont, c’est-à-dire déjà lors de l’extraction de la matière première,  pendant le processus de fabrication à Courmelles/Ploisy et l’utilisation de ses produits finis ainsi que leur élimination  en aval lorsque le site sera en fin de vie.

Outre les aspects environnementaux et sanitaires, seront également abordées les retombées locales, économiques et sociales.

La deuxième partie visera à apporter des propositions qui découlent des observations faites auparavant.

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Observations

Impact en amont Malgré les nombreux appels de personnes qualifiées au cours des 10 dernières années, l’extraction de ressources dans le monde continue de croître, générant la raréfaction des matières premières ainsi que différentes formes de pollution et contribuant ainsi au dérèglement climatique comme à l’effondrement de la biodiversité.

La roche volcanique est la matière première de la laine de roche. Il s’agit d’une ressource abondante, mais non renouvelable, le basalte. Pour bien comprendre l’impact global que pourrait avoir l’implantation de toute usine de ce type, il conviendra également d’y introduire les impacts environnementaux de la création et de l’exploitation de ces carrières. Ceci concerne, les risques sanitaires générés par l’exploitation des matériaux (eaux acides, silice, ...), les incidences sur les sites naturels, les potentialités écologiques des carrières de roches massives etc. L’implantation de l’usine de fabrication de laine de roche dans le Soissonnais aura une incidence sur l’activité d’une carrière existante ou à créer, en France ou ailleurs dans le monde sur des surfaces encore vierges et une biodiversité qui sera perturbée. Dans le cas d’une carrière à créer, il sera encore une fois question de la création d’une ICPE supplémentaire, soumise au régime de l'autorisation avec tout ce que cela comporte. Cette incidence n’a pas été intégrée dans l’étude d’impact incluse au dossier. Pourtant, au vu des quantités de laine de roche à produire (115 000 tonnes par an), cette incidence ne sera pas négligeable à long terme.

A ce stade du projet, l’origine géographique des matières premières minérales n’est pas encore connue. Des secteurs d’intérêt ont été identifiés en France et en Belgique dans un rayon de 400 km. Cela engendrera un trafic routier important sur de longues distances, importante source de particules de CO2 et consommatrice d’énergie pétrolière, au vu des quantités des matières premières à faire acheminer et des autres produits qui entrent dans la composition.

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Impact pendant la fabrication

Impact de l’usine sur l’environnement (énergie et déchets)

L’Energie La consommation électrique annuelle serait de 192 GWh, soit 520 GWh/an d’énergie primaire.

Cela dépasse largement la consommation annuelle électrique d’une ville comme Soissons tout secteur confondu (125 GWh pour Soissons et 279 GWh pour la CA du Soissonnais).

La consommation électrique de Soissons sera considérablement augmentée (x2,5). Cela correspondrait à 6 fermes éoliennes (ou 30 éoliennes de 2MW), comme celle qui a été refusée par le Préfet sur le plateau de Soissons sur la commune de .

Cela se rapproche de la consommation électrique industrielle et résidentielle du Soissonais :

En ce qui concerne les besoins de puissance, 30 MW représentent 3,3 % d’un réacteur nucléaire, tel ceux de Gravelines. 5

De plus, bien que l’usine utilisera comme énergie principale l’électricité, on ne peut pas dire qu’elle sera totalement neutre en émission carbone.

D’une part, l’électricité n’est pas la seule source d’énergie voir tableau ci-dessous, et d’autre part la production d’électricité en France est un mix de plusieurs énergies.

L’étude d’impact ne prend pas en compte non plus l’impact des carrières de plutonium, le transport du plutonium vers les centrales, le risque nucléaire, la question des déchets radioactifs et l’énergie nécessaire pour la construction de nouvelles installations ainsi que le démantèlement des anciennes installations en fin de vie.

De plus, il est communément admis que nous devons tous collectivement et globalement réduire notre consommation d’énergie.

La meilleure énergie est celle qu’on ne consomme pas

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Le 24 février 2016 Alain Crémont et Jean-Louis Blanc, Directeur Innovation Nouveaux Métiers d’ENGIE, ont signé un contrat Terr’innove pour accompagner la collectivité dans ses projets. Cette démarche portera son attention notamment sur l’exploitation des bâtiments communaux, résidentiels et industriels, sur l’éclairage public, mais aussi sur la valorisation des potentiels de production d’énergies renouvelables (éolien, méthanisation, géothermie, biomasse…). Les aspects de mobilité durable, notamment avec les flux entre la ville et ses périphéries, seront aussi un enjeu majeur de la démarche.

La municipalité veut faire de la transition énergétique un des leviers de son développement économique.

Source : http://www.ville-soissons.fr/environnement/developpement-durable-et-developpement- economique/economies-d-energie-605.html

Déchets Le dossier évoque la possibilité du recyclage de la laine de roche pour les chutes liées au processus de fabrication et la possibilité de recyclage à hauteur de 10 000 tonnes par an maximum de déchets en provenance de sites clients. Or dans la pièce A.01 on s’aperçoit que les déchets ne seront pas traités in situ réellement. Les laines cuites seront envoyer à Saint-Eloy les Mines et les laines non cuites seront mise en décharge ?

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Autre incohérence : Dans ce même document le calcul du caractère Mc du pour les garanties financières est fait pour un site non accessible au public. Pourtant, le site de Soissons disposera d’un show-room pour présenter les solutions de Rockwool et de parkings visiteurs.

Il se trouve que la laine de roche, bien que présentée comme recyclable à l’infini est difficilement recyclable une fois utilisée (surtout pour les panneaux composites) du fait de la présence de résines phénoplastes (source : L’isolation écologique de Jean-Pierre Oliva).

Il s’agit de laitiers de hauts fourneaux. Les laitiers sont des sources potentielles de relargage de métaux lourds, ou parfois de radionucléides.

Parfois, en présence de soufre et de certaines bactéries, un phénomène autoentretenu de forte acidification du substrat peut apparaître, et un drainage acide (ou « drainage acide minier » dans le contexte de séquelles minières). Ce phénomène peut être accompagné d'une altération des scories, avec lessivage et relargage important de métaux toxiques qui peuvent alors être dispersés dans l'environnement.

Les métaux présents dans les scories ou d'autres contaminants adsorbés dans ces mêmes scories (dioxines, furanes, etc.) peuvent polluer l'air (émissions de vapeurs lors de la production, puis envols de poussières). Ils peuvent aussi polluer l'eau et les sols (via la percolation et la désorption surtout si les eaux sont acides et plutôt tièdes ou chaudes). Ces phénomènes sont comparables à ceux qui se produisent à partir de déchets industriels dits « stabilisés ».

Si la multinationale est forte en communication, elle l’est beaucoup moins en matière de recyclage. L’usine auvergnate de Rockfon a recyclé 3,5 tonnes de laine de roche en 2019, mais les déchets recyclés doivent être propres et issus des chutes de chantier. Sachant que l’usine de St-Eloy produit chaque année 250 000 T, cela fait à peine 1,5 T pour 100 000 T produites. On est très loin d’une économie circulaire.

En réalité avec Rockcycle, ce sont surtout les déchets de palettes et plastiques qui sont récupérés. Il suffit de lire à ce sujet le compte-rendu d’inspection de la DREAL de mars 2019.

Mais alors, si Rockwool ne sait recycler que les déchets propres. Quid des déchets des laines issues des démolitions des chantiers qui ont 20 ans ou plus ? Pour l’Ademe, un seul site en France permet de recycler la laine de roche et encore uniquement les dalles de plafonds. Le reste on ne sait pas faire. (https://democles.org/fiche/laines-minerales/).

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La qualité de l’air Le projet est concerné par une servitude relative au dégagement aéronautique de l’aérodrome de Courmelles, qui impose des hauteurs d’obstacles à ne pas dépasser. Ainsi les cheminées se retrouvent à des hauteurs plus basses que ce qui serait souhaitable pour éloigner les fumées de la ville de Soissons. D’autant plus que la provenance des vents, les pousse encore en direction de la ville.

La limitation de la hauteur des cheminées permet peut-être une cohabitation avec l’aérodrome (à confirmer), mais elle est néfaste pour la qualité de l’air pour les communes environnantes.

aérodrome !

Qu’en est-il de la visibilité lors de l’atterrissage et du décollage des avions ? Même si les fumées ne créeraient pas de turbulences (à confirmer), la chute d’aéronefs sur l’usine est un risque avéré et même reconnue par l’étude d’impact.

Le plus grand rayon d’affichage correspondant aux installations classées est de 3 km. Les communes comprises dans le rayon sont : Courmelles, Ploisy, Chaudun, Berzy-le-Sec, Soissons, , Saconin-et-Breuil, Missy-aux-Bois, . Mais les fumées ne s’arrêtent pas au bout de 3 km. D’autres communes seront également impactées. Les seules mesures possibles seront les mesures prises par Atmo France. Selon le lieu et la date de la mesure, les données seront plus ou moins fiables. Nous connaissons la provenance des vents dominants actuellement. On pourrait donc s’attendre à une augmentation des particules dans l’agglomération de Soissons, mais comment pourrait-on imputer une augmentation (ou une diminution) à telle ou telle source d’émission ? Avec 9 le réchauffement climatique la provenance des vents dominants devra changer. Les polluants ne retomberont plus seulement sur l’agglomération, mais sur des villages ou des champs. Ce n’est pas mieux. D’autres habitants seront impactés sans parler des végétaux destinés à l’alimentation des animaux et des humains.

La pièce A.01 donne une indication au niveau de la nature des émissions de gaz de combustion :

« Les matières premières sont fondues dans un four électrique. Les gaz de combustion issus de cette première étape sont constitués d’HCl, de CO, de NOx, de métaux lourds en faible quantité, de poussières et de phénol. Ces gaz sont captés et dirigés vers un système de postcombustion pour y consumer le CO. Ils en ressortent à plus de 850°C et sont ensuite traités par un échangeur / refroidisseur (plaques air-eau) qui en abaisse la température à 200°C, puis filtrés, afin de capter les poussières. Le rejet des gaz traités se fait par la cheminée L4.1 « cheminée du four/fondoir », située à proximité du bâtiment de traitement des fumées (bâtiment 305/310). »

Nous comprenons que le CO est consumé, les poussières captées, mais les autres gaz de combustion sont simplement filtrés. On les retrouvera donc en sortie de cheminée (le HCI, le NOx, les métaux lourds en faible quantité et le phénol). Pour exemple, à Saint-Eloy-les-Mines les relargages sans filtres sont évalués à une fréquence supérieure à 5 %.

Selon les lois et des réglementations nationales et locales concernant les émissions de HCl, celui-ci doit être éliminé jusqu'à des valeurs très faibles, avec des efficacités d'élimination supérieures à 99,9 %. La plage des Valeurs Limites d'Émission (VLE) de NOx est de 50 à 150 mg/Nm³. Dans les zones urbaines, en raison de l'effet cumulatif des NOx provenant de la circulation automobile, les VLE les plus faibles sont souvent imposées. Quant aux métaux lourds, ils peuvent s'accumuler dans la chaîne alimentaire et donc dans les tissus humains et animaux.. Le phénol est un gaz toxique et irritant.

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La Commission européenne annonce ce vendredi 30 octobre qu'elle traduit la France devant la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) pour non-respect des valeurs limites fixées par la directive sur la qualité de l'air en ce qui concerne les particules PM10. Les particules PM10 sont présentes dans les émissions provenant de l'industrie, de la circulation automobile, du chauffage domestique mais aussi de l'agriculture. Cette saisine n'est pas une première. La Commission avait déjà renvoyé la France devant la CJUE pour le même motif en mai 2011. À cette époque, seize zones étaient visées, parmi lesquelles figurait déjà Paris. L'exécutif européen a fait de même en mai 2018 en ce qui concerne la pollution de l'air au dioxyde d'azote (NO2). Cette saisine a donné lieu à la condamnation de la France le 24 octobre 2019. La CJUE a constaté que la France n'avait pas respecté les valeurs limites.

Les évolutions récentes d’assouplissement et de régime simplifié concernant les ICPE sont dénoncées par Gabriel ULLMANN, Docteur-ingénieur chimiste, docteur en droit, expert auprès des tribunaux pour les pollutions et les nuisances, ancien membre du Conseil supérieur des installations classées et ancien membre de l'Autorité environnementale.

Cet assouplissement en terme de classement et de suivi des contrôles interpellent, en effet, les spécialistes du droit de l’environnement. Les ICPE sont en train de devenir l’antithèse de la protection de l’environnement. Une évolution d'autant plus étonnante qu'elle va à l'encontre des conclusions tirées par l'ex-ministre de la Transition écologique suite à l'accident de Lubrizol. En février dernier, Élisabeth Borne avait en effet annoncé l'adoption de mesures pour éviter le « saucissonnage » d'entrepôts qui pouvait conduire à l'adoption d'un régime administratif moins contraignant.

Le nombre de contrôles est de plus en plus réduit au regard du nombre d'installations existantes. Ces contrôles sont d'ailleurs souvent uniquement actionnés à la suite d'accidents ou de plaintes. Comme cela a été clairement souligné lors des travaux de la commission d'enquête du Sénat sur la catastrophe Lubrizol.

Sont dénoncés également des contrôles aux sanctions insignifiants en cas de non-conformités, donc jamais mises en œuvre et aussi un bilan catastrophique sur la mise en œuvre des contrôles périodiques.

Du fait de la grande diversité et de la large dissémination de toutes ces installations sur l'ensemble du territoire, parfois implantées à proximité d’agglomérations, celles-ci sont sources importantes de nuisances et de risques, tant localement qu'à une échelle globale si l'on tient compte des impacts environnementaux de tous les sites, sans que les dispositions actuelles ne permettent d'y remédier efficacement. Le cas de NL Logistique à Rouen, mitoyen de Lubrizol, établissement qui est resté indument soumis à déclaration durant des décennies malgré une augmentation massive du volume de produits stockés et une modification profonde de la nature de ces produits, est une illustration parfaite de cette situation délétère.

Les explosions au port de Beyrouth le 4 août 2020 où 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium stockés dans un hangar ont explosés causant de nombreux dégâts humaines et matériels, devront nous rappeler également que le stockage et la manipulation de produits explosifs devraient à tout prix être évités, réduits ou compensés. Et si aucune autre alternative n’existe, il faut exiger le plus haut contrôle.

Dans le dossier de Rockwool, il semblerait qu’il y ait également tentative de déclassement d’une activité SEVESO en ICPE soumise à autorisation. 11

Dans cette étude d’impact, il est pourtant bien question de fabrication du liant. Ceci relèverait d’une installation classée SEVESO. Il semblerait que l’entreprise joue sur les seuils pour la faire passer sous le statut SEVESO.

Comment vérifier qu’elle dépassera le seuil dans les années à venir avec tous les doutes que nous pouvons avoir concernant le suivi, les contrôles et la mise en conformité ?

Le très grave accident survenu dans le port de Beyrouth, dû à un stockage de 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium, a remis en lumière la persistance en France d’un classement inapproprié de ce produit, après la catastrophe AZF en 2001. D’autant plus si l’on prend en compte d’autres accidents moins meurtriers et moins médiatisés, mais majeurs, tel celui de l’incendie d’un hangar agricole en 2003, où étaient stockées « seulement » 3 tonnes de nitrates d’ammonium (sous formes d’engrais) à Saint- Romain-en-Jarez (Loire), qui fit 23 blessés dont 9 graves.

L’ennui est que la quasi-totalité des mesures sont faites par l’entreprise elle-même qui met les mesures à disposition des autorités pour consultation. Comment être sûr que les mesures n’ont pas été falsifiées en cas de problème ? Les autorités et les citoyens n’ont aucun moyen de contrôle. 12

Extrait d’un article de l’union

Par ailleurs, il suffit de regarder l’étiquetage des produits pour savoir que d’importantes quantités de produits inflammables ou toxiques seront stockés et manipulés (voir tableau ci-dessous).

Le risque zéro n’existe pas, comme le rappellent malheureusement trop souvent les catastrophes industrielles et naturelles.

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Toutes ces matières inflammables et toxiques devront être transportées et présentent également des risques lors de leur transport, de leur stockage et leur utilisation. De plus, le ballet incessant de camions qui transportent les matières premières, mais à plus grande mesure les produits finis, contribueront à une détérioration plus rapide des routes, notamment de la N2. Ce sont des frais qui devront être supportés par les contribuables français. C’est un aspect totalement absent du dossier également.

La proximité de l’aérodrome comporte un risque de chute d’avion sur les installations qui pourrait entraîner la destruction de matériel et, par conséquent, la perte de confinement de produits dangereux et/ou le départ d’un incendie. Par ailleurs, les conséquences directes d’une chute d’avion apparaissent potentiellement plus graves que les conséquences des effets dominos susceptibles d’intervenir sur le site. En référence à la circulaire du 10 mai 2010, le risque de chute d’un avion sur les installations ne peut être exclu compte-tenu de la proximité du site à l’aérodrome de Courmelles (moins de 2 000 m de tout point des pistes de décollage et d’atterrissage).

Nous notons également qu’un projet connexe a été retenu par la DREAL pour un entrepôt de stockage, lui-même classé ICPE alors qu’il ne devrait pas stocker de produits dangereux, mais

15 néanmoins inflammables et nous nous interrogeons sur ce projet connexe qui occupe une surface encore plus importante que l’usine elle-même :

Bâtiment à Courmelles : 22 233 m² Voirie Courmelles : 79 705 m² Surface de l’entrepôt de stockage à Ploisy : 39 426 m²

L’entrepôt sera plus grand que l’usine elle-même. Nous n’avons pas de données concernant la surface des voiries, ni la date de la construction prévue, ni la date du dépôt du permis de construire.

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Il semblerait bien que cet entrepôt servira à accueillir les produits recyclés. Ce sont donc bien des palettes et de l’emballage qui seront recyclés, ce qui confirme notre crainte que la multinationale est surtout très écologique dans sa communication, mais beaucoup moins dans ses pratiques industrielles.

Fait intéressant : ce projet connexe sera porté par une autre structure juridique. Cela s’explique par la volonté de l’industriel de ne pas être classé en Seveso.

La nomenclature définit l’établissement Seveso comme un ensemble d'installations relevant d'un même exploitant sur un même site, ce qui exclut les établissements qui sont exploités par plusieurs exploitants. Cette définition ne respecte donc la directive 2012/18/UE du 4 juillet 2012, dite « Seveso 3 ». Si l’on cumule les deux « exceptions françaises », à savoir une évaluation pour la seule création d’un site relevant d’un même exploitant, rien n’empêche plus un groupe industriel de créer un établissement exploité par deux filiales juridiquement distinctes, chacune mettant en œuvre une partie des matières dangereuses relevant de la directive Seveso, mais avec un seuil inférieur au classement pris individuellement.

Selon l’article UZ 9 du PLU de Courmelles, « l’emprise au sol des constructions de toute nature ne peut excéder 60 % de la superficie de chaque unité foncière. » et le projet de Rockwool est bien conforme à cette exigence.

Terrain : 393 298 m² 393 298x 60% = 235 978,8 m² autorisé Bâtiment : 22 233 m² Voirie : 79 705 m² La somme des deux est : 101 938 m² occupé

Rockwool a donc tout à fait la possibilité de construire ultérieurement une deuxième ligne de production, en créant une nouvelle fois une autre entité juridique, afin d’échapper à la réglementation SEVESO qui pourtant sera plus adaptée à la nature de son activité.

Notons au passage que l’usine Knauf, qui vient de s’installer en Moselle, produira le double de ce que prévoit pour le moment Rockwool à Soissons. 350 tonnes de panneaux de laine de roche sortiront quotidiennement du site lorrain. Knauf Insulation livre d’ores et déjà ses clients avec des produits en provenance de ses usines en Allemagne, en Slovénie, en Grande-Bretagne et depuis 10 ans également en France, à Lannemezan (Hautes-Pyrénées). On voit bien que le secteur de la laine minérale se mobilise sans avoir l’intention de laisser d’autres secteurs plus vertueux se développer convenablement.

L’usine Rockwool de St Eloy les Mines est classée SEVESEO seuil haut ! De ce fait, elle bénéficie d’une CSS, Commission de Suivi de Site 1 fois par an.

CSS du 4 mai 2017 : « Bilan des sinistres: diminution des feux et explosions« « Contrôles des rejets dans l’AIR » : « Auto-surveillance 2016: Plus nombreux dépassements liés notamment à la baisse des normes (application de la directive «IED») et aux évolutions des produits (laine de roche de plus en plus dense) » CSS 2018 : Pas de réunion « l’organisation de telles réunions est relativement chronophage » 17

CSS du 19 septembre 2019 : « Bilan des sinistres internes : 2018 : 2 déversements de produits, 31 départs de feu et 2 explosions » « émissions d’ammoniacNH3 non conformes aux valeurs limites d’émission » « émissions de poussières non conformes aux valeurs limites d’émission » « Risques chroniques :

AIR : problème ammoniac (traitement à adapter aux nouveaux produits, diagnostics et travaux à réaliser sous 6 mois sous peine de mise en demeure) et rejets diffus de poussières (amélioration continue à mettre en place) »

« Contrôle des rejets dans l’air – bilans 2017 & 2018 :

En 2017, le taux de conformité global de ces rejets a été de 96,74% et de 94,57% pour 2018 ». Sur combien de tonnes de rejets ?

Source : http://www.auvergne-rhone-alpes.developpement-durable.gouv.fr/

La qualité de l’eau Le site sera raccordé au réseau d’assainissement public pour ses eaux usées sanitaires et domestiques ainsi que pour ses rejets d’installation de traitement d’eau. Il est ainsi prévu de créer des réseaux en refoulement jusqu’au collecteur principal d’amenée à la station d’épuration.

Les besoins sanitaires en milieu industriel peuvent être estimés de manière sécuritaire à : 75 L/j/pers. Sur la base d’un effectif maximum en journée de 80 personnes présentes durant 10h, cela représente donc un besoin maximum de 0,6 m3/h. Si on considère cette fois les postes du soir et de la nuit, on arrive à un effectif de 100 personnes sur 24h, ce qui représente un besoin moyen global de 0,3 m3/h. La quantité totale annuelle d’eau sanitaire rejetée au réseau EU peut, elle, être estimée à près de 2 500 m3, correspondant à la consommation de 150 personnes durant 220 jours/an. Les rejets d’eaux industrielles provenant du traitement et de l’adoucissement des eaux représenteront environ 1,5 m3/h complémentaires rejetés au réseau EU.

Les eaux usées seraient utilisées pour la fabrication du liant. Or, s’il y a fabrication du liant sur le site de Soissons, cela relève d’un classement SEVESO. Voir extrait ci-contre. La préparation du liant, à base de

18 résine phénolique, ammoniac en solution, silane et sirop de glucose, nécessite l’utilisation d’eau, qui est soit l’eau du tambour, soit de l’eau brute.

Visiblement, Rockwool considère que son procédé n’est pas susceptible de polluer l’eau, dans la mesure où l’eau circulera pour une grande part en circuit fermé et qu’il s’agit principalement d’eau utilisée pour le refroidissement de machines. Néanmoins, il y aura aussi de l’eau en contact avec le liant qui devra tôt ou tard être rejetée.

Nous ne connaissons pas la nature des polluants de cette eau. A la lecture du document rédigé par M. Jean-Luc VASE sur l'élimination des micropolluants dans les stations d'épuration, on peut s’attendre à une pollution de l’eau non négligeable dans les cours d’eau à plus ou moins long terme (voir annexe 80).

A titre d’exemple, suite à des constats de pollution, des analyses d’eau souterraine ont été demandées par la DREAL à Saint-Eloy-les-Mines.

Impact de l’usine Rockwool Soissons sur la santé Le Dr. Jerry Paulson, Le Consultant en Pédiatrie auprès du Centre Mi-Atlantique pour la Santé des Enfants Docteur en Médecine, FAAP (Fellow of the American Academy of Pediatrics) s’est exprimé concernant la qualité de l’air qui serait dégradé par l’usine Rockwool à Jefferson en Virginie occidentale comme suit :

« L'augmentation des polluants dans l'atmosphère locale présentera des menaces non seulement pour la santé des enfants mais pour celle de toute la communauté. Cela dit il est important de constater qu'étant donné les différences anatomiques, physiologiques et comportementales des enfants et des adultes, ce sont les enfants qui souvent courent un plus grand risque pour leur santé en présence de polluants que les adultes. Quelques-unes de mes préoccupations sont les suivantes. Ceci n'est pas censé être une liste complète de produits chimiques qui pourraient être dispersés dans l'atmosphère par cette usine.

Il est bien connu que des enfants qui grandissent dans des régions avec une plus grande quantité de pollution, sont susceptibles de présenter une diminution dans le fonctionnement des poumons comme jeunes adultes en comparaison avec des enfants qui grandissent dans des régions moins polluées. Il y a de plus en plus de preuves que la pollution de l'air est neurotoxique pour les enfants in utero et pour les jeunes enfants.

La pollution par les particules fines Les particules fines peuvent certainement exacerber l 'asthme chez les enfants et chez les adultes. Chez les adultes l'exposition aux particules fines augmentent le risque de crise cardiaque et d’AVC. Il y a de plus en plus de preuves que les particules fines sont neurotoxiques pour enfants in utero et pour les jeunes enfants.

Les oxydes de nitrogène et de souffre Les oxydes de nitrogène et de souffre forment des acides au contact de l'humidité dans l'air. Ces acides peuvent irriter les yeux et le nez. Plus important, quand on les aspire ils peuvent irriter la paroi des bronches et précipiter des crises d'asthme. Il y a de plus en plus de preuves que des oxydes de nitrogène sont neurotoxiques pour les enfants in utero et les jeunes enfants. Quand le charbon brûle cela dégage du mercure. Comme le mercure est relativement lourd il forme des particules dans l'air relativement près de la source. S'il y a des rivières et des lacs à proximité le

19 mercure se convertit en méthylmercure et se fixe dans la chair des poissons. Si ces poissons sont pris et mangés le mercure est toxique pour le cerveau. Ceci est particulièrement inquiétant pour les enfants in utero des femmes enceintes et pour les jeunes enfants.

Le formaldéhyde Le formaldéhyde se disperse et se décompose en particules dans l'air. S'il y a des taux élevés de formaldéhyde dans l'usine, le plus grand risque est pour les travailleurs. Le formaldéhyde peut augmenter le risque d'asthme et, plus important, il est connu comme cancérigène pour l'homme. Encore une fois, le risque de cancer serait noté principalement chez les ouvriers exposés à des taux élevés de formaldéhyde.

L'ozone L'usine va libérer de l'ozone et d'autres produits chimiques qui contribueront à la formation d'ozone dans l'atmosphère. L'ozone présente un danger pour tout le monde et crée des risques spécifiques pour les asthmatiques ou des gens avec d'autres maladies pulmonaires, il touche les adultes plus âgés et des gens de tous âges qui travaillent ou font du sport dehors et aussi les bébés et les enfants.. L'ozone irrite les muqueuses de tout le monde et peut provoquer de l'asthme chez ceux qui ont une prédisposition pour cette maladie.

Le phénol Le phénol est un autre produit chimique qui peut irriter les muqueuses et les poumons. Chez les animaux une exposition prolongée à du phénol dans l'air peut causer de sérieux problèmes de santé et des dégâts neurologiques, cardiaques et des lésions au foie. »

Combien même tout ses polluants seront filtrés, ils se retrouveront tout de même dans l’environnement tôt ou tard. Par effet de cumulation, ils auront quand même un impact sur la population, car

ce n'est pas la dose qui fait le poison mais la période d'exposition. André Cicolella

Selon le manifeste collectif de médecins de Soissons a propos du projet d’implantation d’une usine de fabrication de laine de roche a Soissons ce sont au total 947.4 tonnes par an de polluants divers qui vont se disperser.

Les produits dangereux sont constitués par les particules fines (PM10 et PM2.5)222 tonnes par an, l’ammoniac 262 tonnes /an, les oxydes d’azote 172 tonnes /an, les composés organo-volatiles (COV) 124 tonnes /an, les oxydes de soufre 73.5 tonnes/an, le phénol 42 tonnes / an, le monoxyde de carbone 21 tonnes/an, le formaldéhyde 21 tonnes/an et l’acide chlorhydrique 6.3 tonnes /an. Les métaux lourds, hafnium, sulfure d’hydrogène sont dans de moindres proportions.

Tous ces composés chimiques sont responsables de maladies cardio-vasculaires , infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux , pathologies respiratoires, asthme , cancers, pathologies gastriques et hématologiques, autisme , Alzheimer, grossesses compliquées, allergies, problèmes dermatologiques et muqueux. De plus le formaldéhyde (perturbateur endocrinien) a des effets néfastes sur l’humain dès la grossesse à des doses infinitésimales et la toxicité des métaux lourds n’est plus à démontrer.

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L’augmentation du trafic routier sur la nationale 2 va augmenter également la pollution locale et le risque d’accidents (200 passages PL et 200 VL par jour).Quant aux 22 284 tonnes de CO2 émises, elles représentent un effet de serre qui participe au réchauffement climatique.

L’image ci-dessous démontre que la pollution augmente, plus on s’éloigne de l’usine. Nous n’avons pas les données au-delà de 3 km puisque l’étude ne prend plus en compte ce qui est au-delà, mais on peut s’attendre à des concentrations plus élevées, notamment dans la cuvette de Soissons, où les vents balayent moins facilement.

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Impact paysager

Le 18 juillet 1918, les armées alliées lancent la contre-offensive qui devait conduire à l’Armistice du 11 novembre. Le plateau de Soissons a été le théâtre de cette contre-offensive (voir photo ci- dessous) :

Plusieurs monuments à proximité du plateau de Courmelles rappellent la mémoire de ses évènements : l’observatoire du Général Mangin depuis lequel on a une vue imprenable sur les plateaux de Soissons, le monument de la Victoire, ainsi que la nécropole de Vauxbuin et son cimetière allemand.

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Ce sont les principales raisons pour lesquelles le Préfet de l’Aisne a refusé une autre demande d’ICPE sur la commune de Chaudun, la ferme de 5 éoliennes de 2 MW pour une production d’électricité de 30 000 GWh/an, le 9 janvier 2018.

Voici les raisons de son refus :

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Voir l’arrêté dans son intégralité : https://www.aisne.gouv.fr/content/download/19358/132084/file/AP_IC2018_002_PE%20PLATEAU %20SOISSONNAIS.pdf

Toutes ses considérations sont également valables pour l’implantation d’une installation Rockwool sur le plateau.

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Impact de ses produits Les laines minérales sont souvent présentées comme « écologique » par le simple fait qu’ils permettent d’économiser l’énergie, mais qu’en est-il de leur écobilan ?

Bilan écologique de la laine de roche Il faut considérer dans le cycle de vie, l’ensemble des étapes d’un matériau.

- la matière première ou la matière première recyclée - Son extraction ou son mode de production (pour une matière agricole ou recyclée) - Sa transformation de matière en matériau - Le transport et le stockage du matériau - Sa mise en œuvre - Son utilisation durant l’usage du bâtiment - Sa fin de vie qui peut être une réutilisation telle quelle, une transformation ou une destruction

A chaque étape seront pris en compte les dépenses énergétiques ainsi que les impacts environnementaux, sanitaires et sociaux.

Voici deux tableaux pour évaluer les différents matériaux de construction :

Dans un contexte de réchauffement climatique, il faut également prendre en compte le confort d’été. Dans les périodes chaudes, le temps de déphasage, c'est-à-dire le temps qui est nécessaire à la chaleur pour traverser un isolant (en clair transmettre une température d'un côté à l'autre de l'isolant), est un facteur important à prendre en compte surtout avec le réchauffement climatique. Le déphasage joue un rôle important pour le confort thermique d'été de l'habitation. Il faudra privilégier un isolant ayant un déphasage d'au moins 10 heures à 12 heures, notamment dans les combles, ce qui est le cas de la ouate de cellulose.

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Les laines de verre ou de roche sont perméables à la vapeur d’eau contenu dans l’air du logement. Absorbant l’humidité, leur pouvoir isolant diminue. S’ils ont été trempés jusqu’au cœur, ils ne peuvent pas sécher contrairement aux matériaux bio-sourcés qui peuvent laisser migrer la vapeur d’eau vers l’extérieur par capillarité.

Pour conserver leur performance thermique, les laines minérales doivent ainsi être mises à l’abri de toute pénétration d’humidité Le stockage des produits finis en extérieur par un pare-vapeur continu d’une perméance quasi nulle, voisine pose question, comme ici à Illange. Ils seront stockés en extérieur, simplement protégés de celle de l’aluminium, ce qui rend les parois non respirantes (= sous film plastique. perspirants).

Un éco-matériau est durable lorsqu’il est pérenne et solide. Il conserve ses propriétés dans le temps, sans se tasser, avec une usure relative à son utilisation. Il ne se désagrège pas, il ne se volatilise pas. Il est soutenable s’il participe à la dimension sociale de l’économie, telle que ce serait le cas pour l’isolation à base de coton recyclé. La fabrication du coton recyclée permet la création de main d’œuvre en insertion (métisse© Le Relai).

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Impact de la laine de roche sur la santé Afin d’évaluer l’impact de la laine de roche sur la santé humaine, nous nous appuyons sur le guide de l’habitat sain du Dr. Suzanne Déoux, Docteur en médecine ORL, Professeur associée honoraire à l'Université d'Angers, Fondatrice de MEDIECO Ingénierie de santé du cadre bâti et urbain, Présidente de Bâtiment Santé Plus :

La forme « fibre » est un élément pathogène, à l’exemple de l’amiante. En raison de cette structure, « toute nouvelle fibre proposée comme substitut à l’amiante ou pour tout autre usage doit être soupçonnée, a priori, d’être pathogène » (Rapport INSERM, 1998).

Sa taille conditionne sa capacité d’être inhalée. Le risque est important pour des fibres de petit diamètre et de grande longueur. Une fibre est respirable si elle peut se déposer dans le poumon profond (zone alvéolaire) avec risque de migrer vers la plèvre : diamètre inférieur à 3 -5 µm et longueur maximum de 200 à 250 µm. Une fibre est inhalable si elle se dépose dans les voies respiratoires supérieures (nez, pharynx, trachée) : diamètres supérieur à 3 -5 µm.

 Amiante : < 1 µm  Laine de verre : 2 – 8 µm  Laine de roche, de laitier : 2 – 3,5 µm (Fibre OMS : diamètre < 3 microns, longueur > 5 microns, rapport longueur/diamètre > 3)

De ce point de vue, les laines de roche, plus petites, ont une pénétration respiratoire plus importantes et une plus grande biopersistance que celles de laines de verre. À la différence de l’amiante, les laines minérales se coupent transversalement (et non pas longitudinalement en fibrilles de diamètres inférieurs).

La biopersistance définit la rétention des fibres dans le poumon. Elle dépend des moyens de défense du poumon à éliminer les fibres déposées, des caractéristiques chimiques et physiques des fibres.

La relation entre biopersistance et toxicité reste encore à démontrer (conclusion de l’expertise INSERM).

En effet, la biopersistance n’exclut pas la présence de fibres dans les poumons. La biopersistance qui mesure la demi-vie en jours, est un élément d’analyse de toxicité pulmonaire (pathogénie fibrogénique et carcinogénique)

Depuis des décennies, le risque de cancer, lors de l’inhalation de fibres libérées dans l’air au cours de la fabrication, de l’utilisation ou de l’enlèvement est au cœur des débats scientifiques. En juin 1987, le Centre international pour la recherche sur le cancer (CIRC) de l’OMS a classé la laine de verre, la laine de roche et laine de laitier comme cancérogène possible pour l’homme dans le groupe 2B. La directive européenne de 1997 classe les fibres de laines d’isolation en catégorie 3 (effets cancérogènes possibles mais insuffisamment évalués) avec les phrases de risque : « R 40 possibilités d’effets irréversibles » et « R38 irritant pour la peau ».

Pour les cancérogènes de la catégorie 3, la directive prévoit que la classification comme cancérogène ne doit pas s’appliquer si la bio-persistance des fibres est faible ou si leur diamètre est élevé.

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La demi-vie mesurée par instillation intra trachéale des fibres de laine de roche Rockwool (L> 20μm) serait inférieure à 40 jours (résultats obtenus conforme au protocole européen) selon sa Déclaration Volontaire de Données de Sécurité. Les fibres de chrysotile de l’amiante d’une longueur > 10 µm présenteraient une demi-vie de 8 ans.

Toutefois, de manière volontaire, on ne parle pas de 100 % de solubilité biologique au bout de 40 ou 80 jours, mais d’une demi-vie. Cela signifie évidemment que toutes les fibres ne sont pas supprimées après 80 jours précisément, mais qu’il existe un réside de 50% au bout de 40 jours. Selon l'intensité de la charge, il est possible que des fibres restent longtemps dans les poumons en provoquant des réactions. Cela nécessite encore une recherche importante et d’autres études indépendantes avec des résultats compréhensibles.

Selon le Dr. Marjolein Drent, Université de Maastricht, une nouvelle étude révèle que les tests de 1995 ont été effectués sur des laines minérales dont un constituant clé, une forme de liant, a été retiré. Le produit, qui a été testé et jugé non cancérogène par l'OMS et le CIRC, ne serait pas ce produit acheté et utilisé par les ouvriers du bâtiment et les amateurs de bricolage.

Dans le rapport de l’INSERM, publié en juillet 1998, sur les effets sur la santé des fibres de substitution à l’amiante, les experts soulignent certaines incertitudes :

- l’utilisation de la biopersistance et de la solubilité in vitro pour l’évaluation de la toxicité et la cancérogénèse, surtout à des fins réglementaires, est prématurée et ne repose pas sur des bases scientifiques solides. - l’absence de biopersistance dans les essais actuels ne permet pas d’exclure un potentiel cancérogène d’une fibre. - il faut s’assurer que le développement de fibres solubles en milieu biologique ne provoque pas d’effets dus aux produits ainsi libérés pouvant atteindre d’autres organes. - la possible toxicité des agents liants (résines urée-formaldéhyde ou phénol-formaldéhyde) et des anti-poussières - l’évaluation du risque de mésothéliome (cancer de l’amiante) n’est pas possible en raison du manque de recul - les effets sur la santé des fibres minérales ne se limitent pas au domaine respiratoire. Le risque de dermatoses doit être étudié.

50 % des ouvriers du bâtiment présentent des troubles précédents lors de la pose des laines minérales. De plus, des eczémas seraient causés par diverses substances présentes dans les laines (formol, métaux dont nickel, cobalt, chrome). Plusieurs membres d’une même famille peuvent être contaminés lors du lavage du linge. Les faux-plafonds de fibres minérales pénètrent dans l’air intérieur lors de dégradations ou indirectement lors de vibrations ou de différences de pression à l’ouverture et à la fermeture des portes.

Exposition moyenne aux laines selon le poste de travail Travaux Concentration moyenne atmosphérique (fibre/cm3) Manipulation en vrac Supérieure à 1 Pose de panneaux, de feutres… Inférieure à 0,5 Retrait et démolition Supérieure à 1

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D’après la brochure ED 93

En France, la valeur limite d'exposition professionnelle (pondérée sur 8 heures) pour les laines de verre, de roche et de laitier est de 1 fibre/cm3.

Toujours selon le Dr. Marjolein Drent, en plus des craintes de cancer, la laine minérale est également connue pour être une cause importante de la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), une maladie grave à long terme qui réduit la capacité pulmonaire. La MPOC est pire que le cancer, car certains cancers sont guérissables, mais cette forme de fibrose pulmonaire ne l’est généralement pas.

Les nouvelles fibres ayant des compositions chimiques sensiblement différentes des plus anciennes peuvent être actuellement mises sur le marché sans que leur toxicité ait été complètement évaluée.

Etant donné le fait que les laines minérales sont encore plus denses aujourd’hui afin d’augmenter encore les performances thermiques, on peut notamment s’attendre à une concentration plus forte du nombre de fibres dans l’air.

Classification réglementaire

Les laines minérales d’isolation sont classées cancérogènes de catégorie 2 au sens du règlement CLP. Cette classification ne s’applique pas aux fibres dont le diamètre est supérieur à 6 µm.

Par ailleurs, des exonérations sont possibles pour les laines non biopersistantes (c’est-à-dire éliminées par les milieux biologiques du poumon) ou si des études de toxicité par voie intra- péritonéale ou par inhalation à long terme ne montrent pas d’effet cancérogène.

Les mélanges contenant 1 % ou plus de laines minérales d’isolation biopersistantes sont classés cancérogènes de catégorie 2 au sens du règlement CLP.

Étiquetage des laines minérales

Les laines minérales d’isolation biopersistantes et les mélanges

contenant 1 % ou plus de laines minérales biopersistantes sont Règlement étiquetées « ATTENTION » avec la mention de danger H 351 CLP « Susceptible de provoquer le cancer ».

Pour les articles susceptibles d’émettre des fibres dans l’atmosphère des lieux de travail, il est fortement préconisé de fournir une information sur les dangers, sous forme d’un étiquetage ou d’une fiche de données de sécurité.

Mesures de prévention

L'évaluation des risques doit conduire au choix de procédés et de méthodes de travail propres à réduire l'ensemble des risques. Il est nécessaire de recourir à la fois à des mesures d'organisation de travail, de protection collective et de protection individuelle .

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L’Office Fédéral de l’Environnement allemand a présenté les résultats des analyses sur la pollution d’espace ambiant par des poussières de fibres en raison de matériau isolant mis en place en fibres minérales (par exemple pour insonorisation de faux-plafonds) sans revêtement, qui du fait de leur contact direct avec l’espace intérieur, présentent le potentiel le plus élevé de dégagement de poussières de fibres dans l’air ambiant. Il se trouve que Rockwool vise notamment les isolants acoustiques en faux-plafond pour son programme de recyclage Rockfon.

Plan national Santé-Environnement 4 (PNSE 4), "Mon environnement, ma santé" (2020- 2024) Au vu de tout ce qui a été évoqué concernant l’impact sur la santé de la laine de roche et d’une usine de fabrication de laine de roche, il semble que ce projet n’est pas en cohérence avec le nouveau PNSE 4 et du PRSE des Hauts-de France.

Copiloté par les ministères de la Transition écologique et de la Santé, le PNSE4 aura vocation à fédérer les plans thématiques en santé environnement et mobilisera l’ensemble des acteurs du territoire. Il s’articulera autour de quatre grands axes :

Mieux connaître les expositions et les effets de l’environnement sur la santé des populations (« exposome ») ; Introduit dans le code de la santé publique, le concept d’exposome propose de considérer globalement les expositions tout au long de la vie de l’individu. Il doit permettre de mieux comprendre et agir sur la survenue des maladies chroniques et la possibilité pour chacun d’évoluer dans un environnement favorable à sa santé ;

Informer, communiquer et former les professionnels et les citoyens ; L’information et la formation constituent un axe majeur d’une politique efficace de prévention en matière de santé environnement. L’objectif est de garantir une information de chacun des citoyens et la formation de l’ensemble des professionnels concernés, en utilisant des technologies numériques innovantes et en s’appuyant notamment sur les dispositifs et structures de formation existants ;

Réduire les expositions environnementales affectant notre santé ; La réduction des expositions environnementales est une priorité permanente, compte tenu du nombre important et croissant de pathologies induites par la dégradation de l’environnement dans lequel nous évoluons au quotidien. La qualité de l’air intérieur est ainsi proposée comme thème prioritaire emblématique du PNSE 4, au vu des attentes sociétales concernant cet enjeu.

Démultiplier les actions concrètes menées dans les territoires ; Par leurs compétences très larges, en prise directe avec le quotidien des Français, les collectivités locales disposent de leviers d’actions importants pour réduire l’exposition des populations, en prenant en compte notamment les inégalités. Des initiatives locales innovantes existent déjà et permettent à chacun d’évoluer dans un environnement plus favorable à sa santé. Afin de démultiplier ses initiatives, une web-plateforme collaborative a été lancée en juillet 2019 "Territoire engagé pour mon environnement, ma santé". Elle a pour objectif de partager les initiatives des acteurs de terrain, recenser les actions concrètes et les outils développés par les collectivités et les associations en santé environnement et massifier leur utilisation.

Le plan régional santé environnement 3 des Hauts-de-France 2017-2021 considère que la Qualité de l’air est un enjeu important. Celle-ci est influencée par la qualité de l’air extérieur, les activités des occupants (entretien, bricolage, chauffage, etc.), les matériaux d’ameublement et de construction.

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Impact en aval Suite à l'arrêt de l'activité de fabrication de laine de roche, ce site deviendra une friche industrielle avec un impact négatif sur son environnement (pollution ou liée à la dégradation des installations). La dépollution et la viabilisation de ce type de terrain aura un coût important que la collectivité locale devra prendre en charge. Il est proposé de remettre le site dans un état tel qu’il serait compatible avec un usage industriel.

Quelles garanties avons-nous pour savoir si Rockwool sera en mesure d’honorer ses engagements en fin d’activité ?

Retombées locales, économiques et sociales

Les images ci-dessus (issus des documents de consultation de l’enquête publique) permettent d’évaluer le ratio entre emplois créés et surface occupée. On s’aperçoit aisément que Le Relai, qui

32 collecte et recycle le textile, a créé autant d’emplois sur une surface moindre et pour produire la même quantité d’isolants en coton recyclé, il sera en mesure de créer bien plus d’emplois.

L’activité de Rockwool est donc une industrie qui occupe donc avant tout des machines et beaucoup moins des humains. Il est où l’aspect social ?

Selon les maires de Ploisy, Courmelles et de Soissons d’autres porteurs de projets s’intéressent à ce terrain. Il sera possible de créer bien plus d’emplois grâce à des activités plus solidaires et sociales.

Conditions de travail

Un aspect important et totalement absent de ce dossier ce sont les conditions de travail et l’exposition des salariés. Il y a des procédés de fabrication qui offre des meilleurs conditions de travail qui pourraient être étudies sous l’aspect éviter – réduire – compenser. De nos jours, on ne devrait plus avoir besoin de hauts fourneaux et de protection respiratoire lorsqu’on manipule les produits (un contre-exemple avec la photo à droite ci-dessous). En manipulant la laine de roche tout artisan ou salarié d’usine de fabrication nécessite normalement une protection adéquate.

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Propositions

Nous sommes naturellement très favorables à l’implantation d’une usine de fabrication d’isolation thermique dans le Soissonnais et la création de 130 emplois. En revanche, cette usine devrait remplir les critères suivants :

 ne pas nécessiter de four de cuisson, car trop énergivore  l’isolant devra subir peu de transformation, donc rester proche de son état naturel et non pas artificiel, difficilement assimilable par l’organisme  la matière première devra être renouvelable et contribuer à régénérer l’environnement  l’extraction sera acceptable s’il s’agit de la terre d’excavation argileuse des chantiers  sans émissions polluantes dans l’air, ni lors de la fabrication, ni lors de l’utilisation du produit fini  être capable de créer des emplois indirects sur le territoire, par exemple pour les agriculteurs (lin, paille, chanvre) ou pour des ateliers de réinsertion (coton recyclé).

Cela nécessite de revoir la nature de la matière première, sa provenance, son procédé de fabrication et d’élimination.

Nous faisons appel à la responsabilité de chacun, des pouvoirs publics, des entreprises et des citoyens au vu de l’impact sur l’environnement et la santé d’un tel projet d’implantation et nous souhaitons les inviter à réfléchir à (ou d’accepter) des projets alternatifs qui répondront mieux aux besoins actuels, dans un contexte sanitaire difficile qui nous impose d’améliorer rapidement notre qualité de l’air. La circulation de la maladie de la Covid augmente avec une mauvaise qualité de l’air extérieur et intérieur. Les polluants issus de l’agriculture, de l’industrie et des transports, et la consommation d’une alimentation fortement transformée, provoquent en outre des taux élevés de cancers, d’obésité et de maladies pulmonaires et cardiovasculaires, dont la présence constitue le principal facteur de mortalité de la Covid.

Une autre contrainte est la neutralité carbone. Les matériaux bio-sourcés sont une excellente réponse étant donné qu’ils captent le carbone lors de la pousse des plantes, non seulement dans la plante elle-même, mais aussi dans le sol.

En effet, le rôle de l'agriculture et de la forêt dans la lutte contre le changement climatique est reconnu depuis la COP21 organisée en 2015. Cette reconnaissance, inscrite dans les accords de Paris, a donné une réelle légitimité à l’initiative « 4 pour 1000 », qui vise à augmenter le taux de carbone stocké dans les sols agricoles. L'ambition de cette initiative est d’engager les agriculteurs du monde entier vers une agriculture productive, résiliente et fondée sur une gestion adaptée des terres et des sols. Contrairement aux idées reçues, la production de matériaux bio-sourcés n’immobilisera pas de surfaces agricoles, comme cela pourrait être le cas avec les biocarburants, les fermes solaires et éoliennes et les cultures énergétiques pour la méthanisation. La laine de lin, la laine de chanvre et les bottes de paille sont fabriquées à partir de sous-produits qui ne seraient pas valorisées en d’autre terme. De plus, la culture de chanvre et de lin ne nécessite pas de pesticides, ni d’apports en eau. Ce sont des plantes qui créent de la biodiversité et sont agréables à voir.

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Comparons avec un matériau d’isolation écologique. Lorsque le chanvre croît dans son cycle annuel, il stocke 2 000 kg de CO2 par tonne de matière (cf analyse du cycle de vie du béton de chanvre). Pour la fabrication d’une tonne de laine de roche, l’émission de CO2 serait de 185 kg/tonne. Cette estimation qui est donnée par Rockwool dans son dossier ne tient pas compte des émissions en amont durant l’extraction et le transport. Si on admet que durant son cycle de vie de 50 ans, la laine de roche stocke 100 fois ce qui est nécessaire à sa production soit 370 kg/an, la laine de roche prend donc 5,5 ans de retard sur le chanvre en matière de stockage de CO2, 11 ans avec un cycle de vie de 25 ans. Et ces consommations ne prennent en compte ni l’amont, ni l’aval de la production. Si on ajoute l’aval, c’est-à-dire le recyclage ou l’enfouissement, ce retard s’aggrave. Autre comparaison : la première maison en bottes de paille construite en France à Montargis a 100 ans et elle est toujours aussi performante !

Le gisement de coton à recycler est très important. En terme de massification, le potentiel est donc très important. Il se trouve que sur le plateau se trouve également Le Relai qui recycle justement le coton. C’est bien ce genre d’activité qu’il faudrait développer et soutenir.

L’offre, dépend de la demande et c’est la demande qui détermine le prix. Il sera donc tout naturel que les prix chutent avec l’augmentation de la demande.

Source : https://agriculture.gouv.fr/4-pour-1000-stocker-le-carbone-dans-le-sol-pour-lutter-contre- le-changement-climatique

Il sera donc possible d’arriver à une neutralité carbone, sans pour autant avoir besoin de massification dans la rénovation thermique avec toutes les dérives que cela entrainerait.

Nous avons compris que ce n’est pas le cœur de métier de Rockwool et le groupe ne souhaite pas se lancer dans la fabrication d’un autre produit (bio-sourcé), mais peut-être pourrait-il investir dans les sites existants pour renforcer le recyclage des laines de roche en provenance des chantiers de déconstruction, ce qui est encore extrêmement marginal aujourd’hui. Le groupe s’impliquerait ainsi dans une vraie logique d’économie circulaire qu’il prône à travers sa stratégie de communication en reprenant toutes les notions de l’éco-construction sans jamais vraiment les intégrer.

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Une démarche d’écologie industrielle et territoriale Les filières de la construction et de l’immobilier sont directement concernées par le dérèglement climatique. Ce secteur porte une part importante du problème du fait que son activité produit la grande majorité des déchets, génère l’une des plus importantes consommations de matériaux non renouvelables et porte une responsabilité sur la baisse de la biodiversité, notamment par l’artificialisation des terres, mais aussi par l’extraction de la matière première.

Cela veut dire également que cette filière est donc une part de la solution. Que ce soit sur la question de l’atténuation ou de l’adaptation aux dérèglements climatiques, le temps n’est plus à la transition graduelle, celle-ci est désormais derrière nous, même si on peut considérer que seule une infime partie du chemin a été parcourue. Qu’on le dénomme « choc », « révolution », « mutation complète et systémique » ou « rupture », les professionnels de la construction, les maîtres d’ouvrage et les élus doivent opérer un changement profond dans leurs pratiques et leur façon de voir les choses. Nous devons donner aux entreprises une raison d’être : devenir des acteurs de la transition écologique. Il faut aussi créer des collectifs de la construction qui auront intégré les objectifs d’atténuation et d’adaptation dans leur raison d’être.

Il n’y a que les mauvaises herbes qui poussent vite.

Les fabricants de matériaux de construction bio-sourcés sont souvent des PME familiales, à l’exemple de l’usine de teillage du lin qui s’implante à . Ils ne pourront pas répondre à une demande massive du jour au lendemain. La transition devrait être accompagnée sur le long terme dans le respect d’une économie qui se veut écologique, sociale, solidaire, équitable et humaine. Il ne s’agira plus de produire beaucoup en créant peu d’emplois. L’éco-filière permet de créer plus d’emplois pour la même quantité fabriquée. C’est tout son intérêt et l’intérêt de la France. Il faudra donc parfois accepter des coûts plus importants, mais on peut les retrouver de manière indirecte. Des coûts supportés par la société aujourd’hui peuvent être évités, moins de chômage, moins de coûts pour les assurances maladies, moins de déchets, moins de pollution etc. Ceci dit, de nombreux matériaux de construction locaux sont aussi moins chers que les laines minérales. Contrairement aux idées reçues, certaines peuvent aussi convenir à des applications qui nécessitent une bonne résistance au feu. Les billes d’argile, le perlite en vrac, la vermiculite expansé ou le verre cellulaire sont par exemple totalement incombustibles. Le liège a également un bon comportement au feu et même certains panneaux en bois Gutex sont adapté à cet usage tout en ayant obtenu le label natureplus (un label qui garantit un mode de production écologique et qui impose également des exigences de qualité et des critères sanitaires). Quantité et qualité sont rarement compatibles. Vouloir agir rapidement et massivement conduit à privilégier les solutions rapides et peu coûteuses. C’est l’erreur qui a été faite après la guerre. Le résultat : le syndrome du bâtiment malsain. Les bonnes solutions qui durent dans le temps, demandent aussi du temps pour bien faire. La qualité du cadre de vie est un élément fondamental pour notre bien-être, la santé, notre vie sociale. Les aménagements ne doivent pas générer l’uniformité et des quartiers stéréotypés et interchangeables. Il faut garder des spécificités régionales et respecter les différences culturelles. Il faut susciter le plaisir de construire, de créer et promouvoir l’art de bâtir.

Par ailleurs, nous souhaitons également faire un parallèle avec le mix énergétique électrique. Le secteur éolien s’est beaucoup développé dans le département de l’Aisne. Le territoire a demandé au Préfet de réduire la quantité de projets de fermes éoliennes accordés, afin de mieux équilibrer entre les énergies renouvelables qui se complètent parfaitement entre eux (plus de soleil en été, plus de 36 vent en hiver etc.). De la même manière, il convient de favoriser un meilleur équilibre entre les différents matériaux de construction. Le marché visé par Rockwool, dans la région parisienne, est un marché très pertinent Un partenariat pour rénover le pour les matériaux bio-sourcés. Sur ce marché, il faudra patrimoine dans l’Aisne privilégier la réhabilitation aux nouvelles constructions. Les matériaux bio-sourcés sont parfaitement adaptés au bâti Parfondeval ancien puisqu’ils laissent les murs « respirer » (perspirer en réalité). Une convention lie désormais des professionnels de l’architecture et La filière « matériaux bio-sourcés et construction » a été du patrimoine. Un contrat pour des identifiée par le commissariat général au développement actions au service des particuliers et durable comme l’une des 18 filières vertes ayant un des collectivités. potentiel de développement économique élevé pour l’avenir et le département de l’Aisne est particulièrement concerné au regard de l’abondance de ses ressources agricoles et sylvicoles, notamment celles du bois et des pailles de céréales et de colza. La structuration d’une filière bio-sourcée pour le secteur du bâtiment constitue une forte potentialité de développement. Les ingrédients sont en effet réunis pour faire de l’Aisne, à terme, un véritable territoire démonstrateur. M. Nicolas BASSELIER, Ce sont deux entités connues davantage par les collectivités que Préfet de l’Aisne et M. Philippe VASSEUR, commissaire par les particuliers. Deux spécial à la revitalisation et réindustrialisation des Hauts organismes, le conseil de France, ont donc officiellement prononcé le lancement d’architecture, d’urbanisme et de des travaux visant à développer une filière d’éco- l’environnement (CAUE), d’un côté, rénovation et d’éco-construction dans l’Aisne le 29 juin et la fondation du patrimoine, de 2017. l’autre, qui jusque-là travaillaient sans réelle concertation. Or, c’est le patrimoine rural le plus souvent qui Avec un tissu d’acteurs reconnus, des ressources est au centre des préoccupations. abondantes et variées, ainsi que des filières à fort potentiel, les Hauts-de-France disposent de nombreux atouts pour devenir d’ici 2025 l’un des leaders européens de la bio-économie. Le master plan adopté en séance plénière le 25 septembre 2018 fixe les priorités et définit les actions à mettre en œuvre pour atteindre cet objectif. Profitons de ce potentiel créateur de l’économie circulaire en termes d’emplois locaux et non dé-localisables mais aussi en matière de relations professionnelles inédites et de nouveaux espaces, tout en contribuant à la valorisation des territoires.

Les Hauts-de-France détiennent le triste record en nombre de passoires thermiques : elles représentent 40 % des logements. Conséquence : un ménage sur cinq est en situation de précarité énergétique.

Dans ce contexte, la rénovation thermique des logements est une priorité absolue pour le territoire. Elle doit être à la fois massive et de qualité. Autrement dit, pour être efficaces et répondre

37 réellement aux besoins des habitants, ces rénovations doivent viser systématiquement un niveau « basse consommation ».

Par ailleurs, la rénovation qualitative du secteur tertiaire, le déploiement de la construction neuve de niveau passif voire à énergie positive, la prise en compte systématique des enjeux sanitaires et environnementaux, ou encore la massification des énergies renouvelables constitue des défis majeurs posés au territoire… et auxquels sera de plus en plus confronté l’ensemble des professionnels du secteur du bâtiment. De tels bouleversements nécessitent que soit portée une attention particulière aux besoins RH des entreprises du bâtiment.

Enfin, une politique de massification de rénovation qualitative des bâtiments nécessite une rupture majeure dans l’approche menée jusqu’à maintenant par les politiques publiques : soutenir en priorité la demande avec une exigence absolue sur la qualité attendue.

Nous demandons un projet d’intérêt général en cohérence avec le territoire et nous dénonçons un projet qui servira surtout à défendre les intérêts commerciaux d’actionnaires qui ne se trouvent même pas sur notre territoire.

Nous recommandons la lecture du rapport du Conseil d’Orientation du cd2e, composé du FFB, de la CAPEB, Fédération Nord des SCOP BTP, Constructys Hauts-de-France Collectif des Acteurs du Passif SPEE Hauts-de-France, Campus des Métiers et des Qualifications, Compagnons du Devoir, FIBOIS Hauts-de-France, Union Régionale pour l’Habitat (URH). Notamment la partie 2 et le chapitre sur les écomatériaux : une dynamique prometteuse en région, page 48 : http://www.cd2e.com/?q=telecharger-le-rapport-batiment- durable-hauts-de-france-cd2e-2020&utm_source=UA- 25745718- 1&utm_medium=email&utm_campaign=Mailing+diffusion+rapport+COBD

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QU’EST-CE QUE LE « BÂTIMENT DURABLE » ? Toute construction ou rénovation qui, tout en assurant la qualité de vie et la santé des occupants, permet la maîtrise de ses impacts sur l’environnement et assure une performance énergétique optimale, en utilisant autant que possible les énergies renouvelables et les ressources naturelles et locales.

L’approche « bâtiment durable », aujourd’hui une niche en France, est amenée à plus ou moins court terme à devenir le standard du bâtiment.

Les politiques transcrits dans différents documents comme le SRADDET, le PNSE, le PSRE, PCAET , ainsi que le contrat Terr’innove doivent trouver une application et des efforts sur le terrain et se traduire dans des actes concrets, permettant d’atteindre leurs objectifs.

En 2020, il y eu a d’importantes évolutions réglementaires . En un an, de nombreuses réglementations viennent modifier en profondeur le cadre d’action :  la réglementation RE2020,  la loi Énergie Climat,  le décret tertiaire issu de la loi Elan,  la loi économie circulaire sur les biosourcés et les déchets du bâtiment,  les perspectives européennes avec la DPEB et le New deal européen.

Ces réglementations nécessitent des adaptations importantes aussi bien pour les maîtres d’ouvrages que pour les professionnels du bâtiment qu’il faudra anticiper, déjà à partir du tissu productif.

Dans un contexte de hausse des prix de l’énergie, les matériaux qui nécessite peu d’énergie pour leur transformation devraient devenir plus compétitif à l’avenir.

UN CONTEXTE DE HAUSSE DES PRIX Les évolutions réglementaires s’inscrivent dans un contexte de hausse constante des prix de l’énergie. Ainsi, en 10 ans, les prix de l’électricité ont augmenté de 50% (soit une augmentation annuelle moyenne de 4,3% contre 0,5% d’inflation)21. Ils restent encore très inférieurs aux prix européens. Cette hausse devrait s’accélérer dans la décennie qui vient. En cause, notamment, la nécessité de rembourser la dette colossale d’Edf (70 milliards d’euros22) et les investissements nécessaires dans le parc nucléaire actuel (100 milliards d’euros) liés aux investissements de sécurité, dits «

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grand carénage », au démantèlement des centrales arrivées en fin de vie, gestion des déchets radioactifs et construction des réacteurs EPR de Flamanville et Hinkley point. En ce qui concerne le gaz ou le carburant, la hausse a atteint 40% entre 2009 et 2012. Fin 2019, les prix se situaient au même niveau que 2012. De plus les entreprises, les communes et les particuliers doivent faire face à des dépenses qui n’existaient pas auparavant notamment liées à l’utilisation des outils informatiques et électroniques (téléphones, portables, consoles de jeux) qui, dans un foyer, peuvent atteindre jusqu’à 14% des dépenses d’électricité.

Ce contexte d’évolution des prix énergétiques devrait favoriser dans les années à venir, l’engagement pour les investissements liés aux économies d’énergie.

Autre recommandation de lecture : Les matériaux bio-sourcés dans le bâtiment de la Direction Départementale des Territoires de l’Aisne : https://www.aisne.gouv.fr/content/download/22201/148353/file/Note%20g%C3%A9n%C3%A9rale_ mat%C3%A9riaux%20bio-sourc%C3%A9s.pdf

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Conclusion

Les préoccupations liées à la hausse des coûts de l'énergie et au réchauffement de la planète ont toutes deux placé l'isolation des bâtiments en tête de l'agenda politique. Cependant, la hâte de trouver un produit de remplacement pour l'amiante a conduit à la création de produits potentiellement cancérogènes, connus pour provoquer des maladies respiratoires mettant la vie en danger, mais devenus la norme de l'industrie .

Nous nous opposons à l’implantation de l’usine de fabrication de laine de Roche à Courmelles et Ploisy pour les raisons suivantes :

1. Le dossier de Rockwool ne prend pas en compte l’impact de l’extraction de la matière première, le basalte, qui relève également d’une ICPE avec un impact notable sur la faune, la flore et la biodiversité. 2. La consommation d’énergie primaire d’une telle entreprise est tout à fait démesurée par rapport au gain énergétique obtenu par la fabrication de matériaux de substitution. Si on admet que durant son cycle de vie de 50 ans, la laine de roche stocke 100 fois ce qui est nécessaire à sa production soit 370 kg/an, la laine de roche prend 5,5 ans de retard sur le

chanvre en matière de stockage de CO2, 11 ans avec un cycle de vie de 25 ans. 3. L’entreprise devrait encore faire des efforts concernant l’économie circulaire. La gestion de déchets n’est pas aussi honorable que l’entreprise le prétend à travers sa communication. Les seules laines de roche véritablement recyclées proviennent de l’usine même, des chutes de chantiers des clients et éventuellement une part infime de panneaux acoustiques pour le plafond. La plupart des laines minérales mises en œuvre seront toujours envoyées vers des décharges dans des conditions discutables. 4. La hauteur des cheminées est limitée pour permettre à l’usine de cohabiter avec l’aérodrome. Ceci augmente la pollution de l’air pour les habitants de l’agglomération. Le risque de chute d’avion sur l’usine n’est pas pour autant écarté avec l’effet domino que cela engendre. 5. La qualité de l’air sera impactée par les rejets atmosphériques. Ce n’est pas la dose qui fait le poison, mais la durée d’exposition. A l’exemple d’autres sites de Rockwool dans l’hexagone, les émissions sans filtres sont évaluées à une fréquence supérieure à 5 %. 6. La simplification du régime des installations classées n’offre plus de protection suffisante concernant l’environnement, la santé et le risque industriel. Les intérêts commerciaux ne peuvent plus passer en premier dans un contexte de transition écologique. L’entreprise profite de la règlementation pour faire passer son activité qui relève du seuil SEVESO, en découpant son entreprises en plusieurs entités juridiques (une pour la fabrication, l’autre pour la logistique et peut-être encore une troisième pour le recyclage à l’avenir). 7. L’impact sur la qualité de l’eau n’a pas été pris en compte. Pourtant le liant (réputé cancérogène) sera en contact avec l’eau et devrait être rejetée ultérieurement. Il n’y a pas de dispositif pour filtrer cette eau. 8. L’impact sur les paysages est aussi néfaste que celui d’un parc éolien comme celui qui a obtenu un refus par le Préfet de l’Aisne pour cette même raison. 9. L’écobilan de la laine de roche et son impact sur la santé ne sont pas bons, comparés aux matériaux bio-sourcés et géo-sourcés locaux, comme la paille, le lin, le chanvre, le coton recyclé et la terre argileuse.

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10. Des matériaux de substitution existent et le gisement est très important et local. Il permettra la création d’emplois réellement locaux, dans le secteur agricole et le secteur du textile recyclé, avec une vraie gestion des flux en circuit-court. L’Aisne est un département agricole avec un passé industriel textile. Ce serait cohérent avec la réalité économique du territoire. 11. Le marché visé par Rockwool est un marché qui nécessite le déploiement d’isolants qualitatifs qui permettent la massification de la rénovation du bâti ancien dans la région parisienne et dans les Hauts-de-France. 12. Les engagements concernant la décontamination du site à l’arrêt définitif de l’usine semblent insuffisants concernant la manière de décontaminer l’air, le sol et l’eau, au bout de plusieurs années de fonctionnement.

Les mesures d’évitement, réduction, compensation semblent bien légères, au regard des risques liés à cette activité. Ce dossier semble bien remplir sa fonction : donner l’apparition que le site sera conforme aux exigences règlementaires et qu’il ne présente aucun danger ni pour la santé et l’environnement. Or, les réunions publiques et l’enquête publique soulèvent bien plus de questions que de réponses et ne sont pas pour rassurer puisque l’entreprise considère que son activité ne présente pas de risque ou d’impact notable et ne semble pas avoir besoin de prendre les dispositions nécessaires.

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ANNEXE

Annexe 80 - L'ÉLIMINATION DES MICROPOLLUANTS DANS LES STATIONS D'EPURATION

Rédaction : M. Jean-Luc VASEL, membre du Comité de pilotage

Jusqu'à présent, la pollution organique (carbonée) et son élimination sont suivies au moyen de mesures globales telles que la DCO (Demande Chimique en Oxygène) et la DBO (Demande Biochimique en Oxygène). Ces deux paramètres globaux sont des Demandes en Oxygène, c'est-à-dire que l'on mesure la quantité d'oxygène qui est nécessaire pour dégrader la pollution, soit par la voie chimique (DCO) soit par voie biologique (DBO). Ce sont cependant des paramètres importants dans la mesure où, dans les stations d'épuration, il faut apporter artificiellement l'oxygène nécessaire au traitement et que le coût de l'opération sera proportionnel aux valeurs mesurées des demandes en oxygène (DBO, DCO).

Par contre, une eau usée domestique ou industrielle contient de très nombreux polluants différents et les mesures de la DBO (ou de la DCO) ne donnent aucune indication sur la teneur de ces composés individuels. Or, tous ces produits ne sont pas dégradés avec la même efficacité lors de leur passage dans les stations d'épuration.

Ainsi, en sortie de station d'épuration, on trouvera, en concentration faible certes, des produits non dégradés, des produits partiellement dégradés et des résidus de transformation. En effet, il est une idée bien ancrée dans l'esprit de nos concitoyens et pourtant fausse quant aux possibilités de dégradation des bactéries vis-à-vis des substances organiques. On imagine que, si on leur en donne le temps, les micro-organismes finiront toujours par dégrader totalement les substances avec lesquelles ils sont en contact. Or ceci n'est certainement pas vrai, du moins à l'échelle de temps de quelques mois ou de quelques années.

Il suffit de songer aux substances naturelles telles que les acides humiques présents dans les sols forestiers. Ces substances, pourtant naturelles, sont très peu dégradées par les micro-organismes, sinon elles seraient oxydées en CO2 et ne s'accumuleraient pas dans les sols.

Il est vrai que de très nombreuses substances d'origine naturelle sont biodégradables, c'est-à-dire peuvent être décomposées par les micro-organismes.

Cette propriété n'est pas aussi fréquente pour les produits organiques de synthèse. Ainsi d'assez nombreuses molécules organiques fabriquées par synthèse chimique sont en fait peu ou pas biodégradables. Elles peuvent alors passer à travers les stations d'épuration sans subir de transformations importantes, pour aboutir finalement dans les milieux récepteurs. Au fur et à mesure que la qualité des cours d'eau se restaure suite à la politique d'assainissement menée depuis plusieurs décennies et aux progrès faits dans les techniques de mesures, on peut à présent détecter ces polluants présents à l'état de traces.

Auparavant ces pollutions étaient masquées par les pollutions primaires, secondaires ou tertiaires ; ces dernières ayant fait l'objet des efforts d'épuration, on s'intéresse dorénavant de façon plus attentive aux micropolluants, que certains auteurs classifient aussi sous le vocable de « pollution quaternaire ».

Ainsi on s'intéresse à leur présence dans les milieux récepteurs, à leur taux de réduction dans les stations d'épuration conventionnelles, voire aux types de traitements « quaternaires » qu'il faudra mettre en place pour poursuivre plus avant leur dégradation.

Parmi ces substances, on mentionnera les substances reprises dans la liste des substances toxiques bien entendu, les pesticides, les médicaments ou leurs métabolites, les oestrogènes ainsi que les micropolluants à effets modulateurs endocriniens, les stéroïdes, les métabolites de détergents, mais aussi des produits tels que les parfums, etc...

Bien qu'elles soient, pour la plupart d'entre elles, utilisées depuis quelques dizaines d'années à présent, on considère qu'elles sont potentiellement perturbatrices des écosystèmes, non pas seulement par des effets de toxicité directe qui auraient le plus souvent conduit à bannir leur usage, mais aussi parce qu'elles seraient susceptibles de réduire la fertilité de certaines espèces (poissons, crustacés, mollusques ...). On se pose à présent la question du risque .potentiel pour la santé humaine.

Cette nouvelle question environnementale fait l'objet d'études approfondies pour mesurer les taux de contamination des milieux aquatiques, quantifier les abattements obtenus dans les différentes filières d'épuration, mieux identifier les flux de ces matières dans les stations : ces polluants se retrouvent-ils majoritairement dans l'eau traitée, dans les boues, dans les produits gras (graisses), et, finalement, mieux cerner les risques associés à leur présence, éventuellement de façon simultanée, dans ces écosystèmes.

Source : https://www.senat.fr/rap/l02-215-2/l02-215-271.html

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