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Neil Young Repetitur Year of the Horse de Réal La Rochelle

Cinéma et engagement Number 92, Summer 1998

URI: https://id.erudit.org/iderudit/24014ac

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Publisher(s) 24/30 I/S

ISSN 0707-9389 (print) 1923-5097 (digital)

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Cite this review La Rochelle, R. (1998). Review of [ Repetitur / Year of the Horse de Jim Jarmusch]. 24 images, (92), 50–50.

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EIL YOUNG REPETITUR

PAR RÉAL LA ROCHELLE

Musique d'autrefois et de maintenant, de jeunesse et d'âge mûr, le rock de Neil Young et des Crazy Horse est traversé par ces perits riens qu'affectionne le cinéaste, parcours erratiques de routes impossibles et d'hôtels non identifiables, de loges et de scènes presque abstraites, de bri­ bes de conversations et de poé­ sies, de souvenirs et de remar­ ques actuelles étonnées, du genre «nous sommes tous encore ici»... Year of the Horse témoi­ gne, à sa manière ébouriffée et pathétique, vigoureuse et adoles­ cente, de cette question lanci­ nante posée depuis un demi- siècle: le rock, création de la jeunesse d'après-guerre, survit Jarmusch réussit à faire un grand tableau somptueux avec des matériaux «échiffés», dans ses pères et maintenant ses des bouts de ficelle, de la vidéo scratch. grands-pères. Est-il l'image angoissée d'une lutte contre le vieillissement et la mort, la my­ omme cette prescription médicale sur cesse d'étonner. Comment ne pas céder au thomanie d'une jeunesse «éternelle», le chant C laquelle le repetitur indique un renou­ cliché du bon vin se bonifiant avec l'âge? du cygne ridicule des baby-boomers? Neil vellement pour raisons de guérison ou de Film violemment paradoxal que celui- Young et Crazy Horse feront-ils encore une survie, Jim Jarmusch accomplit par son là. Tourné en Super 8 mm et en 16 mm, tournée en 2006 ou en 2016, Jarmusch pui- Year of the Horse une continuation de Dead traversé d'anciens vidéos et filmsd e concerts sera-t-il dans ce métrage de 1996 pour réali­ Man. Il rend à César Young ce qui appar­ des années 1976 et 1986, Year of the Horse ser un futur film numérique? tient au groupe Crazy Horse. nous arrive en superbe copie 35 mm et en Ce sera quoi le cinéma et le rock à l'âge Pour mémoire: Jarmusch rêvait, pen­ son magnétique Dolby. Jarmusch réussit à de l'arrière-grand-père Horse? La question dant le tournage et le montage de Dead faire un grand tableau somptueux avec des est hypothétique, comme disent les politi­ Man, d'en confier la musique à Neil Young matériaux «échiffés», des bouts de ficelle,d e ciens. Mais, contrairemenr à eux, ce qu'en et, pout approcher ce but apparemment la vidéo scratch. Quelque chose comme le pense Jarmusch est digne d'intérêt. «Nous inatteignable, écoutait sans arrêt des dis­ grand opéra d'une bohème rock. avons, explique-t-il, fait un film dont la ques de Neil Young and the Crazy Horse. Le cœur du film est formé de onze beauté rugueuse des images correspond en Le cinéaste osa finalement faire sa grande chansons de la tournée de 1996 du Crazy quelque sorte à la qualité particulière de la demande, le musicien accepta, séduit par la Horse en Europe et aux États-Unis, cou­ musique des Horse. Ces gars ne sont pas musicalité du montage. Non seulement ronnées par l'envoûtante chanson hurlante intéressés au rock qui fait la roue du paon, composa-t-il la trame musicale de Dead Like the Hurricane, un crescendo en mon­ ils ne s'alignent pas sur les tendances d'une Man, mais il l'augmenta d'une œuvre pho­ tage alterné qui, par la grâce d'une bande- culture de la jeunesse dans sa deuxième pha­ nographique en hommage au thème et au son unifiée, lie une interprétation de 1976 se. Je fais mien le témoignage du père de réalisateur de ce remarquable film {24 ima­ à l'autre de vingt ans plus tard. Ne serait- Neil, Scott Young: "Leur musique semble ges, n° 83-84). ce que par ce seul passage, Jarmusch témoi­ tout simplement toujours meilleure"». • Jarmusch retourne aujourd'hui la mon­ gne une fois de plus de sa fine perception naie de cette pièce précieuse. Year of the musicale et filmique,d e sa compréhension Horse est un essai fascinant sur un des grou­ d'une bande sonore qui n'est pas que le reflet YEAR OF THE HORSE États-Unis 1997. Ré.: Jim Jarmusch. Int.: Neil pes rock poivre-et-sel les plus exigeants qui auditif d'une image, mais une véritable créa­ Young, , Frank (Poncho) soient, et dont la vigueur juvénile, maquillée tion par le sonore, antithèse de la tradition­ Sampedro, . 107 min. Couleur, de plusieurs rides et poches sous les yeux, ne nelle image de concert sauce MTV. noir et blanc. Dist.: Behaviour.

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