Guide Des Sources De La Seconde Guerre Mondiale
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ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE LA MANCHE LA SECONDE GUERRE MONDIALE (1939-1945) ~~ GUIDE DES SOURCES CONSERVÉES AUX ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE LA MANCHE par Jérémie Halais sous la direction de Gilles Désiré Dit Gosset Directeur des archives départementales de la Manche Alain Talon Attaché de conservation du patrimoine Saint-Lô 2005 INTRODUCTION ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE LA MANCHE Ce « Guide des sources de la seconde guerre mondiale conservées aux archives départementales de la Manche (1939-1945) » est le résultat d’une mission engagée par le Conseil général dans le cadre des manifestations qui marquèrent le soixantième anniversaire du Débarquement. 1. LE PROJET L’année 2004, et notamment les commémorations de la Libération, furent le prétexte à la réalisation de deux objectifs pour les archives départementales de la Manche. En premier lieu, il s’agissait de constituer des fonds photographiques et iconographiques sur la période 1939-1945. Pour se faire, M. Stéphane Lamache, doctorant en histoire contemporaine, mena aux Archives nationales américaines à Washington, une mission de cinq mois. L’aboutissement en fut la constitution d’un fonds de 3959 photographies 1 de la Libération du département. En France, près de 365 photographies sur l’Occupation et la Libération furent collectées. En outre, 1000 autres photographies du département, entre juin 1940 et juin 1944, ont été recensées à l’ECPAD 2 (Ivry-sur-Seine), ainsi que de nombreux tracts et affiches. Dans un second temps, le soixantième anniversaire du Débarquement était le prétexte idéal au recensement des fonds d’archives conservés aux archives départementales de la Manche. En 1994, sous la direction de Brigitte Blanc, d’Henry Rousso, et de Chantal de Tourtier-Bonazzi, paraissait La seconde guerre mondiale. Guide des sources conservées en France (1939-1945) 3. L’ouvrage, publié par la direction des Archives de France en collaboration avec l’IHTP 4, s’était fixé pour objectif de recenser les matériaux disponibles pour l’étude de la seconde guerre mondiale, « quel que soit leur lieu de conservation (…), quel que soit leur support ». L’inventaire concernant le département de la Manche y était extrêmement lacunaire ; il se résumait aux pages 650 et 651. De même, le chercheur qui se présentait aux archives départementales, afin d’y effectuer des recherches sur le second conflit mondial, se voyait essentiellement conseiller la consultation de deux fonds : les archives 1 Conservées dans la sous-série 13 num, les photographies américaines sont consultables en salle de lecture. 2 Établissement de Communication et de Production audiovisuelle de la Défense, 2 à 8 Route du Fort, 94205 Ivry sur Seine cedex. 3 BLANC B., ROUSSO H., TOURTIER-BONAZZI C., La Seconde Guerre mondiale. Guide des sources conservées en France 1939-1945 , Paris, Archives nationales, 1994, p. 650-651. 4 Institut d’histoire du temps présent. Archives départementales de la Manche – Jérémie Halais 5 ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE LA MANCHE déposées par Marcel Leclerc, correspondant départemental du Comité d’histoire de la seconde guerre mondiale 5, ainsi que les archives de la sous-préfecture de Cherbourg 6. Il est certain que la destruction de Saint-Lô, par les bombardements stratégiques alliés et les combats de l’été 1944, a gravement porté préjudice à l’étude de la seconde guerre mondiale dans le département. Près de 85 000 articles conservés aux archives départementales ont ainsi disparu durant la bataille de Normandie, mais aussi les dossiers des administrations allemandes, préfectorales, judiciaires, et municipales. Cependant, les directions successives de MM. Nédélec, Hervieu, et Désiré dit Gosset ont permis, soixante années après, la reconstitution patiente des fonds d’archives, ainsi que leur classement progressif. Il est désormais possible de proposer au chercheur un panorama des sources conservées en 2005 aux archives départementales de la Manche, l’objectif de ce guide. 2. LE CONTEXTE HISTORIQUE 7 2.1. 1er septembre 1939 – 17 juin 1940 • LA DRÔLE DE GUERRE Le 1 er septembre 1939, la mobilisation générale est décrétée en France pour le lendemain, 2 septembre. Aux alentours de quarante-cinq mille Manchois, des classes 1909 à 1938, sont mobilisés tout au long de cette drôle de guerre. Quant à l’arrière, entre la mise en place des mesures de Défense passive 8 et des comités d’entraide, il se mobilise à son tour. Le système défensif du département s’articule principalement autour de Cherbourg. Près de cinq mille soldats sont réunis sous le commandement du vice-amiral Le Bigot. Cependant, la mobilisation ainsi que la drôle de guerre ne sont pas sans apporter leur lot de contraintes. Des problèmes de ravitaillement apparaissent dès le mois de septembre 1939. Les cartes d’alimentation et les tickets de rationnement ne sont disponibles qu’au printemps 1940. Par divers slogans, la propagande encourage les Manchois à l’économie des denrées alimentaires 5 Conservées dans la sous-série 129 J. 6 Conservées dans la sous-série 2 Z. 7 Cette introduction historique n’a pas la prétention de résumer l’histoire de la seconde guerre mondiale dans le département de la Manche. Tout au plus fournit-t-elle des jalons chronologiques, politiques, institutionnels, et administratifs. Pour plus de détails se référer à la bibliographie présentée à la fin de ce guide, et notamment à la thèse éditée de Michel Boivin, Les Manchois dans la tourmente de la seconde guerre mondiale (1939-1945) . 8 La Défense passive était chargée de la protection de la population contre le danger aérien et du secours aux victimes des bombardements. 6 Archives départementales de la Manche – Jérémie Halais ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE LA MANCHE et à la suppression de ce qui constitue le superflu dans leur vie quotidienne. Dès lors, la récupération devient le symbole des mesures de guerre. La désorganisation économique, provoquée par l’état de guerre, est aggravée par l’arrivée d’une première vague de réfugiés venus des départements du Nord. • LA DÉBÂCLE Le 10 mai 1940 débute, avec l’offensive allemande dans les Ardennes, la bataille de France et la débâcle française. Á la suite d’une guerre éclair ou Blitzkrieg 9, précédée par des bombardements tel que celui de la gare de Folligny, les blindés allemands arrivent dans la Manche le 17 juin. Les troupes motorisées de Rommel traversent le département en direction de Cherbourg. Ce même jour, les accès à Cherbourg sont coupés par des barrages qui pour certains sont défendus jusque dans la soirée du 18. Cherbourg se transforme en « Dunkerque normand » ces 17 et 18 juin 1940. En effet, si les soldats français se chargent de la défense éloignée de la ville portuaire, les troupes britanniques embarquent en direction de l’Angleterre. Le 19 juin au matin, la ville de Cherbourg est déclarée « ville ouverte » et son port est sur le point d’être investi. L’arsenal résiste alors que ses ouvriers ont saboté les sous- marins en construction, le Roland-Morillot et la Praya , ainsi que les navires amarrés dans la rade. Le département est totalement occupé le 18 juin au soir avec la reddition de la place forte de Cherbourg. Conséquence directe de la défaite : environ vingt mille des quarante-cinq mille mobilisés manchois sont capturés lors de la Bataille de France ; quatre mille autres sont blessés et un millier ont été tués. Beaucoup, séjournent dans des Fronstalags comme celui qu’accueille Saint-Lô, avant de rejoindre les camps permanents en Allemagne. 2.2. 18 juin 1940 – 5 juin 1944 • L’OCCUPATION ALLEMANDE L’Armistice est signé le 22 juin à Rethondes. La France est alors divisée en deux zones : occupée et non-occupée. La Manche, comprise dans la zone nord, placée directement sous contrôle allemand, entre alors dans quatre années d’Occupation. Avec la tentative 9 Guerre éclair. Archives départementales de la Manche – Jérémie Halais 7 ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE LA MANCHE d’invasion de l’Angleterre, jusqu’en octobre 1941, puis, à partir de 1943 avec la construction du Mur de l’Atlantique 10 , la Manche se trouve dans la partie la plus durement touchée par la présence allemande. Le 20 octobre 1941, avec la création de la zone côtière interdite qui comprend tout le littoral manchois, le département est à son tour fractionné, à l’instar du territoire national. L’ordre allemand repose sur une hiérarchie administrative calquant l’administration française afin de mieux la contrôler. Ainsi, à l’échelon départemental les ordres sont donnés par la Feldkommandantur 722 11 , dont le rôle est de contrôler l’ensemble du département dans les domaines militaires, civils, et économiques. Quatre Kreiskommandanturen , s’occupant d’affaires civiles, sont implantées dans les chefs lieux d’arrondissement, à Avranches 12 , à Cherbourg 13 , Coutances 14 et à Saint-Lô 15 . De plus, Cherbourg et Granville disposent chacune de Hafenkommandantur pour le contrôle de leurs activités portuaires. Enfin, dans les chefs- lieux de cantons et les bourgs importants se situent des Kommandanturen , organismes de contrôle décentralisés vérifiant la bonne application des consignes, ayant autorité sur les unités stationnées, et pouvant utiliser la Feldgendarmerie voire la gendarmerie ainsi que les policiers français 16 . L’occupation allemande en France se traduit par un véritable pillage des richesses nationales. Dès juillet 1940, les Allemands, intéressés par les ressources économiques manchoises, recensent les entreprises du département. Dans cette perspective et à leur demande, le préfet et les présidents des chambres de commerce constituent un comité économique. Les réquisitions portent sur tout ce qui peut porter, à leurs yeux, un intérêt : logements, bicyclettes, automobiles, bétail, fourrage, charbon, bois. Á partir de l’invasion de la Russie en juin 1941, le Reich hitlérien réclame aussi de la main-d’œuvre. Avec l’instauration de la Relève en 1942 17 , puis, la mise en place progressive 18 du Service du travail 10 Le 23 mars 1942, Hitler lance sa politique de grands travaux de fortification des côtes européennes.