Debats Du Senat N° 82 Du 7 Décembre 2012
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
o Année 2012. – N 82 S. (C.R.) ISSN 0755-544X Vendredi 7 décembre 2012 SÉNAT JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE SESSION ORDINAIRE DE 2012-2013 COMPTE RENDU INTÉGRAL Séance du jeudi 6 décembre 2012 (34e jour de séance de la session) 7 771051 208204 5736 SÉNAT – SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 2012 SOMMAIRE PRÉSIDENCE DE M. JEAN-PIERRE RAFFARIN SITUATION EN SYRIE (p. 5761) Secrétaires : M. Jean-Pierre Plancade, Mme Hélène Conway-Mouret, MM. Jean Desessard, François Fortassin. ministre déléguée chargée des Français de l'étranger. 1. Procès-verbal (p. 5737) FLORANGE (p. 5762) 2. Dépôt d'un rapport du Gouvernement (p. 5737) MM. François Grosdidier, Alain Vidalies, ministre délégué 3. Débat sur la réforme de la politique de la ville (p. 5737) chargé des relations avec le Parlement. M. Claude Dilain, pour le groupe socialiste AUTISME (p. 5763) M. Christian Favier, Mme Valérie Létard, M. Jean-Pierre Plancade, Mmes Esther Benbassa, Natacha Bouchart, Mmes Valérie Létard, Marie-Arlette Carlotti, ministre M. Jean-Étienne Antoinette, Christiane Demontès, déléguée chargée des personnes handicapées et de la MM. Jean Germain, René Vandierendonck, lutte contre l'exclusion. Mme Dominique Gillot. M. François Lamy, ministre délégué chargé de la ville. FORMATIONS EN ALTERNANCE (p. 5765) 4. Mise au point au sujet de votes (p. 5757) MM. Maurice Antiste, Thierry Repentin, ministre délégué chargé de la formation professionnelle et de l'apprentis- Mme Natacha Bouchart, M. le président. sage. 5. Communication relative à une commission mixte paritaire (p. 5757) HÉBERGEMENT D’URGENCE (p. 5766) Suspension et reprise de la séance (p. 5757) MM. Alain Dufaut, François Lamy, ministre délégué chargé de la ville. PRÉSIDENCE DE M. JEAN-PIERRE BEL SITUATION DES CHAÎNES LOCALES DE RFO (p. 5767) 6. Questions d'actualité au Gouvernement (p. 5757) Mmes Karine Claireaux, Aurélie Filippetti, ministre de la culture et de la communication. CONFÉRENCE PAUVRETÉ-PRÉCARITÉ (p. 5757) MM. Claude Dilain, Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. GRAND PARIS (p. 5767) Mme Sophie Primas, M. François Lamy, ministre délégué CHÔMAGE DES JEUNES (p. 5758) chargé de la ville. Mmes Aline Archimbaud, Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée chargée des personnes handicapées et de la lutte PHOTOVOLTAÏQUE (p. 5768) contre l'exclusion. MM. Jean-François Husson, Alain Vidalies, ministre délégué chargé des relations avec le Parlement. ARCELORMITTAL FLORANGE (p. 5759) MM. Pierre Laurent, Jean-Marc Ayrault, Premier ministre. 7. Ordre du jour (p. 5769) SÉNAT – SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 2012 5737 COMPTE RENDU INTÉGRAL PRÉSIDENCE DE M. JEAN-PIERRE RAFFARIN Vous le savez, la politique de la ville a maintenant trente ans. Il paraît donc utile d’en dresser un bilan, afin de voir ce vice-président qu’il est possible de faire et ce qu’il est souhaitable de ne plus faire& Secrétaires : M. Jean Desessard, Cette politique est née au tout début des années quatre- M. François Fortassin. vingt, lorsque des élus locaux, des sociologues, des architectes et des urbanistes ont senti que certains quartiers, essentielle- M. le président. La séance est ouverte. ment des grands ensembles, souvent situés en banlieue mais (La séance est ouverte à neuf heures trente.) pas exclusivement, dérivaient vers des processus de paupéri- sation et d’exclusion. Ils ont alors voulu attirer l’attention des gouvernants et de la société sur cette situation. 1 Deux actes fondateurs ont, me semble-t-il, marqué la politique de la ville. PROCÈS-VERBAL Le premier fut la publication des rapports Dubedout et Bonnemaison, Hubert Dubedout et Gilbert Bonnemaison M. le président. Le compte rendu analytique de la précé- étant alors respectivement maire de Grenoble et maire dente séance a été distribué. d’Épinay-sur-Seine. « Déjà », serais-je tenté d’ajouter ! Il n’y a pas d’observation ?& Le second, sur l’initiative des urbanistes et des architectes, fut la création, également au début des années quatre-vingt, Le procès-verbal est adopté sous les réserves d’usage. de la mission Banlieues 89, avec Roland Castro et Michel Cantal-Dupart. ’ 2 L alarme a été lancée, et il y a eu des réactions. Pour organiser la gouvernance de la politique de la ville, on a créé tout d’abord la délégation interministérielle à la ville, DÉPÔT D'UN RAPPORT DU merveilleusement pilotée par Yves Dauge, puis le ministère de GOUVERNEMENT la ville, confié à l’origine à notre collègue Michel Delebarre. M. le président. M. le président du Sénat a reçu de M. le Les premières actions menées ont été fondatrices et emblé- ministre de l’économie et des finances le premier rapport de matiques, compte tenu des objectifs visés. l’observatoire des tarifs bancaires de l’Institut d’émission d’outre-mer, l’IEOM, établi en application de l’article D’abord, il y a eu le programme « Habitat et vie sociale » L. 712-5-1 du code monétaire et financier. – j’insiste : c’est « et » et non « ou » ! – initié par Jacques Barrot. Acte est donné du dépôt de ce rapport. Ensuite, il y a eu le développement social des quartiers en Il a été transmis à la commission des finances et est dispo- 1981. Là encore, je crois utile de souligner les termes : nible au bureau de la distribution. « social » et « des quartiers ». La même année, Alain Savary a créé le dispositif des zones d’éducation prioritaires. Il faut, me semble-t-il, le rappeler, la politique de la ville 3 était intergouvernementale et s’adressait non pas à la ville, mais aux quartiers. DÉBAT SUR LA RÉFORME DE LA POLITIQUE Le problème survenu ensuite, d’ailleurs à l’origine d’un DE LA VILLE système de balancier pour le moins ennuyeux sur lequel je reviendrai dans quelques instants, entre « l’urbain » et M. le président. L’ordre du jour appelle le débat sur la « l’humain » n’existait pas au début. Les fondateurs avaient réforme de la politique de la ville, organisé à la demande d’emblée indiqué qu’il fallait non pas séparer le soft et le hard, du groupe socialiste. mais traiter les deux volets en même temps ! La parole est à M. Claude Dilain. J’ai souligné le caractère intergouvernemental de la politique de la ville. Celle-ci doit en effet concerner l’ensemble des M. Claude Dilain. Monsieur le président, monsieur le domaines de la vie publique. C’est un point essentiel. ministre, mes chers collègues, à l’occasion de ce débat sur la politique de ville, organisé à la demande du groupe socialiste, Il serait sans doute long et fastidieux de retracer trente ans je voudrais évoquer le présent et l’avenir, en mettant les choses de politique de la ville, mais j’aimerais tout de même en en perspective. évoquer certains éléments marquants. 5738 SÉNAT – SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 2012 Premièrement, ne l’oublions pas, les « émeutes », « révoltes La dotation de développement urbain, ou DDU, a été créée urbaines » ou « révoltes sociales » – je ne sais comment les un peu plus tard. Elle permet à des villes de pouvoir assumer qualifier – survenues dans des villes devenues symboliques, les frais qu’impose la rénovation urbaine. Ce fut, là aussi, une comme Vaulx-en-Velin, Mantes-la-Jolie, Clichy-sous-Bois, étape notable. Villiers-le-Bel et Grenoble, ont marqué les esprits. Ceux qui Quel bilan peut-on en tirer ? avaient tiré la sonnette d’alarme au début des années quatre- vingt avaient raison. À chaque émeute, il y a eu une réaction Il est difficile de répondre à une telle question : l’on ne saura gouvernementale ; je serais tenté de dire « malheureusement ». jamais ce que seraient devenus les quartiers sans la politique de Comme s’il fallait attendre l’émeute pour agir& la ville. Néanmoins, en tant qu’ancien maire, je pense que, sans la DSU, nombre de communes seraient en réelle faillite. Deuxièmement, la politique de la ville a consisté à créer Ne l’oublions pas. petit à petit ce que j’appelle une « boîte à outils », en multi- pliant les dispositifs et en empilant les sigles : ZFU, ZUS, Cela dit, il est vrai que le bilan n’est pas entièrement ZRU, GPV, GPU, PRU, CUCS... Tous ces programmes sont satisfaisant. Deux analyses récentes viennent malheureuse- venus se plaquer sur tel ou tel territoire. ment de le confirmer. Je parle du rapport de la Cour des comptes, La politique de la ville : Une décennie de réformes, et Cela dit, ne soyons pas trop critiques. Ces mesures avaient du rapport de l’Observatoire national des zones urbaines au moins le mérite d’introduire une innovation : promouvoir sensibles, l’ONZUS, qui montre, comme l’indique le la dimension contractuelle dans les politiques publiques. À cet Premier ministre, la permanence, et parfois l’aggravation des égard, la politique de la ville a été fondatrice : enfin une inégalités entre les quartiers de la politique de la ville et le reste politique publique contractuelle ! du territoire, et ce dans tous les domaines : chômage, Par ailleurs, et contrairement à ce qui a pu être parfois pauvreté, santé, éducation, insécurité& affirmé, la politique de la ville a été très largement évaluée. Je souhaite d’ailleurs apporter une précision. Dans les M. Jean-Pierre Plancade. Absolument ! rapports comme celui de l’ONZUS, on étudie seulement les territoires. Or certaines populations dont la situation M. Claude Dilain. Je ne suis pas certain que toutes les autres politiques publiques l’aient autant été. s’améliore quittent ces territoires. Si c’est certes un motif de satisfaction pour elles, il n’y a pas lieu cependant de s’en À ceux qui s’interrogent sur l’utilisation des milliards réjouir : nous ne pouvons pas accepter que certains territoires dépensés dans ce cadre, je réponds que nous savons très se spécialisent dans l’accueil de la pauvreté.