NOTE D’ETAPE

Pays de ‐Mauriac Julie Ambal, Pauline Cabrit, Sylviane Kopp, Raphaël Leitao, Aurélien Ramos

INTRODUCTION‐Paysage diversifiés

Le pays de Salers Mauriac bénéficie d’une image diversifiée largement diffusée sur le territoire national. Elle est particulièrement véhiculée au travers des produits agricoles comme le fromage (le et le Salers) et les paysages emblématiques qui lui sont associés. Lors de cette première approche du territoire, nous avons cherché à comprendre avant tout quelle était la réalité et l’organisation de ces paysages qui nous ont marqués par leur grande diversité.

I. SITUATION CANTALIENNE

1. Pays de Salers‐Mauriac Le pays de Salers Mauriac se situe sur le versant ouest du volcan Cantalien, le versant le plus humide du volcan du fait des nombreux départs de sources et de l’exposition aux précipitations. Le territoire est délimité par trois grandes vallées (la Dordogne à l’ouest, le Mars au nord et la Bertrande au sud) et structuré par les vallées de la Maronne et de l’Auze. Il est traversé par l’axe nord sud reliant la sous préfecture Mauriac et la préfecture .

2. Paysage Volcanique La compréhension des paysages de ce territoire est indissociable de l’histoire volcanique spécifique du Cantal. A l’est il existait un stratovolcan complexe, dont les vestiges se manifestent dans le paysage au travers des différents puys (le Puy mary, le Puy Violent) qui sont les anciennes cheminées du volcan. Le territoire de Salers Mauriac est issu des anciennes coulées magmatiques du volcan, qu’on appelle communément la planèze. Au cours des différents épisodes froids du climat, ce système a été entaillé par les glaciers, ce qui a formé les grandes vallées glaciaires du territoire comme la vallée de la Maronne.

II. DEUX GRANDS SYSTEMES DE PAYSAGES III. >

L a

g r a n d e

p l a nèze qui s'étend des sommets jusqu'à Mauriac. > Les vallées glaciaires qui constituent un paysage singulier et à part.

1. La grande planèze et son réseau hydrographique

a. Planèze haute La planèze haute est constituée des parties les plus en altitude du territoire vers les sommets du volcan, au delà de 1000 mètres. Elle est constituée uniquement de prairies qui sont pâturées à la belle saison et que l’on appelle les estives. Le parcellaire y est très grand et délimité par des murets de pierres. La végétation est rase sans structure arborée autre que quelques arbres isolés. C'est également le départ de nombreuses sources qui constituent une partie du bassin versant de la Dordogne. La situation en altitude et l'absence de boisements dégagent de nombreux panoramas sur le grand paysage: on voit nettement la Vallée de la Maronne, Salers, et le début de la grande planèze l’Ouest.

Le seul bâti que l'on trouve sur ces planèzes d'altitudes sont les Burons qui témoignent de pratiques agricoles ancestrales et emblématiques de la région du cantal. Ils sont implantés à proximité d’une source et dans la pente, semi enterrés pour se protéger de la rigueur du climat et pour créer des caves pour l’affinage du fromage.

Depuis le Moyen Age ces terres sont pâturées en été par des troupeaux venant des régions alentours, d’éleveurs qui manquaient de terres. Il s’agissait de la transhumance. Les terres moins en altitude étaient préservées pour la fauche et la production du fourrage pour l’hiver très long. Les Burons étaient l’abri des vachers et le lieu de la production du fromage fait avec le lait d’été (le Salers). Aujourd’hui, on ne produit quasiment plus de fromage dans les estives en raison de la complexité technique de production actuelle. Ce sont surtout les troupeaux allaitants, destiné à la production de viande qui y pâturent. Aujourd’hui, une grande part de ces terres appartient à des propriétaires des départements limitrophes (comme les Aveyronnais).

b. Planèze moyenne

Ce sont les terres entre 800 et 1000 m légèrement vallonnées où le relief combiné à un faible développement de la végétation en raison de l’altitude ont permis, lors du remembrement, de créer de grande parcelles mécanisables. Seules quelques haies de frênes associées à des murets de pierres et des alignements d’arbres qui forment un paysage de prairies au bocage lâche ont été conservés. Les premiers habitats apparaissent sous forme de petits hameaux : ils sont implantés dans les pentes pour se protéger du froid et sous forme d’habitat groupé. Ils ne sont toutefois jamais complètement dans le fond des vallons, et se situent toujours un peu au dessus des sources et les zones humides (tourbières ou prairies humides). On distingue la présence d’un important bâti agricole implanté autour des bourgs : il s’agit de bâtiments anciens (granges et étables) qui servent aujourd’hui de stockage et des stabulations neuves, témoins de l’agriculture dynamique d’aujourd’hui.

c. Planèze basse et ses vallées fluviatiles La planèze basse présente une altitude comprise entre 600 et 850 m. Elle est sillonnée par différents cours d’eau prenant leur source dans la planèze haute qui sont aussi des affluents de la Dordogne. Ce site se trouve donc aux portes d’un autre système territorial, la vallée de la Dordogne à l’ouest. Du fait de la déclivité un peu plus importante, les parcelles sont plus petites et le paysage plus morcelé que sur les planèzes plus hautes. Ce paysage est caractérisé par un découpage du plateau en plusieurs types de vallées : ‐ Les vallées fermées (Maronne) encaissées, sinueuses, boisées sur les deux versants, les villages étant positionnés en haut des versants, elles tranchent avec le paysage agricole ouvert du plateau. ‐ Les petites vallées ouvertes (Sionne) ont des versants sud agricoles, et des versants nord plus boisés. Les forêts de ce territoire sont privées ou sectionnales. La crête est occupée par des boisements et les villages. Le parcellaire agricole et le réseau bocager entourent les villages sur les sommets et deviennent plus lâches à mesure que l’on progresse vers les terres plus humides et pentues du fond de vallée.

On a identifié trois formes de villages, qui sont tous situés en hauteur par rapport au réseau hydrographique ; cette position semble témoigner d’une relation entre le village et le paysage. 1‐ le village belvédère groupé qui est situé sur un éperon rocheux, dominant sa vallée. L’habitat est tourné vers l’extérieur autour d’un espace public (). 2‐ le village linéaire en crête développé parallèlement à la vallée, l’habitat orienté vers cette vallée (). On note la prise en compte dans ces deux villages, du paysage dans leurs différents aménagements : pour Drugeac, le socle de l’église constitue un belvédère et à Escorailles un ancien cimetière offranT un large panorama est transformé en espace public. 3‐ le hameau dispersé circulaire, situé sur les replats et constitué d’un groupement d’habitations et d’exploitations organisés autour des espaces agricoles (Champs)

2. Les vallées glaciaires

La vallée glaciaire de la Maronne s’est formée par la progression d’un glacier qui s’est arrêté au niveau de l’actuel Ste Eulalie, là où commence la vallée fluviatile. On peut identifier clairement trois paysages : ‐ en amont, la haute vallée glaciaire ouvertes avec un profil en « V », ‐ ensuite la basse vallée glaciaire ouverte, là où le glacier a pris le plus de place montre un profil en « U « avec son large fond plat. ‐ en aval les vallées fluviatiles dont nous avons parlé dans la partie précédente, qui est une vallée fermée en « V ». Dans la vallée glaciaire les bourgs se situent en fond de vallée le long des routes (Lacoste).

a. Haute vallée glaciaire Dans les hautes vallées glaciaires de la Maronne et de l’Aspre, le piémont des versants et le fond de vallée sont ouverts et occupés par les pâtures , les prairies de fauche et le bâti agricole en bord de la ripisylve de la Maronne. Les parties les plus abruptes des versants sont boisées avec une présence majoritaire de feuillus. Les premières estives apparaissent sur les replats en haut du versant nord. L’implantation du bâti agricole est proche de celui des hautes planèzes, un bâti traditionnel encastré dans le versant, plutôt exposé au sud.

b. Basse vallée glaciaire La vallée basse commence lorsque la Maronne et l’Aspre se rejoignent pour former une vallée à fond large et plat, fertile et servant aux pâtures et à la fauche. Le bâti se situe en bas de versant. Le versant exposé au nord est recouvert d’un boisement dense de feuillus (noisetier, merisier, chêne, hêtre et frêne en lisière) et il est parsemé de parcelles en timbre poste de conifères. Le versant exposé au sud, lui, est peu boisé. Il s’enfriche sur les parties les plus abruptes et on trouve des haies parallèles à la vallée. L’habitat est organisé en hameau alors que le bâti agricole se situe plus en périphérie de ces bourgs le long de la route. Les exploitations les plus récentes sont deux à trois fois plus grandes que les granges plus traditionnelles, l’absence de reliefs les mets plus en évidence.

IV. USAGES ET IMAGE DU TERRITOIRE

Le territoire superpose un certain nombre de périmètres institutionnels, politiques ou environnementaux. Il est à cheval sur les Communautés de communes de Salers et de Mauriac ; une partie de son territoire fait partie du périmètre du PNR des Volcans d’Auvergne et l’Opération Grand Site du Puy Mary. Des mesures ZNIEFF et natura 2000 inventorient des zones d’intérêt écologique, et des ZZPPAUP en cours ou en projet protègent une partie du territoire. Ces protections et ces classements se superposent à l’est du territoire, aux alentours de Salers et des Puys.

1. Dynamiques agricoles

Le territoire fait l’objet de deux grandes labellisations qui témoignent du type d’activité agricole de la région. D’une part l’AOP Cantal et Salers pour la production fromagère, qui concerne les élevages laitiers. Ils sont principalement situés sur les parties basses de la planèze et dans les vallées en raison des difficultés de production du lait dans les montagnes, et d’autre part le label rouge sur la viande Salers, qui concerne les élevages allaitants largement répandus sur le territoire et dominant dans les estives de la planèze haute. Il s’agit de la production de veaux Salers (des broutards) qui partent avec leur mères sur les estives tout l’été avant d’être envoyés à l’engraissement généralement à l’étranger. Il existe localement des structures de commercialisation institutionnalisées dont le rayonnement est local et international : ‐ Un marché aux bestiaux régional qui se tient régulièrement à Mauriac et qui attire des éleveurs de toute la région. ‐ Le herdbook à proximité de Salers qui pratique deux fois par an la vente de veaux race pure Salers sélectionnés génétiquement pour des acheteurs venus de toute l’Europe. A côté de ces institutions commerciales, il existe beaucoup de points de vente locaux concernant le fromage : des ventes directes à la ferme et des coopératives laitières qui fabriquent et commercialisent les produits du secteur.

2. Axe de fonctionnement local

Le territoire est structuré par la D 922 un axe historique Nord Sud qui permet de rejoindre rapidement les deux pôles de services et bassins d’emplois que sont Mauriac et Aurillac et maintient ainsi la subsistance de services de proximité dans les principaux bourgs. La présence de cet axe est indispensable au maintien économique et agricole de cette région sans quoi l’éloignement des principaux services (écoles etc.) limiterait la possibilité d’installations de nouveaux exploitants.

3. Axe touristique

Le territoire est également polarisé d’Est en Ouest du fait de la présence des Volcans d’Auvergne. L’attraction touristique des hauts lieux comme le Puy Mary et le village médiéval de Salers se fait ressentir aussi bien localement que dans un rayonnement beaucoup plus large. Cet axe génère un développement touristique qui se traduit par la mise en place de structures institutionnelles (la Maison de la Salers ou les Maisons sites de l’OGS au départ des sentiers de randonnées) et profite aux locaux et à l’activité agricole avec les visites à la ferme ou la valorisation directe des produits agricoles (vente directe etc.) ainsi que le développement des gîtes et chambres d’hôtes.

4. Synthèse Finalement, ce territoire se construit sur deux types de fonctionnement économiques : un fonctionnement local en ce qui concerne la polarisation des services et des institutions, et Un fonctionnement national fondé sur la construction d’une Image, d’une identité agricole et d’un paysage labellisé.

Premiers questionnements:

Un territoire avec de grosses potentialités, qui semble mais qui connaît toutefois les problématiques que connaissent tous les territoires ruraux et qui souffre notamment d’une situation d’enclavement au niveau national

Comment se confronte l’image touristique et labellisée à la réalité locale et quotidienne ?

Quel potentiel d’évolution pour ce territoire avec cette image là ?

Dans quelle mesure peut‐on renouveler les sens de cette image de marque dans les perspectives d’un projet de territoire ?

MODULE C10.2 CONNAISSANCE DES PAYSAGES ET DEVELOPPEMENT TERRITORIAL POUR UNE GESTION DURABLE ET PATRIMONIALE DES TERRITOIRES RURAUX

PARTENARIAT DDT/ENSAPBx NOTE D’ETAPE

GROUPE PAYS DE SALERS‐MAURIAC Julie AMBAL, Pauline CABRIT, Sylviane KOPP, Raphaël LEITAO, Aurélien RAMOS

Présentation par Julie AMBAL et Raphaël LEITAO

Cette première phase de restitution du travail des étudiants a pour objectif de présenter une identification des paysages, de leurs usages et de leurs dynamiques. Il s’agit de donner une première lecture des paysages rencontrés et des enjeux qui en découlent. Le territoire de Salers‐Mauriac présente deux grands systèmes de paysages qui se déclinent d’est en ouest, du versant ouest du volcan cantalien jusqu’à la vallée de la Dordogne. On a pu distinguer la Grande planèze et son réseau hydrographique de vallées fluviatiles et les Vallées glaciaires de la Maronne et de l’Aspre. Ce territoire se caractérise par une grande diversité de paysages très et entretenus par une activité agricole dynamique et labellisée : patûres et haies structurent le territoire où sont produits les AOC Salers et Cantal. Le site est soumis à une double polarisation très marquée : un axe structurant local nord‐sud (sous la forme de la D922 qui relie Aurillac à Mauriac) et un axe touristique et national est‐ouest qui se dirige vers Salers et le Puy Mary. Emergent alors des premiers questionnement qui tentent de confronter l’image touristique et labellisée à la réalité locale et quotidienne et se demandent dans quelle mesure on peut renouveler les sens de cette image de marque dans les perspectives d’un projet de territoire

>Paysage usage/paysage image (intervenante : Catherine Argile) La question du paysage patrimoine du pays de Salers‐Mauriac permet de d’interroger la relation entre l’image et l’usage. Comment un système de production qui génère cette image peut‐il évoluer ? Comment assurer la gestion de ce territoire ? Cette image est fondée sur la valeur de la prairie, elle est l’empreinte de ce pays et d’une production labellisée. Il s’agit ici d’interroger la relation entre le paysage et l’objet, entre l’image fondée sur un paysage issu d’un mode de production qui est synonyme de qualité (le fourrage)

>L’enjeu de terres d’estives (intervenant : Alain Matthieu, éleveur dans la vallée du Mars) Question de la propriété et de la délocalisation agricole. Les terres d’estives vendues dans les années 50/60 à des éleveurs non cantaliens manquant de terres et ayant les moyens de s’en acheter et profitant des aides de la PAC. La désaffection des Cantaliens pour leur montagne se ressent aujourd’hui par des espaces montagnards qui échappent à la gestion locale et ne lui profite pas non plus. Les Cantaliens ayant suffisamment de terres sont aujourd’hui cantonnés sur les plateaux, les planèzes basses et les vallées. Aujourd’hui avec une valorisation d’une image label de ce territoire, les terres d’estives cristallisent paradoxalement un enjeu identitaire pour le Cantal.

>Un système agricole en question (intervenants : Jean‐Marie Bordes, directeur du CPIE et Jean Leterme, directeur des services du Conseil général du Cantal) Si l’agriculture produit un paysage labellisé largement valorisé, est‐elle pour autant viable sur le long terme ? Cette agriculture et son mode de gestion du territoire particulier est‐elle assez stable ? Aujourd’hui avec la baisse des populations rurales, la réduction du nombre d’exploitation agricole, les exploitations augmentent en taille ce qui signifie un coût de gestion plus important, avec une main d’œuvre toujours faible et chère. A cela s’ajoute la forte valeur foncière des terres agricoles. Dans un contexte de crise économique, le système agricole tel qu’il est aujourd’hui est‐il viable ? L’agro‐tourisme devient une économie à part entière qui se greffe sur le système agricole existant et s’appui sur la production des paysages qui en découle.

Conclusion Il s’agira pour la suite d’approfondir la question de la double polarisation de ce territoire dans sa pluralité et d’identifier les situations précises où cette polarisation se joue. Il s’agira également d’interroger précisément la question des paysages dans leur durabilité à mettre en parallèle avec des objectifs en matière de gestion de ces paysages. Il faudra parvenir à élaborer des outils de développement du territoire alliant la protection des