Rapport d’étude sur la mise en souterrain partielle dans la Pévèle

septembre 2014

1 sommaire Paysages Milieu Milieu Milieu Impacts Conclusion Les Les Les Les Les Les Conditions Contexte Etude Etude Etude Annexes Conclusion Maintien Prolongement Variantes Volet Conclusions

difficultés postes chambres câbles technologies cheminements

humain naturel physique économique sur hydrogéologique pédologique

de et

environnementaux

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Rapport d’étude sur la mise en souterrain partielle dans la Pévèle

Contexte

Le renforcement de l’axe 400 000 volts -Gavrelle, maillon faible du réseau de grand transport du de la a été validé par le Ministère en novembre 2010. Il prévoit la reconstruction de la ligne existante à un circuit qui serait remplacée par une nouvelle ligne aérienne à deux circuits électriques d’une puissance totale de 4600 mégawatts en technique aérienne. La ligne existante serait ensuite démontée.

Lors du débat public qui s’est déroulé entre novembre 2011 et février 2012, des questions sur la mise en souterrain de cette nouvelle ligne ont été posées. RTE a alors établi un dossier de comparaison entre une ligne aérienne et une ligne souterraine, reprenant les éléments techniques, environnementaux et économiques. Dans ce dossier, trois hypothèses d’enfouissement à partir du poste d’Avelin ont été étudiées : un enfouissement partiel dans la Pévèle uniquement (soit 8 km), un enfouissement partiel dans la Pévèle et le Bassin Minier (soit 16 km), et enfin un enfouissement sur toute la longueur de la ligne jusque Gavrelle à travers la Pévèle, le Bassin Minier et l’Arrageois (soit 28 km). Ce dossier a été mis à disposition du public dès février 2012, notamment à partir du site internet du débat public.

A l’issue du débat public, RTE a décidé de poursuivre l’élaboration concertée du projet de reconstruction de la ligne Avelin-Gavrelle, envisagée sur environ 30 km en technique aérienne à double circuit.

Lors de la concertation, l’étude RTE de 2012 ainsi que l’expertise du bureau CESI (contre-expertise sur la possibilité de mise en souterrain de la ligne 400 000 volts Cotentin-Maine) d’août 2008, ont été présentées en commission Paysages les 23/11/2012 (Mons-en-Pévèle) et 18/01/2013 (Camphin-en-Carembault). A l’occasion de toutes les autres réunions (commissions, groupes de travail) la question de la mise en souterrain a fait l’objet de nombreux échanges, et cette étude a été de nouveau mise à disposition des participants. Elle est toujours disponible à tout acteur de la concertation et au grand public depuis le site web du projet : www.rte-ligne-avelingavrelle.com

Lors de la réunion plénière de l’instance locale de concertation (ILC) du 2 juin 2014 relative au choix du fuseau de moindre impact, le secrétaire général de la Préfecture du Nord, président de l’ILC, a demandé à RTE d’engager de nouvelles études sur la mise en souterrain dans la Pévèle sur la base de 3 fuseaux (Ouest 1, Ouest 2, Ouest 3), parallèlement à la poursuite des études en technique aérienne pour les fuseaux Ouest 1 et Ouest 2. Le choix final pour la Pévèle a ainsi été repoussé à octobre 2014. Cette demande répond à la préoccupation des élus et des habitants pour la protection des paysages et du cadre de vie.

Une demande auprès de l’Union Européenne sur un éventuel cofinancement des surcoûts environnementaux liés à la mise en souterrain a été faite par la Préfecture le 23 juillet dernier.

La nouvelle étude porte donc sur une solution mixte aéro-souterraine (dite « siphon ») entre Avelin et Gavrelle.

La présente étude expose précisément les conditions techniques de réalisation, les impacts sur l’environnement dans toutes ses composantes, ainsi que sur l’économie du projet. Des variantes allant au- delà de la Pévèle, vers le Bassin Minier sont également abordées suite à des demandes exprimées par des élus et des riverains. 3

Projet de reconstruction de la ligne à 400 000 volts entre Avelin et Gavrelle

Rapport d’étude sur la mise en souterrain partielle dans la Pévèle

CONDITIONS TECHNIQUES

Les cheminements pris pour hypothèse

La présente étude porte sur une mise en souterrain partielle de la future ligne Avelin- Gavrelle dans la Pévèle, en considération de caractéristiques remarquables en termes de paysage et de cadre de vie, ainsi qu’en raison d’un habitat relativement diffus qui rend inévitables quelques proximités, même si le projet permet sur ce critère d’améliorer sensiblement la situation existante avec la ligne électrique actuelle.

Aussi, à la différence de la précédente étude de février 2012, la future ligne démarrerait au poste d’Avelin en technique aérienne sur environ 3 km, pour ensuite être en technique souterraine à partir du nord de Tourmignies (à l’Est de Petit ). La transition entre l’aérien et le souterrain se ferait dans un poste « aéro-souterrain » (voir description page 14). A partir de ce poste, 3 hypothèses de cheminement en souterrain sont proposées dans chacun des fuseaux encore à l’étude à ce stade dans la Pévèle, pour rejoindre un autre poste aérosouterrain au sud de Mons-en-Pévèle (au niveau des hameaux de La Navette et La Pétrie). La carte page 5 présente les différentes hypothèses de cheminement en souterrain dans la Pévèle, variant de 4,8 km à 5,4 km. Ces cheminements ont été proposés en prenant en compte principalement la topographie, et les bâtiments et infrastructures existants.

En réponse à des demandes formulées par des acteurs de la concertation, l’étude aborde également une mise en souterrain au-delà de la Pévèle. Ainsi, une variante allant jusqu’au sud de en souterrain (soit sur environ 7,5 km), et une variante allant jusque Evin-Malmaison en souterrain (soit sur environ 10,5 km) ont également été étudiées. Elles ont aussi été estimées en termes économiques dans la dernière partie de ce document. Les cartes pages 6 et 7 présentent ces variantes.

4 Projet de reconstruction de la ligne à 400 000 volts entre Avelin et Gavrelle 5 6 7 Rapport d’étude sur la mise en souterrain partielle dans la Pévèle

Les technologies disponibles

L’ensemble des technologies disponibles ont été examinées :

- Courant alternatif (CA) - Courant continu (CC) - Ligne à isolation gazeuse (LIG) - Câble à isolation synthétique (CIS)

Depuis l’expertise indépendante menée par le bureau d’expertise indépendant CESI en 2008 dans le cadre du projet de ligne 400 000 volts Cotentin-Maine, ces technologies n’ont pas évolué au point de remettre en cause les choix techniques retenus pour l’étude d’une mise en souterrain partielle sur Avelin-Gavrelle.

Ainsi, le courant continu et la ligne à isolation gazeuse restent inadaptés :  pour des raisons techniques ;  pour des raisons environnementales - 2 postes de conversion (CA / CC et vice-versa) d’environ 20 ha chacun nécessaire pour le CC ; - utilisation d’hexafluorure de soufre, dit SF6 (gaz à effet de serre) et volume de tranchée au moins aussi grande qu’un CIS, pour la LIG ;  Pour des raisons économiques : la technologie du CC et de la LIG présentent des coûts bien plus élevés.

8 Projet de reconstruction de la ligne à 400 000 volts entre Avelin et Gavrelle Rapport d’étude sur la mise en souterrain partielle dans la Pévèle

Les câbles et leur installation

La mise en souterrain de la future ligne Avelin-Gavrelle doit permettre de répondre aux caractéristiques suivantes :

- deux circuits à 400 000 volts, - une puissance totale de 4 600 MW, - en courant alternatif, - avec des câbles à isolation synthétique.

Le câble à isolation synthétique qui serait utilisé, est constitué : • d'une âme conductrice en cuivre de section 2500 mm². Ce sont les plus gros câbles de transport d’électricité qui existent actuellement ; • d'une couche d'isolant en polyéthylène réticulé de 27 mm d'épaisseur environ ; • d'un écran métallique ; • d'une gaine extérieure de protection en polyéthylène.

Le diamètre d'un câble est de l'ordre de 140 mm.

Coupe du câble 400 000 volts 2500 mm² Cu utilisé pour la liaison située à proximité de l’aéroport de Madrid.

Diamètre : environ 14 cm

Pour réaliser deux circuits d’une puissance de 4 600 MW, il faudrait installer au total 18 câbles comme celui-ci, assemblés sous la forme de 6 ensembles de 3 câbles (tricâbles) en parallèle, sur toute la longueur de la partie en souterrain.

Le câble n’est pas installé directement en pleine terre, mais à l’intérieur de tubes qui peuvent être en PVC (polyvinyle chlorure) ou PEHD (polyéthylène haute densité). Un fourreau est nécessaire pour chaque câble de puissance. En zone rurale, la pose en PEHD est privilégiée. Elle présente notamment l’intérêt de ne pas nécessiter d’enrobage en béton. De plus, en 400 000 volts , seuls des fourreaux en PEHD peuvent être utilisés. Pour le type de câble retenu, l’utilisation de PEHD de diamètre 250 mm minimum est nécessaire. Dans cette dimension, le fourreau se présente sous forme de barres de 12 m de longueur. Les barres sont ensuite assemblées les unes aux autres à l’aide de manchons thermosoudés ou emboitables. Pour constituer le « tricâble », ces tronçons de PEHD peuvent être assemblés de différentes façons.

9 Projet de reconstruction de la ligne à 400 000 volts entre Avelin et Gavrelle Rapport d’étude sur la mise en souterrain partielle dans la Pévèle

D’un point de vue technique, le mode d’installation doit assurer un bon refroidissement des câbles dans le sous-sol sachant qu’un minimum de 1 mètre de remblai au-dessus des câbles doit être respecté pour garantir la conformité à l’arrêté technique interministériel1 et l’engagement vis-à-vis de la profession agricole2. Le schéma suivant montre les différentes formes d’assemblage des câbles et des fourreaux d’un tricâble :

L’étude technique menée l’été 2014 a permis de retenir une disposition en nappe avec des fourreaux non jointifs, au lieu d’une disposition en trèfle avec des fourreaux jointifs (envisagée dans l’étude de 2012), ce qui présente l’avantage d’un meilleur refroidissement des câbles (contrainte technique forte), et permet de limiter la profondeur de la tranchée (contrainte hydrologique très forte dans la Pévèle – voir ci-après).

Exemple d’assemblage en trèfle de fourreaux PEHD par barres de 12 m (chantier RTE / 400 000 volts - 500 MW)

Dans le cas de la liaison Avelin-Gavrelle, les fourreaux seraient positionnés et maintenus en nappe à l’aide de gabarits préfabriqués.

1 Arrêté interministériel du 17 mai 2001 fixant les conditions techniques d’établissement des réseaux électriques 2 Protocoles d’accord en vigueur dits « dommages permanents » et « dommages instantanés » du 20 décembre 2005 signés entre l'Assemblée Permanente des Chambres d'Agriculture (APCA), la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA), le Syndicat des Entreprises de Génie Électrique (SERCE), EDF et RTE 10 Projet de reconstruction de la ligne à 400 000 volts entre Avelin et Gavrelle Rapport d’étude sur la mise en souterrain partielle dans la Pévèle

La disposition des 6 tricâbles entre eux a été examinée en détail pour limiter autant que possible les impacts du chantier. Le mode opératoire envisagé au départ consistait à ouvrir une tranchée d’environ 13,5 mètres de large d’un seul tenant pour installer l’ensemble des fourreaux. Compte tenu des caractéristiques hydrologiques de la Pévèle, un travail a été mené en lien avec un hydrogéologue (Artémia Environnement) et un pédologue de la chambre d’agriculture de Région pour mettre au point un mode de pose optimisé permettant de réduire les impacts et évitant des effets ingérables et irréversibles.

Configuration des tricâbles envisagée initialement :

Configuration optimisée pour tenir compte des contraintes environnementales locales :

L’emprise est élargie pour permettre d’intégrer un ou deux couloirs techniques dans l’axe médian, réduire les volumes et les temps d’ouverture, et protéger des tassements. Par ailleurs, ces couloirs techniques permettront de tirer des drains après chantier. Cette bande de terre assurera également l’accès principal au chantier durant les travaux. Les tranchées creusées ont au minimum une profondeur de 1,40 mètre.

11 Projet de reconstruction de la ligne à 400 000 volts entre Avelin et Gavrelle Rapport d’étude sur la mise en souterrain partielle dans la Pévèle

Les chambres de jonction Une fois les fourreaux mis en place par l’ouverture d’une tranchée d’1,40 mètre de profondeur minimum, les câbles de puissance sont ensuite « tirés » dans ces fourreaux à partir de « chambres de jonction », où les tronçons de câbles sont raccordés entre eux.

Pour être transportables, les tronçons élémentaires de câbles sont d’une longueur de 1000 m environ, livrés enroulés sur des tourets.

Tourets de câble 400 000 volts en cours de déchargement

Pour chaque tricâble, il y a donc une chambre de jonction tous les kilomètres environ (ouvrage de 3 mètres de large sur 16 mètres de long, maçonné). La chambre de jonction est ensuite comblée avec du sable, couverte d’une dalle, puis d’un mètre de terre au moins. La surface doit rester vierge de toute construction et plantation. 1 Pour une liaison souterraine de 5 km, 5 tronçons de 1 1000 m sont envisagés, et donc 4 ensembles de 6 chambres de jonctions seront présents sur le tracé. La répartition présentée ci-contre tente de tenir compte des facilités d’accès, tant pour la phase de construction que 2 pour la phase d’exploitation. 2

3 3

4 4

Exemple de chambre de jonction pour 1 tricâble Exemple de répartition des 4 ensembles de 6 chambres de jonction sur les différents cheminements 12 Projet de reconstruction de la ligne à 400 000 volts entre Avelin et Gavrelle Rapport d’étude sur la mise en souterrain partielle dans la Pévèle

16 m

3 m

Chambre de jonction pour un tricâble, vue de dessus

Vue de dessus des six chambres de jonction, dans la configuration requise pour Avelin-Gavrelle, soit une surface équivalente à un terrain de basket compte tenu du nombre exceptionnel de tricâbles

13 Projet de reconstruction de la ligne à 400 000 volts entre Avelin et Gavrelle Rapport d’étude sur la mise en souterrain partielle dans la Pévèle

Les postes aéro-souterrains

La transition entre la ligne aérienne et la liaison souterraine est réalisée en créant un poste électrique, dit « poste aéro-souterrain ». Ce poste comprend :

1. les extrémités des 2 circuits souterrains raccordés aux 2 circuits aériens sur des pylônes classiques type « treillis » (impossibilité mécanique de mettre des pylônes « équilibre » aux extrémités) ;

2. les dispositifs de protection et de surveillance dans un bâtiment ;

3. dans certains cas, des organes de coupure électrique (cellule disjoncteur) pour chaque tricâble ;

4. des moyens de compensation électrique du fait de l’effet capacitif de la liaison souterraine. Cela a pour conséquence l’installation de matériels spécifiques dans les postes aux extrémités de la liaison. En effet, les liaisons souterraines sont électriquement très différentes des lignes aériennes qui composent la quasi-totalité du réseau de grand transport d’électricité.

Deux postes seront à réaliser à chaque extrémité de la liaison souterraine, l’un côté Nord entre Attiches et Tourmignies (environ 100 mètres sur 100 mètres soit 1 hectare), l’autre côté sud à proximité de Mons en Pévèle, à proximité de la rue de la Navette à Mons-en- Pévèle (75mx50m soit environ 0,4 ha).

Poste aéro-souterrain au Danemark, similaire au poste Vue depuis la rue de Tourmignies à Attiches « nord » (pour une liaison)

14 Projet de reconstruction de la ligne à 400 000 volts entre Avelin et Gavrelle Rapport d’étude sur la mise en souterrain partielle dans la Pévèle

L’un des postes devra accueillir des moyens de compensation de type self (puissance : 196 Mvar). Deux équipements de ce type seront nécessaires (un par ligne électrique). Ces équipements étant source de bruits (parties actives, pompes de circulation d’huile, aéroréfrigérants), leur installation dans une loge insonorisée est envisagée.

Vue d’une self en loge insonorisée (Poste RTE de Menuel - 50)

Pour assurer le respect de la réglementation en terme de bruit, une implantation de ce poste au plus loin des habitations sera privilégiée. Au regard des positions possibles des deux postes aérosouterrains pour cette étude, ce poste pourrait être implanté préférentiellement côté Nord, entre Attiches et Tourmignies. La superficie de ce poste serait de ce fait plus importante que le poste côté sud, pour atteindre 1 ha environ (100m x 100m).

100 m

Vue en plan du poste aéro-souterrain côté Nord 100 m 15 Projet de reconstruction de la ligne à 400 000 volts entre Avelin et Gavrelle Rapport d’étude sur la mise en souterrain partielle dans la Pévèle

Le second poste serait de taille plus réduite, environ 0,4 ha (75mx50m)

75 m

Vue en plan du poste aéro-souterrain côté sud 50 m

Poste aéro-souterrain au Danemark, similaire au poste « sud »

16 Projet de reconstruction de la ligne à 400 000 volts entre Avelin et Gavrelle Rapport d’étude sur la mise en souterrain partielle dans la Pévèle

Les difficultés d’exploitation non résolues à ce jour

La mise en œuvre d’un siphon souterrain au sein d’une liaison aérienne 400 000 volts, avec insertion de composants électriques de compensation de puissance réactive, n’est pas sans impact sur les phases de remise sous tension de l’ouvrage, suite à une coupure électrique volontaire ou non. Des phénomènes électriques transitoires peuvent apparaître lors du réenclenchement, pouvant générer des perturbations sur les réseaux adjacents (phénomènes de tensions hautes ou basses…). Au regard de « l’environnement électrique » existant, il est nécessaire de disposer d’organes de coupure (disjoncteurs) électrique supplémentaires au sein du poste contenant les compensations de type self, afin de pouvoir réenclencher successivement les selfs, puis la portion de liaison souterraine lors d’une opération de remise sous tension de l’ouvrage. Des cellules Disjoncteur seront ajoutées dans le poste « nord » au niveau des têtes de câble aéro-souterraines pour pouvoir différencier ces remises sous tension.

Conclusion sur les conditions techniques

La construction d’une liaison partiellement souterraine de 5 km est techniquement possible.

Toutefois, ce type de liaison électrique d’une telle puissance (4 600 MW) n’a pas d’équivalent dans le monde aujourd’hui. Le retour d’expérience sur de possibles inconvénients en matière d’exploitation du réseau à 400 000 volts est donc inexistant. Par ailleurs, en cas d’avarie sur cette liaison souterraine, le temps de réparation fragiliserait pendant environ un mois le fonctionnement du réseau 400 000 volts dans le nord de la France.

Le chantier de mise en place d’un tel ouvrage est d’une grande ampleur, tant en terme d’occupation du sol que dans sa durée : il équivaut à la construction d’une route à 2x2 voies. Pour 5 km de liaison, les travaux dureraient au mieux de 18 mois à 24 mois.

17 Projet de reconstruction de la ligne à 400 000 volts entre Avelin et Gavrelle Rapport d’étude sur la mise en souterrain partielle dans la Pévèle

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX

L’étude réalisée début 2012 a traité les impacts environnementaux de l’enfouissement de façon générique, en extrapolant l’étude CESI et des études environnementales réalisées pour des liaisons souterraines à 225 000 volts.

L’étude menée à l’été 2014 a permis d’affiner les impacts spécifiques à la Pévèle, et aux 3 fuseaux étudiés.

Des prestations ont été confiées à des experts externes à RTE, notamment pour : - l’étude sur la partie pédologique et agricole, confiée à la chambre d’agriculture de région ; - l’étude sur la partie hydrogéologique, confiée à Artémia Environnement ; - l’étude sur les milieux naturels, confiée à l’AMBE (Association multidisciplinaire des biologistes de l’environnement) ; - l’analyse environnementale globale, confié au bureau d’études D. Merlin.

Les impacts potentiels sur l’environnement sont de deux types :

. les impacts liés aux travaux ;

. les impacts liés à la présence de l’ouvrage.

Moyennant une gestion rigoureuse du chantier, les effets de la phase de construction restent en principe temporaires et cessent avec son achèvement. Les effets de la présence de l’ouvrage sont en revanche permanents.

18 Projet de reconstruction de la ligne à 400 000 volts entre Avelin et Gavrelle Rapport d’étude sur la mise en souterrain partielle dans la Pévèle

Pour l’analyse de ces impacts, il convient d’examiner les caractéristiques du projet :

 La consistance des travaux

. l’emprise du chantier s’étend à une dizaine de mètres de plus que l’emprise des tranchées et du couloir technique ; il occuperait donc une largeur de l’ordre de 30 à 35 m, . les deux liaisons sont réparties de chaque côté d’un couloir technique central ; cette solution, préférée à une tranchée unique d’environ 13,5 m de large, permet de réduire le volume de terre à excaver et le temps d’ouverture, ce qui est positif pour l’environnement ; le couloir technique central d’environ 9 m de large constituera l’accès principal au chantier et permettra de limiter les tassements, . quatre ensembles de chambres de jonction sont créés, représentant un chantier de l’ordre de 0,2 ha ; . deux postes aéro-souterrains sont créés, représentant une emprise de l’ordre de 1 ha pour l’un et de 0,4 ha pour l’autre ; . 18 à 24 mois a minima sont nécessaires pour réaliser l’ensemble des travaux en souterrain sur 5 km.

 La nature des ouvrages

. l’emprise totale de la liaison souterraine est de l’ordre de 20,50 m ; après la mise en place des câbles, cette emprise doit rester libre d’accès et dégagée ; il n’est pas possible de construire ou de planter d’arbres au-dessus , . de même, l’emprise des chambres de jonction doit rester libre d’accès et dégagée ; chacune d’elle est équipée de deux puits de visite (un par liaison) d’environ 3 m² émergeant du sol, . les postes aéro-souterrains comprennent chacun un bâtiment technique et des installations électriques (charpentes, tubes, câbles, …) ; deux pylônes aéro-souterrains (un par liaison) de type treillis y sont mis en place pour assurer la transition entre le réseau aérien et le réseau souterrain ; l’un de ces postes doit être doté d’équipements de compensation, sources de bruit.

Les thématiques suivantes seront successivement abordées pour analyser les trois fuseaux à l’étude :

Milieu physique Pédologie et types de sols rencontrés Hydrogéologie Données des documents d’urbanisme et projets d’aménagements hydrauliques Milieu naturel Flore, faune et habitats rencontrés Milieu humain Habitat et urbanisme Activités agricoles Infrastructures et servitudes Paysage et patrimoine Patrimoine Insertion dans le paysage 19 Projet de reconstruction de la ligne à 400 000 volts entre Avelin et Gavrelle Rapport d’étude sur la mise en souterrain partielle dans la Pévèle

Milieu physique

Pédologie et types de sols rencontrés Source : étude « Techniques de chantier et protection des sols » de la Chambre d’agriculture du Nord-Pas- de-Calais La Chambre d’agriculture de région a identifié les types de sols présents dans les fuseaux, afin d’analyser leurs contraintes vis-à-vis des techniques de pose envisagées et de cerner les impacts du chantier sur leur potentiel agronomique et sur l’activité agricole.

Contexte pédologique La plus grande partie du secteur étudié se situe en position de plateau, de pente nulle ou faible (moins de 2%). Seule la partie sur le bas du versant ouest de la butte de Mons-en-Pévèle se situe en position de versant avec des pentes de 3 à 5 %. L’interprétation des 39 sondages réalisés dans la zone d’étude indique que les sols sont issus de dépôts d’origine éolienne, d’âge quaternaire, de texture limono-sablo-argileuse, limono-sableuse et limoneuse. Ces dépôts, dont l’épaisseur varie de 0,50 m à plus de 1,20 m, reposent sur des matériaux remaniés de l’ère tertiaire de texture argilo-sableuse, sablo-argileuse et argileuse. Des sols sont aussi issus directement de ces mêmes matériaux tertiaires présents à l’affleurement. Tous les sols subissent un engorgement temporaire en période hivernale à partir de 0,30-0,70 m de profondeur en raison de l’infiltration trop lente des eaux pluviales au sein des matériaux à dominante argileuse. Il a été constaté par endroit en période estivale la présence d’une nappe quasi-permanente à partir de profondeurs comprises entre 1,10 et 1,50 m. La présence de couches sableuses entre 1,10 et 1,80 m a d’autre part été constatée sur trois sondages. Ces sols présentent des risques d’effondrement de tranchée particulièrement importants. Le caractère humide des terrains traversés va constituer l’une des contraintes majeures du chantier, d’autant qu’ils sont de ce fait drainés à 80 %. Le risque plus ponctuel d’effondrement est aussi à prendre en compte.

Répartition des types de sols rencontrés Cinq types de sols ont été identifiés sur les trois fuseaux étudiés, avec une forte variabilité spatiale, ce qui ne permet pas de délimiter des zones homogènes à ce stade des investigations. Les données recueillies s’avèrent cependant suffisantes pour évaluer les techniques de chantier et proposer les modes opératoires les plus adaptés.

Les enjeux de préservation des sols agronomiques Les principaux points de vigilance sont les suivants : - respecter l’intégrité de la terre végétale (restituer en fin de chantier une épaisseur équivalente et homogène, sans mélange avec des horizons inférieurs, des éléments grossiers, des matériaux exogènes …), - respecter les horizons pédologiques présents initialement par un tri, un remblai et un terrassement adaptés des terres, en évitant les effondrements ou ennoiements de tranchée, sources de mélanges et de pertes de portance des terrains, - limiter les tassements en profondeur et en intensité ; ils doivent être résorbables de façon satisfaisante par des outils de type décompacteur ou sous-soleur, - préserver et restaurer l’hydraulique agricole en parcelles drainées. 20 Projet de reconstruction de la ligne à 400 000 volts entre Avelin et Gavrelle Rapport d’étude sur la mise en souterrain partielle dans la Pévèle

La réflexion sur les modes opératoires Elle a porté notamment : - sur l’utilité d’un décapage de la terre végétale ; - sur le mode de réalisation des terrassements : pelle mécanique ou trancheuse. La trancheuse offre un débit de chantier plus important, une largeur de tranchée minimale avec un rebouchage immédiat évitant les effondrements, mais ne permet pas de trier les terres. Néanmoins, à ce jour, la trancheuse n'est intéressante qu'avec la pose simultanée de fourreaux assemblés et sanglés en trèfle. L'opération concerne habituellement la pose de fourreaux livrables sur touret, dont le diamètre externe atteint 180 mm (pour câble de section 1200 mm²). Le recours à des fourreaux de 250 mm de diamètre, plus lourds en barres soudées et à disposer en nappe non jointive en fond de tranchée relève du défi. Il n'est pas envisagé pour la mise en souterrain partielle de la ligne Avelin-Gavrelle.

Cette réflexion a conduit à proposer un mode alternatif pour l’enfouissement des fourreaux. Il a ainsi été préconisé : - la création d’un couloir technique. Protégé des tassements, il permettrait de circuler sur le chantier par tous temps, de préparer confortablement les jeux de fourreaux, puis de tirer des drains après chantier dans un sol non perturbé et sans risquer d’accrocher les fourreaux ; - le recours à six tranchées parallèles, préférable à une ou même deux tranchées de grande largeur. Cela permettrait aux entreprises de travailler à des niveaux proches du terrain naturel, et non en fond de fouille instable et humide. Cela limiterait également les volumes à terrasser, comme les emprises nécessaires aux stockages de déblais (possibilité de stocker sur des tranchées rebouchées ou à venir, en travaillant par « translations »).

La solution préconisée par l’étude pédologique : une tranchée pour chacun des 6 tricâbles

21 Projet de reconstruction de la ligne à 400 000 volts entre Avelin et Gavrelle Rapport d’étude sur la mise en souterrain partielle dans la Pévèle

Le mode opératoire pourrait être le suivant, en trois étapes, ce qui permet d’ouvrir les tranchées tout en limitant les emprises

Malgré l’optimisation du chantier, des difficultés demeurent : -le secteur étant drainé à plus de 80 %, la bande de chantier devra être isolée hydrauliquement préalablement aux travaux ; - au vu des largeurs de tranchées requises (1,25 m) et de l’utilisation de pelles mécaniques , les délais d’ouverture sont allongés, avec des risques importants d’effondrements ou d’ennoiements de tranchée ; - la largeur des tranchées nécessaires à l’enfouissement des nappes de fourreaux impose de décaper la terre végétale afin de ne pas la mélanger aux sous-couches.

22 Projet de reconstruction de la ligne à 400 000 volts entre Avelin et Gavrelle Rapport d’étude sur la mise en souterrain partielle dans la Pévèle

Le chantier va produire une sorte de lacération des sols par des tranchées multiples. Les volumes de déblais à excaver et à trier sont conséquents (et avec eux les risques de dégradation des sols) : au minimum 8,4 m3/ml. Compte tenu de la proximité de l’eau (même en période estivale), il faudra manipuler des terrains gorgés d’eau en fond de fouille. Des mélanges et des déstructurations des sols semblent inévitables ; des survolumes seront à étaler en surface du décapage ou à exporter ; des risques d’enlisement du matériel agricole au droit des tranchées sont à craindre. Des aléas climatiques, des interruptions de chantier et des dysfonctionnements sont quasiment inévitables au vu de la durée prévisible des travaux. Les restaurations hydrauliques seront nombreuses et complexes (le territoire est drainé à plus de 80% avec beaucoup d’anciennes poteries toujours fonctionnelles). Des opérations de restructuration des sols postérieures au chantier sont à prévoir.

Les chambres de jonction Leur mise en place nécessite notamment, afin de restaurer le mieux possible la qualité des sols : - une isolation hydraulique préalable de la future emprise, et l’aménagement d’un couloir technique pour drainer après chantier le milieu de l’infrastructure (on ne peut pas laisser 600 m² non drainés au sein du parcellaire), - un décapage large de la terre végétale sur la future zone de travaux, permettant de construire les ouvrages et de stocker proprement les déblais ou le matériel, - des tris de sous-couches ; - un talutage soigné, voire un blindage, afin d’éviter les affaissements , -des pompages fond de fouille, voire des rabattements de nappe.

La bonne mise en œuvre de toutes ces dispositions s’avère complexe, tout comme la remise en culture au droit des ouvrages (portance des sols suite aux importants remaniements nécessaires, perte d’épaisseur de sol voire de potentiel agronomique, qualité et durabilité des réfections hydrauliques).

En conclusion En termes d’impact sur les sols, compte-tenu du nombre exceptionnel de tricâbles en parallèle, la pose souterraine a des conséquences lourdes. Elle va générer des impacts résiduels conséquents sur la qualité des sols, et ce sur des surfaces très importantes (bande d’une trentaine de mètres de large potentiellement affectée en termes de rendement, de fertilité des sols, de ressuyage et de portance…), avec des incertitudes sur la viabilité des réfections hydrauliques.

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Hydrogéologie Source : étude « Expertise hydrogéologique » du bureau d’études en environnement et laboratoire d’hydrobiologie Artémia Environnement

Artémia Environnement a réalisé une expertise hydrogéologique sur la faisabilité d’un projet en technique souterraine dans la Pévèle.

Contexte topographique et géologique Le secteur d’étude est marqué par une fluctuation du relief. Les différentes hypothèses envisagées font passer le projet à travers la vallée de la Marque au nord et le font évoluer vers une zone de plus haute altitude au sud, la butte de Mons-en-Pévèle (voir carte ci-contre). Le substratum de base est constitué de craie, avec des couches argileuses, et de marnes ; on ne le rencontre pas à l’affleurement dans le secteur étudié, dont le sous-sol est constitué par les sables d’ et l’argile d’. Les collines de Mons-en- Pévèle et de Moncheaux sont constituées par les sables de Mons-en-Pévèle. Les formations de surface sont constituées de colluvions limoneuses et formations sableuses de remaniement, peu perméables et réduisant l’infiltration des précipitations.

Relief du secteur concerné par les fuseaux

24 Projet de reconstruction de la ligne à 400 000 volts entre Avelin et Gavrelle Rapport d’étude sur la mise en souterrain partielle dans la Pévèle

La carte d’aléa retrait-gonflement des argiles du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) fait apparaître un aléa fort sur une grande partie de l’aire d’étude.

Contexte hydrogéologique Les nappes profondes sont au nombre de deux : la nappe de la craie, qui constitue de loin le réservoir le plus important du secteur étudié, et la nappe du calcaire carbonifère sous-jacent. Les autres horizons aquifères ne présentent qu’un intérêt tout à fait secondaire ; il s’agit de la nappe contenue dans les sables d’Ostricourt (la nappe des sables tertiaires ci-dessous), de la nappe alluviale de la Marque et de niveaux sporadiques dans les limons. Il n’existe aucun captage d’alimentation en eau potable dans la zone d’étude.

Coupe géologique traversant la zone d’étude au sud de Tourmignies

argile d’Orchies nappe des sables tertiaires sables d’Ostricourt argile de

craie

nappe de la craie

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Contexte hydrographique La zone d’étude comprend un cours d’eau principal, la Marque, et quelques affluents. Le profil en long de la Marque est caractérisé par une pente faible ; cette topographie est peu propice à l’évacuation des eaux et engendre la présence de zones humides et de marais. La rivière a de faibles débits moyens et une forte variabilité inter-mensuelle. Ses états écologique et chimique sont de mauvaise qualité.

Le plan de prévention des risques d’inondation Les communes concernées par le projet font partie du périmètre du Plan de prévention des risques inondation en cours pour la vallée de la Marque. La carte ci-dessous met en évidence les zones où les enjeux liés à l’expansion des crues (ZEC) sont les plus importants. Au niveau du secteur d’étude, il est important de noter que les enjeux d’expansion de crue concernent les espaces où la Marque et son affluent le fossé du Maroc s’écoulent.

Plan de Prévention des risques d’inondation Identification des enjeux pour les communes concernées par les risques prévisibles d’inondation de la Marque et de ses affluents (source : DDTM du Nord)

La Marque

Le fossé du Maroc

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Etude du niveau des nappes superficielles Cette étude a visé à évaluer les fluctuations des niveaux des nappes dans le secteur du projet. Elle repose sur deux points de mesure relativement éloignés, mais, pour l’un d’entre eux, situé dans un contexte hydrogéologique comparable. Cette première approche a montré que les fluctuations des nappes superficielles sont en relation directe avec les précipitations et qu’un assèchement des tranchées est à prévoir.

Les zones humides Ces zones jouent un rôle fondamental pour la gestion quantitative de l’eau, le maintien de la qualité des eaux et la préservation de la diversité biologique. En raison du relief et de la nature des sols, des zones humides interceptant les différents projets de liaisons souterraines sont identifiées au niveau de la vallée de la Marque et du courant de amont (les données fournies sur la délimitation des zones humides sont celles déterminées dans l’inventaire des zones humides du bassin Artois-Picardie).

Localisation des zones humides

La Marque

Certaines chambres de jonction risquent de se trouver dans une zone humide (en partie nord des tracés, dans la vallée de la Marque), ce qui peut poser des problèmes de dégradation du milieu durant et après la phase travaux. Les chambres de jonction risquent aussi d’être inondées suivant le niveau de la nappe superficielle.

Le courant de Coutiches amont

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Techniques à mettre en œuvre au vu des résultats de l’étude hydrogéologique

Les sols situés entre Tourmignies et Mons-en-Pévèle sont très peu perméables et contiennent une nappe superficielle libre alimentée exclusivement par les précipitations. Cette nappe se trouve parfois à une faible profondeur (entre 0.30 et 0.70 m). La tranchée se trouvera dans ces horizons de sols.

Un assèchement de tranchée sera nécessaire pour réaliser les travaux. Les eaux en fond de fouille devront être pompées ; elles seront chargées en matières en suspension lors des terrassement, ce qui nécessite la mise en place de bassins de décantation équipés de filtres. Pour le mode opératoire privilégié à ce stade des études (ouverture de six tranchées séparées par une voie de circulation centrale, réalisation en trois temps, par étape de deux tranchées), les calculs d’Artémia concluent à la nécessité de pomper 1 million de m3 au cours du chantier. A titre de comparaison, le volume d’eau annuel transitant par la Marque représente de l’ordre de 8,8 millions de m3. Les dispositifs de collecte et de traitement des eaux pompées impliquent une extension de l’emprise du chantier pour la mise en place de tous ces aménagements connexes. Leur gestion peut s’avérer délicate. Des rejets directs dans les cours d’eau ne sont pas à exclure et peuvent avoir des effets sur la qualité et le débit de la Marque et de ses affluents, qui se trouvent déjà dans une situation de vulnérabilité élevée du point de vue de leur état physico-chimique et écologique. Ces effets peuvent être durables : dégradation de la qualité des eaux, fragilisation des berges, par exemple. La présence d’une liaison souterraine peut modifier l’écoulement des eaux superficielles (effet drainant de la tranchée, par exemple) et les conditions d’écoulement des cours d’eau. a ce titre, un tracé empruntant les flancs de la butte de Mons-en-pévèle semble devoir être écarté : il suscite un risque d’accentuation de l’effet de drainage des eaux des nappes perchées présentes dans ce secteur vers les sources du fond de vallée. Le risque de drainage est d’autant plus important que la pente de la tranchée sera marquée. Les écoulements par drainage des tranchées peuvent accroître le risque d’inondation dans un contexte local déjà très sensible à ce niveau. Des dispositions doivent être prises pour franchir les cours d’eau et les zones humides : des forages dirigés sont à prévoir. Des précautions particulières sont nécessaires pour préserver nappes et zones humides de toute incidence durable. Des risques de pollution des nappes superficielles ne sont pas exclus.

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La Marque (source du cliché : Artémia)

En conclusion

La réalisation des travaux de mise en place de ce type de projet présente des incidences non négligeables sur le milieu. elle accroît le risque d’inondation par drainage des tranchées dans un contexte déjà très sensible. elle comporte des risques de perturbations prolongées pour les cours d’eau, les zones humides et les nappes superficielles du secteur.

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Données des documents d’urbanisme et projets d’aménagements hydrauliques

Les communes du secteur d’étude ont connu, à plusieurs reprises pour certaines d’entre elles (Attiches, Avelin, Mons-en-Pévèle, Tourmignies, la Neuville) des épisodes d’inondation et de coulées de boue. Les services de l’état ont recensé des secteurs où le risque est avéré ainsi que d’importantes zones de production de ruissellement ; ces secteurs sont identifiés dans le zonage des Plan locaux d’urbanisme les plus récents (Attiches, Mons-en-Pévèle, Tourmignies). Ils sont reportés sur la carte ci-dessous.

Des aménagements hydrauliques, pilotés par le Pays de Pévèle, ont été décidés pour diminuer les risques dans le haut bassin versant de la Marque ; dans le secteur étudié, ce sont deux zones d’expansion de crue, l’une sur Attiches et Mons-en-Pévèle, l’autre sur Tourmignies (voir carte ci-contre).

La création de tranchées dans de tels espaces peut susciter des désordres notables, en perturbant la circulation de l’eau et en fragilisant des sols déjà sujets au ruissellement. Il faut souligner qu’un passage dans le secteur dévolu à la zone d’expansion de crue de Drumez ne pourra être évité si l’on s’écarte de l’habitat à cet endroit.

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Milieu naturel

Flore, faune et habitats Source : étude « Impacts d’un tronçon en souterrain au niveau de la Pévèle » de l’Association multidisciplinaire des biologistes de l’environnement - AMBE

L’AMBE a réalisé les expertises du milieu naturel pour le projet. Un diagnostic complet de la flore, de la faune et des habitats a été établi sur l’ensemble du territoire compris entre Avelin et Gavrelle. Les principaux éléments concernant la Pévèle sont rappelés ci-après.

Flore et habitats Le nord de la Pévèle s’inscrit dans un contexte de plaine alluviale occupée surtout par des cultures. Des fossés de drainage marqués par la présence de végétation herbacée haute, avec parfois quelques fourrés humides, parcourent cet ensemble. La Marque, très étroite, ne permet le plus souvent que le développement d’un mince ruban de végétation où subsistent des saules têtards et des aulnes épars. Les premières pentes et le sommet de la butte de Mons-en-Pévèle sont le siège de cultures et de prairies entourées de haies arbustives à arborescentes. Au sud, s’étend une plaine occupée par la grande culture.

Un pied d’une espèce protégée au niveau régional, l’Achillée sternutatoire, y a également été trouvée.

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Faune L’inventaire des mammifères est représentatif de la faune liée aux milieux agricoles et forestiers de la région Nord-Pas-de-Calais. Des espèces protégées en France ont été relevées : chauves-souris (Pipistrelles commune et de Nathusius, Murin de Daubenton), Ecureuil roux et Hérisson d’Europe. Des habitats sont à préserver plus particulièrement pour le groupe des mammifères : les boisements de feuillus, les milieux humides, les prairies et les chemins ruraux. La présence des bassins des Cinq Tailles de attire des populations d’oiseaux migrateurs. Un grand nombre d’espèces protégées en Europe fréquente le site. A noter également un intérêt pour les oiseaux locaux des versants bocagers de la butte de Mons-en-Pévèle. Aucune zone à enjeu n’a été détectée en ce qui concerne les reptiles et les amphibiens. La forêt de et les Cinq Tailles montrent une diversité d’insectes élevée.

A noter :

-la présence d’espaces protégés : le site des bassins des Cinq Tailles, Zone de Protection Spéciale (ZPS) = zone Natura 2000 au titre de la directive Oiseaux. Ce site est de plus retenu comme Espace naturel sensible (ENS) par le département du Nord ;

-la présence de la Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) de type 1 « Forêt domaniale de Phalempin, bois de l’Offlarde, bois Monsieur, les Cinq Tailles et leurs lisières ».

Les travaux de mise en place des câbles souterraines impliquent la destruction des milieux sur une largeur d’environ 30 mètres. Certains de ces milieux ne pourront pas être restaurés en l’état dans l’emprise de l’ouvrage. Les impacts permanents d’une liaison souterraine sur le milieu naturel touchent en effet tout particulièrement les arbres. Les boisements (arbres isolés, boqueteaux, haies) sont supprimés de façon définitive dans l’emprise de l’ouvrage, car la bande correspondant aux câbles ne peut accueillir que des arbustes de petite taille . La disparition de ces habitats affecte la faune qu’ils accueillent (écureuils, chauves-souris, oiseaux, insectes…).

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Le voisinage de la Marque est particulièrement sensible. A côté des parcelles cultivées qui sont drainées et qui entretiennent dans les fossés de drainage le développement de végétations aquatiques et hygrophiles, subsistent quelques prairies de fauche patrimoniales (relevant de l’Arrhenatherion) et quelques boisements de frênaie-charmaie. La mise en place de tranchées va perturber les circulations de l’eau et modifier fortement les habitats liés à l’eau. Dans ce secteur, il serait nécessaire d’utiliser une technique de passage en sous-œuvre (le forage dirigé) permettant de passer sous la Marque et les zones humides. L’impact sur les habitats naturels serait également fort sur les flancs de la butte de Mons-en-Pévèle, occupés par des prairies avec des talus herbeux et des fourrés linéaires, proches d’un milieu bocager. L’impact résiderait dans la réduction des linéaires boisés. Du point de vue de la flore, la station d’Achillée, en situation très précaire, sera vraisemblablement détruite en cas de passage dans son secteur. En ce qui concerne la faune, les déboisements auront un impact sur les mammifères qui gîtent et se nourrissent dans les milieux arborescents. L’Ecureuil roux et les chauves-souris seraient affectés au niveau des bois de Tourmignies et de la Marque. Les secteurs sensibles pour les oiseaux se situent également aux abords de la Marque et sur la butte de Mons-en-Pévèle, avec la destruction d’habitats d’espèces patrimoniales (Pics, Chouette d’Athéna, …).

En conclusion Les impacts temporaires du chantier sur le milieu naturel seront importants, compte tenu de l’ampleur des surfaces mobilisées, qui entraîne des destructions importantes et permanentes d’habitats d’espèces, pour certaines protégées. Des impacts durables conséquents sont prévisibles pour les espaces de la vallée de la Marque qu’il faudrait franchir par forage dirigé. Des boisements seront détruits. Des impacts affectant plus spécifiquement l’avifaune sont prévisibles en cas de passage sur la butte de Mons-en-Pévèle ou dans la plaine voisine des Cinq Tailles, en raison des destructions d’habitats de cette faune.

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Milieu humain

Habitat et urbanisme

Aucune habitation ne se trouve à moins de 50 m à l’axe d’un cheminement pris pour hypothèse (voir carte ci-contre). A cette distance, le champ magnétique émis par la ligne électrique est négligeable, et il n’y a pas de champ électrique pour une liaison souterraine. L’impact sur l’habitat est d’ordre temporaire : il réside dans la période des travaux. Le chantier est équivalent à celui de la construction d’une route 2 x 2 voies et devrait se dérouler sur 18 à 24 mois.

Le zonage des documents d’urbanisme est reporté dans une bande de 250 m autour des fuseaux à l’étude. Il s’agit principalement de zones à vocation agricole ou naturelle (sur la butte de Mons-en- Pévèle, dans la vallée de la Marque et le long de la forêt de Phalempin). Aucun cheminement en souterrain pris pour hypothèse ne traverse une zone à vocation d’habitat ou d’extension de l’habitat. Ils sont tous situés en zone agricole ou naturelle non construites. La présence de la ligne souterraine interdirait toute construction et tout boisement dans une bande de 25 m de large. A noter que pour contourner le hameau de Drumez, il faudrait empiéter sur l’emprise de la zone d’expansion des crues prévue dans ce secteur. En conclusion Les impacts temporaires des travaux sur l’habitat seront importants ; compte tenu de la dispersion des habitations, le chantier ne pourra éviter une gêne pour les riverains. Les impacts permanents resteront en revanche réduits. Une emprise de 25 m de large devra rester libre d’accès en permanence au-dessus des liaisons. Il faut enfin rappeler que l’un des deux postes aérosouterrains (celui devant comporter des équipements de compensation) est à éloigner de l’habitat en raison du bruit susceptible d’être émis. 34 Projet de reconstruction de la ligne à 400 000 volts entre Avelin et Gavrelle Rapport de l’étude de la mise en souterrain partielle dans la Pévèle

Carte des habitations dans une bande de 250 m autour des fuseaux à l’étude

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Activités agricoles

La Chambre d’agriculture de région est chargée des expertises dans le domaine des activités agricoles pour le projet. Un diagnostic complet a été établi sur l’ensemble des fuseaux à l’étude et les impacts ont été évalués.

Les cultures produites sur le territoire sont diversifiées : céréales, légumes de plein champ, pommes de terre, betteraves sucrières, maraîchage, horticulture, …

Les terrains sont drainés à plus de 80 %.

Le projet affecte en majeure partie les espaces agricoles, la part des tracés en espaces naturels restant limitée aux abords de la Marque. Compte tenu de la faible part de prairies, ce sont principalement des cultures qui seront affectées.

La pose souterraine va soustraire de manière définitive une superficie d’environ 1,4 ha à l’activité agricole du fait de l’implantation des postes aérosouterrains.

Pour les besoins temporaires du chantier, la mise en souterrain va requérir environ 10 fois plus de surfaces qu’en technique aérienne, soit environ 15 ha.

Ce dernier aura un impact fort sur le calendrier des activités, compte tenu de sa durée (de l’ordre de 18 mois à 24 mois) et de la nécessité de caler les interventions sur les périodes les plus favorables d’un point de vue pluviométrique.

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En terme d’impacts sur les sols, les 6 tranchées attenantes et les terrassements sur tout le linéaire auront des conséquences lourdes. La restauration du potentiel agronomique des sols dépend fortement de la qualité des différentes opérations (tri de terres, remblais, décompactages ou sous- solages…) et des conditions météorologiques. La mise en oeuvre de ces opérations apparaît particulièrement complexe, au vu des volumes exceptionnels mis en cause. Il semble en effet difficile de reconstituer en l’état l’organisation des horizons des sols sur une telle ampleur et d’éviter tout tassement, foisonnement, engorgement ultérieurs, d’autant que le caractère humide de la plupart d’entre eux les rend encore plus délicats à traiter. Des incertitudes assez fortes se posent en effet sur la qualité et la durabilité des réfections hydrauliques post-chantier, comme sur les possibilités de drainages futurs. L’aménagement d’un couloir technique protégé, situé en milieu d’emprise et destiné à recevoir les drainages, devrait permettre les réfections hydrauliques post-chantier. Les chambres de jonction et leurs puits d’accès, enfin, constituent une contrainte pour l’exploitation.

En conclusion

En termes d’impacts sur les sols, la technique souterraine s’avère particulièrement contraignante. D’une part, elle consomme des surfaces agricoles. D’autre part, elle va générer des impacts résiduels conséquents sur la qualité des sols, et ce sur des surfaces très importantes (bande d’une trentaine de mètres de large potentiellement affectée en termes de rendement, de fertilité des sols, de ressuyage et de portance…), avec des incertitudes sur la viabilité des réfections hydrauliques. Les impacts temporaires ne sont pas négligeables non plus ; des perturbations sont à prévoir pour les accès aux parcelles cultivées et pour les productions, compte tenu de l’ampleur et de la durée du chantier.

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Infrastructures et servitudes

Aucune des voies de circulation à franchir ne nécessite la réalisation de forages dirigés. Des perturbations sont néanmoins prévisibles au moment des travaux (coupures temporaires, circulations alternées, …). Le croisement (et la proximité prolongée potentielle en cas de passage dans les fuseaux les plus à l’ouest) d’une double canalisation de produits chimiques au sud-ouest de Mons-en-Pévèle (l’oxyduc -Dunkerque et l’hydrogénoduc Mons-Athies) représente une contrainte technique notable.

Croisement des canalisations de produits chimiques au sud de Mons-en-Pévèle

En conclusion

Les impacts dans ce domaine sont essentiellement temporaires : perturbations des circulations dans le secteur. Ils seront cependant prolongés, le chantier devant durer 18 à 24 mois.

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Paysage et patrimoine

En terme de patrimoine, la principale préoccupation réside dans la présence d’éventuels vestiges archéologiques. Compte tenu du contexte historique local (bataille de Mons-en-Pévèle) et de l’ampleur du chantier, un diagnostic archéologique semble inévitable, ce qui représente une perturbation supplémentaire pour les activités agricoles (double intervention dans les parcelles).

La mise en souterrain de la ligne électrique supprime l’impact visuel sur les paysages par rapport à la technique aérienne (la seule incidence pourrait être la suppression localisée de végétation haute créant une trouée dans une haie ou un bosquet). Cependant, la mise en souterrain partielle nécessite la mise en place de dispositifs de transition entre l’aérien et le souterrain. Pour un ouvrage de l’ampleur de celui qui serait nécessaire pour Avelin-Gavrelle, il faudrait créer aux deux extrémités de la partie souterraine des installations équivalente à un poste électrique (cf schémas pages 15 et 16). La surface minimum de ces postes serait d’environ 0,4 ha pour l’un, et environ 1 ha pour l’autre (ce dernier, devant accueillir des équipements de compensation, sera plus étendu). Des pylônes treillis, en rupture avec l’aspect général de la ligne en pylônes Equilibre, devraient être mis en place pour l’arrivée dans ces postes. Ces installations se situeraient entre Attiches et Tourmignies pour le poste nord, et aux abords de la Navette-Pétrie à Mons-en-Pévèle pour le poste sud.

En conclusion

Le recours à la solution aéro-souterraine permet d’éviter les impacts visuels, à l’exception des postes aéro-souterrains.

40 Projet de reconstruction de la ligne à 400 000 volts entre Avelin et Gavrelle Rapport d’étude sur la mise en souterrain partielle dans la Pévèle

Conclusions sur les impacts environnementaux

La mise en souterrain partielle de la ligne 400 000 volts Avelin-Gavrelle aurait pour avantage de n‘avoir presque aucun impact sur le paysage et de ne créer ou de ne pérenniser aucune proximité forte d’habitation.

Néanmoins, la mise en souterrain partielle aurait les impacts environnementaux suivants :

- une désorganisation et une perturbation prévisibles de sols de nature humide, sujets au ruissellement et à l’inondation, sur des surfaces très importantes, avec des incertitudes sur la restauration des fonctionnements hydrauliques ;

-un accroissement par conséquent du risque d’inondation dans un contexte déjà très sensible ; des risques de perturbations prolongées pour les cours d’eau, les zones humides et les nappes superficielles du secteur ;

- des impacts durables conséquents sur les milieux naturels de la vallée de la Marque (zones humides), compte tenu de l’ampleur des surfaces mobilisées : flore, faune, sols et habitats seront affectés ;

- une dégradation des terrains agricoles (incertitude quant à la qualité des sols après remise en état et à la viabilité des réfections hydrauliques) et prélèvement en terme foncier pour les postes aéro-souterrains (à minima 1,4 hectares) et pour les compensations écologiques;

- interdiction de planter des arbres ou de construire des bâtiments à usage agricole dans l’emprise de la ligne souterraine;

- impact visuel dû à la construction de deux postes aéro-souterrains (dont l’un engendrera également du bruit du fait des selfs à installer).

41 Projet de reconstruction de la ligne à 400 000 volts entre Avelin et Gavrelle Rapport d’étude sur la mise en souterrain partielle dans la Pévèle

VOLET ECONOMIQUE

Nota: M€ = million d’euros, conditions économiques 2014

• Coût d’une liaison souterraine longue de 5 km : 60,2 M€ • Coût de la mise en place des deux postes électriques aux extrémités : 12,5 M€ • Moins value sur la liaison aérienne non construite sur 5 km : -9,5 M€ • Moins value pour PAP non applicable : - 0,9M€

D’où un surcoût global pour la création de ce siphon de 62,3 M€, soit environ le coût de la totalité de la ligne aérienne Avelin-Gavrelle.

Le coût d’investissement de la technique souterraine, pour le niveau de tension et le niveau de puissance requis pour le projet Avelin-Gavrelle, est d’environ 8 fois le coût d’investissement d’une liaison aérienne correspondante, équipée de pylônes classiques (ce ratio est de l’ordre de 6 si la ligne aérienne est équipée des nouveaux pylônes « Equilibre »). A coûts complets incluant les coûts d’exploitation (maintenance, gain sur les pertes joule et les taxes -pas de taxe pylône annuelle, mais redevance occupation domaine public et taxe foncière pour les 2 postes aéro-souterrains), actualisés sur la durée comptable de 40 ans, le ratio est de l’ordre de 7 (ce ratio est d’environ 5,4 si la ligne est équipée de pylônes Equilibre).

Recherche de cofinancements pour le surcoût

Les nouvelles lignes de transport d’électricité qui traversent une frontière entre deux pays (interconnexion) peuvent prétendre à un cofinancement par l’Europe de surcoûts environnementaux. C’est le cas par exemple de la liaison 400 000 volts France-Espagne en cours de réalisation en technique souterraine (pour une puissance de 2000 MW et non 4600 MW dans le cas d’ Avelin-Gavrelle). L’axe Avelin-Gavrelle ne constitue pas en ce sens une interconnexion.

Dans sa dernière version de schéma décennal, RTE fait état d’un projet de renforcement de la ligne existante à 400 000 volts entre Avelin et Avelgem (Belgique) à un horizon d’environ 10 ans. Il ne s’agit pas de construire une nouvelle interconnexion, mais de renforcer la ligne existante en remplaçant les câbles.

Néanmoins, dans ce contexte, la préfecture du Nord a sollicité officiellement en juillet 2014 la permanence de la France auprès de l’union européenne pour savoir si une recherche de financement pouvait être envisagée pour des mesures de réduction des impacts sur l’environnement (comme la mise en souterrain) à l’occasion de la reconstruction de la ligne Avelin-Gavrelle.

Si une réponse positive était accordée, d’autres demandes de cofinancements pourraient alors être engagées par exemple auprès de la Région, du Département, de la communauté de communes Pévèle Carembault, des communes… car RTE ne pourrait supporter seul le surcoût de l’enfouissement. 42 Projet de reconstruction de la ligne à 400 000 volts entre Avelin et Gavrelle Rapport d’étude sur la mise en souterrain partielle dans la Pévèle

VARIANTES Prolongement du souterrain jusqu’à Moncheaux et Evin-Malmaison Des variantes allant au-delà des 5 km en souterrain dans la Pévèle, vers le Bassin Minier, sont également abordées suite à des demandes exprimées par des élus et des riverains. La variante consistant à prolonger la mise en souterrain partielle jusqu’au sud-ouest de Moncheaux est présentée sur la carte page 6, et celle jusqu’en limite d’Evin Malmaison–Leforest figure en page 7. Les conditions techniques de réalisation seraient du même ordre que celles présentées pour la mise en souterrain partielle sur 5 km dans la Pévèle. On retrouverait également des impacts environnementaux du même type que ceux décrits pour la Pévèle, avec une hiérarchisation sensiblement différente selon les thématiques, tenant compte des spécificités de chaque secteur (nature des sols, espèces et habitats naturels en présence notamment). Pour l’agriculture, les désordres apportés seraient d’importance similaire. La longueur de ces variantes en souterrain étant de 1,5 fois à 2 fois plus longue, ces impacts environnementaux seraient d’autant plus conséquents. En terme économique : . pour une mise en souterrain partielle supplémentaire jusque Moncheaux (environ 7,5 km), le surcoût s’élève à 94,6 M€. . pour une mise en souterrain partielle jusque Leforest (environ 10,5 km), le surcoût s’élève à 126 M€.

Maintien de la ligne actuelle et construction d’une autre ligne en souterrain Cette stratégie consisterait à conserver la ligne aérienne actuelle à 1 circuit 400 000 volts entre Avelin et Gavrelle, et à construire une nouvelle ligne en technique souterraine permettant d’atteindre la capacité globale requise sur cet axe pour répondre de manière satisfaisante aux contraintes identifiées sur le réseau à 400 000 volts dans le Nord – Pas de Calais. Cette nouvelle ligne ne pourrait être réalisée qu’en 400 000 volts , le niveau de tension 225 000 volts ne pouvant répondre à moyen terme au besoin de sécurité d’alimentation régional, et encore moins au besoin de fluidifier les transits (échanges) entre régions et entre pays voisins au travers d’un réseau entièrement maillé. Cette nouvelle ligne serait composée de trois tricâbles en souterrain du même type que ceux présentés dans le présent rapport, d’une puissance de 2 300 MW. En complément, la capacité de transit de la ligne existante (1 500 MW) serait augmenter en remplaçant les câbles existants par des câbles plus performants permettant de porter sa puissance à 2 300 MW. L'énergie réactive produite par la nouvelle liaison souterraine demanderait une compensation très importante qui nécessiterait l'installation de bobines shunt dans les deux postes d’Avelin et de Gavrelle. De plus, des transformateurs déphaseurs devraient être ajoutés au poste de Gavrelle afin de réguler les transits et permettre ainsi un équilibrage acceptable entre d’une part, la nouvelle ligne souterraine, et d’autre part, la ligne aérienne actuelle. Cette solution supposerait des travaux importants dans les postes avec une éventuelle extension de leur périmètre actuel, difficilement réalisable, notamment à Avelin. Les impacts environnementaux de la nouvelle ligne souterraine seraient du même registre que ceux présentés dans cette étude, mais avec une ampleur moindre puisque l’ouvrage et le chantier seraient réduit d’au moins un tiers. Le coût de cette stratégie serait de l’ordre de 300 M€. 43 Projet de reconstruction de la ligne à 400 000 volts entre Avelin et Gavrelle Rapport d’étude sur la mise en souterrain partielle dans la Pévèle

CONCLUSION GENERALE

En synthèse, une mise en souterrain partielle de la ligne Avelin-Gavrelle est possible. Cela répondrait à la demande des habitants et des élus locaux pour la protection du paysage et du cadre de vie. D’un point de vue technique et environnemental, elle présente des difficultés et des impacts très importants, qui rendent sa réalisation difficile à envisager (code de l’Environnement).

Sur le point de vue économique, RTE ne pourra assumer seul le surcoût du souterrain. Il faut rappeler que RTE est un service public dont l’activité est régulée par la CRE, au bénéfice de l’ensemble des français. RTE finance ses investissements, pour lesquels des emprunts sont nécessaires, au travers du TURPE (tarif d’utilisation du réseau public de transport d’électricité). A ce titre, la mise en souterrain partielle ne pourrait s’envisager qu’avec une part importante de cofinancement.

44 Projet de reconstruction de la ligne à 400 000 volts entre Avelin et Gavrelle