N°89 Avril - Mai 2017 Abonnement annuel : 18€ Tirage : 3900 exemplaires Communes Alleyras Barges Coucouron Lachapelle Graillouse Lafarre Lanarce Langogne Lavillatte Le Bouchet St-Nicolas Lesperon Naussac-Fontanes Pradelles St-Alban-en-Montagne St-Arcons-de-Barges Photo Daniel Bacon St-Etienne-du-Vigan Vue de St-Etienne-du-Vigan et de Beaune St-Haon St-Paul-de-Tartas Page 17 : la croix de Beaune

Association LAVE (entre Loire et Allier pour Vivre Ensemble) - Chemin du Ruisseau 43420 Pradelles Courriel : [email protected] - Facebook : Lave Asso Sommaire Feuille volante : appel de cotisations René Bargès et Gilbert Lefebvre Langogne : association p. 3 Edito Cayres : le dernier «esclou- pier» / Poème p. 4 et 5 La responsabilité des articles n’engage que leurs auteurs Alleyras : four d’Aussac p. 6 Chers amis lecteurs et lec- articles que vous nous faites et Fanny, ont réorganisé Nos lecteurs nous écrivent p. 7 trices, après ce dur hiver, parvenir, s'efforce, dans leurs activités après le Recette / Mots croisés p. 7 Lesperon : Les «Mercier» de voici arrivé enfin le joli mois chaque N°, de vous appor- départ d’Hedwige. Doré- Concoules p. 8 et 9 d'avril qui annonce le prin- ter un peu d'évasion avec navant, Aurélie prendra Les premières salades sauvagesp. 10 et 11 temps, le renouveau, l'espoir des souvenirs de l'ancien en charge, avec le prési- Objet insolite p. 12 surtout pour les personnes temps, de notre mémoire du dent, tout le côté adminis- Le Bouchet : cloches de l’églisep. 12 et 13 Arlempdes : château(1 ère partie) p. 14 âgées : elles pourront re- pays qui s'éteint. tratif et contraignant des Lachapelle Graillouse en pas- prendre les promenades, Nouveauté et envois, des reçus fiscaux, sant par Mouline p. 15 voir s'épanouir la nature, réorganisation des cartes de membres… Patois : le péché de la Nanciep. 16 écouter les chants d'oiseaux. Vous l’aurez certaine- Pour faire notre bonheur St-Etienne-du-Vigan : croix de Beaune p. 17 Ce mois commence dans la ment remarqué, il règne au et assurer la pérennisation Landos : le barrage des bonne humeur grâce aux sein de notre association de notre association, il ne Amargiers p. 18 et 19 faiseurs de blagues, de une excellente ambiance ; manque que le poste de Les labours p. 20 et 21 farces et de poissons factices lors de la dernière réunion secrétaire à pourvoir. Alors Costaros : les captages p. 21 Les Belles-Dames p. 22 et 23 accrochés subtilement au de pliage, nous avions fait si vous souhaitez participer Lieux insolites p.23 dos des connaissances. le plein de nos treize admi- à cette mission d’intérêt gé- Lettre à des «Dames» p. 24 Cette coutume daterait de nistrateurs et des nombreux néral, merci de prendre Pradelles : école des Frères p. 25 l'an 1564 : jusqu'à cette membres actifs qui nous contact (N° de téléphone Fontanes : 7ème partie p. 26 et 27 Nos lecteurs nous écrivent p. 28 année-là, le premier de l'an accompagnent. Le bureau ci-contre ou lors des per- Manifestations - Vie paroissialep. 29 était fixé le 1er avril ; c'est le de l’association est presque manences du lundi matin Bloc-notes p. 30 roi Charles IX qui aurait au complet. La présidence ou du mercredi au bureau Lesperon : la chèvre p. 31 St-Arcons-de-Barges : châteaup. 32 décidé d'avancer cette date et vice-présidence sont de Pradelles, au-dessus de du Villard au premier janvier et de- assurées par des hommes l’école publique). puis est instaurée cette cou- d’expérience passionnés En février nous avons tume de fêter le 1er avril de par ce devoir de mémoire. adressé aux municipalités façon amusante en souve- Avec Ginette Reynaud et des 24 communes alliées, nir de l'époque où il débu- Nicole Besse Bonnet, la tré- nos traditionnelles de- tait la nouvelle année. sorerie et la comptabilité mandes de subventions. Même si de nouvelles sont garanties ; la gestion Pour financer ce recueil distractions s'offrent à vous, sociale est confiée au cabi- de mémoire, vous pouvez n'oubliez pas, chers lec- net Jean-Jacques Michel de commander notre collec- teurs, de rester fidèles à et les cahiers des tion de cartes postales ori- votre «Volcan». C’est un délibérations de nos as- ginales, vous abonner à lien qui perdure depuis semblées à Céline Julien, notre revue ou nous adres- Association L.A.V.E. - 43420 Pradelles maintenant seize ans. notre secrétaire adjointe. ser un don de bienfaisance. Courriel : [email protected] L'équipe, grâce à tous les Nos salariées, Aurélie SECRETARIAT : Fanny Gimenez : 07 82 26 64 05 - Aurélie Vidal : 06 30 60 64 46 MISE EN PAGE : Aurélie Vidal REDACTION : Association L.A.V.E. DIRECTEUR publication : René Bargès IMPRIMEUR : Imprimerie Jeanne d’Arc 43000 Le Puy-en-Velay - 04.71.02.11.34 Dépôt légal à parution N° CPPAP : 0317 G 87724 N° ISSN : 1761 - 5828

La commission poésie lors sa dernière réunion 6 Article et photos de Sylvain Bret, Patrimoine d’après le témoignage de Denis Arnaud Alleyras : le four «banal» d’Aussac

Né à deux pas du four d’Aussac, Denis Arnaud nous raconte ce qu’il sait de son histoire. S’il ne figurait pas sur le 1er cadastre napoléonien (1840), on peut estimer que ce bien de section aurait été construit pen- dant le dernier quart du XIXème siècle, entre 1865 et 1900. Le four d’Aussac ne date donc pas d’hier, et pourtant, n’ayant jamais connu de vraie rénovation, il tient toujours bien debout sur ses quatre murs ! Le hameau, qui domine le Pont d’Alleyras, ne se compose que de fermes en pierre basaltique, ty- piques du pays et relativement Le four d’Aussac, en excellent état, n’a connu que de mineures rénovations grandes, car elles accueillaient en à l’époque, estime Denis Arnaud, ils tera seulement l’absence de la che- leur sein plus d’habitants qu’actuel- devaient être au moins le double, minée, qui sera donc à reconstruire lement. Aoust Philippe, né environ voire une quinzaine, tous des pay- entièrement, le sol à mettre à ni- en 1842, était maçon-charpentier sans. Ils auraient utilisé le four veau, revêtir l’intérieur du four (en sa vie durant à Aussac. Arrière- jusqu’au milieu des années 60, pour très bon état) et à nettoyer car les grand-père de Denis Arnaud, c’est cuire le pain du mois. «A l’époque, araignées en ont fait leur repaire. lui qui aurait construit plusieurs en milieu rural, on était tellement ac- Des travaux que Denis Arnaud ai- maisons du village. Ainsi le petit- caparé par le travail et les corvées merait entreprendre dans un avenir fils a de bonnes raisons de penser qu’on ne pensait pas encore à sau- proche, afin de préserver le patri- que son aïeul serait le mystérieux vegarder le patrimoine» souligne-t-il. moine de son village natal tout en constructeur du four à pain ; à juste Cependant, le four n’est pas en rendant hommage à son arrière- titre semble-t-il, tant la méthode de mauvais état : les murs n’ont quasi- grand-père, Philippe Aoust. construction est similaire à celle des ment pas bougé, le toit est bon, bâtisses en pierre voisines, dont il a Denis ayant remplacé les tuiles érigé les murs. abîmées et posé des pierres pour Aujourd’hui, au hameau d’Aus- les défendre face au vent. On no- sac, il y a 6 habitants permanents ;

La cheminée, disparue, sera à reconstruire et l’intérieur du four, en bon état, sera simplement à récurer 15

Patrimoine Article et photos de Liliane Gimbert

Lachapelle Graillouse en passant par La Mouline

l’intérieur de la bâtisse. Sur le cadastre établi en 1828, sous Napoléon 1er, cette maison de La Mouline existe déjà, mais on note également la présence d’un moulin sur le Nadalès, en contre- bas de la propriété (deux construc- tions sont marquées sur le cadastre). Comment se fait-il qu’aujourd’hui, il n’en reste plus Le domaine de La Mouline rien ? En plus de l’eau de la rivière, un canal permettait de relier le moulin de Lachapelle (nommé Pia- lat à l’époque) à ce moulin de La Mouline. En 1913, Fernand Garon, fils de Tony Garon, fit construire la tour carrée (au-dessus d’une petite cha- pelle) et le jet d’eau du parc. C’est Calixte Malartre, maçon de l’époque, qui réalisera l’ouvrage, le sable provenant de la Loire en des- sous de la Roche, et les pierres de Rochemonès. Charles Cottiau, beau-frère de Fernand Garon cité La tour carrée précédemment, fut maire de La- chapelle de 1878 à 1888. En u niveau du petit pont Parmi les propriétaires connus, 1824, un certain Jean-Marie Am- situé sur le Nadalès, apparaît ensuite Monsieur Breysse, broise Breysse était maire, on peut Aentre Lachapelle et Bois- également notaire. Alexia, la petite penser qu’il était de La Mouline. sandroux, on aperçoit, au-dessus, fille de ce dernier épousera Tony Cette propriété de La Mouline une bien belle bâtisse dotée d’une Garon, dont Alain Garon (actuelle- nous incite à remonter le temps. tour carrée : La Mouline. ment propriétaire avec ses neveux) Quelle était la vie des personnages D’après la Société de sauve- est l’arrière-petit-fils. de cette époque ? Dans le parc du garde des monuments anciens de La partie la plus ancienne de la domaine, on se surprend à en- l’Ardèche, les maisons fortes du bâtisse se situe à droite, quand on tendre les sabots des chevaux, l’eau Cros de Lafarre, de Soubrey et le regarde la maison de face. Dans circuler dans le canal, et le meunier domaine de La Mouline avaient l’une de ces pièces, deux meur- moudre son grain près du Nada- pour propriétaires des membres trières sont parfaitement visibles. lès… La bâtisse a subi des rema- issus de la même famille, ceci no- L’année 1657 est gravée dans la niements successifs ; quoi qu’il en tamment par les jeux d’alliances. pierre de la clef d’une cheminée. soit, la pierre reste et les hommes Ainsi, Sieur Marc Reynaud, né vers Un souterrain est creusé à partir de passent… Nous remercions la fa- 1650, marié à la fille de Demoi- la cave de la propriété ; deux curés mille Garon pour l’accueil chaleu- selle Françoise Audoyer, fut notaire Breysse s’y seraient cachés pendant reux, et les informations et royal, rentier de Soubrey et proprié- la Révolution. On peut aussi noter documents fournis pour la réalisa- taire de La Mouline. la présence de deux puits creusés à tion de cet article. 16

Patois Article et traduction de Guy Sahuc, dessin Jacques Auger

Lo petiòt pecha de la Nancie - Le petit péché de la Nancie

La Nancie aviat beleu seissante ans. Mancava pas la La Nancie avait peut-être soixante ans. Elle ne man- messe lo diuminche. Confessava et anava comunia per quait pas la messe le dimanche. Elle se confessait et al- Pasca. Un jorn à confessa diguet à M. lo cura : lait communier pour Pâques. Un jour, à confesse, elle - «Bon dieo ! ei fa ena grossa bestisa». dit à M. le curé : Lo cura qué la coneilh bien, et que sa qu'o dit pus - « Mon Dieu ! J'ai fait une grosse bêtise ! » belh qu’acos, alors respond : Le curé qui la connaît bien et qui sait qu'elle (le dit - «Aco dieot pas esse bien grave». plus grand que c'est) exagère, répond alors ceci : - «Oh si-si aquos affros». - «Ca ne doit pas être bien grave». La cura ei dit : - «Oh si si, c'est affreux.» - «Nancie, racontez-moi tout». Le curé lui dit : - «Ben voila, Mossu lo cura, un sèra que petassave - «Nancie, racontez-moi tout.» los escarssos delh Polite, ei adiu ena grossa iveidja, mais - « Ben voilà, Monsieur le curé, un soir que je ravaudais grossa iveidja, quand s’eguere a l’entra chamba !» les caleçons d'Hyppolite, j'ai eu une grosse envie, mais - «Arestar» diguet lo cura, «aquos era vergonha à grosse envie, quand j'en fus à l'entre-jambe !» vostra âge, alors per vostra penitenca direz ena dodjina - «Arrêtez» dit le curé «c'est honteux à votre âge, de Pater et eitant d’Avé Maria, et malh m’adiurez un alors pour votre pénitence, vous direz une douzaine de pot de mial, et peilh me chal promettre de pus avedré Pater et autant d'Ave Maria, et en plus vous m'apporte- d’idelha coma aquo». rez un pot de miel, et puis il faut me promettre de ne Lo diuminche d’après venguet un pao pus leo que dé plus avoir d'idée comme ça.» costuma. Alors diguet : Le dimanche d'après, elle vint un peu plus tôt que de - «Bonjor M. lo cura». coutume. Alors elle dit : - «Bonjor ma fille, vous avez fait la pénitence, les - «Bonjour M. le curé.» paters et les Avé, et puis n'avez-vous pas oublié le pot - «Bonjour ma fille, vous avez fait la pénitence, les Pater de miel ?» et les Ave, et puis n'avez-vous pas oublié le pot de miel ?» Lo cura est tant gormand, bada lo pot de mial. Es Le curé est si gourmand, il ouvre le pot de miel. Il est atapa, lo pot es vidé, lo cura es to roge, et dit : surpris, le pot est vide, le curé est tout rouge et dit : - «Ce n’est pas bien de se moquer de son curé ! » - «Ce n'est pas bien de se moquer de son curé.» Alors la Nancie de respondre : Alors la Nancie de répondre : - « Mossu lo cura, los escarssous mail eront vides, - «Monsieur le curé, les caleçons aussi étaient vides, alors sen quittes et ieo vos baile pas la penitenca». alors nous sommes quittes et moi je ne vous donne pas la pénitence». 22

Nature Article et photos de Daniel Bacon Quand passent les Belles- Dames

e me souviens des tous pre- (même de nuit sans doute) ou miers jours de mai 2009 et je passant par le détroit de Gi- Jles revis grâce aux notes de braltar. Les voilà arrivés ainsi mon agenda de cette année-là : sur nos côtes, épuisés, dépe- Vendredi 1er mai : Balade au- naillés. Leur courte vie qui ne dessus du Mazel, arrivent du sud dépasse pas un mois sans arrêt des légions de Belles- s’achève, cette première gé- Dames, elles frôlent les herbes des nération se résigne à son sort combes, le blé en herbe et filent en ; se reproduire, pondre et direction du nord vers Rauret, Lan- mourir. dos, Le Bouchet. Mardi 5 mai : Je Ce sont leurs enfants que Belle-Dame au repos pendant sa vais cueillir des mousserons, la mi- nous allons voir début mai, le migration de mai 2016 gration des vanesses continue par temps qu’il faut pour que centaines ; elles semblent sortir du l’oeuf pondu devienne à son tour Il faut à tout prix que cette troisième bleu du lac. Samedi 9 mai : en al- papillon plein de vitalité, filant vers génération reprenne la route du sud, lant me promener vers le viaduc de le nord aussi vite que si vous rouliez il en va de la survie de l’espèce, elle la Passerelle, face à La Pinède, j’ai à vélo à presque 30 km/h. Là-bas, ne peut pas hiverner en Europe. rencontré deux parisiens, le père et l’Ecosse, la Suède, la Norvège, la C’est dans l’urgence que les Belles- la fille d’une dizaine d’années, je Finlande les attendent. Là-haut, tout Dames fuient le froid au rythme de leur fais part de mon admiration de- au nord, aura lieu la ponte de cette leurs 80 battements d’ailes par se- vant la migration de ce petit lépido- deuxième génération, qui à son tour conde. Cette troisième génération re- ptère de 6 cm d’envergure. La fillette disparaîtra en ces lieux. Les che- gagnera la région de ses origines, la se prête au jeu du comptage des nilles, cachées dans une feuille rou- terre de ses ancêtres et jettera ses papillons et son père, avec sa lée avec de la soie, se hâteront de dernières forces dans l’acte de pro- montre chronographe, mesure le dévorer leurs plantes hôtes ; char- création pour que le grand cycle de temps. Peine perdue, la gent ailée dons, orties, vipérines, tussilages, la vie continue. les gagne de vitesse et nous conclu- vite ces chenilles noires et épineuses, Quand mai fera refleurir les mille rons que ce jour-là, dans ce goulet rayées de jaune, veulent devenir petits soleils des pissenlits, sous le de 60 mètres de largeur, il passe chrysalide, puis papillon. Leur exis- chant continu du coucou, ce sera plus de 100 vanesses à la minute. est si éphémère et les étés si l’époque du rendez-vous fidèle des Je note que je vois des vanesses brefs dans ces pays du septentrion. Belles-Dames, ne le manquez pas. encore et encore le dimanche 10 et j’écris encore le lundi 11 que des vanesses semblent surgir de partout. Mais quel est ce papillon nommé Belle-Dame ou Vanesse des char- dons, qui semble si abondant sur notre territoire en ce début de mai 2009 ? C’est tout simplement un papillon migrateur, un grand aven- turier. Parti avec une première gé- nération des pays du Maghreb, à la fin de l’hiver, début mars, il s’élance avec ses congénères vers la Méditerranée pour un voyage sans retour de plus de 4000 km Belle-Dame butinant une scabieuse survolant la Sardaigne, la Corse 31

Conte Article de René Bargès et photoArticle de de Clémence Gilbert Lefebvre Martin

Lesperon : la chèvre de Monsieur Martin

Ah ! qu'elle était jolie la chèvre de Monsieur Martin ! pérés ; il se précipita et arriva à temps pour sauver Bi- Qu'elle était jolie… Vous connaissez l'histoire de la quette réfugiée à la cime d'un rocher et entourée d'une chèvre de M. Seguin… l'aventure que je vais vous meute de chiens prêts à la dévorer ! Vite il chassa la conter de Biquette, la chèvre de Christophe Martin, lui meute et réussit à attraper la pauvre chèvre toute trem- est semblable, mais se termine mieux. blante qu'il s'empressa de ramener à son propriétaire ; Monsieur Martin n'est pas paysan, mais il aime la les retrouvailles furent émouvantes tant avec sa copine Ju- nature et il est passionné par les animaux. liette qu'avec Monsieur Martin ; il paraît que beaucoup A la faveur d'un déménagement, possédant un ter- de bisous furent échangés ! rain attenant à sa maison, il décida de construire un Cependant, Christophe a tiré les leçons de l'histoire ; clos bien aménagé où il pourrait élever une petite anticipant une possible nouvelle fugue au printemps basse-cour et il décida, sur sa lancée, d'acheter deux prochain, il a rehaussé sa clôture et surtout fait l'acqui- chèvres naines : Biquette et Juliette. sition de Roméo, un bouc nain, afin de compléter la fa- Au printemps donc, les deux copines s’installèrent mille caprine et satisfaire ses dames. dans leur enclos, soignées et chouchoutées par leur maître ; tout se passait bien, la mangeoire toujours bien garnie, jusqu'au jour où Biquette et Juliette se mi- rent à languir, à regarder avec envie la campagne en fleurs, les odeurs attirantes qui leur parvenaient, la montagne au loin ; et, un jour, elles prirent leur élan et d'un bond, franchirent la clôture et partirent folâtrer dans la nature s'éloignant sans réfléchir du clos pro- tecteur. Qu'elles étaient heureuses, de la bonne herbe à foison, des sources claires, la forêt où elles durent rencontrer des cousins, biches et chevreuils ! Bien sûr, Christophe et de nombreux amis se lancè- rent à leur recherche. Si Juliette se laissa rattraper faci- lement, il n'en fut pas de même de Biquette. Christophe, aidé par sa voisine Josette, portant Juliette dans ses bras, parcourut la campagne, afin que les bêlements de celle-ci attirent Biquette, mais la coquine déjouait tous leurs pièges et, finalement, à leur désespoir, ils y renoncèrent. L'été éclatait de toute sa force, un l'aper- cevait au milieu d'un troupeau de vaches, un autre ailleurs, mais Biquette continuait son escapade sans soucis ! Après un temps vient l'autre et l'automne arriva avec ses brumes, ses frimas et surtout les chasseurs et leurs chiens ! Adieu la tranquillité, l'herbe se faisait plus rare, il fallait fuir la peur au ventre… ah ! que Biquette devait regretter la douce quiétude et le confort de son enclos ! Christophe et Biquette Et arriva ce qui devait arriver : un voisin entendit un jour pas très loin de son hameau des bêlements déses-