en reprenant la barre du

un vétéran to ujours en form e enreprenant la barre Jacques du Vaurien Monsault

E SSAYER le Vaurien peut sembler tout à fait plus rapidement possible. L'utilisation du inutile tellement ce dériveur en double est contreplaqué avait pousse son architecte à universellement connu et répandu. Pourtant , dessiner une coque à bouchains vifs, présentant de grandes parties presque planes, les plus faciles bateau facile et bon march é, il s'adresse a réaliser dans ce matériau. C'est pourquoi la d'abord aux débutants et aux nouveaux venus construction en plastique ne semblait pas pouvoir à la voile, en concurrence avec des séries de convenir a priori, le polyester arm é suppor - conception plus moderne, mais qui n'ont pas toujours réussi à prendre sa place. Si la forme Une silhouette ramassée sous voile. (Ph. G Le Cossec ) de la coque est restée inchangée depuis le déb ut, quelques modifications lui ont permis de suivre l’évolution du dériveur léger, les principales étant I’ autorisation de construire la coque en polyester armé, le spinnaker, la mature métallique. Voila pourquoi il était important de le présenter a nouveau a tous les débutants qui ne le connaissent pas encore. Elément essenti el du développement du dériveur léger et de la plaisance des sa création en 1952, le Vaurien a été des sine par Jean- Jacq ues Herbulot à la demande du Centre Nautique des Glénans qui cherchait un petit voilier école pour ses élèves. Fidele a ses origines, le Vaurien a su déjouer les pièges de la course a l’armement et rester un dériveur bon marché, facile a réparer et apte a la navigation en mer.

BOIS OU PLASTIQUE

Premier bateau spécialement connu pour le contreplaqué, son dessin a été étudié afin que sa fabrication puisse s'effectuer sur un moule le

66 tant très mal les grandes surfaces planes; pour lesq uelles il est trop souple. Une première tentative de construction en plastique avec double fond rempli de mousse f ut un échec, en particulier a cause de problèmes d'étanchéité. Puis ces dernières années, plusieurs nouvea ux modèles sont apparus qui ont pu faire jeu égal dans les plus hautes compétitions avec les meilleurs bateaux en bois. Une sorte d'égalité s'est donc instaurée entre les deux matér iaux, cha cun gardant ses qualités propres : les toques en bois restent en général compétitives plus longtemps si elles sont très bien entretenues, mais en contrepartie, I’ entretien demande beaucoup de temps, alors qu' il est très réduit pour une coque plastique. Refaire les vernis ou la peinture de la coq ue est long et fastidieux, alors que sur un bateau pla st ique, it suffit de repeindre safran et dérive et de vérifier I’ accastillage.

CONCEPTION GENERALE

Le Vaurien de nos essais était une construction plastique de chez Bihoré, équipée d'un mât métallique et de voiles Le Rose, Les meilleurs équipages n'hésitent pas à faire cintrer le mât. voilerie qui, après avoir eu I’ exclusivité, continue a équiper de nombreux Vaurien. Nous allons toutefois, avant d'en parler , rappeler les principales caractéristiques de la construction en bois. La coque du Vaurien est réalisée en contre pla q ué m a r ine d e 6 m m e t a é t é é t ud ié e d e façon a absorber une quantité minimale de matières pr emières. S i l e pontage avant est si réduit par exemple, c'est parce qu'il se trouve faille dans les chutes des deux feuilles de contre-plaqué ayant servi au reste de la coque. Malheureusement, la construction sur moule, très efficace pour un chantier professionnel n'est pas à la portée d'un amateur, et il faut le déplorer, car la Des lèvres en caoutchouc obturent le puits de dérive, empêchant construction amateur représenterait actuellement les remous. (Ph. G. Le Cossec.) un atout important pour le Vaurien. En effet, si la plupart des dériveurs en les utilisateur s de FD et la plupart des meilleur s solitaire peuvent être et sont souvent construits équipages de 505 emploient des safrans fixes par des amateurs, il n'existe aucun petit dériveur pour ces mêmes raisons, mais aussi pour leur en double a construire soi-même en dehors du grande robustesse. Pose s ur la quille, le mat Mirror britannique qui jusqu'a maintenant possède une hauteur de 5,10 m. II est soutenu n'avait pas réussi a franchir la Manche. par un étai et deux haubans munis de barrel L'assemblage du Vaurien se fait avant tout de flèche. Le banc avant sert d' étambrai, mai s par collage, les pointes servant surtout à tenir celui-ci est trop large et ne tient pas bien le mât les pièces assem blées penda nt le durcissa ge de latéralement. la colle. Un foc de 2,5 m2 et une grand’ voile de 6,7 m2 Le petit puits de dér ive, tenu latéralement par forment la voilure qui atteint donc 9,2 m2 car un banc de nage, reçoit une dérive en acajou total. C'est assez peu pour un bateau qui pèse massif de 1,19 m. Le safran également en acajou 95 kg au minim um, mais qui, ne I’ oublions pas, massif peut être fixe ou relevable. Fixe il ne a été conçu au départ pour l’école de voile et peut être monté dans une faible profondeur doit rester maniable dans la brise par un d'eau, ce qui gêne les départs et arrivées sur équipage peu expérimenté. une plage. En revanche, l’ absence de tête de Le bateau en plastique diffère assez peu de safran permet un gain de poids, une économie, et surtout donnera une Barre plus agréable celui en bois dont il respecte les plans et la plupart des écha ntillonna ges. La principale grâce a I’ absence de jeu. Rappelons a ceux qui trouveraient le safran fixe trop rustique que tous amélioration est I’ adjonction de caissons latéraux 67 étanches comme il en existe sur tous les dériveurs modernes. De section carrée, ils rendent difficile un rappel confortable mais ils permettent au batea u chaviré de flotter ha ut sur l'ea u et de pouvoir êtr e redressé en n'embarquant que tr ès peu de liquide. C'est la une amélioration importante dans le sens de la sécurité par rapport aux boudins gonflables employés sur les Vaurien en bois que l'on redresse souvent pleins d'eau et qu'il faut alors vider avec un seau ou par les trappes arrière, au la rgue, avant de pouvoir repartir au près.

Les fonds du Vaurien sont très plats et protégés par des quilles d’échouage. Les formes de la coque proche de celle d'une plate et l'aileron arrière laissent deviner ses réactions sur l'eau. La stabilité initiale est importante ainsi que la stabilité de route. Celle-ci per met mêm e de pr atiquer facilem ent l'exer cice du sans safran qui fait sentir a un débutant l’équilibre des voiles. Sans safran, le Vaurien devient ardent, ce qui est normal et l'équipage doit se rec uler Sous spi, la coque très plate ne demande bea ucoup. Mais il est alors possible de lofer, qu'à partir au d'abattre ou de virer de bord en agissant planning. uniquement sur les écoutes de foc et de grand’ voile et en modif iant l'assiette latérale du batea u. Tenant bien la mer, le Vaur ien reste toujours facile à maitriser. Ses fonds plats le font taper dans le clapot mais cela ne semble

Le spi trouve facilement place devant le mât dans l'échancrure du pontage.

Sans safran, le Vaurien se manœuvre aisément en jouant sur I’ assiette et sur le réglage des voiles. pas nuire a la vites se sur les meilleurs batea ux. plats, ce qui est le cas du Vaurien. De la la Dans la brise, en régate, le rappel peut en relative facilité pour partir au planning pourvu revanche devenir rapidement fatigant. Plus dur que les voiles soient bien réglées, l'équipage physiquement q ue le trapèze, le rappel est reculé et pas trop lourd. Le déjaugeage est rendu encore plus difficile par les angles vifs brutal et le Vaurien plane cabré d'une façon des plats bords. L'adoption du trapèze n'est très carac téristique. pourtant pas a souhaiter, car au niveau de la Le planning est bien entendu beaucoup plus compétition, il avantagerait des équipages facile à obtenir sous spi. Celui -ci, relativement très légers, obligeant les autres a changer de grand, permet des pointes de vitesse série. Le planning demande des fonds arrière très appréciab les s'il est bien réglé. Sur le bateau de nos

68 essais, le hale bas de tangon en sandow n' était -sonnes, mais les qualités nautiques du bateau pas suffisant pour empêcher celui -ci de se y perdent. A l'intérieur des plats bords, deux mâter. Un hale bas digne de ce nom est bancs latéraux permettent de s'asseoir indispensable car il n'existe pas de crochet ou conforta blement par petit tem ps. Sur la coque taquet de largue pour accrocher la retenue de plastiq ue de nos essais, ces deux bancs spi au niveau du hauban. Sinon, il est étaient moulés avec les caissons latéraux pratiquement impossible d'utiliser le sp i au étanches, le pont et le contre moulage intégral largue dans la brise. du fond du cockpit. Cette technique donne une Le comportement dans les vagues change finition très propr e. Deux bailles situées de du tout au tout suivant qu'elles viennent de part et d'autre du mât peuvent recevoir les l'avant ou de l'arrière. Au près, l'avant tape, et drisses ou servir de vide -poches a l'abri de il faut un bon coup de barre pour passer les l'eau. Deux sangles de rappel réglables courent depuis le tableau arrière jusqu’au banc de nage et au pied de met. Elles sont toutefois trop hautes pour un barreur ayant des jambes un peu longues. Dans ce dernier cas, il serait certainement beaucoup plus efficace d'installer au fond du bateau une sangle unique pour le barreur.

Le pontage avant peut sembler petit, mais en fait, l'hiloire trè s haute empêche les entrées d'eau.

Le cockpit très grand permet d'embarquer plusieurs équipiers.

L'étrav e en coin ne demande qu' à s’enfonc er dans la vague.

vagues sans s'arrêter . En revanche au portant, cette coque plate ne demande qu'à dévaler les lames. L'équilibre longitudinal devient alors primordial. Il faut s' avancer pour partir avec la vague, mais attention l'étrave en forme de coin Deux bailles ne demande qu'à s' enfoncer dans l'ea u, et alors drisse sont gare au bain ! placées de A celui qui est habitué aux dériveurs part et d'autre du modernes en forme, le Vaurien peut paraitre mat. (Ph. G. peu sensible à la barre et assez lent à virer, Le Gossec.) caractéristiques qui par contre peuvent aider le débutant auquel il n'apparaitra jamais vola ge. Cela limite la technique dans les bords de près en compétition car le temps perdu dans les vir ements de bard oblige les é q u i p a g e s a e n r é d u i r e l e nombre. En rivière , il est moins agréable qu'en m er. Assez peu rapide par petit temps, il a tendanceà gîter et à se bloquer en progressant lent ement quand le vent est mal établi et arrive par bouffées soudaines.

COCKPIT

Particulièrement grand, le cockpit du Vaur ien peut recevoir facilement trois, voire quatre per -

69 ACCASTILLAGE ET SECURITE

Comme nous l'avons dit, élément de sécurité le plus intéressant sur le Vaurien plastique est constitué par ses caissons latéraux étanches remplis de mousse. Le mât est également rempli de mousse, ce qui l’empêche de piquer vers le fond quand le bateau est chavire, Pendant notre essai nous avons chavire le bateau et l'avons laisse une dizaine de minutes couche sur l'eau. Les caissons sont restes secs alors que la coque embarquait une vingtaine de litres au moment du redressage, ce qui est assez peu. Nous avons apprécié la goupille qui permet de v er rouiller le safran en position basse, mais déplore l'absence de blocage de la barre dans Chavirée, la coque n'embarque que très peu d’eau. la tète de safran et de bout p our relever celui - gréer un ha le bas plus puissant, qui seul ci. Le puits de dérive , comme l'étambrai étaient permettra de faire cintrer le mât. trop larges, ce qui produit un jeu désagréable . Le vit de mulet est fixe, et la tension du On regrettera également l ’ absence de c ale guinda nt de voile se fait donc par la drisse d'étambrai, alors que le verrouillage arrière de alors que la tension de la bordure est réglée par ce lui -ci est un élément de sécurité important une poulie et un taquet places sous la bôme. au v ent arrière par fort vent. Deux trappes transparentes enfin permettent L'accastillage du Vaurien, sévèrement tout à la fois de contr8ler l'assiette longitudinale régle menté par la jauge, reste très simple, du bateau et de vider l'eau embarquée au mais en général efficace. Seul l' étarquage du largue . Cette dernière fonct ion est très utilisée, foc est difficile, bien que le ventarrière permette un car les bailers sont interdits en Vaurien. Ecole de voile contre compétition ; les constructeurs doivent répondre a des souhaits souvent diamétralement opposés. Listons et étraves renforces, fonds plus épais , l'école de voile veut des coques et un accastillage a toute épreuve, alors que dans le même temps, les coureurs demandent un coque au poids minimal avec un fond très raide, des extrémités allégées et un accastillage au goût du jour. Tout cela conduit souvent le constructeur à proposer deux modèles différents.Même si son prix a énormément augm enté depuis s es origines, le Vaurien reste un dériveur bon march é. 32 000 unités ont été

Tête de safran mobile en alliage léger montrant la goupille de verrouillage. (Photos G. Le Cossec.)

Sur le Vaurien bois, la securite est assures par des batons gon- tables. (Ph. R. Tristan.)

étarquage puissant, car la voile pousse alors le met vers l'avant. L’écoute de foc passe a travers un filoir et se bloque dans un taquet a mâchoire situe juste derrière.

L'emplacement de ce filoir qui agit su r l'ouvertur e du foc fait l'objet d'une recherche consta nt e parmi les meilleurs éq uipa g e s , e t l e s constructeurs ont beaucoup de mal a suivre cette mode.

Le hale bas de bôme a tr ois brins est suffisant pour la promenade, mais en r é g a te , i l f a ut Un hale bas efficace est l'un des secrets pour aller vite en Vaurien. Des déflecteurs réglables sont souvent montes pour la compétition. (Photos R. Tristan.)

construites et il . gagne de nouveaux pays chaque Fort de ses qualités, le Vaurien devrait année. Une quinzaine de nations étaient poursuivre pendant de nombreuses années représentées cette année a Livourne pour le encore une carrière déjà bien remplie non championnat du monde de la série. seulement dans les écoles de voile et en Série internationale depuis plus de dix ans, compétition, mais également comme bateau de c'est certainement le dér iveur qui permet la promenade tran quille. pratique de la compétition un haut niveau a Le rappel devient vite fatigant au près. (Ph. G. Le Cossec.) pour le moindre coût. Il est sévèrement concurrence surtout chez les jeunes par le 420 qui s'adresse à des équipages de même gabarit (poids total de l'éq uipage inferieur a 120 kg, ce qui convient très bien a des équipages mixtes, ou composés d'un adulte et d'un enfant). Pourtant a Crozon Morgat, pour la Coupe nationale des Vaurien, de nombreux jeunes équipages éta ient venus se mêler aux anciens de la sér ie. La pr incipa le raison en est que le Vaurien est plus économiq ue, non se ulement a l'achat, mais éga lement a l'usage , les coques ne se déclassent pas et seule la voilure doit être remplacée régulièrement. Le vainqueur de la Coupe nationale, Quemeneur, utilisait une coque en bois vieille de plus de dix ans qui n'avait rien à envier du point de vue de la vitesse à des constructions plus modernes. Robuste et relativement facile a tenir pour des débutants, le Vaurien reste également un des meilleurs dériveurs pour les écoles de voile. Celles-ci recherchent en effet des bateaux qui permettent de lâcher rapidement leurs élèves en tout sécurité et qui résistent au mauv ais traitement que leur infligent des éq uipa g es sa ns expérience.

73 Caractéristiques - éléments de comparaison - coefficients

Caractéristiques VAURIEN 420 4 M

Longueur de la coque ...... 4 m 08 4 m 20 4 m 00 Longueur de flottaison (L) ...... 4 m 025 4 m 05 3 m 83 Bau Maximum ...... 1 m 47 1 m 65 1 m 56 Bau flottaison ...... 1 m 21 1 m 19 1 m 20 Franc-bord avant ...... 0 m 51 0 m 43 0 m 45 Franc-bord milieu ...... 0 m 37 0 m 38 0 m 34 Tirant d'eau derive haute ...... 0 m 125 0 m 16 0 m 18 Tirant d'eau Maximum ...... 0 m 965 0 m 96 0 m 97 Tirant d'air ...... 6 m 20 6 m 27 6 m 10 Déplacement en charge (D) ...... 245 kg 250 kg 260 kg Poids en ordre de marche ...... 95 kg 100 kg 85 kg Nature de la derive ...... Bois Bois Bois

Surface du foc (1) ...... 2 m2 50 2 m2 85 2 m 2 50 2 2 Surface de la grand ‘voile (2) ...... 6 m2 70 8 m 00 7 m 90 2 2 Surface maximum (1 + 2) (V) ...... 9 m2 20 10 m 85 10 m 40 Surface du maitre couple immerge 0 m2 121 en charge (B) ...... 0 m 2 115 0 m2 108 2 Surface de flottaison (F) ...... 3 m2 42 3 m2 31 3 m 25 Surface de dérive : coque ...... 0 m2 38 0 m2 445 0 m2 47 dérive ...... 0 m2 24 0 m2 335 0 m2 25 safran ...... 0 m2 15 0 m2 14 0 m2 11 0 m2 83 totale ...... 0 m2 77 0 m2 92

2 5 m2 07 4 m 17 Surface mouillée totale (M) ...... 4 m2 71 2,22 Position du centre de dérive CD 12,25 6,2 et du centre de carène par rapport au milieu de la flottaison (en % de L) .... CC 3,2 1,5 1,83 Ecart entre CV et CD en % de L ..... 12,65 7,8 5,2

Coefficients VAURIEN 420 4 M

1,95 2,15 2,50 Aptitude à naviguer par petit temps

Vitesse moyenne 76,5 100 86

17,8 18,8 20,8 Aptitude au planer

0° 6,24 6,61 6,87 Raideur 5° 7 7,10 7,35 à la toile 10° 7,69 7,51 7,75 15° 8,22 7,78 8,02

(Pour toutes explications sur ces chiffres, se reporter au numéro 185, page 91.) 74