Guerre De 1939-1945. Archives De Daniel Decourdemanche, Dit Jacques Decour
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Guerre de 1939-1945. Archives de Daniel Decourdemanche, dit Jacques Decour Répertoire numérique détaillé (72AJ/2447-72AJ/2449) Par Sylvie Le Goëdec Archives nationales (France) Pierrefitte-sur-Seine 2007 1 https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/IR/FRAN_IR_027960 Cet instrument de recherche a été encodé en 2012 par l'entreprise Numen dans le cadre du chantier de dématérialisation des instruments de recherche des Archives nationales sur la base d'une DTD conforme à la DTD EAD (encoded archival description) et créée par le service de dématérialisation des instruments de recherche des Archives nationales. 2 Archives nationales (France) INTRODUCTION Référence 72AJ/2447-72AJ/2449 Niveau de description fonds Intitulé Archives de Daniel Decourdemanche, dit Jacques Decour Date(s) extrême(s) 1900-1994 Localisation physique Pierrefitte-sur-Seine DESCRIPTION Présentation du contenu Pseudonymes de Daniel Decourdemanche : Jacques Decour, E. Pasquier, Daniel Pascal, P. A. Stéphane. Signatures clandestines : Joseph Delorme, Philippe Le Bel. Histoire du producteur Né le 21 février 1910 dans une famille parisienne de la bourgeoisie financière, Daniel Decourdemanche, alias Jacques Decour, endosse provisoirement le rôle d'héritier d'un père agent de change, en menant de brillantes études secondaires au lycée Pasteur de Neuilly, en poursuivant des études de droit et en épousant, en 1929, la fille d'un professeur de lycée, Jacqueline Bailly, dont il aura en 1933, une fille, Brigitte. Cependant dès 1930, c'est la rupture : il fait paraître chez Gallimard son premier roman Le Sage et le Caporal et entame des études d'allemand couronnées, en 1932, par l'agrégation. Il n'aura ensuite de cesse d'allier œuvres de l'intelligence et désir d'action, dessinant concomitamment la figure de l'intellectuel, professeur et écrivain, et celle de l'homme engagé, communiste et résistant au-delà des appartenances politiques. S'il enseigne avec ardeur, d'abord à Reims de 1932 à 1936, puis à Tours, avant d'être promu, dès 1937, à Paris au lycée Rollin, cela ne lui suffit pas. Il commence parallèlement une carrière littéraire, comme écrivain auteur, en publiant en 1930, Le Sage et le Caporal qui emprunte beaucoup à sa jeunesse, puis, en 1932, Philisterburg, sorte de récit philosophique né de son séjour en Allemagne en tant que professeur d'échange, comme traducteur, toujours pour Gallimard, dans la collection de la Pléiade du Triomphe de la sensibilité de Goethe (1939), comme essayiste enfin, collaborateur de nombreuses revues dont la Nouvelle revue française et Commune dont il est le rédacteur en chef de 1938 à octobre 1939, date à laquelle elle est interdite de parution. Quant à son militantisme politique, il commence véritablement à Tours où il adhère, en 1936, au Parti communiste français tout en assumant diverses responsabilités : secrétaire de cellule, délégué du comité départemental des intellectuels anti-fascistes, professeur à l'école régionale communiste, fondateur de la maison de la culture de Tours. Ses prises de position, son intransigeance et sa singularité, ses origines sociales enfin font qu'il ne sera jamais un homme de parti. La guerre cristallise son action en destin : l'intellectuel et l'engagé fusionnent dans le résistant. D'abord mobilisé, il reprend, à l'armistice, son poste de professeur à Paris et devient, auprès du philosophe Georges Politzer et du physicien Jacques Solomon, avec lesquels il fait paraître L'Université libre, dont le premier numéro est diffusé clandestinement fin novembre 1940, un homme-clef de la résistance intellectuelle. Il cherche à fédérer tous les écrivains résistants, autour de La Pensée libre, revue qu'il fonde en février 1941 ; l'échec le mène à participer, autour de 3 Archives nationales (France) Claude Bellanger, Jacques Debû-Bridel et Jean Paulhan, à la création du Conseil national des écrivains (CNE), lui- même organe du Front national. Le CNE projette également d'éditer une revue intitulée Les Lettres françaises, dont la publication est reportée du fait même des arrestations de Decour, Politzer et Solomon en février 1942. D'abord interné à la prison de la Santé, puis remis à la police allemande le 20 mars 1942, Jacques Decour est jugé et condamné à être fusillé par le tribunal de guerre allemand. Son exécution a lieu au Mont-Valérien, le 30 mai 1942. Âgé de trente-deux ans, il laisse une lettre testament où sont à la fois présents sa famille, ses compagnons de combat et ses élèves de première : l'homme, l'engagé, l'intellectuel se trouvent ainsi réunis dans ce qui reste, ce qui n'est pas anodin pour un être pour lequel cela comptait tant, son dernier écrit. Histoire de la conservation Le présent fonds a fait l'objet, en novembre 2002, d'un don de la part de Madame Brigitte Decourdemanche, fille de Jacques Decour, aux Archives nationales. Ce don est intervenu à la suite de la diffusion du Guide du détenteur d'archives de la Résistance et de la déportation, conjointement réalisé par la Fondation de la Résistance, la Fondation pour la mémoire de la déportation, la direction des Archives de France et la Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives du ministère de la Défense, dont la présentation avait été assurée en région par la « commission archives » de la Fondation de la Résistance. Auparavant, les papiers formant cet ensemble avaient été conservés et rassemblés au sein de la famille. De nombreuses pièces témoignant de l'action de Decour avaient néanmoins été volontairement détruites après son arrestation, ce qui explique en partie le petit volume du fonds. Il a naturellement trouvé place aux Archives nationales dans la série 72AJ (Archives du Comité d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale) consacrée à l'histoire des mouvements et réseaux de Résistance et des hommes qui les ont animés, dont une partie est composée de fonds d'origine privée (Claude Bouchinet-Serreulles, Emmanuel d'Astier de la Vigerie, Henri Noguères par exemple). Présentation du contenu Paradoxalement, le fonds Decour frappe d'abord par ses manques : au regard de la frénésie de production de ce travailleur infatigable, de cet épistolier invétéré, de cet écrivain précoce, de ce militant, il paraît en effet en retrait. C'est en premier lieu que les papiers donnés aux Archives nationales sont très largement le résultat d'une reconstitution opérée par la famille dans le but de perpétuer sa mémoire, en particulier par la sœur de Jacques, Denise Decourdemanche, dans l'immédiat après-guerre. Cette caractéristique explique aussi que de nombreuses pièces soient des copies ou des productions en hommage à Decour et non des papiers dont il serait l'auteur. C'est aussi, on l'a dit, que des destructions volontaires furent opérées lors de son arrestation, dans le souci vain de ne pas fournir de preuves à ses accusateurs. C'est en dernier lieu peut-être la preuve de l'intensité de son action que de certaines traductions, d'articles, d'ébauches intellectuelles – seraient-elles aussi importantes que le projet d'une histoire du germanisme pour Fayard en 1935-1936 qui donna lieu à la rédaction d'une centaine de pages – de son activité de militant enfin, il ne reste rien ou si peu. Tout occupé à agir et à produire, Decour ne se souciait guère, sans doute, de conserver. Trois grands ensembles sont ici néanmoins accessibles : Des papiers personnels d'abord, auxquels se mêle un peu de correspondance qui a été classée à part, chronologiquement. Ce premier ensemble se compose de quelques pièces qui ont trait à son histoire familiale et personnelle, depuis l'enfance, à travers des lettres écrites à son père, en passant par l'adolescence marquée par une scolarité brillante (listes de prix, photo de classe) et des amitiés fortes (correspondance avec Jacques Prévotière, à la fois rival et indéfectible camarade) et le jeune âge adulte enfin (les grands contrats littéraires signés chez Gallimard, des quittances, des papiers d'identité, un faire-part de mariage). Viennent ensuite les manuscrits, d'œuvres publiées et littéraires surtout, les traductions et les articles étant beaucoup moins représentés ; ils ne nous sont parvenus pour certains que sous la forme de tapuscrit où l'authenticité de l'archive s'abîme, mais aussi, comme pour Le Sage et le Caporal ou des « notules », sous leur forme manuscrite, autographe. Leur identification reste parfois à ce jour incertaine, du fait de l'absence de toute référence au titre, à une publication, mais l'œuvre de Decour est là entièrement présente. L'entrée dans la mort et la postérité apparaissent dans une troisième partie, où se trouve conservée la lettre originale de qu'il est convenu d'appeler depuis qu'elles furent érigées en genre littéraire « la lettre du fusillé Decour ». Aux côtés de ce document monument, se trouvent les hommages rendus, dans le feu de la Libération, la Légion d'honneur 4 Archives nationales (France) délivrée à titre posthume en particulier, mais aussi bien postérieurement, lors de commémorations qui revêtirent toutes les formes propres à cet exercice de la mémoire : appellations et plaques, cérémonies en particulier dans les lieux où il exerça ce qu'il convient d'appeler son métier, et parmi eux de façon privilégiée au lycée Rollin devenu Decour, volonté de perpétuer, via des articles et des numéros spéciaux de revues, le souvenir actif de son œuvre littéraire, conçue comme celle d'un futur grand écrivain assassiné. De cette courte description, il ressort, en creux, que sur ce qui fut au cœur de son engagement et de ses dernières années de vie, qui apparaissent à la fois comme une sorte de syncrétisme de ses choix et comme le centre de son identité d'aujourd'hui, celle de l'intellectuel résistant, soit les années 1939 à 1942, le fonds est quasi muet.